UNIVERSITE DE BANGUI REPUBLIQUE
CENTRAFRICAINE
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Unité - Dignité - Travail
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FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES
HUMAINES
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DEPARTEMENT DES SCIENCES SOCIALES
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LES REPRESENTATIONS
SOCIALES ET PRATIQUES LIEES
A L'UTILISATION DES
PRODUITS PHYTOSANITAIRES
EN RCA :
Cas des cotonculteurs de Bossangoa
Mémoire de Maîtrise de
Sociologie
Option : Développement Rural
Présenté et soutenu par :
Sous la Direction de :
M. Arsène Ferrera BINGUIMALET
consultant_afb@yahoo.com
afbinguimalet@gmail.com
Dr. Josué
NDOLOMBAYE
Maître-assistant de sociologie
à
l'Université de Bangui
I
DEDICACE
A
Notre maman, feue Simone ZOUGAPOU
II
REMERCIEMENTS
Au terme de cette phase de notre formation, nous profitons de
cette page pour affirmer notre reconnaissance à tous ceux ou celles qui,
nous ont permis de mener à bout notre formation. Nous sommes
reconnaissant envers tous ceux qui, de près ou de loin, nous ont
assuré disponibilité, collaboration et conseils pour la
rédaction de ce mémoire et la réussite de notre
formation.
Nous tenons à manifester nos sincères
remerciements au Directeur Josué NDOLOMBAYE,
Maître-assistant de sociologie, qui s'est intéressé
à notre problématique en acceptant de diriger ce travail. Ses
conseils, ses orientations et ses suivis nous ont été de
très grande importance.
Notre reconnaissance va droit à tous les enseignants de
la Faculté des Lettres et Sciences Humaines et à ceux du
Département de Sociologie de l'Université de Bangui, en
particulier cette reconnaissance est témoignée en particulier
à Monsieur Anicet GYAMA MASSOGO et Monsieur Noure MOUKADAS,
respectivement Doyen de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines et
Chef du Département des sciences sociales qui ont bien voulu nous
accorder une dérogation qui nous a permis de finaliser ce travail.
Nous rendons hommage aussi à la Coordonnatrice
Nationale de la Cellule CPAC-RCA au Ministère de l'Agriculture et du
développement rural, Madame Marie-Honorine BRAHIM qui n'a
ménagé aucun effort à mettre à notre disposition
les informations et les documents officiels qui nous ont aidé dans
l'élaboration de notre problématique. Nous profitons de cette
page pour témoigner notre gratitude à l'endroit de tous les
différents chefs de services de l'ACDA, ceux de la cellule coton de
Bangui et ceux de Bossangoa pour la bonne collaboration et le climat d'attente
qui a prévalu entre eux et nous lors de nos multiples passages dans
leurs services pour des recherches liées à cette étude.
Nous remercions M. Gédéon KONESSENE
Secrétaire Général de la mairie de Bossangoa, M. Luc
HOULTEMENE Directeur Régional des Eaux et Forêts et le Chef de
Centre ophtalmologique. Nous ne saurions oublier nos parents: ceux de la
diaspora et ceux du pays. Notre reconnaissance va également à
l'endroit de la famille NGAÏHOURON pour son soutien moral et
matériel. Enfin, nous ne pouvons pas oublier nos collègues
étudiants et en particulier ceux avec qui nous avons partagé les
expériences des travaux académiques et/ou les moments
d'épreuves ou de détente pendant notre passage à
l'Université de Bangui.
III
SIGLES ET ABREVIATIONS
ACDA : Agence Centrafricaine de
Développement Agricole.
APV : Attestation Provisoire de vente.
BDPA : Bureau pour le Développement de la
Production.
CEMAC : Communauté Economique et
Monétaire d'Afrique Centrale.
CFDT : Centre de Formation de
Développement Technique.
CL50 : Concentration Létale 50%
CPAC : Comité Inter-Etats des Pesticides
d'Afrique Centrale.
CPI : Conseil Phytosanitaire Interafricain.
CMR : Substances Cancérogènes,
Mutagènes et Réprotoxiques.
CNGP : Comité National de Gestion des
Pesticides.
COTONAF : Société Française
des Cotons Africains.
COTONFRAN : Société
Cotonnière Française. DDT:
DichloroDiphenylThrichloroéthane. DL50 : Dose
Létale à 50%
DSRP : Document de Stratégies de
Réduction de la Pauvreté.
EC : Concentrées Emulsionnable.
FAO: Fonds des Nations Unies pour l'Agriculture.
FIFO: First In First Out.
GIR: Groupement d'Intérêt Rural.
ICRA: Institut Centrafricain de Recherche
Agronomique.
IRCT : Institut de Recherche de Coton et
Textile. JC : Jésus Christ.
LMR : Limites Maximales de Résidus.
OMS : Organisation Mondiale de la santé.
ONG : Organisation Non Gouvernementale.
ORCCPA : Office de Réglementation de la
Commercialisation et du contrôle du Conditionnement des Produits
Agricoles.
ORD : Offices Régionaux de
Développement. PIB : Produit Intérieur Brut.
POPs : Polluants Organiques Persistants.
RCA: République Centrafricaine.
SOCADA : Société Centrafricaine de
Développement Agricole.
SOCOCA : Société Cotonnière
Centrafricaine. SOFICA : Société des Fibres et
Textiles.
UA : Union Africaine.
UCCA: Union Cotonnière Centrafricaine.
INTRODUCTION GENERALE
La République Centrafricaine est un vaste territoire de
623.000Km2 qui se situe entre les parallèles
2°15 de latitude Nord et 27° de longitude Est.
C'est un pays pauvre dont l'économie est essentiellement agricole. A
côté du bois et du café, la RCA exporte aussi du coton.
Cette culture de rente constitue l'unique source de revenu des paysans dans les
préfectures où il se pratique (Ouham, Ouham-Péndé,
Nana-Gribizi, Kémo, Ouaka).
Les pays de la CEMAC dont la RCA consacrent plus de 22
milliards de FCFA par an à l'achat des pesticides pour soutenir la
production agricole1. L'utilisation de pesticides en agriculture
pose de nombreux problèmes dont les plus importants sont la
toxicité à l'égard de l'homme, l'atteinte à la
biodiversité, les déséquilibres de la faune et la
résistance des cibles visées.
Un récent rapport de la Banque mondiale estime que
355.000 personnes dans le monde meurent chaque année d'empoisonnement
involontaire dû à des pesticides.2 Une étude
plus ancienne estime qu'il y a peut-être un million de cas
d'intoxications involontaires graves causés par les pesticides chaque
année, et deux millions de cas de personnes supplémentaires
hospitalisées pour cause de tentatives de suicide avec des
pesticides.
L'auteur note que cela ne reflète forcément
qu'une infime partie du véritable problème et estime qu'il
pourrait y avoir jusqu'à 25 millions de travailleurs agricoles dans les
pays en développement souffrant d'une forme d'intoxication au travail
chaque année à cause de pesticides, bien que la plupart des
incidents ne sont pas enregistrés et la plupart des patients ne cherche
pas des soins médicaux. Une des conclusions de cet auteur est que les
intoxications par les pesticides peuvent constituer dans certains pays en
développement un grave problème de santé publique comme le
sont les maladies contagieuses.
1 CEMAC : Réglementation commune
sur l'homologation des pesticides en Afrique Centrale, CPAC,
Yaoundé, 2006, P.5
2 Weinberg (J), Conseiller principal en politiques
Internationales Pops : Un guide pour les ONG sur les pesticides
dangereux et la SAICM : Un cadre pour la protection de la santé humaine
et de l'environnement contre les pesticides dangereux in
http://www.saicm.org/index.php?menuid=3&pageid=187,
consulté le 24Aoùt 2011.
Dans la zone de Bossangoa, le coton est la principale culture
de rente et constitue une source de revenus pour la majorité de la
population même si, depuis quelques années, cette filière
est confrontée à des difficultés économiques. Les
paysans de la zone cotonnière, qui font régulièrement
recours aux traitements phytosanitaires pour protéger leur parcelle
contre les ravageurs, se plaignent depuis quelques années de la perte
d'efficacité des insecticides vulgarisés.
Ce constat d'inefficacité des produits fait chaque
année, les fabricants des pesticides mettent à jour de nouvelles
gammes de produits de plus en plus variés et de plus en plus performants
avec des effets collatéraux qui en suivent. Ainsi, de nos jours, il
devient difficile si non impossible d'envisager une culture sans protection
chimique surtout pour la culture du coton dont les ennemies naturelles sont
nombreuses et variées.
En culture cotonnière, les produits phytosanitaires
homologués sont vendus à crédit aux planteurs en fonction
de la surface déclarée et sont distribués en début
de campagne. La filière coton de par sa superficie mais aussi sa
production est la plus grande consommatrice de pesticides. A travers cette
étude, il ressort quatre principaux canaux de distribution des
pesticides par lesquels ces produits entrent sur le territoire national : canal
étatique et paraétatique, canal non étatique
(sociétés de développement, projets), canal privé
(circuit commercial) et agriculteurs.
Ainsi, ces produits une fois à destination
c'est-à-dire entre les mains des planteurs font souvent l'objet des
mauvaises pratiques qui ne sont pas en conformité avec les
procédures et normes en vigueur. Ces différentes pratiques
phytosanitaires aux conséquences souvent fâcheuses sont les
résultantes des représentations sociales que ces planteurs font
des ces produits chimiques.
Cette étude dont le sujet s'intitule : «
Les représentations sociales et pratiques liées
à l'utilisation des produits phytosanitaires en RCA: Cas des
cotonculteurs de Bossangoa » a pour but d'une part de cerner
la perception ou la conception qu'ont les planteurs de coton de Bossangoa notre
terrain d'étude des pesticides agricoles et d'autres part de mesurer
l'impact socioéconomiques des ces différentes pratiques dans la
localité afin de proposer quelques pistes de solutions.
Pour ce faire, nous avons structuré ce travail en six
chapitres et qui se présente de la manière suivante :
v' Chapitre premier: Le cadre théorique de la
recherche;
v' Chapitre deuxième : Le cadre méthodologique de
la recherche;
v' Chapitre troisième : La présentation du champ
d'étude ;
v' Chapitre quatrième : Les caractéristiques
sociologiques des enquêtés et les représentations sociales
des produits phytosanitaires ;
v' Chapitre cinquième : Les pratiques liées
à l'utilisation des produits phytosanitaires et le respect des
procédures et normes en vigueur ;
v' Chapitre sixième : L'impact socioéconomique et
les solutions à envisager.
CHAPITRE PREMIER: LE CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE
Ce chapitre présente le sujet dans un cadre
théorique. Il s'articule autour des points suivants :
ü la justification du choix du sujet ;
ü la clarification des concepts clés du sujet;
ü la revue de la littérature ;
ü la formulation de la problématique ;
ü l'élaboration des objectifs et des
hypothèses.
1.1. Justification du choix du sujet.
Le secteur agricole constitue, dans la plupart des pays en
développement, le fondement de l'économie et de l'emploi. Il
représente plus de 50% du produit intérieur brut (PIB) et dans
certains pays, jusqu'à 80% de la population active gagne sa vie
grâce à l'agriculture3. Dans la plupart de ces pays, la
production agricole est toutefois extrêmement faible, et les rendements
souvent limités et imprévisibles d'année en année.
Il s'agit d'une large part d'une agriculture de subsistance ne
générant aucun revenu et insuffisante, dans bien des cas,
à nourrir les familles des agriculteurs.
De ce fait, il en résulte que le secteur agricole est
dans l'impossibilité de contribuer aux défis que constituent
l'alimentation des populations toujours plus nombreuses et l'atténuation
de la pauvreté rurale et les effets des changements climatiques. L'une
des raisons de la piètre performance agricole de nombreux pays en
développement est le fait que le rendement des variétés
cultivées n'a pas progressé du fait de l'absence d'un bon
programme de protection.
En effet, la protection permet de préserver le
potentiel de production, de régulariser les rendements,
d'améliorer la qualité et d'assurer la qualité des
denrées alimentaires et de favoriser les échanges commerciaux.
L'agriculture dispose d'un éventail de méthodes de lutte pour
préserver ses cultures: façon culturale, choix des
variétés, mesures phytosanitaires, lutte
biologique, lutte chimique, etc. Avec des produits de plus en plus performants
et toujours plus spécifiques, la lutte chimique reste un outil essentiel
de protection des plantes.
En République centrafricaine, des milliers de
mètres cubes (m3) de pesticides agricoles et des tonnes
d'engrais chimiques sont importés chaque année et
utilisés. Dans le secteur de la culture du coton, ces produits sont
destinés pour la croissance et la protection du cotonnier.
Dans le cadre de ce travail, nous avons choisi nous
penché sur le cas des cotonculteurs de la commune rurale de Bossangoa.
En effet, cette commune du pays abrite l'une des usines d'égrainage de
coton. Aussi est-il qu'une forte pratique de la culture du coton s'y est
développée et par conséquent, il est plus facile de
vérifier l'impact de l'utilisation des ces produits phytosanitaires
auprès de ces derniers.
Voila les raisons qui nous ont conduit à retenir notre
sujet d'étude et de recherche qui s'intitule : « LES
REPRESENTATIONS SOCIALES ET PRATIQUES LIEES A L'UTILISATION DES PRODUITS
PHYTOSANITAIRES EN RCA: Cas des cotonculteurs de Bossangoa.
»
Notre sujet ainsi justifié, nous abordons dans le
paragraphe suivant, la clarification des concepts clés contenus dans
notre sujet d'étude.
1.2. Clarification des concepts clés du
sujet.
Pour une bonne visibilité de notre objet
d'étude, deux concepts clés contenus dans notre sujet
d'étude et de recherche méritent d'être clarifiés.
Il s'agit des concepts de :
ü Représentations sociales ;
ü Phytosanitaires.
1.2.1. Le concept de représentations sociales.
Selon le Dictionnaire français, les
représentations sociales désignent « l'action de
représenter, l'idée que l'on se fait du monde ou d'un objet
donné. C'est l'image graphique, picturale d'un phénomène,
d'une idée.»4 A travers cette
définition, il apparaît que les représentations sociales
sont l'ensemble des images fournies à la conscience par le sens ou la
mémoire. Ces images peuvent être matérielles ou
idéelles.
Pour le lexique de sociologie, « les
représentations sociales sont constituées d'idées, de
croyances, de jugements, de visions du monde, d'opinions ou encore d'attitudes.
»5 A partir de cette définition, nous
comprenons que les représentations sociales ne se limitent pas au simple
fait de représenter un objet ou de percevoir mais, surtout, c'est un
outil de différenciation voire de démarcation d'un groupe social,
d'un autre.
Pour le Dictionnaire de sociologie en effet, les
représentations sociales se présentent « d'abord
sous une grande diversité phénoménale : image du
réel, croyances, valeurs, système de différence et de
théorie du social le plus souvent. »6 En
d'autres termes, les représentations sociales sont des modalités
de perception et de pensées pratiques orientées vers la
communication, la compréhension et la maîtrise de l'environnement
social, matériel et réel.
En outre, il faut retenir que quelques soient les formes
qu'elles peuvent prendre, les représentations sociales ont en commun
d'être une manière de percevoir et d'interpréter la
réalité quotidienne. Elles sont une production mentale, sociale,
distincte par le mode d'élaboration et de fonctionnement de ces autres
formes d'idéation collective que sont la science, les mythes, la
religion, l'idéologie, etc.
De façon précise, on désignera par
représentations sociales le savoir de sens commun, socialement
élaboré et partagé, construit pour et par la pratique et
qui concourt à la structuration de notre réalité. Les
réalités sociales sont donc des produits et processus d'une
élaboration tant psychologique que sociale. Ces
représentations
4 Larousse, le Dictionnaire de français, paris
2006.
5 (Y) ALPES et all: ~~Lexique
de sociologie'', 2ème édition, Dalloz,
Paris, 2007
6 (G) FERREOLE: ~~Dictionnaire
de sociologie'~, 3ème édition, Armand
Colin, Paris, 2004.
sociales sont définies par leur contenu notamment les
informations, les images, les normes, les modèles, les opinions, les
croyances, les attitudes et les valeurs. Ces contenus peuvent être
spécifiques à l'individu, à un groupe d'individus tout
comme ils peuvent l'être aussi pour une communauté ou un groupe
social.
Dans le cadre de notre sujet d'étude et de recherche,
les représentations sociales des cotonculteurs par rapport aux produits
phytosanitaires ne sont rien d'autre que, l'idée, la pensée et la
perception ou le sens ou encore la connaissance qu'ils ont par rapport à
ces produits. En d'autres termes, leurs opinions et leurs croyances
vis-à-vis de ces produits chimiques. En effet, ces
représentations sociales sont intimement liées à
l'habitus.
Ainsi, la notion d'habitus qui a été
popularisée en France par le sociologue Pierre Bourdieu, met en
évidence les mécanismes d'inégalité sociale.
L'habitus est pour lui le fait de se socialiser dans un peuple traditionnel,
définition qu'il résume comme un "système de dispositions
réglées". Il permet à un individu de se mouvoir dans le
monde social et de l'interpréter d'une manière qui d'une part lui
est propre, qui d'autre part est commune aux membres des catégories
sociales auxquelles il appartient. Le rôle des socialisations primaire
(enfance, adolescence) et secondaire (âge adulte) est très
important dans la structuration de l'habitus.
Par le biais de cette acquisition commune de capital social,
les individus de mêmes classes peuvent ainsi voir leurs comportements,
leurs goûts et leurs "styles de vie" se rapprocher jusqu'à
créer un habitus de classe. Chacune des socialisations
vécues va être incorporée (les expériences
étant elles-mêmes différentes selon la classe d'origine) ce
qui donnera les grilles d'interprétation pour se conduire dans le monde.
L'habitus est alors la matrice des comportements individuels, et
permet de rompre entre un déterminisme supra-individuel en montrant que
le déterminisme prend appui sur les individus. Cet habitus influence
tous les domaines de la vie (loisirs, alimentation, culture, travail,
éducation, consommation...)7.
Pour Bourdieu en effet, l'habitus désigne l'ensemble
des goûts et des aptitudes acquis par l'individu au cours du processus de
socialisation. L'habitus est non seulement un système de
préférence mais également un système
générateur de pratiques. Conforment à ses goûts,
chaque individu a un comportement cohérent qui lui semble naturel, mais
qui est pourtant le produit de ses expériences sociales. Ces
expériences sont liées à l'appartenance à une
classe sociale donnée.
Placés dans des conditions comparables de
socialisation, deux individus auront des habitus proches, une vision commune du
monde et un style de vie homogène. De ce fait, une classe sociale
réunit l'ensemble de personnes dotées d'un même habitus. Le
second concept ainsi clarifié, nous passons au dernier concept.
1.2.2. Le concept de produit phytosanitaire.
Selon le dictionnaire le Robert Pour Tous, les termes
~~PHYTE'' ou
~~PHYTO'', dérivent du grec
~~PHYTON''8 qui signifie
~~plante'' ou ce qui pousse. Quant au
second terme sanitaire, celui-ci désigne l'ensemble de tout ce qui est
relatif à la santé. La fusion de ces deux termes donne l'adjectif
phytosanitaire qui, lui, se rapporte aux soins à donner aux plantes,
à leur protection contre leurs ennemis naturels.
Pour l'encyclopédie libre en ligne, Wikipédia,
« un produit phytosanitaire est une substance émise
dans une culture pour lutter contre des organismes nuisibles. C'est un terme
générique qui rassemble les insecticides, les herbicides, les
fongicides, les parasiticides. Ils s'attaquent respectivement aux insectes, aux
champignons, aux mauvaises herbes et aux vers parasites. Ils englobent donc les
substances phytosanitaires ou phytopharmaceutiques. »9
En parlant de la définition de base de ces produits
chimiques, Alice COUTEUX et Violaine LEJEUNE
affirment que : « le terme de produit phytopharmaceutique
désigne la substance active et les préparations commerciales
constituées d'une ou de plusieurs substances actives qui sont
présentés sous la forme dans laquelle elles sont livrées
à l'utilisateur. La substance active anciennement appelée
matière
8 Dictionnaire Le Robert pour Tous, édition
Jouve, Montrouge, 2002, P. 884
9
http://www.fr.wikipédia.org
, consulté le 22 NOV. 2010
active est le microorganisme qui détruit ou
empêche l'ennemie de la culture de s'installer. A cette substance active,
sont associées dans la formulation un certain nombre de formulant
(mouillants, solvants, anti-mousses&) qui la rendent utilisable par
l'agriculture. »10
Par souci d'éclairer notre lecteur, disons que c'est
l'ensemble de ces produits phytopharmaceutiques ou phytosanitaires qui est
communément appelé « pesticide ».
Etymologiquement, « le mot pesticide a été
créé en anglais, sur le modèle des nombreux mots se
terminant par le suffixe --cide, (du verbe latin caédo,
caédéré, tuer), et sur la base du mot pest
(animal, insecte ou plante nuisible), lequel provient (comme le français
peste) du latin ~~pestis~~ qui
désignait toute espèce de fléau, de calamité.
»11
A la question de savoir qu'est-ce qu'un pesticide? Colette
CHASSARDBOUCHAUD répond de la manière suivante : «
le terme pesticide désigne toute substance destinée
à repousser ou à combattre toute espèce indésirable
végétale ou animale, pendant la production, le stockage, le
transport, la distribution ou la transformation des denrées
destinées à l'alimentation humaine ou animale. Ce terme
désigne aussi toute substance destinée comme régulateur de
croissance ou défoliant.»12
En résumé, il s'agit essentiellement des
substances chimiques destinées à tuer les organismes que nous
considérons comme indésirables. Les types de pesticides les plus
connus sont :
v' Les insecticides destinés à tuer les insectes
;
v' Les herbicides pour éliminer les mauvaises herbes ;
v' Les fongicides pour éliminer les champignons ;
v' Les nématocides pour éliminer les
nématodes ;
v' Les rondenticides pour éliminer les rongeurs (rats,
souris,&)
v' Les acaricides pour éliminer les acariens
(araignées).
10 (A) COUTEUX et all :~~ Indexe
phytosanitaire ACTA 2004, 40e Edition, Paris, 2004,
P.32
11
http://www.fr.wikipédia.org
, consulté le 22 NOV. 2010
12 (C) CHASSARD-BOUCHAUD :
~~L'écotoxicologie~~,
PUF, Collection ~~Que sais-je~~, Paris, 1996, p.3
1.3. La revue de la littérature.
Tout travail de recherche s'appui généralement
sur des ressources documentaires. A cet effet, nous avons recensé un
certain nombre d'ouvrages susceptibles de fournir des informations en rapport
avec l'étude que nous avons entreprise. Pour une exigence de
rédaction, nous avons organisé cette revue de littérature
autour de quatre (4) thématiques.
1.3.1. Thématique relative à l'origine et au
développement de la culture du coton.
Dans cette rubrique, nous avons retenus les ouvrages suivants
:
ü Le coton et l'industrie cotonnière,
ü Mémoire d'agronomie,
ü Maladies et ravageurs du cotonnier.
Le premier ouvrage s'intitule : Le coton et
l'industrie cotonnière~~ écrit par
Daniel CHAIGNE. Dans cet ouvrage, l'auteur aborde le coton comme culture de
rente, matière première beaucoup sollicitée dans
l'industrie textile.
En parlant des origines de la culture du coton, l'auteur
affirme que : « la culture du coton et son usage pour des
tissus d'habillement remonte à des millénaires. Des
découvertes ont permis de constater cet usage au Mexique en 5800 avant
JC, au Pakistan et en Chine vers l'an 3000 avant JC. Son apparition en Europe
remonte, après l'an 1000 aux invasions. Mais son rôle ne devient
important qu'à partir du XVIIIème siècle et notamment en
raison de son développement en Amérique et de son
industrialisation.»13
Le cotonnier de son nom botanique « gossypium
», a deux variétés courantes : le
gossypium hirsutum et le gossypium
barbadense. Quant à la résistance de cette plante,
l'auteur admet que le cotonnier est une plante fragile qui a beaucoup
d'ennemies nuisibles. D'après lui en effet, « on
énumère plus de 1326 espèces vivants aux dépens du
cotonnier.»14
13 (D) CHAIGNE: Le coton et l'industrie
cotonnière~~, QSJ, PUF, Paris, 1996, P.3
14 (C) CHASSARD-BOUCHAUD, Op cit, p.15
Ainsi, les principaux ravageurs de cette plante sont
généralement classés en trois catégories:
v' Les acariens (classe des arachnides) qui attaquent les
feuilles et perturbent les fonctions chlorophylliennes de la plante ;
v' Les Diplopodes (« mille-pattes ») qui
détruisent les semences en terre ;
v' La classe des insectes ou ravageurs appartenant à
plusieurs ordre tels que les Thysanoptères, les Homoptères, les
Hémiptères, les coléoptères.
Pour la protection de cette plante fragile, l'auteur propose des
séries de procédés de luttes à savoir :
v' Les moyens agronomiques tels que la rotation des sols et la
destruction des plantes ;
v' Les moyens génétiques qui permettent d'obtenir
des variétés des plantes plus résistantes à
l'agression définie ;
v' Les moyens biologiques dont le but est de créer des
parasites vivant aux dépens des ravageurs ;
v' Les moyens chimiques notamment l'utilisation des pesticides,
des insecticides et des fongicides.
Si cet ouvrage nous a permis d'apprendre un peu plus sur
l'origine du cotonnier, de sa culture et de ses principaux ravageurs,
cependant, l'auteur reste silencieux sur les effets nocifs des produits
phytosanitaires l'une des options de protection de ces plantes dont ce dernier
envisage beaucoup. L'ouvrage-ci nous a retracé l'historique de la
culture du cotonnier dans le monde mais pas celle de notre pays. C'est
justement l'objet du prochain ouvrage.
Le second document est un Mémoire d'agronomie
écrit par le jeune chercheur français Erich CIBIEN qui s'intitule
: « étude agro-économique des comportements des
producteurs de la région de Bossangoa, Préfecture de L'Ouham,
RCA. » Ce mémoire qui aborde à la fois les
aspects traditionnels, culturels et pratiques culturales de la région de
l'Ouham, et notamment celle de Bossangoa, retrace de même, l'historique
de la culture du coton dans le pays. Selon ce jeune chercheur français,
l'histoire ou l'origine de la culture du coton en RCA est étroitement
liée à la colonisation. Pour une
bonne compréhension, nous avons choisi respecter la
démarche de notre prédécesseur qui a subdivisé
l'historique de cette culture en de différentes périodes.
a) La période du « cotonnialisme »
:1925/1926 - 1945/1946
La culture du coton industrielle fut introduite en 1925 dans
la région de Bangassou, à l'initiative de Félix EBOUE,
alors chef de circonscription de M'BOMOU. Ainsi, quatre sociétés
étrangères, principalement Belges et Hollandaises se
constituèrent de repartir le territoire. COTONFRAN,
COTOUBANGUI, COMOUNA et notamment
COTONAF qui occupaient la plus grande portion du pays, la
région de Bossangoa y compris.15
En contre partie de l'exclusivité d'achat du coton dans
leur zone, ces sociétés acceptaient de fixer un prix
planché aux planteurs, d'acheter des cotons produits et de construire un
certains nombres d'usines d'égrainage. Pour soutenir la production du
coton, les gardes de l'administration coloniale chargés de surveiller
les cultures collectives, recourraient à la méthode de chicotte
et aux regroupements des planteurs le long des pistes. Cette pratique
couplée au portage qui s'est généralisé au
début des années 1930 a été des causes de
nombreuses protestations noires, de soulèvement des populations
autochtones.
C'est ainsi que de 1928 à 1931, éclata la guerre
de « KONGO-WARA » (guerre des manches des
houes), dirigée par le grand chef Gbaya
KARINOU, dans tout l'ouest du pays. Face à cet
échec, les cultures collectives laissent progressivement la place aux
cultures individuelles, introduites en 1931/1932 et
généralisée en 1936/1937. Chaque paysan doit cultiver une
parcelle de taille standard (la corde de 30 mètre à l'origine) et
la culture doit se faire en «bloc» c'est-à-dire des parcelles
contigües (20 à 30 parcelles), pour en faciliter la surveillance
par les gardes, remplacés à partir de 1938 par les
«BOYS COTON ». Alors qu'en est-il de
l'époque suivante ?
15 (E) Cibien : Etude
agro-économique des comportements des producteurs de la région de
Bossangoa, Préfecture de l'Ouham, République
Centrafricaine, Mémoire d'Agronomie, Ecole Nationale
Supérieure Agronomique de Montpellier, 1994-1995, P.15
b) La période de l'après-guerre à
l'indépendance.
Bien que la loi Houphouët-Boigny d'avril 1946 abolisse
les travaux forcés dans les nouveaux territoires d'Outre-mer, la culture
du coton conservera encore son caractère plus ou moins obligatoire.
Cette culture est jugée trop faiblement rémunératrice par
comparaison au travail fourni et l'on ne fait du coton que pour s'acquitter de
l'impôt. Pourtant c'est au cours de cette période
qu'apparaît le souci de moderniser cette culture. En effet, l'I.R.C.T.
s'installe en Oubangui-Chari avec création des stations de recherche de
Soungbé (1946) et à Bambari (1947).
Enfin, à partir de 1953/54, on essaie de diffuser des
thèmes nouveaux (protection phytosanitaire, fumure minérale,
culture attelée). Par ailleurs, l'encadrement technique demeurait
largement autoritaire puisque les « boys coton » au rôle
surtout répressif et de formation technique limitée, se
contentant du piquetage des plantations et de la propagande en
répétant les mots d'ordre « la bouche du commandant»
ceci lors des semis et des sarclages. Ces techniques continueront à
servir jusqu'en 1959. Qu'en est-il de la période de
l'indépendance?
c) De l'indépendance à la fin de
l'U.C.C.A. (1981-1982).
L'Union Cotonnière Centrafricaine est
créée en 1964 avec la participation majoritaire du secteur public
(Etat) et minoritaire des sociétés privées
(COTONAF, COTOUBANGUI,
COTOUNA). Cette époque a été
marquée par la suppression de l'impôt pour les femmes (1961). Avec
la possibilité d'une culture individuelle, les paysans
préféraient faire des parcelles dispersées pour ainsi,
éviter tout contrôle des «boys cotons ».
Pour redynamiser le secteur cotonnier après la
période de crise de 1950 (découverte de fibres
synthétiques qui a fait chuter le prix du coton), un Bureau pour le
développement de la production agricole (BDPA) a été mise
en place. Cette structure avait pour mission:
ü L'encadrement rapproché des paysans ;
ü L'introduction de la culture attelée ;
ü La constitution de GIR pour assurer la commercialisation
des produits vivriers.
Pour réguler et soutenir le prix du coton, ainsi que
pour financer des programmes d'intensification, une caisse de stabilisation a
été créée. Intervenant dans le cadre des O.R.D.
(Offices Régionaux de Développement), le Bureau de
développement de la Production Agricole dans l'Ouham et la C.F.D.T.dans
l'Ouham-Péndé et la Kémo, ont permis de réels
progrès en matière d'intensification.
Hélas! En 1970, le Président
Jean-Bedel BOKASSA a
décidé une « reforme agraire » qui n'en est pas une,
puisque dans les faits, il s'agissait, outre de prier tous les
coopérants de quitter le pays du jour au lendemain, de regrouper les
villages en de plus grands agglomérations et d'assurer un encadrement
militaire des producteurs. Les structures d'intervention sont dissoutes et la
production tout comme les rendements diminuent. Avec la nationalisation de
l'U.C.C.A., la commercialisation du coton et l'approvisionnement en intrant
sont désorganisés.
d) De la SOCADA à la SOCOCA : 1981/1982 à
1991/1992.
La société centrafricaine de
développement agricole, SOCADA, est une société
d'économie mixte (75% du capital détenu par l'Etat et 25% par le
CFDT). En plus des activités purement commerciales et industrielles de
l'ancienne UCCA, la SOCADA se voit confié un rôle de
développement agricole dans la zone d'intervention.
Cette nouvelle société qui a redonné
confiance aux planteurs a stimulé ceux-ci à augmenter leur
production du coton en 1985/86 et 1990/91 ont fait accuser d'énormes
déficits financiers (5milliards F CFA en 1986 et 2,5 milliards en 1987)
à ladite société qui due s'éclater sous la pression
de la Banque Mondiale.
En effet, dans un programme d'ajustement structurel, la Banque
Mondiale et l'Etat centrafricain ont procédé au
démantèlement de la SOCADA en trois entités :
ü Une entité strictement industrielle et commerciale
la SOCOCA ;
ü Une agence chargée du développement rural,
l'ACDA ;
ü Un institut centrafricain de recherche agronomique,
ICRA.
En conclusion, disons que le coton en Centrafrique
possède une longue et lourde histoire. C'est d'ailleurs dans ce contexte
qu'ont écrit les auteurs d'un Rapport sur cette culture en RCA en ces
termes : « rarement, l'histoire d'un pays s'est autant
identifié avec l'histoire d'une culture que la République
centrafricaine ne l'a fait avec le coton sur une période de près
de soixante années. »16
Le troisième document est celui de Jean
CAUQUIL. Il s'intitule : «Maladies et ravageurs du
cotonnier en Afrique au sud du Sahara »17. Ce
document admet que le cotonnier est une plante fragile qui a beaucoup
d'ennemies nuisibles. Parmi ces ennemies énumérées,
ceux-ci sont classés en trois catégories dont les insectes, les
myriapodes et les arachnides. D'après le document-ci, chaque
catégorie d'ennemie du cotonnier a une action spécifique lors du
processus de développement de la plante.
Ainsi, pendant que les semences sont mises en terre, les
myriapodes s'attaquent à cette partie de la plantule. Ces ravageurs
détruisent les semences avant la levée de la graine au niveau du
hile. Ces liaisons peuvent donner lieu au développement de
microorganismes et entrainer la mort de la plante.
ü Lors de la phase végétative, les
ravageurs suivants entrent en cène : les piqueurs-suceurs, les
phallophages, les Acariens, les maladies foliaires, les maladies vasculaires et
les pourritures du collet.
ü Pendant la phase reproductrice, les ravageurs suivants
s'attaquent à la plante : les chenilles des boutons floraux, les
hémiptères et les pourritures des capsules comme les punaises et
autres insectes.
De même qu'il y a une multitude d'ennemies du cotonnier,
de même il existe différentes méthodes de lutte pour une
meilleure protection de ladite plante afin d'en augmenter le rendement à
l'hectare. Parmi ces moyens de lutte, l'auteur préconise la lutte
chimique qui, selon lui demeure le plus efficace. De ce fait, quelle est la
perception de la lutte phytosanitaire des manipulateurs de ces produits
chimiques ? C'est de la prochaine thématique.
16 (J-L) BOUTILLER et all : Evaluation de
la recherche sur le coton en RCA, 1984, P. 15
17 (J) CAUQUIL : Maladies et ravageurs du
cotonnier en Afrique au Sud du Sahara, CIRAD, Montpellier, 1993,
P.5
1.3.2. Thématique relative aux
représentations sociales et aux pratiques liées aux produits
phytosanitaires.
Dans cette rubrique, nous avons retenu deux ouvrages :
ü La tradition populaire ;
ü Le mémoire d'agronomie.
L'ouvrage intitulé La tradition
populaire~~ a été écrit par
Jean CUISENIER et aborde la thématique de la tradition
en général. Plus spécifiquement, ce document
s'intéresse aux pratiques de l'expression, les coutumes, usages,
savoirs, recueils et codification, tradition populaire et pratiques sociales
ordinaires. Pour Jean CUISENIER en effet, par
«tradition populaire », « l'on vise
manifestement des champs différents de la pratique populaire
ordinaire.
En d'autres termes, l'on vise des usages, des croyances et des
savoirs immémoriaux transmis de générations, sans
changement ou presque, croit-on dans la société contemporaine.
L'on pense aussi à ces usages, ces croyances et ces savoirs entrant
qu'ils seraient le fait du « peuple » ou de classes de la
société, par opposition aux «élites» ou aux
hautes classes de sociétés stratifiées telles que l'Inde
ou la Chine dans l'histoire, ou telles que les sociétés
stratifiées industrielles contemporaines »18
En parlant du caractère pérenne des savoirs
techniques et empiriques, l'auteur affirme qu' « à la
différence des usages, qui mobilisent des savoirs sans requérir
pour autant à des compétences particulières, les
techniques mobilisent des savoirs-faires, lesquels requièrent des
compétences qui ne s'acquièrent que par l'apprentissage. Nul ne
s'improvise laboureur ou vigneron, potier ou forgeron, charbonnier ou
maçon : il faut apprendre les gestes du métier.
»19
Savoir-faire, usages et savoirs sont ainsi connectés
dans l'unité d'un même processus. Certains procèdent de
tradition populaire, d'autre de tradition élitaire, d'autre encore
d'apprentissages professionnels ou d'enseignements scolaires. Pour finir,
l'auteur de l'ouvrage justifie la diffusion de nombreuses techniques que
l'Europe connaît
18 (J) CUISENIER : La tradition
populaire~~, PUF, Collection ~~Que
sais-je~~, Paris, 1995, P. 80
19 Ibid. P.86
aujourd'hui par le même mécanisme. Selon lui,
c'est le cas des techniques de l'agriculture et de la viticulture et non
seulement de techniques spécialisées comme l'apiculture ou
l'agriculture.
En termes de contribution, cet ouvrage nous a
été utile dans le cadre de notre étude. Il nous a permis
de comprendre certaines pratiques générationnelles que nombre de
populations continuent d'observer. La culture à travers certaines
pratiques est la chose qui différencie les peuples au monde et permet de
mieux expliquer certains comportements des individus ou groupes d'individus.
Toutefois, nous sommes resté sur notre faim en parcourant cet
ouvrage.
En effet, le document-ci intitulé « La
tradition populaire » n'a pas abordé l'aspect
tradition dans sa globalité. Il s'est exclusivement consacré au
continent européen mettant de côté le reste du monde
notamment l'Afrique où la tradition orale est encore forte. C'est dans
le but de pallier aux insuffisances de cet ouvrage que nous avons fait recourt
au Mémoire ci-dessous.
Comme susmentionné, le deuxième document de
cette rubrique est un Mémoire intitulé : Etude
agro-économique des comportements des producteurs de la région de
Bossangoa, Préfecture de l'Ouham, République
Centrafricaine20. Dans son Mémoire, l'auteur
CIBIEN ELRIC fait remarquer certaines pratiques propres aux
producteurs de la région de Bossangoa. Parmi ces différentes
pratiques, il évoque entres autres :
ü Le fait que ce ne sont pas tous les planteurs qui se
déclarent aux délégués techniques, rend difficile
le travail de contrôle de ceux-ci;
ü Le non respect des dates de semis;
ü L'ajout d'un sac de graines ou de semences de plus sur
la superficie déclarée. Le surplus de sacs est soit revendu ou
soit donné aux adolescents en voie d'autonomie ;
ü La pratique marquante c'est la consommation des graines
de coton. Selon les mots de l'auteur, en effet « il n'est pas rare
d'observer, dans la période de
20 (E) CIBIEN : Op cit, P.88
soudure (Juillet-Août), la vente sur le marché
d'amandes de coton concassées pour la fabrication des galettes «
KANDAS ».21
Cette pratique est dangereuse car la culture du coton ou le
cotonnier est une plante dont le fruit n'est pas destiné à la
consommation. Car le gossypol contenu dans la graine est dangereuse et toxique.
De même, les produits phytosanitaires avec lesquels on a induit ces
semences du cotonnier sont aussi une source de danger ou de risque pour la
santé des consommateurs de ces amandes.
Pour finir, ce document nous a été utile. Il
nous a aidés à avoir une idée sur l'attitude, les
pratiques des populations auprès de qui notre étude sera
menée. De ce fait, quels sont les effets des pesticides sur
l'environnement et sur les manipulateurs ? C'est l'objet de la prochaine
thématique.
1.3.3. Thématique relative aux pesticides et leurs
effets nocifs.
Pour les pesticides et leurs effets, il existe une
littérature très dense à ce sujet. Mais pour cette
étude, nous avons retenu les ouvrages ci-dessous :
ü L'écotoxicologie ;
ü La pollution des eaux ;
ü Index phytosanitaire Acta 2004 ;
ü Utilisation efficace et sans risque des produits
phytosanitaires en République Centrafricaine.
Le premier ouvrage de cette rubrique est écrit par
Colette CHASSARDBOUCHAUD. Il est intitulé :
~~L'écotoxicologie~~22.
Ce document aborde les grandes thématiques de l'environnement, de
l'écosystème, de la préservation de la couche d'ozone et
du développement durable.
En faisant l'état des lieux de la planète qui
nous abrite, l'auteur fait remarquer que les Hommes, pour leurs industries,
leur développement, leur agriculture et leur bienêtre,
libèrent de quantités de polluants divers dans
l'atmosphère. Ces polluants divers
21 (E) CIBIEN : Etude
agro-économique des comportements des producteurs de la région de
Bossangoa, Préfecture de l'Ouham, République
Centrafricaine~~, Mémoire de Licence, Ecole
Nationale Supérieure d'Agronomique de Montpellier, Octobre, 1995,
P.26
22 (C) CHASSARD-BOUCHAUD :
L'écotoxicologie, Collection « Que
sais-je », PUF, Paris, 1995
provenant souvent des activités de production
d'énergie (charbon, pétrole, gaz naturel), des industries
chimiques et des activités agricoles (engrais, pesticides), une fois
libérés dans l'environnement sont soumis à des
transformations dues aux facteurs physiques, chimiques et biologiques, au cours
desquels ils peuvent soit être neutralisés soit au contraire
dispersés, avec pour conséquence une augmentation de la
toxicité.
Chaque année, des quantités ou des tonnes des
polluants sont déversées dans l'atmosphère. Ces polluants
impactent directement sur la qualité de l'air, de l'eau, des
végétaux et des animaux. Car, certains de ces polluants tels que
les pesticides ne sont pas biodégradables et par conséquent, se
retrouvent dans certains aliments sous formes de molécules ou de
résidus chimiques.
Ce document nous a permis de comprendre que les polluants ou
les pesticides déversés dans la nature pour la protection des
végétaux, certains de ces produits ne sont éliminés
définitivement. Les pesticides qui ne sont biodégradables
créé une chaine de contamination. En effet, ces polluants
persistants, représentent un danger permanent pour la nature, la faune
et l'humanité.
Car ces polluants une fois libérés dans l'air,
contaminent les plantes, les fruits, les poissons dans les cours d'eau. Ces
produits contenant les molécules de ces polluants finissent par
contaminer les hommes qui en consomment. C'est pourquoi on parle de la
toxico-vigilance pour les limites maximales de Résidus pour lutter
contre la contamination alimentaire.
Si cet ouvrage nous a aidé à comprendre
l'écotoxicologie, celui-ci s'apparente plus à un manuel des ONG
pour la défense de l'environnement. Ainsi, qu'en est-il donc de la
pollution des eaux ? C'est d'ailleurs l'objet du second ouvrage de cette
troisième rubrique.
« La pollution des eaux »,
c'est ainsi qu'est intitulé le second document de cette troisième
thématique. Il a été écrit par Jean-Bernard LEROY.
L'ouvrage-ci s'intéresse à la question de la pollution des eaux
dans ses différentes formes tout en touchant également l'aspect
de réglementation ou législation relative à cette
denrée précieuse.
A la question de savoir qu'est-ce- que la pollution des eaux,
l'auteur répond en ces termes : « l'on entend par
pollution d'une eau, l'ensemble des éléments qui
la
rendent impropre à un usage
déterminé. »23 Autant qu'il y a
d'usages de l'eau, autant il existe une variété de pollution.
C'est ainsi, que l'auteur fait la distinction suivante : les pollutions
domestiques, industrielles, accidentelles, radioactives et les pollutions
agricoles, etc.
En parlant de la pollution agricole laquelle fait l'objet de
notre préoccupation dans ce travail, l'auteur explique ce qui suit.
L'usage des engrais chimiques en lieu et place des engrais naturels dont le
recyclage est assuré par la nature. Ces engrais sont très
solubles car les plantes se nourrissent essentiellement des matières
dissoutes. Le drame est qu'une forte pluie survenant trop tôt
après la fumure entraînera une quantité notable d'azote et
de phosphore qui, petit à petit s'entassera au fond des rivières
qui reçoivent les eaux venant de ces champs.
L'usage des pesticides (insecticides, fongicides, etc.) et
d'autres produits phytosanitaires arrivent ainsi de la même
manière à se retrouver dans le lit des cours d'eaux qu'ils
polluent les eaux. L'auteur explique aussi que les molécules dont ces
pesticides sont formés, en général des
organochlorés, ne sont peu biodégradables. Une fois que ces
molécules sont emprisonnées dans la nappe souterraine, elles y
restent, et ce qui est plus grave, leur nombre augmente d'année en
année puisque les apports se poursuivent.
Pour ce qui est des conséquences de cette pollution,
elles sont nombreuses et variées. D'après l'auteur de cet
ouvrage, « Tous les ans, soixante (60) millions de tonnes de
produits chimiques sont commercialisés dans le monde, et cette
quantité est en augmentation. »24 Parmi
les effets de ces différentes pollutions, il y a : la mort des poissons,
l'aspect des mers et des rivières après les diverses
marées noires, les effets sur l'Homme (intoxication, diarrhée,
vomissement, rhume ou sinusite).
L'intérêt de cet ouvrage est qu'il nous a permis
de comprendre le danger que les produits chimiques représentent pour
l'Homme et l'intérêt qu'il y a à protéger l'eau dont
la survie de l'humanité entière en dépend. Cependant, en
parcourant ce livre, nous avons remarqué que certains points importants
n'ont pas été abordés notamment
23 (J-B) LEROY : La pollution des
eaux~~, Collection ~~Que
Sais-Je~~, PUF, Paris, 1994, P.22
24 Ibid., P.30
l'aspect réglementation relative à l'eau.
L'auteur s'est beaucoup focalisé sur le cas occidental notamment la
législation française en matière des normes et des
résidus des produits chimiques dans l'eau. Que nous dit donc le prochain
document?
Le volumineux document (884 pages) écrit par
Alice Couteux et Vilaine LEJEUNE, aborde les
pesticides sous toutes leurs variétés en commençant par
leur définition, leur mécanisme de production et leur aspect
sécuritaire. En parcourant ce document, cela nous a permis de comprendre
comment lire une étiquette sur l'emballage de produits phytosanitaires
et comment ces produits sont classifiés.
D'après les auteurs de cet ouvrage, «
la classification vise à identifier toutes les
propriétés physico-chimiques, toxicologiques et des
préparations ou leur utilisation
normale.»25 D'après eux toujours,
différents critères de classification et d'étiquetage de
ces substances existent.
ü D'abord la classification sur la base des
propriétés physico-chimiques. Il s'agit des substances et
préparations: Explosives (E), Comburant
(C), Inflammable (I) et
extrêmement-Inflammable (F+) ;
ü Ensuite, la classification suivant les
propriétés toxicologiques. Cette classification concerne à
la fois les effets aigües (à court terme) et à long terme
des substances et préparations. Ces effets découlent d'une seule
exposition ou d'expositions répétées ou prolongées.
Ces produits sont classés: Très Toxique (T+),
Toxique (T), Nocif (Xn), Irritant
(Xi), Corrosif (C), Sensibilisant ;
ü Enfin, la classification sur la base des effets
spécifiques sur la santé (Substances
CMR). On distingue : Cancérogène
(C), Mutagène (M) et Reprotoxique
(R) ;
ü En outre, il y a la classification sur la base des
effets sur l'environnement. Les substances et préparations dangereuses
pour l'environnement souvent symbolisées par N sont des
substances chimiques à la fois dangereuses pour l'environnement
aquatique et non aquatique.
La contribution de ce document à notre objet
d'étude est qu'il nous a permis de comprendre comment les produits
phytosanitaires sont-ils classés et quels dangers ces substances
chimiques représentent pour leurs manipulateurs (agriculteurs,
25 (A) COUTEUX et all : Index
phytosanitaire Acta 2004, 40ème Edition, Paris,
2004.
consommateurs des fruits et légumes) et pour la nature.
Toutefois, il y a lieu de remarquer que ce document ne nous a pas
proposé une législation en la matière. Les quelques textes
officiels évoqués à cet effet, relèvent du droit
français.
De plus, notons que les auteurs du document-ci militent en
faveur d'une utilisation accrue de ces produits phytopharmaceutiques dont la
toxicité de quelques uns n'est point à occulté. C'est
d'ailleurs dans ce contexte qu'ils ont affirmé qu' : «
avec des produits de plus en plus performants, toujours plus
spécifiques [&], la lutte chimique reste un outil essentiel et en
tout cas le plus performant de la protection des plantes.
»26 Si le document a permis à identifier
la nature des produits phytosanitaires et leur toxicité, le prochain
ouvrage nous conduira à savoir bien utiliser ces produits afin de ne pas
s'intoxiquer.
Le dernier document de cette troisième
thématique a été rédigé à la fois par
Gaëlle STIMAMIGLIO et Gérard
GENDRON. Il a pour titre: « Utilisation efficace et
sans risque des produits phytosanitaires en République Centrafricaine
»27. En parlant du cotonnier, les auteurs de ce
document admettent que c'est une plante fragile qui a plusieurs ravageurs (les
chenilles Endocarpiques, exocarpiques, les phallophages, les piqueurs-succeurs,
les acariens, etc.) contre lesquels il faut la protéger.
Ainsi, pour protéger le cotonnier contre ses ennemies,
le document propose deux types de luttes : chimique et agricole. La
première méthode consiste en l'usage des pesticides agricoles
pour éliminer les ravageurs. La seconde voudrait qu'on détruise
tous les résidus de l'ancienne culture pour ainsi nettoyer les sites
larvaires des anciennes parasites en la préservation de nouvelles
parcelles.
L'autre aspect important abordé dans ce document, c'est
le phénomène de résistance des ravageurs du cotonnier aux
produits phytosanitaires. Notons que la résistance (qui diminue
l'efficacité du produit) et la toxicité sur l'Homme, les animaux,
la flore et la faune aquatique sont les principales causes pour lesquelles
certains produits phytopharmaceutiques peuvent être retirés du
circuit commercial. C'est d'ailleurs dans ce contexte qu'on parle des polluants
organiques persistants (POPs).
26 Ibid., P.32
27 (G) STIMAMIGLIO et (G) GENDRON :
Utilisation efficace et sans risque des produits phytosanitaires en
République Centrafricaine, Arysta Life science, Paris,
2007
Les pops sont des matières ou des substances actives
qui sont solubles dans l'eau et non biodégradables. Ces produits, s'ils
sont lâchés dans la nature ou l'environnement, ils ne
disparaissent pas pour autant. Ils se retrouvent dans le lit des cours d'eau
par le ruissellement des eaux de pluie qui entraine leurs molécules. Ces
molécules se retrouvent également chez les poissons qui en
ingurgitent, les plantes aussi en conservent. L'Homme en consommant ces
poissons contaminés ou les fruits traités par ces produits
chimiques, s'intoxiquent. La compilation de ces molécules à long
terme finira par avoir des effets nocifs sur celui-ci.
Par rapport à ces dangers auxquels tout le monde est
exposé en permanence (agriculteurs, manipulateurs, consommateurs des
fruits et légumes) que certains produits ont été
retirés de la circulation et interdits d'usage selon les normes
phytosanitaires de l'OMS et de la FAO. Parmi les POPS utilisés en RCA et
qui sont maintenant interdits d'usage, nous avons :
ALDRINE, CHLORDANE,
DDT, DIELDRINE,
ENDRINE, HEXACHLOROBENZENE,
HEPTACHLORE, TOXAPHENE.
Notons que depuis l'année 2005 jusqu'aujourd'hui, seuls
les produits binaires suivants sont autorisés et continuent d'être
utilisés dans la zone cotonnière de la République
Centrafricaine. Il s'agit de :
ü Cypercal P672 EC (cyperméthrine 72g/l +
Profénophos 600g/l) ;
ü Cypercal P654 EC (cypermethrine 54g/l + Profénophos
600g/l).
Le premier produit est destiné à tuer les
acariens (Acaricides) tandis que le second est destiné à lutter
contre les pucerons (Aphicides).
En abordant l'aspect sécuritaire, le document
reconnaît la toxicité de ces produits phytosanitaires sur la
santé de l'Homme, le principal manipulateur, mais aussi sur les
mammifères, les insectes (pollinisateurs et auxiliaires) et les
poissons. Les voies d'absorption de ces produits dans l'organisme humain sont
nombreuses : ingestion, contact avec la peau, inhalation. Quant aux risques,
ils sont repartis à chaque étape : pendant le transport, le
stockage, la préparation de la bouillie, lors de l'application du
produit, après le traitement.
Pour finir, disons que ce document est plein
d'intérêt pour notre sujet d'étude. Il nous a permis
d'apprendre d'avantage sur les pesticides, les dangers ou risques qu'ils
représentent pour leurs principaux manipulateurs (paysans) et les
précautions à prendre pour éviter de s'intoxiquer. Si le
document-ci a contribué à étayer notre objet
d'étude et montrer l'avantage qu'il y a à protéger le
cotonnier en vue d'augmenter le rendement à l'hectare, cependant, il ne
nous apprend pas la manière à laquelle l'encadrement technique
des paysans doit se faire sur le terrain. L'autre limite de ce document vient
du fait qu'aucun aspect réglementaire n'a pu être
évoqué.
C'est d'ailleurs dans ce contexte de protection des
populations contre les risques et les dangers que représentent ces
produits phytosanitaires que les pays de la CEMAC ont mise en place une
institution inter-état en vue de réglementer le secteur des
pesticides. L'aspect réglementation et homologation fera l'objet de
notre prochaine thématique.
1.3.4. Thématique relative à la
réglementation phytosanitaire en RCA.
Cette rubrique comporte essentiellement des documents
spécifiques et des textes officiels relatifs à la
réglementation des pesticides dans la sous-région (CEMAC) et en
RCA. Il s'agit des documents tels que :
ü CEMAC, Comité Inter-états des pesticides
d'Afrique centrale, 'CPAC'.
ü CEMAC, Directives définissant la nature, la
composition, l'organisation, le
financement, les attributions et les activités des
comités nationaux de gestion
des pesticides (C.N.G.P.).
ü Arrêté portant affectation des
fonctionnaires du Ministère de développement rural et de
l'agriculture dans les postes phytosanitaires.
Le premier document présente l'institution
sous-régionale dénommée CPAC. Le comité Inter-Etats
des pesticides d'Afrique centrales est spécialisé dans
l'assainissement du secteur des pesticides. Cet organe interétatique est
placé sous tutelle scientifique du conseil phytosanitaire interafricain
(C.P.I.). Le comité des pesticides d'Afrique centrale, CPAC est
composé de trois experts/représentants par Etat-membre de la
CEMAC, du
conseil Phytosanitaire interafricain de l'Union Africaine
(CPI-UA), de la FAO et de l'OMS, chargé de l'homologation commune des
pesticides en zone CEMAC.
Cet organisme a pour objectif, l'assainissement de la
production agricole pour la préservation de la santé des
consommateurs locaux et celle de l'environnement, ainsi que la
compétitivité de cette production agricole dans le marché
mondial. Selon ce document, les pays de la zone CEMAC consacrent plus de vingt
et deux milliards (22) de francs CFA par an pour l'achat des pesticides pour
soutenir leur production agricole. Malheureusement, ces produits chimiques,
peuvent constituer une menace permanente pour toutes formes de vie et de
l'environnement, surtout quand leur gestion n'est pas
réglementée.
La situation actuelle dans la zone d'Afrique centrale est
caractérisée par une diversité de législations et
réglementations phytosanitaires. Celles qui existent, présentent
des lacunes dans certains aspects. C'est pour minimiser les dangers liés
à l'utilisation des pesticides et maximiser leurs avantages, que la
gestion réglementée de ceux-ci est un facteur déterminant
d'où la mise en place de l'organe CPAC.28
Le CPAC a connu un long cheminement avant de voir jour. C'est
en effet en Mars 2007 à N'djamena au Tchad que cette structure a
été adoptée lors du conseil des Ministres de l'UECA en
session ordinaire. Elle se présente de la manière suivante :
ü Au niveau inter-états, nous avons la CEMAC, le
CPAC, la cellule CPAC dans les
pays membres et les CNGP en derniers ressort ;
ü Au niveau national, vient d'abord le Ministère
de développement rural, ensuite, la Direction du cabinet, enfin la
cellule-CPAC. En plus viennent les structures sous tutelles exerçant
dans le domaine des pesticides (ICRA, ACDA, ORCCPA, FAO, OMS, etc.). Enfin,
vient le CNGP et les utilisateurs ou manipulateurs des pesticides
(agriculteurs/éleveurs).
En parlant de la structure organisationnelle, le CPAC comprend
: une présidence, un secrétariat permanant, des commissions
techniques, les membres. Alors, quelles sont les attributions du CNGP et
comment fonctionne-t-il ? C'est l'objet du prochain document.
28 CEMAC, ~~Comité
inter-état des pesticides d'Afrique centrale'',
~CPAC', Yaoundé, 2007, P. 6
Le second document de cette rubrique est écrit par le
CPAC sous tutelle de la CEMAC. Il est
intitulé : «Directives définissant la nature, la
composition, l'organisation, le financement, les attributions et les
activités des comités nationaux de gestion des pesticides
(C.N.G.P.). » Le document-ci est en quelque sorte l'acte de
naissance des CNGP. Car il contient toutes les directives
nécessaires pour le fonctionnement de ces Comités Nationaux qui
sont des structures relais du CPAC au niveau de chaque pays
membre. En effet, « les CNGP sont des structures
étatiques nationales ayant la responsabilité
générale du contrôle pré/post homologation,
c'est-à-dire :
Du suivi de l'utilisation des pesticides en matière de
toxico-vigilance des produits phytosanitaires homologués ou ayant
reçus une autorisation provisoire de vente (APV) du CPAC
;
Ils sont placés sous la tutelle du Ministère en
charge de l'agriculture de chaque pays membre du CPAC et leurs
attributions sont aussi les mêmes. »29
Si les CNGP jouent un rôle
charnière entre le CPAC à travers
l'Autorité phytosanitaire Nationale, nombreux sont encore certains
Etats-membres à ne pas mettre en place leurs comités Nationaux
à l'exception du Tchad qui a créé le sien le 9
février 2009 et la RCA le 2 septembre de la même année.
Alors, comment s'effectue le contrôle phytosanitaire au niveau national?
C'est à cette interrogation que répond le dernier document de
cette rubrique.
Le dernier document de cette thématique est un texte
officiel. Il s'agit de l'Arrêté ministériel portant
affectation des fonctionnaires du Ministère de développement
rural et de l'Agriculture dans les postes de contrôle phytosanitaires.
D'après cet Arrêté ministériel, 22 postes de
contrôle phytosanitaire sont créés à travers le
pays. Ces postes de contrôle phytosanitaire qui travaillent en
étroite collaboration avec le CNGP/RCA et la Cellule CPAC/RCA, ont pour
attribution d'aider à assurer une sécurité alimentaire de
la population. Ils rendent compte de leurs activités à
l'Autorité Phytosanitaire Nationale.
29 CEMAC, Directive la nature, la
composition, l'organisation, le financement, les attributions et les
activités des comités nationaux de gestion des
pesticides, Yaoundé, 2008, P. 25
Le dernier document-ci met un terme à ce sous-chapitre
consacré à la revue de la littérature. Le prochain
paragraphe est réservé à la problématique de la
recherche.
1.4. La problématique de la recherche.
La République Centrafricaine est un pays pauvre dont
l'économie est basée sur l'exportation des matières
premières (coton, café, bois, diamants, etc.). Selon le DSRP,
l'agriculture représente 56,6% du PIB et emploie près de 80% de
la population active.30 Parmi les cultures de rentes du pays
destinées à l'exportation, le coton figure en bonne place. En
effet, cette culture qui se pratique uniquement en zone de savane est
exploitée dans les préfectures de : l'Ouham,
l'Ouham-Péndé, la Nana-Gribizi, la Ouaka et une partie de la
Basse-Kotto. Ces préfectures qui exploitent le coton concentrent un fort
taux de densité de la population du pays. Pour les habitants de ces
régions, cette culture constitue une source de revenu non
négligeable.
Botaniquement, le cotonnier en latin, Gossypium, appartient
à la famille des malvacées, dont sa fleur à l'aspect
caractéristique. Dans cette famille des malvacées, le cotonnier a
pour cousin géant l'arbre à Kapok qui, lui aussi produit une
fibre duveteuse, mais d'un usage limité. Pour sa production, le
cotonnier a besoin de sols de bonnes qualités. Pourvue d'une longue
racine dont la longueur dépasse parfois le double ou le triple de la
hauteur de la plante, il lui faut une terre profonde et perméable. Ce
qui justifie la culture attelée dans ces zones cotonnières.
Craignant l'humidité stagnante qui favorise les
maladies, des moisissures et le pullulement des insectes ravageurs, il lui faut
une terre bien drainée. Développant en quelques mois une
végétation arbustive relativement importante, il lui faut une
terre fertile. La culture du cotonnier est parmi les plus épuisantes
pour les sols et pour les paysans du fait de son entretien continu. Pour toutes
ces raisons, les terres d'élections du cotonnier sont des terres riches
et particulièrement les terres alluvionnaires. Il réussit
néanmoins dans des terres moins généreuses mais exige
alors, si l'on veut obtenir des rendements satisfaisants, un apport
appréciable d'engrais organiques et chimiques.
30 RCA: MINISTERE DU PLAN ET DE LA COOPERATION
INTERNATIONALE, Document de Stratégies de Réduction
de la Pauvreté 2008-2010, P. 1
Le cycle de développement du cotonnier varie de cinq
(5) à sept (7) mois, la levée de semis se situe du sixième
au trentième jour, les premières fleurs entre cinquante et
soixante et dix jours et le stade reproductif au-delà. Du fait de ce
cycle, les exigences climatiques du cotonnier sont nettement plus
précises que celles relatives au sol. Ne supportant pas la
température inférieure à
+5°c, la culture du coton ne peut se situer
que dans les climats assurant une température supérieure à
sept (7) mois durant.
Par ailleurs, le cotonnier a besoin d'humidité,
d'oxygène et les températures optimales se situent entre 11 et
25°c pour le barbandense et 15 à 35°c
pour l'hirsutum. Des chaleurs excessives (au-delà de 37°
à 38°c) et des sécheresses prolongées
risqueraient de lui être fatal de même qu'une humidité
permanente (l'optimum étant l'existence d'une humidité
satisfaisante à la récolte).31
De ces différentes données, on déduit
aisément que la culture du cotonnier épuise notablement les sols,
car elle ne peut que rarement être poursuivie plusieurs années sur
les mêmes terres. C'est pourquoi les cotonculteurs font très
souvent recourt aux techniques de l'assolement, plus ou moins régulier,
mais plus fréquemment à l'assolement triennal comportant, outre
le coton, une année de légumineuses et une année de
céréale.
En parlant des ennemies de cette plante, disons que le
cotonnier comme tous végétaux, doit se défendre et
être défendu contre de nombreux dangers et ravageurs : maladies et
ravageurs. Les maladies ont souvent pour origine des bactéries, des
champignons, des virus et des mycoplasmes qui s'attaquent à une partie
ou une autre de la plante. Les maladies peuvent se manifester tout au long du
cycle du cotonnier. Durant la germination, elles peuvent provoquer la fonte des
semis ou des maladies des plantules.
En effet, on dénombre à l'heure actuelle, plus
de 1326 espèces d'insectes vivant aux dépens du cotonnier. Parmi
les principaux ravageurs du cotonnier, on distingue généralement
trois classes: les acariens, les diplopodes et la classe des insectes ou les
ravageurs.32 La protection des cultures remonte aux temps les plus
anciens. Parmi les
31 (D) CHAIGNE : Le coton et l'industrie
cotonnière~~, Collection ~~Que
Sais-Je~~, PUF, Paris, 1996, P.13
32 Ibid., P.17
procédées variées de lutte, on distingue
: les moyens agronomiques, génétiques, biologiques et
chimiques.
En République Centrafricaine où la culture du
coton a été introduite depuis l'époque coloniale, seule la
lutte chimique aux conséquences souvent perverses, est utilisée
comme l'unique moyen de protection efficace. En effet, huit mille tonnes (8000)
tonnes de pesticides sont importées chaque année pour la
protection de différentes cultures dont le coton.33 Une bonne
protection en vue d'un meilleur rendement, exige cinq (5) traitements au moins.
Si ces produits phytosanitaires d'une part présentent un avantage de
protéger le cotonnier, mais d'autre part, ils représentent un
danger potentiel pour leurs manipulateurs, la faune, la flore et
l'environnement.
Les pesticides sont faits pour détruire les
indésirables, mais ils atteignent aussi les espèces non
visées dont l'Homme également. Lors de l'épandage, seuls 1
à 2% des quantités d'insecticides et 5% des herbicides
dispersés atteignent leurs cibles biologiques. Les 95 à 99%
restants vont se déposer dans les sols, se disperser dans l'air, les
eaux superficielles et profondes, se fixer dans les aliments et les organismes
non-visés spécifiquement tels que l'Homme, et les animaux.
Ainsi les insecticides comme le DDT, liposolubles, non
biodégradables vont subir une bioamplification conduisant à des
concentrations multipliées par des facteurs de plusieurs millions au
sommet de ces chaînes alimentaires pour des durées de plusieurs
dizaines d'année.34
Par action indirecte, l'Homme se contamine à travers
certains aliments consommés. En effet, certains produits animaux ou
végétaux consommés sont bien connus de contenir des
résidus des pesticides: bSufs, oranges, tomates, raisins, laitues,
pommes de terre. Fort de ces démonstrations, nous comprenons par
là qu'aucun individu n'est à l'abri des dangers que
représentent les produits phytosanitaires pour la santé
humaine.
Dans la zone cotonnière de la RCA en
général et en particulier à Bossangoa, force est de
constater que certaines pratiques à risque liées aux pesticides
agricoles
33 Entretien accordé au responsable de la
cellule coton, le 15 Décembre 2010, 11H30
34 (C) CHASSARD-BOUCHAUD :
~~L'écotoxicologie~~,
Collection ~~Que Sais-Je~~, PUF, Paris, 1995, PP.74-75
observées par certains cotonculteurs aux
conséquences souvent néfastes, sont exercées sous l'effet
de l'ignorance ou des mépris des dangers liés à ces
pesticides ou encore sous le poids de la tradition.
Ainsi, fort de ce qui précède, quelques
interrogations méritent d'être soulevées : v' Comment les
produits phytosanitaires sont-ils représentés par les
cotonculteurs de Bossangoa ?
Cette question principale ainsi soulevée, fait appel aux
questions subsidiaires suivantes :
v' Quelles sont les pratiques que les cotonculteurs de Bossangoa
font des pesticides agricoles ?
v' Ces pratiques respectent-elles les procédures et les
normes en vigueur ?
v' Quels sont les impacts socioéconomiques des pratiques
dans la localité de Bossangoa ?
v' Quelles sont les mesures à prendre pour réduire
l'ampleur des pratiques non conformes aux normes dans la localité de
Bossangoa ?
Ces questions ainsi posées, nous conduisent à
déterminer les objectifs liés à cette étude.
1.5. Les objectifs de la recherche.
Pour cette étude, nous nous sommes fixé deux types
d'objectifs : l'objectif principal et les objectifs spécifiques.
1.5.1. L'objectif principal.
Notre objectif principal vise à :
v' Montrer la perception ou la conception des cotonculteurs de
Bossangoa à l'égard des produits phytosanitaires.
1.5.2. Les objectifs spécifiques.
Les objectifs spécifiques de ce travail vise à :
v' Identifier les différentes pratiques liées
à l'utilisation des produits phytosanitaires à Bossangoa.
v' Vérifier si les pratiques liées à
l'utilisation des produits phytosanitaires auxquelles les cotonculteurs de
Bossangoa se livrent sont en conformité avec les procédures et
normes en vigueur.
v' Mesurer les impacts socioéconomiques de ces pratiques
dans la localité de Bossangoa ;
v' Proposer des pistes de solutions visant à
réduire l'ampleur des mauvais usages des produits phytosanitaires
à Bossangoa.
Les objectifs ainsi fixés, permettent de clarifier les
hypothèses de la recherche.
1.6. Les hypothèses de la recherche.
Ici, nos hypothèses sont élaborées en
fonction de l'ensemble des questions auxquelles l'obligation
méthodologique de la recherche veut une réponse.
1.6.1. L'hypothèse principale.
v' Les produits phytosanitaires sont considérés
par les cotonculteurs de Bossangoa comme des produits moins dangereux
présentant aucun risque sanitaire et environnemental et utilisables pour
la chasse et la pêche.
1.6.2. Les hypothèses spécifiques.
v' La protection des cultures, la pêche, la chasse et
l'utilisation des emballages des pesticides agricoles pour conserver l'eau et
les aliments sont les pratiques que font les cotonculteurs de Bossangoa des
produits phytosanitaires.
v' La réutilisation des emballages pour la conservation
de l'eau et les aliments, l'utilisation pour la chasse et la pêche
démontrent le non respect des normes et procédures en vigueur en
matière de l'utilisation des pesticides agricoles.
ü L'inefficacité de la protection du cotonnier,
l'intoxication alimentaire et les problèmes de santé
démontrent les impacts socioéconomiques des mauvais usages des
produits phytosanitaires à Bossangoa.
ü La sensibilisation de la population en
général, l'encadrement techniques des paysans et l'utilisation
d'Equipement de Protection Individuelle (EPI) lors des traitements par les
cotonculteurs en particulier, constituent les moyens susceptibles de
réduire l'ampleur des mauvais usages des produits phytosanitaires
à Bossangoa.
Ces hypothèses de recherche mettent ainsi, un terme
à notre premier chapitre intitulé 'Le cadre théorique'. Le
prochain chapitre est consacré aux considérations d'ordre
méthodologique.
CHAPITRE DEUXIEME : CADRE METHODOLOGIQUE
Ce chapitre s'articule autour des principaux points suivants :
la délimitation, les méthodes d'analyse, les techniques de
collecte de données et les difficultés rencontrées lors de
l'élaboration de ce travail de recherche et d'étude.
2.1. Délimitation du champ d'étude.
Compte ténu de l'immensité de l'étendue
de notre terrain d'étude, nous avons procédé à la
délimitation méthodologique pour faciliter ainsi le bon
déroulement de cette étude. De ce fait, deux types de
délimitation sont nécessaires à ce travail : la
délimitation géographique d'abord et la délimitation
sociologique ensuite.
2.1.1. La délimitation géographique du champ
d'étude.
Un champ d'étude est l'espace où se
déroule une enquête. Il s'agit de délimiter l'espace
géographique à l'intérieur duquel l'enquête va se
dérouler. Dans le cadre de ce travail, nous avons choisi la commune de
Bossangoa du fait que cette localité abrite une usine d'égrainage
de coton et de ce fait, une forte pratique de culture du coton s'y est
très développée. Par conséquent, il nous est facile
de vérifier l'impact de mauvaises pratiques liées à
l'utilisation des produits phytosanitaires auxquelles les cotonculteurs de
ladite localité se livrent.
En effet, Bossangoa le chef lieu de la préfecture de
l'Ouham, est située au Nord à 305 Km de Bangui la capitale de la
République Centrafricaine. Elle a été érigée
en commune en mille neuf cent soixante (1960). Elle couvre une superficie de
13.052 Km2 et compte une population estimée à 45.397
habitants.35
Cette commune est limitée au Nord par la
sous-préfecture de Nana-Bakassa, au Nord-est par la commune de
Koro-m'poko, au sud par la commune de Sougbé et à l'ouest par la
commune de Ndoro-Mboli et de l'Ouham-Bac.
La population de Bossangoa composée majoritairement de
l'ethnie Gbaya, se réparti entre les quatre (4) Arrondissements que
compte cette commune. Notre objet
35 Monographie de la commune de Bossangoa, Novembre
2010, p.2
d'étude est axé sur les représentations
sociales et les pratiques liées à l'utilisation des produits
phytosanitaires : cas des cotonculteurs de Bossangoa. Cette commune
étant vaste, cela nécessite d'importants moyens financiers,
matériels et humains pour couvrir l'enquête toute entière.
Ne disposant pas de tous ces moyens, nous avons jugé mieux
enquêter auprès de deux principaux groupements situés
respectivement chacun dans le troisième (3) et le quatrième (4)
arrondissements. De ce fait, quelles sont les couches sociales directement
concernées par cette étude ? La réponse à cette
question fera l'objet de notre prochain paragraphe.
2.1.2. La délimitation sociologique du champ de
l'étude.
Cette seconde forme de délimitation du champ
d'étude consiste à circonscrire l'objet d'étude et
à déterminer la population cible c'est-à-dire les
individus ou groupes d'individus sociologiquement représentatifs qu'il
faut toucher au moment de l'enquête sur terrain. Ainsi, l'enquête
concerne t-elle directement les cotonculteurs de la commune de Bossangoa. Et
plus indirectement, elle vise également les responsables de la
Cellulecoton de l'ACDA, la cellule CPAC-RCA chargée de l'homologation
des pesticides agricoles et le Médecin Chef de centre d'ophtalmologie de
Bossangoa.
Les informations fournies par les catégories des
populations évoquées ci-haut, vont nous permettre de comprendre
les représentations sociales et les pratiques des paysans liées
à l'utilisation des pesticides agricoles. Par la même occasion,
cela nous permettra de mesurer les impacts socioéconomiques des
mauvaises pratiques de ces derniers vis-à-vis de ces produits
chimiques.
Notons que cette délimitation est faite en
conformité aux objectifs que nous nous sommes fixé dans le cadre
de cette recherche. Ainsi, après avoir procédé à la
délimitation de notre champ d'étude, nous abordons dans le
paragraphe prochain, la partie consacrée aux méthodes
d'analyse.
2.2. Le constructivisme structuraliste.
Toute recherche scientifique s'appuie toujours sur une ou des
méthodes, car la méthode permet au chercheur de comprendre afin
d'analyser son objet d'étude. Ainsi, le choix d'une ou des
méthodes d'analyse est toujours subordonné aux objectifs de
ladite recherche. Pour ce travail, nous avons fait recours au constructivisme
structuraliste de Pierre BOURDIEU.
Modèle d'analyse en sciences sociales, le
constructivisme structuraliste~~ est à la jonction de
l'objectif et du subjectif. Pierre BOURDIEU, en effet, le
définit de la manière suivante : « par
structuralisme ou structuraliste, je veux dire qu'il existe, dans le monde
social lui-même, [&] des structures objectives indépendantes
de la conscience et de la volonté des agents, qui sont capables
d'orienter ou de contraindre leurs pratiques ou leurs représentations.
Par constructivisme, je veux dire qu'il y a une genèse sociale d'une
part des schèmes de perception, de pensée et d'action qui sont
sociales, en particulier de ce que j'appelle champs.
»36 Dans cette double dimension, objective et
construite, de la réalité sociale, deux notions clés se
dégagent : habitus et champ.
Selon Pierre BOURDIEU, le principe de
l'action historique, celle de l'artiste, du savant ou du gouvernant comme celle
de l'ouvrier ou du petit fonctionnaire, n'est pas un sujet qui s'affronterait
à la société comme à un objet constitué dans
l'extériorité. Il ne réside ni dans la conscience ni dans
les choses, mais dans la relation entre deux états du social,
c'est-à-dire l'histoire objectivée dans les choses, sous forme
d'institutions, et l'histoire incarnée dans les corps, sous forme de ce
système de dispositions durables qu'il appelle habitus. C'est donc la
rencontre de l'habitus et du champ, de ~~l'histoire
faite corps et de ~~l'histoire faite
chose qui apparaît comme le mécanisme principal de
production du monde social. C'est pourquoi en opérationnalisant ce
concept pour des travaux empiriques, BOURDIEU évoque le
double mouvement constructiviste d'intériorisation de l'extérieur
et d'extériorisation de l'intérieur.
36Extrait de (P) BOURDIEU : "Espace social
et pouvoir symbolique ", dans Choses dites, Minuit, Paris, 1987,
P.5 présenté par Bernard DANTIER sur
www.lesclassiquesdessciencessociales.ca
; consulté le 22Mai 2011
Pour Pierre BOURDIEU, le sociologue qui a eu le mérite
d'avoir mis à jour ce concept, « l'habitus est un
système de dispositions durables et transposables, structures
structurées prédisposées à fonctionner comme
structure structurante, c'est-à-dire en tant que principes
générateurs et organisateurs des pratiques et de
représentations qui peuvent être objectivement adaptées
à leur but sans supposer la visée consciente de fins et de
maîtrise expresse des opérations nécessaires pour les
atteindre, objectivement ~~réglées~~ et
~~régulière~~ sans être en rien le
produit de l'obéissance à des règles et, étant tout
cela, collectivement orchestrées sans être le produit de l'action
organisatrice d'un chef d'orchestre »37
Quant aux champs, celui-ci affirment qu'ils constituent la
phase d'extériorisation de l'intériorité du processus. Le
champ est une sphère de la vie sociale qui s'est progressivement
autonomisée à travers l'histoire autour des relations sociales.
Chaque champ est alors à la fois un champ de forces - il est
marqué par une distribution inégale des ressources et donc un
rapport de forces entre dominants et dominés - et un champ de lutte -
les agents sociaux s'y affrontent pour conserver ou transformer ce rapport de
forces. Chaque champ est caractérisé par des mécanismes
spécifiques de capitalisation des ressources légitimes qui lui
sont propres.
Chez BOURDIEU, en effet, il y a une
pluralité des capitaux (capital culturel, capital politique, capital
économique, etc.) à l'opposée des
~~marxistes~~ où l'ensemble de la
société est pensée d'abord autour d'une vision
économique du capitalisme. De ce fait, il y a une représentation
pluridimensionnelle ; l'espace social est composé d'une pluralité
des champs autonomes, définissants chacun des modes spécifiques
de dominations.
Le structuralisme constructivisme ramené à notre
sujet d'étude nous a permis d'une part de comprendre les
représentations sociales et d'autre part d'analyser les pratiques
phytosanitaires auxquelles nos enquêtés se livrent. Par analogie,
les représentations sociales de nos enquêtés à
l'égard des pesticides agricoles sont fonction de leur habitus. Le
conflit ou la contradiction relevée dans ce champ provient des
procédures et normes en vigueur par rapport à l'utilisation des
produits phytosanitaires.
37 Extrait de (P) BOURDIEU : Le sens
pratique~~, Edition de Minuit, Paris, 1980, p.3
présenté par Bernard DANTIER; Site web:
http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html
, lu le 24 Mars 2011.
Ces normes, bien entendu, sont extérieures sinon
contraires à l'habitus collectif, généralement
partagé dans notre zone d'étude. C'est ce qui explique le recours
aux mauvaises pratiques liées à l'utilisation des produits
phytosanitaires auxquelles la population de Bossangoa, notre terrain
d'étude, s'adonne.
Pour finir, disons que la confrontation entre les normes
sociales locales en vigueur et les procédures et normes internationales
en vigueur derrières lesquelles se trouvent des agents sociaux, rend
difficile la lutte phytosanitaire en RCA en général et à
Bossangoa en particulier. Ceci étant, nous passons aux techniques de
collecte de données.
2.3. Les techniques de collecte de données.
En sciences sociales, il existe plusieurs outils ou techniques
d'investigation permettant ainsi de collecter des informations sur terrain.
Pour mieux recueillir et analyser le discours de nos enquêtés
autour de notre objet d'étude, nous avons fait recours aux techniques de
collecte de données suivantes : la pré-enquête, la
recherche documentaire, l'observation préparée,
l'échantillonnage, les entretiens, le questionnaire et le
dépouillement des données du questionnaire.
2.3.1. La pré-enquête.
La pré-enquête est une étape
préalable et essentielle au commencement de toute recherche sur terrain.
Elle permet de juger de la pertinence et de la clarté des questions
formulées. Aussi est-il que son intérêt réside dans
la connaissance du milieu d'abord et ensuite de l'ensemble social sur lequel
l'enquête se porte.
En effet, au cours de notre pré-enquête, nous
avons pris attache avec différents responsables de différentes
structures qui sont directement ou indirectement concernées par notre
étude. Nous pensons au Directeur de la cellule coton de l'ACDA (Bangui),
au Directeur de protection des végétaux au Ministère de
l'Agriculture et du développement rural, au Directeur de la cellule
coton de l'ACDA à Bossangoa et le médecin chef de centre
d'ophtalmologie de Bossangoa.
A ces différentes personnalités, nous nous
sommes présenté avec notre sujet de recherche. Ceux-ci nous ont
reçu et nous ont fourni des informations utiles liées à
notre objet d'étude. Ces informations nous ont été utiles
et nous ont permis d'aborder sereinement notre terrain d'étude.
2.3.2. La recherche documentaire.
Tout travail de recherche prend généralement
appui sur des travaux existant. Pour nous permettre de mieux appréhender
notre sujet d'étude et de recherche, nous avons lu et consulté un
certains nombre d'ouvrages susceptibles de nous fournir des
éléments d'informations en relation avec la recherche
entreprise.
Cette documentation est le fruit de notre fréquentation
dans les bibliothèques, la consultation des ouvrages
généraux et spécifiques, des ouvrages
méthodologiques, des mémoires, des documents officiels, des
écrits de presse et des fichiers électroniques (sites internet)
ayant trait au sujet de notre étude.
2.3.3. L'observation.
Nous avons fait usage de l'observation préparée.
Ce type d'observation consiste à préparer d'avance ce que l'on
veut observer. Cette technique nous a permis d'observer la manière dont
les cotonculteurs représentent les pesticides agricoles. Par la
même occasion, nous avons pu observer nous même certaines pratiques
locales liées aux pesticides agricoles. Elle consiste également
à observer et à recueillir des données relatives aux faits
à observer.
L'observation à elle seule ne nous permet pas de
mesurer l'impact socioéconomique de l'usage et des pratiques
liées aux pesticides agricoles par les paysans à Bossangoa. C'est
pour cette raison que nous avons jugé mieux recourir aux entretiens.
2.3.4. Les entretiens.
Les entretiens font partie des techniques qualitatives
d'investigation en sciences sociales. Tout comme les autres techniques de
collecte de données, l'entretien semidirectif a pour but de recueillir
des informations auprès des enquêtés sur un problème
donné. Dans le cadre de ce présent travail, nous avons fait usage
des entretiens semidirectifs. En effet, lors de nos différentes
rencontres avec les personnes ressources, nous nous sommes entretenu avec
celles-ci. Ces différents entretiens ont été rendus
possibles grâce aux supports appelés Guide
d'entretien~~.
Afin de nous permettre de bien cerner notre objet d'étude
pour mieux l'expliquer, nous nous sommes entretenu avec :
ü Madame la Coordonatrice Nationale du Comité
Inter-état des pesticides d'Afrique Centrale.
ü Monsieur le Directeur des opérations à la
cellule coton (ACDA, Bangui);
ü Le chef d'exploitation de l'usine d'égrainage de
coton graine de Bossangoa ; ü Le Secrétaire Général
de la Mairie de Bossangoa ;
ü Le médecin chef de centre d'ophtalmologie de
Bossangoa.
Notons que les guides d'entretien adressés à ces
différentes personnalités comportent chacun, des
différentes thématiques toutes liées aux objectifs de
notre recherche. Ainsi, voici comment ces guides d'entretien sont
structurés:
a) Guide d'entretien adressé à Madame la
Coordonnatrice Nationale du Comité Inter-état des pesticides en
Afrique Centrale.
Notre entretien avec Madame la Coordonatrice s'est
organisé autour des thématiques suivantes : l'historique de la
cellule CPAC-RCA, l'organigramme de la cellule CPAC-RCA, le fonctionnement de
ladite cellule, son but, sa relation avec la cellule coton (ACDA), la
modalité de contrôle phytosanitaire et de l'homologation des
pesticides, l'effectif des postes de police phytosanitaires et les principales
difficultés et perspectives.
b) Guide d'entretien adressé au Directeur des
Opérations à la cellule coton (ACDA, Bangui).
Avec le Directeur des opérations de la cellule coton,
notre entretien s'est organisé autour des thématiques suivantes :
l'historique de la cellule coton, son organigramme et son fonctionnement, le
mécanisme d'importation et de distribution des pesticides agricoles, les
risques et prévention liés aux pesticides agricoles et enfin, les
principales difficultés et perspectives de la cellule coton.
c) Guide d'entretien adressé à l'Adjoint
au Chef d'Exploitation de l'usine d'égrainage de coton de
Bossangoa.
Quant au chef d'exploitation de l'usine d'égrainage du
coton de Bossangoa, les points suivants ont fait l'objet de notre entretien :
historique de la création de l'usine de Bossangoa, la culture du coton,
les types de pesticides utilisés pour cette culture, la gestion du stock
et des emballages des pesticides et les difficultés et perspectives de
ladite usine.
d) Guide d'entretien adressé au Secrétaire
Général de la mairie de Bossangoa.
Pour le Secrétaire général de la mairie
de Bossangoa, l'essentiel de notre entretien s'est organisé autour de :
l'historique de la ville, le découpage administratif de la ville, les
associations et les groupements agricoles et les efforts de la
municipalité pour la lutte contre les mauvaises pratiques
phytosanitaires auxquelles les cotonculteurs de ladite ville se livrent.
e) Guide d'entretien adressé au Médecin
Chef de centre d'ophtalmologie de l'hôpital de Bossangoa.
L'interview accordée au médecin chef de centre
d'ophtalmologie de Bossangoa a tourné autour des principaux points
suivants : la toxicité des pesticides, les risques sanitaires et
environnementaux, les conséquences d'ingestion de ces produits sur
l'organisme humain, les mesures préventives et curatives, les
difficultés et perspectives dudit centre.
Les différents guides d'entretien ainsi
présentés, nous passons à l'autre technique de collecte de
données qui est le questionnaire.
2.3.5. Le questionnaire.
Pour ce qui est du questionnaire, il n'a été
adressé rien qu'aux cotonculteurs, membres des groupements exploitant du
coton. En effet, ce questionnaire nous a permis de recueillir les discours des
exploitants du coton sur les pesticides agricoles. Il nous a également
permis de comprendre les attitudes et les pratiques ou usages que ces derniers
font de ces produits chimiques.
Ainsi, notre questionnaire contient six (6) rubriques dont :
I. Identification des enquêtés,
II. Les représentations sociales des produits
phytosanitaires ;
III. Les pratiques liées à l'utilisation
des pesticides agricoles ;
IV. Le respect des procédures et normes en
vigueur ;
V. Les impacts socioéconomiques de ces pratiques
;
VI. Les solutions à envisager.
Notre questionnaire comporte un ensemble de vingt et six (26)
questions dont vingt cinq (25) questions fermées et une question
ouverte. Pour nous permettre de bien identifier nos enquêtés, nous
avons retenu à cet effet, cinq variables à savoir : Sexe,
âge, niveau d'instruction, situation matrimoniale et le niveau de
revenus.
Pour nous permettre de procéder à l'analyse, nous
avons croisé certaines variables sociodémographiques avec les
réponses des enquêtés :
Nous avons croisé la variable Niveau d'instruction avec
la question n°9 : « Quel est le degré
de risque que les pesticides agricoles représentent pour la santé
humaine ? » ce croisement a pour but de nous aider à
comprendre comment nos enquêtés perçoivent-ils le
degré de risque des pesticides selon leur niveau intellectuel.
Aussi est-il que nous avons croisé la variable sexe
avec la question n°18 : « Après les
traitements, que faites-vous des emballages ? » Le but d'un
tel croisement est de nous montrer les différents usages que font nos
enquêtés des emballages des pesticides. Les usages des emballages
varient en fonction du sexe.
Un autre croisement concerne la variable niveau d'instruction
et la question n°12 : «Lors des traitements,
utilisez-vous toutes la quantité du liquide ? »
L'intérêt de ce croisement est de nous permettre de voir l'opinion
des enquêtés sur l'utilisation de la quantité du liquide
reçu.
Egalement nous avons croisé la variable niveau de
revenus à la question n°13 : « Pourquoi
gardez-vous le reste de ce liquide ? » Ce croisement nous
permet de vérifier si se sont nos enquêtés qui ont un
faible revenus qui préfèrent garder une quantité de
pesticide afin de revendre ou de chasser ou encore de pécher avec.
Aussi est-il que nous avons croisé la variable niveau
d'instruction avec la réponse à la question n°7 :
« Pour vous, les pesticides agricoles sont-ils destinés
pour quels usages ? » Ce croisement nous permet
d'apprécier les différents usages que les cotonculteurs font des
pesticides agricoles selon la perception de leur niveau d'instruction.
Le dernier croisement, c'est celui de la variable sexe avec la
question n°7 : «Pour vous, les pesticides
sont-ils destinés pour quels usages?» Nous avons
effectué ce croisement dans l'intérêt d'apprécier le
niveau de perception de différents usages possibles que l'on peut en
faire avec les pesticides agricoles. Ces différents usages varient en
fonctions du sexe.
Ainsi, ce dernier croisement met un terme à ce
paragraphe consacré au questionnaire. Le prochain sous point sera
réservé à l'échantillonnage.
2.3.6. L'échantillonnage.
Nous avons opté pour la technique
d'échantillonnage stratifié simple. Cette technique consiste
à diviser la population mère en sous-population appelée
strate. Chaque strate est traitée comme sous ensemble dont est extrait
un échantillon38. Ainsi dans la pratique, un même taux
de sondage est fixé et appliqué à chaque strate sans tenir
compte de l'importance de l'une ou de l'autre strate qui constitue l'univers de
l'enquête. L'objectif est de donner la chance à chacune des
populations concernées
38 MOGBA (Z) et MOUKADAS (N) : Eléments
pratiques de méthodologie à l'usage des étudiants en
sciences sociales, Bangui, Avril, 1995, P.15
d'appartenir l'échantillon et de même, d'avoir la
chance d'être interrogées lors de l'enquête proprement
dite.
Dans le cadre de ce travail, l'étude porte sur seize
(16) Groupements d'Intérêts Ruraux appelé GIR que compte la
zone de Bossangoa centre. L'ensemble de ces groupements, donne un total de deux
mille trois cent dix huit (2318) planteurs (hommes et femmes confondus). A ces
groupements que nous considérons comme des strates, nous avons choisi un
taux de sondage unique qui est de cinq (5) pourcent. Ce qui nous a conduit
à un échantillon de cent seize (116) individus à
interroger d'après le tableau cidessous. Pour ce qui est du choix de
notre taux de sondage, disons que celui-ci est tributaire de nos
possibilités financières et matérielles.
Tableau 1: Construction de
l'échantillon
N°
|
GIR
|
Effectif
|
Taux de
sondage
|
Total
|
01
|
Karré
|
115
|
5%
|
5.75
|
02
|
Ngambaye
|
300
|
5%
|
15
|
03
|
Kouanga
|
98
|
5%
|
4.9
|
04
|
Pont-Ouham
|
395
|
5%
|
19.75
|
05
|
Gbandoko
|
90
|
5%
|
4.5
|
06
|
Bofango
|
138
|
5%
|
6.9
|
07
|
Soumgbé
|
95
|
5%
|
4.75
|
08
|
Bodaro
|
225
|
5%
|
11.25
|
09
|
Zéré
|
225
|
5%
|
11.25
|
10
|
Bodio- Kota
|
170
|
5%
|
8.5
|
11
|
Solidarité
|
0
|
5%
|
0
|
12
|
Régulier
|
0
|
5%
|
0
|
13
|
Kango
|
140
|
5%
|
7
|
14
|
Carrière
|
142
|
5%
|
7.1
|
15
|
Kana
|
75
|
5%
|
3.75
|
16
|
Gbakaba
|
80
|
5%
|
4
|
Total
|
2318
|
5%
|
116
|
Source : Cellule coton
2.3.7. Le dépouillement du questionnaire.
Le dépouillement est l'ensemble des opérations
de comptage des réponses permettant de connaître les
résultats d'une enquête. C'est une technique quantitative de
collecte de données. Il existe à cet effet, deux modes de
dépouillements : le dépouillement manuel et le
dépouillement informatisé.
Dans le cadre de ce travail-ci, précisons que nous
avons procédé au second type de dépouillement à
savoir celui fait à l'aide des outils informatiques. A cet effet, deux
logiciels ont été mis en contribution pour rendre disponibles les
résultats de cette enquête :
ü STATA 7.0, pour l'entrée et
l'analyse statistique des données recueillies de l'enquête et la
construction des tableaux;
ü MICROSOFT EXCEL, pour
générer des tableaux et graphiques conformément aux
différents croisements de variables.
Le dépouillement ainsi fini, nous passons au dernier
paragraphe de ce chapitre qui est consacré aux principales
difficultés rencontrées lors de ce travail de recherche et
d'étude.
2.4. Difficultés rencontrées.
Tout travail de recherche scientifique est toujours
émaillé de difficultés. Pour nous donc, il convient de
préciser des séries de difficultés qui ont
été rencontrées à divers stades de
l'évolution ou de rédaction du travail.
D'abord, les difficultés d'accès aux sources
d'informations et à la documentation. A cet effet, il convient de
relever le grand constat général selon lequel, l'Administration
publique a souvent l'habitude de ne pas mettre à jour ou d'actualiser
ses archives. En plus de cela, la méfiance qu'ont certains cadres de
cette administration vis-à-vis des étudiants chercheurs que nous
sommes.
Ensuite, les difficultés d'accès aux
données chiffrées à notre sujet d'étude. La plupart
de ces données ou rapports d'activités sont souvent ténus
à l'écart de nous chercheurs, ceci, pour des raisons que nous
ignorons encore.
Enfin, les difficultés matérielles et
financières qui nous ont beaucoup retardé dans l'évolution
de la rédaction de ce présent travail.
En dépit de toutes ces difficultés, nous avons su
les contourner d'une manière ou d'une autre pour enfin, finaliser cette
rédaction.
De ce fait, nous allons aborder le chapitre troisième qui
porte sur la présentation de notre terrain d'étude.
CHAPITRE TROISIEME : PRESENTATION DE LA COMMUNE DE
BOSSANGOA.
Ce chapitre présente le champ où cette étude
se déroule. Il s'articule autour des points suivants :
ü Aperçu géographique et historique de la
commune de Bossangoa, ü Présentation de la culture du coton et de
l'usine d'égrainage,
ü Les structures intervenant dans la chaine de lutte
phytosanitaires en RCA.
3.1. Aperçu géographique et historique de
la commune de Bossangoa.
Cette première sous partie comporte des sous points
suivants : la situation géographique, l'aperçu historique,
l'organisation politique et administrative, les données
socio-économiques et les données socioculturelles.
3.1.1. Situation géographique.
La commune de Bossangoa est le chef lieu de la
Préfecture de l'Ouham. Elle couvre une superficie de 305km2
et est limitée du Nord au Sud par le Sous-préfecture de
Nana-Bakassa et de l'Ouest à l'Est par celles de Bouca et de Bozoum. La
souspréfecture de Bossangoa comporte six (6) communes dont celle de
Bossangoa centre, celle de Soungbé, de Koro-M'poko, de l'Ouham-Bac, de
Ben-Zambé et celle de Ndoromboli39.
Quant à la pluviométrie, la commune de Bossangoa
bénéficie d'une pluviométrie d'une moyenne annuelle de
1500mm. La température annuelle reste dans l'ensemble
élevée. C'est ainsi qu'on observe entre les mois de Janvier et
Mars une température de 40°c à l'ombre.
Toutefois, cette température varie entre le jour et la nuit.
En outre, le cours d'eau le plus important qui desservie la
commune de Bossangoa, c'est la rivière Ouham, long de plus de 380 km qui
a donné son nom à la Préfecture. Elle prend sa source dans
le massif du Yadé à 1200 km d'altitude et est très
poissonneuse. Cf. Carte de la Préfecture de l'Ouham,
Annexes VIII et IX, page 123.
39 Monographie de la commune de Bossangoa, Novembre
2010, P.2
3.1.2. Aperçu historique.
Le groupe Gbaya était venu de la région de
l'Adamaoua au Cameroun puis s'installa dans cet espace centrafricain au
XIXème siècle. Le terme 'Gbaya'
signifie 'frères' ; ce qui se traduit par
l'esprit de solidarité et de liberté constaté au sein de
ce groupe.
En fait, 'Bossangoa' est un mot
gbaya dont la traduction veut dire 'cité des pierres
dures'. Car à l'époque, le chef de cantonnement
s'appelait 'Zangoa' ; celui-ci régnait en
maître absolu car il était un grand guerrier redoutable avant les
indépendances. C'était sur ses instructions qu'on organisait des
guerres tribales40.
3.1.3. Organisation politique et administrative.
Selon la politique de décentralisation et de
régionalisation instituée par la constitution du 14 Janvier 1995
et la Loi n°96.013 du 13 Janvier 1996, la commune de Bossangoa
située dans la préfecture de l'Ouham est inscrite dans la
Région Administrative n°3 et est en même temps le
chef lieu de ladite région.
Sur le plan administratif, le milieu social
étudié est placé sous l'autorité d'un préfet
qui assure la conduite générale des affaires
politico-administratives de sa localité de juridiction. Après
lui, vient le Sous-préfet chargé d'animer la vie
économique et politique de la localité. Selon cette
hiérarchie toujours, vient le président de la
délégation spéciale de ladite commune avec tous les
membres qui travaillent en collaboration avec les chefs de groupes, des
quartiers et villages.
Du côté des organisations politiques, il existe
une pluralité de partis politiques qui concourent à l'expression
démocratique et à la gestion du pouvoir. Ainsi, les formations
politiques les plus représentées à Bossangoa sont : KNK,
MLPC, PSD, PDCA, PNCN, PUN.
3.1.4. Données socio-économiques.
Le constat montre que la Sous-préfecture de Bossangoa
semble être le grenier du pays. Car l'agriculture y est pratiquée
de manière intensive. Les activités agricoles sont
inhérentes à la saison des pluies qui se déroule d'Avril
en Octobre. En outre la culture vivrière couvre une gamme de produits
dont le mil, le sorgho, le maïs, la patate, la banane, le manioc,
l'arachide, etc.
Cependant, le coton l'unique culture de rente de la commune de
Bossangoa constitue une source considérable de revenus pour toute la
paysannerie puisqu'elle se pratique en groupement sur de vastes parcelles.
C'est pourquoi certains n'hésitent pas à appeler cette culture
comme 'l'or blanc' de ladite localité. L'arachide réservée
à l'autoconsommation pourra être exportée. L'implantation
de la culture attelée est prometteuse pour ce milieu à vocation
pastorale.
Quant à l'élevage, disons que la population
s'adonne également à cette pratique. Ainsi, l'élevage des
gros bétails (bovin) pratiqué le plus souvent par les pasteurs
Peuhl 'Mbororo' est aussi pratiqué par la population autochtone en plus
de l'élevage de caprins, porcins et quelques volailles.
Pour ce qui est de la chasse et de la pêche souvent
destinées à la consommation, elles sont pratiquées le plus
souvent à la saison sèche. Quant à l'artisanat, il occupe
une place importante par la gamme de ses produits : travail de cuir (tam-tam),
les forges (instruments de culture, de chasse), la sculpture sur le bois
(pirogue, statuettes), poteries, la vannerie (natte, corbeilles, nasses).
En ce qui concerne le commerce dans la sous-préfecture
de Bossangoa, on en distingue deux types: le commerce général et
celui des services. Le premier type concerne la vente de produits de
premières nécessités et la vente des produits vivriers
(agricoles). Pour le second type, il est tenu essentiellement par les
sociétés de téléphonies mobiles à savoir :
Moov, Azur, Orange, et Télécel qui s'y sont implantées.
La commercialisation des produits tels que : savon,
café, huile d'arachide n'est tenue que par les commerçants
musulmans à majorité étrangers qui ont construit des
boutiques le long des quartiers populaires.
Les commerçants autochtones sont pour la plupart des
vendeurs ambulants et sont appelés en Sango des
~~Boubanguéré~~. Pour ce
qui est des produits vivriers comme le manioc, le riz, le maïs, l'arachide
et les légumes, ils sont commercialisés par les producteurs
eux-mêmes aux marchés et parfois par les femmes revendeurs
auprès des femmes commerçantes qui se déplacent à
la recherche des produits agricoles et généralement connues sous
l'appellation des 'Wali-gara'.
Pour ce qui est de la fourniture en énergie, celle-ci
est assurée par la société de distribution du courant en
Centrafrique, l'ENERCA. Cette société est chargée de la
production, de la commercialisation et de la distribution du courant
électrique. En parlant des marchés, disons qu'il y a deux types:
les marchés journaliers et les marchés périodiques ou
hebdomadaires.
3.1.5. Données socioculturelles.
A ce niveau, il faut remarquer l'inégale
répartition de la distribution des ressources en eau potable. En plus la
faiblesse de la couverture sanitaire qui peut s'expliquer par l'insuffisance
des infrastructures sanitaires et en moyens logistiques favorisant ainsi
l'extension de nombreuses maladies. Du point de vue endémique, les
maladies les plus courantes sont le paludisme, les maladies
diarrhéiques, les parasitoses. Quant à la tuberculose, elle est
en recrudescence faute de médicaments. L'onchocercose et la trypanomiase
sont présentes sans oublier le cas du VIH/SIDA.
Sur le plan éducatif, on constate une carence en
infrastructures scolaires. Les infrastructures existantes sont pour la plupart
celles que le pays a hérité de la colonisation. Cette situation a
une incidence sur le taux ou l'effectif des élèves et
écoliers par classe. L'autre aspect, c'est l'éloignement qui
occasionne un fort taux d'absentéisme dans les établissements
scolaires. A ces problèmes, nous pouvons citer, la famine,
l'insuffisance en matériels pédagogiques et en personnels
enseignants.
Dans le domaine de transport, le mode de transport est
constitué des transports aériens, routiers et les taxis-motos
plus utilisés dans le centre urbain. Le secteur équipement et
transport peinent à réhabiliter les pistes rurales de Bossangoa
ce qui rend certaines localités plus enclavées que d'autres.
Cette situation empêche les paysans à
écouler leurs récoltes d'une part et d'autre part
à pouvoir s'approvisionner en produits de premières
nécessités.
3.2. Présentation de la culture du coton et de
l'usine d'égrainage du coton.
La deuxième partie de ce chapitre est consacrée aux
points suivants : la présentation de la culture du coton et de l'usine
d'égrainage de coton de Bossangoa.
3.2.1. Présentation de la culture du coton.
La culture industrielle du coton, comme nous l'avons
déjà souligné un peu plus haut, fut introduite en
Centrafrique, ex-territoire de l'Oubangui Chari en 1925 dans la région
de Bangassou. Pour l'Administration coloniale de l'époque, il fallait
à tout prix trouver une production susceptible de remplacer celle du
caoutchouc dont les cours s'effondraient.
Pour cela, le coton semblait le mieux. Félix EBOUE,
Chef de circonscription de M'BOMOU fut parmi les premiers à promouvoir
cette culture cotonnière. C'est dans le même élan de
promotion de cette culture du coton qui a fini par gagner tout le sud-ouest et
une partie de l'est du pays que l'usine de Bossangoa a été
créée avec la mise place des sociétés
cotonnières privées qui se sont constituées telles que :
COTONFRANC, COTONAF, la
Compagnie Cotonnière du Haut-Oubangui et la
COMOUNA.
La culture du coton s'étend sur plusieurs mois et comprend
plusieurs étapes selon le calendrier cultural du coton que nous avons
reconstitué à cet effet.
Tableau 2: Calendrier cultural du coton.
Mois de l'année
Activités
|
Jan
|
Fév.
|
Mars
|
Avril
|
Mai
|
Juin
|
Juil.
|
Août
|
Sept
|
Oct.
|
Nov.
|
Déc.
|
Durée
|
Choix de la
parcelle
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Mois
|
Piquetage de
la parcelle
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2 mois
|
Défrichement
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
4 mois
|
Laboure (Manuel,
Attelé ou
Chimique)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2 mois
|
Préparation du sol
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2 mois
|
Semis
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
20 jours
|
Entretien 1er
Sarclages
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
14 jours
|
2e Sarclage
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Idem
|
3e Sarclage
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Idem
|
Buttage
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
4e Sarclage
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Idem
|
1er Traitement
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1 jour
|
2e Traitement
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Idem
|
3e Traitement
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Idem
|
4e Traitement
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Idem
|
5e Traitement
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Idem
|
6e Traitement
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Idem
|
7e Traitement
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Idem
|
8e Traitement
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1 jour
|
Déhiscence des capsules
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2 mois
|
Récolte
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2 mois
|
Transport et
stockage au
village
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2 mois
|
Vente à crédit
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
4 mois
|
Source: Entretien sur le terrain avec le staff
de la cellule-coton de Bossangoa.
3.2.1.1. Etape du cycle végétatif du
cotonnier.
La culture du coton comprend plusieurs étapes. Son
cycle végétatif aussi a plusieurs phases. Ainsi, après le
choix de la parcelle, le piquetage, le défrichement, le laboure et la
préparation du sol, il faut procéder au semis du cotonnier.
Après le semis, le cycle cotonnier se présente de la
manière suivante :
a) Du semis à la levée du graine du sol : 5
à 6 jours ;
b) Phase végétative, la plantule porte des
feuilles : 45 à 60 jours
c) Phase de fructification, apparition des boutons floraux : 45
à 60 jours ;
d) Apparition des fleurs, 60 à 90 jours ;
e) Apparition des capsules vertes : 90 à 120 jours ;
f) La déhiscence ou ouverture des capsules: 120 jours et
plus41.
Notons que ces différentes phases du cycle
végétatif du cotonnier sont aussi marquées par certaines
activités telles que : les sarclages et les traitements pesticides,
fongicides et herbicides. Ces activités rentrent en ligne de compte de
l'entretien du cotonnier.
3.2.1.2. Entretien de la culture du cotonnier.
L'entretien de la culture du coton passe par les sarclages et
les traitements pesticides. Ceci, dans le but d'assurer une bonne croissance et
une bonne protection à la plante en vue de l'obtention d'un bon
rendement à l'hectare.
Dans le cas d'un labour manuel ou attelé, le premier
sarclage a lieu deux (2) semaines après le semis du cotonnier. Mais dans
le cas d'un labour chimique, c'est-àdire fait à base des
herbicides ou désherbant chimique comme c'est le cas pour la
première fois cette année dans notre zone d'étude, le
premier sarclage a lieu trente (30) jours après que le coton ai
été semé. Le nombre de sarclage varie d'un champ de
culture donnée à un autre. Ainsi, en fonction de l'état de
salissement du sol, un planteur peut faire deux (2) à quatre (4)
sarclages. Mais deux sarclages minimums sont recommandés.
41 Entretien réalisé avec l'Adjoint au
Chef d'Exploitation de l'usine de Bossangoa le 28/7/2011 à 11h50min.
Quant aux traitements à l'insecticide qui vise à
protéger la plante contre les indésirables, la première
phase commence avec l'apparition des boutons floraux.
Ainsi, ils deviennent des activités de routine car ils
reviennent tous les quatorze jours (14) à partir du premier traitement
et s'arrêtent avec la déhiscence des capsules qui vient clore le
cycle végétatif de la plante. En fonction des régions et
de l'humidité, il est conseillé de faire cinq (5) traitements
minimums ou huit (8) maximums.
3.2.2. Présentation de l'usine d'égrainage de
coton de Bossangoa.
L'usine d'égrainage de Bossangoa comprend deux grands
ensembles, l'Interface ou le service de production et le service industriel aux
côtés desquels nous avons la Direction de l'usine où
travaillent le personnel et les maisons d'habitation pour les cadres de
l'usine.
a) L'interface ou service de production.
Le service de production est placé sous la
responsabilité du Chef de poste et de son adjoint. Ceux-ci travaillent
en étroite collaboration avec les gestionnaires qui, eux sont en contact
avec les paysans. Ce service a pour vocation la gestion et la formation des
paysans sur les techniques culturales et leur organisation en groupement des
producteurs. Ce service a un grand entrepôt dans lequel sont
stockés des intrants agricoles, les pesticides, les appareils de
traitements destinés à être envoyés dans les
groupements villageois pour utilisation.
b) Le service industriel.
La seconde composante de cette usine comprend une chaine : le
Pont bascule, les silos, l'usine proprement dite et le laboratoire des fibres
cotonnières. Le Pont Bascule est le point de départ de tous les
véhicules à destination des groupements villageois et aussi le
point d'arrivé de ces véhicules en provenance de ces groupements
des producteurs. C'est l'endroit où on fourni du carburant aux
véhicules et on prend leur poids avant le départ et à
l'arrivée. Cette opération permet d'avoir le poids net du coton
graine en provenance des GIR.
Après le pont bascule où le véhicule est
pesé, celui-ci vient décharger son contenu (coton graine) dans
les silos. Les silos sont des grands magasins de stockages
des cotons graines. Ces silos au nombre d'une demi douzaine,
sont tous reliés à l'usine d'égrainage par des grands
tuyaux appelés des « aspirateurs ».
Les aspirateurs servent de relais entre les silos et les égraineuses.
Car c'est par eux que le coton-graine transite pour arriver aux
égraineuses.
Arrivé à l'usine, les fibres du coton sont
séparées des graines par les égraineuses (3). Les graines
sont acheminées dans un autre entrepôt où une partie sera
conditionnée pour être cultivées la campagne suivante et
une autre partie (mauvaise qualité) sera jetée à la sortie
Nord de la ville à la merci des maraîchers. C'est là
où les fabricants des galettes viennent chercher les gossypiums ou le
tourteau pour en faire des galettes appelées
~~TOTOROTO~~ en langue locale
qu'ils vendent aussi sur le marché.
Quant aux fibres, elles sont entassées, damées
et attachées en balles de 220 Kilos. Les balles ainsi attachées,
on prélève les échantillons de fibres sur chacune d'elles.
Les échantillons de fibres prélevés sont automatiquement
envoyés au laboratoire des fibres.
Au niveau du laboratoire des fibres, le travail consiste
à évaluer la longueur de la fibre à partir de
l'échantillon prélevé afin d'émettre des
informations précises partant desquelles le coton sera vendu. La
technique la plus utilisée à cet effet, c'est la technique de
pooling. Cette technique qui n'a pas besoin d'un grand appareil de mesure,
consiste à tirer sur les fibres par la main jusqu'à avoir une
longueur irréductible. Dans ce laboratoire où ~~l'acte
de naissance~~ de la balle du coton est établit les
informations suivantes sont établies et mises sur la balle comme
étiquette pour être exportées ensuite. Il s'agit de :
v' Le numéro de sortie de l'usine ;
v' Le poids brut à la sortie;
v' Heure de sortie;
v' Le millésime ou l'année de production ou
d'égrainage,
v' La provenance;
v' La longueur de la soie pooling (fibre);
v' La variété du coton cultivé.
Cette présentation met un terme à la chaine de
production et d'égrainage de coton. Cependant, il convient de parler des
sources d'énergie de cette usine. A cet effet, l'usine de Bossangoa
dispose de trois (3) générateurs de capacités variables.
Deux groupes électrogènes pour la période de production
dont l'un est de 550 KWA et le second est de
500 KWA. Le dernier est de 33
KWA réservé pour l'éclairage uniquement en
période post production. Quant aux deux premiers, ils sont mis en marche
de manière alternative et de ce fait, font une relève de 24h/24
pour ne pas interrompre la chaine de production.
Pour la maintenance des matériels et engins
utilisés, le complexe dispose d'un garage et d'un magasin pour les
pièces de rechanges. Ce paragraphe vient clore ainsi ce chapitre. Le
prochain sera, lui, consacré à la présentation des
caractéristiques sociologiques des enquêtés ainsi que leurs
représentations sociales des pesticides agricoles.
CHAPITRE QUATRIEME : CARACTERISTIQUES SOCIOLOGIQUES DES
ENQUETES ET LES REPRESENTATIONS SOCIALES DES PRODUITS PHYTOSANITAIRES.
Ce chapitre s'articule autour de deux principaux points : la
présentation des enquêtés selon les variables
sociodémographiques ainsi que leurs représentations sociales des
produits phytosanitaires.
4.1. Caractéristiques sociologiques des
enquêtés.
Ici, il est question de présenter nos
enquêtés selon les variables que nous avons retenu lors de la
phase de l'enquête. Il s'agit des variables: sexe, âge, niveau
d'instruction, situation matrimoniale, appartenance religieuse et le niveau de
revenu.
4.1.1. Présentation des enquêtés selon
la variable sexe.
Le graphique ci-dessous nous présente les
enquêtés dans leur diversité de genre.
Figure 1: La variable sexe
Masculin
96%
Variable sexe
Féminin
4%
Source : Enquête sur terrain.
Ce graphique nous montre d'après l'enquête que un
total de (116) enquêtés, 4% seulement représentent la
population féminine contre 96% de population masculine. Cette situation
montre que la culture du coton, comme nous l'avons décrite dans le
chapitre précédant, est une activité difficile qui demande
d'ailleurs beaucoup de force. A cet effet, les femmes sont un peu en marge
d'une telle activité aussi difficile.
En plus de cela, il convient de dire que le faible taux des
femmes planteurs est intimement lié au mode de production dans nos
campagnes. En effet, le mode de production est familial c'est-à-dire,
tout tourne autour de la famille en d'autres termes,
l'unité de production c'est la famille. Le champ
appartient à la famille et placé sous la responsabilité du
père du foyer. A la fin de la campagne cotonnière, celui-ci se
réserve le droit de récompenser son épouse ainsi que ses
enfants ou ses parents.
Aussi est-il que, généralement, les femmes aux
villages ont plus d'activités supplémentaires (la
préparation de la nourriture, prendre soins de la maison et des enfants,
etc.) que les hommes. Cette situation laisse moins de temps à ces
dernières d'être autonomes ou de cultiver seules leurs champs de
coton.
La variable sexe ainsi présentée, nous passons dans
le paragraphe suivant à la présentation de nos
enquêtés selon leur âge.
4.1.2. Présentation des enquêtés selon
la variable tranche d'âge.
La figure ci-dessous nous présente la répartition
des enquêtés selon leur tranche
d'âge.
Figure 2: La répartition des enquêtés
par tranche d'âge.
31%
5%
Tranche d'âge
28%
13%
23%
15 à 25 25 à 35 35 à 45 45 à 55 55
ans et plus
Source : Enquête sur terrain.
La figure ci-dessus présente la répartition des
enquêtés par tranche d'âge. D'après cette
répartition, les enquêtés de la tranche d'âge de 45
à 55 ans représentent 31% du total de la population
interrogée. 28% ont un âge compris entre 35 à 45 ans ; 23%
sont âgés de 25 à 35 ans ; 13% seulement sont
âgés de 15 à 25 ans tandis que 5% ont un âge allant
de 55 ans et plus.
Une telle répartition laisse entrevoir que la culture
du coton dans notre zone d'étude est pratiquée en majorité
par des personnes mûres, pour ne pas parler des personnes en âges
avancés. La culture du coton demande beaucoup d'investissements
en énergies, en temps et en finances et de ce fait, elle
mobilise le cultivateur toute l'année durant c'est-à-dire, depuis
le choix de la parcelle jusqu'à la vente.
Ainsi, le faible taux de participation des jeunes à
cette activité, peut-il se justifier d'une part, par le fait que,
ceux-ci ne sont pas socialement bien assis pour pouvoir entreprendre dans ce
domaine et d'autre part, par le désintéressement de ces derniers
au travail de la terre qui est le plus souvent vu par beaucoup d'entre eux
comme une activité non rentable. A partir de telles
considérations ou conceptions de l'agriculture, beaucoup des jeunes
préfèrent se lancer dans d'autres activités plus
lucratives telles que le commerce, la fabrication des ruches pour en
récolter le miel et la cire qui se vend d'ailleurs à bon
marché.
Partant de ce constat, qui intellectuellement, s'intéresse
à la culture du coton ? C'est l'objet du paragraphe qui suit.
4.1.3. Présentation des enquêtés par
leur niveau d'instruction.
La figure qui suit, donne une vue sur le niveau intellectuel des
enquêtés. Figure 3: La répartition des
enquêtés selon le niveau d'instruction.
Variable niveau d'instruction
50
Effectif des enquetes
40
30
50
38
20
27
10
1
0
Aucun Primaire Secondaire Supérieur
Niveau d'étude
Source : Enquête sur terrain.
Selon la figure qui précède, 50 des
enquêtés ont un niveau primaire ; 38, ont arrêté leur
cursus scolaire au niveau secondaire, 27 par contre n'ont aucun niveau scolaire
tandis qu'un seul enquêté a pu atteindre le niveau
supérieur. Que peut-on dire d'une telle répartition ?
De prime abord, il convient de remarquer ici que, dans
l'ensemble, nos enquêtés ont un faible niveau d'instruction. Cette
situation est de nature à compliquer la tâche aux
délégués techniques chargés
d'encadrer et de communiquer des directives techniques à ces derniers.
Ensuite, cette répartition atteste aussi le dégoût et le
mépris que les intellectuels centrafricains ont du travail de la terre.
En effet, la plupart de ceux qui se disent intellectuels n'ont pas un penchant
réel pour l'agriculture. Nombre d'entre eux visent le
travail de Bureau où ils estiment gagner leur vie et de ce
fait, être socialement bien assis. Ce constat explique en partie le
faible développement de l'agriculture centrafricaine.
Les enquêtés ainsi présentés selon
leur niveau d'instruction, nous abordons dans les lignes suivantes, la
situation matrimoniale.
4.1.4. Présentation des enquêtés selon
la variable situation matrimoniale.
La figure qui suit, donne une vue d'ensemble sur la situation
matrimoniale des enquêtés.
Figure 4: La situation matrimoniale des
enquêtés.
Marié (e)
84%
Variable situation matrimoniale
Célibataire
16%
Source : Enquête sur terrain.
Il ressort de cette étude que les personnes
interrogées se retrouvent dans deux cas pour ce qui est de leur
situation matrimoniale, comme le témoigne ce camembére : 84% sont
des mariés ou mènent une vie de couple tandis que, 16% sont des
célibataires.
A l'analyse de ce camembert, il convient de dire une fois de
plus que la culture du coton est une activité qui a besoin de la main
d'Suvre et l'idéal c'est pour les familles nombreuses. Car l'apport des
enfants et des épouses constituent un atout. Pour les
célibataires, il leur est souvent difficile. Mais de fois, ceux-ci
s'associent avec les mariés
59 ou s'organisent dans des groupements informels
dénommés en Sango
~~KELEMBA~~
pour cultiver leurs champs à tour de rôle.
La présentation des enquêtés selon la
situation matrimoniale ainsi fini, nous passons au paragraphe suivant qui
aborde la variable appartenance ethnique.
4.1.5. Présentation des enquêtés selon
la variable appartenance ethnique.
La figure ci-dessous vise à donner une vue sur l'ethnie
de différents planteurs que
nous avons eu à interroger.
Figure 5: Répartition des enquêtés
par ethnie.
Variable appartenance ethnique
70
Effectif des enquetes
60
50
40
30
16
20
10
0
66
27
7
Gbaya Banda Karé Autres
Les différentes ethnies
Source : Enquête sur le terrain.
Pour cette variable appartenance ethnique, il convient de
relever que la majorité des planteurs interrogés sont de l'ethnie
Gbaya (66), qui peuple cette région du pays, suivis de l'ethnie Banda
(27), les Karé (7) et le reste partagé entre les ethnies
minoritaires de la région.
Cette situation permet de comprendre que les
différentes pratiques auxquelles les planteurs de coton se livrent dans
cette localité relève de l'habitude de ce peuple et les autres
ethnies ne font que suivre ceux-ci. La variable appartenance ethnique nous
permet d'aborder le niveau de revenu des personnes interrogées. C'est
l'objet du paragraphe suivant.
4.1.6. Présentation des enquêtés selon
leur niveau de revenu.
Les histogrammes ci-dessous montrent le niveau de revenu des
planteurs
interrogés lors de l'enquête sur terrain.
Figure 6: Répartition des enquêtés
par leur niveau de revenu.
30
25
20
15
10
5
0
5000 à
10000
8
10000 à
Variable niveau de revenu
15000
14
15000 à
20000
11
20000 à
25000
18
25000 à
30000
16
30000 à 35000 et
35000 plus
22
27
Source : Enquête sur terrain.
D'après l'enquête dont les résultats sont
synthétisés dans ces histogrammes, 27 planteurs sur le total de
116 ont un revenu compris entre 35.000Fcfa et plus, 22 gagnent entre 30.000
à 35.000Fcfa, 18 d'entre eux ont un revenu qui varie entre 20.000
à 25.000Fcfa, 16 Planteurs par contre gagnent entre 25.000 à
30.000Fcfa, 14 d'entre eux ont un niveau de revenu compris entre 10.000
à 15.000Fcfa, 11 gagnent entre 15.000 à 20.000Fcfa et enfin, 8
gagnent seulement entre 5000 à 10.000Fcfa.
A l'analyse du niveau de revenu des planteurs
interrogés, il ressort que ceux-ci ne gagnent généralement
pas trop gros. Car, 27/116 seulement ont un gain supérieur à
35.000Fcfa. Ce gain n'est pas proportionnel aux efforts et à
l'énergie déployée pour la culture du coton. Cette
situation pourra bien être l'une des causes du dégoût et du
désintéressement des paysans vis-à-vis de cette culture
qui les mobilise plus que ne les font gagner de l'argent en vue de
l'amélioration de leur conditions de vie.
La variable niveau de revenu vient clore la première
sous partie de ce chapitre consacrée à la présentation des
caractéristiques sociologiques des enquêtés. Le paragraphe
ci-dessous est réservé exclusivement aux représentations
sociales des produits phytosanitaires de nos enquêtés.
4.2. Les représentations sociales des produits
phytosanitaires.
empoisonnement, la connaissance de la toxicité des
pesticides, la connaissance du danger des pesticides pour l'environnement et le
tableau croisé de la variable NI et la question n°9 :
~~Quel est le degré de risque que les
pesticides agricoles représentent pour la santé humaine ?~~
4.2.1. Opinion des enquêtés sur l'usage des
pesticides agricoles.
Cette figure résume les opinions des enquêtés
sur les différents usages que l'on peut faire avec les pesticides.
Figure 7: Opinions sur les différents usages des
pesticides agricoles.
Usages possibles des pesticides
Usage multiple
Pécher les poissons
Chasser les animaux
Protéger les animaux domestiques
Protéger les cultures
4
4
13
19
76
Reponses des enquetes
0 20 40 60 80
Effectif des enquêtés
Source : Enquête sur le terrain.
A la question suivante : «Pour vous, les
pesticides agricoles sont-ils destinés pour quels usages ?
», les planteurs que nous avons interrogé
répondent de la manière qui suit. 76 de l'effectif du total des
enquêtés affirment que les pesticides agricoles sont
destinés uniquement à protéger les cultures. Mais sans
pourtant spécifier de quelle culture il s'agit. Pour eux en effet, les
pesticides servent à protéger toutes les cultures
vivrières ou industrielles comme le coton. C'est ainsi que certains
planteurs conservent une partie de la quantité du liquide reçue
pour chasser les insectes indésirables sur leurs cultures de
sésames.
Le reste des enquêtés ont affirmé que ces
produits peuvent servir à la protection des animaux domestiques (13),
à pécher les poissons ou à chasser les gibiers. Pour
d'autres encore, les pesticides ont un usage multiple. Ces derniers justifient
leur point de vue en affirmant à côté de la protection des
cultures (toutes les cultures confondues),
l'on peut bien utiliser ces produits à d'autres fins
comme explicitent ces histogrammes. C'est ainsi que des pesticides-coton sont
utilisés dans la culture maraichère chose qui n'est pas
compatible avec les normes en vigueur.
En considérant les pesticides agricoles comme une arme
de pêche et de chasse, certains planteurs de Bossangoa, consomment sans
hésitation les produits de chasse et de pêche faite de cette
manière. Alors, quel est l'impact de la consommation des poissons et
gibiers tués par empoisonnement sur la santé humaine ? C'est ce
à quoi la prochaine figure ci-dessous tente de nous expliquer.
4.2.2. Avis des enquêtés sur la consommation
des gibiers tués par empoisonnement.
Le camembert ci-dessous résume le discours des
personnes interrogées quant à ce qui pourra advenir après
la consommation des poissons ou gibiers tués par empoisonnement.
Figure 8: Opinions des enquêtés sur la
consommation des gibiers empoisonnés.
53%
Impact de consommation des
gibiers
empoisonnés aux pesticides
18%
29%
Oui
Non
Ne sais pas
Source : Enquête sur terrain.
En ce qui concerne l'incidence de la consommation des gibiers
ou poissons tués par empoisonnement aux pesticides, les réponses
des cotonculteurs interrogés divergent fortement. A l'exception de 18%
d'entre eux qui estiment ne savoir si une telle consommation a des effets sur
la santé ou non, la majorité des planteurs interrogés soit
53% disent que cela n'a pas d'effet direct ou immédiat sur la
santé humaine contre 29% qui eux, sont tout à fait d'accord
qu'une telle pratique s'avère risquant pour la santé.
En justifiant chacun son point de vue, les 53% qui estiment
que la consommation de ce genre n'est pas risquant pour la santé,
raisonnent en terme de moyen et long terme, car ils savent que seule une forte
quantité du liquide ingurgité dans l'organisme peut faire mal
dans les minutes qui suivent. A l'inverse, une faible dose dans l'organisme ne
représente pas un danger immédiat. Selon ces planteurs, si le
danger est à moyen ou à long terme, cela est passable.
Un tel raisonnement ou une telle logique est de nature
à occulter les risques sanitaires que les pesticides représentent
pour la santé. C'est justement contre ces genres d'illusions que
WILMA ARENDSE et al ont fait cette mise en garde que
voici: « Tous les pesticides sans exception sont dangereux. Ne
jamais oublier cette règle quand on travaille avec ces produits ! Les
pesticides sont faits pour détruire des organismes nuisibles, insectes
et champignons ressemblant peu à l'homme, mais cela ne veut pas dire
qu'un produit fait pour détruire les premiers ne soit pas dangereux pour
d'autres organismes vivants, et pour l'homme en particulier.
»42
Ceci étant, nous abordons dans la même
lancée, la vérification de la connaissance de ces planteurs sur
le degré de toxicité de ces produits.
4.2.3. Opinion sur le risque que les pesticides
représentent pour la santé humaine.
La figure ci-dessous, présentent la perception que nos
enquêtés ont du degré de toxicité des pesticides.
Figure 9: Connaissance du degré de toxicité
des pesticides.
Beaucoup
45%
Connaissance de degré de toxicité des
pesticides
Trop
3%
ça dépend
9%
Un peu
34%
Aucun
9%
Source : Enquête sur terrain.
42 ARDENSE (W), KOEN DEN (B) et al :
PESTICIDES: Composition, utilisation et risques,
Edition CTA, Paris, 1989, p47
Pour ce qui est de la connaissance du degré de
toxicité des pesticides, les points de vue des enquêtés
sont divergents. En effet, 45% du total de l'effectif interrogé ont
affirmé que les pesticides sont beaucoup toxiques tandis que, 34%
seulement estiment que ces produits le sont un peu. 9% disent que ça
dépend de la quantité consommée ou du niveau de
l'empoisonnement. Neuf (9) autres pourcent sont radicaux en affirmant que ces
produits ne sont en aucun cas toxiques pour la santé car ils estiment
être habitués aux produits. 3% seulement connaissent
réellement le niveau de risque que ces produits représentent pour
la santé humaine.
Des raisonnements comme nous venons de les voir sont graves,
car ils constituent une source de danger qui guette au quotidien ces planteurs
de coton. Leurs raisonnements sont d'abord à l'antipode des directives
des bonnes pratiques phytosanitaires et ensuite attestent l'état
d'ignorance ou de méconnaissance des dangers que ces produits
représentent pour l'homme en premier et la nature. En effet, que disent
les directives techniques?
La toxicité des pesticides est testée par le
fabricant mais parfois aussi par le Gouvernement. On utilise à cet
effet, des animaux de laboratoire comme les rats, les lapins et la souris.
L'évaluation de la toxicité aigüe de la matière
active ou encore substance active a pour but d'évaluer les risques
liés à la manipulation du produit. Car c'est lors de cette phase
de manipulation (préparation de la bouillie, pulvérisation) que
les risques d'intoxication sont plus élevés, notamment tant que
le produit n'est pas dilué dans le pulvérisateur.
L'évaluation de la toxicité aigüe d'une
matière active sur l'homme se fait par le calcul de la DL50 sur les
animaux de laboratoire que nous venons de cités (rats, souris,
lapin).43 Par définition, la DL50 est la dose létale
ou mortelle qui peut tuer ou faire mal à court terme. Ainsi, la
toxicité à court terme est chiffrée DL50. C'est la dose de
la substance active suffisante pour tuer la moitié des rats (dose
létale pour 50%=DL50). La dose létale est exprimée en mg
de substance active/ Kg du corps de l'animal. Moins la DL50 est
élevée, plus le pesticide est toxique !
43 Http// :
www.mce-info.org/pesticides.php
, consulté le 10Août 2011 à 18h15min.
Pour évaluer la dose mortelle pour l'homme, il suffit
de multiplier le DL50 avec le poids du corps en Kg. Prenons par exemple la DL50
de 100mg/Kg. Pour un homme de 60Kg, la dose mortelle sera environ de 60 x 100mg
= 6g. Pour un enfant de 30Kg, 3 grammes suffisent pour causer la
mort.44 Pour évaluer le risque sur la santé à
court terme, on évalue :
v' La toxicité aigüe et notamment
:
+ La toxicité aigüe par voie orale (DL50 orale) ;
+ La toxicité aigüe par voie dermale (DL50 dermale)
;
+ La toxicité aigüe par voie inhalatoire (CL50
inhalatoire) ;
+ Le pouvoir irritant pour la peau ;
+ Le pouvoir irritant pour les yeux ;
+ Le pouvoir de provoquer de sensibilisation de la peau.
v' Les données relatives à l'exposition
aigüe :
+ Le risque encouru par l'applicateur lors de l'utilisation ;
+ Le risque au moment du traitement encouru par une tierce
personne présente sur les lieux ;
+ Le risque après le traitement, au moment où une
personne retourne sur le lieu d'application.45
L'opinion des enquêtés sur le degré de
toxicité des pesticides ainsi présenté, nous passons dans
les lignes suivantes à la vérification de la connaissance que
ceux-ci ont des dangers que ces produits représentent pour
l'environnement.
4.2.4. Discours sur les risques des pesticides pour
l'environnement.
Le camembére qui suit présente le niveau de
connaissance de nos enquêtés sur les risques que les pesticides
agricoles représentent pour l'environnement.
44 Op cit, p.10
45 Op cit, http// :
www.mce-info.org/pesticides.php
, consulté le 10 Août 2011, à 18h15min.
Figure 10: Connaissance des enquêtés sur les
dangers des pesticides pour l'environnement.
Connaissance du danger des pesticides
pour
l'environnement
Ne sais pas
12%
Non
28%
Oui
60%
Source : Enquête sur terrain.
Près de 70% de producteurs de coton estiment que
l'utilisation des pesticides peut constituer un danger pour l'Homme par la
contamination des eaux. Les planteurs de coton établissent les risques
de contamination des eaux et des poissons par les pesticides et les risques
d'intoxication pour les êtres humains qui les consommeraient. Par contre,
pour le sol, les réponses sont mitigées. 28% de
l'échantillon interrogé estiment que les pesticides n'ont pas
d'effets négatifs sur les sols. Selon eux, l'utilisation des pesticides
contribuerait bien au contraire à renforcer et à maintenir sa
fertilité.
La connaissance de nos enquêtés ainsi
vérifiée, nous passons à leur perception quant aux dangers
de ces produits selon leur niveau intellectuel.
4.2.5. La perception des risques des produits
phytosanitaires selon le niveau d'instruction des enquêtés.
Le croisement de la variable Niveau d'instruction vise
à montrer le niveau de perception du degré de danger que les
pesticides représentent pour l'homme ainsi que l'environnement. En
effet, cette perception varie en fonction du niveau intellectuel des
individus.
Tableau 3: La variable niveau d'instruction avec la
question n°9 : « Quel est le degré de risque que
les pesticides agricoles représentent pour la santé humaine
?»
Question 9 NI
|
Aucun
|
Un peu
|
Beaucoup
|
Trop
|
Ça dépend
|
Total
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
Aucun
|
3
|
2.59%
|
14
|
8.43%
|
6
|
5.17%
|
0
|
0%
|
4
|
3.45%
|
27
|
23.27%
|
Primaire
|
4
|
3.45%
|
21
|
18.10%
|
22
|
18.96%
|
0
|
0%
|
3
|
2.59%
|
50
|
43.10%
|
Secondaire
|
4
|
3.45%
|
5
|
4.31%
|
23
|
19.82%
|
3
|
2.59%
|
3
|
2.59%
|
38
|
32.75%
|
Supérieur
|
0
|
0%
|
0
|
0%
|
1
|
0.86%
|
0
|
0%
|
0
|
0%
|
1
|
0.86%
|
Total
|
11
|
9.50%
|
40
|
34.48%
|
52
|
44.82%
|
3
|
2.59%
|
10
|
8.62%
|
116
|
100%
|
Source : Enquête sur terrain.
Selon le tableau ci-dessus, 9.50% de l'effectif total de
l'échantillon interrogé ont affirmé que ces produits ne
représentent aucun danger; 44.82% estiment que ces produits sont
beaucoup toxique, tandis que 34.48% disent que les pesticides le sont mais un
peu seulement ; par contre, 2.59% seulement d'entre les enquêtés
pensent que ces produits sont trop toxiques et 8.62% estiment pour leur part
que les pesticides sont toxiques mais seulement à un certain niveau.
C'est pourquoi ils ont affirmé que ça dépend.
En abordant la question de toxicité des pesticides
selon le niveau intellectuel des enquêtés, 19,82% d'entre eux
ayant le niveau secondaire et 18,96% du niveau primaire estiment que ces
produits sont beaucoup toxique tandis que, 18,10% de ceux qui ont niveau
primaire et 8,43% qui n'ont aucun niveau pensent que les pesticides sont un peu
toxique. Les 8,62% représentent l'avis de tous les enquêtés
de niveau confondu, dans l'ensemble, certains pensent que la toxicité de
ces produits dépendent de la quantité du liquide ingurgité
dans l'organisme. En effet, pour nombre d'entre ces planteurs, seule une grande
quantité du liquide dans l'organisme peut faire mal et à
contrario, une faible quantité du liquide n'est pas redoutable.
Une telle conception est totalement erronée, car ces
produits en entrant dans l'organisme humain par inhalation, ingestion ou par
contact cutanée ne disparaissent pas. Les molécules s'entassent
ainsi et finissent par créer des problèmes de santé
à long terme. Sur ce point, nos enquêtés ont
raisonné en terme de conséquences immédiates et non une
vision à long terme des impacts de ces produits chimiques.
Sur ce, nous nous demandons si ce n'est pas de telles
conceptions qui poussent certains planteurs à se livrer à
certaines pratiques non conformes aux procédures et normes en vigueur ?
C'est ce à quoi nous allons nous atteler dans le chapitre qui suit.
CHAPITRE CINQUIEME : PRATIQUES LIEES A L'UTILISATION
DES PRODUITS PHYTOSANITAIRES ET LE RESPECT DES PROCEDURES ET NORMES EN
VIGUEUR.
Ce chapitre comprend deux grandes parties: les pratiques
liées à l'utilisation des produits phytosanitaires et le respect
des procédures et normes en vigueur.
5.1. Les pratiques liées à l'utilisation
des produits phytosanitaires
Le premier sous point de ce chapitre s'articule autour des
paragraphes suivants : opinion sur les formes possibles d'usage des pesticides,
avis des enquêtés sur la quantité du liquide reçu
pour le traitement, raisons évoquées pour conserver une partie du
liquide reçue et la justification de l'utilisation de la totalité
de la quantité du liquide reçue.
5.1.1. Opinion sur les formes possibles d'usage des
pesticides.
Le tableau qui suit tente d'expliquer l'opinion de
l'échantillon interrogé sur les différentes pratiques ou
usages que l'on peut faire des pesticides agricoles. Ces usages sont souvent
fonction du niveau intellectuel.
Tableau 4: Perception de différents usages des
pesticides selon la variable NI.
Usages
NI
|
Protéger uniquement les cultures
|
Protéger les animaux domestiques
|
Chasser les gibiers
|
Pécher les poissons
|
Usages multiples
|
Total
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
Aucun
|
16
|
14%
|
5
|
4,31%
|
0
|
0%
|
0
|
0%
|
6
|
5,17%
|
27
|
23,27%
|
Primaire
|
31
|
26,72%
|
4
|
3,45%
|
2
|
1,72%
|
3
|
2,58%
|
10
|
8,62%
|
50
|
43,10%
|
Secondaire
|
28
|
24,13%
|
4
|
3,45%
|
2
|
1,72%
|
1
|
0,86%
|
3
|
2,58%
|
38
|
32,75%
|
Supérieur
|
1
|
0,86%
|
0
|
0%
|
0
|
0%
|
0
|
0%
|
0
|
0%
|
1
|
0,86%
|
Total
|
76
|
65,52%
|
13
|
11,20%
|
4
|
4,44%
|
4
|
4,44%
|
19
|
16,37%
|
116
|
100%
|
Source : Enquête sur terrain.
Il ressort de ce tableau que près de 65,52% de
l'effectif des planteurs du coton interrogés reconnaissent que les
pesticides sont avant tout réservés pour la protection des
cultures (primaire 26,72% ; aucun niveau 14% ; secondaire 24,13% et niveau
supérieur 0,86%). Pour la protection des animaux domestiques contre les
tiques, les enquêtés qui estiment que cela est faisable
représentent 11,20% dont 4,31% de ceux qui n'ont aucun niveau
intellectuel, 3,45% de ceux qui ont atteint le niveau primaire et de
même pour ceux qui ont le niveau secondaire. Par contre
16,37% de l'effectif total des enquêtés dont 8,62% ayant un niveau
primaire, 5,17% n'ayant aucun niveau intellectuel et 2,58% ayant atteint le
niveau secondaire, estiment qu'on peut faire un usage multiple avec les
pesticides agricole. Les usages multiples selon les planteurs interrogés
passent par: la neutralisation des poux des cheveux, la pulvérisation de
l'intérieur des maisons pour lutter contre les moustiques, les termites
et autres rongeurs, la chasse ou la pêche à base de ces produits
ne sont pas d'ailleurs exclues.
Si certains planteurs estiment que l'on peut chasser ou
pêcher avec les pesticides, cela rentre dans le cadre de la pollution des
eaux. C'est dans ce contexte de lutte contre la pollution des eaux que
Jean-Bernard LEROY a essayé
d'énumérer ces genres de pratiques parmi celles qui rendent l'eau
impropre à un usage déterminé. C'est ainsi qu'il le
qualifie de pollution agricole.~~ Les engrais sont très
solubles car les plantes se nourrissent des matières dissoutes. Le drame
est qu'une pluie survenant trop tôt après le fumage entrainera une
quantité notable d'azote et de phosphore qui, petit à petit
s'entassera au fond des rivières qui reçoivent ces eaux de pluie
venant de ces champs.
Selon cet auteur en effet, « l'usage des
pesticides (insecticides fongicides) et autres produits phytosanitaires
arrivent ainsi de la même manière à se retrouver dans les
lits des cours d'eaux dont ils polluent les eaux.
»46 De telles pratiques ne manquent pas de
conséquences. C'est ce à quoi, les prochains paragraphes seront
consacrés.
5.1.2. Opinion des planteurs sur la quantité de
l'insecticide reçue pour les traitements.
Le tableau qui suit synthétise les différents
avis des cotonculteurs émis selon leur niveau d'instruction sur la
question concernant ce qu'ils font le plus souvent des insecticides
reçus pour les traitements de leurs champs de coton.
46 LEROY (J-B) : La pollution des eaux, collection
~~Que sais-je~~, Edition PUF, Paris, p.27
Tableau 5: Avis sur l'utilisation de la quantité
du liquide reçu selon le NI.
Q12
NI
|
Oui
|
Non
|
Ça dépend
|
Total
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
Aucun
|
8
|
7%
|
11
|
9,48%
|
8
|
7%
|
27
|
23,27%
|
Primaire
|
10
|
8,62%
|
24
|
20,68%
|
16
|
13,80%
|
50
|
43,10%
|
Secondaire
|
20
|
17,24%
|
14
|
12,06%
|
4
|
3,45%
|
38
|
38,75%
|
Supérieur
|
0
|
0%
|
1
|
0,86%
|
0
|
0%
|
1
|
0,86%
|
Total
|
38
|
32,75%
|
50
|
43,10%
|
28
|
24,13%
|
116
|
100%
|
Source : Enquête sur terrain.
Selon les différents avis recueillis et compilés
dans ce tableau, 43,10% d'entre les planteurs interrogés affirment ne
pas utiliser toute la quantité du liquide lors des traitements, tandis
que 32,75% de l'effectif total de l'échantillon confirment qu'ils
utilisent toute la quantité du liquide contre 24,13% qui, eux, disent
que parfois, ils en gardent mais pas toutes les fois. Ces derniers justifient
leur position en affirmant que parfois, la quantité du liquide reste
indépendamment de leur volonté.
D'après le niveau intellectuel de nos
enquêtés, nous constatons que c'est beaucoup plus ceux qui ont un
niveau intellectuel (primaire 20,68% et secondaire 12,06%) qui
préfèrent ne pas utiliser toute la quantité du liquide
reçu. Cela voudra juste dire que ceux-ci n'ont pas suivi les directives
techniques. Puisque si elles étaient observées, le liquide ou la
bouillie diluée pour le traitement finira bien avec la dernière
rangée de la parcelle.
De ces différents avis exprimés, seuls les
32,75% sont en conformité avec les directives techniques. En effet,
selon l'interview que l'Adjoint au chef d'exploitation de la cellule coton de
Bossangoa nous a accordée, 1/2 litre CYPALM
P654 est réservé à 0.5ha alors que 1/2 litre
de CYPALM P672 est réservé pour
1ha.47 Pour faire respecter cette dose à l'hectare, un rythme
de marche est imposé à cet effet.
Selon le Manuel d'Instruction de l'appareil d'épandage
ULVA+, les consignes suivantes sont données en vue de
bien traiter son champ de cotonnier.
ü Le débit souhaité est de 1l/ha ;
ü La bande à traité doit mesurer 5m ;
47 ACE de Bossangoa, interview accordée le
25/08/11 à 11h 45
ü Débit mesurer 40ml/min;
ü La vitesse du paysan lors du traitement doit être de
80m/min.
Or si nous comparons les points de vue de la plupart de
l'échantillon interrogé, ceux-ci ne connaissent pas ou du moins
minimisent ces conseils techniques raison pour laquelle, à la fin de
leur traitement, il reste toujours quelques quantités du liquide. Ce
faisant, la plantation n'est pas suffisamment protégée contre les
indésirables. Les restes du liquide sont ainsi reconditionnés
pour soit être réutilisé prochainement ou soit pour
être revendu sans étiquette à d'autres paysans ou
maraichers.
Alors, pourquoi certains préfèrent utiliser toute
la quantité du liquide et d'autres non ? Cette interrogation fera
l'objet du prochain paragraphe.
5.1.3. Avis des enquêtés sur l'autre
quantité du liquide non utilisée.
Les histogrammes qui suivent tentent d'étayer les discours
des enquêtés ainsi leurs motivations quant à la
conservation d'une partie de l'insecticide reçue.
Figure 11: Justification d'une partie du liquide
conservée.
Justification du reste du liquide reçu
23
Autres
Réserver pour la chasse/pêcher
Utiliser pour son petit élevage
Réutiliser sur une autre parcelle
Revendre au marcher noir
Reponses des enquetes
7
12
14
22
0 10 20 30
Effectif des enquêtés
Source : Enquête sur le terrain.
A la question de savoir si lors des traitements les planteurs
utilisent toute la quantité du liquide, les avis divergent fortement.
Parmi les raisons évoquées pour justifier la conservation d'une
partie du liquide reçue, nous avons : garder pour réutiliser sur
une autre parcelle (22 enquêtés), pour la protection de son petit
élevage contre les tiques (14 enquêtés), conserver pour
revendre au marcher noir (12 enquêtés), réserver pour la
chasse ou la pêche (7 enquêtés). Les vingt
trois (23) autres estiment pour leur part qu'il existe plusieurs raisons qui
poussent à vouloir garder une partie du pesticide.
Comme nous venons de voir avec les directives techniques dans
le paragraphe précédant, les quantités du liquide remises
pour les traitements sont d'avance calculées. Et pour prétendre
à un bon rendement à l'hectare, il faut le stricte suivi de ces
consignes. Au cas échéant, l'on joue contre la rentabilité
de son champ. Cette situation démontre un manque de suivi des paysans
dans les champs lors des traitements.
Cette manière de faire de nos cotonculteurs confirme
bien les dires d'un Délégué Technique d'un GIR avec qui,
nous nous sommes entretenu après que nous lui avons administré
notre questionnaire.
Selon ce délégué qui a requis l'anonymat,
« il est très difficile à nous ~~les
DT de bien surveiller tous les planteurs de son groupement. Les raisons sont
multiples: a) il n'y a qu'un seul DT par groupement qui parfois, comporte des
centaines de planteurs, b) les DT n'ont pas de moyens logistiques pour
être mobiles sur le terrain derrière les planteurs, c) les champs
ou les plantations des cotonniers sont éparses et de ce fait, difficile
à contrôler à la fois, d) les DT ne sont pas des
employés de la société cotonnière et par
conséquent ne sont pas payés. Nous sommes
rémunérés au prix d'un (1) francs par tonnage de coton
graine que le GIR aura produit. Et cette somme nous est versée
qu'à la fin de la campagne cotonnière, e) les traitements
démarrent à la même date et ce faisant, il devient
difficile de surveiller tous les planteurs de son GIR d'autant plus
nous-mêmes, devons nous occuper de nos propres
champs.»48
Fort de ce qui précède, que dise ceux qui utilisent
toute la quantité du liquide ?
5.1.4. Avis des enquêtés utilisant toute la
quantité du liquide reçue.
L'histogramme qui suit, vise à montrer les discours de
notre échantillon sur l'utilisation de la totalité de la bouillie
du pesticide reçue.
Figure 12: Justification de l'utilisation de la
totalité du liquide.
Raisons évoquées pour utiliser toute la
quantité du
liquide réçu
0 5 10 15 20
Effectif des enquêtés
Autres
Eviter
l'empoisonnement
Eviter la pollution
de la maison
Eviter des
accidents à Se conformer aux
directives
Reponses des enquetes
16
3
5
4
10
Source : Enquête sur terrain.
De même que les planteurs qui conservent une partie de
leur insecticide justifient leur point de vue, ceux qui préfèrent
utiliser toute la quantité du liquide ont leurs raisons à
eux-aussi. Sur les 38 cotonculteurs qui affirment utiliser toute la
quantité du liquide, ils justifient leurs positions de
différentes manières. Certaines estiment se conformer de cette
manière aux directives techniques (16), d'autres, pour éviter
l'empoisonnement de la famille (10) et d'autres encore affirment avoir agis
ainsi pour éviter des accidents à domicile et la pollution de la
maison.
Cette prise de position de ces planteurs est non seulement
conforme aux directives techniques mais confirment bien les propos du Chef de
Centre Ophtalmologique de Bossangoa qui s'est confié à nous lors
d'un entretien que nous lui avons accordé. Selon ce personnel soignant,
« les cas d'intoxication ou d'ingestion ou encore de suicide
liés aux pesticides sont trop fréquent à l'hôpital
de Bossangoa et ceci le plus souvent en saison sèche.
»49
Les dires du Chef de Centre confirment bien ceux du
Secrétaire Général de la municipalité de ladite
ville qui a répondu en ces termes quand nous lui avons demandé si
la municipalité fait un effort pour sensibiliser la population sur les
mauvaises pratiques liées à l'utilisation des produits
phytosanitaires : « Si les mauvaises
pratiques
49 Entretien accordé au Chef de Centre
d'Ophtalmologie de Bossangoa le 26/07/11, à 9h05min
phytosanitaires et les cas de suicides aux
insecticides ont régressé à Bossangoa, c'est en partie
dû aux efforts de la municipalité.
En effet, nous sensibilisons les planteurs sur les
mauvaises pratiques liées à l'utilisation des produits
phytosanitaires. Car au début de chaque campagne cotonnière, une
grande réunion avec tous les Chefs de groupes et des quartiers se tient
à cet effet. Et ces Chefs à leur tour sensibilisent la population
de leur juridiction respective. »50
De tels témoignages attestent bien que les planteurs de
notre zone d'étude se livrent bien à des pratiques peu commodes
aux directives techniques. Mais pourquoi certains d'entre les planteurs
n'utilisent pas la totalité des pesticides qu'on leur remet ? Cette
interrogation fera l'objet du paragraphe ci-dessous.
5.1.5. Analyse du discours des planteurs n'utilisant pas
toute la quantité du liquide.
Le tableau qui suit vise à montrer les raisons qui
poussent certains planteurs à ne pas utiliser la totalité de
pesticides qu'ils reçoivent pour le traitement de leur champ de
cotonnier.
Tableau 6: La variable Niveau de Revenu et la question
n°13.
La variable niveau de revenu et la question n° 13
: « Pourquoi gardez-vous le reste de ce liquide ?
»
Question n°13
NR
|
Revendre au marcher noir
|
Réutiliser sur une autre parcelle
|
Utiliser pour son petit élevage
|
Réserver pour la chasse ou la pêche
|
Usages multiples
|
Total
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
5000 à 10000
|
0
|
0%
|
1
|
1.28%
|
2
|
2.56%
|
1
|
1.28%
|
2
|
2.56%
|
5
|
6.41%
|
10000 à 15000
|
2
|
2.56%
|
3
|
3.85%
|
1
|
1.28%
|
0
|
0%
|
3
|
3.85%
|
9
|
11.54%
|
15000 à 20000
|
2
|
2.56%
|
3
|
3.85%
|
2
|
2.56%
|
0
|
0%
|
1
|
1.28%
|
8
|
10.26%
|
20000 à 25000
|
4
|
5.13%
|
2
|
2.56%
|
0
|
0%
|
1
|
1.28%
|
3
|
3.85%
|
10
|
12.82%
|
25000 à 30000
|
2
|
2.56%
|
4
|
5.13%
|
3
|
3.85%
|
0
|
0%
|
3
|
3.85%
|
12
|
15.34%
|
30000 à 35000
|
1
|
1.28%
|
3
|
3.85%
|
1
|
1.28%
|
2
|
2.56%
|
7
|
8.97%
|
14
|
17.95%
|
35000 et plus
|
1
|
1.28%
|
6
|
7.69%
|
5
|
6.41%
|
3
|
3.85%
|
4
|
5.13%
|
19
|
14.36%
|
Total
|
12
|
15.38%
|
22
|
28.20%
|
14
|
17.95%
|
7
|
8.97%
|
23
|
29.49%
|
78
|
100%
|
Source : Enquête sur terrain.
50 Interview accordée au Secrétaire
Général de la Maire de Bossangoa le 27/07/11 à
12h15min.
A la lecture de ce tableau, il ressort ce qui suit: 15.38% du
total de l'échantillon interrogé estiment garder une partie du
liquide pour revendre au marché noir, 28.20% disent qu'ils en gardent
pour être réutilisé sur une autre parcelle, tandis que
17.95% garde cela pour la protection ou l'entretien de leur petit
élevage. Ceux qui conservent cela pour en faire soit la chasse ou la
pêche représente seulement 8.97% et les 29.49% autres
enquêtés disent que ces produits servent à beaucoup de
choses y compris les différentes pratiques que leurs
prédécesseurs ont évoquées.
A l'analyse de ce tableau, nous voyons que dans l'ensemble,
tous ceux qui se livrent à ces genres de pratiques n'ont pas un niveau
de revenu élevé. Et en voulant joindre les deux bouts, ceux-ci
pensent pouvoir le faire en vendant ou en chassant ou encore en
protégeant leur petit et menu bétail avec une autre partie de
l'insecticide. Bien au contraire, une telle pratique affaiblie
considérablement le rendement du coton à l'hectare. Car les
consignes et directives techniques n'étant pas respectées.
Selon l'Adjoint au Chef d'exploitation de l'usine de Bossangoa
que nous avons interrogé, celui-ci nous a confié ceci: «Pour
prétendre à une bonne récolte, il est conseillé de
procéder à cinq (5) traitements minimums ou à huit (8)
maximums. »51 Cette situation relève de la mauvaise
compréhension des directives techniques. Sur ce, nous passons au
paragraphe traitant du respect des procédures et normes en vigueur.
5.2. Le respect des procédures et normes en
vigueur.
La seconde partie de ce chapitre traite de cinq (5) sous
points relatifs aux respects des procédures et normes en vigueur quant
à ce qui concerne l'utilisation des pesticides agricoles.
5.2.1. Connaissance des précautions à prendre
lors de la manipulation du produit.
La figure ci-dessous, vise à montrer la connaissance que
nos enquêtés ont des précautions à prendre lorsque
l'on veut manipuler les pesticides.
51 Entretien avec l'Adjoint au Chef d'Exploitation de
Bossangoa, entretien accordé le 28/07/11 à 12h20min.
Figure 13: Précaution à prendre pendant la
manipulation des pesticides.
Précaution à prendre lors de
la
manipulation du produit
Se conformer aux recommandations
de l'étiquette
Eviter le contact avec la peau
Eviter les risques de projection du
produit
Porter des vêtements de protection
adaptés
11
30
31
44
Reponse des
ennobles
0 20 40 60
Effectif des enquêtés
Source : Enquête sur terrain.
La connaissance des précautions que l'on doit prendre
lorsqu'on manipule les pesticides est importante. Non seulement elle rentre
dans le respect des procédures et normes en vigueur, mais aussi et
surtout, elle permet de bien se comporter face à ces produits afin de ne
pas s'intoxiquer soit même et éviter ainsi de polluer
l'environnement. Sur ce point précis, l'ensemble de nos
enquêtés est unanime dans leur réponse.
Sur un effectif total de 116 planteurs interrogés, 44
estiment que la précaution à prendre lorsqu'on manipule les
pesticides passe par le port des vêtements de protection
appropriés ; 31 planteurs d'entre eux disent qu'il faut éviter le
contact du produit avec la peau ; 30 d'entre eux affirment qu'il faut juste
éviter la projection du liquide dans les yeux, enfin, les 11 autres
estiment pour leur part qu'il faut simplement se conformer aux recommandations
et directives techniques.
Selon les différentes réponses avancées
par nos enquêtés, nous comprenons que dans l'ensemble, ceux-ci
sont d'une manière ou d'une autre conscients des risques sanitaires et
environnementaux que les pesticides représentent pour l'homme et la
nature. C'est pourquoi, ils essaient de connaître les voies par
lesquelles ils peuvent se contaminer. Si les cotonculteurs de Bossangoa ont une
connaissance des précautions que l'on doit prendre quand on manipule les
pesticides, malheureusement, ceux-ci n'ont pas des vêtements de
protection à quoi ils font allusion.
D'après notre observation faite sur terrain, les
cotonculteurs n'ont aucun vêtement de protection (Gangs, ensemble
d'imperméable, paire de chaussure botte, etc.) pour se protéger
contre ces produits lors de la manipulation et de l'application des
traitements.
Pour leur protection en effet, les planteurs font recourt
à leurs habits ordinaires de cultures avant de procéder à
la manipulation des pesticides et aux traitements de leurs champs de cotonnier
; ce qui est totalement à l'antipode des directives techniques
élaborées par les fabricants de ces produits.
De ce fait, quelles sont les précautions que l'on doit
prendre pendant l'application du produit ? Cette question fera l'objet du
prochain paragraphe qui suit.
5.2.2. Connaissance des précautions à prendre
pendant l'application du produit.
La figure ci-dessous retrace le niveau de connaissance des
enquêtés sur les précautions que l'on doit prendre pendant
l'épandage ou l'application du produit.
Figure 14: Connaissance des précautions à
prendre lors des traitements.
Précaution à prendre pendant le
traitement.
Ne pas fumer ni boire
Ne pas traiter contre le vent Ne pas faire appliquer le
traitement
par les enfants et les personnes âgées Eloigner
les enfants et les animaux Porter des vêtements de traitement
phytosanitaire
Reponses des
enquetes
0 10 20 30 40
Effectif des enquêtés
8
18
23
27
40
Source : Enquête sur terrain.
Connaître les règles à observer pendant
l'application du produit est important car l'efficacité du traitement ou
de la protection de la culture en dépend. A cet effet, la plupart de
l'échantillon interrogé sait qu'il ne faut pas traiter contre le
vent (soit 40 enquêtés). Quant au reste des planteurs retenus pour
cette étude, 27 reviennent sur le faite qu'il faut nécessairement
porter des vêtements de protection phytosanitaire qu'ils en ont
d'ailleurs pas, 23 d'entre eux estiment qu'après le traitement, on ne
boit ou ne fume qu'après avoir une bonne toilette, 18 planteurs sur
l'effectif total des enquêtés affirment qu'il faut éloigner
les enfants et les animaux du champ lorsqu'on procède au traitement. Et
pour finir, 8 disent qu'il ne faut pas faire appliquer le traitement par les
enfants ou les personnes âgées.
Les réponses fournies par nos enquêtés ici
relèvent belle et bien des directives techniques et des recommandations
écrites sur les étiquettes de ces produits. Malheureusement,
certaines de ces consignes ne sont pas bien suivies par certains cotonculteurs.
Selon nos observations faites sur terrain, certains planteurs se font seconder
ou remplacer lors des séances de traitement par leurs enfants ceci,
à l'insu des DT qui ne sont pas toujours présents pendant
certains traitements.
De telles pratiques ne sont pas de nature à respecter
les règles et normes en vigueur. Les cotonculteurs les connaissent bien
et les récitent bien mais très peu d'entre eux mettent en
application ces directives techniques. De ce fait, qu'en est-il des
précautions à prendre après l'application du produit ?
Nous en parlerons dans les lignes qui suivent.
5.2.3. Précaution à prendre après
l'application du produit.
Le graphique qui suit résume le discours de nos
enquêtés sur les différentes précautions que l'on
doit prendre après qu'on a fini le traitement.
Figure 15: Connaissance des précautions à
prendre après le traitement.
Précaution à prendre
après
l'application du produit
0 20 40 60
Ne jamais réutiliser les emballages
vides
Laver tous les vêtements de protection
Manger et boire uniquement après
toilette
Destruction des emballages vides
Rdponses des
enquetds
11
47
50
8
Effectif des enquêntés
Source : Enquête sur terrain.
Les risques d'intoxication ou de contamination se
répartissent à différents niveaux : pendant la
manipulation, l'application et après l'application du produit. La
connaissance des précautions à prendre à chaque niveau
permet de réduire les risques de contamination. Après les
traitements aussi, des règles doivent être observées.
En effet, parmi les planteurs interrogés, 50 sont
formels que l'ont ne peut boire ou manger qu'après une bonne toilette ;
47 d'entre eux estiment qu'il faut laver tous les vêtements de
protection; 11 seulement disent qu'il ne faut jamais utiliser les emballages de
ces produits et pour finir, 8 ont déclaré qu'il faut
détruire les emballages vides des produits-ci.
Grosso modo, nous pouvons estimer que les différentes
campagnes de sensibilisation à l'endroit des cotonculteurs ont atteint
leur but eu égard aux réponses justes que nos
enquêtés ont donné ici. Hélas, ces réponses
sont et ne demeurent que des principes dont ceux-ci n'ont fait
qu'énumérés. Selon notre observation en effet, certaines
de ces règles ne sont respectées. N'ayant pas les vêtements
de protection phytosanitaires, les planteurs utilisent leurs habits ordinaires
qu'ils les lavent au bord des marigots qui longent leurs champs. D'autres
encore sachant que seule une forte quantité du liquide peut tuer, ne se
donnent pas trop de peine pour faire une bonne toilette avant de commencer soit
à chercher à manger ou à boire ou encore à
fumer.
C'est justement contre ces genres de mauvaises pratiques que
Gaëlle STIMAMIGLIO et Gérard
GENDRON ont mis en évidence les canaux par lesquels l'on
peut se contaminer. Dans leur ouvrage intitulé :
Utilisation efficace et sans risques des produits
phytosanitaires en République
Centrafricaine~~, ces auteurs
affirment que l'homme peut se contaminer par les voies suivantes :
ü Par ingestion: causes accidentelles ou aliments
contaminés, réutilisation des emballages vides ;
ü Par contact: intoxications fréquentes :
éclaboussures, contact avec la culture traitée ;
ü Par inhalation : par respiration des nuages de
pulvérisation principalement.52
Ces consignes viennent mettre un terme sur la connaissance
qu'ont nos enquêtés sur les conduites à tenir après
le traitement. Le prochain paragraphe qui suit, sera consacré à
l'aspect gestion des emballages des pesticides.
5.2.4. Avis des enquêtés sur la gestion des
emballages des pesticides.
La figure qui suit présente la destination finale des
emballages des pesticides ou l'usage que les planteurs de coton en font
après les traitements.
Figure 16: Usage final des emballages des
pesticides.
Gestion des emballages des
pesticides
Laver et utiliser
Revendre à ceux qui sont dans le
besoin
Autodestruction au champ
48
18
18
Reponses des
enquetes
20 40 60
Effectif des enquêtés
Source : Enquête sur terrain.
La gestion des emballages pose un sérieux
problème dans le monde rural en général et Bossangoa notre
zone d'étude n'est en marge de cette difficulté. Ainsi selon les
histogrammes ci-dessus, plus de 57% de l'échantillon interrogé
affirment qu'ils lavent ces emballages pour soit les réutiliser ou soit
les revendre à ceux qui sont dans le besoin. Seulement, 43% estiment
pour leur part autodétruire ces récipients au champ.
A la lecture des réponses des planteurs
interrogés et compilées dans ce graphique, il est clair que les
pratiques de ceux-ci ne sont pas en conformité avec les
procédures et normes en vigueur. En effet, que disent les
recommandations relatives à la gestion des emballages de ces produits ?
C'est à cette question que les deux auteurs que nous avons
précédemment cité répondent en ces termes.
Selon ces auteurs, la gestion des emballages vides des pesticides
doit se faire de la manière suivante :
ü Ne jamais réutiliser les emballages vides des
produits phytosanitaires pour y mettre de l'eau ou de la nourriture ;
ü Refermer les emballages après usage de façon
à éviter toute perte ou contamination et les stocker dans un
endroit sûr.
ü Brûler les emballages en plastique et carton en
se protégeant de la fumée qui s'y échappe, elle est trop
toxique et par conséquent, le feu doit se faire loin des habitations
tout en surveillant la direction du vent;
ü Les emballages métalliques doivent être
perforés, écrasé puis enterrés dans un
endroit non habité à 50m d'un point d'eau et
reboucher soigneusement le trou53.
Pour beaucoup de ceux qui disent laver ces emballages et
utiliser, ils justifient leurs points de vue selon quoi, cela leur permet soit
de conserver leurs semences, soit à puiser de l'eau ou soit encore
à conserver de l'huile, du sel, du sucre ou du miel pour ce qui est des
bouteilles en plastiques. Quant aux sachets de graines de coton et des sacs des
intrants ou engrais, cela permet de bien conserver la farine de manioc pendant
la saison des pluies. Voila quelques raisons évoquées par les
planteurs pour ne pas détruire les emballages des pesticides comme les
directives le leur recommandent.
La gestion de ces emballages varie en fonction du sexe. C'est
pourquoi dans les lignes qui suivent, nous allons voir comment cela se passe du
côté des femmes ou des hommes.
5.2.5. La gestion des emballages en fonction de la variable
sexe.
Le tableau croisé qui suit vise à montrer la
manière dont les femmes ou les hommes gèrent les emballages des
pesticides après les traitements.
Tableau 7: L'utilisation des emballages des pesticides
selon la variable sexe.
Question
|
Autodestruction
|
Revendre à
|
Laver et
|
Autres
|
Total
|
n°18
|
au champ
|
ceux qui sont
|
réutiliser
|
|
|
|
|
dans le besoin
|
|
|
|
Sexe
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
Masculin
|
18
|
15.51%
|
18
|
15.51%
|
44
|
37.93%
|
31
|
26.72%
|
111
|
95.69%
|
Féminin
|
0
|
0%
|
0
|
0%
|
4
|
3.45%
|
1
|
0.86%
|
5
|
4.31%
|
Total
|
18
|
15.51%
|
18
|
15.51%
|
48
|
41.38%
|
32
|
27.58%
|
116
|
100%
|
Source : Enquête sur terrain.
A la question de savoir : « Après les
traitements, que faites-vous des emballages des pesticides ?
», les réponses divergent fortement selon qu'on se
tourne vers les femmes ou les hommes. Ainsi, aucune des femmes
interrogées n'affirment soit détruire ces emballages au champ ou
soit revendre à d'autres personnes. Toutes disent
53 STIMAMIGLIO (G) et GENDRON (G), op cit, p.30
laver pour utiliser (4.31% du total de l'échantillon).
Quant aux hommes, 15,51% seulement affirment qu'ils détruisent ces
emballages au champ. Mais le reste de ceux-ci gardent ces emballages pour les
revendre ou les utiliser (soit 80.16%).
Cette situation se comprend en ce sens où dans le monde
rural, le plus souvent ce sont les femmes qui sont responsables des ustensiles
de cuisines et de ce fait, chargées d'acquérir de nouvelles
assiettes. Ainsi, les bouteilles en plastiques sont bien faites pour leur
permettre de conserver leurs semences, de l'huile, du sel ou du sucre. Quant
aux sacs des engrais et sachets des graines de coton cela permet selon les
dires de nos enquêtés, à conserver les farines de manioc
surtout en saison des pluies. Car au mois d'août - septembre, les
planteurs sont plus au champ et de là, c'est de cette manière
qu'ils conservent leurs provisions.
Toutes ces pratiques non conformes aux directives techniques
ont des conséquences. Alors, quel est l'impact socioéconomique de
ces pratiques sur ces planteurs ? Cette interrogation fera l'objet de notre
préoccupation dans le prochain chapitre.
CHAPITRE SIXIEME : IMPACT SOCIOECONOMIQUE ET SOLUTIONS
A ENVISAGER.
Ce dernier chapitre s'articule essentiellement autour de deux
principaux points: l'impact socioéconomique et les solutions à
envisager.
6.1. Impact socioéconomique.
Ce premier sous point comporte les sous parties suivantes :
connaissance des enquêtés sur le rendement à l'hectare,
incidence du non respect du calendrier cultural et le faible dosage de
l'insecticide, connaissance des enquêtés sur l'intoxication
alimentaire, fréquence des intoxications dans la localité,
connaissance des enquêtés sur les conséquences de mauvaises
pratiques phytosanitaires et la perception de nos enquêtés sur les
différents usages des pesticides selon la variable sexe.
6.1.1. Connaissance des enquêtés sur
l'incidence du faible dosage sur le rendement.
A travers la figure qui suit, nous voulons mettre en exergue
la connaissance de nos enquêtés sur les conséquences du
faible dosage de l'insecticide et du non respect du calendrier agricole sur le
rendement à l'hectare.
Figure 17: Opinion sur le faible dosage sur le rendement
à l'hectare.
Connaissance de l'incidence du
faible dosage sur le
rendement à
l'hectare
51%
Non
Ne sais pas
21%
28%
Oui
Source : Enquête sur terrain.
En essayant de vérifier la connaissance que les
planteurs interrogés ont de l'incidence du faible dosage et du non
respect du calendrier cultural, ceux-ci nous ont répondu de la
manière suivante. 52% de l'échantillon estiment que non, on ne
peut
prétendre à une meilleure récolte du
moment où le champ n'est pas bien protégé par la dose
normale recommandée. 27% affirment de leur côté que le non
respect du calendrier et le faible dosage, n'a pas assez d'impact sur le
rendement à l'hectare contre 21% qui sont ignorants des
conséquences d'une telle pratique. Selon ceux qui défendent cette
position, le non respect du calendrier et le faible dosage impacteraient
très faiblement sur le rendement.
Selon les directives techniques en vigueur qui nous ont
été communiquées par l'Adjoint au Chef d'Exploitation de
l'usine de Bossangoa lors d'un entretien que nous avons eu avec lui, «
Il faut au minimum cinq (5) traitements sinon huit (8) au maximum
pour prétendre à une bonne récolte. Pour la dose normale
pour une bonne protection, il faut 1/2litre de CYPALM P654 pour 0,5ha et
1/2litre de CYPALM P672 pour un hectare (1ha). »54
Dans une telle condition, nous ne voyons pas comment l'on peut
faire une bonne récolte du moment où une partie de la
quantité du liquide ait été détournée pour
d'autres fins. Selon cette même source, « Il est
recommandé par la recherche de commencer à semer le coton fin Mai
et d'arrêter cela au plus tard le 20Juin. »55
Le contraste dans cette situation est que la plupart des
planteurs savent ou du moins connaissent bien ces directives techniques mais
cela ne les empêche pas cependant à prélever une
quantité de ces pesticides pour la protection de leur petit
élevage ou encore à utiliser pour protéger les autres
cultures telles celles du paddy et du sésame. Ce constat relève
de nos propres observations.
6.1.2. Connaissance du calendrier et du faible dosage sur
le rendement à l'hectare.
Le camembert ci-dessous vise à montrer le niveau de
connaissance que les planteurs interrogés ont des effets pervers dus au
non respect du calendrier et du faible dosage sur le rendement à
l'hectare.
54 Entretien accordé à l'ACE de
Bossangoa le 25/07/11 à 12h20min.
55 Idem le 25/07/11 à 12h20min.
Figure 18: Opinion sur le non respect du calendrier et le
faible dosage sur le rendement.
Connaissance du calendrier et du
faible dosage sur
le rendement
Non
16%
Ne sais pas
22%
Oui
62%
Source : Enquête sur terrain.
Connaître la date des semis permet d'une part de
respecter les directives techniques définies par la recherche et d'autre
part d'éviter le faible rendement à l'hectare. Sur ce point
précis, les opinions des planteurs interrogés varient. 62% de
l'effectif total sont conscients qu'à l'instant où l'on ne
respecte pas à la fois le calendrier des semis et le dosage de
l'insecticide, il est difficile dans un tel contexte de vouloir
prétendre à une bonne récolte du coton. 16% qu'à
eux, estiment que cela n'a que peu d'importance contre 22% qui eux, ignorent
totalement l'impact de telles situations sur le rendement à
l'hectare.
Le point de vue de ceux qui minimisent les conséquences
du non respect de ces consignes aux côtés de ceux qui ignorent les
retombées de ces non respects, attestent quelque part que ceux-ci ne
sont pas bien informés sur ces directives techniques. C'est sans doute
dans ce sens que certains planteurs mettent de côté une
quantité des pesticides pour en faire d'autres usages qui ne sont pas
recommandées (pêche, chasse, pulvérisation des chambres, la
neutralisation des poux des cheveux, la protection des cultures
vivrières et maraîchères, etc.).
De ces différentes pratiques surviennent les cas
d'intoxications alimentaires. Alors, quelle est donc la fréquence de ces
accidents dans la localité ? La réponse de cette interrogation
fera l'objet du paragraphe qui suit.
6.1.3. Connaissance de l'intoxication alimentaire
liée aux pesticides.
Le graphique ci-dessous vise à montrer la connaissance
qu'ont les enquêtés sur la fréquence ou les cas
d'intoxication à l'insecticides dans leur localité.
Figure 19: Connaissance des intoxications alimentaires
liées aux pesticides.
Connaisance sur
l'intoxication
alimentaire
Non
24%
Oui
56%
Ne sais pas
20%
Source : Enquête sur terrain.
« Etes-vous déjà au courant
d'une ou des intoxications alimentaires liées aux produits
phytosanitaires ?» A cette question, plus de la
moitié de l'échantillon interrogé soit 56% sont formels
pour dire que cela existe bien dans leur communauté. Par contre, 24%
estiment ne pas être au courant de telles informations tout en admettant
que cette possibilité n'est pas exclue pour ce qui est de la
communauté toute entière. 20% seulement affirment ne pas
être au courant d'une telle information.
Ces prises de positions de nos enquêtés
confirment bien l'avis du Directeur Régional des Eaux et Forêt
avec qui nous avons eu un entretien improvisé. Selon ce dernier, «
La chasse aux rongeurs à base d'insecticide continuent
d'être pratiquée ainsi que la pêche. Les produits de ces
captures sont vendus sur le marché local, une autre partie est
évacuée soit sur Bangui ou soit sur d'autres localités.
Nous sommes au courant de ces genres de pratiques, mais lorsque nous voulons
enquêter sur l'information afin d'arrêter les coupables, nous nous
confrontons toujours aux refus de la population qui ne veulent pas
dénoncer leurs semblables. »56
56 Entretien réalisé avec le Directeur
Régional des Eaux et Forêt, le 29/07/11 à 8h45min
Il poursuit en disant que : « c'est Dieu qui
nous protège par rapport à ce que nous achetons sur le
marché pour consommer car personne ne connaît l'origine ni la
provenance. »57 D'après le Directeur, on
voie le péché~~ mais pas
le pécheur~~, ce qui rend difficile
la répression de telles pratiques dans la localité.
Cette inquiétude est légitime car les gibiers
tués à base de ces produits ne sont pas à consommer de
peur de s'intoxiquer. C'est ce que Collette CHASSARD -
BOUCHAUD essaie de démontrer dans la figure ci-dessus.
Figure 20: Chaine de contamination aux
pesticides.
PESTICIDE
VEGETAUX ANIMAUX
RESIDUS dans :
Légumes,
Fruits,
céréales,
boisson, etc.
Traitements
contre
les
PARASITES:
Animaux
Végétaux
Sur
pieds
Concentration
(1) Traitement contre
les
PARASITES:
internes,
Externe.
(2)
Consommation
D'aliments,
Contaminés
RESIDUS dans :
Viandes et abats
Laits et
produits
laitiers
Rufs
INTOXICATION
DIRECTE
DE
L'HOMME
-
Professionnelle
:
Industrie
Agriculture
Accidentelle :
Ménagère
HOMME
Source: M. PONTOIS
(Docteur vétérinaire), Institut supérieur de
l'agro-alimentaire et école nationale vétérinaire
d'Alfort, 1993 cité par Colette
CHASSARD-BOUCHAUD.
Cette figure ci-dessus, montre les principales voies de
contamination de l'homme, des animaux et des végétaux par les
pesticides. Intoxication directe ou indirecte, notamment par les résidus
souvent détectés dans les produits alimentaires de consommation
courante.
6.1.4. Fréquence des intoxications alimentaires aux
pesticides.
La figure ci-dessous synthétise l'opinion des
enquêtés sur la fréquence des cas d'intoxication aux
pesticide dans la localité de Bossangoa.
Figure 21: Aperçu sur la fréquence de
l'intoxication liée aux pesticides.
Fréquence des cas d'intoxication
alimentaire
dans la localité
22%
Non
Ne sais pas
17%
61%
Oui
Source : Enquête sur terrain.
Le point de vue des 61% des enquêtés attestant
que la fréquence d'intoxication alimentaire dans la localité va
de paire avec celui du Médecin Chef de la Clinique Ophtalmologique de
Bossangoa. Selon ce dernier qui s'est confié à nous, «
Les intoxications alimentaires liés aux produits
phytosanitaires ainsi que les cas de suicides ou de tentatives de suicide sont
trop fréquents à l'hôpital de Bossangoa et ceci surtout en
saison sèche. »58
Toujours selon cette même source, au cours de
l'année 2011, l'hôpital préfectoral de Bossangoa a
enregistré deux cas de décès liés à
l'empoisonnement aux pesticides. Le premier cas c'est celui d'un Directeur
d'une école primaire situant à 15Km de la ville de Bossangoa qui,
sous l'effet de la colère a bu une quantité de l'insecticide.
Celui-ci est décédé à son arrivée à
l'hôpital car trop tard pour faire quelque chose pour lui.
D'après
58 Médecin Chef de la clinique ophtalmologique
de Bossangoa, entretien accordé le 26/07/11 à 9h05min.
les explications recueillies, celui-ci s'est donné la
mort sous la pression des parents d'élèves qui sont venus lui
demander des comptes sur la gestion des vivres que le PAM a donnés pour
les enfants de cette école et aurait détourné.
Le second cas de suicide avéré est celui d'un
voleur. Celui-là a volé un cabri qu'il a vendu. Après
enquête policière, il devrait être mis aux arrêts.
Mais juste au moment de procéder à son arrestation, celui-ci
pressentant qu'il allait bientôt répondre de son forfait, a pris
la réserve de son insecticide qu'il a bu et finalement, mort s'en est
suivi.59
Ces quelques témoignages attestent que les pratiques
liées à l'utilisation des produits phytosanitaires à
Bossangoa ne sont pas en conformité avec les procédures et normes
et vigueur. Ainsi, quelles sont les conséquences des mauvaises pratiques
liées à l'utilisation des produits phytosanitaires auxquelles les
planteurs de Bossangoa se livrent-ils ?
6.1.5. Connaissance des conséquences des mauvaises
pratiques phytosanitaires.
La figure qui suit nous montre le niveau de connaissance qu'ont
les planteurs interrogés des conséquences des mauvaises pratiques
phytosanitaires.
Figure 22: Perception des conséquences de
mauvaises pratiques phytosanitaires.
Connaissance des conséquences des
mauvaises
pratiques phytosanitaires
Ne sais pas
Reponses des
enquetes
La fracture des membres
La cécité
La malvoyance
42
28
18
28
10 20 30 40 50
Effectif des enquêtés
Source : Enquête sur terrain.
A la question qui suit: « Quelles sont les
conséquences des mauvaises manipulations des insecticides (produits
phytosanitaires) dont souffrent
aujourd'hui les membres de votre communauté ?
», les planteurs interrogés répondent de la
manière suivante.
La plupart de nos enquêtés soit 42 individus
estiment ne pas les savoir. Par contre, 28 évoquent les cas de fractures
des membres comme conséquences tandis que 28 autres parlent de la
malvoyance et enfin, 18 pointent du doigt la cécité. Si nous en
tenons à ces quelques déclarations, nous voyons que nos
enquêtés ne maitrisent pas dans l'ensemble, les
conséquences des mauvaises pratiques liées à l'utilisation
des produits phytosanitaires.
Connaître les conséquences des contaminations
liées à ces produits permet de prendre ses précautions
afin de ne pas courir des risques à cet effet. A contrario, si l'on ne
connait pas les dangers que l'on encoure de cette sorte, évidemment on
ne pourra pas se méfier de ces produits. Les conséquences des
contaminations ou les effets des pesticides sur l'homme ou la nature sont
nombreuses.
Pour le cas de Bossangoa, notre terrain d'étude,
où il y a une forte population malvoyante ou aveugle, les raisons sont
multiples. Pour le Chef de centre d'ophtalmologie de Bossangoa, «
La cause principale de la cécité à Bossangoa
est certes liée en partie à la consommation ou la contamination
due aux pesticides, mais et surtout due aux piqûres de SIMULI du nom du
vecteur et propagateur de l'onchocercose ou la cécité des
rivières. »60
Selon ce personnel soignant, Bossangoa se situe sur un site
larvaire, une zone endémique où cette mouche responsable de la
cécité sévit toute l'année. Cette mouche a une
marge de manSuvre qui va d'un rayon de 60Km à partir des bords de la
rivière Ouham, d'après ses propres termes. A titre
préventif, nous avons été dépisté dans cette
clinique et quelques comprimés nous sont donnés. Car étant
de passage dans cette partie du pays, nous sommes déjà dans la
zone endémique et qu'il faut nous protéger des piqûres de
ce moustique responsable de la cécité qui sévit dans cette
localité.
Les effets des pesticides sur la santé humaine sont
nombreux. Les intoxications aigües par les pesticides sont celles
où quelques heures après une exposition importante, des
symptômes apparaissent rapidement. Les personnes bien sûr les
60 Le Médecin chef de la clinique
ophtalmologique de Bossangoa : idem le 26/07/11, à 9h05min.
agriculteurs, qui manipulent et appliquent ces pesticides sur
leurs cultures en sont le plus souvent victimes. L'atteinte de l'homme se fait
d'une manière directe (les agriculteurs et travailleurs
professionnellement exposés) et des accidents domestiques et
indirect.
Par contamination indirecte, il faut entendre la consommation
des produits animaux ou végétaux qui sont bien connus de contenir
des résidus des pesticides: bSuf, tomates, raisins, pommes, laitues,
oranges, et pommes de terre. Selon l'OMS en effet, « Il y a
chaque année dans le monde, un (1) million de graves empoisonnements par
les pesticides, avec quelques 220.000 décès
»61
Les effets des pesticides sur la santé humaine ainsi
présentés nous passons à la perception des
différents usages des pesticides selon la variable sexe.
6.1.6. Perception des différents usages selon la
variable sexe.
Le tableau qui suit vise à nous montrer la perception
qu'ont nos enquêtés.
Tableau 8: Perception de l'usage des pesticides en
fonction de la variable sexe.
Question
|
Protéger les
|
Protéger les
|
Chasser les
|
Pécher les
|
Usages
|
Total
|
n°7
|
cultures
|
animaux
|
animaux
|
poissons
|
multiples
|
|
|
|
domestiques
|
|
|
|
|
Sexe
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
Masculin
|
73
|
63%
|
13
|
11.20%
|
4
|
3.45%
|
4
|
3.45%
|
17
|
14.65%
|
111
|
95.69%
|
Féminin
|
3
|
2.59%
|
0
|
0%
|
0
|
0%
|
0
|
0%
|
2
|
1.72%
|
5
|
4.31%
|
Total
|
76
|
65.51%
|
13
|
11.20%
|
4
|
3.45%
|
4
|
3.45%
|
19
|
16.37%
|
116
|
100%
|
Source : Enquête de terrain.
Les réponses des enquêtés sont trop
variées sur la question qui porte sur les différents usages
possibles que l'on peut faire des pesticides. Ces différents avis
émis sont couplés avec la variable sexe. A cet effet, 63% des
hommes interrogés contre 2,59% femmes estiment que les pesticides
agricoles sont destinés uniquement pour la protection des cultures;
11,20% de l'effectif des hommes pensent qu'on peut utiliser ces produits pour
protéger son petit élevage ; 3,45% de l'effectif des hommes
affirment qu'on peut chasser avec ces produits contre 3,45% qui estiment quant
à eux que l'on peut bien pêcher à base des ces produits.
Les 16,37% ont étayé leur point de vue selon quoi toutes les
modalités énumérées ici sont possibles.
61 http://www.mdrgf.org/ , consulté le
22 Nov.2010.
Dans l'ensemble, nous pouvons dire que les planteurs savent
bien que les pesticides agricoles sont uniquement destinés à la
protection des cultures. Cette perception est valable pour les deux sexes.
Cependant, la nature des cultures n'est pas spécifiée. Pour ces
cotonculteurs, les mêmes produits peuvent bien permettre de
protéger à la fois les cultures vivrières,
maraichères ou industrielles telle que la culture du coton.
Une telle compréhension des usages des pesticides
agricoles est erronée. Car elle ne correspond pas aux procédures
et normes en vigueur. En effet, l'insecticide du cotonnier n'est pas à
être utilisé pour d'autres cultures (vivrières ou
maraichères). Les parasites du cotonnier ne sont pas les mêmes
pour les cultures vivrières.
Selon un Chef de Service à la Cellule-coton, «
Le délai de rémanence des pesticides sur les fruits
ou légumes à consommer est de quinze (15) jours après le
traitement. »62 Selon cette même source,
« Les planteurs qui ont semé certaines plantes
vivrières dans le champ de cotonnier peuvent bien consommer sans risques
majeurs ces fruits et légumes après quinze (15) jours francs
séparant la date du traitement et celle de la récolte.
»63 Tout ceci relève des directives
techniques.
Pour ce qui est de l'application de ces consignes, nos
observations nous ont relevé le contraire. En général, les
périodes de traitements coïncident avec celles des récoltes
de légumes ou fruits (courges, niébé, concombres, gombo,
etc.) des cultures faites en association avec la culture du coton. Ce faisant,
les planteurs souvent poussés par l'ignorance du délai de
rémanence et l'impatience cueillent ces fruits et légumes qu'ils
en consomment une partie et en vendent une autre sur le marché au grand
public. Ces genres de pratiques exposent tout le monde et ne met personne
à l'abri des contaminations.
Face donc à cette situation, quelles solutions doit-on
envisager ? C'est à cette question que nous allons nous attelé
dans les lignes qui suivent.
62 KOÏROKPI (A) chef de service à la
cellule-coton de Bangui, entretien accordé le 25 Nov.2011 à
11h05min.
63 KOÏROKPI (A) : Idem, le 25 Nov.2011 à
11h05min
6.2. Les solutions à envisager.
La deuxième partie de ce chapitre vise à proposer
des pistes de solutions aux différents problèmes
évoqués de bout en bout dans ce travail.
6.2.1. Opinion sur la sensibilisation reçue.
Cette figure synthétise les discours des
enquêtés sur la connaissance qu'ils ont des conséquences
des mauvaises pratiques phytosanitaires.
Figure 23: Discours des enquêtés sur la
sensibilisation.
36%
Non
Opinion sur la sensibilisation
64%
Oui
Source : Enquête sur terrain.
A la question de savoir si les planteurs ont été
sensibilisés sur les conséquences des mauvaises pratiques
phytosanitaires, les réponses se présentent de la manière
suivante : plus de la moitié de l'effectif de l'échantillon
interrogé soit 64% affirment être sensibilisés à cet
effet par contre, 36% estiment ne pas être sensibilisés.
La sensibilisation est souvent faite par les DT, la
municipalité de Bossangoa à travers des réunions avec les
chefs de groupes et de quartiers. Selon nos observations, les planteurs sont
informés peu des méfaits de ces produits mais la
difficulté réside dans l'application de ces consignes
reçues.
Selon nos observations, des efforts sont faits et sont entrain
d'être fait de part et d'autre pour conscientiser les planteurs à
faire bon usage de ces produits. Mais comme cet adage populaire le dit si bien
: « L'habitude est la seconde nature de l'homme » et par
conséquent, il est difficile à ces planteurs de changer
d'attitudes aussi facilement.
La sensibilisation est une bonne chose mais la formation
à l'endroit de ces cotonculteurs serait le mieux. Est-ce-que ceux-ci ont
été formés sur les techniques de la bonne utilisation de
ces produits ? C'est ce que nous allons voir dans le prochain paragraphe.
6.2.2. Avis sur la formation relative à
l'utilisation des produits phytosanitaires.
Le camembert ci-dessous résume le point de vue des
planteurs interrogés sur la question relative à la formation sur
les techniques de bonne utilisation des produits phytosanitaires.
Figure 24: Discours des enquêtés sur la
formation pour des bonnes pratiques phytosanitaires.
Opinion sur la formation réçue
87%
Non
13%
Oui
Source : Enquête sur terrain.
La formation est indispensable à tout exercice dans tel
ou tel autre domaine de la vie professionnelle. Cette règle est aussi
valable pour les cotonculteurs. Cependant, à la question de savoir si
ces derniers ont reçu une formation relative aux pesticides agricoles
qu'ils utilisent chaque année, la surprise a été grande
quant à leurs réponses.
D'après ce graphique, 87% des planteurs
enquêtés estiment ne pas être formés sur
l'utilisation des pesticides tandis que 13% seulement affirment avoir
reçu une formation à cet effet. Ceux qui ont répondu par
la négative disent agir par tradition ou par observation
c'est-à-dire voir comment l'autre ou comment fait-on ou encore comment
traite-t-on le coton et on essaie d'imiter. Quant au reste qui estiment avoir
reçu une
formation, ce sont pour la plupart des DT.
Ceux-ci ont souvent été formés dans le but de revenir
former eux aussi les membres de leurs groupements respectifs.
Selon nos observations faites sur terrain, les séances
de restitution des DT sont constituées de petites
séances de réunions de quarante cinq (45) minutes à une
heure généralement les Dimanches matin où tous les
planteurs sont supposés être présents au village. A travers
cette situation, nous comprenons aisément que ce n'est pas en quarante
cinq (45) minutes ou une heure qu'on peut appréhender toutes les notions
relatives aux procédures et normes en vigueur afin d'éviter les
risques sanitaires et environnementaux que les pesticides représentent
pour soi; si tant est que la majorité de ces planteurs ont un niveau
d'étude relativement faible dans l'ensemble.
Face donc à des telles situations, quelles sont les
solutions que l'on peut envisager ? C'est dans ce contexte que les paragraphes
qui suivent seront structurés.
6.2.3. Solutions aux cotonculteurs eux-mêmes.
Aux cotonculteurs, nous formulons les suggestions suivantes
comme pistes de solution: par rapport aux comportements des cotonculteurs qui
minimisent le degré de toxicité des pesticides agricoles, nous
disons avec cet auteur que : « Tous les pesticides sans
exception sont dangereux. Ne jamais oublier cette règle quand on
travaille avec ces produits ! Les pesticides sont faits pour détruire
les organismes nuisibles insectes ou champignons ressemblant peu à
l'homme, mais cela ne veut pas dire qu'un produit fait pour détruire les
premiers ne soit pas dangereux pour d'autres organismes vivants, et pour
l'homme en particulier. »64
Les phrases de ces auteurs sont un appel à la vigilance
et selon nous, elles constituent la règle numéro un. C'est dans
ce contexte que nous demandons à ces planteurs de se conformer
strictement aux recommandations contenues sur l'étiquette ou les
emballages de ces produits chimiques. Certes, les pesticides peuvent avoir
différents usages, mais il faut savoir que chaque produit est
destiné pour un usage
64 ARENDSE (W) et BRABER (K-D) et alii : op cit
pp.6-7
particulier. Cependant, il n'est pas conseillé d'utiliser
les pesticides du cotonnier pour protéger d'autres cultures
vivrières ou maraîchères.
Pour éviter les intoxications alimentaires auxquelles
personne n'est à l'abri de la protection, nous rappelons que les
pesticides ne sont en aucun cas des armes de chasse ou de pêche. Par
conséquent, ne jamais pêcher ou chasser et ne jamais consommer des
gibiers ou des poissons tués à base de ces produits. Cela a
plusieurs conséquences sur la nature et sur la santé des
consommateurs.
Les pesticides sont destinés à lutter contre les
indésirables ou chenilles nuisibles mais, ils constituent à la
fois un danger pour l'homme qui est indirectement visé. C'est pourquoi,
il ne faut jamais sous-estimer le degré de toxicité de ces
produits. Quand bien même une faible dose ne peut provoquer un danger
immédiat, mais cela demeure toujours un problème dont les
manifestations se feront voir à moyen ou long terme.
Une meilleure récolte ou un bon rendement à
l'hectare ne peut s'obtenir qu'avec l'observance stricte des directives
techniques. Pour cela, il faut respecter le calendrier cultural, le nombre de
traitements et des sarclages. De ce fait, ne pas prélever une partie de
la quantité de l'insecticide pour en faire d'autres usages ou conserver
à domicile ou encore reconditionner pour revendre sans étiquettes
à d'autres paysans. Cela constitue une source d'empoisonnement de la
famille et impacte négativement sur le rendement à l'hectare.
Les pesticides agricoles étant toxiques, les
récipients les contenant le sont également, c'est pourquoi, les
directives et normes en vigueur défendent leur réutilisation.
Ainsi, les emballages de ces produits ne sont pas des récipients
à recycler pour être réutiliser. Car en les lavant pour les
réutiliser, ils s'intoxiquent et par la même occasion intoxiquent
les membres de leurs familles et ceux de leur communauté à qui
ils revendent ces emballages pour être utiliser.
Les risques de contamination ou d'intoxication de l'homme se
situant à chaque niveau (pendant la manipulation du produit, le
traitement et après le traitement), les directives techniques relatives
à la manipulation, au traitement et à l'après traitement
doivent être bien suivies quand bien même ne disposant pas
d'équipements de
protection phytosanitaire (Gans, bottes, imperméables,
chemises manche longue, etc.). De ce fait, quelles alternatives peut-on faire
à l'endroit de la cellule coton ?
6.2.4. Solutions à la Cellule-Coton (SOFICA).
A la cellule-coton en passe de devenir
~~Société de Fibres en Centrafrique~~
(SOFICA), nous formulons les solutions suivantes :
Par rapport à l'encadrement technique dont plus de 87%
des planteurs interrogés estiment ne pas être formés, nous
formulons le souhait que la Cellule coton (SOFICA) reprenne les mêmes
stratégies d'encadrement des précédentes
sociétés. Cette stratégie consiste au recrutement des
encadreurs ou des vulgarisateurs comme à l'époque de la
SOCADA et la SOCOCA. Ceux-ci faisant parti
des personnels de la société et se consacreraient bien à
cette tâche d'encadrement.
La supervision des GIR est devenu est peu
pénible du fait que les gestionnaires ont plusieurs Groupements
(GIR) dont ils doivent superviser à la fois. Ceci rend
difficile le suivi des planteurs dans les champs. Les DT
eux-aussi ont beaucoup de planteurs à gérer. Donc, il serait
souhaitable de revoir l'effectif des DT par groupement et
celui des Gestionnaires aussi. Pour une meilleure supervision des champs des
paysans, il est souhaitable de regrouper les champs des planteurs par blocs,
pour permettre leur bon suivi par les DT lors des
traitements.
Afin de rendre les DT mobiles derrière
les paysans dans les champs, le mieux serait de doter ces
Délégués Techniques des moyens logistiques et les
encourager avec un peu de moyens financiers conséquents autres que ce
qui leur est proposer maintenant soit 1Fcfa/tonnage réaliser par le
groupement. Et ce fonds leur est versé à la fin de la campagne
cotonnière. Cela n'est pas de nature à encourager ceux-ci
à bien superviser les membres de leurs groupements d'autant plus ceux-ci
ont leurs propres champs dont ils doivent aussi s'en occuper.
Quant à la pratique de la réutilisation des
emballages vides des pesticides, la SOFICA doit mettre en
place une nouvelle politique de suivi des planteurs lors des traitements afin
de ramasser systématiquement ces emballages qui seront détruis
sur un
site à identifier. Cela évitera les cas des
intoxications alimentaires qui sont trop fréquents dans la zone de
Bossangoa.
6.2.5. Propositions de solutions à la Cellule
CPAC-RCA.
Le Comité Inter-Etats des Pesticides d'Afrique Centrale
(CPAC) a une représentation logée au sein du Ministère de
l'agriculture et du développement rural. Cette cellule est la structure
faitière en matière de la réglementation et de la lutte
phytosanitaire au niveau national. A cet organe nous formulons les suggestions
suivantes :
Jouer ou assurer pleinement son rôle de leader dans le
domaine des Pesticides au niveau national. Pour permettre de disposer des
données statistiques, dans le domaine des Pesticides, cette cellule par
l'aide des partenaires au développement doit disposer des bases de
données actualisées sur lesquelles les Autorités
phytosanitaires pourront projeter des politiques de lutte phytosanitaires
efficaces.
Le CPAC est une structure naissante qui est un peu mal connue
au niveau national. A cet effet, il doit se faire connaître aux
établissements et différents partenaires intervenant dans le
secteur des pesticides en Centrafrique. Cela passe par des émissions
radiotélévisées. A l'heure actuelle, les textes officiels
relatifs à la réglementation phytosanitaire au niveau national
sont vieux et méritent une actualisation en conformité avec les
nouvelles données. Cette tâche revient à ce Comité
Inter-états d'innover ou d'initier de nouveaux textes dans ce sens.
Pour la bonne application des textes de la CEMAC
relatifs aux pesticides, le
CAPAC-RCA, doit être doté de
moyens roulants et financiers pour des visites ou des contrôles de
routines auprès des maisons de commerce de ces produits au niveau
national. Pour ce travail, la collaboration entre le CNGP et
les différentes structures intervenant dans le secteur des pesticides
(Cf. annexe IV), doit être renforcée.
100 6.2.6. Suggestions aux Autorités
gouvernementales et aux partenaires au développement.
Le Gouvernement travaille en collaboration avec des
partenaires au développement c'est pourquoi nous formulons ces
suggestions à l'endroit des deux entités à la fois. Ainsi
pour la bonne surveillance et la bonne lutte phytosanitaire en RCA, nous
proposons ce qui suit aux décideurs, notamment aux Autorités du
Ministère de l'agriculture et du développement rural:
Certains planteurs sont démotivés à
l'égard de la culture du coton à cause du faible prix d'achat.
Pour les motiver à renouer avec le travail de la terre, nous souhaitons
que les Autorités augmentent le prix d'achat du coton graine à au
moins 250Fcfa le kilogramme. Ceci pourra constituer un stimulant pour la
relance de la filière coton dans le pays, car le coton constitue l'une
des sources importantes d'entrée de devises pour le pays et pour la
paysannerie de cette partie du pays.
Dans le même ordre d'idée, nous recommandons de
même que les cotonculteurs, que les prix des intrants agricoles (Engrais,
Pesticides, etc.) soient revus à la baisse pour permettre aux planteurs
de ce lancer massivement dans la culture du coton. Notons à cet effet,
que dans les causeries informelles que nous avons eues avec certains planteurs,
ceux-ci se sont beaucoup plein du fait de la hausse des prix des intrants et
des pesticides.
Il est très souhaitable que les usines de
Péndé, N'djim, Guiffa qui ont été pillées
lors des malheureux événements de la rébellion de 2003
soient réhabilitées. Cela augmentera l'effectif des planteurs et
permettra ainsi, à toute la paysannerie de la zone cotonnière en
général de bénéficier des entrées
financières que cette culture génère chaque
année.
Pour la cellule CPAC-RCA et
le personnel du Ministère du développement rural en charge des
contrôles phytosanitaires, il est souhaitable de procéder au
recrutement de nouveaux personnels. Quant aux anciens personnels, il faut
renforcer leurs capacités par des séances de formations pour les
rendre dynamique à faire face aux nouveaux défis de l'heure.
Quant aux partenaires au développement, nous sollicitons leurs concours
pour le renforcement de la capacité de la Cellule
CPAC-RCA en la dotant d'un
laboratoire scientifique et des moyens matériels,
financiers et logistiques pour ces contrôles de routines.
Pour un contrôle phytosanitaire accru et efficace, nous
recommandons la création d'autres postes phytosanitaires à
travers le pays en les dotant des moyens roulant pour leur permettre de bien
exécuter leur tâche. Cela permettra aussi la mise en application
des conventions internationales et des textes, lois et décrets visant la
protection phytosanitaire.
Chaque année des nouveaux produits sont
créés et mis en circulation à travers le monde. A cet
effet, les textes de réglementation dans ce domaine doit suivre ce
rythme d'évolution. C'est pourquoi les rares textes et décrets en
vigueur dans le pays en matière de protection phytosanitaire doivent
être réactualisés. Notons que la plupart de ces textes
datent des années soixante (60) alors que chaque année de
nouveaux produits voient le jour avec leurs effets spécifiques sur la
santé et l'environnement.
Pour finir, la mise en place d'une ou des équipes
mobiles de surveillances sous la coupe de la cellule
CPAC-RCA permettra de pallier au
déficit de contrôle et la porosité de nos
frontières. De même, il faut renforcer des dispositifs de
contrôle au niveau des frontières afin de lutter contre les
contrebandiers et les importateurs illicites des produits non
homologués. Car ces produits importés et vendus dans la
clandestinité en toute impunité sont des produits
obsolètes des autres pays qui sont ainsi écoulés au niveau
du pays.
Ces suggestions mettent ainsi un terme à notre dernier
chapitre qui a été consacré à l'impact
socioéconomique et les solutions à envisager.
CONCLUSION GENERALE
Avec une production de près de 3000 tonnes, la culture
cotonnière joue un rôle moteur dans l'économie de la
régionale de Bossangoa. La protection de ces cultures, soumises à
de fortes attaques parasitaires, a entraîné une consommation
croissante de pesticides. Outre le problème d'un coût
monétaire élevé, leur mauvaise utilisation a des effets
négatifs sur la santé des utilisateurs et des consommateurs mais
aussi sur l'environnement. Elle provoque de surcroît la sélection
d'insectes résistants.
En parlant des représentations sociales, les
agriculteurs sont conscients des effets néfastes des pesticides. Par
contre ils minimisent les effets immédiats de ces produits et savent que
seule une grande quantité ingurgitée peut constituer un danger
dans les minutes qui suivent. C'est dans cette optique qu'ils utilisent ces
produits à d'autres fins. Cette portion représente un taux de
79,30% du total des enquêtés.
Les personnes les plus exposées aux pesticides sont les
applicateurs. En plus de leur travail qui les met en contact direct avec les
produits, ils sont aussi souvent mal protégés pendant le
traitement des champs. L'exposition aux pesticides peut aussi avoir lieu
à travers l'environnement ou des aliments (résidus dans les
aliments ou l'eau). Ainsi pensent-ils qu'il est nécessaire de se
protéger au cours des traitements.
Toutefois, l'ensemble des planteurs interrogés ne prend
aucune précaution, soit parce que les Equipements de protection
Individuelle (gants, lunettes, blouse ou combinaison) coûtent cher et ne
leur sont pas distribués par la société cotonnière,
soit parce qu'ils déclarent être habitués aux produits.
Cette portion représente la totalité de l'échantillon soit
100%, car aucun des planteurs ne porte les masques exigées par les
normes d'utilisation des pesticides lors des séances de traitement.
Quant aux pratiques liées à l'utilisation de ces
produits, cette étude a révélé qu'il en existe une
pluralité de pratiques. En dehors de la protection de la culture
cotonnière (soit 65,51%), la majeur partie des cotonculteurs
interrogés estiment que ces produits peuvent tout de même
être utilisés pour la chasse (rat, rongeurs, oiseaux) soit 3,45%
du total des enquêtés, la pêche (3,45%), la
pulvérisation des chambres ou des latrines, la neutralisation des poux
de cheveux, la lutte contre les termites et bien d'autres choses
encore. Ceux qui pensent qu'on peut faire un usage multiple
avec les insecticides du cotonnier représentent 16,37% du total des
cotonculteurs interrogés. Cette manière de percevoir ces produits
fait que certains planteurs préfèrent ne pas utiliser toute la
quantité du liquide qu'on leur donne. Ils en gardent pour soit,
réutiliser sur d'autres parcelles, revendre ou soit utiliser pour
protéger leur petit élevage.
Pour ce qui est du respect des procédures et normes en
vigueur, il y a lieu de dire que les pratiques liées à
l'utilisation de ces produits ne cadrent pas avec les directives techniques. Si
les planteurs savent par principes que lors de la manipulation et de
l'application du produit, il faut porter des équipements de protection
phytosanitaires qu'ils en ont pas d'ailleurs et se conformer aux
recommandations de l'étiquette du produit, force est de constater que
ceux-ci détruisent rarement les emballages des pesticides agricoles. Ils
les lavent pour les réutiliser. Cette portion représente 84,47%
de l'effectif de l'échantillon interrogé.
Comme précaution à prendre après les
traitements, tous se lavent les mains, ou prennent un bain après un
traitement ceci, le plus souvent aux bords des marigots qui longent leurs
champs. Cela constitue un risque pour l'environnement aquatique. Les risques
d'intoxication se situent au cours des traitements ou par la consommation de
légumes (récolte de feuilles de niébé, le gombo, le
concombre, la tomate ou autre) cultivées en association avec le coton.
Les risques de contamination des eaux de surface sont ignorés ou
minorés dans cette enquête.
Quant à l'impact socioéconomique de ces
pratiques, la majorité des producteurs ne semble pas avoir une grande
connaissance du spectre d'activité des matières actives et des
doses à utiliser en fonction des superficies à traiter. Ils
répondent que la plupart des pesticides agissent vers les mêmes
cibles, qu'il s'agisse de ravageurs ou de maladies.
Cette méconnaissance est souvent la cause de
l'utilisation abusive des produits et de l'absence de la formation sur ces
produits à l'endroit de ces producteurs. Tandis que les pesticides
destinés au coton sont distribués aux producteurs par la
société cotonnière sous forme de crédit
remboursable après la récolte, les produits homologués
sur les cultures maraîchères ne sont pas toujours
disponibles dans les centres de production et s'ils le sont parfois, leur
coût est dissuasif.
C'est la raison pour laquelle les pesticides destinés
au coton sont souvent détournés pour être utilisés
sur des cultures vivrières (niébé, sésame,
aubergine, tomate, pépinières fruitières souvent
cultivées en association avec le coton) qui ne bénéficient
pas de crédits pour les intrants. Certains producteurs vendent les
produits phytosanitaires « coton » pour la désinfection des
semences vivrières, pour tuer des tiques des animaux d'élevage ou
pour lutter contre les termites dans les habitations. Les pesticides ainsi
dégagés sont reconditionnés dans des divers emballages et
vendus sans étiquette.
Pour ce qui est de la fréquence des cas d'intoxications
ou des cas de tentatives de suicides, 60% des planteurs s'accordent pour
reconnaître que c'est fréquent dans leur milieu ces cas. Tous ceci
arrive du fait de l'absence de surveillance des Délégués
Techniques qui ne sont toujours pas le plus souvent derrière les paysans
pour vérifier si toute la quantité du liquide remise est bien
utilisée (la dose à l'hectare).
Ces pratiques auxquelles nos enquêtés se livrent
pourront trouver une solution dans la formation et la sensibilisation de ces
planteurs, mais hélas, à ce point précis de formation,
plus de 87% de l'effectif total de l'échantillon estiment ne pas avoir
été formés à cet effet. Seulement 36% pensent avoir
été informés lors d'une séance de restitution qui
n'a pas trop durée. Nous voyons un temps aussi relativement court ne
peut permettre de bien cerner tous les contours des pesticides avec les risques
environnementaux et sanitaires qu'ils représentent pour eux.
En définitive, disons que l'emploi des pesticides
permet de réduire les pertes de récoltes dues aux ravageurs et de
stabiliser les rendements. Néanmoins leur mauvais emploi est cause de
nuisances tant pour la santé humaine que pour l'environnement et les
coûts liés à la santé humaine. Les pesticides remis
par les sociétés cotonnières sont parfois utilisés
sur d'autres cultures ou sont revendus. Les principales préoccupations
par rapport à la gestion des pesticides dans le circuit privé
peuvent être résumées de la façon suivante :
v' La non-application de la réglementation relative
à l'agrément des distributeurs et revendeurs des pesticides, ce
qui a pour conséquence des conditions de stockage inadéquates et
l'absence de conseils aux utilisateurs de pesticides ;
v' Les connaissances et la formation des revendeurs et
commerçants pour apporter des conseils adéquats à leurs
clients sont insuffisantes ;
v' La méconnaissance de la toxicité des
pesticides par les commerçants et leurs clients : les pesticides et les
denrées alimentaires sont vendus dans les mêmes magasins ;
v' Le commerce illicite et transfrontalier des produits
frauduleux et prohibés, dans des proportions inquiétantes.
Le mauvais usage des pesticides expose les populations rurales
à des risques d'intoxication graves, et porte atteinte à la
qualité de l'environnement. Il est certes vrai que les productions
cotonnières jouent un rôle très important dans les
entrées de devises comme dans l'alimentation des populations. Cependant,
les légumes peuvent devenir un danger pour la santé des
populations quand l'utilisation de pesticides y devient accrue et
incontrôlée. Il importe alors de renforcer la
réglementation existante quant à l'importation, la distribution,
le stockage et l'utilisation des pesticides.
Dans ces conditions, le bon usage des pesticides s'impose afin de
garantir une alimentation saine pour une population urbaine en croissance
constante. Il passe par :
v' La formation et l'information adéquates des
utilisateurs ;
v' La dotation de services compétents avec des moyens
leur permettant une mise en application des réglementations
sous-régionales, régionales et nationale ainsi que les
conventions internationales auxquelles le pays a adhéré ;
v' L'incitation des maraîchers à s'approvisionner
auprès des commerçants agréés et en produits
homologués ;
v' L'évaluation des résidus des différents
pesticides dans les principaux légumes consommés par les
populations urbaines ;
v' La promotion et l'encouragement des recherches sur les
méthodes alternatives à la lutte chimique.
Cette question de mauvaises pratiques phytosanitaires n'est
pas exclusive à la localité de Bossangoa mais, elle concerne
aussi bien la population citadine. Car c'est vers les villes secondaires que
ces produits sont convoyés pour être écoulés. Tout
le monde est exposé, tout le monde doit veiller à son
alimentation.
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3- Castella (J.C.) et Déguine (J.P.) on
http://www.fr.wikipédia.org?
consulté le 22 Nov. 2010 à 18H 30min
4-
http://www.cirad.fr , consulté
le 2 Aoùt 2011 à 18h05min.
ANNEXE I: Guide d'entretien adressé
à Madame la Coordonnatrice Nationale du Comité Inter-état
des pesticides en Afrique Centrale.
ANNEXE II: Guide d'entretien adressé au
Directeur des Opérations à la cellule coton (ACDA, Bangui).
ANNEXE III: Guide d'entretien adressé au
chef d'exploitation de l'usine d'égrainage de coton de Bossangoa.
ANNEXE IV : Guide d'entretien adressé au
Secrétaire Général de la mairie de Bossangoa.
ANNEXE V : Guide d'entretien adressé au
Médecin Chef de centre d'ophtalmologie de l'hôpital de
Bossangoa.
ANNEXE VI: Questionnaire adressé aux
cotonculteurs de Bossangoa.
ANNEXE VII: Hiérarchisation de
différents acteurs intervenant dans le domaine des pesticides en RCA.
ANNEXE VIII : Carte de localisation de la ville
de Bossangoa.
ANNEXE IX : Carte du périmètre
urbain de Bossangoa.
ANNEXE I: Guide d'entretien adressé à
Madame la Coordonnatrice Nationale du Comité Inter-état des
pesticides en Afrique Centrale.
GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE A LA COORDONNATRICE DE LA
CELLULE CPAC-
RCA
THEME: LES REPRESENTATIONS SOCIALES
ET PRATIQUES LIEES A L'UTILISATION DES PRODUITS PHYTOSANITAIRES EN
RCA: Cas des cotonculteurs de Bossangoa.
1. Historique de la création de la cellule CPAC-RCA
2. Son organigramme
3. Son fonctionnement
4. Son but
5. Ses liens avec la cellule-coton
6. Existe-t-il des postes de contrôle phytosanitaires
à l'intérieur du pays?
7. Comment se font les contrôles ?
8. Difficultés et perspectives
ANNEXE II: Guide d'entretien adressé au Directeur
des Opérations à la cellule coton (ACDA,
Bangui).
GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AU DIRECTEUR DE LA CELLULE-
COTON
(ACDA) BANGUI
THEME: LES REPRESENTATIONS SOCIALES
ET PRATIQUES LIEES A L'UTILISATION DES PRODUITS PHYTOSANITAIRES EN
RCA: Cas des cotonculteurs de Bossangoa.
I. HISTORIQUE DE L'ACDA ET DE LA CELLULE
COTON.
1) ACDA ;
2) Cellule coton ;
3) La culture du coton en RCA.
II. LA CULTURE DU
COTON.
1) Etape ;
2) Cycle végétatif ;
3) Son entretien (sarclages, traitement à l'insecticide)
;
4) Les maladies et ravageurs du cotonniers ;
5) Le nom scientifique.
III. LES PESTICIDES UTILISES DANS LA CULTURE DU
COTON.
1) Les types de pesticides utilisés dans la culture du
coton depuis son introduction jusqu'à nos jours.
2) Les procédures d'importation des de ces pesticides;
3) Le mécanisme de distribution de ces produits ;
4) La gestion du stock et des emballages de ces pesticides.
IV. RISQUES ET PREVENTION.
1) Collaboration entre la cellule coton et le CNGP.
2) Est- ce- que les produits importés sont-ils
homologués ?
3) Quelles sont les normes de sécurité et
d'utilisation de ces produits chimiques ?
4) Quels sont les risques sanitaires et environnementaux
liés à l'utilisation de ces pesticides pour le paysan ?
5) Comment se fait l'encadrement technique des paysans en
matière d'utilisation et de protection de santé et de
l'environnement ?
6) Quels sont les mauvais usages que font les paysans des
emballages des pesticides?
7) Les mesures curatives et préventives auxquelles vous
faites recours le plus souvent.
V. DIFFICULTES ET PERSPECTIVES.
ANNEXE III: Guide d'entretien adressé au chef
d'exploitation de l'usine d'égrainage de coton de Bossangoa.
GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE CHEF D'EXPLOITATION DE
L'USINE
D'EGRAINAGE DE COTON DE BOSSANGOA
THEME: LES REPRESENTATIONS SOCIALES
ET PRATIQUES LIEES A L'UTILISATION DES PRODUITS PHYTOSANITAIRES EN
RCA: Cas des cotonculteurs de Bossangoa.
I. HISTORIQUE DE LA CULTURE DU COTON ET DE L'USINE
D'EGRAINAGE DE BOSSANGOA.
II. LA CULTURE DU COTON.
6) Etape ;
7) Cycle végétatif ;
8) Son entretien (sarclages, traitement à l'insecticide)
;
9) Les maladies et ravageurs du cotonnier;
10) La variété cultivée ici à
Bossangoa.
III.LES PESTICIDES UTILISES DANS LA CULTURE DU COTON.
5) Les types de pesticides utilisés dans la culture du
coton depuis son introduction jusqu'à nos jours.
6) Les procédures d'importation de ces pesticides;
7) Le mécanisme de distribution de ces produits ;
8) La gestion du stock et des emballages de ces pesticides.
IV.RISQUES ET PREVENTION.
8) Collaboration entre la cellule coton et le CNGP.
9) Est- ce- que les produits importés sont-ils
homologués ?
10) Quelles sont les normes de sécurité et
d'utilisation de ces produits chimiques ?
11) Quels sont les risques sanitaires et environnementaux
liés à l'utilisation de ces pesticides pour le paysan ?
12) Comment se fait l'encadrement technique des paysans en
matière d'utilisation et de protection de santé et de
l'environnement ?
13) Quels sont les mauvais usages que font les paysans des
emballages des pesticides?
14) Les mesures curatives et préventives auxquelles vous
faites recours le plus souvent.
V. DIFFICULTES ET PERSPECTIVES.
ANNEXE IV : Guide d'entretien adressé au
Secrétaire Général de la mairie de Bossangoa.
GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AU SECRETAIRE GENERAL DE
LA
MAIRIE DE BOSSANGOA
THEME: LES REPRESENTATIONS SOCIALES
ET PRATIQUES LIEES A L'UTILISATION DES PRODUITS PHYTOSANITAIRES EN
RCA: Cas des cotonculteurs de Bossangoa.
I. HISTORIQUE DE LA VILLE DE BOSSANGOA
II. DECOUPAGE ADMINISTRATIF DE LA VILLE
1. Arrondissements de la ville.
2. Nombre des quartiers, groupements.
III. LES ACTIVITES SOCIOECNOMIQUES
IV. LES GROUPEMENTS AGRICOLES.
V. LES EFFORTS DE LA MUNICIPALITE POUR LA LUTTE CONTRE
LES MAUVAISES PRATIQUES PHYTOSANITAIRES
ANNEXE V : Guide d'entretien adressé au
Médecin Chef de centre d'ophtalmologie de l'hôpital de
Bossangoa.
Guide d'entretien adressé au Médecin Chef
de centre d'ophtalmologie
de l'hôpital de Bossangoa.
THEME: LES REPRESENTATIONS SOCIALES
ET PRATIQUES LIEES A L'UTILISATION DES PRODUITS PHYTOSANITAIRES EN
RCA: Cas des cotonculteurs de Bossangoa.
I. Toxicité des pesticides.
II. Risques sanitaires et environnementaux.
III. Conséquences d'ingestion de ces produits sur
l'organisme humain.
IV.Les mesures préventives et curatives.
V. Difficultés et perspectives.
Merci de votre
collaboration!
ANNEXE VI: Questionnaire adressé aux
cotonculteurs de Bossangoa.
QUESTIONNAIRE ADDRESSE AUX COTONCULTEURS DE LA COMMUNE
DE
BOSSANGOA
Le document-ci est destiné à la
réalisation d'un travail de recherche universitaire en vue de
rédiger un Mémoire de Maîtrise de sociologie. Il a pour but
de recueillir les informations relatives au thème suivant : «
LES REPRESENTATIONS SOCIALES ET LES PRATIQUES LIEES A L'UTILISATION
DES PRODUITS PHYTOSANITAIRES EN RCA : Cas des cotonculteurs de Bossangoa.
»
Votre collaboration est indispensable et toutes les garanties
de l'anonymat vous sont assurées. Ainsi, nous vous prions de
répondre aux questions en mettant une croix dans les cases
correspondantes ou en écrivant sur les lignes réservées
aux questions ouvertes.
QUESTIONNAIRE N°&&&. /
I. IDENTIFICATION DES ENQUETES.
1. Sexe
1.
Masculin
2. Féminin
2. Tranche d'âge
1. 15 à 25
2. 25 à 35
3. 35 à 45
4. 45 à 55
5. 55 ans et plus
3. Niveau d'instruction
1. Aucun
2. Primaire
3. Secondaire
4. Supérieur
50. Autres (à préciser) :
&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
4. Situation matrimoniale
1. Célibataire
2. Marié(e)
3. Union libre
4. Divorcé (e)
50. Autres (à préciser)&&
5.
Appartenance ethnique
1. Gbaya
2. Banda
3. Karé
4. Yakoma
5. Gbaka 50. Autres (à
préciser)&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&.
6. Niveau de revenu
01. 5000 à 10.000
02. 10.000 à 15000
03. 15000 à 20000
04. 20000 à 25000
05. 25000 à 30000
06. 30000 à 35000
07. 35000 et plus
II. LES REPRESENTATIONS SOCIALES DES PRODUITS
PHYTOSANITAIRES.
7. Pour vous, les pesticides sont-ils destinés
pour quels usages?
1.
Protéger les cultures
2. Protéger les animaux domestiques
3. Pulvériser les chambres
4. Chasser les animaux
5. Pécher les poissons
50. Autres (à préciser)
:&&&&&&
8. Peut-on consommé des poissons ou gibiers morts
suite à l'empoisonnement aux pesticides agricoles sans redouter pour sa
santé ?
1.
Oui
2. Non
3. Ne sais pas
9. Quel est le degré de risque que les pesticides
agricoles représentent pour la santé humaine ?
1.
Aucun
2. Un peu
3. Beaucoup
4. Trop
50. Autres (à préciser)
10. Selon vous le fait de déverser les pesticides
agricoles dans l'environnement aquatique ou dans la nature, constitue t-il un
danger?
1.
Oui
2. Non
3. Ne sais pas
III. PRATIQUES LIEES A L'UTILISATION DES PRODUITS
PHYTOSANITAIRES.
11. Selon vous, quels autres usages peut-on faire des
produits phytosanitaires en dehors des protections des cultures?
1.
La chasse aux gibiers
2. La capture des poissons
3. la pulvérisation des chambres
4. Neutraliser les poux des cheveux
50. Autres (à
préciser)&&&&&&
12. Lors des traitements, utilisez-vous toutes la
quantité du liquide ? 01. Oui
02. Non
50. Autre (à préciser) :
13. Pourquoi gardez-vous le reste de ce liquide
?
1. Revendre au marché noir
2. Réutiliser sur une autre parcelle de culture
3. Utiliser pour son petit élevage
4. Réserver pour la chasse/ pèche
50. Autre (à préciser)
:&&&&&&&&&&&&
14. Pourquoi préférez-vous utiliser toute
la quantité reçue sans en garder une partie à la maison
?
1.
Je me conforme aux directives techniques
2. Pour éviter des accidents à
domiciles
3. Pour éviter de polluer l'intérieur de
la maison
4. Pour éviter l'empoisonnement de la
famille
50. Autre (à préciser)
:&&&&&&&&&&&
IV. LE RESPECT DES PROCEDURES ET NORMES EN VIGUEUR
;
15. Quelles sont selon vous les précautions que
l'on doit prendre lors de la manipulation des pesticides?
1.
Porter des équipements de protection
adaptés
2. Eviter les risques de projection du
produit
3. Eviter le contact avec la peau
4. Se conformer aux recommandations de
l'étiquette
50. Autre (à préciser)
:&&&&&&&&&&&&&
16. Selon vous, quelles sont les précautions
à prendre pendant l'application du produit ?
1.
Porter des équipements de traitements
phytosanitaires
2. Eloigner les enfants et les animaux
3. Ne pas faire appliquer le traitement par les enfants
et les personnes âgées
4. Ne pas traiter contre le vent
5. Ne pas fumer ni boire
50. Autre (à préciser)
:&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
17. Après l'application du produit, quelles
précautions doit-on prendre ?
1. Détruire les emballages vides
2. Manger et boire uniquement après la toilette
3. Laver tous les équipements de protections
4. Ne jamais utiliser les emballages vides
50. Autre (à préciser)
:&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
18. Après les traitements, que faites vous des
emballages des pesticides?
1. Restituer au magasin du groupement
2. Autodestruction au champ
3. Revendre à ceux qui en ont le besoin
4. Laver et réutiliser
50. Autre (à préciser)
:&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
V. IMPACT SOCIOECONOMIQUES DES PRATIQUES
19. Pensez-vous qu'on puisse obtenir un meilleur
rendement à l'hectare après qu'une partie de l'insecticide a
été dégagée et mise à part pour d'autres
usages?
1.
Oui
2. Non
3. Ne sais pas
20. Selon vous, est-ce-que le non respect du calendrier
et le faible dosage de l'insecticide lors des traitements du coton, ont-ils une
incidence sur le rendement à l'hectare ?
1.
Oui
2. Non
3. Ne sais pas
21. Etes-vous déjà au courant d'une ou des
intoxications alimentaires liées aux produits
phytosanitaires.
1.
Oui
2. Non
3. Ne sais pas
22. Si oui, est-ce que ces cas d'intoxications
alimentaires sont-ils fréquentes dans votre
communauté?
1.
Oui
2. Non
3. Ne sais pas
23. Quelles sont les conséquences de mauvaises
manipulations des insecticides (produits phytosanitaires) dont souffrent
aujourd'hui les membres de votre communauté ?
1.
La malvoyance
2. La cécité
3. Les fractures des membres
4. Les troubles nerveux
50. Autre (à préciser) :&&&
VI. LES SOLUTIONS A ENVISAGER.
24. Avez-vous été sensibilisé sur
les méfaits de la mauvaise utilisation des produits phytosanitaires
?
1.
Oui
2. Non
25. A-t-on organisé des séances de
formation pour vous et les membres de votre groupement sur les techniques
d'utilisation ou de manipulation des produits phytosanitaires sans risques
?
1.
Oui
2. Non
26. Quelles suggestions avez-vous à faire
vis-à-vis de ce questionnaire et aux responsables de la filière
coton et pesticide?
Merci de votre collaboration.
ANNEXE VII: Hiérarchisation de différents
acteurs intervenant dans le domaine des pesticides en RCA.
HIERARCHISATION DE DIFFERENTS ACTEURS INTERVENANT
DANS LE DOMAINE DES PESTICIDES EN RCA
NIVEAU SOUS REGIONAL
MDR CONGO
MDR RCA
MDR
CAMEROUN
CELLULE
CPAC
CELLULE
CPAC
CELLULE
CPAC
CNGP
CNGP
CNGP
120
CEMAC
CPAC-YAOUNDE
MDR GABON
CELLULE
CPAC
CNGP
MDR GUINEE
EQUATORIALE
CELLULE
CPAC
CNGP
MDR TCHAD
CELLULE
CPAC
CNGP
LES MANIPULATEURS
La Centrafricaine
des
produits
chimiques
h m e
ANNEXE VIII: Carte de la localisation de la ville de
Bossangoa.
ANNEXE IX : Carte du périmètre urbain de
la ville de Bossangoa.
TABLE DES FIGURES
Figure 1: La variable sexe 55
Figure 2: La répartition des
enquêtés par tranche d'âge. 56
Figure 3: La répartition des
enquêtés selon le niveau d'instruction. 57
Figure 4: La situation matrimoniale des
enquêtés 58
Figure 5: Répartition des
enquêtés par ethnie. 59
Figure 6: Répartition des
enquêtés par leur niveau de revenu. 60
Figure 7: Opinions sur les différents usages
des pesticides agricoles 61
Figure 8: Opinions des enquêtés sur la
consommation des gibiers empoisonnés 62
Figure 9: Connaissance du degré de
toxicité des pesticides 63
Figure 10: Connaissance des enquêtés sur
les dangers des pesticides pour l'environnement. 66
Figure 11: Justification d'une partie du liquide
conservée. 72
Figure 12: Justification de l'utilisation de la
totalité du liquide 74
Figure 13: Précaution à prendre pendant
la manipulation des pesticides. 77
Figure 14: Connaissance des précautions
à prendre lors des traitements. 78
Figure 15: Connaissance des précautions
à prendre après le traitement. 79
Figure 16: Usage final des emballages des pesticides.
81
Figure 17: Opinion sur le faible dosage sur le
rendement à l'hectare. 84
Figure 18: Opinion sur le non respect du calendrier
et le faible dosage sur le rendement 86
Figure 19: Connaissance des intoxications
alimentaires liées aux pesticides 87
Figure 20: Chaine de contamination aux pesticides
88
Figure 21: Aperçu sur la fréquence de
l'intoxication liée aux pesticides. 89
Figure 22: Perception des conséquences de
mauvaises pratiques phytosanitaires 90
Figure 23: Discours des enquêtés sur la
sensibilisation. 94
Figure 24: Discours des enquêtés sur la
formation pour des bonnes pratiques phytosanitaires.
95
TABLE DES TABLEAUX
Tableau 1: Construction de l'échantillon
43
Tableau 2: Calendrier cultural du coton.
50
Tableau 3: La variable niveau d'instruction avec la
question n°9 : « Quel est le degré de
risque
que les pesticides agricoles représentent pour
la santé humaine ?» 67
Tableau 4: Perception de différents usages des
pesticides selon la variable NI 69
Tableau 5: Avis sur l'utilisation de la
quantité du liquide reçu selon le NI 71
Tableau 6: La variable Niveau de Revenu et la
question n°13. 75
Tableau 7: L'utilisation des emballages des
pesticides selon la variable sexe. 82
Tableau 8: Perception de l'usage des pesticides en
fonction de la variable sexe. 92
TABLE DES MATIERES
DEDICACE I
REMERCIEMENTS II
SIGLES ET ABREVIATIONS III
INTRODUCTION GENERALE 1
CHAPITRE PREMIER: LE CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE
4
1.1. Justification du choix du sujet. 4
1.2. Clarification des concepts clés du sujet.
5
1.2.1. Le concept de représentations sociales. 6
1.2.2. Le concept de produit phytosanitaire. 8
1.3. La revue de la littérature 10
1.3.1. Thématique relative à l'origine et au
développement de la culture du coton. 10
1.3.2. Thématique relative aux représentations
sociales et aux pratiques liées aux produits
phytosanitaires. 16
1.3.3. Thématique relative aux pesticides et leurs effets
nocifs. 18
1.3.4. Thématique relative à la
réglementation phytosanitaire en RCA. 24
1.4. La problématique de la recherche.
27
1.5. Les objectifs de la recherche 30
1.5.1. L'objectif principal. 30
1.5.2. Les objectifs spécifiques. 31
1.6. Les hypothèses de la recherche 31
1.6.1. L'hypothèse principale. 31
1.6.2. Les hypothèses spécifiques 31
CHAPITRE DEUXIEME : CADRE METHODOLOGIQUE
33
2.1. Délimitation du champ d'étude
33
2.1.1. La délimitation géographique du champ
d'étude 33
2.1.2. La délimitation sociologique du champ de
l'étude. 34
2.2. Le constructivisme structuraliste. 35
2.3. Les techniques de collecte de données
37
2.3.1. La pré-enquête 37
2.3.2. La recherche documentaire. 38
2.3.3. L'observation. 38
2.3.4. Les entretiens. 39
2.3.5. Le questionnaire 41
2.3.6. L'échantillonnage. 42
2.3.7. Le dépouillement du questionnaire 43
2.4. Difficultés rencontrées.
44
CHAPITRE TROISIEME : PRESENTATION DE LA COMMUNE DE
BOSSANGOA. 45
3.1. Aperçu géographique et historique de
la commune de Bossangoa. 45
3.1.1. Situation géographique. 45
3.1.2. Aperçu historique. 46
3.1.3. Organisation politique et administrative. 46
3.1.4. Données socio-économiques 47
3.1.5. Données socioculturelles. 48
3.2. Présentation de la culture du coton et de
l'usine d'égrainage du coton 49
3.2.1. Présentation de la culture du coton. 49
3.2.1.1. Etape du cycle végétatif du cotonnier.
51
3.2.1.2. Entretien de la culture du cotonnier. 51
3.2.2. Présentation de l'usine d'égrainage de coton
de Bossangoa. 52
CHAPITRE QUATRIEME : CARACTERISTIQUES SOCIOLOGIQUES
DES ENQUETES ET LES
REPRESENTATIONS SOCIALES DES PRODUITS PHYTOSANITAIRES
55
4.1. Caractéristiques sociologiques des
enquêtés. 55
4.1.1. Présentation des enquêtés selon la
variable sexe. 55
4.1.2. Présentation des enquêtés selon la
variable tranche d'âge. 56
4.1.3. Présentation des enquêtés par leur
niveau d'instruction. 57
4.1.4. Présentation des enquêtés selon la
variable situation matrimoniale. 58
4.1.5. Présentation des enquêtés selon la
variable appartenance ethnique. 59
4.1.6. Présentation des enquêtés selon leur
niveau de revenu 59
4.2. Les représentations sociales des produits
phytosanitaires. 60
4.2.1. Opinion des enquêtés sur l'usage des
pesticides agricoles. 61
4.2.2. Avis des enquêtés sur la consommation des
gibiers tués par empoisonnement. 62
4.2.3. Opinion sur le risque que les pesticides
représentent pour la santé humaine. 63
4.2.4. Discours sur les risques des pesticides pour
l'environnement 65
4.2.5. La perception des risques des produits phytosanitaires
selon le niveau d'instruction des enquêtés. 66
CHAPITRE CINQUIEME : PRATIQUES LIEES A L'UTILISATION
DES PRODUITS
PHYTOSANITAIRES ET LE RESPECT DES PROCEDURES ET NORMES EN
VIGUEUR. 69
5.1. Les pratiques liées à l'utilisation
des produits phytosanitaires 69
5.1.1. Opinion sur les formes possibles d'usage des pesticides.
69
5.1.2. Opinion des planteurs sur la quantité de
l'insecticide reçue pour les traitements. 70
5.1.3. Avis des enquêtés sur l'autre quantité
du liquide non utilisée 72
5.1.4. Avis des enquêtés utilisant toute la
quantité du liquide reçue 73
5.1.5. Analyse du discours des planteurs n'utilisant pas toute la
quantité du liquide. 75
5.2. Le respect des procédures et normes en
vigueur 76
5.2.1. Connaissance des précautions à prendre lors
de la manipulation du produit. 76
5.2.2. Connaissance des précautions à prendre
pendant l'application du produit 78
5.2.3. Précaution à prendre après
l'application du produit 79
5.2.4. Avis des enquêtés sur la gestion des
emballages des pesticides. 81
5.2.5. La gestion des emballages en fonction de la variable sexe
82
CHAPITRE SIXIEME : IMPACT SOCIOECONOMIQUE ET
SOLUTIONS A ENVISAGER. 84
6.1. Impact socioéconomique. 84
6.1.1. Connaissance des enquêtés sur l'incidence du
faible dosage sur le rendement. 84
6.1.2. Connaissance du calendrier et du faible dosage sur le
rendement à l'hectare. 85
6.1.3. Connaissance de l'intoxication alimentaire liée aux
pesticides. 87
6.1.4. Fréquence des intoxications alimentaires aux
pesticides 89
6.1.5. Connaissance des conséquences des mauvaises
pratiques phytosanitaires 90
6.1.6. Perception des différents usages selon la variable
sexe 92
6.2. Les solutions à envisager. 94
6.2.1. Opinion sur la sensibilisation reçue. 94
6.2.2. Avis sur la formation relative à l'utilisation des
produits phytosanitaires. 95
6.2.3. Solutions aux cotonculteurs eux-mêmes 96
6.2.4. Solutions à la Cellule-Coton (SOFICA). 98
6.2.5. Propositions de solutions à la Cellule CPAC-RCA.
99
6.2.6. Suggestions aux Autorités gouvernementales et aux
partenaires au développement. 100
CONCLUSION GENERALE 102
BIBLIOGRAPHIE 107
ANNEXES 110
ANNEXE I : GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE A MADAME LA
COORDONNATRICE NATIONALE DU
COMITE INTER-ETAT DES PESTICIDES EN AFRIQUE
CENTRALE. 111
ANNEXE II : GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AU DIRECTEUR
DES OPERATIONS A LA CELLULE
COTON (ACDA, BANGUI). 112
ANNEXE III: GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AU CHEF
D'EXPLOITATION DE L'USINE
D'EGRAINAGE DE COTON DE BOSSANGOA
113
ANNEXE IV : GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AU SECRETAIRE
GENERAL DE LA MAIRIE DE
BOSSANGOA. 114
ANNEXE V : GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AU MEDECIN CHEF
DE CENTRE
D'OPHTALMOLOGIE DE L'HOPITAL DE BOSSANGOA 115
ANNEXE VI : QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX COTONCULTEURS
DE BOSSANGOA. 116
ANNEXE VII: HIERARCHISATION DE DIFFERENTS ACTEURS
INTERVENANT DANS LE
DOMAINE DES PESTICIDES EN RCA 120
ANNEXE VIII: CARTE DE LA LOCALISATION DE LA VILLE DE
BOSSANGOA 122
ANNEXE IX : CARTE DU PERIMETRE URBAIN DE LA VILLE DE
BOSSANGOA. 123
TABLE DES FIGURES 124
TABLE DES TABLEAUX 124
TABLE DES MATIERES 125