2- Analyse qualitative du genre Ceratium :
Le dépouillement des récoltes planctoniques sous
microscope inversé nous ont permis d'identifier 36 espèces et 62
taxons infra spécifiques (variétés et formes) que nous
avons regroupés dans le tableau I en annexe.
Parmi les espèces les plus fréquentes dans nos
récoltes nous citons par ordre d'importance : Ceratium furca,
C. fusus, C.extensum, C.tripos, C.macroceros. Ce
contingent d'espèces est suivi d'un ensemble de taxons tels que :
Ceratium candelabrum, C.concilians, C.contortum, C.contrarium,
C.hexacanthum, C.karsteni, C.pentagonum. Avec quelques spécimens de
ce genre dont on n'est pas arrivé à identifier
l'espèce.
Dans les paragraphes qui suivent nous allons citer et
décrire les espèces rencontrées en se basant sur le
travail réalisé sur le genre Ceratium par Sournia (1967)
et Gomez (2003) :
Ceratium furca : (Figure 11)
· C. furca (Ehr.) Clap. & Lachm. var.
furca c'est une variété psychrophile quoique probablement
cosmopolite (Sournia 1967).
· C. furca var. eugrammum (Ehr.) Schiller. c'est
une variété thermophile (Sournia 1967).
· C. furca (Ehr.)Clap and Lachm
"furca-eugrammum" est un stade de transition entre les deux
variétés précédentes (Sournia 1967).
· C.furca Var. incisum (Karsten) Jorg. cette
espèce est un état de transition entre C. furca et C. belone.
Cleve.

Figure 11 : Différentes
variétés de Ceratium furca: (a)
Ceratium furca var. eugrammum; (b) C. furca. var.
furca; (c) C. furca "furca-eugrammum; (d) C.furca Var.
incisum; (e) C. belone
Ceratium fusus Ehrenberg : (Figure
12)
C.fusus présente 11 % de l'ensemble de
l'échantillon. Nous avons trouvé 2 variétés:
· Fusus (Ehr.) Duj. var. fusus
(Microphotographie a) est une variété quasi cosmopolite (Sournia
1967).
· fusus var.seta (Ehr.) Sournia (Microphotographie
b) cette variété est nettement thermophile, probablement
euphotique (Sournia 1967).
Ceratium extensum : (Figure 12
Microphotographie c)
· C. extensum (Gourret) Cleve présente
un pourcentage de 11% dans l'ensemble de nos récoltes. C'est une
espèce très abondante commune en Méditerranée et
elle est euphotique (Sournia 1967).
Ceratium inflatum (Kofoid)

Figure 12 : Différentes
variétés de Ceratium fusus, Ceratium extensum et
Ceratium inflatum: (a ) Ceratium fusus var fusus. ;
(b) Ceratium fusus var.seta ; (c): Ceratium extensum
; (d) Ceratium inflatum
Ceratium pentagonum Gourret : (Figure 13)
Se distingue des autres espèces du genre
Ceratium par la forme pentagonale de leur corps central; cette
espèce a une large distribution, de l'eurythermie, entre les zones
chaudes tempérées et tropicales, et les zones euryhalines entre
les eaux océaniques et néritiques (Halim, 1967).
Nous avons reconnu deux variétés avec une
fréquence de 5% du total de l'échantillon examiné, Nous
citons :
· C.pentagonum var.grande.
· C.pentagonum var. tenerum (Jõrg)
(Microphotographie a) est une variététhermophile,
tropicale et subtropicale (Méditerranée incluse).
Sa répartition verticale est incertaine, peut être euphotique
(Sournia, 1967).

Figure 13: Ceratium pentagonum
Ceratium tripos (Müller) Schiller :
(Figure 14)
C.tripos est l'une des espèces les plus
courantes du genre Ceratium avec un pourcentage de 7%. Dans les cuves
examinées elle se trouve sous trois variétés
morphologiques :
· C.tripos var. tripos. (Microphotographie a)
· C.tripos var. tripodioides est une espèce
néritique rencontrée dans les eaux tempérées
à tropicales (Halim, 1967). (Microphotographie b )
· C.tripos var.atlanticum (Ostf) Paulsen.

Figure 14 : Différentes
variétés de Ceratium tripos: (a)
Ceratium tripos var. tripos. (b) Ceratium tripos var.
tripodioides
Ceratium macroceros (Ehrenberg) Cleve: (Figure 15)
C.macroceros définie par Sournia (1967) comme
une espèce psychrophile
Dans notre échantillon cette espèce
présente une proportion de 7% ; 3 variétés ont
été identifiées qui ont à peu prés la
même abondance dans toutes les stations examinées :
· C.macroceros (Ehr.) Vanh. var.
macroceros (Microphotographie a) signalée 4 fois dans notre
échantillon ; elle est nettement tempérée et
sub.borèale (très rare en Méditerranée) (Sournia
1967).
· C.macroceros var. gallicum (Kofoid)
Sournia est une espèce tropicale et subtropicale
(Méditerrénée incluse) (Sournia 1967), le cingulum est peu
apparent ou imparfaitement développé (Sournia 1967).
· C.macroceros (Ehr.)Vanh "gallicum >
macroceros" est une transition entre les deux variétés
précédentes.

Figure 15: Ceratium macroceros var.
macroceros
Ceratium candelabrum: (Figure 16)
Pour l'ensemble des échantillons analysés
l'espèce C.candelabrum est très
fréquente soit 7 % du total du l'échantillon et
présente plusieurs variétés ; Nous l'avons
rencontrée sous forme de cellule isolée (Microphotographie a) et
très souvent coloniale (Microphotographie b-c).
En effet, cette variabilité est liée au facteur
écologique mais se manifeste plus nettement dans le temps que dans
l'espace (Sournia, 1967).
Parmi les variations on a récence 04
variétés :
· C.candelabrum (Ehr.)Stein var
candelabrum
· C.candelabrum var.depressum (Pouchet Jorg)
est une variété thermophile. Rencontrée qu'une seule fois
dans l'ensemble de nos échantillons.
· C.candelabrum (Ehr.)Stein"candelabrum-
depressum» est un état de transition entre les
variétés candelabrum et depressum.
· C.candelabrum (Ehr.)Stein "candelabrum >
depressum".

b'
Figure 16: Différentes
variétés de Ceratium candelabrum: (a)
Ceratium candelabrum. var. candelabrum ;(b,b'c ) colonies de
ceratium candelabrum; (d) C.candelabrum
"candelabrum-depressum ; (e) C.candelabrum var.
depressum; (f) C.candelabrum "candelabrum >
depressum".
Ceratium contortum Gourret Cleve :
C.contortum présente 5 % avec deux
variétés. C'est une espèce tropicale, assez rare en
Méditerranée. Elle est préférentiellement
océanique et euphotique (Sournia, 1967).
· C.contortum var. karstenii (Pav) Sournia
prédomine en Méditerranée (Sournia, 1967). (Figure 17)
· C.contortum var. longinum (karsten) Sournia
rencontrée une seule fois dans notre échantillon.

Figure 17: Ceratium contortum var.
karstenii
Ceratium massiliense (Gourret) Jörgensen :
(figure 18)
Dans nos récoltes l'espèce se présente
sous forme d'individu isolé(Microphotographie a, b) ou bien
formant une colonie (Microphotographie c). Nous
avons recensé 02 variétés:
· C.massiliense var massiliense (Microphotographie
b)
· C.massilieuse forme armatum (Karsten)
Jörg.
Ceratium karsteni (Schroder) Kofoid (Microphotographie
d) présente 6% dans l'ensemble de nos récoltes.
Ceratium contrarium (Gourret) Pav. (Microphotographie
e)
Présente un pourcentage de 4 %. C'est une espèce
tropicale ou sub-tropicale commune dans les trois océans et en
Méditerranée (Sournia, 1967).

Figure 18 : Microphotographies de Ceratium
massiliense, Ceratium karsteni et de Ceratium
contrarium: (4) Ceratium massiliense; (5) Ceratium
massiliense var massiliense; (6) une colonie de Ceratium
massiliensse; (7) Ceratium karsteni ; (8) Ceratium
contrarium.
D'autres espèces identifiées et
photographiées (figure 16) sont rares dans nos
récoltes planctoniques ; parmi elles nous citons :
Ceratium euarcuatum (Microphotographie 9).
Ceratium concilians Jörgensen (Microphotographie
10) Présente 2 % du total de l'échantillon.
Ceratium dens : (Microphotographie 11).
C'est une espèce typiquement tropicale et
néritique. Elle demeure inconnue en Méditerranée (Sournia,
1967).
Ceratium hexacanthum Gourret (Microphotographie 12)
présente 3% du total de l'échantillon.
Ceratium trichoceros (Ehrengerg) kofoid
(Microphotographie 13).

Figure 19: Espèces de
Ceratium rares dans notre récolte planctonique: (9) Ceratium
euarcuatum ; (10) Ceratium concilians ; (11) Ceratium dens ; (12) Ceratium
hexacanthum ; (13) Ceratium carriense
Dans nos récoltes nous avons relevé quelques
exemplaires très rares (figure 17) il s'agit de :
C . carriense (Microphotographie 14)
Espèce tropicale sténotherme, commune dans les
trois océans. Ce Ceratium est indifféremment
océanique et néritique; sa distribution verticale est
controversée (Sournia, 1967).
C. vultur Cleve (Microphotographie 15)
C. gravidum Gourret (Microphotographie 16)
C. limulus (Pouchet) Gourret (Microphotographie 17)
C. pavillardi Jörgensen

14 15
16
17
Figure 20 : Espèces de
Ceratium très rares dans notre récolte
planctonique (14) Ceratium carriense ;
(15) C. vultur ;
(16) C gravidum ; (17) C.
limulus
Enfin, quelques espèces représentées dans la
figure 18 n'ont pas pu être identifiées.

Discussion :
Dans les eaux marines algériennes les travaux sur le
phytoplancton sont rares et très éparses dans le temps et
l'espace. En effet, nous n'avons pas une liste floristique complète des
espèces de grande taille telles que les dinoflagellés et
principalement le genre Ceratium.
L'examen qualitatif du genre Ceratium sous microscope
inversé au large de la baie d'Alger nous a permis d'avoir une liste
floristique sur la composition spécifique de ce genre durant un mois
représentant une période chaude. En effet, nous avons obtenu une
richesse spécifique plus élevée (36 espèces et 62
taxons infra spécifiques inventoriés) que celle signalée
par la littérature. Effectivement, dans la baie d'Alger Pinecmin (1966)
a établi une liste des dinoflagellés et signalé 16
exemplaires du genre Ceratium. Plus tard, Gomes (2003) en effectuant
une étude biogéographique des dinoflagellés de toute la
Méditerranée, et ceci en se basant sur la littérature,
rapporte 30 espèces du genre Ceratium fréquentant les
eaux du bassin algérien. Par exemple, C.bigelowi Kof.,
C.carnegiei Graham & Bron, C.dens ; C.longipes
(Bailey) Gran et C.vultur (Cleve) ne figurent pas sur la liste
établie par Gomez (2003).
La qualité des exemplaires de Ceratium que
nous avons inventoriés sont pour la plupart caractéristiques des
eaux tropicales et subtropicales (Sournia, 1967 et Tunin et al, 2007).
Plusieurs auteurs ont attribué la variabilité morphologique de ce
genre aux conditions biotiques et abiotiques du milieu (Sournia, 1967 ; Dodge
et Marshall, 1994 in Tunin et al., 2007). Par exemple, on pourrait
indiquer que les variétés thermophiles ont des morphologies
adaptées à l'eau chaude (c.-à-d., un environnement moins
visqueux que l'eau froide, induisant une sédimentation plus rapide).
Pour réduire la vitesse de sédimentation, les cellules du
phytoplancton avec un plus grand rapport de surface-àvolume,
résistent à la sédimentation vers les eaux profondes. En
effet, nous avons noté cette adaptation, d'un point de vue
morphologique, pour l'espèce Ceratium Candelabrum montrant des
cornes très longues caractéristiques des eaux chaudes (Tunin et
al, 2007). A Ville Franche, Gomez et Gorsky ( 2003) ont
étudié le cycle annuel des dinoflagellés dans un point
d'échantillonnage fixe, leurs travaux aboutissent aux conclusions
suivantes : le cycle annuel du genre Ceratium a été
caractérisé par une tendance saisonnière avec un contraste
marqué entre la période hivernale (pauvreté
spécifique) et une période printanière où la
richesse spécifique est très élevée.
Une autre alternative possible au contrôle de
température est le mode de nutrition. Ce facteur est
particulièrement intéressant pour des espèces de
Ceratium car leur rôle trophique semble tout à fait
variable. Elles peuvent être autotrophes, car elles possèdent des
chloroplastes ; hétérotrophes, au moyen de phagocytose ; et
mixotrophes (Sournia 1986, Smalley et manteaux 2002).
En conclusion, il est admis aujourd'hui que le genre
Ceratium regroupe des espèces clés dans
l'écosystème pélagique sont clairement liés
à la température de l'eau et sont considérés comme
de bons indicateurs biologiques du suivi des masses d'eau dans l'Océan
Pacifique (Sanchez et autres. 2000 in Tunin et al., 2007). De plus, le travail
de Alina et al., (2009) montre que le genre Ceratium est un bon
modèle dans l'étude de l'impact du changement climatique sur
l'écosystème aquatique.

effectif
25
20
15
10
5
0
station au large 20p.m
station au large 55p.m
Amirauté 20 p.m
Amirauté 55p.m
2.1- Comparaison entre deux stations
Pour illustrer les résultats de notre inventaire
concernant le genre Ceratium nous allons analyser la qualité
spécifique obtenue dans deux stations : l'une située à la
sortie du port d'Alger dont le fond ne dépasse pas les 5m et l'autre
localisée au large de la baie
Le tableau II regroupe l'ensemble des
espèces et leur fréquence d'occurrence dans les 2 stations
précitées.
L'analyse sommaire de la Fig.19 montre que
pour le même point de prélèvement le nombre
d'espèces récoltées est plus élevé dans la
maille 20 um (station Amirauté : 15 espèces ; station du large :
23 espèces) que celle de 55 de vide de maille (station Amirauté :
10 espèces; station du large : 19 espèces) ; remarquant aussi que
le nombre des spécimens répertoriés au niveau de la
station située au large est plus élevée que celui de la
station Amirauté. Pour les deux mailles 20 um (on a recensé 23
espèces pour la station au large et 16 espèces pour celle de
l'Amirauté) et 55 um (19 taxons pour la station au large et 10 pour
Amirauté).
Tableau II : liste des espèces
identifiées avec leurs fréquences d'occurrence dans une station
du large et celles de la station Amirauté
|
station au large 20um
|
Amirauté 20 um
|
station au large 55um
|
Amirauté 55um
|
Espèces
|
effectif
|
Présence / absence
|
effectif
|
Présence / absence
|
effectif
|
Présence/ absence
|
effectif
|
Présence / absence
|
C.arietinum
|
6
|
1
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
C.belone
|
1
|
1
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
C.candelabrum
|
1
|
1
|
3
|
1
|
3
|
1
|
15
|
1
|
C.cariense
|
1
|
1
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
C.carnegiei
|
|
0
|
|
0
|
1
|
1
|
|
0
|
C.concilians
|
5
|
1
|
|
0
|
1
|
1
|
|
0
|
C.contortum
|
7
|
1
|
|
0
|
4
|
1
|
|
0
|
C.contrarium
|
2
|
1
|
|
0
|
4
|
1
|
|
0
|
C.deflexum
|
|
0
|
1
|
1
|
|
0
|
|
0
|
C.dens
|
3
|
1
|
|
0
|
1
|
1
|
|
0
|
C.euarcuatum
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
1
|
1
|
C.extensum
|
7
|
1
|
5
|
1
|
9
|
1
|
4
|
1
|
C.furca
|
3
|
1
|
2
|
1
|
4
|
1
|
9
|
1
|
C.fusus
|
3
|
1
|
2
|
1
|
9
|
1
|
5
|
1
|
C.hexacanthum
|
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
C.horridum
|
2
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
|
0
|
C.karsteni
|
2
|
1
|
|
0
|
7
|
1
|
|
0
|
C.longipes
|
|
0
|
|
0
|
1
|
1
|
|
0
|
C.longissimum
|
1
|
1
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
C.lunula.
|
1
|
1
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
C.macroceros
|
1
|
1
|
2
|
1
|
8
|
1
|
|
0
|
C.massiliense
|
|
0
|
|
0
|
1
|
1
|
4
|
1
|
C.pentagonum
|
3
|
1
|
|
0
|
1
|
1
|
|
0
|
C.pulchellum
|
1
|
1
|
|
0
|
3
|
1
|
|
0
|
C.setaceum
|
1
|
1
|
|
0
|
1
|
1
|
|
0
|
C.spp
|
4
|
1
|
3
|
1
|
|
0
|
3
|
1
|
C.tenue buceros
|
1
|
1
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
C.tripos
|
4
|
1
|
1
|
1
|
4
|
1
|
4
|
1
|
C.vultur
|
3
|
1
|
|
0
|
|
0
|
4
|
1
|

% crecpeces
45
40
50
35
30
25
20
15
10
0
5
Amirauté 55um
Amirauté 20 um
station au large 55um
station au large 20um
Importance de chaque espèce :
Le tableau II indique 09 espèces du genre
Ceratium prédominent avec des effectifs supérieurs
à 10 citant : C. arientinum ; C.cotortum ; C.extensum ; C
.furca C.fusus ; C. karsteni ; C.macroceros
L'examen de la Fig.20 montre une
prédominance des espèces C.arientinum C.contortum et C.
karsteni dans la station située au large que celle de
l'Amirauté.
Par contre au niveau de la station Amirauté nous avons
noté la prédominance des C.candelabrum et
C.furca.
D'autres espèces présentes dans les 2 stations :
il s'agit de : C.exetnsum C. fusus, C.macroceros (par exemple: pour
les 02 stations : Amirauté et celle du large, l'espèce
C.extensum représente respectivement des proportions 24 % et 25
% de l'ensemble de l'échantillon examiné).
|