CONCLUSION
En vérité, il est plus que jamais
nécessaire de mener des initiatives stratégiques, contre cette
violation flagrante de droits, parce que les jeunes filles mariées sont
de plus en plus vulnérables à l'infection du VIH. Dans les
milieux où il est pratiqué, le mariage précoce est
présenté comme une action positive, mais dans bien des cas, ce
type de mariage se résume à des abus sexuels et l'exploitation
des enfants officiellement autorisés par la société, non
seulement selon la perception des droits humains mais également selon
celle de la loi nationale, de la jurisprudence et de la doctrine. De plus il
est très important à notre avis de dire l'importance du
rôle que joue la société civile nationale, les ONG et les
Organismes internationaux. Le fait que cet arrangement soit socialement
accepté n'atténue pas la réalité selon laquelle une
mineure est délibérément exposée aux abus et
à l'exploitation sexuelle, le plus souvent, par ses parents et sa
famille.
Un silence entoure le calvaire de ces mineures mariées,
notamment en raison des preuves de plus en plus tangibles que le mariage
d'enfant est un facteur de risque d'infection du VIH. Le jeune age de ces
enfants, leur pouvoir de décision limité en matière de
sexualité et le peu d'opportunités économiques qui
s'offrent à eux aggravent leur vulnérabilité.
De nombreuses raisons sont données par les parents et
les tuteurs pour justifier le mariage d'enfant. La décision de marier
un(e) enfant est souvent sous-tendue par des raisons économiques
directement liées à la pauvreté de ces jeunes filles.
Celles-ci sont soit considérées comme un fardeau
économique, soit valorisées comme capital en raison de la
possibilité de les échanger contre des biens, de l'argent ou du
bétail. La peur et la stigmatisation liées à la
sexualité avant le mariage et à la procréation hors des
liens du mariage, et l'honneur familial qui s'y rapporte sont souvent
considérées comme raisons pour justifier les actes posés
par les familles. Enfin, de nombreux parents ont tendance à
écourter l'éducation de leurs filles et à les donner en
mariage par crainte des risques élevés de
violence et d'abus sexuels auxquels elles sont exposées sur le chemin de
l'école ou à l'école. Mais dans la majorité des
mariages de mineurs, on assiste souvent à quelque coercition : les
parents, les tuteurs ou les familles exercent des pressions, s'associent ou
contraignent les enfants à se marier.
Les conséquences du mariage précoce sont
souvent, de loin, plus graves que l'impact sur les seuls enfants
concernés. Le mariage des enfants a des effets négatifs sur les
familles et les sociétés. C'est une pratique qui aggrave la
pauvreté et qui a un impact négatif sur l'économie, sur
les secteurs de la santé et de l'éducation de tout pays. Pourtant
les enfants mariés et les filles mères sont partout
négligés et ignorés dans les débats nationaux sur
les politiques et les programmes, en dépit de leur situation et de leur
vulnérabilité exceptionnelle.
La lutte contre le mariage d'enfant est une tâche
monumentale mais possible, qui requiert de la volonté politique et des
stratégies préventives et multiformes au niveau international,
national et communautaire.
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