Chapitre 4
Applications
4.1 Application à des données sur le
karité
4.1.1 Introduction
Les données utilisées pour cette application ont
été obtenues dans le cadre du projet INNOVKAR 1 dont
l'objectif principal est l'amélioration de la production du
karité (Vitellaria paradoxa) par une gestion durable et efficace des
systèmes agroforestiers. Il s'agit d'un projet INCO 2
financé par l'Union Européenne et dont la coordination est
assurée par le responsable de l'Unité de Recherche
"Diversité génétique et amélioration des
espèces forestières" du CIRAD.
Le karité est une espèce de la famille des
Sapotacea qui est très répandue dans les parcs agroforestiers en
zone sub-saharienne (Kelly, 2004). La notion de parc est
caractérisée par une présence régulière,
systématique et ordonnée d'arbres à l'intérieur des
champs et est le résultat d'un long processus d'évolution durant
lequel s'établit une association entre d'une part, les
éléments naturels c'est-à-dire les arbres et arbustes
conservés, entretenus et améliorés en raison de leur
utilité, et d'autre part, les productions végétales
annuelles à l'intérieur d'un espace régulièrement
exploité (Bagnoud et al., 1995; Sautter, 1968). Un parc comprend un
certain nombre de champs sur lesquels sont cultivées différentes
espèces (céréale, coton, sorgho, arachide) et qui sont
régulièrement laissés en jachère afin de restaurer
la fertilité des
1INNOVKAR : Innovative tools and techniques for
sustainable use of the shea tree in sudano-sahelian zone
2INCO : Specific international scientific cooperation
activities
FIG. 4.1 - Aire de répartition de l'arbre à
karité en Afrique
sols. La durée de la période de jachère
varie d'un agriculteur à l'autre et peut s'étaler sur une
période de 3 ou 4 ans à 25 ou même 30 ans (Kelly et al.,
2004b). Les parcs agroforestiers sont dominés, le plus souvent, par une
à trois espèces d'arbres comme c'est le cas pour les parcs
agroforestiers à karité au Mali (Sanou et al., 2005). Le
karité occupe, par exemple, 4, 7 millions d'hectare au Mali et ceci
s'explique par l'importance de son rôle pour la sécurité
alimentaire et la génération de revenus (Cardi et al., 2005). En
effet, dans cette zone, les producteurs conservent et maintiennent dans leurs
champs les arbres à karité surtout en raison de l'importance
économique qu'ils représentent. Le fruit du karité est
aussi bien consommé par les populations humaines que par les animaux et
le beurre extrait de son noyau est utilisé pour la consommation locale
comme huile de cuisson et pommade et consti-
tue une importante source de devises étrangères
pour certains pays comme le Mali ou le Burkina Faso (Kelly et al., 2004a). Les
produits du karité sont en plus utilisés pour la médecine
traditionnelle. L'aire de répartition géographique du
karité en Afrique s'étend de l'est du Sénégal
à la région des hauts plateaux de l'Ouganda formant ainsi une
ceinture ininterrompue d'environ 6000 km de long et 500 km de large (Figure
4.1) (Cardi et al., 2005). La densité des populations de karité
varie fortement selon le mode d'occupation des sols, les localités et
les conditions écologiques. Le karité a, le plus sou-vent, un
système de reproduction sexuée et est principalement
pollinisé par les insectes (Cardi et al., 2005). La période de
floraison et de fructification s'étend de décembre à mai
avec quelques faibles variations en fonction de la zone géographique
considérée (Sanou et al., 2005; Cardi et al., 2005; Okullo et
al., 2004).
Le site de l'étude est le village de MPeresso
situé dans la zone dite Mali Sud qui couvre toute la région de
Sikasso et une partie des régions de Koulikoro et de Ségou; le
village MPeresso (12°16'N, 5°19'W) se trouve
dans la région naturelle du plateau de Koutiala et couvre une superficie
de 117 km2 (Kelly, 2004). Le climat est de type sud-soudanien et la
pluviométrie moyenne de 1991 à 2002 était de près
de 900 mm avec un minimum de 586 mm et un maximum de 1249 mm (Bouvet et al.,
2008). Trois parcelles ont été initialement retenues sur ce site
selon les deux critères suivants : le mode d'occupation du sol (champ
cultivé, jachère et forêt naturelle) et la densité
d'arbres adultes (arbres ayant une circonférence à 1, 30 m du sol
supérieure à 20 cm) (Kelly et al., 2004a). Dans le cadre de
l'application de ce travail, nous nous sommes intéressés
uniquement aux données collectées sur la parcelle qui
était en jachère. C'est une parcelle de 2, 10 ha contenant 222
arbres à karité avec une densité de 68.1 arbres à
l'hectare (Kelly et al., 2004b).
Différentes mesures ont été
réalisées : le diamètre du tronc à 1m30,
l'information moléculaire et les coordonnées
géographiques. Malheureusement, ces informations ne sont pas disponibles
pour l'ensemble des 222 arbres présents sur le cite de MPeresso. Le
diamètre n'est disponible que pour les individus dont la hauteur est
supérieure à 1m30, cela représente 161 arbres. Le
phénotype des autres individus, les 61 juvéniles restants, est
égal à 0. L'information moléculaire, pour 12
microsatellittes, n'est disponible que pour 193 individus, les 29 restants
présentent à un ou plusieurs locus des données manquantes.
Ils ne seront donc pas utilisés pour les analyses
génétiques. Enfin, les coordonnées géographiques
sont disponibles pour 131 arbres parmi les 222. Les coordonnées
géographiques sont, pour des raisons pratiques sur le terrain,
exprimées en coordonnées azimut z (ou coordonnées
angulaires). Par la suite nous travaillerons avec les coordonnées
cartésiennes obtenues directement des
coordonnées azimut en utilisant la transformation
suivante
x1,i = x1,i_1 + di cos(zi)
x2,i = x2,i_1 + di sin(zi)
oil x1,0 = 0 et x2,0 = 0 sont les coordonnées d'un arbre
référant, x1,i, x2,i les coordonnées de l'arbre i.
Finalement, pour l'analyse génétique/spatiale
seul 58 individus sont géoréférencés et ne
présentent aucune donnée génétique manquante. Ce
dernier jeu de donnée sera utilisé pour l'application du
modèle développé dans les chapitres
précédents
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