I.1.3 Sur la relation développement financier et
croissance économique
La relation entre le développement financier et la
croissance économique est au coeur du débat de l?histoire
économique moderne (Trabelsi, 2002). La question du sens de
causalité entre la sphère financière et la sphère
réelle
reste théoriquement et empiriquement
controversée. Fournir une évidence sur cette influence causale
est cruciale pour les économistes mais aussi aux responsables de
politique économique qui cherchent en permanence une décision
l?intermédiation financière.
Cependant, cette problématique a été
identifiée, initialement par Patrick (1966) puis Goldsmith (1969) et
plus récemment par Mc Kinnon (1988). Ce dernier reconnaît que bien
qu?un plus haut taux d?augmentation financière influe positivement sur
la prospérité des activités de la sphère
réelle, le problème soulevé par Patrick (1966) reste non
résolu : quelle est la cause et quel est l?effet? Est- ce que la finance
est le secteur principal dans le développement économique ou elle
fait tout simplement suivre la production?
Schumpeter (1912) avait mis l?accent sur le rôle
primordial des banquiers, qui par leur ciblage et le financement des
entrepreneurs, encouragent l?innovation technologique, l?accumulation du
capital et stimulent ainsi la croissance économique. Ainsi donc, les
fonds financiers exigés par un entrepreneur constituent des
ingrédients nécessaires du processus de production. L?idée
est que l?on ne peut devenir entrepreneur qu?en devenant d?abord
débiteur.
En revanche, d?autres auteurs postulent que le
développement financier est la résultante des performances
économiques : « là où l?entreprise conduit, la
finance le suit (Robinson, 1952). Pour eux, la finance et la banque
apparaissent alors comme étant des réponses endogènes
à la demande exprimée par les agents (Diamond et Dybving,
1983)
Dès lors Patrick (1966) et Robinson (1979)
reconnaissent partiellement la contribution de Schumpeter ; ils
considèrent qu?un manque du crédit est une entrave à la
croissance. Khalfaoui (2002) soutient cependant qu?u une économie qui
atteint un certain degré de complexité a besoin de monnaie
qui est la représentation abstraite du pouvoir d?achat
à partir duquel les transactions peuvent se réaliser.
La vision de ces auteurs aboutit à une direction de
causalité bidirectionnelle. D?une part, le secteur financier
constitue le seul agent par excellence facilitant le
transfert des ressources d?un secteur traditionnel peu
productif vers un secteur moderne plus efficace. Ainsi, l?absence de
performance financière serait donc un obstacle au processus de
croissance. D?autre part, l?intermédiation financière est prise
comme étant la dérivée de la croissance lorsqu?une
proportion plus ou moins constante de l?investissement est financée,
l?accroissement du taux d?investissement conduit à une augmentation des
prêts bancaires. Ces derniers influent positivement sur l?investissement
lequel étant, à son tour, à la base de l?accroissement des
dépôts bancaires.
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