FEMMES ET FONCTION PUBLIQUE AU CAMEROUN
Présenté par :
Hans De Marie HEUNGOUP NGANGTCHO,
Titulaire d'un Master1 en Sciences sociales, mention
Gouvernance et Action Publique, à l'Université Catholique
d'Afrique Centrale
Coordonnateur Général du Cercle de
Réflexion sur le Développement de L'Afrique (CERDA)
Actuellement En échange à l'école
doctorale de Sciences Po Paris
RESUME
Le présent travail est le fruit d'une
enquête effectuée auprès d'une population de 25 personnes
pour tenter de comprendre quels sont les facteurs qui expliquent la faible
représentation de la femme dans la fonction publique en
général et dans les hautes sphères de cette fonction
publique en particulier. Ce qui soulève de manière
générale la problématique de la compatibilité de la
femme à la fonction publique en général, et camerounaise
en particulier. En effet, s'il est vrai que la législation camerounaise,
d'inspiration internationale favorise l'accès des femmes à la
fonction publique, il n'en demeure pas moins vrai que celle-ci exclut les
femmes de certains métiers. Mais, les obstacles à l'insertion des
femmes ou les facteurs expliquant la sous représentation des femmes aux
postes de décision de la fonction publique ne se limitent pas à
l'aspect juridique. Il faut nécessairement tenir compte des pesanteurs
socioculturelles, notamment les réticences des hommes à voir les
femmes occuper des postes de responsabilité, et l'incapacité
psychophysiologique de la femme. Tout ceci contribue, au sein de la fonction
publique, à une promotion à géométrie variable.
Mots clés
Femmes, fonction publique, compatibilité,
incompatibilité, Cameroun, insertion, représentation,
législations, réalités socioculturelles
INTRODUCTION
A l'occasion de sa communication en 1972 au colloque d'Abidjan
sur « La civilisation de la femme dans la tradition
africaine », Henri NGOA commençait son propos par ces
mots :
« ... je dirai simplement comment j'ai
été amené aux choses des femmes. Un jour j'interrogeais un
vénérable, sur les rites initiateurs chez les Beti, une femme
d'environ quatre-vingts ans vint s'asseoir à côté de moi et
me dit `mon fils, pourquoi oublies-tu la femme ? Foetus, je te porte
dans mon ventre ; bébé, je te porte sur ma poitrine ;
enfant, je te porte sur mon dos ; adulte, je te porte sur mes genoux
(allusion à l'acte sexuel) ; et quand je cesse de te porter, c'est
que tu es mort ! Pourquoi oublies-tu la femmes ?' (...) ».
Il ajoutait ensuite « (...) probablement
pourrait-on améliorer la condition humaine si la femme occupait des
postes de responsabilité (...)»1(*).
Par ces mots, NGOA faisait le constat de la
représentativité marginale des femmes dans les hautes
sphères de décision. Constat que nous faisons nôtre, au
regard de la sous représentation des femmes dans la fonction publique
camerounaise en général et dans les postes de décision en
particulier, d'où l'intérêt de la thématique qui
nous ait proposée : femmes et fonction publique. Elle nous
amène à interroger la problématique de la
compatibilité de la femme à la fonction publique, au regard de
ses occupations. En partant du terrain d'étude camerounais, nous
tenterons de comprendre les rapports de compatibilité de la femme
à la fonction publique. Dit autrement, la fonction publique
camerounaise est-elle compatible aux femmes? Un questionnement qui ouvre
deux hypothèses :
- D'une part, les législations internationale et
camerounaise posent le principe de la compatibilité de la
femme à la fonction publique;
- D'autre part, cette compatibilité sur le plan
pratique connaît des limites, du fait des pesanteurs socioculturelles,
qui conduisent à des promotions dans la fonction publique à
géométrie variable.
Dès lors, l'analyse de notre sujet, qui se situe au
carrefour du structuralisme constructiviste2(*) et du structuro-fonctionnalisme3(*), consistera à
présenter dans un premier point la compatibilité
avérée de la femme sur le plan légal (I), et dans un point
second l'incompatibilité de la femme sur un plan pratique(II).
I- La compatibilité avérée entre la
femme et la fonction publique
L'accès de la femme à la fonction publique a
longtemps été retardé tant au Cameroun que dans les
démocraties occidentales. Il faut attendre le 20e
siècle pour qu'apparaissent les prémices d'une
consécration juridique de cet accès qui s'inscrit en
parallèle avec l'instauration des droits civiques (constitution du 27
octobre 1946 en France, les lois anti-discriminations dès 1919 dans les
pays Anglo-saxons). Cette compatibilité découle des textes
juridiques précis relevant aussi bien du droit international que du
droit interne (A), tous deux porteurs d'impacts qui se confirmeront par la
présence effective des femmes dans la fonction publique camerounaise
(B).
A- les textes juridiques consécrateurs du principe
d'égalité de sexes dans la fonction publique
L'on doit à ces textes de pouvoir parler d'une
égalité humaine généralement et plus
particulièrement d'égalité d'accès aux emplois
publics. Nous distinguerons les textes internationaux (1) des textes
camerounais (2).
1- Les textes internationaux
Les textes internationaux ont apporté une contribution
substantielle dans l'égalisation des conditions d'accès des
femmes aux fonctions publiques, d'ailleurs plusieurs textes nationaux comme
ceux du Cameroun s'en inspireront.
D'abord la déclaration des droits de l'homme et du
citoyen du 26 Août 1789 à la suite de la révolution
française. Elle dispose en son article 6 que : « tous les
citoyens sont égaux aux yeux de la loi, ils sont admissibles
à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur
capacité et sans aucune autre distinction que celle de leurs vertus et
de leurs talents ». Il en ressort un clairement
l'égalité d'accès à la fonction publique. Dans le
même sens, la déclaration universelle des droits de l'homme des
Nations Unies, le 10 Décembre 1948 qui, après avoir
énoncé l'égalité humaine dans son article 1er,
précise aux termes de son article 21 que : « toute
personne a droit à accès, dans des conditions
d'égalité, aux fonctions publiques de son pays ». La
ratification de ce traité par le Cameroun, lui confère une force
opposable en droit interne. De même, du fait de la tutelle du Cameroun
par l'Etat français, la constitution du 27 octobre 1946 a
été une source d'inspiration des textes camerounais. Elle
reconnaît en son préambule, l'égalité de droits
entre la femme et l'homme dans tous les domaines. Ce n'est que tout logiquement
que les statuts de la fonction publique française de 1946, 1959, 1984 et
1986 vont réaffirmer cette position, reconnaissant cette
égalité d'accéder, mais surtout le droit à une
carrière exempte de toutes discriminations. Egalement, la convention sur
l'élimination de toutes les formes de discrimination à
l'égard des femmes, ratifiée par le Cameroun le 13 Août
1994, représente une contribution importante dans l'évolution des
textes anti-discriminatoires dans notre pays. De façon
générale, cette convention promeut l'égalité hommes
et femmes dans les emplois publics et privés. Quant au protocole relatif
aux droits des femmes en Afrique, dénommé protocole de Maputo,
signé le 11 juillet 2003 au Mozambique par les Etats membres de l'Union
Africaine, il entre en vigueur en 2005, avec pour but de promouvoir et
d'assurer le respect des droits féminins. Éliminer toute
discrimination à leur égard, régir l'égalité
entre les deux sexes, assurer la participation de la femme à la vie
politique, à la prise de décision et au gouvernement. Aux termes
de l'article 13 du protocole, « les Etats adoptent des mesures
légales et autres visant à garantir aux femmes
l'égalité de chances en matière d'emplois et d'avancement
dans la carrière ». Les alinéas 1, 2, 3 font
état d'une égalité dans la rémunération,
dans les avantages et les indemnités des hommes et des femmes, d'une
transparence dans le recrutement. L'article 19 quant à lui, après
avoir reconnu le droit à un développement durable, pose le
principe de la participation des femmes dans la conception, la mise en oeuvre
et l'évaluation des politiques et programmes de développement.
Qu'en est-il du droit interne camerounais?
2- Les dispositions du droit positif camerounais
Il s'agit des divers textes qui sous-tendent l'ordonnancement
juridique camerounais.
Le plus récent est la constitution n°96/06 du 18
janvier 1996 révisant celle du 12 juin 1992. Elle affirme en son
préambule le principe d'égalité d'accès aux emplois
publics. Elle précise aussi que les textes conventionnels internationaux
précités, ratifiés par le Cameroun, sont appliqués
dans l'ordre interne et opposables erga omnes.
Ensuite, le décret portant statut général
de la fonction publique N°94|199, du 7 octobre 1994 dont l'article 12
dispose : « l'accès à la fonction publique est
ouvert, sans discrimination aucune, a toute personne de nationalité
Camerounaise (...) ». L'idée matrice ici est
l'égalité d'accès à la fonction publique de toutes
les couches sociales. Ce décret est modifié par le décret
N°2000|287 du 12 octobre 2000. Cependant, la source la plus ancienne est
celle du 19 Mars 1947, fondée sur la loi Française de 1946. Elle
a été pendant 12 ans, le statut des fonctionnaires et agents des
cadres communs du territoire du Cameroun.
De ces textes nous pouvons tirer une conclusion :
l'égalité d'accès aux services publics vaut pour les
hommes comme pour les femmes. C'est partant de là que des reformes ont
pu être faites dans le gouvernement camerounais tant au niveau central
qu'au niveau local.
B- Confirmation du principe dans la fonction publique
camerounaise
Selon l'institut Supérieur de Management public dans
son rapport annuel sur l'administration publique camerounaise en 2008, la
législation en vigueur a eu un impact sur la situation féminine
qui évolue de 13%, entre 2000 et 2008 dans la fonction publique. Les
femmes se voient confier des postes de responsabilité
déterminants dans le gouvernement camerounais. Celui de 2004 compte cinq
femmes chefs de départements ministériels, et au 30 juin 2009,
sept ministres sont de la gent féminine. Il en ressort une
volonté politique de garantir la participation de la femme au processus
décisionnel et au développement.
En effet, la revue du cinquantenaire de l'Ecole Nationale
d'Administration et de Magistrature (ENAM), a relevé la présence
des femmes dans l'administration depuis 1966. Au fil des années de
formation, l'on notera désormais la présence de la femme dans les
fonctions d'administrateurs civils, publics (3 adjointes au préfet), ou
des douanes, des fonctions judiciaires comme la magistrature. Le traitement
perçu à la fin de la formation est similaire à celui des
hommes de la même promotion4(*).
Pour ce qui est des forces coercitives, il est à noter
que dans notre pays, les femmes sont colonels d'armée, capitaines,
commissaires divisionnaires, gendarmes.
Le pourcentage actuel des femmes dans la fonction publique
s'élève à environ 35%. Que l'on se situe dans le secteur
de l'enseignement supérieur (une rectrice à Yaoundé I en
2006 et plusieurs professeurs d'université et des grandes
écoles) ou dans l'enseignement secondaire, le constat demeure qu'il
y a de nombreuses avancées opérées en la matière.
La présence féminine trouve alors son éclosion
pléthorique dans les domaines tels la santé, les affaires
sociales, l'agriculture, la promotion de la femme et de la famille.
Au vu de ce qui précède, il apparaît que
la question de la compatibilité de la femme avec la fonction publique
semble avoir été résolue par le droit au sens large, car
ce dernier a consacré cette compatibilité en tant que principe
général de droit régissant l'accès de celles-ci aux
fonctions publiques ainsi que le déroulement de leurs carrières.
C'est la raison de leur présence dans divers secteurs de la fonction
publique camerounaise. A cet égard, comment expliquer la
réticence qu'ont les dirigeants à confier à la femme des
fonctions de haute responsabilité ? Quelle peut être
l'explication du malaise masculin qui persiste dans l'accomplissement quotidien
des fonctions par la femme au sein de la fonction publique ? Quels en sont
les facteurs et les répercussions sur la carrière de la
femme ?
II -
L'Incompatibilité de fait de la femme à la fonction publique
S'il est vrai que les textes internationaux et nationaux
consacrent le principe d'égal accès des hommes et des femmes et
des femmes aux fonctions publiques, il est autant vrai que ces dernières
années, au sein de la fonction publique camerounaise, la situation de la
femme a connu une nette amélioration. Toutefois, il sied de s'interroger
sur la très faible représentativité des femmes aux hauts
postes de la fonction publique, de même que dans certains secteurs de
cette même fonction publique camerounaise. Une enquête de terrain
et une analyse sérieuse nous ont conduit à considérer que
ces promotions à géométrie variable étaient dues
aux freins socioculturels à l'insertion des femmes dans la fonction
publique.
A- Une promotion et une
représentativité à géométrie variable
L'étude de la représentativité de la
femme dans la fonction publique permet de faire le constat qu'elles sont assez
présentes dans les secteurs sociaux que ce soit en France ou en Afrique
(1) et pour ce qui est de la promotion, elles demeurent très peu
représentées dans le processus décisionnel (2).
1- la féminisation de secteurs
sociaux
Que l'on soit en France ou Cameroun, la situation semble
méliorative. En France, les femmes représentent 50% des fonctions
de l'Etat, ce qui signifie que la fonction publique est largement
féminisée. Dans l'éducation nationale elles
représentent 50% des emplois, il en est de même dans la
santé et les affaires sociales. La situation est d'avantage meilleure au
sein de la fonction publique hospitalière où les femmes sont
représentées à hauteur de 61% et 77%.5(*) En Afrique, d'après
« l'annuaire statistique des fonctions publiques
africaines » consacré en 1996 (qui restitue les données
de 18 pays africains dont le Cameroun), dans les secteurs de la santé et
de l'éducation, les effectifs sont également en moyenne assez
représentatifs. En effet, dans la plupart des Etats
étudiés, plus de 40% de femmes sont représentées
dans l'éducation nationale et plus de 50% dans la santé et les
affaires sociales. C'est le cas du Bénin qui compte 50% de femmes dans
le secteur de l'éducation et 65% dans celui de la santé.6(*)
L'effectif concentré dans les filières
éducatives et médico-sociales laisse voir que les femmes sont
d'avantage représentées dans les métiers qui leurs sont
traditionnellement réservés, d'où leur poids important
dans la fonction publique. Le secteur de l'éducation à lui seul
absorbe près de 50% de la masse salariale, et celui de la santé
près de 60%. Ceci est dû au fait que les corps de la santé
et de l'éducation ont des avantages acquis quelques fois par la pression
de leurs organisations. Cependant, malgré la surreprésentation
quantitative des femmes dans les secteurs sociaux, la féminisation des
postes de direction reste très faibles d'où la promotion
à géométrie variable.
2- la sous représentativité
féminine dans la haute sphère décisionnelle de la
fonction publique
Au Cameroun, l'accès dans les hautes fonctions reste
très faible pour les femmes. Un abrégé synoptique s'impose
à ce stade avec le cas particulier l'Ecole Camerounaise d'Administration
devenue Ecole Nationale de d'Administration et de Magistrature. Crée en
1959, ses six premières promotions ont la particularité
d'être exclusivement masculine. La première femme administrateur
civil (Major d'une promotion de 21 personnes) n'intervient qu'en 1966, ainsi
que le premier magistrat femme.7(*)
Il est opportun de noter que la situation de la femme dans la
prise de décision est un problème révélateur. En
effet, malgré l'égalité en droit du travail et de
l'accès à la fonction publique Camerounaise, les femmes ne
représentent qu'un taux de 28,7% en 1997 avec, comme nous l'avons
souligné plus haut, une prédominance dans les secteurs sociaux.
Elles constituent 16,7% de magistrats en 1998, 7 femmes (sur 65) sont membres
du gouvernement du 30 Juin 2009, soit 9,23%. Jusqu'en 2008, une seule femme
occupait le poste de rectrice d'université, ce qui n'est plus le cas
aujourd'hui. Dans l'administration territoriale, aucune femme n'est
gouverneur. Le Cameroun compte trois adjoints femmes au préfet, et Trois
femmes directeur général des sociétés d'Etat sur
une vingtaine de directions générales, soit 15%. Tout ceci montre
clairement que les femmes sont sous représentées dans les hautes
sphères des la fonction publique Camerounaise.8(*) Il reste à voir quels
sont les facteurs expliquant cette représentativité marginale.
B- Les freins socioculturels à l'insertion des
femmes dans la fonction publique
La faible représentativité des femmes
à la fonction publique camerounaise se constate surtout dans les
fonctions de la sphère décisionnelle. Après une
étude de terrain, nous avons pu recenser des obstacles que nous avons
regroupés en deux catégories. D'une part les hommes
éprouvent un complexe de supériorité, qui constitue une
barrière ; d'autre part, les femmes ne se valorisent pas
suffisamment elles mêmes.
1- La
réticence de la gent masculine
La croyance aux mythologies, qu'on peut qualifier de
misogynes, n'a fait qu'accroître ce complexe de supériorité
longtemps observé chez les hommes. Dans la tradition judéo
chrétienne, le mythe cosmogonique en rapport avec les débuts des
temps montre que la femme dérive d'une côte masculine. D'où
son infériorité à l'homme à qui elle doit
soumission totale, obéissance et respect. Cette conception de la femme
est identique aux visions du monde des aires culturelles des ethnies
rencontrées au Cameroun.
Chez les Beti par exemple, il existe un mythe rend la
femme responsable de la pratique de la sorcellerie, la passant au crible d'un
jugement axiologique qui fait d'elle un danger pour l'humanité. Mais ce
danger s'avère nécessaire de par la place qu'elle occupe dans le
ménage9(*). Etant
donné que nous sommes à l'aire de la promotion de la famille, les
enquêtes de terrain ont opté pour l'exercice des fonctions
sociales lui laissant le temps de pouvoir éduquer sa progéniture
et de s'assurer du bon fonctionnement de son ménage. C'est pourquoi le
Ministre de la fonction publique encourage les regroupements familiaux en
dépit du texte qui stipule que tout fonctionnaire doit servir l'Etat
partout où le besoin se fait sentir.
Certaines régions du Cameroun enracinées
dans la tradition, n'admettraient pas des femmes dans les instances de prise de
décision. Au cours de nos enquêtes, il a été
révélé qu'au Nord, aucune autorité traditionnelle
n'admettrait pour collaborateur une autorité administrative
féminine. Pour les nordistes, aucune femme ne saurait égaler
l'homme encore plus le Lamido. Ce serait une disposition qui ne cadre pas avec
la loi coranique qui relaye la femme en seconde position par rapport à
l'homme. De telles considérations ont freiné la scolarisation de
la jeune fille qui ne devait surtout se former qu'en travaux ménagers.
C'est ce qui justifie le manque de ressources humaines féminines dans
cette région où la femme même semble se plaire dans ce
rôle second, limitant ainsi ses chances d'accéder à
certains postes de la fonction publique.
Attribuer la responsabilité de cette faible
représentativité aux seuls hommes ne serait pas
exagérée, si seulement la femme disposait des compétences
requises pour favoriser cet accès.
2-
L'incapacité psychophysiologique de la femme
La femme, de par sa physiologie, porte
déjà en elle les limites de sa compétence. Les nombreuses
maternités la prédisposant à des congés de
maternité, entraînent des vacances de poste pendant une
durée minimale de trois mois. Par la suite elle a droit aux heures de
tété qui la rendent absentéiste. De telles circonstances
concourent à un rendement insuffisant.
Les femmes sont déjà
défavorisées depuis la tendre enfance. Quoique majoritaires au
Cameroun, elles sont moins instruites que les hommes du fait qu'elles
rencontrent beaucoup d'obstacles pendant leur parcours scolaire. D'aucunes ont
même souvent abandonné les études à cause des
mariages et grossesses précoces. Il faut aussi noter que la situation
s'étend jusqu'aux problèmes de formation. On ne saurait embaucher
des personnes n'ayant pas de qualification pour prétendre
résoudre les problèmes de genre.
Pendant les enquêtes de terrain, les hommes et les
femmes de commun accord, étaient contre l'occupation des postes de
responsabilité par les femmes pour plusieurs raisons. D'aucuns ont
noté l'indisponibilité et le manque de compétences,
remettant ainsi en cause la qualité de la formation. Dans les services,
le travail serait effectué par les agents masculins, tandis que le chef
serait quasi absent. Beaucoup d'entre elles n'arrivent pas à concilier
le ménage et le boulot, et la conséquence c'est un rendement nul.
D'autres ont plutôt relevé des clichés sociaux qui font de
la femme un être irrationnel, facilement manipulable par son entourage,
faible de caractère, malgré l'autorité apparente et
dénudée de tout esprit de discernement. D'où la
délicatesse dans l'attribution de certaines fonctions de grande
importance.10(*) Un
entretien avec le professeur Marie-thérèse Mengue
révèle que le problème provient de l'habitus
d'autodépréciation que les femmes ont intériorisé.
A cela s'ajoute le manque de confiance en elles-mêmes, l'absence de
conscience professionnelle due à la pluralité de son rôle
dans la société.11(*)
CONCLUSION
Au début de notre étude sur le thème
femmes et fonction publique, nous nous sommes demandés s'il pouvait
avoir compatibilité entre la femme (ses exigences et occupations) et la
fonction publique. Il en est ressorti essentiellement que : d'une part la
législation, à certains points garantit cette
compatibilité de la femme à la fonction publique ; d'autre
part, les pesanteurs socioculturelles, et notamment les réticences des
hommes et l'incapacité psychophysiologique des femmes, constituent des
incompatibilités de fait. Nos hypothèses sont donc
confirmées totalement pour le second, et partiellement pour le premier.
Face aux discriminations faites à l'égard des femmes dans la
fonction publique du Cameroun, la question du genre se présente comme le
palliatif par excellence. Il n'est plus question tout simplement d'insister sur
l'égalité hommes et femmes, mais sur la prise en compte des
hommes et des femmes dans le développement. D'autres solutions ont
été également esquissées : c'est le cas de
l'affirmative action en Afrique du sud, qui introduit une discrimination
positive pour favoriser les femmes. En sera-t-il de même au
Cameroun ?
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES
OUVRAGES GENERAUX
· DEBBASCH Charles, science administrative,
3e ed., Paris, Dalloz, 1976
OUVRAGES SPECIALISES
· ONDOUA (V.), « In femmes et- prise de
décision qu'est ce qui fait problème : la condition
féminine ou les % des hommes et femmes ? »
ARTICLES
Articles de revue
· Biwolé Ondoua Viviane, femmes et prises
de décisions : qu'est-ce qui fait problème, in
« J. I. F. », 8 mars 2006
· Revue cinquantenaire de l'ENAM, décembre 2009
TEXTES JURIDIQUES
TEXTES INTERNATIONAUX
Conventions
· Convention sur l'élimination de toutes les
formes de discrimination à l'égard des femmes, New York, 1994
Déclarations
· Déclaration des droits de l'homme et du citoyen,
Paris, 26 Août 1789
· Déclaration universelle des droits de l'homme,
Paris, 10 décembre 1948
Protocoles
· Protocole de Maputo relatif au droit des femmes,
Maputo, 11 juillet 2003
TEXTES NATIONAUX
Lois
· Loi constitutionnelle camerounaise N0 96/06 du 18
janvier 1996
Décrets
· Décret du 19 mars 1947 portant statut des
fonctionnaires et agents des cadres communs du territoire du Cameroun.
· Décret N0 94 :199 du 07 octobre 1994
portant statut général de la fonction publique
· Décret N° 2000 :287 modifiant et
compétant le Décret N° 94 :199 du 07 octobre 1994
portant statut général de la fonction publique
AUTRES DOCUMENTS
RAPPORTS
· Institut supérieur de management public,
rapport annuel sur l'administration publique camerounaise 2008-2009,
Yaoundé, 2009
COMMUNICATION
· NGOA Henri, communication au colloque d'Abidjan,
« La civilisation de la femme dans la tradition
africaine », 3-8 juillet 1972
SOURCES ELECTRONIQUES
· www.survie.org
· www.ofpa.net.stat.tendance.htm
· www.media community.org
ENQUETES
· Entretiens en décembre 2009 auprès ses
fonctionnaires de diverses administrations et de sexes différents.
· Entretien avec le professeur Mengue Marie
Thérèse, 14 décembre 2009 à 13h30, Yaoundé,
UCAC.
TABLE DES MATIERES
RESUME
2
INTRODUCTION
3
I- Compatibilité avérée de la
femme à la fonction publique
4
A- Les textes juridiques consécrateurs du
principe d'égalité des sexes dans la fonction publique
4
B- Confirmation du principe dans la fonction
publique camerounaise
5
II- L'incompatibilité de fait de la femme
à la fonction publique
6
A- Une promotion à géométrie
variable
6
B-Les freins socioculturels à l'insertion
des femmes dans la fonction publique camerounaise
8
BIBLIOGRAPHIE
12
TABLE DES MATIERES
13
* 1NGOA Henri, communication
au colloque d'Abidjan, « La civilisation de la femme dans la
tradition africaine », 3-8 juillet 1972
* 2 Le structuralisme
constructiviste, développé par Pierre BOURDIEU tente une
intellection de la réalité sociale et notamment des modes de
domination à partir des constructions à notre insu que l'on se
fait d'une réalité et qu'au fil du temps on implante dans des
structures.
* 3 S'inspirant du
fonctionnalisme de Malinowski, Talcott Parsons tente de saisir le fait social
sous le prisme de sa fonction sociale et du poids des structures sur le
comportement des acteurs.
* 4 Institut supérieur de
management public, rapport annuel sur l'administration publique camerounaise
2008-2009, Yaoundé.
* 5
www.ensemble.fonctionpublique.org,
consulté le 13/12/2009 à 17h30mn
* 6
www.ofpa.net. Les principales
tendances de la fonction publique africaine. Consulté le 12/12/2009
à 18h25mn
* 7 Revue du cinquantenaire
de l'ENAM, décembre 2009
* 8 Media
community.org/.../download.php ?, .femmes et prise de
décision. Consulté le 12/12/2009 à 17h23
* 9 Lire LABURTHE TOLRA
Philippe sur l'Evu chez les Beti.
* 10 Enquête de
terrain réalisée du 11 au 14 décembre 2009, auprès
des fonctionnaires de diverses administrations et de sexes différents,
compris entre 30 et 50 ans.
* 11 Entretien avec le
professeur Mengue Marie-thérèse, le 14-12-2009 à
13h30.
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