1.1.3 Illustration : Un jeu de confiance
L'illustration faite ici se base sur la notion du << jeu
de confiance >> développépar D. Kreps5. Ici,
l'auteur considère deux individus A et B pour un échange
séquentiel de deux biens : la chaise de A contre la montre de B. Cet
échange permettrait a` chacun d'améliorer sa situation, car ce
qu'il recoit est plus important que ce qu'il donne. Dans le tableau
qui suit, le couple de nombres (x, y) signifie que, dans la situation
considérée, l'utilitéde l'individu A vaut x et celle de B
vaut y. Ces nombres n'ont qu'une valeur ordinale.
TAB. 1.1 - Illustration théorique de la confiance dans
les échanges entre individus
JOUEUR A
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|
JOUEUR B
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TRICHER
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HONORER
|
FAIRE CONFIANCE
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(-5 ;20)
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(5 ;5)
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NE PAS FAIRE CONFIANCE
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(0 ;0)
|
(0 ;0)
|
Source : Andre Orléan, »La théorie
économique de la confiance et ses limites», Cahier de sociologie,
pp.3
Par la suite, D. Kreps formalise l'interaction de la
manière suivante : La réalisation de l'échange ferait
passer de l'état (0, 0) a` (5, 5). Cependant, l'échange
étant séquentiel, il est nécessaire que, dans un premier
temps, A donne a` B sa chaise, pour que, dans un second temps, B livre a` A sa
montre. Aussi, quand B a recu la chaise, s'ouvre la
possibilitépour lui de s'en emparer sans livrer sa montre. On obtient
alors la situation (-5, 20). A a perdu sa chaise et B obtient, pour rien,
celle-ci. C'est bien le problème de la confiance qui est
5Andre Orléan, »La théorie
économique de la confiance et ses limites» 2000, Cahier de
sociologie, pp.3
Th`eme : Mesures et déterminants de La confiance
des ménages sur La situation économique au Cameroun : Cas de La
viLLe de Yaoundé.
ici pos'e. Pour que A entre en relation avec B, A doit faire
confiance a` B; il doit supposer que B ne tirera pas avantage de la
situation. Cette confiance est source d'utilit'e collective puisqu'elle
permet que se r'ealise l''etat (5, 5), nettement pr'ef'erable a` l''etat de
nature (0, 0).
Cependant cette confiance peut être trahie. La trahison
met A dans une situation pire que celle qu'il connaissait dans l''etat de
nature. Mais, si la confiance fait d'efaut, aucune relation n'est nou'ee et la
soci'et'e demeure dans l''etat de nature (0, 0) sans b'en'eficier des effets
positifs de la coop'eration. Donc la confiance, bien qu'elle soit n'ecessaire
a` la formation de liens sociaux est probl'ematique.
1.1.4 La confiance dans les phénomènes
financiers et monétaires : l'approche économique
La question de la confiance dans les ph'enomènes
mon'etaires et financiers se trouve être un peu plus complexe. En effet,
en consid'erant l'interaction ci-dessus formalis'ee par D. Kreps6,
le sch'ema se complique un peu si l''echangiste A d'ecide de livrer a` B sa
chaise contre une certaine monnaie. Pour AndréOrléan
7, il n'agira de cette manière que s'il anticipe dans le futur
gràace aux signes mon'etaires qu'il vient d'acqu'erir. On voit
'evidement làque ce n'est plus B qui fait l'objet de la confiance de A,
mais le signe mon'etaire dans sa capacit'e pr'esum'ee a` conserver sa
valeur.
Dans la th'eorie 'economique, cette situation s'analyse sous
l'hypothèse que les agents A et B sont parfaitement rationnels,
c'est-à-dire qu'il s'agit en particulier pour eux de maximiser chacun
son utilit'e. Le plus souvent, les agents 'evaluent cette utilit'e par
comparaison de la perception qu'ils ont sur leur niveau de vie pass'e et de
l'anticipation de leurs conditions de vie futur. Plus pr'ecis'ement, il est
question pour l'agent d''evaluer l''evolution de la perception qu'il a de ses
conditions de vie entre les deux p'eriodes (pass'ee et futur). Ainsi pour
Andr'e Orl'ean 8, la coop'eration (5; 5) 'etant la meilleur de
toutes les situations (0; 0), alors, si A fait confiance a` B et si B est
rationnel celui-ci va n'ecessairement tricher
6Andre Orléan, »La théorie
économique de la confiance et ses limites» 2000, Cahier de
sociologie, pp.5 7Andre Orléan, »La théorie
économique de la confiance et ses limites» 2000, Cahier de
sociologie, pp.5 8Théorie économique de la confiance
et ses limites, pp.5
Th`eme : Mesures et déterminants de La confiance
des ménages sur La situation économique au Cameroun : Cas de La
viLLe de Yaoundé.
puisqu'il obtiendrait ainsi une utilitéde 20
supérieure a` celle de 5 qu'il aurait obtenue en coopérant avec A
(maximum d'utilité). Par ailleurs, a` l'évidence, sous
l'hypothèse que A est rationnel, il ne fera pas confiance a` B et
n'entrera pas en relation avec lui (car la rationalitéde B le conduit a`
tricher). Par conséquent, ce résultat d'AndréOrléan
indique que sous l'hypothèse de rationalitédes
échangistes, il ne peut y avoir échanges.
Si on identifie la valeur économique avec le principe
selon lequel chaque agent agit de façon a` maximiser son
intérêt personnel, il apparaàýt selon
AndréOrléans 9 que la seule mobilisation de cette
valeur ne suffit pas a` engendrer la confiance et a` sortir de l'état de
nature. Toutefois des solutions proposées en économie sont entre
autre le contrat, le serment etc.
Le contrat
Il s'agit d'une solution qui repose sur l'existence d'un tiers,
a` savoir l'appareil judiciaire, contrôlant l'application des
résolutions et sanctionne les contrevenants.10
Le serment
Ici, il s'agit pour un individu de jurer sur un texte
sacrédu respect de sa parole afin de prouver sa bonne foi et sa
volontéde coopérer.11
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