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République du
Bénin ****** Université de Parakou
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****** Faculté
d'Agronomie ****** Département d'Economie et Sociologie
Rurales ****** 3ème promotion
Stratégies de financement des activités
agricoles développées par les
producteurs dans la commune de
Gogounou
THESE
pour l'obtention du diplôme d'Ingénieur
Agronome Option : Economie et Sociologie Rurales
Par :
Vignon Rodrigue Hermann ALINGO
Composition du Jury
Président : Prof Gauthier BIAOU Rapporteur :
Dr Jacob YABI
1er Examinateur : Dr Pamphile DEGLA 2ème
Examinateur : Dr Nasser BACO
Soutenue le 22 Décembre 2008
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Republic of Benin ****** University of
Parakou
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****** Faculty of Agronomy ****** Department
of Rural Economy and Sociology ****** Third promotion
Strategies developed by producers to
finance their agricultural activities in the
district of Gogounou
THESIS
Submitted for the requirement of Ingénieur
Agronome Degree By Vignon Rodrigue Hermann ALINGO
Composition of the jury:
Chairman : Prof Gauthier BIAOU Reporter : Dr Ir
Jacob YABI
1st Examinator : Dr Ir Pamphile DEGLA 2nd
Examinator : Dr Ir Nasser BACO
December, 22 th, 2008
CERTIFICATION
Je certifie que ce travail a été
réalisé par Vignon Rotirigue Hermann ALINGO sous
ma supervision à la Faculté ti'Agronomie tie l'Université
tie Parakou au Bénin, Département ti'Economie et tie Sociologie
Rurales.
Le Superviseur Dr. Ir. Jacob YABI
Agro-économiste Spécialiste des études
d'impact économique et des programmes de
développement Enseignant-Chercheur, Département d'Economie et
de Sociologie Rurales Faculté d'Agronomie de l'Université de
Parakou
.
DEDICACES
Nous dédions cette thèse :
A nos parents Laurent ALINGO et Claudine KANONTIN ALINGO ; que
ce travail qui est le fruit de vos efforts vous comble de joie et de
fierté. Nous ne saurions oublier les nombreux sacrifices que vous vous
êtes imposés pour nous amener à ce niveau.
A mes frères et soeurs ; vous avez été pour
moi des modèles. Nous n'avons fait que suivre les balises que vous avez
laissées.
A Benoîte HOUNWANOU ; pour votre soutien particulier tout
au long de la formation, nous vous disons exceptionnellement merci.
REMERCIEMENT
Nous témoignons nos vives reconnaissances à tous
ceux ou celles qui, à quelque titre que ce soit ; consciemment ou
inconsciemment, ont contribué de près ou de loin à la
réalisation de ce travail ; particulièrement :
- au Dr. Ir. Jacob YABI, notre superviseur, sa prompte
disponibilité malgré ses multiples tâches ne nous a fait
aucun défaut lors des différentes étapes du processus.
- à tous les responsables du projet NPT BEN-WU ;
- aux autorités décanales de la Facultés
d'Agronomie de l'Université de Parakou, en particulier le Doyen Dr
Sanni-Yô DOKO ALLOU et le Vice-Doyen Dr. Ir. Honorat EDJA ;
- à tous mes éducateurs du primaire au
supérieur, en l'occurrence les enseignants de la Faculté
d'Agronomie de l'Université de Parakou ;
- aux ingénieurs Aminou AROUNA et Soulé
ADEKAMBI, pour toutes leurs sympathies et les fructueux conseils qu'ils nous
ont prodigués. Cela nous a facilité bien de choses ;
- à Mr Aliou Akitola AKADIRI, trouvez à travers
cette oeuvre, l'expression de notre profonde gratitude ;
- aux populations rurales de la commune de Gogounou pour le
dévouement et la patience dont ils ont fait montre lors de nos
investigations, malgré que ce flit au cours d'une période
d'activités intenses. Que ce travail soit pour vous l'espoir d'un
lendemain meilleur dans l'amélioration de vos conditions de vie ;
- à tous nos amis, pour vos soutiens multiples.
Merci à toutes et à tous ; tout le mérite
qu'il aura été possible d'accorder à ce travail est aussi
le vôtre.
RESUME
La performance du secteur agricole béninois est en
forte corrélation positive avec la performance de la filière
coton. En effet, le coton est la principale culture de rente au Bénin et
emploie une grande majorité d'actifs agricoles. Mais la volonté
manifeste des producteurs à s'investir dans la culture du coton se
heurte à d'importants problèmes de mauvaises organisations et de
gestions de la filière (exemple de la campagne cotonnière
2006-2007). Ces problèmes affectent négativement non seulement le
revenu des paysans mais aussi les ressources de l'état. Afin de palier
la baisse des revenus des ruraux, plusieurs politiques de développement
agricole ont été élaborées dont le crédit
agricole (à travers la microfinance) mais ces différentes
politiques de promotions de crédits agricoles peinent à prendre
ou ont échoué.
Par ailleurs, les producteurs ruraux arrivent tant bien que
mal à renverser ou à gérer la tendance baissière de
leurs revenus agricoles à travers la mise en oeuvre de diverses
stratégies. Une hausse des revenus agricoles rime avec une hausse des
capacités de financement des activités de production agricole.
Les résultats de la présente recherche, à travers
l'analyse des stratégies développées par les producteurs
ruraux pour financer leurs différentes activités de production
agricole, permettront une meilleure élaboration de futures politiques de
développement agricole, orientées vers les producteurs ruraux,
par la prise en compte de ses stratégies.
A cet effet, quatre objectifs ont été
spécifiés:
- évaluer les revenus agricoles annuels des producteurs
ruraux de la commune ;
- déterminer la part des revenus agricoles annuels
utilisée par les producteurs ruraux pour financer les activités
agricoles ;
- identifier les autres stratégies de financement des
activités agricoles développées par les producteurs ruraux
;
- identifier les contraintes liées au financement des
activités de production agricole dans la commune.
La commune de Gogounou, située dans le
département de l'Alibori, est le milieu d'étude choisi compte
tenu du partenariat entre cette commune et l'Université de Parakou
appuyée par le projet NPT BEN-WU.
Les données collectées ont permis
d'évaluer le revenu agricole annuel moyen des producteurs ruraux qui
s'élève à 619.720 Fcfa. Ce revenu est relativement faible
comparé aux énormes charges liées à l'exercice des
différentes activités de production agricole à savoir
l'agriculture, l'élevage et les transformations des produits agricoles.
Et c'est dans le but de remédier à la faiblesse de leurs revenus
et de leurs capacités d'investissement que les producteurs ruraux ont
développé plusieurs stratégies de financement. Par
ailleurs, d'après les résultats du test de comparaison de moyenne
et de l'ANOVA à un facteur, les revenus agricoles moyens ne varient pas
selon le sexe (t = -0,504 p=0,615), ni selon les groupes d'activités (~
= 0,684 p=0,506), ni selon le niveau d'éducation (~ = 1,193 p=0,306) au
seuil de 5%.
Mais il existe une relation entre la part moyenne de
réinvestissement des revenus agricoles annuels dans les activités
de production agricole et le sexe au seuil de 1% (t = 3,883 p=0,00). La part
moyenne de réinvestissement des hommes s'élève à
37,67% contre 201,79% pour les femmes. Les femmes réinvestissent plus
leurs revenus agricoles dans les activités de transformations
agro-alimentaires que les hommes dans l'agriculture ou l'élevage. Ces
derniers optent pour l'investissement de leur revenu dans les biens de
consommation ou les cérémonies. La pratique de la transformation
des produits agricoles requiert d'énormes dépenses
incompressibles contrairement à l'agriculture et l'élevage
où l'utilisation de différentes stratégies permette de
réduire sensiblement les investissements.
Plusieurs stratégies sont utilisées par les
producteurs ruraux pour financer les activités de production agricole.
Les stratégies à court terme, développées par les
producteurs ruraux, visent la satisfaction de besoins de financement ponctuels
tels que la rémunération de la maind'oeuvre, le paiement des
frais de vaccination, le transport des produits de récolte...Le
bradage des produits de récoltes, l'achat à
crédit, le recours au marché parallèle, ou
encore l'utilisation de la main d'oeuvre familiale culturale
appartiennent à cette première catégorie de
stratégie.
L'appartenance à une association ou un groupe,
la diversification des activités, l'épargne sur
pied, la pratique de spéculation sur les produits de
récoltes ou les animaux d'élevage constituent les
principales stratégies à moyen et long terme. Les producteurs qui
adoptent ces stratégies visent à terme une augmentation de leur
revenu global afin de mieux faire face aux énormes charges liées
aux différentes activités de production agricole.
Parmi ces deux catégories de stratégies, des
stratégies indirectes et des stratégies directes de financement
peuvent être distinguées.
Les producteurs ruraux s'heurtent à plusieurs
contraintes qui entravent fortement le développement de leurs
différentes activités de production agricole.
L'hiérarchisation des contraintes varie selon les groupes
d'activités. Ces contraintes de financement peuvent être directes
ou indirectes. Ainsi l'insuffisance d'intrants agricoles, le
retard dans le paiement de la dette `'Coton» et le mauvais
état des voies d'accès sont les contraintes majeures au
niveau des agriculteurs. Les principales contraintes de financement
énumérées par les éleveurs sont par ordre
d'importance l'insuffisance de retenue d'eau, l'insuffisance des
aires de pâturage et le mauvais état des voies
d'accès. En ce qui concerne les activités de transformations
agroalimentaires, l'insuffisance de pompe hydraulique,
l'insuffisance de main-d'oeuvre, et le manque d'information sur
les sources de financement sont les contraintes les plus importantes
liées au financement de cette catégorie d'activité. Les
trois contraintes majeures énumérées par chaque
catégorie de producteur représentent les plus importantes parmi
les multiples contraintes que nous avons pu identifier au cours de
l'étude.
Par rapport à ces différents résultats, nous
avons proposé plusieurs suggestions dont les plus importantes, selon les
objectifs de l'étude, sont :
> Objectif I :
- création des conditions à l'augmentation des
investissements dans les activités agricoles
pour l'accroissement de la productivité agricole, et par
ricochet des revenus agricoles.
- augmentation des investissements dans le secteur agricoles par
tous les acteurs impliqués
dans ce secteur.
> Objectif II :
- réduction des investissements dans les biens
matériels et augmentation de la part des revenus agricoles
réinvestie dans les activités de production agricoles par les
agriculteurs et les éleveurs. Cela devrait permettre à terme
l'augmentation des revenus agricoles de ces derniers.
> Objectif III :
- prendre en compte les stratégies de financement des
activités agricoles développées par les producteurs ruraux
dans l'élaboration des politiques de développement ou des
initiatives visant la réduction de la pauvreté.
> Objectif IV :
- la prise de mesure ou le développement d'initiatives
visant la levée des contraintes majeures énumérées
par chaque catégorie de producteur constituera un pas important dans la
réduction de la pauvreté en zone rurale. En effet, ces
contraintes de financement tant directes qu'indirectes entravent fortement le
développement des activités de production dans la commune de
Gogounou.
ABSTRACT
Performance of the agricultural sector in Benin is positively
correlated with the performance of the cotton. Indeed, cotton is the main cash
crop in Benin and employs a large majority of agricultural workers. But the
strong desire of producers to invest in the cultivation of cotton faces
significant problems of poor organization and management of the sector (such as
cotton campaign 2006-2007). These problems negatively affect not only the
income of peasants but also the resources of the state. In order to increase
the level of income, several agricultural development policies have been
developed as promotion of agricultural credit (through microfinance), but most
of these policies to promote agricultural credits have failed.
In addition, rural producers try to manage or reverse the
downward trend of their farm income through implementation of various
strategies. An increase in farm incomes means an increase in capacity of
financing the activities of agricultural production. The results of this
survey, through analysis of the strategies developed by rural producers to
finance their agricultural activities, allow better preparation of future
agricultural development policies oriented towards rural producers, by taking
into account its endogenous strategies.
To this end, four goals were specified:
- evaluate the annual agricultural income of rural producers of
the town;
- determine the annual agricultural income used to finance
agricultural activities;
- identify other funding strategies of agricultural activities
developed by rural producers; - identify all constraints to finance
agricultural activities in the municipality.
The municipality of Gogounou, located in the department of
Alibori, is the place of study chosen in view of the partnership between this
municipality and the University of Parakou sponsored by the NPT. The aim of
this partnership is to promote local development of the department of
Alibori.
The data collected were used to estimate the average annual
agricultural income of rural producers amounting to 619,720 CFA francs. This
income is relatively low compared to expense related to the exercise of
different agricultural production activities namely agriculture, animal
husbandry and food processing. So, in order to remedy the weakness of their
income and their investment capacity, rural producers have developed several
strategies. But, the results of independent-sample T-test and one-way ANOVA
show that average farm incomes means do not vary in accordance with sex (t =
-0,504 p = 0,615), or activities (F = 0,684 p=0,506), or level of
education(F=1,193 p=0,306).
But there is a relationship between the average of annual farm
income reinvest in agricultural production activities and sex at the 1% (t
=3,883 p =0,00). The average reinvested by men
stood at 201.79% against 37.67% for women. Women reinvest more
of their incomes in the agricultural processing food than men in agriculture or
animal husbandry. Transformation of agricultural products requires enormous
expenditures contrary to practice of agriculture and breeding where the use of
different strategies can significantly reduce investment.
Plenty of strategies are used by rural producers to finance
agricultural production activities. The short-term strategies developed by
rural producers, seek the satisfaction of one-time funding such as remuneration
of labour, payments of vaccination ... pledges, small loans of
money, buying on credit, purchasing in black market, or
the use of family workforce in cultivation belong to this category of
the first strategy. Others producers sell off the product of their harvest.
Belonging to an association or group,
diversification of activities, saving up by practicing
breeding, the practices of speculation on crops or livestock are
the main medium and longterm strategies. Producers who adopt these strategies
aim to increase their total income in order to be able to face the huge charges
related to various agricultural activities.
Among these two categories of strategies, strategies indirect
and direct financing strategies can be distinguished.
Rural producers face several constraints that hamper severely
the development of their various agricultural production activities. The
ranking of constraints vary according to group activities. These funding
constraints may be direct or indirect. Thus the shortage of agricultural
inputs, the long delay in the payment of debt "Cotton" and the bad condition of
roads are the major level of farmers. The main funding listed by breeder are in
order of importance lack of water retention, lack of grazing areas and the poor
condition of roads. Regarding the activities of agro-food processing, lack of
hydraulic pump, insufficient manpower, and lack of information on sources of
financing are the most significant funding. The three major listed by each
producer category represent the most important among the many constraints that
we have identified during the study.
Taking into account those results, we offered several
suggestions, the most important, according to the specific target of the study
are:
> Target I:
- Mechanization of agriculture;
- Creation of conditions which will promote increase of
investment in agricultural activities in order to increase agricultural
productivity;
- Increase in the investments in the agricultural sector by all
the actors implied in this sector.
> Target II:
- Reduction of investment in property and increasing the share of
farm income reinvested in the agricultural production by farmers and ranchers.
This should allow term increase in farm incomes of the latter.
> Target III:
- Take into account the funding strategies of agricultural
activities developed by rural producers in the formulation of development
policies or initiatives aimed at reducing poverty.
> Target IV:
- lift or resolve the major constraint listed by each group of
producer. That will be an important step in reducing poverty in rural areas.
These funding constraints both direct and indirect strongly hamper the
development of production activities in the municipality of Gogounou.
TABLE DES MATIERES
CERTIFICATION i
DEDICACES ii
REMERCIEMENT iii
RESUME iv
ABSTRACT viii
LISTE DES TABLEAUX xv
LISTE DES FIGURES, ENCADRES ET CARTES xvii
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS xviii
1-
|
INTRODUCTION GENERALE
|
4
|
1-1-
|
Problématique et pertinence
|
5
|
1-2-
|
Objectifs et hypothèses
|
8
|
1-2-1-
|
Objectifs de recherche
|
8
|
1-2-2-
|
Hypothèses de recherche
|
9
|
2-
|
CADRE CONCEPTUEL ET CADRE THEORIQUE
|
11
|
2-1-
|
Notion de dépense et de revenu agricole
|
11
|
2-2-
|
Caractéristiques et dynamique de la pauvreté
|
12
|
2-2-1-
|
Définitions
|
12
|
2-2-2-
|
Principaux concepts de la pauvreté
|
13
|
2-3-
|
Le financement agricole
|
13
|
2-4-
|
Investissement et augmentation des revenus agricoles
|
15
|
2-5-
|
Notion de stratégie dans le monde rural
|
17
|
2-6-
|
L'approche `'Livelihood»
|
19
|
3-
|
METHODOLOGIE
|
21
|
3-1-
|
Revue documentaire
|
21
|
3-2-
|
Choix de la zone d'étude
|
23
|
3-2-1-
|
Raison du choix de la zone d'étude
|
23
|
3-2-2-
|
Présentation de la zone d'étude
|
23
|
3-2-2-1-
|
Localisation
|
23
|
3-2-2-2-
|
Caractéristiques pédo-climatiques et
agro-écologiques
|
24
|
3-2-2-3-
|
Caractéristiques socio-démographiques et
politico-administratives
|
25
|
3-2-2-4- Caractéristiques économiques et
socio-communautaires 26
3-3- Phase exploratoire 28
3-3-1- Phase exploratoire à l'échelle communale
28
3-3-2- Choix des villages d'étude 28
3-4- Echantillonnage 29
3-5- Phase d'étude approfondie 30
3-5-1- Données collectées et méthode de
collecte des données 31
3-5-1-1- Données collectées 31
3-5-1-2- Méthode de collecte des données 31
3-6- Paramètres à mesurer 32
3-6-1- Paramètres liés au revenu agricole annuel
des producteurs 32
3-6-2- Part du revenu agricole annuel réinvestie dans les
activités agricoles 34
3-7- Outils d'analyse des données 35
3-8- Limites des données collectés 37
4- EVALUATION ET ANALYSE DES REVENUS AGRICOLES DES
PRODUCTEURS RURAUX 40
4-1- Evaluation des revenus agricoles annuels des producteurs
ruraux 40
4-1-1- Activités principales des enquêtés
40
4-1-2- Revenu agricole annuel des producteurs ruraux 41
4-1-3- Revenu extra-agricole des producteurs 43
4-2- Revenu agricole et sexe 46
4-2-1- Analyse descriptive des revenus agricoles annuels moyens
des femmes et des
hommes 46
4-2-2- Variation et dispersion des revenus agricoles selon le
sexe 47
4-3- Revenu agricole et groupes d'activités 49
4-3-1- Analyse comparée des revenus agricoles suivants les
groupes d'activités 49
4-3-2- Variation des revenus agricoles suivant les groupes
d'activités 51
4-4- Revenu agricole et niveau d'éducation 52
4-4-1- Analyse comparée des revenus agricoles des
producteurs suivant leur niveau
d'instruction 52
4-4-2- Variation et dispersion des revenus agricoles
suivant le niveau d'instruction 54
4-5- Conclusion partielle 57
5- ANALYSE DE LA PART DU REVENU ANNUEL REINVESTIE DANS
LES ACTIVITES DE PRODUCTION AGRICOLE 59
5-1- Analyse des charges propres à chaque type
d'activité 59
5-2- Analyse de la part moyenne du revenu réinvestie
61
5-3- Conclusion partielle 66
6- ANALYSE DES STRATEGIES DE FINANCEMENT DEVELOPPEES PAR
LES PRODUCTEURS RURAUX 68
6-1- Stratégies à court terme 68
6-1-1- Achat à crédit 68
6-1-1-1- Etude de la relation entre l'achat à
crédit et le sexe 69
6-1-1-2- Etude de la relation entre l'achat à
crédit et les groupes d'activités 69
6-1-1-3- Etude de la relation entre l'achat à
crédit et le niveau d'éducation 70
6-1-2- Bradage 71
6-1-2-1- Etude de la relation entre le bradage et le sexe 71
6-1-2-2- Etude de la relation entre le bradage et les groupes
d'activités 72
6-1-2-3- Etude de la relation entre le bradage et le niveau
d'éducation des producteurs
ruraux 73
6-1-3- Le recours au marché parallèle 74
6-1-4- Utilisation massive de la main-d'oeuvre familiale 75
6-2- Stratégies à moyen et long terme 77
6-2-1- Appartenance à un groupement ou une association
77
6-2-2- Diversification des activités 78
6-2-3- Epargne sur pied 79
6-2-4- Spéculation 80
6-3- Autres stratégies 81
6-4- Conclusion partielle 83
7- ANALYSE DES CONTRAINTES DE FINANCEMENT AGRICOLES 86
7-1- Rang de classement des contraintes de financement selon les
agriculteurs 86
7-2- Rang de classement des contraintes de financement selon les
éleveurs 89
7-3- Rang de classement des contraintes selon les femmes
transformatrices 90
7-4- Conclusion partielle 93
8- CONCLUSION ET SUGGESTIONS 95
8-1- Conclusion générale 95
8-2- Suggestions 97
8-2-1- Suggestions relatives au premier objectif :
Augmentation des revenus agricoles 97
8-2-2- Suggestions relatives au second objectif : part du
revenu agricole réinvesti dans
les activités de production agricole 98
8-2-3- Suggestions relatives au troisième objectif :
stratégies de financement
développées par les producteurs ruraux
99
8-2-4- Suggestions relatives au quatrième objectif de
l'étude : contraintes liées au
financement des activités de productions agricoles
99
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 100
LISTE DES TABLEAUX
Titre Pages
Tableau 3.1 : Structure de l'échantillon. 30
Tableau 4.1 : Revenu moyen des producteurs aux niveaux villageois
et communal. 42
Tableau 4.2 : Moyenne des revenus extra-agricoles par village.
44
Tableau 4.3 : Activités extra-agricoles exercées
à Gogounou. 45
Tableau 4.4 : Résultat du test de comparaison des moyennes
des revenus agricoles
selon le sexe. 48 Tableau 4.5 : Résultat du test de
comparaison des moyennes des revenus agricoles
selon les groupes d'activités. 52 Tableau 4.6 : Niveau
d'instruction des producteurs ruraux
dans la commune de Gogounou. 53
Tableau 4.7 : Résultat du test de comparaison des moyennes
des revenus agricoles
selon le niveau d'instruction. 55
Tableau 5.1 : Charges relatives aux différentes
activités de productions. 60
Tableau 5.2 : Résultat du test de comparaison des parts
moyennes de réinvestissement
des revenus agricoles. 63
Tableau 5.3 : Part des revenus investie dans les besoins sociaux
63
Tableau 6.1 : Relation entre la stratégie `'achat à
crédit»
et le sexe. 69
Tableau 6.2 : Relation entre la stratégie »achat
à crédit» et les groupes d'activités. 70
Tableau 6.3 : Relation entre la stratégie »achat
à crédit»
et le niveau d'éducation . 71
Tableau 6.4 : Relation entre `'bradage» et sexe. 72
Tableau 6.5 : Relation entre la stratégie
»bradage» et les groupes d'activités. 73
Tableau 6.6 : Relation entre le bradage et le niveau
d'éducation. 74
Tableau 6.7 : Synthèse des résultats des tests de
X2 relatives
à la stratégie `'recours au marché
parallèle». 75
Tableau 6.8 : Charges moyennes liées à chaque
opération culturale. 77
Tableau 6.9 : Synthèse des résultats des tests de
X2 relatives à la stratégie `'Utilisation massive de
la main-d'oeuvre familiale». 77 Tableau 6.10 : Synthèse des
résultats des tests d'indépendance relatifs à
l'appartenance à un
groupement ou une association. 78 Tableau 6.11 :
Résultats des tests de Khi-deux relatifs
à la stratégie `'Diversification des
activités» 79
Tableau 6.12 : Synthèse des résultats des tests de
X2 relatifs
à la stratégie `'Epargne sur pied» 80
Tableau 6.13 : Synthèse des résultats des tests de
X2
par rapport à la pratique de la spéculation 80
Tableau 7.1 : Classement des contraintes de financement par les
agriculteurs. 88
Tableau 7.2 : Classement des contraintes de financement selon les
éleveurs. 90
Tableau 7.3 : Classement des contraintes selon les femmes
transformatrices. 92
LISTE DES ,
FIGURESENCADRES ET CARTES
Titres Pages
Figure 2.1a : Montant des dépenses publiques
consacrées à l'agriculture par habitants des zones rurales en
Dollar U$ de 1995. 17 Figure 2.1b : Evolution de la proportion de la
population disposant de moins d'un dollar par
jour. 17
Figure 3.1 : Processus de la recherche. 22
Figure 3.2a : Carte administrative du Bénin. 24
Figure 3.2b : Ces différentes zones agro-
écologique du Bénin. 24
Figure 3.3 : Carte administrative de la commune de Gogounou.
26
Figure 4.1: Principales groupes d'activités. 40 Figure
4.2 : Revenus agricoles annuels moyens
des hommes et femmes de Gogounou. 47
Figure 4.3 : Niveau de dispersion des revenus agricoles suivant
le sexe. 49
Figure 4.4 : Niveau de dispersion des revenus agricoles
suivant le niveau d'instruction. 56
Figure 5.1 : Niveau moyen des charges relatives
aux différentes activités de productions agricoles.
61
Figure 5.2 : Evolution des parts moyennes de
réinvestissement des revenus agricoles suivant les villages et le sexe.
64 Encadré 6.1 : Version d'un enquêté à propos de
la vente d'intrants
dans le marché parallèle. 75
Encadré 6.2 : Extrait de l'entretien avec un des
producteurs ruraux. 82
Encadré 7.1 : Extrait des propos d'un agriculteur par
rapport
à l'insuffisance des intrants et son impact sur la
production agricole. 87
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
ANOVA : Analyse of Variance
Ce.C.P.A : Centre Communal de Promotion Agricole
CLCAM : Caisse Locale de Crédits Agricoles Mutuel CPRC :
Chronic Poverty Research Centre
CRA-CF : Centre de Recherche Agricole - Coton et Fibres DFID :
Department For International Development
FAO : Food and Agriculture Organisation of the United
Nations FCFA : Franc de la Communauté Financière Africaine
FIDA : Fonds International de Développement Agricole IMF :
Institution de Micro Finance
INRAB : Institut National des Recherches Agricoles du
Bénin
INSAE : Institut Nationale de la Statistique et d'Analyse
Economique LARES : Laboratoire d'Analyse Régionale et d'Expertise
Sociale
MFPSS : Ministère de la Famille, de la Protection Sociale
et de la Solidarité OIT : Organisation Internationale du Travail
ONASA : Office National d'Appui à la
Sécurité Alimentaire
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
PAS : Programme d'Ajustement Structurel
PAPA : Programme Analyse de la Politique Agricole
PIB : Produit Intérieur Brut
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
RGPH : Recencement Général de la Poplation et de
l'Habitation au Bénin.
SCRP : Stratégie de Croissance pour la Réduction de
la Pauvreté
SPSS: Statistical Package for Social Science
UCOPER : Union Communale des Organisations Professionnelles des
Eleveurs des Ruminants
UDOPER : Union Départementale des Organisations
Professionnelles des Eleveurs des Ruminants
ZAE : Zone Agro-Ecologique
INTRODUCTION GENERALE, CADRES
CONCEPTUEL THEORIQUE ET
METHODOLOGIQUE DE LA
RECHERCHE
PREMIERE PARTIE :
CHAPITRE I
INTRODUCTION GENERALE
1- INTRODUCTION GENERALE
A la fin des années 1980, comme tous les pays de la
sous-région, le Bénin a été confronté
à des difficultés économiques et financières,
difficultés traduites en termes de détérioration des
termes de l'échange couplée à de graves
déséquilibres budgétaires. Il s'est alors engagé
dans des Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) afin d'entreprendre une
restructuration profonde de son économie, conformément aux
exigences des institutions de Brettons Wood (Banque Mondiale et Fonds
Monétaire International). Le retour à la croissance
économique à travers la poursuite des grandes réformes
macro-économiques et la réduction du train de vie de l'Etat,
étaient le but visé par ce redressement économique. De
profondes transformations sociales et économiques en ont
découlé avec des effets considérables sur la population:
une autre distribution des revenus (dont la dégradation des prix aux
producteurs), la détérioration du niveau de vie des populations
urbaines et rurales, et l'accentuation de la pauvreté.
Par ailleurs, la part de l'agriculture dans l'économie
des pays en voie de développement et précisément dans les
pays de l'Afrique subsaharienne est très importante. Aussi
l'économie du Bénin, à l'instar de ses pays, dépend
largement du secteur agricole qui compte pour près de 39% dans la
formation du PIB (PNUD, 2003). Le développement des pays en voie
développement et du Bénin en particulier reste étroitement
lier à leur capacité à promouvoir véritablement le
secteur agricole (Aho et Kossou, 1997).
La performance du secteur agricole béninois est en
forte corrélation positive avec la performance de la filière
coton. En effet, le coton est la principale culture de rente du pays et emploie
une grande majorité d'actifs agricoles. Mais le secteur est
confronté à d'importants problèmes de mauvaises
organisations et de gestions de la filière (exemple de la campagne
cotonnière 2006-2007). Ces problèmes affectent
négativement non seulement le revenu des paysans mais aussi les
ressources de l'Etat. Pour l'Etat, ce manque à gagner constitue
d'énormes pertes qui freinent le développement économique
du pays. De même pour les ménages producteurs, la baisse du revenu
contraint les producteurs à vendre leurs produits à bas prix, ou
à réduire les superficie qu'ils mettent en valeur, ce qui
influence évidemment les résultats de leurs exploitations. De
plus, les différentes politiques de promotions de crédits
agricoles peinent à prendre ou ont échoué. Pour pallier la
baisse des revenu qui a un impact sur les investissements à consentir
pour la conduite des activités de productions agricoles, et face
à la difficulté d'accès au crédit, les producteurs
ont dû développer diverses stratégies pour mener les
activités agricoles dans cet environnement très peu favorable
à l'essor de l'entreprise agricole. La présente étude se
propose d'explorer et d'analyser les différentes stratégies
développées par les producteurs pour le financement des
activités agricoles.
Cette étude s'inscrit dans le cadre des travaux de fin
d'étude pour l'obtention du diplôme d'Ingénieur Agronome
à la Faculté d'Agronomie de l'Université de Parakou. Le
document comporte deux parties qui s'articulent de la manière la
suivante :
> La première partie, en plus du chapitre
introductif, rend compte du cadre conceptuel et théorique, et du cadre
méthodologique de la recherche. Elle est subdivisée en trois (03)
chapitres :
- le premier chapitre est un chapitre introductif qui
définit les problèmes et les questions de recherches,
présente les objectifs et hypothèses de recherche ;
- le deuxième chapitre expose et oriente les
démarches à travers un choix logique d'approches conceptuelles et
théoriques pour ainsi baliser les interprétations et les analyses
;
- le chapitre trois (03) présente la
méthodologie adoptée pour l'exécution des
différentes phases de cette recherche.
> La deuxième partie présente les
résultats et discussions relatives à chaque objectif
spécifique fixé, puis la conclusion et les recommandations de
l'étude. Elle couvre quatre (04) chapitres :
- une évaluation et une analyse des revenus agricoles
annuels des producteurs sont faites dans le chapitre (04) ;
- le chapitre suivant rend compte de l'analyse de la part du
revenu agricole qui est réinvestie pour financer les activités
agro-pastorales et les transformations des produits agricoles ;
- Le sixième chapitre analyse les autres
stratégies de financement des activités agricoles
développées par les producteurs ;
- Les contraintes liées au financement agricole sont
analysées dans le septième chapitre ;
- La conclusion porte sur le chapitre huit (08) et
résume les grandes conclusions tirées au terme de l'étude
et les suggestions faites à l'endroit des différents acteurs
concernés par l'étude.
1-1- Problématique et pertinence
Au Bénin, l'agriculture est au centre des
activités économiques. Le secteur agricole assure l'emploi
à près de 70% de la population active et participe pour 38%
à la constitution du PIB (Berkani, 2002). Toutefois, le secteur est
caractérisé par une faible productivité (ministère
du Plan, 2000). Cela s'explique par le fait que l'agriculture ne
bénéficie pas encore de façon
encourageante des techniques et méthodes les plus
modernes pour son développement tant au niveau de la production que de
la conservation, de la transformation et de la commercialisation des produits
agricoles (Ministère du Plan, 2000). Mais par rapport a la culture du
coton qui constitue la principale culture d'exportation du pays et qui
constitue donc une importante source de devises étrangères, le
gouvernement a consenti beaucoup d'efforts de développement depuis des
décennies. En effet, le coton représente près de 70% a 80%
de la valeur des exportations, 35% des recettes fiscales et sa contribution en
terme de valeur ajoutée est estimé a 13% du PIB (LARES, 2004
).
Nonobstant cette performance, la filière coton
connaît toujours de profondes difficultés, du fait de la mauvaise
gestion a différents niveaux. L'une des conséquences de ces
difficultés est la récurrence du non paiement des dettes aux
producteurs alors que leur produit est déja acheté. Ces dettes
dues aux producteurs, associées a la baisse des cours au niveau du
marché international, ont conduit a une baisse fulgurante de la
production, et par contrecoup a une baisse de revenu des ménages
producteurs. Selon le CRA-CF (2005), la baisse enregistrée au niveau de
la production cotonnière entre 2000 et 2004 peut être
estimée a environ 20%. Cette baisse représente pour les
ménages ruraux producteurs de coton plus de 40 milliards de manque a
gagner par an. Selon cette source, les impacts socio-économiques de la
crise cotonnière peuvent se résumer en: baisse des revenus des
ménages, risque d'insécurité alimentaire, baisse du taux
de scolarisation des enfants, etc. Il est alors important que les politiques de
développement puissent trouver des stratégies pour
atténuer ce manque a gagner économique au niveau des
ménages ruraux et contribuer a la réduction de la pauvreté
qui sévit en zone rurale et péri-urbaine.
En effet, la pauvreté, analysée selon les
indicateurs habituels d'incidence, de profondeur et de
sévérité, a été évaluée dans
le document stratégique de croissance pour la réduction de la
pauvreté, en référence a des seuils annuels de
pauvreté qui s'établissent respectivement a 74.886 Fcfa par
tête en 2002 et a 82.224 Fcfa en 2006. Ces résultats montrent une
augmentation de la pauvreté depuis 2002. L'incidence de pauvreté
se serait accrue par rapport a 2002, passant de 28,5% a 36,8%. De même,
la profondeur de la pauvreté se serait accrue sensiblement au cours de
la période, passant de 11% en 2002 a près de 14% en 2006 avec un
écart plus marqué en milieu rural (SCRP, 2007). Cette forte
évolution est imputable a l'importance et aux coûts des besoins
non alimentaires, l'éducation, la santé et le logement (Banque
Mondiale, 2003). Par ailleurs, il est clair que le développement de
l'agriculture passe nécessairement par l'augmentation de la production
agricole, donc l'augmentation du capital des exploitations agricoles. Or les
besoins en financement du secteur agricoles sont très
importants. Ils sont avant tout destinés à
améliorer la productivité de la terre et de la main d'oeuvre, les
revenus agricoles et la sécurité alimentaire des ménages
(Yègbémey, 2007).
Le développement est impossible sans un système
financier efficace. En outre, force est de constater que l'accès aux
systèmes financiers reste un véritable parcours de combattant
pour les populations surtout en zone rurale. Environ 90% des personnes vivant
dans les pays en développement n'ont pas accès aux institutions
de services financiers (Robinson, 2001).
En outre, les politiques de microfinance ont été
caractérisées par un faible recouvrement des crédits
octroyés puisque les bénéficiaires n'arrivent pas toujours
à rembourser les crédits contractés. La pauvreté
perdure et continue surtout de gagner du terrain en milieu rural selon les
différents rapports de l'ONU ou du PNUD des dernières
années. Face à cet échec cidessus
énuméré, il est indispensable de repenser les approches de
promotion des investissements dans la production agricole.
De nos jours, plusieurs experts en développement
pensent que l'approche «faire-faire» serait la mieux adaptée
pour sortir les populations rurales du carcan de la pauvreté. Selon eux,
il semble mieux d'aider les pauvres à se développer
eux-mêmes que de penser les développer. Dans ces conditions,
est-il possible d'adapter cette approche au financement des activités
agricoles? Autrement dit, les institutions d'appui au développement
rural ne feraient-elles pas mieux d'identifier les stratégies
développées par les populations rurales elles-mêmes pour
financer leurs activités agricoles, puis ensuite de chercher à
accompagner les producteurs dans l'amélioration de ces
stratégies?
En effet, les producteurs ruraux confrontés à
une insuffisance de moyens financiers et matériels, développent
des stratégies qui leurs permettent de financer les activités
agricoles. Les revenus issus de ses activités leurs permettent de
s'assurer une survie ou une amélioration de leur niveau de vie. La prise
en compte des stratégies des acteurs concernés `'favorise les
initiatives des producteurs et évite les compromis implicites entre
partenaires concernés par la résolution des mêmes
problèmes» (Yung et Zaslawsky, 1992). Elle devait s'imposer comme
préalable à l'élaboration de toute politique visant la
réduction de la pauvreté.
L'identification des stratégies
développées par les populations rurales pour financer leurs
activités et les contraintes auxquelles elles font face, est donc
nécessaire pour une meilleure élaboration et orientation des
politiques agricoles visant en filigrane la réduction de la
pauvreté.
Les questions suivantes sont d'une grande importance pour
atteindre ce double objectif :
- quelles sont les stratégies développées
pour le financement des activités agricoles ?
- quelles sont les contraintes de financement des
activités agricoles dans la commune ? C'est dans la perspectives de
trouver des approches de solutions à ces différentes questions
que s'inscrit le présent travail intitulé :
`'Stratégies développées par les producteurs
pour financer leurs activités agricoles». La commune
de Gogounou au Nord-Est du Bénin a été retenue pour la
conduite de l'étude. Gogounou fût choisie compte tenu du
partenariat entre cette commune et la Faculté d'Agronomie de
l'Université de Parakou en collaboration avec le Projet NPT BEN-WU. En
effet, le problème de financement agricole se pose avec acuité
dans cette commune car les résultats du diagnostic participatif conduit
en 2006 révèlent que le manque de satisfaction des besoins de
financement des ménages figuret parmi les contraintes majeurs qui
entravent le développement de Gogounou.
Sur le plan scientifique et théorique, l'exploration
des connaissances endogènes en matière de financement agricole et
l'identification des contraintes qui y sont liées permettront de
compléter les connaissances existantes sur les producteurs ruraux.
L'étude permettra également de proposer aux décideurs des
solutions qui viseraient à lever ces contraintes et à
améliorer les connaissances endogènes. L'étude nourrit la
noble ambition de fournir des résultats et des propositions utiles aux
institutions privées et étatiques ; nationales et internationales
en charge de la promotion du financement pour une production agricole
durable.
1-2- Objectifs et hypothèses
1-2-1- Objectifs de recherche
Cette étude se propose de faire une analyse des
stratégies de financement des activités de production agricole
développées par les producteurs ruraux dans la commune de
Gogounou.
Cet objectif général se décline à
travers les objectifs spécifiques suivants :
- évaluer les revenus agricoles annuels des producteurs
ruraux de la commune ;
- déterminer la part des revenus agricoles annuels
utilisée pour financer les activités agricoles ;
- identifier les autres stratégies de financement des
activités agricoles développées par les producteurs ruraux
;
- identifier les contraintes liées au financement des
activités agricoles dans la commune.
L'autofinancement constitue une stratégie
particulière que nous devons étudier en plus des autres
stratégies de financement développées par les producteurs
ruraux. Alors l'évaluation des revenus agricoles annuels est donc
nécessaire pour connaître la part réinvestie par les
producteurs ruraux. Mais il faut prendre en compte les contraintes liées
au financement des activités agricoles pour mieux cerner le thème
de recherche.
1-2-2- Hypothèses de recherche
Dans le but d'atteindre les objectifs fixés, les
hypothèses suivantes ont été formulées en fonction
de chaque objectif spécifique :
- les revenus annuels agricoles des producteurs ruraux varient
selon le genre, le type d'activité agricole et le niveau
d'éducation ;
- la part des revenus agricoles annuels réinvestie dans
les activités agricoles des femmes est supérieure à celle
des hommes ;
- les autres stratégies de financement des
activités agricoles varient selon le genre, le type d'activité
agricole et le niveau d'éducation ;
- les rangs des contraintes `faibles productivités
agricoles' ; `manque de crédit agricole' et `manque d'information sur
les sources de financement' sont supérieurs aux rangs des autres
contraintes de financement agricole identifiées.
CHAPITRE II
CADRES CONCEPTUEL ET
THEORIQUE
2- CADRE CONCEPTUEL ET CADRE THEORIQUE
Dans l'optique de faciliter la compréhension du
thème, de mieux cerner la contribution et de montrer l'approche dans
laquelle s'inscrit la recherche, il est nécessaire que les concepts
essentiels et les notions afférentes soient définis et
circonscrits. Ce chapitre informe sur les résultats et les discussions
autour de quelques travaux de recherches qui portent sur le financement
agricole et la microfinance, la pauvreté rurale, la notion de
stratégie rurale et présente en outre un aperçu de
l'approche livelihood. Les notions de dépense et de revenu agricole qui
sont largement exploités dans l'étude sont exposées dans
ce chapitre.
2-1- Notion de dépense et de revenu agricole
La dépense des ménages s'obtient en additionnant
les dépenses de consommation et les dépenses de non consommation
(O.I.T., 2003). La définition de dépense des ménages
exclut les dépenses professionnelles (à savoir directement
liées au travail) encourues par les salariés, tels les frais de
déplacement, les vêtements ou les outils professionnels
spéciaux. Toutefois, il est généralement difficile de
distinguer entre l'utilisation de ces biens et services à des fins
professionnelles ou dans le cadre de la consommation d'un ménage. C'est
dire que la notion de dépense des ménages ne prend pas en compte
réellement toutes les dépenses effectuées. Le revenu d'un
ménage représente la somme des revenus monétaires et non
monétaires. Il est constitué d'entrées en espèces
et en nature qui sont perçues par les membres du ménage à
intervalles plus ou moins réguliers (Aho et Kossou., 1997). Pour
l'Organisation International du Travail, les revenus des ménages peuvent
être considérés du point de vue de leur utilisation
à des fins d'analyse de politique comme le meilleur indicateur indirect
du bien-être économique des individus et des ménages. Selon
cette même organisation, trois principes font généralement
l'objet de débats lorsqu'il s'agit de définir le revenu pour une
période de référence donnée:
1) les recettes devraient être tenues pour
régulières et récurrentes pour être
considérées comme un revenu;
2) pour être considérées comme un revenu,
les recettes devraient contribuer au bien-être économique
courant.
Ainsi, beaucoup d'auteurs ont proposé des approches de
définitions du concept du revenu en tenant compte de l'un ou l'autre des
principes suscités. Un concept du revenu très largement
cité, élaboré à partir de la théorie
économique, est celui de Hicks.
Hicks (1946), définit le revenu comme le montant maximum
d'argent qu'un individu peut dépenser cette semaine en sachant qu'il
pourra dépenser le même montant en valeur réelle
chacune des semaines suivantes. Les trois principes
susmentionnés sont tous explicitement ou implicitement
intégrés dans cette approche. L'objectif ici n'est pas de
parcourir toutes les définitions trouvées dans la
littérature, mais celle qui est nécessaire pour mieux
appréhender la notion du revenu dans ce document.
De façon plus simple, le revenu agricole est la
différence entre la production et les charges liées à
cette production. On distingue deux types de revenu: le revenu brut et le
revenu net. Le premier type est la différence entre la production brute
et les charges réelles payées pour cette production. Les charges
comprennent les coûts des intrants variables à savoir les
semences, les différents engrais, les insecticides et le coût de
la main d'oeuvre (défrichage, labour, semis, sarclages, récolte).
Il est calculé pour une seule campagne agricole.
2-2- Caractéristiques et dynamique de la
pauvreté
2-2-1- Définitions
Les pauvres sont des personnes qui ont peu de ressources, de
biens, d'argent. La pauvreté se présente quand un individu
expérimente une privation fondamentale : manque de biens et de services
de base essentiels pour le bien-être de l'homme (CPRC, 2005)
La pauvreté se définit comme un état de
privation à long terme du bien-être jugé inadéquat
pour vivre décemment (Aho et al., 1997). Selon Floquet (2004), la
pauvreté découle d'un problème d'offre en biens et
services de base de qualité et d'un problème de capacités
à générer des revenus suffisants pour les utiliser. Pour
cet auteur, la pauvreté à un caractère multi-dimensionnel,
qui peut s'appréhender par :
- le niveau de consommation, de revenu et l'accumulation de biens
durables,
- l'accès aux services sociaux et économiques de
base : éducation, santé, eau, désenclavement,
transport...mais aussi par
- les droits et aptitudes de chaque individu à
décider de son existence.
Au Bénin, la pauvreté c'est d'abord la faim mais
aussi la difficulté pour un producteur d'avoir les moyens financiers et
matériels nécessaires pour atteindre une productivité
adéquate, capable de lui assurer un revenu conséquent à
même de le sortir du carcan de la pauvreté. La crise
cotonnière a induit une baisse importante des revenus des ménages
producteurs, d'où une plus grande difficulté des producteurs
à financer les activités de production agricole qu'ils exercent.
La résolution du problème de financement agricole contribuera
donc à la réduction de la pauvreté en zone rurale.
2-2-2- Principaux concepts de la pauvreté
- Pauvreté absolue et pauvreté
relative : selon Lock-Dessallien (2000), la pauvreté
absolue renvoie à un seuil de pauvreté exprimé en valeur
absolue et correspond à la non-satisfaction des besoins minimaux tandis
que la pauvreté relative fait allusion aux personnes qui sont bien moins
loties que la majorité des autres membres de la communauté.
- Pauvreté temporaire ou transitoire
: la pauvreté est temporaire lorsqu'elle frappe à
court terme sous le coup d'un choc (une maladie, un décès, une
mauvaise récolte ou une baisse des prix sur le marché), et si
l'individu retrouve ensuite un niveau aussi élevé de revenu et de
biens qu'avant le choc. Cette forme de pauvreté est souvent
rencontrée dans les ménages agricoles, puisque le niveau de
revenu de ce type de ménage suit une courbe en dent de scie.
- Pauvreté chronique : la
pauvreté chronique représente la forme durable ou structurelle de
la pauvreté. Elle sévit sur une longue période, plongeant
les individus dans une simple situation de survie (CRPC, 2005). C'est une forme
de pauvreté qui est très présente en milieu rural.
- Pauvreté rural : selon
Ponty (1998), la pauvreté rurale est beaucoup plus une pauvreté
agricole, les activités agricoles constituant la première source
de revenus des pauvres. En outre, il fait remarquer que cette pauvreté
reflète pour partie le manque de financement des activités
agricoles et la faiblesse de la productivité de ce secteur.
2-3- Le financement agricole
Le terme financement agricole est large et recouvre des domaine
de nature différente :
- le financement de l'exploitation agricole (campagne agricole,
équipement, soudure...) ; - le financement des organisations agricoles
;
- le financement de la commercialisation des produits agricoles
;
- le financement des services d'appui à l'agriculture
(vulgarisation, recherche, infrastructure ...)
D'après Sossoh et Varlag (1997), le terme de
financement fait référence à la nécessité
d'avoir accès à certains éléments pour produire et
améliorer le bien-être; il s'agit tout simplement de facteurs
indispensables aux personnes pour bien mener les activités qui
sous-tendent leur existence quotidienne. La prise en compte de ces facteurs
à travers leur financement serait d'un grand atout pour la
redynamisation des activités des pauvres ruraux. Actuellement, la
microfinance est la solution proposée à ces ruraux en vue du
financement de leurs activités agricoles. Or, le financement agricole ne
se résume pas seulement à la mobilisation des ressources de
production (terre, main d'oeuvre, intrants agricoles, capital). Il doit aussi
prendre
en compte les facteurs qui permettent d'avoir la
possibilité de combiner ces ressources pour obtenir un produit dont
l'utilisation concoure à l'amélioration du bien-être. Pour
cet auteur, lorsque vous remettez du crédit à un pauvre
producteur qui n'a pas fini de résoudre ses problèmes de faim ou
de santé, il l'utilisera pour le faire au lieu d'acquérir des
ressources nécessaires à la production agricole. C'est cette
triste réalité du monde rural qui a expliqué en grande
partie l'échec des politiques de microfinance en milieu rural
africain.
Selon Goodland et al. (1999), les types de financements dont
ont besoin les pauvres peuvent donc être classés de la
manière suivante :
- Le crédit de production :
les pauvres ont besoin de financement pour la production afin de
générer des revenus de leurs activités, que ce soit des
activités de court terme comme le petit commerce ou des investissements
à long terme comme l'amélioration des outils agricoles ou la
terre.
- Le crédit de consommation :
les risques liés à la production agricole notamment dans les
régions marginalisées et donc l'incertitude des revenus agricoles
contribuent à la vulnérabilité des moyens de survie et
sont des menaces pour la consommation. Le crédit serait
nécessaire pour réguler un temps soit peu les déficits de
consommation.
- L'épargne : il joue
plusieurs rôles importants bien qu'étant encore
négligé par certains programmes de réduction de la
pauvreté ; en renonçant à la consommation, les
ménages augmentent leurs options dans le futur, aussi bien pour
l'investissement que la consommation. L'épargne protège contre
les déficits futurs, réduit la vulnérabilité et
permet un investissement futur pour les activités de production.
- L'assurance : la fragilité
et le risque de survivance entraînent la nécessité
d'assurance. Pour se protéger contre le risque, les ménages
pauvres emploient un certain nombre de stratégies qui sont en fait des
formes d'assurance. Il s'agit de : l'épargne (argent ou actif pouvant
être récupéré en cas de besoin) ; des comportements
réduisant le risque (exemple : choix de culture à faible
rendement mais tolérant la sécheresse) ; et l'investissement dans
le capital social (exemple : sécurité sociale informelle telle
que le développement des liens avec des pairs ou des parents afin de
bénéficier d'une certaine assistance en cas de besoin).
Comme on le voit, cet auteur distingue des pratiques
endogènes (comportements pour réduire le risque, investissement
dans le capital social) qui peuvent être considérées comme
des stratégies locales de financement agricole. Les politiques agricoles
gagneraient à améliorer ces pratiques.
Les effets du crédit ont pu être mesurés
à divers niveaux notamment celui du ménage, de l'entreprise et de
la société. En ce qui concerne les ménages, un
accroissement du revenu, une sécurité alimentaire des individus,
et en particulier des enfants (Sharma et Zeller, 1998) peuvent être
ressentis. Le crédit agricole peut être un facteur de
développement du secteur agricole car permettra de couvrir en partir les
besoins en financement agricole des producteurs en Afrique. Les agricultures
familiales ont besoin de se moderniser, de s'intensifier, de financer
l'innovation technique et organisationnelle et les besoins de financement sont
immenses
Mais paradoxalement, même si toutes les conditions sont
réunies pour faciliter la disponibilité du crédit,
certains producteurs préfèrent ne pas en prendre. L'une des
raisons est qu'ils pensent qu'un endettement les enliseront de plus belle, vu
qu'ils doivent nécessairement rembourser le crédit et qu'ils
vivaient déjà dans une situation financière
précaire. C'est alors qu'ils optent pour des pratiques endogènes
ou développent diverses stratégies pour pouvoir mener leurs
activités agricoles qui nécessite quand même d'importants
investissements. Ces stratégies développées par les
producteurs, visent un contournement des difficultés crées par
leur vulnérabilité matérielle et financière.
Néanmoins, en dépit de la mise en oeuvre des différentes
stratégies, les revenus issus des activités des ménages
ruraux pauvres sont encore largement inférieurs à leur besoin en
financement (Yègbémey, 2007).
2-4- Investissement et augmentation des revenus
agricoles
Un investissement est un emploi de capitaux visant à
accroître la production d'une entreprise ou à améliorer son
rendement. Les investissements, les politiques et les institutions publics ont
été et demeurent une condition essentielle pour favoriser un
développement vigoureux dans le secteur rural. Les choix
opérés par les gouvernements à propos de leurs politiques
et de leurs investissements déterminent l'orientation et le rythme du
développement de l'entreprise agricole privée et, en particulier,
de son caractère favorable (ou défavorable) aux pauvres. La
politique et les investissements des pouvoirs publics jouent un rôle
moteur particulièrement important dans les pays et les régions
à prédominance agraire, caractérisés par de
fréquentes défaillances du marché et par des risques et
des coûts de transaction élevés. Ces pays et régions
sont ceux où vivent la majorité des ruraux pauvres. La
transformation rurale exige une combinaison, spécifique à un
lieu, d'investissements et de soutien aux politiques (FIDA, 2005).
Selon Jastrabsky E. (2003), les politiques d'augmentations des
revenus agricoles doivent prendre en compte les deux priorités
suivantes : la première consiste à réduire les coûts
de
production par le biais de subventions directes
accordées aux producteurs et l'encouragement de l'intégration des
technologies nouvelles afin d'accroître les rendements, la
deuxième consiste à encourager la diversification et le
développement d'industrie rurale. Il serait intéressant que ces
politiques soient également mises en oeuvre au Bénin afin qu'un
grand pas soit fait dans la réduction de la pauvreté rurale.
Plus d'investissement induit une augmentation des revenus et
une augmentation du revenu entraînera une augmentation des
investissements qui induira à nouveau une augmentation de revenu. Ce
cercle vertueux conduira à briser la pauvreté. Pour le FIDA
(2005), l'atteinte de l'objectif I des Objectifs du Millénaire pour le
Développement passe aussi par une augmentation des investissements dans
l'agriculture.
Les politiques de développement agricole doivent donc
encourager les producteurs ruraux à investir davantage dans les
activités de productions agricoles afin d'accroître leurs profits.
Il y aura donc une possibilité supplémentaire d'accumulation du
capital et les capacités d'investissement des producteurs augmenteront
également. L'augmentation des investissements dans l'agriculture ne
concerne pas uniquement les producteurs ruraux mais aussi l'état central
et les partenaires au développement. Car un examen des évolutions
antérieures montrerait que les pays qui parviennent aujourd'hui à
réduire la pauvreté sont, pour la plupart, des pays ayant
consacré par le passé d'importants investissements aux zones et
aux populations rurales. D'autre part, les pays ayant du retard sont
principalement ceux qui ont négligé les zones rurales et le monde
paysan, ou qui n'ont pas assuré une répartition équitable
des terres. En fait, peu d'économies ont atteint une croissance
économique reposant sur une large base sans que celle-ci ait
été précédée, ou à tout le moins
accompagnée, par une croissance agricole et rurale (FIDA, 2005).
Les résultats de l'étude vont contribuer
à éclairer les décideurs politiques en apportant des
informant stratégiques sur les choix a opérer au niveau des
politiques à mettre en oeuvre aux niveaux microéconomique et
macroéconomique pour impulser le développement agricole et
promouvoir la réduction de la pauvreté. Les effets de la
croissance agricole sur la réduction de la pauvreté sont
spécifiques au contexte local, et sont particulièrement sensibles
lorsque: i) l'agriculture occupe une place importante dans les revenus des
ruraux pauvres; ii) la répartition des terres est relativement
équitable; et iii) les pauvres consomment des aliments de base non
commercialisables (FIDA, 2005). Les relations sont particulièrement
fortes entre la croissance agricole, le développement des petites
exploitations et la réduction de la pauvreté rurale. Les
activités et les marchés agricoles dont dépendent les
moyens d'existence des ruraux pauvres sont considérablement
influencés par leur répartition territoriale, leur forte
dimension sociale et culturelle, leur dépendance
à l'égard de facteurs naturels et la faible
élasticité des marchés des produits alimentaires. Du fait
de ces caractéristiques particulières, les investissements
publics en matière de biens publics ont été et demeurent
une condition essentielle pour favoriser un développement de grande
ampleur dans le secteur rural. On observe, pour les vingt dernières
années, une nette corrélation entre l'augmentation du niveau des
dépenses consacrées par les pouvoirs publics à
l'agriculture dans les pays en développement et les progrès vers
la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (voir figure 2.1a et figure 2.1b)
Figure 2.1a : Montant des
dépenses publiques Figure 2.1b : Evolution de
la proportion de
Consacrées à l'agriculture par habitants la
population disposant de moins d'un
des zones rurales en Dollar U$ de 1995 dollar par jour
Source : FAO et Rao, 2003 Source
: Banque mondiale, 2004
2-5- Notion de stratégie dans le monde rural
Selon le Larousse, la stratégie est l'art de coordonner
des actions et de manoeuvrer pour atteindre un but. Yung et Zaslawsky (1992)
définissent les stratégies des producteurs comme
«...l'ensemble de combinaisons plus ou moins structurées de
réponses élaborées des acteurs pour faire face aux
défis auxquels ils se trouvent confronter ou qu'ils s'assignent
(objectifs)». Pour ces deux auteurs, les stratégies
développées par les pauvres pour satisfaire leurs besoins en
financement, prend en compte l'ensemble des moyens et techniques
quotidiennement mis
en oeuvre par chaque ménage pour améliorer son
niveau de bien-être relatif. Quelques stratégies consistent
à :
- faire recours au refinancement à partir des revenus de
la campagne écoulée.
- faire recours aux tontines pour la constitution d'un capital ou
faire face aux
charges nécessaire à la campagne suivante.
- faire augmenter la taille du ménage en se mariant
à plusieurs femmes et en ayant
plusieurs enfants. Cela réduire considérablement le
recours à la main-d'oeuvre salariale.
- Faire le choix de culture à faible rendement mais
tolérant la sécheresse.
Ces auteurs distinguent des pratiques endogènes
(comportements pour réduire le risque, investissement dans le capital
social) propre à chaque ménage qui peuvent être
considérées comme des stratégies locales de financement
agricole. Les politiques agricoles gagneraient à améliorer ces
pratiques.
Une des spécificités du ménage agricole
est que les besoins de financement des activités, des investissements,
de la consommation et les besoins sociaux sont étroitement liés.
Cette caractéristique forte figure également parmi les causes de
l'échec des systèmes de crédits agricoles qui ciblent
souvent une culture ou une technique (Tovignan, 2008). En effet ces
crédits sont systématiquement détournés par les
emprunteurs vers la multiplicité de leurs besoins de financement
réels. Elle implique d'appréhender les besoins de l'exploitation
agricole dans leur complexité, de prendre en compte, non pas la seule
activité agricole ciblée mais le système
d'activités des ménages et les différentes
stratégies mises en place par ces ménages. Cela permettra de
comprendre comment dans une unité donnée, s'articulent les
différents besoins, opportunités et contraintes de
financement.
Dans ce sens, le besoin de financement devient souvent un
problème de gestion de trésorerie pour lequel la réponse
adaptée, en terme de produits financiers ou d'élaboration de
politique de réduction de la pauvreté, ne sera pas
systématiquement l'octroi de crédits mais aussi
l'amélioration des stratégies de financement des activités
agricoles développées par les producteurs.
2-6- L'approche `'Livelihood»
Le concept de `sustainable livelihood' pouvant
être défini comme `moyens d'existence durables' est apparu
récemment dans le jargon du monde du développement anglo-saxon,
parce que cette approche a commencé par être exploitée dans
les débats seulement dans cette dernière décennie. Que
dissimule ce cadre d'analyse adoptée par certains organismes telles que
le PNUD, la Banque Mondiale et le Department For International Development
(DFID) plus particulièrement dans le cadre des programmes de lutte
contre la pauvreté, notamment la pauvreté rurale. Le terme de
`sustainable livelihood' a été initialement
utilisé comme un concept de développement au début des
années 1990. Chambers et Conways (1991) en donnaient la
définition suivante : `' le livelihood comprend les personnes, leurs
capacités et leurs moyens de survie, y compris la nourriture, le revenu
et les atouts. Les atouts tangibles sont les ressources et les réserves,
et ceux non tangibles sont les droits dont ces personnes
bénéficient». Ainsi , il s'agit des chocs, des stress
et des fluctuations saisonnières (Vulnerability Context)
auxquels sont soumises les personnes à travers leurs capitaux humains,
naturel, financier, physique et social (Livelihood Assets). Tout se
trouve sous l'influence des lois, des politiques, des institutions, du secteur
privée et du gouvernement (Transforming Structure and Process).
Afin de faire face à la vulnérabilité, les personnes
développent des stratégies (Livelihood Strategy) en vue
d'augmenter leurs revenus, accroître le bien-être et réduire
leur vulnérabilité et assurer la sécurité
alimentaire (Livelihood Outcomes).
Farrington et al, (1999) explique qu'a travers le
«livelihood», l'accent est mis sur : les personnes et leurs
activités, la nature holistique de leurs activités et les liens
entre le niveau micro et macro. Dans le présent travail, l'accent sera
mis sur les producteurs ruraux, leurs activités de production et les
stratégies développées par ces derniers. C'est une
démarche basée sur l'homme. Ce cadre conceptuel d'analyse,
très performent et largement diffusé dans le monde anglophone,
s'inspire fortement de l'approche systémique1. Malgré
ses limites opérationnelles, il permet une meilleure prise en compte des
aspirations, des atouts et des contraintes des producteurs ruraux, de leur
inhérente diversité, de la complexité de leur
environnement et de leurs stratégies d'existence.
1 Approche qui envisage les éléments
d'une conformation complexe non pas isolément mais globalement, en tant
que parties intégrantes d'un ensemble dont les différents
composants sont dans une relation de dépendance réciproque.
CHAPITRE III
CADRE METHODOLOGIQUE DE
L'ETUDE
3- METHODOLOGIE
Le choix de la méthode à suivre lors d'une
recherche dépend étroitement de la nature des
phénomènes à étudier dans l'orientation
théorique du chercheur et de la recherche (Danne et al., 1992). Cette
partie décrit les raisons du choix de la zone d'étude, les
critères du choix des villages, l'échantillonnage, les
paramètres à mesurer et les données à collecter,
les méthodes de collecte des données et les outils d'analyse des
données. La démarche méthodologique adoptée dans le
cadre de cette étude est une combinaison des approches de recherche
qualitative et quantitative. Le processus de recherche suivi est
présenté dans la figure 3.1. Il se résume en plusieurs
étapes :
- la phase de revue documentaire et formulation du sujet ;
- l'élaboration de la proposition de recherche ;
- la phase exploratoire ayant abouti au choix de la population
opérationnelle ;
- la phase de collecte des données ;
- la phase de traitement et d'analyse des données ; et
- enfin la rédaction de la thèse.
3-1- Revue documentaire
L'étape de revue documentaire nous a permis d'accumuler
et de capitaliser des connaissances théoriques précises sur le
thème dans un contexte général, afin de mieux
élaborer et exécuter les différentes phases de la
recherche. Cette étape de revue de littérature a couvert toutes
les phases de la recherche. Des centres de documentations ont été
fréquentés au fur et à mesure du déroulement de la
recherche. Ainsi les services de documentations de différentes
institutions, universités ont été parcourus, il s'agit de
: le PAPA, l'INRAB, l'INSAE, le CeCPA-Gogounou, la mairie de Gogounou. La
littérature obtenue chez certaines personnes ressources et certains
sites internets ont été aussi largement exploitée.
Cette phase qui a consisté en l'exploitation des
ouvrages généraux et des articles scientifiques sur le sujet nous
a permis de faire une synthèse des différents débats
relatifs au thème et résultats de recherches antérieurs.
Cette étape nous a permis d'élaborer la proposition de recherche,
présentant le problème, les objectifs, les hypothèses et
les résultats attendus ainsi qu'une méthodologie de conduite de
la recherche. Elle a permis par ailleurs de mieux analyser nos données
et d'en tirer les conclusions qui s'imposent.
Collecte des données à Lougou
Choix de la population opérationnelle
Choix de la zone d'étude
Collecte des données à Zougou-pantrossi
Etude diagnostique
(Projet NPT 183 BEN-WU)
Formulation du sujet de recherche
Documentation
Elaboration de la proposition de recherche
Séminaire de présentation des protocoles
Phase exploratoire
Réadaptation de la proposition de recherche
Phase de collecte des données
Dépouillement et analyse des
données
Rédaction de la thèse
Collecte des données à
Wèrè
Choix de la population théorique
Choix des échantillons
Collecte des données à Boro
Figure 3.1 : Processus de la
recherche
3-2- Choix de la zone d'étude
3-2-1- Raison du choix de la zone d'étude
La zone d'étude choisie est la Commune de Gogounou
située dans le Département de l'Alibori. La commune de Gogounou
appartient à la zone agro-écologique 2 (ZAE 2). La ZAE 2 est
connue sous le nom de 'Zone Cotonnière du Nord-Bénin' parce que
la vie économique de la région est, en effet, dominée
depuis les deux dernières décennies par la production du coton,
principale culture d'exportation du Bénin. La ZAE 2 couvre, en dehors de
la commune de Gogounou, les communes de Ségbana, Banikoara, de Kandi
dans le département de l'Alibori et la commune de Kérou dans le
département de l'Atacora (voir fig: 3.2b).
Outre cet attrbut de forte zone cotonnière, cette
commune est un partenaire de l'Université de Parakou dans le cadre de la
mise en oeuvre de la vision de cette institution qui se veut un vecteur du
développement local des zones avoisinantes. Dans ce contexte, un
diagnostic participatif a été conduit en 2006 dans le village de
Lougou par une équipe pluridisciplinaire de la Faculté
d'Agronomie de l'Université de Parakou pour identifier les contraintes
au développement local dans la Commune. Entre autres contraintes
identifiées, se retrouve le manque de satisfaction des besoins de
financement des ménages, dû essentiellement à la crise
cotonnière persistante dans la zone. Le choix de cette Commune comme
zone d'étude répond donc bien à la volonté de la
Faculté d'Agronomie de contribuer à la levée des
différentes contraintes identifiées.
3-2-2- Présentation de la zone d'étude
3-2-2-1- Localisation
La Commune de Gogounou est située à
l'entrée sud du département de l'Alibori entre 10°57' de
latitude Nord et 2°15' et 3°15' de longitude Est. Elle couvre une
superficie de 4910 km2, ce qui représente 18,66% de
l'ensemble du Département de l'Alibori (26.303 km2).
Elle est limitée au Nord par les Communes de Banikoara et
de Kandi ; au Sud par Sinendé et Bembéréké ;
à l'Est par Ségbana et Kalalé ; puis à l'Ouest par
Kérou (voir Fig 3.2a)
Source : mairie de Gogounou
Source : M.A.E.P
3-2-2-2- Caractéristiques
pédo-climatiques et agro-écologiques
> Climat, sol et
végétation
Le climat est du type soudano-guinéen marqué par
une saison pluvieuse de Mai à Octobre, une saison sèche et
l'harmattan de Novembre à Avril.
Les sols sont ceux du socle granito-gneissique pour la plupart
ferrugineux et généralement aptes à l'agriculture. Dans
les plaines alluviales, dominent les sols alluviaux, argilo-sableux assez
riches du fait de l'apport de matières organiques par les hautes eaux
annuelles des fleuves.
La végétation prédominante est une savane
arborée herbeuse fortement dégradée par l'emprise
anthropique, évoluant ainsi vers la savane arbustive. Les domaines
protégés par l'Etat (forêt de l'Alibori Supérieur,
forêt de la Sota, forêt des Trois Rivières) sont
également menacés. La superficie cultivable est
évaluée à 1705 km2, soit environ 35 % de la
superficie totale (4910 km2). Le reste est composé de
domaines protégés (177 200 ha), de pâturages (123 500 ha)
et de bas-fonds (360 ha) dont seulement 150 ha sont exploités. Le long
des cours d'eau se développent des forêts galeries qui favorisent
le développement de gros arbres dont la taille dépasse parfois 10
mètres tels que : Khaya senegalensis (le
caïlcédrat), carpus urinaceus (le vène) Afzelia
africana (le lingué). Adansonia digitata (le baobab),
Ceiba pentandra (le fromager) etc. Quant aux espèces animales
qui abritent ces formations végétales, nous avons :
hippotragus equinus (le cobra), Kobus Kob (Cob de buffon),
les singes, les Céphalophes (les biches), Phacochoerus (les
phacochères), Francolins (Perdrix).
3-2-2-3- Caractéristiques
socio-démographiques et politico-administratives
> Peuplement et groupes ethniques
D'après le RGPH (2002), la population totale de
Gogounou est évaluée à 80.013 habitants dont 51% de
femmes. Il s'agit d'une population essentiellement rurale et agricole, soit 95%
de la population totale. La densité de la population est de 16
habitants/km2 contre 18 habitants/km2 pour le
Département de l'Alibori. C'est une population majoritairement jeune
(53%) avec un taux d'accroissement intercensitaire de 4,78%. Au niveau du
Département de l'Alibori, la Commune de Gogounou se place en
quatrième position après Banikoara, Malanville et Kandi par
rapport à son poids démographique.
La commune Gogounou est composée de trois principaux
groupes ethniques : Baatonou 53,8% suivi par les Peulh 41,6%.
Le dernier groupe représenté par les Dendi,
Nago, Fon, Djerma, Gourmantché et
les Fulbé est celui des étrangers, venus des autres
localités du Bénin et de la sous-région (Niger,
Nigéria, Burkina-Faso, Togo...).
L'Islam est la région dominante. Elle est
pratiquée par 67,1% de la population. Le Catholicisme et le
Protestantisme sont pratiqués respectivement par 7,8% et 0,9% de la
population. Les religions dites traditionnelles représentent 11,1%
environ.
La Commune de Gogounou est divisée en six
Arrondissements et en trente quatre villages et quartiers de villes repartis
comme suit : GOGOUNOU (4 quartiers), BAGOU (10 villages), GOUNAROU (4
villages), ZOUGOU-PANTROSSI (4 villages), SORI (8 villages), WARA (4 villages).
Chaque Arrondissement est dirigé par un chef d'Arrondissement (CA) qui
rend compte à l'autorité suprême de la Commune, le
Maire.
Figure 3.3 : Carte administrative de la
commune de Gogounou
Source : CeCPA de Gogounou
3-2-2-4- Caractéristiques économiques et
socio-communautaires
L'économie locale est dominée par le secteur
informel ; le secteur formel se limitant à quelques services
commerciaux, des services administratifs publics et sociaux. Ces services
concernent surtout les services et structures déconcentrées de
l'Etat qui ont une incidence financière non négligeable dans
l'économie locale à travers les ressources humaines
(fonctionnaires) qu'ils mobilisent d'une part et les activités
économiques qu'ils mènent.
Le secteur informel est très prépondérant
dans la commune ; c'est en effet le secteur de prédilection
répondant au mieux aux aspirations d'une population fortement
analphabète. Les activités qui animent ce secteur sont :
l'agriculture, l'élevage, la pêche, l'artisanat, le commerce et le
transport.
> L'agriculture
L'agriculture est l'activité économique la plus
importante et occupe près de 80% de la population, elle est
pratiquée avec des moyens rudimentaires comme la houe et la charrue
(culture attelée). Le coton, le riz et l'arachide sont les principales
cultures de rente. La superficie cultivable est évaluée à
1.718 km2, soit 35% de la superficie totale de la commune. Le reste
est composé de domaines protégés (177.200 ha), de
pâturages (123.500 ha) et de bas-fond (360 ha) dont 150 ha environ sont
exploités.
Les exploitations s'élèvent en 2005 à
4.952 pour une superficie de 5.203 ha dont 4.710 (4.557 ha) dirigées par
les hommes et 252 (646 ha) par les femmes avec un total de 29.831 actifs
agricoles. Grâce à ces laborieux cultivateurs qui travaillent avec
des moyens rudimentaires, la commune de Gogounou occupe le troisième
rang en matière de culture du coton au Bénin.
Les hommes pratiquent toutes les spéculations à
savoir : coton, maïs, riz, arachide, igname, sorgho et niébé
alors que les femmes s'adonnent plus au riz, à l'arachide et au
maraîchage.
> L'élevage
Gogounou est une zone d'élevage avec un important
cheptel composé de bovins (2ème rang sur le plan
national avec plus de 80.000 tête) ; de petits ruminants (caprins, ovins
etc.) et de la volaille.
L'élevage est une activité en extension dans la
commune de Gogounou et pratiqué surtout par les Peulhs, pour qui cela
constitue la première source de revenu et la principale activité
économique et la seconde pour les autres ménages. En dehors des
Peulhs, les autres ethnies pratiquent aussi l'élevage des bovins pour la
culture attelée. Nonobstant les problèmes d'eaux, de
pâturage et la transhumance pendant la saison sèche,
l'élevage reste une activité florissante pour l'ethnie Peulh et
Gando. Ces résultats encourageants sont liés en outre, à
l'existence de quatorze (14) marchés de bétail dont les plus
importants sont le marché de Gogounou et le marché de
Petit-Paris, et à la bonne marche des organisations professionnelles des
éleveurs des ruminants regroupées au sein d'une union
départementale (UCOPER et UDOPER).
> La pêche, la chasse et l'exploitation des
forêts
La pêche constitue une activité secondaire et
saisonnière pour les populations de Gogounou. La commune dispose de deux
forêts classées d'une superficie totale de 1.222 ha
répartis comme suit : à l'Ouest se trouve la forêt
classée de l'Alibori supérieur et à l'Est de la commune on
a la forêt classée des trois rivières.Dans ces deux
forêts se pratique une chasse clandestine par les populations
environnantes. Pendant la saison sèche c'est la chasse à la
battue qui est la plus répandue. C'est une
activité qui n'est pas valorisée dans la commune. Car, la chasse
n'offre aucune opportunité pour le moment dans le cadre du
développement de la localité. L'exploitation forestière
quant à elle, est beaucoup plus pratiquée par les hommes. Les
femmes sont impliquées juste au niveau du bois de chauffe, de la
cueillette, de la fabrication du charbon de bois.
> Les activités commerciales
Le commerce occupe une place importante dans l'économie
de la commune de Gogounou. Cependant la majorité des commerçants
exerce leur métier dans l'informel ; ignorant pour la plupart leurs
obligations professionnelles. Les échanges commerciaux se
déroulent dans les différents marchés, les boutiques, les
kiosques, les étalages et le long des rues. Les différentes
activités économiques sont soutenues par des institutions de
micro-finances telles que la C.L.C.A.M, la PAPME, ONG Sian'Son, ONG Antisuwa
Dans l'ensemble, les produits vendus dans ces
différents marchés sont : les vivres d'origine
végétale (maïs, sorgho, riz, tubercules,
légumineuses), d'origine animale (bétail, fromage local, volaille
sur pieds, viande, oeuf), d'origine halieutique (poisson) et des produits
manufacturés divers (tissus, matériel roulant à deux
roues, quincaillerie).
3-3- Phase exploratoire
Cette phase, d'une durée de sept (07) jours s'est
déroulé en deux grandes étapes : une étude
exploratoire à l'échelle communale et une étude
exploratoire à l'échelle villageoise en vue du choix des villages
d'étude.
3-3-1- Phase exploratoire à l'échelle
communale
La première étape a consisté en une prise
de contact, de reconnaissance et d'intégration dans le milieu
d'étude. Des contacts ont été pris avec la mairie, le
CeCPA. Sur la base de critère bien défini, les quatre villages
d'étude ont été choisis avec les agents du CeCPA.
3-3-2- Choix des villages d'étude
Odjouola (2008) a identifié trois grands groupes
d'activités de production agricoles dans la commune, à savoir :
(i) la production végétale, (ii) la production animale, et (iii)
la transformation des produits agricoles. De plus, des données
empiriques ont montré que le niveau de financement des activités
de production agricole varie selon le niveau de
désenclavement des villages. En s'inspirant de ces
résultats, il fût choisi dans la commune quatre (4) villages
d'étude selon les deux critères ci-après :
- la présence des trois groupes d'activités
agricoles ;
- le niveau de désenclavement des village.
Ainsi, les quatre (4) villages choisis sont
caractérisés par la présence des trois (03) groupes
d'activités agricoles et selon le niveau de désenclavement qui va
d'un village très enclavé à un village
désenclavé. Le niveau de désenclavement ne tient pas
compte seulement de la distance qui sépare le village du centre-ville
mais tient également compte de la difficulté d'accès au
site à travers l'état des voies d'accès, de la
présence ou non de certaines infrastructures sociaux-communautaires
telles que une école ou un dispensaire.
Suivant ces critères les villages suivants ont
été choisi :Lougou, Zougou-Pantrossi, Boro et Wèrè
sont respectivement à 45km, 22km, 14km, 5km de Gogounou-Centre et se
situe respectivement dans les arrondissement de Wara, Zougou-Pantrossi,
Gounarou et Gogounou.
Après le choix des villages, des rencontres ont eu lieu
avec les chefs d'arrondissement, délégué et chef
village. Ce premier contact avec les populations cibles a
été l'occasion de tester le questionnaire et le guide d'entretien
précédemment établis.
3-4- Echantillonnage
L'unité de recherche est constituée des
producteurs ruraux à savoir les agriculteurs, les éleveurs et les
femmes transformatrices (voir tableau 3.1). L'échantillonnage s'est fait
en 3 phases. Dans un premier temps, tous les producteurs (production
végétale), éleveurs et toutes les femmes transformatrices
de chaque village d'étude ont été
récensés2 avec l'aide des groupements de producteurs,
d'éleveurs et de femmes, des données issues du rapport de
campagne agricole, de l'UDOPER. Soient m1, m2 et m3 les effectifs respectifs de
producteurs, d'éleveurs et de femmes transformatrices. De ce fait,
l'effectif total de la population est m1 + m2 + m3 = m. Dans un second temps,
la proportion des individus de chaque groupe d'activité dans
l'échantillon a été déterminé. Cette
détermination s'est faite en tenant compte du taux de sondage
calculée. Soit k ce taux de sondage en pourcentage. La taille n de
l'échantillon est 45 enquêtés par village pour garantir les
conditions d'utilisation de l'inférence statistique. Si n1,
2 Il arrive souvent que des individus par rapport
à leurs activités agricoles soient à cheval entre 2
groupes d'activités. Pour éviter la complexité des
analyses, ces individus ont été considérés comme
faisant partie du groupe de leur activité principale. Cependant, toutes
les spéculations et activités de leurs exploitations sont prises
en compte dans le calcul du revenu agricole annuel.
n2 et n3 sont respectivement les proportions des producteurs,
éleveurs et femmes
transformatrices dans l'échantillon, on a : k=
n
m
m1
n 1 = ,
m
m n
2 *
n 2 = et
m
m n 3 * m * k
n 3 = avec n =
m 100
* n
. Il est bien vérifié que
n1 + n2 + n3 =45.
Au cours de la troisième phase de
l'échantillonnage, les n1, n2 et n3 individus
de l'échantillon ont été tirés de façon
aléatoire. Cet échantillonnage ainsi fait est
représentatif car elle permet de prendre en compte les
différentes catégories de producteurs. En outre, il permet la
prise en compte du genre dans la méthodologie. De là, les
résultats seront obtenus en fonction du sexe (hommes producteurs et
femme transformatrice) et des différents groupes sociaux de production
agricole (producteurs, éleveurs et transformatrices de produits
agricoles).
Tableau 3.1 : Structure de
l'échantillon
|
Lougou
|
Zougou
|
Wèrè
|
Boro
|
Agr
|
Elv
|
Trans
|
Agr
|
Elv
|
Trans
|
Agr
|
Elv
|
Trans
|
Agr
|
Elv
|
Trans
|
Base de sondage
|
61
|
20
|
29
|
160
|
114
|
71
|
183
|
91
|
122
|
81
|
46
|
31
|
Taux de sondage (en pourcentage)
|
40,9
|
13,04
|
11,39
|
28,6
|
Echantillon
|
25
|
8
|
12
|
21
|
15
|
9
|
21
|
10
|
14
|
23
|
13
|
9
|
Source : Nos résultats d'enquête
Juillet-Septembre 2008
3-5- Phase d'étude approfondie
La phase d'enquête proprement dite qui est la phase
active de la recherche, a consisté à l'exécution du
questionnaire et du guide d'entretien. Cette phase nous a permis de collecter
des informations relatives aux différents objectifs de recherches et
nécessaires à une bonne appréciation des différents
aspects de la problématique.
3-5-1- Données collectées et méthode
de collecte des données
3-5-1-1- Données collectées
Pour mesurer les paramètres devant servir à tester
les hypothèses de l'étude, les données primaires suivantes
ont été collectées :
- Caractéristiques socio-démographiques du
producteur : sexe, âge, niveau d'instruction et d'alphabétisation,
taille du ménage et nombre d'actifs agricoles, appartenance à une
organisation, contact avec un acteur de développement, etc...
- Types de spéculation ou d'activité,
superficies emblavées, nombre de têtes élevées par
espèces animale, quantités de matières premières
transformées, quantité d'outputs obtenus, prix des
différents produits; etc...
- Quantités d'intrants agricoles, de main-d'oeuvre
familiale, coûts de la main-d'oeuvre salariée, autres coûts
variables, etc...
- Intérêts et taxes payés, matériel
agricole, durée de leur utilisation et leurs prix, autres coûts
fixes, etc...
- Eléments des coûts de production et les montants
payés à partir du revenu agricole de l'année
précédente, pourcentage par rapport au revenu
obtenu3.
- Stratégies de financement des activités
agricoles, contraintes de financement des activités agricoles, rang
donné à chaque contrainte, etc...
Les données secondaires sont celles liées aux
statistiques de production agricoles, aux activités des institutions de
micro-finance, aux activités des agents d'appui-conseil en gestion des
exploitation agricoles dans la communes de Gogounou.
3-5-1-2- Méthode de collecte des
données
La méthode principale de collecte des données
primaires est basée sur des enquêtes structurées dans les
villages d'étude. Au cours de ces enquêtes, le questionnaires est
administré aux producteurs échantillonnés
Dans la plupart des cas, c'est le chef de ménage qui est
le répondant principal mais plusieurs d'entre eux ont souvent
sollicité l'appui de leur (s) épouse (s) ou de leurs enfants sur
certaines
3 Ces données ont été obtenues
par des méthodes de Diagnostic Rapide Participatif puisqu'il est
difficile d'estimer avec le producteur son revenu agricole de l'année
qui a précédé l'année de l'étude.
questions. En plus des interviews, les enquêtes ont
consisté en observations directes complétées par des
discussions informelles particulièrement pour décrire par exemple
les stratégies utilisées au sein du ménages, la vie
sociale dans les ménages (rapports parents-fils, femmes-époux,
notamment)... Des discussions avec des agents et cadres de la vulgarisation ont
été également organisées pour recueillir des
données d'experts sur l'utilisation des inputs (main-d'oeuvre, semences,
engrais, pesticides).
De même, la méthode du Diagnostic Rapide
Participatif a été utilisée pour l'identification dans les
villages de toutes les contraintes de financement des activités
agricoles et pour avoir les données nécessaires au calcul des
revenus agricoles et extra-agricoles.
Enfin, la triangulations des sources d'information et des
observations participantes ont permis de réduire les biais liés
à la collecte des données et d'augmenter ainsi la
fiabilité des données collectées.
Quant aux données secondaires, elles ont
été collectées dans les différents centres de
documentation de la commune de Gogounou, du département du
Borgou/Alibori, de l'INRAB (CeCPA-Gogounou) de l'I.N.S.A.E, des
Universités d'Abomey-Calavi et de Parakou et par internet.
3-6- Paramètres à mesurer
3-6-1- Paramètres liés au revenu agricole
annuel des producteurs
Après avoir identifié toutes les
spéculations ou activités agricoles au niveau de chaque
producteur, le calcul des différents paramètres
économiques pour chaque spéculation ou activité de
production agricole a permis de dégager les revenus agricoles annuels
des producteurs ruraux.
- Le Produit Brut ou PB
Cet indicateur représente la quantité physique
obtenue à la fin de la production agricole. Pour poursuivre l'analyse
des économiques de la production, il a été indispensable
de disposer du prix unitaire PQ (en Fcfa par unité du produit obtenu),
et d'exprimer le Produit Brut en valeur. Alors le Produit Brut en valeur ou PBV
est donné par la formule :
PBV = PB * PQ PVB est
exprimé en Fcfa.
- Coûts Variables de production ou CV
Les coûts variables sont les charges de production qui
sont fonction de la quantité totale produite. En économie
agricole, ces coûts sont représentés par les charges
liées aux intrants agricoles (engrais, insecticides, semences, etc.),
à la main-d'oeuvre salariée payée et autres charges
fonction de la quantité produite. Ces Coûts Variables sont
exprimés en Fcfa par :
CV = CVi avec CVi la valeur en Fcfa
du coût variable i de production. - Coûts Fixes de
production ou CF
Contrairement aux coûts variables, les coûts fixes
ne dépendent pas de la quantité produite. En économie
rurale, ces coûts sont représentés par les
éléments ci-après : intérêts payés,
amortissement ou frais de location4 du matériel agricole,
impôts et taxes payés, salaires versés et autres charges
fixes. Comme décrit au niveau des coûts variables, les coûts
fixes doivent être exprimés en valeur (Fcfa). Ils sont
mathématiquement exprimés par :
CF = CFj avec CFj la valeur du
coût fixe j de production en Fcfa. - Coûts Totaux de
production ou CT
Les coûts totaux représentent la somme des
coûts variables et fixes. Ils sont exprimés en Fcfa par la formule
suivante :
CT = CV+CF
- Revenu Brut ou RB de production
Il est obtenu par déduction des coûts variables du
produit brut. Il est exprimé en Fcfa par la formule suivante :
RB = PB-CV
D'habitude, il est intéressant d'estimer ce revenu sur
une année, surtout pour ce qui concerne les activités de
transformation agricole. Ainsi, si f est la fréquence annuelle
d'exercice de l'activité, le revenu annuel brut de la spéculation
ou de l'activité est donné par :
RBA = f*RB
4 Les frais de location sont considérés
comme coût fixe s'ils ne dépendent pas de la quantité
produite. Le cas contraire, ils représentent un coût variable.
- Revenu Net ou MN de production
Le revenu net de production est obtenu en déduisant du
produit brut les coûts totaux ou en déduisant du revenu brut les
coûts fixes. Elle est exprimée en Fcfa par la formule suivante
:
RN PB CT PB CV CF RB CF
= - = - - = -
Ici aussi, il est intéressant d'estimer ce revenu sur
une année, surtout pour ce qui concerne les activités de
transformation agricole. Ainsi, si f est la fréquence annuelle
d'exercice de l'activité, le revenu annuel brut de la spéculation
ou de l'activité est donné par :
RNA = f*RN
- Après le calcul des revenus bruts et nets de chacune
des spéculations ou activités agricoles, les revenus bruts et
nets annuels de l'exploitation agricole du producteurs sont donnés par
les formules ci-après :
RBAE = RBAi, avec RBAi le revenu brut annuel de
la spéculation ou de l'activité i de l'exploitation
RNAE = RNAi, avec RNi le revenu net annuel de
la spéculation ou de l'activité i de l'exploitation.
En réalité c'est le revenu net annuel RNAE de
l'exploitation agricole qui représente le revenu agricole annuel
moyen5 du producteur.
3-6-2- Part du revenu agricole annuel réinvestie
dans les activités agricoles
Cet indicateur est très important en économie.
En effet, plusieurs théories de l'économie de
développement lient le sous-développement au faible taux de
réinvestissement des revenus dans les systèmes de production
agricole en milieu rural africain. Ici, la part du revenu réinvestie
dans les activités agricoles en une année t est donné par
la formule :
PRE
t RNAE
RINV t
= *100
t - 1
5 Moyen car les prix de vente varie
considérablement au cours de la campagne agricole, alors la moyenne des
prix est prise en compte pour le calcul des différents revenus.
Ott, PREt est la part du revenu réinvestie dans les
activités agricoles à l'année t, RINV est le montant
investi dans la production agricole à l'année t imputable au
revenu agricole annuel du producteur RNAEt-1 au temps t-1.
3-7- Outils d'analyse des données
Afin d'atteindre les objectifs fixés pour la
présente étude et de tester les hypothèses posées,
plusieurs outils et méthodes d'analyse des données sont
utilisés. En effet, l'étude est en grande partie quantitative.
Les outils d'analyse des données sont fonction des
hypothèses à tester. Les données ont été
saisi dans Microsoft Office EXCEL. Le logiciel SPSS 12.0 a permis de faire les
analyses statistiques.
> Test de l'hypothèse 1
L'hypothèse 1 consiste à établir s'il y a
une relation entre la variable revenu (variable quantitative) et les variables
sexe, groupes d'activité et niveau d'éducation (nominale ou
ordinale6). Dans ces conditions, c'est le test de comparaison de
moyennes des revenus selon les modalités des variables `sexe', `groupes
d'activités' et `niveau d'éducation' qui est approprié. Il
en exite 2 types, à savoir :
- Le test de comparaison de 2 moyennes des revenus en cas de 2
modalités (par exemple le sexe) qui utilise la statistique t de Student
;
- L'Analyse de Variance ou ANOVA lorsque le nombre de
modalités est supérieur à 2 (par exemple groupes
d'activités : producteurs, éleveurs et femmes transformatrices)
qui utilise la statistique F de Fisher.
Dans les 2 cas, SPSS donne la valeur de la statistique t de
Student ou F de Fisher, leur degré de liberté et leur
degré de signification p. Si le p donné est
inférieur au seuil critique de a=5% alors on conclura qu'il existe une
différence de revenu agricole entre les groupes définis selon les
modalités des variables `sexe', `groupes d'activité' et `niveau
d'éducation'. Dans ce cas, l'hypothèse 1 de l'étude est
vérifiée, c'est-à-dire que les revenus agricoles annuels
des producteurs varient selon leur sexe, leurs groupes d'activités et
leur niveau d'éducation. Dans le cas contraire, elle ne l'est pas.
6 La variable `niveau d'éducation' est
mesurée au niveau ordinal (aucune, primaire, secondaire et
supérieure) car il est souvent difficile d'obtenir des producteurs
ruraux le nombre d'années d'éducation formelle.
> Test de l'hypothèse 2
Le test de l'hypothèse 2 est semblable à celui de
1. Ici, on a :
H0 : PREfemme - PREhomme>0 contre H1 : PREfemme -
PREhomme~0, avec PREfemme et
PREhomme
respectivement la part moyenne de réinvestissement des
revenus agricoles annuels dans les activités de production agricole par
les femmes et les hommes.
SPSS donne la valeur de la statistique t de Student, le
degré de liberté et la probabilité de signification p. De
même, il fournira la valeur de la différence des 2 moyennes. Si Si
le p donné est inférieur au seuil critique de cc=5% et
que la différence des 2 moyennes est positive, alors on conclura que la
part de réinvestissement des revenus agricoles annuels dans les
activités de production agricole des femmes est supérieure
à celle des hommes, c'est-à-dire que l'hypothèse 2 de
l'étude est vérifiée. Dans le cas contraire, elle ne l'est
pas.
> Test de l'hypothèse 3
L'hypothèse 3 consiste à établir s'il y a
une relation entre la variable autres stratégies (variable qualitative
nominale) et les variables sexe, groupes d'activité et niveau
d'éducation (nominale ou ordinale). Dans ces conditions, c'est le test
de comparaison d'indépendance de X2 qui est approprié.
La valeur de la statistique X2, le degré de
liberté et le degré de signification p sont
donnés par SPSS. Si le p donné est inférieur au
seuil critique de cc=5%, alors on conclura qu'il existe une dépendance
entre les autres stratégies de financement des activités
agricoles et les variables `sexe', `groupes d'activité' et `niveau
d'éducation'. Dans ce cas, l'hypothèse 3 de l'étude est
vérifiée, c'est-à-dire que les autres stratégies de
financement des activités agricoles des producteurs varient selon leur
sexe, leurs groupes d'activités et leur niveau d'éducation. Dans
le cas contraire, elle ne l'est pas.
> Test de l'hypothèse 4
Le test de Kendall'n W permettra de classer les rang des
contraintes liées au financement agricole et de voir si il y a une
certaine concordance entre ces rangs. Les rangs des contraintes `faibles
productivités agricoles' ; `manque de crédit agricole' et `manque
d'information sur les sources de financement' seront comparés à
ceux des autres contraintes de financement agricole. Si ces rangs sont
supérieurs à ceux des autres contraintes, alors
l'hypothèse H4 de l'étude est vérifiée. Dans le cas
contraire, elle ne l'est pas.
3-8- Limites des données collectés
Quelque soit la valeur scientifique accordée à
ce document, nous devons reconnaître qu'elle présente certaines
insuffisances. En effet, la majeure partie des données utilisées
lors de cette étude provienne des enquêtes sur le terrain. Etant
donné l'impératif du temps lié aux exigences
académiques et les moyens financiers disponibles, les données ont
été collectées par passage unique où il est fait
appel à la mémoire des enquêtés pour certaines
données. Malgré toutes les dispositions prises lors des
enquêtes pour assurer la fiabilité des données qualitatives
recueillies, il convient de souligner que la plupart des réponses
obtenues sont subjectives surtout en ce qui concerne l'attribution des scores
aux différentes contraintes liées au financement agricole.
Mais durant toute la phase de collecte des données,
notre souci constant a été de minimiser autant que possible les
écarts par rapport à la réalité. Par exemple, nous
avons organisé les différents groupes de producteurs en
focus-groupes pour avoir certaines informations d'ordre
général.
DEUXIEME PARTIE :
PRESENTATION DES RESULTATS ET
DISCUSSIONS, CONCLUSION ET
SUGGESTIONS
CHAPITRE IV
EVALUATION ET ANALYSE DES
REVENUS DES PRODUCTEURS
RURAUX
4- EVALUATION ET ANALYSE DES REVENUS AGRICOLES DES
PRODUCTEURS RURAUX
La connaissance des revenus agricoles annuels des
agriculteurs, des éleveurs et des femmes transformatrices constitue une
étape nécessaire à l'étude des stratégies de
financement des activités agricoles et permet de mieux
appréhender les contraintes liées au financement agricole.
L'analyse des revenus agricoles vise à mettre en évidence les
éventuelles relations entre cette variable et le sexe, le niveau
d'éducation et les activités des producteurs ruraux. Afin
d'éviter tout amalgame, il est nécessaire de rappeler que dans la
présente étude, le terme producteur rural prend en compte tout
individu du monde rural exerçant une activité de production
agricole, que ce soit l'agriculture, l'élevage ou les transformations
agroalimentaires.
4-1- Evaluation des revenus agricoles annuels des
producteurs ruraux
4-1-1- Activités principales des
enquêtés
Trois principaux groupes d'activités ont
été identifiés dans le monde rural dans la commune de
Gogounou. Il s'agit de l'agriculture, de l'élevage et des
transformations agro-alimentaires (Odjouola, 2007). Mais l'agriculture est
l'activité économique la plus importante et occupe près de
80% de la population et est essentiellement pratiqué par les Baribas.
Cette tendance transparaît également dans l'unité de
recherche car 50% des individus enquêtés sont des agriculteurs
(voir figure 4.1). L'agriculture et les transformations agroalimentaires
restent alors l'apanage des Baribas. Les Peulhs quant à eux font
exclusivement de l'élevage.
Activités agricoles
Transformation s 24,4
Agriculture 50
Elevage
26,6
Figure 4.1: principales groupes
d'activités
4-1-2- Revenu agricole annuel des producteurs ruraux
Le premier objectif de cette étude est d'évaluer
les revenus des producteurs ruraux dans la commune de Gogounou. Le tableau 4.1
révèle que les agriculteurs, les éleveurs et les femmes
transformatrices gagnent en moyenne annuellement 848.465 Fcfa, 536.570 Fcfa,
429.520 Fcfa et 664.330 Fcfa respectivement dans les villages de Lougou,
Zougou-Pantrossi, Wèrè et Boro. Les producteurs de Lougou et de
Boro bénéficient des revenus les plus élevés, ce
sont souvent de grands agriculteurs qui disposent de vaste exploitation
agricole ou de grands éleveurs dont la taille du troupeau dépasse
500 têtes de bétail. Tandis que ceux de Zougou-Pantrossi et de
Wèrè reste à la traîne avec les plus faibles revenus
annuels. Le revenu agricole annuel moyen des producteurs ruraux dans la commune
de gogounou s'élève 619.720 Fcfa avec une perte maximal de
134.450 Fcfa et un revenu maximum de 8.097.500 Fcfa.
Le signe négatif du revenu de certains ménages
est dû au fait que dans le monde rural, la logique de production agricole
et de consommation ne respecte pas toujours les seules règles de
l'économie classique fondée sur le profit, mais est beaucoup plus
influencée par l'anthropologie économique. Or en anthropologie
économique, le social, la politique et l'économie sont
étroitement liés. Le ménage agricole ne fonctionne pas
toujours comme une entreprise agricole calqué sur le double objectif
qu'est la maximisation du profit et la minimisation des coûts, son
fonctionnement est surtout orienté vers la satisfaction des besoins
primaires telles que la sécurité alimentaire au sein du
ménage mais prend aussi en compte les rapports sociaux
c'est-à-dire les réseaux d'échanges intra-interfamiliaux
et intra ou intervillageois. Le faible revenu constaté au niveau de ces
ménages est entre autre dû au fait qu'une bonne partie de la
récolte a été autoconsommée, ce qui signifie que
les recettes agricoles seront très faibles et ne pourront pas couvrir
toutes les charges, d'où un revenu négatif même si la
main-d'oeuvre familiale est largement sollicité dans ces genres de
ménage. Certaines femmes dont les activités ne dégagent
qu'une très faible marge avouent exercer les activités de
transformations agroalimentaires juste pour vaincre l'oisiveté.
Néanmoins, de nombreux spécialistes en gestion
affirment que les paysans aussi bien que les autres opérateurs
économiques ne s'emploient pas en réalité à
maximiser le revenu, mais ils essaient d'obtenir au moins un niveau minimum de
revenu. Ce comportement est dénommé comportement de satisfaction
(Lipton, 1968). Par exemple, la déclaration "Si je peux
réaliser 200.000 F CFA de revenu cette année, je serai
heureux", que l'on entend très souvent, traduit ce type de
comportement. Il est celui de beaucoup d'exploitants qui, bien que capables et
possédant une base de ressources adéquates pour croître,
décident de maintenir la taille
actuelle de leurs exploitations plutôt que
d'étendre et d'augmenter leurs responsabilités en matière
de gestion en même temps que leurs revenus. Selon Lipton (1968) les
paysans ne sont pas préoccupés par la maximisation de leurs
revenus mais plutôt, ils cherchent à maximiser leurs chances de
survie. Au lieu de se focaliser sur le long terme, ils sont surtout
préoccupés par le court terme. Ainsi, ils vont souvent
préférer garantir d'abord la sécurité
alimentaire.
Tableau 4.1 : revenu moyen des
producteurs aux niveaux villageois et communal
Niveau village et communal
|
Revenu agricole annuel
|
Minimum
|
Maximum
|
Moyenne
|
Lougou
|
15.650
|
8.097.500
|
848.465
|
Zougou- Pantrossi
|
-102.200
|
2.363.150
|
536.570
|
Wèrè
|
-134.450
|
2.453.300
|
429.520
|
Boro
|
-62.850
|
3.078.000
|
664.330
|
Gogounou
|
-134.450
|
8.097.500
|
619.720
|
Ces chiffres paraissent satisfaisantes à
première vue mais très insuffisantes comparées aux
dépenses annuelles (dépense agricole et divers) auxquelles les
producteurs ruraux doivent faire face. Rien que pour les dépenses
liées aux activités agricoles, les producteurs ont
déboursé en moyenne 662.000 Fcfa. Dans un environnement où
l'accès aux micro-crédits est difficile, alors il n'est facile
aux producteurs ruraux de financer les activités agricoles. Cette
situation augmente le niveau de pauvreté des producteurs, car faible
capacité d'investissement rime avec faible production d'où faible
revenu agricole. Yègbémey (2007) dégage des
résultats de ses études qu'en milieu rural les besoins des
pauvres sont largement au dessus des revenus agricoles. Selon Aho et al (1997),
l'augmentation des revenus des ménages en milieu rural, constitue l'un
des meilleurs moyens d'améliorer leur bien-être, donc de les
sortir des carcans de la pauvreté. Or l'augmentation des revenus serait
difficile si les besoins liés au
financement agricoles ne sont pas couverts de manière
significative. En effet une augmentation des revenus est positivement
corrélée à une augmentation des capacités de
production des ménages agricoles et une augmentation des
capacités de productions signifie, en plus de la satisfaction d'autres
conditions connexes et de la levée des principales contraintes de
financement, que les besoins de financements des activités agricoles
sont largement couverts. Car les producteurs ne seront plus obligés de
réduire les superficies emblavées pour pouvoir faire face aux
dépenses liées à la production agricoles. Les politiques
de lutte contre la pauvreté devraient donc chercher à
créer un cadre favorisant l'accès aux crédits agricoles.
En attendant la mise en place de ces mesures, les producteurs ont recours
à différentes stratégies endogènes ou empiriques
pour financer leurs activités agricoles. L'analyse de ses
différentes stratégies sera faite dans le chapitre VI du
présent document et le paragraphe suivant sera consacré à
l'analyse des revenus extra-agricoles.
4-1-3- Revenu extra-agricole des producteurs
Les producteurs exercent plusieurs d'activités
extra-agricoles pour faire face aux contraintes de financement des
activités agricoles. Les activités extra-agricoles les plus
pratiquées à Gogounou sont le commerce (achat pour revente des
animaux d'élevage, le petit commerce), l'artisanat, la boucherie, le
transport et diverses autres prestations de services (vente de la force de
travail, location de matériels agricole)...
La diversification des activités constitue d'ailleurs
pour une bonne frange des producteurs une stratégie de financement car
ceux-ci multiplient ainsi les sources de revenu pour faire face aux
énormes charges liées aux activités agricoles que sont par
exemple l'acquisition des intrants, de matériels agricoles, la
rémunération de la main-d'oeuvre salariée qui coûte
d'ailleurs de plus en plus chère (les effets de l'inflation ne se
limitent pas seulement dans la ville car la hausse des prix des produits de
consommation frappe aussi les villages qui sont abondamment inondés de
produits de fabrications modernes -lampe torche, produits de conserve, etc...-
ou encore les charges liées aux transports des produits de
récolte vers les marchés d'écoulement.
L'analyse du tableau 4.2 montre qu'en plus des revenus issus
des activités agricoles, les producteurs ruraux gagnent environ 203.370
Fcfa à partir d'activités extra-agricoles diversement
variées. L'exercice d'activités extra-agricoles a même
permis à un producteur de Lougou d'engranger près de 5.400.000
Fcfa. Les activités extra-agricoles à forte valeur ajoutée
aident considérablement les producteurs dans le financement de leur
exploitation agricole.
Tableau 4.2 : moyenne des revenus
extra-agricoles par village
Niveau village et communal
|
Revenu extra agricole
|
Minimum
|
Maximum
|
Moyenne
|
Lougou
|
0
|
5.400.000
|
312.625
|
Zougou-Pantrossi
|
0
|
480.000
|
86.235
|
Wèrè
|
0
|
3.000.000
|
231.625
|
Boro
|
0
|
4.000.000
|
183.000
|
Gogounou
|
0
|
5.400.000
|
203.370
|
A la lecture du tableau 4.3, l'artisanat et le commerce sont
les activités extra-agricoles les plus pratiqués car 30,6% et
26,5% des hommes s'investissent respectivement dans ses domaines. En
général, les producteurs exercent ces activités
collatérales dans la période de soudure et les revenus obtenus
sont en partie investis dans la production agricole, le reste est
utilisé pour la satisfaction d'autres besoins de financement au sein du
ménage. Il n'existe aucun conflit entre la pratique des activités
agricoles et les activités extra-agricoles.
Tableau 4.3 : Activités
extra-agricoles exercées à Gogounou
Activités extra- agricoles
|
Hommes
|
Fréquence (en %)
|
Femmes
|
Fréquence (en %)
|
Artisanat
|
15
|
30,6
|
1
|
20
|
Chanteur
|
2
|
4,1
|
0
|
0
|
Boûcher
|
7
|
14,3
|
0
|
0
|
Apiculture
|
1
|
2
|
0
|
0
|
Transport
|
6
|
12,2
|
0
|
0
|
Commerce
|
13
|
26,5
|
2
|
40
|
Menier
|
1
|
2,1
|
0
|
0
|
Danse
|
1
|
2,1
|
0
|
0
|
Autres prestations de Services
|
3
|
6,1
|
2
|
40
|
Total
|
49
|
100
|
5
|
100
|
Les activités extra-agricoles sont beaucoup plus
pratiquées par les hommes que par les femmes. Car seulement cinq (05)
femmes pratiquent des activités extra-agricoles dans la population
enquêtée contre quarante-neuf (49) hommes (voir tableau 4.3). Ce
résultat est certainement dû au fait que les activités de
transformations agroalimentaires exercées à plein temps par les
femmes, ne les laissent pratiquement plus le temps de se consacrer aux
activités extra-agricoles. De plus, les devoirs de la femme au sein du
ménage ne lui laissent pas souvent le temps de pouvoir se consacrer
encore à une éventuelle activité extra-agricole. En effet
les femmes consacrent en moyenne 19% à 20% de leur temps aux
activités domestiques et sociales contre 12% à 13% chez les
hommes (MFPSS, 2002).
L'agriculture par exemple couvre seulement une partie de
l'année alors les agriculteurs profitent le plus souvent de la
période de soudure qui est élastique pour faire les
activités extra-agricoles. Au niveau des ménages peulhs, le chef
ménage laisse les enfants faire paître les animaux tandis que
lui-même s'occupe de ses activités extra-agricoles. Ils s'adonnent
souvent au commerce (achat pour revente des animaux d'élevage, il ne
s'agit pas des animaux de son troupeau); paradoxalement les Peulhs n'aiment pas
vendre leurs propres animaux, quelque soit la taille du troupeau. Les animaux
du troupeau ne sont vendus que quand ils sont malades ou quand le
propriétaire est dans un besoin pressant d'argent.
4-2- Revenu agricole et sexe
4-2-1- Analyse descriptive des revenus agricoles annuels
moyens des femmes et des hommes
L'un des objectifs du présent travail est d'analyser la
probable relation entre le sexe et les revenus agricoles. Il s'agit de voir si
il existe une différence entre le revenu des femmes et celui des hommes
ou si la distribution de leur revenu tient seulement compte du hasard. Ces
variations dépendront essentiellement des postes de dépenses
propres à chaque sexe et des recettes issues de leurs différentes
activités, mais aussi de la rigueur dans la gestion financière et
des stratégies propres à chaque sexe pour maintenir un niveau
suffisant de revenu.
L'analyse de la figure 4.2 révèle que les
revenus des hommes dépassent légèrement celui des femmes
à Zougou-Pantrossi et à Wèrè. Mais les femmes sont
plus actives à Boro car leurs revenus surpassent largement celui des
hommes dans ce village, la tendance inverse est observée à Lougou
où les hommes ont gagné en moyenne jusqu'a 980.000Fcfa, presque
le double du revenu des femmes.
Ces différents niveaux de revenus indiquent qu'il est
difficile de dire a priori qui gagnent le plus de revenu entre les hommes et
les femmes dans la commune de Gogounou. Afin de d'identifier la réelle
différence entre le revenu des hommes et des femmes, il est alors
nécessaire de procéder à un test de comparaison des
moyennes des revenus des deux sexes.
Figure 4.2 : revenus agricoles annuels
moyens des hommes et femmes de Gogounou
1200000
1000000
400000
800000
600000
200000
0
Lougou Zougou-
Pantrossi
Revenu agricole en fonction du sexe
Wèrè Boro
homme femme
4-2-2- Variation et dispersion des revenus agricoles selon
le sexe
Les activités des agents du ménage agricole ont
fait l'objet de plusieurs études qui révèlent qu'il n'y a
pas sur le plan de la participation à l'activité
économique de différence notable entre les sexes. Au
Bénin, le taux d'activités des femmes est de 47,7% en milieu
rural contre 50,2% chez les hommes (MFPSS, 2002). La différence
s'expliquerait par le retrait provisoire de la femme de l'activité
économique lors de la grossesse, de l'accouchement et de l'allaitement
des enfants perçu comme une entrave aux activités productives, un
manque à gagner, une perte de productivité et une source de
surcoûts.
Du moment où il n'existe pas de différence entre
le sexe sur le plan de la participation à l'activité
économique en milieu rural, il n'est pas étonnant que les
degrés de signification des différents tests de comparaison
à l'échelle villageoise et communale soient tous supérieur
à 5% (voir tableau 4.4). Alors, il n'existe pas de
différence entre le revenu agricole des hommes et le revenu agricole des
femmes dans la commune de Gogounou. En effet, le degré de
signification de ce test est largement au dessus de 5% donc il n'est pas
significatif. Plusieurs spécificités du monde rural peuvent
expliquer ces résultats qui ne sont pas étonnant vu les
difficultés du monde d'aujourd'hui où chaque individu lutte
durement pour pouvoir joindre les deux bouts. Le temps où les femmes
étaient toujours reléguées au second plan et
étaient passives sur le plan économique est désormais
révolu car de nos jours elles participent activement à la vie
économique de leurs localités au point de rivaliser avec les
hommes dans la constitution d'un revenu conséquent. Mais en dépit
du fait que les revenus ne varient pas en fonction du sexe selon les
résultats du test d'indépendance, le revenu agricole moyen des
hommes est légèrement supérieur à celui des femmes
à l'échelle communale.
Tableau 4.4 : Résultat du test
de comparaison des moyennes des revenus agricoles selon le sexe
|
Sexe
|
Effectif
|
Moyenne des revenus agricoles
|
Statistique t de Student
|
Degré de liberté
|
Degré de signification p
|
Lougou
|
Femmes
|
12
|
487.380
|
-0 ,965
|
43
|
0,34
|
Hommes
|
33
|
979.710
|
Zougou- Pantrossi
|
Femmes
|
9
|
448.770
|
-0,493
|
43
|
0,625
|
Hommes
|
36
|
558.520
|
Wèrè
|
Femmes
|
14
|
421.155
|
0,081
|
43
|
0,936
|
Hommes
|
31
|
433.295
|
Boro
|
Femmes
|
11
|
907.215
|
0,947
|
43
|
0,362
|
Hommes
|
34
|
585.750
|
Gogounou
|
Femmes
|
46
|
560.065
|
-0,504
|
178
|
0,615
|
Hommes
|
134
|
640.185
|
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces différents
résultats, par exemple les femmes sont présentent dans les
mêmes secteurs d'activités que les hommes, que ça soit
l'agriculture, l'élevage mais elles sont beaucoup plus actives dans le
secteur secondaire à travers les activités de transformations
agroalimentaires. Le seul fait que les hommes ne pratiquent pas les
activités de transformations agroalimentaires pourrait être
à l'origine d'une différence significative entre les revenus mais
ils s'impliquent beaucoup plus dans l'agriculture et l'élevage que les
femmes. En effet les superficies emblavées par les femmes ne
dépassent guère 1 Ha dans la plupart des cas, tandis que les
hommes mettent en valeur au minimum 2 Ha au cours de chaque campagne agricole
d'après les résultats des entretiens avec les différents
focus-groupes. Mais pendant que les femmes n'ont pas la force physique de
cultiver de grande superficie pour augmenter leur revenu, elles s'adonnent
à de multiples activités de transformations agricoles à
forte valeur ajoutée. Cette particularité justifie en partie
l'inexistence de différence entre les revenus agricoles des
différents sexes car ce qui est perdu pour l'un par la non-pratique de
telle activité est compensé par la pratique à un
degré plus fort de cette activité par l'autre. Cette
indifférence des revenus suivants le sexe est confirmée par la
grande variabilité observée au niveau des revenus des hommes et
des femmes en zone rural dans la commune de Gogounou. La figure 4.3 montre en
effet que les revenus des deux sexes
oscillent effectivement autour de 600.000 Fcfa même si
la dispersion est un peu plus faible chez les hommes que chez les femmes. Ceci
signifie que les hommes et les femmes, malgré la diversité des
activités qu'ils mènent, font face au même
réalité et aucun des deux groupes n'a encore trouvé la
solution miracle pour avoir plus de revenu que l'autre sexe, du moins en ce qui
concerne les revenus agricoles.
Figure 4.3 : Niveau de dispersion des
revenus agricoles suivant le sexe
Variabilité observée dans les revenus
agricoles
95% CI ACTAGR
1000000
400000
200000
800000
600000
0 1
SEXENQ
femme=0 homme=1
4-3- Revenu agricole et groupes d'activités
Le choix des villages devrant abriter les études est
fait suivant le niveau de désenclavement desdits villages. Mais ce choix
prend en aussi compte la présence des trois groupes d'activités
que sont l'agriculture, l'élevage et les activités de
transformations agroalimentaires. En effet, le test de la première
hypothèse consiste à établir s'il y a une relation entre
la variable revenu agricole (variable quantitative) et les variables sexe,
groupes d'activité et niveau d'éducation (nominale ou ordinale).
Dans les paragraphes précédents, nous avons déjà
mis en exergue l'inexistence d'une relation entre le revenu agricole et le sexe
des producteurs. Dans les paragraphes suivants également, nous
procéderons également au test de l'hypothèse selon
laquelle les revenus agricoles varient suivants les types
d'activités.
4-3-1- Analyse comparée des revenus agricoles
suivants les groupes d'activités L'agriculture est
l'activité la plus pratiquée dans la commune de Gogounou, elle
constitue l'activité principale de 50% des enquêtés contre
26,6% pour l'élevage et 24,4% pour les activités de
transformations agroalimentaires (voir figure 4.1). Mais cela ne veut dire pas
qu'elle est l'activité qui génère le plus de revenu car au
niveau communal, les éleveurs viennent en tête avec un revenu
agricole annuel moyen de 757.815 Fcfa. Les femmes qui sont
surtout très présentes dans les activités
de transformations agricoles gagnent au niveau communal en moyenne 564.380 Fcfa
puis les agriculteurs se retrouvent avec un revenu moyen de 576.175 Fcfa (voir
tableau 4.5). Les femmes de Zougou-pantrossi sont les plus actives et
dynamiques car c'est le seul village où la moyenne des revenus des
activités de transformations agro-alimentaires (609.835 Fcfa pour
être plus précis) est supérieure à celui des autres
activités. L'élevage est une activité qui
génère un revenu énorme à Lougou qui est le village
le plus enclavé des quatre. On serait tenter de dire que c'est dû
au fait qu'il existe de vaste pâturage dans ce village et que les animaux
se nourrissent convenablement, au point d'acquérir de grande valeur
marchande. En effet, les éleveurs de Lougou attribuent dans leurs
majorité de très faibles scores à la contrainte `'
Insuffisance d'aire de pâturage» et très peu de conflits
entre Baribas et Peulhs sont enrégistrés dans ce village. C'est
uniquement à Boro que les agriculteurs ont réalisé leur
meilleure performance avec un revenu annuel agricole moyen de 717.830Fcfa. Ce
revenu est légèrement supérieur à celui
dégagé par l'élevage pour le même village.
Wèrè est aussi le village où les femmes sont le moins
actives avec le plus faible revenu agricole dégagé par les
activités de transformations agroalimentaires puisqu'elles ne gagnent en
moyenne que 421.155 Fcfa. Wèrè est un village
désenclavé qui jouxte la route inter-états
Cotonou-Malanville et se trouve seulement à 5 kilomètres de
Gogounou-Centre. C'est dire que les femmes de Wèrè ne veulent pas
profiter de cet avantage géographique et économique unique, ce
village est caractérisé par une très faible
diversité de produits de transformations agro-alimentaires. C'est encore
à wèrè que les agriculteurs également ont
réalisé leur plus faible performance. Tout porte à croire
que la proximité du centre-ville à un impact négative sur
la production agricole ou les activités de transformations
agroalimentaires, et par ricochet sur le revenu agricole. En effet, les revenus
agricoles annuels moyens les plus élevés ont été
enregistrés dans les villages les plus enclavés
c'est-à-dire Lougou et zougou-pantrossi. La plupart des producteurs
habitant les villages désenclavés préfèrent
s'adonner à d'autres activités extra-agricoles en ville ou
émigrent à Kandi.
4-3-2- Variation des revenus agricoles suivant les groupes
d'activités
L'un des objectifs de l'étude est de voir si la
différence entre les revenus agricoles des différents groupes
d'activités est imputable au hasard ou si elle est significative. Il
s'agira donc de faire un test de comparaison de moyennes des revenus suivants
les différents groupes d'activités. Puisque le nombre de
modalité est supérieur à 2, car les revenus des
agriculteurs, des éleveurs et des femmes transformatrices seront prisent
en compte, l'analyse des variance ou ANOVA est utilisée pour tester
cette hypothèse. Les résultats du test sont consignés dans
le tableau 4.5.
Le test n'est pas significatif à 5% à
l'échelle communale car le degré de signification est largement
au-delà de 5%, ce qui signifie qu'il n'y a pas de
différence significative entre les revenus agricoles des agriculteurs,
des éleveurs et des femmes transformatrices. Ce n'est
qu'à Lougou que le test est significatif car le degré de
signification du test est supérieur à 5% dans les trois autres
villages d'étude. Le résultat de l'analyse des variances est
relativement prévisible vu la distribution des revenus par
activités dans les villages d'étude. L'agriculture,
l'élevage et les transformations agro-alimentaires dégagent alors
les mêmes revenus. En effet les producteurs ruraux dans le souci de
multiplier leurs sources de revenus ont opté pour la diversification des
activités. Ainsi un agriculteur est aussi éleveur et vice-versa,
seulement que les activités secondaires sont pratiquées à
un rythme modéré. Une femme transformatrice fait également
de l'agriculture et l'élevage de petits ruminants. Les revenus
dégagés par ces différentes activités ont
été pris en compte dans le calcul dans le calcul du revenu du
ménage. Les enquêtés ont juste été
classé suivants leur activités principales.
Tableau 4.5 : Résultat du test
de comparaison des moyennes des revenus agricoles selon les groupes
d'activités
|
Groupes d'activités
|
Effectif
|
Moyenne des revenus agricoles
|
Statistique
9 de
Fischer
|
Degré de liberté
|
Degré de signification p
|
Lougou
|
Agriculture
|
25
|
510.010
|
6,317
|
2
|
0,004
|
Elevage
|
8
|
2.395.310
|
Transformations
|
12
|
522.195
|
Zougou- Pantrossi
|
Agriculture
|
21
|
576.965
|
0,324
|
2
|
0,725
|
Elevage
|
15
|
436.060
|
Transformations
|
9
|
609.835
|
Wèrè
|
Agriculture
|
21
|
321.750
|
2,011
|
2
|
0,147
|
Elevage
|
10
|
667.540
|
Transformations
|
14
|
421.155
|
Boro
|
Agriculture
|
23
|
717.830
|
0,416
|
2
|
0,663
|
Elevage
|
13
|
711.855
|
Transformations
|
9
|
458.960
|
Gogounou
|
Agriculture
|
90
|
576.175
|
0,684
|
2
|
0,506
|
Elevage
|
46
|
757.815
|
Transformations
|
44
|
564.380
|
4-4- Revenu agricole et niveau d'éducation
4-4-1- Analyse comparée des revenus agricoles des
producteurs suivant leur niveau d'instruction
L'analyse des liens entre le niveau du revenu agricole et le
niveau d'instruction constitue l'un des sous-objectifs de la présente
étude. D'après le tableau 4.6, 82,2% des producteurs ne sont pas
instruits. Il serait intéressant de mesurer également l'impact de
niveau d'instruction7 sur le niveau du revenu agricole des
producteurs. Pour atteindre ce but, une comparaison des moyennes des revenus
des producteurs non-instruits et des producteurs instruits sera
nécessaire en procédant à une analyse de variance ou ANOVA
à un facteur afin d'apprécier la
7 La variable `niveau d'instruction' est
mesurée au niveau ordinal (aucun ou non-instruit, primaire, secondaire
et supérieure) car il est souvent difficile d'obtenir des producteurs
ruraux le nombre d'années d'éducation formelle
significativité de la différence entre le revenu
des produits instruits et celui des producteurs non-instruits . Mais il est
normal que ce test soit précédé d'une analyse brute des
données d'enquêtes comme elles se présentent au niveau des
villages d'étude et à l'échelle communal.
Tableau 4.6 : Niveau d'instruction des
producteurs ruraux dans la commune de Gogounou
Niveau d'instruction
|
Effectif
|
Fréquence (en pourcentage)
|
Moyenne des revenus agricoles
|
Producteurs non instruits
|
148
|
82,2
|
615.216,28
|
Producteurs instruits
|
32
|
17,7
|
640.551,09
|
Total
|
180
|
100
|
|
Les revenus des producteurs non-instuits
s'élèvent respectivement à 913.790 Fcfa et 723.915 Fcfa
dans les villages de Lougou et de boro contre 495.825 Fcfa et 475.965 Fcfa pour
les producteurs ayant le niveau du primaire des mêmes villages (voir
Tableau 4.7). Par contre, le revenu des producteurs ayant le niveau du primaire
dépasse celui des producteurs non instruits à Zougou-Pantrossi et
à Wèrè. Dans la commune de Gogounou, les revenus agricoles
moyens des producteurs ruraux s'élèvent respectivement à
615.220 Fcfa, 798.275 Fcfa, et 237.490 Fcfa pour ceux qui ne sont pas
instruits, ceux qui ont au moins le niveau du primaire et ceux qui ont atteint
le secondaire.
Paradoxalement les producteurs ayant atteint le niveau du
secondaire ne justifient pas d'un revenu agricole moyen excédant celui
des producteurs non instruits ou ayant fait le cours primaire dans aucun des
villages d'étude. Cette particularité est due au fait que la
plupart des producteurs ayant atteint un niveau élevé dans les
études ne mettent en valeur que de faibles superficies et investissent
beaucoup d'argent dans la rémunération des manoeuvres. Par
conséquent le revenu dégagé par leurs activités est
relativement faible comparé à celui des autres producteurs.
4-4-2- Variation et dispersion des revenus agricoles
suivant le niveau d'instruction D'après les résultats du
test consignés dans le tableau 4.7, il n'existe aucune différence
significative entre le revenu agricole et le niveau d'instruction car le test
n'est pas significatif à 5% (9 = 1,193 p = 0,306) et nous
concluons que les revenus agricoles ne varient pas en fonction du
niveau d'instruction.
Nos résultats convergent avec ceux d'une étude
réalisée par la Banque mondiale en 2003, cité dans le
document de Stratégie de Croissance pour la Réduction de la
Pauvreté, selon laquelle : « au-delà des trois
premières années d'école élémentaire qui
n'ont pas beaucoup d'impact sur le niveau des revenus, chaque année
d'étude supplémentaire suivi par le chef de famille apporte une
amélioration substantielle du niveau de rendement du ménage
quelque soit l'activité considérée». C'est
également vrai pour le niveau de consommation, car selon les
résultats de la même étude, entre deux ménages de
même taille et situés dans la même localité, celui
dont le chef a terminé les quatre années du cycle primaire aura
un niveau de consommation, en moyenne, 14% plus élevé que celui
dont le chef de famille n'a reçu aucune éducation » (SCRP,
2007). Or dans notre échantillon, la plupart des producteurs qui
constituent notre échantillon ayant atteint le primaire dépassent
à peine le Cours Elémentaire Niveau I (CE1), ce qui signifie
qu'il n'y a presque pas de différence entre ceux qui n'ont jamais
été à l'école et ceux qui ont fait le primaire. Ils
ne sont donc pas tellement différents de ceux qui ne sont pas instruits.
D'ailleurs certains parmis les producteurs ayant atteint le primaire ne peuvent
même pas s'exprimer en français et ils ont de réelles
difficultés à compter ou à réciter l'alphabet.
L'inexistence de relation entre les revenus agricoles moyens et le niveau
d'instruction peut être également due à la faible
représentativité des producteurs ayant atteint le secondaire dans
l'échantillon de départ.
Tableau 4.7 : Résultat du test
de comparaison des moyennes des revenus agricoles selon le niveau
d'instruction
|
Niveau d'instruction
|
Fréquence
|
Moyenne des revenus
|
Statistique F de Fischer
|
Degré de liberté
|
Degré de signification p
|
Lougou
|
Non instruit
|
38
|
913.790
|
0,317
|
2
|
0,804
|
Primaire
|
4
|
495.825
|
Secondaire
|
3
|
491.250
|
Zougou- Pantrossi
|
Non instruit
|
39
|
409.265
|
19,070
|
2
|
0,00
|
Primaire
|
6
|
1.364.065
|
Secondaire
|
0
|
0
|
Wèrè
|
Non instruit
|
35
|
445.685
|
1,093
|
2
|
0,344
|
Primaire
|
7
|
506.855
|
Secondaire
|
3
|
60.485
|
Boro
|
Non instruit
|
38
|
723.915
|
0,930
|
2
|
0,403
|
Primaire
|
4
|
475.965
|
Secondaire
|
3
|
160.735
|
Gogouno u
|
Non instruit
|
148
|
615.220
|
1,193
|
2
|
0,306
|
Primaire
|
23
|
798.275
|
Secondaire
|
9
|
237.490
|
La figure qui suit ce paragraphe met en relief la forte
variabilité des revenus des producteurs ruraux, le revenu de plusieurs
producteurs s'écarte de la moyenne calculée. Les producteurs
quoique faisant face à la même réalité
développent différentes stratégies pour s'assurer leurs
revenus. Certains font de l'agriculture intensive et vise l'ouverture sur le
marché tandis que d'autres font de l'agriculture en grande partie pour
l'autoconsommation. Tandis que d'autres font le bradage de leurs produits de
récoltes, d'autres préfèrent stocker d'abord leurs
récoltes pour spéculer plus tard sur les prix. Certaines
stratégies s'observent surtout chez les producteurs non instruits,
d'autres s'observent plus chez les producteurs instruits. Mais il y a d'autres
stratégies qui sont propres aux deux groupes de producteurs. Ces
différents comportements influencent considérablement le niveau
des revenus des différents ménages. C'est ce qui explique les
variabilités observées au niveau des producteurs mais les
variabilités sont plus importantes au niveau des producteurs ayant
atteint le niveau du primaire. En effet ces derniers sont à cheval entre
les producteurs non instruits et ceux qui ont atteint le niveau
du secondaire, car certains parmi eux développent des
comportements du premier groupe, tandis que d'autres adoptent des
stratégies du second groupes c'est-à-dire ceux qui ont atteint le
secondaire.
Figure 4.4 : Niveau de dispersion des
revenus agricoles suivant le niveau d'instruction
Mean +- 2 SE ACTAGR
1200000
1000000
400000
200000
800000
600000
0
0 1 2
EDULEVEL
Non instruit=0 Primaire=1 Secondaire=2
4-5- Conclusion partielle
Le chapitre VI fût essentiellement consacré
à l'évaluation et l'analyse des revenus agricoles annuels des
producteurs ruraux dans la commune de Gogounou. Dans la présente
étude, le terme producteur rural prend en compte tout individu
exerçant une activité de production, que ce soit l'agriculture,
l'élevage ou les transformations agro-alimentaires.
Ces trois types d'activités se retrouvent dans la zone
d'étude mais l'agriculture est l'activité la plus importante car
pratiqué par 50% des enquêtés, suivie de l'élevage
(26,6%). L'agriculture essentiellement pratiquée par les Baribas
dégage un revenu agricole annuel moyen de 576.175 Fcfa tandis que
l'élevage l'activité principale des Peulhs, dégage environ
757.815 Fcfa moyennement. Enfin les femmes transformatrices
bénéficient d'un revenu agricole moyen de 564.380 Fcfa à
l'échelle communale. Dans la commune de Gogounou, les producteurs ruraux
toutes catégories confondues réalisent un revenu agricole annuel
moyen de 619720 Fcfa. Ce revenu est relative faible comparé à
leur réelle besoin en financement. Un revenu faible empêche les
producteurs de dégager une capacité d'investissement minimale
dans les périodes où des liquidités seraient
nécessaires (pour employer de la main-d'oeuvre, l'acquisition des
intrants...). Dans un contexte où les producteurs ruraux doivent
pratiquement faire faces seules à cette situation de faible revenu, ils
ont recours à différentes activités extra-agricoles ou
développent plusieurs stratégies de financement.
Les résultats des différents tests statistiques
révèlent qu'il n'y pas de différence significative entre
le revenu agricole et le sexe, les types d'activités et le niveau
d'instruction au seuil de 5%. La première hypothèse de
l'étude n'est donc pas vérifiée et nous concluons que les
revenus agricoles des producteurs ne varient pas en fonction de leurs sexe, ni
en fonction de leurs activités, ni en fonction de leurs niveaux
d'éducation. La notion de revenu est plurifactorielle et ne
saurait dépendre unilatéralement des trois facteurs prisent en
compte pour l'étude. Ce travail s'intéresse également
à l'analyse d'une stratégie de financement particulière
qui est l'autofinancement des activités de production. Le chapitre
suivant sera donc consacré à l'analyse de la part des revenus
agricoles réinvestie par les femmes et les hommes.
CHAPITRE V
ANALYSE DE LA PART DU REVENU
AGRICOLE REINVESTIE DANS LES
ACTIVITES DE PRODUCTION AGRICOLE
5- ANALYSE DE LA PART DU REVENU ANNUEL REINVESTIE DANS
LES ACTIVITES DE PRODUCTION AGRICOLE
L'analyse de la part des revenus agricoles annuels
réinvestie par les producteurs ruraux constitue le deuxième
objectif de la présente étude. Il était donc
nécessaire dans le chapitre précédent d'évaluer les
revenus agricoles et d'analyser leurs variations selon le sexe, le type
d'activité ou le niveau d'éducation. L'autofinancement
représente l'un des moyens privilégiés de financement de
n'importe quelle entreprisse, elle constitue une stratégie de
financement fortement utilisée par les producteurs ruraux (hommes et
femmes). Alors dans le présent chapitre, il s'agira essentiellement
d'apprécier les variations de la part moyenne de réinvestissement
des revenus agricoles annuels dans les activités de production agricole
par les femmes et les hommes
5-1- Analyse des charges propres à chaque type
d'activité
La pratique des activités agricoles est soit purement
sociale, soit économique, soit social et économique. Car certains
producteurs visent tout simplement la survie de leurs familles en cherchant
seulement à garantir l'autosuffisance alimentaire au sein du
ménage et disposer d'un peu de liquidité pour faire face à
certains besoins sociaux. D'autres, par contre, font de l'agriculture, de
l'élevage ou les transformations agro-alimentaires dans un but
économique et c'est le profit maximum qui est visé. Tout se joue
pratiquement au niveau de la quantité des facteurs de productions mis en
oeuvre et des principales charges financières engagées dans les
pratiques des différentes activités. L'agriculteur a le choix
entre solliciter beaucoup de main d'oeuvre salariée ou peu de main
d'oeuvre salariée, il peut opter pour une agriculture intensive ou une
agriculture extensive. Un éleveur peut trouver judicieux d'utiliser des
compléments alimentaires qui sont relativement chères tandis
qu'un autre n'alimentera ces animaux qu'à partir des herbes disponibles
dans les prés. Une femme peut opter pour une activité de
transformation nécessitant des inputs très chers tandis qu'une
autre choisira une activité nécessitant moins de dépense.
L'un ou l'autre n'investisse pas les mêmes quantités d'argent dans
les différentes activités de production exercées.
L'analyse du tableau 5.1 montre que l'agriculture et les
activités de transformation agricole constituent les activités
qui nécessitent le plus d'investissement de la part des producteurs
ruraux. En effet, à l'échelle communale, les femmes
dégagent en moyenne 1.173.740 Fcfa pour faire face aux charges relatives
aux activités de transformation agro-alimentaires. Les agriculteurs
doivent débourser en moyenne 586.330 Fcfa. L'élevage
représente l'activité qui
nécessite le moins de charges car les animaux se
nourrissent facilement dans la nature. Les éleveurs de Gogounou
dépensent donc seulement 69.420 Fcfa en moyenne pour les soins
vétérinaires et les compléments alimentaires (sac de sels,
pierre à lécher...).
Tableau 5.1 : Charges relatives aux
différentes activités de productions
Niveau village et communal
|
Minimum
|
Maximum
|
Moyenne
|
Agriculture
|
Elevage
|
Transformation
|
Agriculture
|
Elevage
|
Transformation
|
Agriculture
|
Elevage
|
Transformation
|
Lougou
|
53.300
|
6.850
|
115.200
|
2.712.000
|
1.070.000
|
1.278.000
|
751.295
|
176.545
|
687.800
|
Zougou
|
0
|
5.900
|
84.000
|
1.430.160
|
57.000
|
19.550.000
|
552.315
|
29.545
|
2.708.990
|
Wèrè
|
31.500
|
12.000
|
171.000
|
2.115.800
|
140.000
|
1.692.000
|
484.805
|
41.890
|
648.950
|
Boro
|
43.200
|
0
|
32.400
|
4.480.540
|
456.500
|
3.120.000
|
530.770
|
64.370
|
831.300
|
Gogounou
|
0
|
0
|
32.400
|
4.480.540
|
1.070.000
|
19.550.000
|
586.330
|
69.420
|
1.173.740
|
Dans tous les villages à l'exception de Lougou, les
charges des activités de transformations agricoles sont
supérieures aux charges des autres activités de production
agricole (voir figure 5.1). Les postes de dépenses au niveau de
l'agriculture se résument à la rémunération de la
main-d'oeuvre pour les différentes opérations culturales,
l'acquisition des intrants agricoles. Or les agriculteurs ont la
possibilité de réduire considérablement les
dépenses, par exemple un agriculteur mobilisant fortement la
main-d'oeuvre familiale baissent de façon significative les coûts
liés aux activités agricoles. Tandis que dans le secteur des
transformations agroalimentaires, la plupart des dépenses sont
incompressible et inévitable. Une femme qui fait par exemple le fromage
de soja a nécessairement besoin d'acheter pendant toute l'année
le soja pour le faire. Ce qui nécessite énormément de
dépense surtout que le prix du soja fluctue énormément au
cours de la même année et que les revenus issus de cette
activité sont par ailleurs relativement faibles. Même si elle doit
disposer elle-même de son champ de soja, elle n'a souvent pas la force de
cultiver de grande superficie dont elle exploitera la récolte pour la
transformation. Même si elle a de l'argent pour payer de la main-d'oeuvre
pour l'aider, cette main-d'oeuvre (c'est l'une des contraintes liées au
financement agricoles soulevées par les femmes) n'est pas toujours
disponible car les manoeuvres préfèrent travailler d'abord dans
le champ des hommes. Et quand ils sont prêt pour travailler le champ de
femme, les bonnes
périodes de labour ou de semis sont déjà
passer car la pluie s'arrête déjà en se moment. En
conclusion, les femmes doivent engager de grandes dépenses pour pouvoir
mener continuellement leurs activités de transformations
agroalimentaires. Ces raisons expliquent à notre avis le niveau
élevé des charges relatives aux activités de
transformations par rapport aux charges relatives à l'agriculture et
à l'élevage.
Figure 5.1 : Niveau moyen des charges
relatives aux différentes activités de productions agricoles
3000000 2500000 2000000
|
|
|
|
1500000 1000000 500000 0
|
|
Agriculture Elevage Transformation
|
|
|
|
Lougou Zougou Wèrè Boro
|
|
|
5-2- Analyse de la part moyenne du revenu
réinvestie.
Le calcul de la part des revenus agricoles réinvestie
nécessite la connaissance des revenus l'année
précédente. Les producteurs ont fourni des informations relatives
à leur production de l'année précédente, la
quantité prélevée pour usages personnels
(auto-consommation, dons, constitution du stock de semences pour la campagne
suivante, nombre d'animaux tué pour consommation au sein du
ménage...) et la quantité vendue (nombre de sac et prix unitaire,
nombre d'animaux vendu et les prix unitaires, nombre d'unité de produits
de transformations agricoles vendu et prix unitaire...) a permis le calcul des
recettes engrangées l'année précédente. Les
dépenses engagées (rémunération de la
main-d'oeuvre, paiement des frais de vaccination, paiement des bouviers,
transport...) toujours au cours de l'année précédente par
le producteurs ont été déduit de ces recettes totales pour
le calcul du revenu agricole.
Les quantités de charges relatives à chaque
activité de production agricole montrent que la transformation
agro-alimentaire représente une activité qui nécessite
d'énormes charges, comparée à l'agriculture et à
l'élevage. Ce qui signifie que les femmes rurales doivent
dépenser plus d'argent que les hommes pour mener leurs
activités.
La lecture du tableau 5.2 permettre de réaliser combien
de fois la part moyenne des revenus agricoles réinvestie par les
femmes est supérieure à la part de réinvestissement des
hommes.
Dans tous les villages à l'exception de Boro, les
femmes rurales réinvestissent plus du double de leur revenu pour
financer les activités de transformations agricoles. Cette part moyenne
de réinvestissement des femmes est particulièrement très
élevée à Zougou-Pantrossi car elle s'élève
à 293,32% pour ces dernières contre 19,58% pour les agriculteurs
et les éleveurs. C'est uniquement à Boro que le niveau du revenu
réinvesti par les hommes (80,15%) est supérieur à celui
des femmes (68,10%). Tandis que dans tous les autres villages, ces braves dames
réinvestissent leurs revenus bien plus que les hommes. La figure 5.2
montre clairement que les femmes investissent en général plus de
200% des revenus qu'elles tirent des transformations agricoles. En effet,
à l'échelle communale, la part moyenne de réinvestissement
des revenus agricoles s'élève respectivement à 201,79% et
37,67% pour les femmes et les hommes. Mais contrairement à la part
réinvestie dans les activités agricoles, la part des revenus
agricoles investie dans les besoins sociaux est plus élevée chez
les hommes que chez les femmes. D'après le tableau 5.3, 43,86% des
revenus des hommes sont investis surtout dans les cérémonies
(mariages multiples, cérémonies traditionnelles...),
l'acquisition des biens matériels (achat de moto) puis la santé
et l'éducation tandis que les femmes n'investissent que 18,30% de leurs
revenus dans les besoins sociaux. Les femmes contribuent le plus souvent au
revenu du ménage avec cette fraction de leur revenu propre. D'ailleurs,
selon Odjouola (2007), les raisons qui motivent les femmes à exercer les
activités génératrices de revenus sont l'entretien des
enfants, la satisfaction des besoins personnelles, l'apport d'aide au mari pour
l'entretien du ménage.
La part du revenu réinvestie dans les activités
agricoles est très faible aux niveau des agriculteurs et des
éleveurs, ceux-ci préfèrent investirent une partie
significative de leur revenu dans l'acquisition de biens matériels, les
cérémonies et accessoirement dans les loisirs. Seulement 37,67%
revient aux activités agricoles, les producteurs optent pour
l'exploitation de la main-d'oeuvre familiale en majorité, ce qui limite
considérablement la capacité de production des ménages car
c'est seulement de faibles superficies qui sont mise en valeur dans ce cas.
Plusieurs théories de l'économie du développement lient le
sous-développement au faible taux de réinvestissement des revenus
dans les systèmes de production agricole en milieu rural
africain. Il urge qu'un programme visant l'accroissement de la
part réinvestie dans les activités agricoles soit
élaboré. Ce programme sera subdivisé en de micro-projets
(dirigés par les ONG locales) dont le principal objectif est de
rehausser la capacité de financement des producteurs, en les incitant
à augmenter la part de leur revenu qu'ils investissent dans la
production agricole.
Tableau 5.2 : Résultat du test
de comparaison des parts moyennes de réinvestissement des revenus
agricoles.
|
Sexe
|
Effecti f
|
Part réinvestie (en %)
|
Statistique t de
Student
|
Degré de
liberté
|
Degré de signification p
|
Différence des moyennes (en %)
|
Lougou
|
Homme
|
|
|
1
,643
|
43
|
0
,124
|
184,77
|
|
|
33
|
58,90
|
|
|
|
|
|
Femme
|
|
|
|
|
|
|
|
|
12
|
243,67
|
|
|
|
|
Zougou-
|
Homme
|
|
|
1,148
|
43
|
0,021
|
273,74
|
Pantrossi
|
|
36
|
19,58
|
|
|
|
|
|
Femme
|
|
|
|
|
|
|
|
|
9
|
293,32
|
|
|
|
|
Wèrè
|
Homme
|
|
|
|
|
|
220
,08
|
|
|
31
|
19,63
|
|
|
|
|
|
|
|
|
3,058
|
43
|
0,009
|
|
Femme
|
|
|
|
|
14
|
239,71
|
|
|
|
|
Boro
|
Homme
|
|
|
|
|
|
-11,16
|
|
|
34
|
80,15
|
|
|
|
|
|
|
|
|
-0,095
|
43
|
0,925
|
|
Femme
|
|
|
|
|
11
|
68,10
|
|
|
|
|
Gogounou
|
Homme
|
|
|
|
|
|
164
,125
|
|
|
134
|
37,67
|
|
|
|
|
|
|
|
|
3,883
|
178
|
0,00
|
|
Femme
|
|
|
|
|
46
|
201,79
|
|
|
|
|
Tableau 5.3 : Part des revenus investie
dans les besoins sociaux
Sexe
|
Effectif
|
Part moyenne des revenus réinvestie dans les autres
besoins (en %)
|
Femme
|
46
|
18,30
|
Homme
|
134
|
43,86
|
Figure 5.2 : Evolution des parts
moyennes de réinvestissement des revenus agricoles suivant les villages
et le sexe
350 300 250
|
|
|
|
200 150
|
|
Homme Femme
|
100 50 0
|
|
|
|
Lougou Zougou Wèrè Boro
|
|
|
Les fortes valeurs de la part du revenu réinvestie par
les femmes dépendent en partie de la formule8 qui permet de
calculer cette part du revenu réinvestie. En effet, plus la composante
RNAEt-1 de la fraction est faible, plus la part du revenu réinvesti est
élevé. Or d'après le tableau 4.5, la transformation
agricoles représentent l'activité qui génère le
moins de revenu à l'échelle communale. A Gogounou, les femmes
transformatrices gagnent en moyenne 564.380 Fcfa par an tandis que les
éleveurs se retrouvent avec 757.815 Fcfa. Par ailleurs, les charges
relatives aux activités de transformations agricoles sont les plus
élevées par rapport aux charges liées à
l'agriculture et à l'élevage (Voir tableau 5.1). Ce qui signifie
qu'en dépit des faibles revenus des femmes, elles doivent
débourser plus d'argent que les autres producteurs ruraux pour
exécuter quotidiennement ces activités de transformations
agricoles. Toutes ces conditions réunies, la part du revenu agricole
réinvestie par les femmes sera inexorablement supérieure à
cette même part chez les hommes qui font exclusivement de l'agriculture
et l'élevage. L'autre raison qui explique ces fortes valeurs des parts
moyennes de revenus réinvesties au niveau des femmes, est qu'elles
puisent en réalité de l'argent de leur
RINV
8 t
PRE = * 100 Ott, PREt est la part du revenu
réinvestie dans les activités agricoles à l'année
t,
t RNAE t -1
RINVt est le montant investi dans la production agricole à
l'année t imputable au revenu agricole annuel du producteur
RNAEt-1 au temps t-1.
chiffre d'affaire - c'est-à-dire des recettes
réalisées- pour financer à chaque fois leurs
activités de transformations agricoles. Or le calcul de la part
réinvestie tient compte des revenus calculés à partir des
données d'enquêtes, d'ailleurs en économie classique c'est
le bénéfice qui est réinvestie. Mais dans la plupart des
entreprises agricoles africaines, l'individu ne fait souvent pas de distinction
entre ses revenus et son chiffre d'affaire. Il réinvestit tout
simplement les fonds dont il dispose au moment où il doit faire des
investissements. Afin de mieux illustrer cet aspect, prenons l'exemple d'une
femme qui fait du fromage de soja. Pour une année, elle a besoin de
2.500 Fcfa pour la préparation, puis elle fait un chiffre d'affaire de
3.500 Fcfa soit un profit de 1.000 Fcfa. Contre tenu des charges liées
à cette activité, cette dame investira de nouveau 2.500 à
partir des recettes de l'année précédente. La part de
revenu réinvestie par cette femme s'élève
déjà à 250% puisque cette part est calculée
à partir du profit de 1000 Fcfa réalisé la année
précédente.
les résultats du test de comparaison des moyennes
montre que les parts moyennes du revenu agricole réinvesties varie en
fonction du sexe (t=3,83 p=0,00) au seuil de 1%, donc le test est hautement
significatif (voir tableau 5.2). La différence entre les deux moyennes
étant supérieure à 0, nous concluons que la
deuxième hypothèse de vérifiée et que la
part de réinvestissement des revenus agricoles annuels dans les
activités de production agricole des femmes est supérieure
à celle des hommes. Toutefois le test n'est pas significatif
à Zougou-pantrossi et à Boro. Dans ces deux villages,
l'agriculture et les transformations agricoles sont pratiqués par les
femmes presque au même niveau, cette particularité entraîne
donc une tendance baissière des parts de réinvestissement des
revenus agricoles. Les raisons de la faiblesse de la part du revenu agricole
réinvestie pour l'agriculture ont été
évoquées dans nos analyses antérieures. Mais en
résumé, ceux qui pratiquent l'agriculture peuvent mettre en place
plusieurs stratégies pour limiter au maximum l'injection de capitaux
dans l'agriculture contrairement à la pratique des transformations
agricoles. Donc la part de réinvestissement d'une femme qui fait
à la fois de l'agriculture et les transformations agro-alimentaires
devrait être inférieure à la part de
réinvestissement d'une femme qui fait uniquement de la transformation
agro-alimentaire. En effet, cette dernière n'a pas la possibilité
de réduire ces charges et elles bénéficient uniquement des
revenus issus de la transformation agroalimentaire. Mais en fait, les femmes ne
s'occupent que de leurs activités tandis que les hommes sont des chefs
de ménages et doivent faire face à beaucoup d'autres charges
familiales. Dans ces conditions, une femme n'hésitera pas à
investir une grande partie de ses revenus pour conduire ses activités de
transformations agricoles.
5-3- Conclusion partielle
En économie classique, l'autofinancement constitue
l'une des sources de financement de toutes entreprises et dépend
directement du cash-flow. En production agricole également, les
producteurs ruraux ont également recours à l'autofinancement en
utilisant une partie de leur revenu agricole pour financer les activités
de production.
Le second objectif de cette étude est de
déterminer la part du revenu agricole que les producteurs
réinvestissent pour financer les activités de production agricole
dans la commune de Gogounou. Afin de mieux apprécier ce
paramètre, la connaissance des charges relatives à chaque
activité de production s'avère nécessaire. Selon les
résultats de notre étude, les charges liées à
chaque activité s'élèvent respectivement à
1.173.740 Fcfa, 586.330 Fcfa et 69.420 Fcfa pour les transformations
agro-alimentaires, l'agriculture et l'élevage dans la commune de
Gogounou. La transformation des produits agricoles relevant du secteur
secondaire et occupant exclusivement les femmes représente donc
l'activité qui nécessite le plus d'investissement. En effet, la
pratique de la transformation agricole requiert d'énormes
dépenses incompressibles contrairement à l'agriculture et
l'élevage où l'utilisation de différentes
stratégies permette de réduire sensiblement les
investissements.
D'ailleurs, la part de
réinvestissement des revenus agricoles des hommes pratiquant
exclusivement l'agriculture et l'élevage s'élève en
moyenne à 37,67% contre 201,79% chez les femmes transformatrices. Il
existe une différence hautement significative entre la part de
réinvestissement des femmes et des hommes au seuil de 1%. Nous concluons
donc que la part de réinvestissement des revenus agricoles
annuels dans les activités de production agricole des femmes est
supérieure à celle des hommes, c'est-à-dire que
l'hypothèse 2 de l'étude est vérifiée. Le
réinvestissement des revenus agricoles constitue une des
stratégies de financement agricoles qu'il convient d'améliorer au
niveau des hommes. Le chapitre suivant présente l'analyse des autres
stratégies de financement agricoles.
CHAPITRE VI
ANALYSE DES AUTRES STRATEGIES
DE FINANCEMENT DES ACTIVITES
AGRICOLES DEVELOPPEES PAR LES
PRODUCTEURS RURAUX
6- ANALYSE DES STRATEGIES DE FINANCEMENT DEVELOPPEES
PAR LES PRODUCTEURS RURAUX
La pratique des activités de productions agricoles
constitue la première source de revenu des producteurs ruraux dans la
commune de Gogounou. Par ailleurs, les revenus dégagés par ces
activités de productions sont relativement faibles par rapport aux
énormes besoins en financement des producteurs. Dans un environnement
où l'accès au crédit est difficile, les producteurs ont
développé diverses stratégies pour financer leurs
activités de productions agricoles, au lieu de considérer cette
situation comme une fatalité. Ces stratégies sont pour certaines,
héritées des ancêtres, copiées chez un proche ou
empiriques. Le réinvestissement des revenus représente l'une des
stratégies auxquelles les producteurs ont recours pour financer les
activités agricoles. Suite à l'analyse de cette stratégie
qui a été faite dans le chapitre précédent, le
chapitre présent sera consacré à l'analyse des autres
stratégies de financement. Il s'agira d'analyser les relations entres
ces différentes stratégies et le sexe, les activités de
production et le niveau d'éducation. Ces stratégies
reflètent la façon dont les producteurs trouvent des solutions
face aux problèmes qui se posent à eux, elles tiennent d'une
rationalité que seuls ceux-ci peuvent expliquer car la plupart de ces
multiples stratégies ressort seulement de la logique paysanne.
6-1- Stratégies à court terme
Ces stratégies permettent souvent aux producteurs de
satisfaire des besoins ponctuels, car ils trouvent ainsi le cash
nécessaire pour la rémunération des manoeuvres ou
l'exécution d'une étape du processus de transformation des
produits agricoles. La plupart de ses stratégies permettent de
contourner la nécessité de prendre du crédit auprès
des institutions de micro-finances.
6-1-1- Achat à crédit
L'achat à crédit consiste à
acquérir à crédit, auprès d'un fournisseur, un
élément nécessaire à un instant t à
l'exécution des activités de productions agricoles. C'est le cas
d'un éleveur qui achète un sac de sel à crédit pour
nourrir ses animaux à un moment où il ne dispose plus de
liquidité or le sel constitue un élément important dans
l'alimentation des boeufs. La dette est en général
remboursée à la récolte ou lorsque l'argent du coton est
enfin payé. D'après les entretiens avec les focus-groupes, c'est
seulement les producteurs qui justifient d'un niveau de revenu relativement
suffisant qui s'essayent à cette stratégie, sinon que dans la
plupart des cas les plus pauvres préfèrent d'autres
stratégies comme le gage. En effet, les fournisseurs ont du
mal à faire confiance à cette dernière
catégorie de producteurs. Mais 61,7% des producteurs achètent
à crédit, ce qui signifie qu'il s'agit d'une stratégie
adoptée par la plupart des producteurs ruraux.
6-1-1-1- Etude de la relation entre l'achat à
crédit et le sexe
D'après le tableau 6.1, 74,8% de ceux qui adoptent
cette stratégie sont des hommes. Mais ce fort pourcentage observé
au niveau des hommes est dû essentiellement au fait que
l'échantillon est constitué d'homme à 74,44% d'hommes.
D'ailleurs, il n'existe aucune relation entre cette stratégie et le sexe
au seuil de 5% d'après les résultats du test de Khi-Deux
(valeur de x2 = 0,017, p=0,897) car 60,9% des femmes et 61,9%
des hommes pratiquent cette stratégie de financement des
activités de production agricole. Globalement les revenus des
producteurs, homme comme femme, ne sont pas toujours à la hauteur des
charges liées à leurs activités, alors ils ont tous
recours à l'achat à crédit à un moment
donné.
Tableau 6.1 : Relation entre la
stratégie `'achat à crédit» et le sexe
|
|
Achat à crédit
|
Total
|
Oui
|
Non
|
Producteurs ruraux
|
Femme
|
Effectif
|
28
|
18
|
46
|
Intra-groupes
|
60,9%
|
39,1%
|
100,0%
|
Inter-groupes
|
25,2%
|
26,1%
|
25,6%
|
Homme
|
Effectif
|
83
|
51
|
134
|
Intra-groupes
|
61,9%
|
38,1%
|
100,0%
|
Inter-groupes
|
74,8%
|
73,9%
|
74,4%
|
Total
|
Effectif
|
111
|
69
|
180
|
Intra-groupes
|
61,7%
|
38,3%
|
100,0%
|
Inter-groupes
|
100,0%
|
100,0%
|
100,0%
|
Valeur de x2 : 0,017 ddl=1 p =0,897
6-1-1-2- Etude de la relation entre l'achat à
crédit et les groupes d'activités
Le tableau 6.2 révèle qu'il existe une relation
hautement significative entre les groupes d'activités et la
stratégie `'achat à crédit» (Valeur de x2
= 26,437 p=0,00). Il s'agit là d'une stratégie qui est
très employée par les agriculteurs (63,1%) suivis des femmes
transformatrices (23,4%). Seulement 32,6% des éleveurs ont recours
à l'achat à crédit contre 77,8% des agriculteurs et 59,1%
des femmes, car ils peuvent vendre à tout moment quelques animaux de
leur cheptel dès qu'ils sont en difficulté économique. De
plus, les charges liées à l'élevage sont relativement
faibles par rapport aux charges des autres activités et l'agriculteur
doit nécessairement atteindre une prochaine récolte pour
commencer à avoir du cash en main. Ce sont là, les principales
raisons qui justifient la liaison entre le recours à l'achat à
crédit et les groupes d'activités.
Tableau 6.2 : Relation entre la
stratégie »achat à crédit» et les groupes
d'activités
|
|
Achat à crédit
|
Total
|
Oui
|
Non
|
Producteurs ruraux
|
Agriculture
|
Effectif
|
70
|
20
|
90
|
Intra-groupes
|
77,8%
|
22,2%
|
100,0%
|
Inter-groupes
|
63,1%
|
29%
|
50%
|
Elevage
|
Effectif
|
15
|
31
|
46
|
Intra-groupes
|
32,6%
|
67,4%
|
100,0%
|
Inter-groupes
|
13,5%
|
44,9%
|
25,6%
|
Transformation
|
Effectif
|
26
|
18
|
180
|
Intra-groupes
|
59,1%
|
40,9%
|
100,0%
|
Inter-groupes
|
23,4%
|
26,1%
|
24,4%
|
Total
|
Effectif
|
111
|
69
|
180
|
Intra-groupes
|
61,7%
|
38,3%
|
100%
|
Inter-groupes
|
100%
|
100%
|
100%
|
Valeur de x2 = 26,437 ddl = 2 p= 0,00
6-1-1-3- Etude de la relation entre l'achat à
crédit et le niveau d'éducation
Pour la conduite des opérations liées aux
différentes activités de productions agricoles, la
stratégies `'achat à crédit» est adoptée
à 79,3% par les producteurs non-instruits, suivis des producteurs ayant
atteint le primaire (16,2%), puis de ceux ayant atteint les cours secondaires
(4,5%). Le test de khi-deux (Valeur de x2 = 3,126 p=0,209)
révèle qu'il n'existe aucune relation entre cette
stratégie et le niveau d'éducation des producteurs à 5%
(voir tableau 6.3). C'est certainement dû à la faible
représentativité des producteurs instruits dans
l'échantillon. De plus, tout être humain qu'il soit instruit ou
pas a des problèmes d'argent et n'hésitera pas à faire des
achats à crédit si il en avait la possibilité.
Tableau 6.3 : relation entre la
stratégie »achat à crédit» et le niveau
d'éducation
|
|
Achat à crédit
|
Total
|
Oui
|
Non
|
Producteurs ruraux
|
Non-instruit
|
Effectif
|
88
|
60
|
148
|
Intra-groupes
|
59,5%
|
40,5%
|
100,0%
|
Inter-groupes
|
79,3%
|
87,0%
|
82,2%
|
Primaire
|
Effectif
|
18
|
5
|
23
|
Intra-groupes
|
78,3%
|
21,7%
|
100,0%
|
Inter-groupes
|
16,2%
|
7,2%
|
12,8%
|
Secondaire
|
Effectif
|
5
|
4
|
9
|
Intra-groupes
|
55,6%
|
44,4%
|
100,0%
|
Inter-groupes
|
4,5%
|
5,8%
|
5,0%
|
Total
|
Effectif
|
111
|
69
|
180
|
Intra-groupes
|
61,7%
|
38,3%
|
100,0%
|
Inter-groupes
|
100,0%
|
100,0%
|
100,0%
|
Valeur de x2 = 3,126 ddl = 2 p=0,209
6-1-2- Bradage
Le bradage est très fréquent en milieu rural et
consiste à se débarrasser d'une marchandise à bas prix.
Aussi certains producteurs, face aux difficultés de trésorerie
qu'ils rencontrent, bradent donc leurs produits de récoltes ou leurs
animaux d'élevage. Alors, ils réduisent les prix de leurs
productions pour vite écouler tout ou une partie de leurs stocks, afin
de trouver l'argent nécessaire pour satisfaire un besoin urgent. Les
commerçants sont évidemment à l'affût, afin de
profiter de ses occasions pour faire une bonne affaire. Un sac de maïs qui
devrait être vendu en moyenne à 15.000 Fcfa est facilement
cédé à 8.000 Fcfa parfois même jusqu'à 5.000
Fcfa ou encore un éleveur qui n'hésite pas à vendre
à vendre à 100.000 Fcfa un boeuf dont la valeur marchande normale
avoisinerait 250.000 Fcfa, juste pour avoir de l'argent et pouvoir vacciner les
autres animaux.
6-1-2-1- Etude de la relation entre le bradage et le
sexe
L'analyse du tableau 6.4 montre que le bradage est beaucoup
plus répandu au niveau des hommes car pratiqué à 83,5% par
les hommes. Parmi les 46 femmes de l'échantillon, seulement 15 ont
recours au bradage. La conduite des activités de transformation
agroalimentaire ne permet pas le bradage. Les femmes qui pratiquent le bradage,
bradent en fait leurs produits de récolte car l'agriculture constitue
leurs activités secondaires. Cette disparité observée au
niveau de la pratique du bradage par les hommes et les femmes est
confirmée par les résultats du test de Khi-deux qui est hautement
significative. C'est-à-dire qu'il existe une relation entre la pratique
du bradage et le sexe des producteurs ruraux au seuil de 1% (valeur du
x2 = 7,962 p=0,005).
Tableau 6.4 : Relation entre
`'bradage» et sexe
|
|
Bradage
|
Total
|
Oui
|
Non
|
Producteurs ruraux
|
Femme
|
Effectif
|
15
|
31
|
46
|
Intra-groupes
|
32,6%
|
67,4%
|
100,0%
|
Inter-groupes
|
16,5%
|
34,8%
|
25,6%
|
Homme
|
Effectif
|
76
|
58
|
134
|
Intra-groupes
|
56,7%
|
43,3%
|
100,0%
|
Inter-groupes
|
83,5%
|
65,2%
|
74,4%
|
Total
|
Effectif
|
91
|
89
|
180
|
Intra-groupes
|
50,6%
|
49,4%
|
100,0%
|
Inter-groupes
|
100,0%
|
100,0%
|
100,0%
|
Valeur de x2 = 7,962 ddl = 1 p= 0,005
6-1-2-2- Etude de la relation entre le bradage et les
groupes d'activités
D'après les résultats du tableau 6.5, les
agriculteurs pratiquent à 67,8% le bradage des produits de
récolte contre 37% et 29,5% respectivement au niveau des éleveurs
et des femmes transformatrices. L'agriculture en lui-même est une
activité qui nécessite beaucoup de charges surtout en
période de forte activité (pour la rémunération de
la main-d'oeuvre et l'acquisition des intrants). Les agricultures qui ne
veulent pas limiter les superficies à emblaver, juste par manque de
moyens financiers, bradent en masse leurs stocks restants. L'objectif est de
pouvoir recruter assez de main-d'oeuvre salariée, pour parer aussi bien
à l'insuffisance de la main-d'oeuvre familiale culturale, mais
également pour tenir dans le calendrier cultural.
Au niveau communal, 50,6% des producteurs ont recours au
bradage pour financer les activités de productions agricoles dont 67%
d'agriculteurs, 18,7% d'éleveurs, et 14,3% de
transformatrices. Ces différentes distributions sont
expliquées par la haute significativité du test de khi-deux entre
la stratégie `'bradage» et les groupes d'activités (tableau
5). Nous concluons donc qu'on peut établir une relation entre cette
stratégie et les différentes activités de production
agricole.
Tableau 6.5 : relation entre la
stratégie »bradage» et les groupes d'activités
|
|
Bradage
|
Total
|
Oui
|
Non
|
Producteurs ruraux
|
Agriculture
|
Effectif
|
61
|
29
|
90
|
Intra-groupes
|
67,8%
|
32,2%
|
100,0%
|
Inter-groupes
|
67,0%
|
32,6%
|
50,0%
|
Elevage
|
Effectif
|
17
|
29
|
46
|
Intra-groupes
|
37,0%
|
63,0%
|
100,0%
|
Inter-groupes
|
18,7%
|
32,6%
|
25,6%
|
Transformation
|
Effectif
|
13
|
31
|
44
|
Intra-groupes
|
29,5%
|
70,5%
|
100,0%
|
Inter-groupes
|
14,3%
|
34,8%
|
24,4%
|
Total
|
Effectif
|
91
|
89
|
180
|
Intra-groupes
|
50,6%
|
49,4%
|
100,0%
|
Inter-groupes
|
100,0%
|
100,0%
|
100,0%
|
Valeur de x2 = 21,852 ddl=2 p= 0,00
6-1-2-3- Etude de la relation entre le bradage et le
niveau d'éducation des producteurs ruraux
La relation qui existe entre le bradage et le sexe d'une part,
entre le bradage et les activités agricoles d'autres part, ne se
retrouve pas entre le bradage et le niveau d'éducation des producteurs.
Le test de khi-deux (valeur de x2= 4,044 p=0,132) montre la relation
entre la stratégie `'bradage» et le niveau d'éducation des
producteurs n'est pas significative à 5% (voir tableau 6.6). Ce
résultat est dû au fait que les producteurs, toute
catégorie confondue, sont confrontés au même
problème de manque de liquidité. Le bradage constitue une
stratégie commune pour les producteurs pour avoir du cash en main afin
de satisfaire un besoin urgent.
Tableau 6.6 : relation entre le bradage
et le niveau d'éducation
|
|
Bradage
|
Total
|
Oui
|
Non
|
Producteurs ruraux
|
Non-instruit
|
Effectif
|
70
|
78
|
148
|
Intra-groupes
|
47,3%
|
52,7%
|
100,0%
|
Inter-groupes
|
76,9%
|
87,6%
|
82,2%
|
Primaire
|
Effectif
|
16
|
7
|
23
|
Intra-groupes
|
69,6%
|
30,4%
|
100,0%
|
Inter-groupes
|
17,6%
|
7,9%
|
12,8%
|
Secondaire
|
Effectif
|
5
|
4
|
9
|
Intra-groupes
|
55,6%
|
44,4%
|
100,0%
|
Inter-groupes
|
5,5%
|
4,5%
|
5,0%
|
Total
|
Effectif
|
91
|
89
|
180
|
Intra-groupes
|
50,6%
|
49,4%
|
100,0%
|
Inter-groupes
|
100,0%
|
100,0%
|
100,0%
|
Valeur de x2 = 4,044 ddl= 2 p=0,132
6-1-3- Le recours au marché parallèle
Cette stratégie consiste tout simplement à
vendre ou à acheter des intrants dans un circuit informel. Il s'agit
d'une stratégie qui est beaucoup plus pratiquée par les
agriculteurs dans l'optique, d'une part d'avoir un surplus d'argent pour faire
face aux charges liées à cette activité (voir
encadré 6.1), d'autre part de pouvoir mettre en valeur plus de friches.
L'agriculture constitue, en effet, l'une des activités où
l'acquisition des intrants et la rémunération de la main-d'oeuvre
représente les plus importants postes de dépenses. Cette
particularité de l'agriculture figure parmi les raisons qui explique la
relation hautement significative (?2= 18,336 p=0,00) entre les
groupes d'activités et le recours au marché parallèle. Les
agriculteurs, qui vendent leurs intrants dans le marché
parallèle, déclarent à dessein de grandes superficies aux
organismes chargés de la distribution des intrants, dans le but de
prendre une quantité proportionnelle d'intrants (engrais, herbicides et
insecticides). Par la suite, ils vendent à bas prix une partie de ces
intrants à d'autres agriculteurs qui ont l'intention d'emblaver de
grandes superficies mais qui n'ont pas assez d'intrants voir. Mais il arrive
que les intrants soient vendus à prix fort lorsque l'acheteur est dans
un besoin pressant ; l'insuffisance d'intrants agricoles constitue l'une des
contraintes au financement agricole dans la commune de Gogounou (chapitre 7).
Le prix de vente dépend tout simplement de la loi de l'offre et de la
demande.
La relation entre le recours au marché parallèle
et les groupes d'activités semble expliquer l'existence d'une relation
significative au seuil de 5% entre cette stratégie et le sexe
(x2= 5,640 p=0,018%). Cependant il n'existe aucune relation entre le
recours au marché parallèle et le niveau d'éducation au
seuil de 5% car le degré de signification p du test de
x2 est 0,176 (voir tableau 6.7).
Encadré 6.1 : Version d'un
enquêté à propos de la vente d'intrants dans le
marché parallèle
`'J'ai assez d~engrais pour faire jusqu'à 5 Ha,
mais je n'ai pas autant d~argent pour payer les manoeuvres que je vais engager
pour travailler cette superficie et ma famille n~est pas assez grande pour
supporter le labour de 5 Ha. Il vaut mieuX pour moi de vendre une partie de mes
sacs d~engrais et bidons d~insecticides et pouvoir engager les manoeuvres pour
faire correctement 3 Ha.»
Somme toute, L'achat d'intrant dans le marché
parallèle permet de minimiser les charges au cas où le producteur
a des moyens limités, ou d'obtenir les intrants manquants pour pallier
le problème d'insuffisance d'intrants et emblavé des superficies
plus vaste afin d'augmenter à terme le revenu agricole à l'issue
de la campagne agricole.
Tableau 6.7 : synthèse des
résultats des tests de x2 relatives à
la stratégie `'recours au marché parallèle»
Recours au marché parallèle
|
Valeur de x2
|
Degré de liberté
|
Degré de signification
|
Pratiquant (en pourcentage)
|
Sexe
|
5,640
|
1
|
0,018
|
22,2
|
Groupes d'activités
|
18,336
|
2
|
0,00
|
Niveau d'éducation
|
3,469
|
2
|
0,176
|
6-1-4- Utilisation massive de la main-d'oeuvre
familiale
Les coûts élevés de la
rémunération de la main-d'oeuvre amènent certains
producteurs à faire tout simplement recours à la main-d'oeuvre
familiale culturale (voir tableau 6.8). La maind'oeuvre familiale est
utilisée essentiellement pour les opérations culturales
nécessitant peu de forces physiques telles que le semis, le nettoyage,
le démariage, ou les traitements. Elle est utilisée en partie
pour les durs travaux champêtres (Labour, buttage, sarclage,
récolte de coton...) concomitamment avec la main-d'oeuvre
salariée. Mais certains producteurs (souvent
les plus pauvres et ayant une famille nombreuse) optent
carrément pour une utilisation exclusive de la main-d'oeuvre familiale
sur toute la ligne (défrichement jusqu'à la récolte).
Cette stratégie limite considérablement les charges liées
aux activités de productions agricoles. Houngbo (1996) pense que la
quantité de main-d'oeuvre investie sur une parcelle par un ménage
dépend des facteurs suivants : la taille du ménage, le nombre de
personnes travaillant réellement, le temps de travail de chaque membre
sur la parcelle, la capacité physique (état de santé) de
chaque membre, des activités culturales à exécuter.
Toujours selon cet auteur, l'un des facteurs qui déterminent
l'utilisation de la main-d'oeuvre salariée est la disponibilité
financière.
L'agriculture, mais aussi l'élevage représentent
les activités qui nécessitent le plus de maind'oeuvre par rapport
à la transformation des produits alimentaires. L'agriculteur a besoin
d'une main-d'oeuvre abondante pour les différentes opérations
culturales. Le défrichement, Le labour, le sarclage, le semis, la
récolte sont les activités qui nécessitent le plus de
maind'oeuvre. La main-d'oeuvre est nécessaire en élevage pour la
conduite des animaux au pâturage car tous les éleveurs n'ont pas
les moyens de payer en moyenne 180.000 Fcfa pour prendre un bouvier. En
matière de transformation agricole, l'utilisation massive de la
maind'oeuvre n'est pas nécessaire, d'ailleurs la femme transformatrice
s'occupe dans la plupart des cas, elle seule de ses activités. Elle est
aidée accessoirement par ces enfants.
Ce goût prononcé des agriculteurs et des
éleveurs -qui sont des hommes- à l'utilisation de la
main-d'oeuvre familiale par rapport aux femmes transformatrices, explique la
différence hautement significative entre les groupes d'activités,
le sexe et le recours massif à la maind'oeuvre familiale culturale
(p=0,00). Par ailleurs, la relation entre l'utilisation de cette
stratégie indirecte de financement agricole et le niveau
d'éducation n'est pas significative au seuil de 5% (voir tableau 6.9).
Alors l'utilisation massive de la main-d'oeuvre familiale est fonction
uniquement de la logique paysanne et des objectifs de chaque producteur qu'il
soit instruit ou non. L'existence d'une éventuelle relation serait tout
simplement le fruit du hasard. Le recours à l'utilisation de la
main-d'oeuvre familiale pour les opérations culturales peut être
aussi considéré comme une stratégie à long terme
car certains producteurs prennent beaucoup de femmes ou font beaucoup d'enfants
juste dans l'optique de se constituer une main-d'oeuvre suffisante pour le
futur.
Tableau 6.8 : Charges moyennes
liées à chaque opération culturale.
Différentes opérations culturales
|
Minimum
|
Maximum
|
Moyenne
|
Sarclage
|
6.000
|
495.000
|
81.000
|
Récolte
|
4.000
|
580.000
|
72.500
|
Labour
|
6.000
|
350.000
|
70.000
|
Buttage
|
7.500
|
180.000
|
42.000
|
Traitement (épandage
d'engrais, pulvérisation...)
|
6.000
|
42.000
|
28.000
|
Défrichement
|
3.500
|
84.000
|
22.000
|
Démariage
|
1.000
|
120.000
|
18.500
|
Semis
|
2.000
|
32.000
|
11.250
|
Nettoyage
|
1.400
|
58.300
|
11.000
|
Charges moyennes liées à la
rémunération de la main-d'oeuvre
|
400
|
1.230.800
|
171.000
|
Tableau 6.9 : Synthèse des
résultats des tests de x2 relatives à la
stratégie `'Utilisation massive de la main-d'oeuvre familiale»
Utilisation massive de la main- d'oeuvre familiale
|
Valeur de ?2
|
Degré de liberté
|
Degré de signification
|
Pratiquant (en pourcentage)
|
Sexe
|
12,785
|
1
|
0,00
|
85,6
|
Groupes d'activités
|
21,869
|
2
|
0,00
|
Niveau d'éducation
|
2,518
|
2
|
0,284
|
6-2- Stratégies à moyen et long
terme
6-2-1- Appartenance à un groupement ou une
association
L'appartenance à un groupement ou une association est
une stratégie indirecte de financement agricole d'ordre sociale. Les
arguments avancés par ceux qui n'ont pas adopté (40%) sont en
général le manque de sérieux observé au sein de
certaines associations, l'échec des anciens groupements et le
découragement suites aux leçons tirées des
expériences passées. Bien de raisons sous-tendent par ailleurs le
choix des producteurs qui ont opté pour l'appartenance à un
groupement ou une association. Au nombre de ces raisons, les plus importants
sont la protection de divers intérêts qu'offre cette
stratégie, le bénéfice d'appui ou aides financiers,
matériels pour le financement des activités agricoles. Les
associations peuvent être regroupées en deux groupes :
- les associations à caractère financier
: il s'agit de groupe de tontine, et des groupements relevants des
Institutions de Micro-Finances. Les femmes ont plus d'affinité pour ces
genres d'association. C'est par le biais des tontines que les femmes assurent
le démarrage ou la consolidation de leurs activités de
transformations des produits agricoles.
- Les associations à caractère professionnel
: ce sont des associations de défense professionnelle (Union
Communale des Producteurs de Coton, Union Départementale des
Organisations Professionnelles des Eleveurs de Ruminants qui compte près
de 100% des Peulhs de la commune de Gogounou) et les autres associations
(groupes d'entraides : à travers un solide réseau d'entraide, les
producteurs s'aident mutuellement dans les opérations culturales ou
s'échangent différents matériels agricoles.
En vertu des résultats des tests de 12
consignés dans le tableau 6.10, il existe une relation significative
entre cette stratégie et les groupes d'activités au seuil de 1%
(12=32,726 p=0,00). C'est essentiellement dû au fort
pourcentage d'éleveurs qui ont adopté cette stratégie par
rapport au pourcentage d'agriculteurs ou de femmes transformatrices. L'UDOPER
constitue, en effet, pour eux un creuset important pour la défense de
leur intérêt personnel (l'UDOPER est à l'aval de la
résolution de plusieurs crises entre les agriculteurs et les
éleveurs). Par contre, il est impossible de supposer l'existence d'un
lien tangible entre l'adoption de cette stratégie et le sexe, puis le
niveau d'éducation car les résultats des tests ne sont pas
significatifs au seuil de 5%.
Tableau 6.10 : Synthèse des
résultats des tests d'indépendance relatifs à
l'appartenance à un groupement ou une association.
Appartenance à un groupement ou une association
|
Valeur de 12
|
Degré de liberté
|
Degré de signification
|
Pratiquant (en pourcentage)
|
Sexe
|
2,575
|
1
|
0,109
|
60
|
Groupes d'activités
|
32,726
|
2
|
0,00
|
Niveau d'éducation
|
0,797
|
2
|
0,671
|
6-2-2- Diversification des activités
Le recours à la diversification des activités
est l'une des principales stratégies développées par les
producteurs ruraux. D'après le tableau 6.11, près de 86,7% des
producteurs ne vivent pas uniquement de leurs activités principales mais
pratiquent une ou plusieurs autres activités secondaires (agricoles,
para-agricoles ou extra-agricoles). L'objectif visé est de multiplier
leurs sources de revenus car l'amélioration du niveau des revenus
faciliterait le financement des activités de production agricoles. Pour
Akinwumi et Olawoyé (1994), beaucoup de pauvres en milieu rural exercent
plusieurs activités génératrices de revenus car
n'étant pas certains des revenus d'une seule activité. La
diversification des activités est particulièrement
nécessaire aux agriculteurs et aux éleveurs
à cause des multiples risques (incertitude sur la production, risques
climatiques et économiques, épizooties...) liées à
ces différentes activités. La diversification des
activités est pratiquée par la majorité des producteurs
quel que soit leurs sexe, leurs activités principales ou leurs niveaux
d'instruction car ils visent tous une certaine sécurité
financière pour la conduite de leurs activités respectives.
D'où l'inexistence d'une relation significative entre la pratique de
cette stratégie et le sexe (p=0,15), les groupes d'activités
(p=0,247), et le niveau d'éducation (p=0,348) au seuil de 5% (tableau
6.12).
Tableau 6.11 : Résultats des
tests de Khi-deux relatives à la stratégie `'Diversification des
activités''
Diversification des activités
|
Valeur de 12
|
Degré de liberté
|
Degré de signification
|
Pratiquant (en pourcentage)
|
Sexe
|
2,077
|
1
|
0,15
|
86,7
|
Groupes d'activités
|
2,8
|
2
|
0,247
|
Niveau d'éducation
|
2,113
|
2
|
0,348
|
6-2-3- Epargne sur pied
L'incompatibilité des produits financiers offerts par
les institutions de micro-finances avec les cycles culturales, l'insuffisance
des revenus agricoles contraignent les producteurs à échafauder
diverses stratégies dans l'optique de disposer des fonds
nécessaires à l'exercice des différentes activités
de productions agricoles. Au nombre de ces stratégies figure
l'épargne sur pied. Il s'agit tout simplement de faire du petit
élevage en plus de l'activité principale. L'épargne sur
pied est une pratique courante dans les ménages agricoles.
Généralement, les producteurs élèvent quelques
têtes d'animaux souvent constituées de petits ruminants ou de la
volaille, véritables épargnes en nature facilement convertibles
en espèces sonnantes et trébuchantes en cas de besoins
pressants.
Cette stratégie est largement répandue en milieu
rural car 86,7% des producteurs optent pour l'épargne sur pied (voir
tableau 6.12). Elle est diversement employée par toutes les
catégories de producteurs ruraux, d'où l'inexistence d'une
relation significative au seuil de 5% avec le sexe (12 = 2,077
p=0,15), les groupes d'activités (12=2,8 p=0,247) et le
niveau d'éduction (12=2,113 p=0,348).
Tableau 6.12 : Synthèse des
résultats des tests de x2 relatifs à la
stratégie `'Epargne sur pied»
Epargne sur pied
|
Valeur de x2
|
Degré de liberté
|
Degré de signification
|
Pratiquant (en pourcentage)
|
Sexe
|
2,077
|
1
|
0,00
|
76,7
|
Groupes d'activités
|
2,8
|
2
|
0,00
|
Niveau d'éducation
|
2,113
|
2
|
0,494
|
6-2-4- Speculation
Le bradage des produits de récolte constitue une
stratégie de financement à l'antipode de la spéculation.
Tandis que certains producteurs se débarrassent de leur production
à vil prix juste pour satisfaire un besoin pressant d'argent pour le
financement de leur activité agricole, 38,9% préfèrent
spéculer sur les prix des produits de récolte. Ces derniers
stocks tout ou une partie de leur récolte jusqu'au moment où les
prix montent sur le marché (en cas de pénurie ou dans la
période de soudure) avant de les vendre. Cette stratégie permet
à terme d'augmenter les revenus du producteur qui pourra investir plus
d'argent dans la campagne agricole suivante.
Les agriculteurs représentent les producteurs qui
pratiquent le plus la spéculation, mais les éleveurs
spéculent aussi les prix du bétail et préfèrent
attendre la période de sécheresse pour vendre leur animaux
très chers. Les femmes transformatrices qui pratiquent la
spéculation sont celles pour qui l'agriculture constitue une
activité secondaire. Ces différentes observations expliquent
à notre avis le manque de relation significative entre l'utilisation de
cette stratégie et le sexe des producteurs (p=0,275), leurs types
d'activités (p=0,054), car le test d'indépendance n'est pas
significatif au seuil de 5% (voir tableau 6.13). Le niveau d'éducation
n'influence pas non plus l'adoption ou non de cette stratégie
(x2=0,339 p=0,844).
Tableau 6.13 : Synthèse des
résultats des tests de x2 par rapport à la pratique de
la spéculation
Spéculation
|
Valeur de x2
|
Degré de liberté
|
Degré de signification
|
Pratiquant (en pourcentage)
|
Sexe
|
1,189
|
1
|
0,275
|
38,9
|
Groupes d'activités
|
5,851
|
2
|
0,054
|
Niveau d'éducation
|
0,339
|
2
|
0,844
|
6-3- Autres stratégies
En dehors des différentes stratégies
endogènes à court, moyen ou long terme étudiées
dans les paragraphes précédentes, plusieurs autres
stratégies sont développées par les producteurs ruraux
pour le financement. L'utilisation de ses stratégies varie d'un contexte
à l'autre.
> Petits prêts d'argent
Cette stratégie est très répandue en zone
rurale car la plupart des producteurs ruraux empruntent de petits sommes
d'argent chez des amis, des membres de sa famille, ou dans un réseau de
solidarité. Ces petits prêts d'argent servent souvent à
résoudre de petits problèmes de financement agricoles et sont
octroyés sans intérêts. Ils sont parfois réciproques
et constituent un moyen qui favorise le maintien de la cohésion sociale
et des liens fraternels entre individus. Comme aucun être humain ne peut
se targuer de n'avoir jamais emprunter, au moins une fois dans sa vie, de
l'argent auprès d'un ami pour résoudre un problème. Aussi
les producteurs qui sont aussi des hommes ont recours toutes catégories
confondues à cette stratégie.
> Superficie emblavée en fonction des revenus
disponibles
Cette stratégie consiste à mettre en valeur une
partie du champ que le producteur juge qu'il est capable de cultiver en
fonction de ses capacités d'investissement à un instant t. Il
s'agit d'une stratégie exclusivement utilisée par les producteurs
dont l'agriculture constitue une activité principale ou une
activité secondaire.
Les producteurs qui n'utilisent pas cette stratégie
préfèrent s'endetter ou utiliser d'autres stratégies pour
emblaver plus de superficie que leurs revenus ne le permettent. Ils visent
à terme l'augmentation de leurs revenus agricoles, car pour eux les
revenus dégagés par les petites superficies sont relativement
faibles.
> Le gage
Le gage consiste à contracter un prêt, le plus
souvent auprès d'un usurier ou du riche exploitant de la
localité, tout en laissant un objet précieux. L'objet gagé
peut être vendu à tout moment par le créancier, si
l'emprunteur n'a pu rembourser le crédit au terme de
l'échéance convenue. Simple et rapide, la valeur du gage tient
à la possibilité de récupérer l'objet gagé
et au maintient de sa valeur marchande telle qu'elle est prévue. Les
producteurs affirment que le gage est une pratique dangereuse et constitue une
solution de derniers recours lorsque toutes les autres stratégies ne
leurs permettent pas d'avoir, à un instant t, la somme d'argent
escomptée pour les activités de production
agricoles. Par ailleurs, les producteurs mentionnent également que tous
ceux qui pratiquent des activités de productions agricoles, quelque soit
leur sexe ou leur niveau d'instruction ont recours au gage lorsqu'ils se
retrouvent dans l'impasse.
> Parcage
Le parcage fait partie du groupe de stratégie indirecte
de financement agricole. Car elle permet une économie d'intrants
agricoles notamment d'engrais lorsqu'il s'agit d'emblaver de petites
superficies. Elle consiste à laisser les boeufs déféquer
sur une parcelle qui doit recevoir plus tard des cultures. Les
déjections des animaux jouent le rôle d'engrais organique et
minéral. Ce sont surtout les éleveurs Peulhs qui ont recours
à cette stratégie. L'agriculture est une activité
secondaire pour certains éleveurs ; n'étant pas obligés de
disposer de grandes spéculations, ils préfèrent apporter
de l'engrais à leur `'petit» champ en faisant le parcage au lieu de
chercher à investir dans l'achat d'engrais chimique. Mais quand il
s'agit d'un agriculteur, il négocie avec un éleveur qui laissera
pour un certain temps son troupeau sur la parcelle qui sera cultivée.
Certains agro-éleveurs pratiquent le parcage
supplémenté par un apport réduit de la dose normale
d'engrais chimique (voir encadré 6.2). Cette stratégie permet de
réduire les charges liées aux activités agricoles,
l'économie réalisée par les producteurs est
utilisée par exemple pour la rémunération de la
main-d'oeuvre.
Encadré 6.2 : extrait de
l'entretien avec un des producteurs ruraux
Je n'ai pas beaucoup d'argent pour payer les trois (03) sacs
d'engrais qu'il faut pour que mon champ de maïs donne bien, alors je
laisse mes boeufs déféqués dans le champ avant de le
cultiver. Par la suite, je n'utilise qu'un sac et demi et j'ai de bons
résultats.
6-4- Conclusion partielle
L'étude révèle que les producteurs ruraux
mettent en oeuvre des stratégies multiples et multiformes pour le
financement de leurs activités de productions agricoles. Malgré
leur grande diversité, ces différentes stratégies peuvent
être rangées en deux grands groupes : les stratégies
permettant le financement agricole à court terme, et les
stratégies à moyen ou à long terme. Mais beaucoup d'autres
stratégies sont employées au niveau rural par les producteurs, la
liste des stratégies étudiées dans ce chapitre n'est pas
exhaustive et ne peut pas l'être. Car d'expériences en
expériences, les producteurs découvrent ou élaborent des
stratégies nouvelles pour le financement de leurs activités de
production.
Les stratégies de court terme,
développées par les producteurs ruraux, visent la satisfaction de
besoins de financement ponctuels tels que la rémunération de la
main-d'oeuvre, le paiement des frais de vaccination...Le bradage des produits
de récoltes, l'achat à crédit ou le recours au
marché parallèle, ou encore l'utilisation de la main d'oeuvre
familiale culturale appartiennent à cette première
catégorie de stratégie.
L'appartenance à une association ou un groupe, la
diversification des activités, l'épargne sur pied, la pratique de
spéculation sur les produits de récoltes ou les animaux
d'élevage constituent les principales stratégies à moyen
et à long terme. Les producteurs qui adoptent ces stratégies
visent à terme une augmentation de leur revenu global afin de mieux
faire face aux énormes charges liées aux différentes
activités de production agricoles.
Afin de tester la troisième hypothèse de
l'étude, le test d'indépendance de Khi-deux nous a permis
d'analyser les relations entre les différentes stratégies et le
sexe, les groupes d'activités, le niveau d'éducation au seuil de
5%. L'hypothèse 3 n'est pas vérifiée pour les
stratégies suivantes : diversification des activités,
épargne sur pied, spéculation. Nous concluons donc
que l'utilisation de ses stratégies ne varie pas suivant le sexe, les
groupes d'activités, et le niveau d'éducation.
Cependant les producteurs combinent plusieurs
stratégies, pour obtenir une stratégie plus complexe et beaucoup
plus efficace, afin d'atteindre leur objectif majeur, le financement des
activités agricoles. La combinaison des stratégies est fonction
des capacités de financement des producteurs et des résultats
qu'ils souhaitent atteindre à la fin de la campagne agricole en
cours.
Même si l'efficacité de certaines de ses
stratégies reste encore à démontrer, la prise en compte de
ces stratégies est nécessaire pour l'élaboration des
politiques de développement ou des initiatives visant
l'éradication de la pauvreté. Il convient aussi que d'autres
études soit menées pour évaluer l'impact réel de
chaque stratégie sur le niveau du revenu et la satisfaction des
besoins en financement agricole à la base. Ces
différentes études permettront de proposer des
améliorations à la mise en oeuvre des différentes
stratégies endogènes.
Somme toutes, la diversité de stratégies de
financement, assortie d'une forte diversité des contraintes, varie en
fonction des contextes agro-économiques, des systèmes de
productions agricoles plus ou moins diversifiés et intensifs, des
systèmes d'activités des ménages, de leur degré
d'insertion dans le marché.
CHAPITRE VII
ANALYSE DES CONTRAINTES LIEES AU
FINANCEMENT AGRICOLE DANS LA
COMMUNE DE GOGOUNOU
7- ANALYSE DES CONTRAINTES DE FINANCEMENT
AGRICOLES
Les exploitations familiales béninoises ont besoin de
s'intensifier, de se moderniser et la part de l'agriculture dans
l'économie de notre pays est très importante. Aussi de nombreux
initiatives ont été prises aussi bien par l'Etat que par divers
partenaires pour impulser le développement agricole. Mais les
résultats de ses différentes politiques de développement
sont très peu perceptibles car leur conception est
caractérisée par une faible participation des population rurale
à la base, un manque de synergie dans les actions...La promotion des
crédits agricoles représente l'une de ses nombreuses
politiques.
Mais avec l'échec des politiques de promotion des
crédits agricoles pour le financement des activités en milieu
rural, il est nécessaire d'identifier les contraintes réelles
selon les producteurs qui sont liées au financement agricole et de
proposer des solutions qui viseraient à lever ces contraintes.
Cette démarche pourrait garantir la durabilité
des actions à entreprendre par ces politiques agricoles. Après le
recensement de toutes les contraintes et des scores attribués par les
différents groupes de producteurs, le test de Kendall'W nous a permis
d'hiérarchiser ces contraintes. Une valeur du degré de
signification p du test en deçà de 5% indique qu'au moins l'un
des contraintes est différente des autres. L'analyse des contraintes a
tenu compte séparément des agriculteurs, des éleveurs et
des femmes transformatrices
7-1- Rang de classement des contraintes de financement
selon les agriculteurs
Le dernier objectif de l'étude est d'identifier les
contraintes liées au financement des activités agricoles dans la
commune. L'agriculture, l'élevage et les transformations
agro-alimentaires représentent les trois groupes d'activités qui
sont prisent compte. L'importance des différentes contraintes
identifiées varie suivants les groupes d'activités, d'ailleurs un
agriculteur ne pouvait avoir les mêmes problèmes qu'un
éleveur. Dans le présent paragraphe, nous nous
intéresserons à l'analyse des contraintes des agriculteurs de
Gogounou. La liste des contraintes de financement agricoles figure dans le
tableau 7.1, ces contraintes peuvent être rangées en deux grands
groupes : les contraintes indirectes de financement agricole et les contraintes
indirectes de financement agricole. Cette liste prend en compte les contraintes
identifiées par toutes les catégories de producteurs, par contre
le classement de ses contraintes est relatif à l'agriculture.
Les résultats consignés dans le tableau 7.1
montre clairement que l'insuffisance des intrants agricoles (10,61),
le retard de paiement des frais d'achat du coton (10,12), et le
mauvais états des voies d'accès (9,5)
représentent les principales contraintes de financement agricole selon
les agriculteurs. Les rangs moyens de ses contraintes sont supérieurs
aux rangs moyens des contraintes Manque d'information sur les sources de
financement (8,32), manque de crédits agricoles (7,9), et
Faibles productivités agricoles (5,88). Ces résultats
mettent en relief la divergence entre les considérations des
développeurs de programmes ou projets de développement et les
considérations des producteurs ruraux. En effet, il ne suffit pas de
mettre en place des crédits agricoles pour espérer impulser le
développement agricole à la base. Il faudrait plutôt
chercher à créer d'autres conditions nécessaires à
une augmentation de la production agricole. L'insuffisance des intrants
agricole empêche les producteurs d'emblaver de grandes superficies
malgré leur bonne volonté, du coup certains sont obligés
de s'en procurer dans le marché parallèle. L'insuffisance
d'intrants agricoles a également un impact négatif sur la
productivité car les cultures sont sous-dosées (voir
encadré 7.1).
Encadré 7.1 : extrait des propos
d'un agriculteur par rapport à l'insuffisance des intrants et son impact
sur la production agricole
La quantité d'engrais qu'on me donne au magasin ne
me suffit pas. Si ils peuvent s'arranger pour qu'on en trouve suffisamment, je
pourrai augmenter prochainement le champ de coton. Les encadreurs disent de
mettre 2 sacs de NPK et 1 sac d'urée pour 1Ha. Moi j'ai fait cette
année 4Ha et je trouvé seulement 5 sacs de NPK et 4 sacs
d'urée. Comment veux-tu que mon champ de coton produise correctement. Je
suis obligé maintenant d'acheter dans le marché parallèle
ou de donner de l'argent au Secrétaire GV pour compléter les
sacs.
Sur une liste de quatorze (14) contraintes de financement, la
contrainte `'Manque de crédits agricoles» n'occupe que la
septième place. L'une des raisons pour lesquelles le manque de
crédits agricoles ne constitue pas une contrainte majeure pour les
producteurs, est qu'ils préfèrent éviter un endettement
qui leur fera plus de mal qu'il ne les aidera. Car le retard accusé par
rapport au paiement de la dette `'coton» par l'Etat ne les permet pas de
rembourser les crédits contractés dans les délais
indiqués. Pour d'autres producteurs, l'attribution de titre
d'impayé (les noms des impayés sont prononcés à la
radio, les photos sont affichées devant les agences des institutions de
micro-finances) couvrent de honte ceux qui ont fait des prêts. Or le fait
qu'ils n'ont pas vite remboursé le crédit ne dépendait pas
de leur mauvaise foi mais des retards imprévus accusés dans le
paiement de la dette `'coton».
Ce retard dans le paiement de la dette `'coton» et le
mauvais état des voies d'accès représentent respectivement
la deuxième et la troisième contrainte majeur de financement
agricole selon les producteurs. Les pistes rurales menant dans les
différents villages sont fortement dégradées à
l'exception de Wèrè qui est au bord de la route inter-état
CotonouMalanville. L'écoulement des produits de récoltes vers les
marchés est alors très difficile, certains producteurs sont alors
obligés de livrer leurs marchandises aux prix imposés par les
commerçants qui viennent jusqu'au village pour s'approvisionner. Cette
situation a un impact négatif sur leur revenu agricole or le revenu
agricole est la première source de financement des producteurs.
Les futures politiques agricoles doivent alors chercher
à résoudre ces problèmes majeurs pour l'essor de
l'agriculture béninoise. Les organes de commercialisation des intrants
agricoles devraient commander suffisamment d'intrants en tenant compte des
besoins réels des producteurs, la mairie doit réaménager
les pistes rurales afin de faciliter l'écoulement et l'Etat central
devrait prendre toutes les mesures pour un décaissement rapide des fonds
nécessaires au paiement de la dette `'coton», s'assurer que les
fonds sont effectivement parvenus dans les mains des producteurs dans les brefs
délais.
Tableau 7.1 : Classement des
contraintes de financement par les agriculteurs
Contraintes de financement
|
Rang moyen
|
Insuffisance d'intrants agricoles
|
10,61
|
Retard argent coton
|
10,12
|
Mauvais état des voies d'accès
|
9,50
|
Problème d'eau
|
9,44
|
Insuffisance de matériels agricoles
|
8,69
|
Manque d'information sur les sources de
financement
|
8,32
|
Manque de crédits agricoles
|
7,90
|
Insuffisance de main-d'oeuvre
|
7,47
|
Problème de santé
|
6,92
|
Problème de vente
|
6,41
|
Faible couverture vaccinale des animaux d'élevage
|
6,11
|
Faibles productivités agricoles
|
5,88
|
Absence d'encadreur
|
4,59
|
Insuffisance des aires de pâturage
|
3,05
|
Coefficient de concordance de Kendall'W = 0,278 p=0,00
7-2- Rang de classement des contraintes de financement
selon les éleveurs
L'analyse des scores attribués aux différentes
contraintes par les éleveurs permet de tirer les conclusions suivantes
:
Le mauvais état des voies d'accès
(10,21), l'insuffisance des aires de pâturage (10,07), et
l'insuffisance de retenus d'eau (9,60) sont les principales
contraintes qui doivent être résolues afin de faciliter le
financement et le développement de l'élevage. La
récurrence des pathologies animales due à la faible couverture
vaccinale des ruminants représente la quatrième contrainte qu'il
convient aussi de lever.
Le tableau 7.2 montre que les rangs moyens de ses
différentes contraintes susnommées dépassent largement les
rangs des contraintes manque de crédits agricoles (6,99),
manque d'information sur les sources de financement (6,67) et
faibles productivités agricoles (6,36). Les éleveurs,
pour la plupart, refusent de prendre du crédit même si c'est
disponible car préfèrent vendre leurs animaux pour
résoudre leurs besoins financiers. En effet ces éleveurs ont
répondu presque unanimement, au cours de notre entretien avec le
focus-groupe des éleveurs, que `'mes boeufs sont ma CLCAM»
ou encore `' Un Peulh qui se respecte ne se mêle pas aux affaires de
crédit ». Ces différentes observations expliquent, en
partie, les faibles rangs des contraintes manque de crédits
agricoles et manque d'information sur les sources de financement
par rapport aux quatre principales contraintes
énumérées par cette catégorie de producteur qui
s'occupe de la production animale dans la commune de Gogounou.
Parallèlement aux agricultures, le mauvais
état des voies d'accès constitue l'une des principales
contraintes de financement des éleveurs. Malgré les nombreux
marchés à bétail de la commune, les éleveurs ont
des difficultés à pouvoir vendre leurs animaux dans ces
marchés à cause de la difficile praticabilité des pistes
de desserte rurale. Les chauffeurs, qui peuvent transporter les animaux au
marché, exigent de fortes sommes prétendant que la voie n'est pas
bonne et que la consommation d'essence des véhicules
s'élève par conséquent. Les éleveurs sont alors
obligés de vendre à bas prix les animaux aux commerçants
véreux qui viennent jusqu'au village avec des voitures
bâchées ou des camions. Afin de permettre aux éleveurs de
jouir des fruits de leurs activités et profiter d'un revenu
conséquent afin d'investir convenablement (paiement des frais de
vaccination, paiement des bouviers, achat des compléments alimentaires
ou encore achat de nouveaux géniteurs) dans l'élevage, il urge
donc que les pistes soient réaménagées
régulièrement, à défaut de les couvrir de
bitume.
L'insuffisance des aires de pâturage et l'insuffisance
des points d'eau représentent respectivement la deuxième et la
troisième contrainte de financement pour l'élevage. La valeur
marchande des animaux dépend en partie de leur corpulence et de leur
valeur génétique (pour l'achat des géniteurs), ce qui
signifie que les animaux chétifs sont vendus à bas prix. Or
l'insuffisance des aires de pâturage due à l'étroitesse des
couloirs de parcours et l'insuffisance des points d'abreuvement ont un impact
négatif sur la croissance des animaux. Ces contraintes seront
levées juste par la construction d'une quantité plus importante
de retenus d'eau dans la commune et la poursuite des négociations entre
éleveurs et agriculteurs pour élargir les couloirs de
parcours.
Tableau 7.2 : Classement des
contraintes de financement selon les éleveurs.
Contraintes de financement
|
Rang moyen
|
Mauvais état des voies d'accès
|
10,21
|
Insuffisance des aires de pâturage
|
10,07
|
Insuffisance de retenus d'eau
|
9,60
|
Faible couverture vaccinale des animaux d'élevage
|
8,41
|
Problème de santé
|
8,07
|
Problème de vente
|
7,92
|
Insuffisance des matériels agricoles
|
7,75
|
Manque de crédits agricoles
|
6,99
|
Insuffisance d'intrant agricole
|
6,82
|
Manque d'informations sur les sources de
financement
|
6,67
|
Absence d'encadreur
|
6,55
|
Faibles productivités agricoles
|
6,36
|
Insuffisance de main-d'oeuvre
|
5,10
|
Retard argent coton
|
4,49
|
Coefficient de concordance de Kendall'W = 0,175 p=0,00
7-3- Rang de classement des contraintes selon les
femmes transformatrices
L'hiérarchisation des contraintes varie d'un groupe
d'activité à l'autre, ainsi les principales contraintes de
financement auxquelles font face les femmes sont : problème d'eau
(11,44), insuffisance de main-d'oeuvre (10,84), manque
d'information sur les sources de financement (9,83). A ce niveau
également, Les rangs des deux premières contraintes sont
supérieurs à celui de la troisième contrainte majeure
`'Manque d'information sur les sources de financement. Or la première
hypothèse de l'étude est que les rangs des contraintes `'manque
d'information sur les sources de financement», `'Manque de crédits
agricoles» et `'faibles productivités agricoles» sont
supérieurs à aux rangs des autres contraintes de financement
énumérées par les producteurs ruraux. L'analyse du tableau
7.3 montre que l'hypothèse 4 de l'étude n'est pas
vérifiée car ces contraintes se retrouvent au second plan chez
les femmes.
La principale contrainte de financement qui entrave le
développement des activités de transformations agro-alimentaires
est la non-satisfaction des besoins en eaux liés à l'exercice de
ces activités. Dans tous les villages où nous avons
effectué la collecte des données, le nombre maximum de pompes
hydrauliques ne dépassent pas deux (02). Cette insuffisance relative en
pompe manuelle est due au nombre élevé de ses braves femmes
transformatrices et à la diversité des activités de
transformations des produits agricoles qu'elles mènent. Elles ne se
plaignent pas de manque d'eau pour les travaux ménagers, mais pour la
conduite de leurs activités de transformations agro-alimentaires. Les
projets visant le développement de la femme rurale devraient donc
intégrer dans leurs objectifs spécifiques l'augmentation des
points d'eau dans les villages. L'eau étant un élément
nécessaire à la conduite des transformations des produits
agricoles, principale activité génératrice de revenu des
femmes. En effet, le rôle prépondérant joué par les
femmes en Afrique dans les activités productrices de revenu en milieu
rural n'est plus à démontrer. Les femmes dominent presque
entièrement le sous-secteur de la transformation des produits agricoles,
elles s'occupent de leurs champs personnels, en même temps qu'elles
aident leur mari à semer, à récolter les cultures et
à les transporter (F.A.0, 1994). Celles-ci devraient donc
bénéficier d'un environnement et des conditions favorables
à la rentabilité de leurs différentes activités
génératrices de revenu.
La seconde contrainte majeure énumérée
par les femmes est `'l'insuffisance de la maind'oeuvre» qui se
caractérise simplement par une indisponibilité de la
main-d'oeuvre pour les opérations culturales quand il s'agit des femmes.
L'agriculture représente l'activité secondaire de la plupart des
femmes et elles investissent les revenus issus de cette activité dans
les transformations agro-alimentaires. Mais pendant les périodes de
pointes des activités agricoles, elles ont des difficultés
à trouver des manoeuvres pour les aider dans leurs champs. Ces
manoeuvres préfèrent travailler d'abord dans le champ des hommes
considérant que l'agriculture n'est qu'une activité secondaire
pour les femmes. Or lorsque les manoeuvres sont finalement disponibles pour
travailler les champs des femmes, les pluies commencent déjà
à cesser. Cette situation à un impact négatif sur la
productivité agricole des femmes, la part de leurs revenus tirés
de l'agriculture s'en trouve donc fortement limiter.
L'analyse du tableau 7.3 révèle également
que le manque de crédits agricoles et le mauvais
état des voies d'accès ne constituent pas des contraintes de
premier plan pour la femme. En ce qui concerne le `'Mauvais état des
voies d'accès», les femmes ont l'habitude d'écouler les
produits qu'elles préparent dans le village, donc elles ne sont pas
obligées de pratiquer ces routes cahoteuses. Le manque de
crédits agricole constitue une contrainte moins importante
que les autres car les femmes sont souvent victimes
d'escroquerie dans la commune de Gogounou, donc n'ont plus confiance aux
promesses fallacieuses relatives à l'octroi d'un éventuel
crédit de fonctionnement. Certaines personnes mal intentionnées
se promènent de village en village sous la couverture d'O.N.G
fantômes, ramassent de l'argent (faux frais de constitution de dossier de
prêt) chez les femmes en leur promettant des crédits qu'elles ne
trouveront jamais. La récurrence de ses cas d'escroquerie fait que le
manque de crédit ne représente plus une contrainte majeure pour
les femmes, elles préfèrent compter sur leur propre force ou se
faire du crédit entre amies. Et c'est plutôt le manque
d'information sur les sources de financement qui est la troisième
contrainte majeure. Dakpogan (2003) révèlent aussi que plusieurs
facteurs socio-économiques entravent l'accessibilité d'une
majorité de femmes aux services financiers, même si la
prolifération des IMF a permis d'accroître le nombre de
bénéficiaire de façon générale. Parmi ces
barrières on peut citer : la situation matrimoniale, le niveau
d'instruction, l'intérêt sur crédit, le dépôt
minimal, la garantie, le coût de la procédure de demande de
crédit et le revenu.
Tableau 7.3 : classement des
contraintes selon les femmes transformatrices.
Contraintes de financement
|
Rang moyen
|
Problème d'eau
|
11,44
|
Insuffisance de main-d'oeuvre
|
10,84
|
Manque d'information sur les sources de
financement
|
9,93
|
mauvais états des voies d'accès
|
9,28
|
Manque de crédits
|
9,01
|
Insuffisance d'intrants agricoles
|
8,61
|
Problème de santé
|
7,86
|
Retard argent coton
|
7,24
|
Faibles productivités agricoles
|
7,17
|
Problème de vente
|
6,73
|
Insuffisance de matériels agricoles
|
6,47
|
Faibles couvertures vaccinales des ruminants
|
3,88
|
Absence d'encadreur
|
3,58
|
Insuffisance des aires de pâturage
|
2,95
|
Coefficient de concordance de Kendall'W = 0,420 p=0,00
7-4- Conclusion partielle
L'hiérarchisation des contraintes de financement
agricoles propres à chaque activité de production agricole a
montré que l'insuffisance d'intrants agricoles, le retard
dans le paiement de la dette `'Coton» et le mauvais état
des voies d'accès sont les contraintes majeurs au niveau des
agriculteurs. Les principales contraintes de financement
énumérées par les éleveurs sont par ordre
d'importance l'insuffisance de retenue d'eau, l'insuffisance des
aires de pâturage et le mauvais état des voies
d'accès. En ce qui concerne les activités de transformations
agro-alimentaires, l'insuffisance de pompe hydraulique,
l'insuffisance de main-d'oeuvre, et le manque d'information sur
les sources de financement sont les plus importantes contraintes de
financement.
Ces différentes contraintes peuvent être
regroupées en deux groupes : les contraintes directes et les contraintes
indirectes. Les contraintes indirectes de financement n'ont apparemment rien
à voir avec l'argent mais influencent fortement le niveau des revenus et
les capacités d'investissement des producteurs.
Dorénavant, un accent plus fort doit être mis sur
l'approche participative par les initiateurs de projets de développement
à l'endroit des populations à la base. Les résultats de
l'étude permettent d'avoir une idée réelle des contraintes
de financement énumérées par les producteurs suivant leurs
groupes d'activités de l'élaboration. Il ressort également
de cette étude que la mise en place de crédit agricole n'est pas
toujours l'action qui devrait impulser le développement des
activités de production agricole, mais il s'agit plutôt de
créer les conditions et un cadre favorable (désenclavement des
village, construction de retenues d'eau, mise en place d'adduction d'eau dans
les villages...) au développement de ces activités.
CONCLUSION ET SUGGESTIONS
CHAPITRE VIII
8- CONCLUSION ET SUGGESTIONS
8-1- Conclusion générale
L'objectif général de la présente
recherche est l'analyse des stratégies développées par les
producteurs ruraux de la commune de Gogounou pour financer leurs
différentes activités de production agricole. De façon
spécifique, il s'agit d'évaluer les revenus agricoles, d'analyser
une stratégie particulière, l'autofinancement, à travers
la part des revenus utilisée pour financer les activités de
production agricole, puis d'identifier les autres stratégies
développées par les producteurs et enfin d'identifier les
contraintes liées au financement des activités de productions
agricoles.
Suite à l'évaluation des revenus, il ressort que
le revenu agricole annuel moyen des producteurs ruraux de Gogounou
s'élève à 619.720 Fcfa. Par ailleurs, d'après les
résultats du test de comparaison de moyenne, les revenus agricoles
moyens ne varient pas selon le sexe, ni selon les groupes d'activités,
ni selon le niveau d'éducation au seuil de 5%. La
première hypothèse de l'étude est donc
rejetée. Le niveau des revenus agricoles est relativement
faible par rapport aux réels besoins en financement des producteurs
ruraux. Par conséquent, les capacités d'investissement dans les
périodes où la liquidité est nécessaire, sont
relativement faibles. Afin de réduire l'impact de ce déficit en
financement dans un environnement où l'accès au crédit
rural est très âpre, les producteurs ont recours à
différentes stratégies de financement tant directes
qu'indirectes.
L'autofinancement constitue le premier moyen de financement
dont dispose les producteurs en plus des autres stratégies de
financement de court, moyen et de long terme. Ainsi l'analyse de la part des
revenus agricoles réinvestie dans le financement des activités de
productions agricoles révèle que cette part varie en fonction du
sexe au seuil de 5%. De cette analyse, il ressort aussi que la part de
réinvestissement des femmes est supérieure à la part de
réinvestissement des hommes. La deuxième hypothèse
de notre étude est donc vérifiée. Ce
résultat est dû aux impératifs financiers liés aux
différents groupes d'activités exercés par les hommes et
les femmes. Les hommes sont présents exclusivement dans l'agriculture et
l'élevage tandis que la transformation agro-alimentaire est le domaine
de prédilection des femmes. De plus, certaines des stratégies
développées par les différents acteurs concernés
pour la réduction des besoins en financement liés à chaque
activité varient selon le sexe.
A l'issu de l'étude, plusieurs stratégies ont
été identifiées. La plupart des stratégies tienne
d'une rationalité que seuls les producteurs ruraux peuvent expliquer.
Certaines des stratégies sont héritées des ancêtres,
d'autres copiées chez un ami ou tout simplement empiriques. Selon les
résultats du test d'indépendance, une relation significative se
décline entre certaines stratégies et le sexe, les groupes
d'activités, le niveau d'éducation au seuil critique de
5%. L'hypothèse 3 n'est pas vérifiée pour
diversification des activités, épargne sur pied ou la pratique de
spéculation. Cependant, les producteurs n'adoptent pas
qu'une seule stratégie, mais ils combinent plusieurs stratégies
afin d'avoir un ensemble de stratégie plus complexe. Les
différentes combinaisons sont fonction des capacités
d'investissement des producteurs ruraux et des résultats qu'ils
souhaitent atteindre à la fin de la campagne agricole. Car le producteur
qui vise par exemple l'autoconsommation n'utilisera pas les mêmes
stratégies qu'un autre qui fait l'agriculture de marché. Il est
souhaitable qu'une amélioration soit apportée à certaines
de ses stratégies très efficace. De toutes les façons, la
prise en compte des stratégies endogènes de financement agricole
est nécessaire pour l'élaboration des politiques agricoles, en
plus des stratégies exogènes (les stratégies de
financement proposées par les initiateurs des programmes de
développement) telles que le crédit agricole. Les initiatives de
développement doivent également tenir compte des contraintes
liées au financement des activités de productions agricoles que
nous avons pu identifier au cours de cette étude.
En dépit des stratégies
développées par les producteurs ruraux, plusieurs contraintes de
financement directes ou indirectes entravent le développement des
activités de production agricole. Au niveau des agriculteurs, les
principales contraintes de financement sont : insuffisance des intrants
agricoles, retard dans le paiement de la dette `'Coton», et
mauvais état des voies d'accès. Les trois contraintes
majeures énumérées par les éleveurs après le
test de Kendall'W sont : insuffisance de retenues d'eau,
insuffisance des aires de pâturage, mauvais état des
voies d'accès. Enfin au niveau des femmes, il faut que les
problèmes d'insuffisance de pompes hydraulique, de main-d'oeuvre
et de manque d'information sur les sources de financement soient
résolus pour promouvoir le développement de leurs
activités de transformations agricoles. Les trois contraintes majeures
énumérées par chaque catégorie de producteur sont
les plus importantes parmi les multiples contraintes que nous avons pu
identifier au cours de l'étude.
8-2- Suggestions
8-2-1- Suggestions relatives au premier objectif :
augmentation des revenus agricoles
Face au faible niveau des revenus agricoles des producteurs
ruraux, les suggestions suivantes ont été fait à l'endroit
des différents acteurs concernés.
> A l'Etat central, aux autorités communales,
aux partenaires au développement et à toutes les structures
intervenants dans la commune.
· concrétiser la mécanisation agricole
prônée dans les nouvelles politiques de développement
agricoles. En effet, la mécanisation agricole, même partielle,
rendra les agriculteurs moins dépendant de la main-d'oeuvre
salariée ou familiale et permettra un accroissement de la taille des
exploitations et des revenus agricoles. Cette action sera aussi d'un grand
atout pour la redynamisation de la production cotonnière dans la zone
d'étude.
· Mise à disposition d'intrants agricoles en
quantité suffisante et à des prix accessibles.
· Augmenter la couverture vaccinale des animaux
d'élevage et donner davantage de conseils d'ordre zootechnique aux
éleveurs. Ces mesures permettront de réduire les
mortalités ou les maladies.
· Promouvoir et renforcer les activités de
transformations agro-alimentaires à travers l'organisation
périodique de formation à l'endroit des femmes
transformatrices.
· Améliorer les systèmes de commercialisation
des produits agricoles et d'élevage.
· Mise à disposition des femmes, de
matériels de transformation et de nouvelles techniques de formations
afin d'augmenter les qualités organoleptiques des produits de
transformations
· Former les producteurs ruraux (les agriculteurs, les
éleveurs et les femmes transformatrices) sur les notions
élémentaires de gestion financière.
· Augmenter les investissements dans le secteur
agricole, par exemple par la mise en place de subventions directes
allouées aux producteurs ruraux, la construction d'infrastructures
nécessaire au développement des zones rurales...
> Aux producteurs ruraux
· Respecter les instructions des encadreurs ou des
animateurs.
· Passer d'une agriculture essentiellement orientée
vers l'auto-consommation à une agriculture de marché, tout au
moins partiellement.
· Diversification des activités de
transformations agricoles : les femmes ne devraient pas tous s'acharner sur la
pratique des mêmes activités. Par exemple, lorsque plus de deux
(02) femmes font déjà des fromages de soja dans un même
village, les autres devraient chercher à se spécialiser dans
d'autres types de transformations.
· Réduire les fréquences de bradages des
produits agricoles.
· S'orienter vers des activités extra-agricoles
à forte valeur ajoutée.
8-2-2- Suggestions relatives au second objectif :
part du revenu agricole réinvesti dans les activités
de production agricole
D'après les résultats de l'étude, la
part des revenus agricoles réinvestie dans les activités de
production agricoles des hommes est relativement faible et inférieure
à la part réinvestie par les femmes dans les activités de
transformation agro-alimentaire. Alors nous formulons les suggestions
suivantes.
> A l'Etat central, aux autorités
communales, aux partenaires au développement et à toutes les
structures intervenants dans la commune.
· Inciter les agriculteurs à investir davantage
dans les activités de productions agricoles par la mise en place de
mécanismes de prix (prix de cessions des intrants, prix d'achat des
produits agricoles), de manière à ce que les activités de
production agricole soient plus rentables.
· Veiller à l'application effective de ses prix
sur les marchés : les autorités communales et les agents de
développement rural (au niveau des CeCPA, l'ONASA) sont mieux
placés pour exécuter cette tâche importante.
> Aux producteurs ruraux
· Réduction des investissements dans les biens
matériels et augmentation de la part des revenus agricoles
réinvestie dans les activités de production agricole par les
agriculteurs et les éleveurs. Cette stratégie devrait permettre
à terme l'augmentation des revenus agricoles de ces derniers.
· L'achat en gros des inputs par les femmes permettra la
réduction des charges liées aux activités de
transformations agro-alimentaires.
8-2-3- Suggestions relatives au troisième
objectif : stratégies de financement
développées par les producteurs ruraux
> A l'Etat central, aux autorités
communales, aux partenaires au développement et à toutes les
structures intervenants dans la commune.
· Financer les études orientées vers
l'évaluation de l'impact réel de chaque stratégie sur le
niveau du revenu agricole et la satisfaction des besoins en financement
agricole à la base. Les résultats de ses différentes
études permettront d'apporter des améliorations à la mise
en oeuvre de ses stratégies endogènes.
· Prendre en compte les stratégies de financement
des activités agricoles développées par les producteurs
ruraux dans l'élaboration des politiques de développement ou des
initiatives visant la réduction de la pauvreté.
8-2-4- Suggestions relatives au quatrième
objectif de l'étude : contraintes liées au
financement des activités de productions agricoles
La levée des différentes contraintes
énumérées par chaque catégorie de producteur
constituera un pas important dans la réduction de la pauvreté en
zone rurale.
> A l'Etat central, aux autorités
communales, aux partenaires au développement et à toutes les
structures intervenants dans la commune
· Prendre des mesures pour augmenter les importations
d'intrants agricoles afin de réduire d'une part les prix de cessions et
d'autres part remédier à l'insuffisance de ses intrants au niveau
des agriculteurs.
· Reprofiler périodiquement les voies
d'accès des les villages enclavés, surtout en saison pluvieuse et
dans les périodes de récoltes afin de faciliter la circulation
des marchandises.
· Prise de mesure pour le paiement rapide de la dette
`'coton» aux cotonculteurs
· Augmenter les points d'abreuvement des animaux
d'élevage.
· Définir des couloirs de parcours plus large pour
remédier à l'amenuisement des capacités de charges des
pâturages naturels face à la taille importante du cheptel.
· Augmenter le nombre de pompe hydraulique au niveau des
villages.
· Restaurer la confiance entre les
bénéficiaires des services financiers et les institutions de
micro-finances, suite à la reccurence des cas d'escroquerie, dont sont
victimes les femmes transformatrices, et orchestrée par certaines ONG,
IMF ou particulier.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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