Médias et pouvoir politique en rdc. (de la deuxième république à la transition)( Télécharger le fichier original )par Michel Kifinda-Ngoy Université de Kinshasa, RDC - Licence en sciences de l'information et de la communication 2009 |
3. L'investigation journalistique en RDC.Les journalistes congolais ne sont pas du tout capables de dénicher le secret de la mauvaise gouvernance de nos hommes politiques. Soit ils sont étouffés par ceux-ci, soit il y a tout simplement manque d'une enquête journalistique digne de ce nom. Au sujet de l'enquête journalistique, Charles Onana199(*) nous apprend que « Le reporter qui rend compte par son propre travail et ses propres initiatives, des questions importantes sur lesquelles des personnes ou des organisations souhaitent garder le secret est digne du nom d'enquêteur. » En claire, le journaliste qui est capable de dénicher des secrets biens gardés ou de tirer au clair une situation confuse et inextricable est sans aucun doute un journaliste d'investigation. Le journaliste d'investigation est obligé de chercher non seulement des faits cachés, mais aussi le sens caché des faits plus ou moins évidents.200(*) Il n'y a pas de domaine qui puisse être épargné de l'investigation. L'enquête peut se faire dans les domaines de la vie sociale. Les nécessités de l'enquête, nous apprend Daniel Bougnoux201(*), exigent du journaliste non seulement qu'il résiste aux pressions ou à diverses vénalités, mais encore qu'il retarde le moment de militer lui-même, de s'engager pour la bonne cause ou pour accoucher l'histoire, et qu'il combatte ses propres intimes convictions autant que celles de sa rédaction ou de son réseau de relation. Ce qui importe est de donner l'information avec objectivité. La vérité est la règle d'or pour un journaliste. Les journalistes, pour la plupart amateur fortement politisés, comme c'est le cas en RDC, rejettent l'objectivité sous prétexte qu'elle était une forme déguisée de préjugé. Ainsi ils produisent une presse radicale qui ne donne que l'information et dépourvue de tout commentaire, ni analyse approfondie. Et cela couvre beaucoup de secrets. La question d'objectivité et de vérité nous semble très complexe ; en effet il est de bon ton d'admette que l'objectivité n'existe pas, puisque toute vision est subjective, forcement partiale et que la vérité est hors de la portée humaine. Et Bernard Porte202(*) n'a-t-il pas, d'ailleurs, déclaré : « je soutiens que « l'objectivité », toujours invoquée comme une vertu suprême du reporter, est par nature impossible » ? La seule question véritable est donc l'honnêteté du choix et de l'interprétation. La question d'objectivité ne devrait pas être un prétexte d'entretenir un secret qui, parfois devient même un secret de polichinelle. Les journalistes congolais peuvent donc produire une presse alternative, plus professionnelle qui garde le goût des opinions, en expliquant que « donner des faits aux lecteurs sans leur donner d'interprétation, comme tentent de le faire les quotidiens au nom de l'objectivité, revient à brouiller les cartes. »203(*) Mais elle se donne les moyens de documenter ses critiques de la société. Avant de mettre un terme à ce point, nous proposons avec Hunter du point de vu de psychologie et méthode du journalisme d'investigation, les étapes de la trajectoire de l'investigation journalistique : la perception des faits, la recherche de base, l'immersion, la résistance et la composition ou la définition. * 199 Onana Ch., « Le journalisme d'investigation »; tiré de UNESCO, manuel pour les journalistes africains, USA ; éd. WPFC 2000, p. 104. * 200 Hunter Mark, Le journalisme d'investigation, Paris, éd. PUF, 1997, p. 4. * 201 Bougnoux D., Introduction aux sciences de la communication, Paris, La Découverte, 2001, p. 86. * 202 Porte B., Je me suis toujours fait une certaine idée de la presse, Paris, éd. L'Archipel 1994, p. 212. * 203 Hunter Mark, op. cit., p. 19. |
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