WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Morale et politique chez Kant: le républicanisme comme fondement de la responsabilité morale en politique

( Télécharger le fichier original )
par Moussa Sahirou Tchida
Université de Ouagadougou - Maà®trise ès lettres et philosophie 1998
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

DEDICACE

Nous dédions ce mémoire a tous ceux qui a travers le monde, luttent inlassablement pour la sauvegarde de la démocratie et pour le respect des droits fondamentaux et inaliénables de la personne humaine.

REMERCIEMENTS

Nous remercions et félicitons notre directeur de mémoire, Monsieur TRAORE Etienne pour sa constante disponibilité, sa clairvoyance et son esprit critique, qui nous ont permis de réaliser ce travail.

Nous remercions aussi notre pere Sahirou Tchida, notre regrettée mere Fatima Ibrahim et notre tante Hadjia Habsatou Ibrahim, qui ont guidé nos premiers pas vers l'école et pour nous avoir apporté le soutien matériel et moral nécessaire pour etre là oil nous sommes actuellement.

Nous ne saurions non plus oublier tous les autres parents, freres et sceurs, amis et connaissances qui, a un moment ou a un autre, nous ont appuyé dans notre parcours scolaire et universitaire.

Enfin, nos remerciements vont a l'endroit de tous les enseignants qui, du primaire a l'université en passant par le secondaire, nous ont transmis les connaissances nécessaires pour notre formation intellectuelle et morale.

INTRODUCTION

Au regard de la vie politique en Afrique, sans que cela ne soit generalise a toutes les nations, nous constatons que la politique est consideree comme un incessant travail de conquête et de gestion de pouvoir politique. Elle est a ce titre, le lieu des luttes sans merci, le lieu ou tous les coups sont permis, elle constitue un moyen d'enrichissement sur le dos des paisibles contribuables. Et dans certaines contrees, la gestion du pouvoir politique engendre la creation des foyers de tension, animes par des conflits fratricides, faisant d'innombrables victimes innocentes, des refugies et exiles ayant tout perdu a cause de la folie et de l'orgueil individuel des politiciens.

Par rapport donc a cette situation, qui est l'expression d'un veritable manquement au devoir, d'une inconsequence et d'une irresponsabilite de ceux qui ont en charge la destinee des peuples, un retour a la raison et aux valeurs morales s'impose. Cela permettra une certaine humanisation de l'exercice du pouvoir politique, un assainissement du clivage politique afin que la politique reste et demeure au service de l'homme pour la realisation de son epanouissement materiel et spirituel.

Telles sont donc les motivations qui nous ont conduit au choix de ce theme pour qu'enfin nous ayons une pratique politique a « visage humain ». Il sera donc question pour nous de jeter le pont entre la morale qui recherche le bien et la politique qui vise l'organisation de la cite en vue de l'epanouissement de tous. A cet effet, l'accent sera mis sur la notion de responsabilite du citoyen au sens large du terme a la lumiere des concepts de liberte et de devoir, chers a l'eminent philosophe de l'Aufklariing, Emmanuel Kant.

En se referant aux objets de la morale et de la politique definis precedemment, nous constatons que, de par leur finalite, elles ne sont pas veritablement antinomiques. Mais, la question de leurs interactions engendre des divergences quant a la nature du systeme politique compatible avec la morale.

Il se trouve aussi que ces divergences resultent de la conception que les uns et les autres ont de la nature humaine : si d'aucuns la considèrent mauvaise, d'autres la jugent bonne. En l'occurrence, nous pouvons nous referer respectivement ici a Hobbes et a Rousseau. Le premier fait de l'homme un être naturellement mechant, soumis a des instincts irresistibles et incompatibles avec l'idee de liberte. Par contre, pour Rousseau, l'homme est ne bon et est capable d'elevation d'esprit et de sagesse et sait concilier ses interêts personnels avec l'interêt general.

De ces positions antagoniques, decoulent le pacte de soumission de Hobbes et celui d'association de Rousseau qui sont respectivement les fondements originels du totalitarisme et de la democratie comme doctrines politiques. Le totalitarisme est la conception politique selon laquelle les hommes sont soumis a toute puissance des instances sociales et politiques qui exercent un controle autoritaire sur les personnes et les activites des individus au mepris de leurs droits individuels. Quant a la democratie, elle est la doctrine politique qui prone l'exercice de la souverainete par le peuple, c'est-A-dire l'ensemble des citoyens, au moyen principalement du suffrage universel. Elle exprime donc la volonte generale des citoyens qui sont a la fois auteurs et sujets des lois.

Mais la difference de fond qui existe entre ces deux doctrines reside dans le respect des libertes individuelles et collectives et des droits essentiels de la personne humaine. C'est a ce niveau que toute la problematique du rapport entre la morale et la politique prend son sens, car c'est en fonction de la nature du statut des individus dans une communaute politique donnee (citoyens ou sujets) et en fonction du mode de leur participation a la gestion de la chose publique que l'on peut voir en quoi un système politique peut faire des hommes des citoyens pleinement responsables.

En effet, le domaine du politique est celui de l'action publique dans le double sens de l'Etat vers les citoyens et des citoyens vers l'Etat ; de l'action publique des citoyens entre eux dans leur gestion de la chose publique. Ainsi pour HANS JONAS, la Respublica est "l'objet de la responsabilite qui, dans une Republique est potentiellement l'affaire de tous, mais qui n'est actuelle qu'à l'interieur des limites qu'impose l'observation des obligations generales du citoyen"1. En d'autres termes, la chose publique etant un bien commun a tous les citoyens, nous sommes tenus a ceuvrer pour sa sauvegarde, sans que cela nous soit impose par une force exterieure etant entendu que nous sommes conscients de notre devoir de l'entourer de toute notre affection.

La chose publique est ainsi le domaine de mediation entre gouvernants et gouvernes, elle est ce par quoi les droits et devoirs de chacun sont determines en vue d'une gestion juste et equitable. Or, une telle gestion ne saurait s'effectuer que dans un climat de paix et de serenite entre citoyens, dans un esprit de concorde et de cohesion sociale et dans un espace de libertes qui donne a chacun l'opportunite de participer pleinement a la bonne marche des affaires publiques.

Il apparait ainsi, au regard de ce qui precède, sans anticiper sur la conclusion generale que le totalitarisme, ne considerant pas l'homme dans la plenitude de son humanite, ne reconnaissant pas a l'homme la possibilite de

1

Hans Jonas. Le principe de Responsabilite. Ed CERF 1991, p.19

jouir consequemment de sa liberte et concevant la politique comme simple rapport de commandement a obeissance, ne saurait realiser la relation entre morale et politique. Autrement dit, il ne peut favoriser l'accord entre les principes pratiques d'une action bonne avec la gestion des affaires publiques.

Il decoule pour Hobbes et Machiavel, les principaux theoriciens du totalitarisme en general et de l'absolutisme en particulier, que les fins justifient les moyens en tant que ces fins ne sont rien d'autres que les interets particuliers du souverain en ce qui concerne la sauvegarde et la conservation de son pouvoir. Par contre la democratie, en reconnaissant l'individu comme capable d'elevation d'esprit et de sagesse, par la liberte qu'elle promeut, retablit celui-ci dans la plenitude de sa personne et lui donne l'opportunite de faire preuve d'objectivite et de responsabilite dans les actes qu'il pose.

La democratie, reposant sur cette approche republicaine de l'Etat, est avant tout "un consensus moral, voire un acte de foi"2 auquel on souscrit parce qu'on croit aux valeurs universelles de liberte, d'egalite et de justice qu'elle proclame. Il resulte de ce fait que la democratie, en reconnaissant au citoyen la pleine jouissance de ses droits et de sa liberte, realise toute proportion gardee, l'accord entre morale et politique.

Dans le cadre d'un Etat de droit, administre et gere par des citoyens responsables, conscients de leurs devoirs civiques, le pouvoir politique ne saurait s'affirmer comme oppresseur en ce sens que "le citoyen n'a d'abord de rapports qu'avec sa conscience et la morale, s'il oublie, il a ce rapport avec la loi ; s'il meprise la loi, il n'est plus citoyen : la commence son rapport avec le pouvoir"3.

Par consequent, le citoyen en tant qu'etre raisonnable ne peut s'epanouir que dans un regime democratique qui lui offre les possibilites de son affirmation, en tant qu'etre moral, agissant independamment de toute contrainte exterieure, agissant sous l'autorite de sa volonte autonome.

La liberte n'est pas la faculte de faire n'importe quoi, mais le pouvoir d'ordonner ses penchants en s'arrachant a la causalite mecanique des choses pour devenir des centres d'initiatives. Cela semble delicat quand on se situe dans le contexte d'un gouvernement totalitaire oil comme le souligne Hobbes "la puissance souveraine a raison même de sa generation, est puissance de centralisation et d'unification, si bien que dans l'espace et le temps, rien n'est laisse aux initiatives privees"4. Or, si chacun dans la sphere de ses competences

2 Hans Jonas, op. Cit. p.19

3 Saint Just, L'esprit de la revolution, ed 101 8, 1963, p 146.

4 Hobbes, Le citoyen, Flammarion 1963, p 42.

ne jouit d'une certaine liberte d'action, gage d'engagement responsable du citoyen vis-à-vis de ses obligations envers l'Etat, il ne peut y avoir eclosion d'initiatives.

Face a l'Etat, nul n'est plus que l'autre et chaque citoyen doit mettre tout son pouvoir en vue du bien general et du salut de la chose publique. Par un retour a Kant donc, nous estimons que l'imperatif categorique peut constituer de nos jours le fondement ethique ou moral du politique. Nous sommes en effet, tous tenus d'agir en tant que citoyens, en nous eloignant autant que faire se peut de toute idee d'interet egoiste pour ne considerer que l'interet general.

A cet egard, seul le respect strict de nos devoirs vis-à-vis de l'Etat et de nos concitoyens, determine veritablement le sens de responsabilite. Nous devons nous convaincre avec Hallowell que : "le citoyen est celui qui place ses actes sous l'autorite de sa conscience et n'obeit qu'a la loi non comme un ordre venant de l'exterieur, mais comme l'expression du meilleur de lui-meme, qui le pousse a agir en accord avec la loi dont sa raison a reconnu la necessite."5

Pour y parvenir, l'agir humain, dans le contexte politique devrait etre subsume a des maximes, comme celle que propose Hans Jonas en s'inspirant de Kant et qui s'enonce en ces termes : "agis de facon que les effets de tes actes soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur terre"6.

Ce travail que nous nous proposons de realiser s'articulera autour de trois axes essentiels : le premier traite d'un rappel des debats philosophiques sur le rapport entre politique et moral a la lumière du totalitarisme et de la democratie ; le second traitera de la pensee morale et politique de Kant, pour en degager son rapport specifique dans le debat ; enfin,, le troisième axe cernera l'actualite possible des idees kantiennes en faisant ressortir dans la pratique politique, la notion de responsabilite, comme expression du libre engagement de chacun a respecter ses devoirs et a ceuvrer en vue du salut de la chose publique dans une atmosphère de paix, de quietude social et de respect mutuel.

5 John Hallowell, Fondements de la democratie, ed Nouveaux Horizons 1970, p 105.

6 Hans Jonas, op cit, p.30

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein