1.2. Clarification des concepts clés du
sujet.
Pour une bonne visibilité de notre objet
d'étude, deux concepts clés contenus dans notre sujet
d'étude et de recherche méritent d'être clarifiés.
Il s'agit des concepts de :
ü Représentations sociales ;
ü Phytosanitaires.
1.2.1. Le concept de représentations sociales.
Selon le Dictionnaire français, les
représentations sociales désignent « l'action de
représenter, l'idée que l'on se fait du monde ou d'un objet
donné. C'est l'image graphique, picturale d'un phénomène,
d'une idée.»4 A travers cette
définition, il apparaît que les représentations sociales
sont l'ensemble des images fournies à la conscience par le sens ou la
mémoire. Ces images peuvent être matérielles ou
idéelles.
Pour le lexique de sociologie, « les
représentations sociales sont constituées d'idées, de
croyances, de jugements, de visions du monde, d'opinions ou encore d'attitudes.
»5 A partir de cette définition, nous
comprenons que les représentations sociales ne se limitent pas au simple
fait de représenter un objet ou de percevoir mais, surtout, c'est un
outil de différenciation voire de démarcation d'un groupe social,
d'un autre.
Pour le Dictionnaire de sociologie en effet, les
représentations sociales se présentent « d'abord
sous une grande diversité phénoménale : image du
réel, croyances, valeurs, système de différence et de
théorie du social le plus souvent. »6 En
d'autres termes, les représentations sociales sont des modalités
de perception et de pensées pratiques orientées vers la
communication, la compréhension et la maîtrise de l'environnement
social, matériel et réel.
En outre, il faut retenir que quelques soient les formes
qu'elles peuvent prendre, les représentations sociales ont en commun
d'être une manière de percevoir et d'interpréter la
réalité quotidienne. Elles sont une production mentale, sociale,
distincte par le mode d'élaboration et de fonctionnement de ces autres
formes d'idéation collective que sont la science, les mythes, la
religion, l'idéologie, etc.
De façon précise, on désignera par
représentations sociales le savoir de sens commun, socialement
élaboré et partagé, construit pour et par la pratique et
qui concourt à la structuration de notre réalité. Les
réalités sociales sont donc des produits et processus d'une
élaboration tant psychologique que sociale. Ces
représentations
4 Larousse, le Dictionnaire de français, paris
2006.
5 (Y) ALPES et all: ~~Lexique
de sociologie'', 2ème édition, Dalloz,
Paris, 2007
6 (G) FERREOLE: ~~Dictionnaire
de sociologie'~, 3ème édition, Armand
Colin, Paris, 2004.
sociales sont définies par leur contenu notamment les
informations, les images, les normes, les modèles, les opinions, les
croyances, les attitudes et les valeurs. Ces contenus peuvent être
spécifiques à l'individu, à un groupe d'individus tout
comme ils peuvent l'être aussi pour une communauté ou un groupe
social.
Dans le cadre de notre sujet d'étude et de recherche,
les représentations sociales des cotonculteurs par rapport aux produits
phytosanitaires ne sont rien d'autre que, l'idée, la pensée et la
perception ou le sens ou encore la connaissance qu'ils ont par rapport à
ces produits. En d'autres termes, leurs opinions et leurs croyances
vis-à-vis de ces produits chimiques. En effet, ces
représentations sociales sont intimement liées à
l'habitus.
Ainsi, la notion d'habitus qui a été
popularisée en France par le sociologue Pierre Bourdieu, met en
évidence les mécanismes d'inégalité sociale.
L'habitus est pour lui le fait de se socialiser dans un peuple traditionnel,
définition qu'il résume comme un "système de dispositions
réglées". Il permet à un individu de se mouvoir dans le
monde social et de l'interpréter d'une manière qui d'une part lui
est propre, qui d'autre part est commune aux membres des catégories
sociales auxquelles il appartient. Le rôle des socialisations primaire
(enfance, adolescence) et secondaire (âge adulte) est très
important dans la structuration de l'habitus.
Par le biais de cette acquisition commune de capital social,
les individus de mêmes classes peuvent ainsi voir leurs comportements,
leurs goûts et leurs "styles de vie" se rapprocher jusqu'à
créer un habitus de classe. Chacune des socialisations
vécues va être incorporée (les expériences
étant elles-mêmes différentes selon la classe d'origine) ce
qui donnera les grilles d'interprétation pour se conduire dans le monde.
L'habitus est alors la matrice des comportements individuels, et
permet de rompre entre un déterminisme supra-individuel en montrant que
le déterminisme prend appui sur les individus. Cet habitus influence
tous les domaines de la vie (loisirs, alimentation, culture, travail,
éducation, consommation...)7.
Pour Bourdieu en effet, l'habitus désigne l'ensemble
des goûts et des aptitudes acquis par l'individu au cours du processus de
socialisation. L'habitus est non seulement un système de
préférence mais également un système
générateur de pratiques. Conforment à ses goûts,
chaque individu a un comportement cohérent qui lui semble naturel, mais
qui est pourtant le produit de ses expériences sociales. Ces
expériences sont liées à l'appartenance à une
classe sociale donnée.
Placés dans des conditions comparables de
socialisation, deux individus auront des habitus proches, une vision commune du
monde et un style de vie homogène. De ce fait, une classe sociale
réunit l'ensemble de personnes dotées d'un même habitus. Le
second concept ainsi clarifié, nous passons au dernier concept.
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