Internet et démocratie( Télécharger le fichier original )par Lionel VEH Université catholique de l'Afrique de l'ouest - Maà®trise 2011 |
PARAGRAPHE II : AU DELA DE LA FRACTURE NUMERIQUE : UNE FRACTURE COGNITIVEEn Afrique au delà de toute considération et de toute argumentation un problème majeur se pose : celui de la fracture cognitive. Cette fracture cognitive se manifeste par un manque cruel d'alphabétisation de la population. Le problème de l'analphabétisme hormis les problèmes d'accès aux TIC est un problème propre et caractéristique des pays sous-développés. En effet en occident, si le problème d'accès aux TIC ne se pose pas tellement c'est d'abord grâce aux importantes infrastructures, mais aussi et surtout grâce à une alphabétisation très élevée des populations. En ce qui concerne l'alphabétisation dans notre cas, le problème se situe à un double niveau. Celui d'une alphabétisation normale(A) et celui d'une alphabétisation numérique(B) A.L'ALPHABETISATION NORMALE : UN PREALABLEDans la plupart des pays sous-développés et surtout en Afrique, l'alphabétisation est un enjeu, sinon un défi à relever. Des études de L'Unesco (Organisation des nations unies pour l'éducation la science et la culture) affirmait que malgré des progrès notables, 14% des enfants en âge d'entrer à l'école primaire ne sont toujours pas scolarisés dans les pays en voie de développement. Dans ces pays, l'analphabétisme touche environ le tiers des adultes ; ils étaient plus de la moitié à ne savoir ni lire ni écrire en 1970. La politique d'alphabétisation est conçue comme partie intégrante des programmes de développement, tant il est évident que la diffusion du savoir est une condition nécessaire du progrès économique, social mais aussi politique. Le taux d'alphabétisation des adultes demeure inférieur à 50 p. 100 dans les pays les moins avancés : la pauvreté fait obstacle à l'éducation, dont l'insuffisance freine le processus de développement.100(*) En outre l'illettrisme des femmes est aussi un vrai problème dans ces pays. Un autre rapport de l'UNESCO montre bien que la femme que ce soit dans les pays sous-développés comme dans les pays développés est la plus touchée par l'illettrisme car, on relègue très souvent la femme à un rôle de ménagère or la femme est un lien très important dans le processus de développement en Afrique. Dans toutes les sociétés et surtout en Afrique la Femme est au centre de la famille. Elle est la principale personne qui éduque les enfants. Sa place est donc primordiale et son alphabétisation est tout aussi importante. Un rapport de l'Unesco sur le taux d'alphabétisation dans les pays en voie de développement révèle bien que l'analphabétisme des femmes est plus accentué que celui des hommes. En Côte-d'Ivoire par exemple le taux d'alphabétisation est de 53%, selon un rapport de l'UNESCO sur l'alphabétisation en 2005. C'est Plus que la moyenne mais loin d'être véritablement suffisant. Ce taux est approximativement le même dans la plupart des pays subsahariens. Tout ceci montre que l'alphabétisation des populations reste encore une vraie préoccupation pour la plupart des pays en Afrique. Car dans ceux-ci, même si les politiques semblent bénéficier souvent de cette situation, (car un peuple illettré est susceptible d'être facilement manipulable), la question de l'alphabétisation reste au coeur des préoccupations de tous les programmes de gouvernements, c'est aussi un vrai préalable pour un accès aux TIC. Car, si on ne sait pas lire on ne peut pas avoir accès aux TIC donc à internet. Mais encore, si l'alphabétisation est un préalable pour avoir accès aux TIC, l'alphabétisation numérique en est un autre prealable non moins important. (B) A. L'ALPHABETISATION NUMERIQUE : UNE PRIORITE La question de la fracture numérique est une question aussi de fracture cognitive. La géographie mondiale des TIC suit en fait les mêmes fractures, les mêmes inégalités de développement entre le Nord et le Sud. Cela est d'autant plus compréhensif que la maîtrise des TIC, la participation à la société de l'information suppose de savoir lire et écrire comme nous l'avons dit plus haut. Mais ce n'est pas tout. En plus de savoir lire et écrire, il faut au minimum avoir une certaine compétence élémentaire de l'outil informatique. Or, l'illettrisme informatique se conjugue avec l'illettrisme général dans la plupart des PED101(*). Ainsi si l'accès à l'internet devient plus abordable techniquement et économiquement, les problèmes d'usage de cette technologie renvoient plus fondamentalement aux questions de la scolarisation et d'éducation d'une part et plus encore de compétence d'autre part. Pour A. David et D.Foray, la notion de fracture numérique qui se distingue entre ceux qui accèdent au réseau et ceux qui n'y accèdent pas est trompeuse. Elle laisse croire qu'un accès libre au réseau et un terminal installé dans chaque foyer résoudraient beaucoup de problèmes liés à l'acquisition des connaissances. Ils insistent sur cette distinction entre information et connaissance et conclut que le véritable problème n'est pas forcement l'information mais bien la connaissance en tant que capacité cognitive si difficile à reproduire. L'activité de connaissance est une activité d'acquisition par apprentissage et les TIC par elles mêmes n'en permettent pas d'en faire l'économie ou d'en raccourcir les délais.102(*) La question donc d'alphabétisation numérique est donc un préalable à la connaissance des TIC. Car comme on le sait aujourd'hui les pays africains manquent d'énormes moyens techniques pour répondre aux besoins d'alphabétisation. Car pour la plupart de ces pays, la priorité n'est pas d'abord les nouvelles technologies mais la résolution des problèmes qu'ils trouvent plus récurrents c'est-à-dire la lutte contre la pauvreté, le chômage la délinquance, etc.... la plupart du temps les personnes qui arrivent à avoir accès à l'informatique sont d'un niveau de vie plus aisé et ont donc les moyens de s'alphabétiser. Mais la plupart de la population étant rurale et n'ayant pas accès non seulement à l'éducation normale, n'a pas aussi les moyens d'avoir accès à l'outil informatique pour s'éduquer. C'est ainsi un vrai problème que de s'éduquer aux nouvelles technologies, ce qui reste un vrai défi pour les Etats Africains qui n'ont généralement pas de volonté politique véritable dans ce domaine. Cependant, les problèmes de la fracture numérique ne sont pas forcement le fait de l'accès ou du manque d'équipements. La plupart des régimes Africains désireux de conserver le pouvoir en abuse, exercent des contrôles excessifs et assujettissent illégalement les populations. Cela pose donc le problème de la liberté d'internet et plus largement des médias en Afrique (SECTION II). * 100Microsoft ® Encarta ® 2009. (c) 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés * 101 GABAS(j)(j), société numérique et développement en Afrique, Ed Karthala, Paris 2004,page30 * 102 Idem, page30-31. |
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