i
EPIGRAPHE
« La forêt est une source de richesse, mais
l'augmentation de
la population, si elle n'est pas contrôlée,
est un facteur de
déséquilibre dans la nature » (Ehrich,
1970).
ii
DEDICACE
A vous mes parents TSOMIKINA Armand et
KALUMBU
Kally,
A toi ma fiancée MAKADILA Caroline,
A toute la
famille Léon KABAMBA,
A vous mes amis et connaissances,
Je
dédie ce travail.
Richard ILUNGA
![](Aperu-de-la-deforestation-de-la-Reserve-de-biosphere-de-Luki-en-RDC-et-du-projet-de-remediatio1.png)
AVANT PROPOS
Il est impérieux en ce moment de penser à tous
ceux qui, d'une manière ou d'une autre, tant soit peu ont
contribué à la réussite de ce travail.
Nos remerciements s'adressent en premier lieu à Dieu
tout puissant lui qui, a permis que ce travail acquiert sa forme scientifique
idéale en nous assistant sans relâche au moment de joie que de
détresse.
Nous témoignons par la suite une sincère
reconnaissance au Professeur KADIATA BAKACH, directeur de ce travail, pour sa
disponibilité, ses conseils et remarques très pertinentes et
louables qui nous ont permis de rendre effective notre étude.
Nos sincères remerciements vont droit au Professeur
Damas KHASA, directeur du projet d'Appui à la Formation en Gestion des
Ressources Naturelles dans le Bassin du Congo, FOGRN BC en sigle ainsi
qu'à la coopération technique allemande, GTZ en sigle plus
particulièrement à son programme biodiversité et
forêt pour leur soutien matériel et financier qu'ils cessent de
nous apporter pour solidifier notre formation. Nous remercions par la
même occasion, le professeur Albert LEMA, le CT Albert TSHINYAMA et Mme
MELIE MONNERAT pour leur diligence et leur patience face à nos exigences
parfois contradictoires.
Nous remercions vivement nos parents pour les souffrances
endurées pour notre scolarisation et notre éducation.
Nous remercions également le corps professoral de la
faculté des Sciences Agronomiques de l'Université de Kinshasa
qui, jour après jour militent pour notre excellence scientifique.
Nous ne pouvons pas tourner cette page sans penser à la
famille Léon KABAMBA pour l'affection et conseils réservés
à notre faveur.
Que le technicien LIDJO trouve ici sa gratitude pour sa
contribution à la collection des informations de ce travail à
Luki.
Nous n'oublions pas non plus tous les amis de promotion avec
qui nous avons partagé les moments de compréhension parfois
d'intolérance durant notre parcours. Que tous ceux dont les noms ne sont
pas énumérés ne se sentent pas oublier, nous leur sommes
à jamais reconnaissants.
1
INTRODUCTION
Les aires protégées sont une
nécessité pour la survie de l'humanité ; elles constituent
des réserves des gènes et assurent la protection à long
terme de la diversité biologique. Ces aires ne sont ni un luxe ni un
superflu. Si elles assurent des fonctions sur le plan de la science, de la
récréation, du délassement et de l'esthétique,
elles sont également, et surtout, un besoin pour le maintien de
l'équilibre biophysique (Maldague et al., 1997).
En effet, ces aires protégées doivent faire
l'objet d'une maintenance et d'une gestion rigoureuses afin de limiter les
divers fléaux pouvant affecter leur intégrité ou leur
biodiversité aussi longtemps qu'il est difficile de créer de
nouvelles aires protégées dans beaucoup de pays du monde et
surtout dans ceux en voie de développement où la situation semble
plus complexe. D'où, la protection des aires existantes est la solution
la plus prometteuse.
Malheureusement, la réserve de biosphère de
Luki, dernier refuge de la forêt du Mayombe, un écosystème
unique en République Démocratique du Congo partiellement
préservé 57 ans de conservation est, menacé de
disparition (Projet MAB Luki, 1991).
C'est pourquoi, l'UICN classe la réserve de
Biosphère de Luki parmi les aires protégées actuelles
d'intérêt majeur et parmi les sites critiques du domaine des
forêts denses (Boumenge, 1990).
Néanmoins, l'absence d'une politique cohérente
d'utilisation des terres et des ressources en dehors des aires
protégées est fondamentalement à la base des pressions que
subissent ces dernières.
A la longue, tous les efforts louables des gestionnaires en
matière de protection des aires protégées sont
annihilés, car nous sommes placés devant le dramatique paradoxe
où le besoin immédiat de survie de la population aura tendance
à l'emporter sur la sauvegarde de la biodiversité, base de la
survie de l'espèce humaine (Vangu, 1989).
Ces changements se présentent sous de nombreuses
facettes et se traduisent par la diminution de l'ozone, la destruction des
forêts, les dépôts acides et la concentration accrue des gaz
qui piègent la chaleur et qui pourraient entraîner un
réchauffement du climat du globe.
Les forêts du Mayombe en RDC en général
sont victimes de toutes ces dégradations depuis bien de temps et la
réserve de biosphère de Luki en particulier n'est pas
épargnée. Cette situation est essentiellement due à
l'explosion démographique qui associe à la fois l'agriculture
itinérante sur brûlis, la carbonisation, le braconnage,
l'exploitation forestière non durable (adaptée à la
machinerie lourde), etc. pour sa survie.
Certes, toutes ces pratiques font que la réserve de
biosphère de Luki ne puisse pas répondre aux normes de validation
retenues par l'UNESCO en lançant en 1970 (UNESCO-MAB, 1971), le
programme sur l'homme et la biosphère et pourtant il a mis l'accent
sur la nécessité d'appréhender les interrelations entre
les hommes et les autres éléments de la biosphère sous
l'angle de l'interdisciplinarité.
Toutefois, une telle dégradation du milieu est
triplement préjudiciable. D'abord, elle représente un gaspillage
de ressources et entraîne de profondes perturbations dans le
déroulement normal des fonctions environnementales des
écosystèmes forestiers. Ensuite, elle empêche les
forêts de satisfaire, comme elles le devraient, les besoins des
populations. Enfin, elle fait obstacle au maintien de la biodiversité et
au développement durable (Maldague et Mankoto, 1977).
La présente étude a comme objectif de proposer
une série de mesures s'avérant pratiques pour pouvoir sauvegarder
l'intégrité et la biodiversité de la réserve de
biosphère de Luki tant que sa dégradation reste un processus
continu et perceptible.
Pour ce faire, notre travail se subdivise en trois chapitres
en dehors de l'introduction et de la conclusion. Le premier aborde la revue de
la littérature, le deuxième expose la méthodologie du
travail tandis que le troisième présente les résultats et
la discussion.
3
Chapitre I : REVUE DE LA LITTERATURE
1.1. La forêt
La définition du terme « forêt » est
complexe et sujette à controverses. Elle tient compte de la surface, de
la densité, de la hauteur des arbres et du taux de recouvrement du
sol.
Elle peut être définie comme un terrain recouvert
d'une formation végétale à base d'arbres ou d'arbustes
aptes à fournir des produits forestiers, abriter la faune sauvage et
exercer un effet direct ou indirect sur le sol, le climat ou le régime
des eaux (Code forestier, 2002).
La FAO (2007) définit la forêt comme étant
: « un biome basé sur les individus ligneux atteignant au moins
cinq mètres de hauteur à maturité et produisant au moins
1O% de couvert sur une superficie minimale de 0,5 ha ». La présence
de l'élément ligneux reste le point commun de toutes les
définitions de la forêt.
1.1.1. Importance et rôles des forêts
Les forêts telles qu'elles existent de par le monde,
sont indispensables à la vie sur terre. Leur importance repose sur les
nombreux rôles qu'elles jouent notamment (Kadiata, 2005 ; Kalonji,
2009).
- Elles structurent le paysage (fonction
écopaysagère) et produisent des matières premières
dont vivent près de 300 millions de personnes (Kalonji, 2009) ;
- Elles influencent le cycle de l'eau et participent à sa
gestion ;
- Elles influencent également la qualité de l'air
et le climat ;
- Elles assurent la protection contre certains risques naturels
(avalanches,
inondations, sécheresse, désertification et
éléments de résilience écologique...).
- Elles constituent un cadre de vie idéal et
sécurisant pour une très grande diversité de la faune,
d'où elles constituent ainsi la plus grande réserve de la
diversité biologique ;
- Elles sont un habitat idéal des populations en zone
intertropicale à cause de leurs avantages environnementaux et
économiques ;
- Elles sont des lieux de divertissement, d'agrément pour
les citadins (camping) ;
- Elles constituent un lieu d'initiation rituelle chez certains
peuples ;
- Elles sont des refuges privilégiés des
populations en temps d'insécurité ;
- Elles sont des lieux privilégiés pour la chasse,
la cueillette, la pêche, etc.
- Puits de carbone, par fixation du gaz carbonique dans la masse
ligneuse et
le sol, au moins pour les forêts tempérées
non soumises aux incendies et
pour les forêts tropicales en phase de croissance (Encarta,
2009).
1.2. Déforestation
L'action de l'homme dans plusieurs régions du monde
conduit à la destruction ou surexploitation des forêts. Cela
concerne surtout actuellement les forêts tropicales, et conduit au
phénomène de déforestation.
La déforestation est le phénomène de
régression des surfaces couvertes de forêt. Elle résulte
des actions de déboisement puis de défrichement, liées
à l'extension des terres agricoles, d'une exploitation excessive ou
anarchique de certaines essences forestières et de l'urbanisation.
La déforestation actuelle concerne essentiellement les
forêts tropicales. En 2005, elle a été qualifiée
d'« alarmante » par la FAO.
Olfield (1998) suggérait que près de 10% des
espèces d'arbres connues, soit environ 7000 espèces, sont
menacées d'extinction à court ou moyen terme (essentiellement en
zone tropicale), et pour chaque espèce, c'est une richesse
génétique plus grande encore qui est perdue ou en voie de
l'être.
Une déforestation excessive peut engendrer un grand
mouvement d'émigration des peuples à la conquête de
nouvelles terres riches à défricher (on note l'émigration
soudanaise vers le sud en RDC avant l'indépendance) ; bien que moindre,
ce phénomène existe (Kadiata, 2005).
La déforestation a accompagné l'homme presque
partout où il s'est sédentarisé, l'agriculture restant
encore aujourd'hui la principale cause de déforestation suivie de
près par le besoin en bois de chauffage. Elle est ancienne. L'absence de
sauvegarde de la propriété forestière et des droits
d'usage de la forêt encourage les tendances à l'exploitation.
Il est désormais bien établi que la
déforestation est le résultat de plusieurs actions
déclenchées par des causes variées dont les principales
sont humaines. Le problème ne pourra être résolu en
agissant sur un seul front. Des efforts considérables sont
nécessaires pour encourager une sylviculture durable et
trouver un équilibre entre les objectifs environnementaux,
sociaux et économiques (Encarta, 2009).
Ainsi donc, les dangers inhérents à la
déforestation peuvent se résumer comme suit (Encarta, 2009) :
- Réchauffement climatique suite aux émissions de
gaz à effet de serre ; - Sols plus exposés aux rigueurs du climat
;
- Disparition des milliers d'habitats d'espèces animales
et végétales ; - Augmentation des problèmes de manque
d'eau potable ;
- Engendre des conséquences néfastes sur le climat
et sur la biodiversité ; - L'apparition et diffusion de maladies
émergentes.
En effet, la pratique de la foresterie technique inclut de
nombreuses opérations, de la plantation des arbres à l'abattage.
Au centre des opérations se trouve le cycle de coupe et de
reforestation.
1.3. Reforestation
Une plantation d'arbres aux endroits où la forêt
a été remplacée par d'autres usages qui ont souvent
conduit à la dégradation du sol, constitue la reforestation
(Plamondon, 2009).
Synonyme du reboisement, la création d'une forêt
sur un terrain antérieurement boisé ou sur le domaine forestier
existant est constituée des opérations de restauration ou de
reconstitution forestière (boisement). La création d'une
forêt hors des forêts existantes, ce qui augmente l'aire
forestière comprend des opérations d'extension forestière
(Plamondon, 2009).
La notion de « reforestation » laisse supposer un
objectif plus ambitieux en termes de surface et de qualité
écologique ou paysagère que celle de reboisement. L'objectif
étant alors généralement de restaurer un
écosystème de type forestier, atteignant donc une superficie
assez significative pour justifier le qualificatif de forêt.
Les forêts présentent un intérêt
écologique indéniable, mais en raison de l'exploitation
forestière et de la demande croissante en zones naturelles, la richesse
biologique diminue.
Il faut donc permettre aux forêts d'évoluer vers un
état naturel, en contrôlant ou excluant les activités
humaines. D'où la notion des aires protégées.
1.4. Aires protégées
Une aire protégée est une portion de terre ou de
mer vouée spécialement à la protection et au maintien de
la diversité biologique ; ainsi que des ressources naturelles et
culturelles associées, et gérées par des moyens efficaces
juridiques et autres (Kankolongo, 1999).
Cette définition recouvre toutes les catégories
d'aires protégées, mais leurs objectifs de gestion peuvent
différer dans de fortes proportions. C'est ainsi, que l'on
considère comme aires protégées « les zones qui sont
aménagées de façon à répondre à des
objectifs de conservation spécifiques et compatibles (Kankolongo,
1999).
1.4.1. Rôle des aires protégées
Les aires protégées contribuent à la
conservation des ressources biologiques et au développement durable
(Kankolongo, 1999) de manière variée:
- Elles maintiennent la stabilité du milieu naturel de
la région environnante et, ce faisant, réduisent
l'intensité des inondations et des sécheresses, protègent
le sol contre l'érosion et atténuent les extremes climatiques
locaux ;
- Elles maintiennent la capacité reproductive des
écosystèmes et garantissent ainsi la disponibilité
continue de l'eau, des plantes et des produits animaux ;
- Elles offrent des possibilités d'étudier et de
surveiller les espèces sauvages et les écosystèmes et
leurs apports au développement ;
- Elles fournissent des possibilités d'éducation
à la conservation pour le grand public et les décideurs ;
- Elles offrent l'occasion de contribuer au développement
rural et d'utiliser des terres marginales de façon rationnelle ;
- Elles offrent des possibilités de loisirs et de tourisme
;
- Elles créent des emplois et des infrastructures diverses
; - Elles constituent une fierté régionale et un patrimoine.
1.4.2. Problèmes des aires protégées en
RDC
D'une manière générale, le réseau
d'aires protégées connait d'énormes problèmes
notamment (Kankolongo, 1999):
- Braconnage intense faisant peser des menaces d'extinction d'un
certain nombre d'espèces ;
- Petit braconnage de subsistance ;
- Déboisement important (essentiellement du fait des
techniques agricoles
traditionnelles et du prélèvement
incontrôlé du bois de chauffe ;
- Faible protection (activités agricoles, feux de brousse
et déboisement au
sein des parcs et réserves) ;
- Destruction massive de plusieurs habitats
protégés fragiles, proches des frontières ;
- Sensibilisation insuffisante des populations aux
problèmes
environnementaux ;
- Explosion démographique;
- Manque de planification et de contrôle de l'utilisation
des terres ; - Raisons culturelles tel que les droits de chasse ancestraux ;
- Conflits d'intérêt (convoitise des territoires)
;
- Faiblesse des moyens mis à la disposition des
responsables de contrôle des parcs et réserves ;
- Ordre de priorité relativement faible accordé
à la protection des milieux naturels dans le cadre des politiques de
développement.
Néanmoins, la stratégie mondiale de la conservation
définit clairement ces obstacles (UICN, PNUE, WWF, 1980) :
a) La croyance selon laquelle la conservation des ressources
vivantes est un secteur limité plutôt qu'un processus qui recouvre
tous les secteurs et quidevrait être pris en compte par tous
les secteurs ;
b) La non-intégration de la conservation au
développement ;
c) Un développement souvent rigide et inutilement
destructeur dû aux faiblesses de la planification environnementale,
à l'absence de l'aménagement du territoire et à l'accent
qui est indfiment mis sur des intérêts à court terme au
détriment d'intérêts plus vastes à long terme ;
d) La carence de la capacité de conserver due à
une législation inadéquate ou non appliquée, à une
mauvaise organisation (surtout dans le cas d'organismes de droit public dont
les mandats sont insuffisants et mal coordonnés), à un manque de
personnel ou au manque d'information de base sur les priorités, sur les
capacités de régénération des ressources vivantes
et sur les avantages et désavantages des diverses options de gestion
;
e) L'absence de soutien à la conservation par la suite
d'un manque de sensibilisation (sauf à des niveaux très
superficiels) en ce qui concerne les ressources vivantes ; cette
sensibilisation est importante à tous ceux qui utilisent ces ressources
ou qui ont un impact sur elles, y compris les gouvernements ;
f) L'absence d'un développement fondé sur la
conservation, là où il est plus nécessaire, en particulier
dans les régions rurales des pays en développement.
1.4.3 Gestion des aires protégées
La FAO (2007) estime que la gestion efficace des aires
protégées pose d'énormes défis. Beaucoup
dépend de la volonté et de la capacité de la
société à financer les coûts directs et indirects de
leur gestion.
Généralement, elle doit se baser sur le plan
d'aménagement cohérent et efficace qui détermine les
besoins d'une gestion équilibrée des ressources, coordonne les
activités qui s'y déroulent et détermine la mise en place
des infrastructures et des équipements.
Cet aménagement est une politique et une pratique en
vue de rationaliser l'utilisation de l'espace et notamment de faire une
utilisation optimale des ressources naturelles renouvelables (sol,
végétation, faune) et non renouvelables (ressources
minérales). Cette utilisation optimale doit être durable
c'est-à-dire
utiliser l'intérêt et ne pas compromettre le capital
(Principe de rendement soutenu).
1.5. Réserve de biosphère
1.5.1. Définition
Les réserves de biosphère sont des aires
protégées portant sur les écosystèmes terrestres ou
une combinaison d'écosystèmes terrestres et côtiers/marins
représentatifs, dont la communauté internationale a reconnu
l'importance dans le cadre du programme de l'UNESCO sur l'homme et la
biosphère (UNESCO-MAB, 1996).
1.5.2. Objectifs
Les réserves de biosphère répondent
à trois objectifs (Kankolongo,
1999) :
1. Conserver la diversité et
l'intégralité des communautés biotiques des plantes et des
animaux de leurs écosystèmes naturels pour satisfaire aux besoins
actuels et futurs de l'humanité ;
2. Offrir des régions propices aux recherches sur
l'écologie, l'environnement, le climat notamment des études
fondamentales tant à l'intérieur qu'aux abords de ces
réserves ;
3. Permettre des activités éducatives.
1.5.3. Fonctions
Les réserves de biosphère s'efforcent de
constituer des sites modèles pour les études et les
démonstrations relatives aux approches de la conservation et du
développement durable, au niveau régional, en combinant trois
fonctions fondamentales qui sont complémentaires et interactives
(UNESCO-MAB, 1996) :
1. Une fonction de conservation, pour préserver les
ressources génétiques, les espèces, les
écosystèmes et les paysages ;
2. Une fonction de développement pour encourager un
développement économique et humain durable, des points de vue
social, culturel et écologique ;
relation avec les activités d'intérêt local,
national et global, visant la conservation et le développement
durable.
1.5.4. Agencement territorial et spatial
Concrètement, chaque réserve de biosphère
devrait contenir trois éléments suivants (UNESCO-MAB, 1996) :
a) Une ou plusieurs aires centrales bénéficiant
d'une protection à long terme et permettant de conserver la
diversité biologique, de surveiller les écosystèmes les
moins perturbés et de mener des recherches et les autres
activités peu perturbantes (par ex. l'éducation) ;
b) Une zone tampon, bien identifiée, qui normalement
entoure ou jouxte les centrales ; elle est utilisée pour les
activités de coopération, compatibles avec les pratiques
écologiquement viables, y compris l'éducation relative à
l'environnement, les loisirs, l'éco-tourisme et la recherche
appliquée et fondamentale ;
c) Une zone de transition, flexible (ou aire de
coopération) qui peut comprendre un certain nombre d'activités
agricoles, d'établissements humains et d'autres exploitations, et dans
laquelle les communautés locales, les agences de gestion, les
scientifiques, les organisations non gouvernementales, les groupes culturels,
les intérêts économiques et autres partenaires travaillent
ensemble pour gérer et développer durablement les ressources de
la région.
Ces trois zones sont conçues et mises en place sous des
formes variées, afin de s'adapter aux conditions et aux besoins
locaux.
11
Chapitre II : APPROCHE METHODOLOGIQUE
2.1 Localisation et situation géographique
La réserve de biosphère de Luki est
située à l'ouest de la République Démocratique du
Congo, plus exactement au Sud-est du Mayombe congolais, dans la province du
Bas-Congo, à cheval entre trois territoires des districts du Basfleuve
et de Boma, à savoir (Nsenga, 2001) :
+ Le territoire de Lukula, dans le secteur de Patu où
se trouve la grande partie de la réserve, notamment le Nord-Ouest,
l'Ouest, le Sud-Ouest et l'aire centrale ;
+ Le territoire de Seke Banza, dans le secteur de Bundi,
où se localisent la partie septentrionale et le Nord-Est de la
réserve ;
+ Le territoire de Muanda, dans le secteur Boma-Bundi, où
s'étendent l'Est et le Sud-Est de la réserve.
Ses limites extrêmes, Nord et Sud passent par les latitudes
05°30' et 05°43' Nord et celles de l'Ouest et de l'Est par les
longitudes 13°14'et 13°17' Est.
Au Sud-Est, la réserve est traversée par la route
nationale Matadi-Boma. La route Boma-Tshela longe la limite Ouest à une
distance d'environ 100 Km.
Sept groupements administratifs de trois territoires
précités appartiennent à la réserve. Sept centres
urbains et ruraux situés dans les environs de cette réserve
exercent aussi une grande influence sur celle-ci.
Une grande partie de l'axe routier Lovo
(Materne)-Kinzao-Mvuete traverse la réserve et est le passage
obligé des véhicules. Cela explique en partie la croissance
rapide des villages situés sur cette route.
Il faut signaler également que beaucoup d'exploitants
clandestins de la réserve habitent dans ces villages.
La réserve de biosphère de Luki occupe une
superficie de près de 33000 ha. Ceci représente près du
quart de la superficie (1.389 Km2) de sept (7) groupements
administratifs appartenant à la réserve.
2.1.1 Historique
La réserve de biosphère de Luki a vu le jour par
l'ordonnance n°5 AGRI du 12 Janvier 1937 (Nsenga, 2001). Celle-ci constituait
un domaine boisé de l'Etat dont la gestion avait été
confiée à l'Institut National pour les Etudes Agronomiques du
Congo-Belge (INEAC en sigle) devenu actuellement l'Institut National pour les
Etudes et Recherches Agronomiques (INERA).
En fait, cette gestion était basée sur la
zonation de la réserve en parcelles expérimentales
appelées « BLOCS » et sur des considérations à
la fois sylvicoles et agricoles.
En 1977, la gestion de la réserve a été
transférée au ministère de l'Environnement, Conservation
de la Nature et Tourisme dans le cadre du programme MAB conformément
à l'ordonnance loi n°77-022 du 23 février 1977.
En mai 1979, le domaine forestier de Luki fut reconnu par
l'UNESCO comme faisant partie du réseau mondial des réserves de
biosphère. Ainsi donc, la gestion de celle-ci a été
retirée à l'INERA puis confiée au comité national
MAB mais la remise et reprise n'interviendra qu'en 1981 en présence des
représentants des affaires foncières et de l'administration du
territoire.
2.1.2 Relief
Le relief de la réserve de biosphère de Luki
épouse celui du Mayombe, lequel se relève progressivement des
plateaux côtiers jusqu'aux monts Bangu situés à 150 Km de
l'Océan.
Il est constitué d'une série de collines
orographiquement jeunes, dont l'altitude varie entre 150m (pont ferroviaire de
la rivière Luki) et 500m (crête centrale de la réserve).
L'amplitude moyenne de l'altitude entre le pont des vallées et les
collines environnantes est de l'ordre de 40 à 70m (Donis, 1956).
particulièrement accessible. La périphérie,
surtout occupée par des forêts remaniées est
comparativement moins accidentée (Pendje et Baya, 1992).
En général, le relief formé de collines
et de petites montagnes, de hautes vallées ou basses, de cours d'eaux
permanents ou temporaires favorise la diversité des biotopes et
constitue également un obstacle à la pénétration
humaine.
Le relief est donc un atout pour la réserve car il
favorise à la fois la biodiversité et la conservation (Donis,
1948).
2.1.3 Climat
Selon la classification de Koppen, la réserve de
biosphère de Luki connaît un climat tropical humide
(AW5), marqué par deux saisons : une saison des pluies
de sept mois allant de mi-octobre à mi-mai et une saison sèche de
cinq mois commençant de mi-mai à mi-octobre.
La saison sèche est interrompue par des petites pluies et
atténuée par de fréquents brouillards, en particulier dans
les vallées.
Tableau 1 : Données pluviométriques et
thermiques de la station de Luki, 2000.
Mois
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
P(mm)
|
114,8
|
191,7
|
158,2
|
239,0
|
166,3
|
4,6
|
0,8
|
1,8
|
25,6
|
48,6
|
247,2
|
143,1
|
T° (°c)
|
25,9
|
25,8
|
26,7
|
26,3
|
25,8
|
22,5
|
21,2
|
20,8
|
23,2
|
25,4
|
26,2
|
27,9
|
T° moyenne annuelle= 24°C
Total de précipitations= 1341,7mm Source: Nsenga
(2001)
2.1.4 Végétation
La réserve de biosphère de Luki constitue la
pointe extrême de la forêt guinéenne du Mayombe. La
végétation du Mayombe en RDC a été
étudiée par Lebrun et Gilbert (1954), Maudoux (1954), Letouzey
(1969), Donis (1984) et décrite par Schnell (1997). Celle de la
réserve de biosphère de Luki a été
étudiée par Lubini (1984; 1997).
Elle est très variée, suivant qu'elle pousse sur
des sols hydromorphes ou des terres jeunes et selon les formes des biotopes
(fonds des vallées, savanes, lisières, forêts denses,
rivières, clairières, champs). On y distingue essentiellement
:
·
· La forêt à Prioria
balsamifera (Gossweilerodendron balsamiferum) ; la forêt primaire
à Gilbertiodendron kisantuense ;
·
· Les forêts primaires remaniées
à la suite des perturbations de nature anthropique ;
·
· Les forêts secondaires adultes
à Terminalia superba et Hymestegia floribunda, à
Xylopia aethiopica ;
·
· La forêt secondaire jeune ou
recrû forestier à Musanga cecropioides ;
·
· La régénération
postculturale comprenant essentiellement des essences héliophiles.
La proportion des différents types de
végétation a été estimée à 3.000 ha
de peuplement à Terminalia superba, 6.000 ha de vieilles
forêts à caractère primaire, 20.714 ha de forêts
remaniées et 3.000 ha de savanes.
2.1.5 Sols
D'après les études menées par Lubini (1984),
les principaux types de sols issus des différentes formations de
recouvrement de la réserve sont les suivants :
1. Les sols rouges, développés sur gneiss : dans
l'ouest de la réserve ;
2. Les sols rouges violacés, développés
sur les amphibolites et se rencontrant dans la zone centrale, les enclaves de
Kisavu et de Kimbuya ; ces sols sont très localisés et occupent
de faibles superficies ;
3. Les sols jaunes sur gneiss et sur quartzites : dans
l'Ouest et le Sud de la réserve. On les observe aussi, mais très
localisés dans l'enclave de SumbaKituti et dans la zone centrale de la
réserve ;
4. Les sols alluvionnaires, développés sur les
alluvions récentes, restent réduits aux vallées de la Luki
et le long des rivières.
2.2 Méthode et technique
2.2.1. Outils
2.2.1.1. Observation
Cette méthode a été pour nous
idéale au préalable car elle nous a permis de pouvoir nous rendre
compte directement de l'évolution de la déforestation de la
réserve de biosphère de Luki.
2.2.1.2 Documentation
Cette approche a permis d'explorer l'information disponible sur
notre thème de recherche par la consultation de tous les documents
accessibles.
2.2.1.3 Enquête
Par définition, l'enquête est une technique qui
consiste à poser les mêmes questions à un nombre de
personnes qui soit, constituent tout le groupe que l'on désire
étudier, soit représentent ce groupe.
Elle a représenté l'essentiel de notre
méthodologie de travail en ce qu'elle nous a permis d'obtenir le maximum
d'informations pertinentes à notre recherche. 2.2.1.4
Interview
A part les outils ci-haut énumérés, nous
avons eu recours à l'interview en interrogeant oralement les individus
au sein de la population vivant dans et autour de la réserve de
biosphère de Luki. Les questions étaient posées face
à face et toutes les réponses étaient enregistrées
par écrit au cours de l'interview.
En recherche, il n'est pas toujours possible d'étudier
toute une population. On recourt à une fraction de cette population,
pour autant que celleci en enferme virtuellement tous les attributs. Ainsi
BROWNLEE (1984) cité par NAKASILA (2006) définit
l'échantillon comme une partie représentative de la
population.
La taille de l'échantillon retenue était de 30
personnes, essentiellement chefs de familles capables de nous livrer
l'information recherchée pour faire un aperçu sur la
déforestation de la réserve de biosphère de Luki.
2.3 Procédure
Comme la nature de notre étude l'exige, une descente
sur terrain a eu lieu pour identifier toutes les activités étant
au centre de la déforestation de la réserve de biosphère
de Luki pendant quatre semaines.
Nous sommes donc allés à la réserve de
biosphère de Luki où, après avoir consulté la
littérature et fait l'observation directe, avons procédé
à une enquête sur base d'un questionnaire et d'une interview
auprès des paysans habitant dans et autour de la réserve à
raison de 6 personnes par village. Toutefois, l'espace échantillon de
notre enquête est constitué des villages Monzi 1, Monzi 2, Ngaka,
Kimunfu (enclave) et Kitsakata (enclave). Ces villages ont été
sélectionnés parce qu'ils sont dans la zone de transition
étant la plus déforestée.
En effet, les préoccupations majeures de notre
démarche étaient de savoir :
> Quelles sont les activités principales de la
population riveraine ? > Comment procède-t-elle ?
> Quelles sont les essences utilisées en carbonisation
?
> Quel type d'agriculture pratique-t-elle ?
a) Critère sélectif
Les hommes étaient prioritairement
enquêtés en tenant compte essentiellement de leur état
civil et non de leur âge et moins encore de leur niveau d'étude ou
profil professionnel.
b) Compilation et traitement des
données
Après la récolte des données, nous avons
procédé au dépouillement du questionnaire puis à
l'enregistrement des données et leur traitement.
17
Chapitre III : RESULTATS ET DISCUSSION
3.1 Structure sociologique des
enquêtés
Pour une connaissance appropriée du milieu social, il a
été déterminé la répartition de notre
échantillon selon l'âge et le sexe durant notre étude. Le
tableau 1 donne la répartition de nos enquêtés selon les
deux critères retenus d'âge et de sexe.
Tableau 1 : Répartition des
enquêtés selon l'âge et le sexe
VILLAGES
|
Tranche d'âge (%)
|
Sexe
|
25 à 45
|
>45
|
Masculin
|
Féminin
|
MONZI I
|
13,3
|
6,6
|
20
|
0,0
|
MONZI II
|
13,3
|
10
|
23,3
|
0,0
|
NGAKA
|
13,3
|
3,3
|
16,6
|
0,0
|
KITSHAKATA
|
13,3
|
6,6
|
20
|
0,0
|
KIMUNFU
|
10
|
10
|
20
|
0,0
|
Total
|
63,5
|
36,5
|
100
|
00
|
La majorité des gens qui ont fait l'objet de notre
enquête est comprise dans la tranche d'âge allant de 25 à 45
ans ; le reste ayant plus de 45 ans ne représentant que près du
tiers.
Quant au sexe, les hommes uniquement ont été les
plus sollicités et enquêtés car non seulement ils sont les
plus impliqués dans le défrichage des champs mais
également ils étaient disponibles à répondre
à toutes nos questions.
Les femmes ne sont pas représentées ici parce
qu'elles ne voulaient pas nous répondre sous contrainte d'être
traduites en justice vu qu'elles vivent autour et dans la réserve.
Nous tenons à signaler par la suite que nous avons
pensé bien entendu à dénombrer les enfants de nos
enquêtés pour chaque village et enclave. Le tableau 2 reprend en
détail la situation des foyers de nos enquêtés.
Tableau 2 : Dénombrement des enfants des
enquêtés par village
Villages
|
Nombre d'enquetés
|
Nombre d'enfants
|
MONZI I
|
6
|
25
|
MONZI II
|
7
|
39
|
NGAKA
|
5
|
24
|
KITSHAKATA
|
6
|
26
|
KIMUNFU
|
6
|
30
|
Total
|
30
|
144
|
Il ressort du tableau 2 que chaque enquêté a en
moyenne 5 enfants. De part le nombre d'enfants de nos enquêtés
habitant dans la réserve, le village Monzi 2 compte 39 enfants suivi de
Monzi 1 avec 25 enfants puis de Ngaka en dernier lieu avec 24 enfants. Quant
aux villages situés autour de la réserve, Kimunfu vient en
tête avec 30 enfants suivi de Kitshakata en dernière position avec
26 enfants.
Ce dénombrement a été effectué
pour connaître la composition familiale de nos enquêtés
devant conduire à la mesure de la pression anthropique dont la
réserve est victime bien qu'il n'a pris en compte toutes les familles de
ces différents villages et enclaves moins encore de la population
flottante venant exploiter pour un temps et repartir.
3.2 Différents acteurs oeuvrant dans le secteur
agricole
Etant donné que notre étude a porté sur
la déforestation de la réserve de biosphère de Luki, les
activités concernées par notre étude sont certes
l'agriculture, la carbonisation, le sciage de long, la chasse et la
cueillette.
Quant à l'agriculture, nous avons identifié les
différents acteurs oeuvrant dans ce secteur et les avons
catégorisé selon leur statut.
Il ressort que parmi eux, il y avait des métayers,
simples paysans ainsi que des ayant-droits. En effet, le tableau 3 expose les
catégories d'acteurs par village.
19
Tableau 3 : Catégorisation des
agriculteurs (planteurs) par village
Villages
|
Catégorie des planteurs
|
Mét1
|
Spay2
|
Adr3
|
MONZI I
|
2
|
4
|
-
|
MONZI II
|
-
|
7
|
-
|
NGAKA
|
-
|
5
|
-
|
KITSHAKATA
|
-
|
6
|
-
|
KIMUNFU
|
-
|
5
|
1
|
Total
|
30
|
Légende :
1métaye ;
2simple paysan ;
3ayant-droit
Comme peut le témoigner le Tableau 3, les
métayers et les ayant-doits enquêtés sont moins nombreux et
ne représentent à peine que 1/10 de simples paysans.
3.3 Activités de la population locale
La population vivant dans et autour de la réserve de
biosphère de Lukirecourent principalement à
l'agriculture, à la carbonisation, à la chasse, au sciage de long
et la cueillette pour survivre.
Le tableau 4 illustre toutes les activités courantes de
nos enquêtés. Tableau 4 : proportion des
enquêtés impliqués dans les différentes
activités
Villages
|
Activités réalisées
(%)
|
Agr1
|
Carb2
|
Chs3
|
Scl4
|
Cueil5
|
MONZI I
|
16,6
|
0,0
|
3,3
|
0,0
|
0,0
|
MONZI II
|
23,3
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
NGAKA
|
16,6
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
KITSHAKATA
|
20,0
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
KIMUNFU
|
16,6
|
0,0
|
3,3
|
0,0
|
0,0
|
Total
|
93,4
|
0,0
|
6,6
|
0,0
|
0,0
|
Légende: 1Agriculture ;
2 Carbonisation ; 3 Chasse ; 4
Sciage en long ; 5 Cueillette
Les personnes ayant fait l'objet de notre enquête sont
essentiellement des planteurs représentant jusqu'à concurrence de
93,4% contre 6,6% des chasseurs sur l'ensemble des cinq secteurs
d'activités identifiées.
Cependant, la carbonisation, le sciage en long et la
cueillette ne sont pas négligés par cette population locale bien
qu'il n' y a absolument aucun chiffre disponible pour chacune de ces trois
activités. En d'autres termes, la population locale pratique aussi bien
la carbonisation, le sciage en long que la cueillette mais malheureusement,
aucun acteur de ces trois secteurs n'a été identifié lors
de notre enquête sous peine d'être traduit en justice selon leur
conception.
Pourtant, nous avons enregistré beaucoup de produits
forestiers entre autres la braise, le bois de chauffe, les animaux issus de la
chasse et les planches à chaque visite des différents villages
longeant la route asphaltée Boma-Matadi.
D'ailleurs, les informations recueillies sur place ont pu
révéler que la plupart de carbonisateurs utilisent
généralement les essences précieuses telles que
Terminalia superba (Limba), Prioria balsamifera (Tola),
Gilbertiodendron mayombense (Posa), Milicia excelsa (Iroko),
etc....
Malgré l'interdiction formelle de WWF et de l'INERA,
plusieurs points de vente des gibiers se situent actuellement aux abords
immédiats de la réserve, principalement le long du tronçon
routier Kinzao-Mvuete-Manterne. Une véritable économie
cynégétique cesse de se développer aux alentours de la
réserve. Les scieurs de long, clandestins, sont nombreux et ceux des
enclaves exercent leurs activités voire même dans la
réserve et pourtant les limites sont très connues.
Il est nécessaire de connaître la superficie
utilisée par tous les acteurs du secteur agricole mais nous signalons
avant tout que les ayant-droits ont été indemnisés par les
autorités coloniales à la création de la réserve en
1937 tout en délimitant la superficie leur octroyée tandis que
les métayers ont bénéficié des étendues de
la part de l'INERA.
Signalons par la suite que les métayers et ayant-droits
sont mis en ensemble (regroupés) pour déterminer la part qui leur
revient car soit disant que les simples paysans recourent
généralement au fermage auprès de ceux-ci. D'où, le
tableau 5 en expose l'historique.
21
Tableau 5 : Superficie utilisée par les
acteurs du secteur agricole
Village
|
Superficie octroyée et cultivée (ha)
|
Simples paysans
|
Métayers et Ayant-droits
|
MONZI I
|
5,5
|
25,0
|
MONZI II
|
17,5
|
0,0
|
NGAKA
|
6,5
|
60,0
|
KITSHAKATA
|
7,0
|
0,0
|
KIMUNFU
|
11,0
|
10,0
|
Moyenne/personne
|
1,8
|
23,7
|
En ce qui concerne la superficie octroyée ou
utilisée, les quatre métayers et ayant-droits
enquêtés ont chacun en moyenne 23,7 ha tandis que les vingtquatre
simples paysans enquêtés ont en moyenne 1,8 ha à chacun.
Ces derniers recourent, disaient-ils, au fermage auprès des
métayers et ayant-droits pour leur survie.
En plus de nos préoccupations ci-haut
énumérées pour le secteur agricole, il nous a
impérativement paru utile de savoir également auprès de
nos enquêtés de ce secteur le type d'agriculture pratiquée
pour vérifier réellement si celle-ci est à la fois
itinérante et sur brûlis ou non. Le tableau 6 décrit le
type d'agriculture pratiquée au niveau de la réserve.
Tableau 6 : Type d'agriculture pratiquée
par la population enquêtée.
Villages
|
Type d'agriculture pratiquée (%)
|
Itinérante sur brûlis
|
Itinérante sans brûlis
|
MONZI I
|
17,8
|
0,0
|
MONZI II
|
17,8
|
7,0
|
NGAKA
|
17,8
|
0,0
|
KITSHAKATA
|
21,4
|
0,0
|
KIMUNFU
|
17,8
|
3,5
|
Total
|
93
|
7
|
Il ressort du tableau 6 que 93 % de nos enquêtés
font l'agriculture itinérante sur brûlis tandis que 7 % seulement
d'entre eux recourent à l'agriculture itinérante sans
brûlis. Leurs productions principales sont la banane, le maïs,
l'arachide, le manioc, l'igname.
Les cultures de maïs, arachide, manioc et ignames sont
faites dans un même champ après défrichage puis
brûlage tandis que le bananier est séparément
cultivé sans pratique du brûlis.
Ces résultats nous permettent de conclure que ce mode
d'exploitation agricole contribue à la déforestation et au
réchauffement climatique global en facilitant la fuite de carbone dans
l'atmosphère comme l'estime la FAO (1992). Une solution
complémentaire devrait être trouvée en vue de
détourner la population locale de ses anciennes pratiques.
23
Conclusion et recommandations
Notre étude a porté sur l'aperçu de la
déforestation de la réserve de biosphère de Luki et projet
de remédiation.
Pour ce faire, nous avons ressorti toutes les activités
auxquelles se livre la population vivant autour et dans la réserve de
biosphère de Luki. Parmi ces activités, notre étude a pu
démontrer que l'agriculture itinérante sur brillis est
l'activité la plus pratiquée. En effet, 93,4 % de cette
population en font un usage répété contre les 6,6% qui
recourent à la chasse.
La situation de la réserve au carrefour de deux routes
très pratiquées notamment les tronçons Matadi-Boma et
Boma-Tshela exerce sur elle une influence négative en favorisant son
exploitation abusive.
Il est impérieux de pouvoir la sauvegarder en
intégrant la population locale dans la gestion de ce cher et riche
patrimoine faunique et floristique tel que l'accent a été mis sur
la nécessité d'appréhender les interactions entre les
hommes et les autres éléments de la biosphère sous l'angle
de l'interdisciplinarité par le programme MAB (1971).
Cette population doit être éduquée sur la
vraie valeur intégrale de la forêt et sur le «
développement durable » qui se fonde sur la préservation des
ressources pour les générations futures. La prise de conscience
par cette population est un outil efficace pour la sauvegarde du
bien-être socio-économique et environnemental.
La déforestation est un fléau terrible portant
atteinte aux ressources biotiques de l'écosystème forestier et
pour lequel la lutte est une initiative encourageante dans la mesure où
elle sauve une gamme très large de diversité biologique et de
services environnements.
Certes, la déforestation de la réserve de
biosphère de Luki doit être activement combattue par des moyens
plus efficaces conçus dans le cadre d'un programme d'aménagement
interdisplinaire intégrant les facteurs humains et ceux de
l'environnement pour une gestion durable de ses ressources biotiques.
De ce qui précède, nous formulons
ci-après, des recommandations en vue du projet de remédiation
à la déforestation de la réserve de biosphère de
Luki.
- Identifier les besoins de la population locale en tenant compte
de son évolution démographique et économique ;
- Envisager un programme de vulgarisation agricole ;
- Impliquer la population dans la gestion durable de la
réserve ;
- Envisager l'apprentissage de la pisciculture, de l'apiculture
et de l'aviculture comme activités alternatives;
- Promouvoir l'agroforesterie autour et dans la réserve
;
- Disponibiliser un grand nombre d'animateurs pour la
sensibilisation environnementale ;
- Augmenter le nombre d'écogardes pour la surveillance
permanente de la réserve ;
- Proposer la culture des Acacias à tout le monde pour
limiter l'usage des essences précieuses dans la carbonisation, etc.
Bref, la forêt est une source de richesse, mais
l'augmentation de la population, si elle n'est pas contrôlée, est
un facteur de déséquilibre dans la nature comme l'a si bien
démontré Ehrich (1970) cité par Noin (1979).
25
BIBLIOGRAPHIE
1. BOUMENGE B., 1990 : Conservation des
écosystèmes forestiers du Zaïre, UICN, Gland, 101p.
2. DONIS C., 1948 : Essai d'économie forestière au
Mayombe
3. DONIS C., 1956 : La forêt dense congolaise et
l'état actuel de sa sylviculture. Bull. agricole du Congo-Belge, vol.
XL, VII, Bruxelles, 261- 289p.
4. FAO, 2007 : Situation des forêts du Monde,
Département des forêts, Rome, 7ème
édition.
5. GATA D., 1997 : Etude des impacts humains, estimation du
degré de péril de la biodiversité et principes directeurs
pour une gestion durable des ressources durables. MAB-Congo, 37p.
6. KADIATA B.D., 2009 : Sylviculture générale et
Agroforesterie, G3, Faculté des Sciences Agronomiques, UNIKIN, Cours
inédit.
7. KALONJI A., 2010 : Pathologie forestière, G3 Eaux et
Forêt, Faculté des Sciences Agronomiques, UNIKIN, Cours
inédit.
8. KANKOLONGO B., 1999 : Aires protégées, Concept,
aménagement et gestion. Chaire7, ERAIFT.
9. LUBINI A., 1984 : La réserve de biosphère de
Luki, MAB, DECNT, Kinshasa, 52p.
10. MALDAGUE M. ET MANKOTO S., 1997 : Notion
d'aménagement et développement intégrés des
forêts tropicales, UNESCO, Paris, ERAIFT, 52p.
11. NSENGA L., 2001 : Etude de la gestion des aires
protégées en RDC, Mémoire, ERAIFT, UNIKIN.
12. PENDJE G. ; BAYA M. 1992 : Réserve de
biosphère de Luki (MayombeZaïre) : Patrimoine floristique et
faunique en péril.
13. PLAMONDON A., 2009 : Bassins versants et érosions, G3
Eaux et Forêts, Faculté des Sciences Agronomiques, UNIKIN, Cours
inédit. Publication de l'INEAC, série scientifique, 37,
Bruxelles, 92p.
14. UNESCO, PNUE, WWF, 1980 : Stratégie mondiale de la
conservation, VI-VII p.
15. UNESCO-MAB, 1996 : Réserves de biosphère.
Bulletin du réseau n°4, 24p.
16. VANGU L., 1989 : Planification des aires
protégées dans le cadre du plan d'action forestier tropical,
Actes du séminaire-atelier sous-régional de formation et de
recyclage des conservateurs des parcs nationaux et des aires
protégées, UICN, UNESCO, MAB, p.76.
27
Table des matières
DEDICACE i
AVANT PROPOS iii
INTRODUCTION 1
Chapitre I : REVUE DE LA LITTERATURE 3
1.1. La forêt 3
1.1.1. Importance et rôles des forêts 3
1.2. Déforestation 4
1.3. Reforestation 5
1.4. Aires protégées 6
1.4.1. Rôle des aires protégées 6
1.4.2. Problèmes des aires protégées en RDC
7
1.4.3 Gestion des aires protégées 8
1.5. Réserve de biosphère 9
1.5.1. Définition 9
1.5.2. Objectifs 9
1.5.3. Fonctions 9
1.5.4. Agencement territorial et spatial 10
Chapitre II : APPROCHE METHODOLOGIQUE 11
2.1 Localisation et situation géographique 11
2.1.1 Historique 12
2.1.2 Relief 12
2.1.3 Climat 13
2.1.4 Végétation 13
2.1.5 Sols 14
2.2 Méthode et technique 15
2.2.1. Outils 15
2.2.1.1. Observation 15
2.2.1.2 Documentation 15
2.2.1.3 Enquête 15
2.2.1.4 Interview 15
2.3 Procédure 15
Chapitre III : RESULTATS ET DISCUSSION 17
3.1 Structure sociologique des enquêtés 17
3.2 Différents acteurs oeuvrant dans le secteur agricole
18
3.3 Activités de la population locale 19
Conclusion et recommandations 23
BIBLIOGRAPHIE 25
Table des matières 27