L'AVENIR DE LA
PAIX AU SOUDAN.
CHAPTRE II :
L'avenir de la paix au Soudan semble être un «
rêve ». En effet imaginer la paix dans un pays aussi
déchiré par des conflits que le Soudan paraît de
l'impossible. Cependant cela ne revient pas à dire que des efforts ne
doivent plus être déployés au Soudan pour une paix
définitive. En outre des solutions de sortie de crises existent pour le
Soudan. Mais celles-ci dépendraient en grande partie de l'acceptation du
régime de Khartoum à subir des modifications en son sein. En
effet deux possibilités s'offriraient à l'Etat soudanais pour un
retour de la paix dans cette partie orientale de l'Afrique où la plupart
des Etats sont touchés par des guerres civiles. Il s'agit d'abord pour
Khartoum de faire des modifications sur les éléments fondateurs
de la nation (section I). Il s'agit ensuite d'accepter de
subir des profonds changements sur les facteurs consolidant de l'Etat soudanais
(section II).
SECTION I : DES MODIFICATIONS SUR LES FONDEMENTS DE LA
NATION.
Aujourd'hui ce dont le Soudan a besoin ce sont des changements
radicaux pour résoudre ses crises internes. En effet le Soudan qui a
subi trois conflits depuis son indépendance (les deux guerres civiles du
sud soudan et la crise actuelle du Darfour) doit être conscient que les
causes profondes de son mal résident dans la gestion de l'Etat par une
petite minorité au détriment de la masse populaire. Partant de ce
constant, la solution soudanaise pourrait venir de deux facteurs : le premier
facteur demeure à l'instauration d'un système laïc dans
l'ensemble du territoire (paragraphe I) ; le deuxième
facteur réside dans une ouverture pour l'accès aux institutions
de la République (paragraphe II).
PARAGRAPHE I : L'INSTAURATION D'UN SYSTEME LAÏC
AU SOUDAN.
Au Soudan, la plupart des observateurs sont unanime à
dire que le « système soudanais ne répond pas aux
réalités sociologiques de l'Etat ». En effet le Soudan est
gouverné depuis 1989 par un régime issu d'un coup d'Etat
militaire qui a voulu instaurer la charia sur l'ensemble du territoire. Alors
que la populaire n'est pas homogène au Soudan ce qui a provoqué
le mécontentement des provinces périphériques. Aujourd'hui
le salut du Soudan peut venir du respect des disparités religieuses qui
existent au sein de l'Etat (A) mais aussi du respect des
pratiques coutumières de chaque groupe social (B).
A/ Le respect des disparités religieuses.
La situation géographique du Soudan, entre les mondes
arabo- musulmans (Egypte, Libye Tchad) et chrétiens (RDC, RDC,
Ouganda...), peuplé de musulmans, de chrétiens et d'animistes
font le creuset de tensions multiformes qui fragilisent l'unité du pays.
En effet ce qui se passe aujourd'hui au Soudan peut être recherché
dans les propos de Pierre François Gonidec lors qu'il
dit que : « l'importance du fait religieux en Afrique
n'est plus à souligner [...], cependant on peut affirmer que le
phénomène religieux continue d'influencer profondément la
vie politique africaine, aussi bien dans les pays musulmans que dans les pays
christianisés ou demeurés fidèles aux croyances
ancestrales »92 . Par ailleurs les gouvernements
soudanais, suite à l'indépendance en 1956, ont
hérité d'un pays crée artificiellement par les
britanniques, et dans lequel les particularités religieuses
régionales ont été conservées et respectées.
Rendant ainsi l'émergence d'une nation soudanaise très difficile.
Cependant les différents gouvernements qui se sont succédé
ont également leur responsabilité dans cette faiblesse de l'Etat
soudanais. En outre tous n'ont pas eu la même appréciation des
disparités régionales comme en illustrent ces deux régimes
de Khartoum : D'abord celui du Général NIMEIRI qui a
supprimé les accords de paix d'Addis Abeba de 1972 lesquels avaient
consacré une autonomie pour la Province du Sud. Cette décision
poussa ainsi cette province à se lancer dans une nouvelle guerre qui
prendra fin en 2005. Il introduit également la charia qui sera par la
suite lourde de conséquence
Ensuite celui du Général Omar El Bachir qui est
aux commandes depuis 1989. Ce dernier lorsqu'il arrive au pouvoir introduit en
1991 un nouveau code pénal qui légalisa l'esclavage des
populations noires.
Aujourd'hui deux données fondamentales militent en faveur
d'un respect des disparités religieuses ou l'instauration d'une
République laïque au Soudan :
La première demeure à l'existence d'autres
religions à côté de la religion musulmane. En effet seul
70% de la population soudanaise appartient à la communauté
sunnite, alors que 17% de la population est animistes et 10% sont
chrétiens93. Mais ce pourcentage qui est valable au niveau
national cache d'autres réalités au niveau des provinces. Par
ailleurs au Sud la plupart des
92 P F Gonidec, Les systèmes politiques
africains, Paris, LGDJ 3ème édition, 1997 pp. 182
- 183
93 Afrique histoire, économie, politique, le
Soudan en un clin d'oeil, Encarta 1998- 2001,
www.afriquepluriel.ruwenzori.net
populations sont chrétiens ou animistes alors que le Nord
et le Darfour sont essentiellement musulmans.
La deuxième donnée tient au climat qui
règne au niveau international. En effet dans un monde marqué par
le développement croissant du terrorisme depuis les attentats du 11
septembre 2001, vouloir appliquer la charia dans un pays ou toute la population
n'est pas musulmane peut favoriser l'instabilité de celui-ci.
Le régime actuel de Khartoum qui n'est plus un
allié privilégié des grandes puissances telles que les
Etats-Unis d'Amérique et qui constitue un territoire convoité en
raison de ses nombreuses richesses doit s'efforcer de réaliser une
profonde réforme dans le domaine religieux pour une stabilité du
pays. Cependant un respect des pratiques minoritaires s'impose
également.
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