RESUME DU MEMOIRE
Un meilleur suivi de la grossesse passe d'abord par une
surveillance précoce de celle-ci. En effet, dans le but de contribuer
à l'amélioration de la qualité de la surveillance de la
grossesse dans le district sanitaire de Tenkodogo, nous avons mené une
étude transversale à visée descriptive portant sur le
thème « Etude des déterminants de la faible proportion des
femmes enceintes vues au premier trimestre de grossesse en CPN dans le DS de
Tenkodogo». L'objectif général était d'étudier
les déterminants de la faible proportion des CPN1 au 1er
trimestre de grossesse. Elle s'est déroulée du 1er au
07 Août 2011. Pour y parvenir nous avons émis trois
hypothèses qui expliquent cette faible proportion. Il s'agit de
l'insuffisance de compétences des prestataires des services de
santé, l'insuffisance d'organisation des services de santé, les
facteurs sociodémographiques et culturels. Les populations
d'étude était composées des responsables de
maternité, des infirmiers chefs de poste, du responsable santé de
la reproduction du district, des femmes enceintes et des accoucheuses
villageoises. Au terme de notre analyse, l'organisation des services, les
connaissances, les attitudes et les pratiques des prestataires à travers
l'accueil, la communication interpersonnelle, notamment les informations
reçues sur l'état de la grossesse et sur les maladies à
prévenir pendant la grossesse ont une influence sur la venue
précoce des femmes enceintes à la CPN. Le renforcement des
connaissances des femmes enceintes sur les soins préventifs, le
renforcement des compétences des prestataires sur la CPN,
l'amélioration de l'accueil, la réduction du temps d'attente des
femmes lors des consultations prénatales sont entre autres les actions
susceptibles d'augmenter la proportion des femmes vues en CPN1 au premier
trimestre de grossesse.
Mots clés : Déterminants-Femmes
enceintes-Premier trimestre de grossesse
La santé de la reproduction, définie comme
étant « le bien-être général, tant physique que
mental et social, de la personne humaine, pour tout ce qui concerne l'appareil
génital, ses fonctions et son fonctionnement et non pas seulement
l'absence de maladie ou d'infirmité » [1] est
devenue depuis les vingt dernières années, une des
priorités des institutions internationales en matière de
développement des pays. Au nombre des volets de la santé de la
reproduction, il ya la consultation prénatale(CPN). En effet, elle
occupe une place de choix dans le paquet minimum d'activités des
formations sanitaires et fait partie intégrante des recommandations de
l'OMS pour réduire la mortalité maternelle et
néonatale.
Au Burkina Faso, la CPN est une composante de la Santé
Maternelle et Infantile (SMI) qui a été consacrée en Mars
1979 après la déclaration d'Alma Ata. Elle consiste à un
suivi prénatal des femmes enceintes afin de dépister, traiter et
prévenir les éventuelles affections ou complications et de suivre
la croissance de l'enfant. Pour un suivi prénatal de qualité au
profit de la femme et de son bébé, il convient de débuter
de façon précoce les consultations (dans les trois premiers mois
de la grossesse).
Cependant, force est de constater que la majorité des
femmes enceintes ne viennent pas commencer ce suivi prénatal au
1er trimestre de la grossesse surtout dans les pays en
développement.
Au Burkina Faso, la norme en matière de suivi
prénatal est de trois(03) CPN dont une au cours du premier trimestre.
Toutes les femmes enceintes devraient être vues au premier trimestre.
Mais cet idéal est loin d'être une réalité.
En effet, pendant que la proportion de femmes enceintes qui
viennent à la première consultation prénatale était
de 90,50% en 2009, seulement 26,4% [2] étaient vues
durant le premier trimestre de la grossesse.
Dans le DS de Tenkodogo, la situation du suivi prénatal
de ces femmes est à l'image de celle du pays. La couverture en CPN1 y
était de 88% [3] et la proportion des femmes enceintes
vues au premier trimestre de grossesse de 23,11% en 2009.Les facteurs qui
pourraient expliquer cet état de fait devraient être
explorés afin d'apporter des solutions idoines au problème.
Ainsi, il nous est apparu nécessaire de mener une
étude afin d'identifier les déterminants de cette faible
proportion des femmes enceintes vues au premier trimestre de grossesse en vue
de contribuer à réduire la mortalité maternelle et
néonatale dans le District Sanitaire de Tenkodogo.
Notre travail s'articulera autour des points suivants :
La problématique.
La revue de la littérature et le cadre de
référence Le cadre et le champ d'étude
La méthodologie
La présentation des résultats
La discussion et la synthèse des résultats Les
recommandations/suggestions
1.1 - Enoncé du problème
Dans les pays en développement, la mortalité
maternelle constitue un problème majeur de santé publique. C'est
ainsi qu'à l'instar de la communauté internationale, ces pays se
sont inscrits dans la dynamique de recherche de réponses
adéquates à ce problème. L'importance de la consultation
prénatale étant démontrée dans de nombreuses
études pour y contribuer, elle se doit pour être efficace de
débuter à un stade précoce de la grossesse et se
poursuivre avec une régularité jusqu'à l'accouchement.
L'organisation mondiale de la santé recommande au moins quatre
consultations prénatales (CPN) à intervalles réguliers
tout au long de la grossesse. Les conclusions des études les plus
récentes conduisent à penser que 4 CPN par grossesse permettent
de mettre en place les interventions d'efficacité prouvée pour la
mère et le nouveau-né. En général dans la plupart
de ces pays, des irrégularités dans le suivi sont
constatées ; la majorité des femmes enceintes consultant les
services prénataux après le troisième mois de
grossesse.
En Europe, la proportion des femmes enceintes qui utilisent
les services prénatals est de 100% dans les pays comme la France,
l'Italie, la Suède, la Finlande, l'Irlande, l'Allemagne et le Portugal.
Ces services sont également utilisés par la totalité des
femmes enceintes dans la région des Amérique notamment au canada
et à Cuba. Mieux, elles débutent ce suivi dans les trois premiers
mois de grossesse [4].
En Afrique par contre, la situation est toute autre car une
grande majorité des gestantes n'a souvent pas fait recours aux soins
prénatals selon les normes. Aussi, près de 60 % des femmes
enceintes ont déclaré s'être fait suivre dans un centre de
santé. Cependant, le nombre moyen de consultations prénatales est
faible.
Il oscille entre 1 et 3 et il n'est pas rare que les femmes ne
viennent consulter qu'en fin de grossesse, à quelques semaines seulement
de l'accouchement. Ainsi, les proportions de 46% pour le Niger, 70% pour la
Côte d'Ivoire ,85% au Congo, 87% au Sénégal, 39% dans les
pays comme le Tchad et 90% au Ghana représentent les données de
CPN1 [51 montrant ainsi les disparités de cet
indicateur de la santé maternelle en Afrique. La proportion des CPN1 au
premier trimestre de grossesse y est encore plus faible ; elle est par exemple
de 90% [61 en Tunisie contre 38.1% selon les résultats
d'une étude transversale à visée descriptive et analytique
conduite en 2009 au Sénégal dans le District Sanitaire de Louga
portant sur 1310 femmes enceintes venues en CPN[71. Aussi,
selon une autre étude réalisée dans deux cliniques
prénatales de Kinshasa en 2002, seulement 11% des femmes enceintes
enquêtées avaient débuté leur suivi prénatal
au premier trimestre de grossesse.
Au Burkina Faso, la proportion des femmes enceintes venues en
CPN1 au premier trimestre est faible. Sur 90.50%CPN1 enregistrées en
2009, seulement 26.4% l'ont été au premier trimestre de
grossesse.
Dans le District Sanitaire de Tenkodogo, la proportion des
femmes enceintes vues en CPN1 au premier trimestre de grossesse reste en
deçà du niveau atteint au plan national. En effet, elle
était de 24% en 2008. En 2009, pour une proportion de 85% de femmes
enceintes ayant fait la CPN1, seules 23.11% ont été vues au
premier trimestre de grossesse.
Au regard de ces résultats non satisfaisants, des
actions ont été entreprises. Il s'agit entre autres , de la mise
en oeuvre de la gratuité des soins préventifs (CPN, PEV, ...), de
la formation du personnel sur la CPN recentrée, de la mise en oeuvre des
activités de sensibilisation sur la CPN (théâtre forum,
causeries débat), de la supervision des prestataires sur les soins
obstétricaux et néonataux essentiels, du monitoring semestriel
desdites activités, de la réorientation des accoucheuses
villageoises dans leur nouveau rôle, du renforcement des infrastructures
et des équipements sanitaires.
Malheureusement, ces efforts n'ont pas suffit à
inverser la tendance Pour preuve, en 2010, la proportion des femmes vues au
premier trimestre de grossesse lors de la CPN1 est de 24,34%
[8]. Les conséquences d'une telle situation sont entre
autres des insuffisances dans la prise en charge de la grossesse pouvant se
traduire par une morbidité et une mortalité maternelle
élevées et une augmentation des ressources en faveur de la
santé maternelle.
La méconnaissance des raisons de cette faible
proportion ne permet pas de développer des stratégies
adaptées, à même de venir à bout de ce
problème. C'est pourquoi, nous avons jugé nécessaire
d'entreprendre cette étude sur les déterminants de la faible
proportion des CPN1 vues au premier trimestre de grossesse dans le District
Sanitaire de Tenkodogo.
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