DE LA DEMOCRATIE BELLIGENE A LA DEMOCRATIE ROTATIVE
Par Mahatma Julien TAZI K. Tien-a-be
Mahatmajulien.tazi@unikin.cd,
julientazi@yahoo.fr
Tel. 243 81 16 42 903 - 243 998 612741 -243 89 89 45
107
Chef de Travaux et Diplôme d'études
supérieures en Relations Internationales
Université de Kinshasa.
Plusieurs fois, la pratique du Bulding et making
peace, spécialement dans les pays post conflit envisage la
démocratisation des régimes. Cependant dans plusieurs pays
divisés, l'application de la démocratie universelle est
belligène. Cet article, qui entre dans le cadre de la politique
internationale tente de solutionner la question en proposant à la place
la démocratie rotative sur base du facteur divisant.
Introduction
L'analyse des différents systèmes politiques
internationaux qui ont caractérisé les siècles qui se
sont succédé a démontré les vicissitudes que les
royaumes et empires ont connues dans l'élaboration de leurs propres
systèmes politiques et dans la création des normes
universellement acceptables pour une gestion efficiente des problèmes
internationaux.
L'Europe a connu sa première semblant de
stabilité politique par l'adaptation dans une quasi-totalité des
pays, des monarchies absolues ou parlementaires. Etant incapable d'assurer une
participation populaire dans la gestion de la chose publique et le mieux
être des citoyens, les critiques constructives feront naître deux
divergences : le progressisme monarchique et le progressisme
républicain. Ces deux écoles vont s'affronter pour donner au
monde un régime politique idéal. Tel qu'il est
conceptualisé chez notamment Montesquieu, Diderot, Jean - Jacques
Rousseau et Alexis de Toqueville...
Le système politique après la guerre froide est
celui qui fait de la démocratie et du respect des Droits de l'homme une
caractéristique principale. Ceci fait dire à WEYDERT que
« ... la démocratie reste une valeur à laquelle les
peuples sont fortement attachés et des femmes établis hier en
Grèce, Portugal, Espagne. Elle s'installe aujourd'hui non sans
difficulté dans le pays de l'ancien bloc soviétique. Elle
progresse en Amérique latine, elle est présente dans les pays
d'Asie, elle se construit laborieusement en Chine et en Afrique (1(*)).
La démocratie a représenté et
représente encore à ces jours le système politique sinon
le plus parfait, du moins le plus désirable. Dans tous les continents,
elle n'a aucune solution de rechange envisageable. Cette option devient
très discutable à ces jours. Ainsi, les spécialistes de
science politique moderne sont partagés entre les adeptes du monopole de
« la valeur démocratique » et ceux qui préfèrent
s'en méfier.
Nous nous plaçons sur la liste de ceux qui, depuis la
fin de la guerre froide, tentent de se méfier de l'application
universelle des valeurs de ce système sans une adaptation
conséquente selon les traditions et les réalités des
sociétés concernées. D'aucun pourra penser que nous
faisons allusion uniquement aux communautés africaines ou
tiers-mondistes. Loin delà. Notre option tient grandement compte des
réalités et pratiques des Etats du système international
dans sa globalité.
Il y a lieu de constater malheureusement que la pratique de la
démocratie universelle actuelle fait d'elle une démocratie
illusoire, ce système politique fait que la société soit
prise en otage par les politiciens, le vote populaire est confisqué par
les plus forts, les leaders politiques sont fabriqués par le pouvoir
télécratique ou par les grands lobbies médiatiques. Dans
les pays sous développés, elle fonctionne à double
vitesse, ses piliers sont respectés à géométrie
variable. Elle ne cesse de prendre de nouvelles dimensions et des
qualificatifs.
Dans presque tous les pays industrialisés, les
intellectuels ont tendance aujourd'hui à rechercher des nouvelles
formules d'adaptation. C'est ainsi qu'on est partie de la démocratie
à mandat impératif à la démocratie
représentative, de la démocratie libérale à la
démocratie populaire, de la démocratie sociale du marché
à la sociale démocratie jusque peu à la démocratie
d'opinion. Comme cela ne suffisait pas, chaque pays tente des adaptations par
rapport à sa propre évolution.
Les pays à grandes spécificités sociales
sont prêts à formuler leurs propres adaptations. Certains ont
tenté des formes diverses comme démocratie communautaire,
démocratie consociative.
Il va sans dire que dans certains pays dont les facteurs
sociaux sont instrumentalisés et surtout a une valeur politique,
à l'instar de Rwanda (l'ethnie), du Burundi (ethnie), du Kenya (ethnie)
de l'Afrique du Sud (la race), la Belgique (la langue), de la Chine (langue et
religion),de l'Inde (langue et religion),de l'Irlande du Nord (religion) et
, l'application de la démocratie universelle devient tout à fait
belligène.
En effet, à prendre l'exemple du Rwanda, quand on lui
applique la démocratie universelle dans toute sa rigueur,
c'est-à-dire une personne une voix, une ethnie, les tutsi n'arriveront
jamais au pouvoir de manière démocratique. De ce qui
précède, une voie sera grandement ouverte pour une autre forme de
prise de pouvoir. Conséquence : guerre ethnique,
instabilité politique, absence de cohabitation et manque de vouloir
vivre collectif. C'est pourquoi cette appelle à l'invention
démocratique adaptée à la réalité de ces
différents Etats est très nécessaire.
Cette analyse, pour atteindre ses objectifs, sera
structurée de la manière ci-après :
1. De l'illusion de la démocratie représentative
à la crise de la démocratie contemporaine
2. De la présentation sommaire de la Théorie de
la Démocratie Belligène
3. De la solution à la Démocratie
Belligène de certains Etats spécifiés
Conclusion
I. De l'illusion de la démocratie
représentative à la crise de la démocratie
contemporaine
Depuis très longtemps, nous avons
célébré l'importance de la démocratie. Nous avons
venté ses mérites et nous avons soutenus qu'elle était le
meilleur système politique au monde. Les analystes de renom ont
stigmatisé les Etats restés en marge de la civilisation
démocratique. Il y a lieu aujourd'hui de penser que ce que nous avons
observé n'était qu'une illusion, une farce et une idée
frappe oeil.
Nous allons tenter d'analyser et de démontrer que le
souverain primaire a été pris en otage par les
« faiseurs » d'idées.
1. De l'illusion de la représentation
démocratique
Nous nous donnons la peine de ne pas entrer dans les
méandres de définition du concept démocratie. Cela parce
que nous nous disons que cette réflexion s'adresse d'abord à ceux
qui sont censés et lettrés.
La première illusion est bien relative à sa
définition. Si nous prenons la définition la plus populaire,
faisant de la démocratie, le pouvoir du peuple par le peuple et pour le
peuple, nous pouvons bien nous rendre compte de cette illusion. En effet, Pour
Alain MOUGNIOTTE cette définition est vague. A quels signes dire qu'il y
a gouvernement du peuple, les élections elles mêmes ne
constituent pas un critère sûr, car elles peuvent être
biaisées. Cette définition correspond uniquement à
l'organisation des pouvoirs publics, mais elle ne spécifie pas ce qui
est caractérisé, une gestion démocratique des autres
institutions en instance (2(*)).
En plus, les analystes de la science politique moderne
s'accordent sur le fait que le concept peuple est politiquement abstrait. Pour
le spécifier, il faut bien aller au principe de
représentativité. Là encore rien n'est sûr que le
représentant prend réellement fait et cause pour sa base surtout
que le mandat n'est plus impératif mais plutôt national. Ceci
revient à dire que le représentant évalue ce qui est bon
pour le peuple en tenant compte de ses propres intérêts.
Il faut faire savoir avec simplicité de style
scientifique que la démocratie universelle actuellement enseignée
est une farce, mieux une illusion. S'il est vrai que tout le monde a le droit
de vote, il est aussi vrai que les souverains primaires ne présentent
pas des programmes politiques. Ils adhèrent à ceux qui sont
cousus de toutes pièces par les grands centres intellectuels. Ils sont
objet des propagandes politiques. Il faut encore penser qu'ils y
adhèrent par connaissance ou par conviction ou encore par simple
attrait.
En plus, qui peut ignorer que le système international
censé être démocratique est gouverné par une
minorité, ainsi, une portion infime contrôle tout : les mass-
media, la radio, la télévision, les journaux. Cette
minorité possède le pouvoir de l'agro alimentaire au secteur
cinématographique. Elle manipule l'information à sa guise et
l'électeur ne qu'un simple consommateur. (3(*))
De cette triste réalité, nous pouvons observer
le spectre du totalitarisme qui guette les sociétés
mondialisées. Non pas un totalitarisme similaire à celui qui a
sévi en Union soviétique ou dans l'Allemagne nazie, mais une
nouvelle forme d'oppression issue de la défection des citoyens
eux-mêmes pour l'idéal démocratique. La démocratie,
méthodiquement vidée de son contenu, ne serait plus qu'un
théâtre d'ombres ; elle serait en train de mourir faute de
combattants. (4(*))
L'illusion de la démocratie contemporaine a
engendré un écart et un manque de confiance criant entre les
élus et leurs bases, entre le sommet et la base, le souverain primaire
ne croit plus aux politiciens, qu'ils ont élus parce qu'ils ne font que
leur propre politique sans vraiment tenir compte du peuple.
Les Technocrates de l'Administration appliquent principes pour
principes sans que ces derniers profitent à l'administré. C'est
ainsi que le peuple par diverses manières réclame une
participation plus directement aux affaires de l'Etat et rejette de plus en
plus la vieille notion de la représentativité.
2. De la crise de la Démocratie Contemporaine.
La crise de la démocratie est une manifestation visible
de l'érosion de la démocratie représentative. Cette crise
est exprimée par l'impuissance politique, le manque de confiance des
citoyens vis-à-vis de la classe dirigeante..., A l'intérieur de
plusieurs pays, on constate une montée vertigineuse des
extrémistes, l'abstentionnisme chronique, le manque de confiance des
citoyens vis-à-vis de la classe politique.
Les esprits avertis de la question peuvent s'en rendre compte
et écrire avec aisance que les démocraties connaissent
aujourd'hui, pour la deuxième fois de leur histoire, une crise de
croissance. La première avait eu lieu après la Première
Guerre mondiale. Le suffrage universel voyait se mettre en place des
régimes parlementaires décevants tandis que la
société était déchirée par l'antagonisme
entre classes sociales. La conséquence de cette crise est bien connue:
ce fut l'avènement des totalitarismes dans les années 1930. Mais
après 1945, les démocraties libérales, en menant des
réformes profondes tant politiques, administratives que sociales,
étaient parvenues à surmonter la crise. Malgré des
similitudes, celle que les démocraties connaissent aujourd'hui
résulte surtout de l'approfondissement du libéralisme, qui
s'exprime par un individualisme de masse et le triomphe des droits de l'homme.
Désormais la souveraineté de l'individu a supplanté la
souveraineté du peuple. Il y a un recul et même une
«autodestruction douce» de la démocratie. Son universalisme la
conduit à vouloir se dissocier de tout cadre historique ou politique et
lui fait perdre son sens (5(*))
Cette crise de la démocratie est dans la pratique
perceptible par les nombreuses actions sociales et manifestations populaire
contre telle ou telle autre décision du gouvernement, on notera par
exemple : les pétitions, les grèves, les manifestations, le
militantisme de terrain ou encore aujourd'hui le cyber militantisme. Comment
comprendre et interpréter le fait que les gouvernements se
décident d'aller en guerre aux cotés des USA contre l'Irak
pendant que leurs opinions publiques manifestent contre. (6(*))
Dans certains contextes, comme celui de la France, la crise
s'est accélérée pour toucher les bases mêmes de la
vie politique. Par exemple, le parti politique n'est plus à vrai dire
une structure avant-gardiste de la démocratie. Ainsi, on peut encore
noter ....la démocratie s'en est prise au principe du pouvoir en
général et partout. Elle a universellement sapé les bases
de l'autorité du collectif au nom de la liberté. (...) Elle a
fait passer au premier plan l'exercice des droits individuels, jusqu'au point
de confondre l'idée de démocratie avec lui et de faire oublier
l'exigence de maîtrise collective qu'elle comporte.?» (7(*))
La crise actuelle est pathologique. Elle donne lieu à
la recherche des solutions de rechange. Elle peut être la
résultante de la déformation du parlement (Assemblée
nationale et Sénat) qui, s'autonomise au point de ne plus servir
l'intérêt des peuples et de tendre vers les intérêts
privés (8(*)). Comme
pièce de rechange, les vedettes de la politique inventent des types,
des modes d'expression pour traduire cette crise. Ainsi, en France, on a
noté la montée de ce qu'on a appelé la démocratie
d'opinion.
Cette réalité a été
expliquée par Jürgen Abertias en ces termes :...,
introduction du Marketing en politique témoigne du glissement du citoyen
aux consommateurs puisqu'il consiste à établir de technique de
séduction et d'influence du comportement de l'électeur. Les
partis politiques se sont transformés en vendeur des programmes et ne
s'appuient non sur l'opinion publique, mais sur l'opinion non publique
(privée) recueillie grâce aux méthodes
d'échantillonnage, élaboré par le marketing politique.
Toujours est-il que l'emprise des médias et des sondages correspond
à ce que nombres d'auteurs nomment la démocratie d'opinion
(9(*)).
Elle est considérée par son partisan comme la
plus value démocratique car elle entend comme légitime que
chaque membre du corps politique soit omniprésent dans l'espace public,
« Tout le monde doit tout savoir pour avoir un avis sur
tout » (10(*)).
II. De la Théorie de la Démocratie
Belligène
La paternité de cette théorie revient à
deux éminents professeurs, Edouard D. Mansfield Professeur
associé de la Science Politique à l'université de Colombie
et J. Snyder, Professeur de Science Politique et directeur de
l'Institut de la Guerre et de la Paix dans la même université.
Cette théorie a été
élaborée et énoncée dans un article d'une grande
valeur scientifique intitulé Democratic Transitions, Institutional
Strength, and war.
Les deux auteurs réagissent aux bases théoriques
de la paix démocratique. En effet, depuis Kant dans la paix
perpétuelle, le développement de la théorie de la paix
démocratique est très répandu. Elle est
considérée comme l'une des « lois » parmi les
plus solides de la théorie des Relations Internationales (11(*)).
La théorie de la Paix démocratique postule que
les démocraties ne se font pas la guerre entre elles, non parce que les
peuples seraient intrinsèquement pacifiste, mais parce qu'entre
démocraties le recours à la guerre est justement devenu
irrationnel comme continuation de la politique (12(*)). D'un point de vue
constructiviste, la Paix démocratique est la croyance selon laquelle
les affinités sociales et économiques intenses et les
interdépendances entre les États libéraux sont à
même d'éliminer les perceptions de menaces mutuelles (13(*)).
La théorie de la paix démocratique envisage la
possibilité d'éviter de recourir aux armes comme moyens de
résolution des conflits d'origine économique, diplomatique,
technologique, culturelle, éthique et religieuse (14(*)).
La paix démocratique correspond à la théorie
selon laquelle la paix peut plus facilement exister à travers
la démocratie que par le biais d'États autoritaires.
Il faut noter que c'est en réaction à cette
théorie que les professeurs, Edouard D. Mansfield et J.
Snyder ont proposé à la lumière de certaines
pratiques des Etats en période post guerre froide, cette théorie.
Selon elle, les Etats en transition démocratique, ceux qui ont
récemment procédés à un changement de régime
vers une orientation démocratique sont beaucoup plus enclins à
être violents que les Etats qui ne subissent pas un tel changement.
Autrement dit la démocratisation n'a pas toujours eu le beau
rôle. (15(*))
Ainsi, on peut lire : « Si le processus
de démocratisation a de grandes chances de provoquer des conflits
internes, ceux-ci peuvent également s'extérioriser par le biais
d'un leader qui encourage le recours à la guerre externe comme
stratégie de prestige ou de consolidation du pouvoir. En effet, ces
leaders aux discours prolixes influençables, s'ils ont recours à
diverses ruses pour captiver et provoquer un sentiment patriotique, utilisent
notamment la désignation d'un ennemi extérieur, après
avoir pu invoquer un ennemi intérieur avec les « boucs
émissaires ».
Ainsi, ce processus de valeurs pacifiques
écartées au profit de valeurs patriotiques est
définitivement mis en évidence par Snyder et Mansfield.
(16(*))
III. De l'essai d'adaptation de la Théorie de la
Démocratie Belligène.
Il est vrai que la démocratie est
le meilleur système politique actuel. Cependant, son application
dépend de la nature des sociétés. En effet, dans certaines
sociétés européennes et surtout pour les USA, la pratique
de la démocratie universelle est devenue une tradition, dans d'autres
sociétés, elle est à apprendre.
Dans des continents comme l'Afrique, l'Asie et une bonne
partie de l'Europe de l'est, cette pratique de la démocratie universelle
n'est pas souhaitable. Elle doit faire objet des adaptations. Ainsi, pour bien
le faire, il est important de bien revenir sur la question des Etats
divisé. Cernons d'assez prêt cette question.
1. De la notion des Etats Divisés.
Les grandes sociétés et particulièrement
celles étudiées avant la colonisation étaient des
sociétés segmentaires, homogènes et mono culturels. La
colonisation, surtout en Afrique a construit des Etats
hétérogènes. De ce fait, la quasi-totalité des
Etats en Afrique sont devenus des Etats multinationaux. Pour bien comprendre
cette notion, il nous faut noter qu'un Etat multinational est un État
formé de deux ou plusieurs nations existant en tant que
communautés différentes, chacune ayant conscience de sa
spécificité et manifestant le désir de la conserver.
(17(*))
Nous comprenons ainsi qu'un Etat comme celui là est un
Etat plural, hétéro ethnique. Il est composé de plusieurs
nations (ethnies, communautés,). En son sein, il se pose sans doute la
question des groupes majoritaires et minoritaires.
De ce qui précède, les Etats multinationaux sont
tous des Etats divisés.
Cette division est stigmatisée. Elle peut porter sur
l'ethnie, sur la langue, sur la religion, sur la race ou sur un autre facteur
sociologique.
2. De la typologie de société
divisée.
Sans entrer dans des considérations plus sociologiques,
nous pouvons admettre qu'il y a deux grandes typologies d'Etats divisés.
Le critère de détermination serait sans nul doute la
maîtrise ou non de la complexité de facteurs de division sociale.
Il est donc question des sociétés à dominance claire comme
la France, les USA et le Canada et la société à dominance
ambiguë comme par exemple la Belgique, l'Irlande du Nord, le
Québec, le Rwanda, la République sud Africaine et autre.
GAGNON et Mc ANDREW nous appuient en soulignant que.... Le
système de rapports ethniques sont toujours complexes, on concevra sans
que peine ce défi est amplifié, voire multiplié au sein
des sociétés à ambiguïté de dominance
ethnique.... En effet, à l' opposer de la situation prévalant au
sein des sociétés à dominance ethnique claire .....Au sein
de ces sociétés à dominance divisées par des
conflits historiques de longue date, l'identification même du groupe
majoritaire ne fait pas toujours objet de consensus. (18(*))
3. De la solution à la Démocratie
Belligène des certains Etats spécifiés
Dans cette considération, il y a lieu d'adapter la
théorie de la démocratie belligène telle que
annoncée. Il n'est même plus besoin de penser que les
régimes en transition démocratique sont disposés à
se faire la guerre. Ici, notre adaptation consiste à poser, à
partir de la pratique de ce que nous avons appelons les Etats divisés,
le principe selon le quel, l'application de la démocratie universelle
aux Etats divisés comme le Rwanda, l'Irlande du Nord, la
République Sud Africaine, la République Démocratique Congo
dans une certaine mesure, l'Ouganda, le Burundi, devient inadaptée et
belligène.
Ce caractère écarterait d'office ethnie ou
partie minoritaire au profit de la partie majoritaire. Ainsi donc, la
démocratie universelle serait productrice de l'instabilité et des
causes des conflits à venir.
De tout ce que nous venons de souligner, il y a lieu de
proposer un nouveau modèle, une nouvelle typologie de démocratie
adaptée à la condition des Etats divisés.
Ce modèle nous l'avons appelé la
Démocratie Rotative.
IV. De la Démocratie Rotative.
Pour scruter le contenu de cette nouvelle typologie de
démocratie, il sied de rappeler l'hypothèse de départ de
cette motivation. En effet dans les sociétés divisées
où il existe une certaine catégorisation ethnique, raciale,
communautaire, linguistique ou religieuse, il s'ensuit une certaine
segmentation différenciée des composantes de la
société, c'est à dire une communauté
composée des groupes majoritaires et minoritaires, dont les valeurs
sont instrumentalisées pour présenter d'autres revendications.
Ainsi, la compétition politique serait grandement faussée. En
pareille situation, la démocratie universelle ne peut plus être
un gage de stabilité et de paix durable. Il y aura une minorité
qui n'arrivera jamais au pouvoir par le suffrage universel, alors elle
cherchera une autre voie pour y arriver.
La démocratie rotative est une variance de la
démocratie de consensus, c'est une démocratie
décentralisée. Elle privilégie les facteurs sociologiques
instrumentalisables comme la religion, l'ethnie, la langue, la
communauté, la race,......
C'est une démocratie de proximité, elle
a pour objectif d'imposer la gouvernance démocratique.
La démocratie ethno rotative est une variance de la
démocratie consociative qui tente de prendre en charge les
modèles complexe qui sont au delà des dualismes des
sociétés divisées. C'est le cas d'abord de la
République Démocratique Congo, qui est faite des minorités
nationales. C'est à dire que c'est une situation complexe qui demande un
modèle sui generis. C'est une démocratie consensuelle
qui garantit l'équilibre inter ethnique ou inter provincial.
La démocratie rotative est un modèle très
souple. Elle envisage de prendre en compte toutes les structures qui organisent
la société. Elle part de l'Etat à la base.
1. De la construction du modèle ethno rotatif,
Ce modèle spécifique est construit sur base des
éléments sur les quels la division de la société
est organisée. La condition principale est que ces
éléments deviennent des structures de recourt absolu pour la
gouvernance politique. Les cas du Rwanda et de la RDC sont illustratifs. Dans
ces deux pays, l'analyse des faits à observer démontre que les
ethnies ou les provinces sont importantes dans le choix politique.
La constitution elle même consacre le recourt à
la géopolitique provinciale pour la nomination des membres du
gouvernement.
2. De l'objectif de la démocratie rotative
Il faut dire que chaque idée nouvelle peut
présenter des avantages et des incoveniants. Ici nous ne reprenons que
ce qui présente à nos yeux les avantages de la démocratie
rotative.
En effet, dans la société divisée, les
composantes se replient sur elles mêmes pour ne pas disparaître.
Ainsi, il y a la méfiance, la peur installée et même
l'anticipation abusive des actions des unes contre les autres. L'avantage
particulier de la démocratie rotative est celui de faire renaître
la confiance, le vouloir vivre collectif, le renforcement de la cohésion
et solidarité nationale, le renforcement du socle de l'unité
nationale, le renforcement de la cohabitation pacifique entre les structures
divisées. La démocratie rotative est un gage d'une bonne
intégration inter provinciale.
Le deuxième avantage que ce modèle
présente est celui d'éliminer sinon atténuer au fur et
à mesure, les facteurs qui divisent. En effet, elle fera de partis
politiques des véritables structures avant-gardistes de la
solidarité nationale et de l'organisation politique.
3. de l'organisation démocratique et choix politique
dans la démocratie rotative.
Dans ce modèle, l'organisation politique est construite
autour des toutes les structures sociales.
Il faut noter que ce modèle peut bien s'appliquer dans
toutes les formes de l'Etats selon que les facteurs de divisions sont
gérables. Cependant, la décentralisation se prête la mieux.
Pour ce modèle, l'organisation part de la base au
sommet. C'est-à-dire du Village, Groupement, Chefferie, Quartier,
Cité, Territoire, District, province et Etat. Chacune de ces structures
doit avoir un parlement ou un conseil ayant des pouvoirs législatifs, un
gouvernement et des institutions judiciaires. En claire de la même
manière que l'Etat est organisé& au somment, cette
organisation doit aller jusqu'à la base.
Pour les Etats dont les facteurs de division sont la race,
l'ethnie ou la langue, cette organisation doit tenir compte de ces facteurs
pour que chaque élément soit pris en compte. Pour ceux dont le
facteur reste la province, comme la RDC, l'organisation doit tenir compte de
certaines particularités relatives à la nature de l'Etat.
4. Du choix de dirigeant dans le modèle de
démocratie rotative.
Il faut de prime à bord souligner que ce modèle
tente de corriger mieux adapter le modèle de démocratie
universelle afin qu'il ne soit plus belligène dans son application pour
certains Etats comme les Etats multinationaux qui du reste sont des Etats
divisés. Pour cela, aucune autorité ne peut être
désignée d'autorité ni désigné par la
hiérarchie. Toutes doivent être élues.
Dans le modèle de démocratie rotative, le
facteur le plus important est la prise en compte des facteurs de division. Ici,
la rotation est faite sur ce facteur et non sur le parti politique. En effet,
pour le Rwanda ou la République Sud Africaine, par exemple, le choix
politique suivrait l'ethnie ou la race. Pour la RDC dont le facteur divisant
est la province, le choix porterait sur la province.
Ainsi donc, le président de la république sera
élu au suffrage universel direct national. Cependant il sera
présenté soit par une ethnie, une race, une langue ou une
province.
Ce choix ne peut être hasardeux. Une composante,
après des primaires sérieuse présente des candidats ne
provenant que d'elle au choix de toute la république pour un mandat
quelconque. Après viendra le tour de chaque composante jusqu'à ce
qu'on recommence.
Pour le Rwanda par exemple qui est composé de trois
grands groupes ethniques, pour un mandat de cinq ans une fois renouvelable, le
Tutsi après des primaires passés sur toute la république,
présente deux ou trois voire même quatre candidats,
accompagné chacun d'un colistier aux suffrages directes universelles
nationales.
Pour un Etat comme la RDC dont l'élément
divisant est la province, chaque province, après des primaires
présente en rotation quelques candidats, (accompagné des
colistiers des autres provinces, selon que la constitution l'aura
prévue) qui seront élus par toute la République. Ainsi,
chaque province aura l'avantage de gouverner l'Etat.
Cette organisation a l'avantage de faire des partis politiques
des vraies structures avant-gardistes de la démocratie. Pour des Etats
comme le Rwanda, les Tutsi se diront qu'ils ne pourront jamais arriver au
pouvoir sans l'apport substantiel des Hutu. Ainsi, à notre avis le
vouloir vivre collectif sera restauré et la solidarité nationale
deviendra une réalité. Une fois cette organisation
établie, l'ethnie cessera d'être un facteur de division pour le
Rwanda et la province pour la RDC.
a) Au niveau provincial
Le pouvoir provincial serait
organisé sur base de représentation.
La population choisit au suffrage universel direct les membres
du conseil provincial. Le siège est réparti équitablement
entre les structures de division.
A leur tour, ils élisent les conseillers qui feront
membre de l'exécutif provincial (portefeuilles ministériels
égaux entre les composantes). Et ces membres de l'exécutif
choisissent un gouverneur qui préside l'exécutif provincial et
vice gouverneur en respectant le même principe
b) Au niveau communal
La commune constitue la
collectivité locale de base. C'est le niveau de pouvoir le plus proche
de la population dans les démocraties libérales. Dans certains
Etats, la commune n'est pas le niveau du pouvoir le plus proche de la
population. Cela est dû, à la marginalisation de l'organisation,
au moins du système traditionnel par l'Etat moderne. L'organisation du
pouvoir se fera de la même façon que le pouvoir provincial.
c) Au niveau du village
Le village est composé des
lignées ou des lignages à parentés ou pas qui vivent
ensemble sans la reconnaissance d'un certain ordre d'ancienneté. C'est
le village qui est la collectivité locale de base dans la
démocratie ethno rotative. Le pouvoir politique doit être
organisé aussi par la loi fondamentale et les lois organiques de l'Etat,
et ce, sur mode représentatif. Le principe de rotativité se fera
en fonction des facteurs de division. Qui composent le village. Le pouvoir
politique sera composé donc d'un exécutif et d'une
assemblée du village. Il faut alors poser des règles claires et
précises de la désignation des animateurs des institutions des
entités de base tels que les villages. Il faut impliquer, par exemple,
les chefs du village dans la vie publique en leur réservant
légalement des domaines des compétences puisqu'ils sont pochent
de la base et connaissent les aspirations profondes de celles-ci.
CONCLUSION.
Il nous est important après cette analyse de penser
à l'avenir. En effet, la colonisation, en créant en
Afrique, des Etats multinationaux a posé des bases des conflits intra
nationaux et même inter étatique du fait que des grands groupes
ethniques sont transfrontaliers.
L'adoption de la démocratie universelle comme
régime politique le plus attrayant ne semble plus s'accorder à
des nouvelles situations. Ainsi, il y a hydridation des sociétés,
caricaturation et même de tentation de trouver des structures de
substitution.
Cette analyse repose ici la question de la
déconstruction des Etats comme modèle les mieux
structurés. La question de la démocratie belligène se pose
en terme de la faillite de la construction des Etats dans les
sociétés divisées et multinationaux.
La cause principale des nouvelles crises intra étatique
et inter étatique en période post guerre froide revient à
l'incapacité d'adapter le processus de démocratisation aux
valeurs sociologiques et à la nature des sociétés du tiers
monde.
De ce qui précède, les Etats divisés qui
ont comme modèle de la démocratie occidentale comme
système politique sont disposés à des crises à
venir. Car, ils seront confrontés à d'énormes
difficultés a cause de l'instrumentalisation politique des facteurs
divisant, ainsi, toute la paix y serait précaire.
La configuration sociale et démographique interne de
ces sociétés fait que l'application de la démocratie
universelle, ne puisse soutenir durablement le changement
démocratique comme gage d'une paix durable.
Eu égard à ce qui précède, nous
soutenons notre hypothèse de départ selon la quelle
l'application de la démocratie libérale à l'occidentale
est belligène pour tout Etat divisé et multinational. Si pour,
les professeurs Edouard D. Mansfield et J. Snyder, la critique de la
théorie de la paix démocratique est acceptable, cette
théorie de la démocratie belligène doit être
adaptée afin de justifier le danger de l'application de la
démocratie universelle pour certains Etats.
De ce qui précède, la démocratie rotative
(ethno rotative pour les Etats dont le facteur de division est l'ethnie) nous
semble devenir incontournable et le fondement de toute organisation
sociopolitique pour les Etats multinationaux. La démocratie rotative
est un modèle de démocratie adapté aux
réalités des certains Etats. Dans ce modèle l'accession
au pouvoir se fait sur base des affinités sociologiques (selon le
cas : ethnie, langue, religion ou race) ou provinciales. Il évite
l'exclusion des certains groupes au partage de pouvoir. De ce fait, une cause
à des conséquences importante des clivages sociaux et replis
identitaires est évitée.
Cette réflexion propose une solution à
l'instabilité de certains Etats et des régions entières.
En proposant cette réflexion à l'appréciation des
illuminés scientifiques, nous n'avons pas la prétention d'avoir
épuisé toute sa substance. Cependant nous avons ouvert la piste
ou continuons sur la piste des recherches portant sur la crise de l'Etat
nation, la déconstruction des structures étatiques au profit des
régions.
Bibliographie
I. Ouvrages
1. BLIN, A., Géopolitique de la Paix
démocratique, Ed. Descartes et Cie, Paris, 2001
2. CAPDEVIELLE, J., Démocratie : la panne,
éd. La discorde, Paris, 2005
3. FARER, T., Structure de la politique
étrangère de la Nation. Lutte de domination parmi les experts
américains des Relations Internationales, Presse Universitaire de
France, Diogène, 2003
4. FLEURY, C, Les Pathologies de la
démocratie, éd, Fayard, 2005,
5. GAUCHET, M., La Démocratie d'une crise à
l'autre, éd. Cécile Défaut, Paris, 2007
6. GAUCHET, M., L'Avènement de la
démocratie, Gallimard, Paris, 2007
7. HIRMER, O., L'argent, Marx, le Christ,
éd.Epiphanie, Kinshasa., 1984
8. MARIE ANDREW, M. et GAGNON, F., Relations
ethniques et éducation dans les sociétés divisées
(Québec, Irlande du Nord, Catalogne et Belgique) ; éd.
L'Harmattan, Paris, 2000
9. MOUGNIOTTE, Eduquer à la démocratie,
éd. Celf, Paris, 1994,
10. PIERRÉ, S., La multi nation : l'avenir des
minorités en Europe centrale et orientale, éd. CAPS O.
Jacob, Paris, 1995,
11. WEYDERT, J.S, Fragile démocratie
politique, culturelle et religieuse, éd. Braillard, Paris, 1998
12. WUNENBURGER, J, Les grands mythes politiques
revisités à l'heure de la politique pour tous, éd.
Table ronde, Paris, 2002,
II. Articles des Revues
1. BATTISTELLA, D., « Faire de la paix un bien
public », in Colloques Les biens publics mondiaux, Bordeaux
IV, p. 3
2. ABERMAS, J, « L'espace public », in
le web pédagogiques,
www.dicourspedagogique.arti.com
3. BONET S., « Application de la Théorie de
la Démocratisation Belligène de Snyder et Mansfield à la
démocratisation de la Yougoslavie en 90, » in
www.oboulo.com/application-theorie-democratisation-belligene-snyder-mansfield-democratisation-yougoslavie-90-53100.html,
19/05/2008
4. DEPAQUIT, S., « Renouveler la démocratie :
oui, mais comment ? », in Confluences, no 35 du 13 juillet
2008 p.40
5. LÉVY J.S. et RUSSET, B., cités par LINDEMANN,
T., « Identité Démocratiques et Choix
Stratégiques », in Revue française de science
politique, Vol.54, n°5, Presse de Sciences Po, octobre 2004, p.829
6. MANSFIELD EDWARD, D. et SNYDER, J., «Democratic
Transitions, Institutional Strength, and War,» in International
Organization, Vol. 56, No. 2. , 2002, pp. 297-337. p.71
* 1WEYDERT, J.S,
Fragile démocratie politique, culturelle et religieuse,
éd. Braillard, Paris, 1998, p3
* 2MOUGNIOTTE, Eduquer
à la démocratie, éd. Celf, Paris, 1994, p59
* 3HIRMER, O., L'argent,
Marx, le Christ, éd.Epiphanie, Kinshasa., 1984, p.66
* 4 CAPDEVIELLE, J.,
Démocratie : la panne, éd. La discorde, Paris, 2005, p.58
* 5 GAUCHET, M., La
Démocratie d'une crise à l'autre, éd. Cécile
Défaut, Paris, 2007, p.57
* 6 GAUCHET, M.,
L'Avènement de la démocratie, Gallimard, 2007 p.26
* 7 DEPAQUIT, S.,
« Renouveler la démocratie : oui, mais comment ? »,
in Confluences, no 35 du 13 juillet 2008
* 8 FLEURY, C, Les
Pathologies de la démocratie, éd, Fayard, 2005, p.40
* 9ABERMAS, J, «
L'espace public », in le web pédagogiques,
www.dicourspedagogique.arti.com
* 10WUNENBURGER, J, Les
grands mythes politiques revisités à l'heure de la politique pour
tous, éd. Table ronde, Paris, 2002, p.71
* 11 LÉVY J.S. et
RUSSET, B., cités par LINDEMANN, T., « Identité
Démocratiques et Choix Stratégiques », in Revue
française de science politique, Vol.54, n°5, Presse de
Sciences Po, octobre 2004, p.829
* 12 BATTISTELLA, D.,
« Faire de la paix un bien public », in Colloques Les
biens publics mondiaux, Bordeaux IV, p. 3
* 13 FARER, T.,
Structure de la politique étrangère de la nation. Lutte
de domination parmi les experts américains des Relations
Internationales, Presse Universitaire de France, Diogène, 2003,
p.97
* 14 BLIN, A.,
Géopolitique de la Paix démocratique, Ed. Descartes et Cie,
Paris, 2001, p.68
* 15 Pour plus de details lire
MANSFIELD EDWARD, D. et SNYDER, J., «Democratic Transitions, Institutional
Strength, and War,» in International Organization, Vol. 56, No.
2. , 2002, pp. 297-337.
* 16 BONET S.,
« Application de la théorie de la démocratisation
belligène de Snyder et Mansfield à la démocratisation de
la Yougoslavie en 90, » in
www.oboulo.com/application-theorie-democratisation-belligene-snyder-mansfield-democratisation-yougoslavie-90-53100.html,
19/05/2008
* 17 PIERRÉ, S., La
multination : l'avenir des minorités en Europe centrale et
orientale, éd. CAPS O. Jacob, Paris, 1995, p.14
* 18 MARIE ANDREW, M. et
GAGNON, F., Relations ethniques et éducation dans les
sociétés divisées (Québec, Irlande du Nord,
Catalogne et Belgique) ; éd. L'Harmattan, Paris, 2000, p. 7.
|