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Médias et pouvoir politique en rdc. (de la deuxième république à  la transition)

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par Michel Kifinda-Ngoy
Université de Kinshasa, RDC -  Licence en sciences de l'information et de la communication 2009
  

Disponible en mode multipage

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EPIGRAPHE

La parole médiatisée a un pouvoir qui est toujours convoité par les pouvoirs pour se confirmer dans le pouvoir.

Kifinda-Ngoy Michel

DEDICACE

A mon pays, la RDC et tous ses habitants, surtout à ceux qui veillent à son unité et à sa reconstruction ;

A ma province, le Tanganyika, terre de mes ancêtres, et à tous ceux qui peuvent consacrer leur avenir au service des plus démunis du pays et de ladite province ;

A ma ville natale, Kalemie, que je porte dans mon coeur et pour laquelle je peux tout donner sans réserve;

A tous ceux qui partagent le même sang, la même vision et la même foi avec moi ;

A mon cartel social, la communauté de l'Emmanuel, qui m'a fait goûter à l'amour du Christ et m'a appris à aimer.

AVANT-PROPOS

C'est de tout coeur qu'au terme du présent travail nous nous faisons l'agréable devoir d'exprimer nos profonds remerciements à tous ceux dont le concours nous a été précieux pour réaliser ce mémoire.

Le Professeur Ngoma-Binda a bien voulu accepter d'être le directeur de ce mémoire. Ses observations et orientations ont été d'un apport fort remarquable. Nous lui en devons un grand hommage.

A cet hommage amplement mérité, nous devons associer le Professeur Pungi Lino, auprès de qui, au cours de nos trois dernières années d'études et plus particulièrement tout au long de l'élaboration de nos deux Travaux dont le Travail de Fin de Cycle et le Travail de Mémoire, nous n'avons trouvé que sollicitude, compréhension et encouragement. Ses conseils, remarques et sa documentation nous ont véritablement aidés.

Nos remerciements s'adressent également à tous les professeurs de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines qui ont concouru, chacun en son domaine, à notre formation de spécialiste en communication et de journaliste. Notre reconnaissance doit également s'adresser à monsieur Maurice Kayombo, l'un des anciens journalistes et à monsieur Kalamba Paul, pour leur apport tant matériel que scientifique dans la réalisation du présent travail.

Aux familles Birali et Maningu pour leur assistance incommensurable, fruit de l'amour de notre Seigneur Jésus-Christ dont nous sommes disciples, nous disons merci de tout coeur. A eux associons Béatrice Mango et la famille Bafwafwa, la famille Kazadi et la famille Kwampuku.

Reconnaissons que maman Denise Kasanga, notre mère et papa Dieudonné Ngoy, notre père, ont su se donner eux-mêmes en généreux parents pour que nous devenions ce que nous sommes maintenant ; à eux, nous associons le regretté oncle paternel Pierre Mbuyu qui rendit l'âme avant de goûter aux fruits de notre travail.

Nous terminons cet avant-propos en pensant à ceux qui nous sont chers : tous nos oncles et nos tantes, tous nos frères et soeurs, tous nos amis ainsi qu'à tous ceux qui s'attendaient à être cités dans le présent travail, nous les aimons tous. A tous, nous demandons de nous faire confiance : nous leur ferons honneur.

INTODUCTION GENERALE

1. Problématique.

La communication est devenue depuis ces dernières années une préoccupation universelle. Personne ne peut contredire l'affirmation selon laquelle ce siècle est caractérisé par le développement à vitesse de croisière des moyens de communications.

Communication. Terme irritant, selon Yves Winkin1(*: c'est un invraisemblable fourre-tout, où l'on trouve des trains et des autobus, des télégraphes et des chaînes de télévision, des petits groupes de rencontres, etc. Aucune activité de la vie humaine ne peut se passer de la communication. Le pouvoir exécutif aussi bien que les pouvoirs législatif et judiciaire reconnaissent que la communication a aussi le pouvoir d'accréditer comme celui de discréditer tout autre pouvoir.

On devrait s'interroger sur les pouvoirs qui sont le plus souvent conférés à la communication. [...] On lui prête ce pouvoir de transgresser les frontières nationales et les différences identitaires, et tracer de nouveaux horizons. Et s'appuyer sur les moyens de communication c'est a priori accepter que les échanges ainsi facilités ou impulsés fassent éclater les cadres existants : et a contrario, à l'heure actuelle, les dirigeants des régimes politiques fermés ou repliés sur eux-mêmes le savent bien, qui n'ont cessé de contrôler, sans y parvenir des techniques maintenant disponibles à des coûts moindres et qui, surtout, ne peuvent être contraintes aisément.2(*)

La médiatisation affecte le travail des gouvernants et leur conduite des affaires notamment en accentuant le souci de visibilité de leur action et ses prolongements en termes de popularité. [...] La médiatisation affecte aussi les conditions de recrutement du personnel politique.3(*)

La rationalité des affaires humaines est intrinsèquement limitée, et il semble vain de rêver dans ce domaine d'un pilotage synoptique ou d'une information surplombante. Chacun traite les informations sociales et politiques selon les conditions de son monde propre, et la pluralité de ces mondes ne se laisse pas réduire à un monde commun ou d'avance partagé : ce sont des intérêts qui s'affrontent, et chaque vision du monde ne reflète jamais que la volonté ou les intérêts de chacun.4(*) L'instance médiatique, comme l'a si bien dit Patrick Charaudeau, est comme « un manipulateur manipulé »5(*)

Les études empiriques suggèrent que les interactions entre journalistes et leurs sources s'apparentent plus à un jeu d'échanges et de négociations qu'à une guerre de tranchées où les journalistes seraient des éternels perdant. Les acteurs sociaux en quête de « publicité » (accès contrôlé à l'espace public) doivent négocier leur présence médiatique avec des journalistes qui, eux, sont en quête d'informations.6(*)

Cependant, comme l'a si bien déclaré Dominique Wolton, la logique des relations entre le pouvoir politique et les médias audiovisuels s'est rapidement modifiée allant parfois jusqu'à s'inverser. Depuis une quinzaine d'années, la communication prévaut sur la politique.7(*) Voilà pourquoi, la plupart des pays au monde définissent légalement les rapports que leurs médias établissent avec leurs sources dont le pouvoir politique dans un système politique de communication qu'ils optent selon le régime politique du pays.

La question de savoir le système politique de communication dans lequel évolue les médias congolais est resté jusque là sans réponse. En effet, beaucoup de chercheurs sur les médias en RDC se sont penchés sur cette question sans pour autant parvenir à y apporter une réponse adéquate. La plupart d'ouvrages publiés sur les médias en RDC se sont beaucoup plus intéressés à la situation générale des médias et à la situation de la liberté de la presse. Certains auteurs comme Banga F, Tshionza, M., etc. se sont penchés sur l'emprise du pouvoir politique sur les médias sans pouvoir mener une sérieuse étude sur les rapports que les médias ont établi avec le pouvoir politique en RDC.

Voilà pourquoi nous nous proposons dans la présente recherche d'accorder une attention particulière aux rapports que les médias ont établis avec le pouvoir politique afin d'arriver à préciser le système politique de communication dans lequel les médias congolais évoluent. Pour y parvenir, il y a donc lieu de se demander : comment ont fonctionné les rapports entre les médias et le pouvoir politique en RDC, de la deuxième République à la période de transition ?

2. Hypothèses.

De la deuxième République à la transition, nous pouvons distinguer trois différents rapports que les médias ont établis avec le pouvoir politique. Il y a d'abord les rapports de subordination des médias au pouvoir politique pendant la deuxième République, en suite les rapports d'émancipation et de contre pouvoir des médias vis-à-vis du pouvoir politique entre la fin de la deuxième République et le début de la transition, enfin les rapports d'accompagnement du pouvoir politique par les médias et inversement en toute indépendance, diversification et autonomie, de l'entrée de l'AFDL aux élections de 2006.

Compte tenu de ces différents rapports, il ressort que le rôle des médias dans la personnalisation et la personnification du pouvoir politique pendant la 2ème République était non d'informer le public mais de le mobiliser à adhérer à l'idéologie et de le persuader vraiment que Mobutu était un demi dieu à qui il fallait chaque jour rendre un culte de gloire. Les médias pendant cette période ont perdu tout le sens de produire une information vraie.

A la fin de la deuxième république et pendant la transition sous Mobutu, les médias se sont émancipés et ont joué un très grand rôle dans la lutte pour la démocratisation effective du pays. Cependant depuis l'arrivée de l'AFDL jusqu'aux élections de 2006, les médias n'ont pas cessé de prendre position et de dénoncer ce qu'il fallait dénoncer quand bien même ils se laissaient manipuler par le pouvoir soit par de répression, ou par corruption étant donné que la plupart d'entre eux appartiennent aux personnalités politique. Cela fut accompagné par de multiples dérapages des médias et de graves violations de la déontologie journalistique.

3. Méthodologie du travail.

Tout travail de recherche exige certaines méthodes que l'on doit utiliser pour arriver à recueillir toutes les données nécessaires pouvant concourir à sa réalisation. Dans le présent travail, nous n'allons nous intéresser qu'aux méthodes et techniques qui nous permettront de collecter et de répertorier toutes les données cadrant avec le sujet. Il s'agit des méthodes historique, systémique, clinique et comparative. Quant aux techniques, nous allons utiliser la technique documentaire et l'entretien.

Il sied de rappeler en passant que par la méthode historique, il sera question de mener une recherche dans des bibliothèques au moyen de la technique documentaire pour reconstituer l'histoire des médias congolais avant de se plonger dans des analyses purement communicationnelles. Ce n'est qu'après que nous allons procéder par l'approche systémique. En effet, l'approche systémique, en s'appuyant sur quelques principes fondamentaux que nous donne Edmond Marc8(*) dont la communication est un phénomène interactionnel, tout comportement social a une valeur communicative, etc., est l'ensemble des éléments de la situation de communication qui forment un système.9(*)

Il sera question, dans notre recherche en nous basant sur la méthode systémique, de considérer avant toute analyse l'espace médiatique congolais comme un ensemble récurrent, régulier et repérable de formes d'échanges existant dans une certaine temporalité, entre des acteurs participant d'un cadre d'action pertinent, ensemble qui entraîne les acteurs dans sa dynamique propre.10(*)

Ce système est celui dans lequel tous les éléments rétroagissent en synergie pour produire un résultat que nous observons tous. Pour arriver à bien étudier tous les phénomènes médiatiques en RDC, il serait plus raisonnable d'accorder une attention particulière à tous les éléments qui constituent le système médiatique congolais. Il s'agit de la situation politique, économique, sociale, culturelle, éducative, etc.

Après avoir compris les causes primitives de tous les phénomènes observés dans les rapports que les médias établissent avec le pouvoir en RDC grâce à la méthode systémique, il sera alors question de poursuivre notre étude avec la méthode clinique en nous basant sur les sujets, acteurs de tous les phénomènes observés et sur leur propre comportement.

La méthode clinique, en fait, consiste à explorer aussi fidèlement que possible les comportements d'un individu ou d'un groupe de personnes face à une situation donnée, à saisir le sens de ces comportements et représentations en se plaçant aussi bien du point de vue de l'observateur que de celui du sujet-acteur.11(*)

Dans l'interaction avec les sujets ou les groupes, nous nous efforçons de faciliter l'ajustement à la situation d'enquête dans le sens d'une rencontre de personne à personne, de sujet à sujet. Notre objectif, à travers cette méthode, sera de répertorier tous les symptômes dont souffrent les médias congolais et les journalistes afin de proposer des pistes de thérapie.

Nous avons également utilisé la méthode comparative. En effet, la difficulté de procéder à l'expérimentation et de tout observer dans le champ médiatique congolais qui est en lui-même très vaste et d'autant plus mouvant, est à la base du choix de cette méthode. Celle-ci nous a permis d'analyser les données concrètes, d'en dégager les éléments constants, abstraits et générales. Dans la conception d'Emile Durkheim, la méthode comparative constitue une expérimentation indirecte du fait que le chercheur qui utilise cette méthode établit une relation entre les faits qu'il observe.12(*)

4. Cadre théorique

La sociologie et l'histoire des médias, le fonctionnalisme, la communication politique et la politique de communication sont des fondements épistémologiques qui constituent le cadre théorique de notre travail de recherche. Ce pendant pour bien analyser les rapports que les médias ont établi avec le pouvoir politique, nous serons obligé de faire recours à la théorie des carrés tordus de Pierre Schaeffer et au modèle de Gierber et Johnson que nous allons aborder dans la troisième section du premier chapitre.

En effet, multiples auteurs chercheurs ont accordé une attention particulière aux médias. Leurs origines, leurs évolutions, leurs fonctions dans la société, leur influence ou puissance. Parmi ces auteurs, nous pouvons retenir à titre illustratif Marshall McLuhan13(*) (1911-1980) qui, par ses analyses révolutionnaires, a profondément marqué depuis les années 1960 les sciences de l'information. Il a consacré aux médias la toute puissance de persuasion. D'autres chercheurs sont entre autre Francis Balle14(*) qui publia en 1994 médias et société aux éditions du Montchrestien, Jean Claude Bertrand qui a mené des recherches sur l'histoire des médias, Dominique Wolton, etc. qui orientent également leurs recherches dans ce domaine.

Par ailleurs le fonctionnalisme est une théorie qui conçoit la société comme un ensemble d'éléments fonctionnant en vue de se maintenir entre eux, la perturbation d'un élément produisant un réajustement des autres. L'école fonctionnaliste naît dans le champ de l'anthropologie sociale sous l'impulsion de Bronislaw Malinowski (1884-1942), puis d'Alfred Radcliffe-Brown (1881-1955). Quant à la politique de communication qui ne doit pas être confondue à la communication politique, est une ligne de conduite qu'un pays ou une entreprise de presse met sur pied pour ses médias afin de poursuivre un objectif bien précis.

De ce qui est de la théorie des carrés tordus, Pierre Schaeffer15(*) qui, en 1970, lorsqu'il présidait aux destinées du service de la recherche de l'ORTF, propose un schéma qui se relie aux schémas mettant en scène l'intermédiaire mais les dépasse par le réseau des relations complexes qu'il sous-tend. En effet, Schaeffer montre qu'une multitude de « dialogues » s'active dans l'échange médiatique. Le médiateur est en relation, directe ou indirecte, avec les groupes autorisés (pouvoirs politiques, financiers, sponsors, groupes de pression, de l'art, qui ont de l'autorité aux plans financier, moral, politique, de compétence) et le groupe de la programmation (les responsables de l'appareil de production et de diffusion : techniciens, administratifs). Mais le médiateur, selon les cas qui se présentent peut être tantôt messager du pouvoir, tantôt porte-parole du public.

5. Intérêt et choix du sujet

Tout ce qui touche à la vie politique de la RDC et surtout le rôle que les médias y ont joué ne peut pas nous laisser indifférents au regard de notre formation académique en journalisme politique intérieure. Plus encore, étant donné que nous aspirons fermement à lutter pour la réforme de la presse en RDC, en calculant tous les risques possibles pour que les médias soient totalement indépendants du pouvoir politique, mener une recherche sur la façon dont ont fonctionné les rapports entre les médias et le pouvoir politique en RDC, de la deuxième République à la transition nous semble plus que jamais raisonnable. Et c'est ce qui, d'ailleurs, justifie notre choix pour ce sujet.

Connaître les différents rapports entre médias et pouvoir politique en RDC ; la façon dont les médias ont été régulés au Congo depuis la deuxième République ; le rôle qu'ils ont joué dans la vie politique du pays ; et l'avenir qu'ils assurent à son développement, présente un intérêt considérable pour le grand public car il va comprendre le pourquoi et le comment de tout ce qui se passe dans le monde médiatique. Pour les politiciens, ce travail peut constituer une orientation leur permettant de savoir comment se comporter vis à vis des médias tout en poursuivant leurs ambitions politiques.

Pour les professionnels des médias, ce travail constitue un instrument de sensibilisation, de prise de conscience et d'interpellation de tous à s'adonner au métier avec lucidité et un sens élevé de responsabilité et de penser à l'avenir du journalisme au Congo. Pour les scientifiques, ce document va constituer un back grounds assez vaste sur l'histoire politique de la presse et/ou sur la politique médiatique en RDC.

6. Délimitation du sujet

Elargir son champ d'investigation ne devrait pas donner l'impression de réaliser un travail assez superficiel, mais cela nous permettra d'avoir une vision assez large des médias congolais et de déceler tous les rapports qu'ils ont établis avec le pouvoir politique afin de bien comprendre les véritables problèmes qui les rongent. Ce faisant, notre délimitation sera aussi bien spatiale que temporelle.

En ce qui concerne la délimitation spatiale, nous allons nous intéresser à la situation des médias et aux rapports qu'ils ont établis avec le pouvoir politique sur toute l'étendue de la République démocratique du Congo.

Notre délimitation temporelle est très vaste ; nous allons nous intéresser à l'exercice de la presse face aux lois qui la régit depuis 1973 jusqu'en 2006. C'est justement pour nous permettre de faire une étude comparative sur la situation de la presse sous ces différentes périodes qu'a traversées le pays.

7. Plan sommaire

Pour que nous soyons en mesure de traiter tous les points concernant ce sujet et épuiser tous ses paramètres de connaissance, nous avons divisé notre travail en trois grands chapitres, chaque chapitre comptant trois sections et chaque section trois paragraphes dont la plupart ne dépassent pas trois points. Voici donc les grands chapitres du présent travail :

Le premier chapitre qui est un chapitre théorique et conceptuel est intitulé « pouvoir politique et médias : généralités. »

Le deuxième chapitre s'intitule « les médias en RDC : la 2ème République à la transition. »

Et le troisième chapitre « les politiques médiatiques en RDC de la 2ème à la transition. »

A la fin de chaque chapitre, nous tacherons faire une brève conclusion récapitulative, et la conclusion générale, essentiellement prospective, sera à la fin de tout le travail. C'est de cette manière que nous comptons orienter notre réflexion.

Chapitre I : POUVOIR POLITIQUE ET MEDIAS : GENERALITES

Section I. Le pouvoir politique

§1. Terminologie et théorisation des concepts.

1. Notions du pouvoir

On confond souvent, dans l'usage quotidien des termes, le pouvoir et le gouvernement qui n'est qu'une forme limitée et rationalisée. Mais le pouvoir pénètre et informe toute collectivité humaine pourvu qu'elle soit organisée : il constitue sous des modalités diverses, la machine de l'action sociale.

Le lexique des termes juridiques définit le pouvoir comme une prérogative permettant à une personne de gouverner une autre personne publique ou privée (mandats politiques, autorité parentale, tutelle) ou de gérer les biens d'une autre personne pour le compte de celle-ci (dirigeants de société, représentation légale, judiciaire ou contractuelle).16(*) Il est donc légitime de s'interroger sur le pouvoir tout nu, encore que cette nudité doive être un produit de l'abstraction, puisqu'on ne connaît pas de pouvoir sans des autorités.

Max Weber a proposé : « puissance signifiant toute chance de faire triompher au sein d'une relation sociale sa propre volonté, même contre des résistances, peu importantes sur quoi repose cette chance. Domination signifiant la chance de trouver les personnes déterminables, prêtes à obéir à un ordre de contenu déterminé.»17(*)

Au contraire, les théoriciens optimistes de la démocratie cherchent à affirmer la portée du rapport inégalitaire, en imaginant, par le biais d'une analogie entre pouvoir et crédit, comme Parsons, une circulation du pouvoir pour le plus grand bénéfice de la société globale. Son exercice s'effectue souvent dans un cadre politique.18(*)

2. Etude du terme politique.

Ce terme a de multiples significations. Etymologiquement, du grec « polis= ville, cité », politique peut être à la fois adjectif et nom. Comme adjectif, le dictionnaire Larousse le définit comme étant relatif à l'organisation et au gouvernement des affaires publiques ; ou relatif à une conception particulière du gouvernement des affaires publiques. Ainsi on peut appartenir à un parti politique, nourrir de la haine politique ou débattre d'un problème politique, etc.19(*) Comme nom féminin, politique désigne selon Le petit Larousse illustré, l'ensemble des options prises collectivement et individuellement par le gouvernement d'un Etat ou d'une société dans le domaine relevant de son autorité.20(*)

Selon Gourévitch Jean - Paul, le terme « politique » pris dans sa valeur adjectivale renvoie à deux substantifs de genre différent : le politique et la politique. On ne refera pas après Béraud ou Edelman la théorisation du fameux parallèle qui différencie le politique, domaine de l'action et des rapports de pouvoir et la politique, pratique de la parole et de la représentation symbolique.21(*)

Le lexique des termes juridiques définit le terme politique comme étant une science du gouvernement des Etats. C'est une manière de gouverner (ex. : politique libérale, autoritaire, réactionnaire...). C'est aussi un ensemble des affaires publiques (ex. : politique intérieure, politique extérieure...).22(*)

Dans la pratique de la politique, il est vrai que la connaissance scientifique de l'administration de la société, la connaissance juridique de la loi, etc. comptent pour arriver à bien oeuvrer, mais on peut bien être doté de toutes ces capacités, lorsqu'on n'a pas de pouvoir pour l'exercer, tout cela est sans intérêt. L'essentiel en tout est de détenir l'imperium du pouvoir politique.

3. Ce qu'est le pouvoir politique

Malgré un préjugé répandu, politique implique pouvoir, mais pouvoir n'implique pas politique. Le problème de la politique et du pouvoir ont été posés conjointement par Machiavel ; la découverte du pouvoir a été opérée au temps et à l'occasion de la croissance du pouvoir politique, l'Etat.

L'Etat se pose comme le pouvoir suprême, le souverain, et tend à s'emparer d'un nombre toujours croissant de pouvoir, car même durant la période dite libérale, ses tâches administratives et réglementaires n'ont cessé de se développer et de se multiplier en dépit de l'idéologie officielle.23(*)

Chercher à savoir clairement ce qu'est le pouvoir politique n'est donc pas seulement le souci et l'affaire des spécialistes, philosophes, sociologues ou « politicologues » ; c'est aussi, pour tout citoyen qui s'intéresse quelque peu à la politique, le moyen de mieux comprendre ce qu'il vit et ce qu'il fait. Car il ne s'agit pas seulement de l'objet de la science politique, il s'agit surtout de l'enjeu de l'action politique.

Concernant la nature du pouvoir politique, nous pouvons citer le pouvoir, l'influence et la puissance. Il est caractérisé par la globalité et la souveraineté, l'autorité et la coercition. Quant aux formes du pouvoir politique, si l'on en croit certains auteurs, il n'y a pas de relations proprement politiques entre des hommes sans que les gouvernants soient distincts des gouvernés et qu'une organisation sociale, si rudimentaire soit elle, soit spécialisée dans la fonction de décider, régler, commander.

En définitive, disons qu'il appartient aux philosophes de se demander quelle est la raison d'être des réalités que constatent les hommes de science, ainsi que des relations objectives entre ces réalités qu'ils conçoivent et vérifient. Le pouvoir politique, ses formes, ses modes d'organisation sont des réalités que la science constate et cherche à expliquer.24(*)

§2. Organisation du pouvoir politique et régime politique.

1. Organisation des pouvoirs publics :

Le pouvoir politique est aussi appelé pouvoir public ou pouvoir civil. Il est organisé différemment d'après certains constitutionnalistes. Selon Ntumba-Luaba, le pouvoir public est organisé en pouvoir législatif, exécutif et judiciaire. Cette séparation des pouvoirs peut être soit fonctionnelle, quand elle répond au principe de division du travail, soit organique, lorsqu'elle consiste à confier ces différentes fonctions à des organes distincts et spécialisés.25(*)

Le pouvoir législatif ou le parlement est l'ensemble des institutions de la démocratie représentative au sein desquelles les représentants parlent au nom des citoyens qui les ont désignés pour représenter et défendre leur opinion. L'autorité du parlement vis-à-vis de l'exécutif découle d'une part de la procédure de désignation de ses membres et d'autre part de leur statut. Le parlement dispose essentiellement de trois prérogatives : le pouvoir législatif ou normatif, le pouvoir budgétaire et le pouvoir de contrôle de l'activité gouvernementale.

Le pouvoir exécutif ou le gouvernement a pour fonction d'exécuter strictement les lois et transmettre des ordres nécessaires pour que la loi soit exécutée. Le pouvoir exécutif peut se présenter sous diverses formes, classées de plusieurs manières. M. Duverger en distingue quatre : l'exécutif monocratique, collégial, directorial et exécutif dualiste.26(*)

Le pouvoir judiciaire est l'ensemble des organes chargés d'assurer le respect du droit et de sanctionner, le cas échéant, les violations de la légalité. L'affirmation de l'Etat de droit et, en particulier, la soumission des gouvernements au droit, un des socles de la démocratie, revêtent une portée plus ou moins variable en fonction de la nature et de l'autorité du pouvoir judiciaire. L'indépendance du corps judiciaire dépend d'un régime à l'autre.27(*)

2. Les formes de gouvernement :

La notion de forme de gouvernement est plus générale que celle de régime politique, puisque toutes les sociétés sont gouvernées, même en absence d'une constitution. A ce point de vue, on peut distinguer une classification ancienne, en cours depuis l'antiquité jusqu'au XVIIIe siècle, et des classifications modernes, ainsi que la classification courante et contemporaine fondée sur la théorie de la séparation du pouvoir que nous allons développer dans le paragraphe suivant.

Avant d'aborder ces différentes classifications, signalons que R. Jolivet différencie en trois catégories les formes du pouvoir civil. Il y a d'abord les formes-types de gouvernement dont le type monarchique, aristocratique et démocratique ; il y a ensuite les formes mixtes où le pouvoir civil comporte une combinaison plus ou moins équilibrée des toutes ces formes-types ; il y a enfin les dictatures anciennes, modernes et d'autres qui tendent vers le totalitarisme.28(*)

La classification ancienne distingue quatre formes de gouvernement dont la monarchie (pouvoir d'une seule personne), l'oligarchie (pouvoir de quelques-uns ; aristocratie : gouvernement des meilleurs et ploutocratie : celui des plus fortunés), la démocratie (pouvoir du peuple) et les gouvernements mixtes qui donnent une force moyenne alors que les maximums de force et de faiblesse se trouvent également dans les gouvernements simples.

Les classifications modernes distinguent l'autocratie ou la dictature de la démocratie ; le totalitarisme, du libéralisme ; le gouvernement pluraliste et le gouvernement moniste, le système de concentration du pouvoir du système de partage du pouvoir.29(*)

Les classifications contemporaines sont nombreuses mais presque toutes se fondent sur l'exercice du pouvoir. On peut tout simplement citer le gouvernement pluraliste et moniste, le système de concentration du pouvoir et celui de déconcentration.

3. La théorie de séparation des pouvoirs :

Montesquieu apparaît comme le véritable père de la théorie de la séparation des pouvoirs. Aux yeux de beaucoup d'auteurs, la séparation des pouvoirs est un mythe. Elle ne suppose pas isolément absolu de chacun des pouvoirs. Ainsi, les relations entre exécutif et législatif reposent sur le fait que chaque corps ou personne dispose à la fois de la faculté de statuer et de la faculté d'empêcher.

Concernant la classification des régimes politiques selon le principe de la séparation des pouvoirs, il appert que de la façon dont les rapports entre pouvoirs sont aménagés, on distingue les régimes de confusion des pouvoirs et ceux de séparation des pouvoirs.30(*) Egalement dénommé régime de concentration des pouvoirs, les régimes de confusion des pouvoirs sont ceux dans lesquels les relations entre pouvoirs ne sont pas organisées sur la base de la séparation. Ce régime fait que les pouvoirs sont rassemblés entre les mains soit d'une personne (dictature de l'exécutif), soit d'un même corps (régime d'assemblée).

Quant aux régimes de séparation des pouvoirs, les différentes modalités et les divers degrés de la séparation des pouvoirs législatif et exécutif constituent actuellement le critère classique de classification des régimes politiques. La séparation des pouvoirs peut être rigide ou souple. La séparation rigide met l'accent sur l'indépendance réciproque de l'exécutif et du législatif, tout en présumant leur aptitude à trouver des compromis. Elle débouche sur le régime présidentiel. En revanche, la séparation souple des pouvoirs repose sur la collaboration entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif, par l'entremise d'un gouvernement responsable devant le parlement. Elle se concrétise dans le régime parlementaire.

Parlons en définitive, des régimes présidentialistes caractérisés par un profond déséquilibre au bénéfice du chef de l'Etat et au détriment du parlement asservi et dénué de toute indépendance, jouant un rôle fort réduit. Les régimes mixtes ou semi-présidentiels sont intermédiaires s'efforçant à réunir les avantages de l'un et l'autre système tout en minimisant les inconvénients. C'est le cas de la RDC.

§3. La bonne gestion du pouvoir politique

1. Nécessité de bien gérer le pouvoir politique :

Avant toute analyse, il nous semble digne d'aborder ce point par le fondement du pouvoir politique. En effet, on se demanderait : pourquoi n'y a-t-il pas de société sans pouvoir politique ? Ou bien, si de telles sociétés existent, à quelles conditions peuvent-elles s'en passer ? La tradition de la pensée occidentale donne deux réponses contraires, entre lesquelles le débat s'est renouvelé sans cesse du Ve siècle avant J.-C., au XIXe siècle de notre ère.

Selon la première, le pouvoir politique est une nécessité inscrite dans l'ordre de la nature ; selon la seconde, le pouvoir politique est un artifice qui résulte d'un accord passé entre les hommes pour mettre fin à des conditions naturelles d'existence jugées insupportables.31(*) Et le contrat social de J. J. Rousseau n'affirme-t-il pas que le pouvoir politique soit une émanation du peuple et que ce soit le peuple qui cède une partie de sa souveraineté à un groupe pour l'exercer en son nom ? D'où ce groupe a l'obligation « contractuelle » d'assurer la sécurité de la société, réaliser son bien être, et la conduire à son développement. Chaque individu membre de la société attend du pouvoir la réalisation de ses aspirations les plus légitimes. Mal géré, aucun pouvoir ne sera en mesure de remplir toutes ses obligations contractées vis-à-vis de sa société.

Le mode de gestion et de distribution du pouvoir politique et économique détermine pour une large part, au sein de l'Etat, la nature des attitudes du citoyen à l'égard des affaires publiques. Plus la gestion est bonne, plus elle a des chances de favoriser le civisme des citoyens. Par contre, lorsque la gestion du pouvoir est irrationnelle et sa distribution injuste, le citoyen a tendance à manifester ses frustrations au moyen de comportements inciviques. Le professeur Ngoma-Binda32(*) n'a-t-il pas raison lorsqu'il affirme qu'un mode de gestion du pouvoir capable de favoriser l'émergence et le développement de l'esprit civique est celui qui prend nécessairement en compte la rationalité, la justice, l'égalité, en un mot, les principes d'un gouvernement démocratique?

2. La démocratie comme moyen de la bonne gouvernance :

Si le citoyen a l'obligation de participer à la gestion politique et à la construction de son pays, et s'il a le devoir de connaître les lois qui régulent les rapports entres les citoyens et l'Etat dans son pays, il a aussi le droit et le pouvoir d'exiger constamment aux dirigeants politiques de mettre sur pied des institutions qui soient conformes aux aspirations et désirs particuliers de l'homme et du peuple concernés.33(*)

La gestion démocratique constitue la forme de gouvernement politique la plus correcte et la plus noble. Elle est en effet ce régime politique au sein duquel les chances de participation politique à la prise des décisions relatives à la conduite du pays sont institutionnellement garanties et, autant que possible, équitablement partagées parmi tous les citoyens adultes.34(*) Le citoyen a donc l'obligation de connaître les structures et mécanismes de fonctionnement du système démocratique. Cette connaissance lui donne la possibilité de réclamer son instauration ou d'exiger de revenir sur le chemin de ses principes lorsqu'on s'en est écarté. Elle lui permet de juger et d'apprécier les actions de l'homme au pouvoir.35(*)

Ce qui précède, il faut l'admettre, est vraiment compliqué. Pourtant nous devrions essayer de le rendre simple, puisque l'une des conditions essentielles à la survie d'un système démocratique est l'intelligibilité de l'idée de démocratie. Alors que le régime démocratique est plus complexe que tout autre modèle politique, assez paradoxalement sa survie n'est pas assurée si ses principes et mécanismes ne sont pas à la portée de l'intellect de l'homme moyen.36(*)

Affirmons en somme que la démocratie libérale met un accent particulier sur la liberté de l'individu tandis que la démocratie populaire ou socialiste met grandement en valeur l'idée d'égalité de tous les citoyens, la démocratie libérale communautaire intégrant les valeurs libérales de la démocratie occidentale et les valeurs communautaires de la démocratie africaine traditionnelle.

3. Les institutions démocratiques :

Il y existe cinq institutions principales, admirablement efficaces, qui constituent des valeurs républicaines.37(*) La première est l'institution élective, qui permet à la population de s'exprimer par les élections. Elle présuppose deux éléments essentiels dont la liberté de choix et la possibilité maximale d'accès par tous à l'information la plus exacte et la plus étendue ; la deuxième est le pluralisme politique; la troisième institution qui définit la démocratie est le parlement ou l'assemblée législative ; la quatrième institution est dénommée le ``quatrième pouvoir'' ou la liberté par les médias et la cinquième institution est la constitution politique qui réglemente la liberté de presse, d'expression et d'association.

La puissance des groupes de pressions corporatifs et ethniques, des organisations syndicales ainsi que des médias étonne littéralement tout Africain longtemps habitué à vivre la dictature ou des expériences de liberté totalement différentes dans le monde moderne. Ces trois éléments, ainsi que bien d'autres de même genre, constituent la quatrième institution de la démocratie. Mais de tous, l'instrument le plus efficace est peut-être la presse. Elle joue bien entendu le rôle habituel de diffusion de l'information, d'éclaireur de l'opinion publique, mais aussi celui, déterminant, qui consiste à ``démasquer la corruption, la malversation et le mauvais emploi de l'argent du contribuable'', voilà pourquoi elle est considérée comme le quatrième pouvoir.

Avant de clore ce point, précisons que liberté et diversité sont les deux conditions pour que la presse puisse jouer son rôle dans le débat démocratique. La presse française et européenne constituent ainsi, dès la fin du XIXe siècle, un « quatrième pouvoir » : en permettant aux citoyens de s'informer et de se faire une opinion, elle permet le débat démocratique, et contrebalance les pouvoirs en place (les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire).38(*)

Section II. : Les medias dans la bonne gouvernance

§1. Généralités sur les médias

1. Etude du concept média :

Disons d'entrée de jeu que les médias sont l'ensemble des supports d'information et de communication qui atteignent facilement toute une société. Le Larousse encyclopédique illustré le définit comme étant tout support de diffusion de l'information (radio, télévision, presse imprimée, livre, ordinateur, vidéogramme, satellite de communication, etc.) constituent à la fois un moyen d'expression et un intermédiaire transmettant un message à l'intention d'un groupe.39(*)

Jean-Claude Bertrand définit plus clairement les médias comme une entreprise industrielle qui, par des moyens techniques spécifiques, diffuse, simultanément ou presque, un même message à un ensemble d'individu épars. Cette définition écarte le téléphone classique, les sondages d'opinion et le suffrage universel. Le courrier et l'affichage ont été exclus de fait que leurs messages sont presque exclusivement commerciaux.40(*)

Selon McLuhan cité par G. Willet, il existe deux types des médias dont médias chauds (la radio, le cinéma, etc.) et les médias froids (la télévision, le téléphone, etc.)41(*) La conception des médias transparents, des médias tuyaux, trouve son origine en partie du moins dans un défaut de théorisation de l'objet. La dénomination même de média ou de technologie de l'information renvoie, contrairement à ce que l'on observe dans de nombreux champs des sciences de la communication, à des objets empiriques et non à un domaine, à un champ théorique, voire à une pratique.42(*)

2. Evolution des médias :

Les médias ont connu une évolution assez rapide. De la presse écrite aux nouveaux médias, les récents développements des technologies d'information et de communication ont révolutionné le monde médiatique. Parcourons un peu cette évolution depuis la naissance de la presse.

Peu de mots ont connu une telle extension, accompagnée d'un tel glissement de sens, que le mot ``presse''. Legs de Gutenberg, la presse est à l'origine le moyen d'impression qui permet la reproduction d'un texte à de multiples exemplaires : ivres d'abord, almanachs, gazettes et autres feuilles ensuite, puis ce que l'on ne cessera plus d'appeler le ``journal''.43(*)

Au XXe siècle, par étapes successives, la révolution industrielle a assuré la prééminence du journal(...). A cet apport technologique, il faut ajouter celui des télécommunications qui influent considérablement sur le contenu des ``organes de presse'', ainsi que le concours des moyens de transport qui accélèrent la distribution.44(*) Or la révolution technologique du XXe siècle entraîne la diffusion de l'information par les ondes. Le moyen technique est devenu tout autre, le mode de réception et de perception aussi ; le sens du terme ``presse'' s'est cristallisé au niveau de la fonction. La presse écrite subit une forte concurrence de la radio et de la télévision. La plus grande révolution médiatique est celle de l'apparition des nouveaux médias que Jacquinot45(*) nomme les dernières technologies. Il s'agit plus spécialement des technologies d'Internet et du multimédia.

Affirmons avec Philippe Riutort46(*), avant de mettre fin à ce point, que l'essor des médias dits « de mass » - la presse populaire dès la fin du XIXe siècle et l'audiovisuel au cours du XXe siècle- a contribué à changer profondément les modes de communication politique établies entre gouvernants et gouvernés.

3. Fonctions et influence sociale des médias :

La mission principale des médias est d'informer, de former et de divertir la masse. Selon Jean-Claude Bertrand, il existe six fonctions fondamentales que les médias exercent régulièrement.47(*) Les six fonctions sont les suivantes :

1° .Observer le milieu environnant : les médias ont pour rôle d'obtenir l`information, de la dater, de l'interpréter puis de la faire circuler. En particulier, ils doivent surveiller les trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire).

2°. Assurer la communication sociale : les médias relient les individus aux groupes ; réunissant les groupes en une nation, ils contribuent à la coopération internationale.

3°. Fournir une image du monde : ce qu'on connaît provient souvent de l'école, de conversations, mais surtout des médias. Pour l'homme ordinaire, la plupart des régions, des gens et des sujets dont les médias ne parlent pas, n'existent pas.

4°. Transmettre la culture : l'école et les médias touchent l'individu tout au long de sa vie en lui donnant une vision du passé, du présent et de l'avenir du monde.

5°. Contribuer au bonheur (divertir) : aux médias, l'usage demande surtout un divertissement et cette fonction se combine très efficacement avec les autres.

6°. Faire acheter : Les médias sont les principaux vecteurs de la publicité. Leur but premier, bien souvent est de séduire un public afin qu'ils le vendent aux annonceurs.

En ce qui concerne l'influence sociale des médias, disons que, d'une manière générale, il faut situer l'audience des médias dans les pratiques domestiques, culturelles et politiques des individus. Ils sont un facteur de formation, ou d'évolution des opinions parmi tant d'autres, souvent plus efficaces. Jean-Pierre Marhuenda n'a-t-il pas affirmé quand il parle de la presse que son influence ne puisse donc être isolée de son contexte social, ni de l'apport des autres médias ? L'influence la plus probable est, en fait, le renforcement des convictions et l'ancrage des systèmes d'opinion.

§2. Les médias face à la participation politique.

1. La responsabilité politique des médias :

Le gouvernement est censé agir dans l'intérêt des citoyens. Quand des politiques diverses affectent différemment des groupes donnés, il est censé identifier les arbitrages. Si les électeurs apprenaient que le gouvernement avait violé ce contrat de confiance tacite, ils le chasseraient du pouvoir.48(*) Le problème, c'est que beaucoup de gouvernements essaient de tenir leurs actions secrètes, espérant qu'elles échapperont ainsi au contrôle du public. On réduirait le champ de ces abus en améliorant l'information et les règles qui président à sa diffusion.

Si l'on peut considérer la liberté de parole et la liberté de presse comme des fins en soi, ce point les instrumentalise afin de démontrer qu'elles servent d'autres objectifs tout aussi fondamentaux. Ainsi, affirme Joseph Stieglitz à ce sujet, quand la liberté de parole et la liberté de presse sont respectées, non seulement les gouvernements abusent en général moins de leur pouvoir, mais ils satisfont mieux les besoins sociaux élémentaires du peuple49(*).

Timothy Besley et autres50(*) affirment à leur tour que, pour que l'information générée par les médias soit utile, il faut qu'elle suscite une réaction collective appropriée. C'est parfois possible même dans un cadre autocratique, mais il est clair qu'il y a davantage de chances pour que cela se produise dans un pays doté d'institutions démocratiques, comme des élections libres.

Si la plupart des pays disposent d'une presse plus ou moins développée, son existence ne garantit en rien sur l'action des pouvoirs publics. Il faudrait pour ce fait que les médias s'opposent de toute répression du pouvoir, de toute corruption de façon qu'il soit réglementés par un régulateur indépendant afin qu'ils arrivent à produire une information exacte, objective, pouvant responsabiliser les gouvernants.

En somme, la réglementation des médias apparaît dès lors comme un puissant levier politique pour promouvoir la responsabilité des gouvernants dans les pays en développement. La difficulté est de mettre en place ce type de réglementation quand le gouvernement en place s'y oppose.

2. L'influence politique de l'information médiatique

Les médias affectent surtout ceux qui reçoivent l'information politique, car les gouvernants ont en général tout intérêt à avoir en face d'eux des électeurs bien informés : non seulement ils votent davantage que les autres, mais ils ont tendance à élire les candidats qui défendent leurs intérêts. Robert Shiller affirme que les médias d'information - journaux, magazine, radio et télévision, et aujourd'hui l'Internet -se présente certes comme des observateurs détachés, mais ils font en réalité partie intégrante des évènements qui se produisent sur les marchés. Ceux-ci ne surviennent généralement que lorsque de vastes groupes de personnes pensent la même chose, et les médias d'information sont un véhicule essentiel à la propagation des idées.51(*)

Affirmons une fois de plus avec David Strömberg52(*) que les médias affectent sans doute la politique parce qu'ils apportent aux électeurs des informations pertinentes. Mieux informés, ils votent en général davantage, surtout pour les responsables politiques qui défendent leurs intérêts. Ces derniers ont donc tout intérêt à ce que les électeurs soient bien informés. Les structures de coût et de revenus des médias influencent directement la nature des personnes qu'ils informent. Les médias affectent aussi la façon dont les hommes politiques réagissent à l'évolution de la demande de prestations publiques.

La radio et la télévision, affirme toujours David Strömberg, ont modifié les poids politiques des divers groupes de population. En particulier, la radio a amélioré la capacité de l'Amérique rurale à attirer des transferts de fonds publics. Aujourd'hui, l'usage en pleine expansion d'Internet pourrait avoir un impact politique comparable, et il y aura vraisemblablement des gagnants et des perdants.

Au bout du compte, les informations politiques diffusées par voie médiatique ont une influence très considérable sur le public dans un Etat démocratique. En fait, cela influence aussi le comportement des hommes politiques qui gouvernent avec beaucoup de responsabilité afin de ne pas subir la sanction du peuple bien informé des bévues.

3. Rôles des médias dans la politique des entreprises :

Si les deux premiers paragraphes de cette section ont examiné l'influence des médias sur le développement à travers leur impact sur les personnalités politiques et sur le processus politique lui-même, ce paragraphe va s'atteler au rôle que jouent les médias dans la définition de la politique des entreprises.

Les modèles économiques n'accordent, en effet, qu'une place très restreinte au processus de diffusion de l'information : ils supposent que les agents sont informés ou non. Dans le second cas, les agents ont parfois l'option d'acquérir des informations à un coût prédéterminé. Il n'y a pas de place, affirment Alexander Ducky et Luigi Zingales,53(*) dans ces modèles pour les intermédiaires d'information qui compilent des données provenant d'un grand nombre de sources et en réduisent le coût d'acquisition de manière sélective.

Dans le monde réel, ce sont les médias qui jouent ce rôle. C'est à travers eux que les individus obtiennent une grande partie de leurs informations ; ils jouent donc un rôle important dans la sélection de celles qui seront communiquées au public et apportent une crédibilité accrue à celles qui proviennent d'autres sources. En réduisant de manière sélective coût du recueil et de l'évaluation de l'information pour les agents, les médias jouent un rôle déterminant dans la constitution et l'évolution des réputations.

Ainsi, comme le dit Ducky54(*), les médias jouent bel et bien un rôle dans la formation de l'image publique des dirigeants et des administrateurs d'entreprises les contraignant par là même à respecter certaines normes sociétales. Certes les médias réduisent de manière sélective le coût d'acquisition et de vérification de l'information qui joue un rôle essentiel dans la formation de la réputation des principaux décideurs de la politique d'entreprise.

Somme toute, il est certain que les médias jouent un rôle important dans la définition de la politique d'entreprise et qu'aucune analyse du système de gouvernement d'entreprise d'un pays ne devrait les ignorer.

§3. L'environnement politique des médias

1. L'emprise de l'Etat sur les médias :

Dans la plupart des pays, les citoyens se procurent l'information dont ils ont besoin par le truchement des médias, en particulier les journaux, la radio et la télévision intermédiaire qui recueillent les informations et les mettent à la disposition du public. Il y a lieu de se demander s'il serait souhaitable que les journaux, les stations de radios et les chaînes de télévision soient publics ou privés, ou s'ils devraient jouir d'un monopole ou se faire concurrence.

Ces questions ont certes fait l'objet de discussion. En effet, considérant les convictions d'un économiste, l'a si bien signalé Siméon Djankow et autres, l'information devrait être fournie au public par un monopole d'Etat, et ce pour deux raisons. La première, c'est que l'information est un bien public [...]. La seconde, c'est que la collecte et la diffusion de l'information sont caractérisées par de fortes économies d'échelle.55(*)

D'autres, en revanche, persuadés que l'Etat et le gouvernement ne sont pas nécessairement animés de meilleures intentions, parviennent à une conclusion diamétralement opposée. De leur point de vue, le monopole de l'Etat sur les médias risque d'entraîner des distorsions et des manipulations. Des médias privés et indépendants alimentent le public en point de vue contradictoires, ils permettent donc aux électeurs de choisir le candidat politique qui leur convient le mieux.56(*)

Malgré l'intérêt de ces débats, nous pouvons affirmer que la majeure partie des entreprises de médias appartiennent à l'Etat, soit à des capitaux concentrés, souvent contrôlés par une famille. Signalons encore que plus le pays est pauvre, plus l'Etat a mainmise sur les médias, plus le secteur public y est développé, plus il y a de chance d'y trouver des médias étatisés. Ces résultats jettent le doute sur la notion selon laquelle la mainmise de l'Etat sur les médias vise à mieux servir l'intérêt général.

S'appuyant sur le faisceau d'observations chiffrées de Siméon Djankow et autres, nous pouvons déceler certaines conséquences de l'emprise de l'Etat sur les médias sur un certain nombre d'indicateurs sociaux, comme la liberté de presse, le fonctionnement des marchés politiques et les incidences sociales. Nous avons constaté que les « mauvais » résultats étaient souvent associés à une forte emprise de l'Etat sur les médias. Du point de vue liberté de la presse, notre constat est que, quand les médias sont privés, ils sont en général plus indépendants, les arrestations et les incarcérations des journalistes moins fréquentes. Concernant les marchés politiques, la prédominance des médias publics irait de paire avec une corruption accrue. La vérité risque d'être totalement occultée.

Néanmoins, du point de vue social, les vrais avantages de l'existence d'une presse d'Etat, ce sont les membres les plus démunis de la société qui en bénéficient. Affranchis de l'influence des actionnaires capitalistes, les médias publics serviraient leurs besoins sociaux, mais cela juste dans le cadre socio-économique.57(*)

2. La régulation des médias et l'environnement politique:

Si la fondation d'une société authentiquement démocratique comporte de nombreuses étapes, la mise en place de la législation et des institutions destinées à assurer le bon fonctionnement des médias est l'une des plus importantes. Le gouvernement s'efforce trop souvent de construire des systèmes efficaces et susceptibles de faire progresser la démocratie sans connaître suffisamment bien les nombreux aspects de l'environnement juridique complexe qu'influence ce processus. Mais l'environnement que les gouvernements créent aux médias n'est toujours pas propice.

Comme le dit Peter Krug et Monroe Price, l'ensemble des lois d'institutions et d'acteurs juridiques au sein duquel opèrent les médias constitue un environnement dont la nature a de toute évidence un profond impact sur la plus ou moins grande liberté avec laquelle les journalistes et les organes de presse peuvent collecter les nouvelles et diffuser les informations et les idées.58(*)

L'analyse d'un environnement juridique satisfaisant, c'est-à-dire permettant une activité efficace des médias, passe par l'étude des éléments spécifiques du système juridique lui-même, mais aussi de questions comme la structure, du capital des groupes des médias et le rôle de la société civile.

Parmi les composants juridiques complexes qui contribuent à créer ce type d'environnement qui permet aux médias de faire progresser leur pays vers la démocratie, nous en avons identifiés quatre dont la collecte de l'information qui doit être libre et responsable ; la réglementation portant sur le contenu ; la réglementation neutre par rapport au contenu, mais susceptible de l'influencer indirectement ; en fin la protection des journalistes dans leur activité professionnelle, y compris contre des attaques physiques.

Ceci dit, l'adoption des lois formelles ne garantit jamais leur application complète et généreuse, même dans les sociétés démocratiques, le plus avancé des nombreux pays, les lois soigneusement élaborées restent mortes faute d'environnement favorable à la vérité ; le concept d'un tel environnement, susceptible de permettre l'activité des médias libres et indépendants, suppose certes l'existence des lois spécifiques, mais il faut aussi que l'esprit s'ajoute à la lettre afin de mettre en place les processus permettant à ces lois d'avoir un impact positif dans les faits.59(*)

3. Les médias en transition : une activité à but lucratif

Les médias sont un moyen d'expression, un instrument de responsabilité, un canal de participation civique et un frein à la corruption des responsables. Ils sont considérés comme la source mère de l'information, ce qui leur vaut dans certains pays, d'être protégés par la constitution. Mais ils peuvent également représenter une menace pour certaines structures de pouvoir établies. C'est pourquoi les gouvernements peu enclins à rendre des comptes au public tentent souvent de museler, ou tout simplement d'interdire les groupes de médias, qu'ils considèrent comme leurs adversaires.

Tim Carrington et Mark Nelson dévoilent que derrière les débats, souvent passionnés sur les droits et responsabilités de la presse se cache un simple fait trop souvent méconnu par les organisations internationales qui conçoivent des projets d'aide à la presse dans les pays en développement ou en transition, à savoir que cette dernière est une activité à but lucratif.60(*)

Les médias en transition peuvent tout aussi être capables de remporter des succès financiers retentissants que de connaître de lamentables échecs. Comme toute entreprise commerciale, les médias des pays en développement sont profondément affectés par les conditions économiques locales. Mais ils ne peuvent se contenter de se laisser ballotter au gré des vagues successives de croissance et de crise. Leur succès repose toujours sur des stratégies visant à développer son public, asseoir sa réputation et augmenter ses profits, quelles que soient les conditions économiques.

Les analystes sont de plus en plus nombreux, comme le constatent Carrington et Nelson, à considérer des médias performants comme un élément du développement capable de contribuer à l'amélioration de la responsabilisation, de l'efficacité des marchés et de l'information dont dispose la société ; il est et de l'aptitude des médias à les exploiter à leur avantage.61(*)

Mais il faut, en somme, bien comprendre que ces répercussions positives reposent sur l'indépendance financière des médias, cette dernière étant fonction à la fois de l'économie locale et de la faculté de chaque groupe il est donc important de reconnaître que tous ces avantages découlent de l'indépendance financière des médias, elle-même fonction à la fois des conditions économiques de médias à tourner le contexte économique à son avantage.

Section III. Les grands systèmes politique des medias

§1. Les médias dans les rapports des pouvoirs

1. Les médias et le pouvoir politique : les ressorts d'une influence.

Il est vrai que le pouvoir influence très souvent les médias dans leur fonctionnement surtout dans les pays en développement. Mais il faut aussi signaler que dans certains pays beaucoup plus démocratisés les médias ont aussi le pouvoir d'influencer les gouvernements, voire d'avoir un pouvoir sur eux ; prenons le cas de Richard Nixon62(*), ancien président des Etats-Unis, qui, soupçonné d'avoir placé une table d'écoute dans l'état-major de son adversaire, tente d'étouffer les recherches mais harcelé par les journalistes, s'efforce de vouloir museler les médias. Cette course poursuite entre la vérité et la volonté de l'étouffer tourne à l'avantage des médias. Le scandale de Watergate contraint Richard Nixon à démissionner en 1974, après avoir été triomphalement réélu.

D'une part le politique occupe de façon de plus en plus importante les grilles de programmes et influence donc l'organisation de l'espace médiatique ; et d'autre part les médias ont permis de changer les règles du jeu politique en les attirant sur un terrain qui leur était inconnu, modelant leur discours et orientant leurs stratégies.63(*)Dans cette double problématique, il est intéressant de faire appel au point de vue des téléspectateurs eux-mêmes qui sont à l'origine même de ces exercices d'influence. Cette double influence entre médias et politique, même si le politique semble vouloir s'imposer comme sphère télévisuelle et son organisation, le média semble, quant à lui, devoir s'imposer comme outil de démocratisation susceptible d'influencer les citoyens.

Aude Vassalo affirme que le gouvernement contrôle la télévision et assoit la popularité des politiciens.64(*) Jean-Marie Cotteret lui affirme qu'une nouvelle ère démocratique est née : la télévision se révèle l'intermédiaire privilégié entre les citoyens et les hommes politiques. La légitimation du pouvoir passe désormais de plus en plus par le canal cathodique.65(*) B. Stigler analyse la prise de pouvoir de la télévision, qui court-circuite toute communication sociale. La télécratie qui règne désormais en France ruine la démocratie et remplace l'opinion publique par les audiences. La relation politique, devenue un nouveau marché, engendre une politique pulsionnelle selon un monde télécratique et non plus démocratique.66(*) Toutes ces affirmations montrent à suffisance qu'il existe une double influence entre média et politique, d'où la nécessité d'étudier les relations qu'ils entretiennent.

2. Les relations journalistiques.

Le journalisme est un métier et une science à la fois consistant en une activité de collecte, traitement, diffusion et archivage de l'information. Le journalisme s'apparente-t-il dans notre pays à un simple métier ou à une authentique profession ? Rémy Rieffel affirme que l'impression et la perméabilité des frontières conduisent, semble-t-il, à révoquer en doute l'existence d'une profession clairement établie.67(*)

Le journalisme est constitué de la presse écrite, de la presse audiovisuelle et du journalisme cybernétique. Parler donc des relations journalistiques implique toutes les relations qui existent entre les journalistes. Gerber et Johnson68(*) distinguent dans leur modèle publié dans « the city hall beat. A study of reporter and source role » in journalism quarterly, vol.38, 1961, trois types de relations dont:

· Les rapports des sources (politiciens) avec les journalistes ;

· Les relations entre les journalistes et le public ;

· Les relations entre les journalistes, les sources et les groupes auxquels ils appartiennent

Il faut dire au sujet des relations entre journalistes et public que celui-ci attend des journalistes des informations vraies et vérifiables. Lorsque le public constate un manque d'objectivité dans les informations que les journalistes diffusent, il risque de leur retirer sa confiance. La première ambition des hommes politiques est celle d'être toujours plus proches des médias afin de bien les manipuler pour qu'à travers eux, ils puissent séduire le public, histoire de gagner sa sympathie. Les journalistes quant à eux se sentent investis de la mission d'informer le public avec objectivité. Ils sont donc toujours au service du public et doivent de ce fait, être éloignés de leurs sources de peur d'être manipulés et perdre leur crédibilité.

Cette opposition d'ambition entre les sources et les journalistes sur le public a d'ailleurs été soulignée par Gierber et Johnson en ces termes : « les sources (pouvoir politique, économique) cherchent toujours à s'aliéner les journalistes ou tout au moins à créer un consensus avec eux ; elles ont besoin de la presse pour couvrir leurs actions politiques et gérer l'opinion publique. Par contre les journalistes cherchent d'abord à protéger leur public car ils se croient investis d'une mission de service public. Les journalistes sont plus proches de leur public que de leurs sources.69(*)

4. Différents rapports entre journalistes et sources.

En considérant différents comportements des journalistes et médias dans le monde face à la façon dont ils traitent différemment les informations fournies par les mêmes sources, nous pouvons déduire qu'il existe plusieurs rapports que les médias entretiennent avec leurs sources. Certains médias et leurs journalistes se mettent entièrement au service d'une famille ou d'une personnalité politique qui les finance. Ils ne font que défendre l'idéologie de cette famille tout en taisant ses abus. Il existe dans ce contexte des rapports d'accompagnement du pouvoir politique par les médias et inversement.

Dans les pays développés, les médias fonctionnent indépendamment de leur source et ne se laissent entraîner en rien dans le traitement de l'information. Ils sont là pour contrôler le pouvoir politique en dénonçant les abus ; il s'agit des rapports de contre pouvoir des médias vis-à-vis des pouvoirs politique. Dans d'autres pays encore, tels que ceux du monde socialiste, les médias ne sont essentiellement qu'au service du pouvoir public. Ici les médias deviennent, en quelque sorte, des organes de propagande pour la mobilisation de la population pour le compte du gouvernement. Il y a dans ce cas rapports de subordination des médias par le pouvoir.

Nous pouvons corroborer notre point de vue par le modèle théorique de Gierber et Johnson qui stipulent l'existence de trois processus des relations des sources avec les journalistes :70(*)

1. quand la source A et le journaliste C, appartiennent tous au même groupe social, mais chacun a ses valeurs, les contacts entre les deux sont distincts. Ils jouent des rôles différents.

2. quand A et C ont certaines valeurs communes, leurs structures de pensée sont plus ou moins intégrées d'information. Le journaliste n'est pas impartial ni libre.

3. lorsque A et C ont les mêmes valeurs, il y a assimilation ; les journalistes ont tendance à s'assimiler aux sources d'information et se vendre. Leurs buts sont les mêmes.

§2. Les systèmes politiques de communications

1. L'institutionnalisation des moyens de communication

Les divers moyens de communication s'institutionnalisent dans la société, ce qui signifie qu'ils obtiennent par un processus plus ou moins long, une forme stable, une structure définie, et un ensemble de fonctions liées aux attentes du public. Il s'agit surtout ici du support de diffusion de l'information : la radio, la télévision, la presse imprimée, le livre, etc.

Après la seconde guerre mondiale, la nécessité de réglementer le fonctionnement des médias est apparue d'une manière urgente un peu partout dans le monde. La concentration fut ressentie comme une menace pour l'indépendance de l'information et la pluralité de l'opinion, l'accroissement considérable des opinions multinationales, parut capable d'affaiblir ou de mettre en péril la culture nationale.71(*)

C'est surtout les trois grands médias : la presse, la radio et la télévision qui deviennent source d'inquiétude et de critique. La presse est accusée de conformisme, la radiodiffusion est soupçonnée de réserver les ondes les plus influentes aux grandes stations conservatrices, la TV cible privilégiant les attaques, est accusée d'être trop influencée et d'avoir un effet négatif tout particulièrement sur la jeunesse.72(*) A coté de ces inquiétudes plus ou moins fondées, d'autres problèmes liés aux médias demandent une solution : il s'agit de l'attribution des fréquences, de la réglementation du financement et de la liberté de la communication liée à l'application des nouvelles technologies.

Chaque pays règle ces problèmes en fonction de son sujet économique, politique et culturel. De ce fait chaque pays va trouver le système de communication qui lui convient. Ainsi, les chercheurs vont distinguer quatre systèmes de communication qui sont classés en quatre théories : le soviet communiste, le système autoritaire, le système libéral et la responsabilité sociale. Chacun de ces systèmes se fonde aussi sur une certaine conception qu'on a de l'univers et de l'être humain.

2. Le système soviet communiste et le système autoritaire :

Selon Jean-Claude Bertrand, le système soviet communiste, qu'il appelle aussi régime communiste ou socialiste, est celui dans lequel les médias n'existent pas en dehors d'un état totalitaire où sont absorbées toutes les institutions et les industries : ils fonctionnent comme des rouages dans un vaste mécanisme. Le concept de liberté de presse ne possède donc aucune pertinence.73(*)

En régime totalitaire, ajoute-t-il, l'Etat utilise ses médias pour diffuser ses instructions, pour inciter le peuple à le suivre et enfin pour inculquer l'idéologie officielle. La fonction première des médias est de mentir, de cacher tout ce qui ne sert pas les intérêts de la caste au pouvoir.74(*) Soulignons que ce système a été inauguré en Russie au début des années 1920. Il fut étendu en Europe de l'est après 1945, à la Chine après1949 puis dans la plupart des pays du tiers monde vers les années 1960.

Cependant, dans le système autoritaire que Bertrand appelle aussi régime tiers-mondiste, d'ordinaire, les médias demeurent des entreprises privées à but lucratif mais en censurent strictement les contenus. Informations et divertissements peuvent être subversifs. Il faut que les idées véhiculées soient conformes aux intérêts du pouvoir. Pas de presse d'opinion, pas de débat politique ; certaines catégories de faits divers, signes de disfonctionnement, sont interdites.75(*)

Ce système a été commun en Europe jusqu'au milieu du XIXe siècle et au début du XXe siècle, l'Etat fasciste a repris le visage de monarchie absolue. Il est actuellement appelé tiers-mondiste parce qu'il est beaucoup observé dans les pays du tiers-monde, les pays en transition ou en développement.

4. Le système libéral et de responsabilité sociale

Le système libéral, appelé aussi régime capitaliste par Jean - Claude Bertrand, est devenu la norme internationale grâce à l'article 19 de la déclaration des droits de l'homme de l'ONU (1948). Selon cette doctrine née au XVIIIe avec les lumières, il faut que tous les faits soient rapportés et que toutes les opinions soient placées sur le « marché des idées ». Alors l'être humain est capable de discerner la vérité et il est enclin de s'en inspirer dans son comportement. Si l'Etat laisse faire, tout ira mieux.76(*)

Cette illusion n'a pas résisté à la révolution du domaine de la presse dès le tournant du XXe siècle ! Toutes les entreprises tendent naturellement à la concentration ; ainsi le pouvoir d'informer, de fixer le thème des débats nationaux risquait de tomber dans les mains de quelques propriétaires qui n'étaient pas élus ni fortement experts ou soucieux de servir le public. D'où la nécessité de faire intervenir l'Etat pour la protection du petit peuple.

En ce qui concerne le système de responsabilité sociale, Jean-Claude Bertrand nous apprend que ce concept, né d'une perception plus réaliste de la nature humaine et de l'économie, prolonge le précédent. L'expression fut lancée aux USA par une « commission sur la liberté de la presse », qui rassemblait des personnalités extérieures au milieu de la presse. Selon cette doctrine, il est préférable que les médias ne soient pas la propriété de l'Etat ni même sous son contrôle. En revanche, les médias ne sont pas des entreprises commerciales ordinaires dont le succès puisse se mesurer aux profits.77(*)

§3. Etude comparative de quelques cas sur la politique médiatique.

1. Le système occidental (cas des : USA, Grande Bretagne, France)

Le système occidental est un système libéral enchevêtré par le système de responsabilité sociale. Presque tous les pays de l'Europe occidental, de l'Amérique du nord, etc. sont dans ce système. En quelque sorte, tous les pays capitalistes ou tous les pays développés ont adopté ce système. Mais il ne sera question pas dans ce travail de parler de tous ces pays. Nous allons juste aborder brièvement les systèmes américain, britannique et français.

Les USA ont été la première nation en 1975, à passer de l'ère  « informationnelle » ; dès lors, plus de la moitié des emplois relevaient de la collecte, du traitement, du stockage et de la distribution de l'information. Dans le secteur plus étroit des médias, l'association de l'ordinateur, du câble à fibres optiques et du satellite, rendue possible par la déréglementation, avait déclenché dans les années 1980, une révolution, plus importante que celle de Gutenberg au XVIème siècle.78(*) En effet, il n'y a aucun autre pays au monde qui soit à un tel point imprégné par les mass médias que les Etats-Unis. Le système de communication reste simple, malgré cette pénétration importante des mass médias. Le réseau est dominé par un système privé organisé pour faire des bénéfices.

Ce pendant l'Etat définit les conditions de jeu du fonctionnement par une politique de communication. La liberté d'expression et de presse est garantie dans la constitution américaine. Cependant, il est faux de croire qu'aux USA, les médias ont une liberté illimitée : les limites à l'expression des libertés apparaissent toujours chaque fois qu'une affaire peut présenter un danger pour la nation. Concernant le financement, étant avant tout des entreprises privées, l'Etat intervient dans la répartition de la redevance. En cela il faut ajouter d'énormes ressources qui viennent de la publicité.79(*)

Quant à la presse britannique, retenons que la Grande Bretagne a su combiner le service public avec l'indépendance des médias vis-à-vis du gouvernement et les intérêts commerciaux. Des journaux, des émissions radiophoniques et télévisuelles ainsi que des films sont produits et distribués par des entreprises privées. Sans aucun doute, il n'existe aucun pays au monde où la presse écrite soit aussi importante que la Grande Bretagne. Elle est le premier pays à avoir consacré la liberté de presse en abolissant la censure à partir de 1965.80(*)

En France, la communication est régie par le principe des libertés : la liberté d'expression. Ce principe fut défini en 1789 et sera pleinement consacré par la loi de 1881. Cependant, cette liberté d'expression restera l'apanage du seul secteur de la presse. La radio et la télévision resteront sous le contrôle du public. Ce qui signifie que c'est l'Etat qui met en place les entreprises de radio et de la télévision. L'Etat est donc responsable des programmes et du financement. L'augmentation de l'audiovisuel français, est une combinaison des stations publiques et privées financées par le fond public (redevance et publicité).81(*)

En fait contrairement aux américains, les européens et tout particulièrement les français ont été convaincus de la toute puissance des médias audiovisuels. ``Cette idée fausse'' est certainement responsable du monopole que l'Etat a eu jusqu'en 1982. Depuis lors les services publics coexistent avec les secteurs privés. Bref, les médias occidentaux évoluent dans un système libéral accompagné par celui de responsabilité sociale.

2. Le système oriental (Thaïlande, Bangladesh)

Depuis les temps de l'histoire de la presse asiatique, les médias orientaux ont été caractérisés par un manque total de liberté de la presse. Ils étaient des instruments de mobilisation de la population par pouvoir public. En orient, le rôle des médias n'était pas des produire des informations vraies au public plutôt de donner la vision du pouvoir public. Donc le système oriental était spécialement un système soviet communiste.

Ceci dit, le système oriental, depuis l'après deuxième guerre mondiale, commence à connaître une certaine libéralisation de la presse. Le système soviet communiste qui trouvait totalement sa vie dans ce système, commence progressivement à disparaître. Actuellement, la plupart des pays orientaux cherchant à se démocratiser, fournissent assez d'efforts pour arriver à libéraliser complètement les médias. La liberté de la presse commence à connaître beaucoup de succès dans des pays asiatiques comme La Chine, le Japon, la Thaïlande, etc.

En guise d'illustration, nous allons brièvement parler des médias en Thaïlande et au Bangladesh. En effet, c'est en 1835 que, des missionnaires chrétiens ont introduit la première presse à imprimer en Thaïlande. En son début, la presse fut officielle ; elle était sous la direction du roi. Elle publiait en chinois et en anglais les décrets royaux, les arrêtés ministériels et tout autre communiqué officiel. Ce fut vraiment un instrument de mobilisation du gouvernement. Aujourd'hui, même s'il ne leur est pas permis de critiquer la monarchie, les médias thaïlandais sont parmi les plus libres d'Asie.

La presse écrite thaïlandaise est privée et très concurrentielle et les propriétaires des médias et les investisseurs sont désormais, en général, des hommes politiques ou des hommes d'affaires. Quant à la radio et la télévision, la nouvelle constitution de 1997 stipule que toutes les ondes appartiennent au public et doivent être gérées par un organisme indépendant, la National Broad casting Commission.82(*)

En ce qui concerne le Bangladesh, les médias ont fait leur premier pas à la liberté en 1971 date de son indépendance à l'issue d'une après guerre avec le Pakistan. La restauration de la démocratie au Bangladesh s'est accompagnée d'une progression immédiate des médias tant en termes qualitatifs que quantitatif. Mais les médias se trouvaient toujours en situation de dépendance extrême par rapport au gouvernement. Mais le simple fait que la publicité ne soit plus l'apanage exclusif du gouvernement est sans doute le facteur qui a contribué plus efficacement à l'indépendance des médias.83(*)

3. Le système tiers-mondiste (Zimbabwe, Burkina Faso)

Le système tiers-mondiste est un système purement autoritaire. Il est beaucoup observé dans les pays africains et d'autres pays du monde où la dictature bat le record. Il existe dans ces pays des médias soit publics ou privés. Mais il n'y a pas de liberté proprement dite car les pouvoirs en place élaborent des lois liberticides c'est-à-dire qui tuent la liberté de presse. Souvent, dans ces pays, on fait croire à la face du monde que les médias sont libres alors que cette liberté est étouffée par des lois injustes ne favorisant pas les journalistes à oeuvrer en toute liberté. Qui plus est, le pouvoir use de la terreur et de la force pour empêcher les journalistes à dénoncer ses abus.

La situation des médias au Zimbabwe va certes corroborer à cette affirmation ; en effet la presse zimbabwéenne indépendante travaillait dans des conditions difficiles définies notamment par un ensemble des lois strictes héritées de l'époque coloniale. Jusqu'à l'indépendance, en 1980, le gouvernement de la minorité blanche dirigé par Ian Smith avait promulgué plusieurs lois destinées à entraver la liberté de la presse et de la télévision et à limiter la circulation de l'information, notamment pour toute question concernant la sécurité nationale et la guerre.

Mark Chavunduka84(*) nous apprend que l'indépendance n'a rien apporté comme changement dans la presse ; en effet malgré leur message de révoquer ces lois dès leur arrivée au pouvoir, les mouvements de libération se sont très vite rendu compte qu'elles étaient bien pratiques et les ont laissées en place, les complétant même par des nouvelles mesures draconiennes. Ainsi, quarante ans après son entrée en vigueur, l'arsenal répressif du gouvernement est-il toujours intact à l'exception d'amendements mineurs au Power, privilèges, and Immunities of Parlement Act, qui permettent aux journalistes de rendre compte des délibérations des commissions parlementaires.

Par ailleurs, signalons que depuis dix ans, le champ de la communication en Afrique francophone a connu des mutations extraordinaires : éclosion du pluralisme dans le secteur des médias, implantation des productions technologiques de l'information, multiplication des productions cinématographiques et théâtrales, intensification de l'utilisation de la communication dans les projets de développement.

Au Burkina-Faso, par exemple, comme le souligne S. Balima et M. S. Frère85(*), la presse écrite reste indéniablement l'espace d'information le plus élitiste. Elle offre une plate-forme d'expression pour la société civile, mais demeure restreinte dans sa portée par les contraintes du milieu.

Quant à la radio, elle constitue sans doute le secteur du marché de l'information où la rencontre entre l'offre et la demande s'effectue de la manière la plus large, même si les programmes proposés ne correspondent parfois que très partiellement aux attentes. La télévision, elle, a connu, jusqu'à fin 2002, une situation de quasi monopole, la seule réelle concurrence étant celle des stations internationales. Actuellement ce pays connaît une cohabitation entre les médias privés et publics dont la concurrence reste là bien que les entraves s'observent toujours.

Conclusion

Dans ce premier chapitre de notre travail, il a été question d'expliquer ce qu'est le pouvoir politique, son organisation, son fonctionnement et les formes de gouvernement qui peuvent exister. Ici nous avons compris que la démocratie est la forme idéale de gouvernement pouvant favoriser le développement ; mais il n'y a pas de vraie démocratie sans les institutions qui l'appuie tels que les médias. En suite, nous avons démontré que les médias jouent un rôle très capital dans la bonne gestion de la cité.

En effet, favorisant la transparence, les médias ont le pouvoir d'influencer les politiques à faire mieux pour le développement tout en dévoilant les abus qu'ils commettent occultement. Les médias peuvent bien jouer leur rôle lorsque l'environnement politique leur est favorable. Enfin, nous avons décortiqué différents rapports qui peuvent exister entre les médias et le pouvoir politique. Il y en a trois précisément. Tout rapport entre médias et pouvoir politique est défini dans un système politique de communication bien précis. Le système politique de communication varie d'un pays à un autre selon le régime politique dans le quel ce pays se trouve.

Chapitre II : MEDIAS EN RDC : DE LA DEUXIEME REPUBLIQUE A LA TRANSITION.

Section I. Conception politique des medias sous différents régimes.

§1. Personnalisation et personnification du pouvoir au Zaïre (1965 - 1988).

1. Présentation du régime de la deuxième République

L'avènement de la deuxième République a été occasionné par une crise politique que connaissait le pays. Ainsi, profitant de la crise institutionnelle causée par le président Kasa-Vubu qui révoqua le premier ministre Moïse Tshombe et nomma Evariste Kimba, (non issu de la majorité parlementaire) alors que le parlement refusait de le valider à la primature, Mobutu récupéra le pouvoir par un coup d'Etat, le 24 novembre 1965.

En effet, à propos du coup d'Etat, le professeur Mutamba nous apprend que le communiqué du haut commandement Militaire fut lu à la radio vers 5.00h du matin par le Lieutenant Michel Lonoh. C'est ce qui fait qu'il est plus approprié de parler du coup d'état du 25 novembre. La notification de leur destitution a été apportée à Joseph Kasa-Vubu et Evarist Kimba par le Colonel Malila. Deux semaines après sa prise de pouvoir, le Lieutenant Général Mobutu a tenu un meeting au stade Tata Raphaël de Kinshasa pour justifier son acte.86(*)

Réunies en congrès, le 25 dans l'après - midi, les chambres approuvent, par acclamation, le coup d'Etat, pendant que le gouverneur du Kongo central envoyait un message de soutien au nouveau régime et Tshombe se déclarait « soulagé », du moins dans un primer temps.87(*) Comme si cela ne suffisait pas, le nouveau régime entreprit une nouvelle politique pour pouvoir acquérir sa légitimation.

Les innovations du nouveau régime ne tardèrent pas à apparaître. Dès le départ, Mobutu prit soin de mettre en place un pouvoir énergique, tranchant avec le laxisme des années précédentes. D'abord, il s'accorda des « pouvoirs spéciaux » (30 novembre 65) puis les « pleins pouvoirs » (22 mai 66) après avoir décrété la suppression des partis politiques (décembre 65). En suite, il mit fin au bicéphalisme politique par l'éviction du général Mulamba, premier ministre (26 octobre 66) et instaura un régime de terreur par la pendaison publique de quatre hommes politiques (2 juin 66).88(*)

Pour sa légitimité institutionnelle, le nouveau régime commence par la restructuration de l'administration. Les provinces perdent leur autonomie et les gouverneurs deviennent des simples fonctionnaires permutables. Les médias étaient conçus comme des simples instruments de mobilisation des masses. Le pouvoir va ensuite se mettre à éliminer toute opposition interne.89(*)

2. Doctrine et idéologie du Régime de la deuxième République

La doctrine et l'idéologie de la deuxième République fut essentiellement le mobutisme qui est défini comme étant l'enseignement, la pensée et l'action du président fondateur, Mobutu. L'enseignement de la doctrine mobutiste est tout un schéma bien établi. Le professeur Isidore Ndaywel à Nzien énonce comme suite : « la doctrine du mouvement populaire de la révolution (MPR) était le Nationalisme zaïrois Authentique, son idéologie l'Authenticité, sa démarche le recours à l'Authenticité ; l'ensemble de ce schéma constituait le mobutisme. »90(*) Cette doctrine était inscrite dans le manifeste de la N'Sele.

Ce document contient les options et le programme d'action du M.P.R. Plusieurs influences et tendances y affluent : les préoccupations des syndicalistes (travailleurs, Objectifs sociaux), les idées des démocrates chrétiens (La Famille, La Femme), les idées de l'union générale des étudiant congolais, dont par ailleurs le logo « Le Flambeau », la devise « Servi et non Se Servir » et certaines résolutions du troisième congrès ont été empruntées et confisquées.91(*)

Le nationalisme ! Le Corps des volontaires de la République (C.V.R) l'avait brandi dès 1966 comme une option idéologique. Le « Manifeste de la N'sele » confirma et prôna, pour éviter toute confusion, un nationalisme qui se défendait d'avoir des accointances avec des « idées toutes faites d'origine externe ». Ce « nationalisme authentique » se définit comme la préoccupation d'élaborer des solutions originales pour résoudre les équations de la société, loin des pièges d'une extraversion facile. La doctrine du MPR fut le nationalisme Zaïrois authentique, son idéologie, l'authenticité et sa démarche, le Recours à l'authenticité.

Le concept d'authenticité allait connaître toute une carrière définie tour à tour comme une « philosophie » et comme « antidote à toute forme d'aliénation ».Le Président Mobutu a défini l'authenticité, du haut de la tribune des Nations Unis (04 octobre 1974), comme étant une prise de conscience du peuple zaïrois de recourir à ses sources propres, de rechercher les valeurs des ancêtres afin d'en apprécier celles qui contribuent à son développement harmonieux et naturel. C'est le refus du peuple d'épouser aveuglement les idéologies importées. C'est l'affirmation de l'homme tout court, là où il est tel qu'il est, avec ses astuces mentales et sociales propres.

La pratique de l'authenticité s'accompagna des exigences énormes qui allèrent plus loin encore ; une loi fut promulguée le 05 janvier 1972 exigeant aux congolais de prendre à tout prix des noms africains, l'abandon des prénoms d'origine chrétienne ; qui allait être l'objet d'une violente controverse entre l'église et l'Etat. [...] tout partit de l'Editorial du journal Kinois Afrique Chrétien, qui crut bon d'apporter quelques nuances à la vague de changement qui déferlait sur le pays. [...] mais peu après, une campagne d'une rare violence fut lancée par la radio nationale contre le Cardinal Malula, auteur présumé du texte.92(*)

3. Impact de la personnalisation et de la personnification du pouvoir politique

Disons d'entrée de jeu que la personnalisation du pouvoir, c'est la centralisation ou la concentration du pouvoir entre les mains d'une seule personne. En personnalisant, affirme Serge Albouy93(*), la communication politique (...) « explique » un phénomène psycho-politique aussi rependu qu'ancien.

Elle a consisté d'abord à la suppression de poste du premier ministre. Le président assure seul l'exécutif. En suite, au sein des institutions, la constitution de 1974 a fait du président de la République l'organe suprême, [...], il exerce la plénitude du pouvoir, il cumule les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Le premier rôle, qui lui incombait, était capital car il se trouvait renforcer par sa qualité de fondateur du parti. Il constituait en lui-même le premier organe du parti et donc, la République.

Dans cette logique, Mobutu, tant qu'il était vivant, ne pouvait logiquement être écarté du pouvoir, sauf en cas de la folie (le déviationnisme). Cette mystification politique constituait un élément important de la stratégie d'ensemble.

Par ailleurs, cette stratégie s'étendit à la personnification du pouvoir. C'est en fait l'incarnation du pouvoir (de l'Etat) par une personne. C'est-à-dire l'Etat est personnifié sous le trait d'un individu ou par une personne, Le président fondateur du MPR est d'office chef de l'état, il incarne la nation. Cette personnification s'est traduite par le culte de la personnalité ; le président fondateur a fait l'objet d'une véritable adoration à la radio, à la télévision, dans la presse écrite, dans les chansons et danses folkloriques.

La personnification s'est également traduite par le port de l'insigne et dans la titélarité (c'est-à-dire le titre que Mobutu portait). Cette personnification confère à Mobutu l'identité nationale. À la nation toute entière, en réalité, s'identifie Mobutu, d'où son action est identifiée à celle de toute la nation, il fait passer sa réussite ou son échec comme ceux de la nation entière.94(*)

Comme conséquence, il y a eu disparition de la démocratie. Toutes les libertés politiques et individuelles étaient battues en brèche. Ainsi l'égalité devant la loi fut remplacée par le quota ; cela accentua les arrestations et emprisonnements sans jugement, des tortures, des enlèvements et des meurtres politiques demeuraient impunis donc la justice était rendue inapte.

La suppression de la liberté d'expression et d'association, la presse libre a été interdite, toutes les associations culturelles sont supprimées pour intégrer dans le MPR. Signalons que ces deux maux ont facilité l'enrichissement personnel et cela a eu des retombés dans le secteur économique et social. La dette du Zaïre devenant parmi les plu lourdes des pays sous-développés par tête d'habitant, cela plaça Mobutu au troisième rang des présidents qui ont fait détourner de fonds avec cinq milliards de dollars à son effectif.95(*)

§2. La démocratisation du pouvoir politique au Zaïre

1. Nature du processus de démocratisation

Le processus de démocratisation, en République Démocratique du Congo, commence lorsque le Président Mobutu, constatant la fin de la guerre froide et sur sa crainte de subir d'éventuelles retombées de la perestroïka sur son pays et sur sa vie, entreprit, en janvier et en février 1990, un voyage, à travers tout le Congo, pour faire des consultations populaires afin d'engager un débat sur la perception du peuple congolais concernant le fonctionnement des institutions, la qualité, le profil et la morale des cadres dirigeants, les abus d'autorité et surtout les violations flagrantes des droits de l'homme.

Tirant les leçons de ces consultations populaires, Mobutu prononça, le 24 avril 1990, un discours au cours duquel il annonça des mesures de réformes politique : l'abandon du rôle dirigeant du MPR (Mouvement Populaire de la Révolution), un parti unique, la séparation du parti et de l'Etat, la réhabilitation de la séparation des pouvoirs entre l'exécutif, le législatif et le judiciaire, le retour au pluralisme syndical et au pluralisme politique. Ce dernier était pourtant limité à trois partis politiques afin, disait-il, d'épargner au pays le désordre d'un multipartisme intégral des années 1960.96(*)

Au bout du compte, la période de transition qui commença à la date du 24 Avril 1990 jusqu'en 2006 a été remarquée très longue. Pour comprendre la durée de la transition congolaise, plusieurs approches théoriques sont possibles. En effet, selon le professeur Mabi Mulumba, on peut expliquer la durée de la transition par le dépérissement de l'Etat. L'Etat chaotique devient fractal et une fiction parce qu'il ne remplit plus ses caractéristiques juridiques classique. Pareille situation favorise la perdition.97(*) Pendant toute cette longue période, les médias ont été comptés parmi les principaux acteurs de démocratisation.

2. Les acteurs du processus de démocratisation.

La paternité du processus de démocratisation politique ne revient pas à un individu mais à toute la société congolaise qui a dû subir des profondes mutations positives et négatives et qui a vu certains acteurs accélérer le processus ou le freiner à une étape ou une autre de son évolution. L'ensemble des forces politique et sociales participe à ce changement.

La participation politique de l'élite gouvernante et des forces politiques de l'opposition durant la première phase de transition était basée sur un malentendu. Le paysage politique était dominé par la logique binaire, par la bipolarisation entre la « mouvance présidentielle » et les forces de l'opposition. La famille politique du Président Mobutu était composée du MPR, devenu fait privé, et de tous les partis satellites, qualifiés de partis alimentaires non seulement parce qu'ils étaient des créatures politiques de Mobutu mais aussi parce qu'ils fonctionnaient « sous les mamelles du dictateur » qui leur octroyait un financement.

Les partis de l'opposition étaient qualifiés de « forces du changement », regroupées sous une plate-forme composée d'associations politiques et d'organisation de la société civile, qui fut successivement appelée « Union Sacrée de l'opposition » (USO), « Union Sacrée de l'Opposition Radicale » et « Union Sacrée de l'Opposition Radicale et Alliés » (USORAL).98(*)

A part la classe politique qui est déjà belle et bien reconnue comme l'un des acteurs du processus, nous retenons aussi, d'abord la société civile congolaise est très active durant tout le processus de démocratisation. Elle a souvent mobilisé la population à la base et participé à tous les forums politiques. La plus grande partie de ce corps social s'est rangée derrière l'opposition radicale pour mener ensemble la lutte pour la démocratisation.

En suite, les médias jouent un rôle très important dans la lutte pour le changement politique au Congo. La libération des médias , à partir du 24 avril 1990, a permis de créer de nouveaux journaux et des stations privées de radio et de télévision. En fin, la communauté internationale a soutenu l'opposition pour la rendre capable de tenir tête à Mobutu, à l'affaiblir et à le déstabiliser et ainsi en faire un monument de l'histoire.99(*)

3. La conférence Nationale Souveraine comme acte fondateur de la démocratie.

La conférence nationale fut instituée par l'ordonnance n°91/097 du 11 avril 1991. Selon le législateur, cette conférence avait les missions suivantes : discuter de toutes les questions d'intérêt national en vue de la détermination des options fondamentales de la troisième République, élaborer un projet de constitution à soumettre au référendum populaire, déterminer le contenu de la loi électorale et élaborer un calendrier électoral. Sur toutes ces matières, la conférence avait le pouvoir de statuer souverainement et devait amener le peuple zaïrois à se réconcilier avec lui-même dans la globalité et éviter qu'elle se transforme inutilement en un tribunal populaire ou en une cour de règlement des comptes.100(*)

Comme on l'a dit plus haut, le changement démocratique au Congo est tout d'abord le résultat d'une pression exercée par la dynamique externe sur la dynamique interne. Il s'agit d'un développement politique relevant de la « contagion des idées ». En effet, comme ce fut au Bénin et au Congo-Brazzaville, la « conférence nationale » était organisée sous l'égide d'un prélat catholique. La spécificité du Congo-Kinshasa est que la « conférence nationale souveraine », dirigée par Mgr Laurent Mosengwo Pasinya, était la plus longue de toutes les conférences car elle dura plus d'une année ; elle fut suspendue en cours de route et sa réouverture causa la mort de plusieurs chrétiens, le 16 février 1992. Alors que dans les autres pays, malgré la critique acerbe du régime, les chefs de l'Etat ont mis en application les conclusions de la conférence, ici cependant, elles restèrent lettre morte.101(*)

Les années qui suivirent cette conférence furent marquées par un clin politique nerveux dû non seulement à l'évincement du Gouvernement d'Etienne Tshisekedi issu de la C.N.S. mais aussi et surtout au génocide rwandais de 1994 et à l'afflux massif des réfugiés rwandais à l'Est du Congo. C'est à partir de cette région du pays que partira en 1996 une guerre inter-rwandaise dont on profitera pour évincer le régime de Mobutu.

§3. De l'avènement de l'AFDL aux élections de 2006.

1. Les guerres « pour la démocratie » et la rupture du processus démocratique (1996-2002)

La République Démocratique du Congo connait, depuis 1996, une guerre d'agression, menée au nom de l'instauration d'un ordre démocratique dans le pays en deux étapes : la guerre dite de libération (1996-1997) et la guerre d'occupation (1998-2002).

En effet la longue transition, entraînant le désenchantement du peuple face au processus de démocratisation, qui donnait l'impression de tourner en rond, semble avoir été le prétexte pour le déclenchement de la guerre dite de libération par les troupes de l'A.F.D.L. (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo), une coalition régionale composée des forces rebelles congolaises et des troupes régulière du Rwanda, de l'Ouganda, du Burundi, de la Zambie, de l'Ethiopie, de l'Erythrée, de l'Angola et du Zimbabwe, dont le porte-parole, Laurent Désiré Kabila fut le tombeur de Mobutu, le 17 mai 1997.102(*)

Par ailleurs, lorsque le Président Kabila décida de retirer les troupes étrangères de ses parrains rwandais, ougandais et burundais, une guerre d'occupation éclata le 02 août 1998, menée par tout d'abord par le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (R.C.D.), parti créé à Goma, le 1er août 1998, pour couvrir l'intervention du Rwanda au Congo dont le chef de l'Etat mécontent de l'attitude d'ingratitude de Kabila qu'il avait aidé à accéder au pouvoir. Le président ougandais Yoweri Museveni, décida de sanctionner aussi Kabila en soutenant le Mouvement de Libération du Congo (M.L.C.), mouvement politico-militaire créé à Kisangani par Jean-Pierre Bemba, en 1998. La seconde guerre du Congo a été qualifiée de «  première guerre régionale en Afrique centrale » ou de « première guerre africaine ».103(*)

Après l'assassinat de L. D. Kabila le 16 janvier 2001, Joseph Kabila accéda au pouvoir de son père entama le processus de réunification, de pacification du pays afin de le conduire aux élections démocratiques.

2. Le dialogue inter-congolais et le nouvel ordre politique.

Pour mettre fin à la guerre, un Accord pour un cessez-le feu en République Démocratique du Congo, a été signé à Lusaka, le 10 juillet 1999, dans lequel il était stipulé qu'il fallait organiser des négociations politiques inter-congolaises pour aboutir à la mise en place d'un nouvel ordre politique. C'est ainsi qu'après de longues et pénibles tractations, un « Accord Global et inclusif sut la Transition en République Démocratique du Congo » a été signé à Pretoria, le 17 décembre 2002, pour mettre fin aux hostilités, fixer les objectifs, les principes, la durée et les institutions de la transition et la répartition des responsabilités entre le gouvernement, les mouvements rebelles, l'opposition politique et la société civile pour éviter toute forme d'exclusion politique, favoriser la réconciliation nationale et la paix.104(*)

Les acquis du dialogue inter-congolais sont entre autre le gouvernement de la formule 1+4 (un président et quatre vice présidents) accompagnés des ministres et vice-ministres ; plus cinq autres institutions d'appui à la démocratie. Les institutions de la transition avaient dû faire face aux défis suivants : capacités de leadership, réunification et pacification effectives du pays et organisation des élections libres et démocratiques dans le délai prévu. Le gouvernement de transition fut menacé par des nouvelles rébellions causées par Laurent Nkunda et Jules Mutebushi, tous anciens officiers militaires du R.C.D. Goma. Il y a également l'opposition politique non partant au gouvernement de transition qui menaçait de pouvoir balkaniser le processus étant donné que le gouvernement de transition ne fut pas capable d'organiser les élections dans le délai.

La chance de la paix résidait cependant dans la détermination du peuple à refuser toute forme de balkanisation du pays et toute hégémonie étrangère. Face au défi de l'organisation des élections libres, démocratique et transparentes, la société civile, les églises, les partis politiques de l'opposition et la communauté internationale font pression sur les institutions de la transition pour voir les élections organisées au plus tard le 30 juin 2006.

3. Les élections et fin de la transition.

Depuis 2005, la population congolaise a participé à plusieurs opérations électorales. L'enrôlement des électeurs a eu lieu entre juin et décembre 2006. Le référendum constitutionnel a eu lieu du 18 au 19 décembre 2006. La majorité des électeurs ont voté « oui » soit 83,13% et le « non » a été le choix de 16,97% des électeurs. Le premier tour de l'élection présidentielle et les élections législatives ont eu lieu le 30 juillet 2006. A l'élection présidentielle, le candidat Joseph Kabila a obtenu 44,84% des voix, suivi de J.P. Bemba, 20,03%, puis de Antoine Gizenga : 13,6% et de Zanga Mobutu : 04,77%. Ceux-ci sont les quatre premiers des 33candidats ayant participés aux échéances présidentielles.

La publication des résultats de l'élection présidentielle, en date du 20 août 2006, entre les gardes de corps des deux premiers candidats. Cette situation d'insécurité n'a pas permis aux deux candidats de faire campagne pour le second tour. Le 29 octobre 2006 ont eu lieu le deuxième tour de l'élection présidentielles et les élections provinciales. Le scrutin s'est déroulé dans le calme et la discipline à travers tout le pays. Le taux de participation était de 65,36%. En date du 15 novembre 2006, la Commission Electorale Indépendante a proclamé les résultats provisoires de l'élection présidentielle. C'est Joseph Kabila qui a été élu avec 58,05% des voix contre Jean - Pierre Bemba qui a obtenu 41,95% du suffrage.105(*)

Ce dernier n'a pas accepté les résultats et les a contestés, conformément à la loi, devant la Cour Suprême de Justice. Celle-ci a confirmé par un arrêt prononcé, en date du 27 novembre 2006, les résultats publiés par la CEI et a proclamé Joseph Kabila comme Président démocratiquement élu. Signalons avant de clore à ce point qu'au moment des compilations du premier et du second tour de l'élection présidentielle, une forte guerre des chiffres a opposé les médias pro-Kabila contre ceux pro-Bemba et cela fut source de toutes les tensions qui ont existé à Kinshasa chaque fois avant la publication des résultats.

Section II. Situation des médias congolais sous différents régimes politiques

§1. Médias sous la deuxième République.

1. Etat de lieu des médias

Depuis l'indépendance de la RDC, dans le cadre de la presse écrite, plusieurs journaux de l'époque coloniale passèrent avec des fortunes diverses ; les congolais et la presse foisonnent dans l'effervescence de la fin du colonialisme. Après le 24 novembre 1965, date marquant la prise du pouvoir par Mobutu, la personnalisation du pouvoir accompagne les restrictions de la liberté d'expression et le contrôle des médias transformés en instruments de glorification du guide de la nation et du parti unique. Dans la foulée comprenant sans doute la puissance des médias encore inexistant qui dote le pays en novembre 1966 d'une chaîne de télévision publique qui deviendra hélas d'un outil de la propagande d'une efficacité rare.106(*)

Quatre vingt fois plus étendue que la Belgique, la RDC est cependant insuffisamment couverte en matière de radiodiffusion et de la télévision. Apparemment les diverses stations de la radio diffusion et de la télévision nationale (RTNC) sont installées pour la plupart avant 1960 par le pouvoir colonial.107(*)

A partir de 1970, le président Mobutu oriente la politique du Congo dont il venait de changer le nom en Zaïre, vers le système communiste radical [...] c'est ainsi qu'après les élections de 1970, une série des décisions inspirées par la doctrine de l'authenticité en 1971, l'année1972 fut déclarée une année de nettoyage et de radicalisation.108(*) Durant cette période (...) Mobutu prend des mesures très astreignantes contre la presse et la somme à travailler pour le triomphe de son idéologie politique.109(*)

Mobutu fit alors des médias, un instrument d'orientation nationale. En fait selon la formulation de Sakombi Inongo thuriféraire du Mobutisme qui dirigeait ce département, « le peuple n'a pas besoins d'être informé mais d'être orienté. » le règne de la pensée unique venait de naître. La presse étant bâillonnée, il est interdit de caricaturer Mobutu.110(*)

A propos de l'installation et de la création des chaînes de radio et de télévision, il est important se souligner les appuis des coopérations allemandes et françaises ; ces appuis ont permis la création d'une école de niveau universitaire en 1973 (ISTI) et d'un studio école la voix du zaïre, pour la formation des producteurs et techniciens audiovisuels de niveau intermédiaire111(*)

Le répertoire des médias audiovisuels était très réduit par le fait qu'à cette époque les privés n'étaient permis d'investir dans le domaine de la presse. Il n'existait donc que la RTNC, la voix du Zaïre à l'époque. Et ce n'est qu'à partir de 1988 qu'une certaine liberté de la presse va commencer à s'annoncer.

2. Analyse de la situation juridico déontologique des médias pendant la deuxième République

Avant toute analyse, il nous semble raisonnable de définir en premier lieu la déontologie journalistique. Claude Jean Bertrand nous apprend qu'en ce qui concerne les médias, la déontologie est un ensemble de principes et des règles établis par la profession de préférence en collaboration avec les usagers, afin de mieux répondre aux besoins des divers groupes dans la population.112(*)

La déontologie est importante pour la presse car le devoir du journaliste, affirme Mulopo-Kisweko V., est de collecter, de traiter et de diffuser l'information en se conformant à certains critères (les impératifs) qui sont : l'honnêteté, l'impartialité, et le bon sens.113(*) Alexandre Civard-Racinais ajoute que la déontologie est pour le journaliste un moyen de combler par partie le déficit de confiance. Elle lui permet d'établir un nouveau rapport au public.114(*) La déontologie du journaliste nous fait voir que l'acteur des informations médiatisées, en l'occurrence le journaliste est considéré comme un agent des informations unidirectionnelles que comme un chercheur de sens en synergie avec l'autre, son interlocuteur.115(*)

Par ailleurs, par déontologie, la profession s'impose une image de marque à défendre, impose une probité et honneur à chacun de ses membres, elle rejette toute censure extérieure, recherche une légitimité et une responsabilité en s'imposant à elle et à ses membres certaines obligations, à commencer par la copaternité et la solidarité au sein du groupe116(*). Naji Jamal Eddime complète que quand on parle de code déontologique, on parle, quelque soit le pays d'un texte qui n'a pas force de loi. Il s'agit d'un code moral que généralement les médias et les journalistes se définissent et déclarent s'y référer pour définir leur pratique, et les réguler, au besoin les défendre contre quiconque...117(*)

Pendant la deuxième République au Zaïre, l'éditeur du journal ou le PDG de l'OZRT était le président sectionnaire du MPR au sein de l'entreprise qu'il dirigeait. Il n'y avait pas d'autre loi qui pouvait aller au dessus de la loi du parti qui, elle, était tacite. Avant la promulgation de deux lois, nous informe Kayembe Aimé118(*), dont l'ordonnance-loi n°81/012 du 2 avril 1981 portant le statut du journaliste oeuvrant en RDC et celle 96/002 de 1996, portant exercice de la liberté de la presse en RDC, l'espace médiatique a était régi par la loi n°70/57 du 28 octobre 1970 qui était totalement liberticide. Du coté de déontologie, il n'y en avait pas non plus d'autre à part que celle édictée par le souci de satisfaire les exigences du Parti Etat.

Il s'avère agréable, avant de clore ce point, de faire une analyse de la liberté de la presse dans certaines lois qui régissaient la presse pendant la deuxième République.

En effet, le Manifeste de la N'sele reconnaît la liberté d'expression, mais il ne mentionnait pas le droit à l'information qui la fondait. Le dit manifeste avait carrément fait table rase de la liberté de la presse. Les ordonnances lois 81/011et 81/012 omettent d'évoquer les libertés fondamentales des journalistes ; justifiant le traitement spécial aux journalistes professionnels.

En 1983 parait la déclaration de l'UNESCO sur les médias qui est un code déontologique, comme code de référence pour les codes nationaux et exhortant les protagonistes des médias à savoir119(*) :

1. respecter les identités et les politiques nationales,

2. promouvoir la coexistence entre les cultures des peuples et des systèmes,

3. combattre toute sorte de colonisation ou d'impérialisme.

Terminons ce point en précisant qu'à cette époque la radiodiffusion et la télévision étaient régies par l'ordonnance loi 050/81 du 02Avril 1981, portant création de l'Office Zaïrois des radios et télévisions (OZRT). Ce qui est vrai est que toutes ces lois avaient un caractère liberticide.

3. Problèmes majeurs des médias zaïrois

Parmi les problèmes majeurs que connaissent les médias en RDC, il y a les problèmes financiers, managériaux, professionnels, politique juridique et déontologique. En ce qui concerne les problèmes financiers, les médias de la deuxième République étaient suffisamment bien alimentés car le gouvernement était une vache laitière pour les médias. Parmi les travailleurs qui vivaient dans des conditions meilleurs au Zaïre, les professionnels des médias y étaient aussi comptés entre les trois premiers. La procuration d'un véhicule par une entreprise de presse était une question de volonté seulement.

Face au problème professionnel, le journalisme n'était plus un métier des libertés, mais de contrainte. Parce que corrompu par le pouvoir, les journalistes se sont trouvés dans une dette morale ; ainsi ils ne pouvaient donner des informations qui accuseraient la mauvaise gestion du pouvoir. Ils ne pouvaient pas non plus s'empêche à mentir le public, si cela contribuera à attirer la sympathie du public envers le pouvoir de Mobutu. Ainsi donc, face à cette réalité, il faut dire que du point de vue de la forme, la production journalistique était faite avec professionnalisme. Mais du point de vu le fond, il est honnête d'avouer qu'il existait de presse libérale au Zaïre.

Parlant du problème politique, le principe était que le MPR était l'institution suprême de la République. Comme il avait pris en charge tous les problèmes liés au fonctionnement des médias, ceux-ci ne pouvaient jamais élever la voix ou se mettre en porte à faux contre le régime. La presse n'avait aucun droit de critiquer les décisions et les dispositions prises par le pouvoir ; mais au contraire, elle était dans l'obligation de mobiliser tout le peuple à leur adhésion. Le journaliste et l'homme politique étaient tous dans un même sac.

Signalons en définitive que les patrons des médias au Zaïre étaient d'abord des cadres du MPR, chargés de la mobilisation. Ils étaient nommés par le président de la République et furent les premières personnes à étouffer la liberté des journalistes. La déontologie fut celle dictée par ceux-ci qui sauvegardaient tout le cadre juridique en matière des médias. Ce sont des mouchards du pouvoir.

§2.La libération des médias sous la transition.

1. La démocratisation de l'espace médiatique

Jusque dans les années 1990, l'audiovisuel congolais relevait du monopole de l'Etat. Il n'existait pas de radio ni de télévision privée, sauf certaines qui furent confessionnelles. Tudesq André jean nous complète que les radios privées ont connu une libération tardive et inégale. Les seules radios indépendantes de l'Etat furent longtemps des rares radios religieuses souvent internationales.120(*) Par contre, dans le secteur de la presse écrite, il y a eu une véritable explosion de publication des journaux, avant même l'année 1990, mais ils respectaient jusque là l'idéologie du Mobutisme.

L'exercice de la liberté de la presse en RDC, nous rappelle Juakali Kambale121(*), précède de très peu la libéralisation de l'expression politique au point que les deux se confondent. L'audiovisuel a connu sa libération avec le multipartisme, le 24 avril 1990. Mais une année auparavant, la presse, profitant des fissures évidente de la dictature, avait commencé à se libérer de l'étau dans lequel l'enfermait le monolithisme politique.

Au fil des années, plusieurs chaînes de radio et télévision ont vu le jour et font actuellement concurrence à la RTNC (Radio et Télévision Nationale Congolaise), en offrant aux acteurs politiques et à l'ensemble des citoyens congolais aux acteurs politiques et à l'ensemble des citoyens congolais de nouveaux espaces d'expression et de participation politique. Parmi les chaînes de radio et de télévision privées profanes, on peut citer : Antenne A, Canal Kin TV, RTKM, Raga TV et FM, etc.

2. Les contraintes des médias pendant le début de la transition

Les journalistes ont été les grands bénéficiaires de la victoire de la démocratisation du pays. En étaient-ils des victimes ? Ont-ils su maîtriser leur victoire ? Bénéficiaire ou victime, la reforme dépendait en réalité de leur capacité de surmonter de surmonter leur victoire et à ne pas confronter le caractère public de leur mention, leur imbécilité, voir leur majorité avec leur légitimité.

Une fois libres, les médias en RDC ont été appelés à faire face à trois contraintes principales dont la contrainte politique, la contrainte économique et la contrainte technique. Il nous sied de soulever d'abord les contrôles politiques auxquelles les journalistes étaient appelés à faire face. En effet, la liberté politique de l'information est acquise en RDC depuis 1990 par tous les privés. Certes, les rapports demeurent indispensables entre les journalistes et les acteurs, mais il est sans commune mesure avec la réalité du pays à ce temps que les journalistes subissent sans doute des contraintes et menaces politiciennes.

Outre la contrainte politique, nous observons en suite la contrainte technique qui a pause un sérieux problème dans les médias audiovisuels de la RDC. Ce dernier a structurellement affecté le travail journalistique. Le faite que par la technologie, le rêve du direct est devenu réalité voire un cauchemar, d'autant que la contrainte de la concurrence pousse encore plus à raccourcir les délais entre l'évènement et l'information, les journalistes là aussi sont pris en contre-pied. De toute façon, nous renseigne Dominique Wolton, à supposer que les journalistes puissent suivre le rythme des évènements sans trop d'erreur, cela ne signifie pas que le récepteur à l'aube fait ait la même capacité d'absorption.122(*)

En sus, les médias en RDC connaissent une indulgence matérielle très récente. En effet, ils fonctionnent dans un contexte d'indulgence technique. Le problème économique que nous allons énumérer d'emblé, ne permettent pas les renouvellements des équipements, encore moins de suivre la technologie dans le domaine de diffusion des informations.

En somme la situation économique de la presse en RDC est à l'image de la récession qui frappe le pays depuis la chute de Mobutu, on n'enregistre aucune requise des activités économiques. Au contraire, les entreprises ferment leurs portes ou sont contraintes de mettre en congé une partie de leur personnel. Le marché de la publicité est quasi inexistant. Etant en situation de force, ces annonceurs fixent eux-mêmes le prix.123(*)

3. les dures réalités des médias privés pendant la démocratisation.

Avant de clore effectivement ce paragraphe, nous devons signaler que dans le paysage audiovisuel congolais, les chaînes privées ont connu des dures réalités. Ainsi, Jean René Mputu Biduaya, ancien journaliste à la radio télévision gouvernementale aborde de façon simple et pragmatique différentes facettes de ce paysage.

Après une longue période du monopole de l'Etat dans le domaine de l'audiovisuel, une situation inimaginable quelques années plus tôt à l'époque du parti Etat c'est le cas de l'Antenne A, de RTKM (radio télévision Kinshasa Malebo) Raga FM et TV, etc. Mais toutes les télévisions et radios privées souffrent exactement des mêmes maladies. Qui sont les propriétaires de chaines et de quelle marge d'indépendance disposent-ils pour permettre à leurs journalistes de travailler en toute liberté ? Le manque d'indépendance des patrons des chaînes fut à la base des multiples tortures et musèlement de la presse que nous allons développer dans le troisième chapitre.

§3. Efflorescence des médias sous la transition Kabiliste

1. Evolution actuelle des médias congolais

Avec l'adoption de la loi n°96/002 du 22 juin 1996 portant les modalités d'exercice de la liberté de la presse en RDC, l'espace médiatique a connu une véritable efflorescence car beaucoup d'investisseurs se sont intéressés à ce domaine. La plupart des stations de radiodiffusion et des chaînes de télévision privées furent confessionnelles. Les médias naissaient chaque année comme des champignons sans tenir compte de la médiocrité du contenu et surtout de la carence des infrastructures appropriées.

La situation des médias dans les années 2004, nous renseigne Kayembe A., est que la presse écrite compte 213 journaux sur toute la RDC, 106 stations de radiodiffusion dont 94 privées et 52 chaînes de télévision dont 42 privées.124(*) Pendant les élections de 2006, plusieurs autres entreprises médiatiques se sont créées pour des fins de campagnes électorales.

C'est le cas de Digital Congo, Congo Web, Mirador, etc.il faut souligner avec Marie Soleil Frère125(*) que le champ des médias congolais est très diversifié et il est évolutif. Les processus électoraux se sont déroulés dans un contexte où étaient enregistrés auprès de la Haute autorité des médias : 70 chaînes de télévision sur l'ensemble du territoire national dont 40 pour la ville de Kinshasa. RTNC, Digital CONGO TV, CCTV et RTGA émettent sur satellite à partir de Kinshasa et sont captées dans certaines provinces du pays. Plus de 145 stations de radiodiffusion dont 29 à Kinshasa et plus de 200 titres de presse déclarés au ministère de l'information et presse sans être régulier sur le marché.

En somme, si à la prise du pouvoir par Joseph Kabila, ils ont un respiré, du coté de la rébellion ce ne fut pas le cas la radio Maendeleo par exemple, une radio communautaire, née de l'initiative de l'ONG locale de développement, émettant à Bukavu, a pu reprendre ses programmes au mois d'août 2001 après deux ans d'interdiction décidée par les responsables du RCD. En décembre 2002, la radio est définitivement fermée par le pouvoir rebelle du RCD-Goma126(*)

2. Les médias Congolais, quelques constats.

Après une brève description de l'évolution actuelle des médias en RDC, il nous semble raisonnable de faire un constat sur l'évolution médiatique. Ainsi, au regarde de l'analyse du paysage médiatique de la République démocratique du Congo faite par Kayembe Aimé, notre constat va consister en cinq points : l'implantation des entreprises médiatique, l'organisation des médias, l'environnement économique et les obstacles culturels.

En ce qui concerne l'implantation des média, nous constatons une occupation inégale du territoire par le support médiatique, la diversification de l'offre radiophonique et l'avènement des radios rurales et de proximité. En effet tous les quotidiens congolais sont établis dans la capitale et pas un seul dans l'arrière-pays. Par contre, nous renseigne Kayembe A.127(*), la radio s'avère être un média plus présent dans les provinces alors que la télévision se partage plus ou moins équitablement entre la capitale et l'intérieur du pays. Il existe une grande diversification des radios privées comme les radios religieuses (Elikya, Sango Malamu, etc.), les radios associatives et communautaires (la radio Candip à Bunia), les radios commerciales (RTGA, RAGA, Ralik, ETC.)

Par rapport à l'organisation interne des médias, nous avons constaté avec Kayembe A.128(*) Le bas niveau de formation des journalistes, le faible nombre de femmes dans les médias, l'insertion quasi absente des Nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC), l'intrusion des agents des services renseignement, la dépendance par rapport aux structures externes d'impression, la programmation peu attrayante des radios et télévisions, l'absence généralisée de planification financière, le caractère artisanal de la distribution de la presse.

Par ailleurs, les médias congolais sont confrontés à des sérieux problèmes économiques qui les poussent à être gérés au jour le jour. Souvent la gestion du journal se confond avec la poche de l'investisseur. Cela a pour conséquence que la gestion des carrières des employés est un voeu pieux dans la presse congolaise et que le média survit rarement à son initiateur.

3. cadre juridique et réglementaire des médias.

Le cadre juridique dans lequel ont évolué les médias congolais depuis 1996 est essentiellement circonscrit par deux textes ; il s'agit de la loi n°96/002 du 22 juin 1996 fixant les modalités de l'exercice de la liberté de la presse en République Démocratique du Congo et l'ordonnance-loi n°81/012 du 2 avril 1981 portant statut des journalistes oeuvrant en RDC.

La loi du 22 juin se fonde, selon Kayembe Aimé, sur plusieurs principes généraux, dont le principe de la liberté de la presse, le principe de l'aide publique et le principe de la libre création de l'entreprise de presse. Le principe de la liberté de la presse est une garantie constitutionnelle et a toujours été consacré par les différentes constitutions que la République démocratique du Congo a connues129(*). Mais il faut reconnaître que la situation de la liberté de la presse en RDC n'est pas du tout favorable comme on peut le croire.

Concernant le principe d'aide publique aux, affirmons avec Kayembe A. que la loi de 22 juin 1996 dispose que l'Etat peut octroyer une aide indirecte aux entreprises de presse privées. Dans les faits, l'aide de l'Etat n'est pas organisée, et lorsqu'elle intervient sous forme de don présidentiel, c'est de façon sélective, au profit des organes proches du pouvoir.130(*) Par ailleurs, la loi consacre la fin du monopole d'exploitation détenue jusque-là par l'Etat dans le domaine audiovisuel en reconnaissant aux privés la possibilité de recevoir ou d'émettre des signaux radios et télévision.

Il faut souligner, en définitive, que cette loi a aussi prévu quelques dispositions restrictives. Dans les limites d'ordre administratif, il y a par exemple la déclaration préalable, et le dépôt légal pour la presse écrite, ainsi que le paiement des frais administratifs pour l'audiovisuel. Dans les limites d'ordre répressif, il y a la diffamation et l'injure, l'incitation aux délits et à la haine, et les publications interdites. Concernant le régime de responsabilité, le professionnel des médias peut être soit civilement ou pénalement responsable selon les cas. Les modes de réparations prévus par la loi sont le droit de rectification et le droit de réponse ou devant le juge.

Section III. La régulation des medias congolais : prospectif, pistes et perspectives

§1. Diagnostique sur la régulation des médias en RDC

1. Les dérives déontologiques des médias et les défis de la bonne gouvernance.

Depuis 1990 jusqu'en 1996 l'espace médiatique a évolué sans aucun cadre juridique déterminant les modalités d'exercice de la liberté de la presse ; ce qui fit que beaucoup de cas de violation de la déontologie fussent observés tout au long de la transition même après que tout le cadre juridique et déontologie fut bel et bien établie.

Ce pendant, malgré la vulgarisation du code d'éthique et de déontologie du journaliste congolais que l'Observatoire des médias congolais (OMEC) a remis gratuitement à chaque professionnel des médias un exemplaire, les dérives professionnelles persistent. Selon l'OMEC les causes du non respect aux règles fondamentales du journaliste se trouvent dans les facteurs ci-après131(*) :

· la précarité des conditions de travail du professionnel des médias ;

· le déficit d'encadrement des journalistes ;

· le contrôle de certains médias par des personnalités politique et des opérateurs économiques ; Etc.

Pour favorablement contribuer dans la lutte pour la bonne gouvernance, les professionnels des médias doivent s'abstenir de toute violation déontologique. En effet la bonne gouvernance peut-être considérée comme l'exercice de l'autorité économique, politique et administrative en vue de gérer les affaires d'un pays à tous les niveaux. Elle se caractérise notamment par la participation de tous les citoyens à la gestion du pays, la transparence dans la dite gestion et la responsabilisation des autorités qui ont le devoir de rendre des comptes.132(*) Considérant ces trois caractéristiques principales de la bonne gouvernance, il ressort de manière générale que les médias doivent jouer les rôles suivants :

· Gardien et surveillant de la transparence et de la bonne conduite des affaires publiques ;

· Informateur du public ;

· Educateur de la population ;

· Facilitateur de l'échange entre les décideurs et la population.

Il est vrai qu'en RDC, il existe effectivement des cadres juridiques et institutionnels permettant aux médias d'appuyer voir de susciter la bonne gouvernance dans le pays. Mais ces cadres étaient loin d'être parfaits, du moins dans leur mise en oeuvre, comme le déclare le professeur Lino Pungi.133(*) Malgré les contraintes, le journaliste fait preuve de beaucoup d'éthique et doit se sentir moralement responsable du développement de son pays quand il veut traiter le thème de la bonne gouvernance. Il doit pour ce fait éviter d'anticiper les ruptures de coopération avec les personnels politiques. Il doit en fin respecter les formats de l'émission.134(*)

2. Les régulateurs et l'environnement juridique des médias en RDC

Il faut avant toute analyse impérieux de rappeler que les modalités de l'exercice de la liberté de la presse sont régies par la loi 96 /002 du 22 juin tendis que l'ordonnance loi 81/12 du 02 avril 1981 fixe le statut des journalistes. La régulation du fonctionnement des médias est assurée par la Haute autorité des médias (HAM) au niveau de la profession. L'autorégulation est assurée par l'Union de la presse du Congo (UNPC), par le biais de sa commission de discipline et éthique et surtout par l'observatoire des médias congolais (OMEC). Il faut souligner, dans le cadre de la profession, le travail de vigilance fait par les ONG de la défense et de la promotion de la liberté de presse comme JED (Journaliste en danger) et AMI (African Media Institute).

La loi 96/002 est libérale, car elle proclame la liberté d'opinion et d'expression en son article 8. En matière de communication audiovisuelle, la loi proclame que la liberté est le principe et l'interdiction est l'exception. Les articles 10 et 11 le soulignent. Non seulement cette loi impose à l'Etat l'obligation d'assurer et de rendre effectif le droit à l'information, mais aussi elle libéralise la création et la gestion des entreprises de presse. Kibiswa ajoute, c'est l'une des lois les plus libertaires du monde des médias d'Afrique, produit des états généraux de la presse, tenu quelque temps auparavant.135(*) L'ordonnance loi81/12 contient des dispositions qui définissent le journaliste professionnel, la durée du travail par semaine du journaliste, les avantages alloués au journaliste au cours de sa carrière, les droit et devoirs de l'employeur et du journaliste.136(*)

En définitif, par autorégulation, c'est la profession elle-même qui met en place les organes de contrôle de leur profession. Elle s'acquiert de son propre code de déontologie et veille sur son strict respect par ces organes qu'elle établit. En RDC, l'UNPC a le pouvoir de sanctionner tout manquement aux règles de déontologie et d'éthique. L'OMEC est un organe institué par le congrès le l'UNPC qui poursuit les objectifs comme veiller au respect du code d'éthique et de déontologie, promouvoir et défendre la liberté de la presse, veiller à la sécurité des journalistes, protéger le droit du public à une information journalistique, et, constater et dénoncer tous les manquements aux règles d'éthique et de déontologie et adresser les recommandations aux médias concernés.137(*) La régulation des médias a été entièrement assurée par la HAM.

3. L'efficacité de la HAM dans la régulation des médias.

Pour aborder ce point, il nous est utile de préciser la période concerné. En effet, quatre phases distinctes semblent se détacher donnant lieu à des perceptions dans le champ médiatique :

· La première phase est celle qui précède le 27 juillet 2006, avant le pillage et le premier tour des élections, la Ham a eu un impact positif pour calmer les médias. Elle a surtout joué un rôle « préventif ».138(*) Le pillage du 27 juillet 2006, avant le pillage du 27 juillet constitue sans doute la preuve que l'action de la Ham avait un impact dans le champ médiatique, donc qu'elle gênait.

· La seconde phase s'étend entre le 27 juillet et septembre 2007, l'attitude de la Ham a changé. Des attaques très virulentes contre la Ham sont apparues dans certains journaux. dans cette seconde phase, la Ham a joué plus un rôle de censure, mais on a constaté également ses limites puisqu'elle n'a rien pu faire lorsque le signal des chaînes de Bemba a été interrompu.

· La troisième phase débute en septembre lorsque la Ham décide de sanctionner désormais aussi les hommes politiques. Cette option a généré des effets positifs car certains acteurs politiques ont été effectivement amenés à modérer leur langage, mais elle a constitué un pas en avant dans l'interventionnisme de l'instance de régulation.

· La quatrième phase débute en décembre avec le désinvestissement de Modeste Mutinga139(*) occupé par sa campagne électorale, puis son départ, projetant la Ham dans une situation fragile.

§2. Politiques et régulation des médias en Afrique

1. Les modèles de régulation des médias en Afrique

La régulation est en générale moyen d'assurer le fonctionnement correct d'un système. Pour la communication audiovisuelle et les télécommunications, elle est l'intervention intentionnelle d'autorités publiques pour orienter, le cas échéant pour diriger, les conduites des acteurs de ces systèmes.140(*)

Il est nécessaire de réguler les médias et cette régulation doit s'opérer dans un contexte politique ayant défini les objectifs inhérents à la structure du système de communication. Dans le contexte actuel, aussi bien au niveau mondial que africain, le débat sur les politiques de communication tourne autour du pluralisme et de la diversité de l'appropriation et du contenu. Les principes qui sous-tendent les différents modes de régulation sont certainement l'indépendance de la ligne éditoriale et de la programmation, et les pluralistes et diversifié dans le secteur tenant compte des trois catégories : le public, le commercial et le communautaire.141(*) La régulation doit traiter de tous les aspects structurels et comportementaux.

Les modèles suggérés mettent l'accent sur l'indépendance de la régulation et des organes de régulation des télécommunications qui pourrait être adapté pour couvrir tous les médias. Les principes de base de la régulation sont la transparence et l'indépendance du régulateur au ministère. En 1998, les Ministres de la SADEC sont convenus d'un projet de modèle des télécommunications en vertu duquel ils créeraient une autorité de régulation dans chaque Etat membre.142(*)

Signalons avant de clore à ce point qu'en Afrique, depuis la nuit des temps, le régulateur des médias est le pouvoir public par son entremise du ministère de l'information ; mais en cette pleine période des TICS, la régulation des médias doit être révolutionnée.

2. La régulation des médias cybernétiques en Afrique

Le développement rapide des nouvelles technologies de la communication, la numérisation et la croissance rapide et non réglementée de la télévision par satellite en Afrique ont créé un certain nombre de nouveaux défit dans le domaine des politiques et de la réglementation.

D'abord destiné aux échanges scientifiques entre chercheurs universitaires, le World Wide Web est aujourd'hui, comme tout espace d'information politique ou idéologique d'autant plus fortes qu'il demeure largement ouvert. Il n'existe aucun pouvoir quelque peu influent qui ne s'efforce d'y prendre pied et d'y repousser les tentatives symétriques de ses rivaux. On n'acceptera donc pas sans réserve le discours utopique qui, plus qu'aucun autre, accompagne cette nouvelle technologie.143(*)

Le soutien de la presse que traduit un traitement bienveillant des mobilisations participe pleinement de la dynamique et de l'issue de l'action collective. Si l'intérêt journalistique accordé aux manifestations repose sur sa valeur informationnelle, (...) il découle également des catégories de perception de l'évènement élaborées par les journalistes.144(*)

Autrefois pour réglementer un média, l'attention était surtout portée sur l'attribution des fréquences et sur le contenu. Or, dans le nouveau contexte technologique, la régulation tient compte aussi bien du contenu que des aspects technologiques. Il n'est pas aisé de réglementer la communication par satellite au niveau de l'Etat-Nation car les signaux ou les réseaux de communications qu'ils utilisent ne sont ni transmis, échappent aux frontières d'un Etat-nation.145(*)

En guise d'exemple, en octobre 2008, s'animait une émission dans une station de web radio, captée sur FM en hollande et sur www. Radiobonsomi.com. l'émission était produite à partir de Kinshasa sur antenne libre. Elle faisait intervenir tout le monde se trouvant n'importe où. Les intervenants en ligne se permettaient de tenir des propos diffamatoire contre certaines personnalités du pays. Plus grave encore, un sénateur congolais invité ne s'était pas empêché d'accuser le parti du chef de l'Etat d'avoir été complice du Rwanda et du rebelle L. Nkunda pour entretenir la guerre à l'est ; le service de renseignement de la RDC tenait coût que coût d'arrêter le responsable de la radio mais sans succès sar celui ne vit pas au Congo moins encore impossible de couper le signal ni de contrôler ce web radio de système cybernétique.

Le contexte international, la dimension transnationale rend difficile la définition d'un cadre juridique commun. Quelle loi s'applique ? Celle du pays émetteur ou récepteur ? L'environnement juridique est très différent d'un pays à l'autre. La question des contenus légaux, par exemple, varie selon les Etats146(*)

Toutefois, affirme R. Honeyman147(*), la radiodiffusion par satellite peut et doit être réglementée au point d'accès de l'audience. Ce sont les fournisseurs locaux d'accès au contenu diffusé qui seraient alors réglementés. Au bout du compte, tous les gouvernements des pays africains, soucieux de contrôler les médias, connaîtront d'énormes difficultés pour réglementer ces médias cybernétiques car leur site hébergeur se retrouve souvent ailleurs, c'est-à-dire hors du pays où ils exercent leur compétence juridictionnelle.

3. Régulation du contenu local des médias audiovisuels

Dans le contexte actuel de libération des ondes hertzienne, nous assistons à un réel danger de voir une pluralité des chaînes diffuser le même contenu, ce qui est déjà réel en RDC. La tendance est de se lancer dans l'importation des musiques populaires, de sports, de films à faible budget et des pièces de théâtre et d'éviter la production des programmes locaux et économiques militant en faveur de la promotion de contenus locaux.

Nixon Karithi nous renseigne que les impératifs idéologiques et moraux sont liés au rôle de la radio et de la télévision et de ses relations avec les auditeurs. Le contenu local est important si l'on veut réaliser des programmes diversifiés et il a donc besoin d'être promu. La réglementation du contenu local constitue un moyen idéal de promotion de la diversité dans la programmation. Elle peut aider à croître le rôle démocratique de la radio et de la télévision (...) Un processus de délivrance de licence conduit par des régulateurs indépendants est un mécanisme clef de régulation du contenu local et devrait être stipulé dans toutes les licences y compris dans les licences de l'audiovisuel commercial.

Certains pays africains disposent de structures vagues chargées de la supervision des lois sur l'audiovisuel. Par exemple, l'industrie namibienne de radio et de la télévision est régie par la loi sur la radio (1952), l'agence d'information de la Tanzanie (1976 à 1992) par la loi sur la radio tanzanienne (1965), la loi sur les services de l'audiovisuel (1993), etc.148(*) cette dernière exige des radiodiffuseurs d'encourager l'expression et la culture tanzanienne et africaine ; de servir les intérêts et les besoins des tanzaniens, et de contribuer à travers leurs programmes à une prise de conscience partagée, à l'identité et la continuité nationale.149(*)

En somme la réglementation du contenu local est une façon de stimuler et de développer une industrie de production locale de même que l'activité locale économique en général. Les règles du contenu local devraient tenir compte des capacités humaines et techniques du pays ou de la région. C'est de cette manière que les règles seront réalistes, réalisables, et sensibles à toutes les catégories spéciales telles que les radiodiffuseurs communautaires.

§3. Les perspectives sur la régulation des médias en RDC

1. Le pluralisme et la diversité médiatique en RDC

L'appropriation des médias et son impact sur leur rôle en général et sur celui de l'audiovisuel en particulier est une question essentielle dans la constitution des sociétés démocratiques ? Comme nous l'avions évoqué dans le premier point du troisième paragraphe de la section deux au premier chapitre, la question de statut des médias oppose les doctrines ; certains pensent qu'il est raisonnable que les médias soient un monopole de l'Etat, alors que les autres préfèrent que les médias soient privés.

En effet, qu'ils soient la propriété du public ou privé, les médias doivent être examinés dans un contexte historique mais aussi dans le contexte actuel caractérisé par une domination des médias privés à caractère commercial, comme c'est le cas en RDC. En occurrence, nous rapporte A. Kayembe,150(*) sur un total de 213 journaux de la presse écrite paraissant en RDC, aucun n'est public et sur 106 stations de radiodiffusion, 94 sont privées et 12 sont publiques ; du coté de la télévision sur environ 60 chaînes, 50 chaînes sont privées et 10 seulement sont publiques.

Ce pluralisme médiatique en RDC, nous apparait très favorable car il permet une circulation totale de l'information et empêche la promotion de l'opinion unique qui a endormi les citoyens pendant environ 40ans. En plus, ce pluralisme médiatique s'accompagne d'une diversité informationnelle louable, bien que le contenu des médias congolais en général demeure encore critique. En guise d'exemple, pendant les élections de 2006, les chaînes de l'opposition étaient capables de persuader la population de Kinshasa sur le fait que le candidat Kabila qui, d'ailleurs favori, serait un étranger incompétent et il ne fallait pas le voter, quand bien même la RTNC, chaîne publique, et la majorité des médias privés qui étaient pro Kabila.

Néanmoins, il faut signaler que public comme privé, les médias congolais ont encore d'énormes déficits. C'est pourquoi, la concurrence qu'on doit prôner entre eux peut apparaître comme une source de motivation pour les professionnels à améliorer la qualité de leurs médias. Nous corroborons notre position à celle de Francis Nyamjoh qui pense que l'importance des médias en tant qu'entreprise publique ou privée doit être reconnue, mais en même temps, il faut reconnaître leurs insuffisances dans la provision de l'information et leurs difficultés à répondre aux besoins (de communication) de société ! Ces caractéristiques sont nécessaires pour la promotion du pluralisme et de la diversité médiatique.151(*)

En somme, en tant que chercheur sur les médias et la communication nous aurons à contribuer à ce processus si notre travail reflète la réalité de la démocratie comme un projet évolutif. Nous constatons avec satisfaction que la loi n° 96/002 régissant la presse en RDC garantit le pluralisme et la diversité des médias dont nous prônons. Seulement, la dite loi, affirme Dikanga,152(*) est demeurée muette sur beaucoup de points importants, notamment en ce qui concerne l'attribution des fréquences et l'élaboration de la grille des programmes dont nous allons parler dans la suite.

2. Viabilité et durabilité du service public de l'audiovisuel en RDC.

Le service public de l'audiovisuel joue un rôle dans une situation de crise. Les déséquilibres structurels et les difficultés d'accès aux médias peuvent saper la démocratie et le développement.153(*) En RDC, la RTNC sensée être service public du pays, est encore sous le contrôle de l'Etat. Financée par le gouvernement, la RTNC est un véritable média de l'Etat avec une apparence de service public de l'audiovisuel, ce qui n'est pas du tout normal. Selon Siune (1998) cité par E.A. Mbaine154(*), la notion de service public de l'audiovisuelle repose toujours sur les éléments suivants :

· Un engagement en faveur d'une programmation équilibrée ;

· Des organes de diffusions publiques jouissant d'une indépendance commerciale

· Le service doit être fourni à tous en échange d'un paiement de base souvent en forme de redevance.

· Le contenu politique qui doit être équilibré et impartial. A ces éléments peut s'ajouter le fait que le service public de l'audiovisuel devrait offrir des programmes au public tandis que les médias à vocation commerciale ou privé fonctionnent suivant une logique qui consiste à offrir du public aux annonceurs publicitaires.

Face à tous ces éléments, il est nécessaire de conformer la RTNC aux exigences d'un service public de l'audiovisuel. C'est pourquoi, la RTNC contrôlée par l'Etat doit se transformer en service public de l'audiovisuel disposant d'un statut officiel clairement défini et jouissant d'une liberté de choix de sa ligne éditoriale et de sa programmation. Elle doit être dirigée par une instance indépendante et doit assumer sa responsabilité vis-à-vis de toutes les couches de la société congolaise. Pour sa survie et sa durabilité, la RTNC a besoin de sources de financement public adéquates, sûres et prévisible (une combinaison des redevances et de subventions publiques) qui ne sont pas assujetties à quelque ingérence arbitraire que se soit. La publicité et le parrainage commercial peuvent certes être de moyens de financement public .Mais la question est de savoir comment empêcher les annonceurs publicitaire et les promoteurs commerciaux de décider de la programmation de la RTNC.

En somme concernant la réforme en matière de politique et des réglementations, les nouvelles orientations politiques sont d'une autre manifestation provenant plus des politiques de libération économique que des politiques sur les médias ou l'audiovisuel dont référence est faite ici. La décision de réduire les subventions de l'Etat aux médias nationaux et de les laisser générer des revenus à partir des sources commerciales s'inscrit dans le cadre des politiques économiques plus élargies visant à réduire les subventions aux entreprises publiques.155(*)

3. L'avenir de la Régulation des médias en RDC.

Avant comme pendant l'existence de la HAM, le Ministre de l'information a tendance à considérer le contrôle des médias comme sa chasse gardée. Installer le régulateur au ministre, affirme Jill Hills156(*), serait sans doute la solution la moins chère mais cela est susceptible de conduire à des ingérences politiques dans les décisions éditoriales quotidiennes.

En RDC, après la HAM qui était un régulateur indépendant de l'Etat, sera mis en place un conseil supérieur de l'audiovisuel et de communication (CSAC) qui sera indépendant de l'Etat et la répartition des compétences entre instance de régulation et ministère doit être mieux définie et faire l'objet d'un consensus. Que le CSAC veille à ce que la RTNC devienne un véritable média public et qu'il institue également un département de censure de la presse écrite. Des cahiers de charge précis avec un minimum d'émission à contenu éducatif, doit être adoptés rapidement permettant de fixer des exigences aux différents opérateurs.

Sur le plan même de la régulation, plusieurs interrogations taraudent les acteurs du paysage médiatique nous rapporte M. S. Frère157(*), qui estiment qu'il doit y avoir débat sur des questions cruciales : la place d'une autorité administrative indépendante face à l'exécutif, donc face au gouvernement ; la limite entre régulation et censure... ; le rôle de l'instance de régulation dans le contrôle du caractère pluraliste des médias publics ; le contrôle d'Internet pour le régulateur est aussi un enjeu sur lequel il faut se pencher ; le sort des « hors la loi jusqu'au boulistes » qui contournent les sanctions, la manière de faire en sorte que les considérations professionnelles prennent le pas sur celles de la survie quotidienne.

Conclusion.

Somme toute, le deuxième chapitre de ce travail s'est attelé sur la présentation du régime politique congolais de la deuxième République à la transition. C'est dans ce même chapitre à sa deuxième section qu'il a été question de donner la situation générale des médias congolais pendant chaque régime politique. A la troisième section, nous avons abordé la question de la régulation des médias en RDC.

En ce qui concerne la présentation des régimes politiques de la RDC, il a été clairement démontré que toute la deuxième République a été caractérisée par un régime totalitaire animé par le mouvement populaire de la révolution, parti unique durant toute la période. La transition quant à elle, fut caractérisée par une permanente instabilité politique, l'existence d'une opposition politique radicale soutenue par la société civile et les médias, les guerres dites de libération, le dialogue inter-congolais et le partage du pouvoir par les belligérants, et finalement les élections.

Au niveau des médias, la situation de la presse évoluait avec celle de la politique du pays. En effet, pendant la deuxième République, les médias étaient tout simplement considérés comme des simples instruments de mobilisation de la masse en faveur du pouvoir qui prenait en charge tous leurs besoins. Il n'y avait pas de liberté de la presse jusqu'à l'ouverture de l'espace démocratique. C'est en fait, à partir de 1990 que les médias se sont exprimés librement. La fin de la transition est caractérisée par une floraison croissante des médias audiovisuels.

Nous ne pouvons pas oublier que les médias pendant la transition ont lamentablement violé la déontologie journalistique et si la HAM n'existait pas la RDC aurait été rendu en une jungle par les médias. Mais il faut également avouer que la HAM, ni le gouvernement, ne sont pas encore capable de réguler les médias émettant sur web.

Chapitre III. : LES POLITIQUES MEDIATIQUES EN RDC DE LA DEUXIEME REPUBLIQUE A LA TRANSITION

Section I. Les medias dans leurs rapports avec le pouvoir politique en RDC

§1. Les rapports de subordination des médias par le pouvoir politique pendant la deuxième République.

1. Relatif respect de la presse par les acteurs politiques (1965-1970)

La presse ne connaissant rien du nouvel homme politique, a essayé d'harmoniser ses relations avec le pouvoir politique. Après s'être montré fidèle et respectueux aux médias, le pouvoir a commencé progressivement à réduire le nombre des ceux-ci en cherchant à s'approprier de l'espace audiovisuel.

Un ancien journaliste de la presse écrite, Kayombo Maurice158(*) nous donne l'exemple du Katanga ; il y existait une floraison des titres (L'essor du Katanga, La dépêche, etc.), le pouvoir a émondé tous les autres organes pour ne laisser que ces deux là. A cette époque, la liberté n'existait pas du tout parce qu'on connaît les cas, nous rapporte Maurice Kayombo, où le gouverneur du Katanga pour mot de travers dans un journal pouvait venir avec sa garde, arrêter toute la rédaction. En occurrence, Monsieur Lwambwa, Editeur de la dépêche fut arrêté par le gouverneur Manzikala et torturé dans la cave du gouvernorat de province.

Il faut aussi signaler que le statut des médias était ambigu ; l'Etat ne confirmait pas sa propriété sur les médias, néanmoins, il leur allouait des subventions substantielles pour leur permettre de fonctionner. A ceci il faut ajouter qu'il y a deux attitudes ici : celle du journaliste et celle des cadres des médias. Ceux-ci se considéraient comme des fonctionnaires qui devaient exécuter certaines informations en faveur du pouvoir et en retour ils recevaient l'argent. C'est donc eux qui étaient senseurs dans les maisons qui étaient leurs. Le journaliste quant à lui, s'il parlait en faveur du pouvoir, il ne se sentait pas suffisamment courageux de porter les informations de la base vers le sommet. Il n'était pas du tout protégé et cette insécurité l'empêchait de jouir de sa liberté de presse.

En somme, à cette période, le pouvoir reconnaissait officiellement la liberté de la presse, mais il utilisait d'autres méthodes pour l'étouffer ; surtout si la position du journaliste ne compatissait pas avec la vision du pouvoir, celui-ci était taxé d'antirévolutionnaire.

2. La cage d'or de la presse (1971-1980).

La création du MPR et son institutionnalisation en Parti Etat, institution suprême de l'état, fit à ce que toutes les institutions et activités soient réduites au rang d'organes du MPR, y compris les médias. Il n'y avait ni mouvement, ni activité, ni organisation qui soient privés. Tout a été coordonné par le MPR, la plus haute institution du pays.

Certains auteurs comme Ferdinand Banga159(*), pensent que cette période est caractérisée par une répression systématique de la presse et des hommes des médias ; la plupart des journalistes de l'époque orientent leur pensée autrement ; pour eux cette période a marqué l'âge d'or de la presse congolaise, parce qu'il n'y a pas de période plus que celle là, depuis le départ des Belges, pendant laquelle les journalistes vivaient dans des très bonnes conditions.

Sans prendre de camps entre ces deux opinions divergentes, notre analyse va s'appuyer sur les faits. En effet, à cette époque la censure a cessé publiquement et il a existé l'autocensure pour ne pas apparaître désagréable vis-à-vis du pouvoir. Dans ce contexte, conte tenu de la conjoncture économique qui était très favorable au pays (1zaïre=2dollards), l'Etat déversait des somptueuses libéralités aux maisons de presse comme frais de fonctionnement. Il prend en charge les salaires des journalistes globalement calculés par l'éditeur ou le PDG de l'OZRT ; il ouvre une ligne de crédit, et octroie de véhicules à toutes les entreprises de presse, de l'information et mobilisation de propagande qu'il avait sélectionnées.

Le pouvoir nomme et révoque les éditeurs des journaux et le PDG de l'OZRT sans définir clairement les rapports entre lui et les médias. En fait le pouvoir n'a pas réprimé les médias au sens propre, mais il a réprimé la liberté de la presse en corrompant les journalistes qui étouffaient eux-mêmes leur liberté par cupidité de la fortune, au lieu de la défendre. Ceux-ci, à force de suivre le miel et le lait que leur offrait le pouvoir, se sont retrouvés dans une prison bien équipée sans qu'ils ne s'en rendent compte. Ventre affamé n'à point d'oreille, nombreux ont préféré demeurer dans ce que nous appelons « cage d'or », au lieu d'être libre mais pauvre.

3. Refus de libération de la cage d'or (1981-1988).

A cette époque, il y a eu deux lois qui ont été promulgué officiellement. Il s'agit de la loi o11 du 02 avril 1981 portant l'organisation de la presse et la loi 012, portant le statut du journaliste professionnel.

La première libéralisait les médias et libérait l'état des charges des médias qui lui étaient déjà lourdes. Il fallait que l'état se débarrasse du fardeau lourd des médias vu la conjoncture économique, et puis, cette loi permettait aussi d'obtenir des médias nouvellement créés la jouissance de leur liberté. Elle prévoyait aussi le droit de réponse et au journaliste de ne jamais toucher à la vie privée des individus. La seconde fixait les conditions d'accessibilité à la profession des journalistes, ainsi que le fonctionnement qu'il peut exercer au sein de chaque organe.

Malgré la promulgation de ces deux lois, les entreprises anciennes comme celles nouvellement créées continuaient à considérer toujours l'état comme leur vache laitière. Les journaux nouvellement créés s'empressaient de transmettre leurs factures au ministère. Dans ce cas, ce n'est pas le pouvoir qui a poursuivi l'oppression de la presse malgré la promulgation de ces deux lois comme le pense Banga F.160(*) ce sont les professionnels des médias eux-mêmes qui n'ont pas voulu se libérer de cette cage d'or, malgré l'occasion qui leur avait été offerte!

Si le pouvoir cherchait à libérer la presse, c'était pour se désengager des toutes les charges que celle-ci lui apportait, mais parce que les médias ne voulaient pas s'assumer, il fallait donc continuer à les mâter ; et comme toute source d'information, le pouvoir de Mobutu, avec le principe de la main qui donne est celle qui dirige, n'a pas laissé cette occasion d'étouffer d'avantage la liberté de la presse ! Cette situation a perduré jusqu'à l'époque où Banza Mukalay est devenu ministre de l'information. Celui-ci avait introduit la notion de l'aide indirecte de l'état aux médias.

Vers la fin des années 1980, il commence à avoir des journaux qui usent à bon escient de leur liberté, sans attendre aucune aide de l'état ; c'est le cas des journaux comme le Potentiel et le Phare à Kinshasa, et le Tahifa et l'Espoir à Lubumbashi.

§2. Rapports d'émancipation et de contre pouvoir des médias vis-à-vis du pouvoir politique (1988-1997).

1. Ouverture démocratique de l'espace politique et émancipation des médias.

La situation médiatique en République démocratique du Congo varie toujours avec la situation politique du pays. En effet lors qu'il n'existait pas de liberté politique en RDC, il n'existait pas non plus la liberté de la presse ; acteurs politique comme professionnels des médias, tous étaient mêlés dans un même sac, celui de défendre l'idéologie du MPR. Les médias et le pouvoir politique ont donc continué à établir permanemment leurs rapports c'est pourquoi la situation de l'un influençait toujours sur l'autre. Ainsi donc, pendant toute la période de la deuxième république les privés étaient interdits d'investir dans les médias.

Mais dès l'annonce du dégel du pouvoir dictatorial en 1990, les langues se délient, la presse se libère, et la presse écrite en tout premier lieu. Journaux, hebdomadaire et mensuels, bulletins et périodiques sont créés par centaines, presque chaque mois, au même rythme que la naissance foisonnante des partis politiques. En 1997, on estime à 500 le nombre d'organes de presse créés ou ressuscités à partir du discours de démocratisation du 24 avril 1990. Plus coûteux, les médias audiovisuels suivront jusqu'à donner à ce jour, à Kinshasa, quatre radio privées (Elikya, Sango Malamu, Raga et RTKM) et cinq chaînes de télévision. Désormais, aux côté de la voix du peuple, télévision nationale, fonctionnent Télé Kin Malebo, Canal Kin 1, Canal Kin 2, Antenne A et Raga.161(*)

La presse, essentiellement la presse écrite, a servi d'auxiliaire efficace la lutte pour la démocratisation menée aussi bien par les acteurs politiques à partir des partis politiques que les acteurs religieux et sociaux, à partir de leurs chaires d'églises, principalement l'Eglise catholique et à partir des organisations syndicales. Les médias ont établi des véritables rapports à la fois avec les partis politiques, les confessions religieuses, les organisations syndicales, qui étaient soit leur patron ou leur partenaire qui leur permis de s'émanciper aussi rapidement. En bref, l'émancipation des médias a dépendu d'abord de l'attention particulière que les acteurs politiques et religieux leur ont accordée dans la lutte pour la démocratisation du pouvoir politique.

2. La presse rouge dans la lutte pour la démocratisation du pouvoir politique

Après trente deux ans de dictature, la RDC devrait connaître, évidemment, une lutte, longue, douloureuse et néanmoins courageuse qui a conduit au changement de régime politique au pays. Dans cette lutte, les médias essentiellement la presse écrite, a servi d'auxiliaire efficace à la lutte pour la démocratisation menée aussi bien par les acteurs politiques que sociaux.

Affirmons avec le professeur Ngoma-Binda162(*) que la contribution des médias est incommensurable dans la lutte pour le changement politique qui est intervenu dans le Congo. Les médias ont joué un rôle politique incontestable, sous la forme d'information, de conscientisation, de prévention, de dénonciation, et d'orientation de l'opinion publique. Il s'agit d'une contribution à la fois de la société civile et autonome dans le cadre, en général, des éditoriaux énonçant des opinions personnels des responsables des journaux.

Corroborons cette affirmation avec Marie Soleil Frère163(*) qui nous renseigne qu'à partir de 1990, la libération de la vie politique entraîne l'apparition d'une multitude de nouveaux titres, alors que les anciens journaux progouvernementaux rejoignent massivement l'opposition. Ces publications sont marquées par une double caractéristique : d'une part, elles sont avant tout des organes de dénonciation s'attachant à mettre au jour « les scandales, les collusions de la deuxième République ».

La plupart des organes de presse s'en prennent constamment, avec une extrême virulence à tous les organes du pouvoir, y compris au Président. D'autre part, ce sont aussi des organes qui naissent dans le sillage des hommes politiques à un moment où se positionnent les grandes figures qui sont supposées représenter une alternative à Mobutu (Etienne Tshisekedi, Nguz A`Karli Bond...) et où les partis connaissent un développement exponentiel.

L'implication de la presse dans la dite lutte a été totale. Même la presse confessionnelle n'est pas restée indifférente. Elle a contribué à une éducation politique en profondeur. La presse religieuse la plus spectaculaire, par son ton direct et dur, est celle de l'initiative d'un converti du clan Mobutu, M. Sakombi Inongo, devenu évangéliste en 1991 il crée la voie de Dieu, un organe d'expression qui, dans un courage extraordinaire soutenu par la foi en la parole évangélique, dénonce le machiavélisme, voire le satanisme du Régime politique instauré par Mobutu et pour lequel lui-même aura été l'un des acteurs propagandistes les plus aveuglément convaincus et les plus efficaces.164(*)

Bref, les médias ont véritablement contribué à la lutte pour le changement politique. Si certains soutenaient encore MOBUTU, la plupart s'y opposaient avec un courage politique défiant la prison et les plasticages.

3. les médias bravent le pouvoir politique malgré la terreur.

Libérer le peuple de la dictature et de la peur requiert énormément de patience, d'efforts, et de persévérance. La liberté de presse est particulièrement difficile dans le contexte singulier de la dictature d'un Mobutu et des siens viscéralement accrochés à la gloire, au prestige et aux privilèges que leur procure le « fauteuil » présidentiel.

Emprisonné dans sa propre peur de perdre le pouvoir, la classe politique organisée dans les Forces Démocratique Unis (F.D.U), appelée aussi Mouvance Présidentielle, déploiera toutes les énergies nécessaires, aux côtés de la DSP (la garde présidentielle de Mobutu), pour anéantir la presse et, avec les forces de l'opposition politique radicale. Dès le mois de mai 1990, la presse se déchaîne, fustige la politique de la deuxième République avec une véhémence qui oublie que Mobutu n'est point encore « hors d'Etat de nuire ». Sans tarder les forces de répression s'abat sur les journalistes. Les intimidations, les menaces, les interdictions de sortie ou de couverture des événements, confiscation des stocks des journaux, enlèvement, emprisonnement et tentative d'assassinat des journalistes se multiplient.165(*)

Malgré toutes ces répressions pour étouffer la vérité, les médias ne se sont pas empêchés de révéler et de dénoncer les abus du pouvoir et les pratiques mystiques des dirigeants Zaïrois. Parmi les nombreux faits rapportés par les médias du Congo au lendemain du 24 avril 1990, un certain nombre d'entre eux méritent d'être considérés comme des publications de base dans les rapports de forces. Car, par leur révélation au public, les médias ont pu déjouer des complots funestes contre la démocratie et la population congolaise. Il faut également les reconnaitre ainsi parce qu'il fallait beaucoup de courage pour les rendre publics.

En somme, durant la Transition Politique, débutée en avril 1990, la presse a joué un rôle décisif témoignant d'un courage politique qui a atteint une maturité certaine. C'est une évidence. Et les médias nationaux se sont confortés et moralement secondés tant par la presse étrangère (la voix de l'Amérique, la RFI, la BBC, etc.) que par les ambassades des pays occidentaux à Kinshasa.166(*)

§3. Rapports d'accompagnement du pouvoir politique par les médias et inversement (1997-2006)

1. Les médias et les conflits en RDC.

Depuis 1990, la vie politique congolaise est caractérisée par des multiples conflits : tribaux, idéologiques, armées,... Face à tous ces conflits les médias ne sont pas restés inactifs. Ils y ont d'ailleurs été des acteurs principaux ou secondaires dans tous ces conflits. Ils ont été parfois vecteurs de guerre, et quelque fois encore acteurs de paix. D'autres comme les médias publics étaient tout simplement caporalisés. Là où les médias nationaux étaient sous informés et relayaient la rumeur, les médias internationaux étaient devenus plus influents.

Il faut affirmer que pendant tout le temps des conflits, nous avons assisté à des médias politisés qui jouent sur la fibre ethnique. Banga F. nous append à ce sujet que cette période va se caractériser aussi par la haine entre différentes familles politiques, haines relayées par les journaux antagonistes.167(*) Kayembe A.168(*) nous renseigne que l'évolution de la perception guerre en RDC a été lente pour les médias officiels, dont les journalistes ont le statut d'agent de l'Etat, lesquels se sont employés à jouer la corde du nationalisme. Les médias privés ont pour la plupart joué les complices de la rébellion, pour démobiliser les troupes congolaises (gouvernementales), dont le règne était déjà renié.

L'arrivée de L.D. Kabila a été très favorablement soutenu par les médias katangais parce qu'il fut fils du terroir. Pendant la seconde guerre, en août 1998, les médias se sont mis au service d'un ou plusieurs groupes armés, parfois au gré des opportunités financières. Ce pendant, si certains médias ont inféodé politiquement, il existe aussi, dans ce paysage médiatique secoué par la guerre, des initiatives professionnelles courageuses, des journalistes qui tâchent de remplir leur devoir d'informer le plus complètement possible et d'être utile aux citoyens. En guise d'exemple, face à l'idée de la balkanisation du pays, les médias ont joué un rôle important en maintenant l'idée d'un territoire congolais et d'une nation congolaise unifiés.

La radio Okapi a aussi joué un rôle essentiel dans le maintien d'une cohésion nationale et d'un sentiment d'appartenance commun au sein de communautés géographiquement et idéologiquement divisées. Les médias, en somme, ne sont porteurs que d'une longue tradition de « giottisme » et de propagande. Par conséquent, les congolais sont devenus très attentifs au regard porté sur eux par les médias internationaux.

2. les tortures sans trace des journalistes par les politiques.

Dans le rapport de l'ONG « journaliste en danger » les différentes tracasseries subies par les journalistes congolais sont classifiées en plusieurs rubriques. Il existe une forme de torture dont les journalistes sont victimes tous les jours et à laquelle on ne se fait pas attention. Ce sont ces fameuses pressions administratives, économiques ou judiciaires.

Je préfère, stipule jean René Mputu169(*), parler du musellement de la presse par employeur interposé (MPEI) ; cette technique utilise une méthode insidieuse : la torture sans trace (TST) les exemples ne manquent pas. Illustrons ce propos par l'exemple vécu personnellement par Jean René Mputu qui, lors des accords de Sun City, diffusait dans son émission « Avant la parole » les interviews accordées aux chefs rebelles (JP Bemba, A. Ruberwa, A. Zahidi Ngoma...) ce dernier avait subi une forte pression de son patron jusqu'au point de voire son émission supprimée et même de perdre son emploi par la suite.

Certes, actuellement, il est possible à un gouvernement de neutraliser et de maltraiter tous les journalistes qui le gênent, tant se faisant passer pour un pouvoir qui ne tue ni n'envoie pas en prison. Le « musellement de la presse par employeurs interposés » reste dangereux. Une tache d'autant plus complexe que la méthode de « la torture sans trace » permet difficilement de voir la main qui se cache derrière l'employeur. C'est ainsi que dans ses rapports ave les médias, le pouvoir politique congolais sait comment continuer avec la pratique de subordination de la presse sans se faire remarquer mais en aliénant l'employeur. Si les associations protectrices de la liberté de presse arrivent à sécuriser les employeurs contre les pressions « invisibles », les journalistes pourront disposer de plus de liberté dans l'exercice de leur profession. La démocratie s'en portera mieux.170(*)

3. Les guerres des médias pendant les élections de 2006.

La question de la transparence médiatique est importante, centrale et déterminante pour toute société à prétention démocratique. Elle est même permanente dans les sociétés dites capitale pour celles des sociétés qui aspirent à intégrer dans leur fonctionnement régulier ce mode de gestion de la cité que l'on appelle communément : démocratie.

En RDC cette question de transparence médiatique s'est accompagné des multiples dérapages ; en effet, à la veille des élections de 2006, des nombreux facteurs d'inquiétude planaient sur la réelle capacité des médias à couvrir de manière équitable le processus électoral (voir sur le rôle potentiel néfaste et sur les capacités de l'institution transitoire de régulation à favoriser le professionnalisme dans les médias. Les médias, suite au problème financier, s'installent dans une dépendance vis-à-vis des soutiens politiques, car comme le remarque un journaliste en 1996, « ce sont les hommes politique seulement qui ont les moyens d'entretenir la presse. Si on est neutre on ne trouve pas l'argent et on meurt ».Certains ont montré que cette inféodation politique pouvait les mener à tronquer l'information, à relayer des discours de haine et les changer en instruments de division.

Durant la période électorale, on pouvait partager les médias essentiellement en trois catégories dont des médias ouvertement pro Kabila : appartenant en général aux membres du PPRD, les médias de la presse rouge proche de l'opposition UDPS et les médias pro Bemba. Parmi les principaux phénomènes relevés, nous pouvons retenir avec Marie Soleil Frère171(*) des véritables « guerres médiatiques » qui se sont jouées dans plusieurs villes ; des élections qui attisent les appétits financiers ; des normes et un consensus professionnels relégués à l'arrière plan et l'entrée en politique des nombreux professionnels des médias.

En ce qui concerne les guerres médiatiques, à Kinshasa, la guerre a opposé les médias partisans de Joseph Kabila (Digital Congo et RTNC) aux médias de Jean-Pierre Bemba (CCTV, CKTV et RALIK). C'est surtout après les évènements du 20,21 et 22 août que les différentes chaînes se sont radicalisées. Dans l'Equateur, une véritable « guerre » a opposé Radio Liberté de Bemba à une radio proche de Nzanga Mobutu, qui, candidat à l'élection présidentielle, s'est ensuite rallié à l'AMP de Joseph Kabila. A Lodja, dans le Kasaï, les radios de Joseph Olengakoy, Lambert Mende et Jean-Charles Okoto se sont livré également une guerre des ondes sans merci.

Signalons, avant de clore ce point que les villes provinces qui ont beaucoup souffert de la guerre, comme à Kisangani ou à Bukavu, les médias se sont comportés de manière beaucoup plus responsable. Cette illustration de la guerre des médias n'est qu'un exemple parmi tant d'autres qui montrent en suffisance combien il y a eu dérapage médiatique et la nécessité qu'il y avait de réguler les médias en RDC.

Section II. Analyse critique de la qualité des medias face aux différents rapports.

§1. Etude évaluative sur la professionnalité et le contenu des médias.

1. De la professionnalité et du contenu des médias sous la deuxième République.

A ce point, nous allons successivement faire une analyse de la compétence professionnelle, une critique du contenu des médias et nous allons également restituer ce que disent les professionnels du métier des médias de l'époque.

En ce qui concerne la professionnalité du métier, il nous sied d'affirmer que la majorité des personnes qui oeuvraient dans la presse au Zaïre étaient académiquement formées. Le journalisme à l'époque était un métier de prestige, de stratégie politique, où on pouvait s'enrichir facilement. Ce fut un métier rare et cher qui payait assez bien. Pour y oeuvrer, il fallait être un professionnel bien formé, capable de mobiliser toute la population à adhérer à l'idéologie du MPR. C'est pourquoi la production journalistique de l'époque était d'une qualité admirable. La clarté, la concision et la simplicité du style ne faisaient défaut à la presse de l'époque.

Ceci dit, le contenu des médias pendant la deuxième République était non seulement pauvre et lamentable, parce qu'étant totalement partial, mais aussi et surtout dépourvu de toute information. Toute production et publication journalistique de l'époque ne contenait que de l'idéologie du mobutisme, les exploits du MPR et les mécanismes de mobilisation du public à y adhérer. La fonction principale des médias de l'époque était de mentir la population, en occultant toute la vérité sur les abus du pouvoir. Ils sont allés plus loin jusqu'à faire croire au public que Mobutu fut un dieu. Cela fut manifesté par le culte quotidien pour Mobutu qui passait à la radio, l'image de Mobutu dans les nuages que faisait passer la télévision nationale et tous les glorieux exploits du roi Mobutu que nous racontaient les journaux. En bref, il n'y a pas eu, à cette période, des productions journalistiques, mais il y avait seulement des productions de Marketing politique en style journalistique.

Sakombi Inongo n'a - t - il pas confirmé notre pensée quand il affirme que « le peuple n'a pas besoin d'être informé mais d'être orienté » ?172(*) Dans un entretien accordé à Maurice Kayombo173(*), celui ci nous renseigne qu'il faut étudier le problème professionnel à deux niveau dont celui du fond et celui de la forme.

Du point de vue de la forme, les médias étaient de très bonne qualité ; ils respectaient admirablement les principes journalistiques. Mais du point de vue du fond, la qualité des la presse fut médiocre. Il y avait manque d'impartialité, d'objectivité, et de la vérité, etc. la presse ne parlait que pour le compte du pouvoir son patron. Qui plus est, les médias ne précédaient plus l'événement mais les suivaient derrière. Ainsi donc avant que les médias publient sur un événement déjà en enquête, il faut que le parti MPR ou le pouvoir s'en soit déjà prononcé. Et c'est souvent sur des menus fretins au lieu des gros poissons.

Somme toute, si les journalistes de l'époque ont fait preuve d'une professionnalité dans leur production du point de vue forme, ils ont abominablement péché à l'éthique journalistique et à leur mission de servir le public, du point de vue fond.

2. l'analyse du journalisme sous la transition mobutienne

Pendant la période de la transition sous Mobutu, l'exercice du métier journalistique admirablement audacieux dans le fait que c'était parmi les métiers révolutionnaires du pays, capable de braver tous les puissants, y compris le président de la République, le véritable roi du Zaïre sous la deuxième République.

Il faut admettre que la qualité de médias, à cette époque fut assez haute parce que tous les journalistes de l'époque paraissaient bien maîtriser le métier qui était leur. Face à l'objectivité des informations, il s'avère que les faits rapportés par les médias étaient sacrés et la divergence de l'opinion ne résidait qu'au niveau des commentaires. Ce pendant, la question de l'équilibre médiatique et celle de l'indépendance des journalistes étaient encore loin d'être satisfaisante d'autant plus que chaque média avait déjà un camp politique qui était sien et cela ne permettait pas aux journalistes de traître l'information dans toute impartialité.

En effet des années 1990, les journaux de la mouvance présidentielle et ceux de l'opposition radicale se battent donc par communiqué interposé où, en général, ils ne s'opposent pas sur les faits eux-mêmes, mais attribuent chacun la responsabilité de la situation catastrophique du pays à la partie adverse ; ce fut ainsi pour la couverture du pillage en 1991 et 1993 ou les déboires de la conférence nationale souveraine.174(*) C'est un journalisme de controverse qui se développe au lieu que ce soit un journalisme qui favorise la circulation d'une information impartiale complète, indépendante, honnête, objective et finalement conformiste.175(*)

Lors du massacre des étudiants sur le campus de l'Unilu en mai 1990, la voix du Zaïre (OZRT) a joué un rôle non négligeable pour dissimuler l'ampleur des tueries et véhiculer des analyses tronquées. Lors de l'expulsion violente et meurtrière des populations Kasaïennes du Katanga, l'antenne Katangaise de la télévision nationale et des journaux locaux acquis à la cause du pouvoir (Le Lushois, Le Libérateur-Ujamaa) ont véhiculé des appels à la haine, des discours xénophobes, poussant les populations originaires de la province à se débarrasser des citoyens venus de la province voisine.176(*)

3. critique du contenu médiatique depuis 1997.

La presse, sous L. D. Kabila, reste marquée par ses divisions internes entre la presse proche du gouvernement et presse proche de l'opposition. Cette situation est évidente pour la ville de Kinshasa. Face à toutes les situations de controverse, les journalistes ne se sont pas empêchés de prendre position. Kayembe A.177(*) affirme que les médias de l'intérieur de la RDC ont affiché un traitement différentié des informations, marqué par le manque de professionnalisme.

Pendant la période des inter-guerres, les médias (surtout privés) affichent des intérêts divergents, privés, puisqu'ayant chacun choisi de se faire le porte-voix d'au moins un groupe armé. En conséquence, les médias privés évitent de donner un large écho au rapport de l'Onu sur le pillage des ressources en RDC, l'enjeu étant de soustraire certains de leurs partenaires à la critique. Les médias officiels en appellent à l'intervention de la communauté internationale. Cette position officielle a contribué à réduire l'image de marque du système des Nations unies au Congo, en mettant en exergue ses stratégies différentielles.

Le caractère non belliqueux du président Joseph Kabila a été favorable au discours de réconciliation dans la presse. Mais la formation du gouvernement d'Union nationale n'a pas renforcé les acquis auprès des médias publics : la télévision publique cible les actions du chef de l'Etat et des membres de son obédience. Les télévisions privées installées à Kinshasa sont au service des différentes factions : le vice-président Arthur Zahidi Ngoma par Antenne A, Yerodia Ndombasi par la RTGA, Azarias Ruberwa par la RTP d'abord, puis par sa propre télévision Africa TV, Jean-Pierre Bemba par ses propres télévisons dont CKTV et CCTV. En plus de la RTNC Kabila est toujours défendu par Digital Congo.

Les médias, affirme Kayembe A.,178(*) ont sacrifié la construction d'une information politique neutre sur l'autel du battage médiatique personnalisé, qui frise un contexte de campagne électorale avant l'heure. Cela constitue un dérapage préjudiciable à l'avènement d'une bonne démocratie. Quant aux médias internationaux, ils sont quelque peu distants du jeu congolais, excepté la RFI qui s'est montrée, dans le traitement de ses informations, contre le Régime de Joseph Kabila depuis le ministre de l'information presse et communication en exercice pendant les élections, Mova Sakanya, avait empêché à Gislaine Dupond, journaliste à la RFI d'accéder à Kinshasa pour couvrir les élections.

Somme toute, il faut souligne avec Kayembe que les médias congolais ont sans doute joué un rôle négatif, faute d'indépendance, d'autonomie et du professionnalisme. Trop politisés, ils sont marqués par la duplicité entre le champ politique et le champ journalistique. Par contre les médias communautaires sont restés témoins du processus démocratique et de la paupérisation de la population par de longues années de conflits et de conciliabules

§2. Bilan de la liberté des médias de la deuxième République à la transition.

1. Situation de la liberté de la presse sur la politique médiatique au Zaïre.

Au regard de la situation concrète de presse pendant la deuxième République, de la qualité même de la dite presse, il sied de signaler que le bilan de la liberté de presse était totalement négatif. Le journaliste n'était pas libre dans la ligne éditoriale. Au lieu d'être au service de son public, lui était au service du pouvoir qui le gâtait favorablement. A cause de l'argent tout le sens d'éthique du métier dans le chef des journalistes avait disparu.

Certains de ceux qui voulaient qu'en même accomplir leur mission de servir le public, étaient discriminés, réprimés et que sais-je encore. Le peuple n'avait plus le droit à l'information. Il fut incommensurablement driblé par le pouvoir politique en complicité avec la presse qui, d'ailleurs, était sensé le défendre en dénonçant les abus du pouvoir. Conséquence, une paupérisation catastrophique du pays et le peuple fut lamentablement victime de cette complicité médias pouvoir.

Ceci dit, du coté des médias et de ses professionnels, tout allait favorablement bien. Les médias n'avaient aucun problème financier parce que le pouvoir prenait toutes leurs productions en charge, voire même le salaire des journalistes. Rien n'était plus facile aux journaux de l'époque que d'avoir un véhicule, affirme Maurice Kayombo.

En raison du statut ambigu des journaux, les éditeurs se considéraient comme propriétaires des journaux à la tête dès quels l'Etat Zaïrois les nommaient. Alors avec toute la légèreté voulu, il y en a de ceux qui sont allés multiplier leurs bureau femmes, d'autres se sont lancés dans les entreprises qui n'ont jamais connu de lendemain ; d'autres encore, comme Mujumbe au Katanga, aussitôt le subside interrompu, ont choisit la voie de l'hibernation.179(*)

En ce qui concerne la profession, L'Etat était devenu un état un Etat providence pour les chefs d'entreprise qui recevaient tout de lui. Ainsi ils ont sacrifié leur profession à cause de l'argent. La liberté de la presse était tout d'abord étouffée par les professionnels eux-mêmes, avide de l'argent. C'est pourquoi ils ont détourné la mission classique des médias au service du pouvoir de Mobutu, au mensonge, à la persuasion pour la personnalisation et la personnification du pouvoir politique.

Les médias à cette époque ont énormément contribué à la stabilité du pouvoir de Mobutu, et si la deuxième République a véritablement détruit ce pays, comme on l'a constaté, les médias ne doivent pas restés innocents et ils ont joué un rôle très néfaste à l'égard du pays et de sa population.

2. Atteintes à la liberté de la presse (1988-2004).

La RDC depuis 1990, nous nous proposons, pour bien évaluer le bilan de cette liberté, de parler à la fois des atteintes à la liberté des journalistes et des dérives déontologiques.

Concernant la situation de la liberté de la presse dans ce pays depuis 1990, il est vrai que les lois du pays l'ont belle et bien garantie. En occurrence la loi n° 96/002 du 22 juin 1996 fixant les modalités de l'exercice de la liberté de la presse, stipule en son article8 : « Toute personne à droit à la liberté d'opinion et d'expression, ... » Pour Marie Soleil Frère, la loi de 1996 est très libérale puisqu'elle met fin au monopole étatique sur le secteur de l'information, qui existait encore de droit (si non de fait)180(*) Mais certains journalistes accusent qu'elle renferme un caractère liberticide ; si pas elle, d'autres lois pénales frappant les délits de presse en RDC sont liberticides.

Par ailleurs, jusqu'en 1996, les journalistes seront arrêtés et jetés en prison, d'aucun parmi eux travaille dans les médias officiels seront privé d'antenne.181(*) Lorsque le président Mobutu prit fuite devant le nouveau libérateur du Zaïre, L. D. Kabila, les journalistes croyaient qu'ils entraient dans l'ère où il serait possible d'exercer librement leur métier mais ils furent vite désillusionnés. Vers le milieu de l'année 2000, Sakombi Inongo est repris par L. D. Kabila, et fut nommé ministre de l'information. C'est ainsi qu'il repréhenda les journalistes et les jeta en prison.

Il suspendit le 14 décembre 2000 par l'arrêté ministériel n°04/11c/001/2000, dix chaînes audiovisuelles privées. Depuis 2002 l'odeur de la démocratie et de la liberté de presse donne de plus en plus une saveur remarquable. En 2004, on institue une structure d'autorégulation, la Haute Autorité des Médias (HAM).

3. Situation de la liberté de la presse et les violations déontologiques (2004-2006)

Depuis 2004, la situation de la liberté de la presse n'a pas beaucoup évolué. Pour l'année 2005 par exemple, le rapport du JED a enregistré 21 cas de privation de liberté, d'au moins 5 journalistes interpellés, ou incarcérés par mois. Deux journalistes ont été agressés dans le cadre de leur travail et 4 ont subi des menaces. Au total donc, si on y ajoute des cas des pressions administratives, économiques ou judiciaires, ainsi que des cas de censure, cela fait au moins 37 cas d'attaques directes contre la presse. Comparativement à l'année précédente où pour toute l'année, il a été enregistré 23 cas d'arrestation ou d'interpellation des journalistes.182(*)

Peut-on croire que la liberté de la presse est totale en RDC ? Il est vrai qu'il n'y a presque plus de journaliste en prison, et que les journaux et les débats télévisés font preuve d'une apparente totale liberté. Face à ce constat, Tshivis T. Tshivuadi, secrétaire général de JED répond ironiquement ce qui suit : « oui il n'y a pas de journaliste en prison, mais on est maintenant au stade de la prise en otage des journalistes. [...] Et s'il y a trop de liberté de presse, c'est peut-être parce qu'il n'y a plus de presse digne de ce nom, si non « des médias cacahuètes sans cahier de charge ni grille de programme, spécialistes de tout et de rien ; d'autres ne sont rien que les caisses de résonance des idéologies politiques, fussent elles ubuesques ».

La liberté de la presse ne se mesure pas par le degré de libertinage de certains titres. Mais au contraire, cela cause des véritables violations de la déontologie professionnelle. Voilà pourquoi au cours de cette période plusieurs cas de violation ont été enregistrés. Ce qui a témoigné la mauvaise qualité des médias en RDC. Le rapport de l'observatoire des médias congolais de 2005 nous renseigne qu'à l'issu du mois de juin 31 cas de violation ont été retenus.183(*) Faute de professionnalisme et pauvreté des journalistes, les médias se sont énormément laissés manipulés par le politique congolais.

§3. La manipulation des médias par le politique congolais

1. Les tactiques d'informations et les réseaux de manipulation de la presse en période électorale

Nous vivons certes à l'âge des médias instantanés qui nous soumettent à un véritable bombardement d'image, de symboles et de « faits » dont tous prétendent accaparer notre attention. Pourtant, plus les progrès de la « société de l'information » multiplient les données, les informations élaborées et le savoir utilisable pour gouverner, plus il peut devenir difficile pour chacun, et les dirigeants politiques n'y font pas exception, de savoir réellement ce qui se passe.

Pourtant, complète Pierre Frasnault - Deruelle184(*), dans le concret des choses, nous l'avons dit, les choses sont liées et l'analyses des documents qui suit n'échappera pas aux servitudes de la pertinence que nous nous sommes donnés :cerner tel aspect du contexte nous amène totalement à mordre sur ses autres dimensions, tant et si bien que finalement c'est à un véritable voyage structural que nous convions notre lecture. Plusieurs tactiques sont utilisées par les acteurs des médias pour manipuler le message. Nous allons ici juste citer brièvement quelques unes :

· La tactique d'omission consistant à supprimer certains faits significatifs ou peu favorables à la thèse défendue ;

· La tactique des généralités : consiste à couvrir des détails susceptibles de susciter une opposition bureaucratique ou politique.

· Les tactiques temporelles : retardant un message jusqu'au moment où le destinataire n'aura plus le temps de réagir.

· La tactique de dribble consiste à rendre le message plus difficile à percevoir pour le destinataire.

· La tactique nébuleuse : enrobe quelques faits exacts dans un flot de rumeurs nébuleuses pour créer une confusion dans le chef du destinataire.

· La tactique du gros mensonge : consistant à mentir avec preuve et conviction.

· La tactique d'inversion : consiste à inverser complètement le sens d'un message.

· Etc.

Toutes ces tactiques de manipulation du message sont utilisées par la presse congolaise soit consciemment ou inconsciemment surtout en période électorale. Quand aux réseaux de manipulation de la presse congolaise en période électorale, nous énumérons tout simplement avec Germain Nzinga Makitu185(*) ce qui suit :

· La pression et la répression politique ;

· Les contraintes liberticides de l'appareil judiciaire ;

· La bipolarisation de la scène politique congolaise ;

· Les dérapages des associations « culturelles » ;

· La dictature de l'évènement consistant à offrir aux destinataires une information secondaire pour réussir à éloigner leur attention des questions vitales et essentielles.

· L'idéologie culturelle des émissions religieuses : les journalistes doivent respecter les limites de leur métier. Se comportant en prédicateur, ils ne respectent pas le public et endorment d'avantage la population.

· La surévaluation du desk - distraction ;

· La charge soporifique des spots publicitaires sur la musique et les produits brassicoles ;

· La pauvreté des journalistes congolais : le manque de salaire régulier et substantiel, le déficit des conditions de vie et de travail décentes, l'indigence de l'employé des médias peuvent exposer ce dernier à être la proie de l'idéologie du plus puissant.

· Les stratagèmes des dons et cadeaux en période électorale ;

· L'immense pouvoir des milieux financiers

· Etc.

2. Affaire Kata-kata (égorgeur), une manipulation médiatique par excellence.

D'après l'accord de paix conclu en décembre 2002 à Sun City, la RDC devant organiser des élections générales avant le 30 juin 2003, date de la fin théorique de la transition, qui pouvait être prolongé d'une année. Un certain nombre de personnes n'ayant pas intérêt à ce que le pays tienne ces élections démocratiques alimentent les tensions les plus diverses pour susciter la révolte ainsi beaucoup échauffés à l'approche du 30 juin 2005. L'affaire Kata-kata (l'égorgeur) a notamment défrayé la chronique à Kinshasa peu avant le 30 juin 2005. Un mystérieux criminel a fait régner une réelle psychose dans la capitale congolaise. Non seulement il tuait, mais en plus, il charcutait ses victimes. Au lendemain du 30 juin, Kata-kata a disparu. Plus de tuerie, plus de corps déchiquetés.

Analysons avec D. M'bayo et Ch. Mugagga186(*) qu'au mois de juin 2005, les médias ont exploité l'affaire Kata-kata, apparemment fondé sur la rumeur, appuyée par quelques cas de banditisme. Elles ont montré, de façon quasi quotidienne des cadavres des victimes attribuées au fameux « Kata-kata ». A la même période, poursuivent-ils, les reportages diffusés par CEBSTV et Global TV montraient quelques jeunes gens agitent des machettes (montrées en gros plan), se déclarant prêt à s'en servir le jour du 30 juin 2005, qu'il n'avait plus de machettes sur le marché de Kinshasa, d'autres ont relayé qu'une livraison de machette avait été volée... laissant entendre ainsi que tout avait été acheté ou dérobé par une fraction de la population qui « se tenait prête ».

Analysant ces faits, il ressort que la déontologie a été transgressée ; il y a eu non respect de l'obligation de vérité et le non respect de l'obligation de responsabilité, la manipulation de l'information a été exécutée dans ce contexte au moyen de la tactique nébuleuse et du gros mensonge. En fait, l'article 9 du code de déontologie et d'éthique du journaliste congolais lui en joint l'obligation de faire preuve de retenu dans la présentation des faits de nature à mettre en danger ou à nuire aux intérêts vitaux de l'état de la société. Le traitement de l'affaire Kata-kata et les machettes par les médias kinois en juin 2005, donnant consistance à la rumeur au lieu de mener des investigations sérieuses, a permis d'entretenir l'atmosphère de psychose à l'approche de la datte du 30 juin.

3. La manipulation des médias par la pratique du coupage en RDC

Une autre bonne manipulation de la presse est la pratique du « coupage », néologisme congolais utilisé pour désigner « cette pratique qui consiste à octroyer aux journalistes venus couvrir un évènement pour le compte de leur rédaction respective un cachet dont la hauteur est fixée au gré des organisateurs, de la manière à motiver pour rédiger absolument, voire favorablement. »187(*) C'est une vilaine pratique qui peut être assimilée à une corruption. Le coupage entache la liberté rédactionnelle du journaliste. Une fois coupé, le journaliste n'est plus libre dans son expression. Mutinga affirme que « quand on est coupé, on est gagné... »188(*)

Le coupage n'est pas différent à la corruption. Il maintient le journaliste ce que la cueillette est aux congolais, c'est-à-dire le maintien d'un mécanisme de survie plutôt que l'octroi d'un véritable salaire.189(*) Cette pratique est étendue sur toute l'étendu de la RDC avec des néologies variées. Ces réalités ont forcément une incidence négative sur l'indépendance et la liberté du travail des médias et des journalistes, en ce sens qu'elles ne leur laissent pas toujours le choix de l'angle par lequel ils traitent leurs informations.190(*) Elles ont également une incidence sur la qualité de leur travail qui épouse bien souvent les vires des sources d'information et n'a pas toujours les moyens de saisir les faits dans leur profondeur.

Il faut aussi signaler avec le professeur Mukeni Lapass, avant de clore ce paragraphe, que la réalité ne permet pas non plus au professionnel et à l'organe de presse d'exercer leurs responsabilités dans les informations diffusées qui sont pour la plupart coproduites par les sources d'information.191(*)

Section III. Quelle politique de communication pour un journalisme responsable en RDC.

§1. Pour un journalisme de développement pour la RDC.

1. Ce que doit être un journalisme civique et de développement

Disons d'entrée de jeu qu'un journaliste est toute personne employée par une rédaction d'un média d'information pour rechercher, traiter et diffuser les informations d'actualité.192(*) C'est cette personne qui a choisi ce métier passionnant qui consiste à persuader, à influencer, à façonner le destin des personnes, à interpréter les aspirations des gens, à rendre compte des réussites et échecs des politiciens, (...) à inspirer, à réveiller les sentiments et à susciter des émotions, etc.193(*) Le journaliste congolais est encore loin d'être qualifié à l'instar des ses confrères des pays développés.

Le journaliste congolais a pour mission d'informer et d'éduquer la masse afin de l'éclairer et de l'amener ainsi à être le moteur de son développement. C'est pourquoi il doit disposer des atouts nécessaires ; Signalons que la liberté d'expression est un droit fondamental. La presse ne peut pas jouer son rôle d'éveilleur des consciences si la liberté d'expression n'est pas garantie et pratiquée par la loi.194(*) Mais il n'y a pas de libertés sans responsabilité .Ainsi le journaliste doit d'abord être conscient de son sous développement avant de prétendre l'extirper auprès de son auditoire. Il doit non seulement être conscient des imperfections qu'il traîne avec lui et qui l'handicapent dans l'exercice de son métier et dans son épanouissement propre, mais aussi connaitre à fond les maux dont souffre ce peuple. Et pour ce faire, quelques pistes peuvent le guider.

Somme toute, l'Etat est aussi responsable pour la promotion d'un journalisme civique et de développement en RDC. Il doit offrir un cadre légal sûr et constant pouvant subventionner les journaux spécialisés de vulgarisation et de conscientisation sur les problèmes cruciaux de santé, d'agriculture, etc. Promouvoir les radios rurales privées en leur assignant les rôles socio-économique de développement il inclura dans le programme académique des journalistes et des communicologues les cours de presse spécialisées et des stages obligatoires dans les milieux ruraux. Il encouragera enfin les producteurs et réalisateurs radio-tv qui se penchent sur ces problèmes.195(*)

2. Le journalisme politique et la reconstruction de la RDC

Depuis son indépendance, la RDC n'a connu que destruction et pillage permanent. Dans cette situation, la presse n'est pas restée innocente ! Entre les années 1994 - 2001 le Congo est devenu l'endroit de guerre civile sur les frais des congolais, affirme Théodore Hanf.196(*) Le pays a été détruit pendant plusieurs années. Sa reconstruction nécessite la mobilisation de toutes les couches de la population.

Pour sa reconstruction, la RDC a besoin d'un journalisme politique responsable. Celui qui, au-delà de donner avec fidélité une information, se permet à commenter sur toute information, à donner son opinion, à dénoncer ce qui ne va pas et à adresser des recommandations respectives pour faire sortir le pays d'une situation de crise que l'on dénonce. Le commentaire journalistique, affirme Philippe Riutort,197(*) tend alors à devenir essentiellement prédictif en essayant d'anticiper en permanence les conséquences éventuelles des jeux tactiques auxquels se livrent les politiciens.

La reconstruction nationale exige de nouveaux comportements que la presse (les journalistes) doit (doivent) susciter en informant, en formant et en éduquant correctement le public (...) La presse doit éviter de renforcer les antagonismes traditionnels, le clivage entre la capitale et les provinces, la distance entre dirigeants et dirigés, car la reconstruction nationale est l'affaire de tous les citoyens.198(*) Pendant cette période de reconstruction, les journalistes doivent assumer pleinement leur mission du contrôle de gestion de la chose publique. Ils doivent le faire avec beaucoup de professionnalisme, de crainte qu'ils ne se confondent aux propagandistes politiques comme nous l'avions assisté pendant les élections de 2006. La RDC a donc besoin d'un véritable journalisme politique qui s'investisse dans l'investigation.

3. L'investigation journalistique en RDC.

Les journalistes congolais ne sont pas du tout capables de dénicher le secret de la mauvaise gouvernance de nos hommes politiques. Soit ils sont étouffés par ceux-ci, soit il y a tout simplement manque d'une enquête journalistique digne de ce nom.

Au sujet de l'enquête journalistique, Charles Onana199(*) nous apprend que « Le reporter qui rend compte par son propre travail et ses propres initiatives, des questions importantes sur lesquelles des personnes ou des organisations souhaitent garder le secret est digne du nom d'enquêteur. » En claire, le journaliste qui est capable de dénicher des secrets biens gardés ou de tirer au clair une situation confuse et inextricable est sans aucun doute un journaliste d'investigation. Le journaliste d'investigation est obligé de chercher non seulement des faits cachés, mais aussi le sens caché des faits plus ou moins évidents.200(*) Il n'y a pas de domaine qui puisse être épargné de l'investigation. L'enquête peut se faire dans les domaines de la vie sociale.

Les nécessités de l'enquête, nous apprend Daniel Bougnoux201(*), exigent du journaliste non seulement qu'il résiste aux pressions ou à diverses vénalités, mais encore qu'il retarde le moment de militer lui-même, de s'engager pour la bonne cause ou pour accoucher l'histoire, et qu'il combatte ses propres intimes convictions autant que celles de sa rédaction ou de son réseau de relation. Ce qui importe est de donner l'information avec objectivité. La vérité est la règle d'or pour un journaliste. Les journalistes, pour la plupart amateur fortement politisés, comme c'est le cas en RDC, rejettent l'objectivité sous prétexte qu'elle était une forme déguisée de préjugé. Ainsi ils produisent une presse radicale qui ne donne que l'information et dépourvue de tout commentaire, ni analyse approfondie. Et cela couvre beaucoup de secrets.

La question d'objectivité et de vérité nous semble très complexe ; en effet il est de bon ton d'admette que l'objectivité n'existe pas, puisque toute vision est subjective, forcement partiale et que la vérité est hors de la portée humaine. Et Bernard Porte202(*) n'a-t-il pas, d'ailleurs, déclaré : « je soutiens que « l'objectivité », toujours invoquée comme une vertu suprême du reporter, est par nature impossible » ? La seule question véritable est donc l'honnêteté du choix et de l'interprétation. La question d'objectivité ne devrait pas être un prétexte d'entretenir un secret qui, parfois devient même un secret de polichinelle. Les journalistes congolais peuvent donc produire une presse alternative, plus professionnelle qui garde le goût des opinions, en expliquant que « donner des faits aux lecteurs sans leur donner d'interprétation, comme tentent de le faire les quotidiens au nom de l'objectivité, revient à brouiller les cartes. »203(*) Mais elle se donne les moyens de documenter ses critiques de la société.

Avant de mettre un terme à ce point, nous proposons avec Hunter du point de vu de psychologie et méthode du journalisme d'investigation, les étapes de la trajectoire de l'investigation journalistique : la perception des faits, la recherche de base, l'immersion, la résistance et la composition ou la définition.

§2. Les médias et le développement de la RDC.

1. Renforcement des capacités et de la culture médiatique en RDC

S'il est vrai que le pluralisme et la diversité médiatique est déjà un acquis pour la RDC, vu des multiples entreprises médiatiques qui se créent du jour au lendemain, il est aussi vrai que ces médias existent dans des conditions de précarité très avancées. C'est pourquoi la presse qu'ils produisent, est d'une qualité médiocre, alors qu'étant considérée comme le « miroir de la société »204(*) la presse a pour mission d'inciter au développement, d'informer, transmission entre le peuple et le pouvoir.

Pour que les médias arrivent à contribuer positivement à la lutte pour le développement, il faut qu'ils évoluent dans un environnement politique, économique et technique sain. Il est donc impérieux que les médias congolais renforcent leurs capacités et que par leur production, la RDC puisse renforcer la culture médiatique afin que ceux-ci contribuent énormément au développement du pays. Les médias ont pour ce fait besoin de l'aide multiforme. C'est dans cet ordre d'idée que Lena Johanson205(*) soutient que les bailleurs de fond doivent coordonner leur action, étant donné que les efforts et les fonds sont gaspillés quand ils ne sont pas appliqués à des stratégies du même type. Elle souligne que ces stratégies devraient prévoir un soutien durable aux médias, notamment en renforçant les structures, la crédibilité et le professionnalisme.

Pour Aidan White206(*) l'aide accordé à la profession, doit se concentrer davantage sur les journalistes et leur besoins, et moins sur les infrastructures. Il est intolérable que ceux-ci soient pris pour cibles et leur sécurité menacée. Selon lui, le mépris du statut des journalistes est dans le monde entier, largement rependu et profondément enraciné. Il ajoute cependant que la mise en place de l'INSI contribuera grandement à créer la confiance au sein de la profession.

En somme, pour Rohan Jaya Sereka,207(*) cette tentative de créer une structure médiatique pluraliste pourrait être vouée à l'échec si la population considère qu'il s'agit simplement d'une création de l'ex-puissance occupante. Sa meilleure chance de suivi est, selon lui, de défendre la profession et de prendre la tête de l'opposition contre toute loi répressive sur la presse.

2. La contribution des médias au développement de la RDC

Associer les médias au développement de la nation nous semble, en termes de complémentarité, être une tautologie quand on considère que le rôle de la presse est d'apporter l'information qui conforte la société dans son rôle de gestionnaire du destin de tous.208(*) Mais les médias peuvent aussi contribuer à la destruction du pays. Nous l'avons, bien sûr, constaté dans notre pays des médias qui n'étaient qu'au service d'un pouvoir monarchique détracteur et ceux incitant à la haine. Il y a donc nécessité d'introduire la notion du développement au sein des médias congolais.

Les médias congolais doivent privilégier les critères de l'information ci-après réunis par Albert Hester et Wai Lan J. To209(*) : le développement, la responsabilité sociale de l'information, l'intégration nationale et le critère de l'éducation. Tant il est vrai que le public achète les journaux, nous apprennent Edmund C., Malcom et Autres210(*), essentiellement pour quatre raisons : se tenir au courant, un souci d'intégration sociale, se distraire et mieux décider. Il est donc indispensable de :

· Couvrir les activités du gouvernement et des hommes politiques ;

· Couvrir les actualités à chaud et les « features » : la couverture éventuelle de l'actualité constitue l'essentielle du contenu d'un journal, mais il faut aussi analyser le passé et anticiper l'avenir.

· Analyser les sujets qui s'imposent : tels que l'alimentation, le logement, l'emploi et la carrière, etc.

Parmi les sources d'information, Mireille Duteil211(*) nous propose, les déclarations officielles, les commissariats, les services de sécurité, les cours de justices, les conseils municipaux, les chambres de commerce, les douanes les aéroports, les gares et les hôpitaux.

Au Congo, l'information signifie développement ; elle doit viser une plus grande cohésion des masses autour des objectifs communs. Les médias devraient dans ces conditions orienter leurs informations vers une analyse des problèmes du pays de manière honnête. L'information livrée au public doit être utile. Le journaliste doit éviter de tomber dans le sensationnalisme, l'injure et la diffamation. La critique de l'action gouvernementale est l'une des missions des médias. La critique n'est utile que quand elle est constructive.

La presse doit se sentir partie prenante de la bataille du développement de la société et de la critique doit s'insérer dans cette philosophie.212(*) Pour que l'action des médias soit efficace, nous estimons que les informations doivent être de plus en plus ciblées vers les objectifs précis, telles les informations sur les droits de la personne humaine, les droits de la culture de la paix, sur la protection de l'environnement, sur la santé reproductive, etc.

En somme, la programmation de l'audiovisuel congolais doit être améliorée afin que ceux-ci puissent diffuser des émissions pouvant contribuer au développement de la RDC. Si les annonceurs peuvent influencer à la programmation des médias privés, cela n'est pas le cas pour les médias publics dont la mission première est d'être au service du grand public et non celui des annonceurs, ni du gouvernement ; voilà pourquoi son programme doit être riche en émission n diversifiée.

3. Type d'émissions audiovisuelle contribuant au développement.

La RTNC doit produire et diffuser des émissions d'information d'actualité générale, internationale, africaine, congolaise, régionale et locale. Lors des élections, elle diffuse un dispositif spécifique d'information permettant aux citoyens de saisir les enjeux des élections. La RTNC, dans ces relations avec le public, veillera à accorder une attention particulière aux avis et aux demandes d'information des auditeurs et téléspectateurs. Elle diffuse également des émissions culturelles, scientifiques et d'éducation permanente, magazine et documentaires.213(*)

Par ailleurs, la RTNC ne doit pas omettre dans son programme des émissions de divertissement, des oeuvres cinématographiques et de fiction télévisée, des émission de nature commerciales, la promotion de la diffusion d'oeuvres africaines et congolaises, elle doit contribuer au développement de l'industrie audiovisuelle indépendante, la conservation et la valorisation des archives, la collaboration avec les télévisions locales et communautaires, la collaboration avec la presse écrite, la collaboration avec le cinéma qui n'existe presque plus en RDC, la participation à la création radiophonique, les coopérations internationales.214(*)

Quand aux médias audiovisuels privés, ces types d'émissions que nous venons juste d'énumérer ci-dessus, peuvent leur être une source d'inspiration vu leur pauvreté d'émission. Jean-Marie Dikanga Kazadi n'a-t-il pas souligné qu'à propos de la grille des programmes, certaines radios sont devenues tout simplement des relais idéologico-culturels de l'occident ? Il est un mode chez nous dans l'univers des ondes hertzienne qui veut que toute radio privée pour bien paraître et pour faire sérieux doit se brancher sur une radio périphérique.

Somme toute, les médias audiovisuels nationaux doivent coût que coût améliorer leurs grilles des programmes dans la vision du projet que nous proposons ; car la conséquence de se référer aux médias étrangers est que le public consomme passivement des informations et des émissions élaborées selon la sensibilité et le regard des occidentaux. Cette attitude comporte le danger d'asseoir des idéologies et des valeurs culturelles délibérément importées. Au bout du compte, cette situation tient certainement à l'imprégnation et au manque des ressources financières et humaines qualifiées pour gérer une entreprise de cette spécificité.

§3. Vers un espace médiatique responsable pour la RDC.

1. Eradication de la pauvreté dans l'espace médiatique congolais.

Avant toute analyse, il faut bien rappeler ici avec Lucien Sfez215(*) que le niveau économique, celui d'une économie globale des médias, est fondamentale. Le rôle de la publicité, en tant que régulateur, est capital. Partant, le capital publicitaire peut s'orienter dans telle ou telle direction, selon qu'il y a (et combien) ou non des télévisions privées, une presse nationale nombreuse ou non, une presse régionale puissante ou non ? Voilà des données que des responsables de médias ne peuvent ignorer avant d'investir.

Signalons également que le mode de financement des médias a toujours une répercussion sur le contenu médiatique et sur l'exercice de la liberté de la presse et du journalisme. Comment voulez-vous que les journalistes de Mirador TV par exemple jouissent de leur liberté et dans leur mission d`éduquer la masse, puissent dénoncer l'excès de l'alcoolisme dans le milieu kinois alors que leur entreprise est financée à 80% par l'une des grandes sociétés brassicoles de la place, la Bralima? Voilà pourquoi, sous la deuxième République, étant donné que les médias étaient financés à 90% par les subventions de l'Etat, les journalistes ont volontiers tué la liberté de presse et ont transformé leur métier, en un simple instrument de la propagande du MPR.

Par ailleurs, il faut aussi reconnaître que les médias congolais fonctionnent dans un milieu subissant une situation économique catastrophique. La crise économique que traverse la RDC, aggravée par les pillages successifs (1991, 1993), puis les guerres dites « des libérations » (1997 - 2002), a plongé le pays dans une situation chaotique et désespérée. La corruption et la débrouille se sont généralisées, y compris dans les milieux de la presse.216(*)

Dans un contexte où la publicité est presque inexistante et attribuée aux organes sur base d'accointances politiques, où la population est trop démunie pour acheter un journal dont le prix équivaut à plusieurs repas, seul survivent les médias qui disposent d'un « sponsor » (politique ou bailleur de fonds). L'expérience de la radio Okapi qui doit apprêter 8 millions de dollars par an pour son fonctionnement, montre que l'équilibre, la neutralité et la présence sur l'ensemble du territoire, élément indispensable à une information vraiment pluraliste, n'est pas facile.

Face à cette situation, il faut mettre sur pied des mécanismes pouvant faire éradiquer la pauvreté dans cet espace. Dans le service public des médias, nous proposons que celui-ci soit financé par une subvention de l'état, votée dans le budget par l'assemblée nationale. A la subvention de l'état s'ajoute les redevances du public, et les fond issus de la publicité et vente des programmes.

Quant aux médias privés, l'Etat doit assainir sérieusement cet espace. Un média incapable de signer le contrat avec ses journalistes doit carrément être fermé. Nous sommes tout à fait d'accord avec Kombo Ntonga217(*) qui pense qu'il faut lutter contre ces chaînes de radios et de télévision qui poussent comme des champignons pas pour favoriser la promotion socioprofessionnelle des hommes des médias. Elles sont, en général sans ressources, non viable et des « ligablo »pour ses propriétaires.

Il est également possible que ces médias fassent des coalitions pour obtenir peu de médias mais fort, au lieu d'en avoir nombreux mais très faibles. Il faut aussi réglementer le prix de la publicité auquel tous les médias devront être stricts et unis. Ils doivent de même améliorer leur contenu pour gagner la sympathie de leur public. Pour la presse écrite spécialement, il faut qu'elle arrive à connaître sa clientèle et chercher comment satisfaire ses goûts. En revoyant le prix des journaux à la baisse, on pourra arriver à augmenter le nombre des lecteurs fidèles et révolutionner la presse écrite.218(*)

2. Pour une presse de qualité en RDC.

On ne peut pas prétendre éradiquer la pauvreté dans l'espace médiatique congolais sans chercher à bannir toute médiocrité de son contenu. Les deux vont toujours ensemble. Sur le marché de vente, le prix d'un produit varie selon sa qualité. Il nous arrive parfois à nous poser la question de savoir s'il existe vraiment une presse de qualité au Congo. Pour tout observateur et analyste averti, la RDC n'est pas encore à la hauteur de produire une presse de qualité ; et cela pour plusieurs raisons.

D'abord, des mécanismes de formation sont inadaptés. Les dérives et lacunes des médias congolais dans la couverture des événements politiques et autres doivent sans doute beaucoup au manque de formation des journalistes. Pourtant, Kinshasa dispose, à ce jour, de trois structures de formation initiale des journalistes : Institut facultaire des sciences de l'information et de communication (IFASIC), faculté de communication sociale de l'Université Catholique du Congo (UCC), et le département des sciences de l'information et de la communication de l'Université de Kinshasa (Unikin). S'y ajoute l'Institut Congolais de l'Audiovisuel (ICA), Belle Campus, UPN, etc.

L'IFASIC souffre de la carence totale d'infrastructures, de la motivation d'enseignants aux connaissances obsolètes et de la surpopulation estudiantine ; la faculté de communication sociale de l'UCC est plutôt orientée vers la recherche en communication sociale et vers la formation des « communicateurs sociaux» destinés au départ à servir les médias confessionnels. Quant au département de communication de l'Unikin, il demeure relativement virtuel, ne disposant d'aucune infrastructure pratique pour l'encadrement des étudiants. Aucune des ces écoles de formation ne propose un programme réellement adapté aux réalités pratiques de l'exercice de la profession.219(*)

En suite, parmi les doyens de la profession, très peu sont des modèles à suivre, étant donné qu'ils ont déjà été empoisonnés du système liberticide du MPR, de la pratique du coupage, etc. Cette situation pousse le public paupérisé à se désintéresser totalement de la presse nationale. Enfin, s'est ajouté aussi l'éclatement au sein de la profession du fait à la fois des oppositions politiques de la dispersion géographique des journalistes et de l'absence de structure professionnelle consensuelle.220(*)

Somme toute, pour arriver à obtenir une presse de qualité en RDC, il faut premièrement chercher à résoudre les trois grands problèmes que nous venons de déceler ; deuxièmement écarter de la profession tous les non professionnels; et finalement créer une nouvelle dynamique des journalistes qui ont une connaissance pure et n'ont rien hérité du Mobutisme.

3. L'avenir du journalisme en RDC : le plus beau métier du monde.

Pour un pays à multiples problèmes comme la RDC, la responsabilité du journaliste est grande. C'est elle qui résout la question de l'indépendance de la rédaction, de la liberté de la presse. Le journalisme n'est pas une tache facile. On attend du journaliste qu'il informe parfaitement. Informer, en effet, exige beaucoup de rigueur, une discipline de la pensée et de sens, un grand sens de la mesure et de l'équité, une curiosité de tous les instants, une probité sans faille, une culture générale solide, une capacité de travail jamais mise en défaut ainsi que l'élaboration d'une méthode éprouvée...

Le journalisme est le plus beau métier du monde. Il est une passion dévorante qui ne peut être assimilée et humanisée que par la dure confrontation avec la réalité. Nul ne peut comprendre l'attraction magnétique qu'elle exerce, sans cesse renforcée par le caractère imprévisible de la vie, s'il ne l'a pas dans le sang. Nul ne peut comprendre l'exaltation extraordinaire créée par une information, la pure euphorie que l'on ressent en récoltant les premiers fruits de ses efforts et la débâcle morale qui suit l'échec, s'il ne les a vécues personnellement. Nul ne peut s'accrocher à une profession si incompréhensible et si prenante, où le travail semble terminé chaque fois que le journal part sous presse ou par ondes, pour reprendre avec plus d'intensité encore dès l'instant suivant, sans ménager le moindre repos, s'il n'est pas né pour ça, s'il n'est pas prêt à vivre pour cela et pour cela seulement.221(*)

Cette forte conception du journalisme nous amène à proposer ce qui suit :

1. Que la loi redéfinisse le journaliste professionnel afin d'écarter les imposteurs de la profession ;

2. Nous plaidons pour la création de l'ordre national des journalistes comme c'est le cas chez les médecins et les avocats;

3. Que le régulateur exige le projet de la grille des programmes avant d'autoriser l'ouverture d'une maison de presse ;

4. Que le ministère de travail Soumette les entreprises de presse aux mêmes exigences salariales que les autres entreprises commerciales.

Conclusion

En somme, à travers ce chapitre, nous avons ressorti différents rapports que les médias ont établis avec le pouvoir politique de la deuxième république à la transition ; nous avons en suite analysé les répercussions de chaque rapport vis-à-vis de la profession journalistique et en fin, nous avons jeté un regard sur l'avenir du journalisme en RDC.

En effet, les médias ont établi trois rapports avec le pouvoir au fil de l'histoire politique du pays. Pendant la deuxième République, il a existé des rapports de subordination des médias au pouvoir politique ; pendant la fin de la deuxième République et la transition mobutienne, il y'a eu des rapports d'émancipation et de contre pouvoir des médias vis-à-vis du pouvoir politique ; et depuis l'avènement de l'AFDL jusqu'aux élections de 2006, nous avons constaté l'existence des rapports d'accompagnement du pouvoir politique par les médias et inversement. Pendant cette période, nous avons assisté à la diversification, à l'indépendance et à l'autonomie médiatique.

Au regard de tous ces rapports, il ressort que les médias congolais évoluent dans un système politique de communication assez complexe. Il n'est ni totalitaire, ni autoritaire, ni même libéral, non plus à responsabilité social. Ce pendant, c'est le résultat de tous ces systèmes. En fait, le système congolais renferme les caractéristiques de tous ces systèmes à la fois suivant la diversité des rapports que les médias ont établis avec le pouvoir politique.

En RDC, depuis 1965, le journalisme politique se confondait à la communication politique. Les médias sont commandités par les personnalités politiques qui les financent. Le pouvoir médiatique s'est incorporé au pouvoir exécutif de la deuxième république. Depuis 1990 les médias ont changé leur façon de traiter les informations. Nombreux se sont permis de dénoncer les abus du pouvoir. Ils ont énormément lutté pour le changement politique. Dans tous les rendez-vous de démocratisation du pays, ils étaient présents. Utilisés toujours par les politiciens, les médias congolais ne sont toujours pas à mesure de gagner toute la confiance du public congolais. Pendant les conflits, ils ont été soit vecteur de guerre ou acteur de paix.

CONCLUSION GENERALE

Au terme de ces analyses, il est clair que l'information journalistique et technique se place dans l'espace couverte par nos études, aux antipodes de la communication politique. Nous avons suggéré au terme de ce travail avec Bougnoux222(*)que l'action et la communication politique relevaient pour partie du même charme. Il semble donc vain de manoeuvrer sur ce terrain, qui est aussi celui du lien affectif et identitaire avec une raison éprouvée dans l' « administration des choses ». L'évolution contemporaine du journalisme politique peut être (rapidement) décrite comme un désalignement progressif à l'égard du champ politique et un glissement vers une « analyse politologique » prenant appui sur l'interprétation des sondages d'opinion.223(*)

Etre journaliste politique n'est pas synonyme de se passer pour agent du marketing politique ; car l'exploitation politique faite des sondages publiés par les médias, par exemple, entraîne certaines personnes à se méfier des journalistes commis au traitement de ce type d'information224(*). Néanmoins le journaliste est un citoyen qui a droit à une opinion ; il a donc le droit de s'engager politiquement. Mais ce qui est prohibé c'est l'exploitation de la presse pour défendre des intérêts partisans. La bonne façon de faire c'est de séparer les faits du commentaire, de l'analyse.225(*)

En fait, à coté du journalisme d'information, celui qui relate la matière brute, peut aussi exister un journalisme de commentaire, la critique, la chronique, le portrait, la tribune libre et bien sûr l'éditorial. Le commentaire donne une interprétation, une analyse de l'information qu'il accompagne. Il doit être plein de bon sens et très clair. La forme la plus élaborée du commentaire, c'est l'éditorial. Il s'agit d'un article prenant position sur un fait (d'actualité) et engageant la responsabilité morale du journaliste...226(*)

Ce pourquoi, nous plaidons pour l'introduction systématique du mode conditionnel dans l'usage de la phrase journalistique. En effet, le journalisme classique nous apprend que, pour raison d'exigence de dire la vérité, rien que la vérité, la phrase journalistique doit toujours être à l'indicatif227(*). Et nous en somme tout à fait d'accord, pour un journalisme d'information. Cependant, en ce qui concerne le journalisme de commentaire, nous trouvons raisonnable que la phrase journalistique soit quelque fois au conditionnel pour marquer la possibilité à la seule fin de laisser le public, lui-même, conclure sur les faits.

Le pyrrhonisme corrobore à notre opinion quand il professe que le sage ne doit rien affirmer parce que tout est incertain. (...) il se déclare dans l'impossibilité de savoir jamais si les choses sont telles qu'elles apparaissent.228(*) A part la raison d'incertitude, l'usage du monde conditionnel dans la phrase journalistique s'avère aussi indispensable dans la mesure où l'information à diffuser pourrait susciter des réactions graves dans le chef du public. En occurrence une information pouvant amener au soulèvement du peuple, comme l'assassinat d'un chef de l'Etat. Ce pourquoi le mode conditionnel aura pour fonction de préparer la morale du public avant de confirmer l'information.

Parlant de système médiatique convenable pour la RDC celui à responsabilité sociale nous apparait plus raisonnable. Il faut que les médias congolais deviennent indépendants dans tous les nivaux. Il est donc impérieux que ceux-ci soient régulés par une instance neutre et indépendante du pouvoir politique comme ce fut la HAM. Il s'agira du conseil supérieur de l'audiovisuel et de la communication (CSAC). Quant à la problématique de l'indépendance financière des médias, nous lançons une sonnette d'alarmer contre tous ceux qui militent pour la subvention de l'Etat aux médias privés ; ceci risquerait aux médias de retourner dans la cage d'or. Affirmons avec B. Powell229(*) qu'un grand journal qui entend garder l'indépendance de ses jugements, doit posséder d'abord l'indépendance financière.

Au bout du compte, les médias peuvent agir comme catalyseurs entre les acteurs politiques, économiques et sociaux, par la mise en perspective des problèmes et des solutions innovantes aux quatre coins du monde. Pourquoi les médias ne deviendraient-ils pas aussi un« outil d'espoirs » pour l'humanité ? Je posais la question au début du livre, déclare Laurent de Chérisey, et j'ai mené une partie d'enquête avec les jeunes journalistes de l'agence Reporters d'Espoirs.

L'apparition aujourd'hui d'une telle agence est un signe. C'est une aide au développement de ce qu'on pourrait appeler un « journalisme de solution » : un journalisme qui n'enferme pas le public dans l'angoisse pour faire de l'audimat mais qui met en lumière l'énergie, l'intelligence, la créativité des bâtisseurs du monde. Ces bâtisseurs sont infiniment plus nombreux et plus attirants que les destructeurs ; pourtant on nous les montre peu. Sont-ils moins séduisants ? Certainement pas. Alors ? Alors il y a tout un système à faire évoluer : celui que le sociologue Denis Muzet appelle « mal info », comme José Bové parlait de la « mal bouffe ».230(*) il s'agit de faire révolutionner la communication orientée vers les solutions. Fletcher Peacock231(*) nous conseil à ce sujet d'arroser les fleurs. Pas les mauvaises herbes !

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3. Entretien tenu avec Maurice KAYOMBO, un doyen du journalisme et l'actuel secrétaire exécutif de l'UNPC en Avril 2009.

TABLES DE MATIERES

EPIGRAPHE I

DEDICACE II

AVANT-PROPOS III

INTODUCTION GENERALE 1

1. PROBLEMATIQUE. 1

2.HYPOTHESES. 3

3.METHODOLOGIE DU TRAVAIL. 4

4.CADRE THEORIQUE 6

5.INTERET ET CHOIX DU SUJET 8

6.DELIMITATION DU SUJET 9

7.PLAN SOMMAIRE 9

CHAPITRE I : POUVOIR POLITIQUE ET MEDIAS : GENERALITES 11

SECTION I. LE POUVOIR POLITIQUE 11

§1. Terminologie et théorisation des concepts. 11

1. Notions du pouvoir 11

2. Etude du terme politique. 12

3. Ce qu'est le pouvoir politique 13

§2. Organisation du pouvoir politique et régime politique. 14

1. Organisation des pouvoirs publics : 14

2. Les formes de gouvernement : 15

3. La théorie de séparation des pouvoirs : 16

§3. La bonne gestion du pouvoir politique 17

1. Nécessité de bien gérer le pouvoir politique : 17

2. La démocratie comme moyen de la bonne gouvernance : 18

3. Les institutions démocratiques : 20

SECTION II. : LES MEDIAS DANS LA BONNE GOUVERNANCE 21

§1. Généralités sur les médias 21

1. Etude du concept média : 21

2. Evolution des médias : 22

3. Fonctions et influence sociale des médias : 23

§2. Les médias face à la participation politique. 24

1. La responsabilité politique des médias : 24

2. L'influence politique de l'information médiatique 25

3. Rôles des médias dans la politique des entreprises : 27

§3. L'environnement politique des médias 28

1. L'emprise de l'Etat sur les médias : 28

2. La régulation des médias et l'environnement politique: 30

3. Les médias en transition : une activité à but lucratif 31

SECTION III. LES GRANDS SYSTÈMES POLITIQUE DES MEDIAS 33

§1. Les médias dans les rapports des pouvoirs 33

1. Les médias et le pouvoir politique : les ressorts d'une influence. 33

2. Les relations journalistiques. 34

4. Différents rapports entre journalistes et sources. 35

§2. Les systèmes politiques de communications 37

1. L'institutionnalisation des moyens de communication 37

2. Le système soviet communiste et le système autoritaire : 38

4. Le système libéral et de responsabilité sociale 39

§3. Etude comparative de quelques cas sur la politique médiatique. 40

1. Le système occidental (cas des : USA, Grande Bretagne, France) 40

2. Le système oriental (Thaïlande, Bangladesh) 42

3. Le système tiers-mondiste (Zimbabwe, Burkina Faso) 43

CONCLUSION 45

CHAPITRE II : MEDIAS EN RDC : DE LA DEUXIEME REPUBLIQUE A LA TRANSITION. 46

SECTION I. CONCEPTION POLITIQUE DES MEDIAS SOUS DIFFÉRENTS RÉGIMES. 46

§1. Personnalisation et personnification du pouvoir au Zaïre (1965 - 1988). 46

1. Présentation du régime de la deuxième République 46

2. Doctrine et idéologie du Régime de la deuxième République 47

3. Impact de la personnalisation et de la personnification du pouvoir politique 49

§2. La démocratisation du pouvoir politique au Zaïre 51

1. Nature du processus de démocratisation 51

2. Les acteurs du processus de démocratisation. 52

3. La conférence Nationale Souveraine comme acte fondateur de la démocratie. 53

§3. De l'avènement de l'AFDL aux élections de 2006. 54

1. Les guerres « pour la démocratie » et la rupture du processus démocratique (1996-2002) 54

2. Le dialogue inter-congolais et le nouvel ordre politique. 55

3. Les élections et fin de la transition. 56

SECTION II. SITUATION DES MEDIAS CONGOLAIS SOUS DIFFÉRENTS RÉGIMES POLITIQUES 58

§1. Médias sous la deuxième République. 58

1. Etat de lieu des médias 58

2. Analyse de la situation juridico déontologique des médias pendant la deuxième République 59

3. Problèmes majeurs des médias zaïrois 62

§2.La libération des médias sous la transition. 63

1. La démocratisation de l'espace médiatique 63

2. Les contraintes des médias pendant le début de la transition 64

3. les dures réalités des médias privés pendant la démocratisation. 65

§3. Efflorescence des médias sous la transition Kabiliste 66

1. Evolution actuelle des médias congolais 66

2. Les médias Congolais, quelques constats. 67

3. cadre juridique et réglementaire des médias. 68

SECTION III. LA RÉGULATION DES MEDIAS CONGOLAIS : PROSPECTIF, PISTES ET PERSPECTIVES 70

§1. Diagnostique sur la régulation des médias en RDC 70

1. Les dérives déontologiques des médias et les défis de la bonne gouvernance. 70

2. Les régulateurs et l'environnement juridique des médias en RDC 71

3. L'efficacité de la HAM dans la régulation des médias. 73

§2. Politiques et régulation des médias en Afrique 74

1. Les modèles de régulation des médias en Afrique 74

2. La régulation des médias cybernétiques en Afrique 75

3. Régulation du contenu local des médias audiovisuels 77

§3. Les perspectives sur la régulation des médias en RDC 78

1. Le pluralisme et la diversité médiatique en RDC 78

2. Viabilité et durabilité du service public de l'audiovisuel en RDC. 80

3. L'avenir de la Régulation des médias en RDC. 81

CONCLUSION. 82

CHAPITRE III. : LES POLITIQUES MEDIATIQUES EN RDC DE LA DEUXIEME REPUBLIQUE A LA TRANSITION 84

SECTION I. LES MEDIAS DANS LEURS RAPPORTS AVEC LE POUVOIR POLITIQUE EN RDC 84

§1. Les rapports de subordination des médias par le pouvoir politique pendant la deuxième République. 84

1. Relatif respect de la presse par les acteurs politiques (1965-1970) 84

2. La cage d'or de la presse (1971-1980). 85

3. Refus de libération de la cage d'or (1981-1988). 86

§2. Rapports d'émancipation et de contre pouvoir des médias vis-à-vis du pouvoir politique (1988-1997). 88

1. Ouverture démocratique de l'espace politique et émancipation des médias. 88

2. La presse rouge dans la lutte pour la démocratisation du pouvoir politique 89

3. les médias bravent le pouvoir politique malgré la terreur. 90

§3. Rapports d'accompagnement du pouvoir politique par les médias et inversement (1997-2006) 92

1. Les médias et les conflits en RDC. 92

2. les tortures sans trace des journalistes par les politiques. 93

3. Les guerres des médias pendant les élections de 2006. 94

SECTION II. ANALYSE CRITIQUE DE LA QUALITÉ DES MEDIAS FACE AUX DIFFÉRENTS RAPPORTS. 96

§1. Etude évaluative sur la professionnalité et le contenu des médias. 96

1. De la professionnalité et du contenu des médias sous la deuxième République. 96

2. l'analyse du journalisme sous la transition mobutienne 97

3. critique du contenu médiatique depuis 1997. 99

§2. Bilan de la liberté des médias de la deuxième République à la transition. 100

1. Situation de la liberté de la presse sur la politique médiatique au Zaïre. 100

2. Atteintes à la liberté de la presse (1988-2004). 102

3. Situation de la liberté de la presse et les violations déontologiques (2004-2006) 103

§3. La manipulation des médias par le politique congolais 104

1. Les tactiques d'informations et les réseaux de manipulation de la presse en période électorale 104

2. Affaire Kata-kata (égorgeur), une manipulation médiatique par excellence. 106

3. La manipulation des médias par la pratique du coupage en RDC 107

SECTION III. QUELLE POLITIQUE DE COMMUNICATION POUR UN JOURNALISME RESPONSABLE EN RDC. 109

§1. Pour un journalisme de développement pour la RDC. 109

1. Ce que doit être un journalisme civique et de développement 109

2. Le journalisme politique et la reconstruction de la RDC 110

3. L'investigation journalistique en RDC. 111

§2. Les médias et le développement de la RDC. 113

1. Renforcement des capacités et de la culture médiatique en RDC 113

2. La contribution des médias au développement de la RDC 114

3. Type d'émissions audiovisuelle contribuant au développement. 116

§3. Vers un espace médiatique responsable pour la RDC. 117

1. Eradication de la pauvreté dans l'espace médiatique congolais. 117

2. Pour une presse de qualité en RDC. 119

3. L'avenir du journalisme en RDC : le plus beau métier du monde. 121

CONCLUSION 122

CONCLUSION GENERALE 124

BIBLIOGRAPHIE 127

TABLES DE MATIERES 132

* 1 Winkin Yves, La nouvelle communication, Paris, Seuil, p. 13.

* 2 Miège Bernard, Information - communication, objet de connaissance, Paris, De Boeck, 2004, p. 11.

* 3 Gerstlé Jacques, La communication politique, Paris, Armand Colin, 2004, P. 46 et 47.

* 4 Bougnoux Daniel, Introduction aux sciences de la communication, Paris, La Découverte, 2001, p. 88.

* 5 Charaudeau, Patrick, Le discours d'information médiatique. La construction du miroir social, Nathan/INA, coll. « Médias-Recherche », 1997, p. 253.

* 6 Charbon, Jean, « les médias font-ils l'opinion ? » tiré de La communication. Etat des savoirs, Paris, troisièmes éditions sciences humaines, 2003, p. 323.

* 7 Wolton Dominique, « La victoire des médias » in Ibidem, p. 323.

* 8 Edmond, Marc« Palo Alto : L'Ecole de la communication », in La communication. Etat des savoirs, op. cit., p. 132.

* 9 Cabin, Philippe, « Communication et organisation », in Ibidem, p. 244.

* 10 Mucchelli, A., Théorie systémique de la communication, Paris, Armand Colin, 2004, p. 19.

* 11 Kayembe A., cours de méthodologie de l'information I, G1 com. Université de Kinshasa, inédit, 2004 - 2005, p. 5.

* 12 Kayembe A. op. cit., 2004 - 2005, p. 10.

* 13 Cité par Civard-Racinais, A., in La communication. Etat des savoirs, op. cit, p. 244.

* 14 Balle, Francis, Médias et société, Paris, Montchrestien, 1994.

* 15Cité par Jean Lohisse, La communication. De la transmission à la relation, Bruxelles, de Boeck, 2ème édition, 2006, p. 61 - 62.

* 16 Guillien R. et Vincent J., Lexique des termes juridiques, Paris, 14ème éd. Dalloz, 2003, p. 442.

* 17 Max Weber, «  Economie et société : collective », T.I, Plon 1971 ; in Encyclopedia Universalis, Paris 1990, p. 852

* 18 La Pierre J.W., « Le pouvoir politique » ; in Encyclopedia Universalis, op. cit., p. 561.

* 19 Dictionnaire Larousse.

* 20 Dictionnaire, Le petit Larousse illustré 2009, P. 797.

* 21 Gourévitch Jean - Paul, L'image en politique, Paris, Hachette, 1998, p. 13.

* 22 Guillien R. et Vincent J., op. cit., p

* 23 J. W. Lapierre, «  Le pouvoir politique », in  Encyclopedia Universalis, paris, 1990, p. 851.

* 24 Ibidem, p. 563.

* 25 Ntumba-Luaba, Droit constitutionnel général, Kinshasa, éditions Universitaires d'Afrique, 2005, p. 289.

* 26 Duverger M. cité par Ntumba-Luaba, op. cit., p. 307.

* 27Ntumba-Luaba, op. cit.,, p. 319.

* 28 Jolivet R., Cours de philosophie, Paris, éd. Emmanuel Vitte, 1955 p. 422.

* 29 Burdeau G. et Alli cité par Ntumba-Luaba, op. cit., p. 330.

* 30 Ntumba-Luaba, op. cit., p. 343.

* 31 J. W. Lapierre, « Le pouvoir politique », in Encyclopedia Universalis, op. cit., p. 563.

* 32 P. Ngoma-Binda, La participation politique, éd. Ifep, Kinshasa, p. 143.

* 33 P. Ngoma-Binda, op. cit., p. 157.

* 34 Ibidem, p. 143.

* 35P. Ngoma-Binda, op. cit., p. 157.

* 36 Giovanni Sartori, Théorie de la démocratie, Paris, Armand Colin, 1965, p. 5.

* 37 P. Ngoma-Binda, op. cit., p. 164.

* 38 Quatrième pouvoir, In Microsoft ® Encarta ® 2008. (c) 1993-2007 Microsoft Corporation.

* 39 Dictionnaire Larousse encyclopédique illustré, Paris, Larousse Bordas, 1997.

* 40 Bertrand J.C., les médias aux Etats-Unis, Paris, éd. PUF « que sais-je ? », 1997, p. 6.

* 41 McLuhan M. cité par Willet G., la communication modélisée, une introduction aux concepts, aux modèles et théories, Ottawa, éd. Renouveau pédagogique, 1992, p. 504-510.

* 42 JP Meunier et D. Peraya, introduction aux théories de la communication, Bruxelles, 2ème éd. De Boeck, 2004 p. 381.

* 43 P. A. Martel, « presse », in Encyclopedia Universalis, Op. Cit. p. 934.

* 44 Idem.

* 45 Jacquinot G. « présentation » communications (Apprendre les médias, Numéro spécial), 33,1-4(1981) cité par Meunier, Op. Cit., p. 365.

* 46 Riutort, Ph., Sociologie de la communication politique, Paris, éd. La Découverte, 2007, p.24.

* 47 Bertrand JC, La déontologie des médias, Paris, éd. PUF « «Que sais-je ? » 1997 p.15-20.

* 48 Stiglitz Joseph, « gouvernement et transparence », inThoveron (Dir.), Droit d'informer, Paris, de Boeck, 2005, p. 41.

* 49 Ibidem. p. 42.

* 50 Besley T et Autres, « Les médias et la responsabilité politique » ; in Thoveron, op. cit., p. 64.

* 51 Schiller R., « L'exubérance irrationnelle des médias », in Thoveron (Dir.), op. cit., p. 113.

* 52 Strömberg D., « Information et influence politique », in Ibidem, p. 137.

* 53 Ducky A. et Zingales L., « Le rôle des médias dans le gouvernement d'entreprise », in Thoveron, op. cit., p. 143.

* 54 Ibidem, p. 144.

* 55 Ducky A. et Zingales L., « Le rôle des médias dans le gouvernement d'entreprise », in Thoveron, op. cit., p 184.

* 56. Idem, p. 184.

* 57. Djankow, S., op. cit., p. 208.

* 58 Krug P. et Price M., « L'environnement juridique des médias », in Thoveron, op. cit., p. 243.

* 59Krug P. et Price M., op. cit.

* 60 Carrington T. et Nelson M., « Les médias en transition : l'hégémonie de l'économie », in Thoveron (Dir.), op. cit., p. 292.

* 61 Idem

* 62 Trouvez l'histoire complète sur www. Oodoc com. /21297-démocratie-médias-garanties-limites-php-45k.

* 63 Mercier, A.,  « Télévision et politique », in Problème économique et sociaux, n°900, 2004. Les idées tirées sur www. Points data. Org/ article. Php3 ?id ; télévision et politique : une cohabitation sous influence.

* 64 Vassalo, A., La télévision sous de Gaulle : le contrôle gouvernemental de l'information, Paris, de Boeck,

* 65 Cotteret, J-M., la démocratie téléguidée, éd. Michalon. A consulter sur www. Acrimed. Org / article 2244. html.44k

* 66 Stiegler, B. la télécratie contre la démocratie, Paris, éd. Flammarion. Voir sur www. Acrimed. Org.

* 67 Rieffel R., « Presse Journalisme et journalistes » ; in Encyclopedia Universalis, Op. Cit. p.948.

* 68 Cités par G. Willet, op. cit., p. 515.

* 69G. Kikaya, B., Notes de cours de théories de la communication, G3 communication, Université de Kinshasa, Inédite 2006 - 2007, p. 13.

* 70 Kikaya, B., op. cit., P. 14.

* 71 Bala- Bala, M., Cours d'étude comparée de politique de communication, L1 journalisme. Université de Kinshasa, inédite, 2007-2008, p. 11.

* 72 Bala- Bala, M., op. cit., p. 11.

* 73 Bertrand, J.C., La déontologie des médias, Paris, éd. PUF, « Que sais-je ? », 1997, p. 12

* 74 Ibidem, p. 13.

* 75 Bertrand J-C., op. cit., p. 12.

* 76 Idem.

* 77. Bertrand, JC., Les médias aux Etats-Unis, Paris, éd. PUF « Que sais-je ? », 1997, p. 6.

* 78. Ibidem, p. 13 - 14.

* 79 Bala-Bala, M., op. cit., p. 18.

* 80 Bala- Bala, M., op. cit., p. 15.

* 81 Ibidem, p. 11.

* 82 Kavi Chongkittavorn, « Les médias et l'accès à l'information en Thaïlande » ; in Thoveron, op. cit., p. 340.

* 83 Mahfuz Anam, « Les médias et le développement au Bangladesh » ; in Thoveron, op. cit., p. 345.

* 84 Mark Chavunduka, « Le rôle des médias au Zimbabwe » ; in op. cit., p. 963.

* 85 Balima, S.T. et Frère, M.-S., Médias et communications sociales au Burkina-Faso, Paris, éd. L'Harmattan 2003, p. 13, 324-327.

* 86 Mutamba, M. J.M.K., L'histoire du Congo par les textes tome III : 1956 - 2003, Kinshasa, Editions Universitaires Africaines, 2008, P.205.

* 87 Ndaywel, Isidore, Nouvelle histoire du Congo. Des origine à la République Démocratique, Bruxelles, le Cri édition 2008, P. 503

* 88 Ndaywel, Isidore, Nouvelle histoire du Congo. Des origine à la République Démocratique, Bruxelles, le Cri édition 2008, P. 504.

* 89 Broeck Man, K., Le Zaïre de Mobutu, Paris, éd. Fayard, 1991

* 90 Ndaywel Is., Histoire générale du Congo, Bruxelles, éd. Lacier S.A., 1998, p. 676.

* 91 Mutamba M., op. cit., p. 216.

* 92Mutamba M., op. cit., p. 679.

* 93 Albouy serge, Marketing et communication politique, Paris, L'Harmattan, 1994, p.

* 94 Kayembe Sébastien, Le défit de l'ethno démocratie, Paris, éd. de L'observatoire, 2001, p. 70.

* 95 Rapport annuel de la Banque Centrale du Congo, Kinshasa, 2003-2004.

* 96 P. Mabiala M. N., « La longue transition politique en RDC (1990-2006) : Aspect positif et vicissitudes » in La RDC : une démocratie au bout du fusil. Kinshasa, FKA, 2006, p. 31.

* 97 Mabi Mulumba, Les dérives d'une gestion prédatrice. Le cas du Zaïre devenu République Démocratique du Congo. Kinshasa ; CEDI, 2001.

* 98 P. Mabiala M. N., op. cit., p. 35

* 99 P. Mabiala M. N., op. cit., p. 39, 40, 42.

* 100 N'gbanda Nzambo-ko-Akumba, La transition au Zaïre. Le long tunnel. Kinshasa, NORAF, 1995, p. 340.

* 101 P. Mabiala M. N., op. cit., p. 44.

* 102 Mabiala M. N., « La guerre d'agression du Congo-Kinshasa (1996-2001) : évolution, perceptions et perspectives », les conséquences de la guerre de la R.D.C. en Afrique Centrale, sous la direction de Sabakinu Kivilu, Kinshasa, PUK, 2002, pp. 9-27.

* 103 Mabiala M. N., op. cit., 2006, pp. 46-47.

* 104 Mabiala, M., op. cit., p. 47.

* 105 Mabiala, op. cit., p. 49.

* 106 Kabeya M.M. P.E., Regard sur la presse congolaise du Congo belge à celui de Kabila sans oublier le Zaïre de Mobutu, paris, éd. L'Harmattan, 2003, p. 14.

* 107 Tshionza Mata, T.G., Les médias au Zaïre, s'aligner ou se libérer, Paris, éd. L'Harmattan, 1996, p. 22.

* 108 De Saint Moulin, L., Panorama de l'histoire contemporaine, Kinshasa, éd. CECC, 1983, p. 173.

* 109 Banga, F., Politique et église face aux médias, Kinshasa, éd. Baobab 2004, p. 14.

* 110 Kabeya, op. cit., p. 14.

* 111 Tshionza, M. G., op. cit., p. 23.

* 112 Bertrand C.J., La déontologie des médias, Paris, éd. PUF « Que sais-je ? », 1997, p. 5.

* 113 Mulopo-Kisweko, V., « Le traitement de l'information en période électorale », tiré de  Etatde droit et élection : rôle des médias, Kinshasa, IFASIC 1999, p. 26-27.

* 114 Civard-Racinais A., Ladéontologie des journalistes, principes et pratiques, Paris, éd. Ellipse, 2003, p. 7.

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* 116 OMEC, Code de déontologie des journalistes en RDC, Kinshasa, éd. Médias Paul, 2004, p. 10.

* 117 Naji J. E., Médias et journalistes : précis de déontologie, Rabat, éd. Souissi, 2002, p. 13.

* 118 Kayembe, A. et autres, Situation des médias en République démocratique du Congo, Paris, Institut Panos, 2004, p. 45.

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* 122 Wolton D., Penser la communication, Paris, éd. Flammarion, 2002, p. 221.

* 123 Faye M., Les médias en RDC, rapport de la mission effectuée du 03 au 17 novembre 2002, Kinshasa, p. 28.

* 124 Kayembe A. et Autres, Situation des médias en RDC, Paris, éd. Institut Panos Paris, 2004, p. 8 - 10.

* 125 Frère M. S., Diagnostic sur Régulation des médias en RDC, Paris, Institut Panos, 2007, p. 5.

* 126 Kizito M. N., « Maendeleo, une radio dans la guerre », in Paroles d'Afrique centrale, op. cit., p. 107.

* 127 Kayembe, A., op. cit., p. 40.

* 128 Ibidem, p. 41-42.

* 129 Kayembe, A., op. cit., p. 45.

* 130 Ibidem., p. 46.

* 131 Mweze, D., « Dérives déontologiques, selon l'Observatoire des médias congolais (OMEC), In Médias et bonne gouvernance, enjeux et défis en RDC, Kinshasa, UNESCO, 2005, p. 63-64.

* 132 Khnel Jörg, « enjeux de la bonne gouvernance et rôle des médias en RDC », in médias et bonne gouvernance, op. cit., p .69.

* 133 Pungi Lino,  « Ethique journalistique et responsabilité morale », in  médias et bonne gouvernance  op. cit., p.93.

* 134Ibidem, p. 105 - 106.

* 135 Kibiswa N. K., « lendemain difficile pour une liberté d'expression fraîchement reconquise », in Paroles d'Afrique centrale, op. cit., p.119.

* 136 Mulopo Kisweko, « Cadres juridiques et institutionnels d'appui des médias à la bonne gouvernance, dans Médias et bonne gouvernance », in Médias et bonne gouvernance, op. cit., p. 86 - 88.

* 137 Mulopo Kisweko, op. cit., p. 91.

* 138 Frère M. S., op. cit., 2008, p. 32.

* 139 Président de la Ham 2003 - 2006.

* 140 Guillou - P., cité dans  « Libertés et régulation » ; tiré du Dictionnaire critique de la communication, op. cit., p. 991.

* 141 Jill Hills, « modes de régulation de l'audiovisuel en Afrique », in Politique et régulation de l'audiovisuel, Londres, éd. Art.19 2003, p. 39.

* 142 Ibidem, p. 62.

* 143 Bougnoux D., op. cit., p. 97.

* 144 Ibidem, p. 83.

* 145 Russel Honeyman ; « La réglementation de la radiodiffusion par satellite en Afrique à l'heure de la convergence des tics », in Politique et régulation de l'audiovisuel, op. cit., p. 81.

* 146 Agnola, M. et Le Champion, R., La télévision sur Internet, Paris, PUF, « Que sais-je ? », 2003, p. 118.

* 147 Russell Honeyman, op. cit., p. 81.

* 148 Ibidem, p. 194.

* 149 Karithi, op. cit., p. 189.

* 150 Kayembe A. et Autres, op. cit., p. 8, 9 et 10.

* 151 Nyamnjoh F., « Pluralisme et diversité médiatique : Examen critique des modèles concurrents, » in Tawana, op. cit., p. 129.

* 152 Dikanga Kazadi, « Médias audiovisuels privés et publics : quelle contribution au développement de la nation ? » In Mutamba, op. cit., p. 71.

* 153 Mbaine, E. A., « Viabilité et durabilité du service public de l'audiovisuel, in Tawana, op. cit., p. 156.

* 154 Ibidem, p. 167.

* 155 Mbaine, E. A., op. cit., p.170.

* 156 Hills Jill, op. cit., p. 57.

* 157 Frere M. S., op. cit., 2007 p. 47.

* 158 Entretien tenu avec Kayombo Maurice, journaliste de la presse écrite et actuel secrétaire exécutif de l'UNPC, en avril 2009.

* 159 Banga F., politique et église face aux médias, Kinshasa, éd. Baobab, 2004, p. 14.

* 160 Banga, F., op. cit., p. 17-18.

* 161 Ngoma-Binda, « Les médias et la lutte pour le changement politique au Congo » ; tiré de Mutamba M. (Dir.),  Plaidoyer pour un journalisme civique et de développement, Kinshasa, Ifep, 1998, p. 80.

* 162 Ngoma-Binda, « Les médias et la lutte pour le changement politique au Congo » ; tiré de Mutamba M. (Dir.),  Plaidoyer pour un journalisme civique et de développement, Kinshasa, Ifep, 1998, p. 80 - 81.

* 163 Marie Soleil Frère (Dir.), Afrique centrale, médias et conflits, vecteur de guerre ou acteur de paix, Paris, éd. GRIP, Institut Panos Paris 2005, p. 99.

* 164 Ngoma-Binda, op. cit., p. 82 - 83.

* 165 P. Ngoma - Binda, op. cit., p. 90.

* 166 Ibidem, p. 98.

* 167 Banga F. politique et église face aux médias, op. cit., p. 22 - 23.

* 168 Kayembe A., op. cit. 2004, p. 82.

* 169 Mputu B. J. R., « Dures réalités pour une chaîne privée dans le paysage audiovisuel congolais » in Regard sur la presse congolaise du Congo belge à celui de Kabila sans oublier le Zaïre de Mobutu, Kabeya (Dir.), Paris, L'Harmattan, 2003, p. 74-84.

* 170 Idem.

* 171 Frère M. S., Diagnostic sur la régulation des médias en RDC, Paris, Institut Panos 2007, p. 5, 7, 8 et 9.

* 172 Kabeya P., op. cit., p. 19.

* 173 Entretien ténu avec Maurice Kayombo, un doyen du journalisme et l'actuel secrétaire exécutif de l'UNPC, en Avril 2009.

* 174 M. S. Frère, Afrique centrale, médias et conflits : vecteurs de guerre ou acteurs de paix, Paris, Grip, 2002, p. 103.

* 175 Banga F. politique et église face aux médias, op. cit., p. 22 - 23.

* 176 M.S. Frère, op. cit. p.104.

* 177 Kayembe, A., op. cit., p. 81.

* 178 Kayembe, A., Op. Cit., p. 84.

* 179 L'hibernation est le fait que pendant l'hiver certains animaux s'endorment et attendent que le soleil vienne les réveiller. Ainsi ces journaux ont arrêté d'éditer afin d'attendre que le gouvernement vienne les réveiller en les finançant.

* 180 Frère M.S., op. cit., 2002, p. 111.

* 181 Banga F. ; op. cit., p. 22-23.

* 182 T. Tshivuadi, attentes à la liberté des journalistes selon JED, in médias et bonne gouvernance, enjeux et défis, Kinshasa 2005, p. 55 - 56.

* 183 Rapport de l'observatoire des médias congolais, mois de juin 2005, RDC Kinshasa.

* 184 Pierre Frasnault - Deruelle, L'image manipulée, Paris, éd. Médiathèque, 1993, p. 19.

* 185 Nzinga Makitu Germain, La manipulation des médias en période électorale, Kinshasa, Médias Paul, 2006, p. 100 - 120.

* 186 D. M'bayo et Ch. Mugagga, Pour comprendre les textes juridiques et déontologiques régissant la presse en RDC, Paris, éd. Institut Panos, 2006, p. 62.

* 187 Maja-Pearce A. (éd.), Annuaire de la presse africaine, Bruxelles FIJ, 1996, p.321, cité par Frère M. S. médias et conflits en Afrique centrale, op. cit., p.124.

* 188 Modeste Mutinga, in  Le coupage dans la presse, Gangrène du journalisme : les pistes pour en sortir, Kinshasa, Médias Paul, 2006, p. 28.

* 189 Bailly Serge, in « Le coupage dans la presse. Ibidem, p. 7.

* 190 Mukeni Lapass R., Pratique du coupage, incidences sur la participation des médias congolais au développement et à l'éradication de la pauvreté, article présenté lors du séminaire atelier organisé par l'OMEC à Kinshasa, mai 2006, p. 15.

* 191 Idem.

* 192 Mulopo - Kisweko, « Ce que doit être un journalisme civique », in Mutamba (Dir.) plaidoyer pour un journalisme civique et de développement, Kinshasa Ifep 1998 p. 29.

* 193 Mwenze C.K ; « ce doit être un journalisme de développement » ; in idem, P. 54.

* 194 Molopo - Kisweko, op. cit., P. 37.

* 195 Mwenze, C. K. ; op. cit., p. 59, 60.

* 196 Hanf Théodore, « Un pays destiné au pillage ? Essai de situer la crise congolaise ». Tiré de Mabiala, la RDC : une démocratie au bout du fusil, Kinshasa, FKA, 2006, p. 15.

* 197 Riutort Ph., op. cit., p. 92.

* 198 Mbelolo M., « Responsabilité de la presse dans le changement des mentalités et la reconstruction nationale ». Tiré de Mutamba (Dir.), op. cit., p. 28.

* 199 Onana Ch., « Le journalisme d'investigation »; tiré de UNESCO, manuel pour les journalistes africains, USA ; éd. WPFC 2000, p. 104.

* 200 Hunter Mark, Le journalisme d'investigation, Paris, éd. PUF, 1997, p. 4.

* 201 Bougnoux D., Introduction aux sciences de la communication, Paris, La Découverte, 2001, p. 86.

* 202 Porte B., Je me suis toujours fait une certaine idée de la presse, Paris, éd. L'Archipel 1994, p. 212.

* 203 Hunter Mark, op. cit., p. 19.

* 204 Modeste Mutinga, « Mission, difficulté et contrainte de la presse llibre », in op. cit., Ifep 1998, p. 26.

* 205 Johanson Lena, In médias, prévention des conflits et reconstruction, Paris, Fontenoy 2004, p. 67.

* 206 White A., « Aider les médias sans oublier les journalistes », in UNESCO, op. cit., p. 49.

* 207 Rohan Jaya Sereka, in UNESCO, Ibidem, p. 49.

* 208 Dikanga K. JM, « Médias audiovisuels privés et public : quelle contribution au développement de la nation ? » In Mutamba (Dir.), op. cit., p. 72.

* 209 To, Cite par Mulopo Kisweko, op. cit., Ifep 1998, p. 34, 35.

* 210 Edmund C., Malcomf et Autres, Manuel pour les journalistes africains, USA, éd. WPFC 2000, p. 25.

* 211 Duteil M., « Les sources d'information », in Edmund et Autres, op. cit., p. 29-33.

* 212 Mulopo - Kisweko, op. cit., Ifep, 1998, p. 38.

* 213 Voix du jour, L'audiovisuel, je veux savoir, Bruxelles, éd. Luc Pire, 2002, p. 268 - 280.

* 214 Voix du jour, op. cit., p. 285 - 310.

* 215 Sfez L., « Pratique des médias : économie et politique » ; in Dictionnaire critique de la communication II, Paris, PUF 1993, p. 941.

* 216 Frère M. S., Médias et conflit, op.cit., p. 124.

* 217 Kombo Ntonga G., Médias, développement et éradication de la pauvreté : cas de la RDC, lors de l'atelier organisé par l'OMEC à Kinshasa, mai 2006, p. 5.

* 218 Pierre Albert, La presse, Paris, éd. PUF « que sais-je », 2002, p. 62 - 74.

* 219 Frère M. S., Médias et conflit, op. cit., p. 126.

* 220 Ibidem, p. 128.

* 221 Marquez Gabriel Gracia, « Le plus beau métier du monde » ; in Droit de l'information ; op. Cit., p. 327.

* 222 Bougnoux D., op. cit., p. 89.

* 223 Ibidem, p. 89.

* 224 Ndele A., « Le sondage en période électorale; entre l'information et le marketing politique », tiré de Presse et sondage en période électorale, Kinshasa, IFASIC 2000, P. 21.

* 225 Mulopo - Kisweko V., « Le traitement de l'information politique en période électorale ». Tiré de Mbelolo (Dir.) Etat de droit et élection : rôle des médias, Kinshasa, IFASIC 1999, p. 31.

* 226 Kanyengele D., « Journalisme d'information et journalisme engagé pendant la période électorale... » Tiré d'Ibidem, p. 36.

* 227 De Maesencer P., « A vous l'antenne ». Précis de journalisme radio ; Paris, éd. Nouveaux Horizons, ARS 1992.

* 228Jolivet R. op. cit., p. 241.

* 229Baden Powell, Route de succès, Paris, éd. Niestle 1955, p. 22.

* 230 De Chérisey L., Recherche volontaire pour changer le monde, Paris, éd. Presse de la renaissance, 2008, p. 381 - 382.

* 231 Fletcher Peacock, Arroser les fleurs. Pas les mauvaises herbes ! Une stratégie qui révolutionne les relations : professionnelles, amoureuses et familles, Québec, éditions de l'Homme, 1999.






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