INTRODUCTION
I. INTRODUCTION
Selon l'Institut Nationale (Français) de Santé
et de Recherche Médicale (INSERM) le paludisme est en 2007 le
problème de santé publique le plus grave malgré
l'existence des mesures préventives et curatives. L'ampleur du
problème que pose cette parasitose mondiale est
régulièrement l'objet de publications de l'Organisation Mondiale
de la Santé (OMS). C'est ainsi qu'en 2009, la directive OMS sur le
paludisme dans le Monde estime qu'entre 300 à 500 millions de cas sont
enregistrés chaque année, causant entre 1,5 et 2,7 millions de
morts ; soit un rythme d'un mort toutes les 30 secondes. C'est un
véritable fléau des régions tropicales chaudes d'Afrique,
d'Amérique et d'Asie où la maladie sévit de façon
quasi-permanente. Selon l'OMS, en 2009, le paludisme est endémique dans
109 pays. Ces pays se trouvent également être parmi les plus
pauvres de la planète «Ceinture de la pauvreté »
(Gentilini et al, 1995). Quarante-cinq (45) de ces 109 pays sont
situés en Afrique sub-saharienne et concentrent à eux seuls
près de 90% de l'incidence palustre total (OMS, 2009). Le paludisme
représente un lourd fardeau économique pour les populations des
régions affectées et par conséquent, constitue un obstacle
au développement de ces pays. Le plus lourd tribut de cette maladie
toujours selon l'OMS (2006) est payé par les enfants de moins de 5 ans
(environs un million de décès annuel).
Au Cameroun, cette maladie demeure un
problème majeur de santé publique. En effet, en 2010, il
était encore responsable de 40,1% de la morbidité
hospitalière générale et de 40% de mortalité chez
les < 5ans. Deux millions de cas sont enregistrés dans les formations
sanitaires chaque année mais on estime que 80% de ces cas n'arrivent pas
dans les formations hospitalières (MSP, 2010). Elle représentait
40% des dépenses des ménages pour la santé et 1,3% de
perte sur le taux de croissance en 2007, selon le Ministère de la
santé publique (MSP). Ici, plus de 90 % des cas de paludisme, sont dus
à P. falciparum, (MSP, 2007). Dans la région Ouest du
pays, où la transmission du paludisme est certes permanente mais
inconstante, on estime qu'entre 91,5% et 96% des cas sont dus à P.
falciparum (www.impact-malaria.com). La stratégie de prise en
charge du paludisme est calquée sur les recommandations de l'OMS. A
l'origine, elle s'appuyait essentiellement sur un diagnostic basé
avant tout sur les symptômes cliniques, notamment la fièvre
même si la confirmation au laboratoire restait souhaitée (Lallo et
Naraqi, 1992 ; Zurovac et al, 2006). Mais cette stratégie
étale ses limites avec l'apparition de la chloroquino-résistance
dans la plupart des pays où sévit P. falciparum dont le
Cameroun. Au début des années 2000, avec l'introduction des
combinaisons thérapeutiques à base d'arthémisinine (ACT)
plus chères et la part de plus en plus croissante des affections
fébriles non palustres (Sayang et al, 2009 ; Munier
et al, 2009), l'OMS revoit sa stratégie. Dans ses
directives 2006 et 2010, elle recommande la confirmation parasitologique rapide
de tout cas clinique avant mise sous traitement sauf là où cela
n'est pas possible. Cette confirmation au laboratoire devient une exigence
alors même que la difficulté à rendre disponible une
microscopie de qualité (examen de référence) demeure. En
effet, cette microscopie de qualité est relativement contraignante. Ce
qui en limite l'accès (Msellen et al, 2009) comme par exemple
au Cameroun où plus de la moitié des cas déclarés
ne sont pas confirmés biologiquement et où on note une forte
tendance des populations à l'automédication (MSP, 2010). Par
ailleurs des études faites par Durrheim et al (1997) ont
montré que quand bien même les laboratoires sont correctement
équipés et les techniciens bien formés, les
résultats des examens microscopiques diffèrent de façon
significative. Mais, avec le développement des tests de diagnostic
rapides (TDR) au début des années 90, l'OMS recommande dans
certaines circonstances particulières, leur usage comme alternative
crédible à la microscopie classique (WHO, 2004 ; WHO,
2006 ; Wonsrichanalai et al, 2007 ; WHO, 2008 ; Lubell
et al, 2008)
A ce jour, de nombreuses études ont été
publiées sur l'évaluation des performances des TDR à
travers le monde avec des résultats très variables selon les
fabricants, les contextes, les régions et les populations
d'études. Pour ne prendre que le cas des TDR ciblant la HRP2, le
tableau en annexe 8 résume une
série de résultats d'études des performances du
TDR-Paracheck®-Pf dans différentes conditions de terrain. La
dispersion des résultats publiés pour ces tests pourtant produits
par une seule et même firme en dit long sur la complexité qu'il y
a à faire le choix d'un TDR du paludisme parmi des très nombreux
existants produits par différentes firmes. En effet, les performances de
ces tests sont outre les conditions environnementales influencées par la
variabilité génétique de la HRP2 utilisée dans sa
mise au point (Baker et al, 2005). La HRP2 présente chez
différentes souches de P. falciparum est polymorphe et donc pas
identiques dans toutes les régions. Par exemple, dans l'étude
réalisée par Koïta en 2000, 2,5% des espèces de
P. falciparum présentes au Mali n'ont pas la HRP2 ciblée
par le TDR-Parasight® (AMOS, 2005). D'autres raisons telles que la
présence des facteurs rhumatoïdes, la présence des certains
anticorps (Ac) peuvent influencer les résultats de ces tests.
De la dizaine de TDR en circulation sur le marché
Camerounais, celles ciblant la HRP2, à l'instar du
Diaspot®-Malaria-pf sont les plus disponibles par rapport
à ceux ayant pour cible la pLDH (spécifique à toutes les
espèces plasmodiales). S'ils ont le défaut majeur de ne pouvoir
détecter que P. falciparum seul, ils sont en
général réputés relativement plus sensibles et
moins coûteux (Swartout et al, 2007 ; WHO, 2006) que ces
derniers.
Quelques études sont disponibles sur
l'évaluation des TDR au Cameroun par rapport au « gold
standard » qu'est la GE. Bechem et al en 1999 ont
trouvé une sensibilité de 98% et une spécificité
de 88,8% par rapport à la goutte épaisse (GE) dans une
étude ayant évalué un TDR (HRP2) sur une population
d'enfants. Une autre étude réalisée à
Yaoundé par Sayang et al (2009) a attribué au
Diaspot®-Malaria-Pf (HRP2) une sensibilité de 71,12% et
une spécificité de 82,2% avec des Valeurs prédictives
positives (VPP) et négatives (VPN) de 73,8% et 80,4% respectivement.
Quant à l'étude menée par Wanji et al en 2008 au
Mont-Cameroun, elle a établi que Hexagon®-(pLDH) avait une
sensibilité de 85,3% et une spécificité de 95,5%. Il faut
noter que ces études ont généralement évalué
des TDR produits par différentes firmes avec des antigènes (Ag)
cibles différents, tout comme les populations cibles et les tailles
d'échantillon utilisées. A notre connaissance, aucune
étude évaluant les performances d'un TDR (HRP2) en l'occurrence
le Diaspot®-Malaria-Pf n'a encore été menée
à Bafoussam.
La présente étude a été
conçue pour comparer les performances du
Diaspot®-Malaria-Pf dans le diagnostic biologique du paludisme
à Bafoussam par rapport à la GE classique réalisée
dans les conditions standards. Une sensibilité > 95% est
exigée par l'OMS (2000) pour juger un TDR satisfaisant.
Plus spécifiquement, il s'est agi de :
Déterminer la Prévalence du Paludisme dans
notre population d'étude.
- Faire une comparaison opérationnelle des deux
méthodes de diagnostic (GE et Diaspot®-Malaria-Pf)
- Déterminer les caractéristiques
intrinsèques du Diaspot®-Malaria-Pf par rapport à
la GE à savoir : la sensibilité (Se) et
spécificité (Sp)
- Déterminer les caractéristiques
conditionnelles du Diaspot®-Malaria-Pf par rapport à la GE
savoir : la valeur prédictive positive (VPP) et la valeur
prédictive négative (VPN).
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