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Institut Universitaire d'Etudes du
Déve1oppement
IUED-GENEVE
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MEMOIRE DE DIPLOME D'ETUDES APPROFONDIES (DEA) ANNEE
ACADEMIQUE 2004-2005
THEME : PO LITIQUE FISCALE ET INFORMALITES
ECONOMIQUES AU NIGER
PRESENTE PAR
SAHIROU TCHIDA Moussa
Directeur du Mémoire Membre du Jury
M. SERVET Jean-Miche1, M. BRAWAND Antoine,
Professeur a 1'IUED Chargé de cours a
1'IUED
Sommaire
INTRODUCTION
CHAPITRE PREMIER : Considerations theoriques sur la
fiscalite
CHAPITRE DEUXIEME : Histoire comparee de la fiscalite en
France et au Niger
CHAPITRE TROISIEME : Les contraintes du systeme fiscal
actuel du Niger
CHAPITRE QUATRIEME : Mesures fiscales et strategies
d'amelioration des recettes
CONCLUSION
Remerciements
..Te n'aurai pas eu l'opportunité de suivre ce
cycle de formation sans avoir bénéficié des conseils et du
soutien de Monsieur TIDJAAII ALOU Mohomodou. ..Te n'aurai pas
incontestablement eu l'occasion de m'inscrire a ce cycle de formation, de
bénéficier d'un enseignement de qualité sans la
bienveillance de l~IUED qui a bien voulu m'accorder une
inscription. Ce mémoire n'aurait sans doute pas été
possible sans l'encadrement de Monsieur Jeon-Michel SERVET qui
a bien voulu accepter de m'accompagner dans sa réalisation.
..Te m'en voudrais de ne pas non plus citer
Monsieur Pape Diouf et Madame ISABELLE SCHULrE-
EAICICOFF pour le précieux soutien qu'ils m'ont apporté
en vue de bénéficier d'une bourse d'études pour ma
deuxième année de formation. A cette liste, j'ajouterai ma
famille, mes amis qui m'ont de prés ou de loin apporter leur soutien
multiforme et précieux lors de mon séjour a Genéve et dans
la réalisation de ce travail.
A toutes et a tous, j'exprime ma gratitude et je
dis merci pour les divers appuis que vous aviez bien voulu
m'apporter a tous les niveaux et qui ont été d'une importance
capitale dans mon parcours académique et dans ma vie au quotidien dans
cette merveilleuse cité tant aimée par un de mes mattres a
penser, j'ai nommé Jean-Jacques ROUSSEAU, le citoyen de
Genéve.
Acronymes
AOF : Afrique Occidentale Française
APD : Aide Publique au Développement
BIC : Bénéfices Industriels et
Commerciaux
BM : Banque Mondiale
BRVM : Bourse Régionale des Valeurs
Mobiliéres
CA : Chiffre d'Affaire
CEMAC : Communauté Economique et
Monétaire de l'Afrique Centrale CFPB : Contribution
Fonciére sur les Propriétés Bâties
DGI : Direction Générale des
Impôts
FAO : Fonds des Nations Unies pour l'Agriculture
et l'alimentation FASR : Facilité d'Ajustement
Structurel Renforcé
FCFA : Franc de la Communauté
Financiére Africaine
FMI : Fonds Monétaire International
FRP/C : Facilité pour la Réduction
de la Pauvreté et la Croissance IPPTE : Initiative pour
les Pays Pauvres Tres Endettés
IFB : Impôt Forfaitaire sur les
Bénéfices
NIF : Numéro d'Identification Fiscale
OCDE : Organisation de Coopération et de
Développement Economique OIT : Organisation
Internationale du Travail
PAS : Programme d'Ajustement Structurel
PIB : Produit Intérieur Brut
PME : Petite et Moyenne Entreprise
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement PPA : Parité du Pouvoir d'Achat
PPTE : Pays Pauvres Tres Endettés
PS : Patente Synthétique
TBMM : Taxe sur les Biens de Mains-Mortes
TFPB : Taxe Fonciére sur les
Propriétés Bâties
TFPNB : Taxe Fonciére sur les
Propriétés Non Bâties
TIMV : Taxe d'Insuffisance de Mise en Valeur
TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée
TVL : Taxe sur la Valeur Locative
UEMOA : Union Economique et Monétaire
Ouest Africaine
Résumé
Le Niger, pays pauvre tres endetté est confronté
a une situation économique et financiére tres critique qui le
maintient dans une position de précarité permanente. Placé
sous ajustement structurel depuis 1982 suite a la chute du prix de son
principal produit d'exportation qui est l'uranium et d'un endettement massif,
il peine a sortir de la spirale d'un déficit budgétaire devenu
chronique et structurel. 1l n'arrive plus a s'en sortir par lui-même sans
les subventions et les aides de ses partenaires bilatéraux et
multilatéraux et compte aujourd'hui sur l'initiative en faveur des pays
pauvres tres endettés(PPTE) pour bénéficier d'un
allégement voire un effacement de sa dette en vue de réduire la
pauvreté. La situation économique déjà
précaire est davantage fragilisée par des cycles de
sécheresse qui secouent d'une décennie a une autre ce pays
sahélien, exposant une grande partie de sa population a une
insécurité alimentaire permanente.
Le redressement de cette situation étant devenu
impératif, des réformes tant économiques que
financiéres sont absolument nécessaires sur fond de changement de
mentalité dans la conduite des affaires de l'Etat afin de permettre a ce
pays de se hisser au rang des nations qui prospérent. A cet
égard, l'un des préalables est avant tout de compter d'abord sur
ses propres forces en exploitant et mettant en valeur toutes les sources
potentielles de richesse et en se dotant d'un mécanisme approprié
de gestion démocratique et transparente de la chose publique. L'une des
principales stratégies consisterait a accroitre les recettes fiscales
jusque la tres faiblement mobilisées comme en témoigne le taux de
pression fiscale qui tourne autour de 11% en 2004 pour une norme communautaire
(U.E.M.O.A) fixée a 17%. S'il est vrai que le Niger est un pays tres
pauvre, que sa performance économique est des plus faibles, il n'est pas
par contre justifié que les recettes fiscales soient un simple reflet de
cette réalité. Parmi les raisons qui peuvent être
avancées pour expliquer cet état de fait, il y a d'abord les
faiblesses inhérentes a l'administration fiscale elle-même, a la
délivrance tous azimuts des exonérations, a l'étroitesse
de l'assiette fiscale, aux difficultés de recouvrement, aux
informalités économiques généralisées,
etc.
Pourtant, face aux besoins importants du pays en
matiére de financement du développement, force est de reconnaitre
que les ressources fiscales constituent sans aucun doute un des piliers les
plus importants pour tout Etat qui se veut jaloux de sa souveraineté. En
effet, la fiscalité reste et demeure o l'instrument qui doit
permettre aux Etats de renforcer leur indépendance vis-à-vis de
l'aide extérieure et de se réapproprier pleinement leurs
politiques de développement»1.
Le recours récurrent a l'endettement ou a l'aide publique au
développement (APD) dans des conditions souvent trts peu avantageuses
pour le pays en moyen et long terme, est un cercle vicieux qui ne ferait
qu'accroitre la dépendance du pays sans pour autant garantir les
résultats escomptés. Cela est d'autant plus vrai que
malgré les centaines de milliards de F CFA de dettes contractées,
le Niger comme la quasi-totalité des pays africains, n'est toujours pas
parvenu a se frayer un chemin dans la voie du développement tant
rêvé. Pire, il s'est davantage enfoncé dans la
pauvreté au point de se retrouver dans une situation oil il
n'était plus capable d'assumer certaines charges de souveraineté
tel que le paiement régulier des salaires des agents de l'Etat.
Pour financer son développement sur une base durable,
le Niger se doit de se doter d'un systeme fiscal efficient et efficace devant
toucher l'essentiel des activités économiques dont une part
importante échappe a la comptabilité nationale. A titre
d'exemple, plus de 90% des hydrocarbures consommées tout le long des
1500kms que le Niger partage avec le Nigeria ne passent pas par le circuit
formel d'importation et de redistribution. Il se trouve alors dans ces
conditions, que ce ne sont pas forcément les activités
économiques qui doivent se conformer nécessairement a la
politique fiscale, mais c'est plutot a celle-ci de s'adapter a l'environnement
économique auquel elle s'applique. La fraude étant dans une
certaine mesure fortement ancrée dans les pratiques économiques
de certaines régions du pays, des douaniers sont souvent physiquement
agressés voire mis a mort dans leur tentative d'arrêter des
fraudeurs. Cette situation pose dans une certaine mesure le probléme de
la perception que les citoyens auraient de l'Etat et de certains de ses agents
qui sont plus vus comme des racketteurs et des spoliateurs des biens des
pauvres surtout lorsqu'au vu et au su de tous, ils « privatisent ainsi
a leur avantage, tout ou partie de la taxation publique. »2
Dans le cadre de ce mémoire, nous avons tenté de
relever les difficultés auxquelles est confronté le systeme
fiscal nigérien dans un contexte marqué par une forte
informalisation des activités économiques a tous les niveaux et
qui limite considérablement la collecte d'impOts. Pour remédier a
ces carences, les pouvoirs publics ont initié un certain nombre de
mesures qui se sont traduites par l'institution de l'imp,t synthétique
pour imposer les facteurs de production, la mise en application d'un systeme
d'identification des contribuables, l'instauration de la TVA et son
élargissement a certains produits alimentaires. Nonobstant ces
1Xavier DARCOS, « Préface »,
Afrique au Sud du Sahara : Mobiliser des ressources fiscales pour le
developpement, CHAMBAS Gérard(dir.), Economica, Paris,
2005, p.V.
2 Jean-Michel SERVET, « Réseaux financiers
au Niger et dans la Corne de l'Afrique », Cote jardin, Cote cour.
Anthropologie de la maison africaine, Nouveaux Cahiers de l'IUED
N°15, Paris, PUF, 2004, pp.227-237.
mesures, la situation financiére du Niger reste
toujours préoccupante et est loin de connaitre une amélioration
significative a cause non seulement de la lenteur dans la mise en oeuvre des
réformes, mais aussi de la difficile réceptivité par les
agents économiques des mesures fiscales envisagées. La
flambée exagérée des prix de certains produits
alimentaires ayant fait l'objet d'un rehaussement de la TVA ainsi que les
manifestations populaires ayant conduit a la révision de la loi des
finances 2005 sont la pour le témoigner.
La fiscalité étant un domaine complexe surtout
pour un pays en voie de développement comme le Niger, nous devons faire
un survol théorique de sa relation avec la construction de l'Etat-Nation
ainsi qu'avec l'évolution et la croissance économique. En outre,
nous avions procédé a une mise en paralléle de
l'évolution de la fiscalité en France et au Niger en raison des
liens coloniaux ayant caractérisé les rapports entre les deux
pays. Enfin, nous avions procédé a une mise en relief des
contraintes auxquelles est confronté le systeme fiscal nigérien
ainsi que les mesures et stratégies visant a rehausser le niveau des
recettes fiscales. Pour parvenir a des résultats tangibles, une
réelle volonté politique doit se manifester pour non seulement
mettre en oeuvre les directives et recommandations de l'UEMOA, mais aussi
trouver des solutions plus locales pouvant s'appliquer a un domaine comme celui
de l'agriculture dans une vision globale de développement
économique et social.
Par ailleurs, nous devons de signaler que ce travail a
été effectué essentiellement a partir d'une documentation
assez modeste sur les données quantitatives de la situation fiscale au
Niger, particuliérement en ce qui concerne les périodes d'avant
1990. Dans l'impossibilité de nous rendre sur le terrain, nous avions
engagé un documentaliste3 sur place pour effectuer la
collecte des données de base dont nous avions besoin pour rédiger
ce mémoire. Mais, les recherches sur Internet ont été des
plus déterminantes dans la rédaction de ce travail avec quelque
fois le défaut de ne pas trouver les références exactes
sur les textes et les données que nous trouvons. Aussi, en terme de
contraintes dans la réalisation de ce travail, c'est surtout certaines
contradictions dans les données que nous trouvons, en ce sens qu'il est
souvent difficile de trouver les mêmes informations d'une source a une
autre.
3 Nous tenons a remercier ici Monsieur Laoualy Boukari
pour son précieux concours.
Introduction
La problématique du financement du développement
dans les pays du Sud en proie a une pauvreté endémique et
croissante, s'articule dans une large mesure autour de l'aide publique au
développement, a l'annulation de la dette, a l'ouverture du
marché du Nord aux produits du Sud au nom d'une certaine idée du
commerce dit « équitable » ou a l'adoption d'une sorte de
« plan Marchal » pour l'Afrique. Le concentré des
résolutions mondiales pour le financement du développement dans
les pays comme le Niger, est largement exposé dans le consensus de
Monterrey a travers les six axes prioritaires dégagés par la
Conférence en vue d'accélérer la croissance et le
développement dans les pays pauvres. A l'issue de cette
Conférence qui a suscité quelques espoirs, les Chefs d'Etat et de
gouvernement présents, déclarérent entre autres, "afin
que le XXle siecle soit le siecle du développement pour tous, notre
premiere démarche consistera a mobiliser et utiliser plus efficacement
les ressources financieres et a réunir les conditions économiques
nationales et internationales requises pour atteindre les objectifs de
développement de la communauté internationale, notamment ceux
énoncés dans la Déclaration du Millénaire, pour
éliminer la pauvreté, améliorer la situation sociale et
élever le niveau de vie, et protéger
l'environnement."4
Malgré cet engagement solennel et l'unanimité
créée autour des résolutions et les promesses fermes
faites aux pays pauvres dans le cadre de la réalisation des objectifs du
millénaire, le doute est déjà permis, car a l'allure oil
vont les choses, rien ne changera d'ici l'échéance de 2015. A y
regarder de trés prés, force est de constater que toutes ces
idées, ces initiatives et ces bonnes intentions, constituent des
solutions exogénes, c'est-à-dire qu'elles mettent en avant des
ressources devant provenir de l'extérieur. Les ambitieux objectifs du
millénaire, tout comme les stratégies de réduction de la
pauvreté sont des programmes dont la base de financement est
fondamentalement les ressources attendues des partenaires bilatéraux et
multilatéraux. En effet, tout se passe comme si la pauvreté dans
laquelle végétent la plupart des pays en voie du
développement ne permettrait pas de mobiliser de l'intérieur, un
quelconque volume de ressources. Les pays concernés eux-mêmes
semblent être convaincus de cet état de fait qu'ils ne concentrent
leurs efforts que dans une quête effrénée d'appuis
financiers extérieurs.
Ainsi, les offensives diplomatiques des pays africains au sud
du Sahara, se résument dans la plupart des cas aux missions des
ministres en charge des finances dans les pays du Nord, du Golf et
auprés d'institutions financiéres internationales. C'est dire que
les premiers
o argentiers » de ces pays concentrent plus leurs efforts
dans la recherche des financements extérieurs qu'a mettre en oeuvre des
réformes économiques et financiéres courageuses,
responsables et conséquentes en vue d'une forte mobilisation des
ressources internes d'ordre fiscal et ou assimilé. La croyance
fondée sur le fait que seule une masse importante des ressources
extérieures pourrait juguler la pauvreté et garantir les
conditions optimales d'un développement national, conduit les
gouvernants des pays africains a négliger voire ignorer les sources
potentielles des recettes internes. Une chose est de mobiliser les ressources
extérieures en termes d'emprunts ou de dons, l'autre chose est de
pouvoir les utiliser a bon escient et surtout de mettre en oeuvre une politique
rigoureuse de leur capitalisation.
Pourtant, si certains pays en voie de développement ne
connaissent pas encore la prospérité tant attendue, cela n'est
nullement imputable a une absence de ressources. Le cas de certains pays
d'Afrique, comme le Congo Kinshasa, le Nigeria ou le Gabon, le témoigne
en raison de leur potentiel en ressources naturelles et miniéres, sans
compter le volume des dettes contractées. Au sortir de la seconde guerre
mondiale, les pays européens ayant bénéficié du
plan Marchal ont su, grace entre autres, a une politique financiére,
économique et sociale clairvoyante, un appareil administratif
adéquat, créer les conditions de leur développement dans
un temps relativement limité. Aujourd'hui, la faiblesse structurelle de
l'administration nigérienne par exemple et l'absence d'une vision
économique clairement définie ne peuvent permettre a ce pays
ayant bénéficié tout récemment de l'annulation
totale de sa dette auprés du G8 de capitaliser ces ressources et d'en
tirer le meilleur profit en court, moyen et long terme.
L'insuffisante maitrise des agrégats
macro-économiques et le manque de rigueur dans la politique
budgétaire sont des handicaps majeurs pour des pays comme le Niger. Cela
nous amene a soutenir l'hypothése selon laquelle, le
développement économique et financier tant clamé et
revé par et pour les pays du Sud en général et africains
en particulier, ne saurait se réaliser exclusivement a partir des
ressources extérieures sans mettre un accent tout particulier sur les
ressources internes mobilisables. Au premier plan de ces ressources, nous
visons les ressources fiscales et assimilées en termes de
prélévements directs ou indirects sur les revenus et les biens de
consommation courante ou de luxe. Cependant, il y a lieu de préciser que
nous ne prétendons pas que les ressources internes doivent remplacer ou
peuvent remplacer quasiment les ressources externes, mais qu'elles doivent etre
prioritairement recherchées. Il est indéniable que même
dans les pays les plus riches, les recettes fiscales, a elles seules, ne sont
jamais suffisantes pour faire face aux besoins croissants de fonctionnement,
d'investissement et d'appuis sociaux courants et conjoncturels
sans faire recours a des emprunts.
En Afrique subsaharienne et notamment dans les pays de la zone
franc, il est observé depuis la fin des années 1980 une tendance
a la baisse des prélevements publics nonobstant les efforts qui sont
faits et qui sont entrain de l'être. Cette tendance a la baisse serait
« imputable non a des facteurs structurels[...] mais aux
politiques de mobilisation fiscale »5. Cependant, cette
évolution négative d'ensemble ne doit pas occulter les progres
que réalisent certains pays comme le Niger et ce depuis 2001 pour
accroitre leurs ressources budgétaires sans pour autant atteindre le
niveau requis au sein de l'UEMOA. C'est dire tout de même que des progres
sont possibles pour peu que les pouvoirs publics le veuillent bien et se
donnent les moyens de réaliser les objectifs qu'ils se fixent.
Néanmoins, la problématique fiscale sauraitelle se limiter a une
simple appréciation statistique, économique ou
économétrique ? La réponse ne pourrait être que
négative, car derriere des chiffres qui rendent compte des
prévisions fiscales, de leur réalisation, se cachent aussi
d'autres considérations d'ordre politique, juridique, historique,
anthropologique ou social dont il faut en tenir compte.
En effet, la question mérite d'être posée
sur la part de toutes ces considérations dans la perception, la
compréhension et l'acceptation d'une quelconque politique fiscale ou sur
le concept même de l'impot. La problématique de la
fiscalité peut ainsi se résumer a travers un certain nombre de
questionnements relatifs a la légitimité dont jouissent l'Etat et
ses démembrements pour prélever l'impot, au degré
d'appropriation des affaires publiques par les citoyens, au sentiment
d'appartenance de toutes les communautés a l'Etat-Nation en
construction, au mode de vie, d'organisation interne et de croyance de certains
groupes sociaux, sans oublier l'environnement juridique réglementant les
diverses activités marchandes et productives des citoyens. C'est dire
que l'acceptation ou le refus de payer l'imp,t dépendent de conditions
historiques d'émergence de l'Etat-Nation, du mode d'accession au pouvoir
politique et de sa gestion, du type de politique économique et
financiere mis en oeuvre, des rapports de force entre les différentes
catégories sociales ainsi que du degré de sentiment
d'appartenance de chaque communauté a une même sphere
territoriale, administrative et politique. Tout ceci fait que les
prévisions fiscales fondées sur des calculs les plus logiquement
et savamment rationnelles d'un point de vue économique et financier,
peuvent ne pas se réaliser des lors que les acteurs économiques
ne parlent pas un même langage, n'inscrivent pas leur logique
économique dans le même schéma. Ainsi, les
5 Gérard CHAMBAS, Afrique au Sud du Sahara
: Mobiliser des ressources fiscales pour le developpement, Economica,
Paris, 2004, p.20
informalités économiques qui caractérisent
une grande partie des activités commerciales et financiéres dans
nos pays, sont révélatrices de cet état de fait.
Par informalités économiques nous entendons
toute forme d'activité productive et marchande « non
enregistrée (au sens statistique ou au registre de commerce) et/ou
dépourvue de comptabilité formelle écrite, exercée
a titre d'emploi principal ou secondaire, par une personne en tant que patron
ou a son propre compte »6. En outre, les
informalités économiques au-dela du domaine artisanal, agricole,
du commerce de détails et autres qui sont les plus classés dans
cette catégorie, se rapportent aussi et dans une certaine proportion, a
des domaines considérés comme les plus formels. A titre
d'exemple, dans quelle catégorie pouvons-nous classer une station
d'essence formellement enregistrée, tenant une comptabilité et
sensée s'approvisionner auprés d'une centrale nationale
d'approvisionnement, mais qui contourne nuitamment cette procédure pour
se ravitailler au marché noir avec du carburant frauduleusement
importé et appliquant un tarif officiel ? Aussi, que dire d'un Cabinet
d'avocats dont le compte bancaire est confondu avec celui du patron, ne
disposant d'aucune comptabilité et oil le personnel, majoritairement
composé de stagiaires, ne recoit que des pécules au gré du
chef ? N'est-il pas alors assez réductif de limiter les
informalités économiques aux activités traditionnelles
jusque la communément considérées comme relevant de ce qui
est qualifié de « secteur informel » ?
Dans le cas précis de ce travail,
l'intérêt de mettre l'accent sur les informalités
économiques réside dans le fait qu'elles constituent un ensemble
de pratiques et procédures permettant a leurs prometteurs
d'échapper totalement ou en partie a toute imposition. Toutefois, les
informalités économiques ne sont pas forcément et dans
tous les cas des actes délibérés et savamment
développés pour échapper a toute forme d'imposition.
Autrement dit, derriere des actes pouvant etre assimilés a de
l'incivisme fiscal, se cachent parfois des faiblesses juridiques et
administratives, des formes de protestation ou de rejet de l'ordre
étatique ou tout simplement d'un déficit de communication sur les
tenants et aboutissants de l'impOt. C'est dire donc que l'incivisme fiscal
pourrait s'expliquer en partie par cette impression qu'ont les contribuables
que l'imp,t n'est ni équitable, ni juste du point de vue de la base sur
laquelle il est prélevé. D'ou la nécessité pour les
pouvoirs publics de proner une
6 Prosper Backiny-Yetna, « La mesure d'un
phénomene multiforme », Dossier Afristat, p.31, visualisé
sur
www.afristat.org/Afristat/Publications/pdf/concepts.pdf.fr.
politique fiscale adaptée au contexte national et qui
permettra de résoudre cette double équation qui stipule que
« trop d'impôt tue l'impôt[...] Mais trop peu
d'impôt tue l'Etat.. »7.
Pour situer l'objet de ce mémoire qui met en rapport la
fiscalité et les informalités économiques au Niger, nous
dirons qu'il s'agit en somme, de mettre en relief la nécessité
pour ce pays de replacer la question fiscale au centre des débats sur la
problématique du financement de son développement ou de la
réduction de la pauvreté tout simplement. L'intérêt
de ce theme semble évident dans le contexte actuel oil des profondes
transformations politiques, économiques et sociales s'opérent
aussi bien au plan national qu'international. C'est le cas notamment du
processus de démocratisation et de décentralisation, des
nouvelles orientations en matiére de coopération internationale,
du commerce mondial, etc. L'enjeu essentiel est de voir en quoi la politique
fiscale actuelle, dans un contexte de pratiques informelles
généralisées en matiére économique et
financiére, du processus d'intégration économique
régionale et de libéralisation des échanges, peut-elle
permettre au Niger de se procurer l'essentiel des ressources dont il aura
besoin, ne serait-ce que pour assurer le bon fonctionnement de son
administration.
Pour ce faire, nous nous proposons d'articuler notre travail
autour de quatre(4) axes fondamentaux dont le premier jettera le pont entre la
fiscalité et la construction de l'EtatNation, en deuxieme point nous
aborderons sous un angle historique l'évolution comparée de la
fiscalité en France et au Niger, en un troisieme moment, nous aborderons
les contraintes du systeme fiscal nigérien et en dernier point, nous
passerons en revue quelques mesures fiscales adoptées par le Niger pour
améliorer ses recettes publiques et quelques stratégies
s'inscrivant dans la même logique. Cette réflexion se veut
dynamique et interdisciplinaire, en ce sens qu'elle mettra en rapport des
considérations d'ordre économique, politique, socioculturel et
anthropologique sur fond d'implications historiques du processus
d'étatisation.
7 CONTAMIN B., «La libéralisation
douanière de la Côte-d'ivoire : Une politique sous conditions
» Fiscalité, Développement et Mondialisation,
Jean-Marc Gastellu/Jean-Yves Moisseron et Guy Pourcet, Ed. Maison Neuve &
Larousse, Paris, 1999 pp. 207-216.
CHAPITRE PREMIER : Considérations
théoriques sur la fiscalité
L'histoire de la fiscalité a été
vécue selon les contextes et en fonction de l'évolution de chaque
société, comme le dira Henry LAUFENBURGER, "elle reflete
celle de la civilisation, elle trahit les changements des structures et les
fluctuations de la conjoncture économique, elle montre combien souvent
la répartition des richesses a été modifiée,
tanteit dans le sens de la concentration, tanteit dans celui du
nivellement"8. Cependant, dans la plupart des cas, il est
apparu que l'impOt avant d'être consenti fut d'abord obligatoire dans
presque toutes les communautés. Il fut un instrument de soumission des
populations a leurs souverains régnant sans partage sur des territoires
hérités ou conquis. En plus, la fiscalité fut
également un instrument d'unification de diverses composantes d'une
société a travers la formation des Etats-Nations. Toutefois,
avant d'être public, l'imp,t fut d'abord privé, car il
était levé pour le seul et unique compte du prince a l'image de
Louis XIV a qui, il aurait été dit que "tous les biens de ses
sujets sont a lui en propre et qu'en imposant, il ne prend que ce qui lui
appartient et encore pour une faible partie seulement."9
La fiscalité se révélera plus tard
au-dela de son role traditionnel de constitution du fonds public, comme un
instrument par lequel l'Etat régule et assure la promotion des
activités économiques. A travers elle, l'Etat s'attribue des
roles et des fonctions en matiere, par exemple, de stabilité
économique par la maitrise des fluctuations économiques, de
stabilité des prix et de la maitrise de l'inflation. En outre, il se
porte garant du respect de la libre concurrence et de la
désintégration des monopoles tout en assurant l'équilibre
de la balance des paiements ou en donnant des orientations
économiques10 dans des domaines jugés prioritaires et
stratégiques. Il reste et demeure alors l'acteur principal, disposant
des pouvoirs conséquents de décision qui le rendent
incontournable dans la sphere économique.
/. Role de la fiscalité dans la construction de
l'Etat-Nation
/./ Imat et citovenneté
La premiere fonction d'un Etat, faut-il le rappeler, c'est
d'assurer sa sécurité intérieure et extérieure, de
défendre son intégrité territoriale et d'assurer les
services publics. Toutes ces fonctions qui relevent du sacro-saint principe de
souveraineté, ne sont évidemment pas réalisables sans des
ressources financieres, humaines et matérielles dont l'Etat en question
se
8 Henry LAUFENBURGER, Histoire de l'impeit,
Coll. Que sais-je ? Ed. PUF, 1959, p.132 9Ibidem, p.18
10 Robert MOSSE, Introduction a
l'économie, Ed. Petite bibliothèque Payot, Paris, 1968,
pp.30-31
doit de rechercher. L'une des principales voies ou du moins la
premiere, c'est avant tout, le prélévement d'impots ou de toute
autre forme de participation ou contribution des populations concernées
pour la sécurité et la protection attendue de l'Etat. Par
définition, les impots « sont des prestations
pécuniaires mises a la charge des personnes physiques et morales en
fonction de leurs capacités contributives et sans contrepartie
déterminée en vue de la couverture des dépenses publiques
et de la réalisation d'objectifs économiques et sociaux
fixés par la puissance publique.»11
De ce point de vue, la fiscalité est jusqu'à
preuve de contraire la forme la plus en vue de participation attendue des
citoyens ou de toute autre personne disposant d'un revenu ou exercant une
activité lucrative dans un pays ou sur un territoire donné. Elle
est et reste la premiere source de revenus pour un Etat par l'imposition des
personnes physiques et morales et par prélévement direct ou
indirect. Le constat est que les pays développés ont, pour
l'essentiel, jeté les bases de leur édifice politique,
économique et social sur les ressources tirées des contributions
diversement prélevées sur les contribuables de toutes
catégories. L'aspect fondamental du role de la fiscalité dans la
construction de l'Etat réside dans le fait qu'en imposant, l'Etat
affirme son existence, sa domination et sa tutelle sur le citoyencontribuable.
Il exerce un droit de regard sur les activités que ce dernier
méne en lui rappelant, a l'occasion, son devoir en vers la
collectivité dans son ensemble.
Les possibilités pour un Etat de pourvoir a ses besoins
en ressources sont multiples, mais en termes de responsabilisation des citoyens
dans la gestion des affaires de la cité, l'imp,t est la premiere
possibilité. Dans la 42e leçon de son ouvrage
intitulé Eléments d'économie politique pure,
consacré a sa théorie d'économie sociale,
Léon Walras soulignait en théorie sans l'admettre en pratique
qu'il existe « deux manieres de pourvoir aux besoins de l'Etat ou aux
dépenses publiques : la premiere est de faire intervenir l'Etat en meme
temps que l'individu dans la répartition de la richesse sociale par la
propriété ; la seconde est d'opérer a son profit un
prélevement sur les revenus des individus par l'implit
»12. La premiere proposition est, semble t-il,
inadéquate en ce sens qu'elle a trait au capital lui-même et qu'en
principe, « les capitaux ne doivent pas etre livrés a la
consommation ni publique ni privée[...] L'Etat ne doit
détruire systématiquement la source de la richesse nationale
»13. Par conséquent, le prélévement
d'impot reste alors la proposition la mieux indiquée pour fournir a
11 Ministere de l'économie, des finances et de
l'industrie/Direction Générale de l'Imp,t et de la
législation fiscale, (avril 2004), « La fiscalité francaise
», Paris, p.2, (77 pages), visualisé sur
www.impots.gouv.fr.
12 Léon WALRAS, Eléments
d'économie politique pure ou théorie de la richesse sociale,
Ed. Librairie Générale de droit et de jurisprudence, Paris, 1952,
p.449.
13 Ibidem, p.40
l'Etat les ressources pour assurer l'ordre, la
sécurité, d'administrer la justice et de fournir un certain
nombre de services publics14.
Les taxes et impOts collectés sont destinés a
fournir aux pouvoirs publics les moyens d'agir pour assurer les biens
collectifs tels que la sécurité, les voiries, les routes, les
voies ferrées, l'éclairage public ou toute autre prestation
publique du même type. En outre, l'imp,t de par sa fonction de
redistribution renforce sans aucun doute le sentiment d'appartenance a une
même communauté, car la solidarité qui se manifeste a
l'endroit des plus démunis est un motif de rapprochement entre
l'individu et la collectivité. A cet égard, les systemes de
couverture sociale que la France et d'autres pays européens ont mis en
place des le lendemain de la seconde guerre mondiale en est un exemple
édifiant. Ces systemes financés aussi bien par les impots que par
les cotisations sociales, ont permis de renforcer et d'accroitre le role de ces
Etats dans la lutte contre le chomage, la pauvreté et toute forme de
précarité marginalisant une partie de la population et pouvant
constituer une menace pour la quiétude sociale.
La citoyenneté qui est fondamentalement liée a
l'émergence de l'Etat-Nation, plus qu'un statut juridique est une
maniere d'être qui se caractérise par l'accomplissement de
certains devoirs qui accompagnent nos droits. Parmi ces devoirs figure en bonne
place celui de nous acquitter de nos obligations fiscales des lors que nous
justifions d'un quelconque revenu et que la collectivité nous en
réclame dfiment et formellement. La démocratisation de la gestion
des finances publiques passe avant tout par le respect de l'obligation que le
citoyen a de participer par l'impOt a la constitution du patrimoine public.
C'est lorsqu'il se sera acquitté de ce devoir qu'il peut
prétendre avoir un droit de regard sur la gestion faite des ressources
depuis le niveau central jusqu'au niveau local, parce qu'en tant que
contribuable, des comptes lui doivent en être rendus. Certes, le
dispositif réglementaire et la procédure de controle et de
surveillance des comptes de l'Etat et des collectivités ne donne pas
formellement la possibilité aux citoyens de frapper a la porte du
ministere des finances ou de d'un exécutif communal pour
vérification, mais le prédispose a se prononcer sur l'usage qui
en est fait.
La décentralisation participe de cette
responsabilisation du citoyen dans la gestion de sa collectivité. Dans
un discours prononcé le 28 février 2003 a Rouen lors de la
cloture des Assises des Libertés Locales, l'ancien Premier ministre
français, Jean-Pierre RAFFARIN disait que « Le lien
démocratique, c'est aussi le lien fiscal, qui permet au contribuable
de
14 Il faut toutefois rappeler que Léon
Walras s'oppose d'une certaine façon au prélèvement
d'impôt dans certaines conditions et défend une certaine
idée des biens collectifs qui ne doivent pas être facturés
aux consommateurs que sont les citoyens, mais gratuitement offerts. C'est dans
cette perspective qu'il préconise la nationalisation des sols et des
chemins de fer.
juger ce que ses elus font avec son argent
1115. Le principe de la démocratie participative qui est
au centre du processus de décentralisation met en avant l'implication
effective du citoyen dans la mobilisation des ressources dont la
collectivité a besoin, la mise en oeuvre des programmes de
développement et aussi la sanction des responsables politiques lors des
élections. Pour renforcer cette participation citoyenne, les textes
relatifs a la décentralisation, font obligation aux collectivités
territoriales de rendre publics les décisions et documents relatifs a
leurs comptes et budgets, aux actions économiques, bref tout ce qui peut
informer le citoyen sur la gestion de la collectivité.
L'incivisme fiscal est un des comportements les plus
condamnables qu'un citoyen puisse observer. Toutefois, ce comportement n'est
pas toujours le fait du contribuable, mais se fonde parfois sur une faiblesse
institutionnelle qui pourrait se traduire par exemple au nonrecensement des
contribuables en vue d'une éventuelle imposition. A cet égard,
beaucoup de communes en Afrique de l'Ouest ont du mal a collecter la taxe de
voirie du fait principalement de l'absence d'adressage qui facilite la
localisation et l'identification des ménages, entre autres. Mais, force
est de reconnaitre aussi, que dans les systemes oil la déclaration des
revenus ou l'enregistrement de toute activité économique
auprés des services compétents de l'Etat est imputable aux
contribuables, nombreux sont ceux qui ne se plient pas a cette exigence,
échappant ainsi a tout impot. Le citoyen dans le cas qui nous
intéresse ici est celui qui non seulement est engagé
politiquement dans la gestion des affaires publiques, mais aussi qui «
sert son pays en s'acquittant des impôts[...] sans jamais perdre
de vue le bien public dont il a l'idée la plus
haute.»16
/.2 Impôt et démocratie
La détermination de l'imp,t qui est dans les
démocraties un acte législatif, est l'expression de la
volonté générale qui se matérialise et, comme
telle, elle est l'ensemble des volontés individuelles
fédérées. En tant que structure politico-administrative
puissante et complexe, l'Etat se dote d'institutions aptes a
fédérer ses populations et a promouvoir une certaine idée
de la nation en vue de garantir la paix indispensable au développement
économique et social. L'administration fiscale fait partie de ce corps
d'institutions, symbole du pouvoir et de domination de l'Etat sur les citoyens,
mais également garant de la libre
15David HURON / Jacques SPINDLER (
CRIFP/IDEFI/CNRS, Université de Nice-Sophia Antipolis), «
Démocratie locale et pouvoir fiscal : Deux préalables a
l'autonomie locale en France », Rencontres
internationales/Démocratie et Management local, Québec du 20/23
mai 2003.
16 CONSTANT, F., La citoyennete, Editions
Montchrestien, Paris, 2000, P.32
entreprise, de la concurrence loyale et de la bonne
organisation des activités économiques. Il est également
un instrument de réduction des inégalités entre les
citoyens, quand on se référe par exemple a l'esprit de la loi du
15 juillet 1914 portant création de l'impOt progressif en France sur un
certain nombre de catégories de revenus que constituent les salaires,
les bénéfices industriels et commerciaux, les revenus des valeurs
mobiliéres, etc.
Pourtant, la fiscalité n'est qu'un aspect, certes pas
de moindre, mais non suffisant en lui-même pour définir toute la
longue marche de l'histoire pour b*tir un Etat, une nation, comme celle de la
France, entre autres. Elle n'est qu'un indice qui a sa place et son importance
dans la mise en commun des intérêts divergents, ceux individuels
et collectifs. Elle n'est qu'un des moyens a la disposition des gouvernants
d'hier et d'aujourd'hui pour se donner les moyens d'action, les ressources
nécessaires a la réalisation du bien commun. L'éducation
par exemple en est un autre indice, comme un maillon de la chaine conduisant a
l'édification de l'Etat-Nation, car elle « confere un
équilibre moral en mettant l'individu en phase avec les valeurs de la
société dont il fait partie bon gré mal gré...
»17 Parmi les valeurs transmises a travers l'éducation
des citoyens, il y a bien entendu l'amour de la patrie, l'égalité
de tous en droit et devant la loi et aussi la valeur du travail productif, des
valeurs sur lesquelles se fondent aussi l'impOt.
Le rOle de la fiscalité dans la construction de
l'Etat-Nation ou de l'Etat tout court s'est démontré a travers
l'histoire d'un certain nombre de pays qui nous servent aujourd'hui de
référence en tant que ressortissants du Sud. Tout comme le droit
de vote ailleurs, le principe aujourd'hui universellement admis du consentement
du peuple a l'impOt a fait couler le sang de certains peuples, comme c'est fut
le cas en Grande-Bretagne sous le régne du roi Jacques 1er qui, en
dépit de la volonté populaire, avait voulu conserver par-devers
lui les monopoles fiscaux18. Toutefois, même si l'importance
de l'impOt n'est plus a démontrer pour une quelconque nation, il n'en
demeure pas moins, qu'il est partout et de tout temps décrié. Les
populations s'attristent voire se soulévent quand il est revu a la
hausse et elles jubilent quand il est réduit, car « le fisc est
l'entité abhorrée, injuste, odieuse, amorale, égo9ste,
fantaisiste, cruelle, impitoyable[...] qui détraque les
rapports économiques, qui supprime les initiatives,
17Gellnert(Ernest), « les modeles explicatifs
de l'origine des nations et du nationalisme », Sociologie politique du
développement, Recueil des textes, Riccardo Bocco, Mohammed-Rezza
Djalili, Antoine Kernen(Dir.) avec la collaboration de Jules Bagalwa Mapatano,
IUED, Année académique 2003-2005, p.57.
18Samuel Théophile Batoum-Ba-Ngoue,
Démocratisation et processus budgétaire dans les Etats de la
Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale(CEMAC) :
Le cas du Cameroun, Afrilex n°4, (26 pages), visualisé sur
http://www.afrilex.u-bordeaux4.fr
qui s'oppose a l'épargne, qui entrave la production,
qui empêche l'abaissement du coet de la vie, qui diminue l'exportation,
etc. >>19
Au-dela de toutes les critiques dont l'imp,t peut faire l'objet,
il semble être mieux accepté dans un contexte de
démocratie que de dictature, parce qu'avant son adoption par
le parlement, il fait l'objet de larges débats oil s'affrontent les
arguments pour ou contre, mais départagés par un vote. Cela se
fonde alors sur un consensus de départ dont la régle de
la majorité est la norme et qui s'impose a tous. L'Exécutif
tout comme le parlement ayant concurremment l'initiative des lois, s'ils
sont responsables, devraient procéder a des consultations avec les
représentants des catégories socioprofessionnelles les plus
concernées en vue de la détermination d'un impOt
spécifique quelconque.
L'hétérogénéité des intérêts
des divers groupes socio-économiques suppose forcément dans un
contexte démocratique un processus de négociation en vue de
déterminer la part contributive de chacun. L'Etat démocratique
ne se fondant pas en principe sur l'oppression, recherchera plutot
le consentement, c'est-a-dire o l'accord des sentiments et des
intérêts, accord parfois spontané, mais aussi, bien
souvent, créé de toute piece, et savamment entretenu aux moyens
d'artifices, sous la forme de protections et d'avantages de toutes sortes,
de la maitrise de la presse... 11" En tout état de cause, le
régime démocratique aura l'avantage par rapport aux
régimes dictatoriaux, non seulement d'engager des discussions
publiques sur l'imp,t ne serait-ce que dans le cadre de l'hémicycle,
mais surtout de garantir une certaine transparence. En effet, le parlement
qui vote la loi des finances, qui assure le controle de l'action
gouvernementale et qui se prononce sur la loi de reglement la oil elle
existe, est un dispositif institutionnel qui devrait rassurer les
contribuables sur la gestion qui est faite de leur patrimoine. Toutefois,
cela ne nous fait pas perdre de vue certaines contingences du fonctionnement
en pratique de nos parlements en tant qu'ils sont en majorité de la
mouvance présidentielle ou non, en tant qu'ils sont ou non
animés par des représentants du peuple avertis sur les questions
financiéres ou des députés ayant ou non un sens aigu du
devoir et de la République. A cet égard, il faut signaler en
ce qui concerne certains parlements que o autant les députés
sont intéressés par l'origine des ressources
budgétaires de l'Etat et de l'utilisation qui en est faite, autant
certains sont démunis intellectuellement, lorsqu'il faut convaincre
les membres du gouvernement fortement
19 ROSIER C., La fiscalité francaise devant
l'opinion publique, Ed. Librairie Générale de Droit et de
Jurisprudence, Paris, 1940, p.2
20Robert S CHNERB, Deux siecles de
fiscalité francaise, XIX-XXe siècle. Histoire, économie,
politique, Editeur Mouton, Paris- La Haye, 1973, p.30.
assistés des collaborateurs experts dans le
domaine[...], d'orienter les recettes ou les charges publiques dans le
sens de la defense des intérêts de la population.
»21
A l'origine du parlement, symbole de la démocratie en
tant qu'incarnation de la volonté nationale souveraine, se trouve la
mission de débattre de l'imp,t dans la perspective de son consentement,
de son recouvrement et de son utilisation. Indépendamment de la
technicité qui entoure le montage budgétaire de l'Etat et son
exécution dans le temps, le consentement de l'imp,t que vote le
parlement est une des plus grandes avancées de la démocratie en
matiére des finances publiques. Cependant, force est de reconnaitre que
le role du parlement dans les démocraties émergentes en
matiére de l'imp8t, principalement en Afrique, n'est pas totalement
compris et du législateur lui-même que du coté de ceux qui
en sont véritablement les destinataires. Le déficit de culture
politique fait que rarement, il n'est fait un effort de communication
responsable a l'endroit des citoyens pour mieux expliquer les tenants et
aboutissants d'une loi des finances quelconque.
La conséquence de cette situation est que nonobstant le
fait que le parlement vote le consentement de l'impot, il n'y a
véritablement pas de consentement a l'imp,t de la part des
contribuables. Le consentement a l'imp,t faudrait-il le préciser,
"met en jeu une adhesion sociale réelle et qui suppose donc
l'arrêt des phénomenes de resistance multiples a la
fiscalité qu'ils soient individuels ou collectifs."22 Il
est alors important, que cette dimension de consentement a l'impOt soit
véritablement intégrée dans les politiques de
communication gouvernementale pour mieux informé et sensibilisé
les citoyens sur la place et le role de l'impOt dans le raffermissement de la
démocratie. L'objectif serait atteint lorsque les peuples des
démocraties émergentes consentiront a l'imp,t a l'image fascinant
des Francais qui, " en declarant leurs revenus pour servir de bases de
calcul a l'imp"t qu'ils vont acquitter, [...J manifestent,
théoriquement, leur consentement a l'implit." 23
2. Place de la fiscalité dans l'économie
nationale
2./ Fiscalité et évolution économique
La fiscalité et l'économie sont totalement
liées, car il n'y a pas d'activités et de
prospérité économique sans paix, sans
sécurité sans un Etat capable de gérer au mieux les
21 BATOUM-BA-NGOUE, S-T., op.cit., p.21.
22 Jérémie Gallois, eUne petite
histoire de l'imp"t », visualisé sur
1sttp://
pluriel.free.fr/renover03.1stml~
le 17 octobre 2005.
23 La Documentation Francaise,
« Pourquoi est-on oblige de declarer ses revenus et de payer
ses impots ? », visualisé sur
www.viepublique.
fr. , le 17 octobre 2005.
intérêts des uns et des autres et de canaliser
l'appétit des acteurs économiques. Or, ces garanties l'Etat ne
peut les donner ni les fournir sans des ressources financiéres que
peuvent lui procurer les impots et autres taxes. Mais, l'économie ne
pourrait se développer avec des prélévements lourds
dépassant ses capacités réelles de production de richesse
afin de répondre aux besoins d'un Etat fortement demandeur des moyens
financiers. Il y a alors un juste milieu a trouver entre une fiscalité
incitative du point de vue économique et une économie dynamique
et diversifiée pourvoyeuse des ressources a l'Etat a moyen et long
terme. Il n'y a alors aucun doute aujourd'hui, que toute politique fiscale peut
influer en faveur ou en défaveur de la formation du capital dans le
secteur privé en raison notamment des effets qu'elle pourrait avoir
aussi bien sur la capacité a épargner, sur la propension a
consommer ou sur la volonté a investir.
Par dela sa fonction de pourvoyeuse de ressources a l'Etat, la
fiscalité a certainement un role économique important, en ce sens
qu'elle peut stimuler ou décourager les activités
économiques ou les investissements en fonction de sa charge. Il y a
aujourd'hui une sorte de consensus sur le fait que la fiscalité o
tant par son ampleur que par la multiplicité des effets diversifies
qu'elle entraine, influence l'ensemble des activités des agents de la
vie économique. »24 Dans l'histoire de la
pensée économique, on notera que la question fiscale a connu une
évolution en fonction du type du systeme économique de production
en cours. Il apparait, en effet, que l'adhésion progressive du monde a
la pensée économique unique et dominante a fortement
imprimé sa marque a la fiscalité en lui imposant des ajustements
périodiques. L'ouverture a l'économie du marché, puisque
c'est d'elle qu'il s'agit, amene les pouvoirs publics, en fonction des
conjonctures du moment, des risques et opportunités que
présentent les activités économiques et marchandes,
d'apporter des corrections a leur dispositif fiscal.
L'essor du secteur industriel et privé dans le monde
occidental, a permis aux pays du Nord de collecter un volume important des
recettes fiscales leur donnant ainsi les moyens d'action nécessaire pour
assumer non seulement les charges du service public mais aussi d'assumer
pleinement leur role régalien. L'Etat, tout en n'étant pas
nécessairement « issu du capitalisme, ni de l'ouverture des
circuits marchands, ni encore moins de l'essor industriel
»25, il n'en demeure pas moins que l'économique est au
cur de sa dynamique. Les politiques économiques qu'initient les
puissances publiques visent dans l'ensemble a favoriser le développement
des activités économiques. A cet effet, les principales mesures
ont trait a
24 Bernard BOBE / Pierre LLAU, Fiscalite et choix
economiques, Ed. CALMANN-Lévy, Paris, 1978, p.7
25 Bertrand, B./Pierre, B., La Sociologie de
l'Etat, Editions Grasset et Fasquelle, Paris, 1979, p.219.
des incitations fiscales pour attirer les investissements,
encourager les initiatives privées tout en veillant a préserver
un cadre de concurrence loyale. Le choix d'une politique fiscale
déterminée, informe non seulement sur les choix
économiques d'un pays, mais aussi sur les valeurs sociales qu'il
défend, comme l'équité, la justice, l'atténuation
des inégalités ou la solidarité.
La puissance publique a un role économique important a
jouer dans la création des conditions idoines devant permettre la
promotion de l'économie a diverses échelles pour répondre
aux attentes des agents économiques intervenant dans divers domaines.
Des promoteurs immobiliers aux industriels en passant par les agriculteurs, les
importateurs et exportateurs ainsi que les professions libérales, chacun
attend des pouvoirs publics des mesures de soutien et d'accompagnement dans ses
activités. Si dans certains cas les mesures d'accompagnement prennent la
forme des subventions, dans beaucoup d'autres, il s'agit plutot des
exonérations fiscales ou autres avantages de ce type qui sont
apportés par les pouvoirs publics. Les instruments fiscaux dont dispose
la puissance publique pour réguler les activités
économiques sont multiples et dépendent de la conjoncture du
moment en tant qu'il s'agit de réguler les prix, de promouvoir la
consommation des privés et des ménages, de favoriser les
investissements, de réduire les risques de fuites des capitaux, etc. Les
mesures fiscales visent principalement a produire des effets mécaniques
en termes de recettes fiscales quantifiables, des effets psychologiques en
termes de modification des comportements chez les agents
économiques26.
Tout en sachant que les ressources fiscales visent
principalement a fournir aux Etats les ressources nécessaires pour mener
a bien certaines politiques publiques et aussi, en sachant que la
fiscalité n'est pas toujours économiquement neutre, pouvons-nous
voir en elle un instrument d'accumulation exclusivement capitaliste et de
paupérisation de certaines couches socioprofessionnelles ? La
réponse n'est ni aisée ni simple, car elle dépend du
contexte économique et de la structure fiscale mise en place. Dans
certaines contrées se créent des paradis fiscaux ouvrant la porte
a la réalisation des bénéfices astronomiques aux
capitalistes et dans d'autres, des prélévements assez lourds qui
se ressentent dans le portemonnaie des contribuables et le panier de la
ménagére. Il reste toutefois que les politiques fiscales visent
de nos jours a faire en sorte que l'imp,t soit socialement supportable et
économiquement stimulateur. Cette position est défendue et
partagée par un certain nombre d'économistes tels que MARSHALL,
Adolf WAGNER, A. C. Pigou, auxquels se référe
26 Joseph. A S CHUMPETER, Histoire de l'analyse
economique, vol III, L'Age scienti~ique(de 1870 a J. Keynes), Ed.
Gallimard, Paris 1983, pp.163-165
S CHUMPETER lorsqu'il évoquait, entre autres, les
postulats éthiques qui doivent caractériser l'impôt.
Ceux-ci se traduisent par ce qu'il appelle « le principe de la
capacité » de payer et la « théorie sociale de
l'impôt » qui pourraient se traduire par une "politique qui ne
visait pas seulement a lever des impeits pour en tirer des recettes, mais aussi
pour modifier[...] la répartition de
revenus"27.
Les effets induits de la fiscalité en fonction du type
d'impôt ou de taxe applicable, suscitent un certain nombre de
réflexions, car ils ne sont pas ressentis toujours et partout de la
même maniere. A cet égard, Rosa LUXEMBURG stigmatise les effets
induits des impôts indirects sur la consommation des ouvriers et de la
classe paysanne et également par rapport a l'enrichissement d'une
certaine classe. En effet, elle estime que l'application des impôts
indirects qui "servent a l'entretien de l'appareil de l'Etat capitaliste,
aboutit a une augmentation de la plus-value, ou pluteit de la partie
consommée de la plus-value"28. Cette réflexion
peut se justifier quand il s'avére que l'instauration de la TVA en
1954-1955 en France visait, en plus « d'assurer des recettes a l'Etat,
de favoriser l'investissement et, par conséquent, l'accumulation du
capital et la croissance...»29.
En somme, les mutations économiques qui peuvent en
théorie se résumer dans les cinq étapes de la croissance
que nous cite ROSTOW, depuis la société traditionnelle
jusqu'à l'ére de la consommation en passant par les conditions
préalables de démarrage, au démarrage et au progrés
vers la maturité30. Chacune de ces étapes qui
correspond a un mode de production et de consommation spécifique,
consacre un mode de gestion étatique avec un systeme de
prélévement plus ou moins adapté au contexte. Il est sans
aucun doute que le systeme fiscal en cours dans un systeme économique
fortement dominé par la production agricole serait différent de
celui d'un systeme de production industrielle, tout comme il sera distinct d'un
systeme de production communiste a celui capitaliste. C'est dire alors, que
« les options de la politique fiscale ne peuvent etre que
l'expression, dans un domaine spécifique, des choix du projet social
global qui sous-tend l'économie tout entiere.»31
27 Ibidem, pp.143-144
28 Rosa LUXEMBURG, L'accumulation du capital
II, oeuvre IV, Ed. Francois MASPERO, Paris 1972, p.120
29 Bertrand, B., Pierre, B., op.cit, p.92-93
30 Jean-Michel SERVET/Pauline PLAGNAT,(Octobre
2003), Recueil de textes, Tronc commun d'économie du
développement, Genève, Année Académique
2003-2004, IUED.
31 BOBE,B. et LLAU, P., op. cit., p.239.
2.2 Fiscalité et croissance économique
Selon certains analystes, la fiscalité pourrait
être préjudiciable a la croissance économique qui est le
moteur même du développement, en ce sens qu'elle
découragerait les investissements et la création d'emplois. Le
Fonds Monétaire International soutient que la croissance
économique dépend en partie d'un assainissement des finances
publiques qui passe par une réduction sensible des dépenses de
l'Etat et une baisse d'impOts pour relancer les investissements et la
consommation. Les experts du fonds, sur la base des expériences d'une
vingtaine de pays de l'OCDE sur une période allant de 1960 a 1994,
affirmerent que « les compressions des dépenses publiques --
notamment des salaires -- ou la reduction de la taxation du travail
s'accompagnent d'une reduction des salaires reels et du coet unitaire de la
main-d'oeuvre, et d'une hausse des benefices et de l'investissement
»32. Pourtant, ce résultat qui ne concerne que les pays
industrialisés fut différent de celui enregistré par
rapport a certains pays d'Amérique latine qui révele plutOt que
« l'efficacité du recouvrement des recettes fiscales est pour
ces pays un element cl~ des efforts d'assainissement des finances
publiques. »33 Ces deux résultats montrent d'une
certaine fa~on que le probleme ne se pose pas de la même maniere entre
les pays développés et ceux en voie de l'être.
Les effets de la fiscalité sur la croissance
économique sont difficilement comparables d'un pays a un autre, en ce
sens qu'il y aurait « une correlation entre le niveau de
développement, la taille économique et la structure fiscale
»34. Par ailleurs, quelle pourrait être
l'efficacité d'un systeme fiscal ou d'un prélevement d'impot sur
les ressources publiques lorsque l'investissement et la consommation qui sont,
de notre point de vue, les moteurs de la « croissance économique
» sont faibles ? Il ne suffirait donc pas forcément d'avoir un
systeme fiscal efficace pour nécessairement mobiliser les ressources
fiscales, il faudra nécessairement que l'économie soit
elle-même dynamique, en ce sens qu'il y aurait aussi une sorte
d'interdépendance entre la croissance et la fiscalité. En
d'autres termes, « une bonne apprehension du couple ((
impôt-croissance h requiert une connaissance approfondie non seulement de
l'influence de la croissance sur le produit de l'impôt mais
également, et au préalable, de l'incidence de l'impôt sur
la croissance.»35
32Hamid Faruqee(FMI, Département des
études), Des pistes pour l'assainissement reussi des finances
publiques, In : Bulletin du FMI, (2001, 11 juin), Vol 30,
n°11 du 11 juin, p.190-191, p.11, (16 pages), visualisé sur
www.imf.org/imfsurvey
33Jean-Francois BRUN/CHAMBAS Gérard/ COMBES
Jean-Louis, « La politique fiscale agit-elle sur la croissance ?»,
Revue d'économie du développement, CERDI, 2/1998, p.115-125
34 Ibidem, p.190.
35 Jacques PERCEBOIS, Fiscalite et
croissance, Ed. Economica, Paris, 1977, p.2
Le poids de la fiscalité sur la croissance
économique ou les performances économiques d'un pays est
incontestablement réel, sauf qu'il différe d'un pays a un autre.
La mise en évidence des distorsions fiscales défavorables a la
croissance dont l'investissement, la consommation et la création
d'emploi sont les principaux moteurs, n'est pas aussi nette et précise
lorsqu'on compare la structure économique des pays en voie de
développement et celle des pays développés. Au niveau des
pays africains, la distorsion fiscale la plus en vue est celle relative aux
échanges internationaux du fait de la pression mise sur la forte
taxation du commerce extérieur alors qu'ailleurs se sont les revenus des
ménages qui sont les plus exposés. Dans tous les cas, au Nord
comme au sud, le bon équilibre fiscal est difficile a obtenir du fait de
la forte demande sociale qui s'exerce sur les pouvoirs publics de plus en plus
confrontés a une pauvreté croissante et des
inégalités criardes qui justifient toujours d'importants
prélévements publics.
L'influence de la fiscalité sur la croissance
économique suscite tout de même quelques interrogations en ce qui
concerne l'Afrique subsaharienne en particulier. Peut-on tout simplement parler
de possibilité de croissance dans un contexte oil
l'insécurité liée aux guerres et a l'instabilité
politique alimentant la méfiance des investisseurs privés
étrangers fait que l'économie tourne sur elle-même pour ne
pas dire stagne ou régresse ? Quel choix fiscal les pays de cette
région peuvent-ils faire pour créer les conditions d'une
croissance économique soutenue en moyen et long terme pour juguler la
pauvreté ? Peuvent-ils prendre les risques de réduire les taux
d'imposition, jugés déjà bas, pour espérer un
hypothétique accroissement des investissements privés ? Pourtant,
les investisseurs ont d'abord besoin non seulement de sécurité,
d'infrastructures de base (routes, télécommunications, etc..)
avant de songer a y venir et paradoxalement, ces préalables ne peuvent
être satisfaits sans des ressources financiéres que ces Etats se
doivent de mobiliser aussi bien par les emprunts que par la fiscalité
bien entendue.
En fait, la faiblesse de l'investissement et de la
consommation est une des causes essentielles de sous emploi et par
conséquent, un manque a gagner important pour l'Etat du point de vue des
ressources fiscales mobilisables. La sur-liquidité financiére
dans le circuit bancaire en Afrique par exemple ou la propension a la
thésaurisation de certains opérateurs économiques sont,
dans une certaine mesure, les signes d'une insuffisance d'initiatives en
matiére d'investissement et également la preuve d'une faible
consommation. Or, la circulation des flux financiers a travers l'investissement
et la consommation est l'une des conditions indispensables au
développement économique d'un pays et a la création des
conditions optimales devant permettre un meilleur accroissement du revenu
national. C'est la assurément
que la référence a la Théorie
générale de Keynes nous parait pertinente dans l'analyse de
la situation économique et financiére de nos pays,
indépendamment des critiques dont il a fait l'objet.
3. Problématique de la fiscalité en
Afrique
Parlant de la problématique de la fiscalité en
Afrique, nous n'aurons pas la prétention de nous pencher sur les
différents systemes fiscaux en vigueur dans tous les quatre coins de
l'Afrique. Autrement dit, il ne s'agira pas d'évoquer les cas de
l'Afrique Centrale a celle de l'Ouest ou de l'Est au Nord, tout comme de parler
des pays anglophones par rapport aux francophones. 1l s'agit plutôt d'un
aperçu qui se limite a l'Afrique de l'Ouest francophone, notamment aux
pays membres de l'UEMOA. Les bases d'une analyse en matiére fiscale
c'est d'abord des statistiques sures et fiables alors que dans cette partie de
l'Afrique, force est de reconnaitre que les données ne sont ni faciles a
collecter ni aisées a exploiter, car d'une source a l'autre, elles
changent. En tout état de cause, les éléments que nous
allons approfondir sont les principales caractéristiques de cette
fiscalité et les défis auxquels elle est confrontée.
3./ Principales caractéristiques de la
fiscalité en Afrique de l'Ouest
Les systemes fiscaux Ouest-africains se caractérisent
dans leur ensemble par un trés faible niveau de
prélévement intérieur, par une trts forte pression sur la
fiscalité de porte (droits des douanes) et aussi par l'inégale
répartition de leur charge sur les revenus des contribuables.
Héritage de la colonisation française dans leur nomenclature et
leur terminologie, ils sont dans la plupart des cas inadaptés au
contexte économique actuel des différents pays. Les contraintes
auxquelles sont confrontés ces systemes fiscaux sont multiformes en ce
sens qu'elles ont trait a la faiblesse structurelle des administrations
fiscales (insuffisance du personnel en quantité et qualité,
mauvaise répartition territoriale du personnel, insuffisance des moyens
matériels de fonctionnement, etc.), aux informalités
économiques, a l'incivisme fiscal, a la fraude fiscale, etc. Des
réformes sont alors nécessaires, mais elles ne vaudront que ce
que valent les institutions chargées de leur mise en oeuvre. 1l est
indéniable que « le manque de rigueur de l'administration
fiscale en Afrique est l'une des causes essentielles de la modicité des
recettes [...] privant les pouvoirs publics des ressources
nécessaires a la fourniture des biens publics. »36
La difficulté de mise en application d'une politique
fiscale adéquate et efficiente couvrant toutes les matiéres
imposables en Afrique de l'Ouest serait une des conséquences de «
l'Etat importé » qui peine encore a trouver ses marques et a
consolider ses bases en harmonie avec une citoyenneté consciente
d'elle-même. L'Etat en Afrique est-il suffisamment légitime et
rassembleur pour favoriser l'émergence d'une conscience nationale apte a
répondre aux exigences de l'Etat moderne ? La gestion des affaires
publiques est-elle assez transparente pour donner confiance aux citoyens a
contribuer par l'imp,t a la construction nationale ? Enfin, est-il possible
pour un Etat de se construire sans une vision commune et partagée de la
chose publique ou lui faire jouer son role de catalyseur de
développement lorsqu'il se caractérise par «le poids
central a tous niveaux du clientélisme, une grande distance entre
organigramme formel et division réelle des taches, le
((privilégismeh systématique, une (( culture de l'impunité
h, des (( espaces de soupcon h, le ((chacun-pour-soiismeh, l'échange
généralisé des faveurs, une corruption devenue
systémique, un habituel mépris envers les usagers anonymes, la
démotivation des fonctionnaires, une faible productivité...
»37 ? Il s'agit la d'un ensemble de questionnements qui suscite
sans doute des préoccupations légitimes sur le bon fonctionnement
de l'Etat en Afrique et sa capacité réelle a mobiliser toutes les
énergies.
La problématique de la fiscalité en Afrique de
l'Ouest, au-dela des difficultés d'adaptabilité au contexte
économique des différents pays, semble aussi souffrir d'un manque
de volonté politique en ce qui concerne certaines formes d'impots et
taxes. C'est le cas notamment de l'imp,t foncier qui devrait frapper, entre
autres, les propriétés immobiliéres bâties et dont
certaines ne sont pas destinées a usage d'habitation, mais mises en bail
au prix fort. Pourtant, au regard de la forte croissance urbaine en Afrique de
l'Ouest oil des quartiers jaillissent du sol avec un tapis d'immeubles de haut
standing, l'imp,t foncier devrait constituer un des piliers des recettes de
l'Etat et des Collectivités territoriales. Il appert a ce niveau que
l'équité en matiére d'impot ne fonctionne pas du tout, car
les légitimes propriétaires d'immeubles et autres biens du genre
appartiennent soit aux gouvernants euxmêmes, a leurs
protégés, aux grands opérateurs économiques
corrupteurs et d'autres agents de l'Etat s'étant enrichis illicitement
en profitant des faiblesses du systeme. Le régime fiscal du Niger qui
prévoit pourtant tous les barémes applicables aux
différents types de propriété tarde a être
systématiquement mis en application en raison des réticences des
uns et des autres. En dehors de deux ans d'exercice dont sont
exonérées les nouvelles constructions ayant fait
l'objet de déclaration appropriée, toutes les
constructions fixées au sol a perpétuelle demeure sont
frappées par la taxe fonciére.
Les Constitutions des différents pays font du paiement
d'impôts un devoir citoyen38, mais les mécanismes de
prélévement mis en place pour frapper les revenus patrimoniaux
des citoyens actifs ne concernent qu'une partie des contribuables réels
ou potentiels. Les difficultés a ce niveau se rapportent principalement
a l'identification des contribuables, a l'évaluation de leurs revenus ou
des biens imposables, a la sous fiscalisation du secteur agricole. C'est pour
combler ce manque a gagner que les différents Etats ont, dans leur
majorité et sous la prescription de l'UEMOA et naturellement des
institutions financiéres internationales, adopté et
généralisé la TVA pour espérer mobiliser plus de
ressources. Mais cette mesure a ses limites dans un contexte oil le pouvoir
d'achat des citoyens est des plus faibles au monde pour stimuler un niveau de
consommation susceptible d'engendrer des ressources fiscales
supplémentaires.
Les questions fiscales en Afrique de l'Ouest, au-dela des
situations internes a chaque pays, se posent aujourd'hui en terme
régional, car dans un processus de mondialisation de l'économie,
les micro-états que constituent nos pays ne peuvent s'en sortir en
dehors d'un processus d'intégration et de coopération
régionale. La création d'une Bourse Régionale des Valeurs
Mobiliéres(BRVM), participe de cette dynamique ainsi que les initiatives
d'harmonisation prises en matiére de la comptabilité commune, du
droit des affaires et des législations fiscales. La BRVM, malgré
les insuffisances qui la caractérisent, constitue un instrument devant
permettre de promouvoir l'épargne intérieure et d'accroitre la
mobilité des capitaux. Pour ce faire, des recommandations ont
été faites aux Etats membres par l'UEMOA, notamment en
matiére fiscale dont entre autres, la suppression du systeme de double
imposition et son remplacement par une retenue a la source libératoire
de tout autre impôt, l'exonération des intérêts
d'obligations au titre de la TVA et de toute autre taxe sur les chiffres
d'affaires, et l'exonération des résidents hors UEMOA de la
retenue a la source sur les revenus des obligations39.
En définitive, la fiscalité en Afrique de
l'Ouest, nonobstant les contraintes d'ordre politique(légitimité
des pouvoirs politique et stabilité des Institutions, etc.),
38 Nous citons en exemple l'article 30 de la
Constitution nigérienne du 9 aoilt 1999 qui stipulait que : « tout
citoyen a le devoir de travailler pour le bien commun, de remplir toutes ses
obligations civiques et professionnelles et de s'acquitter de ses contributions
fiscales. »
39 Mohamed DIEYE, « Quelle politique fiscale
pour impulser le développement du marché financier
régional de l'UEMOA ? » Politique fiscale et
developpement, AFRILEX N°4, p.28-29, (12 pages) visualisé sur
www.afrilex.u-bordeaux4.fr.
économique(informalités économiques,
faiblesse des investissements et de la consommation, etc.), juridique et
réglementaire(adoption et publicité des lois appropriées
sur les activités économiques et commerciales),
socioculturel(logiques communautaires dans la gestion du foncier, etc.),
connait des avancées importantes, ne serait-ce que d'un point de vue
formel et théorique. La logique libérale dans laquelle
s'inscrivent ces Etats imprime une dynamique nouvelle a leur politique fiscale
qui se caractérise aujourd'hui par « une reduction de la
progressivité des impeits directs ; une reorientation des subventions et
des avantages fiscaux du travail vers le capital, du consommateur vers les
entreprises, de la demande a l'offre ; un élargissement de l'assiette et
de la part des impeits indirects considérés plus justes et
volontaires; une elimination partielle des impeits qui ont une incidence sur le
commerce extérieur »40, le tout accompagné
d'une politique de privatisation des entreprises publiques.
3.2 Défis des systimes fiscaux a fricains face aux
in formalités économiques
Il serait certainement intéressant avant d'aborder la
problématique de la fiscalisation des activités a fort taux
d'informalités, de dire quelques mots sur le débat qu'il y a eu
et qui se poursuit encore sur le concept même du secteur dit «
informel » pour qualifier l'ensemble des activités qui y sont
rattachées. En effet, parlant des activités a fort taux
d'informalités, certains préférent les considérer
comme des formes du "développement spontané" en ce sens que
celui-ci suppose, entre autres, « l'apparition de progressives
transformations a partir des structures traditionnelles. Ces transformations
font qu'une partie de celui-ci se rapproche lentement et progressivement des
formes modernes tout en restant encore radicalement distinctes
»41. De ce point de vue, ce type d'activités serait une
sorte de stratégies d'adaptation aux modeles importés de
production de biens et services dans les pays du tiers-monde, dans la mesure
oil elles supposent « une adaptation spontanée a la dynamique
des besoins, une adaptation spontanée a la dynamique des structures
productrices et des techniques productives et a la dynamique des marches et de
la repartition des revenus. »42
Le débat sur cette question semble opposer les
économistes aux chercheurs en sciences sociales (anthropologues,
sociologues) qui ne perçoivent pas toujours le phénoméne
de la même maniere. C'est en substance ce que nous retrouvons dans le
débat entre Francis
40 Vieira Jurua(Coord.), « Politique fiscale :
Impot, répartition du revenu national et assurance sociale »,
Cahier de propositions pour le XXIe siècle, Fondation Charles
Léopold Mayer pour le Progres de l'Homme/ Alliance pour un monde
responsable, pluriel et solidaire/Pole Socio-économie de la
Solidarité, novembre 2001, p.2, (15 pages), visualisé sur
http:/fiscal.socioeco.org/
41 Marc PENOUIL et Jean-Pierre
LACHAUD(éd.), Le developpement spontane. Les activites informelles
en Afrique, Editons A. Pedone, Paris, 1985, p.8
42 Ibidem, pp.17-18
Augustin AKINDES, Jacques CHARMES, Philipe COUTY et Xavier
OUDIN43. La problématique soulevée par ce
débat, est de savoir si la question du secteur dit "informel" doit
seulement être abordée sous un angle économiste, car o
les problemes que posent les economies officieuses44 telles que nous
les concevons est celui des rapports entre les systemes économiques et
d'autres sous-systemes moins apparents, moins visibles, qui appartiennent
généralement a la sphere socioculturelle échappant a la
vigilance de l'économiste toujours a la recherche du concret, du
chiffrable. »45 Il y a lieu tout de même de
distinguer les différentes catégories d'activités de ce
type selon leur taille, leurs promoteurs, leurs enjeux et l'importance
économique du secteur considéré.
Les difficultés d'application des mesures fiscales sur
des activités aussi insaisissables que sont celles a fort taux
d'informalités économiques, résultent parfois du fait
qu'elles ne s'adaptent pas aisément aux logiques sociales
caractérisant ces activités et qui ne s'inscrivent pas
forcément dans une logique d'accumulation et d'enrichissement. Or, ces
mesures fiscales, pouvons-nous constater, s'inscrivent dans une logique
purement libérale qui ne cadre pas toujours avec la perception et les
pratiques commerciales des opérateurs économiques locaux. Ces
derniers perçoivent leurs activités comme une entreprise sociale
consistant a satisfaire d'abord les besoins de la famille au sens large du
terme et ensuite a répondre aux besoins de la communauté. Le
commercant dans nos communautés voit dans ses activités
économiques non pas un simple processus d'accumulation, mais aussi un
moyen de prendre en charge sa famille et de garantir un héritage a sa
progéniture. En outre, le marché lui-même est perçu
comme un espace oil se tissent des relations certes a caractére
économique, mais aussi sociale, car le commercant peut vendre une
marchandise sans nécessaire réaliser un quelconque
bénéfice a un client X quitte a se racheter sur un client Y.
Dans cette perspective oil le marché se décline
plus comme "lien de clientele" et non comme une "relation de place
de marché"46, comment le commercant pourra-t-il s'en
sortir lorsqu'il est assujetti a appliquer la TVA alors qu'il n'applique pas
toujours le même prix d'un client a un autre ? A cet égard,
pouvons-nous asseoir des réformes économiques,
43 Francis Auguistin AKINDES, Jacques CHARMES,
Xavier OUDIN ET Philippe COUTY, Secteur informel ou non structure : Des
appellations contestees, Abordages n°2, Réseau
Amira(amélioration des méthodes d'investigation et de recherche
appliquée au développement), 1986.
44 Ce terme aussi est sujet a débat, en ce sens
que s'il désigne sont des activités visibles et identifiables
dans les rues et les arteres des villes africaines.
45 Francis Augustin AKINDES, oReflexion sur les
concepts "informel" et "non structure" », op.cit., p.6
46 Jean-Michel SERVET, « renoncer au mythe du
marché pour penser des alternatives », Brouillons pour l'avenir
: Contribution au debat sur les alternatives, COMELIAU Christian(dir.),
Nouveaux Cahiers de l'IUED, N°14, PUF, Paris ; IUED, juin 2003, p.70
stimuler la production et maitriser les agrégats
économiques dans un contexte oil les échanges commerciaux se
fondent sur des considérations souvent peu économistes ? C'est
dire que la lutte contre les informalités économiques par leur
fiscalisation passe forcément par un changement de mentalité de
certains agents économiques quant aux exigences du commerce dans un
contexte de plus en plus réglementé.
CHAPITRE DEUXIEME : Histoire comparée de la
fiscalité en France et au Niger
L'histoire politique de la France est en soi un cas
d'école et reste particuliérement instructive eu égard aux
différentes phases qui ont marqué son évolution a travers
l'empire, la Révolution et la République. Ces différentes
phases, marquent incontestablement des périodes spécifiques ayant
façonné une certaine vision de l'Etat, de la citoyenneté
et de la gestion des affaires publiques. La République du Niger est une
ex-colonie francaise ayant accédé a l'indépendance le 3
aotit 1960, comme la plupart des pays ouest-africains francophones.
L'intérést de passer en revue l'histoire comparée de la
France et du Niger dans le cadre de ce mémoire, sur un sujet aussi
important que la fiscalité, réside dans le fait que le Niger
s'inspire du modéle administratif francais et qu'il continue toujours a
bénéficier de l'assistance technique de ce pays, en particulier
dans le domaine de l'administration fiscale.
L'enjeu d'un tel exercice, est de voir en quoi le plaquage de
ce modéle est-il pertinent pour le Niger, qu'est-ce qui pourrait
expliquer sa réussite ou son échec et éventuellement
quelles pourraient titre les leçons a tirer. Pour ce faire nous allons
essayer de rappeler briévement l'évolution de la fiscalité
en France depuis le début du XIXe siécle, en termes des mesures
et réformes fiscales adoptées et mises en oeuvre. En ce qui
concerne le Niger, il sera question de passer en revue les différentes
phases de l'évolution de sa fiscalité en fonction des
contingences politiques de chacune des périodes.
/. Evolution de la fiscalité en France depuis la
Révolution de /789
/./ Caractéristioues de la fiscalité
francaise au lendemain de la Constituante
Le systeme fiscal francais a pris un tournant décisif
avec la tenue en 1789 de l'Assemblée Constituante et dont la
Déclaration qui en est issue dispose en son article 14 que «
les citoyens ont le droit de constater, par eu~-memes ou par leurs
représentants, la nécessité de la contribution publique,
de la consentir librement, d'en suivre l'emploi et d'en déterminer la
quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée
»47. Cette disposition rev<t tout son sens lorsqu'on sait
que le poids de la fiscalité, son inégale répartition et
les vices qui la caractérisaient sous la Monarchie furent, entre autres,
a l'origine de la révolution48. C'est au cours de ses assises
que les bases d'un débat démocratique sur l'imp,t en France
furent jetées,
47 Déclaration des droits de l'homme et du
citoyen de 1789.
48Gerard KLO CH, « Réforme fiscale,
physiocratie et statistique : le cas de LAVOISIER », &dées
économiques sous la révolution, 1789-1794, Jean-Michel
SERVET( Coord.), Presses Universitaires de Lyon, Lyon, 1989, pp.125-140.
en tenant compte principalement de la question de justice
sociale, des besoins de l'Etat et des possibilités de recouvrement. Le
systeme fiscal francais a la veille de la révolution se
caractérisait par sa lourdeur, sa complexité et son
incohérence et surtout par son incapacité a mettre fin au
déficit budgétaire devenu chronique du fait d'un faible
rendement. Ce systeme fiscal qui constituait « un enjeu de privileges
» comprenait des impots directs et indirects.
Au titre des impOts directs la taille (personnelle en tant
impOt individuel sur le revenu et réelle en tant qu'impot foncier sur
les revenus des biens immobiliers), la capitation (frappant l'ensemble de la
population ne faisant pas partie de la noblesse), le vingtieme essentiellement
supporté aussi par les classes non nobles (assis sur les revenus des
immeubles, les rentes, le commerce et les droits féodaux) et la
corvée des grands chemins (impot en nature, il consistait a la
construction et a l'entretien des routes aux frais des propriétaires
riverains)49. En ce qui concerne les impots indirects, ils se
décomposaient en aides (impots de consommation assis sur les boissons
alcoolisées), la gabelle (petite et grande, elle est un impot de
consommation assis sur le sel) et les traites (les douanes a l'intérieur
du pays). La collecte des impOts directs et indirects se faisait respectivement
par l'administration royale et le systeme de la ferme50.
L'opposition des physiocrates51 contre les impOts
indirects qu'ils considéraient comme nuisibles au développement
économique avait conduit a leur suppression lors de la Constituante. En
supprimant les impots indirects, la Constituante voulait mettre en oeuvre un
systeme fiscal simple et maitrisable frappant les masses imposables les plus
visibles comme les terres, les immeubles, les signes ostensibles de richesse,
etc. Cependant, cette suppression ne fut que momentanée, car moins de
dix ans apres, ils finiront par être rétablis, d'abord
progressivement sous le Directoire avant d'être totalement
restaurés par Napoléon. Le retour progressif et définitif
des impOts indirects sous le Directoire et Napoléon fut particulierement
motivé par l'insuffisance des recettes tirées des impots directs.
Celles-ci n'arrivaient plus a couvrir les besoins de plus en plus croissants de
l'Etat qui devrait intervenir dans tous les domaines publics en plus des
efforts de guerre. Malgré l'amélioration apportée a
l'administration des impots directs(sur la fortune, les signes ostensibles de
richesse, la personnelle-mobiliere, les terres, etc.), les pouvoirs publics
n'arrivaient pas a imposer les nouveaux riches tirant profit du modele
libéral en marche.
49 Gérard KLOCH, « Réforme
fiscale... », p.126
50 Ibidem, p126.
51 Il s'agit des économistes du XIIIe
siècle qui fondaient leur conviction sur le fait que l'agriculture
constituait la principale source de richesse d'un pays.
Le débat politique et juridique autour de la nature des
impOts directs et indirects en France au sortir de la Révolution,
était axé sur une certaine idée de liberté. En
effet, pour une certaine opinion, l'imp,t direct s'assimilait a la coercition
alors que l'imp,t indirect est considéré comme un impot de
liberté et volontariste pour le citoyen. Aussi, pour les
défenseurs des impots indirects, c'est que ces derniers o se
perçoivent presque a l'insu du contribuable »52.
Pourtant, ce ne sont pas les opposants qui manquaient et pour qui les taxes sur
la consommation frappent indéniablement les pauvres plus que les riches,
les familles nombreuses plus que les familles restreintes et les
célibataires. En tout état de cause, la restauration des impots
indirects, principalement sous Napoléon, aurait permis une nette
amélioration des ressources publiques. Cette amélioration
était principalement due aux importantes ressources tirées de la
taxation de l'alcool, du tabac et de certains produits de consommation courante
ainsi que de l'offre des services publics a travers la vente des timbres et des
droits d'enregistrement.
Le système fiscal francais au XIXe
siècle fut un système de compromis politique et citoyen en ce
sens qu'il conciliait les diverses opinions autour des enjeux du moment et de
la nécessité de mobiliser autant de ressources qu'il fallait pour
assurer le service public et les exigences de la guerre. C'est en cela qu'il
fut qualifié de o systeme mixte qui combine les idées
réformatrices des derniers contrôleurs généraux de
l'ancien régime, les innovations des physiocrates et bourgeois de la
Constituante, et le retour aux sources de l'impôt indirect
opéré par les technocrates du Consulat sous les contraintes des
coets de la politique extérieure »53. C'est un
système fiscal qui évoluait en cherchant a s'adapter
continuellement a son contexte, celui d'une France qui, petit a petit,
s'éloignait de la ruralité en se modernisant et par
conséquent en accroissant ses besoins.
Dans le domaine de la fiscalité, le XIXe
siècle constitue sans aucun doute une période d'innovation
fiscale, car c'est a partir de ce moment que les débats sur la
fiscalité vont véritablement entrer dans les mours
républicaines. En outre, c'est également en cette période
que l'Exécutif a la demande du meme Parlement adoptera le principe du
budget annuel équilibré en recettes et dépenses. Il s'agit
d'une importante révolution qui impliquerait des profonds changements
dans la gestion des deniers publics et la politique budgétaire de l'Etat
francais. Le XIXe siècle a donc ouvert la voie au
débat démocratique sur ce qui touche directement le patrimoine
des citoyens meme s'ils n'ont pas toujours les moyens de s'opposer directement
a certaines décisions comme quand Napoléon eut o
ressuscité les méthodes de la
52 Robert S CHNERB, Deux siecles de
fiscalité francaise, Ed. Mouton Editeur -- Paris - La Haye, 1973,
p.68
53 Robert S CHNERB, op.cit, p.56
Ferme générale lorsqu'il était apparu
que le systéme de la Constituante ne donnait que des recettes
insuffisantes.»54
Les traits caractéristiques du systeme fiscal francais
de l'époque faisaient ressortir que les impôts directs qui avaient
une base réelle, étaient des prélévements
forfaitaires sur une matiére imposable déterminée (terre,
entreprise, immeuble, etc.) La fixité des impôts directs les
rendait peu sensibles aux fluctuations économiques, car la doctrine
telle que défendue par Léon Say55, voulait qu'il soit
« laissé entre les mains du propriétaire, du producteur,
du vendeur, la plus large marge possible de profit, dont la croissance ne
devait pas etre absorbée par l'Etat, mais bénéficier a
l'économie nationale »56. Il s'agit d'un systeme
fiscal qui se voudrait économiquement neutre, sans incidences
particuliéres ni sur les revenus, ni sur la richesse du point de vue de
sa répartition et encore moins sur les structures de l'économie.
En outre, la recherche de la justice et de l'équité dans les
prélévements fiscaux a de tout temps été au centre
des préoccupations aussi bien des seigneurs que des législateurs
en se basant sur les signes extérieurs de richesse, sur la consommation,
les terres, immeubles, loyers, etc.
Nous retiendrons de ce siècle que les impôts,
dans un contexte économique dominé par l'agriculture,
constituaient la principale source des revenus de l'Etat et que les citoyens
francais étaient doublement imposés au titre du budget
général de l'Etat et de celui des Communes. Aussi, pouvons-nous
remarquer que l'évolution de l'impôt n'est jamais linéaire,
mais qu'elle se caractérisait par des allers-retours, des ajustements,
des réformes en fonction des exigences du moment et des besoins de la
gestion des affaires publiques. De son aspect financier en termes de pourvoyeur
de ressources, l'impôt est devenu un enjeu politique autour duquel des
idéologies et des courants politiques se confrontent au nom des valeurs
et des principes mettant tantôt l'individu, tantôt le collectif au
centre des préoccupations socioéconomiques des gouvernants.
/.2 Systime fiscal francais au XXe siide et la difficile
ré forme
Le systeme fiscal francais au XXe a incontestablement souffert
des deux guerres mondiales auxquelles la France fut particuliérement
impliquée en payant un lourd tribu en ressources humaines,
matérielles et financiéres. En outre, il a traversé des
périodes calmes et des périodes troubles au cours desquelles
l'économie a subi des profonds bouleversements
54 Ibidem, p.75
55 Homme politique, économiste francais,
député en 1871, huit fois ministre des Finances, sénateur
en 1877. 1l fut élu a l'Académie le 11 février et Mort le
21 avril 1896.
56 Robert S CHNERB, op.cit, p.232
d'ordre politique et monétaire avec notamment les
alternances politiques entre la droite et la gauche ainsi que les
dépréciations et dévaluations du franc. Au-dela de ces
périodes troubles, les grands enjeux du systeme fiscal francais
était de s'adapter aux changements économiques d'une France en
voie de développement. Les transformations dans la structure
économique avec le processus d'industrialisation et les activités
connexes qu'il engendre, imposent des nouvelles orientations fiscales. Il
s'agissait alors de passer d'un systeme fiscal a caractére agricole, a
un systeme répondant aux exigences de l'industrialisation et des
échanges commerciaux, mais aussi du domaine des services. De même,
les besoins croissants de l'Etat vont l'amener a élargir
nécessairement l'assiette fiscale et de créer de nouveaux
impôts.
Au cours du XXe siécle, le systeme fiscal francais
s'est évertué a promouvoir une certaine vision de la
République au nom de l'égalité et de la solidarité
entre les citoyens. En effet, au terme de l'article 13 de la Déclaration
des droits de l'homme et du citoyen, il est dit que la contribution que
symbolise l'impôt, doit être « également
répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs
facultés >> en vue notamment de l'entretien des forces
publiques pour la défense nationale et de la satisfaction des besoins de
l'administration. Solidarité aussi, en ce sens que le systeme
fiscal prenait désormais en compte les charges familiales dans le calcul
de l'impôt sur le revenu et que par ailleurs, les contributions fiscales
puissent également servir a aider les plus démunis. Ces valeurs
cardinales d'égalité et de solidarité sont les fondements
du dispositif francais de protection sociale dont certains
prélévements sont les sources de financement, comme c'est le cas
de la « contribution de solidarité >> instituée en
1982 ou de « l'impôt de solidarité sur la fortune
>>57.
Ce dispositif de solidarité et de protection sociale
tout en contrastant avec le principe que lUimpôt est sans contre-partie
pour les contribuables, donne quand même une certaine visibilité a
la fiscalité. Cependant, cela n'enléve rien au fait que
l'impôt « est toujours un acte autoritaire, il n'est jamais
librement consenti par celui qui le paye ou qui le faisant payer par un autre,
le supporte par répercussion... >>58 La France se
distingue des autres pays européens avec un systeme fiscal assez rigide
et contraignant aussi bien pour les personnes physiques que pour les personnes
morales, malgré la protection sociale qu'il garantit aux citoyens. En
effet, en comparant les taux de pression fiscale de la France par rapport a
certains pays européens, il est apparu en 1998 par exemple, que le total
des recettes fiscales par rapport au PIB de la France était de 45,2%
alors qu'en Allemagne, au Royaume-Uni et au Pays-bas, il
57 Pierre BELTRAME, « Le devoir de
solidarité en droit fiscal francais », Giornate europee di
Diritto Costituzionale Tributario - V edizione. l dovere di
solidarietd, Bergamo, facolti di Economia, 14/15 novembre 2003,
Sala Conferenze Serio Galeotti, p.6.
58 Henry LAUFENGURGER, op.cit, p18
était respectivement de 37,0%, 37,2% et 41,0%(OCDE,
1998). Les acquis sociaux dont la remise en cause est fondamentalement
risquée pour tout gouvernement, fait que les réformes fiscales
toujours annoncées sont sans cesse reportées. Pourtant, ce
systeme fiscal est aujourd'hui comparé a « un batiment un peu
vétuste, pour lequel des réparations ponctuelles ne suffisent
plus, et qui a besoin d'une rénovation d'ensemble. »59
La nécessité de réformer le systeme
fiscal francais s'est déjà posée des le début du
siecle mais, en raison tres souvent des calculs électoralistes, le
politique n'a pas trop voulu s'engager. L'une de toutes premieres
réformes fiscales d'envergure de l'histoire de la France
démocratique est celle qu'a introduite en février 1907 le
ministre francais des finances de l'époque60. Il s'en est
alors suivi « un blocage de la réforme, qui ne sera
votée, sous l'aiguillon des besoins militaires, et en deux étapes
difficiles, que les 15 juillet 1914 et 31 juillet 1917
»61. Aujourd'hui, le systeme fiscal francais se
décompose de maniere générale en impots sur les revenus,
impots sur la consommation, impots sur le patrimoine et les impots locaux.
Chacune de ces catégories se décompose en plusieurs types
d'impots, comme c'est le cas des impots sur les revenus. Ces derniers se
fractionnent en impot sur les sociétés, impot sur le revenu
auquel sont assujetties les personnes physiques, impots a finalité
sociale et les taxes dues par les employeurs sur le montant global des
salaires, etc..
La France fut considérée au cours du XXe siecle
comme un pionnier en matiere fiscale du fait de sa capacité d'innovation
qui s'est traduite, entre autres, par la création de la Taxe sur la
Valeur Ajoutée (TVA) dont la généralisation dans les
différents Etats de la Communauté européenne est
intervenue en 1968. Cependant, les réformes opérées
jusque-la sont considérées comme ponctuelles, superficielles et
conjoncturelles et donnent un sentiment d'immobilisme. L'une des
conséquences de cette rigidité se traduit de nos jours par cette
vague de délocalisations des entreprises de la France vers d'autres
cieux plus fiscalement favorables dans ce contexte de mondialisation. Les
impOts les plus en cause sont ceux qui frappent les sociétés avec
un taux de prélevement de l'ordre de 33,3% en 2001 en France tandis
qu'il était de 25% en Allemagne et 30% au Royaume-Uni62 ainsi
que les cotisations sociales qui sont a la charge de l'employeur.
59 Christophe HE CKLY, « Réformes : ce
qu'ont fait les autres », Sociétal N° 33, 3e trimestre, 2001,
p.3
60 Joseph CAILLAUX(1863-1944), Inspecteur des Finances. Elu
député de la Sarthe en 1898, Joseph Caillaux exerce les fonctions
de ministre des Finances dans le cabinet Clemenceau en 1906 puis dans le
ministere Monis en 1911.
61 Robert S CHNERB, op.cit, p.253 ;
62 Christophe HE CKLY, op.cit, p.2
La forte pression fiscale serait due a l'importance des
dépenses publiques qui placent la France au 3e rang des pays
européens apres la Suede et le Danemark. Les domaines absorbant le plus
des ressources sont la défense, l'éducation, les prestations
sociales, la santé et les dépenses économiques. Les
réformes bien que nécessaires, se révelent
particulierement délicates, car « le systeme actuel est le
produit d'un long processus de compromis social de sorte que l'améliorer
est difficile »63. Pour l'améliorer et l'adapter au
contexte actuel afin de rendre plus attractive et compétitive
l'économie nationale, les stratégies qui pourraient etre
envisagées se rapportent d'abord a la réduction des impots sur
les riches pour éviter qu'ils déménagent. Ensuite, il est
proposé de réduire les impots frappant les entreprises afin
d'améliorer la compétitivité et l'attractivité de
la France et enfin d'accorder des baisses d'impots limitées, mais
bénéficiant a toute la population64.
Ces mesures a priori justes ne seraient pas sans
conséquences sur les recettes publiques et les prestations sociales, car
toute baisse d'impot doit s'accompagner en principe d'une réduction des
dépenses publiques. La difficulté majeure de la France en ce
troisieme millénaire s'est donc de trouver un systeme fiscal qui saura
réconcilier sa politique sociale et les impératifs de
l'économie du marché. Aujourd'hui, malgré la bonne
volonté des autorités a réformer le systeme fiscal, la
force des organisations syndicales et du mouvement citoyen fait que toute
réforme est difficilement envisageable sans prendre des risques
politiques importants. Cela est d'autant plus délicat que nous assistons
aujourd'hui a une véritable désaffection des citoyens a
l'égard d'une classe politique qui serait en déphasage avec leurs
profondes et légitimes aspirations.
En somme, la question qui se pose est donc de savoir quelle
force politique serait capable de prendre les risques nécessaires de
réformer ce systeme qui montre des signes évidents
d'essoufflement. En tout état de cause, les analystes économiques
affirment que « les réformes fiscales réussies sont
celles qui ont été mises en oeuvre par une nouvelle
majorité peu de temps apres son arrivée au pouvoir. En revanche,
celles qui sont intervenues trop tard, a l'approche d'une nouvelle
échéance électorale, ont souvent échoué
»65. Dans son dossier de presse en date de février 2005
portant sur réforme de la gouvernance fiscale, l'Institut de
l'entreprise fait des propositions en sept points dont les plus importantes a
notre avis sont la formalisation de la pratique de la concurrence
systématique et ouverte en matiere fiscale ;
63 Henri STERDYNIAK, « L'Introuvable
réforme fiscale », Lettre de l'OF CE(Observations et diagnostics
économiques), N° 249, Mardi 4 mai 2004, p.1, (8 pages)
visualisé sur
http://www.ofce.sciences-po.fr.
64 Ibidem, p.8
65 Christophe HE CKLY, op.cit, p.5
l'évaluation de toute réforme de la
législation fiscale, par exemple a horizon trois ans ; la facilitation
de l'acces aux données fiscales, afin de permettre le
développement d'expertises externes crédibles en matiére
fiscale et la création d'un Observatoire indépendant de la
Fiscalité, qui aurait vocation a alimenter le débat public en
fournissant une expertise indépendante sur les enjeux fiscaux ainsi que
sur l'utilisation de l'outil fiscal a des fins de politique
économique66.
2. Conditions socio-economioues et politioues de
l'emergence de la fiscalite au Niger depuis la periode pre-coloniale
2./ Contexte socioéconomioue de l'espace
nigérien avant la pénétration coloniale
L'espace nigérien avant la pénétration
coloniale était un territoire non seulement confondu a l'ensemble de
l'Afrique occidentale, mais aussi morcelé de l'intérieur par les
différentes communautés qui le peuplaient. Les grands groupes qui
se partageaient ce territoire jusqu'à la fin du XVIIIe
siècle sont l'Empire Songhai a l'Ouest, les Cités états
haoussa a l'Est, le royaume de l'Air au Nord et l'Adar et l'Azawak au Sud-ouest
de l'AIr. Ces différentes communautés vivaient certes sur des
territoires parfois délimités, mais il ne s'agissait pas des
frontiéres tracées au sens juridique et contemporain du terme,
car les limites étaient fixées en fonction des populations sur
lesquelles un suzerain exercait son autorité. Certaines d'entre elles
ont connu une grande période d'apogée du fait de l'organisation
politique et administrative mise en place par leur suzerain a l'image de Sonni
Ali Ber ou d'Askia Mohamed Touré dans l'Empire Songhai.
Cependant, presque tous les Etats composant l'espace
nigérien connurent une sorte de déclin entre le XVIe
et le XVIIIe siècle avec entre autres, l'émiettement
de l'Empire Songhai, et la disparition du royaume du Kanem bornou67.
Mais, d'autres comme les Cités-étatshaousa se renforcérent
a l'image du sultanat du Damagaram sous le régne de Ténimoun dan
Séliman qui régna de 1850 a 188468. A la veille de la
pénétration coloniale, l'espace nigérien a presque perdu
l'essentiel de ses grands empires et royaumes et n'existaient que des
entités émiettées a cause d'incessantes guerres comme
c'était le cas du Sultanat d'Agadez qui se
66 Institut de l'entreprise, « Propositions pour
une réforme de la gouvernance fiscale ». Rapport de la commission
Modernisation de la fiscalité, Dossier de presse du 9 février
2005, p.2,
www.institut-entreprise.fr
67 Salifou André, « Histoire du Niger », Notre
librairie, n°107, Paris, octobre-décembre 1991, p.9
68 Edmond Séré de Rivieres, Histoire
du Niger, éditions Berger-Levrault, Paris 1965, p.137
dépouilla de sa population dont une grande partie
émigra vers le sud pour finalement ne rester qu'environ 800
habitants69.
Carte : Les frontières de l'empire
Songhai au XVIime slide et les Etats haoussa"
Néanmoins, avant leur déclin, certaines
entités connaissaient la stabilité et leurs suzerains eurent le
temps d'asseoir une organisation politique et administrative a même de
leur assurer les moyens et ressources pour réaliser leurs ambitions. Il
a été ainsi rapporté que les populations de l'Empire
Songhai sous le regne de Sonni Ali Ber étaient soumises a des
prélevements fiscaux en fonction de leurs catégories
socioprofessionnelles. Le dispositif fiscal mis en place prévoyait que
"les travailleurs des métaux devaient payer 100 flèches, 100
lances par famille et par an. Les pecheurs au moment des basses eaux devaient
payer 10 paquets de poissons par famille. Quant aux esclaves ruraux,
[...] toutes leurs récoltes étaient
confisquées..."71 La même politique fiscale se
poursuivit sous Askia Mohamed qui fut moins rigide, car bien que les ruraux
soient astreints a l'imp,t bon an mal an, le niveau de prélevement qui
était de 10 a 30 mesures, ne dépassait guere les 9 mesures de
farine en cas de mauvaise récolte.
Le même Askia Mohamed, apres avoir conquis l'Aïr en
1515 et nommait Mohamed Ben Talazou comme sultan, se faisait verser un tribu
d'environ 150.000 ducats (monnaie ancienne de Venise). Pendant cette domination
Songhai, la paix et la prospérité régnaient sur l'AIr,
situation somme toute favorable au commerce transsaharien et qui permit a
Askia
69 Ibidem, p.189
70 Unesco, Les frontières en Afrique du XIIe au XXe
siècle, Paris 2005, p.208
71 Mahmoud Kati Tarikh El Fettach 1964, PP 108- 109,
cité par Diallo Boubacar Séga, « L'empire Songhoy»,
p.14
d'effectuer des prélevements douaniers sur les
caravaniers en transit ou a destination de la région. C'est donc au
compte d'Askia Mohamed que le Sultanat de l'Air prélevait des taxes sur
les caravaniers qui traversaient la région pour se rendre en
méditerranée et en Arabie. C'est fut un axe tres
fréquenté oil on enregistrait le passage chaque année,
d'environ 12.000 chameaux72, selon un témoignage d'Ibn
Batouta qui a suivi des caravanes en partance du Gao vers l'Air en 1353. Sonni
Ali Ber et Askia offrirent alors a l'Empire Songhai l'une des meilleures
armées du soudan central, qui allait de conquête en conquête
pour la grandeur et la prospérité de l'Empire. Le déclin
de l'Empire Songhai donna naissance a des petites chefferies dont celle des
djerma, sans envergure oil finalement le chef ne jouissait plus que d'une tres
faible autorité sur ses sujets.
Toutefois, ce type d'organisation politique et administrative
d'un Empire aussi conquérant que fut celui du Songhai n'était pas
assez répandu dans d'autres contrées ou Etats de l'espace
nigérien. En considérant le cas de Zinder sous Ténimoun,
on s'apercevra que dans le cadre de l'expansion du Sultanat en tant qu'Etat
avec toute la structure administrative qu'il a bâtie en s'entourant d'un
corps de fonctionnaires, il ne misait pas sur les impots. En effet, pour
assurer la prospérité de Zinder, il fit d'abord la paix avec ses
principaux adversaires que sont Kano et Hadeija (Etats du Nigeria actuel) et
développa l'agriculture et le commerce. Il établit dans ce sens
des liens économiques avec des contrées aussi lointaines que sont
l'Egypte et l'Arabie et en se dotant d'un millier de chameaux acquis aupres des
Touareg, il lança des caravanes en direction de Tripoli et Caire oil, en
échange des produits du pays et des esclaves (captifs de guerres) il
importait des marchandises73. C'est ainsi que Zinder fut un pole
attractif pour les échanges commerciaux pour une grande partie du Soudan
central et de la Méditerranée.
Par ailleurs, il faut noter que dans la tradition islamique,
culture d'adoption de beaucoup d'Etats haoussa, le prélevement d'impot
ou de la dime si elle en est un, n'est effectué que sur les peuples
vaincus a la suite d'une guerre sainte dans le cas oil ils refuseraient de se
convertir en Islam. Cela faisait que dans la plupart des Etats haoussa, l'imp,t
n'était pas systématisé, car le chef imposait son
autorité par d'autres moyens. Il s'agissait par exemple des labours
collectifs(gayya) qu'effectuaient les sujets dans les vastes exploitations
agricoles des chefs dénommées o gandun sarki » et qui
constituaient une sorte
72 Djibo Hamani, Contribution a l'etude de
l'histoire des Etats Hausa. L'Adar Pre-colonial(Republique du Niger),
Etudes nigériennes n°38, Institut de Recherche en Sciences
Humaines, Niamey 1975.
73 Edmond Séré de Rivieres, op.cit,
p.138
de tribut par le travail74. Cette forme
d'imposition faisait du suzerain, " l'homme le plus riche du pays. Il
pouvait se permettre d'entretenir ainsi une nombreuse clientele autour de
lui"75. Dans la plupart des cas, les chefs dans les
sociétés haoussa cherchaient plutôt a b*tir leur fortune
par le commerce en tout genre, notamment celui d'esclaves. Ce sont surtout les
chefs les moins fortunés qui dépouillaient leurs sujets, car de
manière générale, dans l'espace nigérien, il y a
certes eu des chefs guerriers, mais ils n'étaient pas nombreux ceux qui
exploitaient et violenter leur peuple. C'est dire que o l'ordre social se
caractérisait par une soumission totale a la chefferie, non pas dans un
écrasement total de l'individu, mais par l'acceptation atavique d'un
état de fait, de la supériorité du chef et de son droit
absolu a l'intérieur des coutumes. >>76
Tableau : Sources f~scales et types de
dépenses pour les différents Etats
Etats
|
Sources d'impôts
|
Types de dépenses
|
itutres sources
|
Empire Songhai
|
- production agricole,
- produits de pêche ;
- droits de douanes sur les transactions commerciales ;
- industrie des métaux (Ex. la forge)
|
- dépenses de guerres ; - entretien de l'Empire.
|
- commerce de l'or et du sel ;
- commerce d'esclaves.
|
Sultanat de l'it@r
|
- taxes douanières sur les caravaniers ;
- tribu de guerres.
|
- paiement de tribu a l'empire Songhai ;
- entretien du sultanat.
|
- razzias
|
Sultanat du Damagaram
|
- tribu de guerres ; - travaux collectifs.
|
- entretien du sultanat
|
- commerce des produits locaux vers la méditerranée
;
- commerce d'esclaves.
|
En définitive, en passant en revue l'histoire de
l'espace nigérien avant la pénétration coloniale du point
de vue de la gestion des cités-états dans les différentes
communautés, il y a eu des poches oil les pouvoirs locaux ont mis en
place des formes de prélèvement fiscal. Mais, il ne s'agissait
pas d'une expérience assez répandue, et ceux qui y avaient fait
le plus recours, sont surtout ceux qui étaient le plus engagés
dans des guerres de résistance ou de conquête. La
74 Ibidem, p.60
75 Edmond Séré de Rivières, op.cit, p.60
76 Ibidem, p.200
diversité des communautés vivant sur ce vaste
territoire, faisait que certaines sont plus prédisposées a avoir
une forme de gouvernance qui impliquerait des prélévements a
caractére fiscal. Il s'agit principalement des sociétés
sédentaires, fixées sur un territoire bien délimité
et dirigées par un suzerain et dont la base économique est
l'agriculture, la pêche, la chasse, le commerce, etc.. Ce qui n'est pas
forcément le même cas de figure pour les sociétés
nomades touaregs par exemple, souvent trés stratifiées oil pour
les aristocrates « la vraie valeur sociale, en laquelle les hommes se
fondent pour beitir leur systeme économique, c'est la valeur
guerriere »77 et que toute autre activité
commerciale ou manuelle est avilissante et reste l'apanage des esclaves ou des
basses classes.
C'est le lieu de signaler que pendant la période
coloniale, l'administration de tutelle n'a pas développé avec les
communautés nomades les mêmes rapports qu'elle a eus avec les
communautés sédentaires qui furent totalement assimilés.
Dans bien des cas, l'administration coloniale a eu des approches assez
différentes vis-à-vis de ces deux communautés, quand bien
même sur certaines questions, comme celles de la fiscalité, les
traitements furent les mêmes pour tous.
2.2 Politique économique et budgétaire du
Niger sous tutelle française
Aprés les missions de reconnaissance au cours
desquelles des accords et traités avaient été
signés entre les missionnaires et les différentes chefferies,
ainsi que la conquête coloniale qui, par moment et par endroits a
été assez violente, l'espace du Niger est totalement et
officiellement tombé sous la tutelle francaise par l'arrêté
du 11 aotit 1898 de Porto Novo qui l'organisa en « Cercle de Moyen Niger
». En faisant économie des différentes phases qui ont
conduit a son érection en colonie en 1922, le Niger était
considéré économiquement sans valeur du fait de l'absence
« des produits agricoles commercialisables, difficultés de
transport insolubles pour les quelques exportations possibles, distances
s'opposant a un commerce rentable du bétail, seule richesse
certaine »78. Pire, le pays était en permanence
sous la menace d'une famine comme celle de 1914 qui fut assez sévere en
décimant des dizaines de milliers de personnes et d'autres s'en sont
suivies en 1919, 1930, 1974, 1984, etc.
Pays a vocation agropastorale, le Niger ne dispose que de
300.000km2 de terres cultivables soit le quart des 1.267.000Km2 de sa
superficie totale et également 300.000km2 favorables a l'élevage.
Pourtant, ces surfaces de culture et d'élevage se
rétrécissent d'année en année sous la menace de la
désertification, mais aussi de la démographie galopante. Pour
faire
77 Sanoussi Tambari Jackou, Hebdomadaire, « La
Roue de l'Histoire », N° 257 du 20 juillet 2005
78 Edmond Séré de
Rivieres, op.cit, p.281
face aux besoins alimentaires d'une population croissante, les
paysans furent encouragés a étendre les superficies cultivables
en les faisant passer de 988.000 hectares en 1954 a 1.887.000 hectares en 1963.
L'un des obstacles majeurs pour le développement économique du
Niger a l'époque était la faiblesse du secteur de transport pour
un pays vaste et enclavé distant de plus de 1000km du port le plus
proche et oil l'automobile n'est véritablement apparue qu'en
192079. Cependant, le commerce prit un regain de dynamisme avec
notamment l'introduction et le développement des cultures
arachidiéres et les échanges particuliérement intenses
avec le Nigeria.
La faiblesse des ressources de la Colonie du Niger face a des
besoins importants en infrastructures sociales et économiques faisait
que les recettes intérieures mobilisables ne suffisaient pas sans
assistance de la Métropole. Pourtant, indépendamment de la
faiblesse économique et de la pauvreté de la population indigene,
il était indispensable au nom du principe de la o responsabilité
de souveraineté » de prélever l'imp,t en plus de celles
d'assurer la paix et la justice. Dans un premier temps, l'administration
coloniale procédait a des prélévements périodiques
en nature (sacs du mil, sorgho, bétails, etc.) pour assurer les besoins
des troupes. Ce prélévement que les autorités coloniales
considéraient comme fiscal, apparaissait aux yeux des populations
indigenes comme un tribut de la paix, symbolisant ainsi l'Armistice
signé entre leurs chefs et les colons et qu'elles qualifiaient alors de
o Amana ». C'est avec l'instauration de l'imp,t de capitation et la
régularité avec laquelle il est prélevé, que les
populations ont fini par le comprendre comme un impOt en bonne et due forme.
C'est ainsi que, d'une région a une autre, ce dernier prendra la
dénomination locale, comme o bodo » dans l'Ader, o Karo » dans
la région de Maradi et Zinder ou de o haraj », mot d'origine arabe,
qui signifie la part du revenu qui sort.
Pour le paiement d'impots, l'administration coloniale
n'acceptait que le franc, le thaler autrichien, et le schilling. L'impot avait
non seulement pour fonction d'asseoir l'autorité coloniale, de
satisfaire les besoins de fonctionnement et d'investissement, mais aussi de
favoriser la monétarisation de l'économie. Cette
monétarisation indispensable a la modernisation de l'économie et
a la bonne collecte de l'impot, se réalisait progressivement par le
paiement des salaires des cadres et auxiliaires de l'administration coloniale
et les achats effectués par l'administration sur les marchés
locaux. Nous entendons par monétarisation au sens que Jean-Marc Gastellu
lui donne en tant qu'il s'agit «non pas la création de la
monnaie, mais l'extension d'une monnaie introduite par le colonisateur, a
pouvoir libératoire
universel »80. C'est dans le
même esprit que fut décrétée l'unification
monétaire en interdisant l'importation de piastres et de
lingots81 par arrêtés du gouverneur
général de l'Afrique Occidentale Française (AOF) en date
du 15 juin 1904 et du 20 avril 1910. Ces mesures visaient aussi a mieux
controler la circulation monétaire et surtout a créer les
conditions d'une collecte plus efficace d'impots.
Le premier impot institué dans ce qui était le
3e Territoire militaire du Niger est l'impOt de capitation et celui
sur le bétail avant que le premier régime douanier ne soit
implanté en 1913. En 1918, ce régime sera supprimé avant
d'être rétabli en 193882. Durant pratiquement toute
l'époque coloniale et jusqu'à nos jours, la douane se
révéle être la principale source de revenus de l'Etat en
trainant toujours avec elle, cette image peut reluisante d'être, pour les
populations, «comme un corps de ponction et de racket au profit du
colonisateur »83. Les procédures du reglement de
l'imp,t donnaient souvent lieu a des exactions, des violences physiques pour
obliger les plus réticents a s'en acquitter comme le prévoyait le
Code de l'indigénat en cas d'« entrave ou mauvaise volonté a
l'occasion de l'établissement, de la répartition ou de la
perception des charges fiscales »84. En termes réels,
pour s'acquitter de l'imp,t forfaitaire appliqué aux actifs du
même sexe, les chefs de famille en milieu rural devraient vendre a titre
indicatif, 20 kilogrammes de mil ou 17 kilogrammes d'arachide par personne en
1948 et 40 kilogrammes de mil et 27 kilogrammes d'arachides en
195985.
2.3 Gouvernance politique, économioue et fiscale du
Niger de l'indépendance a nos lours
Depuis l'accession du Niger a l'indépendance le 3 aofit
1960, son histoire politique et économique fut particuliérement
marquée par trois importantes périodes qui se rapportent a la
1ere République (1960-1974), ensuite a la période militaire ou
d'exception (1974-1989) et enfin a la période de décrispation et
d'ouverture démocratique (1987 a nos jours). Si le principal credo de
chacune de ces périodes, indépendamment du régime en place
fut, reste et
80 Jean-Marc GASTELLU, «Fiscalite,
monetarisation, marche : quelques questions », op.cit, p.77
81 Michel Aglietta, André
Orléan(Dir.), La monnaie souveraine, Editions Odile Jacob,
Paris, septembre 1998, p.308
82 Idrissa Kimba, 1998, « Histoire des douanes
nigériennes : la premiere expérience d'une administration
douaniere ou l'échec d'une politique économique, 1898-1918
», La France d'Outre-mer. CHEFF, p132.
83 G. Blundo et J.-P. Olivier de Sardan(dir), La
corruption au quotidien en Afrique de l'Ouest, Imprimerie France Document,
Marseille, Février 2002, p120
84André SALIFOU, op.cit., p.119 85
Claude RAYNAUT, op.cit, p.161
demeure le developpement economique et social du Niger, bien
des differences les separent. En effet, la premiere periode au depart
democratique, etait economiquement exsangue et tout etait a construire. La
deuxieme periode sous domination militaire et qui finira par une ouverture
democratique, a ete economiquement plus avantagee avec notamment l'entree du
Niger dans le cercle des pays producteurs d'uranium dans un contexte
international marque par la guerre froide. La troisieme periode enfin,
politiquement engagee dans la reforme democratique des institutions, sera
neanmoins confrontee a la chute des revenus de l'uranium, a la reprise des
relations avec les institutions financieres internationales, a la gestion d'un
important stock de dettes, a la difficile mise en ceuvre du PAS et a des
tensions sociales et politiques graves.
Graphique /: Evolution des recettes fiscales
totales au Niger de /960 a 2004
(Recettes brutes en unités de milliards de F
CFA)
2 0 0
1 5 0
1 0 0
5 0
0
R e c e tte s fiscales to ta le s P IB par t8 te constant e n m o
n n a ie locale
Sources : FMI, BM*, UEMOA**MP/MF*** *Base
de données du FMI, BM pour le FIB, **www.irf.net/ ***Données
relevées dans les mémoires de fin d'études de
l'ENA
A chacune de ces periodes, la politique fiscale a ete orientee
en fonction des besoins de l'Etat en ressources financieres et des priorites
qu'il s'est fixees. Au Niger comme ailleurs, l'adoption d'une politique fiscale
determinee constitue un indicateur majeur de la nature de la politique
economique et des orientations qu'un Etat donne a l'activite economique dans sa
sphere territoriale et dans ses relations economiques avec d'autres pays. La
fiscalite est alors loin d'être neutre et marque la volonte politique des
Etats, non seulement de se doter des ressources pour assumer leur souverainete,
mais egalement pour impulser une certaine dynamique a l'activite economique
dans son ensemble. La fiscalite trouve alors toute sa place au cceur du systeme
economique, lorsqu'on considere que l'economie est un « ensemble de
phenomenes de la vie courante, qui ont trait, notamment, a la satisfaction des
besoins, a la
production des biens et services, a l'emploi des ressources
limitées, a l'accroissement des richesses, aux prix, aux salaires,
etc. »86
Le systeme fiscal nigérien est dans l'ensemble
calqué sur celui de la France du point de vue de l'organisation de
l'administration fiscale, des terminologies utilisées et même de
la procédure budgétaire qui le détermine a travers
l'adoption de la loi des finances et la loi de reglement qui rend compte de
l'usage qui en a été fait. Le Niger tout comme l'ensemble des
pays membres de l'UEMOA et de la CEMAC, ont adopté les cinq principes
budgétaires de la France que sont l'unité budgétaire,
l'universalité budgétaire, l'annualité budgétaire,
l'équilibre budgétaire et la spécialité
budgétaire87. Sur le plan purement fiscal, l'essentiel
d'impôts et taxes applicables en France le sont au Niger en dehors, entre
autres, de l'impôt sur la fortune, de l'impôt sur la succession et
la donation pour ne citer que ceux-là. Cependant, la comparaison
s'arrête là, car beaucoup de lacunes administratives ne permettent
pas de suivre selon les regles les procédures idoines pour non seulement
imposer correctement, mais aussi pour recouvrer ou pour régler certains
contentieux fiscaux.
Cela pourrait s'expliquer par la différence des
contextes socioculturels, de la longue tradition budgétaire et fiscale
de l'Etat francais, du sens de la chose publique et de la citoyenneté et
sans oublier le niveau de développement économique et social. En
quarante ans d'existence pour un pays qui est parti de rien, il est
pratiquement impossible, malgré les avancées enregistrées,
de mettre en place un systeme fiscal adapté et efficace. Pourtant, cela
n'est pas une excuse, car la nécessité de collecter l'impôt
partout oil il se trouve est non seulement une question de souveraineté,
mais aussi d'équité et de justice sociale, en ce sens qu'il n'y a
pas de raison a ce que certains s'en acquittent et que d'autres y
échappent.
a. La premiere Republique de /960 a /974
Cette nouvelle ere qui marqua la fin officielle de la
colonisation, fut accueillie avec un grand espoir pour les populations
nigériennes qui allaient devoir se prendre totalement en charge, avec
une direction qu'elles auraient elles-mêmes porté au pouvoir a
travers le suffrage universel. Les grands défis des nouvelles
autorités, c'était d'abord de parachever l'ouvre d'unité
nationale entamée par les colonisateurs d'une part et d'autre part, de
jeter les bases d'un développement économique et social de
l'ex-colonie la plus défavorisée par rapport aux
86Robert MOSSE, Introduction a l'economie,
Ed. Petite Bibliotheque Payot, Paris 1968, p.10
87 Marr itt Claassens et Len Verwey, « Comprendre
le processus budgétaire dans les pays d'Afrique francophone »,
Budget Watch, Septembre 2004, visualisé sur
http://www.idasa.org.za.
autres pays de la sous région en adoptant le
modéle d'industrialisation par substitution a l'importation. Cette
période constituant une phase de construction nationale, les pouvoirs
publics avaient un grand besoin en ressources pour alimenter les fonds publics
en vue de mettre en place les infrastructures de base, former les cadres et
agents de l'Etat, encadrer les populations et assurer le fonctionnement
régulier de l'administration. Pour ce faire, l'Etat ne pourrait compter
que sur les parts contributives des populations dont la quasi-totalité
ne vivait que de l'agriculture et de l'élevage. La puissance publique
maintenait ainsi une énorme pression sur les populations pour recouvrer
le maximum d'impots possible, en plus de la loterie obligatoire88
qui fut instituée. Cette pression fiscale se traduisait en 1971en termes
de charges pour les chefs de famille, par la multiplication par quatre du
kilogramme de leurs récoltes en mil et arachide qu'ils doivent vendre
pour payer l'impOt d'une personne. A titre indicatif, il a été
relevé contrairement a ce qui a été indiqué en 1948
et 1959(voir p.43) que le paysan devrait vendre 90 kilogrammes de mil ou 70
kilogrammes d'arachides pour s'acquitter de l'impOt d'un membre de sa famille.
Les estimations faisaient ressortir que la ponction fiscale absorbait environ
60% de la masse des revenus agricoles des paysans89.
Néanmoins, du point de vue de l'administration fiscale
elle-même, le Niger n'était pas bien doté, car la
pénurie en personnel dans le domaine des finances publiques, a conduit
les autorités de l'époque a signer un accord avec la France. Aux
termes de cet accord en date du 7 octobre 1959, le Niger confiait la gestion de
son Trésor au Trésor francais90. La rareté des
ressources internes quant a elle, a entrainé une politique fiscale
hardie avec une prédominance d'impots directs dont la part dans les
recettes totales de l'Etat au courant des années 1960 est la plus
élevée des autres pays de la zone franc. Cette catégorie
d'impOts se décomposait en impOt sur le revenu, impot du minimum fiscal,
en taxe sur le bétail ainsi que des patentes et licences. Malgré
le manque d'un personnel qualifié et des méthodes efficaces et
efficientes d'imposition et de recouvrement, l'administration fiscale a
réussi a augmenter de 22% les recettes en matiére d'impots sur le
revenu entre 1964 et 196991.
La politique fiscale de la période des années
1960, en tenant compte des disparités régionales, avait
fixé le taux de l'impot du minimum fiscal (impot de capitation) en
fonction des catégories des contribuables, du potentiel
économique de la région ou de la localité
88 Pour mobiliser plus des ressources, le
régime de Diori Hamani institua une loterie dont le jeu est devenu
obligatoire pour les citoyens. Les populations doivent jouer non pas pour le
plaisir de gagner, mais pour éviter des déboires.
89 Claude RAYNAUT, op.cit., p.167
90 FMI, Etudes generales sur les economies
africaines, T3, Washington, 1970, p.462
91FMI, op.cit, p.466
considérée et même a l'intérieur
d'une même localité. C'était le cas de la capitale oil les
résidents et les non-résidents n'étaient pas soumis au
même taux, en ce sens qu'au moment oil l'imp,t du minimum fiscal
était fixé a 1.240 F CFA pour les résidents, il
était de 950F CFA pour les non-résidents. La même logique
prévalait entre les régions, car au moment oil le résident
de Niamey payait 1.240F CFA, celui d'une région comme Agadez (l'une des
plus pauvres du pays) payait 300 F CFA seulement, soit le tiers de ce qui
était payé par le résident de la Capitale. Les recettes
provenant de l'impOt du minimum fiscal représentaient 27% des 37% que
représentaient les impots directs sur les recettes fiscales totales en
1969/1970. Le succés de son recouvrement peut être mis sur le
compte de l'implication des autorités coutumiéres (auxiliaires de
l'administration) qui faisaient jouer la proximité d'avec leurs
administrés et aussi, faut-il le souligner, l'usage, parfois, de la
force par certaines autorités administratives pour amener les
contribuables a s'acquitter de leurs impOts.
Les impots indirects, sont de loin la catégorie
d'impots la plus importante perçue par l'Etat du Niger dans la
période des années 1960/70. ils étaient composés
des droits d'importation et d'exportation, des taxes sur les chiffres
d'affaires ainsi que d'autres taxes de consommation. Les droits a l'importation
constituaient la principale source des recettes fiscales de l'Etat dans la
catégorie d'impots indirects, en raison notamment de la faiblesse du
tissu économique et industriel qui faisait que le Niger importait
l'essentiel de ses biens d'équipement et de consommation. En effet, les
droits d'importation qui étaient constitués des droits de douane
et d'autres taxes (taxe statistique, taxe de recherche, taxe de
conditionnement, taxe d'entreposage, etc.), représentaient 38% des 53%
des recettes totales en matiére d'impots indirects en 1969/70. Quant aux
droits a l'exportation qui représentaient 15% des 53% des impots
indirects toujours en 1969/70, ils sont constitués du droit fiscal de
sortie et des taxes de statistique, de recherche, d'entreposage, de
conditionnement, etc.
A partir des années 1970, la structure
économique du Niger changea radicalement avec l'arrivée dans la
gamme des produits d'exportation, des produits miniers (uranium,
principalement). En effet, les exportations nigériennes étaient
jusque la dominées par les produits agricoles de rente (arachide et ses
dérivés, le coton, etc.) ainsi que des produits et sous produits
d'élevage (bétail, cuirs et peaux). C'est a partir du moment oil
le régime de la 1ere République commenca a tirer profit de la
rente uranifére qu'il fut renversé par les militaires qui lui
reprochaient la mauvaise gestion de la famine qui secouait les populations, la
gabegie, la corruption et bien d'autres maux. Mais, il est a mettre a l'actif
de l'ancien régime, la création d'un grand nombre d'unités
industrielles, de la banque nationale de développement (BDRN) de la
caisse nationale de crédits agricoles ( CNCA) et bien d'autres
infrastructures
économiques, sans oublier toutefois, les nombreuses et
multiples atteintes aux droits et libertés individuelles et
collectives.
b. Le régime militaire et d'exception
Le régime militaire en mettant fin au cours de
l'histoire de la 1ere République, prenait l'engagement non
seulement de corriger les erreurs de l'ancien régime, de garantir la
paix, la sécurité, l'unité nationale, mais aussi et
surtout l'engagement qu'aucun nigérien ne mourra plus de faim ni de
soif. La politique d'aménagements hydro - agricoles et le projet
manqué du barrage de Kandadji sensé rendre le Niger
indépendant au plan énergétique et lui garantir
l'autosuffisance alimentaire, s'inscrivaient dans cette dynamique. Ce
régime pouvait alors fixer ses ambitions, car le pays traversait l'une
des plus fastes phases de son histoire économique du fait principalement
de l'exploitation de l'uranium. Ainsi, les rentrées fiscales
découlant de la plus grande vente de l'uranium dans cette période
ont, a elles seules, constitué 20,38% des recettes fiscales
totales92. C'est dans cette euphorie d'une santé
financiére retrouvée que le Niger supprima l'impOt de capitation
en 1978 alors que ce dernier représentait plus de 30% des recettes
fiscales dues aux impOts directs. La conséquence de cette mesure s'est
traduite, comme le soulignait Françoise DANANT, « par une plus
forte pression fiscale exercée sur les autres contribuables : les
sociétés, les salariés, ainsi que les consommateurs,
davantage soumis aux taxes indirectes intérieures
>>93.
Il a été observé que dans la
période de 1971 a 1976, marquée par une balance commerciale
positive en raison de l'accroissement de la valeur de la somme des exportations
et des importations a un taux de 19% l'an de 1971 a 1976, une tendance a un
effort fiscal a été observée. Cependant, cette tendance va
fléchir dans la période de 1976 a 1979 a cause essentiellement de
la trés forte confiance des autorités sur les recettes
liées a l'exportation de l'uranium et avec la suppression, comme
déja indiqué, de l'imp,t de capitation en 1977. L'abandon de cet
impOt s'expliquait aussi par la relative bonne santé des
sociétés et offices d'Etat qui fonctionnaient en plein
régime et qui constituaient une importante source de rentrée
financiére pour le Trésor public. En effet, l'idéologie du
régime en place, bien qu'il soit un pays non aligné,
n'était pas trts éloignée des pays soviétiques en
matiére économique, car il faisait reposer toute la
fiscalité sur les entreprises publiques, en termes de
bénéfices précalculés. D'ailleurs, en cas de
tension de trésorerie, l'Etat faisait payer a ces entreprises, leurs
92 Ari Tanimoune Oumarou El.Naser, La performance
fiscale au Niger. Essai d'évaluation quantitative, Mémoire
de mattrise d'économie générale, Université Abdou
Moumouni de Niamey, 1994, p.3
93 Ibidem, p.210
impôts par anticipation. Toutefois, de 1979 a 1981, les
autorités nigériennes vont prendre quelques mesures visant a
renforcer l'impôt sur la consommation des biens et services, car au
moment oii la consommation des ménages a cru de 18,5%, les impôts
sur la consommation des biens et services ont cru a un rythme soutenu de 25,4%
en moyenne par an94.
En tant qu'indicateur économique permettant
d'évaluer l'aptitude d'un Etat a collecter les impôts et taxes
relativement a une base imposable clairement définie, c'est dans la
période de 1977 a 1981 que le taux de pression fiscale globale (ratio
recettes fiscales totales sur PIB) a atteint son plus haut sommet, grace a la
bonne santé du marché de l'uranium. Ce taux a progressé a
un rythme moyen de 3% l'an, pour atteindre le taux historique de 12,61% en 1980
contre 9,56% en 1977. A partir de 1981, il avait entamé sa
décroissance pour stagner a environ 8% entre cette date et 1991,
période pendant laquelle le Niger a connu ses premiers programmes
d'ajustement structurel. L'évolution de la pression fiscale au Niger
dans la période allant de 1971 a 1991 oscillait entre un taux normal de
8,55% et un taux effectivement observé de 8,52% en faisant ressortir
quelques tendances liées a des événements
économiques particuliers.
La période allant de 1981 a 1987 fut marquée par
des mesures d'ajustement structurel, sur l'initiative de l'Etat lui-même
ou sous l'égide des institutions financiéres internationales.
Mais, c'est a partir de 1982 que le Niger s'engagea véritablement dans
une réforme fiscale dans le cadre d'un programme d'ajustement structurel
entrepris avec l'appui de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire
International. Il s'agissait a travers cette réforme, de mettre en place
un systeme fiscal « qui génere des recettes, qui soit
économiquement incitatif, qui ait une progressivité globale et
qui soit administrativement faisable»95, d'oii, entre
autres, l'institutionnalisation de la TVA a partir de 1986. Néanmoins, a
partir de 1987, l'effort fiscal connaitra une tendance a la baisse, en raison
notamment du contexte politique marqué par la fin du régime
d'exception, sous le régne du Général Seyni KOUNT CHE. Sa
disparition en novembre 1987, suivie de la période de
décrispation décrétée par son successeur, a quelque
peu affaibli l'autorité de l'Etat. Il s'en est suivi un incivisme fiscal
et un changement dans la structure économique du pays du fait de
l'accélération progressive des informalités en
matiére économique.
94 Ari Tanimou Nasser, op. cit., p.10
95 Kiari Liman Tinguiri, « Réformes
fiscales, génération de ressources et équité en
Afrique subsaharienne durant les années 1980 », Fiscal Policy
and the Poor, Giovanni Andrea Cornia(dir.), Economic policy series,
N°41, mars 1994, p.28.
c. Période de décrispation et d'ouverture
démocratioue
Apres une période de décrispation et de
transition politique qui a duré environ cinq(5) ans, le Niger s'est
doté d'institutions démocratiques a partir de 1993. C'est dire
tout de même que la décennie 1990 a été
marquée par une instabilité sociale et politique chronique ayant
considérablement influencé les activités
économiques et financieres du Niger. Pendant cette période, le
Niger a connu des rapports difficiles avec les institutions financieres
internationales. Lors des débats a la Conférence Nationale
Souveraine (1992), les délégués(en majorité des
syndicalistes étudiants et travailleurs) avaient rejeté le
programme d'ajustement structurel sous l'auspice du FMI et de la Banque
Mondiale. Mais tres tot, le gouvernement de transition issu de ces assises
nationales a été confronté a une crise de
trésorerie qui l'a rendu incapable de faire face aux dépenses de
souveraineté. C'est dans ce contexte que ce gouvernement a
été amené a reconnaitre la Chine Taiwan en contrepartie
d'appuis budgétaires de la part de l'ile de Formose. Dans le même
contexte, se déclarait une rébellion armée dans le Nord du
pays et dont les conséquences seront lourdes sur les activités
économiques, touristiques et minieres du pays, sans compter les mauvais
résultats de certaines campagnes agricoles.
Apres deux interruptions du processus démocratique en
janvier 1996 et avril 1999 par des coups d'Etat, le Niger renoua avec la
légalité constitutionnelle suite aux élections
présidentielles et législatives de novembre et décembre
1999. Cette évolution politique positive constituait un gage de
stabilité politique et sociale et un retour du pays sur la scene
internationale par le rétablissement des relations de coopération
avec l'ensemble des partenaires bi et multilatéraux. Les premieres
conséquences de cette évolution politique furent les aides
budgétaires dont le pays a bénéficié d'un certain
nombre de partenaires dont la France et la Belgique pour payer, entre autres,
les salaires des fonctionnaires, qui totalisaient plusieurs mois d'arrieres.
Ces aides budgétaires ont permis aux nouvelles autorités de
bénéficier d'une période de grace pour mettre en oeuvre un
programme de redressement des finances publiques, avec entre autres, l'adoption
d'un certain nombre de mesures macroéconomiques et
budgétaires.
Il est évident que dans un contexte oil l'Etat est le
principal partenaire commercial des opérateurs économiques, il
est aisé de comprendre que lorsque ce dernier est dans
l'incapacité de régler les factures de ses fournisseurs et de
payer régulierement les salaires de ses agents, c'est toute la machine
économique qui se trouverait grippée. C'est exactement la
situation a laquelle le pays était confronté de 1992 a 2000, avec
un ralentissement sans précédent des activités
économiques et des investissements dans tous les domaines. Toutefois,
c'est aussi la
période pendant laquelle d'importantes mesures fiscales
seront prises pour améliorer les recettes budgétaires de l'Etat.
Toutefois, en l'absence d'appuis financiers extérieurs, ces ressources
fiscales mobilisées, si importantes soient-elles, ne permettaient pas
non seulement a l'Etat de payer ses agents, d'assurer le fonctionnement minimum
de l'administration et faire impérativement face au service de la
dette.
Graphique 2 : Evolution du taux de pression
fiscale et du PIB nominal
(Mds de F CFA)
11 10 9 8 7 6 5
|
|
1600 1400 1200 1000 800 600 400 200
0
|
1992 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
P res sion fis c ale P IB nominal en Mds FCFA
Source : A partir des
données non-déflatées fournies par l'UEMOA
C'est surtout a partir de 2000 que les ressources fiscales
connaitront un grand bon en avant. Il apparait alors que pour peu que les
gouvernants se donnent les moyens et la volonté de faire évoluer
les choses ils y arrivent, car malgré la pauvreté ambiante, les
ressources existent quand même. Il faut seulement s'en convaincre et s'y
engager résolument pour les mobiliser. La réduction progressive
du volume de l'aide publique au développement doit etre un signal fort
pour les pays comme le Niger de ne compter que sur leurs propres forces et
savoir exploiter judicieusement et intelligemment les modestes ressources dont
ils disposent. L'aide n'est pas forcément le meilleur moyen pour un pays
de se "développer", car le Niger « qui a reçu plus de
500 millions de dollars de Washington au cours des trente dernières
années, le PIB est passé de 605 dollars en 1965 a 229 dollars en
199296 »97. Certes, l'aide n'est pas en soit
négative, mais les conditions dans lesquelles elle est accordée,
la gestion qui en a été faite sont, entre autres, des
éléments importants qui peuvent en déterminer ou non
l'efficacité.
96 Il est de 229 dollars en 2003 selon IMF Country
Report No. 04/191,July 2004
97 Pierre MOUANDJO B. LEWIS, Facteurs de
Développement en Afrique. L'Economie politique de l'Afrique au
XXlè siècle, Tome II, l'Harmattan, Paris 2002
CHAPITRE TROISIEME : Les contraintes du systime fiscal
actuel du Niger
Le régime fiscal et douanier de la République du
Niger se compose d'impots directs et indirects, du droit d'enregistrement et de
timbre, de la taxe unique sur les contrats d'assurance, de la taxe
différentielle (vignette) de la conservation fonciére et du
régime douanier. En ce qui concerne les impOts directs ils se
décomposent en Imp,t sur les Bénéfices Industriels et
Commerciaux, Acompte sur les Bénéfices industriels et
commerciaux/Bénéfices non commerciaux, Retenue a la source BI
C/BNC de 40%, taxes sur certains frais généraux, taxe
d'apprentissage, taxes fonciéres, les contributions de patentes, impots
sur les revenus des valeurs mobiliéres et des capitaux mobiliers, impots
sur les salaires et la patente synthétique. Pour ce qui est des impots
indirects, ils comprennent essentiellement la taxe sur la valeur ajoutée
appliquée en matiére d'importation et sur les ventes
intérieures avec un taux unique de 19%.
En termes indicatifs, il faut signaler qu'en 2003, le taux de
pression fiscal en pourcentage par rapport au PIB est de 10,9%. En ce qui
concerne les dépenses publiques, il y a lieu également de
préciser que les traitements et salaires représentaient 35,4% en
pourcentage des recettes fiscales alors que les dépenses en capital sur
financement intérieur toujours en pourcentages des recettes fiscales
représentent 21,9%. Par ailleurs, la répartition théorique
des recettes publiques en ce qui concerne les charges de l'Etat prévoit
que sur 100F CFA versés a l'Etat 36F CFA vont au développement
agricole, hydraulique, environnemental et de l'élevage, 2F CFA aux
dépenses de souveraineté, 3F CFA au développement
économique, industriel, énergétique et commercial, 4F CFA
pour la justice et la décentralisation, 7F CFA a la défense
nationale, 14F CFA pour la construction et l'entretien des routes et ponts, 14F
CFA pour les dépenses en matiére de santé publique et du
développement social et 20% pour l'éducation nationale, les
sports et cultures et le tourisme98.
/. Etat des lieux de la situation économioue et
financiere du Niger
/./ Principaux indicateurs économioues et sociaux
Pays sahélien et enclavé, le Niger couvre une
superficie d'environ 1.267.000km2 avec une population estimée a environ
11,1 millions d'habitants selon le dernier recensement général de
la population dont le rapport final a été adopté par le
gouvernement nigérien le 16
98 Confédération Démocratique
des Travailleurs du Niger( CDTN), « La Voix du travailleur »,
Bulletin N°4 du 1er mai 2005. Ce sont la des informations
entrant dans le cadre d'une campagne de sensibilisation initiée par la
DGI en vue d'amener les citoyens a payer leurs imp,t et taxes.
mars 2004. Quarante cinq (45) ans aprés son accession a
l'indépendance, ce cherche encore la voie de son développement
économique et social. Il est encore classé dans le rapport 2004
du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD)
1766me sur les 177 pays en matiére d'indice du
développement humain. Ce dernier rapport comme ceux qui l'ont
précédé, montrent sans complaisance que le Niger accuse
des retards considérables dans tous les domaines
socio-économiques et culturels.
La structure économique du Niger se caractérise
par la prédominance du secteur primaire (agriculture, élevage)
sur ceux secondaire et tertiaire. Du point de vue de la répartition de
la population active au niveau de ces trois domaines, le secteur primaire
emploie a lui seul 85,9 % de celle-ci tandis que le secondaire et le
tertiaire(principalement le commerce) occupent respectivement 2,4% et 11,7% de
la population active. En 2002, la contribution de ces secteurs dans la
formation du produit intérieur brut(PI13) était de 37,3% pour le
primaire, 15,3% pour le secondaire et 47,4% pour le tertiaire. Ces parts
contributives a la formation du P113 se caractérisent par des
progressions annuelles trés variées et fluctuantes en fonction
des contingences climatiques, politiques et de la conjoncture internationale.
La situation économique est dans l'ensemble trts peu reluisante en
raison d'un certain nombre de difficultés relatives aux campagnes
agricoles fortement tributaires de la pluviométrie, de l'enclavement, de
la trts forte concurrence que subissent les quelques unités
industrielles face aux pays de la sous-région et principalement du
Nigeria.
Les indicateurs sociaux sont révélateurs de
l'état de pauvreté dans lequel végéte une grande
partie de la population nigérienne. Il ressort du rapport 2003 du PNUD
et confirmé par le rapport 2004, que l'espérance de vie est de
45,6 ans, la population se situant en deça du seuil de pauvreté
est estimée a 61,4 % au moment oil la part de l'aide publique au
développement par tete d'habitant est évaluée a environ
22,3 dollars US en 2002. Les études effectuées sur la
pauvreté des ménages aussi bien par les services des statistiques
et comptes nationaux ainsi que par des organismes comme Care Internationale,
révélent que le nombre de ménages disposant d'un pouvoir
de consommation annuelle en parité du pouvoir d'achat, qui soit
supérieur a 30.000€ représente 2,4% des ménages,
supérieur a 15.000€ représente 6,5% des ménages et
inférieur a 5.000€, représente 68% des ménages.
Comparativement au reste de l'Afrique, le Niger affiche l'un
des plus bas P113 par tete d'habitant, car le P113 par tete nominal est
estimé a US $170 pour une moyenne africaine de 500 et le P113 par tete
en PPA est estimé a US $ 705 pour une moyenne annuelle de US $1290. Le
niveau de vie des populations est comme nous pouvons le constater trts bas et
l'avenir s'annonce encore plus préoccupant quand nous savons qu'avec un
taux de croissance
démographique d'environ 3,3% par an(7,5 enfants en
moyenne par femme), la population va doubler en 20 ans. Il ressort des
estimations démographiques que si ce taux reste constant, le Niger verra
sa population atteindre 24 millions en 2020 et 56 millions en 2056 soit 3 et 7
fois plus qu'il n'en compte aujourd'hui99. Cette poussée
démographique, conjuguée a l'insuffisance des terres cultivables
qui ne représentent plus que 13 % du territoire, sans compter les
dizaines d'hectares engloutis chaque année par la
désertification, réconforte la these de Thomas Robert Malthus
quand il affirmait que "le pouvoir multiplicateur de la population est
infiniment plus grand que le pouvoir qu'a la terre de produire la substance de
l'homme"100.
/.2. Principales caractéristioues de
l'économie nationale
Les campagnes agricoles dont le succes repose essentiellement
sur une bonne pluviométrie, influencent considérablement
l'évolution du taux de croissance. La non-maitrise des eaux de surface
et des eaux souterraines handicape le développement des cultures
irriguées, alternatives possibles pour pallier l'insuffisance des eaux
des pluies et ses conséquences sur la satisfaction des besoins
alimentaires des populations en produits agricoles et d'élevage. La
bonne campagne agricole de 2001 a porté le taux de croissance du secteur
primaire a 10,9% pour un taux de croissance globale de 5,8% avant que ce
dernier ne chute a 2,9% en 2002 en raison de la baisse de la croissance du
secteur primaire a 1,9% de la même année101. Les
principales productions agricoles sont constituées du mil et sorgho, du
riz paddy, de l'arachide, du niébé, du coton graine, de l'oignon,
du bétail et de la viande fraiche, etc.. Certaines de ces productions
font l'objet d'un programme financé par la Banque Mondiale pour relancer
l'exportation des productions agricoles et pastorales en vue
d'améliorer, un tant soit peu, la balance commerciale et
également lutter contre la pauvreté.
L'élevage constitue apres l'uranium la deuxieme source
d'exportation du Niger avec un cheptel estimé en 2002 a 3,5 millions de
têtes pour les bovins et a plus de 16 millions de têtes pour les
ovins et caprins. Cependant, la mauvaise organisation du secteur rend
délicate non seulement la mesure de son impact réel sur
l'économie, mais également la maximisation des rentes attendues.
L'exportation sur pied d'un grand nombre de tête de bétail par an
sur le Nigeria via une frontiere quasiment incontrolable et l'absence
d'infrastructures modernes
99
http://www.geocities.com/agence_anfani,
juin 1999.
100 Thomas Robert Malthus, Essai sur le
principe de la population, cité dans "Le monde en
développement", Yves Charbit(dir.), Démographie et enjeux
socio-économiques, Edition La documentation fran~aise, Paris 2002,
p.16
101Ministere des Finances et de
l'Economie/Comité National de Politique Economique( CNPE), Programme
Pluriannuel de Convergence, de Stabilité, de Croissance et de
Solidarité (2003 -- 2005), novembre 2002.
pour la valorisation des sous-produits d'élevage comme
le lait, les cuirs et peaux ainsi que la viande ne permet a ce secteur de
contribuer que pour a peine 11% du PIB. L'essentiel de la chaine de production
et de commercialisation du bétail et de ses produits
dérivés est fondé sur des informalités
économiques malgré les bonnes intentions des autorités a
mieux réglementer le secteur et a lui faire réellement jouer le
role qui est le sien dans le développement économique du pays.
D'autres sous-secteurs comme celui de la pêche, indépendamment des
potentialités du pays en ressources hydriques(le fleuve Niger qui
traverse le pays sur 550 kms, le Lac Tchad et plusieurs mares), ne sont pas
encore développés, par insuffisance d'investissements publics et
privés.
Le secteur secondaire, du fait de la nature des
activités miniéres et industrielles qui le composent, est
certainement le plus structuré et dont la contribution dans la formation
du PIB peut etre relativement aisée a mesurer. Reposant essentiellement
sur la production miniére dominée par l'uranium (3e
rang mondial), il comprend également un tissu industriel dominé
par l'agroalimentaire et les travaux publics ainsi que des
sociétés de services en énergie électrique, en eau
de consommation courante, en télécommunication, etc.. Il s'agit
d'un secteur en pleine mutation en raison du processus de privatisation et de
désengagement de l'Etat, qui a déjà conduit a la reprise
par des privés nationaux et internationaux des sociétés
des eaux, des postes et télécommunications, du textile, etc. Le
Niger s'engage timidement dans la production aurifére dans l'Ouest du
pays oil l'activité traditionnelle d'orpaillage permet jusque la de
produire environ une tonne d'or par an et ce n'est qu'en 2004 que le premier
lingot d'or a été industriellement produit par la
Société Miniére du Liptako(SML). Le Niger dispose de
potentialités non négligeables dans le domaine minier, mais la
réticence des investisseurs, l'enclavement du pays et les
hostilités du terrain retardent encore la production de certaines
ressources comme le pétrole, le phosphate, indépendamment d'un
cadre réglementaire minier de plus stimulant.
En ce qui concerne le secteur tertiaire, il reste
essentiellement dominé par des activités de type informel,
notamment le commerce. La vente en gros et en détail des produits de
consommation courante, principalement les denrées alimentaires, les
produits textiles ainsi que des produits manufacturés, constituent les
principales activités de ce secteur. L'essentiel des activités
économiques se fait avec les pays voisins dont une grande partie avec le
Nigeria et la Cote-d'Ivoire, le Bénin, le Togo et le Ghana constituant
des points de transit pour les produits d'importation venant du reste du
monde.
2. Types de contraintes et leurs incidences sur le
systeme fiscal
2./ Contraintes politiques et sociales
Il existe des contraintes politiques et sociales dont les
incidences sur la fiscalité au Niger du point de vue du processus de
détermination de l'impOt et de son application méritent
d'être soulignées dans le cadre de ce travail. La fiscalité
qui peut être considérée comme un outil de
souveraineté qu'un Etat décide librement de déterminer et
de mettre en oeuvre en fonction de ses objectifs économiques et
financiers et pour les besoins des services publics, ne répond pas dans
tous les cas a ce principe dans le cas du Niger. En effet, la mise sous
perfusion des finances publiques nigériennes a travers les appuis
budgétaires et crédits bilatéraux et multilatéraux
que le Niger contracte avec des conditionnalités assez rigoureuses ne
lui laissent guére le choix libre en matiére fiscale et ce depuis
1982, date a laquelle il est au PAS. Le fait que le principal objectif de
l'ajustement structurel soit le redressement des finances publiques par un
accroissement des recettes publiques et une diminution des dépenses
publiques pour permettre a l'Etat de rembourser prioritairement sa dette, ne
laisse pas le choix exclusif au Niger de définir lui-même, entre
autres, sa politique fiscale.
La présence des représentants des institutions
financiéres internationales et principalement du FMI au sein du
Ministére de l'Economie et des Finances au titre de conseillers
techniques, mais dont l'avis est plus que consultatif dans la prise de
certaines décisions, atteste de ce que le Niger n'est pas le seul maitre
de sa politique financiére et budgétaire. Les différents
programmes entrant dans le cadre de l'ajustement structurel avec des objectifs
précis sur des échéances précises obligent les
autorités a tout mettre en oeuvre pour répondre aux exigences de
leurs partenaires au risque de voir les programmes s'arrêter ainsi que
les financements qui vont avec. Cette mise sous-tutelle a débuté
avec l'accord de confirmation signé en 1983, suivi du Programme
d'Ajustement du Secteur des Entreprises publiques (PASEP) conclu en 1984-1986
ainsi que du Programme d'Ajustement Structurel de 1986-1988. Un 2éme
Programme d'Ajustement Structurel fut signé en 1989-1991, suivi d'un
Accord annuel de confirmation en mars 1994, de la Facilité d'Ajustement
Structurel Renforcé (FASR) en 1996-1999 et enfin de la Facilité
pour la Réduction de la Pauvreté et la Croissance (FRP/ C) et de
l'éligibilité a l'IPPTE en décembre 2000.
La conclusion et l'exécution de l'ensemble de ces
programmes ont naturellement des incidences politiques et sociales sur la
politique fiscale au Niger. Les conditionnalités imposées par les
partenaires financiers internationaux aménent les autorités a
presser les acteurs économiques(entreprises privées, commercants
en gros et en détails, etc....) pour
réaliser les objectifs fixés aux régies
financiéres que sont principalement les douanes et les services des
impOts. Il est généralement fixé a ces régies une
obligation des recettes d'un certain montant au titre de l'année
budgétaire et qu'elles doivent réaliser par une application
stricte de la réglementation et bien d'autres moyens de pression sur les
contribuables. Ainsi, le poids de la dette et son important service ayant
entrainé la mise en oeuvre des programmes d'ajustement structurel et
d'allégement de celle-ci, lient politiquement le Niger dans ses rapports
avec les institutions financiéres internationales.
Par ailleurs, au même moment oil la pression du FMI et
de la 13anque mondiale s'exerce sur les autorités, une autre pression,
celle-la sociale venant d'en bas s'acharne aussi sur les pouvoirs publics. Le
degré de pauvreté au Niger, rend l'intervention de l'Etat plus
que nécessaire dans certains domaines sociaux, comme la santé.
2.2 Contraintes économiques liées aux in
formalités
Selon une enquête nationale réalisée en
1995, il ressortait que les informalités économiques touchent a
41% les activités de production a 35,2% celui du commerce a 23% celui
des services102. Toujours selon la même enquête, il
s'avére que 59,34% des personnes exercant dans ce domaine
économique n'ont aucun niveau d'instruction, 20,35% ont
fréquenté l'école coranique et seulement 0,03% ont un
niveau de second cycle. Le nombre d'établissements informels
identifiables a quintuplé en dix ans en passant de 135.000 en 1987 a
667.935 en 1995, en raison d'un certain nombre de conjonctures
économiques ralentissant ou réduisant le rythme de
création d'emplois, de la croissance démographique galopante
(3,3%/an), le tout aggravé par un trés bas niveau d'instruction
et de scolarisation.
La part des informalités dans la constitution du PI13,
malgré les difficultés évidentes de mesurer son apport
réel dans l'économie nationale, est en sensible évolution
par rapport aux secteurs rural et celui dit moderne, a en croire
l'enquête de la Direction des Statistiques et des Comptes Nationaux.
Concomitamment, cette évolution marque aussi la trts grande
capacité du secteur informel a créer des emplois sur l'ensemble
de l'étendue du territoire national avec quelques disparités
entre les régions. Dans l'ensemble, il est estimé que le nombre
de personnes touchant un revenu dans les différents domaines relevant de
ce secteur est passé de 104.228 en 1987 a 247.297 en
1995103.
102 C.Maldonado/J.Gasarian, « Secteur
informel : Fonctions macro-économiques et politiques gouvernementales :
Le cas du Niger », Document de recherche S-INF-1-20, OIT, 1998.
103 Direction des Statistiques et des Comptes
Nationaux/Niger
C'est dire que les informalités économiques
jouent un role trts important en matiére non seulement de
création d'emploi, mais également dans la satisfaction des
besoins des consommateurs par des services de proximité, même les
plus risqués comme la vente a la criée des produits
pharmaceutiques d'origine trts douteuse. Cependant, ces informalités qui
échappent pratiquement au contrOle de l'administration douaniére
et fiscale sont considérées par une certaine opinion comme un
obstacle a l'émergence d'un secteur privé dynamique et vecteur de
la croissance économique. Pour les experts de l'OIT, o ce secteur
pose un nombre important de problemes resultant de son caractere informel. ll
contribue peu au budget de l'Etat car il échappe aux charges fiscales,
bien que dans un grand nombre de cas les opérateurs du secteur soient
obliges de contribuer au budget municipal.»104
Les informalités économiques pouvons-nous dire
sont trts défavorables au développement des collectivités
territoriales au Niger. A cet égard, il faut signaler que les
principales villes de l'intérieur du pays comme Maradi, Tahoua et
Zinder, leur proximité avec le grand voisin du Nigeria, fait que leurs
activités économiques échappent pratiquement aux services
fiscaux. En ce qui concerne, Maradi( Capitale économique) et
Zinder(premiére Capitale du Niger), leurs prélévements
fiscaux par tete d'habitant, sous forme de taxe ou de patente et licence, sont
relativement faibles par rapport aux autres villes. Ainsi, a la
différence d'Agadez(zone miniére) qui accuse 1.430Fcfa/hbts en
termes de revenus du foncier et 9.932Fcfa/hbts au titre des patentes et
licences, Maradi et Zinder accusent, elles, 128 Fcfa/hbts au titre des taxes et
464 Fcfa/hbt au titre de patentes et licences. Les activités
économiques de ces deux villes sont fondées sur la fraude et la
contrebande des produits manufacturés dont l'importation, non seulement
est facilité par la perméabilité de la frontiére,
mais aussi par des pratiques de corruption.
La fiscalisation du secteur dit o informel » est l'un des
défis majeurs qui se posent a l'administration fiscale africaine en
général et nigérienne en particulier, pour une meilleure
mobilisation des ressources internes de l'Etat. Majoritairement
analphabétes, les acteurs du secteur informel sont trts peu ou pas
informées sur les procédures a suivre pour entreprendre une
quelconque activité commerciale ni sur les obligations fiscales
auxquelles sont astreints des citoyens entreprenants. Pour beaucoup de nos
concitoyens, l'activité commerciale est un accident de parcours,
résultant de l'exode rural pour échapper aux crises alimentaires
dues a des périodes de sécheresse que connaissent
réguliérement les pays du Sahel, dont le Niger. Les pratiques en
matiére d'informalités économiques ne sont donc pas
forcément des
104 C. Maldonado et J. Gasarian, op.cit.,
p.14
stratégies délibérées et savamment
orchestrées pour échapper aux contraintes du systeme fiscal.
L'illustration de ce phénoméne peut se trouver
dans le marché paralléle de change monétaire qui
caractérise les transactions financiéres et économiques
entre le Niger et le Nigeria. Le marché de change monétaire est
un des pivots des activités économiques liant le Niger et son
grand voisin du sud, car « le taux de change entre le franc CFA et la
naira détermine en effet, pour une large part, les termes de
l'échange entre les deux pays : une sous-évaluation de la naira
encouragera les exportations nigérianes(par conséquent les
importations nigériennes) tandis qu'une surévaluation de la naira
se traduira par un exces d'importations nigérianes(donc d'exportations
nigériennes) »105. Au centre de ces échanges
commerciaux se trouvent naturellement les o Cambistes » qui assurent
l'approvisionnement du marché local en naira avec des taux de change
sans commune mesure avec le taux officiel tel qu'il est pratiqué dans
les banques centrales et qui ne couvrent que les échanges officiels
entre les Etats.
Les activités des cambistes sont tacitement reconnues
par les autorités bien que légalement, ils n'aient pas le droit
d'exercer. Mais l'importance de leur role sur le marché est plus que
nécessaire au regard de la forte demande des populations
frontaliéres en moyens de paiement nécessaire aux échanges
économiques entre les deux pays. Au total, pour l'ensemble des
opérations de change tout le long de la frontiére avec le Nigeria
et principalement au niveau des grands centres comme Diffa, Zinder, Maradi et
Birni N'konni, c'est une quinzaine de personnes qui controle le
marché106. ils sont relayés sur les autres places de
change par d'autres catégories de monnayeurs(ambulants) avec des
surfaces financiéres assez réduites, car o la
stratégie commerciale des grossistes consiste a étoffer leur
réseau de dépendants et d'augmenter leurs points de vente au
détail et d'accroftre le volume des affaires qu'ils traitent : la notion
de richesse en hommes (arzikin mutane) [...] se retrouve dans le monde
des cambistes »107.
Ainsi, les activités paralléles de change
monétaire qui pourvoient a hauteur de 56% du volume des importations des
commercants nigériens en naira est un créneau assez porteur pour
les cambistes. Cependant, le mode opératoire qui est régi par un
certain nombre de réseaux relationnels ayant des ramifications dans les
principales villes du Nigeria comme
105 Emmanuel GREGOIRE, Pascal LABAZEE, Le Role
des circuits informels de change dans les opérations commerciales entre
le Niger et le Nigeria, Notes de recherches n°96-55,
UREF/AUPELF(Agence Francophone pour l'enseignement supérieur et la
recherche), P.1
106 Emmanuel GREGOIRE, Pascal LABAZEE, op.cit, p.4
107 ibid. p.4
Kano et Sokoto, est totalement indépendant du circuit
bancaire et échappe a tout controle de l'administration fiscale. Bien
que ces opérateurs financiers s'acquittent dans certains cas de la
patente, il n'en demeure pas moins que leurs transactions ne font l'objet
d'aucune comptabilité rigoureuse devant permettre de déterminer
une base d'imposition adéquate. La nature de leurs activités les
amene, par un systeme de crédit alloué aux opérateurs
économiques, a participer a des activités commerciales dans le
domaine des matériaux de construction, du bétail, du
marché des céréales, etc..
CHAPITRE QUATRIEME : Mesures fiscales et strategies
d'amélioration des recettes
Les autorités nigériennes face a la forte
demande intérieure en matiere des dépenses publiques, aux
exigences des partenaires au développement et principalement du FMI et
de la BM ainsi que de celles fixées par l'UEMOA, ont dl prendre des
nouvelles mesures fiscales. L'objectif recherché est fondamentalement
d'accroitre les recettes publiques aux fins de renforcer les capacités
de l'Etat a réduire les effets pervers de la pauvreté et dans une
certaine mesure jeter les bases durables de son développement. Pour ce
faire, les quelques mesures fiscales adoptées par le gouvernement
nigérien devraient permettre un élargissement de l'assiette
fiscale par une fiscalisation des informalités caractérisant une
grande partie des activités économiques et commerciales au
Niger.
En dehors des impOts directs assis sur les revenus des
personnes physiques et morales ainsi que sur les bénéfices
industriels et commerciaux touchant principalement les salaires des agents
publics et les grandes entreprises, l'administration fiscale éprouve des
difficultés a promouvoir les impots indirects compte tenu de
l'informalisation croissante des activités économiques. La base
fiscale sur laquelle reposent les impOts directs est tres étroite en
raison du nombre relativement peu élevé des contribuables (agents
publics), mais aussi de celui des entreprises formellement reconnues et en
regle. En outre, ces catégories de contribuables supportent a elles
seules, l'essentiel des charges fiscales au moment oil d'autres
échappent quasiment a toute imposition. Ainsi, la population rurale n'y
est pratiquement plus imposée depuis la suppression, dans de nombreux
pays comme le Niger, de l'imp,t de capitation. Il se pose alors un
sérieux probleme d'équité et de justice sociale et dans
une certaine mesure un probleme de citoyenneté, car l'imp,t est une des
caractéristiques fondamentales d'appartenance a une communauté de
destin.
/. Principales mesures mises en oeuvre et leurs
impacts
/./ Impfit for faitaire sur les bene fices commerciaux et
industriels
C'est par l'ordonnance 83-33 du 14/9/1983, portant loi de
finances pour l'année 1984 qu'il a institué un impOt sur les
bénéfices industriels et commerciaux au profit du budget
national. En ce qui concerne spécifiquement les activités a fort
taux d'informalités, c'est le forfait BIC qui est applicable aux
contribuables pouvant justifier du niveau de leur activité sur la base
des documents comptables sommaires. Pour celles qui ne peuvent présenter
aucun document comptable, c'est l'imp,t forfaitaire sur les
bénéfices(IFB) qui leur est appliqué. Le forfait BIC,
lorsqu'il y a accord entre l'administration fiscale et le contribuable, est
établi pour
deux ans avec reconduction tacite, sauf en cas de
dénonciation par l'une des deux parties. En effet, lorsque sur la base
des faux renseignements fournis par le contribuable, l'administration fiscale
détermine un forfait et qu'elle se rend compte de la tricherie, elle
peut légitimement abroger l'accord et engager de nouvelles discussions.
Les modalités de dénonciation telles que stipulées a
l'article 24-bis de l'ordonnance sus-mentionnée, précisent que le
forfait peut etre dénoncé par le contribuable dans les deux
derniers mois de la période biennale et l'administration fiscale dans
les deux premiers mois de la période suivante.
Les forfaitaires sont soumis a certaines obligations dont
elles sont tenues de respecter au risque de subir des sanctions pouvant
entrainer une taxation d'office et l'application d'une sanction égale a
100% des droits éludés. Ces obligations tiennent a la production
d'une déclaration spéciale et la tenue de certains documents
comptables(sans obligation de bilan). La déclaration qui devrait etre
produite avant le 1er mars, comprend entre autres, les frais
généraux(salaires, loyer), les éléments de train de
vie du contribuable(loyer personnel, nombre de personnes a charge), le loyer
professionnel, les moyens logistiques(matériels roulants), etc. En
définitive, le forfait/BI C et l'imp,t forfaitaire sur les
bénéfices sont établis pour imposer les activités
pour lesquelles les contribuables ne sont pas en mesure de présenter une
comptabilité en bonne et due forme, ni de présenter un bilan en
fin d'exercice ou qui ne peuvent fournir aucun justificatif sur leur chiffre
d'affaires.
Les contribuables soumis a l'imp,t forfaitaire sur les
bénéfices sont, entre autres, les commercants au détail
dont le montant de transactions annuelles est inférieur a 5 millions de
F CFA, électricien-auto, maroquinier, soudeur, tailleur ayant plus de 3
machines, salon de tresse et de coiffure, courtier d'assurance, infirmier(ere)
tenant une salle de soin, boucher abattant de 100 a 200 boufs annuellement,
etc. Tous ces contribuables sont exemptés du droit proportionnel et paie
un droit fixe de 40.000 F CFA. Une autre catégorie de ces contribuables
paie un droit fixe de 20.000 F CFA l'an et se décompose en marchand de
journaux tenant un kiosque, boucher abattant moins de 100 boufs par an,
restaurant indigene, tisserand, grillade de mouton, écrivain public,
etc..108 Pourtant, dans les faits, nombre des contribuables de ces
deux catégories réalisent des chiffres d'affaire devant les
classer dans la catégorie du forfait BIC dont le droit fixe est de
100.000 et 200.000 F CFA.
Les modalités d'imposition en matiere de forfait BIC
sont considérées par certains comme porteuses de subjectivisme de
la part des agents du fisc, mais surtout comme source de corruption. Les agents
du fisc n'étant pas des personnes assermentées, les
évaluations de la
108 L'ensemble de ces contribuables releve de la 56 et
de la 6é classe de la Catégorie A du régime fiscal
nigérien.
base imposable des contribuables en termes
négociés, peuvent donner lieu a des arrangements
intéressés. En outre, les éléments fournis par les
contribuables se révélent être, dans la plupart des cas, en
deça des estimations réelles soit par mauvaise foi ou par
omission, car lorsqu'on ne détient pas un cahier caisse au quotidien, il
est difficile de savoir concrétement ce qui entre et sort. Il se trouve
alors que le forfait est loin d'être un instrument efficace d'imposition
en matiére d'activités informelles.
/.2 Patente synthetique
La Patente synthétique(PS) a été
instituée par la loi n°95-015 du 3 juillet 1995 portant Loi des
finances pour l'année budgétaire 1995 modifiée par la loi
n°96-001 du 8 janvier 1996
portant Loi des finances pour l'année budgétaire
1996109. Elle vise a mieux maitriser le systeme d'imposition et
regroupe l'Impot Forfaitaire sur les Bénéfices, le Forfait BIC et
le Forfait TVA, a l'exclusion des taxes locales(ex. Taxe de marché). La
patente synthétique s'applique alors a tout individu exercant un
commerce, une industrie, une profession, non expressément compris dans
les exemptions prévues par la codification. Les contribuables assujettis
a cette patente sont tenus d'adresser une déclaration écrite a
l'administration fiscale de leur résidence dans les dix(10) jours de
l'ouverture aux fins de procéder a leur imposition sur la base des
informations et renseignements susceptibles de les identifier.
La PS qui est annuelle, personnelle et valable que pour le
contribuable au nom duquel elle est établie, est recouvrée par le
Trésor. Le produit de la patente synthétique est réparti
pour 70% au budget national et 30% au profit du budget local et ce,
conformément a l'article n°15 de la loi 95-015 portant Loi des
finances au titre de l'année 1995. La faiblesse des moyens en
matériels et en personnel des services fiscaux ainsi que la forte
souplesse des mécanismes d'imposition, font que l'identification des
contribuables et les critéres d'exonération réduisent le
niveau d'imposition et de recettes. Il se trouve qu'en référence
a l'enquête réalisée par la DS CN, environ 667.935
établissements informels furent recensés sur l'ensemble des
huit(8) régions du Niger. Cependant, le nombre d'établissements
recensés et imposés par les Directions Régionales des
Impots n'est que de 23.853, soit 3,5% des chiffres avancés par la DS
CN110.
1090umarou Nana Fassouma, Strategies pour une
meilleure fiscalisation du secteur informel, Sama Moussa, Inspecteur
Principal des Impots(dir.), ENA, Niamey, 1998, p.30
110 Ali Yayé Anafi, Problematique de
l'amelioration des recettes fiscales dans un contexte d'informalisation de
l'economie, Amadou Hamani, Inspecteur Principal des Impots(dir.), ENA,
Niamey, juillet 1998, p.26
En somme, la patente synthétique se
révéle être un instrument peu approprié pour
évaluer et imposer le chiffre d'affaire d'un contribuable, même si
par ailleurs elle constitue une avancée par rapport a la multitude
d'impots forfaits existants. En outre, sur la base des seules
déclarations du contribuable, il est difficile pour les services fiscaux
qui ne disposent pas des preuves matérielles pour soutenir une
quelconque contradiction, de classer et d'imposer le contribuable a la juste
valeur de son C.A. Dans ces conditions, rien de plus normal que les recettes
liées a l'imp,t synthétique représentent seulement 3,7% en
1996 et 4,5% en 1997111 des recettes fiscales totales. L'impot, dans
une certaine mesure, ne peut véritablement être efficace lorsqu'il
est laissé le soin au contribuable lui-même de fixer sa base
d'imposition, car pouvons-nous dire, il est « nécessairement
lie a la force qui le fonde et qui le rend possible.
>>112
/.3 Mesure d'identification du contribuable
L'une des clés de réussite d'un systeme fiscal,
est certainement l'identification du contribuable en termes d'activité,
d'emplacement, etc.. C'est dans ce cadre que fut institué par la loi
n°97-45 du 15 décembre 1997 portant loi des finances de
l'année budgétaire 1998, un titre VIII du régime fiscal,
dénommé Numéro d'Identification Fiscale. Au terme de cette
disposition, toute personne exercant une activité commerciale,
industrielle et artisanale, forestiére, miniére ou autre
activité ayant une nature professionnelle doit avoir un N.I.F., qui est
unique, exclusif et invariable pour tout contribuable. Le N.I.F, donne droit a
une carte d'identification fiscale et a la délivrance d'un certificat
d'immatriculation par les services des impots comme le précise la loi
n°2001-27 du 12 décembre 2001 portant loi des finances pour
l'année 2002.
Le N.I.F qui s'inscrit dans une logique d'élargissement
de l'assiette fiscale, vise aussi a réduire le degré
d'informalités dans les différents secteurs d'activités
économiques. Il est fait obligation a tout contribuable exercant une
activité économique, de faire figurer ce numéro sur toutes
les factures qu'il délivre a ses clients ainsi que sur tous les
documents administratifs qu'il transmet a toute administration
financiére. C'est un outil de suivi du contribuable dans toutes ses
démarches administratives et financiéres, de telle sorte qu'en ce
qui concerne le recouvrement de la T.V.A, o l'absence du N.I.F sur une
facture entraine
111 Ali Yayé Anafi, op.cit., p.31
112 J.Ph Genet, M. Le Mené(éds.)
Genese de l'Etat moderne. Prelevement et redistribution, Actes du Colloque
International du Centre de la Recherche Scientifique, Paris 1987, p.164
d'office le rejet de la déductibilité de la
T.V.A facturée par le fournisseur non identifié par son
N.I.F. »113
Le Numéro d'Identification Fiscale a l'avantage de
suivre l'opérateur économique dans toutes ses activités en
liaison avec les différentes administrations des douanes et d'autres
régies financiéres et facilite les rapprochements entre divers
éléments de son chiffre d'affaires a travers les
opérations commerciales qu'il réalise avec ses partenaires. La
gestion informatisée de cet instrument facilite le travail des agents
des impOts qui peuvent facilement faire les rapprochements et d'autres
recoupements pour confondre l'opérateur en cas de fausses
déclarations. Toutefois, le N.I.F ne pallie pas aux insuffisances du
systeme fiscal nigérien qui est fondamentalement déclaratif, tout
comme il ne peut faire obstacle aux fausses factures qui ne reflétent
pas toujours la réalité des montants réels des
transactions effectuées en ce sens que celles-ci o reposent surtout
sur la confiance des parties engagées oft le support matériel
fait le plus souvent défaut ou établi avec complaisance.
»114
L'évaluation de l'efficacité ou de l'efficience
de la mise en oeuvre d'un instrument comme le N.I.F ou de toute autre
réforme fiscale pose un sérieux probléme
d'évaluation de la performance fiscale. Les objectifs fiscaux
étant essentiellement budgétaires, ils ne tiennent pas toujours
compte de la situation économique réelle du pays. Les tendances
du marché et les aléas de l'économie mondiale, comme les
incidences de la hausse du prix du baril du pétrole, de
l'instabilité au sein de la sous-région ne sont pas toujours pris
en compte dans les prévisions budgétaires. Chaque loi des
finances vient avec des nouvelles réformes alors que les
précédentes ne sont ni maitrisées par les agents
chargés de les appliquer ni comprises des contribuables. Les
réformes découlent dans la plupart des cas de la pression
exercée par les institutions financiéres internationales ou
élaborées dans le cadre des objectifs d'intégration
économiques (UEMOA) a l'horizon décembre 2005. C'est dire que les
différentes réformes introduites l'ont été sans que
fondamentalement, la situation des structures économiques et les
perspectives de leur évolution en établissent
l'opportunité115.
113Dan Badaou Fassouma Ali, Oumarou Zeinabou
Hassane & Boubacar Abdoulaye, Les stratégies
d'amélioration des recettes fiscales a la DGI de 1998 a 2002,
Issoufou Nouhou Kanda, Inspecteur Principal des Impots(dir.), ENA, Niamey,
2003, p.10
114Ibidem, p.43
115 Bernard Vinay, op.cit., p.'7'7
2. Ren forcement ou creation de certains types
d'imp1ts
2./ Elargissement et ren forcement de la TVA
Pour corriger le o déséquilibre fiscal »
entre les contribuables et faire contribuer tous les citoyens, les
réflexions en cours sur la fiscalité dans les pays en voie de
développement mettent de plus en plus l'accent sur la fiscalité
indirecte axée principalement sur la TVA. Celle-ci est censée
frapper les revenus et la fortune des citoyens des lors qu'ils consomment et
elle se généralise de plus en plus dans la plupart des pays du
tiers-monde. La TVA a taux unique ou uniformisé, est
considérée comme plus aisée a recouvrer pour
l'administration fiscale et aussi comme "un moyen de promouvoir la
neutralité et l'uniformité de la charge fiscale et de stimuler la
productivité et la croissance"116. Toutefois, la TVA
n'est pas exempte de critiques, car il lui est reproché d'être
antisocial et aussi d'être régressive en frappant
indifféremment les plus et les moins nantis. Par ailleurs, la TVA peut
aussi etre considérée comme une sorte de réponse aux
difficultés d'imposition que soulevent les activités non
enregistrées, mais aussi la preuve de l'incapacité des
administrations fiscales a mieux imposer ces types d'activités.
Pour la réalisation de sa transition fiscale, le Niger
se doit nécessairement de privilégier les impots indirects en
raison notamment d'un certain nombre de contraintes liées entre autres,
a l'étroitesse de sa base imposable en ce qui concerne les impots
directs. En dehors des prélevements a la source effectués sur les
revenus salariaux des agents de l'Etat et de certains offices,
sociétés et entreprises privées, les autres revenus sont
difficilement imposables. C'est le cas notamment des revenus fonciers, ceux de
la plupart des microentreprises dont la gestion informelle ne permet pas
d'évaluer et imposer réellement les revenus, ainsi que de la
prépondérance de l'imp,t minimum forfaitaire sur le chiffre
d'affaire qui, du point de vue de son taux qui ne dépasse guere le 1%,
s'averent insuffisants pour alimenter les caisses de l'Etat. Ce n'est pas non
plus dans un pays en proie a des crises alimentaires chroniques du fait de
l'hostilité du climat qu'il faut s'attendre a une contribution du
secteur agricole au travers de l'impot.
Dans ce contexte particulier, la taxe sur la valeur
ajoutée semble faire l'unanimité pour une meilleure mobilisation
des ressources fiscales. Le caractere neutre qui lui est attribué peut
etre un atout pour faire contribuer toutes les couches de la population en
fonction de leur niveau respectif de consommation des biens et services.
Toutefois, le Niger aura a prendre des initiatives conséquentes pour
surmonter certains obstacles qui font que l'instauration de cette
taxe ne produit pas encore les effets qui y sont attendus. En
effet, il s'avére que "la faible capacité de la TVA du Niger
comme instrument de recettes provient largement d'un
rétrécissement de son assiette provenant de : a)
l'autoconsommation ; b) de la place grandissante des unités
non-enregistrées ; c) de l'importance des exonérations ; et d)
des défaillances dans l'application de la TVA."117
Outre l'introduction de la TVA, d'autres pistes sont
proposées pour prendre en compte certaines activités
économiques relevant de l'informel au nom d'une part, de la mobilisation
des ressources budgétaires, mais aussi au nom d'une certaine justice
sociale qui doit amener chaque citoyen en fonction de ses capacités
financiéres de contribuer a l'effort national.
2.2 Fiscalité foncière
Les réformes introduites en matiére d'impots
fonciers tout comme celles relatives aux revenus, participent de
l'élargissement de l'assiette fiscale, de la réduction de la
fraude fiscale par une bonne mobilisation des recettes fiscales. Aux lendemains
des indépendances, le régime foncier en vigueur était
fondé sur l'immatriculation au livre foncier sans cadastre, car ce n'est
qu'en 1983 que le cadastre fut créé au sein de la Direction
Générale des Impots. Il fut alors mis en place un systeme qui
comprenait une multitude d'impOts qui se résumaient a la Taxe
Fonciére sur les Propriétés Bfities (TFPB), a la Taxe
Fonciére sur les Propriétés non Bfities (TFPNB), a la Taxe
sur la Valeur Locative (TVL), a la Taxe sur les Biens de Mains Mortes(TBMM), a
la Taxe d'Insuffisance de Mise en Valeur (TIMV) et a la Contribution
Fonciére sur les Propriétés Bfities ( CFPB). L'ensemble de
ces impOts était au départ recouvert par le trésor
national et posait beaucoup de difficultés dans son recouvrement.
C'est en 1997 par ordonnance n°97-22 du 29 septembre que
ces six impOts ont été fusionnés pour en faire deux
seulement, a savoir la Taxe fonciére sur les Propriétés
Bfities (TFPB) qui s'appliquent exclusivement aux personnes physiques et la
Taxe Immobiliére qui concerne les personnes morales et leur gestion fut
entiérement dévolue aux services de la DGI. Perçue au
profit du budget de l'Etat et des collectivités territoriales, la TFPB
s'applique aux propriétaires d'immeubles ainsi que sur la valeur
locative des biens qui y sont assujettis. Le prix de bail sert alors de base
imposable avec des taux variant entre 7% et 12% pour respectivement les locaux
servant d'habitation principale ou secondaire et pour les locaux non
occupés ou occupés a titre gratuit ou tout simplement
affecté a d'autres usages et 20% pour les propriétés mises
en location.
117 Gérard CHAMBAS, Afrique au sud du Sahara....,,
op.cit., p.9
En ce qui concerne la taxe immobiliére frappant les
personnes morales, s'est également le même mode d'imposition que
celle de la taxe sur les propriétés bfities. Toutefois, la base
d'imposition est fondée sur la valeur des investissements ou le cas
échéant, le prix de revient de l'immeuble. Il est alors
appliqué dans l'un ou l'autre cas, un taux de 2,5% sur la valeur de
l'immeuble. Tout comme la taxe sur les propriétés bfities, celle
relative aux propriétés immobiliéres
bénéficie d'un mode de recouvrement souple, c'est-à-dire
que les contribuables peuvent s'en acquitter en tranches de quart a compter du
25 mars au 25 décembre de l'année budgétaire. Toutefois,
il reste que le taux de recouvrement en la matiére reste trts faible.
Il ressort qu'en 1998, seulement 27% des émissions au
titre de l'imp,t foncier ont été effectivement
réalisées, principalement sur Niamey, qui reste un gisement
fiscal important en la matiére. Les difficultés inhérentes
au recouvrement des impots fonciers sont essentiellement dues au fait que les
principales propriétés susceptibles de rapporter des recettes
appartiennent tout simplement a des personnalités devenues
ointouchables» a cause de leur appartenance a des réseaux
clientélistes et politiques qui leur assurent une certaine protection.
En outre, les moyens légaux de contrainte dont dispose l'administration
fiscale se sont révélés assez inefficaces pour amener les
contribuables a s'acquitter de leur impot et aussi, de l'incompréhension
par certains contribuables de la base même d'imposition.
Les collectivités territoriales,
particuliérement les grandes villes, disposent d'un potentiel fiscal
assez important en matiére fonciére. Beaucoup de
nigériens, dont le revenu a sources multiples échappe a toute
imposition, investissent dans le domaine foncier. L'impot foncier, sommes-nous
tenté de le reconnaitre, est certainement celui par lequel peuvent
être appréhendés les revenus réels des citoyens. A
cet effet, nous admettons sans réserve que "les actifs fonciers
constituent certainement le meilleur indicateur tangible des revenus
passés des contribuables..."118. Cela est
d'autant plus vrai, que lorsqu'on regarde par exemple les déclarations
des biens des membres du gouvernement ou de toutes les personnalités
astreintes a cet exercice, l'essentiel des biens est constitué des biens
immobiliers.
Il s'avére qu'au regard de l'urbanisation croissante
des villes africaines, la fiscalité fonciére urbaine est une
source de revenus assez importante pour les collectivités locales
africaines et nigériennes en particulier. Il est absolument
nécessaire pour les pouvoirs publics de mettre l'accent sur cet impot,
car une urbanisation exponentielle et non maitrisée engendre
118Direction Générale de la
Coopération Internationale et du ,Développement,
La mobilisation des ressources locales au niveau des municipalités
d'Afrique subsaharienne, Etude réalisée
par: Gérard CHAMBAS, chargé de recherches CNRS- CERDI,
Elsa Duret, chargée d'études CERDI, Avril 2000, p.52
des besoins nouveaux en infrastructures d'assainissement,
d'électrification et de conduite d'eau, sans oublier les infrastructures
sociales (centres de santé, écoles, etc.) ainsi que des services
de sécurité comme la police. Cependant, pour que l'imp,t foncier
soit bien accueilli et respecté par les contribuables, les bases de son
imposition doivent être clairement définies et
compréhensibles pour tous. En outre, le réalisme doit entourer la
détermination de ses différents barémes afin qu'il soit
moins onéreux pour les contribuables pour ne pas constituer un
prétexte de surenchére sur l'offre immobiliére et partant,
mettre en mal les revenus des classes moyennes ou les couches les moins
nanties. C'est pour cela que certains pensent que cet impot doit rester
forfaitaire, c'est-à-dire neutre, en ce sens que s'il doit influer sur
l'offre et la demande en logement a cause d'importants
prélévements, il peut y avoir "des reactions de rejet,
notamment pour des raisons d'équité"119.
La gestion fonciére ou immobiliére au Niger
n'est pas sans grandes difficultés a cause notamment de la trop grande
mobilité en matiére de cession, d'achat, d'héritage ou de
la simple jouissance d'un bien immobilier. L'essentiel des transactions et
d'opérations fonciéres se base souvent sur le droit coutumier et
en l'absence de toute procédure administrative devant permettre un suivi
régulier des contribuables en la matiére. Il se pose alors a
l'administration fiscale des problémes d'identification des
propriétaires fonciers légitimes et légaux assujettis au
paiement des taxes fonciéres. Il s'agit d'un domaine qui requiert des
moyens techniques importants du point de vue cadastral et des dispositions
juridiques claires pour un meilleur suivi des différentes transactions
fonciéres en termes de changement de titre de propriété ou
tout simplement d'adressage.
2.3 Fiscalisation du secteur agricole
Il semble comme un tabou pour des pays comme le Niger de
parler de fiscalisation du secteur agricole, considéré a tort ou
a raison comme un domaine réservé aux populations rurales,
c'est-à-dire les couches les plus défavorisées. Pourtant,
le secteur agricole est trés diversifié et comporte des
sous-domaines qui sont excellemment porteurs de dividendes et de profits pour
leurs promoteurs. Nous pouvons a cet effet, parler du sous-secteur de
production des fruits et légumes, du sous-secteur pêche, du
sous-secteur élevage (gros et petits ruminants, aviculture, etc.), de la
production rizicole pour ne citer que ceux-là. Dans chacun de ces
domaines et sous-domaines, se passent des transactions commerciales lesquelles,
a vue d'ceil, sont sans intérêt particulier, mais qui pourtant
rapportent des bénéfices non négligeables a
ceux qui s'y adonnent. Nombreux sont les fonctionnaires
nigériens et non de moindre qui, parallélement a leurs
activités professionnelles exercent dans ces domaines qui leur
rapportent en une saison souvent plus que leur salaire annuel. La plupart des
retraités au Niger vivent d'une reconversion dans les activités
agricoles a forte valeur économique.
Pourtant, ces activités échappent pratiquement a
la vigilance des services fiscaux du fait principalement d'un manque de
volonté politique pour faire entrer l'Etat dans ses droits. Du
Président de la République au Premier ministre en passant par les
ministres et autres cadres supérieurs et moyens de l'administration
nigérienne, nombreux sont ceux qui disposent d'un cheptel(gros et petits
ruminants), d'un verger, d'une ou plusieurs riziéres, etc. Cela apparait
systématiquement dans les déclarations des biens de ces
personnalités, du reste pour celles qui y sont assujetties par la loi. A
titre d'exemple, nous pouvons lire que dans la déclaration du
Président Tandja Mamadou en date du 4 février 2004, rendue
publique par la Cour Constitutionnelle qu'il dispose d'un champ d'une
superficie de 59 hectares avec un forage de 250 ms de profondeur ainsi que 421
têtes de bovins et 102 têtes d'ovins120. C'est un des
rares domaines oil ces personnalités font preuve de transparence
contrairement a l'état de leur compte bancaire et aux
propriétés immobiliéres.
Aujourd'hui au Niger, tout le monde peut s'acheter un verger,
sa riziére sans aucune déclaration préalable au service du
fisc en dehors de l'établissement d'un certificat de vente qui peut se
faire dans un commissaire ou au cabinet d'un notaire. La commercialisation des
produits agricoles ou d'élevage ne fait pratiquement que l'objet des
taxes de marché lors de la commercialisation des produits sur les
marchés intérieurs controlés par les communes. A ce niveau
également, les taxes perçues font l'objet de détournement
ou de négociation entre les vendeurs et les percepteurs. Ces derniers se
contentant parfois de percevoir a leur profit la moitié des sommes dues
justifiant ainsi le fait que « la chèvre ne mange que let oft
elle est attachée » selon un adage local. Le Niger est un pays
d'agriculture et d'élevage regorgeant d'énormes
potentialités, même si celles-ci ne sont que trés peu
exploitées et que les statistiques ne sont pas non plus à jour
pour rendre compte de la réalité.
Cependant, quelques chiffres fournis par l'Institut National
de Recherches Agronomiques du Niger(INRAN) ainsi que le Fonds des Nations Unies
pou l'Agriculture et Alimentation(FAO) font ressortir entre autres, que le
Niger compte en volaille environ 30 millions d'individus et qu'en
matiére de pêche, 11 millions de tonnes de poissons ont
été péchés et que seulement 20% ont
été destinés a l'autoconsommation, le reste étant
écoulé sur
120 Cour Constitutionnelle, (mars 2004),
Declarations des biens des membres du gouvernement, visualisé sur
www.tamtaminfo.com,.
les marchés intérieurs et extérieurs en
1999121. En outre, en ce qui concerne les bétails, le cheptel
nigérien est estimé aujourd'hui entre 11 et 12 millions de testes
avec une prédominance des petits ruminants122, malgré
le cumul des années de sécheresse. Ces chiffres indicatifs nous
permettent de saisir un tant soit peu que des possibilités de
prélévements fiscaux existent dans le domaine agricole, qui peut
d'ailleurs donner des résultats meilleurs si des actions de
modernisation sont entreprises. Ce domaine ne peut rester indéfiniment
exempte de taxation conséquente, car ne serait-il pas injuste que
seulement 20% de la population participent a l'effort national tandis que 80%
ne demandent qu'a jouir des bonnes graces des pouvoirs publics ?
Il ne s'agit pas pour nous de préconiser une
fiscalisation aveugle du secteur agricole sans tenir compte effectivement de sa
spécificité, mais de procéder par un ciblage au cas par
cas des différents sous-secteurs devant etre soumis a l'impot. A cet
égard, il faut souligner que certaines productions rentiéres
comme le coton font parfois l'objet de taxation en exportation en
matiére d'impOts sur les bénéfices commerciaux des
sociétés cotonniéres. A ce niveau les exonérations
de TVA en matiére d'intrants agricoles dont jouissent les
opérateurs ruraux profitent en grande partie a ceux qui exploitent les
domaines agricoles a des fins commerciales et non d'autoconsommation.
L'imposition dans le domaine de production agricole peut se faire de deux ou
trois maniéres qui ne sont pas exclusives. Il s'agit de l'imposition des
facteurs de production dont le foncier123, de l'application de la
TVA qui « selon sa finalite originelle frapperait les consommations
finales des produits alimentaires »124 et enfin de l'impOt
sur les bénéfices agricoles pour des unités de production
détenant une certaine comptabilité.
La fiscalisation du secteur agricole dans sa diversité
est une condition indispensable de modernisation de ce secteur, mais aussi de
mobilisation des ressources au niveau des collectivités territoriales
notamment dans ce contexte de décentralisation. Cet impot pourrait
contribuer a la formation ou au financement d'un fonds national destiné
a financer les
121 Yabilan Mamane(Ingénieur Agronome
MDA-Niger), « Analyse des comptes de disponibilités. Emplois dans
les bilans alimentaires : Exemple du Niger », Atelier sur le
renforcement des Statistiques de l'alimentation et de l'agriculture en Afrique
en appui aux politiques et programmes de securite alimentaire et de reduction
de la pauvrete, Pretoria, Afrique du Sud, du 22 - 26 novembre 2001,
visualisé en aoftt 2005 sur
www.fao.org.
122 Guengant J.-P. (coord.), Banoin M., «
Bilan de la production agropastorale et perspectives », Dynamique des
populations, disponibilites en terres et adaptation des regimes fonciers : le
Niger, une etude de cas, Faculté d'Agronomie de l'Université
Abdou Moumouni de Niamey, Direction de la Statistique et des Comptes
Nationaux(DS CN), Paris, CI CRED ; FAO, 2003, p. 95-120, visualisé le 20
aoftt 2005 sur
www.cicred.org.
123 Revue du Tiers Monde, Anthroplogie du
developpement, fiscalite, geographie industrielle, education...,
n°168, octobre-décembre 2001, t.XLII
124 Chambas Gérard, 2004, op.cit., 127.
communes les plus défavorisées en vue de
créer un certain équilibre entre ces entités. En outre, ce
fonds peut permettre d'appuyer dans une certaine mesure quelques innovations en
matiére de techniques agricoles ou de construire ou réhabiliter
certains aménagements utiles aux fins de réduire le cofit des
importations des produits alimentaires de base, notamment des
céréales. En effet, n'oublions pas que toutes les régions
ne présentent pas les mêmes potentialités agricoles donc ne
présentent pas les mêmes degrés de
vulnérabilité.
3. Strategies de port~e generale avec incidence sur la
fiscalite
3./ La lutte contre la pauvreté et l'exclusion
financière
De prime abord, nous serons tentés de dire que la
réussite d'une politique fiscale repose aussi sur les capacités
contributives des citoyens en plus de la pertinence ou de l'efficacité
du systeme fiscal mis en oeuvre. La pauvreté est endémique au
Niger, prés de 63% de la population vivent au-dessous du seuil de
pauvreté et 34% au-dessous d'un seuil d'extreme pauvreté. Cela se
traduit en numéraire pour le premier seuil a « 75.000 FCFA par
an et par tete d'habitant pour le milieu urbain et 50.000FCFA pour le milieu
rural ; le second seuil correspond a 50.000 FCFA pour le milieu urbain par
individu et 34.000 FCFA pour le milieu rural.
»/25 Avec un tel revenu, il apparait presque
évident que la précarité et le dénuement de la
grande masse sont des obstacles majeurs pour une meilleure mobilisation des
recettes fiscales. A cet égard, il est primordial que des initiatives
gouvernementales, privées ou associatives soient prises pour
réduire la pauvreté par des actions a caractére
économique et financier en vue d'insérer les populations
démunies dans le systeme financier oil ils demeurent encore exclus.
La logique qui sous-tend cette vision est que la
solvabilité du contribuable dépend de son revenu, or la
majorité de nos concitoyens ne dispose pas de ce revenu ni sous sa forme
salariale ni sous la forme rentiére découlant d'une
activité lucrative. Les paysans nigériens ne travaillent qu'au
rythme des saisons des pluies qui ne dépassent guére trois mois
et toute la récolte, au cas oil elle serait bonne est essentiellement
destinée a l'autoconsommation. Au Niger, « les exploitants sont
déficitaires en céréales de base comme le mil, le sorgho
et le niébé. Ils récoltaient en moyenne 193kg/habitant/an
(1997) ce qui est inférieur au minimum requis par la F.A.0 de
240kg/habitant/an. »126 Le minimum de surplus qu'il
pourrait y avoir
125 Patrick Gilliard, L'extreme pauvreté au
Niger. Mendier ou mourir ? Editions Karthala, Paris, 2005, p.25
126 Ibidem, p.211. Il s'agit des résultats
d'une enquete sur le budget et la consommation des ménages
réalisée en 1994 et qui sont encore d'actualité. Il faut
signaler qu'a l'époque qu'1 CHF équivalait a 400F CFA.
servira a participer aux obligations sociales (mariage,
baptême, décés, etc.) ou a satisfaire certains besoins
élémentaires d'hygiéne et vestimentaire.
La pauvreté est donc une donnée fondamentale
dont il faut en tenir compte non seulement dans les divers programmes de
développement, mais en particulier dans le cadre de la mobilisation des
recettes fiscales. L'aggravation de la pauvreté est essentiellement due
a la succession des mauvaises campagnes agricoles qui, non seulement
déstructurent le tissu économique et social, mais entrainent
aussi plus de ressources pour l'Etat en vue de financer les demandes sociales
de plus en plus croissantes. Le Niger bascule ainsi dans une dépendance
financiére vis-à-vis de l'extérieur a travers
l'endettement et les aides publiques au développement. C'est ainsi que
l'encours de la dette extérieure du Niger s'éléve a 1057,1
milliards de F CFA en 2003, représentant ainsi 71,4% du PIB avec un
service de la dette par rapport aux recettes totales hors dons de 10,1% en 2003
contre 50% en 2000, en raison de la mise en oeuvre du programme PPTE (Programme
pour les Pays Pauvres trés Endettés)127.
Le défi pour le Niger aujourd'hui est de lutter contre
la pauvreté, comme les objectifs définis dans la stratégie
nationale de lutte contre la pauvreté(SRP) l'explicitent clairement en
termes de mesures macro-économiques visant a stabiliser
l'économie par une gestion rigoureuse des dépenses publiques, le
développement du secteur privé par la libéralisation
économique. En outre, il s'agit de combattre la pauvreté par une
augmentation de la productivité agricole, notamment par la
diversification des cultures, sa mécanisation, la préservation et
ou la restauration de l'écosysteme, en vue non seulement de
générer plus de ressources aux agriculteurs, mais aussi d'assurer
la sécurité alimentaire. Toutefois, la lutte contre la
pauvreté ne saurait réussir si elle ne met pas un fort accent sur
l'amélioration des revenus des ménages, qui de notre point de vue
est la condition principale de toute relance économique. Or, tout laisse
a croire que l'initiative PPTE qui vise la relance économique fonde ses
actions sur un rétablissement(s'ils avaient déjà
existé) des équilibres macroéconomiques en termes
principalement o d'équilibre budgétaire, assainissement des
finances publiques, maitrise de l'inflation, contrôle de la masse
monétaire, amélioration de la balance commerciale,
réduction des déséquilibres au niveau de la balance des
paiements etc. »128
127Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine, (2004, septembre), Comité de convergence. Rapport aux
ministres, visualisé sur
www.iCf.net/indicateurs.
128 Abdou Salam Fall(Institut Fondamental d'Afrique
Noire-IFAN) et Omar Saip Sy(Economiste Universié de Rennes 1 - France),
o Les économies domestiques Ouest-ilfricaines dans un contexte de
mondialisation h, Chaire de recherche du Canada en développement
des collectivités ( CRD C), Série Comparaison internationales
Nord-Sud et Sud-Sud No. 2, ISBN : 2-89251-152-6, 2003,
www.uqo.ca/ries2001/conference/
Dossier%20pdf/domestique.pdf. P.12
Au regard de ces objectifs, somme toute a fort caractere
néo-libéral, il y a peu de chance que les revenus des
ménages s'améliorent afin d'espérer relancer
l'économie et accroitre ainsi la capacité contributive de la plus
grande masse. Dans ces conditions, la solution ou du moins une des solutions
devait plutOt consister a mettre un peu plus l'accent sur un appui plus
ciblé aux initiatives individuelles et collectives des plus
démunies dans une logique d'économie solidaire. En effet, nous
partageons cette conviction que l'économie solidaire « en tant
que pratique et nouvelle façon de vivre et de penser est une
réponse globale et donc stratégique qui trace une perspective
articulée de transformation sociale et de façonnement d'un projet
de société alternatif. »129
Les perspectives que peut offrir l'économie solidaire
en terme de mobilisation des ressources au niveau interne, c'est d'abord «
une mobilisation intelligente de l'épargne nationale doublée
d'une politique d'accés au crédit et une impulsion
d'activités créatrices de richesses ciblant les
ménages. »130 Il s'agira ici pour le gouvernement,
les institutions financieres locales et autres acteurs privés de mettre
en oeuvre ou de soutenir des actions facilitant l'acces des couches
défavorisées aux ressources financieres a travers, entre autres,
le crédit. C'est le lieu ici de souligner l'initiative de l'UEMOA de
créer une Banque Régionale de Solidarité dont l'objectif
principal est d'accompagner les initiatives des jeunes par un acces plus facile
au crédit en vue de leur insertion socio-économique.
L'organisation sous-régionale se rend ainsi a l'évidence que la
lutte contre la pauvreté et le chomage passe nécessairement par
des actions fortes contre l'exclusion financiere.
L'exclusion financiere qui peut se comprendre comme le fait
pour une personne de subir « un degré de handicap tel qu'elle
ne peut plus normalement vivre dans la société qui est la sienne
en raison des difficultés qu'elle rencontre a accéder a l'usage
de certains moyens de paiement ou réglements, a certaines formes de pret
ou de financement, a préserver son épargne ou a s'assurer contre
le risque de l'existence »131, est sans nul doute l'axe
prioritaire pour toute action de lutte contre la pauvreté. Cependant,
faudrait-il le souligner, l'exclusion financiere qui ne se manifeste pas
forcément de la même maniere d'une société a
l'autre, se caractérise dans des pays comme le Niger surtout par un
acces tres limité a des services financiers de base en termes
d'épargne et d'emprunt principalement.
129 Abdou Salam Fall(Institut Fondamental d'Afrique
Noire-IFAN) et Omar Saip Sy(Economiste Université de Rennes 1 - France),
op.cit, p.16
130 Ibidem, p.17
131 Jean-Michel SERVET (dir.) Exclusion et liens
financiers. Rapport 2002, cité in : Exclusion sociale et exclusion
bancaire : L'exemple du quartier Malakoff a Nantes, Lyon, 1 -- 3 septembre
2003, visualisé sur
http://asrdlf2003.entpe.fr/pdfpapiers/C4/181.pdf.
La lutte contre la pauvreté et l'exclusion
financiére dans le contexte nigérien, au regard du degré
endémique de la misére et de la précarité qui
frappe la majorité de la population est une condition sine qua non pour
une meilleure mobilisation des ressources au niveau interne. Néanmoins,
pour y parvenir nous mettons de réserve sur la revendication d'un
quelconque revenu minimum universel qui serait (( un droit social et de
citoyenneté, garanti a tous les individus, de la naissance jusqu' ci la
mort, indépendamment de son insertion au sein du processus
économique.»132 Toutefois, nous adhérons a
l'idée de l'adoption d'un budget participatif permettant « de
partager l'autorité ayant trait a l'allocation de ressources publiques
et socialiser les décisions relatives au budget public, avec des effets
positifs sur les niveaux d'efficacité et de productivité des
dépenses sociales. »133
Il y a manifestement une importante corrélation entre
le niveau de revenus des citoyens et leur capacité contributive et leur
consentement a l'impOt pourrait plus difficile lorsque des signes
évidents d'inégalité apparaissent dans la structure
sociale. Autrement dit, « des inégalités excessives
tendent probablement a saper l'acceptation de l'implit par les populations qui
considerent la répartition des revenus comme injuste.
»134 Il est donc plus que nécessaire pour les pouvoirs
publics de développement et mettre en oeuvre des programmes de lutte
contre la pauvreté ainsi que de réduction des
inégalités de revenus.
3.2 Ren forcement des canacités de l'administration
fiscale
L'administration publique en général et fiscale
en particulier, est confrontée a un déficit en ressources
humaines et matérielles dans l'accomplissement de sa mission. En effet,
en 2002, pour un besoin en ressources humaines de mille cent cinquante (1150)
agents pour la Direction Générale des Impots, celle-ci n'en
comptait que cinq cent douze(512), soit 45% des besoins135. Pour
pallier cette insuffisance en personnel, l'administration fiscale fait recours
a l'appui des bénévoles, des appelés du service civique
national, aux agents de collectivités et aux agents de force de l'ordre.
Cependant, le cas de certaines catégories de ce personnel d'appui n'est
pas sans conséquence sur le bon fonctionnement des services, car au-dela
de la question de compétence, il se pose aussi un probléme
d'éthique, comme l'ont dénoncé le personnel titulaire,
notamment dans la procédure du recouvrement.
132 Ceci Vieira Jurua(Coord.), op.cit,
p.9.
133 Ibidem, p.10
134 Chambas, G., (2004), op.cit., p.22
135 Dan Badaou née Fassouma Ali, Oumarou
née Zeinabou Hassane & Boubacar Abdoulaye, Les stratégies
d'amélioration des recettes a la DGI de 1998 a 2002, op.cit.
p.44
Graphique 3 : E ffectif du personnel de la DGI
au niveau central et dans les directions regionales par grades en
2002
100%
40%
80%
60%
20%
0%
Cadres A1,A2,A3 Cadres B1,B2 Auxilliaires Catégories C1,
Categories D1,D2
L'observation de ce graphique nous indique clairement une
administration a pyramide renversée avec une prédominance des
cadres supérieurs par rapport aux cadres moyens et agents
d'exécution. En outre, il se manifeste une concentration d'agents au
niveau de l'administration centrale et de la direction régionale de la
Communauté Urbaine de Niamey, donc une répartition
inéquitable dans l'espace. Mais, la véritable difficulté
ne vient pas nécessairement de l'effectif ni de sa répartition,
mais de la compétence des agents et des méthodes de travail. Il
se pose alors un besoin en renforcement de capacités des agents a tous
les niveaux et a quoi, l'Etat du Niger s'atéle avec le concours du FMI,
en particulier.
Ainsi, depuis 1998, dans le cadre de l'assistance technique au
Niger et convaincu de « l'incidence des faiblesses des institutions et
des capacités sur les perspectives macroéconomiques et la
réduction de la pauvreté au Niger », le FMI a fait de
l'assistance technique a l'administration des impOts un de ses axes
prioritaires d'intervention. De 1999 a 2003, le FMI a consacré
prés de 50% de son assistance technique a l'administration des impots en
vue d'améliorer les recettes fiscales. A la demande des autorités
nigériennes, le FMI a mis a la disposition du Niger un
expert-résident en 2001 afin « d'aider la direction des impots
a améliorer le rendement des impots et l'imposition des PME et a
renforcer le suivi des contribuables, les contreiles fiscaux et le recouvrement
des impots ainsi que la gestion des exonérations.
»136 Les objectifs ainsi déclinés de cette
assistance témoignent, si besoin en est, des faiblesses de
capacités des services des impots dans l'accomplissement de leur
mission.
En évaluant les recettes fiscales enregistrées
pendant la durée du contrat de l'expert de 2000 a 2003, le FMI impute en
partie leur augmentation de 48% en valeur nominale et de 1,6
points du PI13 a cette assistance technique. Le rapport
indique, comme pour corroborer cette hypothése que «plus
récemment, et a la suite du depart de l'expert en recettes fiscales,
l'amelioration des résultats des recettes du Niger a perdu un peu de son
élan. »137 Au regard de ce constat, il apparait que
toute assistance technique qui n'intégre pas dans son schéma un
réel transfert de connaissance, est forcément vouée a
l'échec, surtout lorsque « la cooperation, pressée de
montrer des résultats visibles, s'est [...] substituée
aux acteurs locaux »138. Il apparait alors qu'aucune
assistance technique ne peut remplacer un bon plan de formation des agents
appelés a servir l'Etat au quotidien dans ses efforts de mobilisation
des ressources. L'assistance technique doit en principe favoriser l'autonomie a
moyen et long terme de l'Etat demandeur et non de créer une autre
dépendance comme l'atteste la demande des autorités
nigériennes de la mise a leur disposition d'un autre expert.
En outre, en plus de la formation des compétences et
des programmes de perfectionnement des cadres, la bonne et saine gestion des
carriéres des agents en termes de « profil-poste » reste une
condition sine qua non de la réussite de toute politique de renforcement
des capacités. Pourtant, la politisation de l'administration et une
mauvaise gestion des ressources humaines disponibles sont des facteurs limitant
pour un meilleur rendement de toute administration, malgré les efforts
de formation et de perfectionnement qui peuvent <tre déployés.
Par ailleurs, au-dela de tout programme de renforcement des capacités,
la volonté politique de mettre en oeuvre des réformes
conséquentes avec des objectifs clairement définis et compris de
tous, est un facteur supplémentaire voire déterminant dans la
performance de toute administration.
La position centrale et stratégique de l'administration
fiscale dans un pays pauvre comme le Niger qui a besoin de mobiliser toutes les
ressources disponibles et imaginables doit amener les autorités a
initier et mettre en oeuvre une bonne politique de renforcement des
capacités de cette institution. Le renforcement des capacités ne
peut pas se limiter aux seules ressources humaines, il doit consister
également en une dotation de ces services en équipement et moyens
conséquents de travail. Dans ce contexte de développement des
nouvelles technologies de communication, l'informatisation des services fiscaux
et leur mise en réseau constitue un pas important en avant et une
impérieuse nécessité. Mais pour <tre efficace, il ne
doit pas s'agir d'une informatisation des mesures obsolétes, mais celles
de
137 Ibidem, p.11
138 Daniel FINO, (1996), « De l'aide
internationale au renforcement des capacités nationales »,
Impasses et promesses. L'ambigulte de la cooperation au developpement,
Nouveaux Cahiers de l'IUED, N° 4, Paris, PUF ; IUED Geneve, p.16
nouvelles procédures, simplifiées et
appropriées pour une meilleure gestion des contribuables, car
l'expérience aurait montré o que tout développement
d'un systeme informatisé doit etre fondé sur une refonte de
l'organisation de l'administration et des procédures fiscales.
»139
A cet égard, il s'agira d'axer les efforts
d'amélioration des procédures sur les aspects liés
essentiellement a « l'immatriculation des contribuables [..1,
la mise en place d'un numéro d'identification fiscal unique,
l'amélioration des dispositifs de recensement, et la création
d'un fichier central des contribuables régulierement tenu a jour
»140, pour ne citer que ceux-là. Toutes ces mesures
doivent etre précédées ou suivies d'une meilleure
information des contribuables pour mieux connaitre et comprendre les
mécanismes d'imposition ainsi que les procédures de recouvrement
et du contentieux. En effet, l'adhésion du contribuable au systeme
fiscal mis en oeuvre est une des clés de réussite de toutes les
actions visant a améliorer l'administration fiscale. Aussi,
l'amélioration des recettes fiscales selon les conclusions d'une mission
du FMI au Niger en fin septembre 2003, repose également sur, entre
autres, o l'engagement ferme des autorités de promouvoir la
transparence et la bonne gouvernance. »141
Il apparait essentiel que les gouvernants subsument la gestion
de la chose publique sous le signe de la transparence et surtout d'un devoir de
rendre compte aux populations de la maniere dont les affaires de l'Etat son
gérées. L'opacité dans la gestion des biens publics est
une des causes du faible engagement des populations a répondre
promptement a l'appel des gouvernants, notamment en ce qui concerne
l'amélioration des finances publiques par la mobilisation de
l'impôt, en particulier. Il est donc important que les gouvernants
s'attelent a instaurer ou restaurer la confiance avec les citoyens en vue de
promouvoir un développement participatif et harmonieux au nom de
l'intérêt général. A cet égard, o toutes
les mesures prises dans le cadre de la bonne gouvernance doivent tendre a
réconcilier les populations avec les valeurs cardinales que sont le
travail, l'honneteté et l'intégrité. Par ailleurs,
l'administration doit asseoir une bonne culture de service public faite de
probité, de sérieux dans le travail et du sens de l'Etat.
»142
139Olivier Benon(consultant, basé au siege
du département des finances publiques du FMI) & Jean-Paul Bodin(chef
adjoint de la division de l'administration fiscale de ce meme
département), Améliorer l'efficacité du systeme fiscal
-- Cas des pays d'Afrique francophone, janvier 2002, p.29
140 Ibidem, p.29
141 Rapport de mission FMI au Niger, op.cit, p.12
142Daniel Kablan Duncan(ex Premier ministre de
Cote-d'ivoire) In, Renforcement des capacités, gouvernance et
réformes économiques en Afrique, Rapport du séminaire
organisé par l'Institut Multilatéral d'Afrique du 2 au 3 novembre
1999 a Abidjan(Cote-d'ivoire), Ed. Michel A. Dessart & Roland. E.Ubogu sous
l'égide du FMI, de la Banque Africaine de Développement(BAD) et
de la Banque Mondiale(BM), 2001, p.29
3.3 Cohérence des politiques économiques et
fiscales
La définition d'une bonne politique fiscale et la mise
en oeuvre d'un systeme efficace d'imposition et de recouvrement des taxes et
impots, suppose sans nul doute une bonne clarification des orientations
économiques. Dans le cas du Niger, au regard des différents
indicateurs économiques et financiers, il se révéle que la
politique budgétaire et la réalité économique sont
largement éloignées l'une de l'autre. Ce constat peut etre
illustré par le paralléle qui s'établit trés
souvent entre par exemple, le taux de pression fiscale et le Pll3 nominal du
pays. Autrement dit, le montage budgétaire tel qu'il est
effectué, ne repose sur pratiquement aucune base objective de la
conjoncture économique et partant sur aucune tendance pertinente de
l'évolution de l'économie nationale en terme, entre autres, de
croissance économique.
La cohérence des politiques économique et
financiére devait se traduire non seulement par l'adoption d'un arsenal
de textes législatifs et réglementaires devant permettre un
meilleur développement des activités productives et commerciales,
mais aussi un dispositif permettant aux pouvoirs publics d'en tirer le meilleur
profit. Cependant, est-il cohérent pour un pays souffrant des graves
déficits budgétaires d'accorder des exonérations d'impots
sur des périodes relativement longues(3 ans-5ans) a des entreprises et
sociétés s'installant ? En effet, le code des investissements,
qui se veut un instrument stimulateur en matiére d'investissements,
accorde des exonérations d'impots a des initiatives privées,
censées par ailleurs prendre un certain risque. L'Etat du Niger s'est
ainsi engagé a rendre attrayant l'espace économique national en
accordant des facilités aux investisseurs potentiels et autres
opérateurs économiques, car il lui est reproché,
malgré le fait d'offrir le plus bas salaire de la sous-région, de
ne pas o réussir a susciter les investissements en raison de sa
fiscalité trop élevée sur le revenu et les
sociétés. >>143
143 Club du Sahel(Organisation de Coopération
et de Développement Economiques), Intégration
régionale en Afrique de l'Ouest : Options et risques,
SAH/GMAP(2000)13. Document a usage officiel préparé pour la
réunion du Groupe Ministériel d'Animation et de Proposition qui
s'est tenue a Paris du 2 au 3 octobre 2000, p.5
Conditions et avantages liés a l'investissement au
Niger/44
« A » - toute entreprise exercant une activite
dans un des secteurs couverts par le Code ;
- s'engager a creer une activite nouvelle, ou a restructurer ou
a moderniser une activite, ou a accroitre la valeur des actifs immobilises.
« B » Conditions du regime « A » plus :
- Petites entreprises: investissement d'au moins 50 millions de
francs CFA et creation d'au moins 5 emplois pour les Nigeriens ;
- Moyennes entreprises : : investissement d'au moins 250
millions de francs CFA et creation d'au moins 10 emplois pour les Nigeriens
- Grandes entreprises : investissement d'au moins 1 milliard de
francs CFA ou creation d'au moins 150 emplois pour les Nigeriens.
« C » - Grandes entreprises : investissement d'au
moins 2 milliards de francs CFA ou creation d'au moins
400 emplois pour les nigeriens ;
- Accorde par convention conclue au gre le gre.
- Periode d'installation : Exoneration des droits et taxes
per~us par l'Etat (droits et taxes d'entree, TVA, mais pas la taxe statistique)
sur services, materiaux, outillages et equipements de production, sauf en cas
de disponibilite au Niger, en quel cas l'exoneration a l'importation n n'est
pas disponible;
- Periode d'exploitation : Exoneration de l'imp,t sur les
benefices industriels et commerciaux (BI C), de l'imp8t minimum fiscal (IMF),
patente et contribution fonciere.
- Periode d'installation : Exoneration des droits et taxes
per~us a l'entree sur les materiels et materiaux (sauf la TS sur materiaux,
outillages et equipements de production) qui ne sont pas disponibles au
Niger;
- Periode d'exploitation : Exoneration de l'imp,t sur les
BIC, patente, taxe sur valeur locative, IMF, contribution fonciere, droits et
taxes per~us par l'Etat sauf TS et TVA sur matieres premieres disponibles
localement.
Avantages du regime "B" plus :
- reduction de 50% des droits et taxes sur les carburants et
autres sources d'energie.
Régime Conditions Avantages
Note : 1. La duree des avantages afferents aux differents regimes
est bonifiee de trois ans pour les entreprises qui s'implantent dans les
departements d'Agadez, de Diffa, de Tahoua ou de Zinder.
2. Les petites entreprises effectuent un investissement de 25 a
100 millions de francs CFA, les moyennes entreprises de plus de 100 millions a
500 millions, et les grandes entreprises de plus de 500 millions.
3. Les avantages afferents aux differents regimes sont bonifies
d'une exoneration totale de la TVA sur
les affaires realisees pendant la duree du regime, y compris
l'acquisition de biens et de services, en cas d'activite dans les secteurs du
transport aerien ou de la construction d'hotels.
C'est donc pour remedier a cette lacune, si elle en est une,
et minimiser les risques pour les operateurs economiques que le Niger a
l'instar des autres pays de la sous-region, adopta « de
reglementations fiscales et douanieres favorables »145, a
leur egard. Pourtant, celui qui court le plus de risque, c'est bien l'Etat qui
pourrait perdre des ressources auxquelles il a legitimement droit du fait de la
mauvaise foi de certains investisseurs qui pourraient
144 Organisation Mondiale du Commerce, Examen des
politiques Commerciales - Niger/ Rapport du Secretariat,
www.wto.org/french/tratop_f/tpr_f/s118-3_f.doc.,
30 juin 2003, p.47
145 Bernard CONTAMIN et Yves-Andre FAUR,
(1992), Des economies et des Etats en Afrique francophone : pour comprendre
l'interventionnisme, Cah. Sci. Hum. 28 (2) 1992 : 3632U, p.315, (22
pages), visualise sur
www.bondy.ird.fr/pleins_textes/
pleins_textes_4/sci_hum/35893.pdf.
falsifier leur bilan économique au terme de la
période de grace fiscale pour se déclarer en faillite
aprés avoir engrangé d'importants bénéfices. Par
ailleurs, la liste assez longue des exonérations de la TVA pour certains
agents économiques en matiére d'importation, d'exportation et
réexportation ou de prestations de services ne semble pas, a notre avis,
assez réaliste pour un pays en quête de ressources. Ainsi,
pouvons-nous observer que le régime fiscal et douanier de la
République du Niger exonére de la TVA, entre autres, les
transports aériens a destination ou en provenance de l'étranger,
les commissions de gestion de portefeuille per9ues par les agents
généraux d'assurances agrées par le Ministére
chargé des finances, les honoraires per9us par les membres de
professions médicales, paramédicales et par les
vétérinaires, les ventes et reventes a l'intérieur des
minerais d'uranium et substance connexe et dérivée, etc..
Les exonérations constituent un des reproches que la
commission de l'U.E.M.O.A fait au Niger. Dans cette perspective, le Niger s'est
engagé dans son programme 2002-2004 de maitriser et de réduire
les exonérations relatives aux marchés publics sur financement
extérieur146. Mais, cette mesure ne suffira pas, car le Niger
comme beaucoup d'autres pays doivent également étendre la TVA sur
certains produits alimentaires comme le riz. Au-dela des recettes fiscales
attendues de cet élargissement de la TVA, il s'agit aussi de
protéger et de promouvoir la production céréaliére
nationale qui subit les contre-coups de la concurrence de certaines
denrées importées, comme le riz. Il s'est avéré
que « les exonérations de TVA relatives aux produits agricoles
ont des effets nefastes sur les agriculteurs et sont contraires aux objectifs
de strategies de lutte contre la pauvreté »147. En
d'autres termes, les équations a résoudre seraient de faire en
sorte que l'Etat exploite toutes les possibilités pour mobiliser plus de
ressources sans pour autant décourager les initiatives privées,
mais aussi de réduire les dépenses publiques tout en
préservant certains acquis sociaux, notamment les subventions et autres
facilités accordées au secteur agricole.
En somme, l'Etat doit s'engager dans des réformes
économiques et financiéres avec des objectifs clairement
définis en moyen et long terme, en essayant d'harmoniser au mieux les
objectifs des différents programmes qu'il initie lui-même ou sous
l'égide d'institutions financiéres internationales ou des
organismes des nations-unies. A cet égard, il y a lieu de définir
des orientations claires au programme de lutte contre la pauvreté, au
programme d'actions pour les objectifs du millénaire, et d'autres comme
ceux du NEPAD. Il appartient a
146 République du Niger/MF/E/ CNPE,
(2002-2004), Programme pluriannuel de Convergence, de Stabilite, de
Croissance et de Solidarite, p.12, (20 pages), visualisé sur
www.izf.net.
147 CHAMBAS, G., (2004), op.cit., p.99.
l'Etat de tracer la route du développement
économique aux différents acteurs internes, externes ou issus de
l'immigration en leur laissant le soin de les I*tir par leurs initiatives
propres.
Conclusion
Au terme de ce travail nous nous devons de nous rendre a
l'évidence que les défis auxquels le Niger fait face dans le
cadre de la mobilisation des ressources financiéres internes pour
financer son développement sont importants. Pour y arriver, les
équations a résoudre sont de plus en plus complexes, car il
s'agit principalement de mener des actions hardies de lutte contre la
pauvreté en faveur des populations considérées comme les
plus pauvres de la planéte avec des ressources censées pourtant
provenir de ces derniéres. Présentée comme telle,
l'équation semble a priori difficile voire impossible a résoudre.
Cependant, telle n'est ni notre point de vue, ni notre conviction, car
lorsqu'on sait qui on est, d'oil l'on vient et oil on veut aller, il y a peu de
chance de se tromper sur le chemin a suivre. Autrement dit, le Niger, conscient
de sa situation en termes de forces et faiblesses, d'opportunités et de
risques qu'elle présente, peut valablement en se posant les bonnes
questions trouver les bonnes solutions. Le préalable dans le cas de
figure qui nous intéresse ici est de se convaincre qu'une nation ne se
construit pas en se reposant prioritairement et en permanence sur les aides
extérieures qui ne sont nullement une panacée et dont les effets
pervers dans le temps sont préjudiciables au développement tant
espéré.
Le Niger est certes un pays pauvre au regard des
critéres énoncés par le systeme des Nations-Unies dans le
classement des pays en matiére d'indice du développement humain,
mais cela ne veut nullement dire qu'il est condamné inexorablement a se
maintenir dans cette position. 1l peut et doit surmonter ses difficultés
actuelles qui reposent essentiellement sur les ressources devant concourir a
financer son développement et en la matiére, il ne peut d'abord
et avant tout que compter sur les sacrifices que ses filles et fils sont a
mesure de consentir en fonction de leurs capacités contributives. C'est
dire que l'impôt, puisque c'est de cela qu'il s'agit, doit
nécessairement <tre la premiere source financiére de l'Etat et
tout doit <tre mis en oeuvre pour maximiser sa collecte au niveau tant
national que local. En passant en revue les mesures fiscales que le Niger a
bien voulu appliquer, il apparait que des efforts ont été
consentis pour amener les citoyens a s'acquitter de leur obligation fiscale.
Cependant, ces efforts restent encore modestes par rapport au taux de pression
fiscale qui demeure toujours bas en comparaison de la moyenne régionale
avec un écart d'environ six points. Certes, il n'est pas question
d'égaler telle ou telle autre performance fiscale a tout prix, mais il
s'agit avant tout de mobiliser autant de ressources que nécessaire pour
faire face aux multiples charges de l'Etat en ayant de moins en moins le regard
tourné vers l'extérieur.
Comparativement aux autres pays membres de l'UEMOA, le Niger
reste l'un des pays les plus fortement agricoles au regard non seulement du
poids du secteur primaire dans la
formation du PIB et du pourcentage de la population active
qu'il emploie. Cette situation explique en partie le faible taux de croissance
du PIB, tout comme le montant de celui-ci par tete d'habitant. L'importance du
secteur primaire dans la structure économique du pays et sa faible
performance en termes de rentabilité du fait de la prédominance
des cultures vivriéres destinées a l'autoconsommation est non
seulement un facteur limitant pour la croissance économique, mais aussi
pour la part contributive des populations a l'effort national. Le niveau du
taux de pression fiscale est révélateur de cet état de
fait, car même si les défaillances du systeme fiscal n'y sont pas
étrangéres, il n'en demeure pas moins que le faible revenu des
populations a prédominance rurale constitue aussi une variable
explicative.
Tableau : Indicateurs socio-économiques
comparati fs des pays membres de l'UEMOA
|
Bénin
|
Burkina faso
|
Ciite-d'ivoire
|
Mali
|
Niger
|
Togo
|
Sénégal
|
2003
|
2004
|
2003
|
2004
|
2003
|
2004
|
2003
|
2004
|
2003
|
2004
|
2003
|
2004
|
2003
|
2004
|
Taux de croissance réel du PIB
|
3,9%
|
3,5%
|
8,0%
|
4,8%
|
-1,7%
|
0,7%
|
7,1%
|
0,4%
|
3,0%
|
3,5%
|
4,5%
|
2,9%
|
6,5%
|
6,0%
|
APD/tete (versements nets)
|
x
|
USD 43,7
|
x
|
USD 37,3
|
USD 65,3
|
x
|
x
|
USD 45,3
|
USD 25,9
|
x
|
USD 10,6
|
USD 9,2
|
x
|
USD 44,7
|
Taux de pression fiscale
|
14,9%
|
14,1%
|
10,9%
|
12,3%
|
14,6%
|
15,5%
|
14,5%
|
15,3%
|
10,7%
|
11,3%
|
15,8%
|
14,8%
|
18,2%
|
18,4%
|
Part du secteur primaire dans le PIB
|
x
|
36 %
|
x
|
32 %
|
29 %
|
x
|
41,4 %
|
x
|
42 %
|
x
|
x
|
45 %
|
16,5 %
|
x
|
Poids du secteur primaire dans
l'emploi
|
54 %
|
54 %
|
x
|
84 %
|
49 %
|
x
|
79,8 %
|
x
|
85,9 %
|
x
|
67 %
|
x
|
77 %
|
77 %
|
PIB par hbt
|
x
|
USD 479,0
|
x
|
USD 376,6
|
USD 857,1
|
x
|
USD 330
|
x
|
USD 213,9
|
USD
196,1
|
x
|
USD 334,5
|
USD 635,7
|
USD
654,5
|
Source : Rapports annuels de
la zone franc 2003 et 2004 établis par la Banque de France et la
BCEAO
Au regard de ses indicateurs macro-économiques, le
Niger se devait de renforcer ses actions de lutte contre la pauvreté
pour impulser une dynamique nouvelle aux activités économiques
dans leur diversité. Les performances économiques actuelles ne
sont pas a même de favoriser en moyen et long terme l'atteinte des
objectifs du millénaire du point de vue des ressources mobilisables au
niveau national. En effet, avec un PIB par tete d'habitant
des plus bas de la région Ouest-africaine et une
économie fortement tributaire du secteur primaire et oil l'essentiel des
emplois salariés est pourvu par l'Etat et ses démembrements, il
serait difficile de s'attendre a des ressources importantes pour le
trésor public. Des lors que les revenus des populations sont
limités, il est illusoire de s'attendre a ce que leur part contributive
aux ressources dues a l'Etat soit conséquente. Aussi, si le systeme
fiscal en vigueur, du fait des lacunes qui le caractérisent, n'arrive
pas a mobiliser cette part si modeste soit-elle dans sa totalité, il est
également illusoire de s'attendre a une intervention efficace de la
puissance publique dans le processus de développement économique
et social.
L'accroissement des ressources fiscales pour financer les
politiques publiques est fortement lié a une politique économique
dont les enjeux sont clairement définis et compris de tous les acteurs.
En d'autres termes, l'Etat doit renforcer son role d'encadrement,
d'accompagnement et d'encouragement a l'entreprenariat privé et a la
modernisation des pratiques économiques et commerciales a même de
renforcer la visibilité de l'économie nationale. Les
informalités économiques sont a tout point de vue néfastes
au développement économique du pays, car l'opacité
qu'elles créent et entretiennent n'est ni source de confiance entre les
acteurs économiques eux-mêmes d'une part et d'autre part entre ces
derniers et l'Etat. La forte informalisation des activités
économiques au Niger pose un sérieux probleme en matiere des
statistiques indispensables pour le suivi des indicateurs économiques en
vue d'apporter les ajustements et réaménagements
nécessaires pour améliorer le systeme. A titre d'exemple, le
Niger considéré comme un pays d'élevage est incapable de
fournir des statistiques fiables non seulement sur l'importance
numérique du cheptel national ni sur le nombre de tête de bovins
ou d'ovins exportés chaque année vers le Nigeria.
La clé de réussite réside sans nul doute
dans des réformes économiques, financieres et institutionnelles
devant garantir un meilleur essor des activités économiques et
commerciales, une meilleure gestion des ressources de l'Etat et une
réelle appropriation par les citoyens de l'Etat et de ses
démembrements dans une logique de développement participatif. Le
malaise est général, le manque de confiance des gouvernés
a l'égard des gouvernants est pesant et l'espoir semble
s'éloigner de jour en jour. Dans ces conditions, l'appropriation de
l'Etat par les citoyens voire l'amour de ce que nous pourrions appeler «
patrie » et qui sont les préalables indispensables a la formation
d'une citoyenneté responsable et consciente d'ellemême, sont loin
d'être une réalité. Pourtant, ni l'Etat, ni les citoyens ne
peuvent remplir leurs obligations mutuelles sans une reconnaissance de part et
d'autre. Pour y remédier, l'alternative serait comme le proposait J.P.
Olivier de Sardan, d'inventer « de nouvelles formes de gouvernance ((
par en bas h (au niveau des services élémentaires de l'Etat) et
a
construire peu a peu de nouvelles cultures citoyennes (a
l'interface entre administrations et usagers). »148
En somme, pour parvenir a éradiquer la pauvreté
au tout au moins la réduire avant de parler de développement pour
le Niger, nous sommes tenté de reprendre a notre compte, quelques-uns
unes des recommandations tirées du bilan économique du Niger de
l'UEMOA datant de mars 2002. Il s'agit en substance d'améliorer la
mobilisation des ressources internes par l'élévation des taux de
recouvrement et de la pression fiscale, de soutenir les programmes de
micro-crédits a l'attention de la paysannerie pauvre, d'appuyer la
politique de promotion du secteur privé, de créer un cadre
attractif a l'investissement privé pour attirer les capitaux
extérieurs, d'accroitre les investissements productifs pour
améliorer la structure du PII3 et renverser la tendance a
l'informalisation de l'économie, d'améliorer les capacités
institutionnelles, humaines et techniques de gestion de l'économie,
etc.. En tout état de cause, ces mesures ne valent que ce que voudront
bien les gouvernants et gouvernés pour le bien de leur pays et
également de la bonne volonté des divers partenaires a
accompagner le Niger dans la voie qu'il se saurait tracer pour sortir de la
pauvreté et garantir un meilleur avenir a ses fils et filles.
Table des matières
Sommaire.................................................................................................................................
2
Remerciements........................................................................................................................
3
Acronymes...............................................................................................................................
4
Résumé....................................................................................................................................
5
Introduction.............................................................................................................................
8 CHAPITRE PREMIER : Considérations théoriques sur la
fiscalité 13
1. Role de la fiscalité dans la construction de
l'Etat-Nation ............... 13
1.1 Imp,t et citoyenneté 13
1.2 Imp,t et démocratie 16
2. Place de la fiscalité dans l'économie nationale
............................... 19
2.1 Fiscalité et évolution économique
19
2.2 Fiscalité et croissance économique 23
3. Problématique de la fiscalité en Afrique
25
3.1 Principales caractéristiques de la fiscalité en
Afrique de l'Ouest 25
3.2 Défis des systemes fiscaux africains face aux
informalités économiques 28
CHAPITRE DEUXIEME : Histoire comparée de la
fiscalité en France et au Niger 31
1. Evolution de la fiscalité en France depuis la
Révolution de 1789 31
1.1 Caractéristiques de la fiscalité francaise au
lendemain de la Constituante 31
1.2 Systeme fiscal francais au XXe siecle et la difficile
réforme 34
2. Conditions socio-économiques et politiques de
l'émergence de la fiscalité au Niger
depuis la période pré-coloniale 38
2.1 Contexte socioéconomique de l'espace nigérien
avant la pénétration coloniale 38
2.2 Politique économique et budgétaire du Niger
sous tutelle française 42
2.3 Gouvernance politique, économique et fiscale du Niger
de l'indépendance a nos jours 44
CHAPITRE TROISIEME : Les contraintes du systeme fiscal actuel du
Niger 53
1. Etat des lieux de la situation économique et
financiere du Niger 53
1.1 Principaux indicateurs économiques et sociaux 53
1.2. Principales caractéristiques de l'économie
nationale 55
2. Types de contraintes et leurs incidences sur le systeme
fiscal ........ 57
2.1 Contraintes politiques et sociales 57
2.2 Contraintes économiques liées aux
informalités 58
CHAPITRE QUATRIEME : Mesures fiscales et stratégies
d'amélioration des recettes 62
1. Principales mesures mises en oeuvre et leurs impacts
..................... 62
1.1 Imp,t forfaitaire sur les bénéfices
commerciaux et industriels 62
1.2 Patente synthétique 64
1.3 Mesure d'identification du contribuable 65
2. Renforcement ou création de certains types d'impots
67
2.1 Elargissement et renforcement de la TVA 67
2.2 Fiscalité fonciére 68
2.3 Fiscalisation du secteur agricole 70
3. Stratégies de portée générale
avec incidence sur la fiscalité 73
3.1 La lutte contre la pauvreté et l'exclusion
financiére 73
3.2 Renforcement des capacités de l'administration fiscale
76
3.3 Cohérence des politiques économiques et
fiscales 80
Conclusion 84
Bibliographie 90
Sources référencées des graphiques et
tableaux 97
Indexdes themes 98
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Index des themes
A
Accumulation, 22, 30, 81, 86
Acte legislatif, 17
Action gouvernementale, 19
Adar, 38, 39, 89 Administration
coloniale, 41, 42
Administration fiscale, 6,
17, 46, 61, 74
Affaires publiques, 11,
17, 26, 31, 34
Afrique de l'Ouest
francophone, 25, 27 Afrique Occidentale
Francaise, 43
Agents economiques, 8,
21, 30, 79
Agregats macroeconomiques, 10
Aide exterieure, 6
Aide publique au developpement, 7, 9, 51
Aides budgetaires, 50 Aides publiques au
developpement, 72 A`r, 38, 39
Ajustement structurel, 6,
49, 56, 57, 85, 86 Amana, 42
Annee budgetaire, 57, 62, 63
Annulation de la dette, 9 Appuis budgetaires, 50, 56
Assainissement des finances publiques, 23,
72
Assiette fiscale, 6 Assistance technique, 31,
75, 76 Autoconsommation, 66,
69, 70, 71
Avantages fiscaux, 28
B
Baisse d'impots, 23 Balance commerciale, 48, 54, 72
Banque Mondiale, 5, 49,
50, 54, 78, 87
Banque Regionale de Solidarite, 73
Base imposable, 49, 62, 65, 66
Benefices industriels et
commerciaux, 18, 60 Bien commun, 16, 18, 27 Bien public, 17
Biens indivisibles, 16 Bonne gouvernance, 77 Bourse Regionale
des
Valeurs Mobilieres, 28 Bourse Regionale des
Valeurs
Mobilieres(BRVM), 28 Budget annuel, 33
C
ambistes, 58, 59
apacite contributive, 73 ategories de revenus, 18 ategories
socioprofessionnelles, 19
hiffres d'affaires, 28, 47 hoix economiques, 20, 21
homage, 16, 73
hose publique, 6, 26, 45, 77, 83
ircuit bancaire, 25,
|
59
|
itoyennete, 14,
|
16,
|
17,
|
26, 31, 45, 74,
|
82,
|
83,
|
88
|
|
|
itoyens, 7, 11, 15, 16,
17,
|
18,
|
26,
|
27,
|
31,
|
33,
|
34,
|
35,
|
37,
|
58,
|
71,
|
77,
|
82,
|
83
|
|
|
|
|
lasse paysanne, 22 lientelisme, 26
ode de l'indigenat, 43
oherence des politiques, 78
ollectivite, 15, 16 ollectivites territoriales,
17, 66, 67, 70, 85 ollectivites territoriales,
27
olonisation francaise, 26 ommerce exterieur, 24,
28
ommerce mondial, 12 ommunautes nomades, 41
ommunautes
sedentaires, 41 omptabilite nationale, 7 oncurrence loyale, 17,
21
onference Nationale Souveraine, 50 onjoncture
economique, 14, 78
onjoncture
internationale, 53 onscience nationale, 26 onsommation, 10,
15,
21, 22, 23, 24,
25, 28,
33, 34, 47, 48, 71 onstituante, 2, 31, 32, 33, 34
onstruction nationale, 26 ontentieux, 45, 77 ontingences
politiques, 31
ontribuables, 7, 12, 15,
17,
|
19,
|
22,
|
26,
|
27,
|
35,
|
46,
|
48,
|
57,
|
60,
|
61,
|
62,
|
64,
|
75,
|
77
|
|
|
|
ontroles fiscaux, 75 ooperation
internationale, 12, 82 ooperation regionale, 28
orruption, 26, 43, 47, 62, 88
orvee des grands chemins, 32
otisations sociales, 16, 36
out de la vie, 19
ouverture sociale, 16 reation d'emplois, 23, 57
redits agricoles, 47 roissance economique,
8, 23, 24, 58, 78
D
Decentralisation, 12, 16, 52, 70
Declaration des droits de l'homme et du citoyen,
35
Declarations des biens, 67, 69
Deficit budgetaire, 6, 32 Deficits budgetaires, 78,
82
Defis du systeme fiscal
actuel du Niger, 57 Delocalisations, 36 Democratie
participative,
17
Democratisation de la
gestion des finances, 16 Deniers publics, 33 Dependance
financiere,
72
Dépenses publiques, 15,
23, 37, 56, 72, 79 Deputes, 19
Desequilibre fiscal, 65 Developpement
economique, 10, 17,
25, 32, 42, 44, 45, 80 Developpement spontane,
29
Devoirs, 16
Dime, 40
Dispositif institutionnel, 19
Dispositif reglementaire, 16
Distorsion fiscale, 24 Distorsions fiscales, 24 Dons, 9, 72
Double imposition, 28 Droit des affaires, 28 Droits, 16, 31, 33,
35, 47,
61 E
Echanges commerciaux,
30, 35, 40, 58 Echanges internationaux,
24
Economie du marche, 21,
37
Economie solidaire, 73 Economies officieuses, 29 Elements
d'economie
politique pure, 15, 87 Empire Songhah, 38, 39
Emprunts, 9, 10, 25 Encours de la dette, 72 Endettement massif, 6 Enjeux
fiscaux, 38 Enrichissement, 22, 30 Entreprises publiques, 48 Environnement
juridique,
11
Epargne, 19, 28, 73 Equilibre fiscal, 24 Equite, 21, 27, 34, 45,
49,
86
Esperance de vie, 53
Etat importe, 26 Etat-nation, 8, 11, 18, 14,
16,
Exclusion financiere, 3,
73
Executif communal, 16 Exoneration,
,
Exonerations,6, 21, 28
62, 66, 70, 75, 78, 79
F
Facilite d'Ajustement
Structurel Renforce, 56 Facteurs de production, 7 Ferme generale,
34 Financement du
developpement, 6, 9 Financements exterieurs,
9
Finances publiques, 24, 46, 50, 56, 77, 81, 82, 88
Fiscalisation du secteur agricole, 27, 68, 70
Fiscalite, 2, 3, 6, 7, 8, 11,
12, 13, 14, 15, 18,
19, 20, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 31, 33, 35, 38, 41, 44, 48, 56, 65,
67, 70, 71, 78, 85, 86
Fiscalite frangaise, 15, 19,
31, 33, 85
Fluctuations, 14, 34 Fluctuations
economiques, 34
Flux financiers, 25
FMI, 5, 23, 44, 45, 46, 50,
56, 57, 60, 75, 76, 77, 78, 86, 87
Fonds Monetaire International, 23, 49, 75
Fonds public, 14
Fraude, 7, 26, 66
Fuites des capitaux, 21
G
Gabelle, 32
Gestion de portefeuille, 79
Gestion democratique et transparente, 6
Grace fiscale, 79
H
Hemicycle, 19 Heritage colonial, 7
I
Identification des contribuables, 27 Imposition des personnes
physiques, 15
Imp,t de capitation, 46, 60
Imp,t du minimum fiscal, 46
Imp,t foncier, 27
Imp,t forfaitaire, 61 Imp,t forfaitaire sur les
benefices commerciaux
et industriels, 60
Imp,t progressif, 18
Imp,t synthetique, 7, 63 Impots directs, 28, 32, 33,
34, 46, 47, 48
Impots indirects, 22, 28,
32, 33, 47
Impots locaux, 36
Impots par anticipation, 48
Impots sur la
consommation, 36, 49 Impots sur les revenus, 36
Incitations fiscales, 21 Incivisme fiscal, 12, 17,
26, 49
Indicateurs economiques,
78
Indicateurs sociaux, 53 Indice du developpement
humain, 53 Industrialisation par
substitution a
l'importation, 46 Inegalites, 18, 21, 24 Inflation, 14, 72
Informalisation, 7, 60, 63,
83, 86
Informalites
economiques, 1, 6, 7, 11, 12, 26, 28, 29, 30, 57,
58
Infrastructures de base, 25, 46
Initiatives privees, 21, 78,
79
Insecurite alimentaire, 6
Institutions financieres internationales, 9, 27, 44, 49, 50,
56, 57, 64, 79, 80
Instruments fiscaux, 21 Integration economique
regionale, 12 Investissement, 10, 22,
23, 24, 25,
42, 83 Investissements, 20, 21,
23, 25, 28, 50, 78, 82,
83
Investissements,, 78 Investisseurs prives etrangers,
24
J
Justice, 16, 21, 32, 34, 42, 45
L
Legislations fiscales, 28 Liberalisation des
echanges, 12 Liberalisation
economique, 72
Libre entreprise, 17 Licences, 46
Lien de clientele, 30
Loi de reglement, 19, 45 Loi des finances, 8, 19,
45, 63, 64
Loterie obligatoire, 46 Lutte contre la pauvrete,
71,
72, 73, 74, 80, 81, 85,
86
M
Marches interieurs, 69, 70 Marches publics, 79 Matiere fiscale,
37 Matiere imposable, 34 Matieres imposables, 26 Menages, 21, 49, 53, 71,
73
Mobilite des capitaux, 28 Monarchie, 31 Mondialisation de
l'economie, 28 Monetarisation, 42, 43 Mutations economiques,
23
N
Napoleon, 32, 33, 34 NEPAD,
80
Nouvelles formes de
gouvernance, 83 Numero d'Identification
Fiscale, 63, 64
O
Objectifs du millenaire, 9,
80
Obligations fiscales, 16, 58
Observatoire independant
de la Fiscalite, 38 Offensives diplomatiques,
9
Operateurs economiques,
25, 27, 30, 50, 59, 78 Organisations syndicales,
37
P
Panier de la menagere, 22 Paradis fiscaux, 22 Parlement, 19, 20
Partenaires bilateraux et
multilateraux, 6, 9, 81 Patente synthetique, 62,
63
Patente synthetique, 62 Patentes, 46
Patrimoine public, 16
Pauvrete, 3, 6, 7, 9, 16, 24,
25, 42, 51, 53, 54, 57, 60,
70, 71, 72, 74, 79, 81, 83, 88
Pays en voie de developpement, 8, 24, 65
Pays en voie du developpement, 9
Pays industrialises, 23 Penetration coloniale, 38, 40
Pensee economique, 20 Percepteurs, 69 Performance economique,
6
Periode coloniale, 41 Physiocrates, 32, 33
PI13 nominal, 51, 78
Place de l'imp,t dans l'economie de marche, 20
Plan Marchal, 9 Plus-value, 22
Politique budgetaire, 10, 33, 78
Politique economique et budgetaire du Niger
sous tutelle française, 41
Politique fiscale, 7, 11, 12, 20, 21,
23, 24, 26, 28, 39, 44,
46, 56, 71, 78, 81
Politiques publiques, 22 Politisation de
l'administration, 76 Postulats ethiques, 22 Pouvoir
liberatoire
universel, 43
Pouvoirs publics, 7, 9, 10,
12, 16, 21, 24, 26, 32, 46, 57, 78
PPTE, 6, 72
Prelevement d'impôts, 15 Prelevements directs, 10
Prelevements forfaitaires,
34
Prelevements publics, 10, 24
Pression fiscale, 6, 35, 37,
48, 49, 51, 78, 82,
83 Prestations pecuniaires,
15
Prestations sociales, 37 Previsions fiscales, 10, 11
Privatisation des
entreprises publiques,
28
Problematique fiscale, 10 Procedure budgetaire, 45 Procedure
du
recouvrement, 74 Processus d'integration,
12, 28
Processus de
democratisation, 12 Production agricole, 23 Production
communiste,
23
Production industrielle, 23
Produit Interieur Brut, 57 Professions liberales, 21
Programme d'ajustement
structurel, 49, 50 Programmes de micro-
credits, 83
Projet social global, 23 Proprietes immobilieres,
27
Prosperite economique,
20
Protection sociale, 35 Puissance publique, 15,
21
Puissances publiques, 21
Racketteurs, 7
Rapports de force, 11 Recettes fiscales, 6, 8, 10,
21, 23, 35, 44, 47,
48, 49, 52, 63, 64, 66,
71, 72, 75, 76, 77,
82, 86
Redistribution, 7, 16, 63, 85
Reduction de la pauvrete,
9, 12, 75, 85
Reduction des impots, 37 Reformes economiques,
9, 30, 77, 80, 87 Reformes fiscales, 31, 36,
37, 83, 86
Regies financieres, 56, 64 Regime douanier, 43, 52 Regime
fiscal, 27, 61, 63,
79
Regimes dictatoriaux, 19 Relation de place de
marche, 30 Renforcement des
capacites, 74, 76 Renforcement des
capacites de
l'administration, 74 Repartition de revenus,
22 Reseaux clientelistes, 67 Reseaux relationnels, 59 Ressources
budgetaires,
10, 19, 66
Ressources financieres,
14, 20, 25, 44, 73 Ressources fiscales, 7, 10,
22, 24, 25, 28,
51, 85 Ressources internes, 6, 9,
10, 46, 58, 81, 83 Retenue a la source, 28
Revenu minimum universel, 74
Revenus agricoles, 46 Revenus des menages, 24, 72, 73
Revenus des valeurs
mobilieres, 18, 52 Revenus fonciers, 65 Revenus patrimoniaux, 27
Revolution, 31, 33, 87, 89
Secheresse, 6, 58, 70 Seconde guerre mondiale, 9, 16
Secteur industriel, 21 Secteur prive, 20, 58, 72, 82, 83
Securite interieure, 14 Service public, 21, 33, 77 Services
publics, 14, 16,
33, 56
Signes exterieurs de richesse, 34
Societe traditionnelle, 23 Solidarite, 16, 21, 35 Solvabilite
du
contribuable, 71 Souverainete, 6, 7, 14, 42,
44, 45, 50, 52, 56, 82 Souzerain, 38
Spoliateurs, 7
Stabilite economique, 14 Statistiques, 25, 53, 69 Structure
fiscale, 24 Structures traditionnelles,
29
Subventions, 6, 21, 28, 79 Succession, 45, 72 Sultanat de l'AIr,
39 Sur-liquidite financiere,
25
Surveillance des comptes, 16
Systeme de la ferme, 32 Systeme de prelevement, 23
Systeme economique de production, 20
Systeme fiscal, 7, 8, 23,
24, 31, 33, 34, 35, 36,
37, 39, 45, 49, 52, 56,
58, 63, 64, 71, 77, 85 Systeme fiscal français,
31, 33, 34, 35, 36 Systemes économiques,
29
Taille, 24, 29, 32 Taxation publique, 7 Taxe de voirie, 17
Taxe fonciere, 27
Taxe immobiliere, 67 Taxe sur la Valeur Ajoutée,
36
Taxes, 16, 20, 27, 33, 36, 39, 45, 47, 48, 49, 62, 78
Taxes de marché, 69 Taxes de statistique, 47 Tension de
trésorerie, 48 Théorie generale, 25 Théorie sociale de
l'impôt, 22 Thésaurisation, 25 Tradition islamique,
40 Traites, 32
Transactions financieres
et économiques, 58 Transformations
politiques, 12 Transition politique, 50 Trésor, 46, 48,
62
Tribut de la paix, 42 TVA, 7, 22, 27, 28, 30,
36, 49, 62, 79
UEMOA, 27, 28, 45, 51,
64, 73, 81, 83 Unification monetaire, 43 Uranium, 6, 44, 47,
48,
49, 54, 55, 79
Valeurs sociales, 21 Vingtieme, 32
Voiries, 16
Volonte generale, 17 Volonte nationale souveraine, 20
Volonte politique, 27, 44, 76
Volonte populaire, 18
Z
Zone franc, 46
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