SOMMAIRE
DEDICACE
iii
REMERCIEMENTS
iv
SIGLES ET ABBREVIATIONS
v
LISTE DES SCHEMAS ET TABLEAUX
vi
INTRODUCTION GENERALE
1
PARTIE I. CADRE CONCEPTUEL
7
CHAPITRE I. LA NOTION DE CREDIT ET LES
RISQUES Y RELATIFS
8
SECTION I. La notion de crédit
8
SECTION II. Les risques liés à
l'activité bancaire
17
CHAPITRE II. LES TECHNIQUES D'EVALUATION ET
DE GESTION DU RISQUE DE CREDIT PAR LES BANQUES
29
SECTION I. Le cadre réglementaire
30
SECTION II. Les modèles de gestion du
risque de crédit par les banques
36
PARTIE II. CAS PRATIQUE : LA GESTION DU
RISQUE DE CONTREPARTIE DES PME A LA COMMERCIAL BANK-CAMEROUN
51
CHAPITRE I. ANALYSE PRATIQUE DE LA
POLITIQUE D'OCTROI DE CREDIT A LA COMMERCIAL BANK-CAMEROUN
52
SECTION I. Présentation du cadre de
l'étude
52
SECTION II. La procédure d'octroi des
crédits et de gestion du risque à la CBC
57
CHAPITRE II. LES MODALITES ET LES LIMITES DE
LA GESTION DU RISQUE DE CONTREPARTIE A LA COMMERCIAL BANK-CAMEROUN
68
SECTION I. Les outils de gestion du risque
de contrepartie à la CBC
68
SECTION II. Analyse critique de la politique
de gestion du risque de contrepartie à la Commercial Bank-Cameroun
79
CONCLUSION GENERALE
85
BIBLIOGRAPHIE
90
ANNEXES
92
LISTE DES ANNEXES
93
TABLE DES MATIERES
94
DEDICACE
A nos parents, Augustin et Marie Noëlle
KENGNE, pour tous les sacrifices consentis pour
l'éducation de leurs enfants. Vous êtes un modèle de
travail, de persévérance dans l'effort, et avez
développé en nous ce sens de l'excellence qui fait notre
force...Puissiez vous être fiers de nous tous les jours de votre vie.
A notre soeur AMAGNY MUKENGNE Fabyola
et nos frères, ETAMBA MU KENGNE Renaud Vianney
et CSOH MU KENGNE Loïc Tanguy ; que ce
travail soit pour vous une source d'inspiration.
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier tous ceux qui, ont
contribué à la réalisation de ce travail, de près
ou de loin :
· Le Seigneur Dieu tout
puissant, qui nous a donné la santé, la force, et a
guidé nos pas sur ce chemin ;
· Le professeur Hubert
NGNODJOM, notre directeur de mémoire, pour sa
disponibilité et ses conseils ;
· Tout le corps enseignant de la faculté de
sciences sociales et de gestion de l'UCAC, et particulièrement le
coordonnateur de la filière comptabilité et finances, le
Dr Célestin NENTA, pour son dévouement
à la cause de ses étudiants ;
· Monsieur et Madame TALLA,
sans qui se stage n'aurait pas été possible ; recevez ici
l'expression de notre profonde gratitude pour le soutien et les orientations
que vous nous avez apportés lors de la réalisation de ce
travail ;
· M. Thadée NKOLO NKOLO, M. OUMAROU
Haman, M. Victor MOUSSOMBO, Mme Valerie
TCHOMTE et tout le personnel de la CBC qui nous a si gentiment
accueillie et fourni toutes les informations nécessaires à la
réalisation de ce travail ;
· Tous nos amis et camarades des promotions
Dream génération, YALE, et MAGIC, avec
qui nous avons passé ces cinq dernières années et qui ont
contribué par leurs lectures à la réalisation de ce
document.
SIGLES
ET ABBREVIATIONS
AID : Assurance Invalidité Décès
BEAC : Banque des États d'Afrique Centrale
CBC : Commercial Bank-Cameroun
CCT : Crédit à Court Terme
CEL : Compte d'Épargne sur Livret
CFH : Capital Financial Holding
CLT : Crédit à Long Terme
CMT : Crédit à Moyen Terme
COBAC : Commission Bancaire d'Afrique Centrale
DAT : Dépôt à terme
KMV : Kealhofer, McQuown et Vasicek
MRC : Méthode de Rating du Crédit
OHADA : Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du
Droit des Affaires
PD : Probabilité de Défaut
PME : Petites et Moyennes Entreprises
PNB : Produit Net bancaire
RCCM : Registre du Commerce et du Crédit
Mobilier
TVA : Taxe Sur la Valeur Ajoutée
LISTE DES SCHEMAS ET TABLEAUX
NUMERO
|
LIBELLE
|
PAGES
|
SCHEMAS
|
1
|
Circuit de décision de crédit
|
61
|
|
TABLEAUX
|
|
1
|
Barèmes de notation standard and Poor's et Moody's
|
28
|
2
|
Probabilités de défaut par classes de rating
|
79
|
3
|
Tableau de correspondance garanties-taux de couverture
|
80
|
4
|
Tableau de correspondance rating/Taux de perte des programmes
de crédit
|
82
|
5
|
Rating par classes de chiffres d'affaires dernières
années
|
86
|
INTRODUCTION GENERALE
Contexte de l'étude
Dans l'environnement actuel caractérisé par la
mondialisation des marchés et l'ouverture des économies, de
nombreuses entreprises ne disposent pas de suffisamment de capitaux pour
atteindre leurs objectifs. Ainsi, leurs résultats comptables et
financiers peuvent les conduire à un déficit de liquidités
et nécessiter le recours à un financement, intérieur ou
extérieur, qui peut se faire sous forme d'augmentation du capital, de
prise de participation d'un partenaire extérieur au capital, ou sous
forme de crédit auprès d'une banque.
Pour répondre aux sollicitations des agents à
capacité et à besoin de financement, Les banques procèdent
ainsi à la collecte des dépôts et à leur
redistribution sous forme de crédit. Cette activité
d'intermédiation constitue de ce fait le coeur de leur métier. On
s'accorde à reconnaitre à cet effet que leur rôle vient de
l'asymétrie d'information qui existe entre d'une part, les agents
économiques disposant de fonds et d'autre part, ceux qui en ont
besoin.
Étymologiquement, le mot
« crédit » vient du verbe latin
« credere » qui signifie croire, faire confiance. Et
effectivement, celui qui octroie le crédit fait confiance à son
débiteur, croit en celui qui reçoit la ressource
prêtée. De façon générale, le crédit
résulte de la combinaison de trois éléments : le
temps ou le délai pendant lequel le bénéficiaire dispose
de fonds prêtés, la confiance faite par le créancier au
débiteur, et la promesse de restitution des fonds prêtés.
Le crédit introduit donc la notion de temps,
c'est-à-dire d'incertitude. Ainsi, il est possible qu'une
société ne présente qu'un risque de défaillance
minime au moment de l'octroi du crédit ; mais qu'en est-il à
l'avenir ?
La deuxième caractéristique du crédit est
la confiance entre créancier et débiteur. Cette notion est
subjective et n'est pas exempt de risque. Un banquier peut ainsi accorder sa
confiance et se tromper. L'octroi de crédit implique pour le banquier la
prise en considération de notions subjectives comme la bonne foi du
débiteur ou l'exactitude des informations financières produites
qui constituent des risques pour la banque.
Enfin, la troisième caractéristique du
crédit est la promesse de restitution des fonds prêtés. Les
risques inhérents à ce point découlent des deux points
précédents. Si une évolution défavorable se produit
dans le temps ou si le débiteur ne respecte pas l'engagement pris
vis-à-vis du créancier, le risque de non remboursement peut se
réaliser.
Au total, une opération de crédit
considérée du point de vue du prêteur est une
opération risquée qui suppose que des mesures destinées
à éliminer, du moins à réduire le risque encouru
soient prises. Qu'il s'agisse du risque de crédit, de liquidité,
de change ou de taux, le banquier se doit de trouver des outils pertinents
devant permettre de les cerner et de les réduire au strict minimum. S'il
est donc avéré que l'intermédiation constitue le coeur du
métier du banquier (en ce sens que son rôle vient de
l'asymétrie de l'information existant entre les agents à
capacité de financement et les agents à besoin de financement),
il n'en demeure pas moins vrai que cette activité d'octroi de
crédit se caractérise principalement par le risque
élevé qu'elle fait courir à celui qui débourse.
Dès lors, on peut déduire que l'un des rôles majeurs du
banquier sera la gestion des divers risques que lui font courir ses clients
dans la relation qu'il entretient avec eux.
Dans notre sous-région d'Afrique Centrale, les
premières banques installées à l'époque coloniale
étaient des filiales des banques occidentales. Il s'agit de la
Société camerounaise de banques (SCB) appartenant au Groupe
Crédit lyonnais, de la Banque Internationale pour le Commerce et
l'Industrie du Cameroun (BICIC) rattachée au groupe PNB, de la
Société Générale de Banque au Cameroun (SGBC) et de
la Banque Internationale pour l'Afrique Occidentale au Cameroun (BIAO).
Dépendantes de leurs maisons-mères, elles étaient
rigoureusement gérées, mais ne s'impliquaient pas activement dans
le processus de développement des économies de la
sous-région.
Face à cette situation, une importante reforme a
été engagée en 1973 se traduisant par le renforcement de
la tutelle de l'État sur les banques, à travers les prises de
participation dans leur capital social. De nombreuses banques voient ainsi de
jour, à l'instar de la Banque Camerounaise de Développement
(spécialisée dans le financement des activités du secteur
public et parapublic), du Fonds de Garantie de crédits aux Petites et
moyennes entreprises (FOGAPE), du Fonds National de Développement Rural
(FONADER) et de la Cameroon Bank (CAMBANK). Les dirigeants de ces
établissements de crédit, nommés par les pouvoirs publics
(parfois sans qualification adéquate), accordaient des crédits
sur la pression des hommes politiques influents, des hauts fonctionnaires ou
des membres de la tribu1(*).
Il n'y avait donc aucun procédé de gestion du risque. Cette
situation a conduit au fait que les banques de la sous-région soient
profondément touchées par la grande crise économique
qu'ont connue nos États au milieu des années 80. Cette faillite
bancaire qualifiée de systémique (par Edward J. Kane and Tara
Rice, 1998) était tributaire de causes multiples parmi lesquelles des
erreurs de gestion.2(*)
Au 31 décembre 1988, le système bancaire de la
zone CEMAC a enregistré un déficit de 6,11 milliards de francs
CFA. Par ailleurs, la proportion de créances douteuses s'était
considérablement accrue. Elle était de 24,65% pour le
système bancaire camerounais qui était le plus touché par
la crise.
Dans cette situation préoccupante, les banques ne
pouvaient plus assurer leur rôle d'intermédiaires financiers,
compromettant ainsi le processus de croissance et de développement
économique. Pour éradiquer cette crise financière, les
bailleurs de fonds internationaux (Banque Mondiale (B.M), Fonds
Monétaire International (F.M.I)) en collaboration avec la Banque des
États de l'Afrique Centrale (B.E.A.C), ont dans le cadre des programmes
d'ajustement structurel, enrichi leur thérapie habituelle par des
reformes bancaires.
Aussi, dans le but de limiter les effets néfastes de la
prise démesurée de risques et de soutenir la stabilité et
la sécurité du système financier, il a été
instauré une réglementation prudentielle internationale. Les
premières normes de convergence sur les fonds propres
élaborées par le comité de Bâle en 1988, suite aux
faillites successives de grandes entreprises survenues dans les
décennies 80 et 90, s'inscrivent comme une tentative de réponse
à la défiance généralisée du système
bancaire et visent la restauration de la solvabilité des entreprises au
travers de l'intermédiation financière.
Dans notre sous-région, des restrictions ont
été imposées par la suite, constituant des limites au
financement des entreprises, à savoir les règles prudentielles
édictées par la COBAC. En effet, dans le but d'aboutir à
un système de surveillance bancaire efficace, les États membres
de la BEAC vont signer les conventions du 16 Octobre 1990 portant
création de la COBAC et du 17 Janvier 1991 qui harmonisent la
réglementation bancaire dans la zone BEAC. La COBAC impose aux
établissements de crédit le respect des ratios de
liquidité, de couverture des risques et de division des risques dans la
distribution de crédits.
Il en ressort donc que la gestion du risque est un
impératif pour les banques camerounaises, plus particulièrement
la gestion du risque de contrepartie, car celui-ci est dans nombre de cas
à l'origine du manque de liquidité et peut déboucher sur
un risque de défaillance très important.
Problématique
Les PME représentent une part importante du tissu
économique camerounais. Bien que leurs besoins en financement soient
relativement de faible montant, il n'en demeure pas moins vrai que les
décisions d'octroi de crédit à leur endroit
nécessitent une attention particulière de la part des banquiers.
Hétérogénéité des activités,
difficulté de mesure de certains paramètres, nombreuses sont les
contraintes auxquelles le banquier est confronté dans cette
activité.
Dès lors, la gestion du risque de crédit que les
PME présentent est d'un enjeu de taille pour les banques. Elles doivent
donc mettre en place des outils pertinents permettant non seulement de mesurer
le risque que ces PME présentent, mais aussi permettant de le
gérer. Des systèmes de notation des demandes de crédit
tels que la méthode du credit scoring ou les systèmes experts
existent, mais leur coût élevé emmène à se
poser des questions quant à leur réelle efficacité dans
l'octroi de crédits aux PME.
Dans nombre de cas, le banquier recherchera des
sécurités importantes sous forme d'hypothèques ou de
cautionnement, limitant ainsi l'exposition aux risques que les banques
prennent, et pouvant déboucher sur des décisions de rejet des
demandes de crédit des PME.
Vu l'importance que les PME ont dans le paysage
économique camerounais, la gestion du risque de contrepartie qu'elles
présentent est donc d'un enjeu crucial pour les banques. La question de
départ est donc la suivante : Les outils utilisés par la
Commercial Bank-Cameroun en vue de la décision d'octroi de
crédits aux PME camerounaises conduisent t-ils à une prise de
décision pertinente de la part des dirigeants?
Questions sous-jacentes
Le développement de la question principale peut se
faire à travers les points suivants :
· Quels sont les différents risques auxquels sont
confrontées les banques ?
· Qu'est ce que le risque de contrepartie ?
· Quels sont les outils de mesure du risque de
contrepartie ?
· Quels sont les outils de notation des PME
utilisés à la CBC ?
· Quel est le niveau de risque fixé à la
Commercial Bank-Cameroun en vue de l'octroi de crédits aux PME ?
· Quelles sont les limites du modèle
utilisé ?
Objectif et intérêt de
l'étude
L'étude que nous menons a pour objectif principal de
déterminer le degré de pertinence des outils de mesure du risque
de contrepartie que les PME présentent, étant donné leur
importance dans le portefeuille des clients des banques.
En effet, en vue de l'octroi de crédits aux
entreprises, les banques se servent d'un certain nombre d'outils, qui leur
permettent d'apprécier le risque que chaque contrepartie
présente. Elles se fixent donc un niveau de risque à partir
duquel les entreprises peuvent obtenir d'elles un crédit.
Cependant, parmi les projets financés, certains ne
génèrent pas suffisamment de ressources pour amortir le
crédit. La présente étude se propose donc de
déterminer si les outils de gestion du risque utilisés par la
Commercial Bank-Cameroun sont pertinents.
Ce sujet nous intéresse particulièrement,
étant donné la situation actuelle de la Commercial-Bank Cameroun,
qui, du fait de la non prise en compte des injonctions de la COBAC sur le
respect des ratios prudentiels, se trouve en administration provisoire. Nous
pensons par ce travail de recherche répondre aux questions de la
communauté scientifique et des usagers des banques en
général sur la corrélation entre d'une part, la
décision de rejet d'un dossier de crédit et le risque qu'il
présente, et d'autre part sur la corrélation entre la prise
inconsidérée de risques et la défaillance d'une banque.
Propositions
Nombre de critères utilisés par les banques
s'avèrent inadaptés au cas des PME et conduisent à un taux
de non remboursement élevé.
Dans l'appréciation du risque de contrepartie que les
PME présentent, il convient de prendre en compte d'autres
critères.
Méthodologie de la recherche
La méthodologie que nous adoptons, axée sur une
étude de cas, s'articule en trois axes principaux :
Dans un premier temps, nous avons procédé
à la revue documentaire et à des entretiens : il s'est agi
pour nous de collecter et d'exploiter les publications en matière de
réglementation et de pratique de la gestion du risque de crédit,
dans le but de déterminer le niveau de risque habituellement pris par
les banques.
Ensuite, nous avons étudié le modèle
d'aide à la décision en matière de crédit
utilisé par la Commercial Bank-Cameroun. Cette étude s'est faite
de manière empirique sur un cas pratique, ce qui nous a permis de
relever les forces et limites du modèle.
Nous avons complété cette étude par
l'analyse du taux d'impayés sur un échantillon de PME
financées durant les deux dernières années pour des
montants inférieurs à cinquante millions de FCFA.
Plan du travail
Le travail que nous avons entrepris comporte deux grandes
parties développées en quatre chapitres. Nous avons d'une part,
une partie théorique dans laquelle nous présentons le cadre
conceptuel applicable au risque de crédit (chapitre I) et les techniques
d'évaluation et de gestion du risque de contrepartie (chapitre II). Dans
une seconde partie pratique, nous présentons les outils utilisés
pour gérer le risque de contrepartie à la Commercial
Bank-Cameroun (chapitre III) et apprécions l'efficacité des
outils de mesure du risque utilisés.
CADRE CONCEPTUEL
Le risque 3(*)désigne un
danger bien identifié,
associé à l'
occurrence d'un
événement
ou d'une série d'événements, parfaitement descriptibles,
dont on ne sait pas s'ils se produiront mais dont on sait qu'ils sont
susceptibles de se produire dans une situation donnée. Le risque se
retrouve partout et peut notamment être lié à la
santé, à la sécurité routière, aux finances,
aux infrastructures, à l'environnement, aux accidents du travail, aux
hôpitaux, etc. Il est aisé de comprendre pourquoi la notion de
risque, ainsi définie, ne permet pas de décrire les situations d'
incertitude et de rendre
compte des modalités de la prise de
décision dans
de tels contextes. On sait ce qu'on ne sait pas mais c'est à peu
près tout ce que l'on sait : il n'y a pas de meilleure
définition de l'incertitude. Savoir anticiper, traquer les
débordements potentiels, mettre en place un système de
surveillance et de
collecte systématique des données pour déclencher les
alertes dès que les
événements bizarres se produisent : la liste des mesures
à prendre est longue, qui suggère que l'
ignorance n'est pas une
fatalité et que raisonner en terme d'incertitude, c'est
déjà se donner les moyens d'en prendre la
mesure.
Les notions d'incertitude, de mesure, de surveillance et
d'alerte sont donc déterminantes dans la gestion du risque, et plus
encore du risque de contrepartie, qui est directement lié non seulement
à la probabilité de défaillance de l'emprunteur mais aussi
à la dégradation de la situation financière de
l'entreprise.
Après avoir présenté les
différentes formes de crédits et de risques auxquels sont
confrontées les banques (chapitre I), nous nous appesantirons sur les
outils de mesure du risque de contrepartie en leur sein (chapitre II).
Chapitre I. LA NOTION DE CREDIT ET LES RISQUES Y RELATIFS
La mise en relation des agents à capacité et des
agents à besoin de financement est d'une importance capitale pour toutes
les économies. Ainsi, la stabilité et la solvabilité du
système bancaire sont des conditions sine qua non pour le bon
fonctionnement du système financier. Le système bancaire s'appuie
sur des réseaux et des effectifs toujours en croissance. C'est un
secteur économique dynamique qui a su dans une grande mesure,
préserver son indépendance. Les établissements de
crédits, du fait de la grande liberté d'action dont ils ont
toujours disposé, sont confrontés à des risques de plus en
plus variés qu'ils doivent apprendre à mesurer et à
contrôler. L'univers bancaire se caractérise ainsi par la
multiplicité des risques auxquels sont confrontés les banques,
qu'ils soient de nature micro ou macro-économique. Parmi ceux-ci, figure
en bonne place le risque de crédit. Joel Bessis (1995) le définit
comme le risque de défaut des clients, c'est-à-dire le risque de
pertes consécutives au défaut d'un emprunteur face à ses
obligations.
L'étude du risque de crédit passe au
préalable par l'appréciation de la notion de crédit et des
autres risques liés à l'activité bancaire.
SECTION
I. La notion de crédit
Le lexique bancaire et économique définit le
crédit comme « une opération qui consiste pour un
établissement de crédit à mettre des fonds à la
disposition d'un de ses clients (crédit par décaissement) ou
à s'engager à payer en cas de défaillance de celui-ci
(crédit par signature) »4(*). On distingue deux grands groupes de
crédits : les crédits de trésorerie et les
engagements par signature.
Paragraphe I. Les crédits de
trésorerie
Les crédits de trésorerie sont ceux qui
entrainent la mise à la disposition du client de sommes d'argent ou des
lignes de tirage (lorsqu'elles sont utilisées) lui permettant de
mobiliser de la trésorerie en temps voulu. L'on peut en faire plusieurs
classifications selon les critères retenus tels la durée, l'objet
du financement, la nature du crédit, le cycle d'activité...
A. La classification selon la
durée et l'objet du financement
1. La classification selon la durée
Les usages et la pratique de la Banque des États de
l'Afrique Centrale (BEAC) nous permettent d'opérer la classification
suivante selon la durée. Pour une durée inférieure ou
égale à vingt quatre mois, l'on parle de crédit à
court terme (CCT). Lorsque la durée est supérieure à deux
ans mais inférieure ou égale à quatre ou six ans, l'on
parle de crédit à moyen terme (CMT). Pour les durées
supérieures à quatre ou six ans, il s'agit d'un crédit
à long terme (CLT).
L'on note que les entreprises font de plus en plus recours au
crédit revolving qui est en réalité un crédit
à court terme avec une clause de renouvellement tacite sur une
période déterminée. Ce crédit est parfois plus
indiqué pour des activités saisonnières ou pour des
activités qui se déroulent sur plusieurs cycles d'exploitation au
cours d'une même année.
2. La classification selon l'objet du
financement
En fonction de l'objet à acquérir avec le
financement sollicité, l'on peut également procéder
à une autre classification. Ainsi, l'on parlera de crédit
d'investissement si celui-ci a pour objet un investissement, de crédit
immobilier si celui-ci a pour objet de financer l'acquisition d'un immeuble, de
crédit d'équipement si celui-ci a pour objet de financer
l'acquisition d'un équipement, de crédit à la consommation
lorsqu'il a pour objet la consommation personnelle de biens (par opposition
à la consommation des produits ou des services) par une entreprise ou de
crédit scolaire si ce dernier a pour objet le financement des
études.
B. La classification selon la
nature du crédit
L'on distinguera au sein de cette catégorie la
facilité de caisse du découvert, du crédit global
d'exploitation, du crédit relais, de l'escompte commercial et de
l'escompte de facture commerciale.
1. La facilité de caisse
La facilité de caisse est essentiellement
destinée à donner une flexibilité à la
trésorerie des entreprises. Elle leur permet de faire face à des
décalages ponctuels de trésorerie sur des durées
relativement courtes comme lors des règlements fournisseurs, des
règlements TVA, de la paie du personnel. La facilité de caisse
peut être renouvelée plusieurs fois dans l'année et sur de
courtes périodes. Cependant, il ne peut s'agir en aucun cas d'un
concours permanent au risque de se transformer en découvert.
2. Le découvert
Le découvert est une possibilité de tirage sur
le compte courant qui est offerte aux entreprises sur une durée
précise (généralement annuelle). L'entreprise
bénéficiaire dispose ainsi d'une marge de manoeuvre
supplémentaire dans la gestion de sa trésorerie.
L'on note parfois que la notion de découvert est assez
confuse et imprécise. Dans la pratique, les entreprises l'assimilent
à une aide bancaire par caisse sur une période plus ou moins
longue et parfois même à vie. Il n'est pas fait une distinction
précise ni dans le temps ni dans l'objet avec la facilité de
caisse. Cette perception de la notion de découvert par les
entreprises, et notamment les PME, est très souvent à l'origine
des dérives et d'importants contentieux avec les banques. La gestion au
quotidien des lignes de découvert par les banques n'est donc pas
aisée.
Dans une conception très traditionnelle, l'objectif du
découvert est de compléter un fonds de roulement
conjoncturellement insuffisant et non de résoudre un décalage
passager de trésorerie ou encore un besoin en financement structurel de
l'entreprise. Dans cette conception, la justification du découvert
s'explique par le fait qu'il donne la possibilité aux entreprises de
saisir des opportunités d'affaires sur une courte période,
qu'elles seraient incapables de réaliser en utilisant leur propre
trésorerie. Il reste entendu que si le découvert s'étale
dans la durée, il devrait s'éteindre impérativement par un
apport en capitaux permanents.
A contrario, une approche plus large de la notion de
découvert prône qu'il s'agit d'une véritable ligne de
crédit négociée entre l'entreprise et son banquier pour le
financement de son besoin en fonds de roulement. Dans cette conception, la
notion de découvert peut s'apparenter à un crédit global
d'exploitation.
3. Le crédit global d'exploitation
Le crédit global d'exploitation est un crédit de
trésorerie destiné à couvrir tous les besoins de
financement du cycle d'exploitation de l'entreprise. Il offre à
l'entreprise la simplicité d'une ligne unique qui remplace l'ensemble
des crédits à court terme. La gestion administrative et comptable
est assez simple et son utilisation apporte une relative flexibilité
à l'entreprise. Pour la banque, le crédit global d'exploitation
apporte plus de flexibilité et une relative fidélisation du
client. Ce type de crédit représente toutefois un risque
particulier : le crédit étant global et subjectif, il peut
être facilement détourné de son objet. C'est ce qui
justifie le fait qu'il soit généralement proposé
uniquement aux meilleurs clients de la banque.
4. Le crédit relais
Le crédit relais est destiné à financer
les encaissements liés à une opération hors exploitation.
Ainsi, il permet par exemple à une entreprise d'avancer des fonds
à un fournisseur de biens immobiliers en attendant l'encaissement du
fruit de la cession d'un actif immobilisé.
5. L'escompte commercial
L'escompte commercial est un crédit de
trésorerie par lequel la banque met par anticipation à la
disposition d'un client le montant d'une remise d'effet avant son
échéance. A l'échéance, le banquier présente
l'effet pour encaissement. Le montant ainsi encaissé éteint la
dette contractée par le client. Cette technique de financement est
très appréciée des entreprises et des banques.
Pour les banques, l'escompte commercial, bien moins rentable
que le crédit de trésorerie classique, offre une
sécurité assez appréciée du fait des
prérogatives du droit cambiaire et se dénoue en
général sur des durées assez courtes (en moyenne 90
jours).
Dans la pratique de l'escompte, l'on distingue l'escompte
classique de l'escompte en valeur. L'escompte classique consiste à
calculer les agios allant du jour de la remise de l'effet à
l'échéance ; tandis que l'escompte en valeur ne prend en
considération que les jours où le compte du client a
été débiteur en date de valeur entre le moment de la
remise de l'effet et le jour de la maturité de l'effet. L'escompte en
valeur encore appelé escompte en compte est moins onéreux que
l'escompte classique et n'est réservé qu'aux meilleurs clients de
la banque.
Toutefois, bien que l'escompte commercial soit
apprécié des banquiers, l'analyse du risque de crédit y
associé nécessite un examen approfondi du tireur et du
tiré de l'effet ainsi que du fondement économique de l'effet. Ces
analyses sont complémentaires à l'analyse classique du risque de
crédit.
6. L'escompte de facture commerciale
L'escompte de facture commerciale est un crédit de
trésorerie par lequel la banque met à la disposition du client le
montant d'une facture par anticipation. Cette technique de financement n'est
pas encadrée par la loi dans notre environnement et s'apparente
simplement à une facilité de caisse. C'est ainsi que l'on parle
d'escompte de bon à payer, d'escompte de bordereau de liquidation,
d'escompte de bon de virement BEAC, d'escompte de chèque
déplacé...
C. La classification selon le
cycle d'activité
La classification des crédits selon le cycle
d'activité d'une entreprise oppose essentiellement deux formes de
crédit : le crédit d'exploitation et le crédit
d'investissement.
1. Le crédit d'investissement
Il faut entendre ici par crédit d'investissement tous
les types de concours bancaires ayant pour objet le financement de
l'investissement ou du développement d'une entreprise. Il peut s'agir de
l'acquisition de nouveaux sites, de nouveaux bâtiments, du
matériel de production, d'usines de production...
2. Le crédit d'exploitation
Le crédit d'exploitation regroupe tous les types de
crédits bancaires qui concourent au financement du cycle d'exploitation
de l'entreprise. On y retrouve, entre autres, les crédits amortissables
à court terme, les crédits d'équipements à court
terme, les crédits de campagne, les découverts, les
facilités de caisse, l'escompte commercial. Les crédits
d'exploitation sont très sollicités dans notre environnement.
A coté des crédits de trésorerie, on
retrouve les engagements par signature.
Paragraphe II. Les engagements par
signature
Il s'agira ici principalement des avals et des
cautions.
a) L'aval
L'aval est l'engagement pris par une personne appelée
« l'avaliste » (la banque dans notre cas) vis à vis
d'une tierce personne (créancier) de payer à terme échu un
effet de commerce (la lettre de change ou le billet à ordre) en cas de
défaillance de l'une des personnes (débiteur et client de
l'établissement de crédit) engagées par le titre et pour
le compte duquel l'aval est donné. La personne
bénéficiaire de l'aval est appelée
« l'avalisée ». L'aval souscrit par une banque est
essentiellement donné pour le compte du tiré d'une lettre de
change ou du souscripteur d'un billet à ordre.
b) Le cautionnement
Le cautionnement est le contrat par lequel une personne
appelée caution (la banque) promet à une tierce personne (le
créancier) de se substituer à son client (débiteur
principal) si celui-ci ne remplit pas ses obligations financières
vis-à-vis du créancier. Le mot « caution »
désigne donc le tiers garant. Néanmoins, dans la pratique, le mot
caution est souvent employé pour désigner l'engagement
lui-même. Il en existe plusieurs types.
1. Les cautionnements fiscaux
Les banques sont souvent sollicitées par leurs clients
pour la délivrance en leur faveur des cautionnements dits fiscaux dans
le cadre des contestations qui les opposent à l'administration fiscale
ou aux fins d'obtenir un régime douanier ou d'imposition d'exception. On
peut retrouver dans ce cadre :
· Le cautionnement en contestation
d'imposition
Il est délivré à l'administration fiscale
sur la demande du contribuable (le client de la banque) pour garantir le
paiement des droits querellés s'il est débouté et
sommé de payer à l'issue de la procédure contentieuse. Ce
cautionnement permet ainsi à l'agent économique de continuer
à mener ses activités pendant que la procédure
contentieuse suit son cours sans pour autant que les comptes bancaires du
client soient bloqués.
· Les cautions douane
Elles sont délivrées au bénéfice
de l'administration douanière à la demande des clients de la
banque afin de différer l'acquittement des droits de douane
(« le droit de douane est une taxe imposée sur les
importations en pourcentage de leur valeur »). En
général, ce différé de paiement des droits de
douane s'opère dans le cadre d'un régime douanier
spécifique. Le cautionnement constitué ici a pour seul objectif
de liquider les droits de douane différés lorsque le
bénéficiaire de la caution est défaillant à terme
ou encore lorsque des irrégularités, des fraudes
douanières constatées et imputées aux clients sont
restées sans suite. Les terminologies suivantes vont être
utilisées en fonction des cas.
ü Le régime de l'entrepôt
fictif permet à un agent économique de sortir les
marchandises importées de la zone portuaire sans s'acquitter des droits
de douane pour les entreposer dans ses propres magasins. Les droits de douane
sont liquidés uniquement lors de la vente des marchandises. L'on parle
alors de caution pour entrepôt fictif.
ü Le régime de l'admission
temporaire donne à certains agents économiques et
organismes, pour des raisons bien particulières, la possibilité
d'importer des produits en franchise des droits de douane. C'est par exemple le
cas des diplomates ou des personnes bénéficiant du statut de
fonctionnaire international. La caution pour admission temporaire est
celle délivrée dans le cas d'espèce.
ü Le régime de transit quant
à lui est utilisé pour faire entrer dans le territoire douanier
les marchandises qui n'y sont pas destinées à la consommation.
Ces marchandises sont dites en transit et ne supportent pas de ce fait les
droits de douane. La caution est destinée dans ce contexte à
couvrir les droits de douane et les pénalités pour fraude
douanière si ces produits en transit se retrouvent sur le marché
local.
ü La caution d'enlèvement est
destinée à couvrir en cas de défaillance d'un contribuable
les droits de douane liés à l'importation des marchandises
enlevées dans l'urgence pour des raisons de conservation, de
sécurité...L'on parle très souvent de crédit
d'enlèvement.
2. Les cautions émises dans le cadre de
l'exécution des marchés
Les attributions et les réalisations des marchés
publics ou privés sont des opérations de grande importance qui
requièrent d'importants moyens financiers. La mise en oeuvre d'un
marché, depuis sa phase de conception jusqu'à sa
réalisation, implique des moyens financiers que l'entrepreneur
adjudicataire ne possède pas toujours. Par ailleurs, l'attributaire du
marché souhaite s'assurer du respect des termes du cahier des charges et
plus généralement du respect des règles de l'art en la
matière. Plusieurs types de cautionnement existent à cet
effet :
· La caution de soumission : la
caution de soumission garantit de manière générale le
sérieux de l'entreprise qui soumissionne à un marché. Elle
est émise en faveur du maître d'ouvrage et destinée
à couvrir, le cas échéant, les frais nécessaires
à l'organisation de la procédure d'appel d'offres si l'entreprise
adjudicataire n'est pas capable de réaliser le marché ou
décline simplement l'adjudication.
· La caution d'avance de
démarrage : Elle permet à l'entreprise qui
réalise le marché de disposer à l'avance d'une certaine
somme lui permettant de démarrer les travaux. A travers ce
cautionnement, la banque s'engage à restituer à l'ordonnateur du
marché ou à l'agent payeur du marché selon le cas, les
sommes mises en avance à la disposition de l'entrepreneur, si celui-ci
est défaillant.
· La caution de retenue de
garantie : la caution de retenue de garantie couvre
l'entrepreneur des préjudices que pourraient subir des tiers, ceci du
fait de la mauvaise qualité ou des malfaçons de l'ouvrage pendant
une certaine période, après la réalisation du
marché.
· La caution de bonne fin : Cette
caution a pour objectif de rassurer l'ordonnateur du marché de la
réalisation des travaux jusqu'à leur terme ; sinon, la
banque a l'obligation de payer le montant de ladite caution.
3. Les autres formes de cautionnement
· La caution judiciaire : La
caution judiciaire peut être donnée à l'administration
judiciaire, à la demande d'un client, afin d'éviter par exemple
le blocage des comptes de ce dernier en attendant l'issue d'une instruction
judiciaire ou d'une éventuelle décision de la cour d'appel.
· La garantie financière à
première demande : Elle est donnée sur la demande
d'un client de la banque à un tiers en relation d'affaires avec ce
dernier. Elle assure le règlement du cocontractant dans des conditions
convenues d'avance et d'accord partie.
· L'attestation de virement irrévocable
(AVI) : L'attestation de virement irrévocable est un
engagement à transférer irrévocablement une certaine somme
d'argent pendant une période déterminée. Par exemple, elle
est régulièrement donnée aux services consulaires en
faveur des étudiants se rendant à l'étranger pour leurs
études.
SECTION
II. Les risques liés à l'activité bancaire
L'activité d'intermédiation qui constitue le
coeur de métier du banquier et qui met en relation agents à
capacité et à besoin de financement est par nature
risquée. Le banquier est donc confronté à de nombreux
risques dans l'exercice de son activité. Parmi ces risques, figure en
bonne place le risque de crédit.
Dans le jargon de la finance, la notion de risque est
assimilable à celle d'incertitude. Le
risque
d'un titre financier peut avoir plusieurs origines. On distingue notamment les
risques économiques (politiques, naturels, d'
inflation...)
qui menacent les flux liés aux
titres
et relèvent du monde économique, et les risques financiers (
liquidité,
change, taux...) qui ne portent pas directement sur ces flux et sont propres
à la sphère financière.
Le risque de crédit, qui fait partie des risques
financiers, traduit l'incertitude du prêteur quant aux
possibilités de remboursement de l'emprunteur, et essaie de
déterminer la probabilité que ce dernier a de faire
défaut.
Dans cette section nous ferons tour à tour une
présentation des différents risques liés à
l'activité bancaire avant de nous appesantir sur le risque de
crédit.
Paragraphe I. Typologie des risques
A. Le
risque de marché
On définit le risque de marché comme
étant l'exposition de l'entreprise à une évolution
défavorable des taux ou des prix. Il concerne les taux
d'intérêt, les taux de change, les cours des matières
premières ou des actions. Le risque de marché est présent
à différents niveaux : une position (un endettement, la
perception dans le futur d'un flux de devises), une activité (achat
facturé dans une devise autre que celle de la facturation des ventes),
un portefeuille (des titres de placement et de participations).
B. Le
risque de liquidité
Il se définit comme étant le risque auquel la
banque est exposée lorsqu'elle ne peut faire face à un moment
donné à ses engagements en mobilisant ses actifs. Lorsqu'un
établissement ne dispose pas d'une liquidité adéquate, il
ne peut obtenir des fonds suffisants à un coût raisonnable, soit
en augmentant son passif, soit en convertissant rapidement des actifs, ce qui
affecte sa rentabilité. Dans des proportions plus importantes, ce risque
peut, s'il se produit, aboutir à la faillite de la banque suite à
un mouvement de panique des déposants qui se rueraient aux guichets.
C. Le
risque de solvabilité
C'est le risque pour un créancier de perdre
définitivement sa créance dans la mesure où le
débiteur ne peut pas, même en liquidant l'ensemble de ses avoirs,
rembourser la totalité de ses engagements. Les traders parlent dans ce
cas de risque de contrepartie.
D. Le
risque de taux d'intérêt
Il est défini comme l'éventualité pour un
établissement de crédit de voir sa rentabilité
affectée par l'évolution des taux d'intérêt. Il
conduit à la vulnérabilité de la situation
financière d'une banque. Dans le cas de l'appréhension de ce
risque, il s'agit généralement, à travers des
représentations graphiques, de mettre en exergue un risque induit par
des financements ou des investissements afin de réaliser des
prévisions annuelles.
E. Le
risque de taux de change
C'est le risque lié à la possession par la
banque d'actifs ou de contrats en monnaie étrangère et
résulte des variations des cours des devises.
F. Le risque
opérationnel
Le risque opérationnel constitue la grande innovation
de Bâle 2. Il porte sur l'ensemble des processus de gestion de la banque.
Il est défini selon le comité de Bâle comme
« le risque de pertes pouvant résulter de
procédures internes inadéquates ou non appliquées, des
personnes, des systèmes ou d'évènements
externes ». Ces
évènements de risque sont les fraudes internes ou externes, les
risques qui touchent aux relations clients, les problèmes liés
à la gestion du personnel, les dommages qui pourraient toucher les
actifs physiques, l'interruption totale ou partielle des systèmes ou des
processus, et la mauvaise exécution de certains processus qu'ils soient
internes ou externes à la banque. Le risque opérationnel est
spécifique à l'activité bancaire, et son contrôle
peut s'envisager dans différents secteurs.
G. Les autres
risques
Il s'agit du risque de réputation, du risque
stratégique et du risque systémique.
· Le risque de
réputation : c'est l'atteinte à la confiance
qu'une banque doit inspirer à sa clientèle et au marché,
à la suite d'une publicité portant sur les faits vrais ou
supposés. Cette perte de confiance peut alors avoir des effets
désastreux : retraits massifs des déposants, perte de
clientèle, méfiance des marchés. Une crise de
liquidité peut en suivre. Les causes peuvent être
variées : pertes importantes dues à une déficience du
contrôle interne, blanchiment d'argent d'origine criminelle, fraudes
massives commises par la clientèle ou le personnel, mauvaise
qualité des services ou incapacité à satisfaire la demande
notamment lors du lancement d'un nouveau produit ou d'une nouvelle
activité...
· Le risque
stratégique : la stratégie adoptée par
un établissement de crédit dans différents domaines engage
des ressources toujours significatives. Qu'il s'agisse d'une stratégie
de croissance interne ou externe, un échec peut s'avérer lourd de
conséquences car les ressources engagées deviennent sans valeur
et la perte pour l'entreprise significative.
· Le risque
systémique : les établissements de
crédit peuvent être interdépendants les uns des autres. Les
pertes consécutives à la défaillance d'un
établissement de crédit sont supportées, par un effet de
contagion, essentiellement par le système bancaire, sous trois
formes :
o Les opérations interbancaires, conclues avec
l'établissement défaillant, se traduiront par une perte pour
l'établissement prêteur ;
o La solidarité des places conduit parfois des
établissements de crédit à participer à l'apurement
du passif de l'établissement défaillant ;
o Les actionnaires d'un établissement de crédit
sont parfois d'autres établissements qui devront, conformément
à leur rôle, participer au sauvetage de l'établissement
défaillant.
La défaillance d'un établissement de
crédit, comme un jeu de dominos, peut donc déclencher des
difficultés avec d'autres établissements et risquer de mettre en
péril tout le système bancaire.
Paragraphe II. Le risque de
crédit
C'est le risque de perte sur une créance, ou plus
généralement, celui d'un tiers qui ne paie pas sa dette à
temps. Dans un sens plus large, ce risque de contrepartie désigne aussi
le risque de dégradation de la santé financière de
l'emprunteur, qui réduit les probabilités de remboursement. Cette
dégradation accroît la probabilité de défaut (la
défaillance, le fait qu'il n'arrive pas à rembourser) même
si le défaut proprement dit ne survient pas nécessairement.
Ainsi, Joël BESSIS (1995) définit le risque de crédit ou de
contrepartie comme « le risque de défaut des clients,
c'est-à-dire, le risque de pertes consécutives au défaut
d'un emprunteur face à ses obligations ». Il est naturellement
fonction de trois paramètres : le montant de la créance, la
probabilité de défaut, et la proportion de la créance qui
sera recouvrée en cas de défaut. Nous présenterons tour
à tout l'historique relative au risque de crédit et les outils de
gestion de ce risque.
A. Historique et
typologie
1. Historique
Dans l'industrie bancaire, à l'aube du XXIe
siècle, le risque majeur demeure toujours et encore le risque de
crédit. Il est important d'avoir à l'esprit que c'est l'absence
de diversification, et plus encore, l'illusion de la diversification, qui est
à l'origine des problèmes subis par les banques.
Des recherches archéologiques récentes montrent
aussi que, dans l'ancienne Babylone, il y avait un marché de
crédit dynamique où les emprunteurs recherchaient activement le
meilleur taux, comme c'est le cas aujourd'hui pour l'acheteur d'une maison.
Mais les prêteurs avaient aussi la liberté d'imposer une prime,
l'équivalent aujourd'hui de l'écart de taux (spread), pour
compenser le risque de défaillance.
Plus récemment, à partir du XVIIe
siècle, depuis que la banque moderne a commencé son
évolution, la plupart des défaillances bancaires trouvent leur
origine dans l'incapacité des emprunteurs à rembourser leurs
dettes. Pour l'industrie bancaire, le risque majeur demeure le risque de
crédit. Il est vrai qu'au fil des années les banques ont
perfectionné l'analyse, la mesure et la gestion de ce risque.5(*)
Les première émissions obligataires aux
Etats-Unis remontent au début des années 1900, et avec elles la
création des agences d'évaluation du crédit (rating)
Moody's, Standard & Poor's et Fitch. Ces institutions évaluent la
qualité du crédit pour les grandes entreprises cotées en
bourse. Moody's, Standard & Poor's et Fitch sont maintenant devenues des
références incontournables, à tel point que la nouvelle
approche standard suggérée par le Comité de Bâle
repose sur l'utilisation des évaluations de ces agences de notation.
Par ailleurs, depuis une dizaine d'années, les
systèmes internes d'évaluation du crédit se sont mis
progressivement en place dans les banques pour l'analyse du crédit des
entreprises privées de taille moyenne.
Cependant, l'analyse traditionnelle du risque de crédit
a une faiblesse fondamentale : elle apprécie chaque crédit
au cas par cas, transaction par transaction. Chaque crédit est
évalué individuellement par un comité ad hoc, en
vue de son acceptation ou de son rejet. Une fois le crédit
accepté, le prêt s'ajoute à la cohorte de prêts
déjà consentis, et le pool reste statique. La gestion demeure
essentiellement passive : la banque collecte les coupons et les
prêts s'amortissent naturellement. Le risque de corrélation,
c'est-à-dire le risque associé aux dépendances entre
emprunteurs (risque de concentration géographique ou dans une industrie
donnée) était souvent ignoré. Les conséquences
d'une telle approche ont parfois été dramatiques.
La quantification et la gestion du risque de
corrélation sont donc des aspects fondamentaux de la culture de
marché qui, aujourd'hui, est en passe de s'appliquer à la gestion
du risque de crédit.
Les banques ont subi des pertes considérables durant
les années 80 du fait de leur surexposition aux pays d'Amérique
Latine, ce qui a conduit à des faillites retentissantes comme celles de
la Continental Bank à Chicago. Le même scénario s'est
répété avec le Mexique en 1994, les pays d'Asie du Sud-Est
en 1997 et 1998. L'excès de concentration par secteur peut aussi
s'avérer catastrophique ainsi qu'en témoigne l'exemple du
Crédit Lyonnais en France, qui avait une exposition excessive dans le
secteur immobilier quand celui-ci s'est effondré en 1992.6(*)
La première agence de notation est Moody's
créée en 1909 par John Moody qui réalisa son premier
rating avec une échelle de neuf notations débutant par Aaa. Ont
suivi l'agence Standard & Poor's en 1941 issue de la fusion de Standard
Statistics et de Poor's Publising Company, Duff & Phelps Inc en 1932 issue
de l'association de William H Duff et Georges E Phelps, et l'agence Fitch, qui
est, avec Standard & Poor's et Moody's, aujourd'hui l'une des plus grandes
agences de notation. On retrouve d'autres agences au Canada, en Australie, au
Japon, en Grande Bretagne, en France, en Corée du Sud, au
Sénégal...
Ainsi, le risque de crédit est l'un des plus importants
des risques bancaires car la mauvaise évaluation d'une créance
peut avoir des effets désastreux sur l'économie toute
entière. Il importe donc d'opérer une classification des
différents types de risques de crédit existants.
2. Typologie des risques de crédit
Appelé risque de contrepartie dans les transactions de
prêt sur le marché interbancaire et financier et risque de
faillite ou de crédit proprement dit en ce qui concerne les transactions
sur le marché de crédit, le risque de crédit peut
être un risque de non remboursement, un risque de d'immobilisation ou un
risque de taux.
Le risque de non
remboursement est évoqué en cas de
remboursements tardifs ou d'impayés dus à la conjoncture, aux
difficultés sectorielles ou à la défaillance de
l'emprunteur.
Le risque d'immobilisation
quant à lui est attaché aux créances dont le recouvrement
est momentanément différé, mais qui ne présentent
pas un risque de recouvrement à proprement parler.
Le risque de taux quant
à lui existe lorsque les fonds prêtés par une banque sont
essentiellement des fonds empruntés. Il est indispensable que la
ressource soit d'un coût (coût de ressources) inférieur
à celui de l'emploi (taux de sortie), afin que le banquier dégage
une marge (marge d'intermédiation bancaire). Ainsi, le banquier court un
risque lorsque les taux débiteurs et créditeurs sont variables.
Une autre classification distingue le risque de crédit
en risque de défaut, risque de dégradation du spread et risque
lié à l'incertitude du recouvrement, une fois le défaut
survenu.
Le risque de
défaut : cette forme de risque est
associée à l'occurrence d'un défaut,
caractérisée par l'incapacité du débiteur à
faire face aux échéances de ses dettes.
Le risque de dégradation du
spread : le spread de crédit est la prime de
risque qui lui est associée. Sa valeur est déterminée en
fonction du volume du risque encouru (plus le risque est élevé,
plus le spread l'est). Le risque de dégradation du spread est le risque
de voir se dégrader la qualité de la contrepartie
(dégradation de sa note) et donc l'accroissement de la
probabilité de défaut. Cela conduit à l'augmentation de la
prime de risque, et donc à la diminution de la marge
d'intérêt du banquier. Il peut être mesuré
séparément pour chaque partie, ou globalement sur tout le
portefeuille de crédit.
Le risque de
recouvrement : c'est l'incertitude attachée au
taux de recouvrement d'une créance. En effet, ce taux permet de
déterminer le pourcentage de la créance qui sera recouvré
en entreprenant des poursuites judiciaires, suite à la faillite la
contrepartie. La détermination du taux de recouvrement constitue une
source d'incertitude pour le banquier dans la mesure où ce taux est
fonction de plusieurs facteurs :
· La durée des poursuites judiciaires qui varie
d'un pays à l'autre ;
· La valeur réelle des garanties ;
· Le rang de la banque dans la liste des
créanciers.
En fonction du tiers contractant avec la banque, on
distinguera le risque clientèle, le risque interbancaire et le risque
pays.
Le risque clientèle de défaut ou
de défaillance est le risque encouru en cas de
défaillance du client. Il correspond au refus ou à
l'incapacité du débiteur de remplir ou d'assurer à bonne
date les obligations financières qui le lient à son banquier, au
titre des intérêts ou du principal des sommes dues.
Le risque interbancaire
exprime le risque spécifique encouru en cas de défaillance d'un
établissement de crédit client. Il peut être
dénommé « risque de crédit bancaire »
ou « risque de contrepartie interbancaire » ou encore dans
une vision macroéconomique « risque de place »
Le risque pays est lié
à la probabilité de non paiement des créances par des
débiteurs situés dans des pays « jugés à
risque ». Il s'agit en particulier de pays en situation politique ou
économique délicate ou victimes de catastrophes naturelles.
B. Les approches de mesure du
risque de crédit
1. La mesure du risque de crédit par les
agences de notation externes
Par cette méthode, l'on attribue des notes à des
emprunts, à des titres représentatifs de dettes ou à des
signatures, dans le but de mesurer le risque de non remboursement. Elle est
réalisée par des agences indépendantes et
spécialisées, en vue de formuler un jugement sur le risque de
crédit encouru par les créanciers des organismes publics ou
privés. Les premières agences de notation ont fait leur
apparition au XIX ème siècle et traitaient exclusivement le
risque de crédit attaché à des créances
commerciales. La notation indépendante des titres financiers quant
à elle débute au début du XX ème siècle et
fut initiée par John Moody's.
Les critères de notation pour les entreprises
sont l'analyse de la cohérence des choix stratégiques,
l'appréciation de la qualité du management et l'analyse des
documents comptables : l'analyse des éléments d'actifs passe
par l'appréciation de la qualité et de la liquidité des
actifs, l'analyse du passif par l'étude de l'évolution des taux
d'intérêt et du niveau des fonds propres. Il s'agit
également de faire une appréciation de la performance
(rentabilité) et de la capacité de remboursement.
Pour les États, les critères de notation peuvent
être qualitatifs ou quantitatifs : il s'agit de
l'appréciation des performances économiques du pays, de son
niveau d'endettement, du niveau d'indépendance de la banque centrale, de
l'inflation, du déficit extérieur, de la stabilité
politique, de l'indépendance de la justice...
Le barème de notation utilisé par Standard &
Poor's et Moody's est présenté dans le tableau
ci-après :
Tableau 1. Barèmes
de notation standard and Poor's et Moody's
Standard and Poor's
|
Moody's
|
AAA
AA
A
BBB
BB
B
CCC
CC
C
D
|
Aaa
Aa
A
Baa
Ba
B
Caa
Ca
C
|
Source:
wikipedia.org/wiki/Notation_financière, juin 2011
Le risque de défaut dans cette méthode, fonction
de la probabilité de défaut, du montant de l'exposition et du
taux de recouvrement est donné par la formule :
251659264
Où :
· p : Probabilité de
défaut ;
· M : Montant de
l'exposition ;
· R : Taux de
recouvrement ;
· t : Taux
d'intérêt ;
· n : Maturité de
l'investissement
· P : Perte probable
actualisée
Ainsi, les banques se servent des notes calculées par
les agences de notation sur les entreprises pour fonder leur décision
d'octroi de crédit. Cette méthode de gestion du risque a
l'avantage d'être fiable, les notes attribuées par les agences de
notation aux entreprises traduisant assez bien la réalité.
Cependant, le nombre d'entreprises notées par ces agences aux standards
internationalement reconnus reste limité et amène les banques
à user de systèmes de notation en interne.
2. Le rating interne
Le règlement COBAC R-2001/007 relatif au contrôle
interne dans les établissements de crédit stipule, en son article
34, que « les établissements de
crédit doivent disposer d'une procédure de sélection des
risques de crédit et d'un système de mesure de ces risques leur
permettant notamment (...) d'appréhender différentes
catégories de niveaux de risques à partir d'informations
qualitatives et quantitatives sous forme notamment (...) d'une notation
interne ». La méthode de notation
(rating) interne repose sur l'appréciation du risque de crédit
par les banques elles-mêmes. Elle est basée sur trois
éléments principaux :
· Les paramètres d'appréciation du risque
(la probabilité de défaillance, la perte en cas de
défaillance...) ;
· Une fonction de calcul des
pondérations ;
· Des exigences minimales de qualité à
remplir par les banques soucieuses de voir leurs systèmes
validés.
Les méthodes des notations internes doivent respecter
un certain nombre de standards. Elles doivent fournir une
différenciation adéquate des risques de crédit, les
données de base doivent être suffisamment complètes et
robustes, les notations internes doivent faire l'objet d'une révision
indépendante et être au coeur de la culture et de la gestion de
l'établissement de crédit.
Nous l'avons vu dans ce chapitre, l'activité
d'intermédiation constitue le coeur du métier du banquier. Dans
l'exercice de cette activité, ce dernier court le risque que le
débiteur fasse défaut à l'échéance. Il doit
donc mettre en oeuvre des techniques lui permettant non seulement
d'apprécier le risque de contrepartie, mais aussi, de le réduire
au strict minimum. Ce sont ces méthodes qui feront l'objet des
développements suivants.
CHAPITRE II. LES TECHNIQUES D'EVALUATION ET DE GESTION DU
RISQUE DE CREDIT PAR LES BANQUES
Le risque de crédit est le risque de pertes
consécutives :
· Soit à un défaut de l'emprunteur face
à ses obligations : l'emprunteur est incapable d'assurer le
paiement des intérêts ou du principal. Ce risque est appelé
« risque de défaut » (ou default risk) ;
· Soit à la détérioration de la
situation financière de l'entreprise entrainant une
détérioration de la perception de la qualité de
l'emprunteur, et une diminution de la valeur de la créance sur
l'entreprise. Ce risque est appelé « risque de
dégradation de la qualité du crédit » (ou
downgrading risk).7(*)
Gérer le risque de crédit consiste donc à
mettre en oeuvre des actions devant permettre de se prémunir contre le
risque de défaillance de l'emprunteur ou de la situation
financière de l'entreprise. Selon le comité de
Bâle,8(*) un
défaut de la part du débiteur intervient, soit lorsque la banque
estime improbable qu'il rembourse en totalité son crédit au
groupe bancaire sans qu'elle ait besoin de prendre des mesures
appropriées telles que la réalisation d'une garantie, soit
lorsque l'arriéré du débiteur sur un crédit
important dû au groupe bancaire dépasse 90 jours, soit lorsque les
deux évènements se produisent simultanément.
Dans ce chapitre, nous présenterons dans une
première section le cadre réglementaire entourant la gestion du
risque de contrepartie et dans une seconde section nous ferons une
présentation des différents modèles existants de gestion
du risque de crédit, et ressortirons leurs avantages et limites.
SECTION I. Le cadre réglementaire
La gestion du risque de crédit est encadrée par
un dispositif prévu au plan international par les accords de Bâle
au plan régional par les dispositions réglementaires de la
COBAC.
Paragraphe I. Les
accords internationaux : Les accords de Bâle
Dans les années 80, les banques internationales
exprimèrent leur inquiétude au regard de la croissance rapide des
risques hors bilan. C'est ainsi qu'elles se sont regroupées en pool pour
développer des règles et normes en vue d'assainir le
système bancaire. Les réflexions qu'elles ont menées
tiennent à l'intérieur d'un comité constitué de
banques centrales et d'autorités de contrôle bancaire
internationales à Bâle. Les dispositions prises au terme de ce
comité sont envoyées à toutes les autorités de
contrôle des différentes zones monétaires qui doivent
l'adopter, et après adoption les rendre obligatoires au niveau de ladite
zone. Nous nous sommes intéressés à deux accords phare qui
ont marqué le processus de gestion du risque de crédit, à
savoir l'accord de Bâle I et l'accord de Bâle II.
A. L'accord de Bâle
I
Ce premier accord, conclu en 1988 a marqué une
étape fondamentale dans l'établissement d'une
réglementation prudentielle des banques visant à améliorer
la stabilité du système bancaire.
Connu sous le nom de Bale I ou Bis 88, il impose aux banques
des fonds propres au moins égaux à 8% des actifs
pondérés. Ce ratio, communément appelé COOKE permet
de mesurer la solvabilité des banques, le but étant
d'établir un système dans lequel les grandes banques
internationales se trouvent sur un même pied d'égalité pour
éviter une surenchère dans les conditions consenties aux clients
qui aurait débouché sur une fragilisation du système
bancaire. Le respect de ce ratio exige que le rapport des fonds propres d'une
banque sur ces engagements soit supérieur ou égal à 8%.
Le ratio COOKE avait pour objectif de mesurer la
solidité des banques et de les rendre plus attentives aux crédits
qu'elles accordent, et en conséquence de renforcer les systèmes
de contrôle interne et de gestion du risque de contrepartie. En effet, le
plafond de crédits que les banques peuvent octroyer étant fixe,
elles se voient obligées de mettre en oeuvre des mesures devant leur
permettre d'améliorer la qualité des créances en
portefeuille, ce qui passe par une meilleure appréciation du risque que
chaque créance présente.
Les insuffisances de ce ratio n'ont pas tardé à
se faire remarquer. Ainsi, l'accord BIS 88 ne prend pas en considération
la complexité du portefeuille, même lorsque le risque de
contrepartie est réparti entre de nombreux emprunteurs, industries et
localisations géographiques ; toutes les entreprises en
portefeuille sont donc considérées comme ayant le même
risque de crédit.
En outre, ce ratio ne permet pas la compensation des risques
(netting) et n'offre ainsi aucune incitation au recours à des techniques
de couverture du risque de crédit comme les dérivés du
crédit.
Enfin, le ratio COOKE, qui définit le capital
réglementaire, est caractérisé par une mesure unique du
risque de crédit, une approche identique dans tous les
établissements et une pondération forfaitaire.
B. L'accord de Bâle
II
Conscient des limites de l'accord de 1988, le comité de
Bâle n'est pas resté inactif. Il a d'abord proposé une
première réforme permettant aux banques d'utiliser des
modèles internes pour déterminer le capital réglementaire
qui s'applique au risque de marché des actifs négociés (le
Train Book). Cette réforme est en application depuis le 1er
janvier 1998, et elle est connue sous le terme BIS 98.
Ce nouvel accord a consacré l'approche
« valeur à risque » (VAR) pour mesurer le risque de
marché et le risque de crédit. Cette méthodologie permet
de prendre en compte l'effet de diversification provenant de la
corrélation imparfaite entre les facteurs de risque.
Les modèles internes permettent de réduire le
capital réglementaire en prenant en considération les effets de
diversification mais surtout de mesurer précisément le risque, et
d'allouer le montant approprié au risque encouru.
Cet accord institue également une nouvelle
réforme sur le calcul de la solvabilité par le biais d'un nouveau
ratio dit MAC DONOUGH. La proportion des engagements dans les fonds propres
reste inchangée mais l'assiette des risques est corrigée. Ce
ratio s'exprime par la formule :
Fonds propres de la banque > 8% des risques (de
crédits (75%) + de marché (5%) + opérationnels
(20%))
Il vise à instaurer un nouveau capital
réglementaire et à offrir un cadre plus complet pour
l'appréciation des risques bancaires, notamment du risque de
crédit. Cependant, il pose le problème de la reconnaissance des
méthodes internes d'évaluation des risques de crédit, de
marché et opérationnel mais aussi des techniques de
réduction des risques.
Un nouvel accord visant à faire face aux insuffisances
des précédents a été conclu en 2000 sous
l'appellation de Bâle 2000+. L'un de ses objectifs est de proposer une
nouvelle approche standard basée sur les évaluations d'agences
externes comme Moody's ou Standard & Poor's. Alternativement, certaines
banques pourront utiliser une grille de pondération basée sur
leur système interne d'évaluation du risque de crédit, si
elles arrivent à faire valider leur système auprès des
régulateurs (agences de notation par exemple). Ultérieurement,
les banques les plus sophistiquées pourront utiliser des modèles
mathématiques d'analyse du risque de crédit qui seuls permettent
de gérer le risque de concentration et de prendre en compte les effets
de la diversification.
Ce nouveau cadre réglementaire s'appuie sur trois
piliers.
· Le premier concerne l'exigence de fonds
propres (ratio de solvabilité McDonough) : Il s'agit,
comme nous l'avons vu plus haut, d'un ratio de solvabilité bancaire qui
fixe une limite à l'encours pondéré des prêts
accordés par l'établissement financier en fonction de ses
capitaux propres. Il s'agit de déterminer le montant du capital que les
banques doivent maintenir pour couvrir le risque de défaut lié
à leurs activités risquées. Les régulateurs
envisagent d'imposer aux banques un montant de capital minimum plus
élevé que le minimum requis par ce « premier
pilier » en fonction de la qualité de leur système de
suivi des risques, de la volatilité de leurs profits et de la nature des
marchés sur lesquels elles sont présentes. En revanche, il y aura
une incitation forte pour les banques à déployer des
modèles sophistiqués d'analyse du risque de crédit pour
l'allocation du capital économique et la mesure de la performance comme
le RAROC (Risk Adjusted Return On Capital).
· Le piler II instaure la procédure de
surveillance de la gestion des fonds propres : En plus des
modèles de mesure des risques, les régulateurs imposent le
recours à l'analyse de scénarios afin d'examiner l'impact sur la
banque d'une crise financière exceptionnelle que les modèles
classiques ne peuvent pas appréhender. En fait, ce pilier aide à
examiner les principes essentiels de la surveillance prudentielle et comporte
des recommandations concernant la gestion des risques ainsi que la transparence
et les responsabilités prudentielles. Cette nécessité
s'applique de deux façons :
o Validation des méthodes statistiques
employées au pilier I (back testing) où la banque devra prouver a
posteriori la validité de ses méthodes définies a priori
en fonction de ses données statistiques et cela sur des périodes
assez longues ( de cinq à sept ans). Elle devra en outre être
capable de « tracer » l'origine de ses
données ;
o Test de validité des fonds propres en cas de crise
économique où la banque devra prouver que sur ses segments de
clientèle, ses fonds propres sont suffisants pour supporter une crise
économique touchant l'un ou tous les secteurs. En effet, la commission
bancaire pourra, en fonction de ces résultats, imposer la
nécessité de fonds propres supplémentaires.
· Le pilier III instaure la discipline du
marché : en effet, l'application de Bale II est une
puissante machine qui « formate » les données de
gestion d'une banque. Des règles de transparence sont établies
quant à l'information mise à la disposition du public sur
l'actif, les risques et leur gestion. Les conséquences de ce pilier sont
de trois ordres :
o Uniformisation des bonnes pratiques bancaires : quelle
que soit la banque et la documentation qui la régit (droits nationaux),
les pratiques doivent être transparentes et uniformisées ;
o La mise en place des bases pour ce calcul qui sont une
puissante source de données de gestion, qui enfin font le lien entre les
vues risque, comptables et financières ;
o Transparence financière : enfin, les analystes y
trouveront une lecture des portefeuilles de risques pour toute banque dans tous
pays.
A coté des mesures prévues par le dispositif
Bâle II, il existe une réglementation COBAC relative à la
gestion du risque.
Paragraphe II. Les
mesures prévues par les règlements COBAC
La COBAC, dont l'organisation et les attributions sont
régies par les conventions bancaires du 16 Octobre 1990 et du 17 janvier
1992 et par le règlement intérieur de ladite commission, a pour
objectifs principaux la promotion du renforcement de la structure
financière des établissements de crédit,
l'amélioration de la sécurité des déposants et la
surveillance de l'évolution des risques des banques.
Elle est chargée de veiller au respect, par les
établissements de crédit assujettis, des dispositions
législatives et réglementaires édictées par les
autorités nationales, par la Banque des États d'Afrique Centrale
ou par elle-même et qui leur sont applicables, et de sanctionner les
manquements constatés. Il lui incombe en particulier de contrôler
les conditions d'exploitation de ces établissements, de veiller à
la qualité de leur situation financière et au respect des
règles déontologiques de la profession. Mais de manière
générale, les compétences réglementaires de la
COBAC sont de natures essentiellement prudentielles. Les principales normes
prudentielles édictées par la COBAC sont au nombre de
trois : le ratio de liquidité, le ratio de solvabilité et le
ratio de division des risques sur lequel nous nous appesantirons.
Nous avons porté notre attention sur le
règlement COBAC R-2001/03 relatif à la division des risques des
établissements de crédit, qui institue une norme de division des
risques dont l'analyse se fait en trois étapes :
Premièrement, on détermine les
« grands risques individuels » : il s'agit des risques
encourus du fait des opérations avec un même
bénéficiaire lorsqu'elles excèdent 15% des fonds propres
nets de l'établissement.
Deuxièmement, il est exigé un rapport maximum de
45% entre l'ensemble des risques encourus par un établissement du fait
de ses opérations sur un même bénéficiaire et le
montant de ses fonds propres nets.
Enfin, le rapport entre la somme des grands risques pris
individuellement et le montant des fonds propres nets ne doit pas
excéder 800%.
S'agissant du règlement COBAC R-2010/01 relatif
à la couverture des risques des établissements de crédit,
il institue en son article 1 l'obligation pour les établissements de
crédit de respecter en permanence un ratio de couverture des risques,
rapport entre le montant de leurs fonds propres nets et celui de l'ensemble des
risques de crédit qu'ils encourent du fait de leurs opérations,
au moins égal à 8%. L'article 3 du même règlement
stipule que les risques encourus, éventuellement diminués des
provisions pour dépréciation, regroupent :
· Les crédits distribués à la
clientèle ;
· Les opérations de crédit-bail et de
location avec option d'achat ;
· Les titres publics et privés souscrits ;
· Les créances sur les correspondants ;
· Les engagements de hors-bilan donnés sur ordre
de la clientèle ;
· Les engagements de hors-bilan donnés sur ordre
des correspondants.
Ces engagements font l'objet d'une pondération en
fonction du degré d'exposition au risque qu'ils font courir à la
banque, de 0 à 100% en fonction de plusieurs critères
notamment :
· La nature de l'actif (exemple : titres de
participations dans les entreprises publiques ou privées :
100%) ;
· Les garanties proposées (exemple :
crédits garantis par une hypothèque ferme de premier ou de
deuxième rang sur des immeubles : 75%) ;
· La nature du débiteur (exemple : titres
émis par la BEAC : 0%)
SECTION II. Les modèles de gestion du risque de
crédit par les banques
Les forces réglementaires et celles du marché
alimentent la demande de plus en plus forte d'un processus de prise de
décision de crédit exact et cohérent. Les progrès
des techniques de modelage du risque de crédit ont également une
incidence sur la gestion de ce risque en permettant la création de
points de référence plus efficaces pour l'évaluation de la
qualité des emprunteurs.
Ainsi, les banques, dans leur gestion du risque de
crédit, peuvent recourir à des agences de notation externe, ou
développer en leur sein des outils de notation des emprunteurs.
Toutes ces méthodes prenant racine dans les
modèles classiques de gestion du risque de crédit, nous ferons
d'abord une présentation de ceux-ci avant de parler des
procédés de notation externe et interne des crédits
accordés.
Paragraphe I.
Présentation des modèles classiques de gestion du risque de
crédit
Il existe actuellement trois types de modèles pour
considérer le risque de crédit : les modèles
structurels (ou « structural models ») également
appelés modèles de valeur de la firme, les modèles
à forme réduite (ou « reduced form models »)
également appelés modèles à intensité et les
modèles économétriques.9(*)
Dans les modèles structurels, la faillite de
l'entreprise survient quand la valeur de ses actifs se situe en
deçà de la valeur de sa dette (modèle de Merton, 1994)
tandis que dans les modèles à intensité, le motif de
défaut n'est pas expliqué (le défaut n'est pas
forcément lié à la valeur de la firme). De plus, dans les
modèles à intensité, la probabilité de
défaut varie dans le temps. Concernant les modèles
économétriques, ils relient la probabilité de
défaut de l'entreprise à l'état de l'économie. Ces
modèles seront exposés en détail dans les paragraphes
suivants.
A. Les modèles
structurels
Les modèles structurels se basent sur l'approche de
Merton (1974) dans laquelle il y a défaillance de l'entreprise lorsque
la valeur de marché de ses actifs est inférieure à un
certain seuil de ses dettes. Dans la pratique, les outils de gestion du risque
de crédit reposant sur cette approche sont le modèle KMV de
Moody's et la méthode CreditMetrics de JP Morgan entre autres.
1. Modèle KMV de Moody's
KMV (Kealhofer, McQuown et Vasicek) ont
développé plusieurs modèles de quantifications du risque
de crédit : Credit Monitor, Credit Edge et Private Firm Model pour
le risque de crédit individuel et Portfolio Manager pour le risque de
crédit des portefeuilles. Les produits CreditMark pour le calcul de la
valeur « market-to-market« des instruments peu liquides et
«CD analyser« pour l'analyse des risques des Collaterised Debt
Obligations ont été développés par M-KMV suite
à l'acquisition KMV corporation par Moody's.
Les modèles KMV reposent sur la notion de
« distance au défaut » (« distance to
default ») qui est calculée au regard de la barrière
qui enclenche le défaut. Une fois la distance au défaut
calculée, elle est convertie en probabilité de défaillance
(aussi appelée « fréquence de défaut
espérée » ou « Expected Default
Frequency » ou EDF).
Les modèles KMV de Moody's a l'avantage de relier les
probabilités de défaut aux informations du marché. Ce
modèle considère que les débiteurs sont
spécifiques : on peut donc les distinguer par leur propre
probabilité de défaut, leur propre structure de capital et leurs
propres actifs (contrairement aux autres).
Cependant, ces modèles présentent des
faiblesses, notamment celle de supposer constants les taux
d'intérêts. De plus, la méthode est difficile à
mettre en place car elle nécessite de nombreuses données en
entrée qui sont pour la plupart soit inobservables soit difficilement
accessibles.
2. CreditMetrics de JP Morgan
CreditMetrics, lancé en 1997 par la banque JP Morgan,
est un outil destiné à évaluer, pour un portefeuille, ses
variations de valeur provoquées, d'une part, par les changements de la
qualité de crédit de l'émetteur des obligations (migration
du crédit) et d'autre part, par le défaut de la contrepartie. A
la différence de l'approche KMV, les probabilités de
défaut sont données ici par les agences de rating (notation
externe) concernant les entreprises importantes et par les méthodes de
scoring et de mapping (notation interne) pour les petites et moyennes
entreprises.
CreditMetrics permet de calculer la CreditVar. Il fait partie
des modèles structurels car, à l'instar du modèle KMV, il
repose sur le modèle de Merton (1974) pour définir les seuils de
migration du crédit.
Pour calculer la CreditVar, la méthode repose sur les
quatre étapes suivantes :
· Détermination du risque isolé de chaque
actif du portefeuille (prise en compte d'un système de
notation) ;
· Construction de la matrice des probabilités de
transition d'une notation à une autre (CreditMetrics utilise les
matrices fournies par les agences de rating : Standard & Poor's ou
Moody's) ;
· Valorisation des actifs du portefeuille selon les
scénarios de transition d'une notation à une autre ;
· Calcul de la CreditVar.
La plus grande force de ce modèle réside dans le
fait que les deux aspects du risque de crédit (risque de défaut
et risque de dégradation de la qualité du crédit) y sont
pris en compte.
Néanmoins, l'une des principales faiblesses que ce
modèle présente est que les entreprises doivent être
correctement notées (sinon les matrices de transition ne valent rien).
Les agences de rating appliquent des cotes de crédit identiques à
travers les différentes industries ou pays.
De plus, les entreprises ayant la même notation ont des
probabilités de défaut identiques. Une entreprise importante
notée BB est supposée par conséquent avoir la même
probabilité de défaut qu'une plus petite, notée
pareillement.
En outre, étant donné qu'il existe une relation
entre la conjoncture économique et la probabilité de
défaut, il faudrait qu'il y ait des matrices de transition
associées à chaque cycle économique.
La dernière faiblesse que le modèle
présente est qu'il fait, tout comme le modèle KMV de Moody's,
l'hypothèse des taux d'intérêts constants.
B. Les modèles
d'intensité : cas du CreditRisk+
L'inconvénient majeur des modèles structurels
est que le défaut ne peut pas survenir par surprise puisque la valeur de
marché des actifs est supposée suivre un processus de diffusion
continu. Pour palier cette lacune, un processus de poisson est utilisé
dans les modèles à intensité pour modéliser le
caractère imprévisible de la survenance du défaut, ce qui
est le cas dans l'approche de CreditRisk+.
CreditRisk+ est un modèle développé par
Credit Suisse First Boston en 1997. C'est un modèle à
intensité qui, à la différence des modèles
structurels, ne fait aucune hypothèse sur les causes de la
défaillance d'une entreprise. Il se limite à la
modélisation de la probabilité de défaut sans tenir compte
des conséquences d'une détérioration de la qualité
de la contrepartie. Le nombre de défaillances dans un portefeuille sur
une période donnée suit un processus de poisson. En outre,
CreditRisk+ utilise les techniques de calcul actuariel pour
générer la distribution des pertes d'un portefeuille de
crédits.
Les hypothèses du modèle sont les
suivantes :
· Pour chaque crédit individuel, il n'y a que deux
états possibles (défaillance, pas de
défaillance) ;
· La probabilité de défaut d'un
crédit individuel est faible;
· Il existe un très grand nombre d'emprunteurs
pour lesquels la probabilité de défaut est très
faible ;
· Le nombre de défauts sur une période
donnée est indépendant de celui de n'importe quelle autre
période.
Pour calculer la distribution de pertes d'un portefeuille,
CreditRisk+ utilise une approche par « bande »,
c'est-à-dire que les émissions contenues dans un portefeuille
sont regroupées par tranche d'expositions (nombreuses et
étroites). Par exemple, la première bande contiendrait les pertes
d'un montant d'un million, la deuxième bande les pertes d'un montant de
deux millions, etc. Cette méthode permet de réduire
considérablement les données nécessaires aux calculs.
Le plus grand avantage que le modèle présente
est qu'il ne dépend que d'un nombre réduit de paramètres
ce qui permet d'avoir moins d'entrées de données à
considérer. De plus, cette particularité permet à
CreditRisk+ de minimiser l'erreur due à l'incertitude des
paramètres.
Cependant, sa plus grande faiblesse est qu'il ne tient pas
compte de la perte ou du gain de valeur du portefeuille provoqué par
des changements de rating.
En outre, les techniques de calcul utilisées ne sont
pas simples et donc pas forcément accessibles à tout utilisateur
du modèle.
Le modèle présente enfin la faiblesse de
supposer, comme les deux précédents, que les taux
d'intérêts sont constants.
C. Les modèles
économétriques : exemple du CreditPortfolioView
Les modèles économétriques
présentent l'avantage de faire dépendre les composants du risque
de crédit du cycle d'activité de l'économie ; c'est
le cas de l'outil CreditPortfolioView de McKinsey.
CreditPortfolioView est un modèle multi-facteur
développé par Wilson (1997) au sein de McKinsey, qui se base sur
l'hypothèse que les probabilités de défaut et de migration
sont liées à des facteurs macro-économiques tels que le
taux de chômage, le taux d'accroissement du PIB, le taux
d'intérêt à long terme, les taux de change, les
dépenses gouvernementales, etc..
CreditPortfolioView modélise les probabilités de
défaut par une fonction qui permet de s'assurer que ces
probabilités seront comprises entre 0 et 1. Par ailleurs, le
modèle propose une méthode pour relier les matrices de transition
aux cycles économiques, ce qui n'était pas le cas pour les
matrices de migration de CreditMetrics.
Le principal avantage de la méthode est qu'elle relie
les probabilités de défaut et les matrices de transition aux
variables économiques. Ainsi, en période de récession, les
probabilités de défaut sont plus fortes qu'en période de
croissance.
Cependant, la méthode présente
l'inconvénient de nécessiter des données
macro-économiques qui peuvent ne pas être disponibles pour un pays
ou un secteur d'activité.
Enfin, ce modèle détermine les
probabilités de défaut d'un pays ou d'un secteur
d'activité mais pas d'un émetteur.
Paragraphe II. Les
procédés utilisés par les banques
Dans leur processus de gestion du risque de crédit, les
banques peuvent recourir aux agences de notation externe (rating externe) ou
développer en leur sein des outils de gestion du risque (rating
interne).
A. Le rating
externe
Le rating externe est effectué par les agences de
notation financière. Nous allons faire tour à tour une
présentation du rôle de ces agences et des limites qu'elles
présentent dans la mesure du risque de crédit.
1. Le rôle des agences de notation
financière
Les agences de notation financière sont des entreprises
indépendantes qui établissent une appréciation du risque
de solvabilité financière d'une entreprise, d'un État,
d'une collectivité locale (communes, départements,
régions) ou d'une opération financière. Leur rôle
est de mesurer le risque de non remboursement des dettes que présente
l'emprunteur. Les agences de notation les plus importantes sont Standard &
Poor's, Fitch et Moody`s. Les notes correspondent à deux
catégories fondamentales ; l'une qui est la catégorie
investissement et l'autre qui est la catégorie spéculative.
Chaque agence dispose de son système de notation, pour chaque
échéance de dette, et en fonction de la sécurité
que la dette présente, allant de AAA (triple A) à CCC. La
catégorie investissement correspond aux lettres A et aux meilleures
catégories de la lettre B. Les catégories spéculatives
correspondent aux moins bonnes catégories des lettres B et aux lettres C
et D.
La note attribuée à l'emprunteur par ces
agences, reflet du risque de faillite d'une entreprise ou d'un État, a
pris une grande importance pour les entités notées et pour les
investisseurs. Ainsi, pour les États comme pour les entreprises, une
note dégradée se traduit par une hausse des taux
d'intérêts, lorsque l'entité concernée souhaite
emprunter.
Les notes données par les agences de notation ont un
impact considérable sur les marchés financiers. Ainsi, le fait
que la législation américaine fixe des impératifs de
niveau de notation des titres dans lesquels certains investisseurs peuvent
investir montre l'importance capitale de ces notes et donc de ces agences.
Récemment, l'Etat américain s'est vu dégradé par
Standard and Poor's, ce qui a crée un vent de panique sur les
marchés financiers et auprès des principaux créanciers des
Etats-Unis.
2. Les critiques des agences de notation
Plusieurs évènements mettant en cause
l'efficacité des agences de notation ont été
répertoriés.
Entre 1997 et 2000, plus de 90% des notes attribuées
étaient positives et incitaient à l'achat. Jusqu'au premier
trimestre 2000, les agences de notation ont affiché des notes positives,
optimistes et rassurantes sur la santé des entreprises. Les agences de
notation financières n'ont pas vu arriver la crise asiatique de 1997, ni
celle d'Enron, de Worldcom, de Penn Central ou de Parmalat, etc.,
sociétés ayant toutes des dettes considérables.10(*)
La qualité et l'intégrité du processus de
notation ont été contestées, avec un manque de
compétence, de moyens humains et de professionnalisme, un manque de
pertinence, une volonté d'aveuglement.. Les critiques ont porté
en particulier sur la fiabilité de la notation en cas de crise
potentiellement systémique.
En outre, les critiques se sont déchainées
à propos du rôle des agences de notation dans la crise des
subprimes, qu'elles n'ont pas réussi à anticiper. Il est clair en
effet que la qualité et la fiabilité de la mesure du risque de
crédit fournie par les agences de notation était illusoire. Les
agences de notation participaient à des montages qu'elles notaient
elles-mêmes, débouchant sur de multiples conflits
d'intérêts.
Notons enfin que ces agences étant
rémunérées par les entreprises exprimant le désir
d'être notées, très peu y ont recours vu le coût
élevé de l'analyse, obligeant les banques a développer en
interne des outils de notation de leurs débiteurs.
B. Le rating
interne
En interne, les banques peuvent décider
d'étudier la situation financière du demandeur en vue de
déterminer sa solvabilité, d'avoir recours à des
modèles de score ou à des procédés
d'ingénierie financière pour noter les demandeurs de
crédit.
1. L'analyse financière de la
solvabilité du demandeur du crédit
Il s'agit pour le banquier, à travers cette
méthode, d'étudier les éléments quantitatifs et
qualitatifs relativement à la situation financière du
demandeur.
a) L'analyse quantitative de la situation
financière du demandeur
Il s'agit dans cette étape d'évaluer la
situation financière du demandeur à partir de tous les documents
dont dispose la banque. Cette analyse, destinée à évaluer
le risque de défaillance de la contrepartie, est réalisée
par les analystes crédit, qui, après avoir étudié
les états financiers de l'entreprise, concluent quant aux points forts
et faibles que chaque dossier de crédit présente.
Cette analyse comporte plusieurs étapes :
· La détection des variations anormales
dans les états financiers : du fait de l'évolution
de ses activités, il est normal que des éléments du compte
de résultat à l'instar du chiffre d'affaires, de
l'excédent brut d'exploitation ou du résultat net connaissent des
modifications. Cependant, il faudrait que l'évolution des charges soit
proportionnelle à celle des produits, et que les variations anormales
qui pourraient traduire une mauvaise gestion de l'activité de
l'entreprise soient détectées par l'analyste.
· L'analyse du fonds de roulement: Le
fonds de roulement peut être défini comme la partie des capitaux
permanents utilisés pour le financement des actifs circulants de
l'entreprise et assurant une marge de sécurité sans le
financement de l'exploitation. En effet, le principe de base qui régit
le financement sain de l'entreprise est que les emplois stables soient couverts
par les ressources de même durée. Ainsi, le fonds de roulement
peut être défini comme l'excédent des ressources stables
sur les valeurs immobilisées.
Il peut être obtenu par la formule [Capitaux permanents
- Valeurs immobilisées nettes (par le haut du bilan)] ou [Actif
circulant - Dettes à court terme (par le bas du bilan)]. Ces deux
formules de calcul du fonds de roulement donnent lieu à deux
interprétations :
Par le bas du bilan par exemple, trois cas de figure sont
à envisager :
o Actif Circulant (AC) = Dettes à Court Terme
(DCT) : FR = 0 : Dans ce cas, la solvabilité de l'entreprise
à court terme semble être assurée, mais cette situation est
fragile, et l'entreprise, du jour au lendemain, risque de ne plus pouvoir faire
face aux échéances de ses engagements.
o Actif Circulant (AC) > Dettes à Court Terme
(DCT) : FR > 0 : C'est la situation idéale, car
l'entreprise a constitué un stock de liquidités devant lui
permettre de pallier au défaut de ses clients, et donc de faire face
à ses engagements.
o Actif Circulant (AC) < Dettes à Court Terme
(DCT) : FR < 0 : Dans ce cas, les liquidités potentielles
ne couvrant pas les exigibilités de l'entreprise, celle-ci peut se
retrouver en défaut de paiement.
Ainsi, si un fonds de roulement positif est un signe favorable
en termes de solvabilité, un fonds de roulement nul traduit une tension
de trésorerie et correspond à une certaine fragilité de
l'entreprise en termes de solvabilité, et un fonds de roulement
négatif laisse supposer des difficultés pour l'entreprise en
termes de solvabilité. Il n'en demeure pas moins vrai que dans certaines
entreprises au sein desquelles l'actif circulant tourne plus vite que les
dettes à court terme, le fonds de roulement n'est pas un signe de
déséquilibre financier (entreprises commerciales par exemple).
· L'analyse du besoin en fonds de
roulement : Le besoin en fonds de roulement est défini
comme la différence entre les besoins cycliques et les ressources
cycliques. Il résulte du décalage entre les dépenses
engagées par l'entreprise en vue de l'achat, de la production et les
encaissements reçus des clients. Il peut se calculer de la
manière suivante :
Besoin en Fonds de Roulement = Besoins Cycliques -
Ressources Cycliques.
Les Besoins Cycliques sont déterminés ainsi
qu'il suit :
Valeurs d'exploitation (stock+acomptes fournisseurs
d'exploitation) (+) clients (+) effets à recevoir (+) charges à
payer (-) charges constatées d'avance (+) débiteurs divers
liés à l'exploitation (TVA à récupérer,
acompte d'impôt sur les sociétés).
Les Ressources Cycliques s'obtiennent ainsi :
Avances et acomptes clients + fournisseurs et effets à
payer (diminués des fournisseurs d'immobilisation) + produits à
recevoir et autres créances liées à l'exploitation -
produits constatés d'avance + dettes envers l'administration des douanes
+ crédits bancaires d'exploitation.
L'analyse du besoin en fonds de roulement permet de
déterminer si la demande de crédit du client est cohérente
avec les besoins générés par son activité.
· L'analyse des ratios indicateurs de
l'activité de l'entreprise, de sa rentabilité et de sa
solvabilité : pour ce qui concerne l'analyse de la
situation financière de l'entreprise, les analystes s'intéressent
principalement au niveau d'endettement de l'entreprise et à sa
capacité à générer des cash flows de manière
récurrente.
· L'analyse des prévisions
d'activité de l'entreprise : dans l'analyse de la
capacité de remboursement du débiteur, il est primordial de
connaître les perspectives d'évolution et la rentabilité
espérée de l'activité du demandeur de crédit. En
effet, à travers la lecture de ces éléments, le
comité de crédit peut décider du maintien du montant du
concours demandé, de la réduction de ce montant, de
l'étalement du prêt sur une période plus longue,...
b) L'analyse des variables qualitatives
Il s'agit ici de l'appréciation de l'état des
engagements du débiteur, de la qualité du management, et des
garanties proposées.
· L'appréciation de l'état de ses
engagements actuels : il s'agit de l'analyse des engagements pris
par le demandeur à la fois dans nos livres et chez les confrères.
À cet effet, la BEAC a mis à la disposition des
établissements financiers une application connue sous le nom de
« centrale des risques », qui répertorie les
engagements pris par toutes les entreprises auprès des banques du pays.
Un élément sur lequel l'analyse portera
particulièrement son attention est l'état des impayés.
Qu'ils soient relatifs à un précédent crédit (quand
bien même il aurait été finalement remboursé) ou
à une dette non encore apurée, les impayés et leur
fréquence d'apparition permettent de juger de la qualité de
gestion de l'entreprise, de l'allocation effective du prêt au besoin pour
lequel il a été contracté voire de la bonne foi du
débiteur.
· L'analyse du marché et de la
qualité de gestion de l'entreprise : l'appréciation
de la rentabilité des produits ou services offerts par le demandeur de
crédit et de la position concurrentielle de l'entreprise est un
élément très important dans la validation de ses
prévisions d'activité. On ne saurait financer l'acquisition d'un
matériel de production coûteux si le marché est en
déclin, ou si l'entreprise n'a pas une position lui permettant d'offrir
le produit final au meilleur prix aux clients.
De même, la maitrise de l'équipe dirigeante des
affaires, le mode d'organisation et de fonctionnement de la
société, la répartition du pouvoir et des
responsabilités en son sein, l'honnêteté des dirigeants
sont autant d'éléments que l'analyste doit pouvoir cerner.
· Les garanties proposées :
L'appréciation de la qualité des garanties (valeur), du rang de
l'entreprise dans la liste des créanciers, et du coût lié
à la réalisation de ces garanties en cas de réalisation du
risque peut également conduire à une décision
d'acceptation ou de rejet de la demande du débiteur.
2. L'usage des modèles de score et des
procédés d'ingénierie financière
a) Les modèles de score
Les modèles de score sont des outils de mesure du
risque qui utilisent des données historiques et des techniques
statistiques dans l'objectif de déterminer les effets de diverses
caractéristiques des emprunteurs sur leur probabilité de faire
défaut. Ils attribuent une note ou un score à chaque emprunteur,
ce qui revient à les classer selon leur risque de crédit. On
peut, sur la base de ce classement et par l'intermédiaire d'un mapping,
ranger les emprunteurs, dans un système de notation interne et
définir leurs probabilités de défaut. Le processus de
mapping convertit, en fait, les notes en classes de risques, un tableau de
correspondance établissant le lien entre chaque classe de risque et la
probabilité pour le débiteur de faire défaut.
L'une des méthodes de scoring les plus connues est le
Z-score. Ce modèle, développé par le Professeur
ALTMAN11(*) (1968),
suppose que les données comptables fournissent des informations
prédictives sur la probabilité de défaut d'une entreprise.
La probabilité de défaut ainsi calculée se trouve
définie entre 0 et 100% sur une échelle continue. En règle
générale, l'échelle continue est divisée en classes
qui reflètent les différents niveaux de score obtenus.
DIETSCH et PETEY (2003)12(*) énoncent plusieurs conditions de robustesse et
de stabilité des modèles de score. Selon eux, le modèle de
score doit contenir un maximum d'informations ; il doit être
estimé sur une population homogène d'emprunteurs et il doit
être construit sur des données historiques couvrant une
période assez longue pour couvrir un cycle économique. Les
coefficients de la fonction de score doivent être significatifs et
conformes aux attentes et les performances du modèle doivent être
stables à un instant donné et au cours du temps. Enfin, il est
très important que le modèle puisse bien prévoir le
défaut.
b) Les procédés de l'ingénierie
financière
La globalisation financière et ses
caractéristiques que sont la désintermédiation, la
déréglementation et la délocalisation amène les
banques à avoir recours à des procédés plus
sophistiqués dans la gestion du risque de contrepartie à l'instar
de la titrisation et de l'usage des dérivés du crédit.
· La titrisation : il s'agit d'un
montage financier qui consiste à émettre des titres
adossés à des actifs, dans notre cas, adossés à des
créances. Principe introduit en France par la loi du 23 décembre
1988 et par le décret du 9 mars 1989 avec pour objectif initial de
permettre aux établissements de crédit français de
satisfaire aux exigences du ratio de solvabilité COOKE. La titrisation
est devenue à la fois un mode de refinancement et de gestion du risque
de crédit. En effet, elle offre la possibilité aux banques de se
débarrasser de leurs créances douteuses et donc d'assainir leurs
portefeuilles à un prix négocié. Des agences
spécialisées dans le rachat de créances de toutes natures
existent, ce qui permet aux banques de ne pas perdre du temps et d'annuler les
coûts liés au recouvrement.
· Les dérivés du
crédit : il s'agit principalement des options. Ce sont des
actifs financiers offrant la possibilité mais non l'obligation à
leur détenteur d'acheter ou de vendre l'actif sous-jacent (support),
à une date et un prix connus à l'avance, moyennant le versement
d'une somme d'argent appelée prime ou premium. Ainsi, dans leur
processus de gestion du risque de crédit, les banques peuvent acheter
des « options de vente ou put » de créances, et
ainsi avoir la possibilité de céder leurs créances en cas
d'évolution défavorable du marché ou de la qualité
de la signature du débiteur, leur perte étant plafonnée au
montant de la prime qu'elles auront préalablement versée. Elles
peuvent même développer des procédés de
spéculation en interne et ainsi échanger entre elles et avec les
entreprises spécialisées dans l'activité, les
créances qu'elles détiennent.
Dans l'optique de répondre à la
problématique qui est la notre dans ce travail, à savoir celle de
l'étude de la pertinence des procédés de gestion du risque
de crédit à la Commercial Bank-Cameroun, nous avons dans cette
première partie commencé par un exposé sur
l'activité de crédit, qui est le coeur de métier du
banquier et sur les risques auxquels ce dernier est confronté au
quotidien. Le risque de crédit représentant le coeur de notre
travail, nous nous sommes attachée dans le deuxième chapitre
à le définir et à présenter les différentes
approches de sa modélisation et avons vu que les banques peuvent
décider d'avoir recours à des agences de notation externe ou
à des procédés développés en interne dans
leur processus de gestion du risque de crédit. Nous allons nous atteler
dans la deuxième partie à présenter l'entreprise dans
laquelle nous avons voulu éluder notre question de départ et la
procédure de gestion du risque de contrepartie en son sein.
PARTIE III. CAS PRATIQUE : LA
GESTION DU RISQUE DE CONTREPARTIE DES PME A LA COMMERCIAL BANK-CAMEROUN
Nous avons vu que le risque de contrepartie est l'un des plus
importants auxquelles doivent faire face les banques et que sa mesure peut se
faire soit par le recours à des agences de notation externes, soit
à l'aide d'outils développés en interne par les banques.
Dans cette partie, nous présenterons les outils de
gestion du risque de contrepartie utilisés à la Commercial
Bank-Cameroun. À travers un cas pratique, nous ressortirons les limites
du modèle mis en place et ferons des propositions en vue de son
amélioration.
CHAPITRE I. ANALYSE PRATIQUE DE LA
POLITIQUE D'OCTROI DE CREDIT A LA COMMERCIAL BANK-CAMEROUN
L'intermédiation constituant le coeur de métier
du banquier, les décisions d'octroi de crédit au sein des banques
doivent résulter d'analyses précises sur la base d'un cheminement
méthodique. Ainsi, dans la première partie de ce chapitre nous
ferons une présentation de la Commercial Bank-Cameroun et dans la
seconde nous expliciterons la procédure d'octroi de crédit au
sein de cette banque.
SECTION I. Présentation du
cadre de l'étude
Paragraphe I.
Historique et activités de la Commercial Bank-Cameroun
Créée le 27 Novembre 1997 sous l'initiative du
Groupe Fotso et avec le soutien d'opérateurs économiques
nationaux, d'organismes financiers et d'actionnaires privés, la
Commercial Bank-Cameroun avec un capital initial de 3 milliards de F.CFA, s'est
rapidement faite une place de choix dans le paysage bancaire camerounais.
Sous Administration Provisoire depuis novembre 2009, la
Commercial Bank-Cameroun avec un capital actuel de 7 milliards de F.CFA, a un
réseau qui s'étend non seulement au Cameroun mais aussi au Tchad,
en Centrafrique, à Sao Tomé et Principe et en Guinée
Équatoriale, à travers les filiales de la holding CFH.
Autour du siège de la CBC à Douala Bonandjo
inauguré en novembre 1997, se greffent les agences d'Akwa ouverte en
septembre 2003 et de Bonabéri inaugurée en novembre 2005,. Dans
la ville de Yaoundé, la CBC dispose de deux agences, une à
l'avenue Kennedy ouverte en janvier 1998 et l'autre à Mokolo ouverte en
2007. La ville de Bafoussam compte une agence ouverte en février 1998,
celle de Garoua une agence ouverte en octobre 1998 et enfin la ville de Maroua
comporte une agence ouverte en 1998.
La Commercial Bank-Cameroun se veut être une entreprise
qui, par ses interventions multiformes, participe pleinement à l'essor
économique des pays dans lesquels elle est présente. Elle
accompagne tous les acteurs de la vie économique dans la
réalisation de leurs projets quotidiens.
Ainsi, cette entreprise s'est fixée pour principaux
objectifs de :
· Soutenir les opérateurs économiques dans
leurs activités courantes ;
· Concevoir et mettre à la disposition des clients
des financements spécifiques et compétitifs ;
· Faciliter les transactions par des moyens de paiement
sécurisés et performants ;
· Fournir un service de qualité grâce
à une technologie de pointe ;
· Contribuer à la lutte contre la pauvreté
et le développement économique au travers de financements de
projets créateurs de richesses et d'emplois.
L'organisation de la CBC est détaillée dans le
paragraphe ci-après.
Paragraphe II. Organisation interne
La CBC est organisée autour de trois directions
principales à savoir la direction en charge des risques et engagements,
la direction de l'exploitation et la direction chargée des
opérations et supports que nous présenterons plus amplement dans
les paragraphes suivants.
Au sein de la direction générale adjointe en
charge des opérations et support, on retrouve :
· La direction
administrative et de supervision des
agences « DASA »
Avec ses pôles systèmes d'information,
organisation et qualité, moyens généraux et contrôle
de premier niveau, la DASA a pour mission d'apporter aux divers acteurs de la
banque le support logistique nécessaire. Elle veille à
l'amélioration constante de l'organisation et des processus, ainsi
qu'à la fluidité des relations client-fournisseur interne. Elle
est garante des actifs de la banque, qu'il s'agisse des hommes, des biens
meubles et immeubles, ou qu'il s'agisse des progiciels et logiciels, des
applicatifs et de l'ensemble des avoirs tangibles. Elle participe activement
à la conduite des projets structurants ou transversaux.
· La direction
centrale de la comptabilité et des finances
« DCCF »
La Direction Centrale de la Comptabilité et des
Finances a pour mission l'organisation et la supervision de l'ensemble des
fonctions comptables et financières de la banque. Elle est responsable
de la communication financière et fournit à la direction
générale des outils d'appréciation et d'aide à la
décision. Dépendante hiérarchiquement de la direction
générale adjointe chargée des opérations et
supports, elle comprend une sous-direction comptabilité et une
sous-direction contrôle de gestion. La sous-direction comptabilité
comprend elle-même un département de comptabilité
générale et un département en charge de la
comptabilité pool agences et de la surveillance permanente des comptes.
Quant à la sous-direction contrôle de gestion, elle est
subdivisée en deux départements, un en charge du budget et du
contrôle budgétaire et un chargé des études et du
suivi des performances.
· La direction
centrale des opérations « DCO »
Dépendant hiérarchiquement de la direction
générale adjointe chargée des opérations et
support, la direction centrale des opérations a pour mission d'assurer
le traitement back-office de l'ensemble des opérations de la banque. A
ce titre, elle est garante des standards de qualité des prestations
rendues à la clientèle.
La direction générale adjointe en charge de
l'exploitation est quant à elle subdivisée en :
· La direction des
métiers spécialisés
Dans cette direction sont regroupées les
activités de commerce extérieur, de la trésorerie, de
transfert d'argent, et les activités de marché. La mission
principale de cette direction est de renforcer la contribution de ces
différentes activités à la croissance du Produit Net
Bancaire (PNB) de la CBC. Ainsi, en assurant le développement des
activités commerciales spécialisées, elle constitue un
centre de profit par le développement de la capacité des
métiers spécialisés à générer des
commissions et à accroitre le PNB de la banque. Elle comprend deux
subdivisions :
· Une sous-direction « opérations
internationales » elle-même comprenant un service documentaire
et un service transfert ;
· Une sous-direction trésorerie comprenant un
service « reporting et rapprochement », un
« service trading et marchés » et un service
« relations bancaires et financières » ;
· Un département en charge des opérations
« Western Union » ;
· Un service en charge des services et des marchés
financiers.
· La direction centrale
d'exploitation « DCEX »
Dépendant hiérarchiquement de la direction
générale adjointe chargée de l'exploitation, la direction
centrale d'exploitation est responsable du déploiement efficace de
l'ensemble de l'activité commerciale de la banque. Entièrement
tournée vers la clientèle commerciale et le marché, ses
fonctions recouvrent le développement du fonds de commerce de la banque,
le pilotage et l'animation de l'action commerciale des régions, et la
gestion en premier ressort des risques résultant de la
clientèle.
· La direction juridique/
conformité
Avec ses subdivisions juridique, contentieux et Lutte
Anti-Blanchiment « LAB », la direction juridique et de
conformité est en charge des différends qui peuvent exister entre
la banque et les parties avec lesquelles elle est en contact. A cet effet, elle
s'assure du bon déroulement des procédures relatives au
précontentieux et au contentieux.
Aux côtés des directions en charge de
l'exploitation et des directions en charge des opérations et support, on
retrouve :
· la direction des risques et engagements
« DRE »
Placée sous l'autorité de la direction
générale, le rôle de la direction risques et engagements se
situe au centre de la décision d'octroi des crédits à la
clientèle. A ce titre, elle est garante de l'application de la politique
de la direction générale sur les risques de crédit et les
autres risques bancaires. Cette direction a donc la charge de conduire la
politique des risques de la banque, d'émettre des avis techniques sur
les dossiers de crédit et de veiller à la bonne application des
décisions (notifications, mises en place des crédits,
déclassements, conditions rogatoires...).
· Le contrôle
général « CG »
Placé sous le contrôle hiérarchique de la
direction générale et sous le contrôle fonctionnel du
comité d'audit et du conseil d'administration, le contrôle
général exerce au sein de la banque une double mission
d'assurances et de conseil.
Il assure par ailleurs le secrétariat du comité
d'audit du conseil d'administration.
A travers les missions d'assurance, le conseil
général examine :
· La régularité et la conformité des
opérations ;
· Le respect des procédures, et des
réglementations comptables, financières, sociales, fiscales ou
juridiques ;
· La pertinence du dispositif de contrôle interne,
à tous les niveaux ;
· La qualité et la performance du système
d'information ;
· L'efficacité de l'organisation en place, et
l'utilisation optimale des ressources ;
· Les limites en matière de risques.
Les missions de conseil consistent en des recommandations,
propositions concrètes, ayant pour objectif de créer de la valeur
ajoutée et d'améliorer le fonctionnement de la banque.
Après avoir présenté l'entreprise dans
laquelle nous avons été accueillie, il importe maintanant de
faire le point sur la procédure d'octroi de crédit et la gestion
du risque en son sein.
SECTION II. La procédure d'octroi des crédits et
de gestion du risque à la CBC
Paragraphe I. La procédure d'octroi de
crédit à la CBC
La procédure d'octroi de crédit est
initiée par le chargé d'affaires. En effet, le chargé
d'affaires a pour mission générale la gestion globale du
portefeuille client. Il doit donc assurer le développement de ce
portefeuille en recherchant de nouveaux clients, en analysant les besoins de
financement des clients en portefeuille, en montant les dossiers de
crédit de ceux-ci et en assurant la mise en place des concours
validés par le comité de crédit ainsi que le suivi desdits
concours. Ainsi, une demande de crédit fait l'objet d'un avis du
gestionnaire du compte, des analystes crédits, et de l'administrateur
provisoire.
Le circuit de décision est donc le suivant :
SCHEMA 1. Circuit de décision de crédit
AVIS DU DIRECTEUR JURIDIQUE ET DE CONFORMITE
AVIS DU DIRECTEUR RISQUES ET ENGAGEMENTS
AVIS DU DIRECTEUR CENTRAL DE L'EXPLOITATION
ANALYSE DU DOSSIER PAR LES ANALYSTES CREDITS
ENTRETIEN AVEC LE CLIENT
AVIS DU COMITE DE CREDIT DE LA DIRECTION GENERALE
AVIS FINAL DE L'ADMINISTRATEUR PROVISOIRE
NOTE A L'ADMINISTRATEUR PROVISOIRE
Source : Auteur
A. L'entretien avec le
client
C'est la première étape de l'analyse. Elle a
pour but de chiffrer les besoins réels du client en matière de
financement. De cette étape, l'analyste ressort sur la base d'un
questionnaire les informations concernant l'actionnariat de l'entreprise, la
qualité de l'équipe de direction, l'historique de la
société, les informations provenant de la centrale des risques,
et les informations sur les produits, les clients, la concurrence, les
fournisseurs, les réseaux de commercialisation et un
résumé de la relation que le client entretient avec la commercial
Bank Cameroon.
B. Le montage du dossier
de crédit
Le dossier de crédit est élaboré par
l'analyste crédit. Il fait la synthèse des points forts et
faibles relatifs au questionnaire élaboré par les gestionnaires
et de l'analyse de la situation financière du client.
Le dossier en lui-même comprend sept points :
· La présentation générale
du client : on y retrouve des informations sur l'agence dans
laquelle le client a son compte, la racine de son compte dans les livres de la
CBC, les noms des gestionnaires et analystes en charge du dossier, le nom ou
raison sociale de l'entreprise, sa forme juridique, sa date de création,
le régime fiscal auquel elle est assujettie, la composition de son
actionnariat, le numéro d'inscription de l'entreprise au RCCM, le
montant du capital social, la date d'entrée en relation avec le client,
le caractère actuel de son dossier juridique.
Un élément important que l'on retrouve dans
cette partie du dossier est le rating du client. Celui-ci est la
résultante de plusieurs analyses, débouchant chacune sur une
note :
o La situation financière du demandeur du crédit
provenant du dépouillement par l'analyste des états financiers
d'une part ;
o Les réponses aux questions fournies par le client
à un questionnaire administré par le gestionnaire du compte
(annexe) : ce questionnaire a pour but d'apprécier la
qualité du management de l'entreprise ;
o Les garanties apportées par le client en soutien du
financement accordé : en fonction des garanties accordées,
la note finale du client peut se trouver réduite.
o La synthèse de ces trois notes conduit au rating
final du client, qui fera l'objet d'une validation par la direction en charge
des risques et engagements, qui apprécie en dernier ressort la
cohérence entre tous ces éléments.
· Le tableau des concours actuels et
prévisionnels : ici, les concours sont regroupés
selon leur nature, leur montant, la durée de validité de ces
concours et les conditions de financement.
· La situation juridique et
commerciale : dans cette partie, on fera l'état
sur :
o Le risque juridique et humain de la
société : il s'agira dans cette partie de
s'intéresser à la conformité des statuts de la
société aux normes et exigences OHADA, aux grandes
décisions prises par l'assemblée générale et le
conseil d'administration ayant décidé d'une résolution qui
mérite d'être signalée, etc.
o Le risque humain fait référence à la
qualification des dirigeants, à la qualité de traitement du
personnel, aux tensions sociales existant au sein de la
société.
o Le risque technique : chaque entreprise, pour
fonctionner, a besoin de moyens qui doivent être en adéquation
avec les ressources disponibles. Ainsi, il s'agira pour l'analyste rendu
à ce niveau de s'assurer de la cohérence entre les moyens dont
dispose l'entreprise et la nature de l'activité que celle-ci exerce.
o Le risque commercial : il s'agira dans cette partie de
faire d'abord une présentation du marché de l'entreprise et de la
concurrence, ensuite de s'assurer de la cohérence entre les
délais fournisseurs et clients et le montant figurant dans les
états financiers.
· L'objet et la justification des
concours : l'appréciation de ce point se fait par
l'analyse du fonctionnement des comptes. Pour une période allant de
trois à six ans, on appréciera les montants confiés par le
client à la banque, la moyenne mensuelle de ces montants, ainsi que la
rentabilité de l'entreprise. On fera ensuite l'étude de la
demande actuelle du client (nature, objet, perspectives d'utilisation et de
remboursement.)
· L'analyse de la situation financière et
de la rentabilité : celle-ci se fait sur la base d'un
tableau récapitulant les agrégats les plus importants du
bilan : Fonds propres, Dettes à Long Terme, Capitaux permanents,
Valeurs Immobilisées Nettes, Créances d'exploitation Nettes,
Total bilan, Fonds de roulement, Besoin en fonds de roulement,
Trésorerie Nette, Taux de couverture du fonds de roulement par le Besoin
en Fonds de roulement.
Cette analyse est suivie de celle des soldes significatifs de
gestion du compte de résultat : chiffres d'affaires, valeur
ajoutée, frais de personnel, frais financiers, résultat net,
dotation aux amortissements et aux provisions, cash flow, etc.
L'analyste s'intéressera à ce niveau au poste
« frais financiers » : l'enjeu ici est de s'assurer
que le montant d'affaires confié à notre banque par le client est
significatif.
· Analyse du compte d'exploitation
prévisionnel et du plan de financement : cette analyse se
fait sur trois à quatre ans. Il s'agira de s'assurer que les
perspectives d'évolution de la société sont
cohérentes avec l'évolution des entreprises opérant dans
le même secteur d'activité.
· Analyse du risque :
l'appréciation du risque que le client présente passe par
l'analyse des engagements avec les banques confrères, l'analyse des
engagements que le client a contracté avec d'autres banques à
travers la centrale des risques, et l'étude des garanties
proposées par lui.
La conclusion de cette étude se fait à travers
le récapitulatif des points forts et points faibles que le dossier du
client présente.
Paragraphe II. Outils
d'appréciation du risque à la CBC
A. La cartographie des
risques à la CBC
A la CBC, les risques ont été divisés en
treize familles regroupées en cinq catégories. Celles-ci seront
reprises dans les points ci-après :
1. Le risque de crédit
C'est le risque d'une défaillance totale ou partielle
de la contrepartie ou des contreparties considérées comme un
même bénéficiaire au sens du règlement COBAC
R-2001/03, avec laquelle des engagements de bilan ou hors bilan ont
été contractés.
2. Le risque de marché
Il correspond aux risques liés aux évolutions
des prix de marché et à la gestion de la trésorerie de la
banque pour tous types de supports (devises, actions...). Il comprend notamment
les risques de change et de taux, les risques sur actions, les risques de
liquidité et de transformation, ainsi que les risques de prise ferme. Il
est décomposé en plusieurs types de risques :
· Le risque de change : c'est le
risque encouru du fait de l'évolution du cours des devises sur les
opérations de bilan et hors bilan ;
· Le risque d'illiquidité :
il s'agit du risque pour l'établissement de ne pas pouvoir faire face
à ses engagements ou de ne pas pouvoir dénouer ou compenser une
position ;
· Le risque de taux
d'intérêt : c'est le risque encouru en cas de
variation de taux d'intérêt sur l'ensemble des opérations
au bilan et au hors bilan ;
· Le risque de règlement :
c'est le risque encouru, notamment dans les opérations de change, au
cours de la période qui sépare le moment où l'instruction
de paiement d'un instrument financier vendu ne peut plus être
annulée unilatéralement et la réception définitive
de l'instrument acheté.
3. Le risque opérationnel
C'est le risque résultant, notamment, d'insuffisances
de conception, d'organisation et de mise en oeuvre des procédures
d'enregistrement dans les systèmes d'information de l'ensemble des
évènements relatifs aux opérations de
l'établissement, et plus particulièrement dans le système
comptable. Il comprend les risques comptable, informatique, administratif et de
ressources humaines.
· Le risque comptable : il s'agit
de l'ensemble des facteurs susceptibles d'entraver la réalisation des
objectifs de régularité et de sincérité des
informations comptables ;
· Le risque administratif : c'est
l'ensemble des facteurs susceptibles d'altérer les objectifs de bon
fonctionnement interne de la banque dans la réalisation et
l'optimisation du traitement de ses opérations. Il concerne tant le
respect des procédures internes que la recherche de productivité
et d'efficacité de l'organisation. Il comprend la procédure
budgétaire ainsi que le contrôle de gestion.
· Le risque informatique : il
correspond aux facteurs susceptibles d'altérer les objectifs de
sécurité et de performance de la fonction informatique de la
banque.
· Le risque de ressources
humaines : il s'agit de facteurs liés à la gestion
des ressources humaines et susceptibles de se traduire par l'insatisfaction
individuelle ou collective d'une part, l'inadéquation quantitative ou
qualitative des collaborateurs d'autre part. Il inclut les risques de pratiques
frauduleuses ou illégales ainsi que les risques de nature
déontologique.
4. Le risque commercial et de
réputation
Il s'agit du risque de sous-performance commerciale entrainant
une érosion, un non-renouvellement ou un développement non
rentable du fonds de commerce. Il s'agit également du risque d'image qui
survient lorsque la qualité de l'opinion des tiers est susceptible de se
dégrader consécutivement à une opération, un
comportement ou une mesure prise par la banque.
5. Le risque juridique et fiscal
Le risque juridique est le risque de tout litige avec une
contrepartie résultant, notamment, de toute imprécision, lacune
ou insuffisance de nature quelconque susceptible d'être imputé
à l'établissement au titre de ses opérations :
légal (irrespect de la loi), contractuel (insuffisante capacité
de la banque à défendre ses intérêts dans les
contrats qu'elle négocie) ou reglementaire.
Le risque fiscal quant à lui trouve son origine soit
dans l'irrespect de la réglementation, soit dans l'absence
d'optimisation des opérations.
B. La gestion proprement dite
du risque
Comme nous l'avons montré dans le point
précédent, l'analyste crédit, après avoir
monté le dossier de crédit du client, présente les points
forts et les points faibles dont ce dernier dispose. Dans cette partie, il
s'agira de faire un état succinct d'une analyse type
élaborée par le gestionnaire.
1. Le dépouillement des états financiers
et le résumé financier
A partir des informations renseignées relativement
à la DSF du client, il ressort une fiche de dépouillement qui
récapitule, pour les trois dernières années, les
éléments du bilan et du compte de résultat, et la
variation relative et absolue de ces différents agrégats sur
toutes ces années.
L'analyse a pour objectif de s'assurer de la qualité de
la structure financière de l'entreprise. Qu'est ce qui peut expliquer la
variation du chiffre d'affaires de l'entreprise ? Sur quels produits
l'entreprise fait-elle le plus de marge ? Quel est le poids des produits
accessoires et autres produits dans la valeur ajoutée de
l'entreprise ? Quelle est l'importance des charges de personnel et ont
t-elles connu une évolution ?
Dans l'appréciation de la partie financière du
compte de résultat, l'analyste s'intéressera aux comptes 631
« Commissions bancaires » et 67
« Intérêts des emprunts », l'objectif
étant de déterminer le poids de ces charges-là, et quelle
est la part de ces frais qui revient à la CBC.
Les postes qui attireront l'attention dans l'analyse du bilan
sont :
· Les immobilisations : il s'agira de savoir si
l'acquisition ou la cession éventuelle d'une immobilisation est
justifiée ;
· Les stocks : leur importance permettra
d'apprécier la qualité de la politique d'approvisionnement de
l'entreprise ;
· Les engagements à court ou long terme : il
s'agira ici d'apprécier leur importance et la propension de l'entreprise
à rembourser ses dettes.
L'analyste étudiera par la suite l'évolution de
certains agrégats :
· Le fonds de roulement : le fonds
de roulement est défini comme l'excédent de capitaux stables, par
rapport aux emplois durables, utilisé pour financer une partie des
actifs circulants. Le principe est que les ressources stables d'une entreprise
doivent couvrir au moins les emplois de même durée. La formule de
sa détermination est la suivante :
FR= Capitaux permanents - Actifs Immobilisés
ou par le bas du bilan
FR= Actifs circulants- Dettes à Court
Terme
· Le besoin en fonds de roulement :
le besoin en fonds de roulement représente le décalage de
trésorerie provenant de l'activité courante de l'entreprise
(exploitation). Son expression simplifiée est la suivante :
BFR= Stocks+Créances Clients+Dettes
fournisseurs
On a FR = BFR + TN,
où TN représente la Trésorerie Nette.
L'usage des notions de fonds de roulement et de besoin en
fonds de roulement apporte des précisions utiles sur l'analyse de la
trésorerie des entreprises, en raison de la relation fondamentale de la
trésorerie qu'il établit.
· La rentabilité
commerciale : elle est déterminée par le ratio
Excédent Brut d'exploitation/ Chiffres d'Affaires. C'est un indicateur
qui permet de déterminer la marge obtenue sur le coût de revient
de la production. Dans l'analyse de la demande de crédit, ce ratio est
un élément d'appréciation de la santé
financière de l'entreprise.
Le résumé financier quant à lui est un
état qui récapitule, sur les trois dernières
années, les chiffres clés de l'entreprise, leur variation en
pourcentage, l'évolution de l'activité et de la
trésorerie, de la rentabilité et de la structure
financière.
En fonction des résultats de l'analyse, l'analyste
crédit exigera du client un certain nombre de garanties visant à
réduire l'exposition de la banque au risque qu'elle prend.
2. Les garanties du crédit
L'exposition de l'entreprise au risque de contrepartie
présenté par le client sera réduite par les garanties que
celui-ci lui présentera. La CBC exige à cet effet à ses
clients un certain nombre de garanties dont les principales sont :
· Le cautionnement personnel et solidaire
(personnes physiques) : dans un cautionnement solidaire, la
caution, lorsqu'elle est sollicitée, est considérée
véritablement comme étant "emprunteur à la place de
l'emprunteur". Du fait même qu'elle soit solidaire, la caution renonce au
bénéfice de discussion et de division. Le caractère
personnel de la caution signifie que son engagement porte sur tous ses biens :
logement, revenus, autres biens personnels, etc.
· Le cautionnement solidaire (personnes
morales) : le cautionnement solidaire suppose la renonciation de
la caution au bénéfice de discussion et, si elles sont plusieurs,
au bénéfice de division. Le créancier poursuivra alors
directement tant le débiteur principal que la caution, ou même
seulement celle-ci. S'il y a plusieurs cautions solidaires, le créancier
choisira, soit de les poursuivre toutes, soit l'une seulement ou quelques-unes
d'entre elles et réclamera à chacune paiement intégral de
la dette. La mise en demeure à l'une seulement de ces personnes produit
ses effets et fait courir les intérêts à l'égard de
toutes.
· L'hypothèque :
l'hypothèque est un droit grevant un immeuble et constitué au
profit d'un créancier en garantie du paiement d'une dette. Une
hypothèque est un droit réel sur un bien immobilier qui est
constitué en garantie d'une obligation déterminée,
généralement pour garantir un crédit. Si une
hypothèque est constituée, le créancier (la banque)
reçoit le droit de vendre le bien immobilier si le débiteur ne
respecte pas ses obligations comme convenu. Dans ce cas, le créancier
peut soustraire le montant qu'il a encore en crédit du débiteur
du produit de la vente avec privilège sur d'autres créanciers
éventuels.
· Le gage de bon de caisse : le
débiteur peut donner en gage au créancier toute une série
de valeurs mobilières en garantie de son engagement. Le gage peut
être constitué par un acte sous seing privé ordinaire. Dans
cet acte, les biens donnés en gage seront décrits minutieusement.
Pour être valable, la loi exige une dépossession des choses
données en gage, ce qui s'opère généralement par la
remise en conservation des biens au détenteur du gage ou à un
tiers.
· Le nantissement : le nantissement
est une sureté conventionnelle. Les nantissements les plus
utilisés à la CBC sont les nantissements de compte
d'épargne sur livret, les nantissements de DAT, les nantissements des
stocks, matériels et autres équipements...
· La lettre de confort : la lettre
de confort, appelée aussi lettre d'intention est un acte écrit
par lequel une personne prend vis à vis du bénéficiaire de
la lettre des engagements de faire ou ne pas faire afin d'apporter son soutien
à une autre dans l'exécution de ses obligations envers ce
bénéficiaire.
· A côté de celles-ci, on peut avoir
l'assurance invalidité décès (AID), l'assurance incendie
et risques divers, la lettre d'intention forte, l'attestation de virement
irrévocable...
Au final, la gestion du risque de contrepartie est un
processus qui débute lors de la demande de crédit par le client
et conduit à la notation de ce dernier en fonction des garanties qu'il
proposera à son banquier.
CHAPITRE II. LES MODALITES ET LES LIMITES DE LA GESTION DU
RISQUE DE CONTREPARTIE A LA COMMERCIAL BANK-CAMEROUN
Le choix des méthodes de notation interne constitue une
opportunité pour les banques. En effet, le nouvel accord de Bâle
incite les établissements de crédit à mener une
réflexion dynamique sur l'emploi de leur capital, afin de piloter de
façon globale leurs activités en intégrant le coût
du risque.
La problématique qui est la nôtre dans ce travail
est celle de savoir si les outils utilisés par la CBC pour
décider de l'octroi ou non de crédits aux petites et moyennes
entreprises conduit à une prise de décision efficace de la part
des dirigeants.
Dans ce chapitre, il s'agira pour nous dans un premier temps
d'étudier dans le détail la procédure et les outils
utilisés à la CBC, et dans un second temps de présenter le
cas que nous avons retenu pour cette étude. La vérification de
nos hypothèses se fera par l'étude du taux d'impayés de
l'échantillon de PME retenu.
SECTION I. Les outils de gestion du risque de contrepartie
à la CBC
Paragraphe I. Le MRC
(Module de Rating du Crédit)
En rappel, les règles prudentielles issues de Bale II
concernant l'exigence minimale de fonds propres, notamment le pilier I,
instituent le rapport suivant :
Fonds propres réglementaires
Risque de crédit
Risque de marché
Risque opérationnel
>=8%
+
+
Pour calculer les exigences en fonds propres pour chaque type
de risque, une série d'options est proposée aux
établissements de crédit :
· L'approche standard, dans laquelle les actifs sont
affectés de coefficients de pondération en fonction des
risques;
· Les approches fondées sur les notations internes
(simple et avancées) qui sont les méthodes internes de mesure du
risque de crédit. Elles reposent sur l'appréciation par les
banques elles-mêmes de leur risque de crédit.
C'est cette dernière approche qui a été
retenue pour la conception du Module de Rating de Crédit (MRC)
employé à la CBC. Cet outil a été
développé pour permettre aux personnes impliquées dans le
montage des dossiers de crédit de:
· Procéder à la notation financière
(rating) du client sur la base des états financiers et des informations
qualitatives ;
· Attribuer des notes aux concours à partir de la
nature de la garantie associée ;
· Calculer la perte probable pour chaque type de
concours, sur la base de ces notes ;
· Produire aisément une analyse
financière ;
· Renforcer l'objectivité dans la prise de
décision sur les dossiers de crédit.
Le système de notation MRC comporte deux
dimensions :
· La première représente une estimation du
risque de défaut de l'emprunteur à travers l'analyse de facteurs
qualitatifs et quantitatifs, et permet de classer les clients en neuf classes
de rating.
· La deuxième quant à elle
représente une estimation du risque propre lié à la
facilité de crédit, en combinant la probabilité de
défaut de l'emprunteur aux variables d'ajustement du crédit
(Encours, garanties et durées).
A. Estimation du risque de
défaut de l'emprunteur
L'estimation du risque de défaut de l'emprunteur passe
par l'analyse de facteurs quantitatifs et qualitatifs, et conduit à une
classification des clients en neuf classes de rating:
1. Les facteurs quantitatifs
Le processus de notation commence par l'évaluation de
la solidité financière globale de l'entreprise. Cette
appréciation passe par l'analyse de quelques ratios
significatifs à savoir :
· Activité et trésorerie :
l'appréciation de la situation de l'activité de
l'entreprise et de sa trésorerie passe par l'appréciation des
délais de rotation des stocks, créances clients, dettes
fournisseurs et des liquidités. Les délais de rotation permettent
de connaître la vitesse avec laquelle l'entreprise réalise les
éléments de ses actifs. A ce niveau, l'analyste appréciera
également le poids des frais financiers dans le chiffre d'affaires et
dans l'excédent de trésorerie d'exploitation de l'entreprise,
représentant la dépendance de cette dernière
vis-à-vis des capitaux extérieurs.
· Rentabilité : l'analyse
de la rentabilité se fait par l'appréciation du pourcentage de la
marge brute, du résultat net et de l'excédent brut d'exploitation
dans le chiffre d'affaires. L'analyste appréciera
également la part du résultat net affecté aux dividendes
et la rentabilité des actifs économiques (résultat
net/Actif économiques).
· Structure financière : il
s'agit à ce niveau de déterminer si l'entreprise pourra faire
face à ses engagements le moment venu. On appréciera à cet
effet la part des fonds propres dans le total bilan, le rapport de
l'endettement aux fonds propres et le cash flow. À ce niveau, on
appréciera également le taux de vétusté des
immobilisations (Amortissements/ Immobilisations amortissables).
2. Analyse qualitative
En deuxième lieu, cinq principaux paramètres non
financiers sont analysés. Cette analyse se fait sur la base d'un
questionnaire qui résume la façon dont le gestionnaire
perçoit l'entreprise. Les questions sont regroupées en fonction
des paramètres sus mentionnés et par ordre décroissant de
risque ; de 1 à 7 avec la note zéro pour non applicable. Le
modèle de questionnaire utilisé à la CBC est donné
en annexe.
a) Management
La qualité de l'équipe dirigeante et le mode de
gouvernance de l'entreprise sont des éléments très
importants à prendre en considération dans la
détermination du niveau de risque de l'emprunteur. En effet, il est
primordial pour l'analyste de s'assurer que les procédures et
l'organisation au sein de l'entreprise sont fiables, qu'il n'y a pas de tension
sociale en son sein, que la séparation des fonctions est une
réalité,etc.
L'analyste s'intéressera ici au degré de
qualification des dirigeants, à l'existence effective d'un plan de
succession et de gouvernance au sein de l'entreprise. La
sincérité et la fiabilité des états financiers
seront appréciées par l'opinion formulée par le
commissaire aux comptes sur les états financiers de la
société.
Un accent sera également mis dans cette rubrique sur
la qualité du système de gestion, sur l'existence d'un
état de rapprochement entre les prévisions et les
réalisations et le cas échéant sur la
périodicité du système de suivi.
La moyenne des notes obtenues dans cette rubrique fait l'objet
d'une pondération de 10% pour la détermination du rating
final.
b) Le marché/ Secteur d'activité
Pour déterminer le risque de contrepartie, il est
important de connaître le secteur dans lequel l'emprunteur exerce son
activité et la concurrence à laquelle il doit faire face. Il
s'agira ici de savoir comment le client apprécie l'évolution du
marché/ secteur dans lequel il exerce son activité,
d'apprécier la dépendance de ce secteur vis-à-vis des
variations de la conjoncture économique, de mesurer l'impact de la
perte de clients pour l'entreprise, d'apprécier le degré de
dépendance vis-à-vis des fournisseurs.
Le pourcentage d'activité réalisé
à l'étranger, qu'il s'agisse du chiffres d'affaires
réalisé ou des matières premières importées
est aussi un élément important dans l'appréciation du
risque de contrepartie. En effet, il est souvent difficile de maitriser les
tendances et la conjoncture des pays étrangers et la dépendance
du client vis-à-vis de l'extérieur peut constituer un
élément d'incertitude quant au remboursement du crédit. Il
peut arriver que les fluctuations des cours des devises entrainent une
rentrée de fonds moindre et conduisent de ce fait à un risque de
défaut plus élevé.
Enfin, à ce niveau l'analyste tentera d'avoir une
idée sur la performance du système de production et de
distribution et sur la qualité et la diversité des produits.
Cette partie fera l'objet d'une pondération de 15% dans
le rating final.
c) Relations bancaires
Représentant un pourcentage de 20% dans la note finale
du client, l'appréciation des relations bancaires fait
référence au mode de fonctionnement du compte du client. Il
s'agira dans cette rubrique de vérifier si le compte courant du client
fonctionne dans les limites autorisées. La réponse à cette
question permet d'avoir une idée du volume d'affaires confié par
le client à la banque : le compte est-il structurellement
créditeur ou débiteur ? L'appréciation des mouvements
des comptes du client permet également de connaître sa
capacité à honorer ses engagements. Il s'agit ici de voir si les
comptes de l'entreprise ont fait l'objet d'une saisie ces deux dernières
années, de voir si l'entreprise entretient de bonnes relations avec les
autres banques du secteur et l'état des concours enregistrés
à la centrale des risques.
d) La situation financière
C'est cet élément qui compte le plus dans le
rating final du client (30%). On y reprend le score obtenu lors du rating
financier de l'entreprise. En rappel, ce score était fonction du chiffre
d'affaires de l'emprunteur, de la part du résultat d'exploitation dans
ce chiffre d'affaires, du niveau des fonds propres nets, du niveau
d'endettement, de la liquidité générale et du niveau de
couverture des intérêts par le cash flow.
A ce niveau, il est également fait état de la
situation de fortune du promoteur. Les garanties étant un moyen de
réduire le risque couru par le banquier, l'importance de la fortune du
promoteur est une assurance pour la banque quant au sort éventuel du
crédit.
e) Évolution de l'entreprise
Dans ce point, l'analyste apprécie l'évolution
de l'entreprise depuis le dernier exercice et émet un jugement sur ses
perspectives d'activité. La lecture des états financiers de
l'entreprise donne une idée de sa capacité à faire face
à ses engagements, qu'il s'agisse d'engagements existants ou
d'engagements prévisionnels. Elle représente un pourcentage de
25% dans la note finale.
L'étude de cette partie s'achève par le jugement
fait par l'analyste sur les risques présentés par l'entreprise et
leur niveau de couverture.
L'analyse des facteurs qualitatifs et quantitatifs conduit
à un rating du client en fonction des notes qui lui ont
été attribuées.
B. Le rating et la
détermination de la probabilité de défaut du
client
1. Le rating final du client
La note finale obtenue par le client correspond au niveau de
risque qu'il fait courir à la banque. Ces risques, notés de 1
à 9 ont été regroupés en six catégories.
· La classe « risque
excellent » : elle concerne les entreprises
notées 1 ou 2. Ces notes, 1 correspondant à un niveau de risque
jugé « extrêmement solide »
par le MRC et 2 à un niveau de risque jugé
« très solide », correspondent aux
risques les plus faibles, qui procurent une sécurité maximale
à la banque.
· La classe « risque
bon » : elle concerne les entreprises notées 3
par le MRC, correspondant à un niveau de risque jugé
« solide ».
Les clients notés 1,2 ou 3 sont donc à
conquérir et/ou à garder absolument en portefeuille.
· La classe « risque
modéré » : elle est relative aux clients
notés 4 « risque
adéquat » ou 5 « risque
moyen » par le MRC. Elle correspond au niveau de risque
acceptable par la banque. Cependant, dans ces cas de figure, il convient de
prévoir des garanties pour couvrir le risque résiduel de la
banque en cas d'accident de parcours.
· La classe « risque
élevé » : elle concerne les entreprises
notées 6 « fragile » par le MRC. A
ce niveau, il est recommandé de s'abstenir de tout concours
supplémentaire et le cas échéant, d'envisager un
désengagement.
· La classe « risque très
élevé » : elle fait
référence aux entreprises notées 7
« très fragile » ou 8
« extrêmement fragile » par le MRC.
En règle générale, la note 7 indique que le dossier est en
mauvaise condition, connaît des difficultés de remboursement et
que des mesures correctives doivent être prises sans tarder. Pour ces
dossiers qui méritent une attention particulière, il est
recommandé de s'abstenir de prendre des engagements pour les nouveaux
clients et de se désengager pour les anciens.
La note 8 signifie que le client est confronté à
de graves problèmes de fonctionnement et peut être en
défaut par conséquent ; ici les actifs de la banque sont
menacés. La restructuration du projet ou toute autre forme de
réorganisation est requise pratiquement avec certitude pour
préserver les intérêts de la banque. Les crédits
classés dans cette catégorie sont à surveiller de
très près.
· La classe « risque de perte
probable » : elle est relative aux entreprises
notées 9 « douteux » par le MRC. La note
9 signifie que le client est en défaut et que le transfert du dossier au
contentieux pour recouvrement forcé est la seule solution possible
à envisager.
2. La détermination de la probabilité de
défaut
A chaque classe de rating est associée une
probabilité de défaut (PD) calquée sur celle de la
Standard & Poor's, telle que reprise dans le tableau ci-dessous :
Tableau 2.
Probabilités de défaut par classes de rating
|
Créances saines
|
Crédit à surveiller
|
Créances douteuses
|
Classe de rating
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
6
|
7
|
8
|
9
|
S&P
|
AAA
|
AA
|
A
|
BBB
|
BB
|
B
|
CCC
|
CC-C
|
-
|
PD 1 an
|
0,06%
|
0,17%
|
0,40%
|
2,11%
|
7,95%
|
19,81%
|
33,02%
|
47,75%
|
-
|
PD 5 ans
|
0,38%
|
0,76%
|
1,48%
|
5,92%
|
20,59%
|
40,66%
|
48%
|
66,41%
|
-
|
Source : Manuel de
présentation MRC Commercial Bank-Cameroun
3. La détermination de la perte
probable
La deuxième dimension du système de notation
représente quant à elle une estimation du risque propre
liée à la facilité de crédit, en combinant la
probabilité de défaut de l'emprunteur aux variables d'ajustement
du crédit (encours, garanties et durées).
Les garanties sont représentées par classes de
couverture (rating de garantie), obtenue en fonction des taux de recouvrement
de la facilité de crédit en cas de défaillance du client,
comme on peut le voir dans le tableau ci-après :
Tableau 3. Tableau de
correspondance garanties-taux de couverture
Classe de couverture
|
A
|
B
|
C
|
D
|
E
|
F
|
G
|
H
|
Taux de couverture
|
>100%
|
80-100%
|
60-80%
|
40-60%
|
20-40%
|
5-20%
|
0-5%
|
Néant
|
Source : Manuel de
présentation MRC
La combinaison de ces deux dimensions permet de
déterminer la perte probable (PP) selon la formule ci-dessous :
PP=Probabilité de défaut × Encours
× (1-Taux de couverture)
Paragraphe II. Les
programmes de crédit
La Commercial Bank-Cameroun a mis sur pied des programmes de
crédit, spécialement adressés aux petites et moyennes
entreprises, dans lesquels le risque est évalué non pas au niveau
de chaque entreprise prise individuellement, mais au niveau de la nature du
crédit sur laquelle le programme est adossé. Ainsi, chaque
année, un montant approuvé par les instances
décisionnelles de la banque est dédié au financement d'un
segment de l'activité (importations, mobilisations de poste) des clients
sous forme d'un produit précis (crédit documentaire, escompte
d'effets, prêt scolaire...). L'octroi du crédit se fait sous la
condition de l'éligibilité du client au programme (portant sur
son chiffre d'affaires, et sur son résultat) et du respect des
conditions de tirage (garanties). Il s'agit d'un moyen d'octroi de
crédit simplifié très standardisé, destiné
aux clients dont le profil ne permet pas souvent l'approche classique
d'étude de crédit, soit parce que ne disposant pas d'états
financiers, soit parce que ceux-ci ne sont pas fiables, et dont le but est de
minimiser les coûts d'exploitation liés au temps de traitement
d'un dossier classique.
Compte tenu de la particularité des clients cibles, le
programme de crédit est un financement adossé au flux de
trésorerie (cash flow), et basé sur une opération bien
déterminée, et qui tient compte du cycle du fonds de
roulement.
La première étape du programme est la
détermination d'une clientèle cible ; il peut s'agir de PMEs
en amont ou en aval des activités d'une grande entreprise cliente de la
banque ou de particuliers. Ensuite, il convient d'opérer une
classification de la clientèle cible en trois ou quatre
catégories de risque (selon la qualité du risque). La
troisième étape est la détermination du produit pour
lequel le programme de crédit est mis en place. Ensuite, le montant
global du programme de crédit à faire approuver par le
comité de crédit au conseil d'administration est
déterminé. Après cette étape, il convient de fixer
le montant maximal à octroyer par client de chaque catégorie de
risque. Ensuite, il faut définir les conditions à remplir pour
l'octroi de crédit et procéder enfin à un octroi
standardisé sur la base du formulaire développé selon les
spécificités du programme du crédit.
Dans le cas des avances sur factures (mobilisation d'un
règlement futur sur la base des documents tels que la domiciliation, le
bon de commande, les bordereaux de règlement ou de livraison partielle),
les conditions d'éligibilité sont être en relation avec la
banque, avoir un agrément de son fournisseur, justifier d'une
expérience d'au moins 3 ans dans le secteur, être adjudicataire du
marché. Les conditions de tirage sont l'obligation de produire les
copies originales de la commande, les bordereaux de livraison partiels, une
attestation de virement irrévocable et un billet à ordre
équivalent au montant sollicité.
Nous avons pris l'exemple d'un formulaire de crédit
relais pour crédit documentaire. En rappel, le crédit relais est
un crédit mis en place dans l'attente d'une recette future qui permettra
son remboursement. Dans le cas d'espèce, la banque s'engage, suivant
l'ordre et pour le compte de son client importateur, à verser à
un tiers exportateur (bénéficiaire) dans un délai
déterminé via une banque intermédiaire, un montant
déterminé contre la remise de documents strictement conformes
justifiant la valeur et l'expédition des marchandises.
Dans cette méthode d'octroi de crédit, le rating
est fait non pas au niveau du client mais au niveau de chaque programme. Ainsi,
après avoir déterminé le montant des pertes
prévisionnelles pour chaque programme, une note est attribuée
à chaque programme en fonction du taux de pertes.
La correspondance est faite comme l'indique le tableau
suivant :
Tableau 4. Tableau de
correspondance rating/Taux de perte des programmes de crédit
Classe Rating
|
Taux de perte par an
|
1
|
0 à 0,06%
|
2
|
0,06% à 0,17%
|
3
|
0,17% à 0,40%
|
4
|
0,40% à 2,11%
|
5
|
2,11% à 7,95%
|
6
|
7,95% à 19,81%
|
7
|
19,81% à 33,02%
|
8
|
33,02% à 47,75%
|
Source : manuel d'utilisation du
MRC
Ne seront retenus que les programmes de crédit ayant
une note de risque inférieur à 7.
Cette méthode permet de répondre à de
nombreux problèmes suscités par l'utilisation du MRC pour les
petites entreprises. En effet, comme nous l'avons relevé, dans de
nombreux cas, les états financiers de ces entreprises ne sont pas
fiables. De plus, les coûts engendrés par l'étude de tels
dossiers sont relativement élevés, comparés au gain que
ces clients apportent à la banque.
Dans la section suivante, nous ferons l'application du
modèle MRC à un exemple, et procèderons enfin à des
critiques et suggestions du modèle.
SECTION II. Analyse critique de la politique de gestion du
risque de contrepartie à la Commercial Bank-Cameroun
Paragraphe I.
Présentation du cas
Le cas que nous allons présenter est celui d'une
société que nous dénommerons ETS MICHOU. Elle est
spécialisée dans le commerce général et a pour
activité secondaire la vente des appareils
électroménagers.
Son besoin, exprimé en millions de FCFA, est le
suivant :
· Crédit à Court Terme : XAF 40 M,
période 36 mois, taux 12% ;
· Avance sur facture : XAF 150 M, période 12
mois, taux 11,5% ;
· Caution de soumission : XAF 20 M, période
12 mois, taux 2% ;
· Caution de Bonne fin : XAF 10 M, période 12
mois, taux 2% ;
· Avance en compte : XAF 20 M, durée 12 mois,
taux 12%. Généralement employée pour les crédits
à moyen terme et les marchés, l'avance en compte est une
facilité de caisse accordée à un client pendant une
période et qui sera relayée par un crédit à
l'expiration du temps pour lequel elle a été constituée,
le plus souvent à moyen terme.
· Escompte effets : XAF 20 M, durée 12 mois,
taux 11%.
En garanties à sa demande, le client propose :
· Une caution personnelle et solidaire du gérant
de la société ;
· Trois gages d'espèces de XAF 16, 10 et 10
millions : le gage d'espèce est constitué par une provision
dans le compte du client.
Le dossier de crédit est constitué d'une demande
de financement et des états financiers audités des années
2008 à 2010.
A. La capture des
données financières de l'entreprise
Le renseignement des éléments du bilan et du
compte de résultat des trois dernières années des ETS
MICHOU dans les feuilles de calcul prévues à cet effet nous
permet d'arriver à l'état récapitulatif en Annexe 2.
Le dépouillement des déclarations statistiques
et fiscales des années 2008, 2009 et 2010 fait relever les
éléments significatifs suivants :
· Baisse du chiffre d'affaires de
12,4% compensée par la baisse du volume d'achats de 22,3%, qui
s'est avérée moins que proportionnelle, l'entreprise se
retrouvant au final avec un stock final supérieur au stock initial.
· Une augmentation des frais financiers de 562,7% qui,
combinée à la baisse du chiffre d'affaires observée, a
conduit à une baisse du résultat des activités ordinaires
de 10,1% et du résultat net de 35,1%.
· L'analyse des ratios d'activité confirme nos
analyses. Ainsi, malgré l'augmentation du ratio de marge brute
d'exploitation et du taux de marge brute d'exploitation, les
rentabilités commerciale, économique et financière de
l'entreprise baissent.
B. Le rating et la
détermination de la perte attendue du client
Ce sont les réponses aux interrogations du
questionnaire (Annexe 3) qui feront la note finale attribuée au client.
Ainsi, les réponses à chaque question sont classées par
ordre croissant de risque que le client représente pour ce point, la
synthèse étant donnée en Annexe 4.
Le rating financier est déterminé suivant la
même logique et suivant une pondération faite en fonction de la
valeur des différents ratios du client.
La note finale du client est obtenue en faisant la moyenne des
différentes notes obtenues dans chaque rubrique pondérée
par l'importance que la banque donne à chacune de ses rubriques.
Dans notre exemple, la note finale a été obtenue
en effectuant le calcul suivant :
20*0,1/5+28*0,15/8+15*0,2/4+12*0,3/2+18*0,25/4 = 4,6 arrondi
à 5.
Comme vu précédemment, cette note correspond
à un pourcentage de défaut à court terme (nous avons pris
le cas d'un crédit à court terme) de 7,95.
Le risque de crédit est obtenu en appliquant la
formule :
PP=Probabilité de défaut × Encours
× (1-Taux de couverture)
Ce procédé est utilisé pour
déterminer le risque de crédit de chaque client, et ainsi, dans
le processus de gestion du risque de crédit, les banques sont
souveraines dans la détermination du seuil d'engagement, sauf à
respecter les directives du ratio MACDONOUGH présenté plus
haut.
Paragraphe II.
Critiques et suggestions d'amélioration des outils de mesure du risque
de contrepartie utilisés à la Commercial
Bank-Cameroun
A. Limites des outils de
gestion du risque de crédit aux PME à la CBC
La première critique que nous pouvons formuler sur la
politique de gestion du risque de crédit à la Commercial
Bank-Cameroun est que les éléments desquels résulte le
rating du client sont les mêmes pour toutes les catégories de
demandeurs de crédit. Ainsi, pour le rating financier, nous avons pris
l'exemple du procédé de détermination de la note
correspondante au poste « chiffre d'affaires ».
Tableau 5. Rating par
classes de chiffres d'affaires
Chiffres d'affaires
|
26 M < CA<52 M
|
6 /7
|
53 M <CA<78 M
|
5
|
78 M <CA<130 M
|
4
|
CA > 130 M
|
3
|
Source : Manuel de
présentation MRC
Or le chiffre d'affaires n'est un élément
à prendre en compte dans la détermination du risque de
défaut du client que s'il est associé aux charges qui ont
contribué à sa réalisation.
Par ailleurs, L'analyste, lors du montage du dossier de
crédit, n'émet pas d'avis. Après lecture des
données relatives à la situation économique et
financière de l'entreprise, il se contente de relever les points forts
et faibles que le dossier présente. Le poids de cette analyse dans la
décision finale d'octroi de crédit au client n'est pas
maitrisé, bien qu'une procédure de validation du rating ait
été mise en place.
En outre, de nombreux concours accordés aux clients
font l'objet d'un renouvellement sans que ce dernier ait mis à jour ses
états financiers à la banque, l'analyste la plupart du temps se
contentant d'apprécier les mouvements des comptes du client.
Une autre critique des outils de gestion du risque concerne
les programmes de crédits vus plus haut. En rappel, il s'agit pour la
banque de déterminer le montant de la perte probable relative à
une enveloppe globale de fonds allouée à un type de crédit
précis, le crédit en lui-même étant accordé
dès que le client satisfait aux conditions d'éligibilité
au programme et de tirage. Or, comme nous l'avons montré dans ce
travail, gérer le risque de crédit consiste à prendre des
mesures visant à apprécier la probabilité de
défaillance de la contrepartie. Les garanties dans cette approche
constituent la condition déterminante, ce qui ne devrait pas être
le cas. Elles devraient juste permettre la réduction de la
probabilité de défaut, déterminée en
appréciant les éléments quantitatifs et qualitatifs sur la
situation financière du client.
De même, dans le questionnaire élaboré par
la direction des risques et soumis à l'appréciation des forces,
faiblesses, opportunités et menaces de l'entreprise par le gestionnaire,
certains points conduisent à une appréciation subjective. Il en
est ainsi de l'appréciation de la capacité de remboursement de
l'entreprise et des risques qui lui sont spécifiques.
Une autre limite est que les états financiers des
demandeurs de crédit, notamment des PME, ne sont pas toujours
disponibles et, lorsqu'ils existent, ils comportent parfois des informations
peu fiables, résultant des passations d'écritures, par souci de
réduction des charges fiscales. Une solution à ce problème
est la mise sur pied de programmes de crédit. Seulement, dans ces
programmes, le risque est déterminé pour l'enveloppe globale de
fonds consacrée à un type de crédit et pas pour chaque
client.
Enfin, le MRC ne prend pas en compte le caractère
informel des activités de la plupart des PME camerounaises. Les
informations les concernant ne sont pas toujours disponibles (études
sectorielles, études sur la conjoncture, etc). La décision de
crédit repose in fine dans la majorité des cas sur la confiance
que le banquier a dans le promoteur du projet.
B. Pistes
d'amélioration des outils de gestion du risque à la
CBC
La première proposition concerne les questions
adressées au demandeur de crédit. En effet, pour certaines
questions, nous proposons que le gestionnaire procède à une
étude plus approfondie de la situation financière du demandeur,
ce qu'il ne fait pas toujours. C'est le cas lorsqu'il est question
d'apprécier l'évolution du marché, la dépendance
vis-à-vis de la conjoncture économique ou la performance du
système de production, comparativement à celle des concurrents de
l'entreprise.
Ainsi, pour apprécier l'évolution du
marché par exemple, le gestionnaire pourrait appuyer la réponse
à la question par une courbe retraçant l'état de la
concurrence durant les trois dernières années. Il pourrait faire
une courbe calquée sur le même modèle pour connaitre le
degré de maturité du produit. Dans le même ordre
d'idées, les entreprises d'un même secteur pourraient être
confiées à un même gestionnaire. Ainsi, l'analyse
sectorielle sera plus fiable.
Dans la détermination du rating financier des clients,
nous proposons que le poste chiffre d'affaires soit éliminé.
Ainsi, les modifications suivantes pourraient être
opérées.
Éléments de rating
|
Pondération actuelle
|
Proposition
|
Chiffres d'Affaires
|
25%
|
0%
|
Résultat d'exploitation/Chiffres d'affaires
|
20%
|
27%
|
Fonds propres nets
|
20%
|
27%
|
Endettement
|
15%
|
20%
|
Liquidité générale
|
10%
|
13%
|
Couverture des intérêts par le Cash Flow
|
10%
|
13%
|
Total
|
100%
|
100%
|
Nous avons réparti les 25% du chiffre d'affaires entre
les autres postes en fonction de l'importance qu'ils avaient initialement.
Les remarques faites par les analystes doivent
également faire l'objet d'une pondération et compter comme un
élément dans la note finale donnée au client.
Pour répondre au problème de la confusion entre
la personnalité du promoteur et celle de l'entreprise dans la plupart
des petites et moyennes entreprises, nous pensons qu'il faudrait attribuer une
prime de risque à chaque promoteur de petite et moyenne entreprise.
Une solution pour améliorer l'efficacité des
programmes de crédits serait d'instaurer un processus de révision
lorsqu'ils arrivent à échéance. Ainsi, les clients
pourraient passer d'une classe de risque à une autre en lorsqu'ils
engendreraient des pertes supérieurs à la moyenne.
CONCLUSION GENERALE
Les stratégies des banques comme de toutes les
entreprises commerciales sont plus que jamais orientées vers la
satisfaction des stakeholders13(*) et la minimisation du risque qu'elles prennent, dans
le respect des standards régionaux et des conventions internationales en
vigueur.
Étant donné la concurrence accrue dans le
secteur bancaire au Cameroun, il est très difficile pour le banquier de
jouer sur les « intérêts à profit ». Il
ne lui reste plus qu'à essayer de minimiser le plus possible les
intérêts à charge et donc les pertes que les
décisions d'octroi de crédit font subir à la banque. Ceci
passe par la bonne appréciation du risque de contrepartie.
Cette appréciation est d'autant plus difficile à
opérer en ce qui concerne les petites et moyennes entreprises pour
lesquelles les états financiers sont quelquefois inexistants ou bien,
lorsqu'ils existent, comportent des informations peu fiables par souci de
minimisation des charges fiscales de l'entreprise.
Ce sont ces constats qui ont justifié le choix notre
thème : La gestion du risque de contrepartie dans la
relation des banques camerounaises avec les PME. Pour mener à
bien cette étude, nous nous sommes fixée comme objectif
d'analyser les outils utilisés par la Commercial Bank-Cameroun pour
décider de l'octroi de crédit, notamment aux petites et moyennes
entreprises, d'évaluer la pertinence du dispositif mis en place et de
proposer des pistes d'amélioration par rapport aux insuffisances
rencontrées. La problématique est axée sur la
détermination du degré de pertinence des outils de mesure du
risque existant dans cette banque en vue de l'octroi de crédit aux
Petites et Moyennes Entreprises. Nous avons adopté à cet effet
une approche qualitative basée sur une étude de cas. Elle a
consisté à faire des lectures approfondies dans le domaine de la
gestion du risque de crédit et à comparer les conclusions de nos
lectures aux informations recueillies auprès de la Commercial
Bank-Cameroun d'une part, et d'autre part, à vérifier
l'adéquation des pratiques actuelles de la Commercial Bank-Cameroun
à la réglementation régionale (COBAC) et aux standards
internationaux (Comité de Bâle).
Sur la base de l'étude de cas retenue, nous avons, pour
une meilleure appréciation de ladite étude, sollicité et
obtenu de la sous division informatique une requête dont le but
était de nous permettre d'apprécier la pertinence de ce
dispositif. Il s'est agi pour nous, de répertorier un échantillon
de crédits octroyés à des Petites et Moyennes Entreprises,
de montants inférieurs à 50 000 000 FCFA et mis en
place durant les vingt quatre derniers mois. Les différents champs
retenus dans l'élaboration de la requête ont porté sur le
numéro du crédit, les dates de mise en place, les dates de la
dernière échéance, les périodicités des
échéances, le nombre d'échéances, les montants, les
taux d'intérêt, le nombre et les cumuls d'impayés.
Parvenue au terme de cette étude, nous pouvons dire
que notre objectif a été atteint.
Dans l'exercice de ses activités, le banquier est
confronté à des risques variés et multiformes et l'un des
plus importants risques auxquels il est confronté est le risque de
crédit. Nous l'avons défini comme le risque de pertes
consécutives soit à un défaut de l'emprunteur face
à ses obligations (risque de défaut ou défault risk), soit
à la détérioration de la situation financière de
l'entreprise entraînant une détérioration de la perception
de la qualité de l'emprunteur, et une diminution de la valeur de la
créance sur l'entreprise (risque de dégradation de la
qualité du crédit).
Pour mesurer le risque de défaillance des demandeurs de
crédit, les entreprises peuvent avoir recours à des agences de
notation externes ou développer en leur sein des outils de notation
internes basés sur l'appréciation par les analystes et les autres
acteurs de la chaîne de décision (gestionnaires, directeurs) des
éléments quantitatifs et qualitatifs de la situation
financière du débiteur ou sur une méthode de score.
Les agences de notation externes ont défini chacune une
échelle de notation des entreprises allant de AAA (triple A) à
CCC (triple C) pour la plupart. Cependant, le coût élevé de
ces notations pour les entreprises et les conflits d'intérêt
pouvant survenir emmènent les banques à développer en leur
sein des outils de mesure du risque de contrepartie que les entreprises
présentent. Ces méthodes développées en interne
reposent sur l'appréciation des éléments quantitatifs et
qualitatifs de la situation financière du demandeur du crédit. Il
s'agira, pour chaque demande de crédit, d'attribuer une note à
chaque emprunteur en fonction de sa probabilité espérée de
faire défaut. La décision d'octroi ou non de crédit se
fera au regard des seuils de décisions déterminés en
interne, dans le respect de la réglementation.
A cet effet, la Commercial Bank-Cameroun a
développé un modèle de rating des entreprises en son sein
dénommé MRC (Modèle de Rating du Crédit). C'est un
outil qui permet d'attribuer une note à chaque client en fonction de la
qualité de gestion en son sein, du marché, des relations
bancaires, des perspectives d'évolution de l'entreprise, etc. La
méthode repose sur l'attribution d'une note (rating) à chaque
client, déterminée sur la base d'un questionnaire et sur la
synthèse des états financiers (bilans et comptes de
résultats des trois derniers exercices) et qui permet au gestionnaire et
aux autres acteurs du circuit décisionnel (directeur de l'exploitation,
directeur du département juridique et de conformité, directeur
des risques et engagements, Administrateur Provisoire) de se faire une
idée sur les indicateurs qualitatifs (forces faiblesses
opportunités et menaces) du client, et quantitatifs
(dépouillement de ses états financiers). Chaque note correspond
à un niveau de risque, les dossiers présentant le risque 7 ou
plus étant pour la plupart rejetés, la décision finale
revenant à la Commercial Bank-Cameroun à l'Administrateur
Provisoire. A chaque note est affectée une probabilité de
défaut, calquée sur le modèle Standard & Poor `s
qui permet de calculer la perte attendue sur chaque dossier en faisant le
produit «Probabilité de Défaut par l'encours et le taux
de non couverture de la garantie«.
La Commercial Bank-Cameroun a aussi développé
des programmes de crédit spécialement adaptés aux
particularités des petites et moyennes entreprises. En effet, ne
présentant pas toujours des états financiers fiables, la banque a
décidé d'allouer des fonds au financement de projets
précis, et de déterminer la perte attendue pour chacun d'eux.
Pour bénéficier de ces programmes, les clients devront satisfaire
à deux conditions : leur éligibilité à ces
programmes et les conditions de tirage (garanties à produire).
Le cas qui nous a servi d'exemple nous a permis de relever les
insuffisances de ce modèle. Ainsi, nous nous sommes rendu compte que le
MRC attribuait des notes en fonction d'éléments d'états
financiers pris isolément comme le chiffre d'affaires. Par ailleurs,
bien que saisi des dossiers de crédit, l'analyste n'émet pas
d'avis sur ceux-ci. Son rôle dans la procédure reste à
déterminer, bien qu'il existe une procédure de validation du
rating. In fine, la décision d'octroi de crédit repose sur la
subjectivité du décideur.
Nous avons complété notre recherche par une
étude des pertes enregistrées sur des crédits
accordés à des PME et mis en place sur une période de deux
ans, pour des concours inférieurs à 50 000 000 F.CFA.
Sur 22 entreprises recensées, 4 d'entre elles ont fait défaut,
soit un pourcentage d'environ 18%. Parmi les ces 4 entreprises, 2 seulement ont
des concours arrivant à échéance ce qui ramène le
taux d'impayés, qui sont au contentieux et pour lesquels il existe de
grandes chances de recouvrement, à 9%, ce qui est relativement
faible.
Vu le faible taux d'impayés obtenu sur les
crédits aux PME, nous pouvons dire que le procédé de
gestion du risque conduit à une prise de décision pertinente de
la part des dirigeants. Cependant, dans la majorité des cas, la
décision est fondée sur la nature et l'importance des garanties
proposées par le client. Ainsi, la demande d'un client présentant
de bonnes garanties sera préférée à celle d'un
autre ayant de bonnes perspectives de rentabilité mais des garanties
moins importantes.
Bien que le MRC se soit avéré être un
outil pertinent de gestion du risque de contrepartie des entreprises, il se
pose le problème de son adaptation aux Petites et Moyennes Entreprises.
En effet, le caractère informel de leurs activités a pour
conséquence la rareté et quelques fois le manque de
fiabilité des états financiers disponibles et donc la difficile
application du modèle. Il s'en suit que beaucoup d'entrepreneurs voient
leurs dossiers rejetés. Quant à ceux qui retiennent l'attention,
les critères de décision relèvent le plus souvent de
l'appréciation faite par l'analyste.
S'agissant des programmes de crédit qui, rappelons le,
permettent de déterminer la perte espérée pour des
enveloppes de fonds affectés à des projets précis, leur
pertinence reste à démontrer. Reposant en effet sur le principe
qu'à chaque client d'une même catégorie de risque est
affecté la même probabilité de faire défaut, des
effets de compensation peuvent survenir entre ces clients présentant les
mêmes caractéristiques. De plus, ce n'est pas un outil de mesure
du risque en ce sens qu'il ne repose pas sur la détermination de la
perte probable attendue de chaque client, mais plutôt sur son
éligibilité au programme en question et les garanties qu'il est
prêt à apporter.
Comme suggestions d'amélioration aux outils de gestion
du risque de contrepartie à la Commercial Bank-Cameroun, nous proposons
que lors de l'analyse quantitative, les notes soient attribuées non pas
en fonction d'éléments d'états financiers qui n'ont aucun
poids pris isolément comme le chiffres d'affaires, mais en fonction de
ratios tels le résultat/chiffres d'affaires.
Sachant qu'en règle générale dans nos
pays que la PME se confond avec le promoteur, il faut reconsidérer le
MRC de manière à prendre en compte cette ambigüité,
et donc mettre l'accent sur la capacité de remboursement de ce
dernier.
La réduction du risque de contrepartie passe donc par
la prise de conscience de ce caractère informel, et par
l'intégration des facteurs de risque inhérents aux promoteurs.
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages
· CHRISSOS, GILLET R. (2004) :
Décision d'investissement, Economica, Paris ;
· CROUHY M (2000) : La gestion du risque de
crédit et la stabilité du système bancaire
international, série HEC ;
· DIETSCH M, PETEY J (2003): Mesure et gestion du
risque de crédit dans les institutions financières,
Revue banque édition ;
· HAMISULTANE H (2008), Modèles de gestion du
risque de crédit, p.4
· LAVAUD R, ACBAUT J (1982) : Ratios et
gestion de l'entreprise, DUNOD 1982.
· MASSE P (1968) : Le choix des
investissements, critères et méthodes, Dunod, Paris;
· MASSON J (1984) : Les crédits
bancaires aux entreprises, Clet, Paris;
· MAUGE (1983) : Le risque bancaire dans la
distribution de crédit aux PME, Clet, Paris;
· MOURGES N (1995) :
L'évaluation des investissements, Economica, Paris ;
· MOURGUES N (1993) : Financement et cout du
capital de l'entreprise, Economica, Paris ;
· PORTRAIT R., NOUBEL P (1996) : Les
décisions financières dans l'entreprise, méthodes et
applications, Presses Universitaires de France ;
· VERNIMMEN P (1997) : Finance
d'entreprise, analyse et gestion, Dalloz ;
Articles et revues
· NEMBOT NDEFFO L, NINGAYE P (Novembre
2007) : réformes financières et
rentabilité du système bancaire dans les États de la
CEMAC, UN Conference Center, Opportunities and
Challenges of Development for Africa in the Global area ;
· TCHAKOUNTE NJODA Mathurin, BITA Charles Alain (Octobre
2009) : La réforme du secteur bancaire
camerounais, Revue africaine de l'intégration
Règlements
· Règlement COBAC R-2001/07 relatif au contrôle
interne dans les établissements de crédit ;
· Règlement COBAC R-2010/01 relatif à la
couverture des risques des établissements de crédit ;
Mémoires
· AMOUGA C (2007) : La procédure de
financement des entreprises par les banques commerciales, cas de la SCB
Cameroun, UCAC ;
· NOUNDJA Rodrigue (2010) : La gestion du
risque de crédit client dans une relation de banque-entreprise :
Cas ECOBANK Cameroun S.A, UCAC ;
Webographie :
·
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/07/07/04016-20110707ARTFIG00542-les-agences-de-notation-decryptees.php,
01er Août 2011;
·
www.vernimmen.net/html/glossaire/definition_risque.html, 10 Août
2011
· www.beac.int, 14 Aout 2011 ;
· www.memoireonline.com, 20
Août 2011
ANNEXES
LISTE DES ANNEXES
Annexe 1. Organigramme CBC
Annexe 2. Formulaire d'approbation programme de crédit
pour crédit documentaire
Annexe 3. États de dépouillement des
états financiers des ETS MICHOU
Annexe 4. Questionnaire ETS MICHOU
Annexe 5. Résumé financier ETS MICHOU
Annexe 6. Synthèse de notation ETS MICHOU
Annexe 7. Détermination du risque de contrepartie ETS
MICHOU
Annexe 8. Tableau de détermination des pertes probables
pour un programme de crédit
Annexe 9. État statistique des impayés de PME
TABLE DES MATIERES
DEDICACE
iii
REMERCIEMENTS
iv
SIGLES ET ABBREVIATIONS
v
LISTE DES SCHEMAS ET TABLEAUX
vi
INTRODUCTION GENERALE
1
PARTIE I. CADRE CONCEPTUEL
7
CHAPITRE I. LA NOTION DE CREDIT ET LES
RISQUES Y RELATIFS
8
SECTION I. La notion de crédit
8
Paragraphe I. Les crédits de
trésorerie
9
A. La classification selon la durée
et l'objet du financement
9
B. La classification selon la nature du
crédit
10
C. La classification selon le cycle
d'activité
13
Paragraphe II. Les engagements par
signature
13
SECTION II. Les risques liés à
l'activité bancaire
17
Paragraphe I. Typologie des risques
18
A. Le risque de marché
18
B. Le risque de liquidité
18
C. Le risque de solvabilité
18
D. Le risque de taux
d'intérêt
19
E. Le risque de taux de change
19
F. Le risque opérationnel
19
G. Les autres risques
19
Paragraphe II. Le risque de
crédit
21
A. Historique et typologie
21
B. Les approches de mesure du risque de
crédit
25
CHAPITRE II. LES TECHNIQUES D'EVALUATION ET
DE GESTION DU RISQUE DE CREDIT PAR LES BANQUES
29
SECTION I. Le cadre réglementaire
30
Paragraphe I. Les accords
internationaux : Les accords de Bâle
30
A. L'accord de Bâle I
30
B. L'accord de Bâle II
31
Paragraphe II. Les mesures prévues
par les règlements COBAC
34
SECTION II. Les modèles de gestion du
risque de crédit par les banques
36
Paragraphe I. Présentation des
modèles classiques de gestion du risque de
crédit....................
36
A. Les modèles structurels
37
B. Les modèles
d'intensité : cas du CreditRisk+
39
C. Les modèles
économétriques : exemple du CreditPortfolioView
41
Paragraphe II. Les procédés
utilisés par les banques
41
A. Le rating externe
42
B. Le rating interne
43
PARTIE II. CAS PRATIQUE : LA GESTION DU
RISQUE DE CONTREPARTIE DES PME A LA COMMERCIAL BANK-CAMEROUN
51
CHAPITRE I. ANALYSE PRATIQUE DE LA POLITIQUE
D'OCTROI DE CREDIT A LA COMMERCIAL BANK-CAMEROUN
52
SECTION I. Présentation du cadre de
l'étude
52
Paragraphe I. Historique et activités
de la Commercial Bank-Cameroun
52
Paragraphe II. Organisation interne
53
SECTION II. La procédure d'octroi des
crédits et de gestion du risque à la CBC
57
Paragraphe I. La procédure d'octroi
de crédit à la CBC
57
A. L'entretien avec le client
58
B. Le montage du dossier de
crédit
59
Paragraphe II. Outils d'appréciation
du risque à la CBC
62
A. La cartographie des risques à la
CBC
62
B. La gestion proprement dite du risque
64
CHAPITRE II. LES MODALITES ET LES LIMITES DE
LA GESTION DU RISQUE DE CONTREPARTIE A LA COMMERCIAL BANK-CAMEROUN
68
SECTION I. Les outils de gestion du risque
de contrepartie à la CBC
68
Paragraphe I. Le MRC (Module de Rating du
Crédit)
68
A. Estimation du risque de défaut de
l'emprunteur
70
B. Le rating et la détermination de
la probabilité de défaut du client
73
Paragraphe II. Les programmes de
crédit
76
SECTION II. Analyse critique de la politique
de gestion du risque de contrepartie à la Commercial Bank-Cameroun
79
Paragraphe I. Présentation du cas
79
A. La capture des données
financières de l'entreprise
80
B. Le rating et la détermination de
la perte attendue du client
80
Paragraphe II. Critiques et suggestions
d'amélioration des outils de mesure du risque de contrepartie
utilisés à la Commercial Bank-Cameroun
81
A. Limites des outils de gestion du risque
de crédit aux PME à la CBC
81
B. Pistes d'amélioration des outils
de gestion du risque à la CBC
83
CONCLUSION GENERALE
85
BIBLIOGRAPHIE
90
ANNEXES
92
LISTE DES ANNEXES
93
TABLE DES MATIERES
94
* 1 NEMBOT NDEFFO Luc,
NINGAYE Paul (2007) : réformes
financières et rentabilité du système bancaire dans les
États de la CEMAC, African Economic Conference
* 2 TCHAKOUNTE NJODA Mathurin,
BITA Charles Alain (Octobre 2009) : La réforme du secteur bancaire
camerounais, Revue africaine de l'intégration
* 3 Vernimen 2007 page 1049
* 4
www.banque-info.com/lexique-bancaire/c/credit,
10 Août 2011
* 5 CROUHY M (2000) : La
gestion du risque de crédit et la stabilité du système
bancaire international, serie HEC, p 7
* 6 CROUHY M (2000) : La
gestion du risque de crédit et la stabilité du système
bancaire international, serie HEC
* 7 HAMISULTANE H (2008),
Modèles de gestion du risque de crédit, p.3
* 8 Article 414 du
« nouvel accord de Bâle sur les fonds propres »,
avril, 2003
* 9 HAMISULTANE H (2008),
Modèles de gestion du risque de crédit, p.4
* 10
lexinter.net/JF/agences_de_notation_financiere.
* 11 John B. CAOUETTE, Edward
I. ALTMAN, Paul NARAYANAN, Robert NIMMO, Managing credit risk: The great
challenge for global financial markets, Villey Finance, May 2008, Hardcover, P
258.
* 12 Dietsch M et Petey J,
(2003), « Mesure et Gestion du risque de crédit dans les
institutions financières »
* 13 Toutes les parties
prenantes (actionnaires, clients, fournisseurs...)
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