6.1. Discussions des résultats par points
L'objectif général de cette étude est
d'étudier les déterminants de la faible proportion des femmes
enceintes vues au 1er trimestre de grossesse dans le district
sanitaire de Tenkodogo. Au regard des résultats obtenus et des
données de la revue de la littérature notre discussion sera
organisé autour des hypothèses de recherche suivantes:
L'insuffisance de compétences des prestataires des
services de santé déterminent la faible proportion des CPN1 vues
au 1er trimestre de grossesse dans le district sanitaire de
Tenkodogo.
L'insuffisance d'organisation des services de santé
déterminent la faible proportion des CPN1 vues au 1er
trimestre de grossesse dans le district sanitaire de Tenkodogo.
Les facteurs socioculturels et démographiques
défavorables des femmes déterminent la faible proportion des CPN1
vues au 1er trimestre de grossesse dans le district sanitaire de
Tenkodogo.
Première Hypothèse : L'insuffisance
de compétences des prestataires des services de santé
détermine la faible proportion de la première consultation
prénatale des femmes enceintes vues au premier trimestre de grossesse
dans le DS/TNK.
Connaissances des prestataires sur la CPN
Les connaissances des ICP sur les objectifs, la période
de début du suivi sont satisfaisantes. En effet, 80.9% des
enquêtés ont pu citer au moins deux objectifs de la CPN1 au
1er trimestre de grossesse. 85.70% des enquêtés ont
trouvé la période de début du suivi. Par contre, la
connaissance de la promotion de la santé comme objectif de la CPN1 n'est
pas satisfaisante. Pour les responsables de maternité, en dehors de la
promotion de la santé évoquée par 52.40% des responsables,
tous les objectifs ont été cités par les
enquêtés. Cela est fort appréciable quant on sait
l'importance de cette connaissance sur la CPN1. Cependant, les connaissances
des prestataires des services de CPN ne sont pas satisfaisantes notamment sur
les complications de la grossesse au 1er trimestre de grossesse, les
signes de danger au cours de la grossesse (47.70%). Cette situation n'est pas
en faveur d'une bonne communication avec les femmes enceintes en vue de
renforcer leurs connaissances en matière de CPN. Les connaissances des
prestataires des services de santé sont satisfaisantes sur le nombre de
CPN à faire durant la grossesse (52.38%) et la période de la CPN1
au premier trimestre de grossesse (47.62%). Ces résultats sont
semblables à ceux trouvés par IMA.S. [33] et
ILBOUDO.Z.A [19] selon lesquels les connaissances des
prestataires sur le calendrier des CPN étaient insuffisantes. Aussi,
selon les mêmes auteurs, la communication interpersonnelle des
prestataires sur la CPN n'est pas satisfaisante; toutes choses qui ne permet
pas de renforcer le niveau de connaissances des femmes sur la CPN. Il ya un
lien statistiquement significatif entre la connaissance de la période de
la première CPN les femmes enceintes et la CPN1 au 1er
trimestre de grossesse.
Pratiques des prestataires des services de
CPN
' E ra'aFFXEia rdER/ riEPPER/ rECFEiCPER/ raRLR/ rdER/
rC31
Le niveau de l'accueil est satisfaisant dans 52.40%. Les FE
interviewées confirment ce résultat car elles disent etre
satisfaites de l'accueil dans 47.80%. Aussi, moins de la moitié des
prestataires n`accueille pas bien les FE. Nos résultats vont dans le
même sens que ceux trouvés par une étude de la DSF
[22] qui a montré que le mauvais accueil était l'un des
comportements négatifs de certains agents de santé.
Aussi, SAWADOGO P [21]. a montré dans
son étude que plus de 93% des femmes trouvent qu'elles ne sont pas bien
accueillies car souvent elles sont victimes d'agression verbales (56%).
De la communication interpersonnelle
La communication interpersonnelle avec les FE enceintes lors
des CPN n'est pas satisfaisante car seules 49.10% ont affirmé avoir
reçu des informations sur l'évolution de leur grossesse. En
effet, selon les résultats de l'observation de la pratique de la CPN, la
communication interpersonnelle n'est pas satisfaisante car 57.42% des
prestataires observés n'ont pas pu suivre correctement les
éléments de la CIP. Aussi, les informations sur
l'évolution de la grossesse n'ont été données
qu'à 47%, les signes de danger dans 23.80% des cas. Cette communication
interpersonnelle a été décriée par la même
étude de la DSF [22]. Etant donné que le niveau
de connaissance des FE, les pratiques des prestataires des services de CPN ne
sont pas satisfaisantes, alors nous pouvons conclure que cela pourrait
compromettre leur fréquentation de ces services.
? De la mesure de la hauteur utérine lors des
CPN
La mesure de la hauteur utérine par les prestataires
n'est pas conforme aux normes dans 38.10% des cas. Cela pourrait contribuer
à justifier la faible proportion des CPN1 au premier trimestre de
grossesse car de fausses mesures entrainerait de fausses estimations de
l'âge gestationnel à partir de la HU. Ces résultats
tranchent d'avec ceux trouvés par ILBOUDO.Z.A [19] dans
son étude. Selon lui, les prestataires ne maitrisent pas la technique de
mesure de la HU.
Vérification de la première
hypothèse
De l'analyse des connaissances et des pratiques des
prestataires des services de CPN, il ressort qu'il y a beaucoup d'insuffisances
tant au niveau de l'accueil que de la prise de la HU. Par ailleurs, les
connaissances sur la CPN ne sont pas satisfaisantes surtout chez les agents
CSPS qui sont les premiers acteurs de cette activité.
La communication interpersonnelle n'est pas satisfaisante. Cette
situation ne permet pas d'améliorer le niveau de connaissances des
femmes enceintes afin de les amener à consulter de façon
précoce les services prénataux. Au vue de tout cela, notre
première hypothèse est vérifiée.
Deuxième Hypothèse
L'insuffisance d'organisation des services de
santé détermine la faible proportion des CPN1 au premier
trimestre de grossesse dans le district sanitaire de Tenkodogo
Permanence des services
Toutes les formations sanitaires conduisent des
activités de CPN. Toutefois, ces services ne sont pas permanents dans
95.20%. Elles se mènent à des jours spécifiques. Aussi
bien les agents de santé, que les FE affirment que les services de CPN
ne sont permanents. Ces résultats sont semblables à ceux
trouvés par IMA.S [33] qui a montré que l'un des
déterminants de la faible proportion des CPN1 est la permanence des
services de CPN.
Accueil et temps d'attente des femmes enceintes lors des
CPN
La perception de l'accueil selon les enquêtées
n'est pas satisfaisante car seules 47.80% l'ont trouvé satisfaisant. Ces
résultats corroborent ceux trouvés lors de l'observation des
prestataires des soins prénatals durant cette étude qui donnait
52.40% de niveau de satisfaction. Une étude de la DSF
[22] a par ailleurs montré que certains comportements des
agents de santé tels que le mauvais accueil, constituaient un frein
à l'utilisation des services d'une manière
générale. Ainsi, pour inverser la tendance, il convient d'agir
sur l'accueil des femmes enceintes.
Le temps d'attente des femmes enceintes a été
jugé long par la majorité des enquêtées, soit
76.70%. Ces résultats sont semblables à ceux trouvés par
SANOU.D [34]. pour qui 55% des femmes enceintes
enquêtées avaient trouvé le temps d'attente long.
Ce qui rejoint nos observations du temps d'attente qui a
été jugé long aussi bien à l'observation que par
l'interview des FE dans des proportions respectivement de 95.20% et de
76.70%.
Ce faisant, la réduction de ce temps d'attente devrait
permettre d'assurer d'attirer plus de femmes enceintes à la CPN1 au
premier trimestre de grossesse.
L'intégration des activités au niveau
CSPS
Le niveau d'intégration des activités n'est pas
reluisant car seules 02 formations sanitaires intègrent les
activités. Ainsi, des femmes enceintes peuvent venir au CSPS sans avoir
la CPN alors que l'occasion leur était donnée. Ces
résultats sont semblables à ceux trouvés par IMA.S.
[33] pour qui 89,29% des FE venues en consultation curative
n'ont pas bénéficié de CPN avant le premier trimestre de
grossesse du fait de la non intégration des activités dans la
plupart des formations sanitaires. Cela montre les avantages de
l'intégration des activités comme alternative pour
améliorer la proportion des FE en CPN1 au premier trimestre de
grossesse.
Vérification de la deuxième
hypothèse
Aux termes de cette analyse, il ressort que l'organisation des
services de CPN n'est pas satisfaisante et les éléments
incriminés sont entre autres des insuffisances dans la permanence des
services prénatals aux femmes enceintes ; la non intégration des
activités dans la quasi-totalité des CSPS ; l'insuffisance dans
la mise en oeuvre des activités de sensibilisation sur la CPN ; le
faible niveau de l'accueil ; le long temps d'attente des femmes enceintes lors
des consultations prénatales vérifiant ainsi notre
deuxième hypothèse.
Troisième hypothèse
Les facteurs socioculturels et démographiques
des femmes déterminent la faible proportion des femmes enceintes vues au
1er trimestre de grossesse dans le district sanitaire de
Tenkodogo
6.2.1 Les caractéristiques
sociodémographiques
? Age des femmes enceintes
La majorité des sujets enquêtés a un
âge compris entre 18 et 34 ans. La moyenne d'âge est de 26.87 ans
avec un écart type de 8.6 ans. Cette moyenne d'âge est identique
à celle qu'avait trouvée BADO.Y. [35] dans son
étude qui est de 26.86 ans. La population de notre étude est
relativement jeune et cela pourrait être un atout pour la
compréhension des messages de promotion de l'utilisation des services de
consultation prénatale. Nous avons trouvé un lien statistiquement
significatif entre l'âge et la CPN au 1er trimestre de
grossesse au district sanitaire de Tenkodogo. En effet, les femmes les plus
jeunes (<18 ans) et celles de plus de 34 ans semblent moins nombreuses
à la CPN1 au premier trimestre (p<0.05). L'âge influence la
CPN1 au 1er trimestre de grossesse de diverses façons. les
femmes les plus jeunes (<18 ans) n'ont aucune expérience du suivi
prénatal et de ce fait peuvent venir tard pour leur suivi. Quant aux
femmes de plus de 34 ans compte tenu de leur âge avancé, elles
peuvent avoir honte de tomber encore enceinte.
? La profession des femmes enceintes
La majorité des enquêtés (83.40%) sont des
femmes au foyer. Les autres professions représentent 17.60%. La
proportion des femmes au foyer (03.48%) vues à la CPN1 au 1er
trimestre de grossesse est statistiquement différente de celle des
autres professions (52.08%).
Ces résultats sont semblables à ceux de
TRAORE.Y. et coll. [29] qui avaient
trouvé que la profession semble influencer le suivi prénatal des
femmes.
? Niveau d'instruction
Plus de la moitié (55.2%) des femmes enceintes n'ont
aucun niveau d'instruction. Les femmes enceintes instruites venues en CPN1 au
1er trimestre de grossesse représentent 24.66% contre 12.22% pour les
non instruites. Les femmes instruites semblent consulter précocement les
services prénatals que celles qui ne le sont pas (p=0.039). Ces
résultats corroborent avec ceux de l'EDS 2003 [24]
où les auteurs ont trouvé que la fréquence de CPN
était fonction du niveau d'instruction.
? Résidence des femmes enceintes
La plupart des femmes enquêtées vivent en milieu
rural. La proportion des femmes enceintes qui vivent en milieu rural et vues en
CPN1 au 1er trimestre de grossesse est de 19% contre 15.87% pour
celles qui sont en milieu urbain. Nous n'avons pas trouvé un lien
statistiquement significatif entre le lieu de résidence et la CPN1 au
1er trimestre de grossesse. Ces résultats tranchent d'avec
ceux trouvés par Emile. E. [34] pour qui il y a eu plus
de femmes enceintes (35.71%) en milieu urbain vues en CPN1 au 1er
trimestre de grossesse contre 04.65% en milieu rural. Or il est reconnu que le
milieu de résidence est un facteur explicatif du recours aux soins.
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