L'union africaine et la crise du darfour( Télécharger le fichier original )par Saà¯dou Baldé Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal) - Master de Recherche en Science Politqiue 2009 |
PARAGRAPHE II : l'ENJEU EXTERIEUR DE LA CRISEPour comprendre réellement ce qui se passe au Darfour, il est important de retracer la position géographique du Soudan dans le continent africain. En effet si l'on sait que le pays a comme Etats limitrophes le Tchad, l'Egypte, l'Ethiopie, la Somalie, l'Ouganda, la Libye la République Démocratique du Congo, la République Centrafricaine et le Kenya, l'on peut imaginer aisément l'ampleur que la crise du Darfour pourrait présenté (voir carte ci-dessous). Ceci est d'autant plus vrai que nous avons choisi de classer ces Etats en deux catégories. Dans la première catégorie nous avons le Tchad, l'Ethiopie, la Somalie la RDC, 39 Cf. Gérard Prunier, Paix Fragile et Partielle au Soudan, le Monde Diplomatique, Archives février 2005 ; www.monde-diplomatque.fr 40 Cf. A. M. Impe, le Contexte des populations.......op. Cit. l'Ouganda, le Centrafrique et le Kenya. Ce groupe est connu par
son instabilitépolitique. Dans la deuxième
catégorie nous avons la Libye et l'Egypte très Source : Accueil : aménagement Linguistique dans le Monde, Le Soudan, www.tlfq.ulaval.ca A / L'enjeu sous-régional de la crise du Darfour.Les obstacles rencontrés par l'U.A dans son intervention au Darfour s'expliquent en grande partie du fait que le conflit ne se passe pas uniquement à l'intérieur des frontières soudanaises. En effet ce conflit a des liens avec le Tchad et la République Centrafricaine deux Etats frontaliers du Soudan. D'abord les liens du conflit avec L'Etat tchadien peuvent avoir deux raisons. Il peut s'agir des raisons politiques. En effet le Président tchadien jusqu'en 2006 était le principal facilitateur du dialogue inter- soudanais. Ceci peut avoir une triple explication : La première explication tient au fait qu'en 1990 c`est le Darfour que le Président Idris Deby avait utilisé comme base arrière pour venir renverser le régime de Hisséne Habré. Il doit alors « rendre la monnaie » aux darfouriens étant donné même que l'ex chef militaire de l'ALS Abdallah Abakhar avait largement contribué à sa victoire. La deuxième explication réside dans ce que, Patrice Emery et Mamoudou Gazibo appellent « les conflits africains produits des découpages coloniaux des Etats africains »41. En effet selon ces auteurs des groupes aux traits culturels identiques et ayant toujours vécus ensembles se trouvent aujourd'hui séparés par la tracée arbitraire des frontières. Cette donne justifie aujourd'hui largement l'indifférence du conflit darfourien vis-à-vis de l'Etat tchadien. En effet d'origine Zaghawas, comme nombre de ses officiers, le Président tchadien a subi des pressions pour arrêter les exactions auxquelles sont soumises ses « cousins » soudanais42. La troisième explication politique qui lien le Tchad et la crise du Darfour demeure la rivalité qui existe entre les deux Etats. En effet le Soudan et le Tchad s'accusent mutuellement de soutenir leurs rebelles respectifs. Le Tchad critique les incursions des milices arabes qui pourchassaient les populations noires à l'intérieur des frontières tchadiennes. 41 P. E. Bakong et M. Gazibo, les nouveaux conflits..., op. Cit. p. 103 42 Cf. Mamoudou Gazibo, Introduction à la politique..., op. Cit. p.148 Pire Khartoum est accusé par Ndjaména d'avoir aidée la grande offensive rebelle qui a failli renverser le Président Deby au début de l'année 2008. De son coté non seulement le territoire tchadien est considéré par le Soudan comme une base arrière de l'ensemble des mouvements rebelles du Darfour mais également le régime de Deby est perçu comme ayant formaté l'offensive menée par le Mouvement pour la Justice et l'Egalité vers Khartoum au début du mois d'avril 2008. Conséquence aujourd'hui il n'y a plus de relations diplomatiques entre Ndjaména et Khartoum, alors même que les deux Etats venaient de signer un accord de paix à Dakar au mois de mars de la même année. Ensuite le Tchad joue un rôle non négligeable dans la crise du Darfour notamment dans le domaine humanitaire. En effet les populations civiles du Darfour qui subissent des violences sur leur territoire trouvent refuge sur le territoire voisin notamment du Tchad. Aujourd'hui, les estimations s'élèvent à quelques 500 000 personnes qui se sont réfugiées ou déplacées à l'Est du Tchad à cause des exactions commises au Darfour43. En dehors du Tchad le conflit du Darfour a également des répercussions sur la République Centrafricaine. En effet le 30 octobre 2006, le Gouvernement centrafricain a accusé le Soudan d'agression après l'attaque et l'occupation de deux départements du Nord-Est par un mouvement rebelle présenté comme bénéficiant du soutien de Khartoum. En définitive le fait que le conflit du Darfour soulève aujourd'hui tant de bruits entre le Soudan et ses voisins les plus immédiats ne facilite pas un règlement pacifique de celui-ci. Conséquence la Mission de l'Union africaine au Soudan (AMIS) qui a prit aujourd'hui la dénomination de la MINUAD rencontre d'énorme difficultés pour parvenir à une solution pacifique de la crise. L'autre élément explicatif de l'ampleur de cette crise est le fait qu'elle est largement entretenue par des puissances étrangères qui trouvent leurs intérêts dans celle-ci. 43 Cf. Xavier Zeebroek, Pamphile Sebahara et Federico Santopinto, Darfour, Tchad, Centrafrique des processus de paix à l'épreuve du feu, in Groupe de Recherche te d'information sur la Paix et la Sécurité, www.grip.org |
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