Les forces armées camerounaises face aux enjeux militaires dans le golfe de Guinée: le cas du conflit de Bakassi( Télécharger le fichier original )par Ernest Claude MESSINGA Université de Yaoundé II-SOA - Master en science politique 2007 |
Source: Théodore Caplow et Pascal Vennesson, 2000, p.17. Au sein des armées de terre, de l'air et de la marine, on compte 11 grades d'officiers, 5 grades de sous-officiers et 3 grades de militaires de rang. Les grades sont regroupés comme suit: officiers généraux, officiers supérieurs, officiers subalternes, sous-officiers et militaires de rang. Les rangs de la marine ont un nom différent, mais sont équivalents à ceux des autres armées. Derrière ces grades se trouvent des professionnels hommes et femmes, quiexercent leur métier dans ces différents corps. Ils sont répartis en 4 catégories dont le recrutement, la formation professionnelle, le déroulement des carrières avec des responsabilités différenciées. On distingue :
II.1.2- Les attributions de la force armée
Comme droit, le militaire bénéficie d'une solde qui n'est pas la rémunération d'un travail ou d'un service, mais une allocation lui permettant de vivre décemment avec sa famille et une pension de retraite qui lui sont attribuées par la nation sur le budget de l'Etat. Les forces armées sont au service de la défense comme volonté d'un Etat d'assurer par la voie des armes, la sauvegarde de l'intégrité de son territoire, de sa souveraineté nationale, sa culture ainsi que d'autres valeurs jugées essentielles ou vitales pour son existence. Ses actions restent définies par la politique de défense (offensive ou défensive) élaborée par le politique. Pour mettre en exécution cette politique de défense, le politique met à la disposition des forces armées de l'armement et de la technologie (Hervouët et Bournois 1999 :160-162). II.1.3- Les mécanismes de la force arméeLa technologie joue un rôle dans l'art de la guerre, particulièrement depuis la révolution industrielle au début du XIXe siècle. Les pays qui exploitent efficacement les avancées technologiques peuvent obtenir des avantages significatifs sur le champ de bataille, tandis que ceux qui restent à la traîne risquent la défaite (Caplow et Vennesson 2000 : 62). C'est ainsi que l'histoire des relations internationales et des guerres est marquée par de profonds écarts dans le développement technologique en mettant aux commandes celui qui dispose des technologies militaires les plus sophistiquées. Pour Caplow et Vennesson (2000), si de telles confrontations peuvent donner à la technologie un rôle éminent, voire décisif, elles ne résument pas les relations riches qui se nouent entre l'art de la guerre, les déterminations politiques et les technologies militaires. Ceci, parce que les technologies sont en constante interaction avec une organisation militaire à qui elles fournissent des armes, des véhicules, l'équipement et les méthodes de construction. Mais des facteurs sociaux et politiques structurent l'ordre de bataille, le réseau de commandement et de contrôle, la capacité de manoeuvre, la motivation des troupes et la cohésion des unités (Caplow et Vennesson 2000 : 62). La supériorité technologique à elle seule n'est pas une garantie de succès à la guerre, car une direction politique déficiente, un commandement hésitant, une mauvaise planification peuvent aisément réduire à néant le bénéfice issu de la possession de certaines armes (Caplow et Vennesson 2000 : 63). En 1870 par exemple, les troupes françaises étaient équipées d'un meilleur fusil que les Allemands, mais les insuffisances de commandement étaient telles que l'avantage technologique est resté sans effet sur l'issue des combats. Quel que soit l'efficacité réelle des armements, il demeure difficile d'évaluer à l'avance leur conséquence générale sur l'art de la guerre (Caplow et Vennesson 2000 : 63). Quelle que soit les logiques de l'armement choisies par le politique (offensive ou défensive), on ne peut pas prédire le dénouement de la guerre. Car, l'alternance de l'avantage entre l'attaque et la défense est l'une des caractéristiques les plus marquantes de l'histoire militaire (Caplow et Vennesson 2000 : 64). Si certaines armes favorisent la défensive, le dilemme de la sécurité est moins influent. A l'inverse, lorsque les armements offensifs dominent, la guerre sera plus probable (Caplow et Vennesson 2000 : 65). Mais, une critique commune remet en cause la distinction entre capacité militaire offensive et défensive du fait que tous les systèmes d'armes peuvent servir à la fois à l'offensive et à la défensive: les chars par exemple peuvent fournir la mobilité et la puissance de feu nécessaire à une offensive, mais également donner au défenseur la mobilité nécessaire pour faire face à l'attaque sur différents points du périmètre concerné (Caplow et Venesson 2000 : 66). En fin de compte, la force armée comme outil de conquête et d'émancipation ou comme outil de protection des intérêts et de l'intégrité territoriale ne doit son efficacité ou sa place qu'au respect de sa structure, de ses attributions et de ses mécanismes. Qu'en est-il du conflit armé ? II.2- Le conflit arméEn évaluant les forces armées camerounaises impliquées dans un conflit armé les opposant à leurs voisins
nigérians, le conflit armé sera considéré
non recherche de la suprématie et moyen de contrainte politique, comme un acte d'intégration politique pour le Nigeria et comme un acte de résistance extérieure pour le Cameroun, bref comme la manifestation des contradictions de l'expansion du capitalisme. De nature frontalière, ce conflit armé n'est que le résultat de la volonté annexionniste exprimée et manifestée par le Nigeria sur les possessions camerounaises. A la découverte des ressources que regorge la presqu'île de Bakassi, le gouvernement nigérian a voulu s'en approprier par la voie des armes, à travers l'armée qui n'est rien d'autre qu'un instrument politique. La riposte camerounaise a donc été considérée comme une déclaration de guerre. En somme, le conflit armé sera retenu comme la manifestation des contradictions de l'expansion du capitalisme d'après Kounou (2001). Ce capitalisme serait toujours responsable de la diversité des conflits armés que connaît l'Afrique subsaharienne, conflits aux multiples causes, aux coûts énormes et dont la résolution serait indispensable pour le développement de l'Afrique. II.2.1- La diversité des conflits armés au sud du SaharaD'après Kounou (2001), en faisant abstraction des guerres héroïques, de résistance et de libération africaine au Cameroun, en Angola, au Mozambique, en Guinée Bissau, en Namibie et en Afrique du Sud ; on remarquera que l'Afrique a connu au moins cinq autres types principaux de conflits majeurs depuis les indépendances, à savoir: des mutineries ou des coups d'Etat ; des révoltes populaires ; des conflits frontaliers ou des guerres d'invasion ; des raids ou interventions étrangères ; des guerres civiles (Kounou 2001 : 231). + Les mutineries ou les coups d'Etat concernent le domaine de politique interne de l'Etat, en particulier les luttes de pouvoir. Ils surviennent lorsque les autorités ne répondent plus aux demandes du peuple, lorsque les gouvernés ne se sentent pas pris en compte dans le partage des fruits de la croissance. Les mutineries précèdent souvent les coups d'Etat qui peuvent être orchestrés par des organisations transnationales ou des puissances et services étrangers. Tel a été le cas au Tchad, en Centrafrique, au Gabon... + Les révoltes populaires proviennent aussi en général des luttes internes de pouvoir entre certaines couches dominantes et les groupes dominés de la société. Ici, les premières, même numériquement minoritaires, restent à priori favorisées sur les seconds par le rapport de forces en présence basé sur une appropriation monopolistique des attributs du pouvoir économique, politique et militaire ou aussi des alliances qu'elles ont noué avec le milieu international. + Les conflits frontaliers ou des invasions sont en général la conséquence des arrangements étranges de décolonisation, de la non délimitation rigide des frontières précoloniales. Ces conflits frontaliers peuvent aussi être le fait des visées expansionnistes sur les ressources stratégiques ou des espaces territoriaux. + Les raids et interventions étrangers relèvent de l'ingérence externe qui a pour but la stabilisation des pouvoirs africains ayant montré des velléités de démarcation de l'ordre néocolonial. + Les guerres civiles ont une dimension ethnique ou « tribale». Elles sont le résultat de manipulations de diverses couches par les forces politiques pour se donner une assise politique et militaire comme ce fut le cas au Rwanda (Kounou 2001 : 231-237). II.2.2- Les causes des conflits armésLes conflits post bipolaires africains ont des causes diverses si l'on s'en tient à la littérature abondante : l'ethnicité, la pathologie de l'Etat et le desserrement de l'étau bipolaire (Ntuda Ebodé et Nsizoa (2001), fontrier (2002)) ; l'économie et le politique (Kounou (2001)). -L'ethnicité d'après Ntuda Ebodé et Nsizoa (2001) peut être retenue comme l'une des causes principales des conflits armés africains au regard de l'ampleur des guerres civiles dont elle est à l'origine (18 guerres civiles sur 23 en cours en 1999) (Ntuda Ebodé et Nsizoa 2001 : 129). -La pathologie de l'Etat à leur avis fait aussi partir des causes principales des guerres africaines. Ce sont les maux qui minent l'Etat africain à savoir la pauvreté, la corruption, le déclin des institutions étatiques, l'endettement extérieur, etc. qui cristallisent les sensibilités ethniques, religieuses et régionales (Ntuda Ebodé et Nsizoa 2001 : 129). -Le desserrement de l'étau bipolaire constitue aussi un facteur d'émergence des conflits armés en Afrique, si l'on part de l'hypothèse selon laquelle la guerre froide incitait les Etats à la prudence. Partant de la bipolarité à la multipolarité, cette géométrie des rapports de puissances expliquerait la multiplication de conflits en Afrique (Ntuda Ebodé et Nsizoa 2001 : 134). -Fontrier (2002) réitéra comme cause de guerre en Afrique la chute du mur de Berlin, la question de sentiment national, la pauvreté , la déliquescence de l'État et la réémergence du réflexe ethnique. Ces clivages ordinaires entre religions et ethnies s'expriment plus violemment encore lorsque la satisfaction des besoins alimentaires devient elle-même une gageure -Kounou (2001) quant à lui dira que c'est dans ce contexte politique, économique et social trouble que les intermédiaires ethniques, religieux et régionaux prennent le relais pour engendrer des mutineries ou des coups d'Etat, des révoltes populaires, des guerres civiles (Kounou 2001 : 233). Pour lui, le pluralisme ethnique en soi n'a pas de sens. Il ne peut être compris que par rapport aux logiques des acteurs qui le manipulent au gré de leurs intérêts (économique et politique). Non seulement l'ethnicité est la cause d'un seul type de conflit armé sur cinq que connaît l'Afrique, cette problématique découle de la déliquescence de l'État post colonial (Kounou 2001 : 233). II.2.3- Les coûts des conflits armésCaractérisés par l'expression des armes, les guerres sont létales et les victimes se chiffrent en centaines de milliers, soit 150.000 par année durant la période allant de 1946 à 1988 ; 200.000 pour la période qui va de 1989 à 1998. Au delà de cet aspect humanitaire, se dégagent des coûts sociopolitiques ; économique ; psycho spirituel, et écologique (Ntuda Ebodé et Nsizoa 2001 :123). Parlant des coûts sociopolitiques, Ntuda Ebodé et Nsizoa font état de l'aspect humanitaire, politique et socioculturel. Sur l'aspect humanitaire, les chiffres sont alarmants, car les morts se comptent en centaines de milliers (200.000 au Libéria, 100.000 au Burundi...). D'après eux, cette situation de guerre civile explique le nombre très élevé des Réfugiés sur le contient (1million pour le Rwanda seul) ; l'enrôlement de nombreux enfants dans l'armée (4 millions) ; les problèmes d'eau, de malnutrition, de maladies endémiques. Sur l'aspect politique, ils font état de la rupture du système politique qui se traduit sur le plan interne et externe par des coûts énormes. Sur le plan interne, l'instabilité politique se manifeste par l'affaiblissement de l'État, le recul de la loi ou les coups d'Etat récurrents. Sur le plan externe, l'instabilité limite les investissements étrangers directs et l'aide internationale. Sur le plan culturel, les sites archéologiques, monuments et autres vestiges du patrimoine culturel sont généralement détruits, mettant ainsi des civilisations entières en péril. Parlant des coûts économiques, psycho spirituels et écologiques, ils parlent sur le plan économique du blocage des économies du continent (Ésthiopie, Ouganda, RDC, Afrique du Sud, Nigeria, Libéria, Tchad, Angola, Cameroun...) ; sur le plan psychologique de la récurrence de la violation politique en Afrique ; sur le plan spirituel de la perte du sens des valeurs telles que la vie ou le bien ; sur le plan écologique, de la destruction de l'environnement ou de la biodiversité (Ntuda Ebodé et Nsizoa 123-129). Compte tenu de ces coûts multiformes des conflits armés dans le monde et plus particulièrement en Afrique subsaharienne, leurs résolutions restent un impératif. II.2.4- La résolution des conflits armésLa résolution de la plupart des conflits dans le monde s'est toujours faite par l'intervention d'un tiers. L'efficacité de l'intervention d'un tiers dépend de la distance rationnelle entre l'arbitre du conflit et les parties qui s'affrontent. Plus cette distance est grande, plus le règlement sera respecté (Caplow et Vennesson 2000 : 206). D'après ces derniers, le style de règlement peut aller de la pacification amicale, jusqu'à la médiation, l'arbitrage, la décision de justice et la pacification répressive. De même, pendant presque deux siècles, la communauté internationale s'est efforcée d'imposer des modes de résolution des conflits notamment : - La médiation par un Etat neutre, comme le règlement de la guerre Russojaponaise par les bons offices des Etats-Unis ; - L'intervention active d'un Etat neutre, comme l'intervention navale américaine au nom de l'Irak au cours de la guerre Iran Irak ; - La médiation par un consortium d'Etats, le Conseil Européen a fonctionné ainsi tout au long du XIX siècle ; - La médiation par une organisation internationale comme lorsque la société des Nations est parvenue à mettre fin à la petite guerre entre la Grèce et la Bulgarie en 1925 ; - Une intervention armée par une organisation internationale, comme quand les Nations Unies se sont impliquées dans la guerre du Katanga ; - Un processus légal, comme dans le règlement des disputes à propos de la pêche et d'autres sujets mineurs par la Cours Internationale ou la Cours Permanente de Justice Internationale (CPJI) ; - L'intervention diplomatique par des États tiers, comme dans les nombreuses crises de sécession des colonies espagnoles en 1821 jusqu'à la guerre de balkans dans les années 1990 (Caplow et Vennesson 2000 :206- 207). Bien que ces méthodes aient occasionnellement réussi à prévenir ou à mettre fin à la guerre, elles ont souvent échoué, et parfois de manière désastreuse. L'intervention d'un État tiers dans un conflit entre l'Autriche et la Serbie a contribué au déclenchement de la première guerre mondiale ; les vains efforts de la Société des Nations pour arrêter l'invasion de la Mandchourie par le Japon et l'invasion de l'Ethiopie par l'Italie ont favorisé le déclenchement de la seconde guerre mondiale (Caplow et Vennesson 2000 : 207). Pour éviter les probables échecs de ces modes de résolution des conflits en aval, il serait mieux de veiller au maintien de la paix en amont. Caplow et Vennesson propose comme mécanismes de maintien de la paix : la diplomatie, le commerce et la finance internationale ; le processus de civilisation de Norbert Elias ; l'intégration régionale, fusion et fissions nationales ; la dissuasion nucléaire (Caplow et Vennesson 2000 : 207- 224). In fine, les conflits armés africains sont le reflet des contradictions de l'expansion du capitalisme. Ce sont les conflits ethniques et politicoéconomiques. Mais, contrairement à ceux qui pensent que ces conflits africains sont généralement ethniques, ils nous semblent plutôt fondamentalement économiques (recherche des richesses à l'instar du pétrole, matières premières...) et politiques (volonté annexionniste du Nigeria). Ces conflits généralement économiques ont souvent pour masque le caractère oripeau ethniciste. Que retiendrons-nous de la coopération militaire internationale dans notre travail ? II.3- La coopération militaire internationaleDans notre exercice d'évaluation des forces armées camerounaises, acteurs principaux du conflit étudié les opposant aux forces nigérianes, la coopération militaire sera considérée comme l'action d'aide militaire de la France aux pays sous développés de son pré-carré. Elle est représentative des accords de défense et d'assistance militaire, technique signés entre la France et les pays de son ex-empire colonial. Cette coopération peut aussi être assimilée à la volonté de la France de rester présente en Afrique malgré les indépendances. Synonyme de politique africaine de la France, elle apparaît comme un obstacle majeur pour l'amorce d'une autonomie politique et stratégique des anciennes colonies françaises d'Afrique noire, voire un puissant instrument d'extraversion (Fogué Tédom 2006 : 47-48). La France utilise les accords de coopération militaire pour maintenir son influence dans ses anciennes colonies, ses militaires lui permettant de garantir les intérêts vitaux. L'Afrique se retrouve être pour la France une source minière stratégique inépuisable à préserver, un réservoir d'hommes. La coopération militaire rend ainsi dépendante l'Afrique et place la France au centre de toute mutation politique. Et comme exemple de coopération militaire, il serait judicieux pour nous de parler de la coopération militaire franco-camerounaise portant sur les accords de défense et les accords d'assistance militaire technique. II.3.1- Les accords de coopération miitaire franco-camerounais.Dans le domaine militaire, l'établissement des rapports privilégiés entre la France et le Cameroun fut d'après Oyono (2000), la rencontre de deux choix. Pour la France, il s'agissait de préserver un territoire qui depuis quatre décennies, faisait partie de son dispositif stratégique. En contre partie, le gouvernement camerounais recherchait les garanties d'une protection qu'il était encore incapable d'assurer lui-même, du fait de la guerre civile. L'assistance militaire française apparaissait ainsi comme le principal rempart de l'Union des Populations du Cameroun (U.P.C.) en attendant la constitution d'une armée nationale. Pour ces fins, le Cameroun signa deux types d'accords militaires avec la France : Les accords de défense et les accords d'assistance militaire technique (Oyono 2000 : 39-44). II.3.2- Les accords de défenseCes accords furent signés par Ahmadou Ahidjo, président de la République du Cameroun en novembre 1960 (Dumoulin 1997 : 26). Ces accords de défense visaient à la fois la défense intérieure et la défense extérieure du Cameroun. Ils offraient au Cameroun la possibilité de faire appel aux forces françaises pour assurer sa défense. Ces accords furent placés sous le sceau du secret officiel. Cependant, leur existence expliquait sans doute l'intervention des militaires français au Cameroun de 1960 à 1964, afin d'aider le gouvernement de Yaoundé à réduire l'opposition armée (Oyono 2000 : 39-40). Pour le Général Lafourcade, commandant de l'opération Turquoise, « cette capacité d'intervention ne peut que rassurer les pays qui ont des accords avec la France... » (Dumoulin 1997 : 26). Les unités françaises peuvent ainsi, selon les situations et les critères du moment définis à Paris, servir à rétablir l'ordre si l'action conjuguée de la police, de la gendarmerie et de l'armée du Cameroun ne suffisent pas, en cas de crise impliquant indirectement des actions extérieures ou en cas de conflit impliquant une agression extérieure directe (Dumoulin 1997 : 27). A travers ces accords de défense s'établissaient des relations très étroites entre le gouvernement d'Ahidjo et la France. « Plus qu'une alliance militaire, ils vont de paire avec une certaine harmonisation de la vie diplomatique et même avec l'existence d'institutions politiques communes ». (Kounou 2003 : 163). Abel Eyenga, dans son ouvrage Introduction à la politique Camerounaise, dira qu'au lieu de parler de la coopération Franco-camerounaise, il serait réfléchi de parler de la coopération franco-Ahidjo ou tout simplement de la coopération de la France avec son ombre ; comme pour dire qu'Ahidjo était instrumentalisé par la politique française, ouvrant ainsi la voie aux accords secrets dont on ignore le contenu (Bangoura 1992). II.3.3- Les accords d'assistance militaire : instruction et assistance techniqueCes accords signés en février 1974 (Dumoulin 1997 : 28) venaient compléter les accords de défense. Au terme de l'article premier, les officiers de nationalité française étaient appelés à encadrer les forces armées camerounaises. L'article 2 du même accord réservait l'exclusivité de la fourniture du matériel militaire au Cameroun par la France. Au terme de l'article quatre, le Cameroun pouvait faire appel à des administrateurs et à des techniciens français (Oyono 2000 : 41-44). Bangoura (1992) fait aussi état des clauses qui seraient secrètes. Ces accords pour des clauses connues concernent à la fois l'instruction et la formation des forces armées camerounaises, l'entraînement à des compétences partagées en matière de combat en forêt équatoriale ou en zone lagunaire, et la formation des personnels des armées contractants sur les matériaux de défense acquis majoritairement en France, soit en prêt, soit en cession gratuite vu la réduction du format des armées en Hexagone, soit plus rarement pour la vente de licences. L'aide peut également concerner le domaine sanitaire et médical à partir des médecins et pharmaciens français en service dans les hôpitaux urbains ou les dispensaires de brousse. L'entretien et la remise en état de matériels anciens (plutôt que la livraison de plus en plus rare de matériels neufs) sont effectués grâce à des missions ponctuelles (Dumoulin 1997 : 28-29). En ce qui concerne spécifiquement l'aide directe en matériel, elle a longtemps servi à financer l'équipement de base des forces armées du Cameroun (cession gratuite de matériels). Aujourd'hui, la fourniture de matériel concerne de plus en plus le transfert de moyens logistique à des forces de sécurité à statut militaire. Ainsi de 1994 à 1995, on constate une augmentation des effectifs de la gendarmerie française parmi les coopérants militaires envoyés en Afrique ; l'objectif étant de remodeler les armées africaines, en tentant de les persuader de réduire leurs effectifs et d'éliminer les structures lourdes afin de les doter d'équipements adaptés à leurs vrais besoins et à leurs budgets (Dumoulin 1997 : 30). La fourniture gratuite d'équipement (matériels neufs et pièces de rechanges) est assurée à partir d'une liste des besoins formulés par les forces armées camerounaises et reclassées « hiérarchiquement » selon la perception (française) de la situation camerounaise par le chef de mission d'assistance militaire en poste à Yaoundé. C'est lui qui, en dernier ressort, transmet les commandes au bureau de logistique de la mission militaire de coopération (Dumoulin 1997 : 30-31). Entre 1986 et 1996, le Cameroun comptait 54 assistants militaires techniques (Dumoulin 1997 : 31) et 50 depuis 1997 (Kounou 2003 : 168). Ils proviennent de l'armée de terre et de la marine, de la gendarmerie et des services de santé et sont « dépendants, hiérarchiquement du général, chef de la mission d'assistance militaire près de l'ambassade de France au Cameroun » bénéficiant d'un statut diplomatique. Le chef de la mission d'assistance militaire est chargé de l'application sur place de la politique de coopération élaborée par le gouvernement français en accord avec les autorités du pays hôte (Dumoulin 1997 : 31). Toujours dans le cadre de cette coopération militaire, de nombreux stagiaires camerounais vont en formation de cadres officiers et sous officiers des armées et des gendarmeries dans les écoles militaires françaises en l'occurrence le cours supérieur international de gendarmerie à Melun, le cours supérieur de commissariat de l'armée de terre à Montpellier, le cours supérieur de l'école de l'air de Salon aix en Provence ou le cours supérieur de l'école navale de Brest, le cours supérieur international de gendarmerie, le cours spécial de commissariat, le cours supérieur inter armé (CSI), le collège inter armé de défense (CID). Dans le souci de former les formateurs Africains pouvant remplacer les officiers coopérants militaires français en Afrique et d'adapter la formation aux besoins réels des armées africaines, le concept d'école nationale à vocation régionale spécialisée dans un secteur de formation est né. (Dumoulin 1997 : 33- 34). Tel est le cas au Cameroun de la future école de guerre de Simbock et de la future base de Garoua qui formera des pilotes de la sous région. La coopération militaire internationale comme politique d'aide militaire de la France aux pays en voie de développement entretenue par les accords de défense et les accords d'assistance technique serait donc le leitmotiv de l'intervention de la France dans le conflit frontalier en question aux cotés du Cameroun. A la suite d'une étude théorique préalable des concepts majeurs de notre travail de recherche à savoir la force armée, le conflit armé et la coopération militaire internationale, nous avons pu retenir des définitions relatives à notre cadre de travail. Ainsi, la force armée a été retenue comme outil de conquête et d'émancipation des territoires ou de la protection des intérêts et de l'intégrité du territoire national ; Le conflit armé a été défini comme l'expression des contradictions de l'expansion du capitalisme ; La coopération militaire internationale comme la politique d'aide militaire de la France aux pays en voie de développement. Ces définitions nous permettrons d'être bien compris dans la partie empirique de notre travail. CHAPITRE II :
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ZONE |
LOCALISATION |
UNITES ENNEMIES |
CAPACITE |
1er ECHELON |
NDO- LOCALISATION |
CIE E /6e BAT. MOTORISE BATT. /341. RASS BATT. SA / 343e RASA |
Missile blowpipe |
SAND - SAND |
CIE B / 93e BAT. MECA |
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NIBA -NIBA |
BATT. R / 341e RASS CIE B / 93e BAT. MECA SECT° / 344. RASA CIE B / 72e BTAP CIE / 6. BAT. AMPH. |
Canon de 105 mm |
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KOMBO A MUNJA I |
PC AVANT 19. BAT. MECA |
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KOMBO A MUNJA II |
CIE C / 19e BAT. MECA |
1 NB : Ces informations contenues dans le procès verbal de passation de consignes entre les chefs B2/B3, du GOS ont été obtenues grâce aux aveux des prisonniers militaires nigérians.
2e ECHELON |
JABANE I |
PC AVANT 6e BAT. MOTORISE 6e BAT. AMPH. |
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IDABATO I |
CIE / 93e BAT MECA BATT. / 341e RASS. 342e RAC 3. SECT° / 143. ESC GENIE. |
Canon de 105mm |
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IDABATO II |
PC AVANT 93e BAT MECA BATT. / 341e RASS CIES C & / 93e BAT. MECA |
Mortier de 120mm |
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DIAMOND |
BATT. D / 343e RASA PC. AVANT 341e RASS |
Oerlikon 35 mm Radar sky Guard |
Source : Présidence de la République du Cameroun, 2001, p. 5.
Ce tableau fait état du positionnement de l'Opération Harmony IV sur le champ des opérations : Á Ndo-Location par exemple, on retrouve 3 unités postées : une compagnie E du 6ème bataillon motorisé, une batterie du 341ème régiment artillerie sol-sol, une batterie sol-air du 343ème régiment d'artillerie solair, armées d'un missile Blowpipe et d'un oerlikon de 35 mm. Á Sand-sand, deux unités à savoir une compagnie B du 93ème bataillon mécanisé et une compagnie A du 93ème bataillon mécanisé munies des armes non déterminées. Á Niba-Niba manoeuvraient cinq unités : un bataillon R du 341ème régiment d'artillerie sol-sol ; une compagnie B du 93ème bataillon mécanisé ; une section du 344ème régiment d'artillerie sol-air ; une compagnie B du 72ème bataillon des troupes aéroportées et une compagnie du 6ème bataillon amphibie avec pour force de frappe un canon de 105 mm et d'un oerlikon de 35 mm. Á Kombo A Munja I se retrouvent stationnés un poste de commandement avancé du 19ème bataillon mécanisé, des compagnies A et D du 19ème bataillon mécanisé nanties des armes non déterminées. Á Kombo A Munja II se trouve une compagnie C du 19ème bataillon mécanisé. Toutes ces localités et unités se retrouvent en premier échelon sud du champ des opérations.
En deuxième échelon se retrouvent les localités de Jabane I, Idabato I, Idabato II et Diamond toutes occupées par des unités munies des armes lourdes et de longue portée, telles les canons de 105 minutes, des mortiers de 120 mm équipés d'un radar Sky Guard.
Les forces navales disposaient de vedettes rapides, des moyens d'assaut de type raider, des moyens de transport et de surveillance parmi lesquels le Jonathan, des LCVP et des frégates du type ARADU.
Quant aux forces aériennes, elles étaient dotées des :
- Hélicoptères de transport et d'assaut
- Hélicoptères de type Puma, Lynx
- Alpha Jets
- MIG 21
Ces forces nigérianes possédaient également à l'Ouest d'Ikang, des canons de 155 mm dont la portée en cas de tir aurait atteint la zone camerounaise.
Le « système armé » mobilisé par le Nigeria au cours de cette guerre était fonction de la nature du champ des opérations et des capacités militaires de l'ennemi.
La zone querellée étant entièrement immergée, il fallait donc des moyens adéquats pour se déplacer. Ceci laissait donc place à une guerre à distance, d'où la nécessité déployer des armes de longue portée pouvant atteindre la cible au plus profond de sa cachette. C'est ce qui explique l'utilisation des missiles, des canons, des mortiers, des radars, le matériel de navigation (vedette rapides, les bâtiments de guerre (Jonathan)) et les moyens aériens.
En somme, le Nigeria, deuxième puissance africaine pensait avoir mobilisé des hommes (10.000 environ) et des armes à même d'enrailler toute résistance des forces armées camerounaise.
Elles constituaient l'outil de défense des intérêts, l'outil de défense de l'intégrité du territoire camerounais. Il est question ici de présenter d'abord l'ensemble du dispositif militaire avant de s'arrêter sur celui qui été mobilisé pour la guerre.
Au point de vue organisationnel, les forces armées étaient constituées par les forces régulières et les réserves qui pouvait être armées ou non armées.
Les forces régulières permanentes du Cameroun comprennent outre les unités de la Gendarmerie et de la Sûreté Nationale, les unités de commandement des forces spécialisées de terre, mer et l'air qui constituent l'armée stricto sensu (Mouelle Kombi 1996 : 64).
D'après l'article 2 du décret n° 2001/177 du 25 juillet 2001 portant organisation du ministère de la défense, les forces de défense du ministère de la défense comprennent :
- les forces de la gendarmerie nationale ;
- les forces de l'armée de terre ;
- les forces de l'armée de l'air ;
- les forces de la marine nationale ;
- le corps national des sapeurs pompiers placé sous l'autorité directe du ministère chargé de la défense et mise pour emploi à la disposition du ministère chargé de l'administration territoriale. En temps de crise, il peut être placé dans sa spécificité par décret présidentiel sous le commandement du chef d'Etat-major général des armées d'après les articles premiers alinéa 1 et 3 du décret n° 2001/184 du 25 juillet 2001 portant réorganisation du corps national de sapeurs pompiers (cf. Cameroun Tribune n°7398/3687 du 26 juillet 2001).
Ces différentes forces armées sont formées dans de nombreux cours d'instruction des recrus chargés d'assurer la formation militaire initiale (article 29 du décret n°2001/178 du 25 juillet 2001 portant organisation générale de la défense et des Etats-majors centraux) pour le personnel non officier, et dans les écoles militaires (EMIA) pour les officiers des armées (Article 1er du décret
n°2001/187 du 25 juillet 2001 fixant le conditions de recrutement et d'admission dans les écoles militaires des officiers).
En somme, le Cameroun compte un total environ 28.000 hommes dans ses forces armées dont 14000 pour l'armée de terre, 1500 pour l'armée de l'air, 1600 pour la marine et 1100 pour la gendarmerie nationale (Ela Ela 2001 : 68). Qu'en est-il des moyens matériels.
Le Cameroun fait partie de la gamme des pays dits « pacifiques » (Gabon, Guinée, Bénin, Cameroun, Côte d'Ivoire, Sénégal...) qui consacrent un faible pourcentage de leur PIB à la défense (Metogo 2000 : 128). Cela justifierait la modicité de ses moyens militaires.
D'après Boniface (2006), le Cameroun dispose comme logistique 110 véhicules blindés pour l'armée terre, 4 avions de combat pour l'armée de l'air, 2 sous-marins pour la marine nationale.
D'après des sources militaires camerounaises, le Cameroun possède bien plus de moyens logistiques si on prend seulement le cas des moyens de la marine nationale. Pour mener à bien leurs missions, ces forces navales utilisent :
- Les porteurs (les avions et les aéronefs)
- Des patrouilleurs dont le plus important est le patrouilleur
lance-missiles
Exocet MM 40 appelé le Bakassi obtenu à 17
milliards de francs Cfa.
- Des vedettes rapides
- Des embarcations légères
- Des armes (obus, missiles)
- Des aéronefs (alpha jets, Impalla, Gazelles, Alouette, Bell américain) etc. La figure 3 ci-après présente quelques appareils nautiques de la marine camerounaise.
Embarcation légère
Figure 3 : Quelques moyens de la marine camerounaise.
Patrouilleur
Vedette rapide
Source : Guidat 2000, cours d'instruction et de spécialisation de la marine camerounaise.
Ce potentiel militaire camerounais va se confirmer par la teneur des moyens logistiques déployés sur le champ des opérations.
L'opération qui dirigeait la manoeuvre globale dans le conflit frontalier qui opposait le Cameroun au Nigeria sur la péninsule Bakassi a été baptisée « Opération Delta ». Elle se schématise sur le théâtre des opérations par trois (3) groupements de combat savoir :
1- Le GOS (Groupement Opérationnel Sud) avec PC à NAWUMSE -WAN ;
2 NB : Il n'est pas tenu compte de l'armement individuel
2- Le GOC (Groupement Opérationnel Centre) avec PC à l'embouchure du NDIAN ;
3- Le GON (Groupement Opérationnel Nord) avec PC à ISANGUELE. Puis - Une BLA (Base logistique Avancée) avec PC à KOMBO ETINDI ;
- Un Détachement PREVOTE avec PC à BARRACKS ;
- Une Section du BSA (Bataillon Spécial Amphibie) et un groupe COPALCO (Compagnie des Palmeurs de Combat) à Nya-Ikang ;
Le PC de « Opération Delta » se trouvait à LIMBE.
Les forces camerounaises étaient composées de :
-01 PC du Groupement Opérationnel Sud à Nawumse -Wan (PC1) ;
-01 PC du Sous groupement opérationnel Sud B ou PC2 à Idema-
Mbassi ;
- 01 Compagnie du 21e BBR (Bataillon Blindé de Reconnaissance) à Gudi-Guidi ;
- 01 Compagnie du BTAP (Bataillon des Troupes Aéroportées) à la façade Maritime ;
- 01 Compagnie des Fusiliers Marins Commandos ;
- 02 Batterie d'Artillerie Sol-Sol (ASS) ;
- 02 Sections du Génie Combat ;
- 01 Batterie d'Artillerie Sol-Air (ASA);
- 01 Détachement Milan du 51e BIA (Bataillon Inter Armé);
- 01 Section prévôté à Shell Creek ;
- 01 Divet (Division des vedettes et embarcations rapides...) (Présidence de la République du Cameroun 2001 : 6-7).
Toutes ces forces se sont déployées dans 44 postes de combats disséminés dans le dispositif du GOS répertoriées dans le tableau 4 suivant :
Tableau 3 : Logistique camerounaise déployée sur le champ des opérations
N° |
DÉSIGNATION |
UNITÉ |
PUISSANCE DE FEU |
||||
1 |
SHEL CREEK |
PREVOTE |
Poste A : 01 MAG. Poste B : 01 MAG 02 RPG7 |
||||
2 |
AKWA-NORD |
MARINE (FUS) |
Poste A : 01 MAG |
||||
3 |
PC GOS A |
MARINE (FUS) |
01 MAG |
||||
4 |
PC GOS B |
ASA |
01. 12, 7mm chinoise |
||||
5 |
GENIE PC GOS |
GENIE |
01 MAG |
||||
6 |
MILAN PC GOS |
MILAN |
01 Poste de Milan - 01 MAG- 01 SPG9 |
||||
7 |
POSTE 14 |
ASA |
01. 14,5mm chinoise - 01 MAG |
||||
8 |
POSTE 13 |
BTAP |
Poste A : 01 MAG Poste B : 01 MAG - 01 RPG7 |
||||
9 |
POSTE 12 |
BTAP |
01 MAG - 01 SPG9 - 01 RPG7 |
||||
10 |
POSTE 11 |
BTAP |
01 MAG |
||||
11 |
POSTE 10 |
BTAP |
Poste A : 01. 12,7mm US Poste B : 01 MAG |
||||
12 |
POSTE 9 |
BTAP |
01. 12,7 mm - 01 SPG9 |
||||
13 |
POSTE 8 |
BTAP |
01. 12,7 mm |
||||
14 |
POSTE PC SML (ROL) |
ASS/SML |
05 Mortiers de 120 Autrichiens lisses - 01 Mitrailleuse Lourdes M80. |
||||
15 |
POSTE 7 |
BTAP. |
01 MAG |
||||
16 |
PC2 GENIE + SOUTE |
GENIE |
Poste A : 01 MAG. Poste B : 01 MAG |
||||
17 |
POSTE 6 |
BTAP |
01 Canon 106SR - 01 Mitrailleuse Lourde M80 |
||||
18 |
POSTE 5 |
BTAP |
01 Canon 106SR - 01 Mitrailleuse Lourde M80 |
||||
19 |
POSTE 4 |
BTAP |
01 Mitrailleuse Lourde M80 |
||||
20 |
PC2 MILAN |
MILAN/ MARINE |
01 poste de tir Milan - 01 SPG9 - 01 MAG |
||||
21 |
POSTE 3 |
BTAP |
01 Canon 106SR - 01 Mitrailleuse Lourde M80 |
||||
22 |
PC BTAP |
BTAP |
01. 12, 7 mm chinoise |
||||
23 |
PC ASA |
ASA |
01 MAG |
||||
24 |
POSTE 2 MILAN |
MILAN |
01 poste de tir de Milan |
||||
25 |
POSTE 2 BTAP |
BTAP |
01 SPG9 - 01 MAG |
||||
26 |
1ère PIECE ASA |
BTAP |
01 Mitrailleuse 14, 5 AA chinoise |
||||
27 |
POSTE 1 BTAP |
BTAP |
01 SPG9 |
||||
28 |
POINTE MARITIME |
BTAP |
01 Canon 106SR 01 Mortier de 60mm 03. 12,7mm chinoise 01 MAG |
||||
29 |
2e PIECE ASA |
ASA |
01 Mitrailleuse 14,5mm AA chinoise |
||||
30 |
P POSTE A |
01. 12,7mm chinoise |
|||||
31 |
P POSTE B |
MARINE (FUS) |
01 Mitrailleuse L. M80 - 01. RPG7 |
||||
32 |
POSTE AFRIQUE DU SUD |
MARINE (FUS) |
01 Mortier de 60mm chinois 01 Mitrailleuse L. M80 01 MAG |
||||
33 |
POSTE VIETNAM |
ASA |
01. 12, 7mm chinoise |
||||
34 |
POSTE MORTIER 81mm |
BTAP/MARI NE |
04 Mortiers de 81mm BRANDT AUTRICHIENS |
||||
35 |
PC ASS MORTIERS 120 RTF1 |
ASS |
05 Mortiers de 120mm Rayés Tractés français |
||||
36 |
POSTE JUNGLE |
ASS |
01 MAG - 01. 12,7mm US |
||||
37 |
ENTREE CRIQUE ARTI-FIC. POSTE A |
BBR |
01 SPG9 - 01 RPG7 - 02. 12,7mm chinoise |
||||
38 |
ENTREE CRIQUE ARTI-FIC POSTE B |
BBR /MILAN |
01 Canon de 106 SR - 01 Poste Milan 01 RPG7 - 01. 12,7mm chinoise |
||||
39 |
SMALL NDO POSTE A |
BBR |
01 SPG9 - 01 RPG7 - 03. 12,7mm chinoise |
||||
40 |
PC SMALL NDO ET MORTIER DE 81MM |
BBR |
04 Mortiers de 81mm - 02 MAG |
||||
41 |
SMALL NDO POSTE B |
BBR |
01. 12, 7mm chinoise - 01. 12, 7 mm US - 01 MAG - 01 SPG9 - 01 RPG7 |
||||
42 |
PC GUIDI-GUIDI POSTE A |
BBR |
02 MAG |
||||
43 |
PC GUIDI-GUIDI POSTE B |
BBR |
02 MAG |
||||
44 |
BENKORO |
BBR |
01. 12, 7mm chinoise - 01RPG7 |
Source : Présidence de la République du Cameroun, 2001, pp. 7-8.
L'« Opération Delta » représentant les forces armées camerounaises sur le champ des opérations a eu des missions dont la principale est la mission de défense, accompagnée d'une mission secondaire celle du renseignement.
- La mission de défense :
Elle consistait à tenir fortement les positions camerounaises c'est-à-dire celles qu'elles occupaient ; interdire tout franchissement de leur dispositif en empêchant tout compte fait, un quelconque débouché ennemi dans le Rio Del Rey et sans esprit de recul. Il s'agissait en d'autres termes pour eux de maintenir les forces nigérianes sur leurs positions tout en empêchant leur avancée sur les terres camerounaises, en attendant le dénouement diplomatique de la CIJ saisie en février 1994 par le gouvernement camerounais. Cette mission est assortie de la notion « Etre et Durer », tout en étant à mesure de détruire les têtes de pont de la rive Est de la crique Atabong et celle de la rive Est de l'Akwa Yafé du Nord- Ouest.
- La mission de renseignement :
En dehors des missions de reconnaissance ordonnées soit par le COM Delta (Commandant de l'Opération Delta), soit par le COM GOS (Commandant du Groupement Opérationnel Sud) ou parfois par contact, la principale source de renseignement demeurait le PC Delta qui envoyait à chaque groupement une synthèse de renseignement bimensuel concernant le théâtre des opérations.
Ces missions assurées par le Groupement Opérationnel Sud (GOS) étaient capitales pour la pérennisation de la souveraineté camerounaise sur les espaces de la presqu'île non encore occupés par les forces nigérianes. Pouvait-il théoriquement remplir cette mission ? Les effectifs et actions des belligérants nous renseigneront à cet effet.
Ces forces belligérantes peuvent être présentées ainsi qu'il suit :
Tableau 4 : Les effectifs des forces camerounaises et nigérianes en 1994.
Défense |
Cameroun |
Nigeria |
|
Effectif total |
28000 |
85000 |
|
Armée de terre |
14000 |
62000 |
|
Armée de l'air |
1500 |
7300 |
|
Garde nationale |
/ |
7000 |
|
Gendarmerie |
11000 |
/ |
|
Marine nationale |
Effectif total |
1600 |
9500 |
Frégates |
/ |
2 |
|
Corvettes |
/ |
2 |
|
Vedettes lance missiles |
/ |
6 |
|
Garde côtes |
2 |
53 |
|
Navire porteur de mines |
/ |
2 |
|
patrouilleurs |
1 |
/ |
|
Patrouilleur porte-missiles |
1 |
/ |
Source : Tableau conçu à partir des données recueillies de l'article d'Emmanuel Éla Éla(2000), page 68.
D'après ce tableau, le Nigeria compte au total en 1994, 85000 hommes sous les drapeaux dont 62 000 pour l'armée de terre, 7300 pour l'armée de l'air, 9500 pour la marine et 7000 pour la garde nationale ; disposant d'un matériel lourd assez impressionnant en nombre. Le déséquilibre est frappant à l'observation des forces armées camerounaises qui comptaient un total d'environ 28000 hommes dont 14000 pour l'armée de terre, 1500 pour l'armée de l'air, 1600 pour la marine et 1100 pour gendarmerie ; disposant de moins en moins de matériel lourd. Le déséquilibre se fait encore sentir avec acuité si l'on prend en considération le seul équipement de la marine. La marine nigériane dispose au total de 65 navires (2 frégates, 2 corvettes, 6 vedettes lance missiles, 53 garde côtes, 2 navires porteurs de missiles). Celle du Cameroun n'en dispose que quatre
(2 gardes côtes, 1 patrouilleur, un patrouilleur porte missiles ainsi que quelques embarcations amphibies).
Potentiellement, sur le plan militaire, le Nigeria représente une force de frappe indéniable tant sur le plan humain que matériel devant le Cameroun. De ce fait, on ne saurait penser que l' « Opération Delta » pouvait assurer la pérennité de la souveraineté camerounaise sur la presqu'île querellée. Cette réalité est confirmé par les données du ci-dessous.
Tableau 5 : Etat des défenses nigériane et camerounaise en 2006.
Défense |
Cameroun |
Nigeria |
|
Effectif total |
14000 |
78500 |
|
Budget |
$197 millions |
$572 millions |
|
Dépenses militaires |
1,63% de PNB |
1,92% du PNB |
|
Evolution du budget de la défense |
+ 5% |
+22.58% |
|
Dépenses militaires par habitant |
$12 |
$4 |
|
Dépenses militaires par militaire |
$14.071 |
$7.287 |
|
Armée de terre |
effectifs |
12.500 |
62.000 |
Véhicules blindés |
110 |
250 |
|
Forces aériennes |
effectifs |
300 |
9.500 |
Avions de combat |
4 |
50 |
|
Marine nationale |
Effectifs |
1.300 |
7000 |
Sous marins |
2 |
/ |
|
Corvette |
/ |
5 |
|
frégates |
/ |
1 |
Source : Tableau conçu à partir des données recueillies dans l'ouvrage de Boniface (2006), pp. 438 et 364.
D'après ce tableau, la défense nigériane présente un effectif de 78500 hommes dont 62000 pour l'armée de terre équipée de 250 véhicules blindés, 9500
pour l'armée de l'air équipée de 50 avions de combat, 7000 pour la marine équipée de 5 corvettes et d'une frégate.
La défense camerounaise représente les 1/6ème de la défense nigériane soit un total de14000 hommes dont 12500 pour l'armée de terre équipée de 110 véhicules blindés, 300 pour l'armée de l'air nantie de 4 avions de combat, 1300 pour la marine nationale équipée de sous marins.
Cette réalité n'est que le reflet de la valeur du budget de la défense qui est de 572 millions de Dollars pour le Nigeria contre 197 millions de dollars pour le Cameroun. Il reflète également le taux d'évolution du budget de la défense qui est de 22,58% pour le Nigeria contre 5% pour le Cameroun.
Ce déséquilibre flagrant entre la défense nigériane et camerounaise ne pouvait que conforter la thèse de ceux qui pensaient que le Cameroun est un « nain » devant le Nigeria et par conséquent, ne pouvait résister devant la deuxième puissance militaire africaine après l'Afrique du sud. Alors, comment comprendre que le Cameroun ait tenu ses positions jusqu'au bout ? Ou encore, pourquoi malgré le déséquilibre du rapport de force, le Cameroun a pu résister à la force de frappe nigériane ?
La résistance camerounaise malgré ce déséquilibre du rapport de force (basé sur la supériorité numérique nigériane en hommes et en armes) a remis en cause « la loi du carré » de Lanchester (loi qui rend le résultat du combat plus sensible au nombre qu'à la performance (Caplow et Vennesson 2000 : 172)). L'issue de cette guerre repose sur l'efficacité politique et stratégique, l'efficacité opérative, l'efficacité tactique des forces camerounaises et sur les faiblesses nigérianes.
- L'efficacité politique et stratégique camerounaise s'est observée par la fermeté des objectifs de sécurité définis par le gouvernement et l'engagement des moyens pour les atteindre. Pour mener à bien leurs missions, les forces camerounaises ont disposé des ressources considérables notamment du budget, des armements, des ressources
humaines. Ces ressources ont été obtenu par une franche collaboration entre les chefs des armées et les décideurs politiques et administratifs.
- L'efficacité opérative des Unités camerounaises quant à elle s'est observée par l'excellente planification, conduite et du parfait soutien des opérations dirigées par l'Opération Delta divisée en trois Groupements Opérationnels le GOS en poste avancé, le GOC et le GON. Ce succès a été du aussi à l'excellente coopération et coordination des actions interarmes et interarmées, dont la responsabilité incombait au Commandant de l'Opération Delta, le Capitaine de Vaisseau Oyono Mveng. Aussi, la sélection et la formation rigoureuses, fondées sur le travail physique et intellectuel se sont avérées un facteur déterminant de la victoire camerounaise.
- L'efficacité tactique camerounaise s'est manifestée par l'excellente préparation, conduite et exécution des manoeuvres définies par le Capitaine de Vaisseau Oyono Mveng visant à empêcher l'avancée des forces nigérianes à l'intérieure du territoire camerounais.
Enfin, la victoire camerounaise a reposé sur les faiblesses nigérianes à savoir une direction politique déficiente, un commandement hésitant, une mauvaise planification, la formation au rabais des forces armées etc. Ces manquements ont réduit à néant les bénéfices issus de cette supériorité numérique et technologiques. Cette défaite nigériane vient conforter l'hypothèse selon laquelle, la supériorité numérique et technologique à elle seule n'est pas une garantie de succès à la guerre. A notre avis, la stratégie vaut son pesant d'or dans l'issue de toute guerre.
Pendant longtemps, le Nigeria a côtoyé les côtes camerounaises avant de manifester son désir d'appropriation. Cette volonté expansionniste s'est d'abord manifestée par une double contestation : la contestation des accords de 1913 au motif qu'ils n'ont pas été ratifiés du fait de la Première Guerre mondiale alors qu'ils ont bel et bien été ratifiés le 6 juillet 1914 ; la contestation de la Déclaration de Maroua du 1er juin 1975 sous le prétexte qu'elle n'a pas été ratifiée par le Conseil militaire supérieur. Or, la ratification par le Conseil militaire supérieur des actes des chefs d'Etat nigérians a été instituée le 15 octobre 1975 par la « Constitution (Basic provision) Décret 1975 n° 32, section 8 et section 11 ». Ce décret avait un effet rétroactif pour compter du 29 juillet 1975 (article 21). Or la déclaration de Maroua date du 1er juin 1975, donc bien avant la sortie de ce décret et bien avant la période rétroactive (MINDEF 1996 :20). Après cette phase diplomatique, viendra la phase stratégique.
Cette phase stratégique sera impulsée par deux groupes d'experts commis à cet effet par le gouvernement. Le premier groupe de travail commis sous l'égide du Ministère des Affaires Etrangères et du Ministère de l'Intérieur ou « Task Force » sous la direction de M. K. D. OLUKOLU, a déposé son rapport le 06 juin 1985. Le second groupe d'experts commis par le Nigeria en 1988 dirigé par M. BASSEY E. ATE déposa un rapport dans lequel il situe ainsi le problème:
Thesis one: «The National Interest of Nigeria in the maritime area commonly shared with the Republic of Cameroon can only secured through effective control of the Cross River estuary and Bakassi peninsula. Such effective control, potentially, can be ensured either unilaterally by Nigeria or through collaborative action with Cameroon. For Nigeria, the strategic (maximum) purpose of any new negotiations with Cameroon should be to review the entire border question from the beginning, with the aim of arriving at a final solution that will ensured the attainment of the above objective...»
Thesis two: «The vital considerations involved in the maritime dispute with Cameroon, for Nigeria, are strategic and political more so than LEGAL...».
D'où les recommandations et les options suivantes soumises au gouvernement:
« One choice is to accept the « fait accompli » inherent in the Maroua Declaration, which means, in effect, a denial of Nigeria's exclusive Jurisdiction over the entirety of the cross river estuary and the Calabar channel. To the Cameroonians, this would be the optimal objective, amount to a ratification of 1913 agreements. In the framework of this choice, Nigeria might at best be able to persuade Cameroon to respect the neutrality of the 2 kilometres corridor which AHIDJO has conceded to Gowon in 1975 or make other minor adjustments. The consequences of this choice, in terms of Nigeria's Strategies and political interests and sub-regional position would be highly detrimental.
The second choice is for Nigeria to insist on effective control of the cross river estuary and the Calabar channel which involves pressing claim to Bakassi peninsula, as a better guarantee for the protection of its interests and growth potential in the area. In this choice, the preferred boundary would be at the Rio Del Rey...
In the nature of things, there appear to these three basic options:
As option one, Nigeria could unilaterally occupy Bakassi peninsula. In
deciding to do so, of course, the military, logistic, political, financial and other
factors bearing in the calculations of the out-come of such operation should be
considered. Assuming the level of this action, Nigeria might then force the Cameroonians to enter into serious negotiations aimed at establishing acceptable boundary...
A second option would be to offer to buy the Bakassi peninsula from Cameroon
A third option is that Nigeria and Cameroon could seek to institute a «collaborative regime» that will administer the trans-border area in contention in the direct interest of the peoples residing there and for the mutual advantage of the two countries» (MINDEF 1996: 24-25)3.
3 Traduction française
Première thèse : « L'intérêt national du Nigeria dans la zone maritime qu'elle partage avec le Cameroun ne peut être préservé qu'à travers le contrôle effectif de l'estuaire de la Cross River et de la péninsule de Bakassi. Un tel contrôle peut être assuré soit unilatéralement par le Nigeria, soit à travers la collaboration avec le Cameroun. Pour le Nigeria, l'objectif stratégique de toute nouvelle négociation avec le Cameroun serait de revoir la question de toute la frontière avec pour but d'aboutir à une solution finale qui assurera l'atteinte de l'objectif sus-cité. »
Deuxième thèse : « Pour le Nigeria, les considérations vitales impliquées dans la dispute frontalière avec le Cameroun sont plutôt stratégiques et politiques que légales... »
D'où les recommandations et les options suivantes soumises au gouvernement.
« Un choix est d'accepter le fait accompli contenu dans la déclaration de Maroua qui signifie en effet une négociation de la compétence exclusive du Nigeria sur l'ensemble de l'estuaire de la Cross River et du chenal de Calabar. Pour les camerounais, ce serait un objectif capital, équivalent à la ratification des accords de 1913. Sur la base de ce choix, le Nigeria pourrait au mieux persuader le Cameroun à respecter la neutralité des deux kilomètres de couloir que le président Ahidjo avait concédé à Gowon en 1975, ou faire d'autres ajustements mineurs. Les conséquences de ce choix en terme de stratégies et d'intérêts politiques ainsi que sur la position sous régionale du Nigeria seraient hautement catastrophiques.
Le second choix pour le Nigeria est d'insister sur le contrôle effectif de l'estuaire de la Cross River et sur le chenal de Calabar, ce qui implique des réclamations pressantes sur la péninsule de Bakassi comme meilleure garantie pour la protection de ses intérêts et du développement potentiel de cette zone. Dans ce choix, la frontière préférentielle se situerait au Rio Del Rey. Par la nature des choses, ces trois options sont retenues :
Premièrement, le Nigeria pourrait occuper unilatéralement la péninsule de Bakassi. En décidant de le faire, les facteurs militaires, logistiques, financiers et les autres facteurs liés à la réussite d'une telle opération doivent être considérés. Pour assumer la gravité d'une telle action, le Nigeria devait alors forcer les camerounais à entrer dans des négociations sérieuses ayant pour but d'établir une frontière mutuellement acceptable...
Deuxièmement, le Nigeria pourrait proposer d'acheter la péninsule de Bakassi au Cameroun...
La troisième option est que le Nigeria et le Cameroun pourraient chercher à instituer un « régime collaboratif » qui administrera la frontière en accord avec les intérêts directs des populations y résidant et pour l'intérêt mutuel des deux pays.
Comme on le voit, le Nigeria a décidé de choisir les recommandations du rapport Bassey E. Ate, et notamment l'occupation unilatérale de la péninsule de Bakassi par la force (option n° 1), ce qui va justifier la posture agressive permanente du Nigeria. Cette posture va se traduire par les offensives nigérianes et ripostes camerounaises (I), qui se sont soldés par un bilan non négligeables (II).
De longue date, le Nigeria a toujours amassé des troupes le long de la
frontière commune et construit de grosses garnisons le plus près de celles-ci : - Calabar,
- Ikang,
- Ikom,
- Makurdi,
- Gembu,
- Yola,
- Mubi,
- Kerawa,
- Baina et Mongunou,
- Maïduguri.
Le 21 décembre 1993, les troupes nigérianes prennent l'initiative de franchir la frontière camerounaise sous le prétexte de protéger leurs ressortissants qu'elles estiment menacés dans la péninsule de Bakassi par les « gendarmes » camerounais (MINDEF 1996 : 1).
Ces forces armées nigérianes faites de 2000 à 3000 hommes trouvent sur le territoire escompté une esquarre camerounaise faite d'environ 40 hommes (30 éléments de la marine nationale, quelques gendarme et policiers) qui assuraient la mission d'intégrité territoriale en poste avancé et dont le PC se situait à Idabato I en décembre 1993. Ces forces camerounaises, face à cette attaque surprise et le surnombre des troupes nigérianes, vont tout de même essayer de repousser les
assaillants. Déjà à l'intérieur du territoire camerounais, les forces nigérianes vont occuper au 21 janvier 1994 les localités de :
- Kombo A Bedimo et Inokoi (Bakassi Point)
- Jabane I et II (Sandy point)
- Diamond (MINDEF 1996 : 1).
Décidées de rallier le territoire nigérian à la rive sud du Rio Del Rey, elles vont multiplier les offensives et vont s'emparer en février 1994 de la localité d'Akwa (Archibong). Pendant ce temps, les forces camerounaises essayent de se mobiliser (Opération Delta) en GOS, GOC, GON. Et au cours de leur attaque sur la localité de Kombo A Janea, elles seront repoussées par le GOS en poste avancé (MINDEF 1996 : 2). Cette riposte camerounaise sera considérée par le gouvernement nigérian comme « une déclaration de guerre », ce qui entraînera plus tard une intensification des hostilités.
Figure 4 : Le positionnement des Groupements Opérationnels de l'Opération Delta sur le champ des opérations
Source : Présidence de la république du Cameroun, 2001.
I.2- Bakassi de 1996 à 2002 : les offensives nigérianes face à la sévère riposte camerounaise
Du 2 au 7 février 1996, les troupes nigérianes investissent plus en profondeur en territoire camerounais (15 Km vers l'est). C'était une attaque en force sur toute l'étendue de la presqu'île, des tirs à armes lourdes qui pilonnaient au sol les forces camerounaises. Cette offensive leur a permis d'occuper les localités telles que :
- Sous-préfecture d'Idabato I,
- Idabato II,
- Kombo Awase,
- Kombo A Munja I et II,
- Guidi-Guidi,
- Uzama (MINDEF 1996 : 2).
Au cours de cette attaque, le Cameroun va perdre environ une centaine d'hommes et près de 120 seront faits « prisonniers de guerre », malgré la non déclaration officielle de guerre du gouvernement nigérian comme du gouvernement camerounais. Cette attaque massive nigériane de 1996 (artillerie à bloc) va leur permettre d'occuper les 3/5e de la presqu'île querellée.
Cette escalade périlleuse va amener les forces camerounaises à se réinventer d'autant plus qu'il ne leur restait plus que les 2/3 du territoire sauvegardé par leur courage. A cet effet, les autorités camerounaises vont armer leurs forces de 30 vedettes appelées « Sweep Ship ». C'était des petits bateaux américains pouvant contenir 10 à 12 personnes à bord et équipés de 4 mitrailleuses (2 lourdes et 2 légères) (Présidence de la République du Cameroun 1999 :3-4). Ces vedettes étaient le matériel indiqué pour le combat dans la mangrove qui recouvrait la presqu'île. Ces engins étaient destinés à permettre la mobilité des forces camerounaises contrairement aux frégates nigérianes qui ne pouvaient pas circuler dans la mangrove d'après le Général d'Armée Pierre SEMENGUE.
Nanties de ce matériel d'appoint, les forces camerounaises dirigées par le Capitaine de vaisseau Oyono Mveng, commandant de l'Opération Delta, vont organiser une contre-attaque en mars 1996. Cette contre-attaque surprise va leur permettre de récupérer certaines localités à la suite de lourdes pertes nigérianes, environ 2000 hommes tués, des bâtiments de guerre détruits (Jonathan). Au-delà de ces pertes en vies humaines, près de 150 soldats nigérians seront faits prisonniers de guerre par le Cameroun, parmi lesquels 4 officiers d'après le Général d'armée Pierre SEMENGUE. Cet équipement spécifique va permettre aux forces camerounaises de maintenir les forces nigérianes dans leurs retranchements. Les positions occupées par les deux camps resteront comme telles jusqu'au dénouement diplomatique d'octobre 2002 au mépris des mesures conservatoires indiquées à l'attention des deux gouvernements par l'ordonnance du 15 mars 1996 de la CIJ à la Haye et de la demande adressée par les membres du Conseil de Sécurité des Nations Unies le 29 février 1996, pour le cessez-le-feu et le retour des troupes des deux parties à leurs positions initiales (MINDEF 1996 : 2).
Cette lourde perte nigériane (une semaine à repêcher les corps) a semé le doute dans leurs rangs, raison pour laquelle elles n'ont plus organisé d'offensives de grande envergure, même après l'arrêt du 10 octobre 2002 de la CIJ. On n'observera sur le champ des opérations que quelques actions isolées perpétrées même le plus souvent par les militaires camerounais (actions individuelles) ayant le contrôle de la situation.
L'arrêt de la CIJ rétablissant la souveraineté camerounaise sur la presqu'île de Bakassi sera boudé par le Nigeria malgré l'engagement solennel des deux chefs d'Etats le 5 septembre 2002 à Saint-Cloud, en présence du Président français Jacques Chirac et du Secrétaire général de l'ONU, Koffi Annan. Ainsi, le retrait des troupes nigérianes imposé par l'arrêt de la CIJ ne sera pas effectif d'après la
déclaration officielle de son intention de rejeter le verdict de la CIJ le 23 octobre 2002. Le Nigeria justifie ce rejet par deux raisons : d'abord l'impartialité du Président français de cette juridiction Gilbert Guillaume et des juges allemands et anglais, dont le travail s'est réduit à la confirmation des accords conçus par leurs aînés ; ensuite le refus d'abandonner ses intérêts et surtout son peuple vivant à Bakassi. Le communiqué commis à cet effet mentionne : « En tant que Nation régie par la loi, nous devons continuer à exercer notre juridiction sur ces zones en accord avec la constitution. A aucun prix, le Nigeria n'abandonnera son peuple et ses intérêts. Pour le Nigeria, ce n'est pas une question de pétrole ou de ressources naturelles sur les terres ou eaux territoriales. Il s'agit du bien être et de la santé de son peuple sur ses terres ». En marge de cette version officielle, le Nigeria considère cette décision comme une atteinte à son statut de puissance sous régionale, un déshonneur pour lui qui devrait inspirer respect et crainte aux autres Etats (Onana Mfege 2004 : 107-108).
Cet état d'esprit va se matérialiser sur le terrain par le maintien de l'Opération « Harmony IV» sur les positions occupées. Il était question pour les forces nigérianes d'entretenir la souveraineté nigériane sur les localités qu'elles occupaient à défaut d'une occupation totale de la presqu'île. Aussi, les forces camerounaises avaient pour mission de maintenir les forces nigérianes dans leurs retranchements. Cette mission était dirigée par le Commandant B2/B3 GOS relativement aux consignes particulières :
- Le B3 (3è bataillon) était chargé des opérations défensives et offensives ;
- Le B2 (2è bataillon) s'occupait des renseignements.
Le chef B2/B3 GOS exécutait les tâches suivantes au quotidien :
· Suivi de l'instruction
· Faire des TD (travaux dirigés) de relève et d'arrivée sur la zone des personnels suivants : COM GOS, CES/GOS, B1/B4, B2/B3, armuriers,
détachement Milan. Il faisait aussi les TD de préparation de relève 01 mois avant et 02 semaines avant.
· Faire le programme hebdomadaire d'instructions dont la copie doit être adressée à COM DELTA tous les jeudis et comptant pour les semaines à venir.
· Tenir le registre des mouvements et activités du groupement appelé « journal de marche des opérations ».
· Mettre à jour le tableau des relèves.
· Visiter les postes de combat du groupement (01 fois/semaine).
· Effectuer la relève des unités.
· Effectuer les patrouilles.
· Chasser les pêcheurs nigérians.
· Insécuriser en permanence la zone de responsabilité camerounaise.
· Récupérer les pirogues ou embarcations avec personnels et contenu et les mettre à la disposition de la prévôté pour besoin d'enquête.
· Avoir le souci de la bonne utilisation des embarcations.
· Faire respecter les consignes de COM DELTA sur la navigation sur zone et en particulier la navigation de nuit est interdite sauf cas de force majeure.
· Tout mouvement d'embarcation doit être ordonné par le COM GOS.
· Faire garder une attitude militaire (port de la tenue).
· Respecter scrupuleusement les degrés d'alerte (1-2-3)
· Respecter l'envoi des pièces périodiques.
· Veiller à la bonne conservation des cartes et autres documents officiels.
· Pouvoir faire un compte rendu instantané, précis et détaillé sur la Nature, le Volume et l'Armement (NVA) des forces nigérianes.
· Entretenir le moral des hommes.
· Riposter efficacement à toute attaque par des tirs à tuer
· Le B2/B3 est conseiller maritime du COM GOS
· Le B3 établit pour le groupement des ordres de conduite et d'opération (Présidence de la République du Cameroun 2001 : 10-12).C'est grâce au respect de toutes ces consignes que les forces camerounaises ont pu retenir les forces nigérianes jusqu'à leur retrait au lendemain des accords de Greentree.
La Guerre étant le langage des armes, il est tout naturel qu'on s'attende à un bilan en terme de pertes de vies humaines et des dégâts matériels. Mais la guerre de Bakassi a été une guerre qui n'a pas dit son nom, voire une guerre inavouée par les gouvernements belligérants. Les deux gouvernements n'ont pas partagé avec leurs peuples respectifs la situation de guerre qu'ils vivaient de peur de l'étendre aux civils. Le gouvernement camerounais a géré cette guerre en toute intimité, certainement pour la sécurité de la forte communauté nigériane vivant sur son territoire. Le gouvernement nigérian quant à lui n'a avoué l'état de guerre qu'au cours de l'échange de prisonniers de guerre à Yaoundé d'après le Général d'armée Pierre SEMENGUE.
N'ayant pas fait de déclaration de guerre, aucun des deux gouvernements n'a dressé un bilan officiel. Mais d'après des hauts officiers camerounais, le Cameroun a subi des pertes minimes comparativement au Nigeria qui en a subi lourdement.
~ Sur le plan humain, le Cameroun a perdu environ 200 à 300 hommes sans compter les disparus à l'instar du médecin porté disparu à la suite d'un accident d'hélicoptère. Le Nigeria quant à lui a perdu environ 2000 à 3000 hommes dans cette guerre. Le bilan nigérian le plus lourd a été enregistré lors de la riposte camerounaise en mars 1996 à Kombo A Janea (2000 morts environ). A coté de ces pertes en vie humaine, on peut ajouter les
prisonniers de guerre qui ont été libérés à la suite de l'échange organisé à Yaoundé en juin 2006 par les deux gouvernements sous l'égide de la Croix Rouge Internationale. Le Cameroun a libéré environ 150 prisonniers nigérians parmi lesquels le corps du Capitaine FOUTOUMBE, mort en captivité à Yaoundé. Le Nigeria à son tour en a libéré environ 120 parmi lesquels deux corps des sous officiers rapatriés.
~ Sur le plan matériel, le Cameroun a perdu trois (03) hélicoptères (deux sont tombés en mer, un a été emporté par un tourbillon marin et est allé tomber à 500 mètres de la côte et à 300 mètres de profondeur de la mer) ; un sweep Ship ; beaucoup d'armes et de munitions lors de la prise d'Idabato I et II par les forces nigérianes en février 1996. le Nigeria quant à lui a perdu trois bâtiments de guerre parmi lesquels le « JONATHAN » détruit par les fusiliers marins commandos camerounais encore appelés « hommes grenouilles » ; beaucoup d'armes et de munitions abandonnées lors de la riposte camerounaise de mars 1996.
D'après des sources militaires nigérianes officieuses, le Nigeria a perdu environ 1 millier d'hommes ; quelques disparus ; une centaine de prisonniers de guerre. Le Cameroun en a perdu des centaines d'hommes ; une centaine de prisonniers également. Sur le plan matériel, quelques frégates, beaucoup d'armes et de munitions ont été perdues par le Nigeria contre des hélicoptères, des corvettes, des embarcations légères, des armes et des munitions en grand nombre du coté camerounais.
En faisant la moyenne de ces deux versions de bilan, il apparaît que le Nigeria paye le tribut le plus lourd dans cette guerre. Non seulement il n'a pas pu s'approprier la presqu'île par la force des armes, mais aussi il a connu des pertes insoupçonnées devant le Cameroun. Une telle situation ne correspond pas aux prévisions d'avant la guerre, lorsqu'on se réfère au potentiel militaire du Nigeria considéré comme première puissance de la sous région et deuxième puissance africaine après l'Afrique du Sud.
A la question de savoir qu'est ce qui a fait le mérite des forces camerounaises dans cette guerre, le Général d'armée Pierre SEMENGUE évoque la qualité des hommes et la spécificité de l'armement.
· Le Nigeria a mobilisé pour cette guerre environ 10000 hommes de formation au rabais (45 jours environ de formation) et beaucoup de moyens mal organisés. Le Cameroun de son coté a présenté 2000 hommes environ, nantis d'une formation de haute facture (deux ans) et des moyens limités, mais spécifiques, c'est-à-dire adaptés pour le combat dans la mangrove. Le Nigeria était assez équipé pour la parade, mais manquait d'équipement de combat dans la mangrove au début de la guerre.
· La qualité de l'organisation des forces camerounaises a primé également, c'est-à-dire leur sens de la discipline et leur cohésion devant une armée nigériane indisciplinée et politisée par des hommes d'affaires. D'après le Général SEMENGUE, l'armée nigériane n'est pas comme l'armée camerounaise le creuset de l'unité nationale.
Le 21 décembre 1993, les troupes nigérianes prennent l'initiative de franchir la frontière camerounaise. Le 21 janvier 1994, les forces nigérianes occupent à l'intérieur du territoire camerounais les localités de Kombo A Bedimo (Bakassi Point), Jabane I et II (Sandy-Point), Diamond. En février 1994, elles s'emparent d'Akwa (Archibong) et attaquent Kombo A Janea avant d'être repoussées. Du 2 au 7 février 1996, les troupes nigérianes investissent plus en profondeur en territoire camerounais les localités de Idobato I et II, Kombo Awase, Kombo A Munja I et II, Guidi-Guidi, Uzama (MINDEF 1996 : 1-2). Par ces faits, il est clairement établi que le Cameroun subit une agression extérieure. Et d'après les accords de coopération militaire franco-camerounais (accords de défense, accords d'assistance militaire technique), une possibilité est offerte au Cameroun de faire appel aux forces françaises pour assurer sa défense. Ces accords ont-ils été opératoires ? La réalité des actions françaises tout au long de la guerre (II) nous permettra de répondre à cette question (III) au regard de la teneur de ces accords (I).
Ces accords sont de deux ordres à savoir les accords de défense et les accords d'assistance militaire technique.
D'après les accords de défense signés en novembre 1960 (Dumoulin 1997 : 26), le Cameroun a la possibilité de faire appel aux forces françaises pour assurer sa défense en cas d'attaque intérieure comme extérieure. Bien que placés
sous le sceau de la confidentialité, certaines indiscrétions militaires camerounaises font état de l'obligation des unités françaises d'intervenir en cas de conflit. Si tel est le cas, la France militaire devrait être présente sur le champ des opérations comme alliée du Cameroun.
Concernant les accords d'assistance militaires techniques signés en février 1974 (Dumoulin 1997 : 28), les officiers de nationalité françaises sont appelés à encadrer les forces armées camerounaises (article 1er) ; l'exclusivité de la fourniture du matériel militaire au Cameroun est réservée par la France (article 2) ; le Cameroun peut faire appel à des administrateurs et techniciens français (article 4) (Oyono 2000 : 39-44). En d'autres termes, ces clauses concernent à la fois l'instruction et la formation des forces armées camerounaises. Alors, les troupes camerounaises impliquées dans la guerre (Opération Delta) devraient bénéficier de la formation et de l'appui logistique des unités françaises.
En définitive, le Cameroun devait avoir la France comme alliée dans cette guerre par le truchement des accords de coopération militaire signés entre les deux pays.
Elle sera évaluée à l'aune des questionnements suivants :
- La France a-t-elle renseigné le Cameroun sur l'éventualité d'une attaque nigériane ?
- Est-elle intervenue sur le plan tactique durant la guerre ?
- A-t-elle été une source permanente de renseignements et de matériels d'appoint en urgence ?
La France à travers la multinationale ELF, dispose d'une officine de renseignement dans les pays pétroliers à l'instar du Nigeria (Fogué Tédom 2006 :
30). A travers ses multiples sources de renseignement humaine (l'observation directe, les relations personnelles, l'informateur) ; matérielle (les gadgets, le système échelon, les écoutes téléphoniques, les photos aériennes ou satellites) et ses lieux de renseignement (renseignement généraux, l'intelligence économique) ; la France quadrille la vie politico-stratégique nigériane. Indubitablement, elle était informée des appétits annexionnistes du gouvernement nigérian. Une « France » soucieuse de la sécurité de son pré-carré pouvait agir de deux manières : soit informer le gouvernement camerounais d'une éventuelle attaque nigériane pour qu'il se prépare à une éventuelle riposte ; soit dissuader le gouvernement nigérian en prétextant son implication en cas d'attaque contre le Cameroun. Mais aucune de ces deux actions n'a été entreprise par la France d'où l'occupation surprise des territoires camerounais par les forces nigérianes au soir du 21 décembre1993.
La France n'a certainement pas informé le gouvernement camerounais d'une éventuelle attaque nigériane parcequ'elle serait pour une « nigérianisation » de la presqu'île de Bakassi. Riche en pétrole et en matières premières, l'exploitation de cette zone semble avoir été conquise par la diplomatie et firmes américaines. Par ces faits, la souveraineté nigériane sur cette terre querellée repositionnerait la France dans la course à l'appropriation des puits de pétrole. Cette inaction de la France n'est qu'une traduction de son opportunisme.
Conformément aux accords de défense franco-camerounais, la France militaire devait se retrouver sur le champ des opérations comme allié des forces camerounaises. Mais contre toute attente, les militaires français resteront attendus sur le champ des opérations jusqu'à la fin de la guerre. Néanmoins, la France participera à la guerre d'après les autorités militaires camerounaises à travers le détachement ARAMICE.
Ce détachement français d'une dizaine d'hommes, équipés d'un matériel d'assaut et de deux hélicoptères, était chargé du reconditionnement des forces
camerounaises. En partance pour Bakassi, les troupes camerounaises étaient appelées à faire escale à Limbé où était basé le centre de reconditionnement.
Pendant trois semaines, les forces françaises avaient pour tâche le recyclage ces forces camerounaises. Il s'agissait d'une mise en forme physique et tactique destiné à faire d'elles des forces redoutables sur le champ des opérations. Au terme de cette mise à jour, les forces camerounaises étaient prêtes pour le combat dans la mangrove, paysage de la presqu'île. Cette opération de recyclage à leur avis était d'une importance capitale car, elle préparait les troupes à pouvoir parer aux obstacles du champ des opérations et à pouvoir résister aux conditions de vie austères dans la région. Chose curieuse, les services de ce détachement français étaient payés par le gouvernement camerounais d'après certaines indiscrétions des militaires camerounais. De l'avis des autorités militaires camerounaises, cette participation française n'était pas à même de renverser le cours de la guerre, dominée par les forces nigérianes du fait de leur supériorité en hommes et en armements. Les forces camerounaises avaient plutôt besoin d'un appui en armes spécifiques à l'instar des Sweep ship américains qui leurs ont permis de reprendre le contrôle du champ des opérations
Lors des incidents de 1981 entre le Cameroun et le Nigeria sur la surface maritime de Bakassi où le Nigeria avait perdu 5 soldats après les tirs de feu camerounais, l'on n'est pas arrivé à un conflit ouvert malgré l'état d'alerte grâce à l'implication française. La France, après avoir livré des armes et munitions au Cameroun, mobilisera ses avions de combat basés au Gabon ainsi que d'autres appareils en veille à Bouar en République Centrafricaine. Cette diplomatie coercitive de la France avait contribué à dissuader le Nigeria (Onana Mfege 2004 : 88-89).
Cela ne fut pas le cas lors des escarmouches de février 1994 à 1996 entre soldats nigérians et camerounais dans la zone maritime querellée. Malgré le
positionnement temporaire à Douala (Cameroun) en 1994 de deux hélicoptères PUMA et des Commandos Parachutistes français dans le souci d'élaborer une gesticulation (Dumoulin 1997 : 21), la France s'est limitée à livrer quelques informations à l'Etat Major de guerre camerounais dirigé par le Commandant de l' «Opération Delta ». Ces renseignements ont permis aux forces camerounaises d'être au parfum des manoeuvres du camp adverse et de pouvoir déjouer toute offensive (Onana Mfege 2004 : 91).
Au-delà de ces renseignements, la France a contribué matériellement en livrant quelques armes et munitions aux forces camerounaises. Elle a également contribué à la préparation et à l'équipement du Bataillon Spécial Amphibie camerounais composé de fusiliers marins commandos. Ce bataillon a bénéficié d'un matériel leur permettant de manoeuvrer dans la mangrove d'après les sources militaires camerounaises.
Mais d'après les autorités militaires camerounaises, l'aide de la France n'a pas été à la hauteur de leurs attentes. Conformément aux accords, la France devait aider le Cameroun à rétablir sa souveraineté sur la presqu'ile de Bakassi à travers un renfort en ressources humaines et matérielles. La France ne pouvant pas aller à l'encontre de ses intérêts, s'était contenté de simuler une participation aux cotés du Cameroun.
En référence aux questionnements émis au sujet de la participation de la France dans le conflit étudié, l'on peut dire que la France a timidement fait parler d'elle. En effet, toutes les demandes camerounaises conformément aux accords de coopération militaire sont restées sans réponses. De fait, d'après ces accords, la France militaire devait s'impliquer matériellement et tactiquement dans ce conflit. Ainsi, le Nigeria aurait due avoir pour adversaire le Cameroun et la France mais, ce ne fut pas le cas. C'est ce qu'avoue sous le sceau de la confidentialité un grand officier des forces armées camerounaises. D'après ce dernier, lors de l'attaque
nigériane du 02 au 07 février 1994, le chef d'État-Major français le général Bentégéat avait été saisi par les autorités militaires camerounaises conformément aux accords militaires. Il lui avait été communiqué les coordonnées indiquant le positionnement des forces nigérianes qui pilonnaient au sol les forces camerounaises pour une éventuelle intervention. Mais, la France est restée sourde à cet appel, accusant le Cameroun de vouloir l'immiscer dans un conflit qui ne la regarde pas. Par ces faits, la France trahissait les accords militaires protégeant incontestablement ses intérêts nigérians.
Si la France l'avait voulu, elle aurait pu stopper net les offensives nigérianes comme elle l'avait fait au Tchad contre les rebelles avançant vers la capitale sans la demande du chef de l'État. Cette intervention française aurait pu éviter les pertes camerounaises (des centaines de morts et plusieurs disparus). Ce manque de solidarité de la France a éveillé des soupçons du gouvernement camerounais, qui est allé à penser que la France était un agent double. Toujours d'après ce grand officier, la France renseignait aussi les forces nigérianes sur les activités camerounaises. C'est ainsi que les autorités militaires camerounaises décidèrent de l'exclure de leur secret défense. Elles étaient arrivées à coder leurs communications, s'exprimant désormais soit avec des sobriquets, soit en langues locales. C'est la raison pour laquelle la France ne sera pas informée des préparatifs de la riposte camerounaise de février 1996 qui a mis en déroute les forces nigérianes. Deux raisons pourraient expliquer le double jeu de la France : respecter les accords militaires la liant au Cameroun afin de continuer à bénéficier de la place de choix qu'elle occupe dans son secret défense, gage de ses intérêts au Cameroun ; protéger ses intérêts géopolitiques et géostratégiques plus importants au Nigeria qu'au Cameroun (pétrole, matières premières...).
La guerre de Bakassi nous offre l'opportunité d'évaluer ces accords de coopération militaire. Si l'on s'en tient au rôle mineur joué par la France pendant le conflit étudié, il va de soi que ces accords sont nuls car ils sont restés inopératoires face à la première nécessité. Le Cameroun, engagé dans un conflit majeur s'est retrouvé tout seul face à un agresseur impressionnant malgré la survivance des accords militaires.
Contre toute attente, les forces camerounaises ont plutôt été fragilisées par cette présence militaire française pendant la guerre. Selon des sources militaires camerounaises, mettre entre parenthèses ces accords pendant la guerre a été un impératif pour la victoire camerounaise. De fait, le Cameroun a été attaqué plusieurs fois avec succès par les forces nigérianes occupant ainsi les 3/5e des terres querellées. Les unités camerounaises sont allées ainsi de perte en perte malgré leur grande collaboration avec la France. Cette dernière sera par ces faits soupçonnée de protéger ses intérêts nigérians et par conséquent classée dans le camp des ennemies. C'est après cette exclusion du secret défense que les forces camerounaises vont reprendre le contrôle des opérations. Si l'on s'arrête un temps soit peu sur ces aveux des autorités militaires camerounaises, le Cameroun aurait certainement subi beaucoup plus de pertes en vies humaines et de dégâts matériels s'il continuait à collaborer avec la France. Tout ces faits établissent l'insécurité stratégique dans la quelle s'est trouvé le Cameroun au début de cette guerre.
Cette présence militaire française peut aussi constituer un contrepoids à l'autonomie stratégique et politique du gouvernement camerounais. La France considérée comme un traître pendant la guerre va se refaire une nouvelle image au terme de celle-ci à travers le Recamp V organisé à Yaoundé au Cameroun du 9 novembre au 8 décembre 2006. Á travers cet exercice, la France veut reconstruire
sa personnalité protectrice, elle veut effacer le doute qu'elle a semé autour de la coopération militaire pendant la guerre. C'est ainsi qu'elle entreprendra de former à Yaoundé une force sous régionale africaine disposant des personnels qualifiés et des moyens spécifiques pour pouvoir assurer le maintien de la paix dans une zone conflictuelle. Il s'agissait ici d'apprendre à défendre les points névralgiques, de sécuriser les personnes et les biens, tout en mettant l'accent sur le soutien de l'homme en matière d'évacuation, de soins, d'alimentation et autres. C'était un exercice qui a permis d'après des sources militaires camerounaises, de regrouper les forces armées de la sous région pour effectuer une simulation à grande échelle pour le cas d'un pays imaginaire appelé « WENAMEL » qui se serait retrouvé confronté à une double attaque : une attaque extérieure à cause de sa richesse en ressource pétrolière d'une partie de son territoire et une attaque intérieure orchestrée par une faction sécessionniste.
Il était donc question dans cette session de donner aux militaires une formation à dimension humanitaire permettant de limiter les dégâts, de sécuriser les personnes et les biens, de sécuriser les victimes afin de minimiser les pertes en vies humaines en cas d'un double conflit ouvert dans un pays quelconque. Ce fut une véritable opération de charme à l'endroit du Cameroun amplifiée par de nombreuses retombées à savoir :
- Une logistique d'appoint (matériel roulant, matériel nautique, armes...) ; - Un stage de recyclage en France offert aux officiers pilotes ;
- Une remise au point de l'aéroport international de Nsimalen ;
- Dix blocs opératoires installés à l'hôpital La Quintinie à Douala capables de soutenir les interventions chirurgicales de plusieurs personnes aussi bien en temps de paix qu'en temps de crise. Ces dons, loin d'être une aide au développement, viennent renforcer la dépendance stratégique et politique du Cameroun vis-à-vis de la France.
En définitive, en se référant à la guerre de Bakassi, ces accords de coopération militaire franco-camerounaise loin d'être salvateurs, ne sont rien d'autre qu'une source d'insécurité stratégique, un pilier de la dépendance militaire et politico-stratégique du Cameroun vis-à-vis de la France.
Les questions centrale et secondaire de notre recherche étaient celles de savoir si les forces armées camerounaises (Opération Delta) ont pu empêcher l'avancée des forces nigérianes (Opération Harmony IV) à l'intérieur de leur territoire ou encore si elles pouvaient rétablir la souveraineté camerounaise sur la presqu'île de Bakassi sans l'intervention de la CIJ ? Ce travail a permis de confirmer les hypothèses selon les quelles : les forces armées camerounaises ont été à la mesure de la menace militaire que l'État du Nigeria a exercé sur leur territoire ; ces dernières ont été fragilisé par l'absence de collaboration franche de la France pourtant, liée à l'État du Cameroun par les accords de coopération militaire.
Au chapitre premier portant sur l'état de la question des forces armées, des conflits armés et de la coopération militaire internationale dans le monde, nous avons défini les concepts clés de notre travail après une étude théorique préalable. Les forces armées ont été définies d'une part comme un outil de conquête et d'émancipation, et d'autre part comme un outil de protection des intérêts et de l'intégrité territoriale. Le conflit armé a été posé comme la recherche de la suprématie et comme moyen de contrainte ; comme un acte d'intégration politique et de résistance extérieure. La coopération militaire enfin, a été vue comme l'action d'aide militaire (de la France) aux pays sous développés.
L'évaluation des forces armées camerounaises à l'offensive d'un conflit armé les opposant aux forces armées nigérianes s'est faite par le truchement d'une analyse historique et comparative accompagnée d'un certain nombre d'instruments, en l'occurrence les enquêtes par questionnaire, les entretiens directs et les documents.
Au chapitre deuxième, une analyse historique et comparative des actions des forces en présence établi une supériorité nigériane sur le Cameroun tant en ressources humaines (85000 hommes contre 28000) que matérielle. Ici est présagé
l'occupation de force de la presqu'île Bakassi du fait de ce potentiel supérieur.
Le chapitre troisième quant à lui portant sur les péripéties du conflit et les escarmouches fait état de la débâcle des forces nigérianes à Bakassi, malgré tout ce qui leur vaut le rang de deuxième puissance Africaine, soit un bilan de deux à trois milles morts environ contre deux à trois cents pour le Cameroun.
Le chapitre quatrième, enfin, présente la valeur des accords de coopération militaire franco-camerounais déterminée par la qualité de l'implication française dans cette guerre. La présence française ici s'est avérée être une source d'insécurité stratégique et un pilier de la dépendance militaire et politicostratégique du Cameroun vis-à-vis de la France.
Au terme de ce travail, il ressort que les forces armées nigérianes (Opération Harmony IV) chargées de traduire dans les faits la volonté annexionniste du gouvernement nigérian ne sont pas allées au terme de leur mission. Ayant occupé certaines localités camerounaises à la suite d'une attaque surprise, les forces armées camerounaises (Opération Delta) avaient pour mission de les maintenir dans leurs positions, d'empêcher ainsi leur avancée dans les eaux camerounaises de la presqu'île Bakassi. La supériorité numérique nigériane en hommes (10.000 hommes contre 3.000 environ) et en matériel présageait une « nigérianisation » de la presqu'île camerounaise, c'est-à-dire un déplacement de la frontière de la rivière Akwa Yafé au Rio Del Rey. Mais à l'épreuve des faits, les offensives de l'opération Harmony IV ont buté contre les ripostes de l'opération Delta divisée en trois groupements opérationnels (GOS, GOC, GON). Dans ces escarmouches, le Nigeria payera le plus lourd tribut, soit un bilan de 2000 à 3000 morts et 150 prisonniers de guerre contre 200 à 300 morts et 120 prisonniers du coté camerounais. Ces lourdes pertes nigérianes ont limité leurs manoeuvres sur le champ des opérations, restant ainsi dans leurs positions d'antan jusqu'au dénouement diplomatique du 10 octobre 2002 en faveur du Cameroun et au retrait définitif de leurs troupes aux lendemains des accords de Greentree en juin 2006. Par ces faits, les forces armées camerounaises ont démontré leur efficacité reposant sur la qualité physique exceptionnelle, leur dévouement, leur
professionnalisme, leur cohésion et la spécificité de leur armement contre la formation approximative, l'indiscipline et la politisation des militaires nigérians par les hommes d'affaires et l'armement de parade du Nigeria.
Certes, les forces armées camerounaises sont fortes et efficaces. Elles l'ont démontré devant le « Grand Nigeria ». Mais ces dernières resteraient fragilisées par la permanente main tendue du gouvernement à la France partant de leurs formations, de leurs équipements en matériels et des stratégies mises en place pour la défense de leurs intérêts. Cette présence étrangère est la matrice de l'insécurité stratégique et de la dépendance de l'État camerounais vis-à-vis de la France. Ainsi, beaucoup reste à faire partant de la sécurisation et de la conservation du secret défense au renforcement des capacités militaires camerounaises, d'où le thème de la 35e fête de l'Unité nationale camerounaise : « Les forces armées camerounaises, pour la consolidation de l'intégrité territoriale, de la paix et de la stabiité ».
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- Onana Mfégé, A.-H., 2004, Le Cameroun et ses frontières, une dynamique géopolitique complexe, Etude Africaine, Harmattan,
- Oyono, D., 2000, Avec ou sans la France ? La politique africaine du Cameroun depuis 1960, Harmattan .
- Quivy, R., et Van Capenhoudt, L., 1988, Manuel de recherche en sciences
sociales, Bordas, Paris.
- Seiller, D.-L., 2004, La méthode comparative en science politique, Armand Colin, Paris.
Articles
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- Fontrier, M., 2002, « De nouvelles guerres africaines », Stratégique, N°4, Yaoundé.
- Kounou, M., 2001, « Les conflits armés post guerre froide en Afrique au sud du Sahara : un essai de caractérisation », Revue Africaine d'Etudes politques et stratégiques N°1, Université de Yaoundé II, FSJP.
- Kounou, M., 2003, « Coups d'Etat, Régimes militaires et développement démocratique au Sud du Sahara de 1963 à 2004 : Bilan et perspectives », Revue Africaine d'Etudes politiques et stratégiques, N°3, Université de Yaoundé II, FSJP.
Metogo, G., 2000, « Armées du Golfe de Guinée : Vers l'émergence de deux puissances sous-régionales », Revue africaine de défense, N°2, bureau d'étude et d'information, Yaoundé.
Mvié Meka, E., 2000, « Les nouvelles perspectives pétrolières du Golfe de Guinée », Revue africaine de défense, N°2, bureau d'étude et d'information, Yaoundé.
- Mvié Meka, E., 2000, « Afrique-France : une radioscopie de deux siècle de relation militaire », Revue Africaine d'Etude Politiques et stratégique, N°1,Yaoundé.
- Ntuda Ebodé, J. V., 2003, « Les enjeux pétroliers du Golfe de Guinée », Diplomatie n°7, Areion, Lambesc.
- Ntuda Ebodé, J., V. et Nsizoa, M., 2001, « Afrique et Mondialisation : obstacles à l'insertion et stratégies d'expansion : un regard politologique », Revue Africaine d'Eudes Politiques et Stratégiques, N°1, Université de Yaoundé II, FSJP.
Ogoulat, A.-D., 2000, « Géostratégie et Polémologie dans l'espace Atlantique Centre-Orientale : le cas du Golfe de Guinée », Stratégique, N°2, Yaoundé.
Thèses et mémoires
- Essama, J., 1984, Une approche de la coopération franco-camerounaise, Thèse de Doctorat d'Etat en Science Politique, Université de Paris- Sud, UER de droit de sceaux, année académique 1983-1984.
- Ango Ela, P., 1987, Défense, espace et sécurité dans les régions frontalières du Cameroun Méridional, mémoire de DEA en Science Poltique, Université de Paris I, Panthéon - Sorbonne.
Autres documents et rapports
- Guidat, P., 2000, Action de l'Etat en mer, Cours de spécialisation de la marine Cameounaise, Yaoundé.
- Fogué Tédom, A., 2006, « Questions Stratégiques », DESS Stratégie, Défense, Sécurité et Gestion des Conflits, Université de Yaoundé II, FSJP.
- Fogué Tédom, A., 2006, « Le déficit d'autonomie politique et stratégique de l'Etat post coloniale et les problèmes africains actuels », Les Questions Stratégiques, Séminaire de DEA en Science Politique, Université de Yaoundé II, FSJP.
- MINDEF, 1996, Mémorandum sur le Différend Frontalier de la péninsule de Bakassi, MINDEF, Yaoundé.
- Présidence de la République, 2001, Procès Verbal de Passation de Consignes B2/B3 GOS, Nawumse Wan.
- Présidence de la République du Cameroun, 1999, état N° 010290 / ET / DELTA / GOS/ EM / B3 relatif à l'implantation et dénomination
des postes de combat du GOS, Yaoundé.
- Présidence de la République du Cameroun, 01 NDS N° 990366 / NDS / DELTA/ EM / 01 du 21/ 10 / 99 sur les mesures sur les embarcations sur zone, Yaoundé.
- Présidence de la République du Cameroun, 01 Synthèse de renseignement aux commandements des groupements enregistrés sous le N° 010124 / GOS / DU 04 mai 2001 pour la période du 16
au 30 avril 2001, Yaoundé.
- République du Cameroun, 2002, AIDE-MÉMOIRE, Affaire de la frontière terrestre et maritime entre le Cameroun et le Nigeria
(Cameroun c. Nigeria : Guinée Equatoriale
(intervenant)), Yaoundé.
ANNEXE 1 : QUESTIONNAIRE SOUMIS AUX ACTEURS + Coté camerounais
1. La presqu'île de Bakassi était entièrement occupée par les populations nigérianes et ce depuis des lustres. Comment en est-on arrivé là ?
2. En décembre 1993, les troupes armées nigérianes s'investissent à Bakassi. Comment est-ce que vous réagissez ?
3. A Idabato en février 1994, il y a de violents affrontements entre les troupes nigérianes et la marine camerounaise. Quelle a été l'issue de ce premier affront et quelles ont été les dispositions prises ?
4. Par la suite il y a eu de violents combats terrestre et maritime. Quel a été le bilan de ces affrontements ?
5. A la suite de ces affrontements, le Cameroun, tout en maintenant ses troupes au front, va choisir la voie diplomatique, an saisissant la CIJ. A votre avis, qu'est-ce qui justifie ce choix ? Est-ce la crainte de l'adversaire ? Sinon, quels sont les atouts des forces armées camerounaises ?
6. Durant ce conflit, avez-vous utilisé les accords de coopération militaire signés avec la France ? Aviez-vous besoin d'elles pour pouvoir repousser les offensives nigérianes ?
7. Quelle a été le nombre réel de tués et de blessés durant cette guerre ?
+ Coté nigérian
1- Pourquoi le gouvernement nigérian a-t-il décidé d'envahir Bakassi ?
2- Lorsque les troupes nigérianes décident d'envahir la presqu'île de Bakassi, étaient-elles sûres de venir à bout des troupes camerounaises ?
3- Durant cette occupation de fait, quelle a été la réaction camerounaise ?
4- Quel a été le bilan de ces affrontements terrestres et maritimes ?
5- Les forces armées camerounaises vous ont-elles empêché d'accomplir votre mission ?
6- Pensiez-vous que vous pouviez vous approprier la presqu'île camerounaise et pérenniser la souveraineté nigériane ? Si oui, quels atouts et stratégies disposiez-vous pour y arriver ?
7- Avez-vous tiré un grand bénéfice durant l'occupation de la presqu'île, si oui de quelle nature ?
ANNEXE 2 : ETAT DE LA DEFENSE DES FORCES
ARMEES
CAMEROUNAISES ET NIGERIANES :
d'après Pascal Boniface
dans l'année stratégique 2006