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Stratégies de financement des activités agricoles développées par les producteurs ruraux dans la commune de Gogounou (Nord Bénin)

( Télécharger le fichier original )
par Hermann ALINGO
Université de Parakou - Diplôme d'ingénieur agronome: option économie et sociologie rurale 2009
  

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République du Bénin
******
Université de Parakou

 

******
Faculté d'Agronomie
******
Département d'Economie et Sociologie Rurales
******
3ème promotion

Stratégies de financement des activités

agricoles développées par les

producteurs dans la commune de

Gogounou

THESE

pour l'obtention du diplôme d'Ingénieur Agronome
Option :
Economie et Sociologie Rurales

Par :

Vignon Rodrigue Hermann ALINGO

Composition du Jury

Président : Prof Gauthier BIAOU Rapporteur : Dr Jacob YABI

1er Examinateur : Dr Pamphile DEGLA 2ème Examinateur : Dr Nasser BACO

Soutenue le 22 Décembre 2008

 

Republic of Benin
******
University of Parakou

 

******
Faculty of Agronomy
******
Department of Rural Economy and Sociology
******
Third promotion

Strategies developed by producers to

finance their agricultural activities in the

district of Gogounou

THESIS

Submitted for the requirement of Ingénieur Agronome Degree
By
Vignon Rodrigue Hermann ALINGO

Composition of the jury:

Chairman : Prof Gauthier BIAOU Reporter : Dr Ir Jacob YABI

1st Examinator : Dr Ir Pamphile DEGLA 2nd Examinator : Dr Ir Nasser BACO

December, 22 th, 2008

CERTIFICATION

Je certifie que ce travail a été réalisé par Vignon Rotirigue Hermann ALINGO sous ma supervision à la Faculté ti'Agronomie tie l'Université tie Parakou au Bénin, Département ti'Economie et tie Sociologie Rurales.

Le Superviseur
Dr. Ir. Jacob YABI

Agro-économiste
Spécialiste des études d'impact économique et des programmes de développement
Enseignant-Chercheur, Département d'Economie et de Sociologie Rurales
Faculté d'Agronomie de l'Université de Parakou

.

DEDICACES

Nous dédions cette thèse :

A nos parents Laurent ALINGO et Claudine KANONTIN ALINGO ; que ce travail qui est le fruit de vos efforts vous comble de joie et de fierté. Nous ne saurions oublier les nombreux sacrifices que vous vous êtes imposés pour nous amener à ce niveau.

A mes frères et soeurs ; vous avez été pour moi des modèles. Nous n'avons fait que suivre les balises que vous avez laissées.

A Benoîte HOUNWANOU ; pour votre soutien particulier tout au long de la formation, nous vous disons exceptionnellement merci.

REMERCIEMENT

Nous témoignons nos vives reconnaissances à tous ceux ou celles qui, à quelque titre que ce soit ; consciemment ou inconsciemment, ont contribué de près ou de loin à la réalisation de ce travail ; particulièrement :

- au Dr. Ir. Jacob YABI, notre superviseur, sa prompte disponibilité malgré ses
multiples tâches ne nous a fait aucun défaut lors des différentes étapes du processus.

- à tous les responsables du projet NPT BEN-WU ;

- aux autorités décanales de la Facultés d'Agronomie de l'Université de Parakou, en particulier le Doyen Dr Sanni-Yô DOKO ALLOU et le Vice-Doyen Dr. Ir. Honorat EDJA ;

- à tous mes éducateurs du primaire au supérieur, en l'occurrence les enseignants de la Faculté d'Agronomie de l'Université de Parakou ;

- aux ingénieurs Aminou AROUNA et Soulé ADEKAMBI, pour toutes leurs sympathies et les fructueux conseils qu'ils nous ont prodigués. Cela nous a facilité bien de choses ;

- à Mr Aliou Akitola AKADIRI, trouvez à travers cette oeuvre, l'expression de notre profonde gratitude ;

- aux populations rurales de la commune de Gogounou pour le dévouement et la patience dont ils ont fait montre lors de nos investigations, malgré que ce flit au cours d'une période d'activités intenses. Que ce travail soit pour vous l'espoir d'un lendemain meilleur dans l'amélioration de vos conditions de vie ;

- à tous nos amis, pour vos soutiens multiples.

Merci à toutes et à tous ; tout le mérite qu'il aura été possible d'accorder à ce travail est aussi le vôtre.

RESUME

La performance du secteur agricole béninois est en forte corrélation positive avec la performance de la filière coton. En effet, le coton est la principale culture de rente au Bénin et emploie une grande majorité d'actifs agricoles. Mais la volonté manifeste des producteurs à s'investir dans la culture du coton se heurte à d'importants problèmes de mauvaises organisations et de gestions de la filière (exemple de la campagne cotonnière 2006-2007). Ces problèmes affectent négativement non seulement le revenu des paysans mais aussi les ressources de l'état. Afin de palier la baisse des revenus des ruraux, plusieurs politiques de développement agricole ont été élaborées dont le crédit agricole (à travers la microfinance) mais ces différentes politiques de promotions de crédits agricoles peinent à prendre ou ont échoué.

Par ailleurs, les producteurs ruraux arrivent tant bien que mal à renverser ou à gérer la tendance baissière de leurs revenus agricoles à travers la mise en oeuvre de diverses stratégies. Une hausse des revenus agricoles rime avec une hausse des capacités de financement des activités de production agricole. Les résultats de la présente recherche, à travers l'analyse des stratégies développées par les producteurs ruraux pour financer leurs différentes activités de production agricole, permettront une meilleure élaboration de futures politiques de développement agricole, orientées vers les producteurs ruraux, par la prise en compte de ses stratégies.

A cet effet, quatre objectifs ont été spécifiés:

- évaluer les revenus agricoles annuels des producteurs ruraux de la commune ;

- déterminer la part des revenus agricoles annuels utilisée par les producteurs ruraux pour financer les activités agricoles ;

- identifier les autres stratégies de financement des activités agricoles développées par les producteurs ruraux ;

- identifier les contraintes liées au financement des activités de production agricole dans la commune.

La commune de Gogounou, située dans le département de l'Alibori, est le milieu d'étude choisi compte tenu du partenariat entre cette commune et l'Université de Parakou appuyée par le projet NPT BEN-WU.

Les données collectées ont permis d'évaluer le revenu agricole annuel moyen des producteurs ruraux qui s'élève à 619.720 Fcfa. Ce revenu est relativement faible comparé aux énormes charges liées à l'exercice des différentes activités de production agricole à savoir l'agriculture, l'élevage et les transformations des produits agricoles. Et c'est dans le but de remédier à la faiblesse de leurs revenus et de leurs capacités d'investissement que les producteurs ruraux ont développé plusieurs stratégies de financement. Par ailleurs, d'après les résultats du test de comparaison de moyenne et de l'ANOVA à un facteur, les revenus agricoles moyens ne varient pas selon le sexe (t = -0,504 p=0,615), ni selon les groupes d'activités (~ = 0,684 p=0,506), ni selon le niveau d'éducation (~ = 1,193 p=0,306) au seuil de 5%.

Mais il existe une relation entre la part moyenne de réinvestissement des revenus agricoles annuels dans les activités de production agricole et le sexe au seuil de 1% (t = 3,883 p=0,00). La part moyenne de réinvestissement des hommes s'élève à 37,67% contre 201,79% pour les femmes. Les femmes réinvestissent plus leurs revenus agricoles dans les activités de transformations agro-alimentaires que les hommes dans l'agriculture ou l'élevage. Ces derniers optent pour l'investissement de leur revenu dans les biens de consommation ou les cérémonies. La pratique de la transformation des produits agricoles requiert d'énormes dépenses incompressibles contrairement à l'agriculture et l'élevage où l'utilisation de différentes stratégies permette de réduire sensiblement les investissements.

Plusieurs stratégies sont utilisées par les producteurs ruraux pour financer les activités de production agricole. Les stratégies à court terme, développées par les producteurs ruraux, visent la satisfaction de besoins de financement ponctuels tels que la rémunération de la maind'oeuvre, le paiement des frais de vaccination, le transport des produits de récolte...Le bradage des produits de récoltes, l'achat à crédit, le recours au marché parallèle, ou encore l'utilisation de la main d'oeuvre familiale culturale appartiennent à cette première catégorie de stratégie.

L'appartenance à une association ou un groupe, la diversification des activités, l'épargne sur pied, la pratique de spéculation sur les produits de récoltes ou les animaux d'élevage constituent les principales stratégies à moyen et long terme. Les producteurs qui adoptent ces stratégies visent à terme une augmentation de leur revenu global afin de mieux faire face aux énormes charges liées aux différentes activités de production agricole.

Parmi ces deux catégories de stratégies, des stratégies indirectes et des stratégies directes de financement peuvent être distinguées.

Les producteurs ruraux s'heurtent à plusieurs contraintes qui entravent fortement le développement de leurs différentes activités de production agricole. L'hiérarchisation des contraintes varie selon les groupes d'activités. Ces contraintes de financement peuvent être directes ou indirectes. Ainsi l'insuffisance d'intrants agricoles, le retard dans le paiement de la dette `'Coton» et le mauvais état des voies d'accès sont les contraintes majeures au niveau des agriculteurs. Les principales contraintes de financement énumérées par les éleveurs sont par ordre d'importance l'insuffisance de retenue d'eau, l'insuffisance des aires de pâturage et le mauvais état des voies d'accès. En ce qui concerne les activités de transformations agroalimentaires, l'insuffisance de pompe hydraulique, l'insuffisance de main-d'oeuvre, et le manque d'information sur les sources de financement sont les contraintes les plus importantes liées au financement de cette catégorie d'activité. Les trois contraintes majeures énumérées par chaque catégorie de producteur représentent les plus importantes parmi les multiples contraintes que nous avons pu identifier au cours de l'étude.

Par rapport à ces différents résultats, nous avons proposé plusieurs suggestions dont les plus importantes, selon les objectifs de l'étude, sont :

> Objectif I :

- création des conditions à l'augmentation des investissements dans les activités agricoles

pour l'accroissement de la productivité agricole, et par ricochet des revenus agricoles.

- augmentation des investissements dans le secteur agricoles par tous les acteurs impliqués

dans ce secteur.

> Objectif II :

- réduction des investissements dans les biens matériels et augmentation de la part des revenus agricoles réinvestie dans les activités de production agricoles par les agriculteurs et les éleveurs. Cela devrait permettre à terme l'augmentation des revenus agricoles de ces derniers.

> Objectif III :

- prendre en compte les stratégies de financement des activités agricoles développées par les producteurs ruraux dans l'élaboration des politiques de développement ou des initiatives visant la réduction de la pauvreté.

> Objectif IV :

- la prise de mesure ou le développement d'initiatives visant la levée des contraintes majeures énumérées par chaque catégorie de producteur constituera un pas important dans la réduction de la pauvreté en zone rurale. En effet, ces contraintes de financement tant directes qu'indirectes entravent fortement le développement des activités de production dans la commune de Gogounou.

ABSTRACT

Performance of the agricultural sector in Benin is positively correlated with the performance of the cotton. Indeed, cotton is the main cash crop in Benin and employs a large majority of agricultural workers. But the strong desire of producers to invest in the cultivation of cotton faces significant problems of poor organization and management of the sector (such as cotton campaign 2006-2007). These problems negatively affect not only the income of peasants but also the resources of the state. In order to increase the level of income, several agricultural development policies have been developed as promotion of agricultural credit (through microfinance), but most of these policies to promote agricultural credits have failed.

In addition, rural producers try to manage or reverse the downward trend of their farm income through implementation of various strategies. An increase in farm incomes means an increase in capacity of financing the activities of agricultural production. The results of this survey, through analysis of the strategies developed by rural producers to finance their agricultural activities, allow better preparation of future agricultural development policies oriented towards rural producers, by taking into account its endogenous strategies.

To this end, four goals were specified:

- evaluate the annual agricultural income of rural producers of the town;

- determine the annual agricultural income used to finance agricultural activities;

- identify other funding strategies of agricultural activities developed by rural producers; - identify all constraints to finance agricultural activities in the municipality.

The municipality of Gogounou, located in the department of Alibori, is the place of study chosen in view of the partnership between this municipality and the University of Parakou sponsored by the NPT. The aim of this partnership is to promote local development of the department of Alibori.

The data collected were used to estimate the average annual agricultural income of rural producers amounting to 619,720 CFA francs. This income is relatively low compared to expense related to the exercise of different agricultural production activities namely agriculture, animal husbandry and food processing. So, in order to remedy the weakness of their income and their investment capacity, rural producers have developed several strategies. But, the results of independent-sample T-test and one-way ANOVA show that average farm incomes means do not vary in accordance with sex (t = -0,504 p = 0,615), or activities (F = 0,684 p=0,506), or level of education(F=1,193 p=0,306).

But there is a relationship between the average of annual farm income reinvest in agricultural
production activities and sex at the 1% (t =3,883 p =0,00). The average reinvested by men

stood at 201.79% against 37.67% for women. Women reinvest more of their incomes in the agricultural processing food than men in agriculture or animal husbandry. Transformation of agricultural products requires enormous expenditures contrary to practice of agriculture and breeding where the use of different strategies can significantly reduce investment.

Plenty of strategies are used by rural producers to finance agricultural production activities. The short-term strategies developed by rural producers, seek the satisfaction of one-time funding such as remuneration of labour, payments of vaccination ... pledges, small loans of money, buying on credit, purchasing in black market, or the use of family workforce in cultivation belong to this category of the first strategy. Others producers sell off the product of their harvest.

Belonging to an association or group, diversification of activities, saving up by practicing breeding, the practices of speculation on crops or livestock are the main medium and longterm strategies. Producers who adopt these strategies aim to increase their total income in order to be able to face the huge charges related to various agricultural activities.

Among these two categories of strategies, strategies indirect and direct financing strategies can be distinguished.

Rural producers face several constraints that hamper severely the development of their various agricultural production activities. The ranking of constraints vary according to group activities. These funding constraints may be direct or indirect. Thus the shortage of agricultural inputs, the long delay in the payment of debt "Cotton" and the bad condition of roads are the major level of farmers. The main funding listed by breeder are in order of importance lack of water retention, lack of grazing areas and the poor condition of roads. Regarding the activities of agro-food processing, lack of hydraulic pump, insufficient manpower, and lack of information on sources of financing are the most significant funding. The three major listed by each producer category represent the most important among the many constraints that we have identified during the study.

Taking into account those results, we offered several suggestions, the most important, according to the specific target of the study are:

> Target I:

- Mechanization of agriculture;

- Creation of conditions which will promote increase of investment in agricultural activities in order to increase agricultural productivity;

- Increase in the investments in the agricultural sector by all the actors implied in this sector.

> Target II:

- Reduction of investment in property and increasing the share of farm income reinvested in the agricultural production by farmers and ranchers. This should allow term increase in farm incomes of the latter.

> Target III:

- Take into account the funding strategies of agricultural activities developed by rural producers in the formulation of development policies or initiatives aimed at reducing poverty.

> Target IV:

- lift or resolve the major constraint listed by each group of producer. That will be an important step in reducing poverty in rural areas. These funding constraints both direct and indirect strongly hamper the development of production activities in the municipality of Gogounou.

TABLE DES MATIERES

CERTIFICATION i

DEDICACES ii

REMERCIEMENT iii

RESUME iv

ABSTRACT viii

LISTE DES TABLEAUX xv

LISTE DES FIGURES, ENCADRES ET CARTES xvii

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS xviii

1-

INTRODUCTION GENERALE

4

1-1-

Problématique et pertinence

5

1-2-

Objectifs et hypothèses

8

1-2-1-

Objectifs de recherche

8

1-2-2-

Hypothèses de recherche

9

2-

CADRE CONCEPTUEL ET CADRE THEORIQUE

11

2-1-

Notion de dépense et de revenu agricole

11

2-2-

Caractéristiques et dynamique de la pauvreté

12

2-2-1-

Définitions

12

2-2-2-

Principaux concepts de la pauvreté

13

2-3-

Le financement agricole

13

2-4-

Investissement et augmentation des revenus agricoles

15

2-5-

Notion de stratégie dans le monde rural

17

2-6-

L'approche `'Livelihood»

19

3-

METHODOLOGIE

21

3-1-

Revue documentaire

21

3-2-

Choix de la zone d'étude

23

3-2-1-

Raison du choix de la zone d'étude

23

3-2-2-

Présentation de la zone d'étude

23

3-2-2-1-

Localisation

23

3-2-2-2-

Caractéristiques pédo-climatiques et agro-écologiques

24

3-2-2-3-

Caractéristiques socio-démographiques et politico-administratives

25

3-2-2-4- Caractéristiques économiques et socio-communautaires 26

3-3- Phase exploratoire 28

3-3-1- Phase exploratoire à l'échelle communale 28

3-3-2- Choix des villages d'étude 28

3-4- Echantillonnage 29

3-5- Phase d'étude approfondie 30

3-5-1- Données collectées et méthode de collecte des données 31

3-5-1-1- Données collectées 31

3-5-1-2- Méthode de collecte des données 31

3-6- Paramètres à mesurer 32

3-6-1- Paramètres liés au revenu agricole annuel des producteurs 32

3-6-2- Part du revenu agricole annuel réinvestie dans les activités agricoles 34

3-7- Outils d'analyse des données 35

3-8- Limites des données collectés 37

4- EVALUATION ET ANALYSE DES REVENUS AGRICOLES DES

PRODUCTEURS RURAUX 40

4-1- Evaluation des revenus agricoles annuels des producteurs ruraux 40

4-1-1- Activités principales des enquêtés 40

4-1-2- Revenu agricole annuel des producteurs ruraux 41

4-1-3- Revenu extra-agricole des producteurs 43

4-2- Revenu agricole et sexe 46

4-2-1- Analyse descriptive des revenus agricoles annuels moyens des femmes et des

hommes 46

4-2-2- Variation et dispersion des revenus agricoles selon le sexe 47

4-3- Revenu agricole et groupes d'activités 49

4-3-1- Analyse comparée des revenus agricoles suivants les groupes d'activités 49

4-3-2- Variation des revenus agricoles suivant les groupes d'activités 51

4-4- Revenu agricole et niveau d'éducation 52

4-4-1- Analyse comparée des revenus agricoles des producteurs suivant leur niveau

d'instruction 52

4-4-2- Variation et dispersion des revenus agricoles

suivant le niveau d'instruction 54

4-5- Conclusion partielle 57

5- ANALYSE DE LA PART DU REVENU ANNUEL REINVESTIE DANS

LES ACTIVITES DE PRODUCTION AGRICOLE 59

5-1- Analyse des charges propres à chaque type d'activité 59

5-2- Analyse de la part moyenne du revenu réinvestie 61

5-3- Conclusion partielle 66

6- ANALYSE DES STRATEGIES DE FINANCEMENT DEVELOPPEES PAR

LES PRODUCTEURS RURAUX 68

6-1- Stratégies à court terme 68

6-1-1- Achat à crédit 68

6-1-1-1- Etude de la relation entre l'achat à crédit et le sexe 69

6-1-1-2- Etude de la relation entre l'achat à crédit et les groupes d'activités 69

6-1-1-3- Etude de la relation entre l'achat à crédit et le niveau d'éducation 70

6-1-2- Bradage 71

6-1-2-1- Etude de la relation entre le bradage et le sexe 71

6-1-2-2- Etude de la relation entre le bradage et les groupes d'activités 72

6-1-2-3- Etude de la relation entre le bradage et le niveau d'éducation des producteurs

ruraux 73

6-1-3- Le recours au marché parallèle 74

6-1-4- Utilisation massive de la main-d'oeuvre familiale 75

6-2- Stratégies à moyen et long terme 77

6-2-1- Appartenance à un groupement ou une association 77

6-2-2- Diversification des activités 78

6-2-3- Epargne sur pied 79

6-2-4- Spéculation 80

6-3- Autres stratégies 81

6-4- Conclusion partielle 83

7- ANALYSE DES CONTRAINTES DE FINANCEMENT AGRICOLES 86

7-1- Rang de classement des contraintes de financement selon les agriculteurs 86

7-2- Rang de classement des contraintes de financement selon les éleveurs 89

7-3- Rang de classement des contraintes selon les femmes transformatrices 90

7-4- Conclusion partielle 93

8- CONCLUSION ET SUGGESTIONS 95

8-1- Conclusion générale 95

8-2- Suggestions 97

8-2-1- Suggestions relatives au premier objectif :

Augmentation des revenus agricoles 97

8-2-2- Suggestions relatives au second objectif : part du revenu agricole réinvesti dans

les activités de production agricole 98

8-2-3- Suggestions relatives au troisième objectif : stratégies de financement

développées par les producteurs ruraux 99

8-2-4- Suggestions relatives au quatrième objectif de l'étude : contraintes liées au

financement des activités de productions agricoles 99

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 100

LISTE DES TABLEAUX

Titre Pages

Tableau 3.1 : Structure de l'échantillon. 30

Tableau 4.1 : Revenu moyen des producteurs aux niveaux villageois et communal. 42

Tableau 4.2 : Moyenne des revenus extra-agricoles par village. 44

Tableau 4.3 : Activités extra-agricoles exercées à Gogounou. 45

Tableau 4.4 : Résultat du test de comparaison des moyennes des revenus agricoles

selon le sexe. 48
Tableau 4.5 : Résultat du test de comparaison des moyennes des revenus agricoles

selon les groupes d'activités. 52
Tableau 4.6 : Niveau d'instruction des producteurs ruraux

dans la commune de Gogounou. 53

Tableau 4.7 : Résultat du test de comparaison des moyennes des revenus agricoles

selon le niveau d'instruction. 55

Tableau 5.1 : Charges relatives aux différentes activités de productions. 60

Tableau 5.2 : Résultat du test de comparaison des parts moyennes de réinvestissement

des revenus agricoles. 63

Tableau 5.3 : Part des revenus investie dans les besoins sociaux 63

Tableau 6.1 : Relation entre la stratégie `'achat à crédit»

et le sexe. 69

Tableau 6.2 : Relation entre la stratégie »achat à crédit» et les groupes d'activités. 70

Tableau 6.3 : Relation entre la stratégie »achat à crédit»

et le niveau d'éducation . 71

Tableau 6.4 : Relation entre `'bradage» et sexe. 72

Tableau 6.5 : Relation entre la stratégie »bradage» et les groupes d'activités. 73

Tableau 6.6 : Relation entre le bradage et le niveau d'éducation. 74

Tableau 6.7 : Synthèse des résultats des tests de X2 relatives

à la stratégie `'recours au marché parallèle». 75

Tableau 6.8 : Charges moyennes liées à chaque opération culturale. 77

Tableau 6.9 : Synthèse des résultats des tests de X2 relatives à la stratégie `'Utilisation massive de la main-d'oeuvre familiale». 77
Tableau 6.10 : Synthèse des résultats des tests d'indépendance relatifs à l'appartenance à un

groupement ou une association. 78
Tableau 6.11 : Résultats des tests de Khi-deux relatifs

à la stratégie `'Diversification des activités» 79

Tableau 6.12 : Synthèse des résultats des tests de X2 relatifs

à la stratégie `'Epargne sur pied» 80

Tableau 6.13 : Synthèse des résultats des tests de X2

par rapport à la pratique de la spéculation 80

Tableau 7.1 : Classement des contraintes de financement par les agriculteurs. 88

Tableau 7.2 : Classement des contraintes de financement selon les éleveurs. 90

Tableau 7.3 : Classement des contraintes selon les femmes transformatrices. 92

LISTE DES ,

FIGURESENCADRES ET CARTES

Titres Pages

Figure 2.1a : Montant des dépenses publiques consacrées à l'agriculture par habitants des zones rurales en Dollar U$ de 1995. 17
Figure 2.1b : Evolution de la proportion de la population disposant de moins d'un dollar par

jour. 17

Figure 3.1 : Processus de la recherche. 22

Figure 3.2a : Carte administrative du Bénin. 24

Figure 3.2b : Ces différentes zones agro- écologique du Bénin. 24

Figure 3.3 : Carte administrative de la commune de Gogounou. 26

Figure 4.1: Principales groupes d'activités. 40
Figure 4.2 : Revenus agricoles annuels moyens

des hommes et femmes de Gogounou. 47

Figure 4.3 : Niveau de dispersion des revenus agricoles suivant le sexe. 49

Figure 4.4 : Niveau de dispersion des revenus agricoles

suivant le niveau d'instruction. 56

Figure 5.1 : Niveau moyen des charges relatives

aux différentes activités de productions agricoles. 61

Figure 5.2 : Evolution des parts moyennes de réinvestissement des revenus agricoles suivant les villages et le sexe. 64
Encadré 6.1 : Version d'un enquêté à propos de la vente d'intrants

dans le marché parallèle. 75

Encadré 6.2 : Extrait de l'entretien avec un des producteurs ruraux. 82

Encadré 7.1 : Extrait des propos d'un agriculteur par rapport

à l'insuffisance des intrants et son impact sur la production agricole. 87

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

ANOVA : Analyse of Variance

Ce.C.P.A : Centre Communal de Promotion Agricole

CLCAM : Caisse Locale de Crédits Agricoles Mutuel CPRC : Chronic Poverty Research Centre

CRA-CF : Centre de Recherche Agricole - Coton et Fibres DFID : Department For International Development

FAO : Food and Agriculture Organisation of the United Nations
FCFA : Franc de la Communauté Financière Africaine

FIDA : Fonds International de Développement Agricole IMF : Institution de Micro Finance

INRAB : Institut National des Recherches Agricoles du Bénin

INSAE : Institut Nationale de la Statistique et d'Analyse Economique LARES : Laboratoire d'Analyse Régionale et d'Expertise Sociale

MFPSS : Ministère de la Famille, de la Protection Sociale et de la Solidarité OIT : Organisation Internationale du Travail

ONASA : Office National d'Appui à la Sécurité Alimentaire

ONG : Organisation Non Gouvernementale

ONU : Organisation des Nations Unies

PAS : Programme d'Ajustement Structurel

PAPA : Programme Analyse de la Politique Agricole

PIB : Produit Intérieur Brut

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

RGPH : Recencement Général de la Poplation et de l'Habitation au Bénin.

SCRP : Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté

SPSS: Statistical Package for Social Science

UCOPER : Union Communale des Organisations Professionnelles des Eleveurs des Ruminants

UDOPER : Union Départementale des Organisations Professionnelles des Eleveurs des Ruminants

ZAE : Zone Agro-Ecologique

INTRODUCTION GENERALE, CADRES

CONCEPTUEL THEORIQUE ET

METHODOLOGIQUE DE LA

RECHERCHE

PREMIERE PARTIE :

CHAPITRE I

INTRODUCTION GENERALE

1- INTRODUCTION GENERALE

A la fin des années 1980, comme tous les pays de la sous-région, le Bénin a été confronté à des difficultés économiques et financières, difficultés traduites en termes de détérioration des termes de l'échange couplée à de graves déséquilibres budgétaires. Il s'est alors engagé dans des Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) afin d'entreprendre une restructuration profonde de son économie, conformément aux exigences des institutions de Brettons Wood (Banque Mondiale et Fonds Monétaire International). Le retour à la croissance économique à travers la poursuite des grandes réformes macro-économiques et la réduction du train de vie de l'Etat, étaient le but visé par ce redressement économique. De profondes transformations sociales et économiques en ont découlé avec des effets considérables sur la population: une autre distribution des revenus (dont la dégradation des prix aux producteurs), la détérioration du niveau de vie des populations urbaines et rurales, et l'accentuation de la pauvreté.

Par ailleurs, la part de l'agriculture dans l'économie des pays en voie de développement et précisément dans les pays de l'Afrique subsaharienne est très importante. Aussi l'économie du Bénin, à l'instar de ses pays, dépend largement du secteur agricole qui compte pour près de 39% dans la formation du PIB (PNUD, 2003). Le développement des pays en voie développement et du Bénin en particulier reste étroitement lier à leur capacité à promouvoir véritablement le secteur agricole (Aho et Kossou, 1997).

La performance du secteur agricole béninois est en forte corrélation positive avec la performance de la filière coton. En effet, le coton est la principale culture de rente du pays et emploie une grande majorité d'actifs agricoles. Mais le secteur est confronté à d'importants problèmes de mauvaises organisations et de gestions de la filière (exemple de la campagne cotonnière 2006-2007). Ces problèmes affectent négativement non seulement le revenu des paysans mais aussi les ressources de l'Etat. Pour l'Etat, ce manque à gagner constitue d'énormes pertes qui freinent le développement économique du pays. De même pour les ménages producteurs, la baisse du revenu contraint les producteurs à vendre leurs produits à bas prix, ou à réduire les superficie qu'ils mettent en valeur, ce qui influence évidemment les résultats de leurs exploitations. De plus, les différentes politiques de promotions de crédits agricoles peinent à prendre ou ont échoué. Pour pallier la baisse des revenu qui a un impact sur les investissements à consentir pour la conduite des activités de productions agricoles, et face à la difficulté d'accès au crédit, les producteurs ont dû développer diverses stratégies pour mener les activités agricoles dans cet environnement très peu favorable à l'essor de l'entreprise agricole. La présente étude se propose d'explorer et d'analyser les différentes stratégies développées par les producteurs pour le financement des activités agricoles.

Cette étude s'inscrit dans le cadre des travaux de fin d'étude pour l'obtention du diplôme d'Ingénieur Agronome à la Faculté d'Agronomie de l'Université de Parakou. Le document comporte deux parties qui s'articulent de la manière la suivante :

> La première partie, en plus du chapitre introductif, rend compte du cadre conceptuel et théorique, et du cadre méthodologique de la recherche. Elle est subdivisée en trois (03) chapitres :

- le premier chapitre est un chapitre introductif qui définit les problèmes et les questions de recherches, présente les objectifs et hypothèses de recherche ;

- le deuxième chapitre expose et oriente les démarches à travers un choix logique d'approches conceptuelles et théoriques pour ainsi baliser les interprétations et les analyses ;

- le chapitre trois (03) présente la méthodologie adoptée pour l'exécution des différentes phases de cette recherche.

> La deuxième partie présente les résultats et discussions relatives à chaque objectif spécifique fixé, puis la conclusion et les recommandations de l'étude. Elle couvre quatre (04) chapitres :

- une évaluation et une analyse des revenus agricoles annuels des producteurs sont faites dans le chapitre (04) ;

- le chapitre suivant rend compte de l'analyse de la part du revenu agricole qui est réinvestie pour financer les activités agro-pastorales et les transformations des produits agricoles ;

- Le sixième chapitre analyse les autres stratégies de financement des activités agricoles développées par les producteurs ;

- Les contraintes liées au financement agricole sont analysées dans le septième chapitre ;

- La conclusion porte sur le chapitre huit (08) et résume les grandes conclusions tirées au terme de l'étude et les suggestions faites à l'endroit des différents acteurs concernés par l'étude.

1-1- Problématique et pertinence

Au Bénin, l'agriculture est au centre des activités économiques. Le secteur agricole assure l'emploi à près de 70% de la population active et participe pour 38% à la constitution du PIB (Berkani, 2002). Toutefois, le secteur est caractérisé par une faible productivité (ministère du Plan, 2000). Cela s'explique par le fait que l'agriculture ne bénéficie pas encore de façon

encourageante des techniques et méthodes les plus modernes pour son développement tant au niveau de la production que de la conservation, de la transformation et de la commercialisation des produits agricoles (Ministère du Plan, 2000). Mais par rapport a la culture du coton qui constitue la principale culture d'exportation du pays et qui constitue donc une importante source de devises étrangères, le gouvernement a consenti beaucoup d'efforts de développement depuis des décennies. En effet, le coton représente près de 70% a 80% de la valeur des exportations, 35% des recettes fiscales et sa contribution en terme de valeur ajoutée est estimé a 13% du PIB (LARES, 2004 ).

Nonobstant cette performance, la filière coton connaît toujours de profondes difficultés, du fait de la mauvaise gestion a différents niveaux. L'une des conséquences de ces difficultés est la récurrence du non paiement des dettes aux producteurs alors que leur produit est déja acheté. Ces dettes dues aux producteurs, associées a la baisse des cours au niveau du marché international, ont conduit a une baisse fulgurante de la production, et par contrecoup a une baisse de revenu des ménages producteurs. Selon le CRA-CF (2005), la baisse enregistrée au niveau de la production cotonnière entre 2000 et 2004 peut être estimée a environ 20%. Cette baisse représente pour les ménages ruraux producteurs de coton plus de 40 milliards de manque a gagner par an. Selon cette source, les impacts socio-économiques de la crise cotonnière peuvent se résumer en: baisse des revenus des ménages, risque d'insécurité alimentaire, baisse du taux de scolarisation des enfants, etc. Il est alors important que les politiques de développement puissent trouver des stratégies pour atténuer ce manque a gagner économique au niveau des ménages ruraux et contribuer a la réduction de la pauvreté qui sévit en zone rurale et péri-urbaine.

En effet, la pauvreté, analysée selon les indicateurs habituels d'incidence, de profondeur et de sévérité, a été évaluée dans le document stratégique de croissance pour la réduction de la pauvreté, en référence a des seuils annuels de pauvreté qui s'établissent respectivement a 74.886 Fcfa par tête en 2002 et a 82.224 Fcfa en 2006. Ces résultats montrent une augmentation de la pauvreté depuis 2002. L'incidence de pauvreté se serait accrue par rapport a 2002, passant de 28,5% a 36,8%. De même, la profondeur de la pauvreté se serait accrue sensiblement au cours de la période, passant de 11% en 2002 a près de 14% en 2006 avec un écart plus marqué en milieu rural (SCRP, 2007). Cette forte évolution est imputable a l'importance et aux coûts des besoins non alimentaires, l'éducation, la santé et le logement (Banque Mondiale, 2003). Par ailleurs, il est clair que le développement de l'agriculture passe nécessairement par l'augmentation de la production agricole, donc l'augmentation du capital des exploitations agricoles. Or les besoins en financement du secteur agricoles sont très

importants. Ils sont avant tout destinés à améliorer la productivité de la terre et de la main d'oeuvre, les revenus agricoles et la sécurité alimentaire des ménages (Yègbémey, 2007).

Le développement est impossible sans un système financier efficace. En outre, force est de constater que l'accès aux systèmes financiers reste un véritable parcours de combattant pour les populations surtout en zone rurale. Environ 90% des personnes vivant dans les pays en développement n'ont pas accès aux institutions de services financiers (Robinson, 2001).

En outre, les politiques de microfinance ont été caractérisées par un faible recouvrement des crédits octroyés puisque les bénéficiaires n'arrivent pas toujours à rembourser les crédits contractés. La pauvreté perdure et continue surtout de gagner du terrain en milieu rural selon les différents rapports de l'ONU ou du PNUD des dernières années. Face à cet échec cidessus énuméré, il est indispensable de repenser les approches de promotion des investissements dans la production agricole.

De nos jours, plusieurs experts en développement pensent que l'approche «faire-faire» serait la mieux adaptée pour sortir les populations rurales du carcan de la pauvreté. Selon eux, il semble mieux d'aider les pauvres à se développer eux-mêmes que de penser les développer. Dans ces conditions, est-il possible d'adapter cette approche au financement des activités agricoles? Autrement dit, les institutions d'appui au développement rural ne feraient-elles pas mieux d'identifier les stratégies développées par les populations rurales elles-mêmes pour financer leurs activités agricoles, puis ensuite de chercher à accompagner les producteurs dans l'amélioration de ces stratégies?

En effet, les producteurs ruraux confrontés à une insuffisance de moyens financiers et matériels, développent des stratégies qui leurs permettent de financer les activités agricoles. Les revenus issus de ses activités leurs permettent de s'assurer une survie ou une amélioration de leur niveau de vie. La prise en compte des stratégies des acteurs concernés `'favorise les initiatives des producteurs et évite les compromis implicites entre partenaires concernés par la résolution des mêmes problèmes» (Yung et Zaslawsky, 1992). Elle devait s'imposer comme préalable à l'élaboration de toute politique visant la réduction de la pauvreté.

L'identification des stratégies développées par les populations rurales pour financer leurs activités et les contraintes auxquelles elles font face, est donc nécessaire pour une meilleure élaboration et orientation des politiques agricoles visant en filigrane la réduction de la pauvreté.

Les questions suivantes sont d'une grande importance pour atteindre ce double objectif :

- quelles sont les stratégies développées pour le financement des activités agricoles ?

- quelles sont les contraintes de financement des activités agricoles dans la commune ? C'est dans la perspectives de trouver des approches de solutions à ces différentes questions que s'inscrit le présent travail intitulé : `'Stratégies développées par les producteurs pour financer leurs activités agricoles». La commune de Gogounou au Nord-Est du Bénin a été retenue pour la conduite de l'étude. Gogounou fût choisie compte tenu du partenariat entre cette commune et la Faculté d'Agronomie de l'Université de Parakou en collaboration avec le Projet NPT BEN-WU. En effet, le problème de financement agricole se pose avec acuité dans cette commune car les résultats du diagnostic participatif conduit en 2006 révèlent que le manque de satisfaction des besoins de financement des ménages figuret parmi les contraintes majeurs qui entravent le développement de Gogounou.

Sur le plan scientifique et théorique, l'exploration des connaissances endogènes en matière de financement agricole et l'identification des contraintes qui y sont liées permettront de compléter les connaissances existantes sur les producteurs ruraux. L'étude permettra également de proposer aux décideurs des solutions qui viseraient à lever ces contraintes et à améliorer les connaissances endogènes. L'étude nourrit la noble ambition de fournir des résultats et des propositions utiles aux institutions privées et étatiques ; nationales et internationales en charge de la promotion du financement pour une production agricole durable.

1-2- Objectifs et hypothèses

1-2-1- Objectifs de recherche

Cette étude se propose de faire une analyse des stratégies de financement des activités de production agricole développées par les producteurs ruraux dans la commune de Gogounou.

Cet objectif général se décline à travers les objectifs spécifiques suivants :

- évaluer les revenus agricoles annuels des producteurs ruraux de la commune ;

- déterminer la part des revenus agricoles annuels utilisée pour financer les activités agricoles ;

- identifier les autres stratégies de financement des activités agricoles développées par les producteurs ruraux ;

- identifier les contraintes liées au financement des activités agricoles dans la commune.

L'autofinancement constitue une stratégie particulière que nous devons étudier en plus des autres stratégies de financement développées par les producteurs ruraux. Alors l'évaluation des revenus agricoles annuels est donc nécessaire pour connaître la part réinvestie par les producteurs ruraux. Mais il faut prendre en compte les contraintes liées au financement des activités agricoles pour mieux cerner le thème de recherche.

1-2-2- Hypothèses de recherche

Dans le but d'atteindre les objectifs fixés, les hypothèses suivantes ont été formulées en fonction de chaque objectif spécifique :

- les revenus annuels agricoles des producteurs ruraux varient selon le genre, le type d'activité agricole et le niveau d'éducation ;

- la part des revenus agricoles annuels réinvestie dans les activités agricoles des femmes est supérieure à celle des hommes ;

- les autres stratégies de financement des activités agricoles varient selon le genre, le type d'activité agricole et le niveau d'éducation ;

- les rangs des contraintes `faibles productivités agricoles' ; `manque de crédit agricole' et `manque d'information sur les sources de financement' sont supérieurs aux rangs des autres contraintes de financement agricole identifiées.

CHAPITRE II

CADRES CONCEPTUEL ET

THEORIQUE

2- CADRE CONCEPTUEL ET CADRE THEORIQUE

Dans l'optique de faciliter la compréhension du thème, de mieux cerner la contribution et de montrer l'approche dans laquelle s'inscrit la recherche, il est nécessaire que les concepts essentiels et les notions afférentes soient définis et circonscrits. Ce chapitre informe sur les résultats et les discussions autour de quelques travaux de recherches qui portent sur le financement agricole et la microfinance, la pauvreté rurale, la notion de stratégie rurale et présente en outre un aperçu de l'approche livelihood. Les notions de dépense et de revenu agricole qui sont largement exploités dans l'étude sont exposées dans ce chapitre.

2-1- Notion de dépense et de revenu agricole

La dépense des ménages s'obtient en additionnant les dépenses de consommation et les dépenses de non consommation (O.I.T., 2003). La définition de dépense des ménages exclut les dépenses professionnelles (à savoir directement liées au travail) encourues par les salariés, tels les frais de déplacement, les vêtements ou les outils professionnels spéciaux. Toutefois, il est généralement difficile de distinguer entre l'utilisation de ces biens et services à des fins professionnelles ou dans le cadre de la consommation d'un ménage. C'est dire que la notion de dépense des ménages ne prend pas en compte réellement toutes les dépenses effectuées. Le revenu d'un ménage représente la somme des revenus monétaires et non monétaires. Il est constitué d'entrées en espèces et en nature qui sont perçues par les membres du ménage à intervalles plus ou moins réguliers (Aho et Kossou., 1997). Pour l'Organisation International du Travail, les revenus des ménages peuvent être considérés du point de vue de leur utilisation à des fins d'analyse de politique comme le meilleur indicateur indirect du bien-être économique des individus et des ménages. Selon cette même organisation, trois principes font généralement l'objet de débats lorsqu'il s'agit de définir le revenu pour une période de référence donnée:

1) les recettes devraient être tenues pour régulières et récurrentes pour être considérées comme un revenu;

2) pour être considérées comme un revenu, les recettes devraient contribuer au bien-être économique courant.

Ainsi, beaucoup d'auteurs ont proposé des approches de définitions du concept du revenu en tenant compte de l'un ou l'autre des principes suscités. Un concept du revenu très largement cité, élaboré à partir de la théorie économique, est celui de Hicks.

Hicks (1946), définit le revenu comme le montant maximum d'argent qu'un individu peut
dépenser cette semaine en sachant qu'il pourra dépenser le même montant en valeur réelle

chacune des semaines suivantes. Les trois principes susmentionnés sont tous explicitement ou implicitement intégrés dans cette approche. L'objectif ici n'est pas de parcourir toutes les définitions trouvées dans la littérature, mais celle qui est nécessaire pour mieux appréhender la notion du revenu dans ce document.

De façon plus simple, le revenu agricole est la différence entre la production et les charges liées à cette production. On distingue deux types de revenu: le revenu brut et le revenu net. Le premier type est la différence entre la production brute et les charges réelles payées pour cette production. Les charges comprennent les coûts des intrants variables à savoir les semences, les différents engrais, les insecticides et le coût de la main d'oeuvre (défrichage, labour, semis, sarclages, récolte). Il est calculé pour une seule campagne agricole.

2-2- Caractéristiques et dynamique de la pauvreté

2-2-1- Définitions

Les pauvres sont des personnes qui ont peu de ressources, de biens, d'argent. La pauvreté se présente quand un individu expérimente une privation fondamentale : manque de biens et de services de base essentiels pour le bien-être de l'homme (CPRC, 2005)

La pauvreté se définit comme un état de privation à long terme du bien-être jugé inadéquat pour vivre décemment (Aho et al., 1997). Selon Floquet (2004), la pauvreté découle d'un problème d'offre en biens et services de base de qualité et d'un problème de capacités à générer des revenus suffisants pour les utiliser. Pour cet auteur, la pauvreté à un caractère multi-dimensionnel, qui peut s'appréhender par :

- le niveau de consommation, de revenu et l'accumulation de biens durables,

- l'accès aux services sociaux et économiques de base : éducation, santé, eau, désenclavement, transport...mais aussi par

- les droits et aptitudes de chaque individu à décider de son existence.

Au Bénin, la pauvreté c'est d'abord la faim mais aussi la difficulté pour un producteur d'avoir les moyens financiers et matériels nécessaires pour atteindre une productivité adéquate, capable de lui assurer un revenu conséquent à même de le sortir du carcan de la pauvreté. La crise cotonnière a induit une baisse importante des revenus des ménages producteurs, d'où une plus grande difficulté des producteurs à financer les activités de production agricole qu'ils exercent. La résolution du problème de financement agricole contribuera donc à la réduction de la pauvreté en zone rurale.

2-2-2- Principaux concepts de la pauvreté

- Pauvreté absolue et pauvreté relative : selon Lock-Dessallien (2000), la pauvreté absolue renvoie à un seuil de pauvreté exprimé en valeur absolue et correspond à la non-satisfaction des besoins minimaux tandis que la pauvreté relative fait allusion aux personnes qui sont bien moins loties que la majorité des autres membres de la communauté.

- Pauvreté temporaire ou transitoire : la pauvreté est temporaire lorsqu'elle frappe à court terme sous le coup d'un choc (une maladie, un décès, une mauvaise récolte ou une baisse des prix sur le marché), et si l'individu retrouve ensuite un niveau aussi élevé de revenu et de biens qu'avant le choc. Cette forme de pauvreté est souvent rencontrée dans les ménages agricoles, puisque le niveau de revenu de ce type de ménage suit une courbe en dent de scie.

- Pauvreté chronique : la pauvreté chronique représente la forme durable ou structurelle de la pauvreté. Elle sévit sur une longue période, plongeant les individus dans une simple situation de survie (CRPC, 2005). C'est une forme de pauvreté qui est très présente en milieu rural.

- Pauvreté rural : selon Ponty (1998), la pauvreté rurale est beaucoup plus une pauvreté agricole, les activités agricoles constituant la première source de revenus des pauvres. En outre, il fait remarquer que cette pauvreté reflète pour partie le manque de financement des activités agricoles et la faiblesse de la productivité de ce secteur.

2-3- Le financement agricole

Le terme financement agricole est large et recouvre des domaine de nature différente :

- le financement de l'exploitation agricole (campagne agricole, équipement, soudure...) ; - le financement des organisations agricoles ;

- le financement de la commercialisation des produits agricoles ;

- le financement des services d'appui à l'agriculture (vulgarisation, recherche, infrastructure ...)

D'après Sossoh et Varlag (1997), le terme de financement fait référence à la nécessité d'avoir accès à certains éléments pour produire et améliorer le bien-être; il s'agit tout simplement de facteurs indispensables aux personnes pour bien mener les activités qui sous-tendent leur existence quotidienne. La prise en compte de ces facteurs à travers leur financement serait d'un grand atout pour la redynamisation des activités des pauvres ruraux. Actuellement, la microfinance est la solution proposée à ces ruraux en vue du financement de leurs activités agricoles. Or, le financement agricole ne se résume pas seulement à la mobilisation des ressources de production (terre, main d'oeuvre, intrants agricoles, capital). Il doit aussi prendre

en compte les facteurs qui permettent d'avoir la possibilité de combiner ces ressources pour obtenir un produit dont l'utilisation concoure à l'amélioration du bien-être. Pour cet auteur, lorsque vous remettez du crédit à un pauvre producteur qui n'a pas fini de résoudre ses problèmes de faim ou de santé, il l'utilisera pour le faire au lieu d'acquérir des ressources nécessaires à la production agricole. C'est cette triste réalité du monde rural qui a expliqué en grande partie l'échec des politiques de microfinance en milieu rural africain.

Selon Goodland et al. (1999), les types de financements dont ont besoin les pauvres peuvent donc être classés de la manière suivante :

- Le crédit de production : les pauvres ont besoin de financement pour la production afin de générer des revenus de leurs activités, que ce soit des activités de court terme comme le petit commerce ou des investissements à long terme comme l'amélioration des outils agricoles ou la terre.

- Le crédit de consommation : les risques liés à la production agricole notamment dans les régions marginalisées et donc l'incertitude des revenus agricoles contribuent à la vulnérabilité des moyens de survie et sont des menaces pour la consommation. Le crédit serait nécessaire pour réguler un temps soit peu les déficits de consommation.

- L'épargne : il joue plusieurs rôles importants bien qu'étant encore négligé par certains programmes de réduction de la pauvreté ; en renonçant à la consommation, les ménages augmentent leurs options dans le futur, aussi bien pour l'investissement que la consommation. L'épargne protège contre les déficits futurs, réduit la vulnérabilité et permet un investissement futur pour les activités de production.

- L'assurance : la fragilité et le risque de survivance entraînent la nécessité d'assurance. Pour se protéger contre le risque, les ménages pauvres emploient un certain nombre de stratégies qui sont en fait des formes d'assurance. Il s'agit de : l'épargne (argent ou actif pouvant être récupéré en cas de besoin) ; des comportements réduisant le risque (exemple : choix de culture à faible rendement mais tolérant la sécheresse) ; et l'investissement dans le capital social (exemple : sécurité sociale informelle telle que le développement des liens avec des pairs ou des parents afin de bénéficier d'une certaine assistance en cas de besoin).

Comme on le voit, cet auteur distingue des pratiques endogènes (comportements pour réduire le risque, investissement dans le capital social) qui peuvent être considérées comme des stratégies locales de financement agricole. Les politiques agricoles gagneraient à améliorer ces pratiques.

Les effets du crédit ont pu être mesurés à divers niveaux notamment celui du ménage, de l'entreprise et de la société. En ce qui concerne les ménages, un accroissement du revenu, une sécurité alimentaire des individus, et en particulier des enfants (Sharma et Zeller, 1998) peuvent être ressentis. Le crédit agricole peut être un facteur de développement du secteur agricole car permettra de couvrir en partir les besoins en financement agricole des producteurs en Afrique. Les agricultures familiales ont besoin de se moderniser, de s'intensifier, de financer l'innovation technique et organisationnelle et les besoins de financement sont immenses

Mais paradoxalement, même si toutes les conditions sont réunies pour faciliter la disponibilité du crédit, certains producteurs préfèrent ne pas en prendre. L'une des raisons est qu'ils pensent qu'un endettement les enliseront de plus belle, vu qu'ils doivent nécessairement rembourser le crédit et qu'ils vivaient déjà dans une situation financière précaire. C'est alors qu'ils optent pour des pratiques endogènes ou développent diverses stratégies pour pouvoir mener leurs activités agricoles qui nécessite quand même d'importants investissements. Ces stratégies développées par les producteurs, visent un contournement des difficultés crées par leur vulnérabilité matérielle et financière. Néanmoins, en dépit de la mise en oeuvre des différentes stratégies, les revenus issus des activités des ménages ruraux pauvres sont encore largement inférieurs à leur besoin en financement (Yègbémey, 2007).

2-4- Investissement et augmentation des revenus agricoles

Un investissement est un emploi de capitaux visant à accroître la production d'une entreprise ou à améliorer son rendement. Les investissements, les politiques et les institutions publics ont été et demeurent une condition essentielle pour favoriser un développement vigoureux dans le secteur rural. Les choix opérés par les gouvernements à propos de leurs politiques et de leurs investissements déterminent l'orientation et le rythme du développement de l'entreprise agricole privée et, en particulier, de son caractère favorable (ou défavorable) aux pauvres. La politique et les investissements des pouvoirs publics jouent un rôle moteur particulièrement important dans les pays et les régions à prédominance agraire, caractérisés par de fréquentes défaillances du marché et par des risques et des coûts de transaction élevés. Ces pays et régions sont ceux où vivent la majorité des ruraux pauvres. La transformation rurale exige une combinaison, spécifique à un lieu, d'investissements et de soutien aux politiques (FIDA, 2005).

Selon Jastrabsky E. (2003), les politiques d'augmentations des revenus agricoles doivent
prendre en compte les deux priorités suivantes : la première consiste à réduire les coûts de

production par le biais de subventions directes accordées aux producteurs et l'encouragement de l'intégration des technologies nouvelles afin d'accroître les rendements, la deuxième consiste à encourager la diversification et le développement d'industrie rurale. Il serait intéressant que ces politiques soient également mises en oeuvre au Bénin afin qu'un grand pas soit fait dans la réduction de la pauvreté rurale.

Plus d'investissement induit une augmentation des revenus et une augmentation du revenu entraînera une augmentation des investissements qui induira à nouveau une augmentation de revenu. Ce cercle vertueux conduira à briser la pauvreté. Pour le FIDA (2005), l'atteinte de l'objectif I des Objectifs du Millénaire pour le Développement passe aussi par une augmentation des investissements dans l'agriculture.

Les politiques de développement agricole doivent donc encourager les producteurs ruraux à investir davantage dans les activités de productions agricoles afin d'accroître leurs profits. Il y aura donc une possibilité supplémentaire d'accumulation du capital et les capacités d'investissement des producteurs augmenteront également. L'augmentation des investissements dans l'agriculture ne concerne pas uniquement les producteurs ruraux mais aussi l'état central et les partenaires au développement. Car un examen des évolutions antérieures montrerait que les pays qui parviennent aujourd'hui à réduire la pauvreté sont, pour la plupart, des pays ayant consacré par le passé d'importants investissements aux zones et aux populations rurales. D'autre part, les pays ayant du retard sont principalement ceux qui ont négligé les zones rurales et le monde paysan, ou qui n'ont pas assuré une répartition équitable des terres. En fait, peu d'économies ont atteint une croissance économique reposant sur une large base sans que celle-ci ait été précédée, ou à tout le moins accompagnée, par une croissance agricole et rurale (FIDA, 2005).

Les résultats de l'étude vont contribuer à éclairer les décideurs politiques en apportant des informant stratégiques sur les choix a opérer au niveau des politiques à mettre en oeuvre aux niveaux microéconomique et macroéconomique pour impulser le développement agricole et promouvoir la réduction de la pauvreté. Les effets de la croissance agricole sur la réduction de la pauvreté sont spécifiques au contexte local, et sont particulièrement sensibles lorsque: i) l'agriculture occupe une place importante dans les revenus des ruraux pauvres; ii) la répartition des terres est relativement équitable; et iii) les pauvres consomment des aliments de base non commercialisables (FIDA, 2005). Les relations sont particulièrement fortes entre la croissance agricole, le développement des petites exploitations et la réduction de la pauvreté rurale. Les activités et les marchés agricoles dont dépendent les moyens d'existence des ruraux pauvres sont considérablement influencés par leur répartition territoriale, leur forte

dimension sociale et culturelle, leur dépendance à l'égard de facteurs naturels et la faible élasticité des marchés des produits alimentaires. Du fait de ces caractéristiques particulières, les investissements publics en matière de biens publics ont été et demeurent une condition essentielle pour favoriser un développement de grande ampleur dans le secteur rural. On observe, pour les vingt dernières années, une nette corrélation entre l'augmentation du niveau des dépenses consacrées par les pouvoirs publics à l'agriculture dans les pays en développement et les progrès vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (voir figure 2.1a et figure 2.1b)

Figure 2.1a : Montant des dépenses publiques Figure 2.1b : Evolution de la proportion de

Consacrées à l'agriculture par habitants la population disposant de moins d'un

des zones rurales en Dollar U$ de 1995 dollar par jour

Source : FAO et Rao, 2003 Source : Banque mondiale, 2004

2-5- Notion de stratégie dans le monde rural

Selon le Larousse, la stratégie est l'art de coordonner des actions et de manoeuvrer pour atteindre un but. Yung et Zaslawsky (1992) définissent les stratégies des producteurs comme «...l'ensemble de combinaisons plus ou moins structurées de réponses élaborées des acteurs pour faire face aux défis auxquels ils se trouvent confronter ou qu'ils s'assignent (objectifs)». Pour ces deux auteurs, les stratégies développées par les pauvres pour satisfaire leurs besoins en financement, prend en compte l'ensemble des moyens et techniques quotidiennement mis

en oeuvre par chaque ménage pour améliorer son niveau de bien-être relatif. Quelques stratégies consistent à :

- faire recours au refinancement à partir des revenus de la campagne écoulée.

- faire recours aux tontines pour la constitution d'un capital ou faire face aux

charges nécessaire à la campagne suivante.

- faire augmenter la taille du ménage en se mariant à plusieurs femmes et en ayant

plusieurs enfants. Cela réduire considérablement le recours à la main-d'oeuvre salariale.

- Faire le choix de culture à faible rendement mais tolérant la sécheresse.

Ces auteurs distinguent des pratiques endogènes (comportements pour réduire le risque, investissement dans le capital social) propre à chaque ménage qui peuvent être considérées comme des stratégies locales de financement agricole. Les politiques agricoles gagneraient à améliorer ces pratiques.

Une des spécificités du ménage agricole est que les besoins de financement des activités, des investissements, de la consommation et les besoins sociaux sont étroitement liés. Cette caractéristique forte figure également parmi les causes de l'échec des systèmes de crédits agricoles qui ciblent souvent une culture ou une technique (Tovignan, 2008). En effet ces crédits sont systématiquement détournés par les emprunteurs vers la multiplicité de leurs besoins de financement réels. Elle implique d'appréhender les besoins de l'exploitation agricole dans leur complexité, de prendre en compte, non pas la seule activité agricole ciblée mais le système d'activités des ménages et les différentes stratégies mises en place par ces ménages. Cela permettra de comprendre comment dans une unité donnée, s'articulent les différents besoins, opportunités et contraintes de financement.

Dans ce sens, le besoin de financement devient souvent un problème de gestion de trésorerie pour lequel la réponse adaptée, en terme de produits financiers ou d'élaboration de politique de réduction de la pauvreté, ne sera pas systématiquement l'octroi de crédits mais aussi l'amélioration des stratégies de financement des activités agricoles développées par les producteurs.

2-6- L'approche `'Livelihood»

Le concept de `sustainable livelihood' pouvant être défini comme `moyens d'existence durables' est apparu récemment dans le jargon du monde du développement anglo-saxon, parce que cette approche a commencé par être exploitée dans les débats seulement dans cette dernière décennie. Que dissimule ce cadre d'analyse adoptée par certains organismes telles que le PNUD, la Banque Mondiale et le Department For International Development (DFID) plus particulièrement dans le cadre des programmes de lutte contre la pauvreté, notamment la pauvreté rurale. Le terme de `sustainable livelihood' a été initialement utilisé comme un concept de développement au début des années 1990. Chambers et Conways (1991) en donnaient la définition suivante : `' le livelihood comprend les personnes, leurs capacités et leurs moyens de survie, y compris la nourriture, le revenu et les atouts. Les atouts tangibles sont les ressources et les réserves, et ceux non tangibles sont les droits dont ces personnes bénéficient». Ainsi , il s'agit des chocs, des stress et des fluctuations saisonnières (Vulnerability Context) auxquels sont soumises les personnes à travers leurs capitaux humains, naturel, financier, physique et social (Livelihood Assets). Tout se trouve sous l'influence des lois, des politiques, des institutions, du secteur privée et du gouvernement (Transforming Structure and Process). Afin de faire face à la vulnérabilité, les personnes développent des stratégies (Livelihood Strategy) en vue d'augmenter leurs revenus, accroître le bien-être et réduire leur vulnérabilité et assurer la sécurité alimentaire (Livelihood Outcomes).

Farrington et al, (1999) explique qu'a travers le «livelihood», l'accent est mis sur : les personnes et leurs activités, la nature holistique de leurs activités et les liens entre le niveau micro et macro. Dans le présent travail, l'accent sera mis sur les producteurs ruraux, leurs activités de production et les stratégies développées par ces derniers. C'est une démarche basée sur l'homme. Ce cadre conceptuel d'analyse, très performent et largement diffusé dans le monde anglophone, s'inspire fortement de l'approche systémique1. Malgré ses limites opérationnelles, il permet une meilleure prise en compte des aspirations, des atouts et des contraintes des producteurs ruraux, de leur inhérente diversité, de la complexité de leur environnement et de leurs stratégies d'existence.

1 Approche qui envisage les éléments d'une conformation complexe non pas isolément mais globalement, en tant que parties intégrantes d'un ensemble dont les différents composants sont dans une relation de dépendance réciproque.

CHAPITRE III

CADRE METHODOLOGIQUE DE

L'ETUDE

3- METHODOLOGIE

Le choix de la méthode à suivre lors d'une recherche dépend étroitement de la nature des phénomènes à étudier dans l'orientation théorique du chercheur et de la recherche (Danne et al., 1992). Cette partie décrit les raisons du choix de la zone d'étude, les critères du choix des villages, l'échantillonnage, les paramètres à mesurer et les données à collecter, les méthodes de collecte des données et les outils d'analyse des données. La démarche méthodologique adoptée dans le cadre de cette étude est une combinaison des approches de recherche qualitative et quantitative. Le processus de recherche suivi est présenté dans la figure 3.1. Il se résume en plusieurs étapes :

- la phase de revue documentaire et formulation du sujet ;

- l'élaboration de la proposition de recherche ;

- la phase exploratoire ayant abouti au choix de la population opérationnelle ;

- la phase de collecte des données ;

- la phase de traitement et d'analyse des données ; et

- enfin la rédaction de la thèse.

3-1- Revue documentaire

L'étape de revue documentaire nous a permis d'accumuler et de capitaliser des connaissances théoriques précises sur le thème dans un contexte général, afin de mieux élaborer et exécuter les différentes phases de la recherche. Cette étape de revue de littérature a couvert toutes les phases de la recherche. Des centres de documentations ont été fréquentés au fur et à mesure du déroulement de la recherche. Ainsi les services de documentations de différentes institutions, universités ont été parcourus, il s'agit de : le PAPA, l'INRAB, l'INSAE, le CeCPA-Gogounou, la mairie de Gogounou. La littérature obtenue chez certaines personnes ressources et certains sites internets ont été aussi largement exploitée.

Cette phase qui a consisté en l'exploitation des ouvrages généraux et des articles scientifiques sur le sujet nous a permis de faire une synthèse des différents débats relatifs au thème et résultats de recherches antérieurs. Cette étape nous a permis d'élaborer la proposition de recherche, présentant le problème, les objectifs, les hypothèses et les résultats attendus ainsi qu'une méthodologie de conduite de la recherche. Elle a permis par ailleurs de mieux analyser nos données et d'en tirer les conclusions qui s'imposent.

Collecte des données à Lougou

Choix de la population opérationnelle

Choix de la zone d'étude

Collecte des données à
Zougou-pantrossi

Etude diagnostique

(Projet NPT 183 BEN-WU)

Formulation du sujet de recherche

Documentation

Elaboration de la proposition de recherche

Séminaire de présentation des protocoles

Phase exploratoire

Réadaptation de la proposition de recherche

Phase de collecte des données

Dépouillement et analyse des données

Rédaction de la thèse

Collecte des données à Wèrè

Choix de la population théorique

Choix des échantillons

Collecte des données à Boro

Figure 3.1 : Processus de la recherche

3-2- Choix de la zone d'étude

3-2-1- Raison du choix de la zone d'étude

La zone d'étude choisie est la Commune de Gogounou située dans le Département de l'Alibori. La commune de Gogounou appartient à la zone agro-écologique 2 (ZAE 2). La ZAE 2 est connue sous le nom de 'Zone Cotonnière du Nord-Bénin' parce que la vie économique de la région est, en effet, dominée depuis les deux dernières décennies par la production du coton, principale culture d'exportation du Bénin. La ZAE 2 couvre, en dehors de la commune de Gogounou, les communes de Ségbana, Banikoara, de Kandi dans le département de l'Alibori et la commune de Kérou dans le département de l'Atacora (voir fig: 3.2b).

Outre cet attrbut de forte zone cotonnière, cette commune est un partenaire de l'Université de Parakou dans le cadre de la mise en oeuvre de la vision de cette institution qui se veut un vecteur du développement local des zones avoisinantes. Dans ce contexte, un diagnostic participatif a été conduit en 2006 dans le village de Lougou par une équipe pluridisciplinaire de la Faculté d'Agronomie de l'Université de Parakou pour identifier les contraintes au développement local dans la Commune. Entre autres contraintes identifiées, se retrouve le manque de satisfaction des besoins de financement des ménages, dû essentiellement à la crise cotonnière persistante dans la zone. Le choix de cette Commune comme zone d'étude répond donc bien à la volonté de la Faculté d'Agronomie de contribuer à la levée des différentes contraintes identifiées.

3-2-2- Présentation de la zone d'étude

3-2-2-1- Localisation

La Commune de Gogounou est située à l'entrée sud du département de l'Alibori entre 10°57' de latitude Nord et 2°15' et 3°15' de longitude Est. Elle couvre une superficie de 4910 km2, ce qui représente 18,66% de l'ensemble du Département de l'Alibori (26.303 km2).

Elle est limitée au Nord par les Communes de Banikoara et de Kandi ; au Sud par Sinendé et Bembéréké ; à l'Est par Ségbana et Kalalé ; puis à l'Ouest par Kérou (voir Fig 3.2a)

Source : mairie de Gogounou Source : M.A.E.P

3-2-2-2- Caractéristiques pédo-climatiques et agro-écologiques

> Climat, sol et végétation

Le climat est du type soudano-guinéen marqué par une saison pluvieuse de Mai à Octobre, une saison sèche et l'harmattan de Novembre à Avril.

Les sols sont ceux du socle granito-gneissique pour la plupart ferrugineux et généralement aptes à l'agriculture. Dans les plaines alluviales, dominent les sols alluviaux, argilo-sableux assez riches du fait de l'apport de matières organiques par les hautes eaux annuelles des fleuves.

La végétation prédominante est une savane arborée herbeuse fortement dégradée par l'emprise anthropique, évoluant ainsi vers la savane arbustive. Les domaines protégés par l'Etat (forêt de l'Alibori Supérieur, forêt de la Sota, forêt des Trois Rivières) sont également menacés. La superficie cultivable est évaluée à 1705 km2, soit environ 35 % de la superficie totale (4910 km2). Le reste est composé de domaines protégés (177 200 ha), de pâturages (123 500 ha) et de bas-fonds (360 ha) dont seulement 150 ha sont exploités. Le long des cours d'eau se développent des forêts galeries qui favorisent le développement de gros arbres dont la taille dépasse parfois 10 mètres tels que : Khaya senegalensis (le caïlcédrat), carpus urinaceus (le vène) Afzelia africana (le lingué). Adansonia digitata (le baobab), Ceiba pentandra (le fromager) etc. Quant aux espèces animales qui abritent ces formations végétales, nous avons : hippotragus equinus (le cobra), Kobus Kob (Cob de buffon), les singes, les Céphalophes (les biches), Phacochoerus (les phacochères), Francolins (Perdrix).

3-2-2-3- Caractéristiques socio-démographiques et politico-administratives

> Peuplement et groupes ethniques

D'après le RGPH (2002), la population totale de Gogounou est évaluée à 80.013 habitants dont 51% de femmes. Il s'agit d'une population essentiellement rurale et agricole, soit 95% de la population totale. La densité de la population est de 16 habitants/km2 contre 18 habitants/km2 pour le Département de l'Alibori. C'est une population majoritairement jeune (53%) avec un taux d'accroissement intercensitaire de 4,78%. Au niveau du Département de l'Alibori, la Commune de Gogounou se place en quatrième position après Banikoara, Malanville et Kandi par rapport à son poids démographique.

La commune Gogounou est composée de trois principaux groupes ethniques : Baatonou 53,8% suivi par les Peulh 41,6%. Le dernier groupe représenté par les Dendi, Nago, Fon, Djerma, Gourmantché et les Fulbé est celui des étrangers, venus des autres localités du Bénin et de la sous-région (Niger, Nigéria, Burkina-Faso, Togo...).

L'Islam est la région dominante. Elle est pratiquée par 67,1% de la population. Le Catholicisme et le Protestantisme sont pratiqués respectivement par 7,8% et 0,9% de la population. Les religions dites traditionnelles représentent 11,1% environ.

La Commune de Gogounou est divisée en six Arrondissements et en trente quatre villages et quartiers de villes repartis comme suit : GOGOUNOU (4 quartiers), BAGOU (10 villages), GOUNAROU (4 villages), ZOUGOU-PANTROSSI (4 villages), SORI (8 villages), WARA (4 villages). Chaque Arrondissement est dirigé par un chef d'Arrondissement (CA) qui rend compte à l'autorité suprême de la Commune, le Maire.

Figure 3.3 : Carte administrative de la commune de Gogounou

Source : CeCPA de Gogounou

3-2-2-4- Caractéristiques économiques et socio-communautaires

L'économie locale est dominée par le secteur informel ; le secteur formel se limitant à quelques services commerciaux, des services administratifs publics et sociaux. Ces services concernent surtout les services et structures déconcentrées de l'Etat qui ont une incidence financière non négligeable dans l'économie locale à travers les ressources humaines (fonctionnaires) qu'ils mobilisent d'une part et les activités économiques qu'ils mènent.

Le secteur informel est très prépondérant dans la commune ; c'est en effet le secteur de prédilection répondant au mieux aux aspirations d'une population fortement analphabète. Les activités qui animent ce secteur sont : l'agriculture, l'élevage, la pêche, l'artisanat, le commerce et le transport.

> L'agriculture

L'agriculture est l'activité économique la plus importante et occupe près de 80% de la population, elle est pratiquée avec des moyens rudimentaires comme la houe et la charrue (culture attelée). Le coton, le riz et l'arachide sont les principales cultures de rente. La superficie cultivable est évaluée à 1.718 km2, soit 35% de la superficie totale de la commune. Le reste est composé de domaines protégés (177.200 ha), de pâturages (123.500 ha) et de bas-fond (360 ha) dont 150 ha environ sont exploités.

Les exploitations s'élèvent en 2005 à 4.952 pour une superficie de 5.203 ha dont 4.710 (4.557 ha) dirigées par les hommes et 252 (646 ha) par les femmes avec un total de 29.831 actifs agricoles. Grâce à ces laborieux cultivateurs qui travaillent avec des moyens rudimentaires, la commune de Gogounou occupe le troisième rang en matière de culture du coton au Bénin.

Les hommes pratiquent toutes les spéculations à savoir : coton, maïs, riz, arachide, igname, sorgho et niébé alors que les femmes s'adonnent plus au riz, à l'arachide et au maraîchage.

> L'élevage

Gogounou est une zone d'élevage avec un important cheptel composé de bovins (2ème rang sur le plan national avec plus de 80.000 tête) ; de petits ruminants (caprins, ovins etc.) et de la volaille.

L'élevage est une activité en extension dans la commune de Gogounou et pratiqué surtout par les Peulhs, pour qui cela constitue la première source de revenu et la principale activité économique et la seconde pour les autres ménages. En dehors des Peulhs, les autres ethnies pratiquent aussi l'élevage des bovins pour la culture attelée. Nonobstant les problèmes d'eaux, de pâturage et la transhumance pendant la saison sèche, l'élevage reste une activité florissante pour l'ethnie Peulh et Gando. Ces résultats encourageants sont liés en outre, à l'existence de quatorze (14) marchés de bétail dont les plus importants sont le marché de Gogounou et le marché de Petit-Paris, et à la bonne marche des organisations professionnelles des éleveurs des ruminants regroupées au sein d'une union départementale (UCOPER et UDOPER).

> La pêche, la chasse et l'exploitation des forêts

La pêche constitue une activité secondaire et saisonnière pour les populations de Gogounou. La commune dispose de deux forêts classées d'une superficie totale de 1.222 ha répartis comme suit : à l'Ouest se trouve la forêt classée de l'Alibori supérieur et à l'Est de la commune on a la forêt classée des trois rivières.Dans ces deux forêts se pratique une chasse clandestine par les populations environnantes. Pendant la saison sèche c'est la chasse à la

battue qui est la plus répandue. C'est une activité qui n'est pas valorisée dans la commune. Car, la chasse n'offre aucune opportunité pour le moment dans le cadre du développement de la localité. L'exploitation forestière quant à elle, est beaucoup plus pratiquée par les hommes. Les femmes sont impliquées juste au niveau du bois de chauffe, de la cueillette, de la fabrication du charbon de bois.

> Les activités commerciales

Le commerce occupe une place importante dans l'économie de la commune de Gogounou. Cependant la majorité des commerçants exerce leur métier dans l'informel ; ignorant pour la plupart leurs obligations professionnelles. Les échanges commerciaux se déroulent dans les différents marchés, les boutiques, les kiosques, les étalages et le long des rues. Les différentes activités économiques sont soutenues par des institutions de micro-finances telles que la C.L.C.A.M, la PAPME, ONG Sian'Son, ONG Antisuwa

Dans l'ensemble, les produits vendus dans ces différents marchés sont : les vivres d'origine végétale (maïs, sorgho, riz, tubercules, légumineuses), d'origine animale (bétail, fromage local, volaille sur pieds, viande, oeuf), d'origine halieutique (poisson) et des produits manufacturés divers (tissus, matériel roulant à deux roues, quincaillerie).

3-3- Phase exploratoire

Cette phase, d'une durée de sept (07) jours s'est déroulé en deux grandes étapes : une étude exploratoire à l'échelle communale et une étude exploratoire à l'échelle villageoise en vue du choix des villages d'étude.

3-3-1- Phase exploratoire à l'échelle communale

La première étape a consisté en une prise de contact, de reconnaissance et d'intégration dans le milieu d'étude. Des contacts ont été pris avec la mairie, le CeCPA. Sur la base de critère bien défini, les quatre villages d'étude ont été choisis avec les agents du CeCPA.

3-3-2- Choix des villages d'étude

Odjouola (2008) a identifié trois grands groupes d'activités de production agricoles dans la commune, à savoir : (i) la production végétale, (ii) la production animale, et (iii) la transformation des produits agricoles. De plus, des données empiriques ont montré que le niveau de financement des activités de production agricole varie selon le niveau de

désenclavement des villages. En s'inspirant de ces résultats, il fût choisi dans la commune quatre (4) villages d'étude selon les deux critères ci-après :

- la présence des trois groupes d'activités agricoles ;

- le niveau de désenclavement des village.

Ainsi, les quatre (4) villages choisis sont caractérisés par la présence des trois (03) groupes d'activités agricoles et selon le niveau de désenclavement qui va d'un village très enclavé à un village désenclavé. Le niveau de désenclavement ne tient pas compte seulement de la distance qui sépare le village du centre-ville mais tient également compte de la difficulté d'accès au site à travers l'état des voies d'accès, de la présence ou non de certaines infrastructures sociaux-communautaires telles que une école ou un dispensaire.

Suivant ces critères les villages suivants ont été choisi :Lougou, Zougou-Pantrossi, Boro et Wèrè sont respectivement à 45km, 22km, 14km, 5km de Gogounou-Centre et se situe respectivement dans les arrondissement de Wara, Zougou-Pantrossi, Gounarou et Gogounou.

Après le choix des villages, des rencontres ont eu lieu avec les chefs d'arrondissement, délégué et chef village. Ce premier contact avec les populations cibles a été l'occasion de tester le questionnaire et le guide d'entretien précédemment établis.

3-4- Echantillonnage

L'unité de recherche est constituée des producteurs ruraux à savoir les agriculteurs, les éleveurs et les femmes transformatrices (voir tableau 3.1). L'échantillonnage s'est fait en 3 phases. Dans un premier temps, tous les producteurs (production végétale), éleveurs et toutes les femmes transformatrices de chaque village d'étude ont été récensés2 avec l'aide des groupements de producteurs, d'éleveurs et de femmes, des données issues du rapport de campagne agricole, de l'UDOPER. Soient m1, m2 et m3 les effectifs respectifs de producteurs, d'éleveurs et de femmes transformatrices. De ce fait, l'effectif total de la population est m1 + m2 + m3 = m. Dans un second temps, la proportion des individus de chaque groupe d'activité dans l'échantillon a été déterminé. Cette détermination s'est faite en tenant compte du taux de sondage calculée. Soit k ce taux de sondage en pourcentage. La taille n de l'échantillon est 45 enquêtés par village pour garantir les conditions d'utilisation de l'inférence statistique. Si n1,

2 Il arrive souvent que des individus par rapport à leurs activités agricoles soient à cheval entre 2 groupes d'activités. Pour éviter la complexité des analyses, ces individus ont été considérés comme faisant partie du groupe de leur activité principale. Cependant, toutes les spéculations et activités de leurs exploitations sont prises en compte dans le calcul du revenu agricole annuel.

n2 et n3 sont respectivement les proportions des producteurs, éleveurs et femmes

transformatrices dans l'échantillon, on a : k= n

m

m1

n 1 = ,

m

m n

2 *

n 2 = et

m

m n 3 * m * k

n 3 = avec n =

m 100

* n

. Il est bien vérifié que

n1 + n2 + n3 =45.

Au cours de la troisième phase de l'échantillonnage, les n1, n2 et n3 individus de l'échantillon ont été tirés de façon aléatoire. Cet échantillonnage ainsi fait est représentatif car elle permet de prendre en compte les différentes catégories de producteurs. En outre, il permet la prise en compte du genre dans la méthodologie. De là, les résultats seront obtenus en fonction du sexe (hommes producteurs et femme transformatrice) et des différents groupes sociaux de production agricole (producteurs, éleveurs et transformatrices de produits agricoles).

Tableau 3.1 : Structure de l'échantillon

 

Lougou

Zougou

Wèrè

Boro

Agr

Elv

Trans

Agr

Elv

Trans

Agr

Elv

Trans

Agr

Elv

Trans

Base de sondage

61

20

29

160

114

71

183

91

122

81

46

31

Taux de sondage
(en pourcentage)

40,9

13,04

11,39

28,6

Echantillon

25

8

12

21

15

9

21

10

14

23

13

9

Source : Nos résultats d'enquête Juillet-Septembre 2008

3-5- Phase d'étude approfondie

La phase d'enquête proprement dite qui est la phase active de la recherche, a consisté à l'exécution du questionnaire et du guide d'entretien. Cette phase nous a permis de collecter des informations relatives aux différents objectifs de recherches et nécessaires à une bonne appréciation des différents aspects de la problématique.

3-5-1- Données collectées et méthode de collecte des données

3-5-1-1- Données collectées

Pour mesurer les paramètres devant servir à tester les hypothèses de l'étude, les données primaires suivantes ont été collectées :

- Caractéristiques socio-démographiques du producteur : sexe, âge, niveau d'instruction et d'alphabétisation, taille du ménage et nombre d'actifs agricoles, appartenance à une organisation, contact avec un acteur de développement, etc...

- Types de spéculation ou d'activité, superficies emblavées, nombre de têtes élevées par espèces animale, quantités de matières premières transformées, quantité d'outputs obtenus, prix des différents produits; etc...

- Quantités d'intrants agricoles, de main-d'oeuvre familiale, coûts de la main-d'oeuvre salariée, autres coûts variables, etc...

- Intérêts et taxes payés, matériel agricole, durée de leur utilisation et leurs prix, autres coûts fixes, etc...

- Eléments des coûts de production et les montants payés à partir du revenu agricole de l'année précédente, pourcentage par rapport au revenu obtenu3.

- Stratégies de financement des activités agricoles, contraintes de financement des activités agricoles, rang donné à chaque contrainte, etc...

Les données secondaires sont celles liées aux statistiques de production agricoles, aux activités des institutions de micro-finance, aux activités des agents d'appui-conseil en gestion des exploitation agricoles dans la communes de Gogounou.

3-5-1-2- Méthode de collecte des données

La méthode principale de collecte des données primaires est basée sur des enquêtes structurées dans les villages d'étude. Au cours de ces enquêtes, le questionnaires est administré aux producteurs échantillonnés

Dans la plupart des cas, c'est le chef de ménage qui est le répondant principal mais plusieurs
d'entre eux ont souvent sollicité l'appui de leur (s) épouse (s) ou de leurs enfants sur certaines

3 Ces données ont été obtenues par des méthodes de Diagnostic Rapide Participatif puisqu'il est difficile d'estimer avec le producteur son revenu agricole de l'année qui a précédé l'année de l'étude.

questions. En plus des interviews, les enquêtes ont consisté en observations directes complétées par des discussions informelles particulièrement pour décrire par exemple les stratégies utilisées au sein du ménages, la vie sociale dans les ménages (rapports parents-fils, femmes-époux, notamment)... Des discussions avec des agents et cadres de la vulgarisation ont été également organisées pour recueillir des données d'experts sur l'utilisation des inputs (main-d'oeuvre, semences, engrais, pesticides).

De même, la méthode du Diagnostic Rapide Participatif a été utilisée pour l'identification dans les villages de toutes les contraintes de financement des activités agricoles et pour avoir les données nécessaires au calcul des revenus agricoles et extra-agricoles.

Enfin, la triangulations des sources d'information et des observations participantes ont permis de réduire les biais liés à la collecte des données et d'augmenter ainsi la fiabilité des données collectées.

Quant aux données secondaires, elles ont été collectées dans les différents centres de documentation de la commune de Gogounou, du département du Borgou/Alibori, de l'INRAB (CeCPA-Gogounou) de l'I.N.S.A.E, des Universités d'Abomey-Calavi et de Parakou et par internet.

3-6- Paramètres à mesurer

3-6-1- Paramètres liés au revenu agricole annuel des producteurs

Après avoir identifié toutes les spéculations ou activités agricoles au niveau de chaque producteur, le calcul des différents paramètres économiques pour chaque spéculation ou activité de production agricole a permis de dégager les revenus agricoles annuels des producteurs ruraux.

- Le Produit Brut ou PB

Cet indicateur représente la quantité physique obtenue à la fin de la production agricole. Pour poursuivre l'analyse des économiques de la production, il a été indispensable de disposer du prix unitaire PQ (en Fcfa par unité du produit obtenu), et d'exprimer le Produit Brut en valeur. Alors le Produit Brut en valeur ou PBV est donné par la formule :

PBV = PB * PQ PVB est exprimé en Fcfa.

- Coûts Variables de production ou CV

Les coûts variables sont les charges de production qui sont fonction de la quantité totale produite. En économie agricole, ces coûts sont représentés par les charges liées aux intrants agricoles (engrais, insecticides, semences, etc.), à la main-d'oeuvre salariée payée et autres charges fonction de la quantité produite. Ces Coûts Variables sont exprimés en Fcfa par :

CV = CVi avec CVi la valeur en Fcfa du coût variable i de production. - Coûts Fixes de production ou CF

Contrairement aux coûts variables, les coûts fixes ne dépendent pas de la quantité produite. En économie rurale, ces coûts sont représentés par les éléments ci-après : intérêts payés, amortissement ou frais de location4 du matériel agricole, impôts et taxes payés, salaires versés et autres charges fixes. Comme décrit au niveau des coûts variables, les coûts fixes doivent être exprimés en valeur (Fcfa). Ils sont mathématiquement exprimés par :

CF = CFj avec CFj la valeur du coût fixe j de production en Fcfa. - Coûts Totaux de production ou CT

Les coûts totaux représentent la somme des coûts variables et fixes. Ils sont exprimés en Fcfa par la formule suivante :

CT = CV+CF

- Revenu Brut ou RB de production

Il est obtenu par déduction des coûts variables du produit brut. Il est exprimé en Fcfa par la formule suivante :

RB = PB-CV

D'habitude, il est intéressant d'estimer ce revenu sur une année, surtout pour ce qui concerne les activités de transformation agricole. Ainsi, si f est la fréquence annuelle d'exercice de l'activité, le revenu annuel brut de la spéculation ou de l'activité est donné par :

RBA = f*RB

4 Les frais de location sont considérés comme coût fixe s'ils ne dépendent pas de la quantité produite. Le cas contraire, ils représentent un coût variable.

- Revenu Net ou MN de production

Le revenu net de production est obtenu en déduisant du produit brut les coûts totaux ou en déduisant du revenu brut les coûts fixes. Elle est exprimée en Fcfa par la formule suivante :

RN PB CT PB CV CF RB CF

= - = - - = -

Ici aussi, il est intéressant d'estimer ce revenu sur une année, surtout pour ce qui concerne les activités de transformation agricole. Ainsi, si f est la fréquence annuelle d'exercice de l'activité, le revenu annuel brut de la spéculation ou de l'activité est donné par :

RNA = f*RN

- Après le calcul des revenus bruts et nets de chacune des spéculations ou activités agricoles, les revenus bruts et nets annuels de l'exploitation agricole du producteurs sont donnés par les formules ci-après :

RBAE = RBAi, avec RBAi le revenu brut annuel de la spéculation ou de l'activité i de l'exploitation

RNAE = RNAi, avec RNi le revenu net annuel de la spéculation ou de l'activité i de l'exploitation.

En réalité c'est le revenu net annuel RNAE de l'exploitation agricole qui représente le revenu agricole annuel moyen5 du producteur.

3-6-2- Part du revenu agricole annuel réinvestie dans les activités agricoles

Cet indicateur est très important en économie. En effet, plusieurs théories de l'économie de développement lient le sous-développement au faible taux de réinvestissement des revenus dans les systèmes de production agricole en milieu rural africain. Ici, la part du revenu réinvestie dans les activités agricoles en une année t est donné par la formule :

PRE

t RNAE

RINV t

= *100

t - 1

5 Moyen car les prix de vente varie considérablement au cours de la campagne agricole, alors la moyenne des prix est prise en compte pour le calcul des différents revenus.

Ott, PREt est la part du revenu réinvestie dans les activités agricoles à l'année t, RINV est le montant investi dans la production agricole à l'année t imputable au revenu agricole annuel du producteur RNAEt-1 au temps t-1.

3-7- Outils d'analyse des données

Afin d'atteindre les objectifs fixés pour la présente étude et de tester les hypothèses posées, plusieurs outils et méthodes d'analyse des données sont utilisés. En effet, l'étude est en grande partie quantitative.

Les outils d'analyse des données sont fonction des hypothèses à tester. Les données ont été saisi dans Microsoft Office EXCEL. Le logiciel SPSS 12.0 a permis de faire les analyses statistiques.

> Test de l'hypothèse 1

L'hypothèse 1 consiste à établir s'il y a une relation entre la variable revenu (variable quantitative) et les variables sexe, groupes d'activité et niveau d'éducation (nominale ou ordinale6). Dans ces conditions, c'est le test de comparaison de moyennes des revenus selon les modalités des variables `sexe', `groupes d'activités' et `niveau d'éducation' qui est approprié. Il en exite 2 types, à savoir :

- Le test de comparaison de 2 moyennes des revenus en cas de 2 modalités (par exemple le sexe) qui utilise la statistique t de Student ;

- L'Analyse de Variance ou ANOVA lorsque le nombre de modalités est supérieur à 2 (par exemple groupes d'activités : producteurs, éleveurs et femmes transformatrices) qui utilise la statistique F de Fisher.

Dans les 2 cas, SPSS donne la valeur de la statistique t de Student ou F de Fisher, leur degré de liberté et leur degré de signification p. Si le p donné est inférieur au seuil critique de a=5% alors on conclura qu'il existe une différence de revenu agricole entre les groupes définis selon les modalités des variables `sexe', `groupes d'activité' et `niveau d'éducation'. Dans ce cas, l'hypothèse 1 de l'étude est vérifiée, c'est-à-dire que les revenus agricoles annuels des producteurs varient selon leur sexe, leurs groupes d'activités et leur niveau d'éducation. Dans le cas contraire, elle ne l'est pas.

6 La variable `niveau d'éducation' est mesurée au niveau ordinal (aucune, primaire, secondaire et supérieure) car il est souvent difficile d'obtenir des producteurs ruraux le nombre d'années d'éducation formelle.

> Test de l'hypothèse 2

Le test de l'hypothèse 2 est semblable à celui de 1. Ici, on a :

H0 : PREfemme - PREhomme>0 contre H1 : PREfemme - PREhomme~0, avec PREfemme et PREhomme

respectivement la part moyenne de réinvestissement des revenus agricoles annuels dans les activités de production agricole par les femmes et les hommes.

SPSS donne la valeur de la statistique t de Student, le degré de liberté et la probabilité de signification p. De même, il fournira la valeur de la différence des 2 moyennes. Si Si le p donné est inférieur au seuil critique de cc=5% et que la différence des 2 moyennes est positive, alors on conclura que la part de réinvestissement des revenus agricoles annuels dans les activités de production agricole des femmes est supérieure à celle des hommes, c'est-à-dire que l'hypothèse 2 de l'étude est vérifiée. Dans le cas contraire, elle ne l'est pas.

> Test de l'hypothèse 3

L'hypothèse 3 consiste à établir s'il y a une relation entre la variable autres stratégies (variable qualitative nominale) et les variables sexe, groupes d'activité et niveau d'éducation (nominale ou ordinale). Dans ces conditions, c'est le test de comparaison d'indépendance de X2 qui est approprié.

La valeur de la statistique X2, le degré de liberté et le degré de signification p sont donnés par SPSS. Si le p donné est inférieur au seuil critique de cc=5%, alors on conclura qu'il existe une dépendance entre les autres stratégies de financement des activités agricoles et les variables `sexe', `groupes d'activité' et `niveau d'éducation'. Dans ce cas, l'hypothèse 3 de l'étude est vérifiée, c'est-à-dire que les autres stratégies de financement des activités agricoles des producteurs varient selon leur sexe, leurs groupes d'activités et leur niveau d'éducation. Dans le cas contraire, elle ne l'est pas.

> Test de l'hypothèse 4

Le test de Kendall'n W permettra de classer les rang des contraintes liées au financement agricole et de voir si il y a une certaine concordance entre ces rangs. Les rangs des contraintes `faibles productivités agricoles' ; `manque de crédit agricole' et `manque d'information sur les sources de financement' seront comparés à ceux des autres contraintes de financement agricole. Si ces rangs sont supérieurs à ceux des autres contraintes, alors l'hypothèse H4 de l'étude est vérifiée. Dans le cas contraire, elle ne l'est pas.

3-8- Limites des données collectés

Quelque soit la valeur scientifique accordée à ce document, nous devons reconnaître qu'elle présente certaines insuffisances. En effet, la majeure partie des données utilisées lors de cette étude provienne des enquêtes sur le terrain. Etant donné l'impératif du temps lié aux exigences académiques et les moyens financiers disponibles, les données ont été collectées par passage unique où il est fait appel à la mémoire des enquêtés pour certaines données. Malgré toutes les dispositions prises lors des enquêtes pour assurer la fiabilité des données qualitatives recueillies, il convient de souligner que la plupart des réponses obtenues sont subjectives surtout en ce qui concerne l'attribution des scores aux différentes contraintes liées au financement agricole.

Mais durant toute la phase de collecte des données, notre souci constant a été de minimiser autant que possible les écarts par rapport à la réalité. Par exemple, nous avons organisé les différents groupes de producteurs en focus-groupes pour avoir certaines informations d'ordre général.

DEUXIEME PARTIE :

PRESENTATION DES RESULTATS ET

DISCUSSIONS, CONCLUSION ET

SUGGESTIONS

CHAPITRE IV

EVALUATION ET ANALYSE DES

REVENUS DES PRODUCTEURS

RURAUX

4- EVALUATION ET ANALYSE DES REVENUS AGRICOLES DES PRODUCTEURS RURAUX

La connaissance des revenus agricoles annuels des agriculteurs, des éleveurs et des femmes transformatrices constitue une étape nécessaire à l'étude des stratégies de financement des activités agricoles et permet de mieux appréhender les contraintes liées au financement agricole. L'analyse des revenus agricoles vise à mettre en évidence les éventuelles relations entre cette variable et le sexe, le niveau d'éducation et les activités des producteurs ruraux. Afin d'éviter tout amalgame, il est nécessaire de rappeler que dans la présente étude, le terme producteur rural prend en compte tout individu du monde rural exerçant une activité de production agricole, que ce soit l'agriculture, l'élevage ou les transformations agroalimentaires.

4-1- Evaluation des revenus agricoles annuels des producteurs ruraux

4-1-1- Activités principales des enquêtés

Trois principaux groupes d'activités ont été identifiés dans le monde rural dans la commune de Gogounou. Il s'agit de l'agriculture, de l'élevage et des transformations agro-alimentaires (Odjouola, 2007). Mais l'agriculture est l'activité économique la plus importante et occupe près de 80% de la population et est essentiellement pratiqué par les Baribas. Cette tendance transparaît également dans l'unité de recherche car 50% des individus enquêtés sont des agriculteurs (voir figure 4.1). L'agriculture et les transformations agroalimentaires restent alors l'apanage des Baribas. Les Peulhs quant à eux font exclusivement de l'élevage.

Activités agricoles

Transformation
s
24,4

Agriculture
50

Elevage

26,6

Figure 4.1: principales groupes d'activités

4-1-2- Revenu agricole annuel des producteurs ruraux

Le premier objectif de cette étude est d'évaluer les revenus des producteurs ruraux dans la commune de Gogounou. Le tableau 4.1 révèle que les agriculteurs, les éleveurs et les femmes transformatrices gagnent en moyenne annuellement 848.465 Fcfa, 536.570 Fcfa, 429.520 Fcfa et 664.330 Fcfa respectivement dans les villages de Lougou, Zougou-Pantrossi, Wèrè et Boro. Les producteurs de Lougou et de Boro bénéficient des revenus les plus élevés, ce sont souvent de grands agriculteurs qui disposent de vaste exploitation agricole ou de grands éleveurs dont la taille du troupeau dépasse 500 têtes de bétail. Tandis que ceux de Zougou-Pantrossi et de Wèrè reste à la traîne avec les plus faibles revenus annuels. Le revenu agricole annuel moyen des producteurs ruraux dans la commune de gogounou s'élève 619.720 Fcfa avec une perte maximal de 134.450 Fcfa et un revenu maximum de 8.097.500 Fcfa.

Le signe négatif du revenu de certains ménages est dû au fait que dans le monde rural, la logique de production agricole et de consommation ne respecte pas toujours les seules règles de l'économie classique fondée sur le profit, mais est beaucoup plus influencée par l'anthropologie économique. Or en anthropologie économique, le social, la politique et l'économie sont étroitement liés. Le ménage agricole ne fonctionne pas toujours comme une entreprise agricole calqué sur le double objectif qu'est la maximisation du profit et la minimisation des coûts, son fonctionnement est surtout orienté vers la satisfaction des besoins primaires telles que la sécurité alimentaire au sein du ménage mais prend aussi en compte les rapports sociaux c'est-à-dire les réseaux d'échanges intra-interfamiliaux et intra ou intervillageois. Le faible revenu constaté au niveau de ces ménages est entre autre dû au fait qu'une bonne partie de la récolte a été autoconsommée, ce qui signifie que les recettes agricoles seront très faibles et ne pourront pas couvrir toutes les charges, d'où un revenu négatif même si la main-d'oeuvre familiale est largement sollicité dans ces genres de ménage. Certaines femmes dont les activités ne dégagent qu'une très faible marge avouent exercer les activités de transformations agroalimentaires juste pour vaincre l'oisiveté.

Néanmoins, de nombreux spécialistes en gestion affirment que les paysans aussi bien que les autres opérateurs économiques ne s'emploient pas en réalité à maximiser le revenu, mais ils essaient d'obtenir au moins un niveau minimum de revenu. Ce comportement est dénommé comportement de satisfaction (Lipton, 1968). Par exemple, la déclaration "Si je peux réaliser 200.000 F CFA de revenu cette année, je serai heureux", que l'on entend très souvent, traduit ce type de comportement. Il est celui de beaucoup d'exploitants qui, bien que capables et possédant une base de ressources adéquates pour croître, décident de maintenir la taille

actuelle de leurs exploitations plutôt que d'étendre et d'augmenter leurs responsabilités en matière de gestion en même temps que leurs revenus. Selon Lipton (1968) les paysans ne sont pas préoccupés par la maximisation de leurs revenus mais plutôt, ils cherchent à maximiser leurs chances de survie. Au lieu de se focaliser sur le long terme, ils sont surtout préoccupés par le court terme. Ainsi, ils vont souvent préférer garantir d'abord la sécurité alimentaire.

Tableau 4.1 : revenu moyen des producteurs aux niveaux villageois et communal

Niveau village
et communal

Revenu agricole annuel

Minimum

Maximum

Moyenne

Lougou

15.650

8.097.500

848.465

Zougou-
Pantrossi

-102.200

2.363.150

536.570

Wèrè

-134.450

2.453.300

429.520

Boro

-62.850

3.078.000

664.330

Gogounou

-134.450

8.097.500

619.720

Ces chiffres paraissent satisfaisantes à première vue mais très insuffisantes comparées aux dépenses annuelles (dépense agricole et divers) auxquelles les producteurs ruraux doivent faire face. Rien que pour les dépenses liées aux activités agricoles, les producteurs ont déboursé en moyenne 662.000 Fcfa. Dans un environnement où l'accès aux micro-crédits est difficile, alors il n'est facile aux producteurs ruraux de financer les activités agricoles. Cette situation augmente le niveau de pauvreté des producteurs, car faible capacité d'investissement rime avec faible production d'où faible revenu agricole. Yègbémey (2007) dégage des résultats de ses études qu'en milieu rural les besoins des pauvres sont largement au dessus des revenus agricoles. Selon Aho et al (1997), l'augmentation des revenus des ménages en milieu rural, constitue l'un des meilleurs moyens d'améliorer leur bien-être, donc de les sortir des carcans de la pauvreté. Or l'augmentation des revenus serait difficile si les besoins liés au

financement agricoles ne sont pas couverts de manière significative. En effet une augmentation des revenus est positivement corrélée à une augmentation des capacités de production des ménages agricoles et une augmentation des capacités de productions signifie, en plus de la satisfaction d'autres conditions connexes et de la levée des principales contraintes de financement, que les besoins de financements des activités agricoles sont largement couverts. Car les producteurs ne seront plus obligés de réduire les superficies emblavées pour pouvoir faire face aux dépenses liées à la production agricoles. Les politiques de lutte contre la pauvreté devraient donc chercher à créer un cadre favorisant l'accès aux crédits agricoles. En attendant la mise en place de ces mesures, les producteurs ont recours à différentes stratégies endogènes ou empiriques pour financer leurs activités agricoles. L'analyse de ses différentes stratégies sera faite dans le chapitre VI du présent document et le paragraphe suivant sera consacré à l'analyse des revenus extra-agricoles.

4-1-3- Revenu extra-agricole des producteurs

Les producteurs exercent plusieurs d'activités extra-agricoles pour faire face aux contraintes de financement des activités agricoles. Les activités extra-agricoles les plus pratiquées à Gogounou sont le commerce (achat pour revente des animaux d'élevage, le petit commerce), l'artisanat, la boucherie, le transport et diverses autres prestations de services (vente de la force de travail, location de matériels agricole)...

La diversification des activités constitue d'ailleurs pour une bonne frange des producteurs une stratégie de financement car ceux-ci multiplient ainsi les sources de revenu pour faire face aux énormes charges liées aux activités agricoles que sont par exemple l'acquisition des intrants, de matériels agricoles, la rémunération de la main-d'oeuvre salariée qui coûte d'ailleurs de plus en plus chère (les effets de l'inflation ne se limitent pas seulement dans la ville car la hausse des prix des produits de consommation frappe aussi les villages qui sont abondamment inondés de produits de fabrications modernes -lampe torche, produits de conserve, etc...- ou encore les charges liées aux transports des produits de récolte vers les marchés d'écoulement.

L'analyse du tableau 4.2 montre qu'en plus des revenus issus des activités agricoles, les producteurs ruraux gagnent environ 203.370 Fcfa à partir d'activités extra-agricoles diversement variées. L'exercice d'activités extra-agricoles a même permis à un producteur de Lougou d'engranger près de 5.400.000 Fcfa. Les activités extra-agricoles à forte valeur ajoutée aident considérablement les producteurs dans le financement de leur exploitation agricole.

Tableau 4.2 : moyenne des revenus extra-agricoles par village

Niveau village et
communal

Revenu extra agricole

Minimum

Maximum

Moyenne

Lougou

0

5.400.000

312.625

Zougou-Pantrossi

0

480.000

86.235

Wèrè

0

3.000.000

231.625

Boro

0

4.000.000

183.000

Gogounou

0

5.400.000

203.370

A la lecture du tableau 4.3, l'artisanat et le commerce sont les activités extra-agricoles les plus pratiqués car 30,6% et 26,5% des hommes s'investissent respectivement dans ses domaines. En général, les producteurs exercent ces activités collatérales dans la période de soudure et les revenus obtenus sont en partie investis dans la production agricole, le reste est utilisé pour la satisfaction d'autres besoins de financement au sein du ménage. Il n'existe aucun conflit entre la pratique des activités agricoles et les activités extra-agricoles.

Tableau 4.3 : Activités extra-agricoles exercées à Gogounou

Activités extra- agricoles

Hommes

Fréquence (en %)

Femmes

Fréquence (en %)

Artisanat

15

30,6

1

20

Chanteur

2

4,1

0

0

Boûcher

7

14,3

0

0

Apiculture

1

2

0

0

Transport

6

12,2

0

0

Commerce

13

26,5

2

40

Menier

1

2,1

0

0

Danse

1

2,1

0

0

Autres prestations de Services

3

6,1

2

40

Total

49

100

5

100

Les activités extra-agricoles sont beaucoup plus pratiquées par les hommes que par les femmes. Car seulement cinq (05) femmes pratiquent des activités extra-agricoles dans la population enquêtée contre quarante-neuf (49) hommes (voir tableau 4.3). Ce résultat est certainement dû au fait que les activités de transformations agroalimentaires exercées à plein temps par les femmes, ne les laissent pratiquement plus le temps de se consacrer aux activités extra-agricoles. De plus, les devoirs de la femme au sein du ménage ne lui laissent pas souvent le temps de pouvoir se consacrer encore à une éventuelle activité extra-agricole. En effet les femmes consacrent en moyenne 19% à 20% de leur temps aux activités domestiques et sociales contre 12% à 13% chez les hommes (MFPSS, 2002).

L'agriculture par exemple couvre seulement une partie de l'année alors les agriculteurs profitent le plus souvent de la période de soudure qui est élastique pour faire les activités extra-agricoles. Au niveau des ménages peulhs, le chef ménage laisse les enfants faire paître les animaux tandis que lui-même s'occupe de ses activités extra-agricoles. Ils s'adonnent souvent au commerce (achat pour revente des animaux d'élevage, il ne s'agit pas des animaux de son troupeau); paradoxalement les Peulhs n'aiment pas vendre leurs propres animaux, quelque soit la taille du troupeau. Les animaux du troupeau ne sont vendus que quand ils sont malades ou quand le propriétaire est dans un besoin pressant d'argent.

4-2- Revenu agricole et sexe

4-2-1- Analyse descriptive des revenus agricoles annuels moyens des femmes et des hommes

L'un des objectifs du présent travail est d'analyser la probable relation entre le sexe et les revenus agricoles. Il s'agit de voir si il existe une différence entre le revenu des femmes et celui des hommes ou si la distribution de leur revenu tient seulement compte du hasard. Ces variations dépendront essentiellement des postes de dépenses propres à chaque sexe et des recettes issues de leurs différentes activités, mais aussi de la rigueur dans la gestion financière et des stratégies propres à chaque sexe pour maintenir un niveau suffisant de revenu.

L'analyse de la figure 4.2 révèle que les revenus des hommes dépassent légèrement celui des femmes à Zougou-Pantrossi et à Wèrè. Mais les femmes sont plus actives à Boro car leurs revenus surpassent largement celui des hommes dans ce village, la tendance inverse est observée à Lougou où les hommes ont gagné en moyenne jusqu'a 980.000Fcfa, presque le double du revenu des femmes.

Ces différents niveaux de revenus indiquent qu'il est difficile de dire a priori qui gagnent le plus de revenu entre les hommes et les femmes dans la commune de Gogounou. Afin de d'identifier la réelle différence entre le revenu des hommes et des femmes, il est alors nécessaire de procéder à un test de comparaison des moyennes des revenus des deux sexes.

Figure 4.2 : revenus agricoles annuels moyens des hommes et femmes de Gogounou

1200000

1000000

400000

800000

600000

200000

0

Lougou Zougou-

Pantrossi

Revenu agricole en fonction du sexe

Wèrè Boro

homme femme

4-2-2- Variation et dispersion des revenus agricoles selon le sexe

Les activités des agents du ménage agricole ont fait l'objet de plusieurs études qui révèlent qu'il n'y a pas sur le plan de la participation à l'activité économique de différence notable entre les sexes. Au Bénin, le taux d'activités des femmes est de 47,7% en milieu rural contre 50,2% chez les hommes (MFPSS, 2002). La différence s'expliquerait par le retrait provisoire de la femme de l'activité économique lors de la grossesse, de l'accouchement et de l'allaitement des enfants perçu comme une entrave aux activités productives, un manque à gagner, une perte de productivité et une source de surcoûts.

Du moment où il n'existe pas de différence entre le sexe sur le plan de la participation à l'activité économique en milieu rural, il n'est pas étonnant que les degrés de signification des différents tests de comparaison à l'échelle villageoise et communale soient tous supérieur à 5% (voir tableau 4.4). Alors, il n'existe pas de différence entre le revenu agricole des hommes et le revenu agricole des femmes dans la commune de Gogounou. En effet, le degré de signification de ce test est largement au dessus de 5% donc il n'est pas significatif. Plusieurs spécificités du monde rural peuvent expliquer ces résultats qui ne sont pas étonnant vu les difficultés du monde d'aujourd'hui où chaque individu lutte durement pour pouvoir joindre les deux bouts. Le temps où les femmes étaient toujours reléguées au second plan et étaient passives sur le plan économique est désormais révolu car de nos jours elles participent activement à la vie économique de leurs localités au point de rivaliser avec les hommes dans la constitution d'un revenu conséquent. Mais en dépit du fait que les revenus ne varient pas en fonction du sexe selon les résultats du test d'indépendance, le revenu agricole moyen des hommes est légèrement supérieur à celui des femmes à l'échelle communale.

Tableau 4.4 : Résultat du test de comparaison des moyennes des revenus agricoles selon le sexe

 

Sexe

Effectif

Moyenne des
revenus
agricoles

Statistique t de Student

Degré de liberté

Degré de signification p

Lougou

Femmes

12

487.380

-0 ,965

43

0,34

Hommes

33

979.710

Zougou- Pantrossi

Femmes

9

448.770

-0,493

43

0,625

Hommes

36

558.520

Wèrè

Femmes

14

421.155

0,081

43

0,936

Hommes

31

433.295

Boro

Femmes

11

907.215

0,947

43

0,362

Hommes

34

585.750

Gogounou

Femmes

46

560.065

-0,504

178

0,615

Hommes

134

640.185

Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces différents résultats, par exemple les femmes sont présentent dans les mêmes secteurs d'activités que les hommes, que ça soit l'agriculture, l'élevage mais elles sont beaucoup plus actives dans le secteur secondaire à travers les activités de transformations agroalimentaires. Le seul fait que les hommes ne pratiquent pas les activités de transformations agroalimentaires pourrait être à l'origine d'une différence significative entre les revenus mais ils s'impliquent beaucoup plus dans l'agriculture et l'élevage que les femmes. En effet les superficies emblavées par les femmes ne dépassent guère 1 Ha dans la plupart des cas, tandis que les hommes mettent en valeur au minimum 2 Ha au cours de chaque campagne agricole d'après les résultats des entretiens avec les différents focus-groupes. Mais pendant que les femmes n'ont pas la force physique de cultiver de grande superficie pour augmenter leur revenu, elles s'adonnent à de multiples activités de transformations agricoles à forte valeur ajoutée. Cette particularité justifie en partie l'inexistence de différence entre les revenus agricoles des différents sexes car ce qui est perdu pour l'un par la non-pratique de telle activité est compensé par la pratique à un degré plus fort de cette activité par l'autre. Cette indifférence des revenus suivants le sexe est confirmée par la grande variabilité observée au niveau des revenus des hommes et des femmes en zone rural dans la commune de Gogounou. La figure 4.3 montre en effet que les revenus des deux sexes

oscillent effectivement autour de 600.000 Fcfa même si la dispersion est un peu plus faible chez les hommes que chez les femmes. Ceci signifie que les hommes et les femmes, malgré la diversité des activités qu'ils mènent, font face au même réalité et aucun des deux groupes n'a encore trouvé la solution miracle pour avoir plus de revenu que l'autre sexe, du moins en ce qui concerne les revenus agricoles.

Figure 4.3 : Niveau de dispersion des revenus agricoles suivant le sexe

Variabilité observée dans les revenus agricoles

95% CI ACTAGR

1000000

400000

200000

800000

600000

0 1

SEXENQ

femme=0
homme=1

4-3- Revenu agricole et groupes d'activités

Le choix des villages devrant abriter les études est fait suivant le niveau de désenclavement desdits villages. Mais ce choix prend en aussi compte la présence des trois groupes d'activités que sont l'agriculture, l'élevage et les activités de transformations agroalimentaires. En effet, le test de la première hypothèse consiste à établir s'il y a une relation entre la variable revenu agricole (variable quantitative) et les variables sexe, groupes d'activité et niveau d'éducation (nominale ou ordinale). Dans les paragraphes précédents, nous avons déjà mis en exergue l'inexistence d'une relation entre le revenu agricole et le sexe des producteurs. Dans les paragraphes suivants également, nous procéderons également au test de l'hypothèse selon laquelle les revenus agricoles varient suivants les types d'activités.

4-3-1- Analyse comparée des revenus agricoles suivants les groupes d'activités L'agriculture est l'activité la plus pratiquée dans la commune de Gogounou, elle constitue l'activité principale de 50% des enquêtés contre 26,6% pour l'élevage et 24,4% pour les activités de transformations agroalimentaires (voir figure 4.1). Mais cela ne veut dire pas qu'elle est l'activité qui génère le plus de revenu car au niveau communal, les éleveurs viennent en tête avec un revenu agricole annuel moyen de 757.815 Fcfa. Les femmes qui sont

surtout très présentes dans les activités de transformations agricoles gagnent au niveau communal en moyenne 564.380 Fcfa puis les agriculteurs se retrouvent avec un revenu moyen de 576.175 Fcfa (voir tableau 4.5). Les femmes de Zougou-pantrossi sont les plus actives et dynamiques car c'est le seul village où la moyenne des revenus des activités de transformations agro-alimentaires (609.835 Fcfa pour être plus précis) est supérieure à celui des autres activités. L'élevage est une activité qui génère un revenu énorme à Lougou qui est le village le plus enclavé des quatre. On serait tenter de dire que c'est dû au fait qu'il existe de vaste pâturage dans ce village et que les animaux se nourrissent convenablement, au point d'acquérir de grande valeur marchande. En effet, les éleveurs de Lougou attribuent dans leurs majorité de très faibles scores à la contrainte `' Insuffisance d'aire de pâturage» et très peu de conflits entre Baribas et Peulhs sont enrégistrés dans ce village. C'est uniquement à Boro que les agriculteurs ont réalisé leur meilleure performance avec un revenu annuel agricole moyen de 717.830Fcfa. Ce revenu est légèrement supérieur à celui dégagé par l'élevage pour le même village. Wèrè est aussi le village où les femmes sont le moins actives avec le plus faible revenu agricole dégagé par les activités de transformations agroalimentaires puisqu'elles ne gagnent en moyenne que 421.155 Fcfa. Wèrè est un village désenclavé qui jouxte la route inter-états Cotonou-Malanville et se trouve seulement à 5 kilomètres de Gogounou-Centre. C'est dire que les femmes de Wèrè ne veulent pas profiter de cet avantage géographique et économique unique, ce village est caractérisé par une très faible diversité de produits de transformations agro-alimentaires. C'est encore à wèrè que les agriculteurs également ont réalisé leur plus faible performance. Tout porte à croire que la proximité du centre-ville à un impact négative sur la production agricole ou les activités de transformations agroalimentaires, et par ricochet sur le revenu agricole. En effet, les revenus agricoles annuels moyens les plus élevés ont été enregistrés dans les villages les plus enclavés c'est-à-dire Lougou et zougou-pantrossi. La plupart des producteurs habitant les villages désenclavés préfèrent s'adonner à d'autres activités extra-agricoles en ville ou émigrent à Kandi.

4-3-2- Variation des revenus agricoles suivant les groupes d'activités

L'un des objectifs de l'étude est de voir si la différence entre les revenus agricoles des différents groupes d'activités est imputable au hasard ou si elle est significative. Il s'agira donc de faire un test de comparaison de moyennes des revenus suivants les différents groupes d'activités. Puisque le nombre de modalité est supérieur à 2, car les revenus des agriculteurs, des éleveurs et des femmes transformatrices seront prisent en compte, l'analyse des variance ou ANOVA est utilisée pour tester cette hypothèse. Les résultats du test sont consignés dans le tableau 4.5.

Le test n'est pas significatif à 5% à l'échelle communale car le degré de signification est largement au-delà de 5%, ce qui signifie qu'il n'y a pas de différence significative entre les revenus agricoles des agriculteurs, des éleveurs et des femmes transformatrices. Ce n'est qu'à Lougou que le test est significatif car le degré de signification du test est supérieur à 5% dans les trois autres villages d'étude. Le résultat de l'analyse des variances est relativement prévisible vu la distribution des revenus par activités dans les villages d'étude. L'agriculture, l'élevage et les transformations agro-alimentaires dégagent alors les mêmes revenus. En effet les producteurs ruraux dans le souci de multiplier leurs sources de revenus ont opté pour la diversification des activités. Ainsi un agriculteur est aussi éleveur et vice-versa, seulement que les activités secondaires sont pratiquées à un rythme modéré. Une femme transformatrice fait également de l'agriculture et l'élevage de petits ruminants. Les revenus dégagés par ces différentes activités ont été pris en compte dans le calcul dans le calcul du revenu du ménage. Les enquêtés ont juste été classé suivants leur activités principales.

Tableau 4.5 : Résultat du test de comparaison des moyennes des revenus agricoles selon les groupes d'activités

 

Groupes
d'activités

Effectif

Moyenne des
revenus
agricoles

Statistique

9 de

Fischer

Degré
de
liberté

Degré de
signification
p

Lougou

Agriculture

25

510.010

6,317

2

0,004

Elevage

8

2.395.310

Transformations

12

522.195

Zougou-
Pantrossi

Agriculture

21

576.965

0,324

2

0,725

Elevage

15

436.060

Transformations

9

609.835

Wèrè

Agriculture

21

321.750

2,011

2

0,147

Elevage

10

667.540

Transformations

14

421.155

Boro

Agriculture

23

717.830

0,416

2

0,663

Elevage

13

711.855

Transformations

9

458.960

Gogounou

Agriculture

90

576.175

0,684

2

0,506

Elevage

46

757.815

Transformations

44

564.380

4-4- Revenu agricole et niveau d'éducation

4-4-1- Analyse comparée des revenus agricoles des producteurs suivant leur niveau d'instruction

L'analyse des liens entre le niveau du revenu agricole et le niveau d'instruction constitue l'un des sous-objectifs de la présente étude. D'après le tableau 4.6, 82,2% des producteurs ne sont pas instruits. Il serait intéressant de mesurer également l'impact de niveau d'instruction7 sur le niveau du revenu agricole des producteurs. Pour atteindre ce but, une comparaison des moyennes des revenus des producteurs non-instruits et des producteurs instruits sera nécessaire en procédant à une analyse de variance ou ANOVA à un facteur afin d'apprécier la

7 La variable `niveau d'instruction' est mesurée au niveau ordinal (aucun ou non-instruit, primaire, secondaire et
supérieure) car il est souvent difficile d'obtenir des producteurs ruraux le nombre d'années d'éducation formelle

significativité de la différence entre le revenu des produits instruits et celui des producteurs non-instruits . Mais il est normal que ce test soit précédé d'une analyse brute des données d'enquêtes comme elles se présentent au niveau des villages d'étude et à l'échelle communal.

Tableau 4.6 : Niveau d'instruction des producteurs ruraux dans la commune de Gogounou

Niveau
d'instruction

Effectif

Fréquence
(en pourcentage)

Moyenne des revenus agricoles

Producteurs
non instruits

148

82,2

615.216,28

Producteurs
instruits

32

17,7

640.551,09

Total

180

100

 

Les revenus des producteurs non-instuits s'élèvent respectivement à 913.790 Fcfa et 723.915 Fcfa dans les villages de Lougou et de boro contre 495.825 Fcfa et 475.965 Fcfa pour les producteurs ayant le niveau du primaire des mêmes villages (voir Tableau 4.7). Par contre, le revenu des producteurs ayant le niveau du primaire dépasse celui des producteurs non instruits à Zougou-Pantrossi et à Wèrè. Dans la commune de Gogounou, les revenus agricoles moyens des producteurs ruraux s'élèvent respectivement à 615.220 Fcfa, 798.275 Fcfa, et 237.490 Fcfa pour ceux qui ne sont pas instruits, ceux qui ont au moins le niveau du primaire et ceux qui ont atteint le secondaire.

Paradoxalement les producteurs ayant atteint le niveau du secondaire ne justifient pas d'un revenu agricole moyen excédant celui des producteurs non instruits ou ayant fait le cours primaire dans aucun des villages d'étude. Cette particularité est due au fait que la plupart des producteurs ayant atteint un niveau élevé dans les études ne mettent en valeur que de faibles superficies et investissent beaucoup d'argent dans la rémunération des manoeuvres. Par conséquent le revenu dégagé par leurs activités est relativement faible comparé à celui des autres producteurs.

4-4-2- Variation et dispersion des revenus agricoles suivant le niveau d'instruction D'après les résultats du test consignés dans le tableau 4.7, il n'existe aucune différence significative entre le revenu agricole et le niveau d'instruction car le test n'est pas significatif à 5% (9 = 1,193 p = 0,306) et nous concluons que les revenus agricoles ne varient pas en fonction du niveau d'instruction.

Nos résultats convergent avec ceux d'une étude réalisée par la Banque mondiale en 2003, cité dans le document de Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté, selon laquelle : « au-delà des trois premières années d'école élémentaire qui n'ont pas beaucoup d'impact sur le niveau des revenus, chaque année d'étude supplémentaire suivi par le chef de famille apporte une amélioration substantielle du niveau de rendement du ménage quelque soit l'activité considérée». C'est également vrai pour le niveau de consommation, car selon les résultats de la même étude, entre deux ménages de même taille et situés dans la même localité, celui dont le chef a terminé les quatre années du cycle primaire aura un niveau de consommation, en moyenne, 14% plus élevé que celui dont le chef de famille n'a reçu aucune éducation » (SCRP, 2007). Or dans notre échantillon, la plupart des producteurs qui constituent notre échantillon ayant atteint le primaire dépassent à peine le Cours Elémentaire Niveau I (CE1), ce qui signifie qu'il n'y a presque pas de différence entre ceux qui n'ont jamais été à l'école et ceux qui ont fait le primaire. Ils ne sont donc pas tellement différents de ceux qui ne sont pas instruits. D'ailleurs certains parmis les producteurs ayant atteint le primaire ne peuvent même pas s'exprimer en français et ils ont de réelles difficultés à compter ou à réciter l'alphabet. L'inexistence de relation entre les revenus agricoles moyens et le niveau d'instruction peut être également due à la faible représentativité des producteurs ayant atteint le secondaire dans l'échantillon de départ.

Tableau 4.7 : Résultat du test de comparaison des moyennes des revenus agricoles selon le niveau d'instruction

 

Niveau d'instruction

Fréquence

Moyenne des
revenus

Statistique F de Fischer

Degré de liberté

Degré de signification p

Lougou

Non instruit

38

913.790

0,317

2

0,804

Primaire

4

495.825

Secondaire

3

491.250

Zougou- Pantrossi

Non instruit

39

409.265

19,070

2

0,00

Primaire

6

1.364.065

Secondaire

0

0

Wèrè

Non instruit

35

445.685

1,093

2

0,344

Primaire

7

506.855

Secondaire

3

60.485

Boro

Non instruit

38

723.915

0,930

2

0,403

Primaire

4

475.965

Secondaire

3

160.735

Gogouno u

Non instruit

148

615.220

1,193

2

0,306

Primaire

23

798.275

Secondaire

9

237.490

La figure qui suit ce paragraphe met en relief la forte variabilité des revenus des producteurs ruraux, le revenu de plusieurs producteurs s'écarte de la moyenne calculée. Les producteurs quoique faisant face à la même réalité développent différentes stratégies pour s'assurer leurs revenus. Certains font de l'agriculture intensive et vise l'ouverture sur le marché tandis que d'autres font de l'agriculture en grande partie pour l'autoconsommation. Tandis que d'autres font le bradage de leurs produits de récoltes, d'autres préfèrent stocker d'abord leurs récoltes pour spéculer plus tard sur les prix. Certaines stratégies s'observent surtout chez les producteurs non instruits, d'autres s'observent plus chez les producteurs instruits. Mais il y a d'autres stratégies qui sont propres aux deux groupes de producteurs. Ces différents comportements influencent considérablement le niveau des revenus des différents ménages. C'est ce qui explique les variabilités observées au niveau des producteurs mais les variabilités sont plus importantes au niveau des producteurs ayant atteint le niveau du primaire. En effet ces derniers sont à cheval entre les producteurs non instruits et ceux qui ont atteint le niveau

du secondaire, car certains parmi eux développent des comportements du premier groupe, tandis que d'autres adoptent des stratégies du second groupes c'est-à-dire ceux qui ont atteint le secondaire.

Figure 4.4 : Niveau de dispersion des revenus agricoles suivant le niveau d'instruction

Mean +- 2 SE ACTAGR

1200000

1000000

400000

200000

800000

600000

0

0 1 2

EDULEVEL

Non instruit=0 Primaire=1 Secondaire=2

4-5- Conclusion partielle

Le chapitre VI fût essentiellement consacré à l'évaluation et l'analyse des revenus agricoles annuels des producteurs ruraux dans la commune de Gogounou. Dans la présente étude, le terme producteur rural prend en compte tout individu exerçant une activité de production, que ce soit l'agriculture, l'élevage ou les transformations agro-alimentaires.

Ces trois types d'activités se retrouvent dans la zone d'étude mais l'agriculture est l'activité la plus importante car pratiqué par 50% des enquêtés, suivie de l'élevage (26,6%). L'agriculture essentiellement pratiquée par les Baribas dégage un revenu agricole annuel moyen de 576.175 Fcfa tandis que l'élevage l'activité principale des Peulhs, dégage environ 757.815 Fcfa moyennement. Enfin les femmes transformatrices bénéficient d'un revenu agricole moyen de 564.380 Fcfa à l'échelle communale. Dans la commune de Gogounou, les producteurs ruraux toutes catégories confondues réalisent un revenu agricole annuel moyen de 619720 Fcfa. Ce revenu est relative faible comparé à leur réelle besoin en financement. Un revenu faible empêche les producteurs de dégager une capacité d'investissement minimale dans les périodes où des liquidités seraient nécessaires (pour employer de la main-d'oeuvre, l'acquisition des intrants...). Dans un contexte où les producteurs ruraux doivent pratiquement faire faces seules à cette situation de faible revenu, ils ont recours à différentes activités extra-agricoles ou développent plusieurs stratégies de financement.

Les résultats des différents tests statistiques révèlent qu'il n'y pas de différence significative entre le revenu agricole et le sexe, les types d'activités et le niveau d'instruction au seuil de 5%. La première hypothèse de l'étude n'est donc pas vérifiée et nous concluons que les revenus agricoles des producteurs ne varient pas en fonction de leurs sexe, ni en fonction de leurs activités, ni en fonction de leurs niveaux d'éducation. La notion de revenu est plurifactorielle et ne saurait dépendre unilatéralement des trois facteurs prisent en compte pour l'étude. Ce travail s'intéresse également à l'analyse d'une stratégie de financement particulière qui est l'autofinancement des activités de production. Le chapitre suivant sera donc consacré à l'analyse de la part des revenus agricoles réinvestie par les femmes et les hommes.

CHAPITRE V

ANALYSE DE LA PART DU REVENU

AGRICOLE REINVESTIE DANS LES

ACTIVITES DE PRODUCTION AGRICOLE

5- ANALYSE DE LA PART DU REVENU ANNUEL REINVESTIE DANS LES ACTIVITES DE PRODUCTION AGRICOLE

L'analyse de la part des revenus agricoles annuels réinvestie par les producteurs ruraux constitue le deuxième objectif de la présente étude. Il était donc nécessaire dans le chapitre précédent d'évaluer les revenus agricoles et d'analyser leurs variations selon le sexe, le type d'activité ou le niveau d'éducation. L'autofinancement représente l'un des moyens privilégiés de financement de n'importe quelle entreprisse, elle constitue une stratégie de financement fortement utilisée par les producteurs ruraux (hommes et femmes). Alors dans le présent chapitre, il s'agira essentiellement d'apprécier les variations de la part moyenne de réinvestissement des revenus agricoles annuels dans les activités de production agricole par les femmes et les hommes

5-1- Analyse des charges propres à chaque type d'activité

La pratique des activités agricoles est soit purement sociale, soit économique, soit social et économique. Car certains producteurs visent tout simplement la survie de leurs familles en cherchant seulement à garantir l'autosuffisance alimentaire au sein du ménage et disposer d'un peu de liquidité pour faire face à certains besoins sociaux. D'autres, par contre, font de l'agriculture, de l'élevage ou les transformations agro-alimentaires dans un but économique et c'est le profit maximum qui est visé. Tout se joue pratiquement au niveau de la quantité des facteurs de productions mis en oeuvre et des principales charges financières engagées dans les pratiques des différentes activités. L'agriculteur a le choix entre solliciter beaucoup de main d'oeuvre salariée ou peu de main d'oeuvre salariée, il peut opter pour une agriculture intensive ou une agriculture extensive. Un éleveur peut trouver judicieux d'utiliser des compléments alimentaires qui sont relativement chères tandis qu'un autre n'alimentera ces animaux qu'à partir des herbes disponibles dans les prés. Une femme peut opter pour une activité de transformation nécessitant des inputs très chers tandis qu'une autre choisira une activité nécessitant moins de dépense. L'un ou l'autre n'investisse pas les mêmes quantités d'argent dans les différentes activités de production exercées.

L'analyse du tableau 5.1 montre que l'agriculture et les activités de transformation agricole constituent les activités qui nécessitent le plus d'investissement de la part des producteurs ruraux. En effet, à l'échelle communale, les femmes dégagent en moyenne 1.173.740 Fcfa pour faire face aux charges relatives aux activités de transformation agro-alimentaires. Les agriculteurs doivent débourser en moyenne 586.330 Fcfa. L'élevage représente l'activité qui

nécessite le moins de charges car les animaux se nourrissent facilement dans la nature. Les éleveurs de Gogounou dépensent donc seulement 69.420 Fcfa en moyenne pour les soins vétérinaires et les compléments alimentaires (sac de sels, pierre à lécher...).

Tableau 5.1 : Charges relatives aux différentes activités de productions

Niveau village et
communal

Minimum

Maximum

Moyenne

Agriculture

Elevage

Transformation

Agriculture

Elevage

Transformation

Agriculture

Elevage

Transformation

Lougou

53.300

6.850

115.200

2.712.000

1.070.000

1.278.000

751.295

176.545

687.800

Zougou

0

5.900

84.000

1.430.160

57.000

19.550.000

552.315

29.545

2.708.990

Wèrè

31.500

12.000

171.000

2.115.800

140.000

1.692.000

484.805

41.890

648.950

Boro

43.200

0

32.400

4.480.540

456.500

3.120.000

530.770

64.370

831.300

Gogounou

0

0

32.400

4.480.540

1.070.000

19.550.000

586.330

69.420

1.173.740

Dans tous les villages à l'exception de Lougou, les charges des activités de transformations agricoles sont supérieures aux charges des autres activités de production agricole (voir figure 5.1). Les postes de dépenses au niveau de l'agriculture se résument à la rémunération de la main-d'oeuvre pour les différentes opérations culturales, l'acquisition des intrants agricoles. Or les agriculteurs ont la possibilité de réduire considérablement les dépenses, par exemple un agriculteur mobilisant fortement la main-d'oeuvre familiale baissent de façon significative les coûts liés aux activités agricoles. Tandis que dans le secteur des transformations agroalimentaires, la plupart des dépenses sont incompressible et inévitable. Une femme qui fait par exemple le fromage de soja a nécessairement besoin d'acheter pendant toute l'année le soja pour le faire. Ce qui nécessite énormément de dépense surtout que le prix du soja fluctue énormément au cours de la même année et que les revenus issus de cette activité sont par ailleurs relativement faibles. Même si elle doit disposer elle-même de son champ de soja, elle n'a souvent pas la force de cultiver de grande superficie dont elle exploitera la récolte pour la transformation. Même si elle a de l'argent pour payer de la main-d'oeuvre pour l'aider, cette main-d'oeuvre (c'est l'une des contraintes liées au financement agricoles soulevées par les femmes) n'est pas toujours disponible car les manoeuvres préfèrent travailler d'abord dans le champ des hommes. Et quand ils sont prêt pour travailler le champ de femme, les bonnes

périodes de labour ou de semis sont déjà passer car la pluie s'arrête déjà en se moment. En conclusion, les femmes doivent engager de grandes dépenses pour pouvoir mener continuellement leurs activités de transformations agroalimentaires. Ces raisons expliquent à notre avis le niveau élevé des charges relatives aux activités de transformations par rapport aux charges relatives à l'agriculture et à l'élevage.

Figure 5.1 : Niveau moyen des charges relatives aux différentes activités de productions agricoles

3000000
2500000
2000000

 
 
 

1500000
1000000
500000
0

 

Agriculture Elevage Transformation

 
 
 

Lougou Zougou Wèrè Boro

 
 

5-2- Analyse de la part moyenne du revenu réinvestie.

Le calcul de la part des revenus agricoles réinvestie nécessite la connaissance des revenus l'année précédente. Les producteurs ont fourni des informations relatives à leur production de l'année précédente, la quantité prélevée pour usages personnels (auto-consommation, dons, constitution du stock de semences pour la campagne suivante, nombre d'animaux tué pour consommation au sein du ménage...) et la quantité vendue (nombre de sac et prix unitaire, nombre d'animaux vendu et les prix unitaires, nombre d'unité de produits de transformations agricoles vendu et prix unitaire...) a permis le calcul des recettes engrangées l'année précédente. Les dépenses engagées (rémunération de la main-d'oeuvre, paiement des frais de vaccination, paiement des bouviers, transport...) toujours au cours de l'année précédente par le producteurs ont été déduit de ces recettes totales pour le calcul du revenu agricole.

Les quantités de charges relatives à chaque activité de production agricole montrent que la transformation agro-alimentaire représente une activité qui nécessite d'énormes charges, comparée à l'agriculture et à l'élevage. Ce qui signifie que les femmes rurales doivent dépenser plus d'argent que les hommes pour mener leurs activités.

La lecture du tableau 5.2 permettre de réaliser combien de fois la part moyenne des revenus
agricoles réinvestie par les femmes est supérieure à la part de réinvestissement des hommes.

Dans tous les villages à l'exception de Boro, les femmes rurales réinvestissent plus du double de leur revenu pour financer les activités de transformations agricoles. Cette part moyenne de réinvestissement des femmes est particulièrement très élevée à Zougou-Pantrossi car elle s'élève à 293,32% pour ces dernières contre 19,58% pour les agriculteurs et les éleveurs. C'est uniquement à Boro que le niveau du revenu réinvesti par les hommes (80,15%) est supérieur à celui des femmes (68,10%). Tandis que dans tous les autres villages, ces braves dames réinvestissent leurs revenus bien plus que les hommes. La figure 5.2 montre clairement que les femmes investissent en général plus de 200% des revenus qu'elles tirent des transformations agricoles. En effet, à l'échelle communale, la part moyenne de réinvestissement des revenus agricoles s'élève respectivement à 201,79% et 37,67% pour les femmes et les hommes. Mais contrairement à la part réinvestie dans les activités agricoles, la part des revenus agricoles investie dans les besoins sociaux est plus élevée chez les hommes que chez les femmes. D'après le tableau 5.3, 43,86% des revenus des hommes sont investis surtout dans les cérémonies (mariages multiples, cérémonies traditionnelles...), l'acquisition des biens matériels (achat de moto) puis la santé et l'éducation tandis que les femmes n'investissent que 18,30% de leurs revenus dans les besoins sociaux. Les femmes contribuent le plus souvent au revenu du ménage avec cette fraction de leur revenu propre. D'ailleurs, selon Odjouola (2007), les raisons qui motivent les femmes à exercer les activités génératrices de revenus sont l'entretien des enfants, la satisfaction des besoins personnelles, l'apport d'aide au mari pour l'entretien du ménage.

La part du revenu réinvestie dans les activités agricoles est très faible aux niveau des agriculteurs et des éleveurs, ceux-ci préfèrent investirent une partie significative de leur revenu dans l'acquisition de biens matériels, les cérémonies et accessoirement dans les loisirs. Seulement 37,67% revient aux activités agricoles, les producteurs optent pour l'exploitation de la main-d'oeuvre familiale en majorité, ce qui limite considérablement la capacité de production des ménages car c'est seulement de faibles superficies qui sont mise en valeur dans ce cas. Plusieurs théories de l'économie du développement lient le sous-développement au faible taux de réinvestissement des revenus dans les systèmes de production agricole en milieu rural africain. Il urge qu'un programme visant l'accroissement de la part réinvestie dans les activités agricoles soit élaboré. Ce programme sera subdivisé en de micro-projets (dirigés par les ONG locales) dont le principal objectif est de rehausser la capacité de financement des producteurs, en les incitant à augmenter la part de leur revenu qu'ils investissent dans la production agricole.

Tableau 5.2 : Résultat du test de comparaison des parts moyennes de réinvestissement des revenus agricoles.

 

Sexe

Effecti f

Part réinvestie (en %)

Statistique t de

Student

Degré de

liberté

Degré de signification p

Différence des moyennes (en %)

Lougou

Homme

 
 

1

,643

43

0

,124

184,77

 
 

33

58,90

 
 
 
 
 

Femme

 
 
 
 
 
 
 
 

12

243,67

 
 
 
 

Zougou-

Homme

 
 

1,148

43

0,021

273,74

Pantrossi

 

36

19,58

 
 
 
 
 

Femme

 
 
 
 
 
 
 
 

9

293,32

 
 
 
 

Wèrè

Homme

 
 
 
 
 

220

,08

 
 

31

19,63

 
 
 
 
 
 
 
 

3,058

43

0,009

 

Femme

 
 
 
 

14

239,71

 
 
 
 

Boro

Homme

 
 
 
 
 

-11,16

 
 

34

80,15

 
 
 
 
 
 
 
 

-0,095

43

0,925

 

Femme

 
 
 
 

11

68,10

 
 
 
 

Gogounou

Homme

 
 
 
 
 

164

,125

 
 

134

37,67

 
 
 
 
 
 
 
 

3,883

178

0,00

 

Femme

 
 
 
 

46

201,79

 
 
 
 

Tableau 5.3 : Part des revenus investie dans les besoins sociaux

Sexe

Effectif

Part moyenne des revenus réinvestie dans les autres besoins (en %)

Femme

46

18,30

Homme

134

43,86

Figure 5.2 : Evolution des parts moyennes de réinvestissement des revenus agricoles suivant les villages et le sexe

350
300
250

 
 
 

200
150

 

Homme Femme

100
50
0

 
 
 

Lougou Zougou Wèrè Boro

 
 

Les fortes valeurs de la part du revenu réinvestie par les femmes dépendent en partie de la formule8 qui permet de calculer cette part du revenu réinvestie. En effet, plus la composante RNAEt-1 de la fraction est faible, plus la part du revenu réinvesti est élevé. Or d'après le tableau 4.5, la transformation agricoles représentent l'activité qui génère le moins de revenu à l'échelle communale. A Gogounou, les femmes transformatrices gagnent en moyenne 564.380 Fcfa par an tandis que les éleveurs se retrouvent avec 757.815 Fcfa. Par ailleurs, les charges relatives aux activités de transformations agricoles sont les plus élevées par rapport aux charges liées à l'agriculture et à l'élevage (Voir tableau 5.1). Ce qui signifie qu'en dépit des faibles revenus des femmes, elles doivent débourser plus d'argent que les autres producteurs ruraux pour exécuter quotidiennement ces activités de transformations agricoles. Toutes ces conditions réunies, la part du revenu agricole réinvestie par les femmes sera inexorablement supérieure à cette même part chez les hommes qui font exclusivement de l'agriculture et l'élevage. L'autre raison qui explique ces fortes valeurs des parts moyennes de revenus réinvesties au niveau des femmes, est qu'elles puisent en réalité de l'argent de leur

RINV

8 t

PRE = * 100 Ott, PREt est la part du revenu réinvestie dans les activités agricoles à l'année t,

t RNAE t -1

RINVt est le montant investi dans la production agricole à l'année t imputable au revenu agricole annuel du producteur RNAEt-1 au temps t-1.

chiffre d'affaire - c'est-à-dire des recettes réalisées- pour financer à chaque fois leurs activités de transformations agricoles. Or le calcul de la part réinvestie tient compte des revenus calculés à partir des données d'enquêtes, d'ailleurs en économie classique c'est le bénéfice qui est réinvestie. Mais dans la plupart des entreprises agricoles africaines, l'individu ne fait souvent pas de distinction entre ses revenus et son chiffre d'affaire. Il réinvestit tout simplement les fonds dont il dispose au moment où il doit faire des investissements. Afin de mieux illustrer cet aspect, prenons l'exemple d'une femme qui fait du fromage de soja. Pour une année, elle a besoin de 2.500 Fcfa pour la préparation, puis elle fait un chiffre d'affaire de 3.500 Fcfa soit un profit de 1.000 Fcfa. Contre tenu des charges liées à cette activité, cette dame investira de nouveau 2.500 à partir des recettes de l'année précédente. La part de revenu réinvestie par cette femme s'élève déjà à 250% puisque cette part est calculée à partir du profit de 1000 Fcfa réalisé la année précédente.

les résultats du test de comparaison des moyennes montre que les parts moyennes du revenu agricole réinvesties varie en fonction du sexe (t=3,83 p=0,00) au seuil de 1%, donc le test est hautement significatif (voir tableau 5.2). La différence entre les deux moyennes étant supérieure à 0, nous concluons que la deuxième hypothèse de vérifiée et que la part de réinvestissement des revenus agricoles annuels dans les activités de production agricole des femmes est supérieure à celle des hommes. Toutefois le test n'est pas significatif à Zougou-pantrossi et à Boro. Dans ces deux villages, l'agriculture et les transformations agricoles sont pratiqués par les femmes presque au même niveau, cette particularité entraîne donc une tendance baissière des parts de réinvestissement des revenus agricoles. Les raisons de la faiblesse de la part du revenu agricole réinvestie pour l'agriculture ont été évoquées dans nos analyses antérieures. Mais en résumé, ceux qui pratiquent l'agriculture peuvent mettre en place plusieurs stratégies pour limiter au maximum l'injection de capitaux dans l'agriculture contrairement à la pratique des transformations agricoles. Donc la part de réinvestissement d'une femme qui fait à la fois de l'agriculture et les transformations agro-alimentaires devrait être inférieure à la part de réinvestissement d'une femme qui fait uniquement de la transformation agro-alimentaire. En effet, cette dernière n'a pas la possibilité de réduire ces charges et elles bénéficient uniquement des revenus issus de la transformation agroalimentaire. Mais en fait, les femmes ne s'occupent que de leurs activités tandis que les hommes sont des chefs de ménages et doivent faire face à beaucoup d'autres charges familiales. Dans ces conditions, une femme n'hésitera pas à investir une grande partie de ses revenus pour conduire ses activités de transformations agricoles.

5-3- Conclusion partielle

En économie classique, l'autofinancement constitue l'une des sources de financement de toutes entreprises et dépend directement du cash-flow. En production agricole également, les producteurs ruraux ont également recours à l'autofinancement en utilisant une partie de leur revenu agricole pour financer les activités de production.

Le second objectif de cette étude est de déterminer la part du revenu agricole que les producteurs réinvestissent pour financer les activités de production agricole dans la commune de Gogounou. Afin de mieux apprécier ce paramètre, la connaissance des charges relatives à chaque activité de production s'avère nécessaire. Selon les résultats de notre étude, les charges liées à chaque activité s'élèvent respectivement à 1.173.740 Fcfa, 586.330 Fcfa et 69.420 Fcfa pour les transformations agro-alimentaires, l'agriculture et l'élevage dans la commune de Gogounou. La transformation des produits agricoles relevant du secteur secondaire et occupant exclusivement les femmes représente donc l'activité qui nécessite le plus d'investissement. En effet, la pratique de la transformation agricole requiert d'énormes dépenses incompressibles contrairement à l'agriculture et l'élevage où l'utilisation de différentes stratégies permette de réduire sensiblement les investissements.

D'ailleurs, la part de réinvestissement des revenus agricoles des hommes pratiquant exclusivement l'agriculture et l'élevage s'élève en moyenne à 37,67% contre 201,79% chez les femmes transformatrices. Il existe une différence hautement significative entre la part de réinvestissement des femmes et des hommes au seuil de 1%. Nous concluons donc que la part de réinvestissement des revenus agricoles annuels dans les activités de production agricole des femmes est supérieure à celle des hommes, c'est-à-dire que l'hypothèse 2 de l'étude est vérifiée. Le réinvestissement des revenus agricoles constitue une des stratégies de financement agricoles qu'il convient d'améliorer au niveau des hommes. Le chapitre suivant présente l'analyse des autres stratégies de financement agricoles.

CHAPITRE VI

ANALYSE DES AUTRES STRATEGIES

DE FINANCEMENT DES ACTIVITES

AGRICOLES DEVELOPPEES PAR LES

PRODUCTEURS RURAUX

6- ANALYSE DES STRATEGIES DE FINANCEMENT DEVELOPPEES PAR LES PRODUCTEURS RURAUX

La pratique des activités de productions agricoles constitue la première source de revenu des producteurs ruraux dans la commune de Gogounou. Par ailleurs, les revenus dégagés par ces activités de productions sont relativement faibles par rapport aux énormes besoins en financement des producteurs. Dans un environnement où l'accès au crédit est difficile, les producteurs ont développé diverses stratégies pour financer leurs activités de productions agricoles, au lieu de considérer cette situation comme une fatalité. Ces stratégies sont pour certaines, héritées des ancêtres, copiées chez un proche ou empiriques. Le réinvestissement des revenus représente l'une des stratégies auxquelles les producteurs ont recours pour financer les activités agricoles. Suite à l'analyse de cette stratégie qui a été faite dans le chapitre précédent, le chapitre présent sera consacré à l'analyse des autres stratégies de financement. Il s'agira d'analyser les relations entres ces différentes stratégies et le sexe, les activités de production et le niveau d'éducation. Ces stratégies reflètent la façon dont les producteurs trouvent des solutions face aux problèmes qui se posent à eux, elles tiennent d'une rationalité que seuls ceux-ci peuvent expliquer car la plupart de ces multiples stratégies ressort seulement de la logique paysanne.

6-1- Stratégies à court terme

Ces stratégies permettent souvent aux producteurs de satisfaire des besoins ponctuels, car ils trouvent ainsi le cash nécessaire pour la rémunération des manoeuvres ou l'exécution d'une étape du processus de transformation des produits agricoles. La plupart de ses stratégies permettent de contourner la nécessité de prendre du crédit auprès des institutions de micro-finances.

6-1-1- Achat à crédit

L'achat à crédit consiste à acquérir à crédit, auprès d'un fournisseur, un élément nécessaire à un instant t à l'exécution des activités de productions agricoles. C'est le cas d'un éleveur qui achète un sac de sel à crédit pour nourrir ses animaux à un moment où il ne dispose plus de liquidité or le sel constitue un élément important dans l'alimentation des boeufs. La dette est en général remboursée à la récolte ou lorsque l'argent du coton est enfin payé. D'après les entretiens avec les focus-groupes, c'est seulement les producteurs qui justifient d'un niveau de revenu relativement suffisant qui s'essayent à cette stratégie, sinon que dans la plupart des cas les plus pauvres préfèrent d'autres stratégies comme le gage. En effet, les fournisseurs ont du

mal à faire confiance à cette dernière catégorie de producteurs. Mais 61,7% des producteurs achètent à crédit, ce qui signifie qu'il s'agit d'une stratégie adoptée par la plupart des producteurs ruraux.

6-1-1-1- Etude de la relation entre l'achat à crédit et le sexe

D'après le tableau 6.1, 74,8% de ceux qui adoptent cette stratégie sont des hommes. Mais ce fort pourcentage observé au niveau des hommes est dû essentiellement au fait que l'échantillon est constitué d'homme à 74,44% d'hommes. D'ailleurs, il n'existe aucune relation entre cette stratégie et le sexe au seuil de 5% d'après les résultats du test de Khi-Deux (valeur de x2 = 0,017, p=0,897) car 60,9% des femmes et 61,9% des hommes pratiquent cette stratégie de financement des activités de production agricole. Globalement les revenus des producteurs, homme comme femme, ne sont pas toujours à la hauteur des charges liées à leurs activités, alors ils ont tous recours à l'achat à crédit à un moment donné.

Tableau 6.1 : Relation entre la stratégie `'achat à crédit» et le sexe

 
 

Achat à crédit

Total

Oui

Non

Producteurs ruraux

Femme

Effectif

28

18

46

Intra-groupes

60,9%

39,1%

100,0%

Inter-groupes

25,2%

26,1%

25,6%

Homme

Effectif

83

51

134

Intra-groupes

61,9%

38,1%

100,0%

Inter-groupes

74,8%

73,9%

74,4%

Total

Effectif

111

69

180

Intra-groupes

61,7%

38,3%

100,0%

Inter-groupes

100,0%

100,0%

100,0%

Valeur de x2 : 0,017 ddl=1 p =0,897

6-1-1-2- Etude de la relation entre l'achat à crédit et les groupes d'activités

Le tableau 6.2 révèle qu'il existe une relation hautement significative entre les groupes d'activités et la stratégie `'achat à crédit» (Valeur de x2 = 26,437 p=0,00). Il s'agit là d'une stratégie qui est très employée par les agriculteurs (63,1%) suivis des femmes transformatrices (23,4%). Seulement 32,6% des éleveurs ont recours à l'achat à crédit contre 77,8% des agriculteurs et 59,1% des femmes, car ils peuvent vendre à tout moment quelques animaux de leur cheptel dès qu'ils sont en difficulté économique. De plus, les charges liées à l'élevage sont relativement faibles par rapport aux charges des autres activités et l'agriculteur doit nécessairement atteindre une prochaine récolte pour commencer à avoir du cash en main. Ce sont là, les principales raisons qui justifient la liaison entre le recours à l'achat à crédit et les groupes d'activités.

Tableau 6.2 : Relation entre la stratégie »achat à crédit» et les groupes d'activités

 
 

Achat à crédit

Total

Oui

Non

Producteurs ruraux

Agriculture

Effectif

70

20

90

Intra-groupes

77,8%

22,2%

100,0%

Inter-groupes

63,1%

29%

50%

Elevage

Effectif

15

31

46

Intra-groupes

32,6%

67,4%

100,0%

Inter-groupes

13,5%

44,9%

25,6%

Transformation

Effectif

26

18

180

Intra-groupes

59,1%

40,9%

100,0%

Inter-groupes

23,4%

26,1%

24,4%

Total

Effectif

111

69

180

Intra-groupes

61,7%

38,3%

100%

Inter-groupes

100%

100%

100%

Valeur de x2 = 26,437 ddl = 2 p= 0,00

6-1-1-3- Etude de la relation entre l'achat à crédit et le niveau d'éducation

Pour la conduite des opérations liées aux différentes activités de productions agricoles, la stratégies `'achat à crédit» est adoptée à 79,3% par les producteurs non-instruits, suivis des producteurs ayant atteint le primaire (16,2%), puis de ceux ayant atteint les cours secondaires (4,5%). Le test de khi-deux (Valeur de x2 = 3,126 p=0,209) révèle qu'il n'existe aucune relation entre cette stratégie et le niveau d'éducation des producteurs à 5% (voir tableau 6.3). C'est certainement dû à la faible représentativité des producteurs instruits dans l'échantillon. De plus, tout être humain qu'il soit instruit ou pas a des problèmes d'argent et n'hésitera pas à faire des achats à crédit si il en avait la possibilité.

Tableau 6.3 : relation entre la stratégie »achat à crédit» et le niveau d'éducation

 
 

Achat à crédit

Total

Oui

Non

Producteurs ruraux

Non-instruit

Effectif

88

60

148

Intra-groupes

59,5%

40,5%

100,0%

Inter-groupes

79,3%

87,0%

82,2%

Primaire

Effectif

18

5

23

Intra-groupes

78,3%

21,7%

100,0%

Inter-groupes

16,2%

7,2%

12,8%

Secondaire

Effectif

5

4

9

Intra-groupes

55,6%

44,4%

100,0%

Inter-groupes

4,5%

5,8%

5,0%

Total

Effectif

111

69

180

Intra-groupes

61,7%

38,3%

100,0%

Inter-groupes

100,0%

100,0%

100,0%

Valeur de x2 = 3,126 ddl = 2 p=0,209

6-1-2- Bradage

Le bradage est très fréquent en milieu rural et consiste à se débarrasser d'une marchandise à bas prix. Aussi certains producteurs, face aux difficultés de trésorerie qu'ils rencontrent, bradent donc leurs produits de récoltes ou leurs animaux d'élevage. Alors, ils réduisent les prix de leurs productions pour vite écouler tout ou une partie de leurs stocks, afin de trouver l'argent nécessaire pour satisfaire un besoin urgent. Les commerçants sont évidemment à l'affût, afin de profiter de ses occasions pour faire une bonne affaire. Un sac de maïs qui devrait être vendu en moyenne à 15.000 Fcfa est facilement cédé à 8.000 Fcfa parfois même jusqu'à 5.000 Fcfa ou encore un éleveur qui n'hésite pas à vendre à vendre à 100.000 Fcfa un boeuf dont la valeur marchande normale avoisinerait 250.000 Fcfa, juste pour avoir de l'argent et pouvoir vacciner les autres animaux.

6-1-2-1- Etude de la relation entre le bradage et le sexe

L'analyse du tableau 6.4 montre que le bradage est beaucoup plus répandu au niveau des hommes car pratiqué à 83,5% par les hommes. Parmi les 46 femmes de l'échantillon, seulement 15 ont recours au bradage. La conduite des activités de transformation agroalimentaire ne permet pas le bradage. Les femmes qui pratiquent le bradage, bradent en fait leurs produits de récolte car l'agriculture constitue leurs activités secondaires. Cette disparité observée au niveau de la pratique du bradage par les hommes et les femmes est confirmée par les résultats du test de Khi-deux qui est hautement significative. C'est-à-dire qu'il existe une relation entre la pratique du bradage et le sexe des producteurs ruraux au seuil de 1% (valeur du x2 = 7,962 p=0,005).

Tableau 6.4 : Relation entre `'bradage» et sexe

 
 

Bradage

Total

Oui

Non

Producteurs
ruraux

Femme

Effectif

15

31

46

Intra-groupes

32,6%

67,4%

100,0%

Inter-groupes

16,5%

34,8%

25,6%

Homme

Effectif

76

58

134

Intra-groupes

56,7%

43,3%

100,0%

Inter-groupes

83,5%

65,2%

74,4%

Total

Effectif

91

89

180

Intra-groupes

50,6%

49,4%

100,0%

Inter-groupes

100,0%

100,0%

100,0%

Valeur de x2 = 7,962 ddl = 1 p= 0,005

6-1-2-2- Etude de la relation entre le bradage et les groupes d'activités

D'après les résultats du tableau 6.5, les agriculteurs pratiquent à 67,8% le bradage des produits de récolte contre 37% et 29,5% respectivement au niveau des éleveurs et des femmes transformatrices. L'agriculture en lui-même est une activité qui nécessite beaucoup de charges surtout en période de forte activité (pour la rémunération de la main-d'oeuvre et l'acquisition des intrants). Les agricultures qui ne veulent pas limiter les superficies à emblaver, juste par manque de moyens financiers, bradent en masse leurs stocks restants. L'objectif est de pouvoir recruter assez de main-d'oeuvre salariée, pour parer aussi bien à l'insuffisance de la main-d'oeuvre familiale culturale, mais également pour tenir dans le calendrier cultural.

Au niveau communal, 50,6% des producteurs ont recours au bradage pour financer les activités de productions agricoles dont 67% d'agriculteurs, 18,7% d'éleveurs, et 14,3% de

transformatrices. Ces différentes distributions sont expliquées par la haute significativité du test de khi-deux entre la stratégie `'bradage» et les groupes d'activités (tableau 5). Nous concluons donc qu'on peut établir une relation entre cette stratégie et les différentes activités de production agricole.

Tableau 6.5 : relation entre la stratégie »bradage» et les groupes d'activités

 
 

Bradage

Total

Oui

Non

Producteurs ruraux

Agriculture

Effectif

61

29

90

Intra-groupes

67,8%

32,2%

100,0%

Inter-groupes

67,0%

32,6%

50,0%

Elevage

Effectif

17

29

46

Intra-groupes

37,0%

63,0%

100,0%

Inter-groupes

18,7%

32,6%

25,6%

Transformation

Effectif

13

31

44

Intra-groupes

29,5%

70,5%

100,0%

Inter-groupes

14,3%

34,8%

24,4%

Total

Effectif

91

89

180

Intra-groupes

50,6%

49,4%

100,0%

Inter-groupes

100,0%

100,0%

100,0%

Valeur de x2 = 21,852 ddl=2 p= 0,00

6-1-2-3- Etude de la relation entre le bradage et le niveau d'éducation des producteurs ruraux

La relation qui existe entre le bradage et le sexe d'une part, entre le bradage et les activités agricoles d'autres part, ne se retrouve pas entre le bradage et le niveau d'éducation des producteurs. Le test de khi-deux (valeur de x2= 4,044 p=0,132) montre la relation entre la stratégie `'bradage» et le niveau d'éducation des producteurs n'est pas significative à 5% (voir tableau 6.6). Ce résultat est dû au fait que les producteurs, toute catégorie confondue, sont confrontés au même problème de manque de liquidité. Le bradage constitue une stratégie commune pour les producteurs pour avoir du cash en main afin de satisfaire un besoin urgent.

Tableau 6.6 : relation entre le bradage et le niveau d'éducation

 
 

Bradage

Total

Oui

Non

Producteurs ruraux

Non-instruit

Effectif

70

78

148

Intra-groupes

47,3%

52,7%

100,0%

Inter-groupes

76,9%

87,6%

82,2%

Primaire

Effectif

16

7

23

Intra-groupes

69,6%

30,4%

100,0%

Inter-groupes

17,6%

7,9%

12,8%

Secondaire

Effectif

5

4

9

Intra-groupes

55,6%

44,4%

100,0%

Inter-groupes

5,5%

4,5%

5,0%

Total

Effectif

91

89

180

Intra-groupes

50,6%

49,4%

100,0%

Inter-groupes

100,0%

100,0%

100,0%

Valeur de x2 = 4,044 ddl= 2 p=0,132

6-1-3- Le recours au marché parallèle

Cette stratégie consiste tout simplement à vendre ou à acheter des intrants dans un circuit informel. Il s'agit d'une stratégie qui est beaucoup plus pratiquée par les agriculteurs dans l'optique, d'une part d'avoir un surplus d'argent pour faire face aux charges liées à cette activité (voir encadré 6.1), d'autre part de pouvoir mettre en valeur plus de friches. L'agriculture constitue, en effet, l'une des activités où l'acquisition des intrants et la rémunération de la main-d'oeuvre représente les plus importants postes de dépenses. Cette particularité de l'agriculture figure parmi les raisons qui explique la relation hautement significative (?2= 18,336 p=0,00) entre les groupes d'activités et le recours au marché parallèle. Les agriculteurs, qui vendent leurs intrants dans le marché parallèle, déclarent à dessein de grandes superficies aux organismes chargés de la distribution des intrants, dans le but de prendre une quantité proportionnelle d'intrants (engrais, herbicides et insecticides). Par la suite, ils vendent à bas prix une partie de ces intrants à d'autres agriculteurs qui ont l'intention d'emblaver de grandes superficies mais qui n'ont pas assez d'intrants voir. Mais il arrive que les intrants soient vendus à prix fort lorsque l'acheteur est dans un besoin pressant ; l'insuffisance d'intrants agricoles constitue l'une des contraintes au financement agricole dans la commune de Gogounou (chapitre 7). Le prix de vente dépend tout simplement de la loi de l'offre et de la demande.

La relation entre le recours au marché parallèle et les groupes d'activités semble expliquer l'existence d'une relation significative au seuil de 5% entre cette stratégie et le sexe (x2= 5,640 p=0,018%). Cependant il n'existe aucune relation entre le recours au marché parallèle et le niveau d'éducation au seuil de 5% car le degré de signification p du test de x2 est 0,176 (voir tableau 6.7).

Encadré 6.1 : Version d'un enquêté à propos de la vente d'intrants dans le marché parallèle

`'J'ai assez d~engrais pour faire jusqu'à 5 Ha, mais je n'ai pas autant d~argent pour payer les manoeuvres que je vais engager pour travailler cette superficie et ma famille n~est pas assez grande pour supporter le labour de 5 Ha. Il vaut mieuX pour moi de vendre une partie de mes sacs d~engrais et bidons d~insecticides et pouvoir engager les manoeuvres pour faire correctement 3 Ha.»

Somme toute, L'achat d'intrant dans le marché parallèle permet de minimiser les charges au cas où le producteur a des moyens limités, ou d'obtenir les intrants manquants pour pallier le problème d'insuffisance d'intrants et emblavé des superficies plus vaste afin d'augmenter à terme le revenu agricole à l'issue de la campagne agricole.

Tableau 6.7 : synthèse des résultats des tests de x2 relatives à la stratégie `'recours au marché parallèle»

Recours au marché parallèle

Valeur de x2

Degré de liberté

Degré de signification

Pratiquant
(en pourcentage)

Sexe

5,640

1

0,018

22,2

Groupes d'activités

18,336

2

0,00

Niveau d'éducation

3,469

2

0,176

6-1-4- Utilisation massive de la main-d'oeuvre familiale

Les coûts élevés de la rémunération de la main-d'oeuvre amènent certains producteurs à faire tout simplement recours à la main-d'oeuvre familiale culturale (voir tableau 6.8). La maind'oeuvre familiale est utilisée essentiellement pour les opérations culturales nécessitant peu de forces physiques telles que le semis, le nettoyage, le démariage, ou les traitements. Elle est utilisée en partie pour les durs travaux champêtres (Labour, buttage, sarclage, récolte de coton...) concomitamment avec la main-d'oeuvre salariée. Mais certains producteurs (souvent

les plus pauvres et ayant une famille nombreuse) optent carrément pour une utilisation exclusive de la main-d'oeuvre familiale sur toute la ligne (défrichement jusqu'à la récolte). Cette stratégie limite considérablement les charges liées aux activités de productions agricoles. Houngbo (1996) pense que la quantité de main-d'oeuvre investie sur une parcelle par un ménage dépend des facteurs suivants : la taille du ménage, le nombre de personnes travaillant réellement, le temps de travail de chaque membre sur la parcelle, la capacité physique (état de santé) de chaque membre, des activités culturales à exécuter. Toujours selon cet auteur, l'un des facteurs qui déterminent l'utilisation de la main-d'oeuvre salariée est la disponibilité financière.

L'agriculture, mais aussi l'élevage représentent les activités qui nécessitent le plus de maind'oeuvre par rapport à la transformation des produits alimentaires. L'agriculteur a besoin d'une main-d'oeuvre abondante pour les différentes opérations culturales. Le défrichement, Le labour, le sarclage, le semis, la récolte sont les activités qui nécessitent le plus de maind'oeuvre. La main-d'oeuvre est nécessaire en élevage pour la conduite des animaux au pâturage car tous les éleveurs n'ont pas les moyens de payer en moyenne 180.000 Fcfa pour prendre un bouvier. En matière de transformation agricole, l'utilisation massive de la maind'oeuvre n'est pas nécessaire, d'ailleurs la femme transformatrice s'occupe dans la plupart des cas, elle seule de ses activités. Elle est aidée accessoirement par ces enfants.

Ce goût prononcé des agriculteurs et des éleveurs -qui sont des hommes- à l'utilisation de la main-d'oeuvre familiale par rapport aux femmes transformatrices, explique la différence hautement significative entre les groupes d'activités, le sexe et le recours massif à la maind'oeuvre familiale culturale (p=0,00). Par ailleurs, la relation entre l'utilisation de cette stratégie indirecte de financement agricole et le niveau d'éducation n'est pas significative au seuil de 5% (voir tableau 6.9). Alors l'utilisation massive de la main-d'oeuvre familiale est fonction uniquement de la logique paysanne et des objectifs de chaque producteur qu'il soit instruit ou non. L'existence d'une éventuelle relation serait tout simplement le fruit du hasard. Le recours à l'utilisation de la main-d'oeuvre familiale pour les opérations culturales peut être aussi considéré comme une stratégie à long terme car certains producteurs prennent beaucoup de femmes ou font beaucoup d'enfants juste dans l'optique de se constituer une main-d'oeuvre suffisante pour le futur.

Tableau 6.8 : Charges moyennes liées à chaque opération culturale.

Différentes opérations culturales

Minimum

Maximum

Moyenne

Sarclage

6.000

495.000

81.000

Récolte

4.000

580.000

72.500

Labour

6.000

350.000

70.000

Buttage

7.500

180.000

42.000

Traitement (épandage d'engrais,
pulvérisation...)

6.000

42.000

28.000

Défrichement

3.500

84.000

22.000

Démariage

1.000

120.000

18.500

Semis

2.000

32.000

11.250

Nettoyage

1.400

58.300

11.000

Charges moyennes liées à la rémunération de la
main-d'oeuvre

400

1.230.800

171.000

Tableau 6.9 : Synthèse des résultats des tests de x2 relatives à la stratégie `'Utilisation massive de la main-d'oeuvre familiale»

Utilisation massive de la main-
d'oeuvre familiale

Valeur de ?2

Degré de liberté

Degré de
signification

Pratiquant (en pourcentage)

Sexe

12,785

1

0,00

85,6

Groupes d'activités

21,869

2

0,00

Niveau d'éducation

2,518

2

0,284

6-2- Stratégies à moyen et long terme

6-2-1- Appartenance à un groupement ou une association

L'appartenance à un groupement ou une association est une stratégie indirecte de financement agricole d'ordre sociale. Les arguments avancés par ceux qui n'ont pas adopté (40%) sont en général le manque de sérieux observé au sein de certaines associations, l'échec des anciens groupements et le découragement suites aux leçons tirées des expériences passées. Bien de raisons sous-tendent par ailleurs le choix des producteurs qui ont opté pour l'appartenance à un groupement ou une association. Au nombre de ces raisons, les plus importants sont la protection de divers intérêts qu'offre cette stratégie, le bénéfice d'appui ou aides financiers, matériels pour le financement des activités agricoles. Les associations peuvent être regroupées en deux groupes :

- les associations à caractère financier : il s'agit de groupe de tontine, et des groupements relevants des Institutions de Micro-Finances. Les femmes ont plus d'affinité pour ces genres d'association. C'est par le biais des tontines que les femmes assurent le démarrage ou la consolidation de leurs activités de transformations des produits agricoles.

- Les associations à caractère professionnel : ce sont des associations de défense professionnelle (Union Communale des Producteurs de Coton, Union Départementale des Organisations Professionnelles des Eleveurs de Ruminants qui compte près de 100% des Peulhs de la commune de Gogounou) et les autres associations (groupes d'entraides : à travers un solide réseau d'entraide, les producteurs s'aident mutuellement dans les opérations culturales ou s'échangent différents matériels agricoles.

En vertu des résultats des tests de 12 consignés dans le tableau 6.10, il existe une relation significative entre cette stratégie et les groupes d'activités au seuil de 1% (12=32,726 p=0,00). C'est essentiellement dû au fort pourcentage d'éleveurs qui ont adopté cette stratégie par rapport au pourcentage d'agriculteurs ou de femmes transformatrices. L'UDOPER constitue, en effet, pour eux un creuset important pour la défense de leur intérêt personnel (l'UDOPER est à l'aval de la résolution de plusieurs crises entre les agriculteurs et les éleveurs). Par contre, il est impossible de supposer l'existence d'un lien tangible entre l'adoption de cette stratégie et le sexe, puis le niveau d'éducation car les résultats des tests ne sont pas significatifs au seuil de 5%.

Tableau 6.10 : Synthèse des résultats des tests d'indépendance relatifs à l'appartenance à un groupement ou une association.

Appartenance à un groupement ou
une association

Valeur de 12

Degré de liberté

Degré de
signification

Pratiquant
(en pourcentage)

Sexe

2,575

1

0,109

60

Groupes d'activités

32,726

2

0,00

Niveau d'éducation

0,797

2

0,671

6-2-2- Diversification des activités

Le recours à la diversification des activités est l'une des principales stratégies développées par les producteurs ruraux. D'après le tableau 6.11, près de 86,7% des producteurs ne vivent pas uniquement de leurs activités principales mais pratiquent une ou plusieurs autres activités secondaires (agricoles, para-agricoles ou extra-agricoles). L'objectif visé est de multiplier leurs sources de revenus car l'amélioration du niveau des revenus faciliterait le financement des activités de production agricoles. Pour Akinwumi et Olawoyé (1994), beaucoup de pauvres en milieu rural exercent plusieurs activités génératrices de revenus car n'étant pas certains des revenus d'une seule activité. La diversification des activités est particulièrement

nécessaire aux agriculteurs et aux éleveurs à cause des multiples risques (incertitude sur la production, risques climatiques et économiques, épizooties...) liées à ces différentes activités. La diversification des activités est pratiquée par la majorité des producteurs quel que soit leurs sexe, leurs activités principales ou leurs niveaux d'instruction car ils visent tous une certaine sécurité financière pour la conduite de leurs activités respectives. D'où l'inexistence d'une relation significative entre la pratique de cette stratégie et le sexe (p=0,15), les groupes d'activités (p=0,247), et le niveau d'éducation (p=0,348) au seuil de 5% (tableau 6.12).

Tableau 6.11 : Résultats des tests de Khi-deux relatives à la stratégie `'Diversification des activités''

Diversification des activités

Valeur de 12

Degré de liberté

Degré de
signification

Pratiquant (en pourcentage)

Sexe

2,077

1

0,15

86,7

Groupes d'activités

2,8

2

0,247

Niveau d'éducation

2,113

2

0,348

6-2-3- Epargne sur pied

L'incompatibilité des produits financiers offerts par les institutions de micro-finances avec les cycles culturales, l'insuffisance des revenus agricoles contraignent les producteurs à échafauder diverses stratégies dans l'optique de disposer des fonds nécessaires à l'exercice des différentes activités de productions agricoles. Au nombre de ces stratégies figure l'épargne sur pied. Il s'agit tout simplement de faire du petit élevage en plus de l'activité principale. L'épargne sur pied est une pratique courante dans les ménages agricoles. Généralement, les producteurs élèvent quelques têtes d'animaux souvent constituées de petits ruminants ou de la volaille, véritables épargnes en nature facilement convertibles en espèces sonnantes et trébuchantes en cas de besoins pressants.

Cette stratégie est largement répandue en milieu rural car 86,7% des producteurs optent pour l'épargne sur pied (voir tableau 6.12). Elle est diversement employée par toutes les catégories de producteurs ruraux, d'où l'inexistence d'une relation significative au seuil de 5% avec le sexe (12 = 2,077 p=0,15), les groupes d'activités (12=2,8 p=0,247) et le niveau d'éduction (12=2,113 p=0,348).

Tableau 6.12 : Synthèse des résultats des tests de x2 relatifs à la stratégie `'Epargne sur pied»

Epargne sur pied

Valeur de x2

Degré de
liberté

Degré de
signification

Pratiquant (en pourcentage)

Sexe

2,077

1

0,00

76,7

Groupes
d'activités

2,8

2

0,00

Niveau
d'éducation

2,113

2

0,494

6-2-4- Speculation

Le bradage des produits de récolte constitue une stratégie de financement à l'antipode de la spéculation. Tandis que certains producteurs se débarrassent de leur production à vil prix juste pour satisfaire un besoin pressant d'argent pour le financement de leur activité agricole, 38,9% préfèrent spéculer sur les prix des produits de récolte. Ces derniers stocks tout ou une partie de leur récolte jusqu'au moment où les prix montent sur le marché (en cas de pénurie ou dans la période de soudure) avant de les vendre. Cette stratégie permet à terme d'augmenter les revenus du producteur qui pourra investir plus d'argent dans la campagne agricole suivante.

Les agriculteurs représentent les producteurs qui pratiquent le plus la spéculation, mais les éleveurs spéculent aussi les prix du bétail et préfèrent attendre la période de sécheresse pour vendre leur animaux très chers. Les femmes transformatrices qui pratiquent la spéculation sont celles pour qui l'agriculture constitue une activité secondaire. Ces différentes observations expliquent à notre avis le manque de relation significative entre l'utilisation de cette stratégie et le sexe des producteurs (p=0,275), leurs types d'activités (p=0,054), car le test d'indépendance n'est pas significatif au seuil de 5% (voir tableau 6.13). Le niveau d'éducation n'influence pas non plus l'adoption ou non de cette stratégie (x2=0,339 p=0,844).

Tableau 6.13 : Synthèse des résultats des tests de x2 par rapport à la pratique de la spéculation

Spéculation

Valeur de x2

Degré de liberté

Degré de signification

Pratiquant
(en pourcentage)

Sexe

1,189

1

0,275

38,9

Groupes d'activités

5,851

2

0,054

Niveau d'éducation

0,339

2

0,844

6-3- Autres stratégies

En dehors des différentes stratégies endogènes à court, moyen ou long terme étudiées dans les paragraphes précédentes, plusieurs autres stratégies sont développées par les producteurs ruraux pour le financement. L'utilisation de ses stratégies varie d'un contexte à l'autre.

> Petits prêts d'argent

Cette stratégie est très répandue en zone rurale car la plupart des producteurs ruraux empruntent de petits sommes d'argent chez des amis, des membres de sa famille, ou dans un réseau de solidarité. Ces petits prêts d'argent servent souvent à résoudre de petits problèmes de financement agricoles et sont octroyés sans intérêts. Ils sont parfois réciproques et constituent un moyen qui favorise le maintien de la cohésion sociale et des liens fraternels entre individus. Comme aucun être humain ne peut se targuer de n'avoir jamais emprunter, au moins une fois dans sa vie, de l'argent auprès d'un ami pour résoudre un problème. Aussi les producteurs qui sont aussi des hommes ont recours toutes catégories confondues à cette stratégie.

> Superficie emblavée en fonction des revenus disponibles

Cette stratégie consiste à mettre en valeur une partie du champ que le producteur juge qu'il est capable de cultiver en fonction de ses capacités d'investissement à un instant t. Il s'agit d'une stratégie exclusivement utilisée par les producteurs dont l'agriculture constitue une activité principale ou une activité secondaire.

Les producteurs qui n'utilisent pas cette stratégie préfèrent s'endetter ou utiliser d'autres stratégies pour emblaver plus de superficie que leurs revenus ne le permettent. Ils visent à terme l'augmentation de leurs revenus agricoles, car pour eux les revenus dégagés par les petites superficies sont relativement faibles.

> Le gage

Le gage consiste à contracter un prêt, le plus souvent auprès d'un usurier ou du riche exploitant de la localité, tout en laissant un objet précieux. L'objet gagé peut être vendu à tout moment par le créancier, si l'emprunteur n'a pu rembourser le crédit au terme de l'échéance convenue. Simple et rapide, la valeur du gage tient à la possibilité de récupérer l'objet gagé et au maintient de sa valeur marchande telle qu'elle est prévue. Les producteurs affirment que le gage est une pratique dangereuse et constitue une solution de derniers recours lorsque toutes les autres stratégies ne leurs permettent pas d'avoir, à un instant t, la somme d'argent

escomptée pour les activités de production agricoles. Par ailleurs, les producteurs mentionnent également que tous ceux qui pratiquent des activités de productions agricoles, quelque soit leur sexe ou leur niveau d'instruction ont recours au gage lorsqu'ils se retrouvent dans l'impasse.

> Parcage

Le parcage fait partie du groupe de stratégie indirecte de financement agricole. Car elle permet une économie d'intrants agricoles notamment d'engrais lorsqu'il s'agit d'emblaver de petites superficies. Elle consiste à laisser les boeufs déféquer sur une parcelle qui doit recevoir plus tard des cultures. Les déjections des animaux jouent le rôle d'engrais organique et minéral. Ce sont surtout les éleveurs Peulhs qui ont recours à cette stratégie. L'agriculture est une activité secondaire pour certains éleveurs ; n'étant pas obligés de disposer de grandes spéculations, ils préfèrent apporter de l'engrais à leur `'petit» champ en faisant le parcage au lieu de chercher à investir dans l'achat d'engrais chimique. Mais quand il s'agit d'un agriculteur, il négocie avec un éleveur qui laissera pour un certain temps son troupeau sur la parcelle qui sera cultivée.

Certains agro-éleveurs pratiquent le parcage supplémenté par un apport réduit de la dose normale d'engrais chimique (voir encadré 6.2). Cette stratégie permet de réduire les charges liées aux activités agricoles, l'économie réalisée par les producteurs est utilisée par exemple pour la rémunération de la main-d'oeuvre.

Encadré 6.2 : extrait de l'entretien avec un des producteurs ruraux

Je n'ai pas beaucoup d'argent pour payer les trois (03) sacs d'engrais qu'il faut pour que mon champ de maïs donne bien, alors je laisse mes boeufs déféqués dans le champ avant de le cultiver. Par la suite, je n'utilise qu'un sac et demi et j'ai de bons résultats.

6-4- Conclusion partielle

L'étude révèle que les producteurs ruraux mettent en oeuvre des stratégies multiples et multiformes pour le financement de leurs activités de productions agricoles. Malgré leur grande diversité, ces différentes stratégies peuvent être rangées en deux grands groupes : les stratégies permettant le financement agricole à court terme, et les stratégies à moyen ou à long terme. Mais beaucoup d'autres stratégies sont employées au niveau rural par les producteurs, la liste des stratégies étudiées dans ce chapitre n'est pas exhaustive et ne peut pas l'être. Car d'expériences en expériences, les producteurs découvrent ou élaborent des stratégies nouvelles pour le financement de leurs activités de production.

Les stratégies de court terme, développées par les producteurs ruraux, visent la satisfaction de besoins de financement ponctuels tels que la rémunération de la main-d'oeuvre, le paiement des frais de vaccination...Le bradage des produits de récoltes, l'achat à crédit ou le recours au marché parallèle, ou encore l'utilisation de la main d'oeuvre familiale culturale appartiennent à cette première catégorie de stratégie.

L'appartenance à une association ou un groupe, la diversification des activités, l'épargne sur pied, la pratique de spéculation sur les produits de récoltes ou les animaux d'élevage constituent les principales stratégies à moyen et à long terme. Les producteurs qui adoptent ces stratégies visent à terme une augmentation de leur revenu global afin de mieux faire face aux énormes charges liées aux différentes activités de production agricoles.

Afin de tester la troisième hypothèse de l'étude, le test d'indépendance de Khi-deux nous a permis d'analyser les relations entre les différentes stratégies et le sexe, les groupes d'activités, le niveau d'éducation au seuil de 5%. L'hypothèse 3 n'est pas vérifiée pour les stratégies suivantes : diversification des activités, épargne sur pied, spéculation. Nous concluons donc que l'utilisation de ses stratégies ne varie pas suivant le sexe, les groupes d'activités, et le niveau d'éducation.

Cependant les producteurs combinent plusieurs stratégies, pour obtenir une stratégie plus complexe et beaucoup plus efficace, afin d'atteindre leur objectif majeur, le financement des activités agricoles. La combinaison des stratégies est fonction des capacités de financement des producteurs et des résultats qu'ils souhaitent atteindre à la fin de la campagne agricole en cours.

Même si l'efficacité de certaines de ses stratégies reste encore à démontrer, la prise en compte de ces stratégies est nécessaire pour l'élaboration des politiques de développement ou des initiatives visant l'éradication de la pauvreté. Il convient aussi que d'autres études soit menées pour évaluer l'impact réel de chaque stratégie sur le niveau du revenu et la satisfaction des

besoins en financement agricole à la base. Ces différentes études permettront de proposer des améliorations à la mise en oeuvre des différentes stratégies endogènes.

Somme toutes, la diversité de stratégies de financement, assortie d'une forte diversité des contraintes, varie en fonction des contextes agro-économiques, des systèmes de productions agricoles plus ou moins diversifiés et intensifs, des systèmes d'activités des ménages, de leur degré d'insertion dans le marché.

CHAPITRE VII

ANALYSE DES CONTRAINTES LIEES AU

FINANCEMENT AGRICOLE DANS LA

COMMUNE DE GOGOUNOU

7- ANALYSE DES CONTRAINTES DE FINANCEMENT AGRICOLES

Les exploitations familiales béninoises ont besoin de s'intensifier, de se moderniser et la part de l'agriculture dans l'économie de notre pays est très importante. Aussi de nombreux initiatives ont été prises aussi bien par l'Etat que par divers partenaires pour impulser le développement agricole. Mais les résultats de ses différentes politiques de développement sont très peu perceptibles car leur conception est caractérisée par une faible participation des population rurale à la base, un manque de synergie dans les actions...La promotion des crédits agricoles représente l'une de ses nombreuses politiques.

Mais avec l'échec des politiques de promotion des crédits agricoles pour le financement des activités en milieu rural, il est nécessaire d'identifier les contraintes réelles selon les producteurs qui sont liées au financement agricole et de proposer des solutions qui viseraient à lever ces contraintes.

Cette démarche pourrait garantir la durabilité des actions à entreprendre par ces politiques agricoles. Après le recensement de toutes les contraintes et des scores attribués par les différents groupes de producteurs, le test de Kendall'W nous a permis d'hiérarchiser ces contraintes. Une valeur du degré de signification p du test en deçà de 5% indique qu'au moins l'un des contraintes est différente des autres. L'analyse des contraintes a tenu compte séparément des agriculteurs, des éleveurs et des femmes transformatrices

7-1- Rang de classement des contraintes de financement selon les agriculteurs

Le dernier objectif de l'étude est d'identifier les contraintes liées au financement des activités agricoles dans la commune. L'agriculture, l'élevage et les transformations agro-alimentaires représentent les trois groupes d'activités qui sont prisent compte. L'importance des différentes contraintes identifiées varie suivants les groupes d'activités, d'ailleurs un agriculteur ne pouvait avoir les mêmes problèmes qu'un éleveur. Dans le présent paragraphe, nous nous intéresserons à l'analyse des contraintes des agriculteurs de Gogounou. La liste des contraintes de financement agricoles figure dans le tableau 7.1, ces contraintes peuvent être rangées en deux grands groupes : les contraintes indirectes de financement agricole et les contraintes indirectes de financement agricole. Cette liste prend en compte les contraintes identifiées par toutes les catégories de producteurs, par contre le classement de ses contraintes est relatif à l'agriculture.

Les résultats consignés dans le tableau 7.1 montre clairement que l'insuffisance des intrants agricoles (10,61), le retard de paiement des frais d'achat du coton (10,12), et le mauvais états des voies d'accès (9,5) représentent les principales contraintes de financement agricole selon les agriculteurs. Les rangs moyens de ses contraintes sont supérieurs aux rangs moyens des contraintes Manque d'information sur les sources de financement (8,32), manque de crédits agricoles (7,9), et Faibles productivités agricoles (5,88). Ces résultats mettent en relief la divergence entre les considérations des développeurs de programmes ou projets de développement et les considérations des producteurs ruraux. En effet, il ne suffit pas de mettre en place des crédits agricoles pour espérer impulser le développement agricole à la base. Il faudrait plutôt chercher à créer d'autres conditions nécessaires à une augmentation de la production agricole. L'insuffisance des intrants agricole empêche les producteurs d'emblaver de grandes superficies malgré leur bonne volonté, du coup certains sont obligés de s'en procurer dans le marché parallèle. L'insuffisance d'intrants agricoles a également un impact négatif sur la productivité car les cultures sont sous-dosées (voir encadré 7.1).

Encadré 7.1 : extrait des propos d'un agriculteur par rapport à l'insuffisance des intrants et son impact sur la production agricole

La quantité d'engrais qu'on me donne au magasin ne me suffit pas. Si ils peuvent s'arranger pour qu'on en trouve suffisamment, je pourrai augmenter prochainement le champ de coton. Les encadreurs disent de mettre 2 sacs de NPK et 1 sac d'urée pour 1Ha. Moi j'ai fait cette année 4Ha et je trouvé seulement 5 sacs de NPK et 4 sacs d'urée. Comment veux-tu que mon champ de coton produise correctement. Je suis obligé maintenant d'acheter dans le marché parallèle ou de donner de l'argent au Secrétaire GV pour compléter les sacs.

Sur une liste de quatorze (14) contraintes de financement, la contrainte `'Manque de crédits agricoles» n'occupe que la septième place. L'une des raisons pour lesquelles le manque de crédits agricoles ne constitue pas une contrainte majeure pour les producteurs, est qu'ils préfèrent éviter un endettement qui leur fera plus de mal qu'il ne les aidera. Car le retard accusé par rapport au paiement de la dette `'coton» par l'Etat ne les permet pas de rembourser les crédits contractés dans les délais indiqués. Pour d'autres producteurs, l'attribution de titre d'impayé (les noms des impayés sont prononcés à la radio, les photos sont affichées devant les agences des institutions de micro-finances) couvrent de honte ceux qui ont fait des prêts. Or le fait qu'ils n'ont pas vite remboursé le crédit ne dépendait pas de leur mauvaise foi mais des retards imprévus accusés dans le paiement de la dette `'coton».

Ce retard dans le paiement de la dette `'coton» et le mauvais état des voies d'accès représentent respectivement la deuxième et la troisième contrainte majeur de financement agricole selon les producteurs. Les pistes rurales menant dans les différents villages sont fortement dégradées à l'exception de Wèrè qui est au bord de la route inter-état CotonouMalanville. L'écoulement des produits de récoltes vers les marchés est alors très difficile, certains producteurs sont alors obligés de livrer leurs marchandises aux prix imposés par les commerçants qui viennent jusqu'au village pour s'approvisionner. Cette situation a un impact négatif sur leur revenu agricole or le revenu agricole est la première source de financement des producteurs.

Les futures politiques agricoles doivent alors chercher à résoudre ces problèmes majeurs pour l'essor de l'agriculture béninoise. Les organes de commercialisation des intrants agricoles devraient commander suffisamment d'intrants en tenant compte des besoins réels des producteurs, la mairie doit réaménager les pistes rurales afin de faciliter l'écoulement et l'Etat central devrait prendre toutes les mesures pour un décaissement rapide des fonds nécessaires au paiement de la dette `'coton», s'assurer que les fonds sont effectivement parvenus dans les mains des producteurs dans les brefs délais.

Tableau 7.1 : Classement des contraintes de financement par les agriculteurs

Contraintes de financement

Rang moyen

Insuffisance d'intrants agricoles

10,61

Retard argent coton

10,12

Mauvais état des voies d'accès

9,50

Problème d'eau

9,44

Insuffisance de matériels agricoles

8,69

Manque d'information sur les sources de financement

8,32

Manque de crédits agricoles

7,90

Insuffisance de main-d'oeuvre

7,47

Problème de santé

6,92

Problème de vente

6,41

Faible couverture vaccinale des animaux d'élevage

6,11

Faibles productivités agricoles

5,88

Absence d'encadreur

4,59

Insuffisance des aires de pâturage

3,05

Coefficient de concordance de Kendall'W = 0,278 p=0,00

7-2- Rang de classement des contraintes de financement selon les éleveurs

L'analyse des scores attribués aux différentes contraintes par les éleveurs permet de tirer les conclusions suivantes :

Le mauvais état des voies d'accès (10,21), l'insuffisance des aires de pâturage (10,07), et l'insuffisance de retenus d'eau (9,60) sont les principales contraintes qui doivent être résolues afin de faciliter le financement et le développement de l'élevage. La récurrence des pathologies animales due à la faible couverture vaccinale des ruminants représente la quatrième contrainte qu'il convient aussi de lever.

Le tableau 7.2 montre que les rangs moyens de ses différentes contraintes susnommées dépassent largement les rangs des contraintes manque de crédits agricoles (6,99), manque d'information sur les sources de financement (6,67) et faibles productivités agricoles (6,36). Les éleveurs, pour la plupart, refusent de prendre du crédit même si c'est disponible car préfèrent vendre leurs animaux pour résoudre leurs besoins financiers. En effet ces éleveurs ont répondu presque unanimement, au cours de notre entretien avec le focus-groupe des éleveurs, que `'mes boeufs sont ma CLCAM» ou encore `' Un Peulh qui se respecte ne se mêle pas aux affaires de crédit ». Ces différentes observations expliquent, en partie, les faibles rangs des contraintes manque de crédits agricoles et manque d'information sur les sources de financement par rapport aux quatre principales contraintes énumérées par cette catégorie de producteur qui s'occupe de la production animale dans la commune de Gogounou.

Parallèlement aux agricultures, le mauvais état des voies d'accès constitue l'une des principales contraintes de financement des éleveurs. Malgré les nombreux marchés à bétail de la commune, les éleveurs ont des difficultés à pouvoir vendre leurs animaux dans ces marchés à cause de la difficile praticabilité des pistes de desserte rurale. Les chauffeurs, qui peuvent transporter les animaux au marché, exigent de fortes sommes prétendant que la voie n'est pas bonne et que la consommation d'essence des véhicules s'élève par conséquent. Les éleveurs sont alors obligés de vendre à bas prix les animaux aux commerçants véreux qui viennent jusqu'au village avec des voitures bâchées ou des camions. Afin de permettre aux éleveurs de jouir des fruits de leurs activités et profiter d'un revenu conséquent afin d'investir convenablement (paiement des frais de vaccination, paiement des bouviers, achat des compléments alimentaires ou encore achat de nouveaux géniteurs) dans l'élevage, il urge donc que les pistes soient réaménagées régulièrement, à défaut de les couvrir de bitume.

L'insuffisance des aires de pâturage et l'insuffisance des points d'eau représentent respectivement la deuxième et la troisième contrainte de financement pour l'élevage. La valeur marchande des animaux dépend en partie de leur corpulence et de leur valeur génétique (pour l'achat des géniteurs), ce qui signifie que les animaux chétifs sont vendus à bas prix. Or l'insuffisance des aires de pâturage due à l'étroitesse des couloirs de parcours et l'insuffisance des points d'abreuvement ont un impact négatif sur la croissance des animaux. Ces contraintes seront levées juste par la construction d'une quantité plus importante de retenus d'eau dans la commune et la poursuite des négociations entre éleveurs et agriculteurs pour élargir les couloirs de parcours.

Tableau 7.2 : Classement des contraintes de financement selon les éleveurs.

Contraintes de financement

Rang moyen

Mauvais état des voies d'accès

10,21

Insuffisance des aires de pâturage

10,07

Insuffisance de retenus d'eau

9,60

Faible couverture vaccinale des animaux d'élevage

8,41

Problème de santé

8,07

Problème de vente

7,92

Insuffisance des matériels agricoles

7,75

Manque de crédits agricoles

6,99

Insuffisance d'intrant agricole

6,82

Manque d'informations sur les sources de financement

6,67

Absence d'encadreur

6,55

Faibles productivités agricoles

6,36

Insuffisance de main-d'oeuvre

5,10

Retard argent coton

4,49

Coefficient de concordance de Kendall'W = 0,175 p=0,00

7-3- Rang de classement des contraintes selon les femmes transformatrices

L'hiérarchisation des contraintes varie d'un groupe d'activité à l'autre, ainsi les principales contraintes de financement auxquelles font face les femmes sont : problème d'eau (11,44), insuffisance de main-d'oeuvre (10,84), manque d'information sur les sources de financement (9,83). A ce niveau également, Les rangs des deux premières contraintes sont supérieurs à celui de la troisième contrainte majeure `'Manque d'information sur les sources de financement. Or la première hypothèse de l'étude est que les rangs des contraintes `'manque d'information sur les sources de financement», `'Manque de crédits agricoles» et `'faibles productivités agricoles» sont supérieurs à aux rangs des autres contraintes de financement énumérées par les producteurs ruraux. L'analyse du tableau 7.3 montre que l'hypothèse 4 de l'étude n'est pas vérifiée car ces contraintes se retrouvent au second plan chez les femmes.

La principale contrainte de financement qui entrave le développement des activités de transformations agro-alimentaires est la non-satisfaction des besoins en eaux liés à l'exercice de ces activités. Dans tous les villages où nous avons effectué la collecte des données, le nombre maximum de pompes hydrauliques ne dépassent pas deux (02). Cette insuffisance relative en pompe manuelle est due au nombre élevé de ses braves femmes transformatrices et à la diversité des activités de transformations des produits agricoles qu'elles mènent. Elles ne se plaignent pas de manque d'eau pour les travaux ménagers, mais pour la conduite de leurs activités de transformations agro-alimentaires. Les projets visant le développement de la femme rurale devraient donc intégrer dans leurs objectifs spécifiques l'augmentation des points d'eau dans les villages. L'eau étant un élément nécessaire à la conduite des transformations des produits agricoles, principale activité génératrice de revenu des femmes. En effet, le rôle prépondérant joué par les femmes en Afrique dans les activités productrices de revenu en milieu rural n'est plus à démontrer. Les femmes dominent presque entièrement le sous-secteur de la transformation des produits agricoles, elles s'occupent de leurs champs personnels, en même temps qu'elles aident leur mari à semer, à récolter les cultures et à les transporter (F.A.0, 1994). Celles-ci devraient donc bénéficier d'un environnement et des conditions favorables à la rentabilité de leurs différentes activités génératrices de revenu.

La seconde contrainte majeure énumérée par les femmes est `'l'insuffisance de la maind'oeuvre» qui se caractérise simplement par une indisponibilité de la main-d'oeuvre pour les opérations culturales quand il s'agit des femmes. L'agriculture représente l'activité secondaire de la plupart des femmes et elles investissent les revenus issus de cette activité dans les transformations agro-alimentaires. Mais pendant les périodes de pointes des activités agricoles, elles ont des difficultés à trouver des manoeuvres pour les aider dans leurs champs. Ces manoeuvres préfèrent travailler d'abord dans le champ des hommes considérant que l'agriculture n'est qu'une activité secondaire pour les femmes. Or lorsque les manoeuvres sont finalement disponibles pour travailler les champs des femmes, les pluies commencent déjà à cesser. Cette situation à un impact négatif sur la productivité agricole des femmes, la part de leurs revenus tirés de l'agriculture s'en trouve donc fortement limiter.

L'analyse du tableau 7.3 révèle également que le manque de crédits agricoles et le mauvais état des voies d'accès ne constituent pas des contraintes de premier plan pour la femme. En ce qui concerne le `'Mauvais état des voies d'accès», les femmes ont l'habitude d'écouler les produits qu'elles préparent dans le village, donc elles ne sont pas obligées de pratiquer ces routes cahoteuses. Le manque de crédits agricole constitue une contrainte moins importante

que les autres car les femmes sont souvent victimes d'escroquerie dans la commune de Gogounou, donc n'ont plus confiance aux promesses fallacieuses relatives à l'octroi d'un éventuel crédit de fonctionnement. Certaines personnes mal intentionnées se promènent de village en village sous la couverture d'O.N.G fantômes, ramassent de l'argent (faux frais de constitution de dossier de prêt) chez les femmes en leur promettant des crédits qu'elles ne trouveront jamais. La récurrence de ses cas d'escroquerie fait que le manque de crédit ne représente plus une contrainte majeure pour les femmes, elles préfèrent compter sur leur propre force ou se faire du crédit entre amies. Et c'est plutôt le manque d'information sur les sources de financement qui est la troisième contrainte majeure. Dakpogan (2003) révèlent aussi que plusieurs facteurs socio-économiques entravent l'accessibilité d'une majorité de femmes aux services financiers, même si la prolifération des IMF a permis d'accroître le nombre de bénéficiaire de façon générale. Parmi ces barrières on peut citer : la situation matrimoniale, le niveau d'instruction, l'intérêt sur crédit, le dépôt minimal, la garantie, le coût de la procédure de demande de crédit et le revenu.

Tableau 7.3 : classement des contraintes selon les femmes transformatrices.

Contraintes de financement

Rang moyen

Problème d'eau

11,44

Insuffisance de main-d'oeuvre

10,84

Manque d'information sur les sources de financement

9,93

mauvais états des voies d'accès

9,28

Manque de crédits

9,01

Insuffisance d'intrants agricoles

8,61

Problème de santé

7,86

Retard argent coton

7,24

Faibles productivités agricoles

7,17

Problème de vente

6,73

Insuffisance de matériels agricoles

6,47

Faibles couvertures vaccinales des ruminants

3,88

Absence d'encadreur

3,58

Insuffisance des aires de pâturage

2,95

Coefficient de concordance de Kendall'W = 0,420 p=0,00

7-4- Conclusion partielle

L'hiérarchisation des contraintes de financement agricoles propres à chaque activité de production agricole a montré que l'insuffisance d'intrants agricoles, le retard dans le paiement de la dette `'Coton» et le mauvais état des voies d'accès sont les contraintes majeurs au niveau des agriculteurs. Les principales contraintes de financement énumérées par les éleveurs sont par ordre d'importance l'insuffisance de retenue d'eau, l'insuffisance des aires de pâturage et le mauvais état des voies d'accès. En ce qui concerne les activités de transformations agro-alimentaires, l'insuffisance de pompe hydraulique, l'insuffisance de main-d'oeuvre, et le manque d'information sur les sources de financement sont les plus importantes contraintes de financement.

Ces différentes contraintes peuvent être regroupées en deux groupes : les contraintes directes et les contraintes indirectes. Les contraintes indirectes de financement n'ont apparemment rien à voir avec l'argent mais influencent fortement le niveau des revenus et les capacités d'investissement des producteurs.

Dorénavant, un accent plus fort doit être mis sur l'approche participative par les initiateurs de projets de développement à l'endroit des populations à la base. Les résultats de l'étude permettent d'avoir une idée réelle des contraintes de financement énumérées par les producteurs suivant leurs groupes d'activités de l'élaboration. Il ressort également de cette étude que la mise en place de crédit agricole n'est pas toujours l'action qui devrait impulser le développement des activités de production agricole, mais il s'agit plutôt de créer les conditions et un cadre favorable (désenclavement des village, construction de retenues d'eau, mise en place d'adduction d'eau dans les villages...) au développement de ces activités.

CONCLUSION ET SUGGESTIONS

CHAPITRE VIII

8- CONCLUSION ET SUGGESTIONS

8-1- Conclusion générale

L'objectif général de la présente recherche est l'analyse des stratégies développées par les producteurs ruraux de la commune de Gogounou pour financer leurs différentes activités de production agricole. De façon spécifique, il s'agit d'évaluer les revenus agricoles, d'analyser une stratégie particulière, l'autofinancement, à travers la part des revenus utilisée pour financer les activités de production agricole, puis d'identifier les autres stratégies développées par les producteurs et enfin d'identifier les contraintes liées au financement des activités de productions agricoles.

Suite à l'évaluation des revenus, il ressort que le revenu agricole annuel moyen des producteurs ruraux de Gogounou s'élève à 619.720 Fcfa. Par ailleurs, d'après les résultats du test de comparaison de moyenne, les revenus agricoles moyens ne varient pas selon le sexe, ni selon les groupes d'activités, ni selon le niveau d'éducation au seuil de 5%. La première hypothèse de l'étude est donc rejetée. Le niveau des revenus agricoles est relativement faible par rapport aux réels besoins en financement des producteurs ruraux. Par conséquent, les capacités d'investissement dans les périodes où la liquidité est nécessaire, sont relativement faibles. Afin de réduire l'impact de ce déficit en financement dans un environnement où l'accès au crédit rural est très âpre, les producteurs ont recours à différentes stratégies de financement tant directes qu'indirectes.

L'autofinancement constitue le premier moyen de financement dont dispose les producteurs en plus des autres stratégies de financement de court, moyen et de long terme. Ainsi l'analyse de la part des revenus agricoles réinvestie dans le financement des activités de productions agricoles révèle que cette part varie en fonction du sexe au seuil de 5%. De cette analyse, il ressort aussi que la part de réinvestissement des femmes est supérieure à la part de réinvestissement des hommes. La deuxième hypothèse de notre étude est donc vérifiée. Ce résultat est dû aux impératifs financiers liés aux différents groupes d'activités exercés par les hommes et les femmes. Les hommes sont présents exclusivement dans l'agriculture et l'élevage tandis que la transformation agro-alimentaire est le domaine de prédilection des femmes. De plus, certaines des stratégies développées par les différents acteurs concernés pour la réduction des besoins en financement liés à chaque activité varient selon le sexe.

A l'issu de l'étude, plusieurs stratégies ont été identifiées. La plupart des stratégies tienne d'une rationalité que seuls les producteurs ruraux peuvent expliquer. Certaines des stratégies sont héritées des ancêtres, d'autres copiées chez un ami ou tout simplement empiriques. Selon les résultats du test d'indépendance, une relation significative se décline entre certaines stratégies et le sexe, les groupes d'activités, le niveau d'éducation au seuil critique de 5%. L'hypothèse 3 n'est pas vérifiée pour diversification des activités, épargne sur pied ou la pratique de spéculation. Cependant, les producteurs n'adoptent pas qu'une seule stratégie, mais ils combinent plusieurs stratégies afin d'avoir un ensemble de stratégie plus complexe. Les différentes combinaisons sont fonction des capacités d'investissement des producteurs ruraux et des résultats qu'ils souhaitent atteindre à la fin de la campagne agricole. Car le producteur qui vise par exemple l'autoconsommation n'utilisera pas les mêmes stratégies qu'un autre qui fait l'agriculture de marché. Il est souhaitable qu'une amélioration soit apportée à certaines de ses stratégies très efficace. De toutes les façons, la prise en compte des stratégies endogènes de financement agricole est nécessaire pour l'élaboration des politiques agricoles, en plus des stratégies exogènes (les stratégies de financement proposées par les initiateurs des programmes de développement) telles que le crédit agricole. Les initiatives de développement doivent également tenir compte des contraintes liées au financement des activités de productions agricoles que nous avons pu identifier au cours de cette étude.

En dépit des stratégies développées par les producteurs ruraux, plusieurs contraintes de financement directes ou indirectes entravent le développement des activités de production agricole. Au niveau des agriculteurs, les principales contraintes de financement sont : insuffisance des intrants agricoles, retard dans le paiement de la dette `'Coton», et mauvais état des voies d'accès. Les trois contraintes majeures énumérées par les éleveurs après le test de Kendall'W sont : insuffisance de retenues d'eau, insuffisance des aires de pâturage, mauvais état des voies d'accès. Enfin au niveau des femmes, il faut que les problèmes d'insuffisance de pompes hydraulique, de main-d'oeuvre et de manque d'information sur les sources de financement soient résolus pour promouvoir le développement de leurs activités de transformations agricoles. Les trois contraintes majeures énumérées par chaque catégorie de producteur sont les plus importantes parmi les multiples contraintes que nous avons pu identifier au cours de l'étude.

8-2- Suggestions

8-2-1- Suggestions relatives au premier objectif : augmentation des revenus agricoles

Face au faible niveau des revenus agricoles des producteurs ruraux, les suggestions suivantes ont été fait à l'endroit des différents acteurs concernés.

> A l'Etat central, aux autorités communales, aux partenaires au développement et à toutes les structures intervenants dans la commune.

· concrétiser la mécanisation agricole prônée dans les nouvelles politiques de développement agricoles. En effet, la mécanisation agricole, même partielle, rendra les agriculteurs moins dépendant de la main-d'oeuvre salariée ou familiale et permettra un accroissement de la taille des exploitations et des revenus agricoles. Cette action sera aussi d'un grand atout pour la redynamisation de la production cotonnière dans la zone d'étude.

· Mise à disposition d'intrants agricoles en quantité suffisante et à des prix accessibles.

· Augmenter la couverture vaccinale des animaux d'élevage et donner davantage de conseils d'ordre zootechnique aux éleveurs. Ces mesures permettront de réduire les mortalités ou les maladies.

· Promouvoir et renforcer les activités de transformations agro-alimentaires à travers
l'organisation périodique de formation à l'endroit des femmes transformatrices.

· Améliorer les systèmes de commercialisation des produits agricoles et d'élevage.

· Mise à disposition des femmes, de matériels de transformation et de nouvelles techniques de formations afin d'augmenter les qualités organoleptiques des produits de transformations

· Former les producteurs ruraux (les agriculteurs, les éleveurs et les femmes transformatrices) sur les notions élémentaires de gestion financière.

· Augmenter les investissements dans le secteur agricole, par exemple par la mise en place de subventions directes allouées aux producteurs ruraux, la construction d'infrastructures nécessaire au développement des zones rurales...

> Aux producteurs ruraux

· Respecter les instructions des encadreurs ou des animateurs.

· Passer d'une agriculture essentiellement orientée vers l'auto-consommation à une agriculture de marché, tout au moins partiellement.


· Diversification des activités de transformations agricoles : les femmes ne devraient pas tous s'acharner sur la pratique des mêmes activités. Par exemple, lorsque plus de deux (02) femmes font déjà des fromages de soja dans un même village, les autres devraient chercher à se spécialiser dans d'autres types de transformations.

· Réduire les fréquences de bradages des produits agricoles.

· S'orienter vers des activités extra-agricoles à forte valeur ajoutée.

8-2-2- Suggestions relatives au second objectif : part du revenu agricole réinvesti dans les activités de production agricole

D'après les résultats de l'étude, la part des revenus agricoles réinvestie dans les activités de production agricoles des hommes est relativement faible et inférieure à la part réinvestie par les femmes dans les activités de transformation agro-alimentaire. Alors nous formulons les suggestions suivantes.

> A l'Etat central, aux autorités communales, aux partenaires au développement et à toutes les structures intervenants dans la commune.

· Inciter les agriculteurs à investir davantage dans les activités de productions agricoles par la mise en place de mécanismes de prix (prix de cessions des intrants, prix d'achat des produits agricoles), de manière à ce que les activités de production agricole soient plus rentables.

· Veiller à l'application effective de ses prix sur les marchés : les autorités communales et les agents de développement rural (au niveau des CeCPA, l'ONASA) sont mieux placés pour exécuter cette tâche importante.

> Aux producteurs ruraux

· Réduction des investissements dans les biens matériels et augmentation de la part des revenus agricoles réinvestie dans les activités de production agricole par les agriculteurs et les éleveurs. Cette stratégie devrait permettre à terme l'augmentation des revenus agricoles de ces derniers.

· L'achat en gros des inputs par les femmes permettra la réduction des charges liées aux activités de transformations agro-alimentaires.

8-2-3- Suggestions relatives au troisième objectif : stratégies de financement développées par les producteurs ruraux

> A l'Etat central, aux autorités communales, aux partenaires au développement et à toutes les structures intervenants dans la commune.

· Financer les études orientées vers l'évaluation de l'impact réel de chaque stratégie sur le niveau du revenu agricole et la satisfaction des besoins en financement agricole à la base. Les résultats de ses différentes études permettront d'apporter des améliorations à la mise en oeuvre de ses stratégies endogènes.

· Prendre en compte les stratégies de financement des activités agricoles développées par les producteurs ruraux dans l'élaboration des politiques de développement ou des initiatives visant la réduction de la pauvreté.

8-2-4- Suggestions relatives au quatrième objectif de l'étude : contraintes liées au financement des activités de productions agricoles

La levée des différentes contraintes énumérées par chaque catégorie de producteur constituera un pas important dans la réduction de la pauvreté en zone rurale.

> A l'Etat central, aux autorités communales, aux partenaires au développement et à toutes les structures intervenants dans la commune

· Prendre des mesures pour augmenter les importations d'intrants agricoles afin de réduire d'une part les prix de cessions et d'autres part remédier à l'insuffisance de ses intrants au niveau des agriculteurs.

· Reprofiler périodiquement les voies d'accès des les villages enclavés, surtout en saison pluvieuse et dans les périodes de récoltes afin de faciliter la circulation des marchandises.

· Prise de mesure pour le paiement rapide de la dette `'coton» aux cotonculteurs

· Augmenter les points d'abreuvement des animaux d'élevage.

· Définir des couloirs de parcours plus large pour remédier à l'amenuisement des
capacités de charges des pâturages naturels face à la taille importante du cheptel.

· Augmenter le nombre de pompe hydraulique au niveau des villages.

· Restaurer la confiance entre les bénéficiaires des services financiers et les institutions de micro-finances, suite à la reccurence des cas d'escroquerie, dont sont victimes les femmes transformatrices, et orchestrée par certaines ONG, IMF ou particulier.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus