![](Lunion-africaine-et-la-crise-du-darfour1.png)
MEMOIRE DE MASTER EN SCIENCE POLITIQUE,
PREPARE ET SOUTENU PAR MONSIEUR SAIDOU
BALDE, AU MOIS DE FEVRIER 2009 A LA
FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ET
POLITIQUES DE L'Université Cheikh Anta Diop de
Dakar (L'UCAD) SENAGAL.
CONTACT :
baldseydou@yahoo.fr
« L'UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR
(UCAD) n'entend donner aucune approbation ni
improbation aux opinions émises dans les
mémoires ;
ces opinions doivent être considérées
comme propres à
leurs auteurs ».
![](Lunion-africaine-et-la-crise-du-darfour2.png)
.............................................................
A tout le personnel du Ministère des Affaires
Etrangères pour leur contribution au succès de ce
travail.
A Monsieur Moustapha Thioune du Ministère de
l'Intérieur
Des Remerciements particuliers :
Au Professeur Saïdou Nourou TALL, pour la rigueur de
l'encadrement, la disponibilité et la compréhension dont il a
fait preuve durant tout au long de la recherche.
Aux autres Membres du Jury qui ont bien voulu accepter
d'évaluer ce modeste travail.
A tous les Enseignants de la Faculté des Sciences
Juridiques et Politiques de l'UCAD qui m'ont initié au Droit et aux
Sciences Politiques.
![](Lunion-africaine-et-la-crise-du-darfour3.png)
A la mémoire de mon Frère et Père
adoptif Mamadou Aliou Baldé, décédé
al'hôpital Régional de Ziguinchor, le vendredi 05
octobre 2007 (les mots me manquent pour expliquer notre
complicité).
A son épouse (Raby), ses enfants.
A tous mes autre frères et soeurs de la famille
Baldé et Tall (Ousmane, Raya et Sékou)
Particulièrement :
A Ibrahima Tall (Solo), pour sa compréhension et
sa contribution al'aboutissement de ce travail.
A Fatou Thiam, pour ses conseils permanents.
A Omar Tall, pour l'affection qu'il porte sur ma
personne.
A Mamadou Lamine Diémé, un ami
sincère et fidèle.
A Ma Tante Khadissa Coly, pour m'avoir accepté
sans arrière pensée.
A Mamadou Korka Bâ, mon voisin de
chambre.
A Moussa Diédhiou, mon ami de tous les
temps.
![](Lunion-africaine-et-la-crise-du-darfour4.png)
SIGLES ET ABREVIATIONS.
ALS : Armée de Libération du
Soudan
AMIS : African Mission in Soudan
CMCA : Commission de Médiation, de
Conciliation et d'Arbitrage
APD : Accord de Paix pour le Darfour
APG : Accord de Paix Global
APLS : Armée Populaire de
Libération du Soudan.
BONUCA : Bureau des Nations Unies pour la
Consolidation de la Paix en République Centrafricaine.
CEMAC : Communauté Economique et
Monétaire des Etats de l'Afrique Centrale
CPI : Cour Pénale Internationale
CPS : Conseil de Paix et de
Sécurité
CS : Conseil de Sécurité
EUFOR : Mission de L'Union Européenne au
Tchad et en République Centrafricaine
FOMUC : Force Multinationale en Centrafrique
FPR : Front Patriotique Rwandais
GNOM : Groupe Neutre d'Observateurs
militaires
IGAD : Autorité Intergouvernementale pour
le Développement
M/ ALS : Mouvement Armée de
Libération du Soudan
MINUAD : Mission Conjointe des Nations Unies et
de L'Union Africaine au DARFOUR
MJE : Mouvement pour la Justice et
L'Egalité
MIAB : Mission Africaine au Burundi
MINUS : Mission des Nations Unies au Soudan
MINURCA : Mission des Nations Unies en
République Centrafricaine
MINURCAT : Mission des Nations Unies en
République Centrafricaine et au Tchad
MIPROBU : Mission de Protection de
Rétablissement de la Confiance au Burundi
MIOB : Mission internationale d'observation au
Burundi
MISAB: Mission Interafricaine de Surveillance
des Accords de Bangui
OMIC : Mission d'Observation au Comores
MUAS : Mission de L'Union Africaine au Soudan
ONU : Organisation des Nations Unies
U.A : Union Africaine
UE : Union Européenne
![](Lunion-africaine-et-la-crise-du-darfour5.png)
SOMMAIRE.
INTRODUCTION...............................................................................p.
10
PREMIERE PARTIE : LES OBSTACLES AUX EFFORTS DE L'U.A DANS
LE REGLEMENT DE LA CRISE DU
DARFOUR.................................................................................
p. 21
CHAPITRE I : LES OBSTACLES EXTERNES A
L'U.A............ p. 23
SECTION I : UNE CRISE AUX ORIGINES
LOINTAINES......................p. 25
PARAGRAPHE I : LE SOUDAN : UN PAYS INSTABLE DEPUIS
SON
INDEPENDANCE.............................................................................................p.
25
PARAGRAPHE II : LA CRISE DU DARFOUR : UNE CONSEQUENCE
DE LA FRAGILITE DU SYSTEME POLITIQUE
SOUDANAIS.....................................p. 30
SECTION II : L'ENJEU DE LA CRISE DU
DARFOUR.........................p. 36
PARAGRAPHE I : LES REVENDICATIONS DE LA PROVINCE DU
DARFOUR........................................................................................
... p. 36
PARAGRAPHE II : l'ENJEU EXTERIEUR DE LA
CRISE...........................p. 39
CHAPITRE II : LES OBSTACLES INTERNES A
L'U.A........................p. 45
SETION I : LA MUAS : UNE MISSION VOUEE A
L'ECHEC................p. 47
PARAGRAPHE I : UN MANQUE
D'EXPERIENCE DANS LE DOMAINE DU MAINTIEN DE LA
PAIX...........................................................................p.
47
PARAGRAPHE II : UNE TENDANCE NEGLIGENTE DE LA SITUATION
AU
DEPART................................................................................................p.51
SECTION II : LES INSUFFISANCES DE LA
MUAS...............................p. 55
PARAGRAPHE I : L'INSUFFISANCE DES RESSOURCES...
............. p. 55 PARAGRAPHE II : LES AUTRES LIMITES DE LA
MUAS.............................p. 59
DEUXIEME PARTIE : LES PERSPECTIVES D'UNE
PAIX
AUDARFOUR.........................................................................................p.
64
CHAPITRE I : LES CONDITIONS PREALABLES A REMPLIR PAR
LES ACTEURS DE LA
CRISE..............................................................................p.66
SECTION I : LES PREALABLES POUR UN SUCCES DE LA
MINUAD.............................................................................................
p. 68
PARAGRAPHE I : DES PREALABLES FONDES SUR LES ACQUIS
DE
L'U.A.........................................................................................................
p. 68
PARAGRAPHE II : UNE NECESSAIRE OUVERTURE DE LA MINUAD
AUX AUTRES
MISSIONS.................................................................................p.
72
![](Lunion-africaine-et-la-crise-du-darfour6.png)
SECTION II : LES OBLIGATIONS DES DIFFERENTES PARTIES
SOUDANAISES..............................................................................................p.
76
PARAGRAPHE I : UN NECESSAIRE ASSOUPLISSEMENT DE LA
POSITION
DE KHARTOUM..........................................................................................p.
77
PARAGRAPHE II : LA RESPONSABILITE DES MOUVEMENTS
REBELLES DANS LA RECHERCHE DE LA
PAIX..........................................................p.
81
CHAPITRE II : L'AVENIR DE LA PAIX AU
SOUDAN...........................p. 86
SECTION I : DES MODIFICATIONS SUR LES FONDEMENTS DE
LA NATION p.88
PARAGRAPHE I : L'INSTAURATION D'UN SYSTEME LAÏC
AU
SOUDAN..........................................................................................................p.
88
PARAGRAPHE II : UNE NECESSAIRE OUVERTURE POUR L'ACCES
AUX INSTITUTIONS DE LA
REPUBLIQUE.............................................................p.
92
SECTION II : DES MODIFICATIONS SUR LES ELEMENTS
CONSOLIDANT DE
L'ETAT......................................................................p.
96
PARAGRAPHE I : LA TENUE D'ELECTIONS LIBRES ET
DEMOCRATIQUES...........................................................................................p.
96
PARAGRAPHE II : DES REFORMES SUR LE DOMAINE
ECONOMIQUE.............................................................................................p.
100
CONCLUSION.......................................................................................p.105
![](Lunion-africaine-et-la-crise-du-darfour7.png)
INTRODUCTION.
La chute du mur de Berlin en 1989 qui allait provoquer la fin
de la guerre froide était célébrée partout comme le
début d'un nouvel ordre mondial basé sur la paix, la
stabilité et la démocratie. En effet la disparition des deux
blocs s'est accompagnée d'un relâchement des grandes luttes entre
puissances rivales et tout espoir était permis que l'humanité,
allait enfin connaître un monde différend de celui qu'elle a
connu. « Cependant non seulement les conflits n'ont pas disparus, mais
ils ont changé de nature et sont devenus plus complexes
»1. Les guerres entre Etats sont devenues l'exception
alors que les guerres civiles et autres formes d'antagonisme de toutes sortes
deviennent la règle.
Cette tendance qui s'est dessinée au niveau global a
trouvé sa réelle application dans le continent africain. En effet
si l'on observe de très près le continent noir, l'on se rend
compte qu'à l'exception de quelques conflits ; notamment le conflit
entre le Cameroun et le Nigeria et entre l'Ethiopie et l'Erythrée,
toutes les autres formes de conflits sont des guerres intra étatiques.
Face à cette situation fallait- il continuer à se fier à
l'organisation classique de règlement des conflits ou fallait --il se
doter d'une nouvelle organisation?
Les dirigeants africains optent pour la création d'une
nouvelle organisation pour prendre à bras le corps de leurs conflits qui
ont changé de nature. Ainsi comme le dirait Charles Zorbibe à
l'ère de la guerre froide, les conflits africains étaient les
reflets de l'ingérence des superpuissances ; aujourd'hui, leurs racines
sont
1 P E BAKONG et M GAZIBO in Jocelyn COULON Guide du
Maintien de la Paix 2005 Athéna édition 2004/ CEPES p. 99
plus souvent locales : la recherche de solutions africaines
s'impose autant2. Sur cette lancée, l'ancienne OUA est
remplacée par une organisation qui a pour objectif de promouvoir la
paix, la sécurité et la stabilité du continent. Il s'agit
de l'Union Africaine (UA). Cependant dès sa création cette
organisation fera face à de nombreux conflits dont le plus important
aujourd'hui est sans nul doute le conflit du Darfour. En effet depuis 2003
l'Union Africaine tente de régler cette crise qui reste notamment l'une
des plus farouches de ce début du XXIème siècle que
certains n'hésitent même pas à qualifier de génocide
à l'image du gouvernement américain qui « dénonce un
génocide au Darfour »3.
Cependant si l'on retrace l'historique du maintien de la paix
en Afrique, l'on se rend compte que depuis les indépendances
l'idée de trouver des solutions africaines aux problèmes
africains n'était pas absente dans l'esprit des africains. En effet
l'article 3 de l'ancienne OUA posait déjà le principe du «
règlement pacifique des différends »et « les Etats
membres s'engageaient à régler leurs différends par des
voies pacifiques ». Pour ce faire l'article 7 de la Charte avait
doté à l'organisation d'un cadre de résolution des
conflits exclusivement africains. Il s'agissait de la Commission de
Médiation, de Conciliation et d'Arbitrage (CMCA). Cette commission avait
comme objectif de rechercher « le règlement pacifique des
différends par voies de négociation, de médiation, de
conciliation et d'arbitrage ». Dans cette perspective, l'OUA avait, pour
régler la crise qui sévissait au Tchad au début des
années « 1980 » crée une mission de maintien de la
paix. Cette mission qui fut la première dans l'histoire de
l'organisation se situe entre 1979 et 1982 et était composée de
plus de 3000 soldats nigérians, zaïrois et sénégalais
emmenée par le Nigeria. Elle était chargée d'assurer la
défense et la sécurité du pays dans l'attente de
l'intégration des forces gouvernementales et de contribuer à la
restauration de l'intégrité
2 C Zorbibe, Pour une charte africaine de la
diplomatie préventive et du maintien de la paix, in Dominique
Bangoura, L'Union africaine face aux enjeux de paix, de
sécurité et de défense, actes des conférences
de l'observatoire politique et stratégique de l'Afrique (OPSA), Paris,
Harmattan les 18 et 19 décembres 2002
3 Cf. Article de Wikipédia : Guerre Civile au
Darfour ; www.wikipedia.og
territoriale et de l'autorité du gouvernement
légitime. Toutefois, cette opération préfigurait
déjà les difficultés que connaîtraient les futures
opérations de paix qui seront entreprises par les africains. En effet
elle s'était notamment caractérisée par un mandat qui ne
brillait pas par sa clarté et par les difficultés d'ordre
financier et technique auxquelles fut confrontée l'O.U.A pour financer
cette force ainsi que pour recevoir des pays africains les troupes
nécessaires pour remplir son mandat. C'est ainsi que cette mission
s'acheva sans grand succès4.
A partir de cet instant il devenait impératif pour les
africains de changer dans la façon d'appréhender les conflits. En
effet non seulement, les guerres civiles se multipliaient sur le continent,
mais encore les africains semblaient abandonnés à leur propre
sort. Ainsi en témoigne le discours du Président américain
Bill CLINTON prononcé en octobre 1993 à la Tribune de
l'Assemblée Générale des Nations Unies. Discours dans
lequel il déclarait : « les N.U se devaient d'apprendre
à dire non lorsque solliciter pour des opérations de maintien de
la paix qui n'étaient pas faisables »5.
Malgré ces insistants appels à la diplomatie du
« non » et à la politique du « retrait » ; la
réalité (tragique) de la violence armée sur le continent
allait cependant continuer, imperturbable et impitoyable, d'interpeller la
conscience universelle : quelque chose devait être fait. C'est dans ce
contexte de trouble que va également commencer à être
évoquer la nécessité d'un « renforcement des
capacités africaines du maintien de la paix »6.
Car, si de manière fort compréhensible les étrangers
refusaient désormais d'envoyer leurs soldats mourir dans les «
enfers africains », les africains eux- même se devaient d'être
prêts à payer le nécessaire prix pour ramener la paix sur
leur terre.
4 William Assanvo, l'Afrique à
l'épreuve du maintien de la paix, Multipol dimanche 13 mai 2007,
www.multipol.org
5 Anatole Ayissi, Coopération pour la paix
en Afrique de l'ouest Agenda pour le xxème siècle : Institut
des N.U pour la recherche sur le désarmement, Genève Suisse
(UNIDIR/2001/9) p. 8
6 Anatole Ayissi. Ibid
C'est sur cette lancée que les chefs d'Etats et de
Gouvernements de l'O.U.A se réunissant au Caire en Egypte du 28 au 30
juin 1993 décidèrent de créer un organe chargé de
remplacer la Commission de Médiation, de Conciliation et d'Arbitrage. Il
s'agit du Mécanisme pour la Prévention, la Gestion et le
Règlement des Conflits. Ce nouveau mécanisme dont l'objectif
était de permettre à l'O.U.A de se doter des moyens de
réduire les crises et les conflits sur le Continent, sera
renforcé en 1996 par la mise en place d'un Centre de Gestion des
Conflits au siège de l'O.U.A, doté d'un bureau d'alerte rapide et
d'une salle de suivi des opérations7.
Le Mécanisme de Prévention, de Gestion et de
Règlement des Conflits a permis à l'O.U.A tant bien que mal de
prendre des initiatives pour la résolution de certains conflits
africains. Ainsi en illustrent les différentes missions qui furent
créées.
La première intervention du mécanisme fut la
décision de l'O.U.A du 19 novembre 1993 d'envoyer une Mission de
Protection de Rétablissement de la Confiance au Burundi
dénommée (MIPROBU). Cette mission avait été
initiée après que de sanglants affrontements ont commencé
à opposer Hutus et Tutsis, à la suite de putsch au Burundi au
cours duquel le Président Melchior Ndadaye avait été
assassiné. Cependant faute de ressources financières et
humanitaires, cette mission va arrivée au Burundi en février 1995
sous le nom d'une simple « Mission Internationale d'Observation »
(MIOB).
La deuxième fut la mission déployée aux
Comores par l'O.U.A avec vingt sept observateurs dans le cadre de la Mission
d'Observation aux Comores (OMIC) entre 1997 et 1999 après la
décision de l'Ile d'Anjouan de faire sécession. Elle s'acheva en
2002.
La troisième intervention du mécanisme est ce
rôle joué par l'O.U.A dans le cadre de la coopération
interafricaine, et en coopération avec l'O.N.U, avec la
77 Pour plus de détails sur ce nouveau
mécanisme cf. à M C D Wembou, L'OUA : A l'aube du
XXIème siècle Bilan- Diagnostiques et Perspectives, Paris
LGDJ 1995, pp. 244- 260
MISAB (Mission Interafricaine de Surveillance des Accords de
Bangui) en Centrafrique de février 1997 à avril 1998. Cette
Mission sera remplacée par la MINURCA (Mission des Nations Unies en
République Centrafricaine) le 15 avril 1998.
A la suite de ces quelques interventions de l'O.U.A dans les
conflits africains, le constat général qui se dégageait
est que cette organisation n'avait pas les moyens juridiques et financiers
requis pour résoudre ces conflit. Ainsi des innovations profondes
s'imposaient.
C'est dans cette perspective qu'en 1999 lors du sommet de
Syrte en Libye la volonté de remplacer l'O.U.A par une autre
organisation est émise. Après plusieurs discussions cette
nouvelle organisation dénommée Union Africaine (U.A) est
créée. Son Acte Constitutif est adopté à
Lomé au mois de juillet 2000. Aujourd'hui l'un des objectifs clairement
explicités dans l'Acte Constitutif de l'U.A est la « promotion de
la paix, la sécurité et la stabilité sur le continent
», « le respect de la souveraineté et de
l'intégrité territoriale des Etats Membres ». Tout en posant
le « droit de l'union d'intervenir dans un Etat Membre sur décision
de la conférence dans certaines circonstances graves, à savoir
les crimes de guerre, le génocide, les crimes contre l'humanité
».
Lors du lancement de l'U.A à Durban en Afrique du Sud
le 09 juillet 2002, est adopté en même temps le Protocole portant
création du Conseil de Paix et de Sécurité (C.P.S). Ce
conseil élaboré selon le modèle du Conseil de
Sécurité de l'O.N.U permet à l'union d'intervenir
directement dans les pays africains en crise.
Le C.P.S, composé de quinze Etats membres, est
chargé de la promotion de la paix, de la sécurité et de la
stabilité en Afrique, de la diplomatie préventive, du
rétablissement de la paix. Il s'occupe également de la gestion
des catastrophes et des actions humanitaires. Il est appelé à
remplacer l'organe central du mécanisme pour la prévention, la
gestion et le règlement des conflits en Afrique.
Pour lui permettre d'assumer ses responsabilités en ce
qui concerne le déploiement de missions d'appui à la paix et
d'interventions en cas de génocide, de crimes de guerre et des crimes
contre l'humanité, le C.P.S peut consulter un Groupe des Sages
composé de cinq personnalités africaines et mettre en action des
forces armées pré positionnées.
Le 25 mai 2004, le C.P.S est officiellement lancé
à Addis-Abeba en Ethiopie. Depuis sa mise en oeuvre et sur le fondement
du C.P.S, L'U.A a entamé de nouvelles missions de maintien de la paix
sur le continent.
Ainsi en avril 2003, l'U.A lance sa première mission de
maintien de la paix avec le déploiement de la MIAB (Mission Africaine au
Burundi). Composée de troupes venant du Mozambique, d'Ethiopie et
d'Afrique du Sud, cette mission mandatée par l'organe central du
Mécanisme de Prévention, de Gestion et de Règlement des
Conflits était chargée de superviser le cessez- le- feu entre le
Gouvernement et la rébellion hutue.
Le 05 janvier 2005 également le C.P.S de l'U.A accepte
le déploiement d'une mission d'appui à la paix en Somalie pour
soutenir les institutions fédérales de transition de ce pays, en
attendant le déploiement d'une mission de maintien de la paix.
Pendant que l'U.A s'activait sur ces zones de tension, une
crise était également en cours au Soudan. Il s'agit de la crise
de Darfour dont l'ampleur très inquiétant ne pouvait laisser
l'U.A indifférente. Ainsi l'U.A décide de réagir en
créant une mission de maintien de la paix pour tenter de régler
la crise mais également pour « tester ses nouveaux organes ».
Pour ce faire, le 06 juillet 2004, lors de son 3ème sommet
tenu à Addis-Abeba, l'organisation décide de l'envoi d'une force
de protection de quelques trois cent militaires au Darfour. En effet cette
Province située à l'ouest du Soudan est confrontée depuis
février 2003 à une « guerre civile » très
complexe. Avec plus de deux cent milles morts8,
8 Cf. l'article Wikipédia,
l'encyclopédie libre : Guerre Civile au Darfour ;
www.wikipedia.org
civiles pour la plupart et quelques un million quatre vingt
cinq milles déplacés9. Cette force a pour mandat de
protéger les cent cinquante observateurs civils et militaires de l'U.A,
en cours de déploiement depuis l'Accord de cessez-le-feu de Ndjamena du
08 avril 2004.
Mais cette mission dénommée Mission de l'Union
Africaine au Soudan (MUAS ou AMIS) étant très réduite
montra rapidement son incapacité à gérer la crise. Ainsi
le 20 octobre 2004, l'U.A décide de renforcer sa mission au Soudan qui
doit passer à 3320 soldats et policiers.
Malgré ces efforts de l'U.A la crise persistait, c'est
ainsi que le 10 mars 2006 le C.P.S annonce son accord de principe à un
transfert de la MUAS en une mission des Nations Unies. Le 31 juillet 2007 le
Conseil de Sécurité des Nations Unies adopte à
l'unanimité des quinze membres la Résolution 1769 qui créa
une mission de paix pour le Darfour. Cette mission d'une importance sans
précédente dans l'histoire des Nations Unies sera composée
de force de l'O.N.U et de l'U.A. Elle sera baptisée la Mission conjointe
des Nations Unies et de l'Union Africaine au Darfour (MINUAD ou UNAMID sous son
acronyme anglais).
Après plusieurs tentatives de déploiement sans
succès, les premières forces de cette mission commencent à
arriver sur le territoire soudanais.
Dès lors, la persistance de cette crise nous
amène légitimement à rechercher les éléments
définitoires du terme crise. En effet pouvant avoir plusieurs
significations, le terme crise qui fait l'objet de notre sujet est
défini d'abord par le politique américain William
Zartman10 comme : « le passage actif aux hostilités
armées. Bien que le terme évoque souvent une flambée
soudaine sur une courte période, cette restriction apparaît trop
limitative. Des flambées soudaines et des changements d'intensité
peuvent prolonger une crise.... ». Il est ensuite définit par
Lucian Pye dans le Dictionnaire de la Science Politique et
9 Wikipédia~Ibid
10 Cité par Sidy Sady : La
résolution des Conflits en Afrique ; Thèse de doctorat
d'état de science politique Université Cheikh Anta Diop de Dakar,
2002, p.5
des Institutions Politiques comme « un blocage
conflictuel autour du partage des pouvoirs et des ressources entre segments de
la société 11». Ainsi dans le cadre de notre
travail, nous nous référerons simultanément à ces
deux définitions. Cependant ce terme crise doit être
distingué de certaines notions qui lui sont voisines. C'est ainsi que
dans le domaine de la médecine on utilise le terme crise pour dire une
aggravation brusque d'une maladie exemple crise d'asthme, crise cardiaque,
crise d'urticaire.... Dans le domaine politique également la crise peut
désigner un blocage au bon fonctionnement des institutions d'une
république. Ainsi on dira une crise au sommet de l'Etat. Enfin dans le
langage courant le terme peut signifier une période pendant laquelle
l'accès aux produits alimentaires est difficile ainsi pour parler d'une
famine on dira d'une crise alimentaire.
Néanmoins le terme crise peut avoir des rapprochements
à d'autres notions telles que :
Le conflit qui est défini par le Professeur Raymond
Aron comme « une opposition entre groupes et individus pour la
possession de biens rares ou la réalisation de valeurs mutuellement
incompatibles »12 . La crise se rapproche également
de la guerre civile qui est une forme particulière de guerre se
déroulant à l'intérieur des frontières d'un
même Etat.
Ceci étant nous constatons que, sous le rapport de
leurs conséquences, la différence entre crise, conflit et guerre
civile n'est pas très importante ; c'est pourquoi pour les besoins de ce
mémoire nous emploierons indifféremment l'un des trois.
Les principaux termes du sujet étant définis, il
reste à délimiter celui-ci.
Ainsi sur le plan purement géographique, la recherche
s'appliquera à la Région du Darfour ; c'est-à-dire cette
région du Soudan située à l'ouest du pays avec une
11 L Pye in G Hermet/ B Badie/ P Birnbaum/ P Braud,
Dictionnaire de la Science Politique et des Institutions Politiques Paris,
Armand Colin 1994 p. 71
12 R Aron, in S Sady, op, cit p.5
superficie aussi grande que celle de la France. Aujourd'hui
cette Province compte plus de six millions d'habitants composés de trois
tribus principales : les Fours (qui ont donné leur nom au Darfour), les
Masalits et les Zaghawas. Le Darfour est divisé aussi en trois petits
Etats que sont le Darfour du Sud, le Darfour du Nord et le Darfour de l'Ouest.
Cependant pour comprendre la complexité de la crise, il serait
intéressent de jeter un regard sur les différents conflits qui se
sont succédés sur le territoire soudanais ; mais aussi
d'élargir la réflexion sur les conflits au Tchad et en
Centrafrique du fait de leur lien avec cette crise du Darfour.
Sur le plan temporel, le sujet va porter sur la crise du
Darfour c'est-à-dire celle qui a éclaté le 23
février 2003 et qui continue à produire ses effets.
Néanmoins, pour bien cerner notre étude, il y a
nécessité de faire une lecture rétrospective de
l'instabilité du Soudan depuis son indépendance.
Enfin sur le plan sémantique, la réflexion ne
sera pas descriptive. En d'autre terme, il ne s'agira guère
d'énumérer les efforts fournis par L'U.A pour essayer de
résoudre la crise d'un coté, ou de déterminer les
difficultés rencontrées par l'U.A dans sa tentative de
règlement de la crise d'un autre coté. Il s'agira plutôt de
mener une étude analytique afin de prouver la légitimité
de l'échec de l'U.A dans son intervention au Darfour ; et de voir
également si la transformation de la MUAS en une Mission hybride UA/ ONU
va changer la donne.
Le sujet étant délimité, il convient de voir
la problématique qu'il dégage.
C`est ainsi qu'après plusieurs réflexions, nous
nous sommes rendus compte que la principale question que soulève notre
sujet est celle de savoir : s'il existent des espoirs de paix au Darfour
après que l'Union Africaine n'a pu résoudre seule la crise ?
Autour de cette question fondamentale gravitent d'autres
problématiques non moins sans importance.
La première est celle de savoir ce qui explique l'ampleur
de cette crise ?
La deuxième est celle de savoir si l'Union Africaine avait
t-elle prise les précautions nécessaires pour réussir sa
mission au Darfour ?
La troisième est relative à la nouvelle Mission
conjointe U.A/O.N.U. En effet il serait légitime de s'interroger sur les
chances de succès de cette Mission.
La dernière s'adresse à la paix au Soudan. En
effet la paix au Darfour doit passer impérativement par la pacification
du Soudan dans son ensemble. Dés lors la question que nous nous sommes
posés est celle de savoir sur quels socles doivent se fonder les
initiatives de la paix afin de la rendre parraine au Soudan ? A la
lumière de ce qui a été dit, il est clair qu'un tel sujet
ne manquerait pas d'intérêt. Ainsi celui-ci présenterait
trois intérêts à notre égard.
D'abord il a un intérêt historique dans la mesure
où il nous permet de retracer l'évolution de l'instabilité
politique du Soudan depuis son indépendance. En effet le Soudan devenu
indépendant en 1956 connaît une succession de crises depuis 1955
jusqu'à nos jours.
Le sujet présente aussi un intérêt
théorique. En effet l'étude de celui-ci nous permet d'apercevoir
que la communauté internationale est largement partagée sur cette
crise. Ainsi si certains Etats à limage des Etats-Unis d'Amérique
soutiennent les rebelles de l'Armée de Libération du Soudan (SLA)
comme en illustre l'audience accordée à son chef Minni Minnawi le
25 juillet 2006 par le Président américain en personne Monsieur
Georges W Bush ; d'autres Etats par contre comme la Chine n'hésitent pas
à vendre des armes au gouvernement de Khartoum malgré l'embargo
qui existe sur ce domaine13. Tout ceci n'a pas facilité
à l'U.A à résoudre la crise.
Enfin le sujet a un intérêt pratique. En effet la
MUAS qui constitue la première mission de maintien de la paix
gérée par une institution africaine avait des chances de
constituer un véritable exploit africain. Cependant comme à
l'accoutumée cette mission, malgré tous les efforts qu'elle a
fournis n'a pu résister toute seule du fait d'un manque de ressources
financières d'une part et
13 F. William Engdahl : le Darfour ? Une Guerre du
Pétrole ; www.ontreinfo.info
d'autre part d'une absence de volonté politique de la
part de certains chefs d'Etats africains.
Telles sont les différentes questions de fond qui vont
retenir notre attention au cours de notre recherche. Pour ce faire nous allons
dégager un plan à deux parties. D'abord dans la première
partie nous essayerons de voir les obstacles qui ont empêché
à l'U.A de parvenir toute seule au règlement de la crise sans le
soutien des N.U (Première Partie). Ensuite lors de la
deuxième partie il serait intéressent de parler les perspectives
d'une paix au Darfour (Deuxième Partie)
![](Lunion-africaine-et-la-crise-du-darfour8.png)
LES OBSTACLES AUX
EFFORTS DE L'UA DANS
LE REGLEMENT DE LA
CRISE DU DARFOUR.
PREMIERE PARTIE :
Le bouleversement de l'ordre mondial intervenu au lendemain
des attentats du 11 septembre 2001 n'a pas épargné l'Etat du
Soudan. En effet après le 11 septembre, le régime de Khartoum se
sentant menacé accepta d'ouvrir des négociations avec le
mouvement rebelles de l'Armée Populaire de Libération du Soudan
(SPLA)14. Ce mouvement dirigé par le Colonel John Garang
était en conflit larvé avec l'Etat du Soudan depuis 1983. En
juillet 2002 une lueur d'espoir se dessinait à l'horizon avec la
signature du Protocole de Machakos, quand subitement des populations du Darfour
une Région occidentale du Soudan attaquèrent des installations
militaires de la ville de Goulu15. Cette insurrection prit
rapidement des proportions inquiétantes avec la prise de
l'aéroport d'El Fasher le 25 avril 2003 et la perte de quelques 70
militaires16 appartenant à l'armée soudanaise. Le
Gouvernement de Khartoum décida de réagir par la violence.
Débuta alors de ce que l'humanité appelle
aujourd'hui la crise du Darfour. Quelques 200 000 personnes payeront les frais
de cette tragédie qui ne dit pas son nom. De son coté l'Union
Africaine, par le biais de son Conseil de Paix et de Sécurité
(CPS) pour ne pas être le témoin passif de massacres ethniques en
Afrique décida de réagir. Cependant l'ampleur de la crise
était telle que cette réaction de l'U.A allait vite montrer ses
limites. En effet l'intervention de l'U.A au Darfour va confronter à
deux séries d'obstacles majeurs. La première série
d'obstacles est externe à l'U.A (Chapitre I) alors que
la deuxième série est imputable à l'U.A elle même
(Chapitre II).
14 Pour les différents rounds de
négociation cf. Axel de Waal, « une perspective de paix au Soudan
en 2002? », Politique Africaine, no 85, Paris, Karthala, mars 2002
pp93-107
15 Pour plus de détail sur cette attaque, cf. S
Fanel, Darfour : origine et bilan d'un génocide 3ème
partie, Association Sauver le Darfour,
www.sauverledarfour.org
16 Cf. Amesty International, Soudan. « Questions
et réponses »au sujet de la crise du Darfour,
www.amnesty.org
![](Lunion-africaine-et-la-crise-du-darfour9.png)
LES OBSTACLES
EXTERNES A L'UA
CHAPTRE I :
En 2004 quand la première mission de l'U.A
débarquait au Soudan elle avait la ferme volonté de régler
le conflit du Darfour. Mais très vite elle fera face aux
réalités sur le terrain. En effet l'U.A se rendit compte que
cette crise est liée en grande partie à deux facteurs essentiels
: d'une part aux origines lointaines de celle-ci (Section I)
et d'autre part à l'enjeu que la crise présente aujourd'hui pour
la sous- région mais aussi pour les grandes puissances (Section
II).
SECTION I UNE CRISE AUX ORIGINES LOINTAINES.
Pour comprendre les difficultés rencontrées par
l'U.A dans sa tentative de règlement de la crise au Darfour, il est
important de faire un décryptage de la situation du soudan dans son
ensemble. En effet ce pays de la Corne de l'Afrique a une situation
géographique extraordinaire. Avec une superficie de 2 505 800
km2 et une population de 42 292 929 (estimation 2007)17
et une mosaïque d'ethnies et de religions, le Soudan constitue aujourd'hui
de ce qu'on pourrait appeler un sous continent dans le Continent noir. Cet
état de fait a engendré une instabilité du pays depuis
1956, date de son accession à la souveraineté internationale
(Paragraphe I) avec notamment des provinces
périphériques qui sont en perpétuel conflit avec le
régime en place à l'image de celle du Darfour (Paragraphe
II).
PARAGRAPHE I : LE SOUDAN : UN PAYS INSTABLE DEPUIS
SON INDEPENDANCE.
L'Union Africaine pouvait-elle faire grande chose face
à la situation qui prévaut au Darfour ? On est tenté se
poser cette question si l'on sait qu'en 1956 quand les britanniques quittaient
le pays le Soudan commençait déjà à sombrer dans la
guerre civile. Et durant toute son existence le pays a connu des troubles. Ces
troubles sont dues à l'instabilité politique du pays
(A), mais aussi à la succession des conflits
(B).
A) l'instabilité politique du pays.
Le Soudan fait parti aujourd'hui l'un des pays les plus
instables politiquement en Afrique. En effet proclamé République
le 1er juillet 1956, le Soudan aura connu trois vagues de
démocratisation et trois vagues de dictature18.
17 Cf. Soudan fiche pays,
www.ca.encarta.msn.com
18 Cf. P P Dika, la crise du Darfour ou la
faillite de l'Etat post-colonial soudanais, Institut de Documentation et
Recherche sur la Paix ; www.institutdrp.og
La première tentative de démocratisation
résulte d'un accord signé avant l'indépendance même
du pays. En effet en 1955 deux grands partis musulmans du Nord du Soudan
exprimaient leur volonté de former un gouvernement de coalition. Il
s'agit de la UMMA et de la NUP. Leur but premier était non seulement
d'écarter le Democratic Unioniste Party (DUP) un parti
réputé être pro- égyptien mais aussi d'isoler la
Province du Sud du pays qui est une province non musulmane. Cependant les
luttes au sein du parti au pouvoir amenèrent le Président Ismail
AZHARI le premier Président du Soudan indépendant à rendre
le tablier après six mois d'exercice. Par ailleurs cet accord sema de
l'incertitude au sein des populations qui la considéraient comme non
unificateur. D'ailleurs l'accord rejetait la partie Sud, Est et Ouest dans la
périphérie.
Cette première tentative de démocratisation sera
suivie par une période de dictature. En effet deux ans seulement
après son indépendance, le Soudan connut son premier coup d'Etat.
Ce dernier orchestré le 17 Novembre 1958 par le Général
ABBOUD va ouvrir la voix à une alternance entre démocratie et
dictature.
La deuxième tentative de démocratisation est
issue des élections organisées en Avril 1965. Cependant les
gouvernements qui vont se succéder seront incapables de se mettre
d'accord sur une constitution permanente, ou de résoudre les
problèmes de la lutte entre factions, de la stagnation économique
et de la dissidente ethnique. Conséquence le pays va connaître une
série de coups d'Etats.
D'abord le 25 Mai 1969 un coup d'Etat fut orchestré et
le Colonel Gaafar Muhammad NIMEIRI devient le Premier Ministre. Ce nouveau
régime supprima le Parlement et interdit les partis politiques.
Ensuite en Juillet 1971 un autre coup d'Etat dirigé par
le Parti Communiste Soudanais est mené. Cependant quelques jours
après, des troupes anti-
communistes restaurèrent le Président NIMEIRI.
Ce dernier instaura un régime militaire jusqu'en 1985.
La troisième vague de démocratisation intervient
par un autre coup d'Etat. En effet à la suite d'une pénurie de
pain et d`essence, le Général Souwar AdDAHAB restaura un
gouvernement civil. Cette troisième vague de démocratisation va
à l'image de ses prédécesseurs s'achever par un autre coup
d'Etat.
La dernière étape débuta par un coup
d'Etat orchestré par les Frères Musulmans pourtant ayant obtenu
seulement 10% des voix lors des élections précédentes. Ce
dernier coup d`Etat qu'a connu le Soudan fut perpétré le 30 juin
1989 et le Général Omar El BEHIR en devient le Président.
Au total avec cinq coups d'Etats opérés et une mutinerie, le
Soudan est devenu l'un des pays les plus instables politiquement en Afrique.
Aujourd'hui près de 20 ans après le dernier coup
d'Etat le pays se cherche toujours. En effet certes des élections sont
organisées au Soudan notamment en 1996 et en 2000 mais celles-ci
à l'image de beaucoup d'autres élections qui sont
déroulées dans le Continent ne rendent pas forcément le
régime en place démocratique. Par ailleurs il est important de
savoir que depuis 2000 des élections ne sont pas organisées au
Soudan et c'est toujours le même régime que certains
n'hésitent pas à qualifier d'islamiste qui gouverne. Ceci a
engendré des conflits à ne plus finir.
B) la succession des conflits
L'autre mal qui rend l'intervention de l'U.A au Darfour
difficile c'est bien sftr la chronique des guerres civiles dans l'Etat
soudanais depuis son indépendance. En effet les conflits au Soudan ne
datent pas d'aujourd'hui et leur origine est à rechercher dans
l'idée de Pierre François Gonidec lors qu'il estime que parmi les
conflits africains nous avons : « ceux qui sont liés au
phénomène colonial plus
précisément aux conditions de la
décolonisation »19. En outre c'est en 1955, alors que
les britanniques n'avaient pas totalement évacué le pays, que
l'annonce d'un remplacement de leurs officiers par des arabes avait
provoqué la mutinerie de l'Equatoria Corps ; une unité militaire
composée de soldats noirs. S'ensuivirent dix-sept années de
guerres entre la Province Sud animiste à 25% et le régime de
Khartoum auxquelles mit fin l'Accord de Paix d'Addis-Abeba en Février
1972. Cet accord donnait aux trois provinces méridionales une relative
autonomie dans un cadre confédéral. Mais la découverte en
1979 de gisements de pétrole dans cette partie sud et le percement un an
plus tard d'un énorme canal destiné à
récupérer l'eau du Nil au profit de l'Egypte amenèrent le
président NIMEIRI à abroger unilatéralement l'accord
d'Addis-Abeba.
La guerre reprit de manière plus belle lorsqu'en 1983
une nouvelle fois, des unités noires de l'armée soudanaise se
soulevèrent contre leur commandement arabe. Le Colonel John Garang en
prit la tête et créa l'Armée Populaire de Libération
du Soudan (SPLA). Débuta ainsi la deuxième guerre du Soudan.
Après plusieurs tentatives de négociations
infructueuses durant les années 1990, Khartoum accepta de
négocier sérieusement avec le mouvement de John Garant au
lendemain des attentats du 11 Septembre 2001. En effet le régime de
Khartoum que beaucoup d'occidentaux considèrent comme islamiste
s'inquiétait d'une éventuelle intervention militaire
américaine car il avait eu à apporter son soutien à
Al-Qaida20 lors de sa création. Selon certaines sources
même Ossama Ben LADEN a eu à séjourner au Soudan à
plusieurs reprises. Son départ a coïncidé avec le limogeage
du Président de l'Assemblée Nationale à savoir, le
principal inspirateur du parti islamiste, le Congrès Populaire (CP),
Hassan Al TOURABI, qui était son « tuteur » au Soudan. Al
TOURABI est celui-là même qui avait aidé à l'actuel
président à s'installer au pouvoir en 1989.
19 P F Gonidec, les relations internationales
Africaines, Paris LGDJ, EJA 1996, P. 148
20 Cf. Gérard Prunier, paix fragile et
partielle au soudan, le Monde Diplomatique Archives février 2005,
www.monde-diplomatique.fr
En Juillet 2002 les négociations qui se tiennent au
Kenya permirent de signer le Protocole de Machakos. Mais c'est le 09 Janvier
2005 que des Accords de Paix furent signés entre Khartoum et le
mouvement de la SPLA.
Cependant cet accord de paix de 2005 fut plein de
conséquences pour le Soudan. En effet en février 2003 pendant que
la paix était recherchée dans la Province Sud, les populations de
la Province du Darfour se révoltèrent contre le pouvoir central.
Cependant là aussi cette révolte n'est que la goutte qui a fait
déborder le vase. En outre cette partie occidentale du Soudan a toujours
vécu dans la tourmente.
Les premières troubles du Darfour commencèrent
entre 1979 et 1985. En effet pendant cette période la sécheresse
a été particulièrement forte au Darfour et elle avait
ainsi entraîné une mutation de la transhumance des
éleveurs. Les populations du Darfour Nord et du Darfour Ouest avaient
pris l'habitude de migrer vers le Sud pour y pâturer leurs troupeaux. Le
centre de la province était également épargné par
la sécheresse du coup il devient lui aussi le lieu de convoitise des
nomades arabes. Cette sédentarisation des peuples arabes a ainsi
aggravé les conflits traditionnels entre des populations ayant des modes
de vie différents21 (agriculteurs sédentaires et
éleveurs nomades). Par ailleurs certains éleveurs devenant
agriculteurs en s'appropriant des terres des populations autochtones alors que
ces derniers entreprirent d'élever leurs propres animaux, les
affrontements pour la possession de la terre étaient inévitables.
Ainsi des conflits sporadiques se produisaient régulièrement
entre les deux groupes en particulier au milieu des années 1990 et
toujours les milices arabes (janjawids) en sortaient victorieuses. Cette
situation va amener en février 2003 deux groupes armés issus des
ethnies sédentaires à commencer à combattre les forces de
sécurité du gouvernement du fait que celui-ci ne les
protégent pas contre les attaques des milices arabes. Ces deux groupes
armés adoptèrent l'appellation de Mouvement/ Armée de
Libération du Soudan (M/ALS) composé de Zaghawas
21 Cf. Pierre-Paul Dika, La crise du Darfour...,
op.cit., p.11
(Tribus vivant des deux cotés de la frontière
tchado soudanaise) et de fours. Ils seront rejoints plus tard par le Mouvement
pour la Justice et l'Egalité un autre mouvement composé de
différentes ethnies non arabes du Darfour. Ainsi commença la
crise qui sévit actuellement au Darfour.
Ce qu'on peut retenir de cette crise ce qu'elle n'est que la
conséquence logique de la manière dont le Soudan a
accédé à la souveraineté
internationale22 et la suite logique de l'enfoncement du Soudan dans
la violence. En effet l'analyse de la situation du Soudan depuis son
indépendance nous permet de constater que le pays avec ses cinq coups
d'Etat n'a pas connu de guerre civile que durant la période 1972 - 1983.
Par ailleurs quelle est la responsabilité des différents
régimes qui se sont succédés dans cette instabilité
chronique du pays ?
PARAGRAPHE II : LA CRISE DU DARFOUR : UNE CONSEQUENCE
DE LA FRAGILITE DU SYSTEME POLITIQUE SOUDANAIS.
La crise qui secoue actuellement le Darfour illustre de
l'inefficacité du système politique adoptait par le Soudan depuis
son indépendance. Aujourd'hui beaucoup de provinces ne se retrouvant pas
dans ce système, se sentent marginalisées. C'est à l'image
de celle du Darfour qui a déclenché une guerre civile contre le
régime en place. Dans cette partie nous mettrons l'accent sur le
fondement du système politique soudanais adopté en faveur des
provinces (A) mais aussi sur l'inadaptation de ce
système par rapport aux réalités du pays
(B).
A/ le fondement du système politique
soudanais
L'ampleur de la crise qui se déroule actuellement au
Darfour est la conséquence d'un système politique soudanais
toujours en construction. En effet au lendemain de son indépendance, le
Soudan a voulu adopter un système politique basé sur un
gouvernement fédéral qui visait l'unité du pays et la
direction de la politique générale. Cependant cette aspiration va
rencontrer l'opposition des
22 P F Gonidec, Les Relations Internationales
Africaines, .. .Op. , Cit., p. 148
régions périphériques dont le Sud et le
Darfour qui souhaitèrent le maintien de leur spécificité
culturelle et religieuse et au partage des ressources
économiques23. Malgré tout l'Etat soudanais a
entrepris des initiatives pour une meilleure administration du pays.
La première initiative fut l'autonomie qui a
été accordé à la Province du Sud. En effet c'est la
Province du Sud sous le régime du Général NIMEIRI qui fut
la première à bénéficier d'une autonomie obtenue
suite à l'Accord d'Addis-Abeba de 1972. Cette année marqua le
point de départ de l'expérience de l`autonomie régionale
du pays, par la loi sur l'autonomie régionale des provinces du Sud. Par
la suite une autre région, celle du Kordofan (centre du pays) va
bénéficier d'une dévolution du pouvoir. Cependant la
reprise de la guerre en 1983 par les populations du Sud poussera les
autorités de l'époque à abroger cette loi portant sur
l'autonomie.
La deuxième initiative correspond à la prise du
pouvoir le 30 juin 1989 par le Président Omar Al BECHIR. En effet une
fois arrivé au pouvoir, ce nouveau régime qui se veut consensuel,
global et cohérent va activer le projet fédéraliste qui a
été abandonné par l'ancien régime. Par ailleurs le
régime de 1989 fait le règlement de la question du Sud l'objet de
sa prise du pouvoir. Le nouveau projet fédéral que le
Président BECHIIR instaure, se veut l'expression du désengagement
de l'Etat bien que les organes du gouvernement soient nommés par le
pouvoir et pas élus par le peuple. L'objectif affiché est une
meilleure répartition du pouvoir et des richesses, d'impulser le
développement et de résoudre la question des rapports entre la
religion et l'Etat. Ainsi le nouveau système politique adopta des
décisions salutaires qui reposent sur trois piliers : la charia au Nord,
la démocratie participative et le système fédéral.
Tout ceci sera concrétisé par le décret constitutionnel du
04 Février 1991 qui va diviser le pays en 9 Etats
fédérés, Darfour en trois sous - Etats et le Sud en neuf
avec la dotation de chaque Etat d'un budget et d'une personnalité
propre, l'engagement
23 Cf. Pierre-Paul Dika, La crise du Darfour..., op.
Cit. p. 2
de l'Etat central à reverser 20% de ses ressources pour
assurer le fonctionnement de la décentralisation et le retour de
l'administration indigène.
Mais des difficultés vont survenir au niveau de
l'application de ce décret. D'un coté l'Etat n'a pas
respecté ses engagements puisque constatant que le Sud est une
région riche en pétrole il a voulu dissocier le
fédéralisme politique et le fédéralisme
économique. D'un autre coté, le Sud a vu dans ce décret
une façon de mettre en compétition leurs valeurs locales et
régionales aux valeurs universelles. Conséquence ils ont
opté pour la continuation de la guerre et ce n'est qu'en 2002 qu'ils ont
accepté de négocier avec le régime de Khartoum. Cependant
en obtenant de grandes concessions pour leur Province, ils venaient de montrer
« la voix à suivre » pour se faire reconnaître dans cet
immense Etat, à la Province du Darfour.
Démontrant ainsi de l'inefficacité du
système politique soudanais dans ses rapports avec les provinces
périphériques.
B/ L'inadaptation du système par rapport aux
réalités du pays
« L'inadaptation des structures politiques africaines est
révélée à la fois par l'existence de formes d'Etat
qui ne reflètent pas les caractéristiques des
sociétés africaines et d'un appareil d'Etat »24.
Ces propos trouvent aujourd'hui toute leur véracité dans la
situation qui prévaut au Soudan. En effet La tourmente dans laquelle le
Soudan vit depuis 1956 démontre que le régime en place n'a pas
toujours trouvé un système politique adapté aux
réalités du pays. En outre pour pouvoir apprécier le
fédéralisme institué par le Front National Islamique
(FNI)25, nous nous sommes intéressés au fonctionnement
de celui-ci. Par ailleurs ce fédéralisme régit par le
décret constitutionnel de 1991 avait divisé le Soudan en 9 Etats
fédérés, qui reprennent les contours des anciennes
provinces. Ce décret sera complété par celui de 1994 qui
va désormais diviser le pays en 26 Etats
24 P F Gonidec, Les Relations Internationales
Africaines, ~Op. , Cit., p. 17
25 C'est ce front qui avait pris le pouvoir en juin
1989 et c'est lui qui gouverne toujours le Soudan avec comme chef de file le
Président Omar Al BECHIR
(voir carte p. 26). Le fédéralisme adopté
par le Soudan avait doté à chaque entité
fédérée un exécutif et une assemblée locale
:
L'Etat fédéré ou Wilaya était
gouverné par un gouverneur ou Wali, un gouverneur adjoint et des
ministres. Tous ces membres de cette administration locale étaient
nommés par le chef de l'Etat. Ils font serment d'allégeance au
régime et s'engagent à respecter les décrets
constitutionnels et la loi. Justement c'est là ou l'analyse du
fédéralisme soudanais est intéressent. En effet un
fédéralisme dans lequel les dirigeants locaux sont nommés
et non élus par les populations de la localité ne peut bien
fonctionner. Par ailleurs dans un fédéralisme l'objectif
visé est de laisser la gestion des affaires locales aux populations
elles même. Dans ce cas toute équipe venue de l'extérieur
peut être considérée comme une intruse et peut être
rejetée par la population. Ce qui peut crée des tensions entre
l'équipe dirigeante et la population locale. On se demande aujourd'hui
si ce n'est pas là où réside tout le mal du Soudan qui
semble ne pas vouloir laisser les provinces la gestion de leurs affaires alors
que le pays est fédéral. C'est pourquoi Marc Lavergne n'a pas
hésité à déclarer que « le terme d'Etat
fédéré paraît donc abusif, et na que des rapports
lointains avec les modèles auxquels il est fait référence,
comme le Canada, l'Australie, le Brésil, le Nigeria...
»26.
L'autre élément de ce fédéralisme
à la « soudanaise » c'est l'Assemblée
Représentative. En effet dans ce système chaque Wilaya est
dotée d'une Assemblée, chargée de la choura,
c'est-à-dire le « le conseil » de l'exécutif et des
fonctions législatives notamment l'adoption de textes
législatifs. Les membres de l'assemblée sont élus, promus
ou choisis selon une procédure très complexe, qui se veut une
transposition d'un « modèle islamique »27. Ces
membres s'engagent à travailler sans aucune attache partisane. La
durée des législatures est de deux ans à partir de la
première séance mais celle-ci peut être étendue
de
26 Cf. M Lavergne, le nouveau système
soudanais ou la démocratie en trompe l'oeil, Politique Africaine,
no 66, juin 1997, pp.23-38
27 Pour plus de détails Cf. M Lavergne. ,
Ibid., pp.23-38
deux ans encore par un simple décret pris par le chef
de l'Etat. Là encore le système mérite une
réflexion. En effet comment un décret présidentiel peut
prolonger le mandat des députés élus au niveau local et
sensés représentés des populations à la base. Cela
ne revient t-il pas à dire que pour la deuxième
législature les membres de l'Assemblée locale sont nommés
par le chef de l'Etat au même titre que les membres de l'exécutif
fédéral ?
En tout état de cause deux données fondamentales
semblent militer en faveur d'un système fédéral au
Soudan : c'est d'abord la superficie du pays. En effet avec 2,5 millions de
km2 le Soudan fait cinq fois la France et devient en même
temps le plus grand pays d'Afrique et du monde Arabe. C'est
ensuite la diversitédu pays. En effet avec une population aux quatre
cinquième rurales et divisée en
nombreux groupes ethniques, communautés linguistiques,
obédiences religieuses et genres de vie, le Soudan détient
aujourd'hui une donnée démographique très complexe.
Ces deux données auraient du permettre au régime
d'imaginer des réformes plus adaptées aux réalités
du pays. Cela pouvait, peut être évité la situation dans
laquelle l'Etat se baigne depuis 2003 avec notamment la crise du Darfour. Crise
qui présente aujourd'hui beaucoup d'enjeux.
![](Lunion-africaine-et-la-crise-du-darfour10.png)
SOURCE : Cf. M Lavergne, le nouveau
système soudanais ou la démocratie en trompe l'oeil,
Politique Africaine, no 66, juin 1997, pp.23-38
SECTION II : L'ENJEU DE LA CRISE DU DARFOUR
L'U.A fait face aujourd'hui au Darfour une crise très
difficile à gérer. En effet en 2003 quand la crise
éclatait, nombres d'observateurs avaient essayé de créer
des dissemblances avec le conflit du Sud. Très vite ils se rendirent
compte que ces deux guerres avaient presque les mêmes origines. Ce qui va
nous pousser légitimement à voir dans cette partie les
revendications de la Province du Darfour (paragraphe I) mais
également à s'interroger sur l'enjeu que cette crise
présente en dehors du territoire soudanais (paragraphe
II)
PARAGRAPHE I : LES REVENDICATIONS DE LA PROVINCE
DU DARFOUR
Le facteur déterminent de la crise du Darfour c'est
bien sür la volonté des mouvements rebelles à aller jusqu'au
bout de leurs revendications. En effet ces mouvements motivés par la
satisfaction des revendications de la Province du Sud ont également
axé les motifs de leur insurrection sur deux points essentiels à
savoir sur la meilleure répartition des ressources (A)
mais aussi sur une participation aux instances de décision
(B).
A/ Une meilleure répartition des ressources
Ce qui se passe actuellement au Soudan ressemble à ce
que le Professeur Mamoudou Gazibo appelle « les conflits africains,
produits de stratégies de politiciens investisseurs
»28. En effet selon cet auteur « le motif
ethnique comme source intrinsèque des conflits africains doit être
nuancé en termes d'acteurs. Car il s'agit plutôt d'une
instrumentalisation politique des acteurs de ce clivage ethnique
»29. Si l'on se fit à cette analyse du Professeur
Gazibo l'on se rend compte que le Darfour a certes connu dans le passé
des situations d'affrontements entre éleveurs et agriculteurs mais
parallèlement se développait
28 . M Gazibo, Introduction à la politique. ,
cit. , p.129
29 M Gazibo, introduction à la politique...,
Ibid., p. 129
le recours aux mécanismes traditionnels de
réconciliation. D'ailleurs ces genres d'affrontements sont
fréquents dans la zone sahélienne du Sénégal au
Soudan30. Donc comme le dirait Marc Lavergne « le conflit
du Darfour n'est pas racial »31. . En effet selon Lavergne
il s'agit d' « une guerre d'exploitation économique
»32. Puisque le pays dispose des ressources naturelles
énormes.
D'abord le pays est riche en pétroles car selon les
prévisions du Forum des Marxistes Révolutionnaires la production
pétrolière s'élèverait à quelques 500.000
barils par jour33. Cependant les revenus de ce produit qui pourtant
provient en grande partie des provinces sont inégalement
répartis. En effet selon toujours Marc Lavergne : « les
darfouriens n'ont jamais profité de la manne pétrolière,
en dépit du sous développement de cette localité
laissée à la merci des autorités de Khartoum
»34.
Ensuite l'autre richesse du Soudan c'est l'agriculture. Les
principaux produits agricoles sont le coton, le sésame, l'arachide, la
gomme arabique dont le Soudan est le premier producteur mondial et le sucre
(troisième producteur en Afrique)35. Cependant là
aussi cette richesse pose problème. En effet les grandes compagnies
agro-industrielles du Golf, saoudiennes, émirats~sont détentrices
des dizaines de milliers d'hectares qui leur étaient octroyées
par le Général NIMEIRI depuis les années 1960. Cette
agriculture soudanaise se développe selon un modèle capitaliste.
Les populations pauvres des provinces telles que le Darfour sont
dépossédées de leurs terres au profit de ces
compagnies.
Aujourd'hui l'un des points d'achoppement entre Khartoum et
les mouvements rebelles du Darfour réside sur ces richesses du pays que
le régime en place veut exploité en marge de la Province. Ceci
est d'autant plus vrai que la crise a éclaté
30 Cf. Anne-Marie Impe, Le Contexte des populations
marginalisées ; Enjeux Internationaux,
www.enjeuxinternationaux.org
31 Cf. Marc Lavergne, Le conflit du Darfour n'est pas
racial ;
www.marc.lavergne.com
32 Cf. Marc Lavergne, Le conflit du.., Ibid
33 Cf. Forum des Marxistes Révolutionnaires,
Soudan/ Darfour, Les enjeux de la crise ;
www.revolutionceleonet.fr
34 Cf. Marc Lavergne, Le conflit du ..., Ibid
35 Cf. Forum des Marxistes Révolutionnaires..,
Ibid
lorsque les populations du Darfour ont senti que leur
localité pouvait être exclue du Protocole de Machakos de 2002.
Pour finir nous dirons que parmi toutes ces richesses, le
pétrole constitue l'élément le plus déterminant de
ce conflit. En effet c'est la découverte de ressources
pétrolières dans la province qui suscitent de nombreuses
convoitises de la part des grandes puissances telles que la Chine et les
Etats-Unis d'Amérique.36 Cependant les rebelles ont
également une autre revendication.
B/ Une participation aux instances de
décision
En dehors des revendications fondées sur la
répartition équitable des ressources du pays, les mouvements
rebelles réclament également une relative autonomie de leur
Province. En effet les conflits africains d'après guerre froide
s'expliquent en grande partie par la lutte pour l'autonomie gouvernementale.
Lorsque des mécanismes illégitimes sont institués pour
verrouiller l'accession au pouvoir et la gestion des ressources, la lutte pour
le pouvoir ne peut être que violente37. Dans cette situation
il en résultera deux groupes au sein de l'Etat : les insiders qui
profitent du système instauré et des avantages et qui ne
souhaitent jamais le départ du régime, et les outsiders qui en
sont exclus.
Cette forme de gestion a conduit au développement de
larges espaces de non- droit auxquels les populations tentent de se soustraire
et à l'exacerbation des antagonismes en raison de l'exclusion de groupes
entiers tels (politiques, ethniques, religieux ou régionaux) de la
gestion des ressources étatiques38. Au Soudan c'est
plutôt l'exclusion des populations des régions qui pose
problème. En effet depuis 1956 Khartoum aurait une tendance
marginalisant des Provinces comme l'illustrent ces deux guerres contre la
Province du Sud.
Aujourd'hui c'est la Province du Darfour qui est dans ce
collimateur. En effet cette Province occidentale du Soudan a pris les armes
en 2003 au moment où un
36 CF Article de Wikipédia, Guerre Civile au
Darfour ;
www.wikipedia.org
37 Cf. P. E Bakong et M. Gazibo, les nouveaux
conflits..., op. Cit. p. 106
38 Cf. P. E. Bakong et M. Gazibo, les nouveaux
conflits..., Ibid..., p. 107
accord de paix définitif entre le pouvoir central et le
mouvement SPLA s'apprêtait à être signé. Cet Accord
octroyant une autonomie à la Province Sud du pays a incité le
Darfour à se révolter réclamant lui aussi une autonomie
pour sa Province. Cela montre du coup que le problème fondamental du
Soudan réside dans le monopole du pouvoir par une petite élite
composée d'arabes de la vallée du Nil et non pas un
problème religieux. Le Darfour, en effet, est à 100% musulman, et
la guerre civile qui s'y déroule depuis cinq ans n'est pas le fait d'une
lutte « arabes contre africains », comme on l'a trop souvent
écrit39. En effet selon Anne-Marie Impe la distinction entre
tribus « arabes » et « négroafricaines » est plus
délicate qu'il n'y paraît : un étranger aurait du mal
à distinguer un Arabe du Darfour d'un Africain, ce qui montre que
l'identification est plus culturelle que raciale »40
Par ailleurs l'intervention de l'U.A pour apaiser cette crise
rencontre un obstacle majeur au Darfour. Celui des deux grandes mouvements
rebelles l'ALS et le MJE déterminés à aller jusqu'au bout
de leurs efforts. Cependant l'autre élément qui rend
également l'intervention de l'U.A difficile c'est bien sür l'enjeu
que la crise présente en dehors du Soudan.
PARAGRAPHE II : l'ENJEU EXTERIEUR DE LA CRISE
Pour comprendre réellement ce qui se passe au Darfour,
il est important de retracer la position géographique du Soudan dans le
continent africain. En effet si l'on sait que le pays a comme Etats limitrophes
le Tchad, l'Egypte, l'Ethiopie, la Somalie, l'Ouganda, la Libye la
République Démocratique du Congo, la République
Centrafricaine et le Kenya, l'on peut imaginer aisément l'ampleur que la
crise du Darfour pourrait présenté (voir carte ci-dessous). Ceci
est d'autant plus vrai que nous avons choisi de classer ces Etats en deux
catégories. Dans la première catégorie nous avons le
Tchad, l'Ethiopie, la Somalie la RDC,
39 Cf. Gérard Prunier, Paix Fragile et
Partielle au Soudan, le Monde Diplomatique, Archives février 2005 ;
www.monde-diplomatque.fr
40 Cf. A. M. Impe, le Contexte des
populations.......op. Cit.
l'Ouganda, le Centrafrique et le Kenya. Ce groupe est connu par
son instabilitépolitique. Dans la deuxième
catégorie nous avons la Libye et l'Egypte très influents dans
les relations internationales. Cependant dans le cadre de notre étude
nous évoquerons uniquement les rapports de la crise avec le Tchad et
la République Centrafricaine du fait que ce sont ces deux Etats qui
sont les plus concernés par le conflit (A). Par
ailleurs la crise suscite également beaucoup d'intérêts
pour les puissances étrangères (B).
![](Lunion-africaine-et-la-crise-du-darfour11.png)
Source : Accueil : aménagement Linguistique dans
le Monde, Le Soudan,
www.tlfq.ulaval.ca
A / L'enjeu sous-régional de la crise du
Darfour.
Les obstacles rencontrés par l'U.A dans son
intervention au Darfour s'expliquent en grande partie du fait que le conflit ne
se passe pas uniquement à l'intérieur des frontières
soudanaises. En effet ce conflit a des liens avec le Tchad et la
République Centrafricaine deux Etats frontaliers du Soudan.
D'abord les liens du conflit avec L'Etat tchadien peuvent
avoir deux raisons. Il peut s'agir des raisons politiques. En effet le
Président tchadien jusqu'en 2006 était le principal facilitateur
du dialogue inter- soudanais. Ceci peut avoir une triple explication :
La première explication tient au fait qu'en 1990 c`est
le Darfour que le Président Idris Deby avait utilisé comme base
arrière pour venir renverser le régime de Hisséne
Habré. Il doit alors « rendre la monnaie » aux darfouriens
étant donné même que l'ex chef militaire de l'ALS Abdallah
Abakhar avait largement contribué à sa victoire.
La deuxième explication réside dans ce que,
Patrice Emery et Mamoudou Gazibo appellent « les conflits africains
produits des découpages coloniaux des Etats africains
»41. En effet selon ces auteurs des groupes aux traits
culturels identiques et ayant toujours vécus ensembles se trouvent
aujourd'hui séparés par la tracée arbitraire des
frontières. Cette donne justifie aujourd'hui largement
l'indifférence du conflit darfourien vis-à-vis de l'Etat
tchadien. En effet d'origine Zaghawas, comme nombre de ses officiers, le
Président tchadien a subi des pressions pour arrêter les exactions
auxquelles sont soumises ses « cousins » soudanais42. La
troisième explication politique qui lien le Tchad et la crise du Darfour
demeure la rivalité qui existe entre les deux Etats. En effet le Soudan
et le Tchad s'accusent mutuellement de soutenir leurs rebelles respectifs. Le
Tchad critique les incursions des milices arabes qui pourchassaient les
populations noires à l'intérieur des frontières
tchadiennes.
41 P. E. Bakong et M. Gazibo, les nouveaux
conflits..., op. Cit. p. 103
42 Cf. Mamoudou Gazibo, Introduction à la
politique..., op. Cit. p.148
Pire Khartoum est accusé par Ndjaména d'avoir
aidée la grande offensive rebelle qui a failli renverser le
Président Deby au début de l'année 2008. De son
coté non seulement le territoire tchadien est considéré
par le Soudan comme une base arrière de l'ensemble des mouvements
rebelles du Darfour mais également le régime de Deby est
perçu comme ayant formaté l'offensive menée par le
Mouvement pour la Justice et l'Egalité vers Khartoum au début du
mois d'avril 2008. Conséquence aujourd'hui il n'y a plus de relations
diplomatiques entre Ndjaména et Khartoum, alors même que les deux
Etats venaient de signer un accord de paix à Dakar au mois de mars de la
même année.
Ensuite le Tchad joue un rôle non négligeable
dans la crise du Darfour notamment dans le domaine humanitaire. En effet les
populations civiles du Darfour qui subissent des violences sur leur territoire
trouvent refuge sur le territoire voisin notamment du Tchad. Aujourd'hui, les
estimations s'élèvent à quelques 500 000 personnes qui se
sont réfugiées ou déplacées à l'Est du Tchad
à cause des exactions commises au Darfour43.
En dehors du Tchad le conflit du Darfour a également
des répercussions sur la République Centrafricaine. En effet le
30 octobre 2006, le Gouvernement centrafricain a accusé le Soudan
d'agression après l'attaque et l'occupation de deux départements
du Nord-Est par un mouvement rebelle présenté comme
bénéficiant du soutien de Khartoum.
En définitive le fait que le conflit du Darfour
soulève aujourd'hui tant de bruits entre le Soudan et ses voisins les
plus immédiats ne facilite pas un règlement pacifique de
celui-ci. Conséquence la Mission de l'Union africaine au Soudan (AMIS)
qui a prit aujourd'hui la dénomination de la MINUAD rencontre
d'énorme difficultés pour parvenir à une solution
pacifique de la crise. L'autre élément explicatif de l'ampleur de
cette crise est le fait qu'elle est largement entretenue par des puissances
étrangères qui trouvent leurs intérêts dans
celle-ci.
43 Cf. Xavier Zeebroek, Pamphile Sebahara et Federico
Santopinto, Darfour, Tchad, Centrafrique des processus de paix à
l'épreuve du feu, in Groupe de Recherche te d'information sur la Paix et
la Sécurité,
www.grip.org
B / Le rôle des acteurs internationaux dans la
crise du Darfour
Répondant un jour à une question posée
par un journaliste, le Président sénégalais son excellence
Maître Abdoulaye Wade disait : « je ne sais pas si je dois dire
heureusement ou malheureusement mon pays le Sénégal ne dispose
pas de pétrole ». Cette phrase résume en grande partie
la situation qui prévaut au Darfour. En effet tout se tourne au tour de
cette ressource naturelle qui est le pétrole. Par ailleurs si l'on en
croit au Professeur M Gazibo les conflits africains sont les produits de
l'ingérence de tierces parties notamment les pays et firmes
occidentales44. Ceci est d'autant plus vrai que la plupart des pays
africains disposant de ressources naturelles sont dans des conflits internes ou
dans une instabilité politique. Ainsi on peut citer les exemples de la
Cote d'Ivoire qui dispose du café et du cacao, de l'Angola qui est
regorgé d'énormes gisements pétroliers, de la
République Démocratique du Congo qui est réputé
pour son cuivre, son zinc et son cobalt, du Soudan qui est connu pour sa
richesse en pétrole~la liste est loin d'être exhaustive.
Pour ce qui est du Soudan, il faut dire que tout est parti de
1980 lorsque l'entreprise américaine Chevron découvre que la
partie méridionale du pays dispose d'importantes réserves de
pétroles. Le Président de l'époque Gafar NIMEIRI
décide alors d'abroger un accord qui faisait de cette partie du pays une
région autonome et l'intègre de force au Soudan. Le mouvement
rebelle (SPLA) décida alors de prendre à nouveau les armes. La
guerre reprit ainsi en 1983. Cependant Chevron qui avait commencé
à exploiter les champs pétroliers fut la cible de plusieurs
attaques et de massacres répétés et suspend ainsi le
projet en 1984. En 1992 il vendit ses concessions de pétroles
soudanaises. La Chine commença alors à développer les
champs abandonnés par Chevron en 1999 avec des résultats
notables45. La société américaine décide
de s'implanter au Tchad
44 Cf. Mamoudou Gazibo, Introduction à la
politique...., op., cit., p.132
45 Cf. Soudan/ Darfour, Les enjeux de la crise op. ..
.op.cit,
voisin du Soudan pour exploiter son pétrole. Cependant
l'Etat tchadien commence aujourd'hui à regarder aussi vers la Chine.
Pour les Etat -Unis il faut donc soutenir le mouvement rebelle
de Minni Minnawi Arkoi (ALS) comme en témoigne l'audience que le
Président BUSH a accordée à ce dernier le 25 juillet 2006,
pour que ce mouvement prenne le contrôle des ressources
pétrolières du coup écarter la Chine.
Pour la Chine de son coté il n'est pas question de
laisser aux américains contrôler le pétrole partout dans le
monde, particulièrement en Afrique46. Par ailleurs la
région centrale entre le Tchad et le Darfour est une priorité
pour Pékin En effet la Chine prend entre 65 % à 80% des 500.000
barils/ jour de production du Soudan. C'est donc 8% du pétrole chinois
qui provient du Soudan du coup Khartoum est devenu le quatrième
fournisseur de pétrole de la Chine47.
Aujourd'hui les auteurs n'ont pas hésité
à qualifier cette confrontation interposée entre Washington et
Pékin d'une « nouvelle guerre froide » pour le pétrole.
Cette donnée objective a mis l'U.A dans une position non confortable
dans son intervention au Darfour. Par ailleurs c'est l'ensemble de ces
éléments qui ont confiné la MUAS dans un immobilisme
paralysant la poussant jusqu'à avouer son incapacité à
résoudre seule la crise. Cependant la plupart des obstacles
rencontrés aujourd'hui sur le terrain sont également imputables
à l'U.A elle-même.
46 Cf. F. William Engdahl......
47 Cf. Soudan/ Darfour, Les enjeux de la crise
ibid.
![](Lunion-africaine-et-la-crise-du-darfour12.png)
CHAPTRE II :
LES OBSTACLES
INTERNES A L'UA
Depuis sa première mission de maintien de la paix au
Tchad qui se situe entre 1979 et 1982 en passant par les missions d'observation
organisées au Rwanda en 1991 avec le Groupe neutre d'observateurs
militaires (GNOM), au Burundi avec l'envoie de la Mission pour la protection et
le rétablissement de la confiance (MIPROBU) en novembre 1993..., les
opérations de maintien de la paix (OMP) n'ont jamais étaient un
succès pour la défunte OUA. Aujourd'hui avec l'avènement
de l'U.A, tout espoir était permis que l'Afrique allait enfin être
autonome sur ce domaine. Cependant avec le soutien sollicité par la Muas
aux NU, pour pouvoir continuer ses activités au Darfour,
l'humanité se rend compte que les vieilles habitudes n'ont pas
changé. C'est pourquoi William Assanvo n'a pas hésité
à dire que « le chemin à parcourir pour
développer des capacités dans le domaine de la
sécurité et de la stabilité [...] pour en devenir l'acteur
à part entière est parsemé d'embûches et
caractérisé par des avancées et reculs, des moment de
doute »48. En effet les difficultés
rencontrées au Darfour mise à part la nature du conflit
lui-même, ont principalement deux raisons. La première est due
à la façon dont la Muas a été
élaborée (section I). La deuxième raison
a pour fondement le traditionnel problème de moyens (section
II).
48 CF. W Assanvo, l'Afrique à
l'épreuve du maintien de la paix, op. Cit.
SECTION I : LA MUAS : UNE MISSION VOUEE A L'ECHEC.
Au lendemain de l'Accord de cessez- le- feu signé
à N'djaména le 08 avril 2004 entre les autorités
soudanaises et les rebelles du Darfour, le CPS de l'U.A prit d'urgence des
mesures pour envoyer des observateurs dans la Province. Cette mission qui aura
comme nom la Mission de l'Union Africaine au Soudan (MUAS ou AMIS sous son
acronyme anglais) était chargée de ramener la paix au Darfour.
Cependant quatre ans depuis le début de ses activités, la MUAS
est toujours au stade embryonnaire au point de solliciter le soutien des
Nations Unies. Il s'agira d'abord dans cette partie de monter que la dimension
de la crise est très grande par rapport à une organisation qui
vient à pêne de « naître » (paragraphe
I). Ensuite de prouver que l'U.A avait une tendance
négligente de la crise au départ (paragraphe
II).
PARAGRAPHE I : UN MANQUE D'EXPERIENCE DANS LE DOMAINE DU
MAINTIEN DE LA PAIX.
La volonté des africains de régler leurs propres
conflits a toujours été présente dans l'esprit des
dirigeants. Et cela s'est matérialisé avec l'ancienne Commission
de Médiation de Conciliation et d'Arbitrage et avec l'ex
Mécanisme de Prévention de Gestion et de Règlement des
Conflits. Cependant les actes posés par ces deux organes dans le domaine
du maintien de la paix n'ont pas produit un grand succès. Aujourd'hui
avec la mise sur pied du Conseil de Paix et de Sécurité de l'U.A
beaucoup d'espoir vient de renaître. C'est ainsi que cet organe qui a vu
le jour en plein conflit du Darfour n'a pas hésité à
constituer une mission de paix. Mais ce fait non négligeable constitue
aujourd'hui l'une des principales limites de la MUAS au Darfour
(A). On se demande également vu la réaction
tardive de l'U.A si celle-ci pouvait mieux faire (B).
A / Le CPS : un organe jeune pour résoudre une
telle crise.
L'Acte Constitutif de l'U.A est entrée en vigueur en
juillet 2002. Dans cet acte iiétait prévu de la mise
sur pied du CPS. Le Protocole portant création de ce CPS
est entré en vigueur le 26 décembre 2003 et son
lancement officiel a eu lieu le 25 mai 2004. C'est sur le fondement de ce
protocole que l'U.A est intervenue au Soudan. En effet à travers ce
conseil les dirigeants africains affirment leur volonté de jouer un
rôle plus actif dans la prévention et la résolution des
conflits et crises et plus généralement dans la promotion de la
sécurité et de la stabilité du continent49.
Dans l'objectif de réaliser cet ambitieux projet, le CPS a crée
une mission de maintien de la paix au Soudan. Cependant cette première
expérience de cet organe a toutes les difficultés du monde
à arriver au bout de cette crise. Cela peut être du à deux
raisons fondamentales :
La première raison concerne la dimension de la crise.
En effet comme nous l'avons évoqué dans le premier chapitre,
cette crise a des origines solides car se déroulant dans un pays
où l'instabilité politique et la guerre civile constituent la
règle et la stabilité l'exception. Dans cette hypothèse
vouloir résoudre une telle crise n'est pas une chose aisée, cela
relèverait même de l'imaginaire pour des organisations africaines
dont le règlement des conflits les moins complexes n'a jamais
était une chose facile pour elles.
La deuxième raison touche le processus de mise en
oeuvre du CPS. En effet entré en vigueur le 26 décembre 2003 mais
lancé qu'en mai 2004, le protocole portant création du CPS a
démarré officiellement ses activités qu'un an après
le déclenchement des hostilités au Darfour c'est-à-dire le
23 février 2003. Cette donnée qui peut paraître sans
importance pour certains constitue à notre égard un
élément de taille dans les nombreuses limites que la MUAS
rencontre aujourd'hui au Soudan. En effet cet organe de l'U.A n'a même
pas eu le temps de poser ses jalons pour s'engager dans une résolution
de crise. Ce manque
49 CF. W Assanvo, l'Afrique à
l'épreuve..., op.cit, p. 2
d'expérience dans un domaine aussi complexe que celui
du maintien de la paix a été notoire. C'est ainsi que toutes les
actions que le CPS a entreprises pour régler la crise du Darfour ont
été pris avec un manque de précision. Par ailleurs le
nombre réduit du personnel administratif et militaire de la
première mission d'observation ainsi que l'ambiguïté des
accords donnés par les différentes parties au conflit illustrent
bien la précipitation dans laquelle la MUAS a été
élaborée.
Cependant cette seconde justification peut être
relativisée pour deux motifs. D'abord parce que le règlement des
différends en Afrique a toujours été l'apanage d'une seule
personnalité. Cette personnalité qui a toujours pris le nom de
facilitateur (le plus souvent un chef d'Etat) a toujours utilisé les
techniques africaines de règlement des conflits pour parvenir à
ses fins notamment la médiation, la conciliation et l'arbitrage. Les
organisations africaines dans le cadre de leur mission de paix ont l'habitude
de s'appuyer sur cette personnalité pour arriver à régler
leurs conflits à ce titre on peut donner l'exemple de la
médiation du Président Blaise Comparé dans la crise inter
ivoirienne, celle du Président Yaya Jammeh dans le conflit
casamançais, l'implication de l'Algérie dans la recherche de la
paix dans le différend qui oppose l'Etat malien et les Touaregs... . Sur
cette hypothèse le CPS pourrait s'appuyer sur la médiation
déclenchée par le Président tchadien depuis le
début de la crise pour résoudre la crise. En effet depuis
septembre 2003 des efforts ont été fournis par son excellence
Idiss Deby pour régler le conflit et cela a permis la signature d'un
accord de cessez-le-feu à Ndjaména en avril 2004.
Ensuite, bien que les activités du CPS soient
postérieures au déclenchement de la crise, l'ensemble du
processus de l'U.A était mis en oeuvre pour obtenir l'arrêt des
violences au Soudan. En effet, tous les efforts déployés par
Ndjaména ont été soutenus par la Commission de l'U.A en
procédant à des consultations des différentes parties
soudanaises. Sur cette lancée le CPS pourrait s'appuyait sur le travail
de la commission pour continuer le processus de paix. Dés lors on se
demande si l'antériorité de la crise par rapport
à l'entrée en vigueur du Protocole portant création du CPS
constitue en soi un handicap majeur pour la paix au Darfour. Cependant faudrait
t-il que les organisations africaines dans le cadre des missions de maintien de
la paix qu'elles créent apprennent à réagir vite pour
pouvoir maîtriser les crises à temps.
B / Une réaction tardive de l'U.A dans son
intervention au Darfour.
Les opérations de maintien de paix initiées par
la communauté internationale de manière générale et
de l'Afrique en particulier n'arrivent sur le terrain qu'après la
dégradation de la situation. C'est ainsi que le Conseil de
Sécurité des Nations Unies dans le cadre de son intervention en
Somalie, adopta les résolutions 794 du 3 décembre 1992 et la
résolution 814 du 26 mars 1993 que devant la dégradation de la
situation et l'inefficacité de l'embargo et de ses actions
antérieures50. De même que la résolution 872 du
Conseil de Sécurité fut décidée alors que les
rapports entre le gouvernement rwandais et la guérilla tutsie avaient
fini de se détériorer. Dans le même ordre d'idée
l'intervention de l'OUA au Tchad fut adoptée alors que la
rébellion avançait à grands pas vers Ndjaména.
Aujourd'hui avec la mise sur pied du CPS, l'espoir
était permis que l'Afrique allait réagir à temps contre
les conflits qui naissent sur le continent. En effet le protocole portant
création de ce conseil a prévu la constitution d'une force
africaine pré positionnée. Cette force qui sera établie de
façon progressive d'ici 2010 serait forte de 15 000
soldats51. Cependant le déploiement de la MUAS au Darfour
laisse croire que cette limite est toujours présente dans les
opérations de maintien de la paix africaines. En effet
déclenchée au mois de février 2003, la crise du Darfour
n'a reçu son salut q'au mois de septembre de la même année
grace à la médiation tchadienne. Par ailleurs ce n'est qu'au mois
d'octobre 2004
50 CF. A L Mbacké, Le maintien de la
paix dans la paix dans les conflits africains post guerre froide :
évolution, enjeux et perspectives, Thèse de Doctorat d'Etat
en Sciences Politiques Université Cheikh Anta Diop de Dakar, p. 109
51 CF. A L Mbacké, Le maintien de la paix
dans les conflits..., op. Cit. , p.253
que le CPS lors de sa dix septième réunion, a
approuvé la mise sur pied d'une mission élargie, impliquant une
force militaire et de police de 3 320 hommes. Cette lenteur dans les
interventions africaines peut avoir pour raison fondamentale la durée
des discussions en vue de constituer les forces devant être
déployées sur le terrain. Cela peut être du
également à l'absence de force de réaction rapide et de
moyens financiers conséquents.
Tout ceci montre que l'U.A a beaucoup à apprendre du
maintien de paix si elle veut prendre la relève des Nations Unies en
Afrique dans ce domaine. Par ailleurs l'intervention au Soudan est aussi
handicapée par la lecture que l'U.A avait faite de la situation.
PARAGRAPHE II : UNE TENDANCE NEGLIGENTE DE LA SITUATION
AU DEPART
Les opérations de maintien de la paix des organisations
africaines créées pour résoudre les conflits africains
arrivent sur les théâtres d'opération avec beaucoup de
lacunes. En effet depuis les missions initiées par la défunte OUA
jusqu'à celles entreprises par l'actuelle U.A, deux données
fondamentales semblent laissées en rade par les décideurs
africains. Ces données peuvent être lourdes de conséquences
pour les missions de la paix durant toute leur existence. Il s'agit notamment
de l'imprécision des mandats depuis le début (A)
et l'habitude pour les dirigeants de créer une simple mission
d'observation de la paix au départ (B). La MUAS n'a pas
dérogé à cette règle.
A / l'Imprécision de la MUAS.
Les diverses interprétations que les acteurs de la
crise soudanaise font de l'intervention de l'U.A montrent bien que le CPS
n'avait pas prit au départ les précautions nécessaires
pour rendre claire les règles d'engagement de sa mission. Cependant ce
problème d'interprétation ne date pas d'aujourd'hui. En effet si
l'on se réfère à l'unique opération de maintien de
la paix créée dans
l'histoire de l'ancienne OUA, le problème y figurait
déjà. Il s'est manifesté par la controverse qui apparut
entre le Commandant de la force et le GUNT au sujet de l'interprétation
des Accords de Lagos qui contenaient le mandat de la force. En outre le
Sénégal et le Zaïre maintenaient une hostilité
manifeste à l'endroit du Président Goukouni Wedeye,
président du GUNT, qui était soupçonné d'entretenir
des rapports intimes avec le colonel Kadhafi, taxé d'impérialiste
et de communiste, et perçu comme un allié de l'ex --URSS
menaçant le pré carré français52. Ainsi
ce désaccord entre la force africaine et le GUNT en place sur
l'interprétation des Accords de Lagos à conduit cette force
d'assister impuissamment à la rupture des accords par l'une des factions
celle de Hisséne Habré, et son entrée triomphale à
Ndjaména en juin 1982.
Douze ans après, le même phénomène
s'est presque reproduit au Rwanda. En effet le déploiement du Groupe
d'observateurs militaires neutres de l'OUA en 1991 dans le but d'observer le
cessez-le-feu entre les forces gouvernementales et celles du Front Patriotique
Rwandais (FPR) n'a pas empêché le déclenchement du
génocide après l'assassinat du Président Habyarimana.
Aujourd'hui le même problème est vécu par
la MUAS au Darfour. En effet déployée à la suite de
l'Accords de cessez-le-feu de Ndjaména du 08 avril 2004, le mandat de
l'Union Africaine au Soudan n'est pas unanimement admis par les
différents acteurs de la crise. Comme en illustrent les nombreuses
attaques dont la mission fait l'objet. Les résolutions et accords en
faveur du Darfour font également l'objet de diverses
interprétations.
Le Soudan d'une part, rejetant la Rés. 1556 (2004) du
Conseil de Sécurité des Nations Unies qui a décidé
de l'imposition d'un embargo sur la fourniture d'équipements militaires
vers le Soudan et exigé du Gouvernement qu'il honore l'engagement de
désarmer les milices janjawids et de traduire en justice tous ceux qui
ont commis des violations des droits de l'homme et du droit
52 CF. M C D Wembou, L'OUA à l'aube du
XXIème siècle : Bilan Diagnostique et Perspectives, op. ,
cit. p. 295
international humanitaire. La Rés. 1591 étant
cet embargo au matériel militaire à destination de tous les
belligérants au Darfour. Toutefois l'absence de liste de ces
belligérants permet à la Chine et à la Russie de
contourner la mesure, en arguant du manque de preuves que Khartoum participe
aux attaques. D'autre part, l'Accord obtenu le 05 mai 2005 à Abuja n'a
jamais fait l'unanimité des belligérants. En effet après
cet accord intervenu entre le Gouvernement et la faction du principal mouvement
rebelles, ALS, le conflit raviva. Tout simplement parce que les rebelles
signataires de l'accord se joignirent aux forces gouvernementales pour
combattre ceux qui ont refusé d'y prendre
part. il s'agit en particulier du MJE et la
faction minoritaire du M/ ALS.
Ces différents éléments ne facilitent pas
à la MUAS de réussir son pari. En outre avec un personnel
très réduit au départ, le mandat de la MUAS était
également assis sur une coquille vide.
B / Un personnel réduit au départ.
C'est à la suite de la signature le 28 mai 2004 d'un
accord sur les modalités de la mise en place d'une commission de
cessez-le- feu, que l'U.A avait décidé d'envoyer 60 observateurs
militaires africains (MILOBS) et 300 militaires chargés d'assurer leur
protection. Cette mission, connue sous le nom de MUAS1 ou AMIS1 comprenait
également des observateurs issus des parties soudanaises et de la
communauté internationale notamment de l'Union Européenne et des
Etats-Unis d'Amérique. Celle-ci avait pour mandat :
- de veiller au respect du cessez-le-feu
- de faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire au Darfour
- de conjuguer leurs efforts en vue d'établir une paix
globale et définitive au Darfour53.
Cependant cette première mission n'a pas pu remplir son
mandat. En effet au moment de son installation à El Fasher le 09 juin
2004 la situation sécuritaire et
53 CF. Opérations de Paix, Muas :
historique et mandat,
www.operationspaix.net
humanitaire continuait à se détériorer dans
la Province du Darfour. Cette mission souffrait de deux obstacles majeurs.
Le premier obstacle tient à la taille réduite du
personnel qui la composait. En effet l'efficacité initiale de la MUAS1 a
été contrainte non seulement par son personnel très
réduit mais aussi par les défis logistiques rencontrés sur
le terrain. En outre le petit nombre d'observateurs déployés au
Darfour, quelque ft leur efficacité et leur dévouement, ne
pouvait assurer une surveillance significative d'un territoire qui est presque
aussi grand que la France.
Le deuxième obstacle résulte au manque de
collaboration des parties soudanaises à la mission d'observation de
l'Union Africaine. En effet l'ensemble des parties n'avaient pas rempli leurs
obligations au terme de l'Accord de cessez-le-feu humanitaire qu'elles avaient
signé. Cela s'est traduit sur le terrain par l'accroissement des
violations du cessez- le -feu.
Il en résultat comme conséquences une
décision d'augmenter l'effectif des observateurs à 80. Cette
décision fut prise lors de la troisième session ordinaire de la
conférence de l'Union, tenue à Addis Abeba le 06 et 08 juillet
2004. Cependant cela n'a pas permis de changer la situation de façon
significative.
Par ailleurs, l'U.A, les mouvements armés et la
communauté internationale dans son ensemble indiquèrent que la
MUAS1, compte tenu de sa faible capacité, ne pouvait mener à
bien, et dans les délais impartis, les tâches qui étaient
les siennes. A cause de ces facteurs, le sentiment général qui se
dégageait était que la MUAS1 devait être renforcée.
Ainsi elle fut transformée en une opération de maintien de la
paix par la 13ème réunion du CPS tenue le 27 juillet
2004.
L'enseignement qu'on peut tirer de cette décision de
l'U.A de transformer la première mission en une opération de
maintien de la paix est qu'elle est venue un peu tard. En effet la
neutralité de la première mission a eu pour conséquence de
permettre aux différentes parties de la crise de jouer sur temps et de
s'armer davantage. En outre l'ampleur de la crise ne laissait personne
indifférente depuis le début y compris les membres de l'U.A. Par
ailleurs une simple mission
d'observation pouvait t-elle faire grande chose à un
conflit dont les origines datent des années 1979 ? Ceci étant la
mission d'opération de maintien de la paix qui fut transformée
communément appelée MUAS II a montré elle aussi ses
limites.
SECTION II : LES INSUFFISANCES DE LA MUAS.
La MUAS est la Mission de l'Union Africaine au Soudan ou
encore African Union Mission in Sudan (AMIS II). Elle a été mise
en oeuvre après l'échec de la Mission d'Observation. A la
différence de la première mission celle-ci est une mission
d'opération de maintien de la paix dont le processus de mise en place a
été approuvé par le CPS lors de la 17ème
réunion tenue le 20 octobre 2004 et entériné
ultérieurement par le Conseil de Sécurité des Nations
Unies. Cette opération a la lourde tâche :
- de désarmer et de neutraliser les milices janjawids,
- de protéger la population civile,
- de faciliter l'acheminement de l'assistance
humanitaire54.
Cependant cette Mission n'a pu remplir correctement son mandat
à cause d'un manque criard de ressources (paragraphe I)
et des limites énormes dont elle souffre (paragraphe
II).
PARAGRAPHE I : L'INSUFFISANCE DES RESSOURCES.
Les difficultés que rencontre la MUAS au Darfour sont
en grande partie dues à sa carence en ressources financières
(A) d'une part et d'autre part à son personnel
militaire très insignifiant par rapport à la grandeur de la
mission (B). Ces difficultés ont poussé
aujourd'hui à la MUAS à solliciter le soutien de la
communauté internationale.
54 CF. Opérations de Paix, Muas.... Ibid
A / L'insuffisance des ressources
financières.
Le constat des observateurs est unanime. Il a toujours
existé un décalage entre les tâches confiées aux
missions de paix des organisations africaines de façon
générale et les moyens financiers mis en leur disposition.
Cependant avec la naissance de l'U.A, une organisation qui s'est dotée
d'institutions financières propres55 notamment de la Banque
centrale africaine, du Fond monétaire africain et de la Banque africaine
d'investissement, l'on pensait que ce problème serait un vieux souvenir.
En outre la difficulté majeure que rencontre la MUAS au Darfour illustre
que le problème de financement des missions africaines de paix est
toujours présent.
Pourtant l'expérience de l'ancienne OUA sur ce domaine
aurait du permettre à l'U.A de trouver une solution à cet
obstacle qui handicape souvent les opérations de paix des organisations
africaine. En effet ce problème de financement apparut très
tôt avec la première opération de maintien de la paix
créée par l'OUA pour restaurer l'ordre au Tchad entre 1979 et
1982. Cependant cette mission n'est pas parvenue à faire cesser la
guerre civile et l'opération s'était avérée
très coüteuse pour le Nigeria. Depuis l'organisation de
l'unité africaine se limitait à des groupes d'observateurs, comme
se fut le cas au Burundi avec la MIPROBU, au Rwanda56
également. Cette volonté de l'OUA « d'éviter des
opérations de maintien de la paix complexes et onéreuses »
et de se cantonner à des opérations d'observation et de
vérification a permis selon Anne Sophie Millet-Devalle à l'OUA
« de jouer un rôle marginal dans les conflits africains
»57.
La première opération de maintien de la paix sous
l'ère de L'U.A démontre que le financement des missions de
paix des organisations africaines n'est pas un
55 CF. Acte Constitutif de l'U.A, article 19
intitulé les institutions financières.
56 CF. A. S Millet-Devalle, L'évolution des
opérations de maintien de la paix en Afrique, Revue Arès, no 50,
Volume XX, Fascicule 1 janvier 2003 pp 11 et s
57 CF. A S Millet --Devalle,
L'évolution.....ibid.
obstacle facile à surmonter. En effet la MUAS souffre
aujourd'hui d'énorme limites financières au Darfour comme en
illustrent ces deux faits :
D'abord l'aveu fait par l'Union africaine d'être
incapable de résoudre seule la crise. En effet le 12 janvier 2006 le CPS
avait pris la décision de principe de transférer la MUAS aux
Nations Unies, compte tenu des limites objectives, liées au manque de
ressources financières, pour une opération qui coûte
près de 23 millions de dollars américains par mois.
Ensuite la Conférence d'appel de fonds pour la
mobilisation des ressources nécessaires au maintien et au renforcement
de la MUAS, tenue à Bruxelles, le 18 juillet 2006. En effet lors de
cette conférence l'Union africaine avait exprimé une
requête de 440 millions de dollars américains, sous forme de
soutien logistique et financier. Bien que cette demande ait obtenu une
réponse favorable de la part de seize Etats, pour un montant global de
près de 200 millions de dollars américains, l'on constate que la
somme dégagée ne répond pas à toutes les attentes
de la MUAS.
Par ailleurs ces limites financières ont eu pour
conséquences de paralyser les activités de la MUAS. En effet
cette dernière n'a pu empêcher les attaques contre elle-même
et contre les populations civiles. Elle n'a pas pu non plus faire face aux
nombreux problèmes croissants au Darfour. Ces difficultés de la
MAUS au Darfour ont également comme motif l'insuffisance du personnel
militaire déployé sur le terrain.
B / L'insuffisance du personnel militaire.
Comme l'a souligné M Sidy Sady dans sa Thèse de
Doctorat d'Etat « l'un des plus grands problèmes du maintien de
la paix en Afrique réside dans le manque de ressources humaines pour ces
opérations »58. En réalité, le
personnel militaire existe mais les Etats africains ne sont jamais
empressés de mettre à la disposition des organisations
internationales de manière générale et celles de
58 CF. S Sady, la résolution ~op, cit. p 273
l'Afrique de façon particulière des forces
permettant à ces organisations d'intervenir très rapidement.
Néanmoins des tentatives de résolution de cette difficulté
liée au manque de ressources humaines ont toujours été une
préoccupation des organisations africaines.
D'abord l'ex OUA avait tenté de résoudre le
problème en adoptant à Khartoum en 1978 la Résolution
635(CM/ Rés/) 635(XXXI) sur la force militaire interafricaine
d'intervention. Cette force avait été effectivement
créée en 1979. Cependant c'est au moment du déploiement de
celle-ci au Tchad, que le problème d'effectifs s'était à
nouveau posé.
Ensuite le CPS de l'U.A, entré en vigueur en 2004, a
prévu dans son Protocole, la mise sur pied d'une force africaine
pré positionnée, composée de contingents
multidisciplinaires en attente et stationnée dans leurs pays
d'origine.
Cependant la crise qui sévit actuellement au Darfour et
qui allait constituer le premier Champ d'expérimentation de cette force
africaine ne prédit pas des lendemains meilleurs pour le maintien de la
paix en Afrique. En effet la MUAS qui a vu ses tâches augmenter
après la 7ème session ordinaire de la
Conférence des chefs d'Etats et de Gouvernements suivi de la
réunion du CPS qui s'est tenue à Banjul le 27 juin 2006 (Gambie)
n'a toujours pas des effectifs nécessaires pour remplir sa mission. En
outre l'élargissement du mandat de la MUAS aux missions de protection
des convois humanitaires, aux patrouilles régulières tout au long
de la frontière entre le Soudan et le Tchad et à la protection
des civils, sans augmentation de son effectif a confiné la MUAS dans des
difficultés majeures. Aujourd'hui cette force africaine qui opère
au Darfour devait rassembler des contingents de l'ensemble des Etats membres de
l'Union pour un total de 17 000 hommes. Mais la MUAS n'a reçu son salut
que grace aux Etats comme le Nigeria, le Rwanda, l'Afrique du Sud, le
Sénégal~etc, qui ont fourni le plus gros des
effectifs59. Selon Gérard Prunier « les effectifs
sont
59 CF. G Prunier, La chronique d'un «
Génocide ambigu » Monde diplomatique Mars 2007,
www.mondediplomatique.fr
trop faibles : il faudrait au moins trente mille hommes pour
couvrir les cinq cent mille kilomètres carrés du Darfour
»60.
Par ailleurs le problème des effectifs des
opérations de maintien de la paix des organisations africaines se pose
avec acuité. Si l'on recherche l'explication de ce
phénomène, l'on se rend compte qu'il a deux justifications.
La première justification tient au coût financier
des opérations de maintien de la paix. En effet ces opérations
coûtent excessivement cher, pour les jeunes Etats africains victimes d'un
sous développement et d'une pauvreté extreme.
L'autre facteur explicatif réside à la
réticence des Etats africains à fournir des contingents aux
organisations. En effet ces Etats ont toujours manifesté la
volonté de préserver leur souveraineté dont l'armée
reste un des symboles les plus visibles.
En dehors de ces insuffisances la MUAS détient
également d'autres limites qui ne favorisent pas la réussite de
son mandat.
PARAGRAPHE II : LES AUTRES LIMITES DE LA MUAS.
L'efficacité d'une opération de maintien de la paix
dépend du matériel technique mis à sa disposition et de
l'accueil qui est lui réservé sur le terrain. Aujourd'hui la
Mission de l'Union africaine au Soudan est confrontée à ces deux
difficultés. En effet non seulement la MUAS manque de matériel
technique pour mener à bien ses activités (A) en
plus elle n'a pas une collaboration totale de la part des différents
acteurs de la crise (B).
A / la MUAS : une mission limitée
matériellement et techniquement.
Les opérations de maintien de la paix
créées par les africains de manière générale
et la MUAS de façon particulière sont limitées par deux
facteurs essentiels :
60 CF G Prunier, La chronique......ibid.
Le premier facteur limitant l'activité de la MUAS tient
au manque de professionnalisme. En effet cet élément souvent
négligé dans les missions de paix joue un rôle très
important pour la réussite de celle-ci. Car il permet une meilleure
assurance et une maîtrise de soi aux militaires, si bien que lorsqu'ils
sont déployés sur le terrain des opérations, ces
qualités leur donnent, aux yeux des belligérants l'image d'une
force imbattable, tout au moins d'une troupe disciplinée,
d'élite. Or qu'est ce que l'on constate ces dernières
années ? Ce que le maintien de la paix est devenu en Afrique une «
question d'argent » et non de professionnalisme. En outre les soldats sont
choisis à tour de rôle, l'objectif visé est d'envoyer le
maximum de nombres possibles puisque les contingents perçoivent des
primes de participation, et de nombreux autres avantages de la part des Nations
Unies.
Par ailleurs la participation habituelle d'une même
force armée à des opérations de paix contribue à
bâtir son crédit d'efficacité. Aujourd'hui, au Darfour, les
nombreuses attaques dont sont victimes les soldats de la MUAS illustrent bien
que celle-ci manque de crédibilité vis-à-vis des
belligérants soudanais.
Le deuxième facteur réside au manque de
matériels d'équipement de la MUAS. En effet cette force est sous
-équipée comme en illustre la conférence d'appel de fonds
adressé à la communauté internationale le 18 juillet 2006
en faveur d'un soutien logistique ou technique. Lors de cet appel des Etats
comme la France ou les Etats-Unis d'Amérique avaient pris l'engagement
de soutenir matériellement les soldats de la MUAS. L'autre
élément illustratif est l'intervention de M Xavier Solana le
Secrétaire Général du Conseil de l'UE tenue à Addis
Abeba le 26 mai 2005. En effet lors de cette intervention M Solana
déclarait : « nous offrons du transport aérien
stratégique et tactique ainsi que la coordination de ce transport ; nous
offrons, en termes de soutien logistique, de fournir des équipements, et
en particulier des véhicules, des équipements de communication,
des générateurs mobiles, des avions de transports tactique ; nous
proposons aussi de fournir des planificateurs et des experts pour
contribuer au déploiement de ces moyens , notamment en
soutien du centre de coordination logistique d'El Fasher61.
Aujourd'hui nulle n'était ce soutien de la
communauté internationale, il est claire que l' « échec
» de la MUAS au Darfour serait beaucoup plus visible. En outre il existe
une autre limite tenant au manque de collaboration entre la MUAS et les
différents protagonistes de la crise.
B / L' « inacceptation » de la MUAS par les
belligérants
L'intervention de forces militaires a d'abord un impact
psychologique. En effet l'efficacité de celle-ci dépend du
comportement ultérieur des parties à qui elle est
destinée. En outre l'effet qui est recherché dans toute
intervention fût elle une simple mission d'observation est de dissuader
les belligérants de s'attaquer aux forces chargées de la
mission.
Cependant, aujourd'hui les forces des casques bleus de l'ONU
ou des casques blancs de l'U.A n'ont pas une protection juridique suffisante
pour échapper aux attaques. En effet, souvent déployés
à la suite d'un accord ou même d'un simple accord de cessez-le
--feu, les soldats de la paix sont attaqués, pris en otage, tués
ou encore « rejetés » par les autorités
étatiques sur le territoire sur lequel ils interviennent ; sans que des
mesures fermes allant au-delà de simples condamnations soient prises.
Pourtant comme le souligne Evelyne Lagrange : « en pratique, le
succès de l'opération de paix dépend de la
coopération des parties 62». Cependant en Afrique
des différends entre les forces de paix et les belligérants ont
toujours existé. En outre comme l'avait déclaré M Boutros
Boutros Ghali l'ancien Secrétaire Général de l'ONU,
depuis 1992, le nombre des casques bleus morts en service atteint
annuellement 50 voire 225 en
61 J Solana, intervention du 26 mai 2005 à
Addis Abeba, For Further Details, www.ue.eu.int/
62 E Lagrange, Les opérations de Maintien
de la paix et le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, Paris
Montchrestien 1993, p. 30
199363. Au Libéria, le Nigeria perdait lors
des combats de 1991 et 1992 jusqu'à douze (12) soldats par semaine
selon Jean Christophe Rufin64.
Ce phénomène est toujours d'actualité en
Afrique plus particulièrement dans le conflit darfourien. Et il se
manifeste à travers de deux manières.
D'abord par le comportement de Khartoum vis-à-vis des
soldats de la MUAS. En effet ces derniers font face aujourd'hui à la
fronde permanente du Gouvernement de Khartoum. Cette fronde se
caractérise par le fait que : le Soudan a limité l'accès
de l'aéroport pour l'U.A aux seules heures de la journée. Pendant
des mois, il a retenu en douane cent véhicules de transports de troupes
fournis par le Canada. Khartoum a même peint en blanc certains de ces
appareils, y compris des hélicoptères d'attaque pour
empêcher de les distinguer de ceux de l'Union Africaine65.
Ensuite par le nombre d'attaques dont sont victimes les
Soldats de la MUAS au Darfour. En effet depuis son intervention sur le
territoire soudanais les soldats de l'U.A font l'objet d'agression de la part
des mouvements rebelles et des milices janjawids. En outre, l'AMIS est de plus
en plus défiée par les rebelles du SLA/ M et du Mouvement pour LA
Justice et l'Egalité (MJE). Ces groupes rebelles ainsi que des forces
non identifiées, ont lancé de nombreuses attaques sur des convois
humanitaires et à l'encontre de civils en violation du droit
international humanitaire66. A titre illustratif on peut cité
l'attaque menée le 19 août 2006 dans le secteur de Kuma au
nord-est d'El Fasher, principale ville du Darfour. A cette occasion, deux
soldats de la force de paix de L'U.A ont été tués et trois
autres blessés. L'année dernière également le
Sénégal avait perdu cinq de ses soldats présents au
Darfour à la suite d'attaque d'éléments non
identifiés.
63 B B Ghali, 50ème anniversaire,
rapport annuel sur l'activité de l'organisation des Nations Unies, New
York 1996 p 219 in S Sady, la Résolution.....op. , cit. p 276
64 J C Rufin, Economie des guerres civiles, in S Sady,
la Résolution....ibid. p 276
65 M Gazibo, la politique ....op. , cit. p 240
66 P Takirambudde, « Lettre aux Chefs d'Etats
africains concernant la crise du Darfour et le cas Habré »,
Human Rights Watch,
www.hrw.org
A la lumière de ce qui précède, il
apparaît clairement que la crise du Darfour est très complexe.
Cette complexité tient non seulement à l'histoire et à la
situation géographique du Soudan qui a toujours vécu dans la
« confusion » mais aussi et surtout à l'enjeu que la crise
présente aujourd'hui aux yeux de la communauté internationale.
Ces données qui semblent « légitimer » l'échec
de la « jeune » U.A dans sa tentative de règlement du conflit
doivent être prises au sérieux dans toute analyse de la situation.
Celles-ci semblent également faire comprendre à l'U.A qu'elle a
beaucoup à apprendre du maintien de la paix.
En définitive ce qui importe à retenir ce que la
communauté internationale semble comprendre que la guerre au Soudan
n'est pas en soi une fatalité pour ce pays tant riche en ressources
naturelles. Ainsi le 31 juillet 2007, le Conseil de Sécurité des
Nations Unies a adopté une résolution créant une nouvelle
mission de maintien de la paix pour le Darfour. Cette nouvelle mission redonne
à l'ensemble de la communauté internationale un espoir de paix
pour le Darfour.
![](Lunion-africaine-et-la-crise-du-darfour13.png)
LES PERSPECTIVES
D'UNE PAIX AU
DARFOUR.
DEUXIEME PARTIE :
A la fin de l'année 2006 le constat était
unanime que l'U.A n'avait pas à elle seule les moyens nécessaires
pour résoudre la crise du Darfour. Paradoxalement les
négociations entre l'Etat soudanais et la communauté
internationale pour un éventuel remplacement de la MUAS à une
force des Nations Unies n'avançaient pas. Il a fallu attendre au mois de
juillet 2007 pour que Khartoum accepte le déploiement d'une mission
conjointe des Nations Unies et de l'Union Africaine. En effet c'est le 31
juillet 2007 que le Conseil de Sécurité des Nations Unies a
adopté à l'unanimité des quinze membres permanents, en
présence même du Secrétaire Général, M Ban Ki
Moon la Résolution 1769. Cette résolution qui autorise pour une
durée d'un an le déploiement d'une force hybride ONU/U.A est une
première dans l'histoire du maintien de la paix. En effet elle constitue
une hybridation entre les forces de l'ONU et celles de l'U.A. Illustrant ainsi
les propos de Yves Petit qui soutient que : « les relations entre
l'ONU et les organisations régionales revêtent une grande
importance en Afrique, car ce continent a, plus qu'ailleurs, besoin de
mécanismes permettant de traiter les conflits 67».
Ce qui suscite aujourd'hui tout l'espoir placé sur cette force pour
non seulement ramener la paix au Darfour de façon particulière
mais aussi de pacifier le Soudan dans son ensemble. Néanmoins la lenteur
dans le déploiement des éléments de la force a
considérablement atténué les chances de succès de
celle-ci. En effet, prévu pour arriver au plus tard le 31
décembre 2007, le déploiement de la Mission n'a commencé
qu'au début du mois de janvier 2008. Aujourd'hui la réussite de
cette mission dépend des conditions préalables que les acteurs de
la crise doivent remplir (chapitre I). Dans tous les cas, les
perspectives d'une paix au Soudan existent si et seulement si l'Etat soudanais
accepte de déployer des efforts pour cette cause (Chapitre
II).
67 Y Petit, le Droit International du Maintien de la
Paix, Paris LGDJ, 2000, p. 81
![](Lunion-africaine-et-la-crise-du-darfour14.png)
CHAPTRE I :
LES CONDITIONS
PREALABLES A REMPLIR
PAR LES ACTEURS DE
LA crise.
Par acteurs de la crise il faut entendre par là les
parties qui sont aujourd'hui impliquées dans la crise soudanaise
à savoir : l'Etat soudanais, les mouvements rebelles et l'actuelle
mission des Nations Unies au soudan. Cette dernière appelée
Mission des Nations Unies et de l'Union Africaine au Darfour (MINUAD) ou encore
UNAMID sous son acronyme anglais a commencé ses activités depuis
janvier 2008 après plusieurs tentatives soldées par un
échec. Cependant pour un succès de cette mission, elle doit d'une
part se baser sur certaines données (section I) et
d'autre part les parties soudanaises doivent de leur coté jouer
pleinement leur rôle dans la recherche de la paix (section
II).
SECTION I : LES PREALABLES POUR UN SUCCES DE LA
MINUAD.
La résolution 1769 du Conseil de Sécurité
avait prévu que la MINUAD serait composée de 19 555 militaires,
de 3 772 policiers et 19 unités de formation de policiers. Aujourd'hui
ce chiffre est loin d'être atteint. Et cela s'est répercuté
sur le conflit. Néanmoins des solutions de sortir de crise existent pour
le Darfour. Pour ce faire la nouvelle mission doit partir non seulement des
acquis de l'U.A (paragraphe I) mais aussi accepter de s'ouvrir
aux autres missions de paix qui oeuvrent dans la sous région
(paragraphe II).
PARAGRAPHE I : DES PREALABLES FONDES SUR LES ACQUIS DE
L'U.A.
Le mandat de la MINUAD est très ambitieux. En effet il a
pour tâches de : - empêcher les attaques contre les civiles ;
- contribuer à la protection des populations civiles,
- suivre et vérifier l'application des différents
accords ;
- rechercher des solutions politiques à la crise ;
- faciliter l'accès de l'aide humanitaire ;
- assurer le retour des réfugiés et des
déplacés68.
Cependant pour la réalisation de son mandat, la MINUAD
doit avoir comme repère l'Accord de cessez-le-feu de N'Djaména
(A) mais aussi l'Accord de Paix pour le Darfour signé
à Abuja entre les différentes parties du conflit
(B).
A / un préalable fondé sur l'Accord de
N'Djaména.
La Mission conjointe ONU/ U.A qui est en cours de
déploiement au Darfour depuis le début de l'année 2008
doit prendre en considération de l'ensemble des efforts qui ont
été fournis antérieurement à elle pour une solution
de la crise.
68 Pour l'ensemble de ces points
énumérés cf. à X Zeebroek, P Sebahara et F
Santopinto, Darfour, Tchad, Centrafrique des processus de paix à
l'épreuve du feu, GRIP,
www.grip.org
Cette mission doit particulièrement s'appuyer sur la
médiation tchadienne qui avait permis la signature d'un Accord de
cessez-le-feu le 08 avril 2004. Pour deux raisons essentielles, l'accord
pourrait faciliter la MINUAD dans ses activités :
La première raison tient au fait que c'est le Tchad qui
fut le premier à s'immiscer dans le conflit inter soudanais. En effet
dès le début de la crise (en 2003), son excellence M Idris DEBY
le président de la République du Tchad initia une
médiation entre le Président Al BECHIR et l'ALS afin de parvenir
à un cessez-le-feu69. Cette médiation avait
porté ses fruits avec la signature de l'Accord de cessez-le-feu
humanitaire le 08 avril 2004 en présence du président de la
Commission de L'U.A son excellence M Alpha Oumar Konaré et des
observateurs et facilitateurs internationaux. Cet Accord fut accompagné
d'un Protocole pour la mise en place d'une assistance humanitaire au Darfour. A
l'issus de celui-ci les parties soudanaises sont entre autres, convenues de:
- cesser les hostilités et de proclamer un cessez-le-feu
;
- mettre en place une commission de cessez-le-feu qui fera
rapport à une commission conjointe ;
- faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire au Darfour et
- conjuguer leurs efforts en vue d'établir une paix
globale et définitive au Darfour.
La signature de l'accord avait permis le déploiement de
la première mission de l'U.A au Darfour (AMIS I). La médiation
tchadienne pourrait être utile à la MINUAD en ce sens que le Tchad
a aujourd'hui plus de maîtrise du dossier que n'importe quel autre
Etat.
La deuxième raison réside au fait que c'est le
Tchad qui est le plus concerné par le conflit darfourien. En effet,
voisin le plus immédiat du Darfour, le Tchad est aujourd'hui le pays le
plus préoccupé par le conflit du Darfour.
69 Le Monde diplomatique, les protagonistes du
conflit, Archives du mois de mars 2007,
www.mondediplomatique.fr
D'abord parce que « plus de 500 000 personnes sont
aujourd'hui réfugiées ou déplacées à l'Est
du Tchad à cause des exactions commises au Darfour
»70 · Ensuite parce que les deux Etats ont presque
les mêmes peuples. En effet « d'origine lui-même Zaghawas,
comme nombre de ses officiers qui ont utilisé le Darfour comme base
arrière avant de venir renverser Hisséne Habré en 1990,
DEBY ne peut rester indifférent aux pressions pour arrêter les
exactions que subissent ses « cousins » soudanais
»71 ·
L'ouverture de la MINUAD à la République
tchadienne pourrait avoir un impact considérable en faveur d'une paix
définitive au Darfour. Cependant elle seule risque de ne pas suffire
pour un conflit aussi complexe.
B / Un préalable fondé sur l'Accord de
Paix pour Le Darfour (APD).
Le 05 mai 2006, un accord historique a été
signé à Abuja (Nigeria) entre les parties soudanaises en conflit
depuis février 2003. Cet accord connu sous le nom de APD est
signé en présence du président en exercice de l'U.A son
excellence
M Denis Sassou-Nguesso, du président de la Commission
de l'U.A M Alpha Oumar Konaré, du Médiateur de l'U.A M Salim
Ahmed Salim, des Représentants de l'ONU, de l'UE, du Canada, de la
France, de la Grande Bretagne, des Etats-Unis, de la Ligue Arabe, des Pays-Bas,
de la Norvège, de l'Egypte, de l'Italie et de la Libye.
L'accord en soi présente une grande
crédibilité pouvant servir de support pour l'ensemble des acteurs
qui oeuvrent en faveur d'une paix au Darfour plus particulièrement
à l'actuelle mission onusienne. En effet deux faits illustrent
l'importance de l'Accord d'Abuja pour la MINUAD.
Le premier tient aux forces en présence. En effet il fut
le premier accord réunissant la plupart des parties en conflit. En
outre l'APD fut signé par le
70 X Zeebroek, P Sebahara et F Santopinto, Darfour,
Tchad, Centrafrique des processus de paix à l'épreuve du feu, op.
, cit. p 3
71 P E Bakong et M Gazibo, les nouveaux conflits
d'Afrique subsaharienne in Guide du Maintien.....op. , cit. p 120
gouvernement soudanais représenté par son
négociateur en chef Magzoub AL Khalifa et par la branche majoritaire du
M/ ALS dirigée par Minni Minnawi Arkoi, auxquels se sont joints, le 08
juin 2006, une trentaine de commandants et de représentants politiques
des branches dissidentes de la faction minoritaire du M/ ALS et du MJE qui ont
signé une « déclaration d'engagement en faveur de l'APD
»72. Aujourd'hui bien que l'APD a fait son temps avec les
nombreuses violations qu'il a subit mais son but premier demeure à
savoir pousser les différentes parties à « accepter »
une pleine immixtion de la communauté
internationale dans la crise. En effet c'est à la suite
de cet accord qu'il a étéconvenu d'un éventuel
remplacement de la MUAS par une force onusienne.
Le deuxième fait réside dans le contenu
même de l'accord. En effet lors des négociations les parties
avaient accepté de toucher les principaux points d'achoppement de la
crise du Darfour. En outre il a été convenu d'un :
- partage du pouvoir entre le gouvernement et les rebelles. A cet
effet les
rebelles réclamaient le poste de vice-président de
la République. La
Constitution soudanaise n'ayant pas prévu ce poste ils
ont obtenu celui de
«Senior Assistant », qui a presque les mêmes
prérogatives que le vice-
président.
- Partage des richesses. A ce titre les rebelles demandaient
un partage équitable des richesses du pays et une compensation, pour
permettre aux populations du Darfour de sortir de l'état de
pauvreté dans lequel elles vivent depuis des décennies.
- Arrangement sécuritaire qui permettrait la
démobilisation des combattants (rebelles et milices pro- soudanaises)
afin que l'aide humanitaire arrive à destination.
72 CF. Opérations de Paix, Muas.... Op.,
cit.
- Statut pour la Province du Darfour. Sur ce point le texte
propose un vote
d'ici 2010 pour déterminer la création d'une
entité géographique unique
en lieu et place des actuelles trois provinces composant le
Darfour73.
Ces différents points qui ont été
signé par les protagonistes de la crise lors des négociations
d'Abuja ne peuvent être laissé en rade dans toute tentative de
pacification du Darfour. En outre ces deux Accords (l'Accord de
N'Djaména et celui d'Abuja) démontrent les efforts fournis par
les africains pour une paix définitive au Darfour. Cependant avec la
persistance du conflit, il est évident que toute recherche de paix pour
le Darfour doit être élargie à un domaine plus vaste.
PARAGRAPHE II : UNE NECESSAIRE OUVERTURE DE LA
MINUAD AUX AUTRES MISSIONS.
Au Tchad et en République centrafricaine, pas moins de
cinq missions de paix menées par trois organisations internationales
coordonnaient leurs actions en faveur de la paix dans cette sous-
région. Il s'agit principalement de :
- la Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS)
- la Mission de l'Union européenne au Tchad et en
République centrafricaine (EUFOR Tchad/ Centrafrique)
- la Mission des Nations Unies en République
centrafricaine et au Tchad (MINURCAT)
- la Force multinationale en Centrafrique (FOMUC)
coordonnée par la Communauté économique et
monétaire des Etats de l'Afrique centrale (CEMAC)
- le Bureau des Nations Unies pour la consolidation de la paix en
République centrafricaine (BONUCA)74.
73 Pour plus de détails sur le contenu de l'APD
cf. à Opérations de Paix, Muas.... Op., cit.
74 Pour plus de détail sur ces
différentes missions cf. X Zeebroek, P Sebahara et F Santopinto,
Darfour, Tchad, Centrafrique des processus de paix à l'épreuve du
feu, op. , cit. p 5
Parmi ces missions deux peuvent avoir un apport
considérable pour le succès de la MINUAD en raison de leur
actualité et de leur importance. Il s'agit de la MINUS (A)
et de l'EUFOR (B)
A / La MINUS au Sud.
La recherche de la paix au Darfour pouvait se faire «
sans grande difficulté » si et seulement si la province se situait
dans une zone stable. Cependant le Darfour se trouve dans une sous-
région instable notamment avec des Etats comme la République
centrafricaine, le Tchad, l'Ouganda..., plus proche de lui, le Sud Soudan avec
ces deux guerres civiles contre le régime de Khartoum. Aujourd'hui un
accord de paix a été signé depuis janvier 2005 en faveur
d'une paix au sud. Cet accord nommé Accord de Paix Global (APG) a permis
la création par la résolution 1590 du CS des Nations Unies d'une
mission de paix (MINUS) dont le mandat est d'« apporter un soutien
à la mise en oeuvre de l'APG »75. Pour deux principales
raisons, la MINUAD doit s'ouvrir à la MINUS dans le cadre de ses
nouvelles fonctions.
La première raison tient au phénomène de
contagion qui a existé entre les deux conflits (dernier conflit du sud
1983- 2005 et l'actuel conflit du Darfour). En effet en 2002, le processus de
paix entre le gouvernement central et le Sud avait réalisé sous
l'égide de l'IGAD (l'autorité intergouvernementale pour le
développement) des progrès significatifs. Ainsi, le Protocole de
Machakos, de par ses principes et dispositions, posait les bases d'un nouveau
régionalisme soudanais respectueux des aspirations des populations, en
particulier celles de bénéficier et de partager les richesses du
pays76. De l'avis de nombreux observateurs, ce protocole, au vu des
événements au Darfour, pourrait constituer aujourd'hui la base
légale et le fondement des revendications des insurgés en ce qui
concerne leur province. De ce fait la collaboration des deux missions des
75 Opération de Paix, Minus : histoire et
mandat,
www.operationspaix.net
76 P Dika, la crise du Darfour ou la faillite de..,
op. , cit. p 13
Nations Unies (MINUS et MINUAD) chargées de
résoudre deux conflits ayant les mêmes causes semble être
nécessaire.
La deuxième raison réside au contenu de l'APG
qui est à l'origine du déploiement de la MINUS. En effet l'APG
contient des dispositions très importantes lesquelles dispositions
peuvent être appliquées par la MINUAD au Darfour pour un retour de
la paix dans cette partie occidentale du Soudan. Parmi ces dispositions nous
avons l'Autonomie qui a été octroyée à cette
Province sud, le poste de vice- président qui leur revient de droit
(l'actuel vice- président depuis le décès du colonel John
Garang par accident le 31 juillet 2005 est M Salva Kir qui était le
commandant en second du mouvement SPLA) et le partage des richesses
pétrolières77. Aujourd'hui cet accord qui est à
l'origine d'une paix au Sud peut constituer un point de départ pour la
MINUAD dans sa tentative de règlement de la crise du Darfour. Cependant
cette mission ne doit pas se limiter uniquement dans le territoire soudanais
pour le succès de son mandat. Elle doit également avoir une
parfaite collaboration avec les autres missions qui interviennent dans les pays
environnants.
B / l'EUFOR au Tchad et en RCA.
L'EUFOR est une opération de maintien de la paix de
l'UE qui bénéficie d'une légitimité internationale
et légale. En effet la résolution 1778 (2007) adoptée par
le CS le 25 septembre 2007, concernant la mise en place de la MINURCAT, a
autorisé simultanément l'UE à déployer sa force au
nord de la RCA et à l'est du Tchad, pour une durée initiale d'un
an. Cette mission forte de 3 700 soldats a pour mandat essentiel le volet
humanitaire. Cependant l'EUFOR peut recourir à l'usage de la force
armée lorsqu'il sera question de protéger les civils, les
réfugiés ou les opérateurs humanitaires et
onusiens78. En outre « l'EUFOR est la
77 G Prunier, paix introuvable au Soudan, le Monde
Diplomatique,
www.monde-diplomatique.fr
78 X Zeebroek, P Sebahara et F Santopinto, Darfour,
Tchad, Centrafrique des processus de paix à l'épreuve du feu, op.
, cit. p 10
plus grande mission militaire que l'UE ait jamais
planifiée hors des frontières européennes, tant pour sa
durée, que pour son ampleur et pour le défi logistique auquel
elle doit faire face »79. Ce qui justifie notre choix sur
cette mission parmi les autres qui opérèrent dans la sous
région. Par ailleurs pour deux raisons fondamentales la MINUAD doit
s'ouvrir à l'EUFOR :
La première raison demeure aux ressemblances des
conflits que ces deux missions sont chargées de résoudre. En
effet les conflits du Darfour, du Tchad et de la RCA comportent quatre
caractéristiques communes qui méritent d'être prises en
compte dans toute recherche de solution pacifique à la crise actuelle
:
- la gestion non équitable du pouvoir et des ressources
nationales semble
être une des causes principales de ces conflits.
- L'absence de volonté politique de certains
protagonistes pour assurer un retour à la paix ou le non-respect des
engagements pris entre les gouvernements des trois pays et leurs oppositions
armées respectives n'offre pas un terrain favorable à des
opérations de paix classiques.
- La difficulté de gérer la
sécurité transfrontalière qui nécessiterait de
coopérer avec les voisins et de développer des infrastructures
spécifiques dans chaque pays concerné. Or, ces zones souvent
marginalisées par le pouvoir, deviennent incontrôlables et sont le
lieu de tous les trafics.
- Le rôle parfois ambigu des grandes puissances (USA,
Chine, France...) guidées par des intérêts
géostratégiques. Prises entre la volonté de rendre heureux
aux partenaires qui disposeraient de matières premières
(pétrole, minerais, bois) et la promotion des principes
démocratiques et de bonne gouvernance.
L'autre raison réside aux répercussions du
conflit au Tchad et à la RCA. En effet depuis 2005, le Tchad et le
Soudan s'accusent mutuellement de soutenir leurs rebellions respectives : le
Soudan soutiendrait les rebelles tchadiens basés
79 X Zeebroek, P Sebahara et F Santopinto, Darfour,
Tchad, Centrafrique des processus de paix à l'épreuve du feu,
ibid. p 10
à l'Est du pays alors que le Tchad est accusé de
soutenir les rebelles du Darfour. Malgré les multiples médiations
menées par l'U.A la Libye, le Président Wade (pour rappel le 13
mars 2008 un accord a été signé entre les deux Etats a
Dakar en marge du Sommet de l'Organisation de la Conférence islamique
OCI), les relations politiques entre les deux pays ont continué à
se détériorer. Aujourd'hui depuis l'attaque de la ville
soudanaise d'Omdurman par le MJE au mois d'avril 2008, les relations
diplomatiques entre les deux Etats sont interrompues. Car selon Khartoum
l'attaque a été menée avec le soutien de N'Djaména.
De son côté la RCA soutient, que des mouvements centrafricains
auraient une base arrière au Darfour, ce qui leur permettrait entre
autre de s'approvisionner en armes. Ainsi le 30 octobre 2006, le gouvernement
centrafricain a accusé le Soudan d'agression après l'attaque et
l'occupation de deux départements du Nord --Est par un mouvement rebelle
présenté comme bénéficiant du soutien de
Khartoum80.
A la lumière de ce qui précède, il est
claire que la réussite de la MINUAD dans ses fonctions dépend de
son acceptation à s'appuyer sur les efforts fournis par l'U.A mais aussi
à sa collaboration aux autres missions. Cependant la paix au Darfour
dépend également du rôle que doivent jouer les
différents protagonistes de la crise.
SECTION II : LES OBLIGATIONS DES DIFFERENTES PARTIES
SOUDANAISES.
La communauté internationale a un devoir moral de
s'immiscer dans la crise du Darfour pour un retour de la paix dans cette partie
ouest du Soudan. Cependant cette paix ne pourra s'obtenir qu'avec la
volonté des parties qui sont en conflit notamment l'Etat soudanais et
les mouvements rebelles. Partant de là Khartoum
80 X Zeebroek, P Sebahara et F Santopinto, Darfour,
Tchad, Centrafrique des processus de paix à l'épreuve du feu, op.
Cit. p 3
doit revoir sa position (paragraphe I) et les
mouvements rebelles de leur côté ont une grande
responsabilité pour le retour de la paix (paragraphe
II).
PARAGRAPHE I : UN NECESSAIRE ASSOUPLISSEMENT DE
LA POSITION DE KHARTOUM.
La recherche de la paix au Darfour n'est pas une chose
aisée. En effet pendant longtemps l'intervention de la communauté
internationale au Soudan n'a pas été acceptée par Khartoum
pour plusieurs raisons. Aujourd'hui cette intervention est admise cependant
pour un succès de celle-ci Khartoum doit la « laisser faire son
travail » (A). Le régime de BECHIR doit
également accepter de désarmer les milices janjawids
(B).
A / La facilitation de la communauté
internationale dans son travail.
Une intervention d'une force onusienne n'a jamais
été acceptée par le Soudan. Iia fallu que l'idée
d'une hybridation soit émise. En effet Khartoum a tout temps
refusé l'intervention sur son territoire d'une
opération de maintien de la paix confiée uniquement au CS des
Nations Unies. Aujourd'hui la force qui a pris le relais de la MUAS est
composée de soldats africains qui étaient sur place et de
contingents venus de l'extérieur. Cependant cet accord donné
à Khartoum pour le déploiement de la force hybride ONU/U.A peut
être analysé comme étant partiel. En effet le Soudan a
posé des actes qui vont dans le sens d'une limitation de l'immixtion de
la communauté internationale dans le conflit du Darfour. Parmi ces
conditions, nous avons :
- la force de la MINUAD doit être composée de
contingents militaires venus majoritairement de pays africains.
- Le retard du déploiement des effectifs. En effet ce
déploiement qui était fixé au plus tard le 31
décembre 2007 n'a pas était respecté à cause des
obstacles posés par Khartoum. « Il a entre autres imposé
des couvre-feux,
interdit les vols de nuit et n'a pas, semble-t-il,
attribué les emplacements pour les bases de la mission
»81.
- La non-acceptation des forces de certains Etats. En effet le
Soudan a certes donné son accord pour le déploiement de la MINUAD
mais au départ Khartoum souhaitait que seuls les contingents provenant
des Etats islamiques tels que l'Indonésie, le Pakistan, l'Inde~et bien
sftr des contingents venus d'Afrique composent la mission..
Cette position du Soudan ne semble pas favoriser un retour de
la paix au Darfour. En effet la complexité de la crise nécessite
une mobilisation de l'ensemble des acteurs de la communauté
internationale pour un retour définitif de la paix dans cette province
soudanaise. Cependant Khartoum qui est réticent à toute
intervention de la communauté intervention sur son territoire semble
avoir certaines craintes parmi lesquelles :
![](Lunion-africaine-et-la-crise-du-darfour15.png)
![](Lunion-africaine-et-la-crise-du-darfour16.png)
l'exploitation du pétrole. En effet le régime
soudanais craint que cette force soit qu'une « couverture pour que les
occidentaux s'emparent du pétrole soudanais »82.
La poursuite de certains dirigeants par la justice
internationale. En effet Khartoum craint que l'intervention onusienne favorise
l'appréhension de certains ténors du régime soudanais qui
sont aujourd'hui poursuivi par la CPI. Il s'agit entre autres de M Ahmed
Haroun, ancien responsable de la sécurité au Darfour et actuel
secrétaire d'Etat aux affaires humanitaires, Ali Kosheib, l'un des
principaux chefs milices janjawids et tout récemment avec le Mandat
d'arrêt international qui a était lancé par le Procureur de
la CPI M Moreno- Ocampo contre le Président Al Bachir. Car le fait qu'il
existe une séparation entre l'immunité d'exécution et
81 X Zeebroek, P Sebahara et F Santopinto, Darfour,
Tchad, Centrafrique des processus de paix à l'épreuve du feu, op.
Cit. p 8
82 G Prunier, Darfour la chronique d'un «
génocide ambigu », le Monde diplomatique,
www.mondediplomatique.fr
l'inviolabilité personnelle et réelle des agents
de l'Etat83 consécutif au développement de la justice
internationale, aucun dirigeant n'est aujourd'hui à l'abri d'une
poursuite.
Tous ces facteurs ne favorisent pas la paix au Darfour et
Khartoum a aujourd'hui un devoir de collaboration avec la MINUAD pour un
succès de celle-ci, étant donné que la force est
composée en grande partie de soldats venus d'Afrique comme il le
souhaitait. L'autre obligation qui s'impose au régime soudanais et le
désarmement des milices.
B / Le désarmement des milices janjawids.
Avant tout il est important de savoir qui sont ces milices
janjawids ? En effet le mot janjawid est un mot composé qui signifie
approximativement « cavaliers du diable, armés de kalachnikovs
»84. En 2003, quand survenait l'insurrection au Darfour,
la plupart des effectifs de l'armée soudanaise étaient
stationnés dans le sud du pays. L'armée elle-même
enregistre un nombre significatif de désertions de soldats originaires
du Darfour. Pour faire face à cette montée en puissance des
rebelles qui gagnent de plus en plus de terrains, Khartoum procède
à un recrutement d'une milice parmi les tribus Abbala et un soutien leur
est demandé pour mater les révoltés de
l'ouest85.
Aujourd'hui toute tentative de pacification du Darfour doit
passer au préalable par le désarmement de ces milices par le
régime de Khartoum. Et ceci pour plusieurs raisons :
D'abord parce que ce sont les janjawids qui ont la plus grande
responsabilité dans les graves violations des droits humanitaires. En
effet selon Amnesty International « les miliciens
pénètrent dans les camps des déplacés et tuent,
violent ou harcèlent ces derniers »86.
83 J Combacau et S Sur, Droit International
Public, Paris Montchrestien 1995 pp. 245- 246
84 J L Peninou, Désolation au Darfour, le Monde
diplomatique Mai 2004 pp 16 et 17,
www.mondediplomatique.fr
85Amnesty International Soudan « questions et
réponses » au sujet de la crise du Darfour,
www.amnesty.org 86
Amnesty International Soudan « questions et réponses » au
sujet..., Ibid.
Ensuit parce que ce sont les janjawids qui sont souvent
à l'origine des tensions qui se créent entre N'Djaména et
Khartoum. En effet ces derniers mènent souvent des attaques
transfrontalières visant les réfugiés ou le bétail
tchadien. Parfois même il arrive qu'il ait un certain nombre
d'affrontements entre ces janjawids et l'armée tchadienne.
Enfin parce que les janjawids ne respectent pas les accords de
paix. En effet ils ont poursuivi leurs attaques contre les villages
après l'Accord de cessez-le-feu humanitaire signé à
N'Djaména le 8 avril 2004.
Cependant malgré tout, il est important de souligner
que Khartoum refuse de reconnaître qu'il reçoit un soutien venant
de ces milices. Mais deux facteurs illustrent que l'Etat soudains
bénéficie d'une assistance de la part de ces janjawids.
Le premier facteur tient aux nombreux témoignages
effectués par les villageois victimes des attaques. En effet comme le
déclare cette jeune fille Zeinab, 25 ans village de Miramta, 7
février 2004 : « les forces gouvernementales et les arabes sont
arrivés ensemble à 8h du matin [...]. Les janjawids portaient des
uniformes de l'armée. Ils se sont mis à brûler le village
et à tirer sur les civils »87.
Le deuxième facteur réside à la
neutralité de Khartoum vis-à-vis des exactions commises par les
milices. En effet malgré les nombreuses attaques qui sont
perpétrées par les janjawids, l'Etat soudanais n'a fait que
déclarer ces derniers « hors-la-loi » mais jamais il a
posé des actes allant dans le sens de faire cesser ces derniers de leurs
forfaits.
En définitive pour une paix au Darfour, l'Etat soudains
doit non seulement avoir une plus grande ouverture à la
communauté internationale mais également, il doit accepter de
désarmer les milices locales qui ont une large responsabilité
dans la persistance du conflit. Cependant les deux mouvements rebelles ont
également leur part à apporter dans la tentative de
résolution de la crise du Darfour.
87 A M Impe, Sos pour le Darfour, Enjeux
Internationaux no 4
www.enjeuxinternationaux.org
PARAGRAPHE II : LA RESPONSABILITE DES
MOUVEMENTS REBELLES DANS LA RECHERCHE DE LA PAIX.
Depuis le début de la crise au Darfour, deux accords de
paix ont été signés par les protagonistes. Ces accords
précités (l'Accord de cessez-le-feu de N'Djamena et l'Accord
d'Abuja) avaient d'abord permis une intervention de l'U.A, ensuite des Nations
Unies au Darfour dans l'objectif de mettre fin les hostilités. Cependant
aujourd'hui de l'avis de nombreux observateurs, ces accords ne jouent plus q'un
rôle facultatif dans le processus de paix au Darfour. En effet non
seulement on assiste à une violation de ces accords par les mouvements
rebelles signataires (A) mais aussi à un
éclatement de ces mouvements (B) rendant ainsi la
résolution du conflit très complexe.
A / Le respect des Accords de Paix
antérieurement obtenus.
Il est question ici des deux Accords de Paix qui ont
étaient signés par les différents protagonistes de la
crise. Il s'agit de l'Accord de cessez-le-feu signé à N'Djamena
le 8 avril 2004 et de celui obtenu le 5 mai 2006 à Abuja. Aujourd'hui
les deux grands mouvements rebelles qui avaient signé ces accords
à savoir le M/ ALS et le MJE ont une obligation de respect de ces
accords. En effet toute tentative de résolution de cette crise doit
passer par le respect de ces accords qui avaient non seulement permis une
assistance humanitaire des populations touchées par le conflit mais
aussi une mise sur pied d'une opération de maintien de la paix pour le
Darfour.
Cependant ces deux mouvements signataires violent ces accords.
Deux faits démontrent cet état de fait :
Le premier fait tient à la recrudescence des violences
sexuelles après la signature des accords. En effet selon Jan Pronk le
représentant du Secrétaire Général des Nations
Unies pour le Soudan « depuis qu'il a été signé,
l'accord a été violé, jour après jour semaine
après semaine. Il y a eu une augmentation de
la violence depuis la signature de l'accord. L'utilisation
du viol, comme instrument de terreur, est fréquent et de nouveaux en
augmentation »88. M Pronk fait allusion à l'accord
qui a été signé à Abuja même s'il est
important de noter que l'accord de N'Djamena n'a pas lui aussi
échappé à cette règle. En outre c'est la
multiplication des violations du cessez-le-feu humanitaire signé
à N'djamena le 8 avril 2004 qui avait poussé l'U.A à
transformer sa première mission d'observation (MUAS I) en une
opération de maintien de la paix doté d'un personnel militaire et
d'un matériel plus efficaces.
Le deuxième fait réside à
l'intensification des combats. En effet depuis leur signature on assiste
à une reprise des combats entre les forces gouvernementales et les
forces rebelles en particulier la faction ALS dirigée par Abdel Wahid Al
Nur et le MJE dirigé par Khalil Ibrahim. Selon M Pronk cité plus
haut « les villages sont attaqués et bombardés au milieu
de la nuit »89.
Aujourd'hui ces accords qui avaient suscité un
énorme espoir de paix au Darfour, ne semblent plus faire
l'unanimité des parties soudanaises en particulier celles des mouvements
rebelles qui sont désormais divisés en de différentes
factions. Par ailleurs toute recherche de la paix doit également inclure
une éventuelle identification des mouvements dissidents qui sont
aujourd'hui en conflit avec le régime de Khartoum.
B / Une nécessaire identification des mouvements
dissidents.
Les obstacles que pourraient rencontrer les acteurs de la paix
au Darfour notamment la MINUAD est le nombre incalculable de mouvement de
rebelles qui agissent aujourd'hui dans la Province. En effet depuis la
signature de l'APD le 5 mai 2006 à Abuja, on assiste à un
éclatement des deux mouvements originels. En outre, depuis l'accord nous
avons plusieurs mouvements au Darfour parmi lesquels on peut citer :
88 J Pronk, L'accord de paix sur le Darfour «
dans le coma », Centre de Nouvelles de l'ONU,
www.un.org
89 J Pronk, l'accord de paix..., Ibid
![](Lunion-africaine-et-la-crise-du-darfour17.png)
Mouvement de Libération du Soudan- Faction Abdel Wahid
An- Nur (MLS-AWN). Cette faction est dirigée par M. An- Nur, fondateur
« historique » du Mouvement de Libération du Soudan (MLS)
aujourd'hui divisée en trois groupes, cette dernière faction est
la plus importante numériquement. Elle est principalement
composée de Fours qui opèrent surtout sur les pentes du Djebel
Marra, le massif volcanique situé au centre du Darfour. Le MLSAWN est
aussi connu sous le nom d'Armée de Libération du Soudan (ALS).
![](Lunion-africaine-et-la-crise-du-darfour18.png)
Mouvement de Libération du Soudan- Faction Minni
Minnawi Arkoi (MLS-MM). Dirigée par M Minnawi, cette faction s'est
séparée du MLS originaires en novembre 2005. composée
presque entièrement de Zaghawas, c'est la seule faction qui ait
accepté de signer l'APD. A la suite de cet accord suivi de l'accession
de son chef au poste de conseiller présidentiel sur le Darfour, le
MLS-MM est devenu un auxiliaire politique et même militaire du
gouvernement de Khartoum. Cette faction est également connue sous
l'appellation de l'ALS --MM.
![](Lunion-africaine-et-la-crise-du-darfour19.png)
Mouvement de Libération du Soudan AL-Ikhtyar Al-Hur
(MLS- Libre Choix). Essentiellement composée de représentants de
petites tribus noires du Darfour cette faction est dirigée par M.
Abderrahmane Moussa, ancien porte- parole du MLS --AWN aux négociations
d'Abuja. Cette petite faction s'est ralliée à l'APD pour
protéger sa population contre les attaques des autres factions. Son chef
fut nommé Ministre d'Etat.
![](Lunion-africaine-et-la-crise-du-darfour20.png)
Le Groupe des 19 (G 19). Ce groupe est formé par dix
neuf commandants et leurs hommes qui ont choisi de se tenir hors de toutes les
factions. Mais tout récemment le G 19 a fait une déclaration de
soutien au FRN.
![](Lunion-africaine-et-la-crise-du-darfour21.png)
![](Lunion-africaine-et-la-crise-du-darfour22.png)
![](Lunion-africaine-et-la-crise-du-darfour23.png)
Les Forces de Combat Populaires (FCP). Ce mouvement apparu en
novembre 2006 est le premier qui ne soit pas « africain ».
formé de membres de la tribu arabe des Rezeigats, il opère dans
le sud du Darfour.
Mouvement pour la Justice et l'Egalité (MJE). Il s'agit
d'un mouvement très ambigu. En effet, il est étroitement
lié à la branche tourabie des Frères Musulmans.
Dirigée par l'avocat Khalil Ibrahim, cette faction est exclusivement
Zaghawas. Son jeu est complexe par rapport au régime de N'Djamena (il a
combattu contre et pour M Deby selon les circonstances). Riche de l'argent des
Frères Musulmans, il exerce une influence sans commune mesure avec ses
forces militaires réelles sur l'ensemble de la guérilla. Le MJE
est l'un des plus importants mouvements aujourd'hui en activité dans la
Province du Darfour. Pour rappel c'est lui qui avait réussi à
attaquer la ville d'Omdurman, ville située dans la banlieue de Khartoum
au mois d'avril 2008.
Forces pour la Rédemption Nationale (FRN).
Dirigé par l'ancien gouverneur Ahmed Ibrahim Diraige (ethnie four) et
par l'intellectuel Sharif Harir (Zaghawa), le FRN est une organisation qui
fédère tous les combattants des diverses factions refusant
l'accord de paix d'Abuja du MLS-MM irrités contre leurs
chefs90.
Ce nombre qui a été identifié ne fait pas
l'unanimité des acteurs de la paix au
Darfour. En effet il est important de souligner qu'il est
très difficile d'avoir un
nombre exact de mouvements rebelles opérant au Darfour
en raison notamment
de la complexité de la crise. Car selon Human Right
Watch « les mouvements
rebelles ont évolué et ont
éclaté en factions depuis le début du conflit. En
septembre 2007, on dénombrait plus d'une douzaine de
factions issues de l'ALS
90 Pour l'ensemble de ces mouvements cf. au Monde
Diplomatique, les protagonistes du conflit, Mars 2007,
www.monde-diplomatique.fr
et du MJE » 91. Quoiqu'il en soit
seule une identification de ces mouvements leur permettrait d'avoir une
position commune dans les différentes phases de négociations qui
sont en suspend.
Finalement la recherche de la paix au Darfour incombe
aujourd'hui non seulement à la communauté internationale par le
biais de la MINUAD qui est en charge du dossier depuis le 1er
janvier 2008, mais aussi au gouvernement soudanais et les mouvements
rebelles.
Cependant une paix définitive au Darfour n'est
envisageable que dans un Soudan paisible dans sa globalité.
91 Human Right Watch, questions et réponses-
crise du Darfour,
www.hwr.org
![](Lunion-africaine-et-la-crise-du-darfour24.png)
L'AVENIR DE LA
PAIX AU SOUDAN.
CHAPTRE II :
L'avenir de la paix au Soudan semble être un «
rêve ». En effet imaginer la paix dans un pays aussi
déchiré par des conflits que le Soudan paraît de
l'impossible. Cependant cela ne revient pas à dire que des efforts ne
doivent plus être déployés au Soudan pour une paix
définitive. En outre des solutions de sortie de crises existent pour le
Soudan. Mais celles-ci dépendraient en grande partie de l'acceptation du
régime de Khartoum à subir des modifications en son sein. En
effet deux possibilités s'offriraient à l'Etat soudanais pour un
retour de la paix dans cette partie orientale de l'Afrique où la plupart
des Etats sont touchés par des guerres civiles. Il s'agit d'abord pour
Khartoum de faire des modifications sur les éléments fondateurs
de la nation (section I). Il s'agit ensuite d'accepter de
subir des profonds changements sur les facteurs consolidant de l'Etat soudanais
(section II).
SECTION I : DES MODIFICATIONS SUR LES FONDEMENTS DE LA
NATION.
Aujourd'hui ce dont le Soudan a besoin ce sont des changements
radicaux pour résoudre ses crises internes. En effet le Soudan qui a
subi trois conflits depuis son indépendance (les deux guerres civiles du
sud soudan et la crise actuelle du Darfour) doit être conscient que les
causes profondes de son mal résident dans la gestion de l'Etat par une
petite minorité au détriment de la masse populaire. Partant de ce
constant, la solution soudanaise pourrait venir de deux facteurs : le premier
facteur demeure à l'instauration d'un système laïc dans
l'ensemble du territoire (paragraphe I) ; le deuxième
facteur réside dans une ouverture pour l'accès aux institutions
de la République (paragraphe II).
PARAGRAPHE I : L'INSTAURATION D'UN SYSTEME LAÏC
AU SOUDAN.
Au Soudan, la plupart des observateurs sont unanime à
dire que le « système soudanais ne répond pas aux
réalités sociologiques de l'Etat ». En effet le Soudan est
gouverné depuis 1989 par un régime issu d'un coup d'Etat
militaire qui a voulu instaurer la charia sur l'ensemble du territoire. Alors
que la populaire n'est pas homogène au Soudan ce qui a provoqué
le mécontentement des provinces périphériques. Aujourd'hui
le salut du Soudan peut venir du respect des disparités religieuses qui
existent au sein de l'Etat (A) mais aussi du respect des
pratiques coutumières de chaque groupe social (B).
A/ Le respect des disparités religieuses.
La situation géographique du Soudan, entre les mondes
arabo- musulmans (Egypte, Libye Tchad) et chrétiens (RDC, RDC,
Ouganda...), peuplé de musulmans, de chrétiens et d'animistes
font le creuset de tensions multiformes qui fragilisent l'unité du pays.
En effet ce qui se passe aujourd'hui au Soudan peut être recherché
dans les propos de Pierre François Gonidec lors qu'il
dit que : « l'importance du fait religieux en Afrique
n'est plus à souligner [...], cependant on peut affirmer que le
phénomène religieux continue d'influencer profondément la
vie politique africaine, aussi bien dans les pays musulmans que dans les pays
christianisés ou demeurés fidèles aux croyances
ancestrales »92 . Par ailleurs les gouvernements
soudanais, suite à l'indépendance en 1956, ont
hérité d'un pays crée artificiellement par les
britanniques, et dans lequel les particularités religieuses
régionales ont été conservées et respectées.
Rendant ainsi l'émergence d'une nation soudanaise très difficile.
Cependant les différents gouvernements qui se sont succédé
ont également leur responsabilité dans cette faiblesse de l'Etat
soudanais. En outre tous n'ont pas eu la même appréciation des
disparités régionales comme en illustrent ces deux régimes
de Khartoum : D'abord celui du Général NIMEIRI qui a
supprimé les accords de paix d'Addis Abeba de 1972 lesquels avaient
consacré une autonomie pour la Province du Sud. Cette décision
poussa ainsi cette province à se lancer dans une nouvelle guerre qui
prendra fin en 2005. Il introduit également la charia qui sera par la
suite lourde de conséquence
Ensuite celui du Général Omar El Bachir qui est
aux commandes depuis 1989. Ce dernier lorsqu'il arrive au pouvoir introduit en
1991 un nouveau code pénal qui légalisa l'esclavage des
populations noires.
Aujourd'hui deux données fondamentales militent en faveur
d'un respect des disparités religieuses ou l'instauration d'une
République laïque au Soudan :
La première demeure à l'existence d'autres
religions à côté de la religion musulmane. En effet seul
70% de la population soudanaise appartient à la communauté
sunnite, alors que 17% de la population est animistes et 10% sont
chrétiens93. Mais ce pourcentage qui est valable au niveau
national cache d'autres réalités au niveau des provinces. Par
ailleurs au Sud la plupart des
92 P F Gonidec, Les systèmes politiques
africains, Paris, LGDJ 3ème édition, 1997 pp. 182
- 183
93 Afrique histoire, économie, politique, le
Soudan en un clin d'oeil, Encarta 1998- 2001,
www.afriquepluriel.ruwenzori.net
populations sont chrétiens ou animistes alors que le Nord
et le Darfour sont essentiellement musulmans.
La deuxième donnée tient au climat qui
règne au niveau international. En effet dans un monde marqué par
le développement croissant du terrorisme depuis les attentats du 11
septembre 2001, vouloir appliquer la charia dans un pays ou toute la population
n'est pas musulmane peut favoriser l'instabilité de celui-ci.
Le régime actuel de Khartoum qui n'est plus un
allié privilégié des grandes puissances telles que les
Etats-Unis d'Amérique et qui constitue un territoire convoité en
raison de ses nombreuses richesses doit s'efforcer de réaliser une
profonde réforme dans le domaine religieux pour une stabilité du
pays. Cependant un respect des pratiques minoritaires s'impose
également.
B / Le respect des diversités culturelles.
La situation dans laquelle le Soudan se baigne depuis plus
d'un demi-siècle reflète en grande mesure ses données
démo- linguistiques. En effet en 1991, sa population était
estimée à 29,1 millions d'habitants, mais depuis 1998, les
estimations sont de l'ordre de 33, 6 millions94. Etant donné
que ce pays partage ses frontières avec huit autres : l'Egypte au nord,
l'Ethiopie à l'est, le Kenya, l'Ouganda et la RDC au sud, la RCA, le
Tchad et la Libye à l'ouest, toutes les diversités ethniques et
culturelles de ces Etats voisins se retrouvent à l'intérieur du
Soudan. Ce qui fait de cet Etat un microcosme afro- arabe qui devrait
être pris en charge dans toute tentative de gestion des différents
conflits qu'ait connu le Soudan. La population est composée d'une
vingtaine d'ethnies dont la plus importante est celle des Arabes (40%), suivie
des Dinkas (12%), Béjas (7%), Hamars, Zandés, Shilluks, Nuers,
Mondaris, Lokutos, Nubiens, etc. Sur le domaine linguistique, le Soudan est un
pays très multilingue. On y dénombre
94 Accueil : Aménagement linguistique dans le
monde, le Soudan,
www.tlfq.ulaval.ca
plus de 125 langues95. Le groupe majoritaire est
constitué d'arabophones qui parlent l'arabe soudanais.
Aujourd'hui les autorités en place doivent envisager
des politiques pour mieux appréhender cette donnée démo-
linguistique pour deux raisons t ondamentales : D'abord, parce que les
soudanais des autres régions se distinguent nettement de ceux de la
capitale Khartoum. En et t et à Khartoum si la majorité de la
population se sent arabes et musulmans (70% de la population), celle du sud se
veut plutôt chrétien et animiste et a comme langue principale le
Dinka. La région du Darfour bien qu'elle soit composée en grande
partie de population « identique » de celle de Khartoum notamment de
Zaghawas, de Masalits, de Fours, se voit également dit t érente
de Khartoum. Parce que les dart ouriens sont perçues par les autres
comme étant des populations non- arabophones même s'ils sont
presque tous musulmans.
Ensuite, parce que les cont lits qui se succèdent au
Soudan ont également des causes culturelles. En effet l'Etat central ne
reconnaît qu'une seule langue ot t icielle qui est l'arabe classique et
qu'une seule religion d'Etat qui est l'Islam. Ceci a poussé à
deux reprises les habitants du sud soudan à prendre les armes pour
réclamer le respect de leurs droits.
Néanmoins il est important de souligner que depuis
janvier 2005 avec l'Accord de Paix Global, une constitution transitoire est en
vigueur et cela pour une période de six ans et l'essentiel de ces
revendications identitaires du sud est pris en compte. Cependant avant
l'entrée en vigueur définitive de cette nouvelle constitution
prévue en 2011, il serait plus intéressent de prendre en charges
les nouvelles revendications du Dart our qui sont venues se gret t ées
à celles du sud.
95 Accueil : Aménagement linguistique dans le
monde, le Soudan, Ibid
PARAGRAPHE II : UNE NECESSAIRE OUVERTURE POUR
L'ACCES AUX INSTITUTIONS DE LA REPUBLIQUE.
En 1989, quand le Général Omar AL Béchir
accédait au pouvoir à la suite d'un coup d'Etat organisé
sans effusion de sang, il avait promus trois choses : l'instauration d'un
système fédéral, l'application de la charia sur la partie
nord du territoire et la démocratie populaire participative. Cependant
ces réformes ayant effectivement eu un début d'application sont
presque totalement tombées en désuétudes. Aujourd'hui de
nouvelles réformes s'imposent pour prendre en comptes les données
fondamentales du pays. Parmi celles-ci la participation aux instances de
décisions (A) et l'autonomie des régions
(B) qui constituent les sources principales des conflits au
Soudan.
A / Une participation populaire aux instances de
décision.
En 1989, le régime soudanais qui venait
d'accéder au pouvoir, avait exprimé son intention d'organiser une
conférence nationale. Celle-ci devait se faire en remontant à la
base : le peuple s'exprimant dans des conférences populaires, qui ont un
rôle politique, prenant des décisions. Ces conférences
étaient ouvertes à tous, au niveau du quartier, du village, du
campement ; le débat y était libre, sur tous les
problèmes, y compris sur la politique générale de l'Etat,
sur les affaires politico- administratives locales96.
Conformément au calendrier établi, la
conférence nationale a été élue le premier
trimestre 1995, le Parlement national en mars 1996 et le président de la
République, au suffrage universel fin 1996, le général
Omar Al Bachir. Cependant cette conférence nationale n'aura permis
qu'organiser ces élections. En effet comme le souligne Marc Lavergne
« ce schéma fort complexe, qui vise pourtant à redonner
la voix au peuple, n'a pas eu le succès escompté
»97. Car dans un pays ou prédomine largement
l'illettrisme, mais où la conscience
96 M Lavergne, Le nouveau système soudanais
ou la démocratie en trompe- l'oeil, op. Cit.
97 M Lavergne, Le nouveau système soudanais
ou la démocratie en trompe- l'oeil, op. , cit.
politique et ou l'attachement à des notables
confrériques sont très anciens, ce projet conçu par des
hommes « modernes » comme Hassan Al Tourabi formés dans des
universités occidentales, avait peu de chance de fonctionner
correctement. En outre le succès d'une conférence nationale en
Afrique dépend en grande partie de la détermination de la
population si l'on se fie aux propos de l'auteur camerounais Fabien Eboussi
Boulaga qui nous montre comment le facteur peuple a été
déterminent dans l'exemple béninois. En effet selon ce dernier
« le principal acteur du miracle béninois, c'est le peuple.
Derrière ce mot, se profilent d'abord ces masses qui descendent dans la
rue pour manifester leur insatisfaction, les grévistes qui affrontent
les forces de répression, la foule de Porto- Novo qui arrache les
effigies de Kérékou et les piétinent, la rage au
coeur98 ». Ainsi on dira que l'échec de l'exemple
soudanais résiderait à ce manque de déterminisme de la
part du peuple.
Aujourd'hui ce dont le Soudan a besoin c'est d'actualiser ce
système pour deux raisons essentielles.
La première tient au fait que la plupart des mouvements
qui se sont crées au Soudan ont fait la réclamation d'une
participation à la gestion des affaires de l'Etat. En effet, que ce soit
la SPLA ou l'ALS ou encore le MJE, tous ces mouvements ont pour principale
revendication le partage du pouvoir. Et ce partage pourrait se réaliser
à travers la réadaptation du système soudanais aux
circonstances actuelles du pays. C'est-à-dire non seulement revoir la
méthode de désignation des membres des exécutifs locaux
(nommés par le président de la République), le mode
d'élection des parlements (un reliquat des députés est
nommé directement par le chef de l'Etat notamment 6
députés dans une assemblée de 60) mais aussi revoir le
mandat des députés locaux (deux ans à partir de la
première séance mais qui peut être étendue de la
même durée par un simple décret présidentiel).
98 F Eboussi- Boulaga, Les conférences
nationales en Afrique : une affaire à suivre, Paris Karthala, 1993,
pp. 33- 34
La deuxième raison réside à
l'inefficacité du système. En effet malgré les efforts des
autorités du régime de 1989 d'instaurer une démocratie
populaire participative, « il règne toujours un climat de
méfiance des administrés à l'égard des cadres de
l'Etat »99. Tout ceci s'explique par le fait que dans la
pratique le système ne se retrouve plus et le pouvoir en place doit le
revoir car le Soudan ressemble plutôt à un Etat
déconcentré qu'un Etat fédéral. Cependant le
succès du « nouveau système soudanais » doit passer par
une autonomie pousser des régions qui ont été
créées par le régime du général Al-
Bachir.
B / Une autonomie poussée des
régions.
L'autonomie des régions soudanaises semble
inévitable dans tout processus de recherche d'une paix définitive
pour le pays. Certes le pouvoir central a fait des efforts en acceptant de
diviser l'Etat en 26 sous- Etats depuis 1994. Cependant ces efforts paraient
insuffisants au regard des revendications des régions. En effet ce dont
ces entités fédérées ont besoin c'est d'un
fédéralisme dans lequel les entités seront dotées
d'une autonomie poussée. Aujourd'hui vu la situation dans laquelle le
Soudan est plongée depuis le Protocole de Machakos, le salut de cet Etat
pourrait provenir d'une généralisation de ce protocole pour
toutes les autres régions. Et cela aurait deux principales
justifications :
D'abord en raison du contenu de ce Protocole. En effet le
Protocole de Machakos contient des dispositions très
intéressantes qui pourraient profiter à l'ensemble des autres
régions du pays pour un règlement définitif du
problème soudanais. Parmi ces dispositions nous pouvons citer : «
le peuple du Sud Soudan a droit à diriger et gouverner les affaires de
sa région et à participer équitablement au Gouvernement
National »100. Si l'on sait que l'essentielle des
revendications des populations du Darfour tourne autour de ce point, on
comprendra aisément la nécessité d'une éventuelle
application de ce Protocole
99 P P Dika, La crise du Darfour..., op.cit.,
p. 8
100 Vigilance Soudan, Protocole de Machakos 20 juillet 2002,
Documents de référence soudanais,
www.vigilsd.org
pour des régions qui sont déjà en
rébellion contre Khartoum mais aussi pour les autres qui ne sont pas
encore révoltées contre le pouvoir en place mais qui pourraient
le faire un jour si rien n'est prévu pour elles à titre d'exemple
on peut citer la région de Beja à l'est qui a déjà
commencé à plonger dans la tourmente. Ensuite la deuxième
raison tient au référendum qui est prévu en 2011. En effet
le Protocole a prévu une période transitoire de six ans qui sera
sanctionnée par la tenue d'un référendum. Au cours de ce
référendum « le peuple du Sud Soudan confirmera
l'unité du Soudan en votant pour adopter le système de
gouvernement établi sous l'autorité de l'accord de paix ; ou vote
pour la sécession »101. L'organisation de ce
référendum constitue une belle initiative qui pourrait être
une porte de sortie pour les acteurs de la paix au Soudan. Cependant les effets
de celui-ci risquent d'être limités si son application ne concerne
que la partie sud du pays. En outre le référendum de 2011 doit
inclure l'ensemble des peuples des autres régions notamment celle du
Darfour qui a déjà manifesté son intention de «
participer au partage du pouvoir ».
Pour finir nous pouvons dire que le Soudan « est mal
parti ». En effet la situation qui sévit au Soudan est la
conséquence d'une déformation des éléments
fondamentaux de la nation tels que le système de la laïcité
et le mode d'accès aux institutions de la République lequel fut
verrouillé par la minorité élite de Khartoum depuis
l'indépendance du pays. Aujourd'hui seule une réforme profonde
sur ces éléments pourrait faire l'affaire du pays. Par ailleurs
l'Etat soudanais doit envisager ces réformes pour l'ensemble des
régions du pays avant l'éclatement de toute violence. En outre la
recherche de solution pour chaque crise résoudra difficilement le
problème soudanais. Cependant des modifications sur les
éléments consolidant de l'Etat seraient également
nécessaires.
101 Vigilance Soudan, Protocole de Machakos 20 juillet 2002,
Documents de référence soudanais Ibid,
SECTION II : DES MODIFICATIONS SUR LES ELEMENTS
CONSOLIDANT DE L'ETAT.
Par éléments consolidant de l'Etat soudanais,
nous faisons allusion aux éléments qui pourront aider aujourd'hui
le régime de Khartoum à asseoir sa démocratie. En effet
dire que la démocratie n'existe pas au Soudan relèverait d'une
exagération de notre part. car « dans la littérature sur
la démocratie, la transition est considérée comme
terminée après la tenue des premières élections
libres. On entre alors dans la phase de consolidation
»102. Or en 1996, après la prise du pouvoir par le
Général AL- Béchir on a eu à organiser des
élections « libres » ce qui constitue déjà une
avancée en matière de démocratie. Cependant il est
important de souligner que cette démocratie soudanaise n'a pas
réussi à cultiver un climat de paix dans le pays. Ce qui signifie
que le Soudan a besoin non seulement de revoir le mode d'organisations de ses
élections (paragraphe I) mais aussi d'apporter des
réformes sur le plan économique (paragraphe
II).
PARAGRAPHE I : LA TENUE D'ELECTIONS LIBRES
ET DEMOCRATIQUES.
En 1996 et en 2000 des élections ont été
organisées au Soudan conformément au calendrier qui a
été établi par la conférence nationale. Cependant
ces élections ont fini de plonger le Soudan dans une anarchie totale. En
effet non seulement celles-ci n'ont pas permis à résoudre le
conflit du Sud Soudan pire encore au lendemain de ces élections la crise
du Darfour éclata. Ce qui nous amène à s'interroger
d'abord sur la nécessité d'organiser à nouveau des
élections en 2009 ? (A), ensuite sur
l'opportunité d'avoir les mêmes acteurs politiques au Soudan
(B) ?
102 M Gazibo, Introduction à la politique
africaine,.op. , cit. p 181
A / La révision du calendrier
électoral.
Le 18 Août 2008 le président soudanais
déclarait que « les élections nationales, prévues
au plus tard en 2009 et cruciales pour le processus démocratique du
pays, se tiendront à la date prévue »103.
Cette déclaration intervient suite à l'Accord de Paix
Général (APG) signé le 9 janvier 2005 à Nairobi
entre le Gouvernement soudanais et la SPLA et dans lequel il était
prévu un recensement général de la population du Soudan
mais aussi la tenue d'élections générales à mis-
parcours de la période transitoire. Cependant tout laisse à
croire qu'aujourd'hui, le Soudan n'est pas prêt pour organiser des
élections libres et démocratiques. En effet plusieurs facteurs
illustrent, que la tenue d'élections en 2009 au Soudan « serait de
la pêne perdue » :
D'abord à cause de la crise qui sévit
actuellement au Darfour. En effet cette crise ne favorise pas la tenue des
élections de 2009. En outre l'organisation de ces élections
signifierait que l'entité du Darfour en serait exclue car le climat qui
règne dans cette partie occidentale n'est pas propice pour la tenue
d'élections apaisées. Comme en illustre l'organisation du
recensement qui n'a pu se tenir au Darfour à cause de
l'insécurité qui y règne. Aujourd'hui la priorité
au Darfour c'est plutôt l'arrêt des hostilités.
Ensuite parce que l'absence d'unanimité sur les accords
ayant prévu la tenue d'élections libres et transparentes en 2009
est notoire. En effet comme le souligne Gérard Prunier « les
signataires des accords de Nairobi n'ont derrière eux qu'environ 30 %
des masses soudanaises »104. Il poursuit en demandant «
qu'en est- il des 70 % restant ? »105. Il termine en estimant
que « c'est bien évidemment la grande inconnue des prochaines
élections »106. Tout ceci
103 Le Soleil Multimédia, Elections au Soudan : la date
sera maintenue, édition du Mardi 19 Août 2008,
www.lesoleil.sn
104 G Prunier, Paix fragile et partielle au Soudan, le Monde
diplomatique février 2005,
www.mondediplomatique.fr
105 G Prunier paix fragile...ibid
106 G Prunier Paix fragile...ibid
démontre le manque d'unanimité sur la
crédibilité de ces accords. Parallèlement sur l'absence
d'unanimité quant à la tenue des élections de 2009.
Enfin parce que la poursuite du Président AL
Béchir ne favorise pas la tenue d'élections libres et
transparentes. En effet le président soudanais est menacé d'un
mandat d'arrêt international lancé par le procureur de la CPI pour
génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité au
Darfour. Cette poursuite pourrait rendre les élections non
démocratiques. En outre sachant que la perte du pouvoir l'exposerait
à la justice internationale, le Président Omar AL Béchir
risque d'utiliser toutes les prérogatives dont il dispose pour
s'accrocher au pouvoir. Alors même que sa légitimité est
contestée depuis plusieurs années par les régions
périphériques du Soudan.
Ainsi tous ces facteurs favorisent aujourd'hui la
révision du calendrier électoral et la prise en compte des
nouvelles donnes qui, soit ont été négligées lors
de la signature des accords de Nairobi soit ont tout simplement fait leur
apparition au lendemain de ces accords. Parmi ces nouvelles donnes, nous avons
l'arrivée de nouveaux acteurs dans la vie politique soudanaise.
B / L'ouverture à de nouveaux acteurs.
En Afrique de façon générale plusieurs
obstacles gangrènent les processus démocratiques. Ces obstacles
ne favorisant pas la continuité du processus démocratique
enclenchée, méritent une attention particulière surtout
dans des Etats comme le Soudan ou les facteurs identitaires et
économiques ont souvent été à l'origine des guerres
civiles.
Aujourd'hui le processus démocratique
déclenché au Soudan depuis sa conférence nationale tenue
en 1995 est confronté à d'énormes difficultés qui
ont fini d'installer le pays dans un chaos total. Seule l'ouverture à de
nouveaux acteurs pourrait ramener la stabilité du pays. En effet, le
Soudan à besoin aujourd'hui d'un consensus national sur ses institutions
qui ont été fragilisées par les nombreux conflits dans
lesquels le pays vit depuis plusieurs années. Et
pour cela les « lassés en rade » du processus
démocratique doivent faire leur entré dans l'espace politique
soudanais avant la tenue de toute élection. Parmi ceux-ci nous avons
:
En premier lieu les chefs des différentes
confréries du pays. En effet dans un pays ou l'appartenance tribale et
confrérique a toujours joué un rôle extrêmement
important à toutes les raisons d'avoir une écoute
particulière aux dignitaires religieux. Mieux encore la plupart des
partis politiques soudanais trouvent leurs racines dans ces confréries.
Aujourd'hui au Soudan on a beaucoup de mal à se détacher du
confrérisme107. Cependant l'ouverture à ces
confréries ne remettra aucunement en cause l'instauration d'un
système laïc au Soudan que nous avons évoqué plus
haut.
En deuxième lieu les chefs des mouvements rebelles
opérant dans la région du Darfour. En effet des hommes comme
Abdel Wahid An- Nur, Minni Minnawi Arkoi (chefs des deux mouvements
séparés ALS) ou comme Khalil Ibrahim (chef du MJE) sont devenus
aujourd'hui incontournables dans tout processus de démocratisation du
Soudan en raison de l'influence qu'ils jouissent au sein de la population
darfourienne et de leur importance dans ces mouvements. Il est également
important à noter que des Etat comme l'Angola ou le Mozambique
l'intégration des anciens rebelles dans le jeu politique a permis le
déclenchement du processus démocratique. Il serait dès
lors opportun pour le régime soudanais de copier sur ces modèles
en faisant appel à ses chefs rebelles dans le champ politique du
pays.
En dernier lieu faire appel aux oubliés du Sud Soudan.
En effet lors des accords de 2005 entre Khartoum et la SPLA, les divers partis
politiques sudistes qui existaient depuis 1986 ont été
écartés de l'accord alors que ces derniers constituent «
des forces non négligeables »108. Par ailleurs,
l'APLS, qui est
107 Christian Lochon in, Compte-rendu conférence «
Soudan : récurrence des crises sur fond de richesses »,
Organisée le 10 novembre 2004 par la Coordination pour l'Afrique de
demain (CADE)
108 G Prunier, Paix fragile et partielle au Soudan, le Monde
diplomatique février 2005 op. , Cit.
désignée comme l'unique partenaire politique du
régime, est loin de contrôler l'ensemble du Sud.
Pour terminer nous dirons que le Soudan est loin d'être
prêt pour organiser des élections libres et démocratiques
en 2009. Seul le report du calendrier électoral consécutif
à une plus grande souplesse du champ politique du pays permettrait la
tenue d'élections « bénéfiques » pour tout le
peuple soudanais. Cependant pour parachever ses modifications, l'Etat soudanais
doit accepter de faire des concessions sur le domaine économique.
PARAGRAPHE II : DES REFORMES SUR LE
DOMAINE ECONOMIQUE.
Sur le plan économique, les richesses du pays sont mal
réparties. En effet comme le souligne M Gonidec, « la politique
mise en oeuvre avant et après l'indépendance a profité
essentiellement au nord du pays. C'est dans cette région que des plans
d'irrigations ont été appliqués afin de moderniser
l'agriculture et de l'orienter vers de nouvelles cultures commercialisables
(coton, blé, canne à sucre, arachide)»109.
En outre le Soudan regorgerait aujourd'hui d'énormes ressources
naturelles, cependant les retombées de ces dernières sont
inégalement distribuées sur le territoire national. Car comme
l'ont souvent dénoncé les régions
périphériques du pays, seule la partie nord qui en tire des
avantages alors qu'une grande partie de la production notamment du
pétrole se trouve dans ces régions « oubliées ».
Cela a poussé plusieurs mouvements à prendre les armes pour
réclamer leur part du gâteau. Partant de là seule la prise
en compte de ces revendications pourrait ramener une paix définitive au
Soudan. En outre le régime en place doit accepter non seulement de
partager les revenus de la manne pétrolière (A),
mais aussi d'envisager des politiques de développements pour
résorber les disparités régionales
(B).
109 P F Gonidec, Les relations internationales africaines..,
op.., cit. , p. 153
A / Le partage des revenus de la manne
pétrolière.
Les véritables causes des guerres civiles au Soudan,
que ce soit les deux premières et celle du Darfour c'est bien sftr le
partage des ressources pétrolières. En effet les rebelles de
l'Armée Populaire de Libération du Soudan avaient posé
comme condition pour leur signature du Protocole de Machakos la meilleure
répartition des revenus pétroliers. Après la satisfaction
de leur revendication deux mouvements du Darfour (ALS et le MJE)
réclamèrent à leur tour une meilleure distribution des
ressources. Démontrant ainsi que le problème du Soudan peut
être analysé sous « l'angle du néopatrimonialisme
» comme d'ailleurs la plupart des conflits qui se déroulent en
Afrique110 selon la formule du Professeur Mamoudou Gazibo. Par
ailleurs, aujourd'hui le Soudan doit accepter de faire des concessions
économiques pour ses régions. En effet pour deux raisons
essentielles, Khartoum doit procéder à des réformes
économiques profondes qui iront dans le sens d'une plus grande ouverture
à l'accès des régions aux revenus du pétrole.
La première raison tient à l'origine même
du Pétrole. En effet la grande production du pétrole soudanais
provient dans des régions telles que le Sud Soudan, Darfour, Abeyï
(province de l'ouest- Kordofan qui détient presque six champs
pétrolifère111) etc. Malgré tout, ces
régions périphériques n'ont que peu profité de ces
revenus pétroliers comme en illustre la pauvreté qui règne
au Darfour ou seulement un tiers des filles va à
l'école112. Aujourd'hui le régime de Khartoum pourrait
passer par une redistribution équitable de ces revenus. Ainsi les
régions dans lesquelles les productions sont faites pourront recevoir
des investissements de leur « produit ». Ce qui atténuerait
considérablement la teneure de leur revendication.
110 M Gazibo, Introduction à la politique
africaine, .op. .cit. , p 128
111 Nicolas Vescovacci, Le Soudan veut briser son isolement, le
Monde diplomatique, mars 2000,
www.mondediplomatique.fr
112 Article de Wikipédia, Guerre Civile au Darfour ;
www.wikipedia.org
La deuxième raison réside au lien qui existe
entre les conflits et le pétrole. En effet que ce soit au Soudan, au
Nigeria ou encore au Tchad voisin, la découverte du pétrole est
synonyme d'un début de conflit en Afrique. Ceci s'explique en grande
partie par les convoitises auxquelles le produit est victime surtout pendant
cette période ou le prix du baril de pétrole ne cesse de flamber.
Cet état de fait doit pousser le pouvoir en place à traiter avec
beaucoup d'acuité les revenus de sa manne pétrolière. En
outre des Etats comme le Soudan ou le pouvoir est fragile en raison des
nombreuses guerres auxquelles il fait face, toute revendication des masses
populaires doit être prise avec beaucoup de délicatesse.
Ainsi Khartoum doit envisager des réformes
économiques pour un meilleur partage des revenus pétroliers. Par
ailleurs le pétrole constitue aujourd'hui la première richesse du
pays mais aussi la principale cause des conflits au Soudan. Cependant des
politiques de développement des régions pourront également
constituer des solutions de sortie de crise pour l'Etat soudanais.
B / Une politique de résorption des
inégalités régionales.
Selon l'Association Soudan solidarité «depuis
le 30 août 1999, le Soudan fait parti du club des pays africains
producteurs de pétrole >113. Cette production du
pétrole a considérablement pesé sur l'économie du
pays. En effet selon Inter- Cultures Magazine, un journal canadien «
l'économie soudanaise croît rapidement sous l'effet du prix
élevé du pétrole et d'une production de pétrole
accrue, de la période de prospérité que connaissent les
secteurs de la construction et des services, de même que de l'afflux
important d'investissement direct étranger >114. En
dehors du pétrole, l'économie soudanaise peut compter sur ses
industries majeures comme l'égrenage du coton, les textiles, le ciment,
les huiles alimentaires, le sucre, la distillation du savon, les chaussures,
le
113 Association Soudan Solidarité, le Soudan et le
pétrole : entre guerre et paix, 22 septembre 2003,
www.clesactu.net
114 Inter- Cultures Magazine, Aperçus- pays : Soudan,
Edition juin 2008,
www.dfait-maeci.gc.ca
raffinage du pétrole, les produits pharmaceutiques,
l'armement, ou encore l'assemblage d'automobiles et de camionnettes. On a
estimé le taux de croissance à 10 % par année en 2006 et
2007115. Cependant cette croissance rapide de l'économie
soudanaise n'est que très peu ressentie par les masses populaires et des
réformes doivent êtres envisagées sur ce plan en vue de la
faire profiter à l'ensemble de la population. En effet deux
données fondamentales militent en faveur d'une réforme de
l'économie soudanise.
La première donnée tient à
l'inégale répartition de la croissance de l'économie
soudanaise. En effet la croissance est répartie inégalement et se
concentre surtout à Khartoum et dans les Etats avoisinants comme
Omdurman Port Sudan, ce qui accentue les disparités régionales.
Aujourd'hui toute politique économique du pays envisagerait une
délocalisation de certaines industries soudanaises dans les Etats ou la
pauvreté est galopante tels que le Darfour, le Sud Soudan etc.
La deuxième donnée demeure à
l'extrême pauvreté dans laquelle baigne le peuple soudanais. En
effet malgré l'augmentation globale du revenu moyen par habitant, une
grande partie de la population vit toujours sous le seuil de la pauvreté
et dépend de l'agriculture de subsistance dans les régions qui
n'ont pas d'infrastructures essentielles116. Ainsi plus de la
moitié de la population soudanaise n'ont pas accès à des
installations sanitaires et près de la moitié ne dispose d'aucune
source d'eau potable. En outre selon toujours le magazine Inter- Cultures
« en 2006, 5,52 millions de personnes dépendaient de l'aide
alimentaire »117 ; compte tenu de l'instabilité
politique, notamment des conflits qui affectent le pays depuis plus d'une
cinquante d'années. L'urgence du régime de Khartoum
résiderait aujourd'hui dans une politique d'investissement
décentralisée qui serait le seul gage de stabilité du
pays. Par ailleurs tant que le
115 Inter- Cultures Magazine, Aperçus- pays : Soudan,
Edition juin 2008..Ibib
116 Inter- Cultures Magazine, Aperçus- pays : Soudan,
Edition juin 2008..Ibib
117 Inter- Cultures Magazine, Aperçus- pays : Soudan,
Edition juin 2008..Ibib
pouvoir en place continuera à mener une politique de
marginalisation des régions périphériques, le Soudan va
continuer à sombrer dans la violence. Ceci est d'autant plus vrai que
l'ensemble des mouvements qui se sont succédés dans le territoire
soudanais manifeste tous la reconnaissance de leurs droits et le
développement de leurs localités.
Pour terminer cette partie, nous pouvons constater que la paix
au Darfour est loin d'être une affaire simple. En effet ni les efforts
fournis isolement par la communauté internationale, ni ceux fournis par
les mouvements rebelles encore moins l'effort de l'Etat soudanais ne
permettront une paix définitive dans cette région occidentale du
Soudan. Ce dont le peuple darfourien a besoin c'est plutôt une
combinaison de l'ensemble de ces efforts. Par ailleurs la MINUAD qui
opère depuis le 1er janvier 2008 dans cette région
doit prendre en compte trois éléments essentiels du dossier
darfourien.
D'abord prendre en compte les résultas obtenus
antérieurement par l'U.A qui sont des actes non négligeables
aujourd'hui dans toute tentative de pacification du Soudan dans son
ensemble.
Ensuite pousser les mouvements rebelles à avoir une
voix commune. En effet en raison de l'éclatement de l'ALS et du MJE en
de petites factions, la reprise des négociations demeure
hypothéquée.
Enfin demander le régime de Khartoum de faire des
réformes. En effet les instituions politique et la répartition
des richesses du pays ne favorisent pas un climat de paix.
En définitive, la solution au problème soudanais
réside non seulement à la volonté de la communauté
internationale de « pousser » le régime de Khartoum à
accepter une participation populaire aux affaires de l'Etat, mais
également l'ambition que cette communauté réserverait aux
mouvements rebelles à unifier les différentes factions en vue des
négociations larges et sérieuses.
![](Lunion-africaine-et-la-crise-du-darfour25.png)
CONCLUSION.
Pour conclure sur un sujet qui n'a pas connu son
épilogue, nous dirons que le débat reste toujours ouvert.
Cependant comme tout travail scientifique, nous sommes pris par notre devoir de
mettre terme à notre recherche. Ainsi si la crise du Darfour
était perçue par d'autres comme une guerre purement soudanaise,
aujourd'hui ses enjeux montrent que le conflit dépasse largement les
frontières soudanaises. En effet la guerre civile qui sévit
depuis 2003 dans la région occidentale du Soudan présente un
triple enjeu.
Elle présente d'abord des enjeux vis-à-vis des
dirigeants africains. En effet ces derniers, engagés au règlement
de ce conflit depuis 2004 ont très vite compris que compte tenu «
des réticences des grandes puissances à intervenir dans des
conflits de portée régionales ou guerres civiles
»118, l'autonomie en matière du maintien de la paix
est devenue un impératif. C'est ainsi que la volonté de
résoudre les conflits africains dans un contexte ou les guerres entre
Etats n'avaient plus qu'un intérêt historique devait passer par la
création d'un organe nouveau (CPS) chargé de la gestion de ces
conflits. Par ailleurs l'intervention de l'U.A au Darfour ne constitue pas
aujourd'hui un échec mais plutôt un apprentissage pour celle-ci.
Dans la mesure où non seulement l'U.A est encore « jeune »
mais aussi la crise elle-même est très enracinée.
La crise présente ensuite des enjeux vis-à-vis de
la communauté internationale. En effet elle a permis de comprendre
qu'une collaboration est possible entre les organisations africaines et les
Nations unies en matière de maintien de la paix.
118 N Q Dinh, P Dailler, A Pellet, Droit International
public, Paris, LGDJ, 7°
édition 2002, p. 1019
Elle démontre également que l'autonomie
africaine en matière de la gestion des conflits est loin d'être
une réalité compte tenu des faibles moyens dont dispose le
continent.
Le conflit présente enfin des «
intérêts » pour Khartoum. En effet à travers celuici
le régime du Soudan est en mesure de comprendre que le système
qui a été mis en oeuvre depuis l'indépendance du pays
jusqu'à aujourd'hui est « inadapté » aux aspirations
des masses populaires. Comme en illustrent ces trois guerres civiles (les deux
guerres du sud et celle du Darfour) qu'ait connu l'Etat. Ainsi des
modifications radicales s'imposent.
En définitive pour ne pas parler comme Robert O Collins
qui imagine que : «la guerre au soudan est une histoire sans fin
»119, nous nous pensions que la paix au Soudan est
possible. Seulement, la nouvelle MINUAD qui est en charge du dossier depuis le
1er janvier 2008 doit multiplier ses efforts dans le sens de faire
reprendre les négociations. Car aujourd'hui tout laisse à croire
que le règlement du conflit est politique. Ainsi, pourquoi ne pas opter
pour la solution qui a été entreprise par le Nigeria lors de la
guerre qui l'avait opposée au Biafra ? Notamment en faisant de ces
provinces des entités fédérées au vrai sens du
terme120 comme l'a d'ailleurs suggéré M Yves
Lacoste.
Quoiqu'il en soit deux données fondamentales ne
facilitent pas le retour rapide d'une paix définitive au Soudan. C'est
d'abord l'instabilité de la sous région. C'est ensuite la
ressource pétrolière qui constitue aujourd'hui une richesse et en
même temps un « danger » pour la plupart des Etats africains
qui disposeraient de cet or noir.
119 R O Collins, la guerre au soudan : une
histoire sans fin,
www.african-geopolitics.org
120 L Yves: Géopolitique, La
longue histoire d'aujourd'hui, Paris, Larousse 2006, p.
215
![](Lunion-africaine-et-la-crise-du-darfour26.png)
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