INTRODUCTION GENERALE
1. Problématique
Le célibat prolongé peut être une
conséquence des conditions difficiles que pose l'homme à la femme
prétendant au mariage. Une telle attitude de l'homme peut être
issue de certaines situations qui le pousse à des pareilles conditions
en se disant par exemple: « Cette fille est moins cultivée que
moi; elle ne représente pas la femme qui me convient des points de vue
de sa taille, de sa personnalité ou de sa beauté; cette fille est
issue d'une famille inférieure à la nôtre... » Et
ainsi de suite. Le célibat prolongé peut aussi être la
conséquence d'une situation où l'homme vit des complications qui
l'incitent à refuser tous ceux qui se présentent pour lui dire
des histoires relatives au mariage. Les choses peuvent donc commencer de la
sorte et continuer par la suite de la méme manière... Mais nous
savons que lorsque l'homme atteint un certain age, les coutumes sociales font
de son âge une barrière qui peuvent lui être l'obstacle de
trouver une femme (MELGOSA, J.2001.p.15)1.
La difficulté peut aussi provenir des coutumes des
parents qui demandent une énorme dot que le garçon ne peut pas
payer ou qui posent des conditions exorbitantes comme lorsqu'ils exigent qu'il
leur plaise plus qu'il ne plaise à leur fille, ou qu'il ait une
situation sociale équivalente à la leur. Et il existe d'autres
considérations où le tempérament des parents ou les
coutumes sociales interviennent pour marquer la conscience des parents, ce qui
peut compliquer l'affaire en les poussant à refuser la première,
la deuxième et la troisième prétendante jusqu'à
finir par précipiter leur garçon dans la gouffre du
célibat prolongé.
Le phénomène peut être aussi en rapport
avec des conditions sociales particulières, comme lorsque le
garçon vit dans une ambiance où personne, de celles qui
pourraient se marier avec lui, ne peut faire sa connaissance... ou lorsque
d'autres conditions externes ou internes interviennent pour aboutir au
même résultat.
1 MELGOSA, J.2001.p.15 : Vivez sans stress. Madrid : Edition
Safeliz
Il est maintenant devenu nécessaire de changer
d'attitude vis-à-vis de cette question. Il faut apaiser les conditions
et les entraves du mariage et essayer de donner au jeune homme la
liberté de se marier.
Ils pourraient, par exemple, vivre chez leurs parents dans le
cas où ces derniers l'acceptent. Ils pourraient se contenter de tout
endroit qui correspondrait à leurs possibilités. De la sorte, et
en allégeant les conditions de la vie conjugale, en améliorant
les traditions liées au mariage, en apaisant les exigences peu
réalistes et peu humaines qu'on impose à la candidate choisie par
le jeune homme, le mariage pourrait devenir beaucoup plus facile et beaucoup
plus aisé (GASHARANKWANZI, W.1989.p.33)2.
1.1. Exploration de la problématique
Généralement, le mariage est un besoin pour
l'homme comme il l'est pour la femme. Il peut même être,
étant donné certaines conditions que le jeune homme peut
confronter dans sa vie, un besoin pour la femme plus qu'il ne l'est pour
l'homme. Beaucoup d'hommes ont sombré dans le célibat à
cause d'un complexe en relation avec le profil imaginaire, à cause
d'idées peu réalistes sur ce qu'il pourrait faire et
réaliser, ou à cause de concepts inhumains parmi ceux qui font le
contenu de la mentalité sociale. Il est donc nécessaire de se
révolter contre tous ces complexes, contre tous ces concepts, et ce pour
pouvoir en finir avec le célibat prolongé en tant que
phénomène social. Mais on sait bien que la solution d'un tel
problème ne peut pas réussir à cent pour cent. C'est dans
ce genre de situations, d'où le jeune homme doit comprendre que le
mariage n'est pas tout dans sa vie. Le mariage est un besoin naturel avec
lequel l'homme sent qu'il est entre dans une relation de
complémentarité avec la femme.
De même qu'on se sent nu, lorsqu'on ne met pas un
vêtement, la femme et l'homme se sentent nus et vivent
l'expérience de manque lorsqu'ils ne se rejoignent pas pour vivre
ensemble.
Mais l'homme doit considérer qu'il ne lui est pas
nécessaire de penser que, dans la vie, le bonheur consiste à
obtenir tout ce que nous aimons. Car, il y a des choses que nous aimons et que
nous n'arrivons pas à réaliser. L'homme non encore marié
doit considérer les autres hommes mariés qui, peut-être,
connaissent des problèmes plus graves que ceux de ceux qui souffrent du
célibat prolongé.
Cet homme ne doit pas considérer son célibat
comme un châtiment divin et éternel. Il doit, tout en continuant
à chercher les moyens de dépasser sa situation, se consacrer au
développement de sa personnalité par les activités
culturelles et sociales. Il doit déployer ses efforts pour mettre en
valeur les éléments fondamentaux de sa personnalité, ce
qui peut faire de lui un être humain dont la société
reconnaît l'importance et la nécessité.
Au Rwanda, le mariage est considéré comme un
aspect de grande importance. Le célibat volontaire, à l'exception
du célibat religieux, étant inconnu ; chaque garçon
souhaite un jour devenir le père des enfants. Le proverbe suivant
confirme cette position : « ugumiwe n'ishaka ishavu arigira
impamba : pour dire qui n'a trouvé à se marier fait du chagrin sa
provision de route. On ne se console jamais de ne pouvoir se marier.
»3 Faire des rapports sexuels sans être
marié normalement c'est un péché. Dans ce cadre, la
chasteté du garçon est une chose sacrée dans la famille
traditionnelle rwandaise. Il semble que son exigence était plus
inspirée par la crainte d'être chef et responsable de famille qui
est généralement une tâche très fatigante. Par
ailleurs, certains jeunes garçons n'attachent que peu d'importance
à la chasteté et préfèrent de faire des rapports
sexuels protégés en vue de satisfaire leur besoin sexuel
seulement. Ce qui veut dire que pour eux, l'idée de se marier est
très loin (CREPEAU, P. Et BIZIMANA, S.1979 :32).
D'autres restent sombrés dans la réalisation des
activités préparant leurs foyers comme par exemple la
construction de belles maisons, la préparation des noces très
couteux, et ne trouvent pas l'occasion de s'orienter dans leur mariage. C'est
ainsi qu'ils deviennent des célibataires endurcis. A ce propos, il reste
à voir les différents problèmes que ceux-ci
éprouvent au sein de la société face à cette
situation qui leur est arrivée.
3 CREPEAU, P. Et BIZIMANA, S., (1979) ; Proverbes du
Rwanda, M.R.A.C.-Tervuren, Belgique
La société rwandaise ne cesse de connaître
le phénomène des hommes célibataires endurcis. La
discrimination contre ceux-ci est une source de graves préoccupations
pour les hommes du monde entier, plus particulièrement pour ceux de
notre pays. A ce propos, il y a certaines responsabilités qu'on refuse
de donner à ces hommes suite à leur état civil
prolongé. Ce qui fait que la confiance qu'on leur confie soit
limitée considérablement. C'est dans ce cadre que partant de
toutes ces constatations, en tant que psychologue clinicien de formation, nous
avons été poussé de mener une étude y relative
intitulée « Analyse des facteurs et des
conséquences psychologique et psycho-socioculturels du célibat
prolongé », en nous référant sur les
cas du Secteur administratif de Kirehe, District de Kirehe dans la province de
l'EST.
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