INTRODUCTION
Dés 1950, Viner a montré que la mise en place
d'une Zone de Libre Echange était susceptible d'augmenter le bien
être des pays qui l'intègrent. Aujourd'hui, l'économie
mondiale vit une double intégration : globale et régionale ayant
un objectif commun la libéralisation des échanges.
En effet , le régionalisme est en plein expansion vue
qu'un peu partout dans le monde des accords d'intégration
régionale se sont multipliés et des expériences plus ou
moins réussies ont été tentées , des accords qui
peuvent être Nord-Nord , Nord-Sud ou Sud-Sud qui conduisent à des
avantages différenciés plus ou moins importants .
Pour leur part, les pays du Sud de méditerranée
ont essayé de suivre ce mouvement universel irréversible, alors
ils se sont engagés dans un processus d'intégration
régionale dans le cadre de la Grande Zone Arabe de Libre Echange «
GZALE » institué en vertu de la convention du Caire 19.02.1997.
Alors, en quoi la GZALE est- elle différente des autres
expériences arabes précédentes ? Et quels sont ces
principes de base et ces objectifs ?
L'accord d'Agadir est-il un accord complémentaire et quels
objectifs cible t-il ? Comment peut-on évaluer les échanges
commerciaux intra-GZALE ?
Quels sont les obstacles pour l'instauration d'une Zone Arabe de
Libre Echange ? Et quelles recommandations peut-on porter à cette
intégration ?
Afin de répondre à ces questions et dans l'objectif
d'analyser cette intégration Sud-Sud et de tenter de mesurer son impact,
la recherche sera autour de trois points :
La première partie sera consacrée à une
analyse approfondie des échanges qui permettra de mettre en
évidence les atouts et les contraintes de l'intégration entre les
pays de Sud de méditerranée.
Dans une deuxième partie, l'accent sera mis sur les
analyses et les études ayant traité de l'intégration
régionale en général spécialement l'analyse de
Viner.
Enfin, la troisième partie sera une évaluation
de la GZALE et une conclusion de l'impact de cette intégration sur
chaque pays membres, afin d'apercevoir le degré de réussite de
l'accord en question et de déceler les obstacles entravant sa mise en
place.
Partie 1
L'INTEGRATION REGIONALE DANS LA
ZONE ARABE
DES PREMIERS ACCORDS A LA MISE EN PLACE DE
LA GRANDE ZONE ARABE DE
LIBRE-ECHANGE
L'intégration régionale dans la zone
arabe: des premiers accords à la mise en place de la grande zone
arabe de libre-échange
Les premiers pas vers une intégration économique
entre les pays arabes remontent à 1950. Le Traité sur le transit
Commercial (1953) a été le premier accord visant à
faciliter les échanges commerciaux par la mise en place de tarifs
préférentiels sur des produits agricoles et industriels. Quatre
ans plus tard, soit en 1957, a été signé la convention de
l'union économique au Caire entre les pays arabes prévoyant la
liberté de circulation des personnes et des capitaux à l'addition
d'une union douanière. Cependant, face aux difficultés
liées à la différence des orientations politiques et des
dimensions démographiques et économiques entre les pays membres,
ces derniers se sont contentés de créer le Marché Commun
Arabe en 1964, prévoyant l'instauration d'une Zone Arabe de Libre
Echange et une Union Douanière afin d'aboutir à une Zone de Libre
Echange.
Que ce soit au Maghreb ou au Machrek, dans le domaine
agricole, industriel ou financier, le niveau de l'intégration
régionale demeure modeste par rapport aux attentes, Malgré les
efforts des institutions communautaires de la Ligue Arabe.
Expériences d'intégration
régionales arabes
Date
|
Lieu
|
Représentation
|
Résultats
|
7Septembre 1953
|
Le Caire
|
Ligue Arabe (*)
|
Traité sur le transit commercial
|
3 Juin 1957
|
Le Caire
|
Ligue Arabe
|
Union Economique
|
13 Août 1964
|
Le Caire
|
Ligue Arabe
|
Marché Commun Arabe
|
Janvier 1964
|
Tunis
|
Ministre de l'économie
du Maghreb
|
Comité Permanent Consultatif du
Maghreb
|
27 Février 1981
|
Tunis
|
Ligue Arabe
|
Accord de facilitation et du développement des
échanges commerciaux
|
25 Mai 1981
|
Doha
|
Ministre de l'économie
du Golf
|
Conseil de coopération des Etats Arabes du Golf
|
17 Février 1989
|
Marrakech
|
Chefs d'Etats
Maghrébins
|
Union du Maghreb Arabe
|
Source : Tableau établi par le CETIMA
(*) : La Ligue a été créée au
Caire le 22 mars 1945 par les délégués de sept pays arabes
: Irak, Egypte, Syrie, Yémen, Arabie Saoudite, Jordanie et le Liban,
pendant que plusieurs pays arabes étaient colonisés, alors cet
assemblée est telle une renaissance d'un monde arabe. Aujourd'hui la
Ligue arabe groupe tous les Etats arabes indépendants situés de
l'Atlantique au Golf.
Chapitre I : Les expériences d'intégration
régionales arabes
I. De l'Union Économique au Marché Commun
Arabe « Machrek »
I.1. L'Union Économique Arabe « 1957 »
Le projet d'une Union Economique Arabe présenté
à la Ligue Arabe et approuvé le 3 juin 1957 avait comme objectif
une « union économique intégrale » entre les pays
arabes. « Document de la ligue arabe ».
La réalisation de cette unité donne l'occasion aux
citoyens de tous les pays arabes de bénéficier des avantages
à savoir :
· Liberté de déplacement des personnes et des
capitaux ;
· Liberté d'échange des produits nationaux et
internationaux ;
· Liberté de résidence, d'embauche et
d'exercice d'activité ;
· Liberté de transit et de transport.
Afin d'atteindre ces objectifs, les pays arabes doivent :
· Mettre en place une zone douanière commune ;
· Assembler les règlements de transport, de transit
et d'import et d'export ;
· Conclure des accords commerciaux et des accords de
paiement avec les pays tiers ;
· Coordonner les politiques commerciales, industrielles et
agricoles ainsi les politiques financières, monétaires et
fiscales ;
· Assembler les règlements économiques et
sociaux.
Le siège du conseil de l'unité économique
est fixé au Caire avec la possibilité de se réunir dans
l'une des capitales arabes. Les décisions sont prises à la
majorité, chaque Etat dispose d'une voix. Malgré les efforts
déployés, l'unité a confronté de diverses
difficultés, ce qui a donné naissance à un Marché
Commun Arabe afin de compléter le projet d'une union économique
arabe.
I.2. Le Marché Commun Arabe « 1964
Le Marché Commun Arabe créait le 13 août
1964 au Caire ; venait pour compléter la convention sur l'union
économique ; se limite à créer une Zone de Libre Echange
et à tenter de créer une union douanière.
Ce projet se repose sur les principes suivants «
M. Benchenane, 1983 » :
· Libéralisation du taux de change, du taux
d'intérêt et des prix des produits de base et des services ;
· L'ouverture du commerce par le biais de la baisse des
barrières douanières et administratives aux importations et aux
exportations ;
· Réduction des subventions de consommation ;
· Rationalisation des dépenses publiques et de la
réforme de la réalité monétaire et des
systèmes d'imposition.
En outre, il a été constaté qu'il est
important de voir :
· Abandonner l'intervention de l'Etat dans le secteur
agricole ;
· Abandonner l'intervention des politiques de
détermination des prix des produits agricoles ;
· Améliorer les ressources agricoles «
construction des barrages et mise en valeur des terres ». Ce processus de
libéralisation va être étalé pour couvrir tous les
produits de base ou autrement. Les obstacles de nature économique et
politique n'ont pas été surmontés par les pays arabes ce
qui a entravé la réalisation des objectifs du Marché
Commun.
II. Du Comité Permanent Consultatif du Maghreb
à l'Union du
Maghreb Arabe « Maghreb »
II.1.Lancement du CPCM (1964)
Le lancement du Comité Permanent Consultatif du
Maghreb à Tunis remonte à 1964, il est aperçu comme
première tentative de libéralisation des échanges
intermaghrébins. En 1967, il a été chargé
d'élaborer un programme de coordination et d'harmonisation
économiques pour une période de 5ans (Maroc, Tunisie,
Algérie, Libye et la Mauritanie).
Ce projet visant des objectifs à savoir «
M. Benchenane, 1983 » :
· Libéralisation du commerce régional ;
· Développement du commerce des produits agricoles
maghrébins ;
· Réduction des interdictions ou de restrictions
d'importations de produits en provenance des pays arabes ;
· Mise en place des mesures protectionnistes à
l'égard des pays tiers ;
· Création d'un système de paiement pour
encourager le commerce régional ;
· Coordination des politiques d'industrialisation.
Le programme qui était élaboré fut
rejeté lors de la conférence de Rabat par la conférence en
1970.
II.2. Objectifs de l'Union du Maghreb Arabe ( 1989)
La déclaration instituant la création de
l'Union du Maghreb Arabe (UMA) a été signée à
Marrakech le 17 février 1989, prévoyant la mise en oeuvre
progressive de la liberté de circulation des personnes, des biens et
services entre les pays membres.
L'union vise à « UMA site web du
maghrebarabe.org
» :
· Renforcer les liens de fraternité qui unissent les
Etats membres et leurs peuples ;
· Réaliser le progrès et la
prospérité des sociétés qui les composent et la
défense de leurs droits ;
· Contribuer à la préservation de la paix
fondée sur la justice et l'équité ;
· Poursuivre une politique commune dans différents
domaines ;
· OEuvrer progressivement à réaliser la libre
circulation des personnes, des services, des marchandises et des capitaux.
Bref, l'union vise à renforcer la coopération
économique entre les pays du Maghreb afin d'arriver à une
intégration économique et sauvegarder les intérêts
de la région pour réaliser une unité arabe.
II.3. Structure de l'UMA
L'union est dotée :
· D'un Conseil Présidentiel formé par les
chefs d'Etat membres qui assurent ; par rotation ; la présidence pour
une période d'une année ;
· D'un Conseil des ministres des affaires
étrangères qui préparent les sessions ordinaires que tient
le conseil présidentiel une fois par an ou chaque fois que cela est
nécessaire ;
· De commissions ministérielles
spécialisées instituées par le conseil présidentiel
;
· D'un Secrétariat Général crée
par le conseil présidentiel ;
· D'un Conseil Consultatif composé de vingt
représentants par pays, il donne son avis sur tout projet de
décision que lui soumet le conseil présidentiel comme il peut
également présenter au Conseil toutes recommandations ;
· D'une instance Judiciaire composée de deux
juges de chaque Etat désignés pour une durée de
six ans, elle donne son avis sur toute question juridique que
lui soumet le conseil présidentiel. Plusieurs accords de
coopération ont été signés par les pays
maghrébins, mais de nombreux problèmes restent encore à
régler tandis que les activités de l'UMA se sont
arrêtées depuis 1995.
III. Évaluation des intégrations
régionales économiques arabes III.1.Raisons d'échec de ces
expériences
Les tentatives d'intégration économique entre
les pays arabes n'ont eu que des effets limités voire
échoués en raison des difficultés économiques,
politiques, structurelles ou institutionnelles. On cite comme exemple :
· L'absence de coordination des investissements et
d'homogénéité des structures du commerce extérieur
;
· Lourdeur des démarches au niveau administratif
;
· La petite taille des économies
spécialisées dans quelques petits produits ;
· Faibles gains en termes d'économie
d'échelle en raison d'un marché très étroit ;
· Faible revenu et absence du pays leader prenant en charge
les coûts de transaction ;
· Baisse des recettes fiscales.
Ainsi, les timides mesures prises en compte en matière
d'intégration ont été sans effet face à des
économies retardataires, concurrentielles et
désarticulées, d'où des coûts de production trop
élevés, dans ce contexte, l'abolition des barrières de
douane n'a engendré que des résultats modestes.
De ce fait, on peut résumer l'échec des projets
d'intégration par deux raisons cruciales :
i. La domination coloniale financière, économique
et culturelle des pays arabes paralyse leurs initiatives, ils sont toujours
dépendants des pays occidentaux ce qui veut bien dire que les
décisions sont quasiment prises en dehors de la zone arabe.
ii. Les pays arabes sont influencés par le courant
échangiste, ils continuent à croire aux vertus de l'union
douanière et de la concurrence.
En effet, une intégration régionale
suggère l'application de certains règlements tels que l'existence
des grands pôles exerçant des effets d'entrainement « le cas
du Japon avec l'Asie du Sud », un taux d'ouverture élevé,
l'obligation d'établir une relation entre l'intégration et la
croissance et une interdépendance entre les effets de réseaux et
les effets d'agglomération.
Ce sont des difficultés qui gênent la
réalisation des projets de l'intégration et qui bloquent la
coopération économique des pays arabes.
Une série de défis que les pays arabes doivent
affronter, tout en commençant par les problèmes internes à
savoir l'éducation, l'emploi, la santé, les mutations
démographiques afin de pouvoir suivre l'évolution de
l'économie internationale.
Ce qui permet de dire que les économies des pays arabes
présentent de graves déséquilibres mais aussi de grandes
potentialités qui peuvent être exploité.
III.2. Mise en place de la GZALE
Pour renforcer leur engagement dans le processus
d'intégration, les pays de Sud de la méditerranée ont
relevé le défi en lançant la Grande Zone Arabe de Libre
Echange dans le cadre de la Ligue Arabe le 19 février 1997 au Caire.
Un accord visant dans un premier temps la création
d'une zone de libre échange, et permettant de dynamiser les
échanges commerciaux, de développer le tissu industriel, de
soutenir l'activité économique et l'emploi, d'augmenter la
productivité et d'améliorer le niveau de vie dans les pays
signataires.
De même ce projet prévoyant une
exonération totale des produits industriels à partir de
01/01/2005 et une libéralisation du commerce des produits agricoles et
agro-industriels. Quant au secteur des services, il sera
libéralisé conformément aux termes de l'accord
général du commerce des services de l'Organisation Mondiale du
Commerce « OMC ».
Pour que ces tentatives soient plus réalistes que les
précédentes, elles impliquent un nombre limité de
participants en abandonnant le principe d'unanimité, et cible un
objectif précis c'est celui d'accroitre le commerce interarabe qui
demeure très faible « 15,5% milliards de $US en 1997 soit 10% de
l'ensemble des échanges commerciaux des pays arabes ».
Egalement, ce projet insiste sur le rôle du secteur
privé négligé par les programmes
précédents.
Dés lors la question est de savoir si vraiment ce projet
est différent des expériences régionales du passé
et sous quelles bases et conditions est-il réalisé?
Cela permettra d'évaluer les résultats de cet
accord.
Chapitre II : Cadre réglementaire de cette
intégration
I. Déclaration de la création de la
GZALE I.1. Décision du Conseil Économique Social
Décision du CES n° 1317 SO59 27ème
séance du 19-02-1997
Le CES, réuni pour sa 59ème session, au
siège du SG de la LEA au Caire, a adopté la Décision 1317
qui stipule la Déclaration d'une Grande Zone Arabe de Libre Echange, et
l'approbation de son Programme Exécutif.
Le Conseil décide.
1- La Déclaration de l'Instauration de la GZALE sur une
période de dix années à dater du 1-01- 1998 ;
2- L'Approbation du Programme Exécutif institué
pour l'instauration de la GZALE sous sa forme ci-jointe ;
3- De charger le SG de prendre les mesures adéquates et
de développer la mission et les activités de la DGAE,
conformément à la concrétisation de la GZALE ;
4- D'inviter les Comités constitués par le
Programme à prendre fonction et à établir leurs programmes
exécutifs et leurs calendriers de travail, en vue de l'instauration de
la GZALE dans les délais fixés ;
5- De charger les Organismes Arabes
spécialisés, les Institutions Monétaires Communes Arabes
et les Unions Arabes, chacun dans le cadre de sa spécialité, de
superviser l'application de cette Décision, et d'oeuvrer pour adapter
leurs règlements et leurs activités conformément à
la concrétisation de l'instauration de la GZALE ;
6- De charger le SG d'élaborer une étude
détaillée sur les zones « hors taxes » établies
dans les EA, et de la présenter au CES avant la fin de l'année
1998, afin de lui permettre de prendre une Décision quant au traitement
des marchandises produites par ces zones dans le cadre du Programme
Exécutif
7- D'inviter la Commission ministérielle à
poursuivre sa mission durant les premières étapes de la
réalisation du Programme Exécutif afin de pallier à toute
difficulté pouvant l'entraver sachant que la République
Tunisienne se rallie à la Commission ;
8- La mise en vigueur de la GZALE constituera,
dorénavant, le point essentiel de l'ordre du jour des prochaines
sessions du Conseil et ce jusqu'à l'achèvement de son
instauration.
|
Source : Document officiel du Secrétariat
Général de la Ligue Arabe
I.2. Conditions d'adhésion
La Grande Zone Arabe de Libre Echange est ouverte à
l'adhésion de tous les Etats membres de la Ligue Arabe signataires de
l'Accord de Facilitation et de Développement des échanges
commerciaux (1981). Les conditions d'adhésion supposent
« M. Hadri, 2001 » :
. Une déclaration d'adhésion
officielle du pays candidat.
. Le dépôt de la nomenclature des
tarifs douaniers de chaque pays membres.
. Notification écrite d'un ordre
d'application effectif et exécutoire sur l'exonération de 10%.
. L'adoption des mesures générales
du Conseil Economique et Social sur les règles d'origine.
II. Programme exécutif et les objectifs de la GZALE
II.1. Principes du programme
Selon « le document officiel de
Secrétariat Général ; Direction Générale des
Affaires Economiques ; Direction de la Finance, du Commerce et de
l'Investissement », le programme exécutif de l'accord
de facilitation et développement des échanges commerciaux entre
les Etats Arabes pour l'instauration de la Grande Zone Arabe de Libre Echange
constitue « un cadre pour la mise en application de l'AFDEC/EA en vue de
l'instauration de la Grande Zone Arabe de Libre Echange ».
1. Principes et bases :
Mise en place la GZALE en l'espace de dix ans à compter du
1er janvier 1998 ;
Contrôle semestriel de l'exécution du programme,
Traitement identique des marchandises arabes
échangés et des produits nationaux dans les Etats membres ;
Prise en compte des dispositions et des règles
internationales, pour faire face aux subventions et aux déficits des
balances de paiement et pour prendre des mesures de prévention ;
Application des règles anti-dumping
considérées au niveau mondial ;
Les droits de douane et les taxes à effets similaires
concernés par l'exonération progressive, sont ceux en vigueur
dans chaque pays membre à partir du 1er Janvier 1998.
2. Libéralisation des échanges
commerciaux entre les Etats Membres :
Le programme stipule une exonération progressive des
produits échangés par la réduction à taux annuels
des droits de douane et des droits et taxes à effets similaires et cela
jusqu'à une exonération totale des produits arabes lors de
l'instauration de la GZALE le 31 décembre 2007. Cette exonération
concerne les produits arabes agricoles et animaliers, les matériaux
bruts métalliques et non métalliques et les produits arabes dont
le CES a décidé l'exonération avant la date de la mise en
vigueur du Programme.
Sachant tout de même que certains produits ne
bénéficieront pas d'exonération non plus de
réduction des taxes lors des saisons de production « calendrier
agricole » avec l'obligation d'établir la liste des produits que
les Etats Partis désirant intégrer dans le cadre du dit
calendrier.
3. Les restrictions non-douanières :
Les restrictions non-douanières sont définies
comme les mesures prises par les Etats membres dans le but de contrôler
les importations pour des raisons administratives, monétaires et
quantitatives.
4. Les règles d'origine :
Toute marchandise satisfaisant aux règles d'origine
décidées par le CES sera considéré comme
marchandise arabe, et toute marchandise entrant dans le cadre de libre
échange sera assujettie aux règles d'origine définies par
le Comité.
5. Echange de données et d'informations :
Les Etats Parties s'engageront à appliquer le principe
de transparence : fournir au CES toutes les données, informations et
formalités concernant les échanges commerciaux et ce afin de
garantir l'application du Programme Exécutif.
6. Traitement spécial pour les Etats Arabes
les moins avancés :
Pour que les Etats membres les moins avancés puissent
bénéficier d'un traitement préférentiel, ils
doivent présenter une demande indiquant la nature et la durée du
traitement.
7. Autres consultations :
Les Etats membres de la GZALE doivent se concentrer plus sur
le secteur des services rattachés au commerce, les droits de
propriété intellectuelle, la recherche scientifique et la
coordination des systèmes, des lois et des politiques commerciales.
II.2. Multiples attentes
D'après la déclaration de la création de
la GZALE décidé par le Conseil Economique et Social, il apparait
clairement qu'avant tout, les pays arabes visent à instaurer une ZALE
sur une période de dix ans à compter de 1er janvier
1998 en acceptant le Programme Exécutif de cet accord, et en
créant au sein du CES de la Ligue Arabe des commissions chargées
du suivi de l'exécution du calendrier.
Si le premier objectif ciblé par les pays arabes dans
le cadre de la GZALE est de soustraire les déplacements des biens et
services à l'intervention de l'Etat, les Etats arabes espèrent
tout de même de réussir d'autres objectifs, on cite :
· Supprimer les droits de douane monétaires,
administratifs et quantitatifs « quotas » ;
· Libéraliser les échanges concernant
l'agriculture ;
· Améliorer les termes de l'échange «
diminuer les prix à l'importation » ;
· Accroitre la croissance économique ;
· Réaliser des économies d'échelle
;
· Améliorer le commerce intra-régional ;
· Augmenter la concurrence en proposant un grand nombre de
variétés de produits à prix bas ;
· Profiter des avantages comparatifs de chaque Etat membre
;
Autant dire que par la mise en place de la GZALE, les pays
arabes désiraient resserrer les liens entre eux en vue de
réaliser une collaboration étroite, et sauvegarder leur
indépendance et leur souveraineté afin de construire un bloc
économique arabe ayant un poids au niveau économique
international capable de développer les relations économiques
avec le monde extérieur.
III. Accord d'Agadir
L'accord d'Agadir pour instaurer une Zone de Libre Echange a
été signé le 25 février 2004 par quatre pays du Sud
de la méditerranée : le Maroc, l'Egypte, la Jordanie et le
Tunisie, alors que la véritable mise en oeuvre date du 27 mars 2007
après la publication des circulaires de la douane des pays membres.
L'accord d'Agadir est un processus ouvert à tout pays arabe membre de la
Ligue
Arabe et de la Grande Zone Arabe de Libre Echange et lié
par accord d'association ou de libreéchange avec l'Union
Européenne.
Une initiative reliant les pays du Maghreb et du Machrek ; dont
le siège social établi à Amman ; a été
appuyée par l'Union Européenne qui leur a offert 4 millions
d'euros.
Pour quels objectifs cet accord a été signé
? Et quelles difficultés ont gêné son application ?
III.1. Les objectifs et les atouts de l'accord
L'accord d'Agadir dont le siège social établi
à Amman, permet de créer un marché pour plus de 100
millions d'habitants.
La mise en application de cet accord implique une levée
immédiate des barrières non tarifaires et instauration
progressive d'une zone de libre échange.
Avec le soutien de l'Union Européenne, l'accord pourrait
contribuer à «
Agadiragreement.org
»:
· Renforcer l'intégration des pays signataires ;
· Favoriser les Echanges intra-régionaux entre les
quatre pays ;
· Encourager le commerce et l'intégration Sud-Sud
;
· Rendre la région plus attractive pour les
investisseurs étrangers en créant un environnement favorable
à l'investissement ;
· Augmenter les gains d'efficience.
Au niveau de la déclaration d'Agadir, il apparait des
éléments variés favorisant ce processus
d'intégration. On cite :
· Les pays membres disposent de la même langue,
religion et culture ;
· Les pays signataires affrontent les mêmes
défis ;
· L'existence d'un secteur énergétique commun
à exploiter notamment entre le Maroc, l'Egypte et la Tunisie ;
· Les convergences au niveau des politiques
économiques des quatre pays depuis sont constatées depuis
quelques années.
Cet accord constituera la première base réelle
d'une intégration entre les économies de ces pays et qui sera
progressivement élargie à l'ensemble de la rive sud de la
Méditerranée.
III.2. Les raisons d'inertie
Comme tout projet d'intégration régionale, il
existe des facteurs de blocage. Pour le présent projet, deux ans
après son entrée en vigueur en 2007, il semble avoir des
difficultés au niveau de l'application. Ces difficultés ou ces
éléments entravant le dit processus d'Agadir sont importants et
nombreux, il s'agit en particulier « El Majidi .E,
2009»:
· Les possibilités d'échanges apparaissent
limitées et les opportunités de coopération sont modestes,
vue le faible degré de complémentarité entre les
économies des pays membres, on retrouve l'exemple du Maroc et la Tunisie
qui ont les même avantages comparatifs. Une contrainte censée
être un dynamisme de l'intégration telle que l'expérience
France Allemagne ;
· La persistance des pratiques administratives
protectionnistes et de barrières non tarifaires demeure un obstacle
à la libéralisation des échanges ;
· L'insuffisance des infrastructures en matière
de télécommunications et de transport notamment le transport
aérien et maritime ce qui génère des surcoûts et
entrave la mise en oeuvre des décisions prises ;
Les difficultés en matière de financement vue la
non convertibilité des monnaies nationales ... Même le soutien
européen n'a pas réussi à lancer ce processus
d'intégration entre les quatre pays, un processus qui apparait lent et
parsemé d'obstacles nécessite une volonté commune qui a
pour but d'améliorer les infrastructures, de mettre en place une Banque
Commune d'Investissement et de Commerce Extérieur, établir des
conventions pour encourager le commerce intra-régional et coordonner les
législations et les disciplines.
Chapitre III : Échanges commerciaux
intra-GZALE
I. État des lieux
Les échanges commerciaux intra-arabes
représentent en moyenne 9 à 11 % de l'ensemble des
échanges commerciaux du monde arabe.
Les pays membres de la GZALE constituent un marché avec
une population de 190 Millions d'habitants soit 66% du total du monde arabe, un
PNB par tête d'habitant de 3000 dollars, un PNB total de 522 Milliards de
dollars en 1998 soit 89% du global du monde arabe et un commerce
extérieur de 90% du volume total des exportations du monde arabe.
Etant donné que l'objectif de la GZALE est
d'évoluer le commerce intra-régional et d'améliorer
davantage les échanges des produits et d'investissements
étrangers, il s'agit donc d'évaluer l'apport des échanges
intra-régionaux en examinant les dimensions économiques et les
données commerciales de la GZALE et en analysant les gains acquis des
principaux secteurs économiques.
I.1. Les dimensions économiques et les
données commerciales :
Il faut mentionner que les échanges entre les pays
arabes sont concentrés dans certains produits de base qui sont
écoulés en faibles quantités. En effet ; l'essentiel des
exportations de la plupart des pays arabes tels que la Libye ; l'Algérie
et les pays de Golf est constitué d'hydrocarbures destiné vers
les pays industrialisés, et de phosphate et des engrais chimiques pour
le Maroc et la Tunisie.
Il en est de même pour les produits agro-alimentaires
exportés surtout sur les marchés européens, c'est le cas
des produits maraichers et fruitiers « Tomates, agrumes, huile d'olives...
» provenant du Maroc, Tunisie, Jordanie et l'Egypte.
Importance du marché arabe pour les
exportations des pays membres en %.
|
1997
|
1998
|
Jordanie
|
40
|
45
|
EAU
|
5
|
5.62
|
Bahreïn
|
12
|
34.8
|
Tunisie
|
8
|
6.8
|
Arabie Saoudite
|
10
|
16.94
|
Syrie
|
7
|
27
|
Irak
|
90
|
4.5
|
Oman
|
11
|
21
|
Qatar
|
7
|
7.9
|
Koweït
|
3
|
4.15
|
Liban
|
93
|
48
|
Libye
|
11
|
7.3
|
Egypte
|
13
|
14
|
Maroc
|
6
|
6.58
|
Total
|
9
|
11.62
|
Source : Documents de la Ligue Arabe - Le
Caire
Le tableau ci-après illustre les exportations et les
importations interarabes entre 1993 et 1998.
Les échanges commerciaux
interarabes
|
Montants en Milliards de dollars
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1998
|
Exportations interarabes
|
13.4
|
13.6
|
13.5
|
13.7
|
14.9
|
Importations interarabes
|
11.3
|
11.5
|
13.5
|
14.9
|
14.1
|
Total exportations
|
134.6
|
130.3
|
142.9
|
167.4
|
125.6
|
Total importations
|
115.9
|
117.7
|
125.2
|
141.8
|
146.5
|
Source : le Rapport économique Arabe Unifié
1997-1998 Ligue Arabe : Le Caire
En effet ; les pays arabes peuvent être classé sous
forme de trois groupes :
Le premier groupe comprend le Maroc,
la Jordanie, Djibouti et la Tunisie, leur taux de croissance a connu un essor
de 6,9% en 1998 et leur PNB représente 10,9 % du PNB total du monde
arabe.
Le second groupe comprend l'Egypte,
le Soudan, la Libye, le Liban et l'Irak, leur taux de croissance a connu une
baisse et qui passe de 7,3 à 4,8 % de 1997 à 1998, tandis que
leur PNB représente 38% du PNB global.
Concernant le troisième
groupe, il comprend les Emirats Arabes Unis, le Bahreïn,
l'Algérie, l'Arabie Saoudite, Oman, Qatar, Koweït, Mauritanie, la
Syrie et le Yémen, leur taux de croissance moyen passe de 3,1 à
-9% de 1997 à 1998 contrairement aux deux autres groupes. A eux seuls,
ces pays représentent près de 51,1% du PNB global du monde
arabe.
Evolution des économies arabes par groupe de
pays
|
PIB en Milliards $ (prix courants)
|
Structures du PIB %
|
Taux de croissance
|
Année
|
1996
|
1997
|
1998
|
1996
|
1997
|
1998
|
1997
|
1998
|
Ensemble Arabe
|
583.5
|
604.4
|
589
|
100.0
|
100.0
|
100.0
|
3.6
|
-2.5
|
1er Groupe
|
63.5
|
60.1
|
64.2
|
10.9
|
9.9
|
10.9
|
-5.3
|
6.9
|
2ème Groupe
|
199
|
213.4
|
223.7
|
34.1
|
35.3
|
38.0
|
7.3
|
4.8
|
3ème Groupe
|
321
|
330
|
301.1
|
55.0
|
54.8
|
51.1
|
3.1
|
-9.0
|
Source : Rapport Economique Arabe Unifié
1999 pp. 13
Les différences entre les deux pôles du monde
arabe à savoir le Maghreb et le Machrek permettent d'évaluer
autant les facteurs de disparités que les facteurs de
complémentarités à l'intégration.
Les échanges intra-arabes restent toujours faibles en
raison des difficultés d'accès aux marchés nationaux et
régionaux des pays arabes et la persistance des droits de douane et
autres taxes à effets équivalent, dépassant en moyenne les
30% au Maroc, Tunisie et l'Egypte. L'analogie des productions
intérieures des pays membres de la GZALE et la faiblesse du secteur
industriel sensibilisent davantage la concurrence.
I.2. Structure des échanges par secteur
On distingue trois secteurs susceptibles de rendre plus
complémentaires les économies arabes et donner un sens
significatif au programme de libéralisation des échanges
intra-arabes.
-Le secteur agro-alimentaire
-Le secteur des produits manufacturiers
-Le secteur du textile
1. Secteur agro-alimentaire :
Entre 1990 et 1997, la valeur des exportations agricoles des pays
arabes est passée de 4,5 à 5 Milliards de dollars, quant aux
importations, la valeur nette était de 2,5 Milliards de dollars.
Exportations agricoles des pays membres de la
GZALE
« En Millions de dollars »
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1997
|
Jordanie
|
111
|
195
|
176
|
185
|
172
|
227
|
139
|
Tunisie
|
282
|
476
|
338
|
347
|
523
|
468
|
618
|
Syrie
|
740
|
637
|
625
|
682
|
797
|
848
|
1037
|
Liban
|
123
|
144
|
132
|
120
|
118
|
120
|
128
|
Maroc
|
647
|
670
|
581
|
509
|
598
|
780
|
832
|
Yémen
|
74
|
55
|
70
|
63
|
84
|
89
|
43
|
Soudan
|
550
|
381
|
367
|
440
|
409
|
471
|
556
|
Total
|
2527
|
2558
|
2289
|
2346
|
2701
|
3003
|
2323
|
Source : Rapport Economique Arabe Unifié -
1999
Source : Estimations basées sur les statistiques
du Rapport Economique Arabe Unifié 1998.
Le marché agricole et agro-alimentaire arabe peut servir
de plateforme pour une complémentarité commerciale arabe.
2. Secteur des produits manufacturiers :
Les échanges interarabes par rapport aux produits
manufacturés ont connu un essor durant la période 1985-1998 ; un
pourcentage de 6% en 1995 est passé à 17% en 1990 et à 27
% en 1998.
Echanges commerciaux interarabes
|
1985
|
1990
|
1906
|
1997
|
1998
|
Matières premières brutes (Agriculture et
minéraux)
|
91.6
|
81
|
72
|
70.3
|
65.11
|
Articles manufacturés
|
5.6
|
17.04
|
25
|
24.9
|
26.96
|
Produits alimentaires
|
2.8
|
1.96
|
3
|
4.8
|
7.95
|
Indice
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
|
Source : Rapport Economique Arabe Unifié
1997-1998
Les exportations des produits manufacturiers des pays membres
de la GZALE ont atteint 38,9 Milliards de dollars en 1997, soit 90% du total
des exportations industrielles arabes, ce qui permet d'améliorer les
possibilités d'exportations sur le marché arabe.
3. Secteur de textile :
L'industrie de textile représente 35% de la production
industrielle et prés de 15% du PIB global des pays arabes. Pourtant, le
commerce interarabe dans ce domaine demeure extrêmement faible, ne
dépassant pas les 50 Millions de dollars en 1997, soit 0,7% du total des
exportations arabes.
Le commerce interarabe dans le domaine du textile
« En Millions de dollars »
Exportations arabes à l'étranger
|
Exportations arabes dans le textile
|
Importations arabes du textile
|
130000
|
7000
|
7500
|
Ce secteur enregistre des performances en termes de
compétitivité et de productivité notamment pour le Maroc
et la Tunisie malgré la série des défis qu'il affronte.
Par ailleurs, le marché arabe est porteur dans nombreux
créneaux de la confection textile, du cuir et de la chaussure.
En effet, la GZALE possède des potentialités
d'écoulement de produits agricole et industriel, notamment pour le
Maroc, la Tunisie, l'Egypte et la Syrie qui pourraient exporter leurs produits
textiles vers les pays de golf, le Liban et la Libye.
II. Évaluation des dits échanges
II.1. Comparaison de ces échanges avec les
échanges mondiaux
Le tableau ci-dessous présente un aperçu comparatif
de quelques indicateurs de base de la GZALE en comparant aux grands ensembles
économiques.
La GZALE et les groupements économiques
Groupement Economique
|
Date de création
|
Population (Millions d'hts)
|
Commerce intra-zonal
|
PNB (Milliards dollars en 1998)
|
Part du
commerce mondial
|
Union Européenne
|
Traite du Rome 25-03- 1957
|
328
|
58%
|
6216
|
20%
|
NAFTA
|
Washington
7-12-1992
|
382
|
32%
|
7700
|
|
APEC
|
Déclaration de
Canberra (1989)
|
2032
|
75%
|
11273
|
40%
|
MERCOSUR
|
Traité d'Anuncias
|
201
|
43%
|
958
|
|
ASEAN
|
Traité de Bangkok
|
330
|
20%
|
402
|
5.5%
|
GZALE
|
Convention du Caire
19-02-97
|
185
|
11%
|
522
|
3.1%
|
UMA
|
Traité de Marrakech
|
70
|
7%
|
134
|
|
CCG
|
Traité d'Abu Dhabi
|
28
|
13%
|
280
|
|
Source : Tableau établi par le CETIMA sur la base
de statistiques
Les échanges intra-arabes sont faibles par rapport
à d'autres régions telles que l'union européenne,
l'Amérique latine ou l'Asie du Sud Est.
A titre de comparaison, le regroupement régional de
MERCOSUR qui comprend l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay et le Paraguay
est beaucoup plus important que la GZALE en termes de
population et de potentialités économiques. Il en
est de même pour les échanges au sein de l'ASEAN qui
dépassent en moyenne 18% du total de leur commerce extérieur.
Dans le cadre général, la Grande Zone Arabe de
Libre Echange est un regroupement régional modeste par rapport aux
autres blocs économiques mondiaux tels que l'union européenne,
NAFTA, MERCOSUR ou l'ASEAN.
II.2. Raisons de la faiblesse du commerce intra
régional
Comme on a déjà traité les raisons
d'échec des expériences d'intégration régional
économique arabe, on peut expliquer facilement les causes de la
faiblesse des échanges interarabes, on distingue deux raisons cruciales
à savoir :
Le caractère similaire des économies arabes
notamment celles du Maghreb, et la faible complémentarité
structurelle « Etudes DEPF, 2008 ».
-La similitude des économies arabes :
Le caractère similaire de certains pays arabes semble
être un frein du potentiel des échanges interarabes, à cet
égard, le degré de similarité des exportations tunisiennes
par rapport aux exportations marocaines ; par exemple ; dépasse les 70
%. « Enjeux de l'intégration maghrébine, DEPF, 2008
».
Cette similitude des structures productives est le
résultat de l'orientation des échanges avec l'union
européenne, une situation qui génère une concurrence vive
entre les pays similaires -La faible complémentarité structurelle
:
En comparant la structure des importations d'un partenaire
avec la structure des exportations d'un autre partenaire; on retrouve que les
importations du premier ne coïncident pas avec les exportations du second,
c'est à dire que l'offre de l'un ne satisfait pas la demande de
l'autre.
A cet égard, la complémentarité
intra-arabe est faible, de l'ordre de 0,856 et 0,738 respectivement en 2000 et
2006.Tandis que; l'indice de l'union européenne est de 0,48 en 2006.
«Étude de FEMISE ».
Outre des facteurs économiques, des problèmes
liés notamment à l'infrastructure des transports s'opposent
à la réalisation d'opportunités commerciales entre les
pays partenaires. A la taille insuffisante des marchés locaux qui ne
permettent pas de réaliser les niveaux de croissance
réclamés par la pression compétitive poussant les pays
partenaires à veiller aux conditions locales de la concurrence, s'ajoute
le manque d'information au sujet des cadres préférentiel du
commerce avec les pays membres, cela constitue un handicap à la
réalisation des objectifs attendus de dite coopération.
Partie 2
LES THEORIES DE L'INTEGRATION
REGIONALE
Chapitre IV : Analyse de VINER
D'abord une association de libre échange est une union
dans laquelle les droits de douane sont éliminés entre les pays
membres et un tarif extérieur commun est érigé.
Toutefois, l'analyse des effets de l'union douanière
permet d'apprécier les effets de court terme de l'intégration
économique à travers les effets de création et de
détournement de commerce. Elle découle de la théorie des
unions douanières élaborée par « Jacob Viner
».
La création du commerce se traduit par un accroissement
du bien être, et ceci est dû principalement à la
réduction des tarifs douaniers, donc des coûts, et, par
conséquent, par un accroissement du surplus du consommateur. Tandis que,
le détournement de commerce a lieu lorsqu'une partie du commerce est
détournée du reste du monde au profit du pays partenaire, les
importations coûtant dans ce cas plus chers. De ce point de vue, un
accord préférentiel est souhaitable dépendamment de
l'effet prédominant : la création ou le détournement.
Pour juger de la désirabilité d'un accord
préférentiel de libre échange, il faudrait donc
déterminer quel est l'effet prédominant.
L'analyse de Viner (1950) consiste à calculer les surplus
collectif (surplus de consommateur, de producteur et de l'Etat) avant et
après la mise en place de l'intégration régionale.
-Surplus consommateur est la différence entre le prix
auquel le consommateur est prêt à acheter et le prix qu'il paie
réellement.
-Surplus producteur est la différence entre le prix que le
producteur est prêt à recevoir et le prix qu'il reçoit
réellement.
-Surplus Etat correspond aux recettes douanières
(impôts x droits de douane).
Schéma des Surplus
I. Création de trafic Viner (1950)
Cet effet correspond au fait que les consommateurs de chaque
État membre achètent de plus grandes quantités aux
producteurs des autres États membres. Il en résulte des gains
d'efficacité à la condition que ces producteurs soient plus
efficaces que les offreurs du reste du monde.
Ci-après un modèle simplifié avec trois pays
: le pays importateur, le pays exportateur et le reste du monde et un seul bien
échangé pour expliquer cette théorie traditionnelle de
Viner. Création et détournement de trafic
Avant la création de l'accord de libre échange,
le pays A, a un prix interne équivalent à Pa = (1+t)*Pr
(où Pr est le prix du reste du monde et t la taxe à
l'importation) et importe la quantité EC du reste du monde.
Suite à la création d'une union
bilatérale, comme un accord préférentiel, le prix à
l'intérieur de l'accord devient : Pu (il n'y a plus de taxes), et donc,
maintenant le pays A importe la quantité FI de son partenaire.
Ainsi les distances FG et HI représentent la
création du commerce (dû à une augmentation du surplus du
consommateur et à la baisse des coûts).
II. Détournement de trafic
Ce second effet correspond au fait que si les consommateurs
peuvent acheter aux autres producteurs des États membres c'est en raison
de différences de coûts créés artificiellement.
Selon le théoricien Viner, c'est le deuxième effet qui
l'emportera, aboutissant à une baisse du bien-être.
Autrement dit, c'est le remplacement des importations des
produits en provenance du reste du monde à bas prix par des importations
en provenance du partenaire à prix plus élevé.
Le détournement du commerce est, quant à lui,
représenté sur le graphique par la distance JK, car s'il n'y
avait pas de tarifs avec le reste du monde, le pays A serait en mesure
d'importer cette quantité (c'est une perte car elles coûteraient
moins chers). En somme, si FG + HI > JK c'est-à-dire la
création > détournement alors l'union douanière
génère des gains et donc le pays A bénéficie de
l'accord de libre échange.
L'union douanière est d'autant plus créatrice de
commerce que les courbes d'offre et de demande sont élastiques.
Par ailleurs, l'effet de la création d'une union
douanière est ambigu en termes de variation de bien-être (peut
être positif ou négatif).
Néanmoins, des facteurs rendent une union douanière
plus avantageuse « M. Cincera » :
-Structure du commerce:
Plus la part des biens produits nationalement est grande, plus
la création de commerce sera potentiellement forte; et plus la part des
biens importés du reste du monde est faible, plus la diversion de
commerce sera potentiellement faible.
-Taille de l'union:
Plus la taille de l'union douanière est grande, plus la
probabilité d'obtenir des effets positifs liés à l'union
sera élevée. Dans le cas limite, on se retrouve dans une
situation de libre échange généralisé lorsque
l'union douanière comprend des pays du monde entier.
-Structure de production des membres de l'union
:
Plus les structures de production des membres de l'union sont
en concurrence (et donc moins ils sont complémentaires), plus
élevée sera la probabilité de création de
bien-être consécutif à la mise en place de l'union.
Lorsque les économies des membres de l'union sont
complémentaires et spécialisées, les
effets de création de commerce seront potentiellement faibles (chaque
partenaire reste spécialisé dans ses secteurs de production) et
ceux de diversion de commerce potentiellement élevés
(substitution des produits en provenance des partenaires de l'union à
ceux des pays du reste du monde et à bas coûts).
-Coûts de transport :
Plus ces coûts sont faibles, plus grands seront les
gains liés à l'intégration économique. Il y a donc
avantage à créer une union douanière avec des partenaires
voisins par rapport à des pays éloignés
géographiquement.
-Niveau des droits de douane :
Des tarifs élevés contre les futurs membres
augmentent les possibilités de création commerciale. Au contraire
des droits de douane faibles à l'égard des pays non-membres
diminueront les risques de diversion de commerce.
Chapitre V : Le renouvellement des théories
I. Cadre d'analyse de renouvellement de la
régionalisation
Ce renouveau du régionalisme dans un contexte de
mondialisation a conduit à un renouvellement analytique. A la
différence de ce concept des années 50, archétype des
théories des unions douanières (Viner), l'intégration
régionale ne porte pas seulement sur les échanges commerciaux.
Elle concerne les flux de capitaux et de travailleurs, la mise en place d'un
environnement institutionnel commun ou la coordination des politiques
permettant des convergences des économies et un ancrage des politiques
économiques.
L'analyse de la régionalisation est renouvelée dans
le cadre :
*De l'économie institutionnelle mettant en avant le
rôle des organisations et des règles, *De la nouvelle
géographie économique,
*Ou de la nouvelle économie internationale en concurrence
imparfaite et de l'économie internationale.
L'espace régional est ainsi un lieu de recomposition des
pouvoirs publics et privés et des stratégies des acteurs
nationaux et internationaux dans un contexte de mondialisation.
I.1. La nouvelle géographie économique
Selon une conception géographique, l'intégration
se caractérise par des effets d'agglomération et de polarisation.
D'un côté, il y a réduction des distances et, a priori,
réduction du rôle de la proximité géographique en
liaison avec les révolutions technologiques et le poids des
échanges immatériels. Mais, de l'autre, on observe le rôle
des territoires créateurs d'effets d'agglomération.
La dissémination des activités réduit les
coûts de distance mais elle interdit les effets d'agglomération.
Il y a d'autant plus de chance d'observer une polarisation que les coûts
de distance sont faibles et que les économies d'échelle sont
fortes. On observe alors une concentration de la production industrielle
là ou les marchés sont importants. Il peut en résulter des
processus cumulatifs renforçant les différenciations entre les
centres et les périphéries. Ces effets centripètes peuvent
être contrecarrés par des différences de coûts de
production et par des rendements décroissants liés à des
encombrements des centres.
Les forces centripètes des externalités
technologiques et pécuniaires, l'existence d'un marché du travail
et les effets de liaison entre acheteurs et vendeurs au centre. Les
agglomérations d'activités dépendent principalement de
l'interaction de deux forces découlant : des rendements d'échelle
internes à la firme et des coûts de transactions.
Les forces centrifuges qui encouragent la dispersion des
activités incluent la congestion, la pollution, les autres
externalités négatives. Elles résultent d'une
mobilité des facteurs et des coûts élevés de
transport et de transaction. « P. Hugon ,2003
».
Pour que des territoires aient entre eux des échanges,
il faut des systèmes productifs permettant une taille de marché
et des produits diversifiés (et donc une complémentarité
entre des effets d'agglomération). Mais il faut qu'existent des
infrastructures d'interconnections physiques ou transactionnelles
(réseaux) et donc un capital spatial. Celles-ci conduisent
généralement plutôt à des effets de diffusion ou de
contagion de la croissance en réduisant les coûts de transport, en
favorisant les transferts de technologies ou en baissant les coûts de
transaction. Cette diffusion peut se faire par le commerce extérieur
(transfert international de droits de propriété des
marchandises), par les investissements directs (transfert de droits de
propriété des entreprises), par les coordinations non marchandes
(internalisation au sein des firmes ou des réseaux « ethniques
») ; les dynamiques de spécialisation territoriale l'emportent
alors sur les effets d'agglomération.
Dans le modèle centre-périphérie de
Krugman (1991), les industries se localisent dans un lieu en tenant compte de
l'arbitrage entre les économies d'échelle, qui favorisent la
concentration, et les coûts de transport, qui favorisent la dispersion.
Chaque industrie tente alors de desservir son marché en minimisant les
coûts de transport, c'est-à-dire en se rapprochant de la demande
locale. Cela entraîne un processus circulaire : les industries
recherchent des localisations où la demande locale est forte tandis que
la demande locale est d'autant plus forte que de nombreuses industries ont
choisi cette localisation. Ce processus est à l'avantage des grands
marchés. Paul Krugman montre alors que les conditions initiales de
l'agglomération sont parfois déterminantes pour expliquer la
concentration de l'activité économique, à mesure que se
réduisent les coûts de transport. Certains avantages comparatifs
mineurs conduisent ainsi à des divergences majeures dans
l'évolution des différents centres urbains.
Pour expliquer les concentrations géographiques
particulièrement importantes d'industries manufacturières ou de
services (clusters), Krugman (1998) s'appuie sur les
externalités marshalliennes classiques. Il montre ainsi le rôle
fondamental d'un marché du travail spécialisé qui
réduit les coûts de formation et de recrutement et attire de
nouveaux individus qualifiés, ainsi que l'importance de la
disponibilité de fournisseurs spécialisés et de
clients.
Ces avantages liés à la taille des
marchés sont renforcés dans certains lieux par des
externalités technologiques ou informationnelles liées à
l'importance de la proximité dans la transmission du savoir et des
connaissances. A ces forces centripètes s'opposent des forces
centrifuges qui expliquent que toute l'activité économique ne
soit pas localisée dans un lieu unique, et qui sont principalement dues
à l'existence de facteurs immobiles (ressources naturelles, main
d'oeuvre agricole, localisation des consommateurs), aux coûts fonciers et
aux pures dés économies externes (congestion ou pollution).
« Revues des sciences humaines, 2008 ».
Malgré des modèles stylisés, il y a peu
de preuves indiquant que les forces d'agglomération augmentent la
divergence de revenus entre pays en voie d'intégration. Il parait
probable que, suite à l'ouverture du marché, on observe une
polarisation des gains d'efficacité, avec pour conséquence que
les pays les plus faibles et les moins efficients perdront certaines de leurs
facilités de production et de revenus au profit d'emplacements plus
profitables (plus compétitifs) dans les pays partenaires et
régions avoisinants. « P. Hugon, 2003
»
Deux caractéristiques de l'économie
géographique à distinguer :
*Les rendements augmentent en même temps que la
mobilité des travailleurs cela permet de favoriser l'information
d'asymétrie régionale.
*Petite variation dans les paramètres structurels du
progrès technique cela provoque un passage soudain d'un équilibre
dispersé sans inégalités régionales à un
équilibre aggloméré avec inégalités
régionales.
I.2. Rôles des organisations et des règles
Selon une conception institutionnaliste, l'intégration
est la mise en place d'un système commun de règles de la part des
pouvoirs publics en relation avec les acteurs privés. Les institutions
régionales réduisent les incertitudes en étant
stabilisatrices et en permettant des anticipations des agents,
sécurisent l'environnement en permettant la crédibilité
des politiques et favorisent ainsi l'attractivité des capitaux nationaux
et étrangers.
Par ailleurs, Les nouvelles théories institutionnelles
du régionalisme mettent l'accent sur les transferts de
souveraineté et sur les objectifs de prévention des conflits. Les
convergences d'intérêts économiques sont une manière
de dépasser les rivalités et antagonismes politiques.
Les transferts de souveraineté et la production de
biens publics à des niveaux régionaux sont une réponse au
débordement des États dans un contexte de mondialisation c'est
l'exemple de la création d'une monnaie régionale.
Soulignant que les organisations régionales
présentent un avantage comparatif, parce qu'elles ont une meilleure
expérience de terrain étant donné qu'elles ont une
connaissance approfondie des structures politiques, historiques, culturelles,
sociales, juridiques et tribales et des mentalités locales, et qu'elles
peuvent par conséquent tabler habituellement sur un plus grand capital
de confiance et de reconnaissance de la part de la population locale et des
parties en conflit que celui que des acteurs extérieurs seraient
capables de mobiliser.
D'une part, ces effets se diluent avec le nombre d'accords,
d'autre part, ils sont souvent contrecarrés par les conséquences
négatives liées à la libéralisation commerciale et
des changes.
Ce qui est plus fondamental également, c'est que les
institutions doivent donner au public des preuves continuelles et
concrètes qu'elles tiennent effectivement compte de son opinion. Une
législation et des politiques qui traduisent les demandes du public
constituent le premier moyen d'y arriver. Toutefois, lorsque les
décisions ne vont pas dans le sens, ou vont carrément à
l'encontre, de l'opinion majoritaire, il peut être bon de donner des
explications complètes à ce sujet. « J.
Stilborn, 1997 ».
I.3. La nouvelle économie internationale en
économie imparfaite
Absents dans la théorie traditionnelle, les rendements
croissants et la concurrence imparfaite sont deux aspects sur lesquels la
nouvelle théorie du commerce international a mi l'accent.
En l'absence d'avantages comparatifs, la théorie de Paul
Krugman fait des rendements croissants l'une des raisons de la
spécialisation et des échanges.
Autrement dit, La théorie traditionnelle des
échanges internationaux ne permet pas d'expliquer l'évolution du
commerce international. Contrairement aux enseignements du modèle de
Ricardo et de celui de Heckscher, Ohlin et Samuelson (dit HOS), le commerce
international se développe entre les nations les plus
développées dont les dotations en facteurs de production sont peu
différentes. Le commerce intra branche constitue une grande part du
commerce mondial et ne correspond pas à la vision de la
spécialisation internationale, comme l'explique Ricardo. La
théorie traditionnelle n'explique pas non plus l'essor des firmes
multinationales ni le développement du commerce intra firme (un tiers du
total) puisque, par hypothèse, le capital n'est pas mobile.
Ainsi, les travaux de l'économiste Paul Krugman tente
d'expliquer les nouvelles tendances des échanges, en développant
la nouvelle théorie du commerce part de l'hypothèse selon
laquelle la concurrence parfaite n'existe pas sur les marchés et que les
économies d'échelle sont possibles. « M.
Rainelli ,1997»
Krugman a élaboré une pensée robuste dans
la 'nouvelle théorie du commerce international'. Partant de
l'écart considérable entre les prédictions de la
théorie traditionnelle et les constations empiriques, il remet en cause
toutes les idées antérieures. En 1985, avec Helpman, il observe
trois caractéristiques du commerce international non expliquées
par les théories traditionnelles de Ricardo à Hos : d'abord, les
échanges se développent le plus rapidement entre pays
développés qui présentent des dotations factorielles
voisines, contrairement aux
affirmations de théorie Hos ; ensuite, le commerce
intra branche constitue une part croissante des échanges, ce qui reste
inexpliqué aussi bien par la théorie ricardienne que celle de
l'Ecole suédoise et enfin les firmes multinationales dans leur forme
actuelle ne peuvent s'intégrer dans le champ d'analyse des
théories traditionnelles. Les faiblesses de ces théories reposent
sur les hypothèses de concurrence alors que les firmes qui sont à
l'origine du commerce international, sont des oligopoles analysés par
les études d'économie industrielle. «
M.Kassé ,2008 ».
La théorie de Krugman permet d'une part d'analyser les
échanges entre des pays ayant des dotations en ressources initiales
identiques et un niveau technique comparable et, d'autre part, de comprendre le
développement des échanges intra branche.
Les principales conclusions de cette nouvelle théorie
du commerce international autorisent un gouvernement à intervenir dans
les échanges afin d'aider ses entreprises à capter une partie de
la rente ou à pénétrer sur un marché, remettant
ainsi en cause l'arbitraire et le hasard de l'histoire. En fait, le
schéma de spécialisation peut se trouver verrouillé par
l'accumulation de gains tirés des échanges.
Les résultats de cette nouvelle théorie doivent
toutefois être nuancés décisive :
Le rôle des rendements croissants sur le commerce
international avait déjà été mis en
évidence, la formalisation apporte à la théorie
économique plusieurs résultats fondamentaux qui n'avaient pu
être établis plus tôt en raison de la difficulté de
modéliser la structure du marché. En ce sens, cette
théorie ne constitue pas une innovation décisive.
La concurrence imparfaite à proprement parler, la
diversité des comportements stratégiques ne permet pas
d'envisager un modèle unique capable de présenter tous les
résultats possibles. Dans ces conditions, la nouvelle économie
internationale n'est pas à même de fournir une synthèse
sérieuse des actions politiques à engager.
Quoi qu'il en soit, la nouvelle approche du commerce
international constitue une avancée théorique importante
puisqu'elle complète les analyses établies par la théorie
traditionnelle. En revanche, elle ne se présente que comme un
complément d'étude de la théorie traditionnelle.
« S. Coissard, 2007 ».
II. Avantages et coûts de l'intégration
L'intégration régionale est perçue comme
une stratégie qui permettra d'accélérer la croissance et
le développement en remédiant à la modicité de la
production, des investissements et des échanges. Cependant, cette
stratégie a aussi un coût.
Des avantages découlant de l'intégration en
particulier :
1. La baisse des coûts de production à
l'intérieur de la région grâce aux économies
d'échelle due à la réduction des barrières
tarifaires et non tarifaires.
2. L'accélération du rythme des investissements
dans les Etats membres en réduisant les distorsions en
élargissant les marchés et en renforçant la
crédibilité de réformes politiques et
économiques.
Outre, l'impact direct sur la production, la croissance des
investissements directs étrangers peut favoriser le transfert de
connaissances et de technologies ainsi que les retombées, et
améliorer ainsi la productivité dans les pays membres.
L'intégration régionale permet aussi de baisser
les prix grâce à la réduction des tarifs et à la
concurrence et l'élargissement de la gamme de choix pour les
consommateurs, et permet également aux pays membres de renforcer leur
pouvoir de négociation économique sur la scène
internationale.
Les mécanismes d'intégration régionale
peuvent favoriser la coopération de deux façons. D'abord, ils
peuvent fournir un cadre de coopération pour le partage des ressources
(cours d'eau, routes et voies ferrées, réseaux
électriques) ou de problèmes communs (pollution ou pénurie
de transport). Ancrer la coopération régionale dans les
mécanismes d'intégration renforce le caractère
contraignant. Ensuite, les contacts réguliers et la collaboration entre
décideurs que les mécanismes d'intégration
régionale permettent, peuvent améliorer les relations et la
confiance, et faciliter ainsi la coopération dans des domaines qui ne
font pas explicitement l'objet d'un accord.
L'intégration permet aussi de réduire les
risques de conflit vu que l'interdépendance entre membres rend les
conflits plus coûteux, et des contacts politiques réguliers
permettent de créer la confiance et de faciliter la coopération.
« Nations Unies ».
Par conséquent, ces avantages dépendent du
degré d'engagement et de la confiance qui se crée entre les Etats
membres.
Au delà de ces avantages considérés comme
globalement positifs pour la zone, l'intégration, entraîne des
coûts.
D'abord, le remplacement de produits à bas prix venant
de pays non membres par des produits plus chers provenant des pays partenaires
; en raison de la diminution des obstacles tarifaires ; pose des
problèmes majeurs vue que toute diminution ou suppression des droits de
douane entraîne des moins values budgétaires importantes pour les
différents pays, surtout pour des pays en proie à de graves
difficultés financières, et que leur fiscalité
caractérise essentiellement par l'importance de la fiscalité de
porte dans le montant total des recettes budgétaires des Etats, et donc
toute perte de recettes est lourde de conséquences.
Alors que le coût de ces pertes dépend de la
capacité des membres d'adopter d'autres moyens de mobiliser des fonds,
ce qui peut être assez élevé dans les pays en
développement.
Il peut y avoir également des coûts liés
à l'inégalité des avantages et des coûts
résultante des écarts de développement existant entre
différents pays membres notamment sur le plan industriel, en d'autres
termes les pays dotés de tissus industriels développés et
de circuits de distribution élaborés profitent plus des effets de
l'intégration que les pays moins avancés à tissus
industriels peu étoffés.
En outre, l'intégration peut entraîner une perte de
souveraineté nationale et l'abondant des cultures nationales.
D'une manière générale,
l'intégration régionale apportera plus d'avantages qu'elle ne
générera des coûts en vue des efforts un effort de mise en
place de mécanismes de compensation pour y remédier.
Partie 3
EVALUATION DE LA GRANDE ZONE
ARABE DE LIBRE ECHANGE
Chapitre VI : Réussite ou échec de cet
accord ?
I. Intervalle de réussite
I.1. Degré d'applicabilité de la GZALE
Le graphique ci-après traduit le classement des pays
arabes selon leur degré d'application des recommandations de la
GZALE.
Évolution du degré d'application de la
GZALE 1998-1999
Source : Document de la Ligue Arabe
Le diagramme classe de manière progressive les pays
membres de la GZALE, on constate que les pays de Golf sont les plus exigeants
dans l'application des dispositions de la GZALE, tandis que le Liban et
même l'Égypte sont les plus réticents.
Bien que les premières tentatives d'intégration
régionale remontent aux années cinquante, l'accord GAFTA est
certainement le plus abouti. En effet, les droits de douane ont
été complètement éliminés le 1 janvier 2005
; l'accord couvre actuellement 17 pays dans la zone arabe ; il s'appuie sur une
liste « négative » ; il inclut les produits agricoles ainsi
des accords supplémentaires sur la libéralisation des services
(signés en 2003) et sur la coopération en matière de
recherche et de technologie. « N. Péridy., 2008
»
I.2. Degré d'impact de la GZALE sur les
échanges commerciaux interarabes
La réussite de l'accord dit GZALE peut être
évalué au niveau des flux commerciaux et d'investissement des
pays membres.
-Evolution des investissements :
Les investissements arabes bilatéraux ne
représentaient en 2001 que 2,9 milliards de dollars, bien qu'ils aient
augmenté de 10 % entre 2001 et 2002. A cet effet, les études de
l'union des chambres arabes visent à assurer, la garantie des
exportations et des investissements libanais dans les pays arabes, et l'accord
des facilités aux industriels et aux exportateurs ; par les banques ; en
effectuant un réescompte des traites commerciales garanties à des
intérêts abordables. Par ailleurs, les mêmes études
montrent que les capitaux arabes placés à l'étranger ont
été estimés à près de 800 milliards de
dollars. L'un des objectifs primordiaux de la création de la zone arabe
de libre-échange consiste à les attirer et à les mettre au
service de l'économie arabe.
-Evolution des échanges commerciaux :
Selon le rapport de l'union des chambres de commerce arabes,
le volume des échanges commerciaux entre les pays arabes a doublé
durant les dernières années, passant de 7 % en 2005 à 14 %
au début de 2008.
Notons que le commerce intra-GAFTA a augmenté de
façon importante depuis la mise en place de l'accord en 1998 (+15% en
moyenne annuelle depuis 1998).
Certes, le commerce intra-régional est passé de
9,8% en 1998 à 11,2% en 2005, mais, cette part reste beaucoup plus
faible que celle correspondant à l'union européenne.
-Evolution des exportations :
La part des exportations arabes dans le total du commerce
international est ainsi passée de 3,9 % en 2001 à 3,8 % en
2002.
Sur la période allant de 1998 et 2002, les parts des
différents pays dans le total des exportations arabes ont connu les
augmentations suivantes : le Soudan (64.9%), la Syrie (61.9%), l'Irak (29.8%),
le Liban (28.4%), l'Arabie Saoudite (24.4%), la Mauritanie (23.8%), le
Bahreïn (22.3%), l'Egypte (19.5%), la Tunisie (16.5%), la Libye (14.4%),
le Koweït (12.7%) et le Maroc (10.6%). «S.Rizkallah
».
En conclusion, la création de la zone arabe de
libre-échange s'avère un projet prometteur pour la relance des
exportations ainsi que pour la relance des investissements arabes. Toutefois,
la réalisation des objectifs souhaités dépend de la
coopération entre les secteurs privés et publics ainsi que de la
rigueur dans l'application des recommandations et dans l'abolition des
différents types d'obstacles.
A titre indicatif, on présente l'évolution des
exportations et importations entre le Maroc et les pays membres de la GZALE,
sur la période 2005-2006, classés au niveau mondial.
Membre associé de l'union européenne, membre
actif de l'union du Maghreb arabe, le Maroc négocie
l'établissement d'une zone de libre échange avec la Turquie et la
Mauritanie, et crée une zone franche avec la Tunisie, également
enregistre une évolution en termes des échanges commerciaux avec
les pays partenaires.
Commerce extérieur du Maroc « 2005-2006
» (Importations)
Rang
|
Pays
|
2005
|
2006
|
Evolution
2005-2006
|
Poids KG
|
Valeur DH
|
Poids KG
|
Valeur DH
|
Poids %
|
Valeur%
|
3
|
A. Saoudite
|
3777250497
|
12186202215
|
3924992146
|
13922608786
|
3,9
|
14,2
|
14
|
Algérie
|
1009247297
|
3168855569
|
1190486102
|
4086902938
|
18,0
|
29,0
|
24
|
Egypte
|
238012383
|
1431966794
|
329060073
|
1834593498
|
38,3
|
28,1
|
28
|
EAU
|
346706696
|
877087383
|
367954184
|
1336233868
|
6,1
|
52,3
|
31
|
Tunisie
|
113464001
|
1105704390
|
114434075
|
1177430413
|
0,9
|
6,5
|
33
|
Libye
|
218305609
|
629335631
|
174563280
|
830838237
|
-20,0
|
32,0
|
50
|
Qatar
|
16632387
|
184309994
|
20601596
|
235954837
|
23,9
|
28,0
|
52
|
Bahreïn
|
38308193
|
273989765
|
8165560
|
216704694
|
-78,7
|
-20,9
|
54
|
Koweït
|
161128413
|
237590845
|
166516989
|
202518143
|
3,3
|
-14,8
|
57
|
Liban
|
4536870
|
122654052
|
5747261
|
178225589
|
26,7
|
45,3
|
59
|
Syrie
|
54121739
|
143738780
|
18065362
|
169215989
|
-66,6
|
17,7
|
78
|
Jordanie
|
4846249
|
41456061
|
4416250
|
43752447
|
-8,9
|
5,5
|
87
|
Iraq
|
157378256
|
557045245
|
17721109
|
35930578
|
-88,7
|
-93,5
|
98
|
Oman
|
553425
|
23176712
|
616477
|
19512273
|
11,4
|
-15,8
|
104
|
Mauritanie
|
1781763
|
9403569
|
3772908
|
13847980
|
111,8
|
47,3
|
118
|
Soudan
|
35951
|
578507
|
594446
|
4333891
|
1553,5
|
649,2
|
149
|
Yémen
|
7591152
|
37142912
|
4176
|
79453
|
-99,9
|
-99,8
|
Source : Statistiques du commerce extérieur,
évolution par partenaires commerciaux, Royaume du Maroc Office de
Changes
Commerce extérieur du Maroc « 2005-2006
» (Exportations)
Rang
|
Pays
|
2005
|
2006
|
Evolution
2005-2006
|
Poids KG
|
Valeur DH
|
Poids KG
|
Valeur DH
|
Poids %
|
Valeur %
|
20
|
Tunisie
|
80385086
|
441996807
|
134999041
|
784850369
|
67,9
|
77,6
|
24
|
A. Saoudite
|
133430174
|
754168354
|
103624016
|
514690345
|
-22, 3
|
-31,8
|
25
|
Algérie
|
85831769
|
445626619
|
67388139
|
505792533
|
-21,5
|
13,5
|
31
|
Egypte
|
46264802
|
228421277
|
53089144
|
329615539
|
14,8
|
44,3
|
36
|
Syrie
|
64975807
|
377791646
|
30634243
|
311220252
|
-52,9
|
-17,6
|
40
|
Mauritanie
|
52219919
|
210546097
|
87475470
|
279858
|
67,5
|
32,9
|
41
|
Liban
|
15066603
|
162647028
|
26473351
|
256166010
|
75,7
|
57,5
|
47
|
Jordanie
|
6650288
|
140012215
|
11385125
|
212538497
|
71,2
|
51,8
|
49
|
EAU
|
32122692
|
258672416
|
12353516
|
207001308
|
-61,5
|
-20,0
|
50
|
Libye
|
11901637
|
170782206
|
12615573
|
199808439
|
6,0
|
17,0
|
61
|
Yémen
|
3535354
|
82699712
|
5526925
|
125076667
|
56,3
|
51,2
|
67
|
Irak
|
83370
|
2805172
|
6040495
|
73719657
|
7145,4
|
2528,0
|
68
|
Oman
|
1325873
|
32475353
|
2301126
|
70857789
|
73,6
|
118,2
|
70
|
Koweït
|
3438635
|
55273708
|
3235774
|
65200840
|
-5,9
|
18,0
|
84
|
Qatar
|
547108
|
17628730
|
1086234
|
32967692
|
98,5
|
87,0
|
109
|
Bahreïn
|
490576
|
6903601
|
253293
|
7970305
|
-48,4
|
15,5
|
121
|
Soudan
|
251570
|
5674386
|
156048
|
5200027
|
-38,0
|
-8,4
|
Source : Statistiques du commerce extérieur,
évolution par partenaires commerciaux, Royaume du Maroc Office de
Changes
En effet, l'une des dispositions de la GZALE prévoit
que les pays arabes peuvent conclure des accords bilatéraux plus
favorables, afin que le regroupement régional arabe soit un ensemble
solide, en mesure de faire face aux autres regroupements régionaux et de
résister à la mondialisation.
Il est également précisé que les pays de
Golf, le Liban et l'Égypte, évoluent au niveau des
investissements privés; bien plus que ; la grande majorité des
autres pays arabes. Dans ce contexte, il est utile de mentionner que l'Egypte
est le pays qui maintient le plus le niveau des investissements privés
arabes, grâce à des critères de base tels que la
stabilité politique et économique, la flexibilité de
l'administration, la stabilité des taux de change.
Contrairement aux pays du Maghreb, les investissements arabes
sont modestes vue des raisons économiques, politiques et sociaux.
Quoiqu'il en soit, l'intégration régionale arabe ne
doit en aucun cas se limiter à la libéralisation des
échanges commerciaux.
I.3 Principales caractéristiques du commerce des
pays de l'intra- Moyen-Orient et Afrique du Nord
Le tableau ci -après montre que les échanges
entre les pays de la région de MENA « Middle Eastern
and North African » reste dramatiquement bas, au cours de la
période 1998-2001, il ne représentait que 1,3 % de l'ensemble de
leurs échanges. Cette proportion est restée remarquablement
stable au cours des trois dernières décennies. En fait, le
commerce de cette région est particulièrement orienté vers
l'UE, qui représente 56 % du commerce total. En ce qui concerne les pays
du Maghreb, la part du commerce de l'Union européenne, est encore plus
important, soit 78 % dans le cas de la Tunisie. La seule exception est la
Jordanie, dont le commerce est plus orienté vers les pays du Golfe et en
Asie. Les États-Unis est généralement le deuxième
partenaire commercial après l'Union européenne.
Principaux indicateurs pour le commerce des pays
INTRA-MENA
|
Exportations (2001, en millions de $US)
|
Importations (2001, en millions de $US)
|
Part dans le commerce global
(1998-2001)
|
MENA
|
UE
|
USA
|
GOLF
|
Algérie
|
19,894.6
|
10,067.8
|
1.2
|
63.1
|
11.8
|
0.4
|
Maroc
|
7,862.3
|
10,969.0
|
1.6
|
66.1
|
4.8
|
7.3
|
Tunisie
|
6,765.0
|
9,113.7
|
1.7
|
77.7
|
2.3
|
4.7
|
Egypte
|
5,939.9
|
17,259.3
|
0.8
|
40.5
|
16.3
|
4.7
|
Jordanie
|
2,770.0
|
4,871.3
|
1.9
|
4.3
|
1.7
|
17.
8
|
MENA
|
43,231.8
|
52,281.1
|
1.3
|
56.0
|
9.3
|
4.9
|
Sources: Calculs de Comtrade ONU, OCDE (2004b), et le
CEPII (2003).
Des informations supplémentaires sont fournies par le
calcul d'un indice de position commerciale « ITP » (index of trade
position). Cet indice est calculé comme suit:
MENA
-
(
-
RoW
) other
X M
+
(X M
+ ) MENA
(X M
+ ) other
ITP
MENA
+ ) MENA RoW
-
( X M
-
Où X, M, et Row désignent les exportations, les
importations, et le reste du monde (hors pays de la région MENA),
respectivement.
L'indice correspond à la part de marché des pays
de la région MENA sur leur propre marché, par rapport à
d'autres pays (les États-Unis, l'UE et les pays du Golfe). Par exemple,
lorsque l'ITP = 1, cela signifie que la part des pays de la région MENA
dans le commerce global de la MENA est identique à la part des pays la
région MENA dans l'ensemble des échanges d'autres pays
(États-Unis, Union européenne, ou du golfe).
La figure ci-dessous affiche les calculs de l'ITP concernant
l'union européenne, les Etats Unis et les pays de Golf.
« N.Péridy, 2005 ».
Evolution du commerce des pays de la région
MENA avec leurs principaux partenaires
Sources: Calculs de Comtrade ONU, OCDE (2004b), et le
CEPII (2003).
Plusieurs points importants ressortent de ce graphique. Tout
d'abord, un élément frappant est la faible valeur ITP concernant
l'UE: cette valeur a toujours été en dessous ou autour de 1, sauf
pendant la période 1990-94. Ainsi, la part des pays de la région
MONA dans le commerce de l'UE est généralement égal
à ou au-dessus de la part des pays de la région MENA dans le
commerce intra-MENA. Ceci reflète un manque d'intégration du
commerce dans la région MENA.
Inversement, l'ITP est de loin supérieur à 1
pour les États-Unis. Cela suggère que les pays du MENA sont plus
intégrées les unes aux autres qu'ils ne le sont avec les
États-Unis. Un autre résultat intéressant est que l'ITP a
augmenté depuis 1975. Cela montre que les pays de la région MENA
dans une certaine mesure améliorent leur position commerciale dans cette
région, en comparaison avec les non-pays de la région MENA.
Néanmoins, dans la période la plus récente, l'ITP a
tendance à atteindre un plafond pour autant que l'UE et les pays du
Golfe sont concernés. En conséquence, il reste encore beaucoup de
progrès à faire vers une plus grande intégration dans la
région MENA. En ce qui concerne la composition sectorielle de
l'intra-MENA commerce des pays, il convient de souligner que près des
deux tiers du total des échanges commerciaux est constitué de
produits primaires ou les produits manufacturés de base. Les
échanges sont fortement concentrés sur deux produits, à
savoir, le gaz naturel (exportés par l'Algérie) et les produits
chimiques de base (exportés par les autres pays de la région
méditerranéenne, la Tunisie en particulier). Inversement, les
biens de consommation ne représentent que 11 pour cent du commerce des
pays intra- MENA. Ces biens de consommation sont principalement
constitués de produits pharmaceutiques (exportés par la Jordanie)
et des conserves de fruits (exportés par le Maroc, l'Egypte et la
Jordanie). Différents produits (13 pour cent des échanges
intracommunautaires) consistent essentiellement en des produits
pétroliers raffinés (Algérie et Maroc). Enfin, les biens
intermédiaires représentent 10 pour cent des échanges
commerciaux.« N.Péridy,2005 ».
Pour résumer, il ressort clairement que les
échanges entre pays de la région MENA est de petite taille et
très concentré sur les produits primaires et les produits
manufacturés de base. La composition sectorielle du commerce intra MENA
est très différente de la composition sectorielle des
échanges de la région MENA avec d'autres pays.
II. Quels obstacles à l'accord ?
L'échec des expériences d'intégration
économiques arabes semble l'un des facteurs de blocage de la mise en
place de la Grande Zone Arabe de Libre Échange. A cet égard, il
fallait que les pays du Sud de méditerranée, membres de la GZALE
surmontent nombreux défis.
II.1.Enjeux et limites
L'incapacité des institutions arabes notamment la Ligue
Arabe à résoudre les problèmes de la région
apparait comme une cause principale paralysant tout projet d'intégration
du monde arabe. Ces pays qui restent divisés malgré leur
patrimoine religieux, linguistique et culturel commun, doivent viser comme
objectif un projet basé sur l'équilibre, la
réciprocité d'intérêt et la solidarité, cela
suppose la nécessité de renforcer l'efficience des institutions
communautaires et l'amélioration des cadres réglementaires et
législatifs.
Comme il a été déjà
précisé, les flux d'investissement arabes et étrangers en
direction des pays arabes est élément crucial du
développement de la GZALE.
Or, le niveau actuel des investissements dans le Monde Arabe,
l'un des plus faibles de la planète est suffisamment inquiétant
face à la mondialisation et à la perspective d'ouverture de la
future zone de libre échange euro-méditerranéenne
prévue en 2010. L'absence d'un marché Sud-Sud décourage
les investissements extérieurs.
Les marchés restent presque totalement nationaux. Le
commerce intra zonal ne représente que 5 à 8% dans les pays du
Maghreb avec une légère différence en faveur du Machrek.
Un investisseur étranger n'a donc accès qu'au marché soit
marocain, soit algérien, soit tunisien, alors qu'il devrait
accéder au minimum aux trois pays ensemble. Rappelons que les
marchés de ces trois pays réunis représentent à
peine celui du Portugal. « M. Hadri, 2001
».
La faiblesse des infrastructures (routes, eau,
électricité, communications); est l'un des défis graves
qui menacent le progrès économique de l'espace régional
arabe .Quelque soit les efforts déployés par les Etats arabes, le
transport maritime entre ces pays demeure prohibitif, complexe et
irrégulier.
Les besoins en infrastructures des pays arabes sont importants
: à titre d'exemple la Banque Mondiale estime à 2 milliards de
dollars pour l'Egypte et à 500 millions de dollars pour la Jordanie le
montant des investissements annuels nécessaires à la
modernisation des infrastructures. Autre chiffre révélateur de ce
type de besoin, on estime que moins de 50% des routes de la région sont
en bon état; à titre de comparaison cette proportion avoisine 85%
pour les pays développés « The World Bank,
claiming the Future - opcit ».
D'autres obstacles sont reflétés par le retard
dans l'application des règles d'origine relatives aux produits arabes,
le non-respect des décisions relatives à la réduction
progressive des impôts et taxes similaires aux droits de douanes dans
certains pays, l'existence d'obstacles non tarifaires (les obstacles d'ordre
technique, administratif ou financier qui peuvent entraver l'accès des
produits sur les frontières arabes). L'absence d'harmonisation des
règles de concurrence ainsi que l'absence de protection des droits de
propriété intellectuelle. De plus, il n'existe pas d'accord sur
la libre circulation du travail.
Il est également important de noter que parmi les
obstacles entravant le développement d'un espace régional arabe,
on trouve : l'augmentation de la pauvreté et du taux de chômage
des citoyens arabes; la détérioration du niveau de vie en
général; la migration des cerveaux, des compétences et des
capitaux arabes vers l'étranger et l'inadéquation des contenus de
l'enseignement avec les exigences du développement et de la
compétitivité internationale.
L'expérience récente montre que la multiplication
des accords euro-méditerranéens et autres accords
bilatéraux liant les pays de la région est un véritable
obstacle à l'unité régionale.
La figure ci-dessous montre la prolifération des
accords, qui rend le contexte coopératif problématique et nuit
à la constitution d'une unité régionale. Dans une
configuration d'une telle complexité, il est difficile
d'appréhender la réalité des échanges entre les
nations. L'opacité du système augmente les coûts
liés à l'information. De même, les règles
définies par un partenariat peuvent se révéler en
contradiction avec des accords parallèles. Les traités
bilatéraux viennent se chevaucher sur des accords multilatéraux.
« M. Boussetta, 2004 ».
Les accords entre les nations
Source : BHAGWATI [1995], Phénomène du
« Spaghetti Bowl »
II.2. Recommandations
Lors du dernier sommet économique, social et de
développement arabe au Koweït, des éléments
fondamentaux ont été considérés pour
développer le travail économique, on cite :
*Fixer le temps nécessaire à la réalisation
des bénéfices.
*Être méticuleux dans la sélection des
projets nécessaire économique et de développement et
où ils ont des avantages directes et appréciables pour les
citoyens arabes et aussi ces projets doivent consolider l'intégration
économique du monde arabe.
*Faire attention à activer les accords bilatéraux
et régionaux afin que cela va, à la fin , dans
l'intérêt de l'action arabe commune.
*Donner la priorité aux projets d'infrastructure comme les
réseaux de routes et de l'aviation, l'électricité et la
communication.
*Aménagement des programmes spéciaux pour certains
pays arabes selon leurs conditions économiques et leurs capacités
institutionnelles.
Face aux effets de détournement qui nuisent à la
régionalisation et posent des problèmes de cohérence de
l'accord, certaines règles doivent être respectées :
En premier lieu, la régionalisation doit se faire entre
partenaires naturels. Si une libéralisation des échanges avec le
principal partenaire commercial met à mal les finances publiques, les
effets de détournement sont réduits. Or le projet
d'intégration sud/sud concerne des pays qui ne sont pas des partenaires
naturels. Les risques de détournement sont alors importants.
En second lieu, les spécialisations des pays
concernés limitent les perspectives d'une régionalisation
économique fondée sur une institutionnalisation des
échanges.
De plus, il est clair que les pays du Sud se présentent
le plus souvent comme des concurrents sur le marché européen
cherchant à dynamiser les exportations vers l'Union européenne
dans quelques secteurs clés comme l'industrie textile-habillement. Cela
mène à créer des complémentarités avec
l'Europe au détriment de l'intégration Sud/Sud.
En d'autres termes, il y a lieu de suggérer des
recommandations vues les effets de ZALE, conjugués avec l'impact du
partenariat euro-méditerranéen :
· Renforcer les attributions du Conseil Economique et
Social de la Ligue Arabe, à l'instar de la commission
européenne, afin de garantir une efficacité dans la mise en place
de la GZALE.
· Créer une institution multilatérale
chargée du financement ; dans le but d'accroitre les échanges
commerciaux interarabes ; et de l'harmonisation des outils de paiement dans le
sens d'envisager une union monétaire arabe tel que l'union
européenne.
· Mobiliser les ressources financières arabes et
assouplir les mesures d'application des règles d'origine en vue de
développer l`investissement régionale et les échanges
commerciaux interarabes.
· Améliorer les infrastructures par rapport aux
communications et aux transports afin de renforcer les flux commerciaux
interarabes.
· Prendre en considération la dimension sociale dans
tous les projets de développement et d'intégration
économique arabes.
La relance de l'Union du Maghreb Arabe et la redynamisation de
ses différentes instances régionales et ses structures de
coopération économique, le développement et la promotion
d'une coopération trilatérale
euro_araboméditerranéenne, la généralisation des
Accords horizontaux entre les pays tiers eux-mêmes constituent un
puissant levier d'intégration de la rive sud de la
Méditerranée pouvant affecter positivement l'ensemble de la zone
arabe de libre échange.
Il est également recommandé que les dispositions
de l'accord en question doivent être rigoureusement appliquées,
commençant par la suppression des barrières non tarifaires, suivi
par autres démarches en particulier : la libre circulation de travail,
adoption des règles d'origine ...De plus, la libéralisation des
services est une étape qui peut avoir un effet positif sur le
développement de la zone.
Le cumul des règles d'origine entre les pays GAFTA et
les pays membres de l'accord d'Agadir s'avère un élément
de coopération pour améliorer les effets de l'intégration
régionale.
Les Etats doivent tout mettre en oeuvre pour
générer des conditions optimales pour la croissance
économique et pour dynamiser l'action économique commune et
aplanir les obstacles entravant la création de la zone arabe de
libre-échange et l'Union douanière arabe
Conclusion générale
L'instauration d'une zone de libre échange ; que ce
soit entre les pays signataires de l'Accord d'Agadir ou entre les pays membres
de la zone arabe de libre échange ; ne permettra pas de tirer grands
profits des intégrations fondées essentiellement sur les
perspectives d'augmentation du volume des échanges commerciaux .
En effet, la Grande Zone Arabe de Libre Echange doit
être revue dans un cadre plus global et cohérent pour permettre la
conception de grands projets d'investissement qui valorisent les atouts des
pays de la zone.
Ceci nécessitera bien sur des mécanismes de
financement des outils et techniques de réalisation afin que tous les
pays membres puissent tirer profit au même pied d'égalité.
D'autre part, il est à souligner que tout intégration Sud/Sud
devrait être accompagnée par un soutien financier pour compenser
les pertes en termes de recettes douanières ainsi qu'en termes de
détournement de commerce.
Sachant qu'une régionalisation sud-sud est aujourd'hui
plus que jamais une condition si non suffisante du moins nécessaire, le
Maghreb et plus largement le Monde Arabe sont appelés à relever
le défi pour s'engager dans la voie de l'intégration
économique régionale. Au coeur de ce défi se situent la
capacité et la volonté des pays arabes d'instaurer un
véritable processus de croissance facilitant l'attraction des
investisseurs étrangers, et permettant de créer les conditions
nécessaires à la réalisation d'une industrie
compétitive capable d'affronter les dynamiques économiques et
commerciales qui émergent en Asie, en Amérique et ailleurs.
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