Internet et démocratie( Télécharger le fichier original )par Lionel VEH Université catholique de l'Afrique de l'ouest - Maà®trise 2011 |
CHAPITRE II : INTERNET, UN OUTIL POUR LES DEMOCRATIES OCCIDENTALESLa démocratie occidentale par rapport aux autres démocraties est certainement la plus avancée, et ceci grâce à la volonté politique des dirigeants qui ont compris que ce système politique était l'un des plus propices à la stabilité et au développement. L'on pourrait dire aussi que de nombreux facteurs ont contribué à faire avancer la démocratie occidentale, notamment les médias qui ont contribué depuis leur apparition au développement et au rayonnement de ce système politique. Les médias traditionnels tels que la télévision, la radio et la presse écrite ont véritablement constitué des moyens puissants pour la démocratie en occident. Mais c'est tout récemment, (XXème siècle) qu'un autre média ou encore « médium » est venu donner une autre dimension à la démocratie en occident : internet. Il serait donc intéressant de voir de quelle manière ce nouvel outil de communication se présente comme un avantage pour les démocraties occidentales et surtout comment il se différencie des autres médias dans sa contribution à l'évolution démocratique en occident. Dans un premier temps, il faut dire que internet sert, et ceci de façon très visible à la pratique politique et démocratique en occident (SECTION I), qu'il devient un outil de plus en plus important, voir même indispensable dans le dispositif des politiques (SECTION II). SECTION I : UN OUTIL POUR LA PRATIQUE POLITIQUE ET DEMOCRATIQUELe jeu politique en occident est très fortement axé sur les moyens de communication, en l'occurrence les medias traditionnels appelés encore medias de masse. Ce sont notamment la télévision, la radio et le les journaux. Ces medias constituent les véritables vecteurs de la pensée politique et idéologique des différents partis politiques, mais aussi d'autres organisations à caractère politique. Devenu véritablement utilisable comme arme de communication autour des années 90, internet s'est progressivement fait une place dans cet univers complexe qu'est la démocratie. Mais Au fond, les premiers qui ont vraiment compris tout le sens que pouvait revêtir internet pour leur donner du pouvoir afin de renouveler la manière qu'il pouvait avoir de s'organiser, de militer, ce n'est pas les partis politique mais plutôt la société civile51(*) .Ce n'est vraiment que plus tard que les partis politiques ont véritablement compris l'enjeu que pouvait constituer ce médium pour la démocratie. Cet enjeu est devenu tellement important qu'en même temps qu'ils prennent conscience qu'internet peut constituer un véritable avantage, ils en ont peur dans le sens ou internet est un instrument qui leur échappe. Mais peu importe, car comme un effet « boule de neige », internet a fini par devenir pour les organisations apolitiques comme politique, un véritable espace d'interaction politique et démocratique (PARAGRAPHE I). En outre, et il faut le signaler, internet est devenu un media qui va au delà des medias classiques, il les surpasse (PARAGRAPHE II). PARAGRAPHE I : UN ESPACE D'INTERACTION POLITIQUE ET DEMOCRATIQUE.Comme nous l'avons dit plus haut, internet constitue un véritable outil pour la pratique politique et démocratique. En outre son fonctionnement technique fait de lui un véritable espace d'interaction. Cette interaction se traduit notamment par le fait que les débats, et les échanges sur internet, ont donné lieu sous une forme de participation direct auquel les élus ont vite fait de prêter attention à tel point que internet est devenu de plus en plus un espace qui rapproche les politiques du citoyen en d'autres ternes internet est devenu un espace de surveillance et de rapprochement entre l'élu et le citoyen(A) et pour aller encore plus loin, il faut dire que cette interaction laisse entrevoir même la question de la cybermocratie52(*) appelée encore e-démocratie(B). A. UN INSTRUMENT QUI RAPPROCHE L'ELU ET LE CITOYEN. Internet est un outil multidimensionnel. Car au delà de son aspect d'outil communicationnel, internet constitue, un véritable outil de rapprochement entre les élus et leurs citoyens. Longtemps confinés dans le rôle d'observateurs et d'ultime recours, le citoyen avait comme perdu de sa valeur et n'avait pas la possibilité d'intervenir directement dans le débat public ou de demander directement à son élu des comptes sur la gestion des intérêts publics. L'avènement des nouvelles technologies et par la même occasion d'internet vient donner un nouveau sens à l'esprit démocratique. En effet, avec internet, il est désormais possible de rapprocher l'élu et le citoyen. L'exemple des élus français et canadiens en est la preuve. Au canada par exemple une étude a prouvé que tous les députés du Québec disposent d'une connexion Internet à leur bureau du Parlement et dans leur bureau de comté. Ils sont à cet égard mieux pourvus que leurs homologues français qui ont des taux de branchement de 70% au Parlement et de 89% dans leur circonscription. De plus, 79% des députés québécois ont dit avoir accès à Internet à la maison, ce taux de branchement étant nettement supérieur à celui de la moyenne des foyers québécois qui est de 53%. Ils sont à cet égard plus branchés que les députés français qui ne sont que 35% à posséder une connexion privée. Concernant l'utilisation de cette connexion, 96% des répondants disent que le courriel est assez ou très important dans l'exercice de leur fonction. 31% disent recevoir hebdomadairement entre 10 et 50 courriels, 23% en reçoivent entre 50 et 100 et 44% en reçoivent plus de 100. En France, il y avait seulement 13% des répondants qui se classaient dans cette dernière catégorie. Il semble bien que la gestion du courrier électronique ait été intégrée à la gestion des tâches quotidiennes des députés. Ce sont les députés qui reçoivent le courrier le plus abondant puisque 48% d'entre eux franchissent la barre de la centaine comparativement à seulement 22% dans le cas des ministres qui sont moins sollicités par leurs commettants. Autre donnée intéressante, ce sont les députés fédéraux qui reçoivent le plus de courriels hebdomadairement. 93% disent en recevoir plus de 100 contre seulement 10% dans le cas des élus provinciaux. Ce phénomène peut s'expliquer par le fait que les députés fédéraux desservent un électorat plus nombreux que leurs homologues provinciaux. Il semble aussi que ce mode de communication augmente en popularité par rapport au courrier traditionnel, car 82% des répondants disent recevoir autant sinon plus de courriels que de courrier, cette tendance étant plus accentuée chez les députés que chez les ministres. 97% des répondants disent vérifier leur boîte électronique au moins une fois par jour. Mais la grande majorité des députés ne gèrent pas eux-mêmes le flux de courrier électronique, cette tâche étant confiée à leur personnel politique. 87% des répondants affirment répondre aux courriels qu'ils reçoivent de leurs électeurs, mais cette proportion chute à 62% lorsque le courriel provient du dehors de leur circonscription électorale.53(*) Toutes ces données montrent tout d'abord que l'utilisation d'internet est entré dans les habitudes des députés Québécois, mais encore que l'utilisation de l'internet permet déjà d'établir un lien entre l'élu et ses électeurs par l'intermédiaire de questions sous formes de courriels électronique. Les élus québécois sont d'autant plus optimistes sur l'utilisation d'internet, que 87% d'entre eux affirment répondre aux courriels qu'ils reçoivent de leurs électeurs. Ils le sont encore plus lorsqu'il s'agit de la perception qu'ils ont du rôle qu'internet peut jouer dans le processus démocratique. Ci-dessous un tableau descriptif de leur avis. En outre, Internet est susceptible de favoriser une interaction encore plus grande entre gouvernants et gouvernés. Déjà, en France...Des sites Web ont été créés pour collecter les doléances ou les revendications de la population (www.doleances.org) ou instaurer un dialogue avec les élus ( www.agoranet.org). En outre des sites tels que www.nosdeputes.fr informent de l'activité des députés français. Ce site sert surtout d'intermédiaire entre le citoyen et l'élu, dans le cadre de préoccupations d'ordre citoyenne telles que le vote de lois. Il est clair qu'avec de telles initiatives, les citoyens peuvent s'informer régulièrement des activités de leur représentant et suivre de bout en bout l'évolution démocratique. Internet peut également s'envisager comme un outil de participation au processus législatif. A ce titre, Pierre Rosanvallon dans son ouvrage la Contre-démocratie estime que l'internet, est l'incarnation la plus tangible à ce jour de l'opinion publique, éternelle Arlésienne de la sociologie politique. C'est enfin une forme politique dans la mesure où internet est un relais parfait de la « démocratie de surveillance » qu'il analyse dans la première partie de son livre : « un espace généralisé d'éveil et d'évaluation du monde ».54(*) Pour lui avec internet les citoyens deviennent : « le peuple surveillant, peuple juge et le peuple veto, qui viennent se surimposer au peuple électeur du contrat social55(*). Avec internet donc, le citoyen ne reste plus confiné dans son rôle de simple électeur, d'assistant éternel de la vie publique. Mais désormais, il y participe et devient comme le dit Rosanvallon un « surveillant », de tout ce qui concerne l'intérêt public. À plus long terme, il est possible d'imaginer des systèmes de vote électronique, grâce auxquels les citoyens pourraient directement prendre les décisions qui engagent leur avenir, c'est la cyberdémocratie ou l'e-démocratie (B) B.LA QUESTION DE LA CYBERDEMOCRATIE.La cyberdémocratie est un concept basé sur l'utilisation des technologies de l'information et de la communication(TIC), comme l'Internet, afin d'améliorer le processus démocratique au sein même d'un pays démocratique. Son développement est toujours au stade embryonnaire, cependant la cyberdémocratie a déjà créé une forte controverse à travers le monde tant au sein des gouvernements que des groupes politiques. La Cyberdémocratie est une traduction littérale du terme américain Cyberdemocracy. Cependant, en anglais, un autre terme fréquemment utilisé est celui d'E-democracy. Le terme d'E-democracy n'apparaît qu'au milieu des années 1990 dans les milieux civiques actifs de l'internet. C'est En 1981, que Ted Becker, homme politique américain, crée le terme de Teledemocracy pour désigner l'utilisation des moyens modernes de communication dans le processus démocratique. La cyberdémocratie évoque donc l'utilisation directe d'internet ou d'autres TIC56(*) dans le processus démocratique en lui-même. Cette utilisation impliquerait donc que les citoyens d'une cyberdémocratie auraient le droit de vote sur tout projet de loi, pourraient proposer des lois, et demander la démission des représentants du peuple. Aussi beaucoup de militants de cette démocratie électronique pensent qu'elle peut également améliorer le processus de délibération. La démocratie directe permettrait aux citoyens de choisir un mandataire pour voter en leurs noms tout en gardant leur droit de voter s'ils le souhaitent. Le vote et la nomination des mandataires pourraient être faits électroniquement. Les mandataires pourraient former des serveurs mandataires dans lesquels si A nomme B et B nomme C, et que ni A ni B ne vote pour un projet de loi mais que C ait votés, le vote de C soit pris en compte pour les trois d'entre eux. Les citoyens pourraient aussi établir une liste de préférences de leurs mandataires, ainsi si leurs premiers choix de mandataire échouent, leurs votes pourraient être effectués par leurs mandataires de deuxième choix. La topologie de ce système serait à l'image de l'internet, dans lequel les internautes peuvent avoir un serveur alternatif pour la demande d'informations. La cyberdémocratie n'est appliquée nulle part dans le monde en totalité, cependant plusieurs initiatives prennent forme. Ross Perot candidat indépendant à l'Élection présidentielle des États-Unis d'Amérique en 1992 et en 1996, fut, pour un temps, un important défenseur de mairies électroniques. La Suisse qui est déjà une démocratie directe partielle, s'avance vers la cyberdémocratie57(*) . Plusieurs tentatives sont en cours de naissance, notamment en Australie, avec le projet Metagovernment58(*). Senator On-Line (Sénateurs en ligne), est un parti politique australien qui était en liste pour les élections fédérales australiennes de 2007 qui propose un système de cyberdémocratie pour que les australiens décident du choix du vote des sénateurs pour chaque projet de loi. L'internet est considéré comme la plateforme la plus prometteuse pour la cyberdémocratie. Outre la cyberdémocratie internet est véritablement un outil pour la pratique politique et démocratique dans les pays occidentaux. Mais encore, en tant que nouveau média, il va au delà des médias classiques (PARAGRAPHE II) et transcende ceux-ci par des caractères qui lui sont spécifiques. * 51 Atelier des medias, « web et democratie », émission de la radio Rfi (radio France internationale) * 52 La cyberdémocratie est un concept basé sur l'utilisation des technologies de l'information et de la communication (TIC), comme l'Internet, afin d'améliorer le processus démocratique (notamment le vote) au sein d'un pays ayant adopté le système démocratique. * 53 Monière(D), « L'internet et la démocratie », Editions Monière et Wollanks Editeurs, Paris * 54 Rosanvallon (Pierre),»la contre-démocratie, la politique a l'âge de la défiance'', Ed du Seuil, Paris 2006,p 75 * 55 Idem.,p 23 * 56 Technologies de l'information et de la communication * 57 Electronic Voting in Switzerland (http:/ / web. archive. org/ web/ 20070212194901/ http:/ / www. swissworld. org/ dvd_rom/ eng/ * 58 http:/ / www. metagovernment. org |
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