III. Les causes de discrimination
Les discriminations sont liées à plusieurs facteurs
qui sont notamment culturels, économiques et politiques.
1. Les facteurs culturels
a) Les stéréotypes
Un stéréotype est une opinion
simplifiée, un jugement dépourvu de sens critique. Il
découle de notre culture, notre expérience, de celle de nos
proches. User d'un stéréotype revient à
généraliser un comportement. On peut arriver à penser par
exemple que toutes les personnes d'un même groupe agissent de la
même manière.
b) Les préjugés
Un préjugé est une opinion hâtive
fondée par une expérience personnelle ou induite par un milieu,
une éducation. Les différentes formes de préjugés
comme le racisme, le sexisme, l'homophobie peuvent constituer des freins
considérables à l'embauche.
c) Le racisme
Le racisme est une idéologie ou une pratique
fondée sur la croyance qu'il existe une hiérarchie entre les
groupes humains. L'attitude hostile, systématique qui découle de
cette croyance envers une catégorie de personnes rend les
barrières insurmontables et accentue le besoin de rester.
d) Le sexisme
Le sexisme est une attitude discriminatoire, fondée sur
le sexe, à l'orientation sexuelle, aux rôles sociaux de l'homme et
de la femme. Ce sont les femmes qui sont le plus souvent victimes de cette
forme de préjugé.
Souvent, les inégalités salariales sont dues
à une différence d'appréciation du travail et des
performances des femmes et des hommes. Les emplois réputés
typiquement féminins sont généralement moins bien
classés dans l'échelle des salaires. Les qualifications requises
pour des activités majoritairement exercées par des femmes sont
insuffisamment reconnues et donc insuffisamment
rémunérées. C'est le cas de qualifications comme la
dextérité, la faculté de supporter des tâches
monotones, l'empathie ou les talents d'organisation.
e) L'homophobie
C'est un rejet systématique de l'homosexualité
qui peut se traduire également par une hostilité envers les
personnes homosexuelles. Toutes les formes de préjugés qui visent
à discriminer des personnes en fonction de leur âge, leur
appartenance religieuse, leur couleur de peau ou leur sexe sont des atteintes
à l'individu et au principe fondamental d'égalité.
2. Les facteurs économiques
a) La situation économique d'un Etat
Par expérience le taux de discrimination est la
plupart du temps lié au climat social. Dans un contexte de crise
économique par exemple, on notera une forte poussée de la
discrimination raciale ou étrangère à l'embauche. C'est
l'idée du fameux »plombier polonais» qui serait employé
au détriment des nationaux. Tout ceci génère une certaine
tension qui alimente des actes de rejet vis-à-vis des personnes
étrangères qualifiées au détriment des nationaux
parfois moins qualifiés.
b) En entreprise
L'entreprise qui est par définition une cellule
économique est bien souvent le lieu de conflits d'intérêt
pouvant aller jusqu'à la discrimination dans toutes ses formes. Ceci
pourrait se manifester à plusieurs niveaux.
c) Chez l'employé et l'employeur
L'employeur peut être auteur de discrimination,
notamment en ce qui concerne la rémunération de ses
salariés. En effet l'employeur a le pouvoir de gratifier ses
employés par des augmentations de salaire ou des promotions. Ainsi il
peut décider de façon subjective de favoriser un employé
en raison de son sexe, de sa race ou de son apparence physique
indépendamment de ses compétences.
Certains employeurs se disculpent de leurs actions en
dénonçant leurs salariés comme étant la cause de
leurs agissements. En effet, certains salariés pourraient exprimer le
souhait de ne pas travailler avec des gens différents, d'un autre groupe
ethnique par exemple. L'employeur justifierait alors sa discrimination dans le
souci de garder un équilibre, une stabilité interne. Mais
l'action n'en est pas pour le moins légale.
En France, environ 7 millions d'emplois relevant de la
sphère publique et assimilée, soit 30% du nombre total d'emplois,
sont fermés aux étrangers des pays non communautaires. Toute
discrimination liée à un autre critère que le strict
critère juridique de la nationalité est interdite. La
discrimination liée à la nationalité est également
interdite, sauf dans les cas cités précédemment, où
elle devient légale.
La discrimination au travail intervient à
différents niveaux. Le premier «moment» de la discrimination
raciale au travail est l'embauche. Elle peut être le fait de l'employeur
ou de n'importe quel acteur impliqué dans le processus de recrutement,
lors de la prise de contact, de l'entretien ou de la décision. Notons
que, selon une enquête du BIT, la prise de contact serait l'étape
la plus discriminatoire.
La discrimination raciale existe également au sein de
l'entreprise. Le racisme «horizontal» provient des personnes qui
n'ont pas de lien hiérarchique - collègues ou clients - et
s'apparente au racisme «ordinaire» (insultes, blagues racistes,
etc.). Ce type de racisme n'est pas spécifique au monde du travail. Il
doit être pris en compte non seulement parce qu'il est inacceptable, mais
aussi parce qu'il peut justifier un racisme «vertical» provenant des
supérieurs hiérarchiques. Le Mouvement contre le Racisme et pour
l'Amitié entre les Peuples (MRAP) dresse une typologie des
différentes sortes de racisme « vertical >> : -
L'ethnicisation des tâches dans l'entreprise, soit sous la forme d'une
déclassification professionnelle, soit par la division ethnique du
travail (par exemple, les emplois en relation directe avec le client sont
systématiquement refusés aux personnes supposées d'origine
étrangère)
- Les tentatives de dissimulation des origines
étrangères où l'employé se voit obligé de
modifier son nom ou prénom pour qu'il « sonne français
>>
- Les discriminations en matière de carrière, de
promotion et d'avancement - Le harcèlement moral et les sanctions.
Enfin, la discrimination raciale peut s'appliquer lors d'un
licenciement. Dans ce cas, les motifs sont largement analogues à ceux du
refus d'embauche.
d) Chez les clients
Les clients sont aussi évoqués par les
employeurs comme étant le facteur essentiel qui les a poussés
à discriminer. La seule volonté à ne pas se faire servir,
négocier avec certains groupes d'individus mais également,
l'importance des clients pour une entreprise, leur qualification d'organe
vital, peuvent être des arguments essentiels et être des motifs de
discrimination dont l'employeur peut se servir. La force des clients n'est pas
négligeable, on constate notamment la difficulté de l'insertion
dans les secteurs de la vente, de la restauration de personnes issues de
minorités.
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