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Contribution à  une étude sur la jouissance des droits de l'homme à  la santé mentale en République Démocratique du Congo: une approche clinique et psychosociologique des médecins aux CUK (Cliniques Universitaires de Kinshasa) de 2005 à  2010

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par Dieudonné NGALAMULUME BAKATUMANA
Université de Kinshasa - Diplôme d'études approfondies (DEA) 2010
  

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1.1.8 Pratiques traditionnelles et Jouissance du droit à la santé des peuples africains

La question de la protection et de la jouissance effective des droits de l'homme des patients et du droit à la santé en Afrique, au regard de la pratique médico - sanitaire en milieu hospitalier est également entachée d'une mentalité socioculturelle de chaque peuple, malgré l'idée de l'universalité qui en sous tend. Aussi, la métaphysique négro - africaine avec leur croyance magico - religieuse, animiste ; qui est fondée sur le culte mystique des ancêtres par les vivants « terrestres ». Elle est sans pensée scientifique, ni conscience réfléchissante et autonome de la réalité cosmique : plaisir-douleur. Elle est toujours à la recherche d'une force vitale qui garantit le plaisir.

Dans ce contexte, l'être vivant perd son autodétermination, son autonomie ; les droits et libertés sont y subordonnés à la volonté mystique de l'ancêtre qui détermine le cours de l'histoire et des phénomènes psychosociaux.

Cependant, l'homme est le seul être vivant qui, en cas des souffrances psychiques ou physiques, recourt à autrui pour bénéficier des soins. La mentalité primitive ou la représentation collective aux croyances magico - religieuses domine les mentalités professionnelles dans l'art de l'offre et de la demande des soins de santé et ce, expliquerait le défaitisme et le recours des patients aux soins traditionnels, au charlatanisme du Chaman, des guérisseurs et autres tradi-praticiens, avec tout risque d'aliénation de jouissance des droits humains liés à la santé de personne. (W.J. Schraml, op. cit,).

C'est pourquoi, le débat autour de métaphysique négro - africaine, des droits de l'homme et le développement intégral, ouvre certaines perspectives de recherche pour assurer la jouissance et l'exercice réels des droits des patients en milieu hospitalier congolais. Selon Dialembonkembi Diebo (1988), un problème de l'Afrique noire auquel on ne peut plus se passer comme problématique rationnelle, c'est celui posé par le droit de l'homme à l'existence authentique face à la métaphysique négro africaine, fondée sur la magie, la sorcellerie et le culte des ancêtres, qui prétendent souvent à légitimer dans une certaine mesure, la cruauté, l'atrocité, la maltraitance et le psycho-traumatisme, comme tortures observables à travers toutes les couches sociales en termes de violations des droits de l'homme sociaux, économiques et culturels. C'est un frein à la coopération pour le développement des structures de santé.

En effet, le droit de l' homme aux soins de santé devrait construire pour le patient et le soignant, un univers comme structure d' accueil et, lieu de vécu existentiel authentique, dégagé de préjugés courants comme illusion de «toute puissance» à la recherche du «plaisir» humain, soustrait de toute souffrance ou douleur qui incarne l'idéologie du psychologisme du culte ancestral ; celui - ci échappe au champ de notre état de conscience perceptive , en tant qu'un état de vie de relation auquel dépendent les valeurs universelles des droits humains.

Le droit des patients répond à l'ordre des mots et non au mot d'ordre de choses dont les conséquences pèsent fortement sur les droits humains de plus de trois générations futures. Ces droits sous entendent le moyen d'être homme libre, autonome, d'être une conscience réfléchissante et un peuple autodéterminé.

De ce fait, l'Africain est un être humain débarrassé de toute intelligence, indûment intuitive sur la compréhension naturelle de la vie selon l'intuition de Bergson(1946). Ceci suppose une régression intellectuelle au stade intuitif de 4 à 7 ans d'âge du développement de l'intelligence pour H. Wallon et J. Piaget (1966). De même, Husserl (1964) pense qu'il s'agit d'une conscience qui est en droit transparente à elle - même et se réalise au prix infini de clarification. Pour restituer cet état de conscience de droit de l'homme à la vie et à l'existence sociale authentique, il doit être vécu en fonction d'une « conscience » réfléchissante à travers nos relations avec le monde environnant et en tenant compte de mutation culturelle qui subit les pressions de l'avenir des droits de l'homme universel, riches de signification en sens commun et valeurs supérieures.

Par ailleurs, la métaphysique négro - africaine dont le fondement est la culture traditionnelle africaine se présente comme un imposant et légitime « édifice psychique », construit de mythe magico - religieux dont la pierre angulaire est le culte des ancêtres dans lequel, toute vie et existence humaine d'un homme de droit et liberté est terrorisée, insécurisée, asservie et banalisée. Elle est fixée dans un cycle infernal, une sorte d'impasse relationnelle. Ce faisant, le besoin de force vitale et la recherche du plaisir ou l'hédonisme renforce et nourrit les idées forces pour la survie du culte des ancêtres à travers les générations.

En revanche, cette dernière pratique traditionnelle exige le conformisme absolu et le non conformisme est discriminatoire, comme la conséquence de cette prélogique. Par contre, le culte des ancêtres représente le socle de sécurité personnelle et une dynamique de la solidarité traditionnelle africaine selon Pasi N M., (1976). C' est pourquoi, la croyance à la survie des morts, aux deux univers des vivants et des morts explique bien des mentalités : attitudes, actes sociaux, les formations réactionnelles incompréhensibles que l'on observe et qui oblige les patients à recourir, non sans risque de violation des droits de l'homme authentiques, aux prêtres et tradi-thérapeutes sans statut consultatif légal.

Dans cette étude, notre étonnement est de constater que ce même droit des patients souffre de non respect et non protection chez les professionnels de la médecine occidentale scientifique, appelée médecine moderne de la prescription médicale codifiée et objective.

Somme toute, le tradi-praticien ou prêtre et le médecin organiciste établissent des rapports redoutables et concurrentiels entre la prescription biomédicale et la pratique de vieilles traditions soignantes au regard du sujet des droits qu'on nomme «patient».

En effet, la culture et les croyances traditionnelles des peuples sont des déterminants majeurs de nos pensées représentatives et nos significations sur les droits fondamentaux inaliénables en Afrique noire.

Freud S. (1970), dans son ouvrage « Totem et tabou» démontre que la magie est un « mode de pensée animiste primitif» et de la sexualisation de la pensée narcissique au cours du développement individuel et collectif. Dans ce monde de pensée magique, toute réalité est susceptible de changer en plaisir spirituel, même la réalité la plus triviale (fondamentale) car, la vie et l'existence des hommes terrestres se subordonnent aux ancêtres. Ceci semble être la fuite de la condition temporelle sensible (dialectique de la réalité) de l'homme dans la satisfaction de l'immédiateté du moment, le plaisir ou les jouissances faciles, de l'imaginaire. C'est l'infantilisme psychologique qui se manifeste par la recherche du plaisir et l'évitement de la douleur.

De même, cette thèse a été défendue par les anglais, notamment John Stuart Mill (1946), auteur de l'utilitarisme et Bentham (1948) qui établissent la formule suivante : « Le bonheur est la plus grande somme de plaisirs diminuée de la plus petite somme de douleurs dans une existence complète ». Ils affirment la pensée de Freud S. (1962), telle que tout psychisme humain dès l'enfance est explicable par la recherche de la jouissance (plaisir), comme un principe de plaisir et une équation Moi - Plaisir et l'évitement de la douleur (traumatisme). Il reste le principe de réalité cosmique pour l'Africain.

Nous allons examiner dans la partie suivante, les implications de traumatisme psychique au regard de droits de l'homme des patients, toutefois, nous notons que le traumatisme répond au principe de la réalité (douleur ou souffrance) pour l'être humain, naturellement voué à la tendance abyssale de rechercher le plaisir et la force - vitale par les « idées forces », ou l'illusion de toute puissance, selon les termes de (Freud S. op. cit.).

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard