1
FISCALITE,
FINANCES
PUBLIQUES ET
CROISSANCE
AU SENEGAL
Madaniou DIEME
1.
2
Analyse de la fiscalité applicable aux PME 5
1.1. Fiscalité directe 5
1.2. Fiscalité indirecte 7
1.3. Incitations fiscales 8
1.4. Cas du secteur informel 10
1.5. Evolution du Taux Marginal Effectif d'Imposition (TMEI)
12
1.5.1. Dans le secteur de l'industrie 13
1.5.2. Dans le secteur des services 15
2. Analyse empirique de l'évolution des recettes fiscales
19
2.1. Etude de l'évolution des recettes fiscales 19
2.2. Etude économétrique 23
2.2.1. Expression des recettes fiscales en fonction du PIB 23
2.2.3. Estimation des recettes budgétaires en fonction du
PIBpm aux prix constants de 1987
24
2.2.4. Estimation des recettes budgétaires en fonction du
PIBcf aux prix constants de 1987 25
2.2.5. Estimation des recettes budgétaires en fonction du
PIB nominal 25
2.2.6. Estimation des recettes totales en fonction du PIBpm aux
prix constants de 1987 25
2.2.7. Estimation des recettes totales en fonction du PIBcf aux
prix constants de 1987 25
2.2.8. Estimation des recettes totales en fonction du PIB nominal
25
3. Agenda de réformes 26
3.1. Dans le domaine de la fiscalité 26
3.2. Dans le domaine de la statistique 29
Conclusion 31
Bibliographie 33
3
L'Etat demeure le principal garant de l'activité
économique. Cette situation se traduit parfois par une augmentation des
dépenses publiques sans rapport direct avec les possibilités
internes de génération de ressources. L'accroissement des
dépenses d'éducation et de santé, dans un souci de
renforcement et de disposition d'une main d'oeuvre suffisante et
qualifiée, le phénomène d'urbanisation et de
l'aménagement du territoire, l'implication de l'Etat dans
l'activité économique et les difficultés
économiques croissantes auxquelles font face les populations, sont
autant de facteurs qui expliquent en partie la croissance des dépenses
publiques ces dernières années.
L'essentiel des dépenses budgétaires est
constitué de recettes fiscales, c'est-à-dire d'impôts et de
taxes.
La politique fiscale n'est pas tout à fait neutre par
rapport à l'activité économique, ce qui conforte l'objet
de l'étude de ses relations avec les stratégies de
développement.
L'impôt, au Sénégal, est une contribution
pécuniaire obligatoire - pour les assujettis - ne donnant pas lieu
à un remboursement. Il existe différentes sortes de
classification de l'impôt parmi lesquelles la classification
administrative, qui distingue les impôts directs des impôts
indirects et des droits d'enregistrement et de timbres.
L'impôt direct est recouvré par le Trésor
public, liquidé par le fisc et directement supporté par celui qui
le paie alors que l'impôt indirect est assis sur et recouvré par
l'administration fiscale et supporté par l'utilisateur final du bien
imposé. Quant aux droits d'enregistrement et de timbres, ce sont des
impôts qui frappent la richesse lorsqu'elle passe d'un patrimoine
à un autre.
Pour les économistes libéraux, l'impôt
reste une variable financière plutôt qu'une variable
instrumentale. Leur préoccupation est de trouver un impôt «
neutre », qui perturbe le moins possible les mécanismes du
marché. De ce fait, la politique fiscale est dite optimale, si elle
n'entraine pas de distorsions dans le choix des agents économiques.
L'impôt direct peut être considéré
comme un simple transfert de ressources des ménages et des
entreprises vers l'Etat. En revanche, l'Etat est tenu de verser des allocations
aux ménages et de fournir des infrastructures à la
collectivité, ainsi que de réguler l'environnement des
4
affaires dans lequel évoluent les entreprises. La
fiscalité directe peut être considérée comme neutre,
méme si en réalité elle ne l'est pas. Cette
neutralité reste entière par rapport à la fiscalité
indirecte qui renchérit proportionnellement les prix des biens et
services. C'est ce qui fait dire, d'après la théorie
libérale de l'impôt, qu'une politique fiscale directe est
supérieure à une politique fiscale indirecte. Cette
supériorité n'est que relative, dans la mesure où, elle
réduit les revenus de l'entreprise ou accroit ses frais
généraux.
Par ailleurs, des estimations montrent couramment qu'en
Afrique, les PME représentent plus de 50% des contribuables, mais
seulement 5 à 10% des recettes. Cette situation se traduit par un manque
à gagner de la part de l'Etat. En sus de cela, il convient de noter la
présence et la prédominance d'un secteur informel, qui ne
supporte pas tous les prélèvements obligatoires
opérés sur le secteur moderne.
Au Sénégal, l'enquête 1-2-3
réalisée par la DPS en 2003, a montré que dans la seule
région de Dakar, le secteur informel a contribué à hauteur
de 10,7% du PIB en 2002, soit une production de 508,8 milliards de F CFA de
biens et services et 365,3 milliards de F CFA en termes de valeur
ajoutée. Aujourd'hui, la DPEE évalue cette contribution à
près de 60% du PIB.
Différentes études ont montré
l'importance du secteur informel dans les pays en développement, mais
aussi ces études ont fait le point sur les différentes raisons
poussant les PME à opérer en marge de la législation
fiscale. La présente étude se propose d'évaluer les
relations entre la fiscalité, les finances publiques et la croissance
économique, mais aussi de proposer un cadre fiscal dans lequel les PME
vont opérer.
Un diagnostic de la fiscalité applicable au
Sénégal est d'abord fait à la première section ;
dans cette partie, l'analyse portera sur la fiscalité directe, la
fiscalité indirecte, les incitations fiscales, le taux marginal effectif
d'imposition et sur le secteur informel. Ensuite, dans une seconde section, une
analyse de l'évolution des recettes fiscales est faite. Enfin, dans une
dernière section, un agenda de réformes est proposé.
6
1. Analyse de la fiscalité applicable aux PME
1.1. Fiscalité directe
Sur la période 1989-2006, les recettes issues des
impôts directs se sont élevés en moyenne annuelle à
141,1 milliards de F CFA, soit 27,12% des recettes fiscales.
Les impôts sur le revenu et les bénéfices
s'élèvent à un peu plus de 80% des impôts directs
soit 21,84% des recettes fiscales totales, en moyenne annuelle de 1989 à
2006. Cette part relativement élevée des impôts sur le
revenu et les bénéfices, reflète l'importance de la
contribution des entreprises dans les recettes en particulier, et donne une
idée sur le rôle des entreprises dans l'économie en
général.
Au Sénégal, la fiscalité des entreprises
correspond principalement à l'impôt sur les
sociétés, la contribution globale unique, l'impôt sur les
bénéfices et l'impôt du minimum fiscal.
Le taux de l'impôt sur les sociétés est
fixé à 25% du bénéfice imposable. Cet impôt,
qui s'applique qu'aux bénéfices réalisés au
Sénégal, concerne deux types d'assujettis. Les
sociétés assujetties de plein droit : les sociétés
de capitaux (sociétés anonymes et sociétés à
responsabilité limitée) et les sociétés civiles qui
se livrent à des opérations commerciales, industrielles,
agricoles, artisanales, forestières et minières. Les autres types
de sociétés sont assujettis par option.
La législation fiscale prévoit un autre type
d'impôt, l'impôt du minimum forfaitaire (IMF), qui frappe les
sociétés lorsque leur résultat ne leur permet pas de payer
l'impôt sur les sociétés. La base imposable est leur
chiffre d'affaires et le montant de l'impôt dû dépend du
chiffre d'affaires hors impôts et taxes. Pour un chiffre d'affaires
annuel hors impôts et taxes inférieur à 250 000 000 F CFA,
le montant de l'IMF s'élève à 500 000 F CFA ; pour un
chiffre d'affaires annuel hors impôts et taxes compris entre 250 000 001
F CFA et 500 000 000 F CFA, le montant de l'IMF s'élève à
750 000 F CFA et enfin pour un chiffre d'affaires annuel hors impôts et
taxes supérieur à 500 000 000 F CFA, le montant de l'IMF
s'élève à 1 000 000 F CFA.
Introduite par la loi 2004-12 du 6 février 2004, la
contribution globale unique (CGU) s'applique aux entreprises dont le chiffre
d'affaires toutes taxes comprises est inférieur à 50 millions de
F CFA, s'il s'agit d'opérations portant sur les biens, et à 25
millions de F CFA, s'il s'agit d'opérations portant sur les services.
C'est un impôt synthétique qui regroupe
l'impôt du minimum fiscal, la contribution des patentes,
la taxe sur la valeur ajoutée, la contribution forfaitaire à la
charge des employeurs, la contribution des licences. Son montant varie en
fonction du chiffre d'affaire réalisé.
Il existe d'autres types de taxes directes supportées
par les entreprises, à savoir la taxe sur les revenus de capitaux, la
taxe sur les plus-values, la contribution forfaitaire à la charge de
l'employeur, la contribution des patentes et la contribution des licences.
Exonérations
Le code des investissements prévoit des avantages
particuliers sur l'impôt sur les bénéfices :
- Les entreprises nouvelles agréées sont
autorisées à déduire du montant du bénéfice
imposable une partie des investissements ; cette déduction est
fixée à 40% des investissements retenus, dans la mesure où
le montant des déductions ne pourra dépasser 50% du
bénéfice imposable ;
- Cette déduction est la méme pour les projets
d'extension agréés, mais dans ce cas, le montant des
déductions ne pourra pas dépasser 25% du bénéfice
imposable.
Dans les deux cas, les déductions peuvent
s'étaler sur 5 exercices fiscaux successifs au terme desquels, le
reliquat du crédit d'impôt autorisé et non utilisé
n'est ni imputable, ni remboursable.
1.2. Fiscalité indirecte
Sur la période 1989-2006, les recettes tirées de
la fiscalité indirecte se sont élevées à 171,8
milliards de F CFA en moyenne par an, soit un peu plus de 33% des recettes
fiscales totales. De plus, la taxe sur la valeur ajoutée, principale
composante de la fiscalité indirecte est évaluée en
moyenne par an, à un peu plus de 149 milliards de F CFA en valeur, ce
qui équivaut à 28,65% des recettes totales et à 86,82% des
recettes indirectes.
Comme cela a été mentionné ci-dessus, la
principale composante des recettes fiscales indirectes reste la taxe sur la
valeur ajoutée (TVA). Cette taxe, avec son taux normal de 18%, frappe
les opérations sur biens et/ou services réalisées ou
utilisées au Sénégal, à l'exception des
activités agricoles et salariées.
Le rôle des taux
d'intérêt
Le taux d'intéret représente le prix du
capital preté ; pour Keynes, c'est le prix de renonciation à la
liquidité.
Avec la libéralisation des capitaux et
l'encouragement de l'initiative privée, les taux d'intéret ont vu
leur rôle s'accroître considérablement. La diversification
des instruments financiers et l'augmentation des institutions
financières ont contribué à stimuler l'entreprenariat
privé.
La politique économique a subi d'importantes
mutations, aussi bien dans ses principes que dans sa pratique.
Théoriquement, la baisse du taux d'intéret
directeur aura pour effet d'encourager les agents à emprunter plus pour
investir ou consommer. La relance de l'activité est le principal but
visé par une telle politique. Cependant, il existe des
préalables, quant à la
leurs taux, ce qui inciterait les particuliers
à emprunter beaucoup plus.
Les entreprises tiennent compte du taux directeur ; leurs
décisions d'investissement dépendent de celui-ci, car le
rendement attendu d'un investissement doit au moins etre égal au taux
d'intéret.
Quant aux ménages, surtout dans les pays en
développement, ils ne l'intègrent pas systématiquement
dans leurs décisions et leurs anticipations.
Les notions de taux nominal et de taux effectif sont
déterminantes. Si les agents sont victimes de l'illusion
monétaire, ils baseront leurs décisions sur le taux nominal,
alors que ce qui est significatif pour l'agent, c'est le taux
réel. Si les pouvoirs publics prennent des
décisions par rapport au taux nominal, leurs efforts pourraient
être vains si le taux n'est pas significatif.
8
1.3. Incitations fiscales
Avec la dernière réforme, le code
général des impôts (CGI) se rapproche en matière de
pratique fiscale, des normes internationales. Ce qui s'est
matérialisé par la forte baisse du taux d'imposition qui est
actuellement de 25%, et de l'extension de l'amortissement
accéléré.
En matière de production, de stockage et de transport,
le code douanier prévoit des facilitations pour les assujettis.
Le code des investissements prévoit des mesures
incitatives à l'investissement en encourageant l'investissement
privé et en promouvant l'initiative privée. Dans ce volet, un
certain nombre d'objectifs est visé ; il s'agit de l'amélioration
de la compétitivité, de la création d'emplois, de la
décentralisation des activités de production hors de Dakar et de
la densification du secteur de l'industrie.
Ce code offre une panoplie de mesures visant essentiellement
à promouvoir l'initiative privée dans les secteurs
stratégiques. L'institution du système de crédit
d'impôt, l'élargissement du champ d'application du code à
d'autres secteurs stratégiques, la décentralisation des
activités hors de la région de Dakar, la suppression du minimum
de fonds propres exigible, sont quelques innovations que le code des
investissements a pris en compte dans la dernière réforme
opérée.
Les ventes, les livraisons et prestations effectuées
avec des clients bénéficiant d'un agrément au code des
investissements, sont faites en suspension de TVA pendant la période de
réalisation des investissements. Sont aussi exonérées, les
prestations d'hospitalisation, les livraisons de médicaments, de
produits pharmaceutiques, de matériels et de produits
spécialisés pour les activités médicales.
Durant la phase de réalisation de l'investissement, des
avantages qui couvrent une période de 3 ans sont accordés :
- Exonération de droits de douanes à
l'importation des matériels et des matériaux qui ne sont ni
fabriqués ni produits au Sénégal et qui sont
destinés de manière spécifique à la production ou
à l'exploitation dans le cadre du programme agréé ;
- Suspension de TVA exigible à l'entrée sur les
matériels et des matériaux qui ne sont ni fabriqués ni
produits au Sénégal et qui sont destinés de manière
spécifique à la production ou à l'exploitation dans le
cadre du programme agréé ;
- Suspension de TVA facturée par les fournisseurs
locaux de biens, services et travaux nécessaires à la
réalisation du programme agréé.
Le régime des entreprises franches d'exportation a
été mis en place afin de promouvoir les exportations. Ce
régime couvre l'agriculture au sens large du terme, l'industrie et les
téléservices. Cependant, pour être agréée,
l'entreprise doit justifier d'un potentiel à l'exportation d'au moins
80% de son chiffre d'affaires. Le régime d'entreprise franche
d'exportation accorde aux entreprises agréées, des garanties en
sus des avantages distincts accordés aux entreprises dans le cadre
général. Ces garanties s'étalent sur une période de
25 ans renouvelables à partir de la date d'application de la loi (15
octobre 1996). Ces avantages concernent des exonérations, des franchises
ou des réductions d'impôts, de droits d'enregistrement ou de
timbres.
10
1.4. Cas du secteur informel
Le Sénégal est caractérisé par un
secteur informel très développé. L'enquête 1-2-3
réalisée par l'agence nationale de la statistique et de la
démographie en 2003 a révélé que dans le seule
région de Dakar, le secteur informel a produit 508,8 milliards de F CFA
de biens et services et a créé 356,3 milliards de F CFA de valeur
ajoutée, soit 10,7% du PIB en 2002. La contribution dudit secteur est
évaluée à 60% du PIB en 20081.
L'ANSD définit le secteur informel comme «
l'ensemble des unités de production dépourvues de numéro
statistique et/ou de comptabilité écrite formelle ».
Au regard de cette définition, la présence du
secteur informel dans l'activité économique ne daterait pas
d'aujourd'hui. Cependant, l'on estime que son poids s'est fait ressenti au
lendemain de la dévaluation du F CFA de 1994. Outre la
non-conformité en matière fiscale, les entreprises de ce secteur
sont caractérisées par de faibles bénéfices, une
main-d'oeuvre peu qualifiée et des difficultés d'accès au
crédit.
Malgré une contribution au PIB à hauteur de 60%,
ce secteur reste l'un des secteurs qui s'acquitte le moins de ses obligations
fiscales. La DPEE indique que la contribution des entreprises de ce secteur
s'élèverait à 3% de leur chiffre d'affaires.
Une des caractéristiques majeures du secteur informel
reste la non-réglementation et le non-respect de ses obligations
fiscales. L'informel est méconnu du fisc. La complexité du
système fiscal sénégalais pour le secteur formel, et
à fortiori pour le secteur informel, rend difficile l'acquittement, par
le contribuable, de ses droits fiscaux. Ceci est le fruit d'une politique
fiscale mal adaptée.
Dans un souci d'établir la justice et
l'équité fiscale devant tous les contribuables et
d'élargir sa base fiscale afin de diminuer la pression fiscale des
contribuables, l'Etat a instauré le 6 février 2004, un
impôt dénommé contribution globale unique (CGU).
Il s'agit d'un impôt synthétique qui regroupe
l'impôt sur le revenu assis sur les bénéfices, l'IMF, la
contribution des patentes, la TVA, la contribution forfaitaire à la
charge des employeurs, la licence des débits de boisson. Cet impôt
permet de taxer une certaine frange de la population qui, auparavant,
échappait à l'impôt. La base taxable est le chiffre
d'affaires
1 Fiscalité et secteur informel, DPEE, octobre
2008
annuel, lorsque celui-ci n'excède pas 50 millions de F
CFA pour les biens et 25 millions de F CFA pour les services, tous droits et
taxes compris.
Les tarifs fixés varient progressivement en fonction du
chiffre d'affaires. Il existe 20 tranches dans le chiffre d'affaires (de 0
à 50 millions) correspondant à une CGU de 5000 à 4 200 000
F CFA pour les biens. Quant aux services, il existe 11 tranches (de 0 à
25 millions) pour une CGU de 10 000 à 3 millions de F CFA. Cependant, la
loi n° 2006-17 du 30 juin 2006, modifiant certaines dispositions du CGI,
statue que le montant de la CGU se fixe entre 10 000 et 2 millions de F CFA
pour le secteur des services, entre 5 000 et 1 250 000 F CFA pour les produits
alimentaires et le ciment et enfin, entre 5 000 et 1 500 000 F CFA pour les
autres produits. Dans un cas de mixité, c'est-à-dire que si le
contribuable vend à la fois des produits alimentaires et/ ou du ciment
et d'autres produits, la CGU sera comprise entre 5 000 et 1 500 000 F CFA.
12
1.5. Evolution du Taux Marginal Effectif d',P S1siti1n
1I7 0 (,
Le poids de la fiscalité sur une entreprise est souvent
appréhendé à travers le taux marginal effectif
d'imposition (TMEI). C'est un indicateur synthétique d'analyse du
système fiscal, qui regroupe un ensemble de taxes et de traitements
fiscaux (l'impôt sur les sociétés, les exonérations
et le taux d'amortissement), mais aussi qui prend en compte la situation
économique (taux d'intérêt, inflation et structure du
capital).
Toute entreprise évoluant au Sénégal, est
tenue de respecter un certain nombre d'obligations fiscales. Elle doit
s'acquitter de ses impôts et taxes. Il existe un ensemble d'impôts
et de taxes tels que l'IR, la contribution des patentes, la contribution
foncière, la CGU, l'impôt sur les valeurs mobilières, etc.
; d'autre part, l'entreprise est tenue de collecter des impôts au profit
de l'Etat dont le plus important reste la TVA. Enfin, il a été
prévu des facilitations pour lesdites entreprises, et l'on peut citer
les exonérations fiscales, les déductions ou bien les
crédits d'impôt.
Toutes ces charges pesant sur l'entreprise peuvent être
évaluées à partir d'un seul instrument : le TMEI. Celui-ci
est la différence entre le rendement avant impôt et le rendement
après impôt d'un investissement.
La direction générale des impôts et
domaines (DGID) a réévalué en 2003 l'étude
réalisée par le FIAS (Foreing Investment Advisory Service)
effectuée en 2000, en utilisant le même modèle mais en
tenant compte des vraies valeurs des paramètres.
La présente étude continue dans cette même
lancée. Le modèle de base adopté est inspiré des
travaux de Caroline Le BOURDONNEC (septembre 2004) qui, à son tour,
s'est inspirée de la contribution de KING et FULLERTON (1984).
Les différents tableaux qui suivent résument les
résultats des calculs du TMEI, aussi bien pour le secteur des industries
que celui des services. Des scénarii (variation du taux
d'intérêt et du taux d'inflation) ont permis de renseigner sur la
nature de la relation entre le TMEI et ces deux variables.
1.5.1. Dans le secteur de l'industrie Taux
d'intérêt de 6%
Tableau 1a : TMEI effectif (inflation = 1,5%)
|
Par forme de financement
|
Endettement
|
Bénéfices non distribués
|
Augmentation de capital
|
moyenne
|
Par type d'investissement
|
Coefficients de pondération
|
35,00%
|
55,00%
|
10,00%
|
100%
|
Machines
|
13,00%
|
12,65%
|
27,89%
|
39,39%
|
24,72%
|
Bâtiments
|
54,00%
|
10,54%
|
27,39%
|
48,34%
|
25,50%
|
Stocks
|
33,00%
|
21,16%
|
35,23%
|
45,72%
|
32,31%
|
Moyenne
|
100,00%
|
14,60%
|
30,34%
|
46,46%
|
27,80%
|
Tableau 2a : TMEI effectif (inflation = 3%)
|
Par forme de financement
|
Endettement
|
Bénéfices non distribués
|
Augmentation de capital
|
moyenne
|
Par type d'investissement
|
Coefficients de pondération
|
35,00%
|
55,00%
|
10,00%
|
100%
|
Machines
|
13,00%
|
11,95%
|
30,36%
|
43,27%
|
26,66%
|
Bâtiments
|
54,00%
|
9,61%
|
29,95%
|
50,83%
|
27,31%
|
Stocks
|
33,00%
|
17,17%
|
35,47%
|
47,93%
|
31,83%
|
Moyenne
|
100,00%
|
12,55%
|
31,92%
|
49,01%
|
28,79%
|
Tableau 3a : TMEI effectif (inflation = 5,8%)
|
Par forme de financement
|
Endettement
|
Bénéfices non distribués
|
Augmentation de capital
|
moyenne
|
Par type d'investissement
|
Coefficients de pondération
|
35,00%
|
55,00%
|
10,00%
|
100%
|
Machines
|
13,00%
|
9,92%
|
34,56%
|
49,58%
|
29,94%
|
Bâtiments
|
54,00%
|
5,82%
|
33,71%
|
55,05%
|
29,77%
|
Stocks
|
33,00%
|
7,74%
|
35,95%
|
51,88%
|
30,84%
|
Moyenne
|
100,00%
|
7,01%
|
34,57%
|
53,38%
|
30,15%
|
Taux d'intérêt de 9%
Tableau 4a : TMEI effectif (inflation = 1,5%)
|
Par forme de financement
|
Endettement
|
Bénéfices non distribués
|
Augmentation de capital
|
moyenne
|
Par type d'investissement
|
Coefficients de pondération
|
35,00%
|
55,00%
|
10,00%
|
100%
|
Machines
|
13,00%
|
8,68%
|
23,60%
|
35,12%
|
20,46%
|
Bâtiments
|
54,00%
|
9,73%
|
25,40%
|
44,48%
|
23,38%
|
Stocks
|
33,00%
|
18,28%
|
31,73%
|
42,07%
|
28,90%
|
Moyenne
|
100,00%
|
12,62%
|
27,40%
|
42,61%
|
24,95%
|
14
Tableau 5a : TMEI effectif (inflation = 3%)
|
Par forme de financement
|
Endettement
|
Bénéfices non distribués
|
Augmentation de capital
|
moyenne
|
Par type d'investissement
|
Coefficients de pondération
|
35,00%
|
55,00%
|
10,00%
|
100%
|
Machines
|
13,00%
|
8,05%
|
25,18%
|
37,80%
|
21,66%
|
Bâtiments
|
54,00%
|
8,96%
|
26,93%
|
46,09%
|
24,36%
|
Stocks
|
33,00%
|
15,61%
|
31,80%
|
43,54%
|
28,49%
|
Moyenne
|
100,00%
|
11,16%
|
28,40%
|
44,29%
|
25,46%
|
Tableau 6a : TMEI effectif (inflation = 5,8%)
|
Par forme de financement
|
Endettement
|
Bénéfices non distribués
|
Augmentation de capital
|
moyenne
|
Par type d'investissement
|
Coefficients de pondération
|
35,00%
|
55,00%
|
10,00%
|
100%
|
Machines
|
13,00%
|
6,45%
|
27,85%
|
42,25%
|
23,64%
|
Bâtiments
|
54,00%
|
6,48%
|
29,16%
|
48,87%
|
25,72%
|
Stocks
|
33,00%
|
9,94%
|
31,93%
|
46,17%
|
27,66%
|
Moyenne
|
100,00%
|
7,65%
|
29,94%
|
47,21%
|
26,11%
|
Taux d'intérêt de 12%
Tableau 7a : TMEI effectif (inflation = 1,5%)
|
Par forme de financement
|
Endettement
|
Bénéfices non distribués
|
Augmentation de capital
|
moyenne
|
Par type d'investissement
|
Coefficients de pondération
|
35,00%
|
55,00%
|
10,00%
|
100%
|
Machines
|
13,00%
|
6,95%
|
21,64%
|
33,13%
|
18,54%
|
Bâtiments
|
54,00%
|
9,84%
|
24,78%
|
42,40%
|
22,66%
|
Stocks
|
33,00%
|
16,90%
|
30,02%
|
40,24%
|
27,24%
|
Moyenne
|
100,00%
|
11,95%
|
26,22%
|
40,62%
|
23,74%
|
Tableau 8a : TMEI effectif (inflation = 3%)
|
Par forme de financement
|
Endettement
|
Bénéfices non distribués
|
Augmentation de capital
|
moyenne
|
Par type d'investissement
|
Coefficients de pondération
|
35,00%
|
55,00%
|
10,00%
|
100%
|
Machines
|
13,00%
|
6,41%
|
22,79%
|
35,15%
|
19,39%
|
Bâtiments
|
54,00%
|
9,14%
|
25,80%
|
43,58%
|
23,29%
|
Stocks
|
33,00%
|
14,90%
|
30,04%
|
41,34%
|
26,89%
|
Moyenne
|
100,00%
|
10,79%
|
26,89%
|
41,86%
|
24,05%
|
Tableau 9a : TMEI effectif (inflation = 5,8%)
|
Par forme de financement
|
Endettement
|
Bénéfices non distribués
|
Augmentation de capital
|
moyenne
|
Par type d'investissement
|
Coefficients de pondération
|
35,00%
|
55,00%
|
10,00%
|
100%
|
Machines
|
13,00%
|
5,12%
|
24,74%
|
38,57%
|
20,79%
|
Bâtiments
|
54,00%
|
7,22%
|
27,31%
|
45,64%
|
24,11%
|
Stocks
|
33,00%
|
10,84%
|
30,07%
|
43,32%
|
26,23%
|
Moyenne
|
100,00%
|
8,19%
|
27,93%
|
44,05%
|
24,42%
|
1.5.2. Dans le secteur des services Taux
d'intérêt de 6%
Tableau 1b : TMEI effectif (inflation = 1,5%)
|
Par forme de financement
|
Endettement
|
Bénéfices non distribués
|
Augmentation de capital
|
moyenne
|
Par type d'investissement
|
Coefficients de pondération
|
35,00%
|
55,00%
|
10,00%
|
100%
|
Machines
|
25,40%
|
12,65%
|
27,89%
|
39,39%
|
24,72%
|
Bâtiments
|
37,10%
|
10,54%
|
27,39%
|
48,34%
|
25,50%
|
Stocks
|
37,50%
|
21,16%
|
35,23%
|
45,72%
|
32,31%
|
Moyenne
|
100,00%
|
15,34%
|
30,66%
|
45,30%
|
28,03%
|
Tableau 2b : TMEI effectif (inflation = 3%)
|
Par forme de financement
|
Endettement
|
Bénéfices non distribués
|
Augmentation de capital
|
moyenne
|
Par type d'investissement
|
Coefficients de pondération
|
35,00%
|
55,00%
|
10,00%
|
100%
|
Machines
|
25,40%
|
11,95%
|
30,36%
|
43,27%
|
26,66%
|
Bâtiments
|
37,10%
|
9,61%
|
29,95%
|
50,83%
|
27,31%
|
Stocks
|
37,50%
|
17,17%
|
35,47%
|
47,93%
|
31,83%
|
Moyenne
|
100,00%
|
13,17%
|
32,23%
|
47,98%
|
28,92%
|
Tableau 3b : TMEI effectif (inflation = 5,8%)
|
Par forme de financement
|
Endettement
|
Bénéfices non distribués
|
Augmentation de capital
|
moyenne
|
Par type d'investissement
|
Coefficients de pondération
|
35,00%
|
55,00%
|
10,00%
|
100%
|
Machines
|
25,40%
|
9,92%
|
34,56%
|
49,58%
|
29,94%
|
Bâtiments
|
37,10%
|
5,82%
|
33,71%
|
55,05%
|
29,77%
|
Stocks
|
37,50%
|
7,74%
|
35,95%
|
51,88%
|
30,84%
|
Moyenne
|
100,00%
|
7,61%
|
34,78%
|
52,57%
|
30,21%
|
16
Taux d'intérêt de 9%
Tableau 4b : TMEI effectif (inflation = 1,5%)
|
Par forme de financement
|
Endettement
|
Bénéfices non distribués
|
Augmentation de capital
|
moyenne
|
Par type d'investissement
|
Coefficients de pondération
|
35,00%
|
55,00%
|
10,00%
|
100%
|
Machines
|
25,40%
|
8,68%
|
23,60%
|
35,12%
|
20,46%
|
Bâtiments
|
37,10%
|
9,73%
|
25,40%
|
44,48%
|
23,38%
|
Stocks
|
37,50%
|
18,28%
|
31,73%
|
42,07%
|
28,90%
|
Moyenne
|
100,00%
|
12,89%
|
27,49%
|
41,42%
|
24,87%
|
Tableau 5b : TMEI effectif (inflation = 3%)
|
Par forme de financement
|
Endettement
|
Bénéfices non distribués
|
Augmentation de capital
|
moyenne
|
Par type d'investissement
|
Coefficients de pondération
|
35,00%
|
55,00%
|
10,00%
|
100%
|
Machines
|
25,40%
|
8,05%
|
25,18%
|
37,80%
|
21,66%
|
Bâtiments
|
37,10%
|
8,96%
|
26,93%
|
46,09%
|
24,39%
|
Stocks
|
37,50%
|
15,61%
|
31,80%
|
43,54%
|
28,49%
|
Moyenne
|
100,00%
|
11,36%
|
28,42%
|
43,20%
|
25,33%
|
Tableau 6b : TMEI effectif (inflation = 5,8%)
|
Par forme de financement
|
Endettement
|
Bénéfices non distribués
|
Augmentation de capital
|
moyenne
|
Par type d'investissement
|
Coefficients de pondération
|
35,00%
|
55,00%
|
10,00%
|
100%
|
Machines
|
25,40%
|
6,45%
|
27,85%
|
42,25%
|
23,64%
|
Bâtiments
|
37,10%
|
9,48%
|
29,16%
|
48,87%
|
25,72%
|
Stocks
|
37,50%
|
9,94%
|
31,93%
|
46,17%
|
27,66%
|
Moyenne
|
100,00%
|
7,80%
|
29,91%
|
46,30%
|
25,96%
|
Taux d'intérêt de 12%
Tableau 7b : TMEI effectif (inflation = 1,5%)
|
Par forme de financement
|
Endettement
|
Bénéfices non distribués
|
Augmentation de capital
|
moyenne
|
Par type d'investissement
|
Coefficients de pondération
|
35,00%
|
55,00%
|
10,00%
|
100%
|
Machines
|
25,40%
|
6,95%
|
21,64%
|
33,13%
|
18,54%
|
Bâtiments
|
37,10%
|
9,84%
|
24,78%
|
42,40%
|
22,66%
|
Stocks
|
37,50%
|
16,90%
|
30,02%
|
40,24%
|
27,24%
|
Moyenne
|
100,00%
|
11,95%
|
26,10%
|
39,45%
|
23,49%
|
Tableau 8b : TMEI effectif (inflation = 3%)
|
Par forme de financement
|
Endettement
|
Bénéfices non distribués
|
Augmentation de capital
|
moyenne
|
Par type d'investissement
|
Coefficients de pondération
|
35,00%
|
55,00%
|
10,00%
|
100%
|
Machines
|
25,40%
|
6,41%
|
22,79%
|
35,15%
|
19,39%
|
Bâtiments
|
37,10%
|
9,14%
|
25,80%
|
43,58%
|
23,29%
|
Stocks
|
37,50%
|
14,90%
|
30,04%
|
41,34%
|
26,89%
|
Moyenne
|
100,00%
|
10,74%
|
26,74%
|
40,78%
|
23,76%
|
Tableau 9b : TMEI effectif (inflation = 5,8%)
|
Par forme de financement
|
Endettement
|
Bénéfices non distribués
|
Augmentation de capital
|
moyenne
|
Par type d'investissement
|
Coefficients de pondération
|
35,00%
|
55,00%
|
10,00%
|
100%
|
Machines
|
25,40%
|
5,12%
|
24,74%
|
38,57%
|
20,79%
|
Bâtiments
|
37,10%
|
7,22%
|
27,31%
|
45,64%
|
24,11%
|
Stocks
|
37,50%
|
10,84%
|
30,07%
|
43,32%
|
26,23%
|
Moyenne
|
100,00%
|
8,10%
|
27,75%
|
43,10%
|
24,12%
|
Commentaire des résultats -
Du côté des actifs
Les résultats des estimations montrent que
l'évolution du TMEI est fortement liée à celle du taux
d'inflation et du taux d'intérêt. Plus le taux d'inflation est
bas, plus le TMEI est faible. Les estimations montrent que le TMEI est une
fonction croissante du taux d'inflation.
Par ailleurs, ce TMEI est une fonction décroissante du
taux d'intérêt : à un fort taux d'intérêt,
correspond un faible TMEI.
Dans le domaine de l'industrie comme des services, l'analyse des
résultats montrent que le système fiscal sénégalais
favorise les bâtiments et les stocks plutôt que les machines.
La favorisation des bâtiments et des stocks au
détriment des machines est dans une certaine mesure explicable. Sachant
que l'essentiel de la technologie (machines en particulier) est importé,
il parait « normal » de plus taxer ces produits (machines) que les
bâtiments et les stocks afin d'encourager l'initiative privée.
D'ailleurs, les coefficients de pondération fournis par la DGID, et qui
impactent fortement sur le TMEI, révèlent un retard du pays sur
le plan de la technologie. Les matériels ne représentent que 13%
des actifs par rapport aux bâtiments et aux stocks qui
représentent 54% et 33% des actifs respectivement.
18
Si l'on compare le poids de chaque secteur au
Sénégal par rapport à un pays comme la Suisse, l'on
aperçoit vite le retard de notre industrie technologique. En Suisse, le
secteur des machines occupe à lui seul 50% des actifs, selon une
étude réalisée par Caroline Le Bourdonnec, alors que les
bâtiments et les stocks sont, respectivement, à 28% et 22%.
- Du côté du financement
Le code fiscal sénégalais favorise de loin le
recours à l'emprunt comme moyen de financement. Avec ce mode de
financement, le TMEI observé est d'environ 6,78%, ce qui signifie que
les bénéfices des entreprises qui usent de ce mode de financement
sont taxés à hauteur de 7% environ. Les autres modes de
financement pris en compte dans le cadre de cette étude sont la
méthode des bénéfices non distribués et la
méthode de l'augmentation du capital avec un TMEI évalué
respectivement à environ 38,70% et à 58,13%.
Le TMEI se fixe, au Sénégal, à 33,84%
aussi bien dans le secteur industriel que dans celui des services, si l'on
considère un taux d'intérêt réel de 4,75% pour une
inflation de 5,8%. Autrement dit, le bénéfice d'une entreprise
exerçant au Sénégal, est taxé à hauteur de
34% environ. Ce taux n'est pas contenu dans les normes fixées avec la
Banque mondiale (entre 25% et 28%).
Cependant, les estimations ont montré que ce TMEI reste
très sensible à des grandeurs économiques telles que le
taux d'intérêt et le taux d'inflation. L'on a pu établir
que le TMEI est à la fois une fonction croissante du taux d'inflation
mais décroissante du taux d'intérêt.
En 2003, la DGID avait estimé le TMEI au
Sénégal en réévaluant l'étude menée
par le FIAS en 2000. Selon le FIAS, le TMEI se situait à 45,36% dans le
secteur de l'industrie et à 35,67% dans le secteur des services. En
actualisant les données, la DGID était tombée sur un TMEI
égal à 30,01% dans le domaine de l'industrie.
Dans cette présente étude, bien que le
modèle ne soit pas le même que celui utilisé par le FIAS et
la DGID, le TMEI est évalué à 33,84% et à 34,06%
dans les secteurs de l'industrie et des services respectivement en
considérant les donnant réelles de l'économie.
Compte non tenu des variations des deux principales grandeurs
retenus à savoir le taux d'intérêt et le taux d'inflation,
les objectifs négociés avec la Banque mondiale auraient pu
être atteints, à savoir contenir le TMEI entre 25% et 28%. C'est
dire que les incitations fiscales et les différentes réformes ont
porté leurs fruits du point de vue fiscal.
2. Analyse empirique de l'évolution des recettes
fiscales
2.1. Etude de l'évolution des recettes
fiscales
Tableau 10 : pression fiscale dans les pays de l'UEMOA entre 2004
et 2008
|
Moyenne arithmétique
|
Moyenne harmonique
|
Bénin
|
15,60%
|
15,54%
|
Burkina Faso
|
12,17%
|
12,16%
|
Côte d'Ivoire
|
15,24%
|
15,23%
|
Guinée Bissau
|
10,27%
|
10,07%
|
Mali
|
14,70%
|
14,68%
|
Niger
|
11,11%
|
11,09%
|
Sénégal
|
19,19%
|
19,12%
|
Togo
|
15,56%
|
15,54%
|
union
|
15,29%
|
15,27%
|
Source :
fr.allafrica.com
Tableau 11 : croissance des recettes fiscales et du PIB du
Sénégal
|
1989-1999
|
2000-2004
|
Recettes fiscales
|
9,94%
|
11,63%
|
PIB
|
7,29%
|
5,95%
|
Source : calculs de l'auteur
Exception sénégalaise en termes de pression
fiscale
La pression fiscale est le rapport entre les recettes fiscales
et la PIB. Son augmentation peut être due à plusieurs raisons
parmi lesquelles - une augmentation des recettes, toutes choses égales
par ailleurs - une baisse du PIB, toutes choses égales par ailleurs -
une augmentation des recettes combinée à une baisse du PIB.
L'analyse du tableau 11 montre que sur la période
1989-1999, les recettes ont augmenté avec un taux de croissance de
9,95%, alors que le PIB nominal a augmenté avec un taux de 7,29%. Durant
la période 2000-2004, le taux de croissance des recettes fiscales s'est
fixé à 11,63% contre 5,95% pour le PIB.
20
L'augmentation plus rapide des recettes par rapport au PIB au
cours de la période 2000-2004, explique l'exception
sénégalaise en termes de pression fiscale. Cette
efficacité peut être imputable aux réformes fiscales
entreprises au Sénégal.
D'une part, il conviendra d'analyser l'évolution des
composantes des recettes fiscales durant ces périodes afin de
déterminer laquelle de ses composantes explique l'augmentation rapide
des recettes. D'autre part, la baisse non négligeable du taux de
croissance du PIB durant la période 2000-2004, peut expliquer en partie
cette exception sénégalaise.
Tableau 12 : ressources et emplois de 1980 à 2008 en
moyenne annuelle à prix constants de 1999
Moyenne
|
80-83
|
84-88
|
89-93
|
96-00
|
01-05
|
06-08
|
80-08
|
PIB
|
3153,9
|
3530,3
|
3985,1
|
4921,5
|
6187,9
|
7271,5
|
4691,5
|
Taxes nettes
|
761,9
|
860,9
|
892,8
|
1000,0
|
1307,7
|
1539,2
|
1028,0
|
Importations
|
223,2
|
264,5
|
298,9
|
354,4
|
471,7
|
541,7
|
347,1
|
Ressources=Emplois
|
4138,9
|
4655,7
|
5176,8
|
6275,9
|
7967,4
|
9352,4
|
6066,6
|
CI
|
1388,6
|
1569,2
|
1812,6
|
2285,6
|
2956,2
|
3439,4
|
2168,3
|
CF
|
1790,6
|
2044,3
|
2337,9
|
2683,9
|
3322,2
|
3988,8
|
2615,4
|
FBCF
|
341,2
|
417,1
|
463,3
|
627,6
|
835,6
|
1173,9
|
606,3
|
VS
|
15,0
|
2,5
|
-58,7
|
-142,3
|
-117,0
|
-223,5
|
-88,7
|
exportations
|
603,6
|
622,7
|
621,8
|
821,0
|
970,4
|
973,8
|
765,4
|
Source : DPEE et calculs de l'auteur
Tableau 12 : croissance des ressources et des emplois de 1980
à 2008 en moyenne annuelle à prix constants de 1999
Croissance en %
|
80-83
|
84-88
|
89-93
|
96-00
|
01-05
|
06-08
|
80-08
|
PIB
|
2,64
|
3,91
|
0,80
|
4,87
|
4,75
|
4,00
|
3,37
|
Taxes nettes
|
9,05
|
-0,85
|
2,54
|
7,28
|
6,51
|
1,67
|
3,21
|
Importations
|
7,37
|
2,86
|
1,78
|
4,01
|
3,95
|
2,11
|
3,70
|
Ressources=Emplois
|
4,03
|
2,95
|
1,15
|
5,20
|
4,99
|
3,50
|
3,36
|
CI
|
3,78
|
5,08
|
0,56
|
5,04
|
4,71
|
4,19
|
3,66
|
CF
|
1,76
|
4,02
|
1,95
|
3,99
|
4,70
|
3,94
|
3,13
|
FBCF
|
11,80
|
1,48
|
2,99
|
7,68
|
5,43
|
7,15
|
5,55
|
VS
|
-231,18
|
4,37
|
-21,57
|
-20,73
|
-17,66
|
13,89
|
-
|
exportations
|
19,55
|
-4,25
|
-4,85
|
2,96
|
4,72
|
-2,70
|
2,73
|
Source : DPEE et calculs de l'auteur
22
L'analyse du tableau 11 montre une évolution croissante
du PIB à partir de la période 1989- 1993. Le taux de croissance
du PIB est de 3,37% entre 1980 et 2008. Durant la même période, le
PIB moyen annuel est de 4691,5 milliards de F CFA, soit 77,33% des ressources.
La période 1989-1993 se remarque par un faible taux de croissance du PIB
(0,80%) et des importations (1,78%). Cette tendance a été
retournée juste après la période qui a suivi la
dévaluation du F CFA, avec de hauts taux de croissance. Malheureusement,
ces acquis n'ont pas été confortés les périodes
suivant la dévaluation.
Le pic observé durant la période 1996-2000
s'explique par la dévaluation de F CFA de 1994. Cependant, l'Etat n'a
pas pu maintenir ces performances en adoptant des politiques de suivi
appropriées. Ainsi, le taux de croissance des ressources a chuté
et est passé de 5,20% à 3,50% de la période 1996-2000
à la période 2006-2008 ; entre ces deux périodes, le PIB
est passé de 4,87% à 4,00%, les taxes nettes sont passées
de 7,28% à 1,67% et les importations sont passées de 4,01%
à 3,50%.
Essentiellement, deux phases peuvent être
décelées :
- 1980-1993 : elle est caractérisée par une
croissance lente des ressources (2,53%). Le PIB, les taxes et les importations
ont cru avec un taux de 2,40%, de 2,80% et de 3,49% respectivement.
- 1996-2008 : cette phase est marquée par une
évolution plus rapide des ressources avec un taux de 4,54%.
Respectivement, le PIB, les taxes et les importations ont connu un taux de
croissance de 4,44%, de 5,08% et de 4,50%. Il convient de remarquer durant
cette phase, la croissance rapide des taxes nettes, croissance imputable
essentiellement aux bonnes pratiques fiscales mises en oeuvre par l'Etat.
Du côté des emplois, deux phases sont remarquables
:
- 1980-1993 : l'évolution est faible et lente
pratiquement pour la consommation finale, les consommations
intermédiaires, la formation brute de capital fixe et les exportations
avec des taux respectifs de 2,71%, de 2,60%, de 4,58% et de 1,83%. En ce qui
concerne les variations de stocks, le taux de variation est élevé
en valeur absolue et est de l'ordre de 198,91%.
- 1996-2008 : une amélioration est notée avec un
redressement des taux de croissance qui passent respectivement 4,33%, à
4,64%, à 7,26%, 1,34% et à 1,70% pour la consommation finale, les
consommations intermédiaires, la formation brute de capital
fixe, les variations de stocks et les exportations. Seules les
exportations ont connu un taux plus faible par rapport à la
première période (1,70% contre 1,83%).
Tableau 14 : évolution des composantes des recettes de
1980 à 2008 en moyenne annuelle
Moyenne
|
80-83
|
84-88
|
89-93
|
96-00
|
01-05
|
06-08
|
80-08
|
Recettes fiscales
|
149,9
|
194,58
|
238,36
|
447,56
|
694,44
|
1061,76
|
422,68
|
Impôts directs
|
-
|
-
|
-
|
109,16
|
165,66
|
243,79
|
166,36
|
Impôts indirects
|
-
|
-
|
-
|
357,96
|
528,79
|
817,97
|
544,14
|
Source : DPEE et calculs de l'auteur
Tableau 15 : croissance des composantes des recettes de 1980
à 2008 en moyenne annuelle
Croissance en %
|
80-83
|
84-88
|
89-93
|
96-00
|
01-05
|
06-08
|
80-08
|
Recettes fiscales
|
14,45
|
0,79
|
0,14
|
9,83
|
10,20
|
15,13
|
8,70
|
Impôts directs
|
-
|
-
|
-
|
-
|
13,19
|
13,19
|
-
|
Impôts indirects
|
-
|
-
|
-
|
-
|
9,28
|
15,73
|
-
|
Source : DPEE et calculs de l'auteur
Les mêmes caractéristiques des différentes
périodes restent visibles dans les tableaux 12 et 13. La tendance de
l'évolution des recettes est identique à celle du PIB. En sus de
cette similitude, l'évolution des recettes fiscales suivant les
différentes périodes, suit la même tendance que celle du
PIB.
La série des impôts directs et indirects n'est
disponible qu'à partir de 1997, ce qui limite l'étude de la
contribution de ces deux postes en termes de recettes fiscales.
Néanmoins, les données disponibles permettent de dire qu'entre la
période 2001-2005 et la période 2006- 2008, la tendance a
été renversée : les impôts directs qui avaient
atteint un taux de croissance de 13,19% durant la même période, se
sont stabilisés alors que les impôts indirects ont connu un taux
de croissance de 9,28% la première période et de 15,73% la
période suivante.
Au-delà de ces variations relatives, il est à
noter que les impôts directs ont augmenté, entre 1997 et 2008, de
187,55 milliards de F CFA et dans le même temps, les impôts
indirects sont passés de 307,95 à 941,29 milliards de F CFA, soit
une augmentation de 633,34 milliards de F CFA.
L'évolution des recettes fiscales, entre 1980 et 2008, a
connu trois phases :
- 1980-1993 : durant cette phase, l'évolution a
été lente et s'est faite avec un taux de 4,90%.
- 1996-2005 : un taux de croissance de 9,72% a
été observé durant cette phase. L'accroissement rapide des
rentrées fiscales est dû aux principales mesures fiscales prises
par les autorités au cours des années 90.
- 2006-2008 : une plus forte croissance est
décelée durant cette phase avec un taux de 15,13%. Cet
état de fait n'est pas sans conséquence sur l'économie. A
long terme, cette situation pourrait être à l'origine de pertes
fiscales, essentiellement dues à la fraude et à l'évasion
fiscales, mais aussi au repli des investisseurs.
Suite à la lecture des résultats ci-dessus, une
attention particulière mérite d'être faite : l'augmentation
plus rapide des recettes par rapport au PIB. Cette situation entraine à
long terme une forte pression fiscale, donc une lourdeur de la
fiscalité, aussi bien sur les ménages que sur les entreprises. Il
en résultera des conséquences néfastes sur
l'économie comme la fraude et l'évasion fiscales, la perte de
compétitivité des entreprises locales, l'augmentation du
chômage, etc.
Afin d'éviter cette situation, les autorités
devraient chercher des politiques permettant d'élargir la base fiscale,
maintenir les taux à un niveau relativement bas.
2.2. Etude économétrique
2.2.1. Expression des recettes fiscales en fonction du
PIB
24
Le graphique ci-dessus montre que les recettes fiscales peuvent
être approximées en fonction
du PIB par une relation linéaire : RFt = á +
âPIBt + åt
L'estimation des paramètres du modèle par la
méthode des moindres carrés ordinaires donne : RFt = - 1000,832 +
0,49*PIBt
Les résultats des tests économétriques
montrent que les paramètres sont significativement différents de
0 (les probabilités associées étant inférieures
à 5%). Le modèle est globalement significatif et le PIB explique
à 99,55% les variations des recettes fiscales. Le modèle est bon
car la F-statistic est inférieure à 5%. En outre, le
modèle est structurellement et ponctuellement stable. Le test de Ramsey
montre que le modèle est bien spécifié.
2.2.2. Expression des taxes en fonction du PIB
Les taxes peuvent être approximées en fonction du
PIB par une relation linéaire :
TAXESt = á + âPIBt + åt
L'estimation des paramètres du modèle par la
méthode des moindres carrés donne les résultats suivants :
TAXESt = - 41,82 + 0,13*PIBt
Les résultats des tests économétriques
montrent que les paramètres sont significativement différents de
0 (les probabilités associées étant inférieures
à 5%). Le modèle est globalement significatif et le PIB explique
à 99,71% les variations des taxes. Le modèle est bon car la
F-statistic est inférieure à 5%. En outre, le modèle est
structurellement et ponctuellement stable. Le test de Ramsey montre que le
modèle est bien spécifié.
2.2.3. Estimation des recettes budgétaires en
fonction du PIBpm aux prix constants de 1987
RBt = á + â(PIBpm)t + åt
L'estimation du modèle par la méthode des moindres
carrés ordinaires donne les résultats suivants : RBt = - 177,01 +
0,32 (PIBpm)t
26
2.2.4. Estimation des recettes budgétaires en
fonction du PIBcf aux prix constants de 1987
RBt = á + â(PIBcf)t + åt
L'estimation du modèle par la méthode des moindres
carrés ordinaires donne les résultats suivants : RBt = - 216,74 +
0,37 (PIBcf)t
2.2.5. Estimation des recettes budgétaires en
fonction du PIB nominal
RBt = á + âPIBt + åt
L'estimation du modèle par la méthode des moindres
carrés ordinaires donne les résultats suivants : RBt = - 68,09 +
0,20 PIBt
2.2.6. Estimation des recettes totales en fonction du PIBpm
aux prix constants de 1987
RTt = á + â(PIBpm)t + åt
L'estimation du modèle par la méthode des moindres
carrés ordinaires donne les résultats suivants : RTt = - 178,76 +
0,34 (PIBpm)t
2.2.7. Estimation des recettes totales en fonction du PIBcf
aux prix constants de 1987
RTt = á + â(PIBcf)t + åt
L'estimation du modèle par la méthode des moindres
carrés ordinaires donne les résultats suivants : RBt = - 222,23 +
0,40 (PIBcf)t
2.2.8. Estimation des recettes totales en fonction du PIB
nominal
RTt = á + âPIBt + åt
L'estimation du modèle par la méthode des moindres
carrés ordinaires donne les résultats suivants : RTt = - 66,93 +
0,21 PIBt
3. Agenda de réformes
Le principal objectif de cette étude consiste à
formuler des recommandations pour les autorités publiques. Ces
propositions pourront constituer un plan d'actions qui permettra, d'une part,
aux entreprises d'évaluer le poids de la fiscalité qui
pèse sur elles et d'autre part, de permettre à l'état de
prendre des décisions de politique qui pourront alléger les
charges pesant sur les entreprises.
Les recommandations seront axées dans deux domaines.
D'une part, une amélioration des services de la statistique sera
préconisée. D'autre part, les recommandations consisteront en la
formulation de politiques qui permettront d'alléger les charges fiscales
pesant sur les entreprises, et voire de les supprimer dans la mesure où
elles seraient inutiles, c'est-à-dire si leur impact sur les recettes
fiscales est très faible.
Cependant, il sera tenu compte de l'incidence que ces
décisions pourront avoir sur les recettes fiscales du pays. Au pire des
cas, les réformes se feront avec un maintien des rentrées
fiscales.
3.1. Dans le domaine de la fiscalité
Dans cette étude, les recommandations formulées
par le FIAS en 2000 et par la DGID en 2002, serviront de base et de point de
départ pour la proposition de réformes. Il s'agira de passer en
revue les stratégies de réformes de la fiscalité depuis
2000.
Avec la dernière réforme, le code
général des impôts se rapproche en pratique, des normes
internationales. Ce qui est matérialisé par la forte baisse du
taux d'impôt sur les sociétés qui est actuellement de 25%
et de l'extension de l'amortissement accéléré.
En matière de production, de stockage et de transport, le
code douanier prévoit des facilitations pour les assujettis.
Le code des investissements prévoit des mesures
incitatives à l'investissement en encourageant l'investissement
privé et en promouvant l'initiative privée. Un certain nombre
d'objectifs est visé : il s'agit de l'amélioration de la
compétitivité, de la création d'emplois, de la
décentralisation des activités de production hors de Dakar, de la
mise en cohérence avec la réforme fiscale et de la densification
du secteur de l'industrie.
Ce code offre une panoplie de mesures visant essentiellement
à promouvoir l'initiative privée dans les secteurs
stratégiques. L'institution du système de crédit
d'impôt, l'élargissement du champ d'application du code à
d'autres secteurs stratégiques, la décentralisation des
activités hors de la région de Dakar, la suppression du minimum
de fonds propres exigible, sont quelques innovations que le code des
investissements a pris en compte dans la dernière réforme
opérée.
Le régime des entreprises franches d'exportation a
été mis en place afin de promouvoir les exportations. Ce
régime couvre l'agriculture au sens large du terme, l'industrie et les
téléservices. Cependant, pour être agréée,
l'entreprise doit justifier d'un potentiel à l'exportation d'au moins
80% de son chiffre d'affaires. Le régime d'entreprise franche
d'exportation accorde aux entreprises agréées, des garanties en
sus des avantages distincts accordés aux entreprises dans le cadre
général. Ces garanties s'étalent sur une période de
25 ans renouvelables à partir de la date d'application de la loi (15
octobre 1996). Ces avantages concernent des exonérations, des franchises
ou des réductions d'impôts, de droits d'enregistrement ou de
timbres.
En 2004, 35 mesures ont été prises lors du
conseil présidentiel de l'investissement, puis celles-ci ont
été adoptées dans le CGI. Ce fait s'est par la suite
traduit par une baisse de la fiscalité : réforme des droits
d'enregistrement, baisse et simplification de la patente, ~
L'Etat a amorcé une phase de modernisation de ses
infrastructures en matière de collecte d'impôts et de taxes. C'est
dans ce cadre qu'un nouveau logiciel a été mis en place - le
système intégré de gestion des impôts et taxes
(SIGTAS) - et installé dans les grandes entreprises. Ce système
permettra la gestion transparente, de la création à la
contribution.
Dans l'UEMOA, la norme en termes de pression fiscale est de
17%. Notre pays est à environ 20%, ce qui lui vaut la première
place de la zone. Maintenant, l'objectif est de se rapprocher des pays de
l'OCDE dans lesquels le taux de pression fiscales tourne autour de 30% et
même plus. Afin de réussir cette entreprise laborieuse, l'Etat,
à travers la DGID, doit prendre des mesures visant à
élargir la base taxable.
Au Sénégal, le système est
déclaratif, ce qui veut dire que c'est l'entreprise qui est
chargée de se déclarer et de déclarer le montant. Dans ce
genre de système, l'administration fiscale se réserve le droit de
contrôler. Le renforcement des services de contrôle est
impératif afin d'élargir la base taxable. Comme pour le centre
des grandes entreprises, une augmentation du
28
personnel en quantité et en qualité est
nécessaire afin de mailler toute l'étendue du territoire
national.
Cadastrer les entreprises et tirer les conséquences su
le plan fiscal permettraient d'augmenter les recettes fiscales en
élargissant l'assiette fiscale. Ce qui pourrait aussi aider à
donner une meilleure idée sur la visibilité de ce qui se passe
dans le pays.
A l'instar des pays développés, c'est le
système de télé-déclaration qui est en vigueur. Le
Sénégal devrait s'inspirer de ces bonnes pratiques et dans ce
cas, la DGID doit travailler en collaboration avec l'agence de l'informatique
de l'Etat. Actuellement, c'est ce qui se passe en France et au Maroc.
D'autre part, l'administration fiscale doit identifier les
lourdeurs dans les formalités administratives afin de les simplifier.
Toujours, dans cette lancée, elle doit travailler et
réfléchir sur les politiques visant à écourter les
délais de délivrance des documents administratifs. Dans ce
contexte, il conviendra de travailler avec l'APIX SA. Ces mesures visent
à encourager l'initiative privée et dans une certaine mesure
à aider dans la lutte contre le chômage.
Ce qui entrave l'application des réformes, c'est le double
enjeu visé : alléger le fardeau des taxes tout en maintenant les
recettes fiscales à leur niveau.
Sur un autre registre, l'élargissement de la base fiscale
pourrait passer par une augmentation des entreprises enregistrées.
Les entreprises nouvellement enregistrées posent un
double problème que les autorités fiscales doivent
résoudre. S'il s'agit d'entreprises nouvellement créées,
le problème ne pose pas ; mais s'il s'agit d'entreprises qui
opéraient dans le secteur informel, le problème suivant se posera
: faudrait-il appliquer une taxation rétroactive ?
Dans la pratique internationale, il existe deux cas qu'il
faudrait prendre en considération. D'abord, si c'est l'entreprise qui a
décidé de son propre gré de quitter l'informel pour agir
dans le formel, les bonnes pratiques internationales recommandent qu'elle ne
soit pas taxée de façon rétroactive. Ce qui est
compréhensible, car cela inciterait les autres entreprises non
déclarées à s'enregistrer auprès de
l'administration fiscale. Ensuite, il y a les autres entreprises que les
autorités ont contraint à s'enregistrer suite à un
contrôle. Dans ce cas précis, la
pratique voudrait qu'une taxation rétroactive soit
appliquée, ce qui inciterait les autres entreprises informelles à
se faire connaître de l'administration fiscale.
Cette entreprise laborieuse devrait être appuyée
par le secteur privé, mais aussi par les institutions internationales
telles que la banque mondiale et le FMI. L'implication du secteur privé,
sous la forme de coopération, est particulièrement importante
pour réussir les différentes réformes
envisagées.
3.2. Dans le domaine de la statistique
Le second volet de cette partie portera sur la
disponibilité des données statistiques. En effet, les
difficultés rencontrées pendant la phase d'évaluation du
taux marginal effectif d'imposition témoignent de la
nécessité de réformer le système de collecte et de
diffusion des données. Le premier obstacle rencontré dans ce
travail concerne la disponibilité des données relatives aux
entreprises, données qui servent aux calculs des différents
paramètres utilisés.
Comme cela a été mentionné un peu plus
haut, des études portant sur le TMEI ont été
réalisées pour le compte du Sénégal. Cependant,
afin de pouvoir faire l'évaluation de l'impact des décisions
émanant des conclusions de tels travaux, une actualisation des
données utilisées s'avère nécessaire. Un tel
travail nécessite la disponibilité d'un certain nombre
d'indicateurs économiques calculés à partir des
données de l'économie mais aussi et surtout des données
relatives aux entreprises. Au Sénégal, c'est le centre des
grandes entreprises qui est chargé de collecter, de calculer et de
diffuser les statistiques portant sur les entreprises. Ce département du
ministère de l'économie et des finances n'a pu mettre à la
disposition des particuliers ces données.
Les principales recommandations visent ici, à mettre
à la disposition des particuliers, les données les permettant de
calculer des indicateurs les aidant à mieux apprécier les
performances des entreprises et spécifiquement à mesurer le poids
de la fiscalité qui pèse sur les entreprises.
Trois principales solutions vont être proposées afin
de doter le centre des grandes entreprises de ressources matérielles et
humaines.
- d'abord, il s'agira de moderniser les services du centre des
grandes entreprises. Cette modernisation permettra au centre de disposer de la
logistique nécessaire à son bon fonctionnement. Un inventaire
pourrait être fait, afin d'identifier les besoins en
30
matériel du centre. L'extension des locaux et la
décentralisation des services aux autres régions permettront une
large couverture géographique.
- Ensuite, un personnel compétent et en qualité
devrait être recruté. Une large couverture de toutes les
entreprises serait l'idéal et dans le cas échéant, il
faudrait que le personnel du centre puisse couvrir géographiquement tout
le territoire.
- Enfin, les données devraient être
centralisées dans un système informatisé. Cette
informatisation aiderait dans la diffusion de l'information et permettrait au
particulier oü qu'il se trouve, d'avoir accès à
l'information. L'informatisation aiderait aussi à lutter contre la
fraude fiscale et permettrait aux entreprises de s'acquitter de leurs
obligations fiscales oü qu'elles se trouvent avec beaucoup plus de
facilité.
Compte non tenu des autres avantages de ces trois mesures,
celles-ci permettront d'avoir une idée plus exacte de l'environnement
des affaires aux Sénégal. La connaissance de cette
réalitépermettra aux autorités de prendre les
décisions adéquates, quant à telle ou telle politique
concernant le climat des affaires. Les statistiques permettent de
suivre l'évolution des entreprises mais aussi de pouvoir faire des
prévisions.
Conclusion
Le présent rapport nous a permis d'avoir une
idée plus concise de la relation entre la fiscalité des
entreprises et la croissance d'une part, et de celle des finances publiques
(principalement les recettes fiscales, non fiscales et les dons) et de
l'activité économique.
Les résultats des estimations
économétriques ont montré qu'il existe une forte liaison
entre les recettes fiscales et le niveau de l'activité
économique. Les variations du PIB arrivent à expliquer à
plus de 99% les variations des recettes fiscales. Les tests de causalité
de Granger montrent une causalité mutuelle, c'est-à-dire qu'une
variation d'une de ces variables se traduit par une variation de l'autre
variable. Cependant le sens de la causalité est beaucoup plus fort du
PIB vers les recettes fiscales que des recettes fiscales vers le PIB. Un choc
positif sur le PIB a plus d'impact sur les recettes fiscales qu'un choc positif
sur les recettes fiscales ne l'a sur le PIB.
Les recettes budgétaires (recettes fiscales, non
fiscales et dons) sont fortement corrélées à la croissance
économique. Une augmentation du PIB réel de 5%, se traduit par
une augmentation des recettes budgétaires de 1,7%.
Le poids de la fiscalité sur une entreprise a
été appréhendé, dans le cadre de cette étude
par un indicateur synthétique : le taux marginal effectif d'imposition
(TMEI). La méthodologie est inspirée des travaux de Caroline Le
Bourdonnec. Le modèle nous a permis de mesurer les effets des
incitations fiscales. Dans ce modèle, outre des variables fiscales, des
variables économiques telles que le taux d'inflation et le taux
d'intérêt, sont prises en considération dans les calculs du
TMEI.
Les résultats montrent qu'il existe, d'une part, des
interrelations entre le taux d'intérêt et la charge fiscale qui
pèse sur une entreprise et d'autre part, entre le taux d'inflation et
cette charge fiscale. La relation est positive entre le TMEI et le taux
d'inflation, c'est-à-dire que lorsque le niveau général
des prix augmente, les entreprises sont appelées à supporter plus
de charges et donc à payer plus d'impôts et de taxes. Cependant,
la relation entre le taux d'intérêt et le TMEI est
négative. Une augmentation du taux d'intérêt réel se
traduit par un allègement des charges fiscales de l'entreprise.
L'analyse des résultats montre, par ailleurs, que le
système fiscal sénégalais favorise les bâtiments et
les stocks plutôt que les matériels. Ce qui revient à dire
que le matériel est plus taxé que les bâtiments et les
stocks.
32
L'analyse de la composition des actifs montre que les
investissements sont plus conséquents dans le secteur des stocks et des
bâtiments plutôt que des machines. Respectivement, la part des
stocks, des bâtiments et des machines dans les actifs est de 37,50%, de
37,10% et de 25,40%.
Du côté du financement, les résultats
montrent que le système fiscal sénégalais favorise de loin
le recours à l'emprunt comme moyen de financement. Les modes de
financement retenus dans le cadre de cette étude sont l'emprunt, la
méthode des bénéfices non distribués et la
méthode de l'augmentation du capital avec un TMEI évalué
respectivement à 6,78%, à 38,70% et à 58,13.
Au niveau global, avec un taux d'intérêt
réel de 4,75% et une inflation de 5,8%, le taux marginal effectif
d'imposition se fixe à 33,84% dans les secteurs de l'industrie et des
services. Ce résultat montre que le bénéfice d'une
entreprise exerçant au Sénégal est taxé à
environ 34%. Avec un taux d'intérêt réel de 6% et une
inflation de 3%, le TMEI serait respectivement de 28,79% et de 28,92% dans les
secteurs de l'industrie et des services. Ceci prouve que s'il n'y avait pas eu
cette forte inflation (de moins de 2% à 6% environ), le
Sénégal aurait pu contenir le TMEI dans les normes fixées
avec la banque mondiale (entre 25% et 28%).
Bibliographie
v' Caroline Le Bourdonnec (2006) : « quels taux effectifs
d'imposition des sociétés en Suisse ? Le procédé de
la déduction fiscale »
1' Caroline Le Bourdonnec (2004) : « une méthode de
calcul des taux effectifs marginaux d'imposition des sociétés de
Zürich en 2003 »
v' DPEE (2008) : « fiscalité et secteur informel au
Sénégal », document d'étude N°09
V' DGID (2003) : « étude sur l'opportunité de
baisse du taux marginal effectif d'imposition TMEI »
v' Vito Tanzi, Howell Zee (2001) : « une politique fiscale
pour les pays en développement » dossiers économiques,
FMI
v' INTERNET :
-
www.ansd.sn
-
www.dpee.sn
-
www.Droit-Afrique.com
-
www.ifc.org
-
www.impotsetdomaines.gouv.sn
-
www.senegal-business.com
-
www.fr.allafrica.com
|
|