Médias et pouvoir politique en rdc. (de la deuxième république à la transition)( Télécharger le fichier original )par Michel Kifinda-Ngoy Université de Kinshasa, RDC - Licence en sciences de l'information et de la communication 2009 |
2. Affaire Kata-kata (égorgeur), une manipulation médiatique par excellence.D'après l'accord de paix conclu en décembre 2002 à Sun City, la RDC devant organiser des élections générales avant le 30 juin 2003, date de la fin théorique de la transition, qui pouvait être prolongé d'une année. Un certain nombre de personnes n'ayant pas intérêt à ce que le pays tienne ces élections démocratiques alimentent les tensions les plus diverses pour susciter la révolte ainsi beaucoup échauffés à l'approche du 30 juin 2005. L'affaire Kata-kata (l'égorgeur) a notamment défrayé la chronique à Kinshasa peu avant le 30 juin 2005. Un mystérieux criminel a fait régner une réelle psychose dans la capitale congolaise. Non seulement il tuait, mais en plus, il charcutait ses victimes. Au lendemain du 30 juin, Kata-kata a disparu. Plus de tuerie, plus de corps déchiquetés. Analysons avec D. M'bayo et Ch. Mugagga186(*) qu'au mois de juin 2005, les médias ont exploité l'affaire Kata-kata, apparemment fondé sur la rumeur, appuyée par quelques cas de banditisme. Elles ont montré, de façon quasi quotidienne des cadavres des victimes attribuées au fameux « Kata-kata ». A la même période, poursuivent-ils, les reportages diffusés par CEBSTV et Global TV montraient quelques jeunes gens agitent des machettes (montrées en gros plan), se déclarant prêt à s'en servir le jour du 30 juin 2005, qu'il n'avait plus de machettes sur le marché de Kinshasa, d'autres ont relayé qu'une livraison de machette avait été volée... laissant entendre ainsi que tout avait été acheté ou dérobé par une fraction de la population qui « se tenait prête ». Analysant ces faits, il ressort que la déontologie a été transgressée ; il y a eu non respect de l'obligation de vérité et le non respect de l'obligation de responsabilité, la manipulation de l'information a été exécutée dans ce contexte au moyen de la tactique nébuleuse et du gros mensonge. En fait, l'article 9 du code de déontologie et d'éthique du journaliste congolais lui en joint l'obligation de faire preuve de retenu dans la présentation des faits de nature à mettre en danger ou à nuire aux intérêts vitaux de l'état de la société. Le traitement de l'affaire Kata-kata et les machettes par les médias kinois en juin 2005, donnant consistance à la rumeur au lieu de mener des investigations sérieuses, a permis d'entretenir l'atmosphère de psychose à l'approche de la datte du 30 juin. * 186 D. M'bayo et Ch. Mugagga, Pour comprendre les textes juridiques et déontologiques régissant la presse en RDC, Paris, éd. Institut Panos, 2006, p. 62. |
|