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FISCALITE,
FINANCES
PUBLIQUES ET
CROISSANCE
AU SENEGAL
Madaniou DIEME
1.
2
Analyse de la fiscalité applicable aux PME 5
1.1. Fiscalité directe 5
1.2. Fiscalité indirecte 7
1.3. Incitations fiscales 8
1.4. Cas du secteur informel 10
1.5. Evolution du Taux Marginal Effectif d'Imposition (TMEI)
12
1.5.1. Dans le secteur de l'industrie 13
1.5.2. Dans le secteur des services 15
2. Analyse empirique de l'évolution des recettes fiscales
19
2.1. Etude de l'évolution des recettes fiscales 19
2.2. Etude économétrique 23
2.2.1. Expression des recettes fiscales en fonction du PIB 23
2.2.3. Estimation des recettes budgétaires en fonction du
PIBpm aux prix constants de 1987
24
2.2.4. Estimation des recettes budgétaires en fonction du
PIBcf aux prix constants de 1987 25
2.2.5. Estimation des recettes budgétaires en fonction du
PIB nominal 25
2.2.6. Estimation des recettes totales en fonction du PIBpm aux
prix constants de 1987 25
2.2.7. Estimation des recettes totales en fonction du PIBcf aux
prix constants de 1987 25
2.2.8. Estimation des recettes totales en fonction du PIB nominal
25
3. Agenda de réformes 26
3.1. Dans le domaine de la fiscalité 26
3.2. Dans le domaine de la statistique 29
Conclusion 31
Bibliographie 33
3
L'Etat demeure le principal garant de l'activité
économique. Cette situation se traduit parfois par une augmentation des
dépenses publiques sans rapport direct avec les possibilités
internes de génération de ressources. L'accroissement des
dépenses d'éducation et de santé, dans un souci de
renforcement et de disposition d'une main d'oeuvre suffisante et
qualifiée, le phénomène d'urbanisation et de
l'aménagement du territoire, l'implication de l'Etat dans
l'activité économique et les difficultés
économiques croissantes auxquelles font face les populations, sont
autant de facteurs qui expliquent en partie la croissance des dépenses
publiques ces dernières années.
L'essentiel des dépenses budgétaires est
constitué de recettes fiscales, c'est-à-dire d'impôts et de
taxes.
La politique fiscale n'est pas tout à fait neutre par
rapport à l'activité économique, ce qui conforte l'objet
de l'étude de ses relations avec les stratégies de
développement.
L'impôt, au Sénégal, est une contribution
pécuniaire obligatoire - pour les assujettis - ne donnant pas lieu
à un remboursement. Il existe différentes sortes de
classification de l'impôt parmi lesquelles la classification
administrative, qui distingue les impôts directs des impôts
indirects et des droits d'enregistrement et de timbres.
L'impôt direct est recouvré par le Trésor
public, liquidé par le fisc et directement supporté par celui qui
le paie alors que l'impôt indirect est assis sur et recouvré par
l'administration fiscale et supporté par l'utilisateur final du bien
imposé. Quant aux droits d'enregistrement et de timbres, ce sont des
impôts qui frappent la richesse lorsqu'elle passe d'un patrimoine
à un autre.
Pour les économistes libéraux, l'impôt
reste une variable financière plutôt qu'une variable
instrumentale. Leur préoccupation est de trouver un impôt «
neutre », qui perturbe le moins possible les mécanismes du
marché. De ce fait, la politique fiscale est dite optimale, si elle
n'entraine pas de distorsions dans le choix des agents économiques.
L'impôt direct peut être considéré
comme un simple transfert de ressources des ménages et des
entreprises vers l'Etat. En revanche, l'Etat est tenu de verser des allocations
aux ménages et de fournir des infrastructures à la
collectivité, ainsi que de réguler l'environnement des
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affaires dans lequel évoluent les entreprises. La
fiscalité directe peut être considérée comme neutre,
méme si en réalité elle ne l'est pas. Cette
neutralité reste entière par rapport à la fiscalité
indirecte qui renchérit proportionnellement les prix des biens et
services. C'est ce qui fait dire, d'après la théorie
libérale de l'impôt, qu'une politique fiscale directe est
supérieure à une politique fiscale indirecte. Cette
supériorité n'est que relative, dans la mesure où, elle
réduit les revenus de l'entreprise ou accroit ses frais
généraux.
Par ailleurs, des estimations montrent couramment qu'en
Afrique, les PME représentent plus de 50% des contribuables, mais
seulement 5 à 10% des recettes. Cette situation se traduit par un manque
à gagner de la part de l'Etat. En sus de cela, il convient de noter la
présence et la prédominance d'un secteur informel, qui ne
supporte pas tous les prélèvements obligatoires
opérés sur le secteur moderne.
Au Sénégal, l'enquête 1-2-3
réalisée par la DPS en 2003, a montré que dans la seule
région de Dakar, le secteur informel a contribué à hauteur
de 10,7% du PIB en 2002, soit une production de 508,8 milliards de F CFA de
biens et services et 365,3 milliards de F CFA en termes de valeur
ajoutée. Aujourd'hui, la DPEE évalue cette contribution à
près de 60% du PIB.
Différentes études ont montré
l'importance du secteur informel dans les pays en développement, mais
aussi ces études ont fait le point sur les différentes raisons
poussant les PME à opérer en marge de la législation
fiscale. La présente étude se propose d'évaluer les
relations entre la fiscalité, les finances publiques et la croissance
économique, mais aussi de proposer un cadre fiscal dans lequel les PME
vont opérer.
Un diagnostic de la fiscalité applicable au
Sénégal est d'abord fait à la première section ;
dans cette partie, l'analyse portera sur la fiscalité directe, la
fiscalité indirecte, les incitations fiscales, le taux marginal effectif
d'imposition et sur le secteur informel. Ensuite, dans une seconde section, une
analyse de l'évolution des recettes fiscales est faite. Enfin, dans une
dernière section, un agenda de réformes est proposé.
6
1. Analyse de la fiscalité applicable aux PME
1.1. Fiscalité directe
Sur la période 1989-2006, les recettes issues des
impôts directs se sont élevés en moyenne annuelle à
141,1 milliards de F CFA, soit 27,12% des recettes fiscales.
Les impôts sur le revenu et les bénéfices
s'élèvent à un peu plus de 80% des impôts directs
soit 21,84% des recettes fiscales totales, en moyenne annuelle de 1989 à
2006. Cette part relativement élevée des impôts sur le
revenu et les bénéfices, reflète l'importance de la
contribution des entreprises dans les recettes en particulier, et donne une
idée sur le rôle des entreprises dans l'économie en
général.
Au Sénégal, la fiscalité des entreprises
correspond principalement à l'impôt sur les
sociétés, la contribution globale unique, l'impôt sur les
bénéfices et l'impôt du minimum fiscal.
Le taux de l'impôt sur les sociétés est
fixé à 25% du bénéfice imposable. Cet impôt,
qui s'applique qu'aux bénéfices réalisés au
Sénégal, concerne deux types d'assujettis. Les
sociétés assujetties de plein droit : les sociétés
de capitaux (sociétés anonymes et sociétés à
responsabilité limitée) et les sociétés civiles qui
se livrent à des opérations commerciales, industrielles,
agricoles, artisanales, forestières et minières. Les autres types
de sociétés sont assujettis par option.
La législation fiscale prévoit un autre type
d'impôt, l'impôt du minimum forfaitaire (IMF), qui frappe les
sociétés lorsque leur résultat ne leur permet pas de payer
l'impôt sur les sociétés. La base imposable est leur
chiffre d'affaires et le montant de l'impôt dû dépend du
chiffre d'affaires hors impôts et taxes. Pour un chiffre d'affaires
annuel hors impôts et taxes inférieur à 250 000 000 F CFA,
le montant de l'IMF s'élève à 500 000 F CFA ; pour un
chiffre d'affaires annuel hors impôts et taxes compris entre 250 000 001
F CFA et 500 000 000 F CFA, le montant de l'IMF s'élève à
750 000 F CFA et enfin pour un chiffre d'affaires annuel hors impôts et
taxes supérieur à 500 000 000 F CFA, le montant de l'IMF
s'élève à 1 000 000 F CFA.
Introduite par la loi 2004-12 du 6 février 2004, la
contribution globale unique (CGU) s'applique aux entreprises dont le chiffre
d'affaires toutes taxes comprises est inférieur à 50 millions de
F CFA, s'il s'agit d'opérations portant sur les biens, et à 25
millions de F CFA, s'il s'agit d'opérations portant sur les services.
C'est un impôt synthétique qui regroupe
l'impôt du minimum fiscal, la contribution des patentes,
la taxe sur la valeur ajoutée, la contribution forfaitaire à la
charge des employeurs, la contribution des licences. Son montant varie en
fonction du chiffre d'affaire réalisé.
Il existe d'autres types de taxes directes supportées
par les entreprises, à savoir la taxe sur les revenus de capitaux, la
taxe sur les plus-values, la contribution forfaitaire à la charge de
l'employeur, la contribution des patentes et la contribution des licences.
Exonérations
Le code des investissements prévoit des avantages
particuliers sur l'impôt sur les bénéfices :
- Les entreprises nouvelles agréées sont
autorisées à déduire du montant du bénéfice
imposable une partie des investissements ; cette déduction est
fixée à 40% des investissements retenus, dans la mesure où
le montant des déductions ne pourra dépasser 50% du
bénéfice imposable ;
- Cette déduction est la méme pour les projets
d'extension agréés, mais dans ce cas, le montant des
déductions ne pourra pas dépasser 25% du bénéfice
imposable.
Dans les deux cas, les déductions peuvent
s'étaler sur 5 exercices fiscaux successifs au terme desquels, le
reliquat du crédit d'impôt autorisé et non utilisé
n'est ni imputable, ni remboursable.
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