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Paysages et systèmes agraires

( Télécharger le fichier original )
par Jean Pierre MAHORO
Universite National du Rwanda  - Licence en Geographie  2007
  

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FACULTE DES SCIENCES

DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

OPTION : GEOGRAPHIE PHYSIQUE ET HUMAINE

PAYSAGES ET SYSTEMES AGRAIRES DANS

LES ZONES PERIURBAINES DE LA VILLE DE

GIKONGORO

Mémoire présenté en vue de l'obtention

du grade de Licencié en Géographie

C

Bachelor's of Science in Geography)

Par MAHORO Jean Pierre

Directeur:

Monsieur MUSANGWA Sigfried.

Huye, Mars 2007

I
DEDICACE
A ma chère épouse Sylvie MUKAREMERA ;

A ma chère regrettée mère
A nos chers parents ;

A nos enfants :
DUSHIME MAHORO Divine
TUYISHIME MAHORO Divin
A nos frères et soeurs ;
A tous nos amis ;
Ce mémoire est dédié.

II

REMERCIEMENTS

Le présent travail est le résultat de plusieurs volontés, sans lesquelles il ne serait pas disponible aujourd'hui. Nos remerciements s'adressent en premier lieu au Gouvernement Rwandais pour avoir financé nos études au sein de l'UNR.

Je souhaite tout d'abord exprimer à Mr MUSANGWA Sigfried toute ma reconnaissance et ma gratitude pour la confiance qu'il m'a accordée en acceptant de diriger ce mémoire malgré ses multiples obligations. Nous gardons bonne mémoire des compétences, des qualités humaines et scientifiques qu'il a prodiguée tout au long de ce travail.Nous remercions aussi tout le corps professoral de l'Université nationale du Rwanda, plus particulièrement aux professeurs du Département de Géographie pour leur encadrement scientifique durant nos études.

Je témoigne plus particulièrement toute mon affection à Madame Sylvie MUKAREMERA, à qui je ne remercierais jamais assez, pour ses encouragements, sa patience et ses sacrifices durant notre formation à l'UNR et surtout lors de la réalisation de ce travail. Elle a transpiré régulièrement avec moi et elle a toujours été là dans les bons et les mauvais moments.

Nous tenons à dire merci à toutes les personnes qui, de près ou de loin, ont contribué à notre formation et à l'aboutissement de ce mémoire, avec une mention particulière aux familles de MBANDA Jean Bosco et KAREMERA James.

Ma reconnaissance va aussi à l'ensemble de mes collègues du Campus qui ont su m'apporter leur aide et leurs conseils. Je tiens à remercier tout particulièrement Monsieur MUVUNYI Philibert et MUHUMUZA Protogène qui ont su me supporter dans les moments difficiles.

Et enfin, nous exprimons notre profonde reconnaissance à tous les agriculteurs et aux autres personnes consultées lors de notre enquête, pour leur accueil chaleureux et la patience au cours des entretiens. Nous n'oublions pas toute l'équipe du projet GTZ/SASS pour son attention vis-à-vis de notre travail.

III

TABLE DE MATIERE

DEDICACE I

REMERCIEMENTS II

TABLE DE MATIERE III

SIGLES ET ABRÉVIATIONS VI

LISTE DES TABLEAUX VII

LISTE DES PHOTOS IX

SOMMAIRE X

ABSTRACT XI

0. INTRODUCTION GENERALE - 1 -

0.1. PROBLEMATIQUE - 1 -

0.2. CHOIX ET INTERET DU SUJET - 2 -

0.3. LES OBJECTIFS DU TRAVAIL - 3 -

0.4. LES HYPOTHESES DE TRAVAIL - 3 -

0.5. LA METHODOLOGIE DE RECHERCHE - 3 -

0.5.1. Recherche documentaire - 3 -

0.5.2. Observation du paysage - 4 -

0.5.2.2. Enquête sur terrain - 4 -

0.5.2.3. Taille de l'échantillon - 4 -

0.6. LES DIFFICULTES RENCONTREES - 6 -

0.7. SUBDIVISION DU TRAVAIL - 6 -

CHAPITRE I. PRESENTATION GENERALE - 7 -

.I.1. LA DESCRIPTION DU MILIEU PHYSIQUE - 9 -

I.1.1. Les formes topographiques du milieu - 9 -

I.1.2. Hydrographie - 10 -

I.1.3. Les conditions climatiques - 11 -

I.1.3.1 Les précipitations - 11 -

I.1.3.2 Les températures - 13 -

I.1.5. Les sols très acides - 15 -

I.2. LES CONDITIONS SOCIO-ECONOMIQUES - 16 -

I.2.1. La répartition de la population par sexe. - 16 -

I.2.2. La taille des ménages - 17 -

I.2.2. La population selon les groupes d'age. - 18 -

I.2.3. La population périurbaine et les activités économiques - 19 -

I.2.4. Une population majoritairement agricole - 19 -

CHAPITRE.II. LES SYSTEMES AGRAIRES DES PAYSAGES PERIURBAINS DE LA

VILLE DE GIKONGORO - 22 -

II.1. LES SYSTÈMES SOCIAUX PRODUCTIFS - 24 -

II.1.1. L'organisation familiale face aux activités agricoles - 24 -

II.1.2. Les modes d'acquisition des terres - 28 -

II.1.2.1. L'acquisition par héritage - 29 -

II.1.1.2.2. L'acquisition des terres par achat - 30 -

II.1.2.3. Les autres modes d'acquisition des terres - 31 -

II.1.2. La diminution des surfaces agricoles - 32 -

II.2. LES SYSTEMES DE PRODUCTION AGRICOLE - 34 -

II.2.1. Le mode d'utilisation des sols - 34 -

II.2.2. Le système d'association des cultures - 35 -

II.2.2.1. La maximisation du rendement agricole - 38 -

II.2.2.2. L'autosuffisance alimentaire - 38 -

II.2.2.3. La protection du sol - 39 -

II.2.2.4. La diminution des risques - 39 -

II.2.3. Le calendrier agricole - 39 -

II.2.3.1. La culture des haricots de la première saison - 40 -

II.2.3.2. La culture de sorgho de la deuxième saison - 42 -

II.2.3.3. Les cultures de la troisième saison - 42 -

II.2.4. Les cultures de rente - 43 -

II.2.5. Les outils agricoles - 44 -

II.2.6. Les techniques culturales - 46 -

II.2.6.1. La préparation du sol - 46 -

II.2.6.2. L'organisation des parcelles agricoles - 47 -

II.2.7. Les espaces non cultivés - 48 -

II.2.7.1. 1. Les boisements - 48 -

II.2.7.2. La jachère - 50 -

II.3. L'HABITAT PERIURBAIN DE LA VILLE DE GIKONGORO - 51 -

II.3.1. Les caractéristiques de l'habitat - 51 -

II.3.2. La répartition de l'habitat - 54 -

II.3.2. 2. L'habitat groupé - 54 -

II.3.3. Les problèmes de l'habitat - 55 -

CHAPITRE III : ASPECTS DE L'EVOLUTION DES SYSTÈMES AGRAIRES - 57 -

III.1. LA PROTECTION CONTRE L'EROSION DES TERRAINS AGRICOLES - 57 -

III.1.1. Les fossés antiérosifs - 58 -

III.1.2. L'aménagement du sol en terrasse - 59 -

III.2. LES METHODES DE RENOUVELLEMENT DE LA FERTILITE DU SOL - 62 -

- - - - - - - - - - - - - - -

I

II.2. 1. La fertilisation organique

 

- 63

II.2. 2. Les autres amendements utilisés dans la fertilisation du sol

- 64

III.3 L'INTEGRATION DE L'ELEVAGE DANS L'AGRICULTURE

- 64

III.3.1. L'association de l'agriculture et de l'élevage

- 65

III.3.2. L'évolution vers l'élevage en stabulation

- 66

III.4 LES INFRASTRUCTURES

- 68

III.4.1 Les infrastructures sanitaires

- 68

III.4.2. Les infrastructures scolaires

- 69

III.4.3. Les infrastructures routières

- 70

III.5. LE CENTRE VILLE FACE A L'AGRICULTURE PERIURBAINE

- 71

III.5.1. L'approvisionnement du centre urbain en produits agricoles

- 71

III.5.2. L'agriculture et le revenu de la population périurbaine

- 73

III.5.3. Les investissements agricoles

- 74

CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS

- 76

BIBLIOGRAPHIE

- 78

ANNEXE

 

VI

SIGLES ET ABRÉVIATIONS

CFJ : Centre de Formation des Jeunes

FAO : Food and Agriculture Organisation

FFW : Food For Work

FRW : Francs rwandais

FS : Faculté des Sciences

GTZ/SASS : Deutsche Gesellschaft fur Technische Zusamenarbeit Sécurité

Alimentaire et Stabilité Structurelle.

MINAGRI : Ministère de l'Agriculture et de l'Elevage

MINITRACO : Ministère des Transports et Communication.

MINITRAPE : Ministère des Travaux Publics et de l'Energie

NPK : Azote, Phosphore, Potassium.

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PDC : Plan de Développement Communautaire

PH : Potentiel d'Hydrogène

Pmm : Précipitations

PNIMT : Programme National d'Investissement à Moyen Terme

ISAR. : Institut des Sciences Agronomiques du Rwanda

IRST : Institut de Recherche Scientifique et Technologique

UNR : Université Nationale du Rwanda

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1. Le régime pluviométrique à Gikongoro (de 1985-2003, alt.1910m ;

2028'S ; 29034'E) - 11 -

Tableau 2. La variation mensuelle des températures à Gikongoro (de 1985-2003) - 13 -

Tableau 3. La répartition de la population selon le secteur et le sexe en 2003 - 16 -

Tableau 4: La répartition de la population par ménage - 17 -

Tableau 5. L'état d'occupation de la population périurbaine âgée de plus de 15ans - 19 -

Tableau 6. La répartition de la population périurbaine par secteurs d'activité - 20 -

Tableau 7: La main d'oeuvre utilisée dans les exploitations périurbaines de la Ville de

Gikongoro - 25 -

Tableau 8: Le temps de travail consacré aux différentes activités par sexe et pat jour - 26 -

Tableau 9. Les modes d'acquisition des terres agricoles dans la Ville de Gikongoro. - 28 -

Tableau 10. La proportion des familles qui exploitent l'héritage de la femme - 30 -

Tableau 11: Les superficies des exploitations agricoles périurbaines de la Ville de

Gikongoro. - 32 -
Tableau 12. Les principales cultures associées dans les exploitations périurbaines de la

ville de Gikongoro - 36 -

Tableau 13. Les raisons de l'association des cultures - 37 -

Tableau 14. Les saisons culturales rwandaises - 39 -

Tableau 15 : Les variétés de culture de haricot pratiquées. - 41 -

Tableau 16. La situation des marais dans la Ville de Gikongoro - 43 -

Tableau 17. Le nombre de caféiers par secteur - 43 -

Tableau 18. L'outillage utilisé dans l'agriculture périurbaine de la ville de Gikongoro - 45 -

Tableau 19. L'état des boisements dans la Ville de Gikongoro - 49 -

Tableau 20: Les exploitants qui pratiquent le système de jachère - 50 -

Tableau 21: Les matériaux de construction des maisons - 52 -

Tableau 22: Le taux d'utilisation des techniques de protection du sol dans des zones périurbaines de la ville de Gikongoro - 57 -
Tableau 23. La superficie aménagée en terrasses radicales dans les secteurs de la Ville

de Gikongoro - 59 -

Tableau 24: Les modes de fertilisation du sol périurbain de la ville de Gikongoro - 63 -

Tableau 25. La distribution du cheptel dans les secteurs de la Ville de Gikongoro - 65 -

Tableau 26: L'état des sources d'eau par secteur - 69 -

Tableau 27 : Les infrastructures scolaires dans la Ville de Gikongoro - 70 -

LISTE DES FIGURES

Figure 1. La localisation de la Ville de Gikongoro dans l'ancienne Province de

Gikongoro. - 7 -

Figure 2: Localisation de la ville de Gikongoro dans le District de Nyamagabe - 8 -

Figure 3 : Le réseau hydrographique de la Ville de Gikongoro - 10 -

Figure 5. Le diagramme pluviométrique de la ville de Gikongoro (de 1985-

2003 ; alt.1910m ; 2028'S ; 29034'E) - 12 -

Figure 6. Le diagramme ombrothermique de Gikongoro (de 1985-2003) - 14 -

Figure 7 : La population de la ville de Gikongoro - 17 -

Figure 8. La structure démographique de la ville de Gikongoro en 2003 - 18 -

Figure 9 : La population de la Ville de Gikongoro et les secteurs d'activités - 20 -

Figure 10 : La combinaison des éléments constitutifs d'un système agraire - 23 -

Figure 11 : La main d'oeuvre utilisée dans les exploitations périurbaines de la

Ville de Gikongoro - 25 -
Figure 12. Le temps de travail consacré aux différentes activités par sexe et

pat jour - 27 -
Figure 13 : Les modes d'acquisition des terres agricoles dans la Ville de

Gikongoro. - 29 -

Figure 14 : La proportion des familles qui exploitent l'héritage de la femme - 30 -

Figure 15 : Les superficies des exploitations agricoles périurbaines de la Ville

de Gikongoro. - 32 -

Figure 16 : La pression démographique face à la production agricole - 33 -

Figure 17 : Les différentes raisons d'association des cultures - 38 -

Figure 18 : Les variétés de culture de haricot pratiquées. - 41 -

Figure 19 : L'outillage utilisé dans l'agriculture périurbaine de la ville de

Gikongoro. - 45 -

Figure 20 : Les exploitants qui pratiquent le système de jachère - 50 -

Figure 21 : Les matériaux de construction des maisons - 53 -

Figure 22 : Le taux d'utilisation des techniques de protection du sol dans des

zones périurbaines de la ville de Gikongoro. - 58 -
Figure 23 : Les modes de fertilisation du sol périurbaine de la ville de

Gikongoro - 63 -

IX

LISTE DES PHOTOS

 

Photo 1 : Une exploitation dominée par le bananier

- 35 -

Photo 2 : La culture de banane associée aux haricots

- 36 -

Photo 3 : Les variétés de culture de haricot

- 40 -

Photo 4 : Le café en culture pure et en association à d'autres cultures

- 44 -

Photo 5. Les parcelles délimitées par des barrières des pennisetum

- 48 -

Photo 6: Une habitation composée de deux maisons différemment construites

- 52 -

Photo 7 : Une maison d'habitation couverte de paille

- 53 -

Photo 8 : L'habitat groupé (Umudugudu)

- 55 -

Photo 9 : Les parcelles agricoles protégées par des fossés antiérosifs

- 58 -

Photo 10 ; Les terrasses radicales exploitées et plantées de haricot

- 60 -

Photo 11 : Les surfaces attaquées par l'érosion dans le secteur de Gikongoro

- 61 -

Photo 12 : Une parcelle agricole menacée par l'érosion

- 62 -

Photo 13 :L'étable d'un éleveur pratiquant l'élevage en stabulation dans le

 

secteur Gikongoro. - 67 -

Photo 14 : Une parcelle de pennisetum - 67 -

SOMMAIRE

Ce mémoire présente les résultats de l'étude descriptive des paysages et systèmes agraires réalisés dans des zones périurbaines du Centre Ville de Gikongoro dont l'objet principal est de comprendre les dynamiques agricoles caractérisant le paysage des dites zones. « Avant de parler de progrès ou de développement en milieu agricole, il faut être conscient de la complexité des caractéristiques, des contraintes et des effets rencontrés et provoqués par les activités agricoles » (DUPRIEZ H, 1983).

Vu le niveau d'accroissement de la population et la variation des temps climatiques, qui sont les principaux facteurs auxquels les agriculteurs font face, nous avons jugé indispensable de mener une étude orientée dans ce secteur qui occupe plus de 90% de la population rwandaise, pour voir si réellement les systèmes agraires appliqués sont adaptés à ces différents facteurs déterminant le développement de l'agriculture.

L'observation du paysage agricole périurbain de la Ville de Gikongoro, renforcée par une analyse des données récoltées sur terrain, nous a permis de dévoiler les caractéristiques principales de ce milieu agricole qui est dominé par une agriculture de subsistance. C'est en étudiant ces différents systèmes d'organisation, d'occupation et d'exploitation du sol qu'on a pu découvrir une diversité de choix, d'adaptation ainsi que des contraintes rencontrées dans la mise en valeur de cet espace agricole périurbain de la Ville de Gikongoro ce qui a permis de dégager les priorités stratégiques de réduction de la pauvreté et de la faim qui affectent aujourd'hui la vie d'une grande partie de la population oeuvrant dans ce secteur agricole.

XI

ABSTRACT

This memoir presents the results of a descriptive study of landscapes and agrarian systems of neighbouring zones of Gikongoro town (municipality), its main objective being to understand agricultural dynamics characterizing the landscape of the aforementioned zones. «Before talking about progress or development in agricultural area, one must be aware of the complexity of characteristics, constraints and effects found and brought about by agricultural activities» (DUPRIEZ H, 1983).

Given the rate of the population growth and the effects of the climatic times variation that are the main factors that farmers face, I noticed that it was of paramount importance to conduct a research in this domain on which more than 90% of the Rwandan population rely. This research aimed at analysing if actually the land systems applied match with the different factors determining the agricultural development

The observation of the agricultural landscape surrounding Gikongoro town strengthened by the analysis of data collected from the area of case study has permitted to reveal the main characteristics (features) of this agricultural region which is basically dominated by substantial agriculture while analysing the different organizational systems soil occupation and exploitation it has been possible to find out (discover) a variety of choices for adaptation and constraints found in developing this suburban agricultural spaces, and this will help in showing the strategic priorities for poverty and hunger reduction that affects today the life of a great part of the population who are working in the agricultural sector.

0. INTRODUCTION GENERALE

0.1. PROBLEMATIQUE

L'espace périurbain est un milieu de transition qui assure la liaison entre le centre ville, fortement habité, et le milieu rural dominé par les activités agricoles. Cet espace est généralement hétérogène. Il se caractérise par un changement du paysage au fur et à mesure qu'on s'éloigne du centre ville. La concentration de l'habitat diminue progressivement en cédant la place à l'espace vert utilisé pour les activités agricoles.

Les espaces environnant les villes rwandaises sont semi-urbains. La subsistance de la population reste dépendante de la production agricole. La forte demande en terre générée par un taux de croissance sans précédent de la population a conduit progressivement à une dégradation de la productivité agricole. Les systèmes culturaux traditionnels sont en mauvais état et ne sont plus appropriés. Les aménagements et la technologie nécessaires pour les remplacer ne sont pas toujours disponibles. A cela s'ajoutent les effets néfastes du relief accidenté dont la pratique agricole exige souvent des stratégies d'adaptation dépassant la capacité de la population. Toutes ces conditions aboutissent à la diminution de la production agricole, celle-ci étant considérée comme un élément fondamental d'un système agraire.

Bien que certaines mesures de mise en place des techniques et des technologies agricoles avancées (comme l'usage des engrais, l'aménagement en terrasses radicales, l'utilisation des semences sélectionnés, l'adaptation du nouveau système d'élevage etc.) soient prises, il devient plus difficile que la production agricole se maintienne au niveau de la demande croissante engendrée par l'augmentation de la population. Ceci conduit particulièrement à l'extension des cultures vers des zones plus marginales où les facteurs physiques limitent la productivité potentielle. C'est également cette croissance démographique exagérée qui atténue les succès techniques et technologiques permettant de satisfaire ces demandes. Dans certains cas, les mouvements de la population pour participer aux activités du centre ville réduisent la pression absolue sur les terres agricoles tandis que l'expansion urbaine réduit le total des terres disponibles pour l'agriculture périurbaine.

Comme il est indiqué dans le programme du gouvernement dit « Vision 2020 », l'accroissement des revenus agricoles et la création des opportunités de gagner des revenus hors de l'agriculture doit passer par la recapitalisation et la transformation de l'économie rurale, ce qui peut être atteint en se fondant sur les atouts traditionnels de l'économie rurale rwandaise et en y introduisant de nouvelles technologies.

Cette étude consistera alors à déterminer les différentes formes d'organisation de la population périurbaine dans son environnement afin de pouvoir contrôler son aire géographique et satisfaire ses besoins. Alors, le point de départ sera l'analyse des relations qui existent entre l'homme et le sol dans l'agriculture ainsi que dans les formes d'habitat. Cela permettra d'évaluer les changements de la production agricole de ces zones et sa place dans l'approvisionnement des villes en produits alimentaires afin de prendre des mesures de transformation de cette agriculture avec des techniques plus favorables tout en maîtrisant les conditions contraignantes du milieu qui peuvent conduire à la dégradation excessive du sol.

Ainsi notre recherche se propose de répondre aux questions suivantes :

· Quelles sont les caractéristiques physiques et humaines du milieu périurbain de la Ville de Gikongoro ?

· Quelles sont les caractéristiques des systèmes agraines des zones périurbaines de la Ville de Gikongoro ?

· Quelles sont les formes d'évolution des systèmes agraires que connaissent les paysages des zones périurbaines de la Ville de Gikongoro ?

0.2. CHOIX ET INTERET DU SUJET

La partie de la province du sud dans laquelle se trouve la Ville de Gikongoro est une région à sol très acide et à relief accidenté. Elle est menacée par des problèmes de pauvreté qui sont liés à la mauvaise production agricole. L'agriculture qui est la principale activité pour plus de 90% de la population se montre aujourd'hui incapable de procurer la nourriture suffisante pour ceux qui la pratiquent. Malgré le rôle double de l'agriculture périurbaine, c'est-à-dire la satisfaction des besoins de l'agriculteur, et également l'approvisionnement des citadins en mettant à leur disposition une grande diversité des produits alimentaires, l'agriculture périurbaine reste relativement méconnue. Pour la défendre, il convient surtout de multiplier des études descriptives et comparatives pour mieux identifier les facteurs qui peuvent conduire à la valorisation de cet espace périurbain surtout dans le domaine agricole.

Ainsi la description des structures agraires servira de relais pour un meilleur diagnostic des contraintes identifiées dans la mise en valeur de l'espace périurbain de la Ville de Gikongoro et dresser un constat des solutions locales à mettre en oeuvre. Alors, il conviendra d'établir une évaluation des résultats quant aux rendements et aux techniques agricoles à promouvoir en vue de l'application des meilleures formules qui

paraissent applicable dans ces zones. Cela conduira à la bonne orientation des investissements disponibles dans les domaines du développement. C'est pour cela que l'agriculture sera une solution non seulement aux problèmes économiques de la population périurbaine, mais aussi au défi alimentaire auquel est confrontée la population du centre urbain de la ville de Gikongoro.

0.3. LES OBJECTIFS DU TRAVAIL

Notre étude sur les paysages et les structures agraires dans des zones périurbaines de la Ville de Gikongoro s'est articulée sur les objectifs suivants :

· Montrer les différentes caractéristiques physiques et socio-économiques des systèmes agraires des zones périurbaines de la Ville de Gikongoro

· Expliquer les contraintes internes qui, au sein des systèmes agraires, conditionnent les transformations nécessaires du paysage

· Montrer les différentes formes techniques et socio-économiques d'évolution des systèmes agraires que connaissent les paysages des zones périurbaines de la Ville de Gikongoro

0.4. LES HYPOTHESES DE TRAVAIL

Afin de mener à bonne fin ce travail, nous avons formulé les hypothèses suivantes :

· Le paysage périurbain de la Ville de Gikongoro est influencé par les différentes caractéristiques physiques et humaines que connaît le milieu.

· Les caractéristiques des systèmes agraires des zones périurbaines de la Ville de Gikongoro restent traditionnelles et donnent à ces zones un paysage généralement rural.

· Les perspectives d'évolution des zones agricoles périurbaines restent faibles, vu les exigences des caractéristiques du milieu physique et humain.

0.5. LA METHODOLOGIE DE RECHERCHE 0.5.1. Recherche documentaire

Nous avons consulté les différents documents en rapport avec les paysages et les systèmes agraires afin de pouvoir enrichir nos connaissances sur le thème choisi. Cela a motivé la fréquentation de certaines bibliothèques, centres et services de documentation de certaines institutions publiques ou privées qui sont en rapport avec le domaine de recherche. Les services documentaires visités sont surtout la

bibliothèque Centrale de l'UNR, les services de documentation de l'ancienne province de Gikongoro, du MINAGRI, de l' ISAR et de l' IRST. Cette recherche documentaire nous a permis de collecter les données et les documents relatifs au sujet d'étude comprenant les rapports, les mémoires, les thèses, les ouvrages généraux et certaines données statistiques.

0.5.2. Observation du paysage

Dans cette étude des paysages et des systèmes agraires nous voulions connaître les réalités de l'agriculture qui est pratiquée dans des zones périurbaines de la Ville de Gikongoro, ce qui ne peut se faire que par une observation directe sur terrain, c'est-àdire observer les cultures, les forêts, les animaux mais aussi la topographie et le sol. Cette première étape d'observation du paysage nous a permis d'obtenir les premières informations sur la mise en valeur des terres et d'énoncer les premières hypothèses, par exemple quant aux types des terres cultivées, à leur mode de mise en valeur.

0.5.2.2. Enquête sur terrain

Le contenu de ce mémoire vient en majeure partie des informations récoltées auprès des agriculteurs. Il s'agit d'une méthode participative basée sur des entretiens avec des agriculteurs. Cette méthode de collecte des données que POURTIOS J. a définie comme « un instrument de prise de l'information basée sur l'observation et l'analyse des réponses à une série des questions posées à un échantillon tiré d'une population » a permis d'obtenir les informations nécessaires sur les systèmes agraires.

0.5.2.3. Taille de l'échantillon

Comme il est impossible d'interroger toute la population qui oeuvre dans ce secteur économique, il nous a fallu réaliser un échantillonnage des exploitants représentatifs, sur base de la formule de BOUCHARD citée par HITAYEZU F. (2000) qui détermine la taille de l'échantillon à l'aide d'une table appelée « Table de détermination de taille de l'échantillon ». Cette table annonce que pour une population mère infinie, c'est-à-dire, supérieure à un million de personnes, il faut faire correspondre un échantillon de 96 personnes avec une marge d'erreur de 10 %. Comme notre population est finie : 32 960 personnes habitant toute la ville de Gikongoro, nous avons utilisé la formule suivante :

Où N = Taille de la population- mère

n = Taille de l'échantillon pour une population infinie Nc =taille de l'échantillon

En remplaçant N et n par leurs valeurs respectives, on a :

32 960

Nc = = 96 x 32 960

1+32 960 32 960+ 96

96

= 95,7 = 96

 

Ainsi, le nombre d'exploitants à interroger suivant les ex-secteurs a été trouvé de

manière suivante :

 
 
 

Gasaka:

4.865 x 96 =

14

 
 

32.427

 
 

Kizi :

4.374 x 96 =

14

 
 

.32.427

 
 

Gikongoro

11.160 x 96 =

33

 
 

32.427

 
 

Ngiryi :

.916 x 96 =

19

 
 

32.427

 
 

Remera :

2.766 x 96 =

8

 
 

32.427

 
 

Kamegeri:

.902 x 96 =

 

8

 

32.427

Les questions composantes du questionnaire ont été posées aux 96 exploitants visités lors de l'enquête suivant le nombre ci-haut calculé conformément à la population de chaque secteur. Lors de ces différentes visites des exploitants qui étaient pris comme échantillon, nous avons eu l'occasion de faire l'observation analytique des parcelles agricoles composant les exploitations afin de compléter les réponses données par la populations. C'est pour cette raison qu'on a fait aussi un entretien avec d'autres personnes représentant le secteur agricole dans les institutions publiques ou prives.

0.6. LES DIFFICULTES RENCONTREES

Les difficultés rencontrées sont surtout liées à la récolte des données nécessaires. Une telle étude qui exige beaucoup de données pour pouvoir analyser la complémentarité et la complexité de tous les éléments capitaux de la vie d'une communauté vivant de l'agriculture.

Certains points n'ont pas été suffisamment analysés faute d'informations suffisantes. Par contre, la recommandation de la part des autorités de la FS nous a permis d'aborder les gens qui nous ont facilité le contact avec les exploitants de la Ville de Gikongoro choisis comme échantillon. Malgré toutes ces difficultés, nous avons pu atteindre les objectifs que nous nous sommes assigné dans cette étude.

0.7. SUBDIVISION DU TRAVAIL

Mise à part la présente partie introductive, ainsi que la conclusion générale et les recommandations, ce travail comporte trois chapitres qui s'agencent de la manière suivante :

· Le premier chapitre traite de la présentation générale des zones périurbaines de la Ville de Gikongoro tout en insistant sur les aspects physiques et humains caractérisant ces zones.

· Le deuxième chapitre se concentre sur les caractéristiques des systèmes agraires des zones périurbaines en se basant sur les différentes formes d'organisation ainsi que des systèmes de mise en valeur de l'espace agricole qui caractérisent les paysages périurbains de la Ville de Gikongoro.

· Enfin le troisième chapitre présente les différents aspects de développement de ces systèmes agraires érigés dans des zones périurbaines de la Ville de Gikongoro.

CHAPITRE I. PRESENTATION GENERALE

La Ville de Gikongoro était l'une des entités administratives de l'ancienne province de Gikongoro. Située au Sud-Ouest du pays, celle-ci était subdivisée en sept districts : Nshili, Kaduha, Karaba, Mudasomwa, Mushubi, Nyaruguru et la Ville de Gikongoro.

Selon les lois n° 4/2001 du 13 janvier 2001, n°5/2001 du 18 janvier 2001 n° 7/2001 du 19 janvier 2001 «portant respectivement sur l'organisation et le fonctionnement des districts, des circonscriptions urbaines et de la Ville de Kigali » chaque chef-lieu de province a été conçu comme une ville, C'est ainsi que la ville de Gikongoro fut l'une des unités administratives autonomes de l'ancienne Province de Gikongoro.

Figure 1. La localisation de la Ville de Gikongoro dans l'ancienne Province de Gikongoro.

La Ville de Gikongoro était composée de 6 secteurs à savoir Gasaka, Kamegeri, Ngiryi, Remera, Kizi et Gikongoro. Son centre ville qui était le chef-lieu administratif et économique de l'ancienne Province de Gikongoro qui abrite actuellement le bureau du district de Nyamagabe.

Avec la reforme administrative de janvier 2006 qui a divisé le Rwanda en quatre provinces et la ville de Kigali, la Ville de Gikongoro a été combinée avec les ex-districts de Kaduha, Mushubi, Mudasomwa, et une partie du district de Karaba pour former l'actuel district de Nyamagabe, l'un des huit district de la province du Sud.

Figure 2: Localisation de la ville de Gikongoro dans le District de Nyamagabe

Comme le montre la carte ci-haut, les quatre secteurs de la Ville de Gikongoro, Gasaka, Remera, Gikongoro et Ngiryi ont été combinés pour former l'actuel secteur de Gasaka. Les deux autres secteurs, Kamegeri et Kizi font actuellement partie du nouveau secteur de Kamegeri.

Située à 2028' de latitude sud et à 29034' de longitude Est, ce centre ville est à cheval sur la grande route asphaltée reliant les villes de Butare et de Cyangugu localisées respectivement dans les districts de Huye et Rusizi. Il est à 165 km de la ville de Kigali et à quelques dizaines de km du Parc National de Nyungwe. Ainsi les résultats présentés dans ce mémoire concernent les zones rurales environnant le centre urbain de Gikongoro suivant la circonscription de la Ville de Gikongoro. C'est ainsi que les données disponibles sont reparties suivant les 7 secteurs ci-haut mentionnés qui couvrent une superficie de 59,96 km2.

.I.1. LA DESCRIPTION DU MILIEU PHYSIQUE

« Les terres ne sont pas seulement considérées en tant que sols ou espace topographique, mais elles possèdent aussi des caractéristiques telles que des dépôts superficiels sous-jacents, un climat et des ressources en eau ainsi que des communautés végétales et animales qui s'y sont développées suite à l'interaction des conditions physiques ». (FAO, 2001). Les effets de l'action anthropique reflétée par des changements dans le couvert végétal ou par des structures, sont également considérés comme des caractéristiques des terres. Une modification de l'un des facteurs, l'affectation des terres par exemple, peut avoir un impact sur d'autres facteurs comme la flore et la faune, la qualité du sol, la distribution des eaux de surfaces et même le climat.

La pratique de l'agriculture en haute altitude sur les pentes raides non adaptées aux activités agricoles, à laquelle s'ajoutent les effets des aléas climatiques pour lesquels l'agriculteur n'a pas de solution, contribuent considérablement à accentuer les menaces sur l'espace agricole. « Même si les moyens de lutte contre les risques climatiques sont nombreux et diversifiés, aucun cependant, n'a jamais mis totalement les cultures à l'abri des violences climatiques » (DUPRIEZ, 1983).

I.1.1. Les formes topographiques du milieu

Les zones périurbaines de la Ville de Gikongoro se situent dans la région du plateau
central mais elles présentent un relief plus ou moins accidenté qui est une transition

vers la crête Congo Nil. Ce relief est formé par une multitude des collines dispersées dans toutes les zones avec l'altitude qui varie entre 1500 et 2300m.

Dans la partie ouest, les collines sont alignées avec des sommets qui dépassent parfois 2000 m d'altitude le point culminant de la Ville de Gikongoro étant la colline de Remera qui culmine à 2.265 m d'altitude. Les versants sont généralement taillés dans les altérites mais dans certaines zones, il y a des versants à affleurement rocheux. Les pentes qui ont des valeurs supérieures à 15% sont fréquentes. C'est là une des contraintes de l'occupation du sol sur l'ensemble de la zone.

I.1.2. Hydrographie

Les cours d'eau entourant la Ville de Gikongoro se divisent en deux bassins : d'une part le bassin de la rivière RUKARARA où se trouvent les rivières Kato et Gisayo et d'autres part le bassin de la rivière MWOGO avec les rivières Kabanda, Nkungu et Kavure.

Figure 3 : Le réseau hydrographique de la Ville de Gikongoro

Source : MINITRACO/CGIS-NUR, 2001.

Les débits de ces cours d'eau sont fonction des précipitations. L'hydrographie de la Ville de Gikongoro est également caractérisée par plusieurs cours d'eau temporaires. Lors des précipitations très fortes, certaines rivières sont menacées par des phénomènes de débordement des eaux.

I.1.3. Les conditions climatiques

« Malgré la continentalité et la position latitudinale équatoriale, le Rwanda se trouve sous l'influence des courants d'air frais et la vitesse du vent relativement rapide » (BIZIMUNGU T. 1977, cité par NDAMYIMANA E.1996).

I.1.3.1 Les précipitations

La Ville de Gikongoro est placée dans une zone des précipitations moyennes supérieures à 1.100mm conformément à son altitude. Elle est entourée par des isohyètes méridiennes de 1200mm à 1400mm des précipitations respectivement de l'Est à l'Ouest.

A part une influence orographique qui est due à la continuité de la Crête Congo Nil, les précipitations ne sont pas vraiment particulières de façon à créer une zone écologiquement différente des autres régions environnantes. La Ville de Gikongoro se caractérise par deux saisons de pluies alternant avec deux saisons sèches.

Tableau 1. Le régime pluviométrique à Gikongoro (de 1985-2003, alt.1910m ; 2028'S ; 29034'E)

Mois

J

F

M

A

M

J

J

A

S

O

N

D

année

Pmn

163,0

103,3

163,8

198,4

118,0

16,2

3,1

75,3

69,7

141,4

126,6

153,3

1332.1

%

12,2

8.0

12,3

14,9

8,8

1,2

0,2

5,6

5,2

10,6

9,5

11,5

100

 

Source : Service météo Province de Gikongoro, 1985-2003.

Figure 5. Le diagramme pluviométrique de la ville de Gikongoro (de 1985- 2003 ; alt.1910m ; 2028'S ; 29034'E)

Pmn

250 200 150 100 50

0

 
 

J F M A M J J A S O N D Mois

Source: Service météo Province de Gikongoro, 1985-2003.

Le tableau de la page précédente et le diagramme ci-dessus présentent les moyennes des précipitations calculées sur une période de 19 ans (de 1985 à 2003) à la station météorologique de Gikongoro où la moyenne annuelle des précipitations est de 1332.1mm. Les précipitations se repartissent sur toute l'année mais l'intensité est différente suivant les saisons. Durant la grande saison des pluies, c'est à dire de mars à mai, les précipitations sont très fortes : un total de 480mm est enregistré, c'est à dire 36% des précipitations totales durant ces trois mois.

De mai à juin les précipitations diminuent considérablement annonçant le début de la grande saison sèche qui continue jusqu' au mois d'août avec 7% des précipitations totales. Cette saison dure entre 80 et 100 jours suivant les zones ce qui explique la faiblesse des précipitations durant cette saison.

La Ville de Gikongoro connaît aussi deux petites saisons : la petite saison des pluies et la petite saison sèche. Durant la petite saison des pluies les précipitations restent faibles. Cette période de trois mois totalise seulement 25.3% des précipitations annuelles. Le mois de septembre est caractérisé par la faiblesse de précipitations qui est due au prolongement de la saison sèche. La moyenne mensuelle est de 75.3mm. Une augmentation remarquable commence avec le mois d'octobre où les précipitations qui étaient 5,2% en septembre deviennent 10,6%. La petite saison sèche qui s'étend de décembre à février enregistre 31.7% des précipitations totales.

En général les précipitations fortes s'observent dans les mois de janvier, mars, avril, et décembre qui totalisent eux seuls presque 51% des précipitations annuelles. Le mois le plus pluvieux, avril, enregistre 14.9%de toutes les précipitations alors qu'en juillet, les précipitations enregistrées sont de 3,1 mm, ce qui représente un pourcentage de 0,2% de la moyenne annuelle.

I.1.3.2 Les températures

Le climat de la Ville de Gikongoro est toujours chaud à cause des températures qui sont toujours élevées. « Suite à la proximité par rapport à l'équateur, l'amplitude thermique est faible » (NDUWAYEZU, J 1982).

Tableau 2. La variation mensuelle des températures à Gikongoro (de 1985- 2003)

Mois

J

F

M

A

M

J

J

A

S

O

N

D

Total annuel

Moyenne annuelle

17,7

20

19,75

19,2

18,7

18,9

19,3

18,7

18,8

20,1

16,9

19,9

228

19° C

 

Source : Service météorologique, 1985-2003.

D'après ce tableau des températures calculées sur une période de 19 ans (de 1985 à 2003) à la station météorologique de Gikongoro, les moyennes mensuelles sont modérées. Le mois le plus chaud a la température moyenne de 19.50 C, alors que le plus froid enregistre 18,00 C.

A partir des données de ladite station météorologique, on a établi un diagramme ombrothermique permettant de spécifier les périodes sèches et celles qui sont humides. En établissant ce diagramme, on a utilisé la formule de P=2T, c'est-à-dire une échelle des précipitions quatre fois plus grande que l'échelle des températures, ce qui permet de déterminer les caractéristiques atmosphériques du milieu.

Figure 6. Le diagramme ombrothermique de Gikongoro (de 1985-2003)

P = 2T

Source : Service météorologique de Gikongoro, 1985-2003.

De ce diagramme, qui met en évidence les données climatiques de la station météorologique de Gikongoro à partir de 1985 jusqu'en 2003, les deux saisons de pluies qui sont séparées par une grande saison sèche, attestent comment les conditions météorologiques permettent deux récoltes par an. Avec les précipitations qui commencent au mois de septembre, les exploitants procèdent au semis des plantes qui seront récoltées à partir du moi de novembre tandis que ceux qui sont plantées au début du moi de février sont récoltés à partir du moi de mai.

Même si les exploitants ne maîtrisent pas la variabilité des rythmes saisonniers, le climat reste l'un des facteurs déterminant la production agricole. Souvent le hasard du climat rend l'agriculture risquée. Si! ne p!eut pas suffisamment ou ne p!eut pas au bon moment, !es p!antes se dégradent et par !a suite, !a production est compromise. (DUPRIEZ H, 1983).

Les pluies abondantes enregistrées durant ces deux grandes saisons sont favorables aux activités agricoles. La saison sèche qui dure normalement trois mois se situe de la mi-mai à mi-septembre. Une telle prolongation de la saison sèche provoque un retard de la période dans la saison suivante, ce qui a un impact sur la production agricole attendue. Cela a été le cas au cours de l'année 2005, où la diminution exagérée des précipitations a anéanti la production agricole de la petite saison des pluies.

I.1.5. Les sols très acides

L'extrême sud de la Province du même nom dans la quelle se trouve la ville de Gikongoro, est caractérisée par des sols très acides avec un PH compris entre 4.2 et 5, et sont sérieusement appauvris et dégradés par l'érosion. Il s'agit principalement des schistes rouges ou micacés, des roches gneissiques, ou granitiques et de quelques crêtes quartzitiques. « Ces roches acides qui sont pauvre en base et en minéraux ferromagnésiens sont à l'origine de l'appauvrissement du sol parce qu'elles empêchent la décomposition complète de la matière organique » (RUTUNGA V., 1979). Leur dessaturation en cations et l'acidité aluminique font que les rendements agricoles soient médiocres, si des amendements organiques, calciques et minéraux ne sont pas effectués.

La miniaturisation toujours plus grande des exploitations agricoles, liée à la réduction des jachères et à des pratiques agricoles entraîne une surexploitation des sols. Les exploitations étant très petites, le maximum de superficie est consacré à la production vivrière. Cela ne permet pas à l'agriculteur de laisser en jachère ses terres épuisées et d'investir pour la protection et l'amélioration de son capital naturel (sol et forêt). Pire encore, il lui faut, pour survivre, prélever sur ce capital, amorçant ainsi une dégradation lente et grave de conséquences de son appareil de production. La fertilité des sols loin d'être conservée et rehaussée par les apports réguliers en fertilisants organiques et minéraux, est lentement abaissée par une agriculture minière, prélevant plus qu'elle ne restitue. Quant aux sols eux-mêmes, ne bénéficiant pas de mesures adéquates de protection et de conservation, ils disparaissent en grande quantité sous le coup de l'érosion.

I.2. LES CONDITIONS SOCIO-ECONOMIQUES

L'organisation du paysage agraire est influencée par des caractéristiques que la population connaît. Comme l'a souligné GAUCHER, G. (1986), « les complexités croissantes des facteurs démographiques et économiques comme la densité de la population, le niveau de consommation, le milieu économique et les techniques de production ont un impact sur l'organisation du sol surtout dans le domaine agricole ». Ces facteurs sont interdépendants: par exemple la diminution de la surface de culture est due à la densité croissante de la population ; dans ce cas, les agriculteurs sont obligés de recourir à des techniques plus performantes afin de pouvoir satisfaire les besoins des consommateurs.

I.2.1. La répartition de la population par sexe.

Selon le Rapport annuel de la Ville de Gikongoro en 2003, la ville de Gikongoro, dans son ensemble, concentre une population totale de 32 960 habitants, représentant 6.6% de la population totale de l'ancien province de Gikongoro.

Tableau 3. La répartition de la population selon le secteur et le sexe en 2003

Secteur

Hommes

Femmes

Total

Gikongoro

4 051

7 690

11 741

Ngiryi

2 412

3 527

5 939

Kamegeri

1 818

2 137

3 955

Kizi

1 516

1 995

3 511

Gasaka

2 357

2 610

4 967

Remera

1 221

1 626

2 847

Total

13 375

19 585

32 960

%

41

59

100

 

Figure 7 : La population de la ville de Gikongoro

 

100

90

80

70

60

50

40

30

20

10

0

% de la population

.- A4 C..) 41. CA CA
·4 00 .0 C

7 0 0 0 0 0 0 0 0 0 C

 
 
 
 
 
 
 

Hommes Femmes

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Secteur

 
 

Source : Ville de Gikongoro, 2003.

D'après le tableau N°3 et graphique ci-dessus, la population de La ville de Gikongoro est dominée par les femmes. Pour tous les secteurs, elles sont au nombre de 19 585 contre 13 375 hommes ce qui représente respectivement 59% et 41%.

I.2.2. La taille des ménages

Suivant le nombre total de la population et le nombre des ménages, la moyenne des personnes recensées dans chaque ménage est élevée. Elle est de 6 personnes par ménage.

Tableau 4: La répartition de la population par ménage

Secteur

Population total

Nombre de

ménages

personne/ménage

Gikongoro

11 741

1 348

9

Ngiryi

5 939

1 138

5

Kamegeri

3 955

864

5

Kizi

3 511

798

4

Gasaka

4 967

931

5

Remera

2 847

542

5

Total/ Moyenne

32 960

5 621

6

 

Source : Ville de Gikongoro, 2003.

des zones périurbaines, la moyenne est inférieure à celle de toute la ville.

Suivant les caractéristiques des ménages, la population de la ville de Gikongoro habite majoritairement les ménages ordinaires. Pour l'ensemble de la ville, les ménages collectifs concentrent seulement 13% de la population totale, qui se localisent surtout dans le centre urbain ainsi que dans d'autres zones où l'habitat est groupé (Province de Gikongoro, avril 2005). La forte proportion des ménages ordinaires explique l'importance des activités agricoles qui donnent à ces zones périurbaines des caractéristiques généralement rurales. Même dans le centre ville, la ruralisation est partout remarquable car plusieurs ménages possèdent des jardins.

I.2.2. La population selon les groupes d'age.

Les structures par âge pour la population de la Ville de Gikongoro en ensemble et de ses zones périurbaines en particulier sont presque semblables à celles qui s'observent au niveau national. Cela témoigne encore du caractère rural de cette Ville de Gikongoro. La pyramide des âges à la page suivante présente la population de la Ville de Gikongoro, recensée en 2003, suivant leur tranche d'âge.

Figure 8. La structure démographique de la ville de Gikongoro en 2003

Cette pyramide montre que la population est jeune. La population qui a moins de 15 ans représente 34.7% de toute la population dont 11.9% pour les moins de 5 ans, ce qui permet de conclure que c'est une population à forte natalité. Par contre la population ayant plus de 65 ans reste toujours peu nombreuse. Elle représente seulement 3.2% ; alors que la population de 15 à 65ans présente 62%.

I.2.3. La population périurbaine et les activités économiques

Les zones périurbaines du centre ville de Gikongoro sont vraiment pauvres en activités économiques. Le manque d'emplois rémunérés conduit aux déplacements de la population non agricole pour s'occuper d'autres activités qui peuvent procurer des revenus. A part les fonctionnaires et les employés des ONG, l'activité artisanale et le petit commerce sont en pleine croissance mais le secteur secondaire reste faible comparablement à d'autres secteurs d'activité.

Tableau 5. L'état d'occupation de la population périurbaine âgée de plus de 15ans

Etat d'occupation

hommes (%)

femmes (%)

totale (%)

Occupée

75.6

74.0

74.7

Chômeur

0.8

0.5

0.6

Recherche le 1er emploi

0.2

0.2

0.2

Personnes au foyer

4.5

7.5

6.1

Elève/étudiant

13.5

12.0

12.7

Autre

5.4

5.4

5.7

 

Source : Province de Gikongoro, avril 2005

D'après le tableau ci-dessus, 75,6% de la population périurbaine résidente âgée de plus de 15ans sont déclarées économiquement actifs et 74,3% de cette même population sont occupés. Peu de personnes se disent être chômeurs ou à la recherche du premier emploi. Les élèves et les étudiants se placent au second rang avec 12.7%. Pour les personnes au foyer, les femmes sont plus nombreuses que les hommes parce que ce sont elles qui s'occupent souvent des petites activités domestiques.

I.2.4. Une population majoritairement agricole

Généralement les zones périurbaines rwandaises disposent des caractéristiques économiques généralement ruraux. Le tableau ci-dessous montre la répartition de la population par secteurs d'activité professionnelle.

Tableau 6. La répartition de la population périurbaine par secteurs d'activité

Les secteurs d'activité

hommes

femmes

population
totale (%)

Secteur primaire

70.1

83.1

77.2

Secteur secondaire

5.1

1.2

2.9

Secteur tertiaire

24.9

15.7

19.9

 

Source : Province de Gikongoro, avril 2005

De ce tableau, il ressort que dans tous les secteurs d'activité, la participation n'est pas la même pour les hommes et les femmes selon le type d'activité. Dans le secteur primaire, les femmes sont 10% de plus par rapport aux hommes contrairement à d'autres secteurs qui utilisent beaucoup plus les hommes que les femmes. Dans certaines activités du secteur secondaire, il y a une absence quasi-totale de sexe féminin. C'est le cas des activités de construction, de transport, de réparation des objets surtout électroniques, etc. Même au niveau du secteur tertiaire, la participation des femmes reste faible. Elles sont 15.7% contre 24.9% des hommes. Tout cela favorise l'augmentation des femmes dans le secteur primaire

Figure 9 : La population de la Ville de Gikongoro et les secteurs d'activités

3%

Secteur primaire Secteur secondaire Secteur tertiaire

20%

77%

Source : Province de Gikongoro, avril 2005.

Cette figure montre l'importance du secteur primaire dans la ville de Gikongoro. Avec un effectif constitué de 77.2% d'agriculteurs, les zones périurbaines se placent un peu au dessous de la réalité nationale où les agriculteurs sont plus de 90%. Avec une telle part pour un secteur, les autres secteurs sont marginalisés.

Suite à la présence d'un grand nombre des fonctionnaires de l'Etat et des employés du secteur privé habitant les zones périurbaines, la population du secteur tertiaire représente presque 20%. Le secteur secondaire reste très marginal. Avec ses branches diverses dont la construction et l'artisanat, il occupe seulement 2.9% des activités exercées par la population active.

Dans ces zones périurbaines certaines personnes combinent l'agriculture avec d'autres activités. C'est le cas surtout des artisans qui consacrent une partie de leur temps aux activités agricoles de façon qu'il est difficile de connaître laquelle de deux activités consomme le plus de temps. Même certains fonctionnaires et les commerçants pratiquent l'agriculture à temps partiel. Leurs exploitations sont plus productives parce qu'ils y investissent un capital élevé comparablement à d'autres exploitants. Cette dualité d'activités contribue à l'amélioration de leur revenu.

Conclusion partielle.

La Ville de Gikongoro qui était l'une des entités administratives de l'ancienne province de Gikongoro est localisée dans la zone du plateau central avec une altitude variant entre 1500 m et 3000 m car il y a déjà des altitudes amorçant la Crête Congo Nil. La moyenne des précipitations et des températures est respectivement 1332.1mm et 19°c. Les sols sont très acides avec un PH compris entre 4.2 et 5. Avec une population de 32.427 habitants, les hommes sont plus nombreux que les femmes avec 53% contre 47%. Toute cette population est répartie dans 6 258 ménages ce qui donne une moyenne de 5.2 personnes par ménage. L'agriculture qui est la principale activité de la population de cette ville de Gikongoro occupe 77,2% de toute la population active.

CHAPITRE.II. LES SYSTEMES AGRAIRES DES PAYSAGES PERIURBAINS DE LA VILLE DE GIKONGORO

Le paysage est composé par un environnement physique caractérisé par des éléments objectifs tels que sa localisation géographique, son dénivelé, la dimension des parcelles, la diversité des cultures, occupation de l'habitat etc. Selon SIRIEX A (2003) << le paysage est constitué de deux termes de nature profondément différent : le territoire, support du paysage et la perception des populations concernées » Il résulte de l'utilisation du sol et de l'espace. Les modifications importantes et rapides subies par le paysage, obligent à considérer les hommes comme des acteurs responsables de sa formation

La définition du paysage retenue par SIRIEX A (2003): « une structure spatiale qui résulte de l'interaction entre des processus naturels et des activités humaines » souligne le rôle joué par les activités humaines dans la formation de celui-ci. En effet, si le paysage est constitué au départ d'éléments naturels, il est devenu au fil du temps dépendant de la présence humaine. C'est ainsi que l'analyse des relations qu'entretiennent les individus avec le son milieu se montre comme le point essentiel de l étude du paysage.

Dans un pays tel que le Rwanda où un grand nombre de la population oeuvrent dans le secteur primaire, l'agriculture, qui est un activité principale pour plus de 90%, semble un élément essentiel définissant le paysageLe succès de cette activité économique résulte de plusieurs éléments d'ordre humain, écologique, technique que DUPRIEZ H. (1983) a regroupé sous le nom du << systèmes agraires », c'est-à-dire << tous les éléments déterminant la vie d'une communauté vivant de l'agriculture ».

Le système agraire tel qu'il a été défini par MALCOLM H. et al, 2001, est << un modèle d'exploitation du milieu agricole, système de force de production adaptés au conditions bioclimatiques d'un espace donné et qui répond aux conditions et nécessités sociales du moment», qui consiste à décrire les réalités de l'agriculture d'une région en tenant compte de toute la complexité de la production agricole et permet d'entrevoir les perspectives futures pour l'agriculture.

Figure 10 : La combinaison des éléments constitutifs d'un système agraire

SYSTEME SOCIO-ECONO-
MIQUE ET POLITIQUES
Rapports sociaux

 

SYSTEME EDUCATIF

enseignement de base, général
agricole, recherches expérimental

 
 

Mode de consommation (habitudes alimentaires, perception quantitatives,

tables

 
 
 
 

SYSTEME AGRICOLE OU DE CULTURE

FACTEURS disponible pour

MODE DE PRODUCTION

la production agricole

 
 
 
 
 
 
 
 

Travail

 
 
 
 
 
 

Mode de

conditionne ment,

preparation, chauffage

 
 

. Calendrier agricole

Sol Organisa

. Caractéristiques de biomasse tion du

 
 
 
 
 
 

Facteur

d'incertitude . Agrégats d'espèces cultivées Rotation et

Agrégats d'espèces de reconstitution

assolement

 
 
 

Marche des biens de

 
 
 

PRODUCTION AGRICOLE

consommation organisation

de la

distribution

 
 
 

autres productions agricoles utiles

Produit échangé

 
 
 
 

Marché des facteurs de production Organisation de

l'approvision

nement s en facteurs)

 
 
 
 
 
 
 
 

Marché

d'écoulement des
produits agricoles

 
 
 
 
 

Habitat Santé

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Source : Dupriez H., Paysans d'Afrique noire, l'Harmattan, Paris 1982 P.23

L'agriculture n'est pas une activité réservée exclusivement à la population rurale. Elle est aussi pratiquée à l'intérieur des limites administratives des villes et dans des zones périurbaines. Selon le Comité de l'Agriculture de la FAO (1999), dans le monde entier, quelque 800 millions de citadins sont impliqués dans l'agriculture urbaine et périurbaine, que ce soit pour se procurer des revenus et/ou pour produire de la nourriture. Par agriculture périurbaine on entend « des unités agricoles proches de la ville qui pratiquent des exploitations intensives commerciales ou semi-commerciales en pratiquant l'horticulture (légumes et autres cultures), l'élevage de volaille et

d'autres animaux destinés à la production de lait et d'oeufs » ( FAO, 1999). Cette agriculture périurbaine comprend aussi bien les produits provenant de l'agriculture, de l'élevage et de la sylviculture que leurs fonctions écologiques. Souvent, de multiples systèmes d'exploitation agricole existent déjà dans les villes et à proximité de ces dernières.

Dans les zones périurbaines rwandaises, la majorité des ménages sont engagés dans des activités agricoles qui sont de nature extensive. Une grande partie de la nourriture produite par cette agriculture est destinée à la consommation du ménage et les excédents occasionnels sont vendus sur le marché local. Cette situation donne à ces zones périurbaines un paysage généralement rural.

II.1. LES SYSTÈMES SOCIAUX PRODUCTIFS

L'aspect du paysage agraire est le résultat des plusieurs facteurs combinés pour obtenir une production satisfaisante aux besoins de la famille. La production agricole obtenue est étroitement liée à l'organisation sociale du groupe familial surtout dans la répartition du travail, le temps consacré aux différentes activités selon le nombre d'actifs et la surface agricole disponible, ainsi que les différents processus d'acquisition et d'accroissement des exploitations. C'est à partir de cette organisation que se différencient les exploitations agricoles.

II.1.1. L'organisation familiale face aux activités agricoles

Les activités agricoles sont généralement réalisées grâce à la main d'oeuvre familial. Tous les membres de la famille vivant en permanence de l'exploitation contribuent et profitent aux résultats économiques de cette exploitation. Dans certaines exploitations, la main d'oeuvre familiale est appuyée par de la main d'oeuvre extérieure.

Tableau 7 : La main d'oeuvre utilisée dans les exploitations périurbaines de la Ville de Gikongoro

Secteur

Les exploitations utilisant exclusivement la main d'oeuvre familiale

Les exploitations exigeant le recours à la main d'oeuvre

extérieure

Gasaka

10

4

Kizi

12

2

Gikongoro

22

11

Ngiryi

13

6

Kamegeri

7

1

Remera

6

2

Total

70

26

%

73

27

 

Source : Nos enquêtes, 2006.

Figure 11 : La main d'oeuvre utilisée dans les exploitations périurbaines de la Ville de Gikongoro

Gasaka Kizi Gikongoro Ngiryi Kamegeri Remera

Secteur

Main d'oeuvre familiale Main d'oeuvre extérieure

% de la M.0 utilisee

100

90

70

60

40

30

20

80

50

10

0

Source : Nos enquêtes, 2006.

De ce tableau et du graphique y relatif, il est constaté que les activités agricoles sont exécutées en grande partie par la main d'oeuvre familiale. Pour l'ensemble de ces zones périurbaines de la ville de Gikongoro, 73% des exploitants utilisent exclusivement la main d'ouvre familiale. C'est surtout le cas des exploitants qui disposent la surface agricole réduite ou le revenu limite pour faire appel à la main d'oeuvre extérieur. Seulement 27% des exploitants recourent à la main d'oeuvre extérieure afin de pouvoir exécuter à temps toutes les activités agricoles de leurs exploitations. Au niveau de secteur, ce nombre des exploitations qui recourent à cette main d'oeuvre extérieure est inégal. Dans toutes les zones, trois secteurs se

distinguent à savoir Gikongoro, Ngiryi et Gasaka, et disposent respectivement 33%, 32% et 29% des exploitants qui font appel à la main d'oeuvre extérieure. Ces exploitations appartiennent d'une part, aux exploitants qui ont investi une partie de leur capital dans le secteur agricole et qui y retirent un profit considérable, d'autre part aux exploitants qui disposent d'une grande superficie agricole dépassant la capacité de la main d'oeuvre familiale.

La main d'oeuvre extérieure est en grande partie engagée sous forme de travailleurs salariés. Certaines exploitants font éventuellement recours au système d'entraide soit familiale ou rémunérée par la bière de sorgho ou de banane, « Guhingisha », un système souvent sollicité pour des travaux lourds de préparation du sol mais qui est actuellement très rare.

Le système de recours à la main d'oeuvre extérieure se fait en particulier dans la période de l'année nécessitant une forte intensité de travail. Les membres des familles à petites exploitations agricoles sont souvent contraints de travailler comme salariés sur des fermes plus importantes afin d'obtenir un surplus de revenu. Pourtant, certaines exploitations disposent des travailleurs permanents qui reçoivent un salaire mensuel tout en bénéficiant d'une certaine quantité sur la production obtenue.

Une division du temps travail selon les sexes s'observe au sein de la famille. Cette division du travail ne revêt toute fois pas de caractère exclusif et tend à s'estomper de plus en plus du fait des transformations sociales.

Tableau 8 : Le temps de travail consacré aux différentes activités par sexe et pat jour

Activités

Hommes

Femmes

Moyenne

Occupations non productives

4.7

3.8

4.3

Agriculture

3.1

4.5

3.8

Divers (commerce, activité salariée etc.)

2.0

1.0

1.5

Travaux domestique

0.3

2.4

1.4

Elevage

1.9

0.3

1.1

Total

12.0

12.0

12.0

 

Source : Nos enquêtes, 2006.

Figure 12. Le temps de travail consacré aux différentes activités par sexe et pat jour

Temps d'occupation/heure

Occupations non
productives

4,5

2,5

3,5

0,5

1,5

4

2

0

5

3

1

Hommes Femmes Moyenne

Agriculture Divers

(commerce,
activité salariée
etc.)

Activités

Travaux
domestique

Elevage

Source : Nos enquêtes, 2006.

D'après le tableau N°8 et le graphique ci-dessus, il est constaté que le temps de travail par jour après déduction du temps des occupations non productives comme la loisir, les visites familiales, freination des cabarets, est en moyenne 7.7 heures par jour. Ces occupations non productives prennent plus de 4 heures par jour. Pour les activités agricoles qui se placent au second rang, le temps moyen est environs 3.8 heures par jour.

L'analyse du travail effectivement accompli montre que les femmes consacrent plus 8 heures par jour aux activités agricoles productives alors que pour les hommes ce temps est estimé à 7.3 heures par jour. Cela est expliqué par le fait qu'en plus des activités de préparation du sol qui sont réalisées ensemble avec les hommes, les femmes sont souvent obligées de retourner dans les champs pour le semis. A cela s'ajoute les travaux de sarclage, la récolte et les travaux d'après la récolte en particulier le battage des céréales ainsi que les travaux domestiques englobant la préparation des repas, le ramassage du bois de chauffage et l'approvisionnement en eau.

Les hommes exécutent en priorité les travaux durs comme les travaux de défrichage,
la construction et la réfection de l'habitation, les soins culturaux dans les caféiers et les
bananeraies ainsi que les travaux de lutte antiérosive. La plupart des activités dans le

secteur de la production animale sont du ressort des hommes. Les travaux de traite des animaux et la vente des produits animaux restent encore réservés aux hommes.

Les travaux agricoles sont principalement effectués lors de la période de plantation, de sarclage de récolte ainsi que lors de la récolte de café. Pendant la saison sèche surtout au mois de juillet et d'août, la charge de travail diminue de sorte que les fêtes familiales, les visites et autres obligations sociales se concentrent dans cette période. C'est justement dans cette période que le sorgho récolté et séché permet la fabrication de bière utilisée dans ces différentes fêtes et visites familiales.

II.1.2. Les modes d'acquisition des terres

Les droits de tenure sur les surfaces agricoles sont de nature variée. « Traditionnellement, la grande famille possède un droit d'usage illimité sur la plus grande partie de la surface d'exploitation qui peut être transmise et affermée mais ne peut pas être vendue » (PIETROWICZ P. et al, 1998). Actuellement la volonté de vouloir augmenter la capacité de production agricole a développé le recours à d'autres systèmes d'accès à des terres comme l'achat et la location. A la question de savoir de quelle manière les exploitants des zones périurbaines de la ville de Gikongoro accèdent à des terres agricoles, les réponses obtenues sont représentées dans le tableau suivant.

Tableau 9. Les modes d'acquisition des terres agricoles dans la Ville de Gikongoro.

Secteur

Exploitants
interrogés

Héritage

Achat

Autres

Gasaka

14

14

6

2

Kizi

14

13

8

1

Gikongoro

33

28

19

4

Ngiryi

19

17

5

5

Kamegeri

14

5

4

1

Remera

14

7

2

3

Total

96

84

44

16

Pourcentage

 

58

31

11

 

Source : Nos enquêtes, 2006.

De tableau qui montre les parties composantes des exploitations périurbaines selon le mode d'acquisition des terres, des exploitations composées des terres obtenues par un seul mode d'acquisition sont très peu nombreuses. Dans une seule exploitation, on y trouve souvent une partie héritée, une partie achetée ou une partie obtenue par autre mode. Pour tous ces modes d'accès à des terres, l'héritage semble le mode

presque commun pour toutes les exploitations. Pour 96 des exploitants interrogés, 84 disposent des exploitations qui sont soit en partie ou totalement héritées.

II.1.2.1. L'acquisition par héritage

L'héritage est le mode d'acquisition des terres au niveau de la famille correspondant à la distribution progressive des champs du père à ses descendants, il reste le mode le plus dominant d'accès à des terres. Pour l'ensemble des exploitants enquêtés, ce mode d'héritage présente 58% des réponses obtenues contre 31% pour l'achat et 11% pour des autres modes. Le graphique suivant présente ces différents modes d'accès à des terres suivant le nombre des exploitants enquêtés

Figure 13 : Les modes d'acquisition des terres agricoles dans la Ville de Gikongoro.

120

100

80

60

40

20

0

% des exploitations


·

ts..a A CTI 00 0

0 0 0 0 0 C

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Gasaka Kizi Ngiryi Gikongoro Kamegeri Remera

Secteur

 

Héritage Achat Autres

 
 
 

Source : Nos enquêtes, 2006.

Ce graphique illustre le fait que plus de 70% des exploitations ont été obtenues par héritage. Même pour certains secteurs comme Gasaka et Kizi, la proportion des exploitations qui disposent au moins d'une partie héritée dépasse 90%. Dans le système traditionnel d'héritage, le chef d'exploitation était en effet habilité à répartir les terres dont il disposait entre ses fils. Ses filles, sauf exception étaient exclues de la transmission foncière. « Les terres étaient presque toujours apportées par le mari » (GOUD B, 1993). Actuellement tous les enfants ont officiellement le même droit d'héritage. Mais ce principe n'est pas correctement appliqué. Le tableau suivant montre la proportion des familles périurbaines de la ville de Gikongoro qui exploitent l'héritage de la femme.

Tableau 10. La proportion des familles qui exploitent l'héritage de la femme

Secteur

Nombre de familles exploitant l'héritage de la femme

%

Gasaka

1

7

Kizi

3

21

Gikongoro

3

9

Ngiryi

5

26

Kamegeri

1

13

Remera

3

38

Total

16

100%

Moyenne

17%

 

Source : Nos enquêtes, 2006

Figure 14 : La proportion des familles qui exploitent l'héritage de la femme

Ngiryi; 3%

Gikongoro;

Kamegeri;

9%

1%

Remera;

 

4%

Gasaka;

7%

 
 
 
 

Gasaka Kizi Gikongoro Ngiryi Kamegeri Remera

 
 
 

Source : Nos enquêtes, 2006

Le nombre de familles qui exploitent l'héritage de la femme reste encore très faible. Comme le montre le tableau et graphique ci-dessous, il représente seulement 17% de toutes les exploitations. Ici la population enquêtée a expliqué que l'exploitation d'une partie des terres héritées d'une femme se montre difficile et même impossible étant donné que les mariés proviennent généralement des endroits géographiquement différents.

II.1.1.2.2. L'acquisition des terres par achat

Le mode d'acquisition des terres par achat est notamment pratiqué d'une part, par les
garçons n'ayant pas pu obtenir une surface suffisante d'installation et possédant les

ressources monétaires indispensables pour accroître leurs exploitations, et d'autre part, par de nouveaux installés qui veulent créer leurs propres exploitations.

Le prix d'achat est généralement variable suivant les zones. Dans les zones du centre ville le prix est élevé ce qui fait que certains exploitants habitant ces zones procèdent à la vente de leurs surfaces agricoles pour acheter et constituer des exploitations dans des zones un peu éloignées où des terres sont moins coûteuses.

II.1.2.3. Les autres modes d'acquisition des terres

Parmi les autres modes d'accès aux terres, le système de location des terres est le plus utilisé par les exploitants. Ce mode est généralement pratiqué par des exploitants disposant d'une surface cultivable trop restreinte. La location d'une parcelle à une autre exploitant se fait comme le moyen d'élargir la gamme des productions vivrières disponibles pour la consommation familiale.

Le prix du bail est en fonction de sa durée, de la surface de la parcelle, de sa fertilité supposée et du type de spéculation prévu par le bénéficiaire. D'une manière générale, la parcelle n'est cédée que pendant une saison ou un an mais rarement plus. Cette durée de bail très courte représente un facteur d'incertitude considérable pour les locataires dans la mesure où ils ne peuvent jamais compter sur une reconduction du contrat de bail lorsque celui ci est arrivé à expiration. Dans ces conditions, les investissements à long terme comme les cultures permanentes, les bandes antiérosives, les cultures d'engrais verts ne sont pas attrayants sur les terres affermées. Le bénéficiaire n'utilise que très rarement des intrants agricoles.

Le système de location des terres est souvent appliqué sur des petites parcelles éparpillées et éloignées de l'assise foncière du locataire. Les terres louées sont surtout les parcelles localisées dans les marais parce qu'ils sont cultivés toute l'année. Pour que le locateur maximise le profit des terres louées, la récolte d'une culture est immédiatement suivie par la plantation d'une autre culture.

Dans certaines exploitations les propriétaires accordent une partie de son espace agricole à leurs travailleurs. C'est surtout le cas des travailleurs permanents. Les autres modes d'accès aux terres sont surtout les dons par certaines gens qui sont chers à d'autres ou parce qu'ils ont été responsables des funérailles d'un proche parent « Inkurarwobo ». Dans certaines situations l'Etat attribue des terres à certaines personnes nécessiteuses mais ces attributions par l'Etat ne sont pas fréquentes, la proportion est très faible.

II.1.2. La diminution des surfaces agricoles

Les ressources en terres sont limitées alors que les demandes humaines les concernant ne le sont pas. Une demande croissante ou une pression sur les ressources en terre se manifeste par le déclin de la production agricole, par la dégradation de la quantité et de la qualité des terres. Suite à la diminution de la surface agricole disponible causée par la pression démographique, la population a opté pour l'utilisation des terres marginales, le raccourcissement de la période de jachère et la conversion des pâturages et des forêts en terres arables. Le partage des bien familiaux a abouti, dans de nombreux cas, à la création de très petites parcelles qui ne permettent pas d'assurer la subsistance d'une famille. Par conséquent, un épuisement du sol et un déclin sérieux et continu de la production agricole sont aujourd'hui observés.

Tableau 11 : Les superficies des exploitations agricoles périurbaines de la Ville de Gikongoro.

Taille des exploitations

Nombre
d'exploitants

%

0-0.5 ha

28

29

0.5-1 ha

54

56

Plus de 1 ha

14

15

total

96

100

 

Source : Nos enquêtes, 2006

Figure 15 : Les superficies des exploitations agricoles périurbaines de la Ville de Gikongoro.

Plus de 1 ha
15%

0.5-1

56%

 
 
 
 
 
 

0-0.5 ha
29%

 
 
 

0-0.5 ha 0.5-1 ha Plus de 1 ha

 
 
 

Source : Nos enquêtes, 2006.

L'interprétation du tableau et diagramme ci-dessus, élaborés à partir des données
estimatives de superficies des exploitations périurbaines, montre que la superficie
agricole pour la majorité de la population périurbaine de la Ville de Gikongoro est

située entre 0.5 à 1 ha. Cette tranche représente 56% de toutes les exploitations périurbaines. Par contre, les exploitations dont la superficie dépasse 1ha est représenté par 15%. 29% des exploitants vivent d'une superficie agricole inférieure à 0.5 ha. Cette situation de la ville de Gikongoro est presque semblable à celle de tout le pays où la taille moyenne des exploitations est inférieure à 0,8 hectare et aussi, plus de 25 % des familles doivent survivre sur moins de 0,4 ha.

La capacité de production et de satisfaction de la famille agricole dépend en grande partie de la taille de la population de la famille. L'enquête faite sur terrain montre que pour la majorité des exploitants agricoles, la vulnérabilité des exploitations est fortement corrélée avec la diminution progressive de la surface agricole. En effet, l'absence de niveaux techniques convenables adaptés à la croissance de la population et la réduction progressive des terres agricoles, limitent considérablement la production agricole disponible tout en provoquant des risques d'érosion et d'épuisement du sol.

La figure de la page suivante montre comment la pression démographique est des causes majeures de la mauvaise production agricole.

Figure 16 : La pression démographique face à la production agricole

Mise en valeur

De la terre arable Manque de

Des parcelles pâturage

A faible vocation agricole

Surexploitation

Augmentation
d'érosion

Diminution de la production agricole

Pression démographique

Rareté de la terre

Baisse de la
Fertilité du sol

Manque des fumiers et
autres intrants agricoles

Source : Nos enquêtes, 2006.

Du fait de la réduction de la surface d'exploitation disponible, un nombre croissant de jeunes soit, n'hérite plus d'aucune terre, soit ne peuvent plus vivre de la surface qui leur a été attribuée. Ils sont donc contraints de se mettre en quête d'un des rares emplois offerts hors de l'agriculture. Obligés de s'orienter très tôt hors de l'agriculture

et hors de l'exploitation de la famille, les jeunes sont de moins à moins motivés à participer aux activités agricoles.

II.2. LES SYSTEMES DE PRODUCTION AGRICOLE

Le système de production agricole est une combinaison d'éléments d'ordre écologique, technique, socio-économique et culturel, qui déterminent la production agricole. Le souci d'améliorer les moyens de subsistance et de garantir la sécurité alimentaire des ménage, semble être le moteur des différentes méthodes de cultures et des systèmes de production appliqués par les exploitants. Mais c'est aussi à travers ces systèmes de production que les risques de dégradation et d'épuisement du sol apparaissent.

II.2.1. Le mode d'utilisation des sols

Les exploitants des zones environnantes du centre urbain de la Ville de Gikongoro pratiquent une agriculture de subsistance. Les cultures dominantes sont principalement le haricot, la patate douce, le sorgho, le petit pois, le maïs, la banane, le soja, le manioc. Le caféier est la seule culture commerciale pratiquée. A part les cultures permanentes, la banane et le café, la répartition des cultures sur la surface agricole est étroitement liée à la période saisonnière et à l'importance d'une telle culture sur le plan alimentaire.

En termes de surface cultivée, les cultures saisonnières (le sorgho, le haricot et le maïs) s'imposent et peuvent couvrir une superficie moyenne supérieur à la moitié de toute l'exploitation. Les tubercules viennent au second rang. La culture la plus couramment pratiquée est celle des patates douces qui sont cultivées partout. Elles constituent un aliment de base pour la population. Elles sont plantées et récoltées durant toute l'année. Au début de la saison sèche, les patates douces sont surtout cultivées dans les marais. Même les exploitants qui ne disposent pas de champs dans les marais procèdent au système de location de parcelles destinées à cette culture surtout pendant la saison sèche. La culture du manioc est pratiquée surtout sur des espaces marginaux et souvent loin de l'assise foncière.

Pour les cultures pérennes, le bananier est la culture permanente la plus répandue. Elle se trouve dispersée dans presque toutes les exploitations agricoles. Dans certaines exploitations, le bananier occupe plus d'espace que les autres cultures.

Photo 1 : Une exploitation dominée par le bananier

Source : Photos prises en septembre 2006.

A l'exemple de cette photo, il est constaté que les certaines exploitations disposent le bananier comme culture principale parsemée dans presque toutes les parcelles. Ce type de cultures est souvent associé par des cultures vivrières qui s'alternent suivant les saisons culturales.

A part sa consommation comme une nourriture solide et comme source de bière, la culture de bananier sert à d'autres utilisations. Le tronc sert d'aliment au bétail tandis que les feuilles sèches servent au paillage de la bananeraie elle-même ou des champs de café, de combustible, de matière première dans la construction ou l'artisanat, dans divers usages domestiques.

II.2.2. Le système d'association des cultures

« Le système d'association des cultures consiste à la mise en culture, au cours d'une même année de différentes espèces végétales sur le même terrain soit simultanément, soit successivement ou encore avec un décalage entre plusieurs d'entre elles » (PIETROWICS P. et al, 1998). Le tableau montre les réponses fournies par les exploitants à la question de savoir quelles sont les cultures dominantes dans ce système d'association des cultures.

Tableau 12. Les principales cultures associées dans les exploitations périurbaines de la ville de Gikongoro

Cultures associées

nombre d'exploitants

%

1

Sorgho/maïs/ haricots/patates douces

26

27

2

Manioc/patates douces

18

18

3

Bananes/haricot /sorgho/maïs

13

13

4

Haricots/petit pois

8

8

5

Patates douces/haricots/bananes

8

8

6

Haricots /sorgho/pomme de terre

6

7

7

Bananes/patates douce/haricots

6

7

8

Haricots/soja/petit pois

5

5

9

Maïs/manioc/patates douces/haricots

4

4

10

Haricots/maïs/pomme de terre

4

4

Total

96

100

 

Source : Notre enquête, 2006.

Les réponses fournies dans le tableau ci-dessus contiennent des situations multiples. Dans ce tableau, les cultures dominantes de ces différentes associations sont surtout les haricots, les patates douces et le bananier, le maïs et le sorgho. Même sous le bananier, la pratique des cultures saisonnières est courante.

Photo 2 : La culture de banane associée aux haricots

Source : Photos prises en septembre 2006.

Les effets de la diminution de l'espace agricole ont conduit à la suppression du système de paillage dans l'entretien de cette culture et à son introduction dans le peuplement des cultures associées. La culture de haricots occupe aussi une place considérable dans ce système d'association. Ils sont souvent associés aux petits pois, le soja. Pendant la deuxième saison culturale, les haricots sont cultivés en association avec le sorgho. Dans toutes les saisons culturales la majorité des exploitations dispose de parcelles destinées aux cultures des tubercules surtout les patates douces et les manioc soit en culture pure ou associée.

Dans une exploitation des cultures associées, les périodes de récolte sont différentes suivant le cycle végétatif des cultures. La culture récoltée est immédiatement remplacée par une autre. La qualité du sol, les conditions climatiques et la demande des produits agricoles sur le marché, représentent en l'occurrence les principaux critères guidant les choix des cultures de remplacement.

La décision de réaliser certaines cultures en association ou en culture pure est également influencée par la qualité du sol et l'éloignement des champs. Sur les sols de qualité médiocre le manioc et les patates douces sont plus rencontrés en cultures pures. Sur les champs éloignés, les agriculteurs préfèrent installer des cultures pures pour des raisons d'économie de travail. Dans des parcelles proches de l'habitation, les agriculteurs affirment qu'ils y récoltent une production élevée comparablement à des surfaces agricoles éloignées parce que c'est dans ces parcelles proches qu'ils versent les fumures organiques disponibles. A la question de vouloir connaître l'importance des associations de cultures dans l'agriculture et de mieux cerner les arguments plaidant en faveur ou contre les cultures associées, les réponses obtenues sont synthétisées dans le tableau ci-dessous.

Tableau 13 . Les raisons de l'association des cultures.

Raisons

Première raison

Deuxième raison

Troisième raison

Total

La maximisation du rendement agricole

15

22

26

63

L'autosuffisance alimentaire

26

20

12

58

La diminution des risques

18

16

9

43

La protection du sol

10

8

13

31

 

Source : nos enquêtes, 2006

A cette question beaucoup d'exploitants interrogés ont donné plusieurs raisons ce qui fait que le nombre de réponses obtenues est de loin supérieur au nombre des exploitants interrogés. En considérant l'importance que les exploitants donnent à ces différentes raisons, les réponses qui ont été obtenues comme première raison de l'association des cultures montrent que l'autosuffisance alimentaire et la diminution des risques, qui surtout lié aux changement climatiques et à l'attaques des maladies, sont les plus dominantes. Elle représente respectivement 38% et 26%. Mais cette situation diffère de la situation globale. Le diagramme suivant montre globalement l'importance que les exploitants donnent à ces différentes raisons d'association des cultures.

Figure 17 : Les différentes raisons d'association des cultures

La maximisation du rendement agricole L'autosuffisance alimentaire

La diminution des risques La protection du sol

22%

16%

30%

32%

Source : nos enquêtes, 2006

Le diagramme de la page précédente montre que la maximisation de rendement et l'autosuffisance alimentaire ont été plusieurs fois évoquées par les exploitants comme les principales raisons de pratique des cultures associées. Ces deux raisons présentent respectivement 32% et 30% de toutes les réponses obtenues. Pour chaque raison, les exploitants ont toujours donné des explications :

II.2.2.1. La maximisation du rendement agricole

Selon les explications accompagnant les réponses fournies en faveur de cette raison, la pratique des cultures différentes dont le cycle végétatif est également différant permet de maximiser le rendement de la surface agricole disponible parc que la culture récolté est immédiatement remplace par une autre tout en attendant que les autres cultures arrivent à leurs maturité. Ce qui permet de tirer un profit maximum de la période de végétation sur un minimum de surface. Pour ces exploitants, ce système est surtout plus efficace pour les exploitations de superficie agricole réduite.

II.2.2.2. L'autosuffisance alimentaire

L'association des cultures est l'un des moyens permettant de garantir la sécurité alimentaire au sein de la famille. La disposition des cultures variées dans le champ permet à la famille de bénéficier d'une nourriture équilibrée. Ici la famille s'arrange pour disposer dans son exploitation d'une parcelle destinée aux tubercules et d'une autre dans la quelle elle pratique l'association des autres types de cultures surtout les

légumineuses. Cette méthode facilite l'approvisionnement de la famille en produits nécessaires à une alimentation complète voir même équilibrée.

II.2.2.3. La protection du sol

De ce point, les exploitants affirment que l'association des différentes cultures dans la même parcelle est l'un des systèmes contribuant à la protection du sol contre l'érosion. Comme la capacité de fixer le sol n'est pas la même pour toutes les cultures, les exploitants préfèrent associer les différentes cultures afin de garder l'équilibre de protection entre ces cultures.

II.2.2.4. La diminution des risques

L'agriculture est toujours soumise au hasard et à la variation du climat que

l'agriculteur ne maîtrise pas. La variation des quantités des précipitations et l'attaque des plantes par des maladies sont les principaux facteurs d'incertitude pour les exploitants. Le système d'association des cultures est un des moyens permettant d'empêcher la dégradation totale de toutes les cultures dans une exploitation. Lors de la variation climatique comme la diminution de précipitations certaines cultures sont plus résistantes que les autres. Il peut même arriver qu'une telle culture soit attaquée par une maladie. Ainsi par la pratique des cultures différentes, l'agriculteur espère un certain rendement de la part des cultures résistantes.

II.2.3. Le calendrier agricole

Généralement les activités agricoles rwandaises se font suivant les deux principales saisons : les saison A et B dont les périodes sont respectivement de septembre à janvier et de février à juillet. Pendant la grande saison sèche, les exploitants se concentrent sur la mise en valeur des marais. Cette période appelée saison C commence au mois de juin pour se terminer en octobre.

Tableau 14. Les saisons culturales rwandaises

Saison B (Grande saison des pluies)

 

Saison A (Petite saison des

pluies)

Plantation

Récolte

 

Plantation

Récolte

fév

Mar

Avr

Mai

Juin Juil

Août

Sept Oct

Nov

Dec

Jan

 
 
 
 

Plantation

Récolte

 
 
 
 
 
 
 

Saison C (marais)

 
 
 
 

Source : http://www.sisa.africa-web.org/rubrique, mars 2006.

Dans ces différentes saisons, les cultures dominantes sont surtout le haricot pour la saison A, le sorgho pour la saison B et les tubercules ainsi que les légumineuses durant la saison C. Ces cultures saisonnières sont pratiquées en association ou en culture pure.

II.2.3.1. La culture des haricots de la première saison

Pendant la première saison, la culture des haricots s'impose partout dans les exploitations. Les activités de préparation du labour et du semis de cette culture se font couramment au mois de septembre jusqu'au début d'octobre. Comme son cycle végétatif est généralement de trois mois, la récolte se fait au début de janvier. Pendant cette saison, le haricot est souvent cultivé en culture pure. Les principales variétés pratiquées sont regroupées en deux catégories à savoir les haricots volubiles et les haricots nains.

Photo 3 : Les variétés de culture de haricot

Haricot volubile

Haricot nain

Source : Photos prises en novembre 2006.

Ces deux variétés pratiquées dans les exploitations périurbaines sont différentes selon leur production. Comme le montre la photo ci-dessus, le haricot volubile est de type rampant et comporte plusieurs gousses comparablement au haricot nain. « Le haricot volubile est le plus productif et ses rendements vont jusqu'à doubler ceux du haricot nain » (BAZIVAMO, 2002). Malgré sa production considérable, cette variété de haricot reste la moins pratiquée dans la zone périurbaine de Gikongoro.

Tableau 15 : Les variétés de culture de haricot pratiquées.

Secteur

Population enquêtée

Haricot nain

Haricot volubile

Combiné

Gikongoro

33

21

3

9

Kamegeri

8

5

1

2

Ngiryi

19

10

4

5

Remera

8

5

2

1

Kizi

14

9

2

3

Gasaka

14

7

3

4

Total

96

57

15

24

%

100

59

16

25

 

Source : Nos enquêtes, 2006

Figure 18 : Les variétés de culture de haricot pratiquées.

% 100

40

20

90

80

70

60

50

30

10

0

haricot nain Haricot volubule combiné

Secteur

Source : Nos enquêtes, 2006.

Les réponses présentées dans le tableau N° 15, illustrées dans graphique ci-dessus, affirment que la culture de haricot nain est plus dominante par rapport à la culture de haricot volubile. Pour l'ensemble, 57% de tous les exploitants cultivent le haricot nain contre 15% pour les variétés des haricots volubiles. Par contre 24% des exploitants préfèrent combiner les deux variétés de haricot tout en disposant une parcelle de haricot nain et une autre pour le haricot volubile soit en culture pure ou en association à d'autres cultures. Même dans ces exploitations où ces deux variétés sont combinées, le haricot volubile occupe une petite superficie comparablement à la variété de haricot nain.

La raison avancée pour expliquer cette situation est que les haricots volubiles sont plus
attaqués par les animaux nuisibles comparablement aux haricots nains. A cela s'ajoute
le problème de manque de petits arbres servant comme tuteurs de ce type de culture.

Suite à son rôle important dans l'alimentation, le haricot est cultivé presque toute l'année. Durant la saison B destinée normalement à la culture du sorgho, le haricot est cultivé sur une superficie égale ou même supérieure à celle du sorgho. Cette situation a été particulièrement remarquable au cours de l'année 2005. A la question de savoir s'il y a une certaine pression de pratiquer plus la culture du haricot, la réponse donnée est que durant cette année, la saison culturale des haricots a été désastreuse de façon que plusieurs exploitants n'ont rien récolté. C'est ainsi que les agriculteurs ont dû nécessairement essayer de compenser cette quantité de haricot perdue pendant la saison B afin d'atténuer le déficit alimentaire.

II.2.3.2. La culture de sorgho de la deuxième saison

Le sorgho est la culture le plus pratiquée pendant le deuxième saison culturale (saison B). Le semis se fait généralement au mois de février. Pendant cette saison, le sorgho est couramment semé en culture pure. Dans certaines exploitations, il est associé avec le maïs, les haricots ou les patates douces. Le cycle végétatif de sorgho est variable suivant les variétés mais il est généralement d'environ 160 jours. Les variétés pratiquées sont généralement identifiées à partir de leur couleur et sont groupées en deux suivant leur utilisation. Les variétés destinées à la transformation de la boisson fermentée sont souvent de couleur rouge tandis que celles destinées à la consommation directe sont blanchâtres. A la récolte, l'exploitant s'arrange pour réserver une certaine quantité qui sera utilisé à la saison suivante comme semence.

A la récolte, les éteules de sorgho sont utilisées dans certaines activités surtout le paillage des caféiers et la construction des enclos. Comme pour le bananier, son important rôle dans la vie sociale lui confère une place de choix dans l'agriculture malgré ses faibles rendements dans certaines zones d'altitude élevée (BAZIVAMO, 2002). Le premier désherbage intervient 5 à 6 semaines après le semis. En cas de semis très dense, il est couplé avec le démariage lors du deuxième désherbage.

`

II.2.3.3. Les cultures de la troisième saison

La production agricole de la troisième saison, appelée aussi saison C, est pratiquée
habituellement dans les marais et les bas fonds qui retiennent une certaine humidité
pendant la période sèche de juin à septembre. Les semis de la saison C dépendent de

la performance et du calendrier de la saison B. Si les pluies s'arrêtent tard en saison B, comme ce fut le cas en 2005, le semis commence tard.

Tableau 16. La situation des marais dans la Ville de Gikongoro

Noms

Localisation (Secteur)

Superficie

1

Nkungu

Ngiryi

21 ha

2

Mwogo

Kizi - Kamegeri

40 ha

3

Muzirantwago

Gikongoro

10 ha

4

Nyamugari

Ngiryi

12 ha

 

Total

 

83 ha

 

Source : Ville de Gikongoro, 2003

Comme le montre le tableau ci-dessus, la Ville de Gikongoro possède 4 marais qui occupent une superficie de 83 ha. Les principales cultures qui y sont pratiquées pendant la saison C sont les légumineuses, les patates douces et le manioc.

II.2.4. Les cultures de rente

Le café est la seule culture industrielle pratiquée dans les zones de la Ville de Gikongoro. Dans l'année 2003, la Ville de Gikongoro avait 593.454 caféiers répartis dans les anciens secteurs comme suit :

Tableau 17. Le nombre de caféiers par secteur

Secteur

Nombre de caféiers

1

Kamegeri

179.911

2

Kizi

108.299

3

Gikongoro

117.363

4

Gasaka

26.176

5

Ngiryi

101.824

6

Remera

59.881

 

TOTAL

593.454

 

Source : Ville de Gikongoro, 2003

De ce tableau, la répartition des caféiers est inégale. Le secteur de Kamegeri dispose
d'un grand nombre et possède à lui seul 30.3% de tous les caféiers de cette zone. A
l'opposé, le secteur Gasaka qui dispose d'un petit nombre des caféiers présente

seulement 4.4%. La culture du café est généralement faite en pure mais dans certaines parcelles de café, les exploitants y introduisent des cultures vivrières intercalaires.

Photo 4 : Le café en culture pure et en association à d'autres cultures

Source : photos prises en novembre 2006.

L'entretien des caféiers se fait par le paillage qui consiste à entretenir une couverture végétale morte dans la plantation. Ce technique permet la fertilisation du sol en le protégeant contre l'évaporation au niveau du sol et en éliminant les effets adventices. Le paillage de café est généralement assuré au mois d'août après la récolte de sorgho pour bénéficier de la biomasse provenant de cette culture. Dans les exploitations disposant d'arbres comme le grevellia autour de leurs parcelles, les branches enlevées à ces arbres lors de leur entretien sont aussi utilisées pour le paillage de caféier.

Il est important de souligner le rôle des usines de café dans la promotion de cette culture commerciale. L'installation d'une station de lavage a provoqué l'augmentation des prix du café. Le café est actuellement une culture de valeur avec un revenu très important. Cela encourage les agriculteurs dans leurs activités d'entretien des plantations des caféiers. Certains exploitants réservent une partie du revenu du café pour pouvoir payer un ou plusieurs ouvriers qui assurent ce paillage.

II.2.5. Les outils agricoles

Le matériel agricole rwandais est généralement élémentaire et manuel. Les principaux outils restent partout la houe, la machette et la serpette. Ils permettent aux agriculteurs de mener presque toutes les activités agricoles principales depuis la préparation du sol jusqu'à la récolte c'est à dire le labour, le semis, le sarclage et la récolte. Les autres outils comme les pics, les pelles sont particulièrement utilisés pour

certaines activités comme le creusement des fossés antiérosifs et l'aménagement des terrasses radicales.

Tableau 18. L'outillage utilisé dans l'agriculture périurbaine de la ville de Gikongoro.

Matériel

Durée moyenne d'utilisation

Les ménages possédant le matériel

% des ménages possédant le

matériel

Houes

6 mois

96

100

Serpette

4ans

95

99

Machette

3ans

92

96

Pelles

5ans

18

19

Pics

5ans

13

14

Brouettes

5ans

6

6

Pulvérisateur

4ans

2

2

 

Source : nos enquêtes, 2006

Figure 19 : L'outillage utilisé dans l'agriculture périurbaine de la ville de Gikongoro.

%

100

40

20

90

70

60

50

30

80

10

0

Matériels agricoles utilisés

Source : nos enquêtes, 2006

La possession du matériel au niveau des ménages est étroitement liée à son importance dans les activités agricoles. Certains outillages de base sont particulièrement présents dans tous les ménages. La houe est l'outil agricole le plus représenté dans tous les ménages Pour 59% des ménages enquêtés, chacun possède au mois plus de deux houes et deux serpettes et une machette. Les autres outils comme la brouette et le pulvérisateur sont généralement rares. En cas de besoin, les exploitants procèdent au système de prêt ou de location.

L'absence quasi-totale d'une trace de mécanisation ou de culture par traction animale résulte de plusieurs raisons. Aux effets du relief accidenté, s'ajoute le problème de la surface disponible qui est très réduite et du faible revenu des agriculteurs pour se lancer dans ce système de production, l'absence des connaissances en matière d'agriculture attelée. Pour plus de 60% des chefs d'exploitations interrogés, ils affirment que la main d'oeuvre disponible au sein de leur famille est satisfaisante.

Le secteur agricole dispose d'une main d'oeuvre suffisante et même excédentaire de façon que le développement de ce secteur n'implique pas nécessairement le recours à la mécanisation ou à la culture attelée. Par contre les agriculteurs ont besoin de certains matériels particuliers comme le pulvérisateurs à main, les rayonneurs, les tridents pour certains activités post culturales comme la protection des produits stockés, la lutte contre les ennemis des plantes, le semis en ligne et l'élimination des mauvaises herbes.

II.2.6. Les techniques culturales

Les techniques culturales appliqués dans des zones périurbaines de la ville de Gikongoro sont généralement les mêmes que celles des autres zones agricoles du Rwanda. Il s'agit de la préparation du sol, le semis, le billonnage, le sarclage, le binage, et la récolte. Ces techniques se conforment aux caractéristiques du milieu, du type de culture, et au calendrier agricole.

II.2.6.1. La préparation du sol

La préparation du sol est fonction du type de culture à faire et des cultures récoltées. Sur des terres qui sont continuellement cultivées, le semis se fait immédiatement après un seul labour. En cas de semis après une courte jachère ou après une culture de saison A, l'agriculteur pratique couramment deux labours : l'un pour retourner le sol, l'autre pour préparer le lit de semis.

Sur les versants, les activités de préparation des champs que ça soit le billonnage, le sarclage et le binage se font en commençant sur le pied du champ. La principale technique pour cultiver le champ est de haut en bas dans le sens de la pente et l'agriculteur fait une ligne des plantes fourragères sur ce pied pour protéger le sol contre les effets de l'érosion favorisés par cette technique de culture. Pour des champs aménagés en terrasses radicales le labour des terres se fait à contre pente.

Du point de vue fertilisation, la surface agricole est généralement située à proximité immédiate de l'habitation et cela facilite la surveillance des cultures et le transport vers le champs, de fumure organique résultant des déchets domestiques et des déjections du bétail. L'accroissement du groupe familial qui s'accompagne d'une forte pression sur les terres disponibles, ne permet pas la mise en place d'un période de jachère : la totalité de l'espace agricole est exploitée à chaque saison. L'apport de fumures est soit répété à chaque saison culturale ou espacé de manière à ce qu'une culture en place bénéficie de l'arrière effet de la fumure précédente.

II.2.6.2. L'organisation des parcelles agricoles

Le foncier est le facteur principal pour la constitution des parcelles agricoles. L'accès aux terres pour les nouveaux exploitants qui se fait surtout entre les parents et leurs descendants ou entre le vendeur des terres et l'acheteur conduit progressivement au morcellement de l'assise foncière regroupant un noyau sur lequel l'agriculteur est établi et des parcelles périphériques parfois éloignées du noyau. Comme dans les autres zones agricoles le paysage périurbain est caractérisé par la juxtaposition sur des versants, de parcelles souvent délimitées par les arbustes et sur les quelles les exploitants ont construit leurs demeures.

« La parcelle est une aire d'une surface matérialisée dans des principales cultures ou associations des cultures de l'exploitant » (GOUD B, 1993). La forme et la disposition des parcelles dépendent des caractéristiques du système de production de l'exploitant, de la surface agricole disponible ainsi que des besoins à satisfaire au sein de la famille.

En observant les espaces agricoles des zones périurbaines de la Ville de Gikongoro, on constate que les parcelles cultivées sont toujours entourées par des passages permettant l'écoulement des eaux de ruissellement. Dans des parcelles mises à nu, ces ruisselets grossissent énormément et sans frein, ils creusent leurs lits se ramifiant ou se multipliant en lignes parallèles.

Photo 5. Les parcelles délimitées par des barrières des pennisetum

Source : photo prise en novembre 2006.

Les zones de délimitation des champs sont les principaux passages des eaux de ruissellement. Les barrières sont confectionnées avec un mélange de végétaux vivants et morts. La distance entre les barrières construites dans les ravines dépend de la pente, de la structure du sol et de la quantité d'eau. Entre les barrières, les agriculteurs plantent des herbes fixatrices surtout les cétaria, le pennisetum.

Les parcelles sont organisées suivant des courbes de niveau. Pour les espaces à pente moyenne, surtout au milieu des versants, le paysage se caractérise par la juxtaposition sur des versants, des parcelles délimitées par des herbes fixatrices sur les fossés antiérosifs. C'est à l'intérieur de ces parcelles constituant l'exploitation que les exploitants construisent leurs maisons d'habitation.

II.2.7. Les espaces non cultivés

Même si la végétation des zones périurbaines de la Ville de Gikongoro est fortement dominée par des cultures vivrières aux quelles s'ajoute le culture de caféier, il s'y remarque aussi une superficie non cultivée considérable qui est généralement occupée par des boisements ainsi que par des pâturages mais sur une très petite échelle.

II.2.7.1. 1. Les boisements

Le bois est la principale source d'énergie pour la grande masse de la population rwandaise. Le quasi totalité de la consommation énergétique est couvert par le bois. Selon le rapport annuel de 2004, les zones environnantes de la Ville de Gikongoro disposent d'une superficie de 390 ha couverts par le boisement. Le tableau suivant montre la situation des boisements par secteurs de la Ville de Gikongoro.

Tableau 19. L'état des boisements dans la Ville de Gikongoro

Secteur

Boisements/ ha

Besoins en reboisement/ ha

1

Kizi

44

15

2

Kamegeri

61

20

3

Gasaka

74

10

4

Remera

91

15

5

Gikongoro

83

1

6

Ngiryi

37

2

 

Total

390

63

 

Source :Ville de Gikongoro, 2004

Ce boisement anthropique est constitué en grande partie d'eucalyptus, qui sont la variété la plus répandue dans toute la zone. « L'eucalyptus est un arbre à croissance rapide qui s'adapte à tous les types de sol bien qu'il pousse mieux sur les sols profonds. C'est ainsi que les paysans le préfèrent aux autres espèces d'arbres » ((NDUWAYEZU, 1983.).On peut aussi trouve d'autres variétés comme le pinus, le grévillea, et des arbres fruitiers dont l'avocatier, le goyavier, l'oranger, le citronnier qui dans l'ensemble ne sont pas bien entretenus.

La production de bois est actuellement insuffisante pour couvrir les besoins. La dégradation de l'environnement forestier a été souvent liée à la coupe désordonnée du bois et elle a été aggravée par le fait de ne pas remplacer les arbres coupés. La région du Sud du pays dans laquelle se situe la Ville de Gikongoro était l'une des plus productrices du bois et de ses dérivées surtout le charbon et les planches. Actuellement, la surface boisée est généralement composée de rejets d'arbres coupés. Sur certaines surfaces, des grandes plantations s'observent mais elles appartiennent généralement soit à l'Etat, et/ou soit à des institutions religieuses.

La pression démographique a provoqué l'extension de la surface agricole jusqu'à la mise en culture des espaces à vocation forestière au vu des pentes. Le résultat de cette dégradation est la montée exagérée des prix des produits du bois. Dans le but d'augmenter la surface boisée, les dirigeants locaux prévoient la plantation d'arbres sur une superficie de 63 ha à laquelle s'ajoutent 191 ha appartenant à l'Etat ou à la ville et nécessitant d'être reboisés aussi.

II.2.7.2. La jachère

« La jachère, période pendant laquelle la terre se repose des effets néfastes de la culture, occupe une place importante dans la tradition agricole du sud du Rwanda ». (PIETROWICS P et al, 1998). « Dans le système de culture alternante, apparemment stable sur le plan écologique, les champs exploités de un à trois ans étaient mis en jachère pendant quatre à dix ans ou plus » (RUTHENBERG, 1980 ; SANCHEZ, 1976 cité par PIETROWICS P et al , 1998). La rareté accrue des terres causée par la croissance démographique a provoqué un raccourcissement des temps de jachère et une diminution des surfaces mise en jachère. L'importance de la jachère comme élément de repos des terres a actuellement disparu. Pour des terres à sol pauvre, les gens préfèrent souvent y pratiquer des cultures moins exigeantes comme le manioc.

Tableau 20 : Les exploitants qui pratiquent le système de jachère

Secteur

Exploitants qui pratiquent la jachère

%

Gikongoro

5

15

Kamegeri

1

13

Ngiryi

2

11

Remera

 

0

Kizi

1

7

Gasaka

2

14

Total

11

11

 

Source : Nos enquêtes, 2006

Figure 20 : Les exploitants qui pratiquent le système de jachère

Gasaka
23%

Kizi

 

Gikongoro
25%

 
 
 

Kamegeri
22%

12%

Remera

 
 
 
 

Ngiryi Remera

Kizi Gasaka

 
 
 
 

Source : Nos enquêtes, 2006

Le tableau de la page précédente et diagramme ci-dessus, montrent que les
exploitants qui pratiquent encore le système de jachère sont très peu nombreux. Ils
représentent seulement 11%. Ces exploitants sont d'une part des éleveurs qui utilisent

cette surface réservée comme pâturage et d'autre part les ménages qui disposent une surface agricole encore suffisante ou même dépassant la capacité de la main d'oeuvre familiale. Dans ces différentes exploitations, la surface mise en jachère reste généralement petite comparablement à la surface cultivée. Pour des exploitations disposant d'une surface agricole très réduite, le système de jachère n'existe plus parce que les efforts de vouloir satisfaire les besoins de la famille ne permettent pas de respecter une période de jachère. Même si le système de jachère devient de plus en plus impossible, les exploitants sont vraiment conscients de son importance. La disparition de ce système de jachère est même évoquée dans les principaux problèmes d'épuisement du sol.

II.3. L'HABITAT PERIURBAIN DE LA VILLE DE GIKONGORO

Le concept "Habitat" ne concerne pas uniquement le logement ou "l'habitation", il englobe aussi l'ensemble des caractéristiques techniques et culturelles qui contribuent à l'amélioration sinon à la dégradation de l'environnement humain. Généralement le rôle de l'habitat est de protéger l'homme contre les dangers, les intempéries et de favoriser son développement voire son épanouissement familial, social, intellectuel, culturel et économique. Les systèmes de répartition, de distribution et de construction des maisons répondent à conditions climatiques, techniques et économiques.

II.3.1. Les caractéristiques de l'habitat

En général la maison d'habitation occupe la position centrale dans la parcelle principale de l'exploitant. L'unité d'habitat coïncide avec l'unité de production. L'unité d'habitation est souvent cernée par un enclos dans le but de la protéger contre les intrus. Ces enclos sont souvent constitués par les haies vives ou les éteules de sorgho après la récolte. Pour quelques ménages, les clôtures sont construites par les briques adobes ou cuites selon les moyens financiers de la famille. L'habitation comprend généralement la demeure proprement dite et ses dépendances c'est-à-dire la cuisine, l'étable et le grenier.

Les demeures actuelles sont majoritairement rectangulaires avec des murs en torchis ou en briques adobe et des toits en tuiles ou en tôles. Selon les matériaux de construction, les maisons en pisé couvertes des tuiles sont plus nombreuses bien qu'il existe également des maisons en briques adobes ou cuites. Ces derniers types de maisons sont faiblement représentés et se situent surtout dans des zones les plus

proches du centre ville. Dans presque toutes les habitations, les matériaux de construction utilisés sur la demeure principale sont différents des ceux utilisés sur ses dépendances comme la cuisine, la toilette, l'étable et le grenier.

Photo 6: Une habitation composée de deux maisons différemment construites

Source : Photos prises en septembre 2006

A l'exemple de cette photo, la demeure principale de forme rectangulaire est couverte de tuiles alors que la cuisine est une hutte ronde couverte de paille. Ainsi pour bien présenter la situation des ménages périurbains en matière de construction de leurs habitations, le tableau ci-dessous présente les matériaux de construction de la demeure principale des ménages périurbains de la ville de Gikongoro.

Tableau 21 : Les matériaux de construction des maisons

Secteur

Echantillon

Matériels de couverture des maisons

Matériels des murs

 

Tuile

Paille

Brique cuite

Brique adobe

Pisé

Gasaka

14

3

10

1

2

1

11

Kizi

14

6

8

0

1

4

9

Gikongoro

33

11

22

0

4

8

21

Ngiryi

19

4

13

2

2

3

14

Kamegeri

8

2

6

0

0

3

5

Remera

8

4

3

1

1

1

6

Total

96

30

62

4

10

20

66

%

 

31

65

4

10

21

69

 

Source : Nos enquêtes, 2006.

Figure 21 : Les matériaux de construction des maisons

% des maisons

100

40

90

80

70

60

50

30

20

10

0

Brique cuite

Matériels de couverture des maisons Matériels des murs

Tôle

Brique adobe

Tuile

Paille

Pisé

Source : Nos enquêtes, 2006.

Concernant le matériel du toit des maisons, la couverture en tuile est plus dominante. Elle représente 65% de la totalité des habitations ce qui est presque le double des maisons couvertes de tôles qui représentent 31%. La hutte ronde couverte de paille qui correspondait à la forme d'habitat la plus répandue dans les années 50 est très faiblement représentée avec seulement 4% de toutes les maisons. Dans le peu de ménages où elle existe encore, elle est souvent utilisée comme cuisine.

Photo 7 : Une maison d'habitation couverte de paille

Source : Photo prise en septembre 2006.

Dans ce petit nombre d'habitations des maisons qui sont toutes couvertes de paille, toutes ces maisons ne sont pas toujours des huttes rondes. Comme le montre la photo ci-dessus, la maison principale est de forme rectangulaire, même si elle est aussi couverte de paille.

En matière de construction des murs des maisons, le pisé s'impose avec 69% de toutes les habitations. Les briques cuites et adobes sont aussi utilisés mais leur part reste faible. Ils présentent respectivement 10% et 20%- de toutes les habitations. Suite à la déforestation qui a provoqué le manque des produits du bois, l'utilisation des briques adobes est actuellement préconisée pour limiter la quantité de bois utilisés sur une maison.

II.3.2. La répartition de l'habitat

La distribution des ménages est facteur de la structure agraire. Elle témoigne du processus de densification de l'espace. Elle commande la répartition des cultures selon le plus ou moins grand morcellement des exploitations. Trois modes de répartition de l'habitat se distinguent :

II.3.2. 1. L'habitat dispersé

La dispersion de l'habitat est la forme la plus dominante des zones périurbaines de la Ville de Gikongoro. Elle ne suit aucune norme pouvant répondre à une disposition régulière. Cela est l'une des caractéristiques générales des zones rurales rwandaises. Plusieurs ménages, vivant à l'intérieur de leurs exploitations qui, elles-mêmes, n'ont pas toujours une forme régulière.

Pour expliquer la raison de cette dispersion, la population donne des arguments différents. Certains affirment que cette situation a été longtemps favorisée par le mode d'acquisition des terres par héritage. Dans la répartition des terres, il n'y a pas un espace défini pour la construction des demeures pour des nouvelles familles. Dans la parcelle obtenue, chaque descendant décide du choix de la position de sa maison qui est généralement centrale. Pour les autres, les agriculteurs ne veulent pas s'éloigner de leurs terres pour pouvoir contrôler de près leurs champs et éviter des longues marches qui sont pénibles surtout dans des zones très accidentées.

II.3.2. 2. L'habitat groupéL'habitat groupé est moins représenté par rapport à l'ensemble des habitations

dispersées à travers les champs et les exploitations disséminés sur toute la zone. Ce mode d'habitat englobe la population habitant d'une part les centres de négoce et d'autre part les villages (imidugudu).

Photo 8 : L'habitat groupé (Umudugudu)

Source : Photo prise en septembre 2006.

Le regroupement de la population a été favorisée surtout par la disposition des infrastructures de base (les écoles, l'eau, l'électricité, la route) installés par l'Etat ou les confessions religieuses. Pour les cas des villages (Imidugudu), ils sont construits sur des zones déterminées, de préférence les moins favorables aux cultures.

II.3.2.3. L'habitat linéaire

L'habitat linaire est surtout pratiques par la population qui possède les exploitations proches de la route. Cette forme d'habitat qui a été longtemps favorisé encouragé par des sensibilisations politiques est observé sur la grande route asphaltée ainsi que d'autres routes reliant les secteurs, la où les formes topographiques sont favorables. Dans d'autres zones, la volonté de vouloir placer les demeures au centre de l'exploitation ne permet pas la mise en place de ce mode d'habitat.

II.3.3. Les problèmes de l'habitat

La topographie et les fortes pentes empêchent l'existence de sites relativement étendus devant servir de zone d'accueil aux établissements humains importants. La faiblesse des revenus des ménages fait que les constructions réalisées sont d'une qualité précaire. En raison d'une production agricole limitée, les opérations d'amélioration de l'habitat sont en concurrence directe avec la subsistance des paysans. A cela s'ajoute actuellement le problème du manque des produits de construction dû à la diminution et la dégradation des boisements.

Pour les jeunes en âge de fonder leurs familles, les possibilités de construire leurs
propres maisons deviennent de plus en plus réduites parce que cela demande
beaucoup de moyens financiers. Pour les zones les plus proches du centre urbain,

l'extension se fait dans le désordre total. L'éparpillement des parcelles construites provoque la diminution et le morcellement de la surface agricole et engendre l'anarchie dans l'occupation des sols.

Conclusion partielle

Les systèmes de production des zones périurbaines de la ville de Gikongoro se caractérisent par des petites exploitations familiales extrêmement morcelées. Pour en tirer leur subsistance, les agriculteurs pratiquent une multitude de systèmes et de techniques agricoles adaptés à leurs besoins. La polyculture est le système le plus dominant qui se caractérise par une juxtaposition de différentes cultures vivrières sur une surface. Les techniques culturales sont exclusivement manuelles, ce qui oblige le secteur agricole à utiliser une nombreuse main d'oeuvre. La surface agricole est généralement exploitée dans toutes les saisons. La pression démographique a conduit progressivement à la suppression de la jachère et à la diminution du nombre de bétail possédé par chaque famille. L'agriculture de subsistance accompagnée effectivement par la disposition aléatoire et désordonnée de l'habitat périurbain a un impact sur l'organisation de l'espace agricole.

CHAPITRE III : ASPECTS DE L'EVOLUTION DES SYSTÈMES AGRAIRES

Les paysages agraires des zones périurbaines de la ville de Gikongoro connaissent différentes contraintes liées surtout aux conditions physiques et humaines. Malgré ces différents obstacles auxquels font face les exploitations périurbaines, certaines stratégies sont progressivement développées pour anticiper les conséquences d'une fluctuation des facteurs climatiques, de faire face à la variation saisonnière des revenus agricoles, et de limiter les risques liés à une forte dépendance à des petites surfaces agricoles disponibles. La solution de ces problèmes fondamentaux est à considérer à plusieurs niveaux surtout techniques et économiques.

III.1. LA PROTECTION CONTRE L'EROSION DES TERRAINS AGRICOLES

Dans des zones périurbaines de la ville de Gikongoro, l'érosion hydrique, provoquée par les eaux de pluies, est le principal agent de la dégradation et de l'infertilité des sols cultivables. Il est un symptôme caractérisant l'instabilité de la structure du sol provoquée par les facteurs naturels ou la pression de l'homme. L'augmentation de la population entraîne le recours à tous les moyens possibles pour augmenter la production agricole ce qui favorise la dégradation du sol. Ainsi certaines mesures pour assurer la conservation du sol sont pratiquées afin de pouvoir augmenter la production agricole obtenue.

Tableau 22 : Le taux d'utilisation des techniques de protection du sol dans des zones périurbaines de la ville de Gikongoro.

Techniques utilisées

Exploitants interrogés

Nombre des exploitants pratiquants

%

fossés antiérosifs

96

69

72

Plantations des plantes protectrices

96

46

48

Terrasse radicale

96

8

8

 

Source : Nos enquêtes, 2006.

Figure 22 : Le taux d'utilisation des techniques de protection du sol dans des zones périurbaines de la yille de Gikongoro.

 

8%

 
 

48%

 
 
 

72%

 
 
 
 
 
 

fossés antiérosifs Plantes protectrices

Terrasse radicale

 
 
 

Source : Nos enquêtes, 2006.

III.1.1. Les fossés antiérosifs

Ce type de protection du sol est le plus répandu. Pour 72% des exploitants interrogés, le creusement des fossés antiérosifs est le technique le plus utilisé pour protéger leurs exploitations, un technique permettant le stockage des eaux de ruissellements et des sédiments et qui favorise la formation des terrasses progressives adoucissant le profil de la pente surtout si les talus sont protégés par les herbes fixatrices.

Photo 9 : Les parcelles agricoles protégées par des fossés antiérosifs

Source : photos prises en septembre 2006.

Comme le montre la photo à la page precedante, les fossés antiérosifs bien techniquement creusés et protégés par des plantes fixatrices protègent convenablement les parcelles culturales. Quant les eaux de ruissellement arrivent aux lignes de haies vives, les lignes diminuent sa vitesse en produisant une sédimentation

des matériaux entraînés en ruissellement. Les plus courantes sont le calliandra, le leucaena, le tephrosia, le crotalaria, le morus et le penisetum dont ils sont aussi utilisés dans l'alimentation du bétail.

III.1.2. L'aménagement du sol en terrasse

Les terrasses radicales sont les plus efficaces pour lutter contre l'érosion là où elles sont applicables. Grâce au nivellement de la superficie, les terrasses radicales arrêtent l'érosion à 100% et il n'y a pas des pertes de fertilisants organiques et chimiques causées par l'érosion. Elles augmentent la disponibilité de l'eau pour les plantes et améliorent l'efficacité des intrants qui ne sont pas entraînés par le ruissellement.

Tableau 23. La superficie aménagée en terrasses radicales dans les secteurs de la Ville de Gikongoro

Secteur

Terrasse radicale en

ha

1

Kizi

19

2

Kamegeri

66

3

Gasaka

34

4

Remera

20

5

Gikongoro

28,7

6

Ngiryi

27

 

TOTAL

194,7

 

Source : Ville de Gikongoro, 2005.

Dans tous les cas aucun groupement ne pratique les terrasses radicales de sa propre initiative et pourtant certains en possèdent la technique. La population dit que les travaux de terrassement radical sont trop lourds et nécessitent beaucoup de gens. C'est ainsi que toute cette superficie en terrasses radicales est totalement aménagée par des ONG comme World Vision dans le cadre du projet Area Development Programme (ADP) sous le système de Food for work (FFW) pour les gens qui le demandent et laissent faire des terrasses radicales dans leurs propres champs. Le principe de participation des bénéficiaires est en porte-à-faux concernant cette activité, et certains cultivateurs attendent que ça soit leur tour, plus motivés par le Food For Work que par la protection de leurs terres.

Les terrasses aménagées sont généralement inexploitées parce que les propriétaires de ces terrasses aménagées disent que, après le terrassement, les travaux d'entretien sont durs. La fertilisation demande des apports massifs d'intrants.

Le terrassement radical reste le moyen le plus efficace pour le maintien de la fertilité du sol. Dans les exploitations où les terrasses radicales sont valorisées, la production est vraiment considérable et l'entretien devient finalement moins coûteux. Même les talus sont aussi valorisés par la production fourragère permettant l'élevage en stabulation qui est la plus génératrice de fumier.

Photo 10 ; Les terrasses radicales exploitées et plantées de haricot

Source : photo prise en septembre 2006

A l'exemple de cette photo, les terrasses exploitées sont toujours protégées par des plantes fourragères permettant non seulement la protection des talus mais aussi l'alimentation du bétail à l'étable surtout pour l'élevage en stabulation qui est le plus générateur de fumier organique. Dans les terrasses radicales exploitées, on pratique souvent la culture saisonnière. Dans la plupart des cas chaque terrasse est occupée par une seule culture.

Malgré toutes ces pratiques de lutte contre l'érosion, les traces de dégradation du sol sont encore partout remarquables dans le paysage agricole périurbain de la Ville de Gikongoro. Même dans certaines zones, l'érosion est poussée jusqu'à un niveau profond.

Photo 11 : Les surfaces attaquées par l'érosion dans le secteur de Gikongoro

Source : photo prise en septembre 2006

Comme le montre la photo ci-haut, la surface agricole est profondément attaquée par l'érosion, ce qui fait qu'il n'y a plus de couche arable. Les sols à cultiver perdent régulièrement des matériaux suite au processus d'entraînement, de lessivage, et de transport d'éléments en solution. Cela provoque sur les collines l'arrachement des affleurements supérieurs humifères dont les matériaux se déposent dans les bas fonds de faible pente. Les sols en place deviennent alors couverts par des matériaux venant d'abord de l'horizon de surface, et ensuite de l'horizon de profondeur des sols des collines qui sont gravement menacées par l'érosion. Ainsi les collines perdent des couches arables plus appropriées à l'agriculture et leurs sols deviennent de plus en plus minces.

Dans certaines exploitations agricoles, la dégradation du sol est à l'origine de l'entretien insuffisant ou la manque de technicité pour le creusement des fossés antiérosifs.

Photo 12 : Une parcelle agricole menacée par l'érosion

Source : photo prise en septembre 2006

De cette photo de la page précédente qui montre une parcelle agricole menacée par l'érosion, les fossés antiérosifs ne sont pas protégés et suffisamment entretenus, ce qui provoque le débordement des eaux de pluies et arrachement des plantes cultivés

Chacun de ces deux types de lutte antiérosive présente des avantages mais peut aussi avoir des effets négatifs s'ils sont mal réalisés. A titre d'exemple, les fossés antiérosifs doivent être proportionnels à la surface cultivable, car s'ils sont très serrés, ils diminuent la surface de cultures. En outre l'espacement exagéré peut anéantir leur efficacité et provoquer la création des talus peu stables. Ainsi l'assistance continuelle des agriculteurs par des techniciens est recommandée afin de pouvoir atténuer les effets pervers de ces méthodes.

III.2. LES METHODES DE RENOUVELLEMENT DE LA FERTILITE DU SOL

Un espace agricole extrêmement exploité nécessite non seulement d'être protégé contre l'érosion mais aussi les techniques appropriées d'amélioration du sol qui doivent y être appliquées. Vu l'acidité des sols périurbains de la Ville de Gikongoro, et la réduction progressive de l'espace agricole disponible, la fertilisation est exigée pour pouvoir couvrir les besoins alimentaires de la famille.

Tableau 24 : Les modes de fertilisation du sol périurbain de la ville de Gikongoro

Amendement utilisé

les exploitants pratiquants

Pourcentages

Fumier organique

87

76

Chaux

15

13

NPK

13

11

TOTAL

115

100

 

Source : Nos enquêtes, 2006

Figure 23 : Les modes de fertilisation du sol périurbaine de la ville de Gikongoro

 

11%

13%

 
 
 
 
 
 
 

76%

 

Fumier organique Chaux NPK

 
 
 
 

Source : Nos enquêtes, 2006

II.2. 1. La fertilisation organique

La fertilisation organique est le mode le plus dominante dans l'amélioration du sol. Pour 96 exploitants interrogés, 76% des réponses obtenues sont en faveur de ce mode de fertilisation. Le renouvellement de la fertilité du sol est généralement assuré par le fumier provenant des déjections du bétail, des déchets domestiques et des résidus de récolte. Les principaux fournisseurs de ces différents éléments composant la matière organique sont d'une part les résidus de récolte surtout le sorgho, le maïs, les haricots et les patates douces, et d'autre part les plantes fourragères servant d'alimentation au bétail.

La fertilisation par la matière organique impose aux exploitants de disposer d'une compostière dans laquelle les déchets doivent être rassemblés et compostés. « La compostière est un fossé dont la profondeur est comprise entre 50 et 60 cm et qui est protégé par une couverture végétale morte afin d'éviter la fermentation anaérobie et

réduire les pertes des compostage » (GOUD. B, 1993) Pour des raisons culturales et environnementales la population estime nécessaire de disposer, dans chaque ménage, d'une compostière dans laquelle elle déverse les résidus organiques de l'exploitation et les déchets domestiques. A la maturité, le fossé est vidangé et le compost est épandu sur les terrains mis en culture. La compostière est aussi utilisée pour accueillir les déjections provenant de l'étable. Les résidus de la récolte sont soit directement déversés à la compostière ou transitent par l'étable. Les méthodes de creusement et l'utilisation de la compostière sont généralement appliquées correctement de façon qu'elles procurent une importance considérable dans la fertilisation du sol et dans l'amélioration de la production agricole.

II.2. 2. Les autres amendements utilisés dans la fertilisation du sol

A part les déjections du bétail, les déchets domestiques et les résidus de récolte, certains exploitants font aussi recours à d'autres amendements chimiques mais la proportion reste faible. Les plus couramment utilisés sont la chaux et le NPK qui représente respectivement 11% et 13% (tableau 24) parce que ce sont eux qui sont disponible sur le marché.

Le succès du système de régénération du sol est généralement défavorisé par le manque des amendements suffisants. Le fumier organique, qui provienne généralement des déjections des déchets du bétail n'est pas disponible en quantité suffisante. Pour les autres amendements comme la chaux et le NPK, ils sont souvent utilisés sur des cultures particulières comme les légumes, les pommes de terre, parce que les moyens économiques des exploitants ne permettent pas de se procurer d'une quantité suffisante pour toute la surface agricole.

III.3 L'INTEGRATION DE L'ELEVAGE DANS L'AGRICULTURE

L'élevage a des effets fortement considérables sur l'évolution de la production agricole. D'une part, il permet de valoriser les résidus de récolte et la végétation des dispositifs antiérosifs qui sont affouragés aux animaux. D'autre part les animaux produisent du fumier, qui contribue directement au maintien de la fertilité du sol et en même temps à l'amélioration de la production agricole.

rapidement mobilisable en cas de besoins monétaires soudains et fournit en même temps un engrais hautement apprécié. La production laitière revêt dans la plupart des cas une importance secondaire.

Tableau 25. La distribution du cheptel dans les secteurs de la Ville de Gikongoro

Secteur

Vaches de

race locale

Vaches croisées

chèvres

Moutons

Porcs

Poulet

Lapin

Gikongoro

614

17

843

147

695

814

522

Ngiryi

569

9

802

155

789

668

582

Kizi

451

21

489

247

642

561

362

Gasaka

368

30

550

139

295

675

257

Remera

419

6

345

135

600

440

488

Kamegeri

633

10

572

285

596

657

332

Total

3054

93

3601

1108

3617

3615

2543

Possession par ménage

0.54

0.01

0.64

0.19

0.64

0.64

0.45

 

Source : Ville de Gikongoro, 2005

Le système d'élevage extensif reste généralement le plus répandu. Les bovins sont menés au pâturage et gardés par de jeunes garçons. Dans la période de pénurie fourragère, les bovins reçoivent une alimentation complémentaire sous forme de résidus de récolte. L'élevage en stabulation est encore l'exception ce qui fait qu'une grande partie de fumier n'est pas récupérée.

Dans les exploitations possédant peu de surface, les caprins et les ovins remplacent les bovins. Les chèvres sont les plus répandues et appréciées pour leur viande. Elles sont normalement mise au piquet , le long des champs et sur le bord des chemins et des pistes, tandis que les moutons sont gardés en même temps que les bovins. Les porcs sont relativement rares. Ils se trouvent en concurrence avec l'homme pour leur alimentation. Les lapins et la volaille sont aussi disponibles surtout dans les exploitations dotées de surfaces agricoles peu étendues.

III.3.1. L'association de l'agriculture et de l'élevage

Le système d'association de l'agriculture et de l'élevage joue un rôle essentiel dans l'évolution du paysage agraire au Rwanda. Comme le souligne MANIRAHO S (1976), "la meilleure source d'humus la plus abondante, du moins potentiellement, c'est le fumier du bétail spécialement les vaches», apport appréciable pour les zones

périurbaines de la ville de Gikongoro constitués par des sols acides fortement exploités.

Le système d'association de l'agriculture et de l'élevage intervient alors dans la remédiation à la dégradation du sol. Les agriculteurs savent que le fumier organique est l'un des moyens essentiels pour l'accroissement de la production agricole. Malgré tout, la quantité des fumures disponibles n'est pas satisfaisante comparablement au degré d'exploitation des surfaces agricoles. La diminution des surfaces destinées au pâturage et à la culture des plantes servant à l'alimentation du bétail limite la capacité de maintenir un nombre de bétail nécessaire à la fertilisation de la surface agricole.

III.3.2. L'évolution vers l'élevage en stabulation

L'élevage périurbain reste généralement fondé sur l'utilisation du pâturage comme facteur principal dans le maintien du bétail. La diminution de la surface agricole a exigé des agriculteurs de développer de plus le système de plantation des plantes fourragères tout le long des parcelles de leurs exploitations. Vu la surface disponible, plusieurs ménages disposent d'un nombre élevé de cheptel qui dépasse leur capacité d'entretien. Cela conduit à l'utilisation des bordures des champs et des routes ainsi que des chemins comme pâturage, ce qui conduit nécessairement à la dégradation du sol.

La stabulation du cheptel, mesure prise par l'Etat pour pouvoir développer le sous secteur de l'élevage en particulier et le secteur primaire en général, se montre comme le seul système qui peut conduire à l'accroissement de la production animale tout en améliorant la fertilité du sol. Le mode d'élevage extensif qui, du fait de la charge de bétail trop importante, contribue à la dégradation des surfaces de pâturage ne pouvant plus être utilisées à des fins agricoles, doit être remplacé par un mode d'élevage en stabulation, complété par des plantes fourragères. Ici l'exploitant est appelé à construire des étables appropriées permettant le maintien en stabulation du bétail et la récupération de leurs déjections.

Photo 13 :L'étable d'un éleveur pratiquant l'élevage en stabulation dans le secteur Gikongoro.

Source : Photo prise en septembre 2006.

Les exploitations des agriculteurs qui ont adopté ce système d'élevage sont identifiées par leur mise en place des plantes fourragères autour des fossés antiérosifs. Dans certaines exploitations, il y a même des parcelles destinées à ces plantes fourragères surtout le pennisetum.

Photo 14 : Une parcelle de pennisetum

Source : Photo prise en septembre 2006.

Ces exploitants affirment qu'avec ce mode d'élevage, la quantité de fumier a considérablement augmenté jusqu'à permettre la fertilisation totale de la surface agricole, c'est aussi le meilleur moyen d'accroître le revenu surtout pour ceux qui ont choisi l'élevage des vaches de race améliorée ou croisée. Les étables sont souvent vidangées au début des saisons culturales pour une incorporation directe du fumier lors de la préparation du sol et le fumier restant est déposé dans la compostière pour être utilisé ultérieurement.

Malgré son importance de production d'une grande quantité de fumier et d'accroissement de revenue des exploitants, ce mode d'élevage reste très peu pratiqué. Les explications avancées par la population montrent qu'il faut encore une campagne de sensibilisation plus profonde sur les avantages, les méthodes d'application de ce mode d'élevage en stabulation et la contribution de ce mode à l'amélioration du niveau de vie.

III.4 LES INFRASTRUCTURES

« Toutes tentatives de développement sont vouées à l'échec si elles sont dissociées de l'instauration préalable de structures permettant l'amélioration des conditions de vie de la population » (MANIRAHO S, 1976). Divers services doivent être mis en place pour permettre à la population de vivre mieux, s'épanouir, tant sur le plan économique, social, et sanitaire, que sur le plan moral et intellectuel. Toutefois, les zones éloignées continuent à être caractérisées par leur faible accès aux services de qualité, aux infrastructures telles que l'eau, l'école, et à la technologie de l'information et de la communication. Ces services sont généralement concentrés dans le centre ville

III.4.1 Les infrastructures sanitaires

Les infrastructures sanitaires sont dominées par les établissements privés. A part le centre de santé de Gikongoro et l'hôpital de Kigeme, les autres sont des cabinets médicaux des particuliers et ces derniers préfèrent installer leurs établissements dans le centre ville pour des raisons non seulement de clientèle mais aussi de manque d'infrastructures de base dans des zones rurales. Cette mauvaise répartition exige à beaucoup de malades de faire plus de 15 km avant d'arriver à un centre de soin de santé. Cela est surtout le cas pour la population des ex-secteurs de Kizi, Kamegeri, et Remera qui se plaint de longues distances à parcourir.

La population des zones périurbaines de la Ville de Gikongoro connaît encore un problème d'accès à l'eau potable, suite à la mauvaise répartition géographique des sources aménagées.

Tableau 26: L'état des sources d'eau par secteur

N

°

Secteurs

Sources aménagées

Sources endommagées

Sources non aménagées

km à parcourir afin d'accéder à l'eau

1

Kamegeri

7

6

9

1 km

2

Gikongoro

11

12

21

1 km

3

Remera

4

1

7

1 km

4

Gasaka

9

13

17

1/2 km

5

Ngiryi

12

11

5

1 km

6

Kizi

5

26

16

1 km

 

Total

48

69

75

Moyenne=1 km

 

Source : Ville de Gikongoro, 2005.

En effet sur 48 sources aménagées, 23 sont concentrées dans le centre ville. A l'opposé, 144 sources endommagées ou non aménagées se trouvent majoritairement dans les zones rurales. Ainsi, certains habitants utilisent l'eau insalubre des ruisseaux ou des sources non aménagées. La population de la ville de Gikongoro fait en moyenne une distance de 1km pour accéder à l'eau potable alors que la norme ministérielle est de 250 m.

III.4.2. Les infrastructures scolaires

Dans la Ville de Gikongoro, chaque secteur dispose au mois d'une école primaire. Pour les écoles maternelles, toute la zone possède actuellement quatre écoles maternelles. A l'exception de celle de Gasaka, les trois autres se trouvent dans le secteur semi- urbain de Gikongoro. Pour les secteurs qualifiés de ruraux comme Kamegeri, Kizi, Remera et une partie de Ngiryi, les enfants ne bénéficient pas de l'éducation dans les écoles maternelles.

Tableau 27 : Les infrastructures scolaires dans la Ville de Gikongoro

Secteur

Ecoles maternelles

Ecoles primaires

Ecoles secondaires

Kizi

 

2

 

Gasaka

1

2

1

Gikongoro

3

3

1

Kamegeli

 

1

 

Remera

 

1

 

Ngiryi

 

1

2

total

4

10

4

 

Source : Ville de Gikongoro, 2005.

Dans des zones périurbaines de la Ville de Gikongoro il y a un grand nombre d'abandons scolaires sans oublier un grand nombre d'élèves qui n'ont pas réussi le concours d'entrée au secondaire et qui n'ont plus de possibilité de continuer les études. Pour trois centres de formation des jeunes (CFJ) se trouvant dans la ville de Gikongoro, seul celui de Mwogo a ouvert ses portes mais il fonctionne avec très peu de moyens. La conséquence des abandons scolaires est qu'un grand nombre de personnes possède un niveau d'étude limité seulement à l'enseignement primaire. Même si la proportion des filles dans les écoles primaires et secondaires monte jusqu'à 53% en 2002, les femmes représentent encore 59.4% de la population qui ne sait ni lire ni écrire.

III.4.3. Les infrastructures routières

Les infrastructures routières sont parmi les facteurs principaux déterminant la vie économique du monde agricole. Les difficultés économiques des agriculteurs et des éleveurs sont le manque d'accès au marché par l'insuffisance des routes de desserte rurale, et les moyens de transport. Dans ces conditions l'échange des produits agricoles devient difficile.

Le centre de la Ville de Gikongoro et ses zones environnantes sont traversés par une grand-route bitumée. Ces zones disposent aussi d'un réseau routier qui assure la liaison entre ses secteurs. Mais la communication reste difficile au niveau des cellules à cause des routes qui sont encore insuffisantes d'une part et, qui d'autre part sont détériorées par l'érosion et le manque d'entretien. En effet les routes ne sont pas suffisamment protégées des eaux qui dévalent les pentes abruptes des collines. Les communications routières étant très difficiles, les produits sont collectés et convoyés à

travers la région par de rares commerçants qui payent le prix le plus bas possible au producteur.

III.5. LE CENTRE VILLE FACE A L'AGRICULTURE PERIURBAINE

Il existe de fortes interactions entre les zones périurbaines et les centres ville, qui requièrent des concepts conjoints de développement régional. L'agriculture périurbaine contribue de différentes façons à la sécurité alimentaire de la population habitant le centre ville. Elle permet d'accroître la quantité d'aliments disponibles sur le marché central de Kabacuzi.

III.5.1. L'approvisionnement du centre urbain en produits agricoles

La production agricole est généralement orientée vers la satisfaction des besoins alimentaires de la famille. Le surplus représente encore un pourcentage très faible. Toutefois les produits vivriers vendus sur le marché ne correspondent pas toujours à des surplus réels de la production agricole. Ainsi la raison principale de la vente des produits vivriers sur le marché n'est pas généralement le souci de faire des transactions commerciales. Les agriculteurs vendent une partie de leur production vivrière surtout pour pouvoir acheter d'autres produits ou biens ménagers dont ils ont besoin.

Le centre de la ville de Gikongoro dispose d'un grand marché qui assure la coordination de tous autres petits marchés se trouvant surtout dans des centres de négoce. Les produits vivriers disponibles sur le marché sont en grande partie fournis par les agriculteurs individuels. Même si les zones agricoles de la Ville de Gikongoro englobent 132 associations oeuvrant dans l'agriculture, leur participation dans l'approvisionnement du marché central reste faible surtout parce qu'elles sont encore nouvelles.

Les produits agricoles acheminés vers le marché sont surtout transportés sur la tête dans des sacs ou des paniers. Dans le cas où les quantités des marchandises sont importantes la bicyclette est aussi utilisée. Aux petits marchés locaux, les agriculteurs peuvent vendre leurs produits vivriers soit aux consommateurs directs ou aux commerçants intermédiaires qui les collectent pour les vendre à leur tour sur le marché central. Les produits commercialisés les plus importants provenant des zones périurbaines sont les patates douces, le manioc, le sorgho, le haricot, le mais, la banane, et la pomme de terre. A part les cultures vivrières, l'agriculture périurbaine

approvisionne le centre ville de Gikongoro en légumes. Dans plus de 32% des exploitations visitées la production de légumes a pris de l'ampleur surtout qu'elle est réalisée sur des lopins de terre, en utilisant efficacement les ressources limitées en eau et en terre. Plusieurs espèces de légumes sont récoltées entre 60 et 90 jours après les semis et ce cycle végétatif court représente une solution rapide pour satisfaire les besoins alimentaires d'urgence. Selon les exploitants, les légumes permettent de gagner rapidement de l'argent et d'acheter de quoi nourrir le ménage. Comme elle sont particulièrement périssables, elles sont transportées vers le marché juste après la récolte pour réduire les pertes éventuelles.

Même si la production agricole périurbaine se montre considérable sur le marché du centre ville, elle reste encore insuffisante pour satisfaire d'une part aux besoins alimentaire de ceux qui vivent de revenus tirés dans des activités non agricoles et d'autre part en produits nécessaire pour l'échange entre les agriculteurs eux même. Certains produits proviennent des régions éloignées du centre ville. C'est le cas des pommes de terre qui proviennent en grande partie de l'ancien district de Mudasomwa. Cela est aussi le cas pour l'approvisionnement de certains ménages collectifs comme les écoles secondaires où les commerçants sont obligés d'avoir recours à d'autres grands marchés du pays. C'est à travers un réseau de commerçants disposant des moyens de transport appropriés que se réalise l'échange des produits agricoles de région à région grâce aux revenus substantiels qu'ils tirent de leurs transactions. Cela permet aussi la valorisation de la production agricole.

Une commercialisation de faible volume de produits agricoles est marquée par d'importantes fluctuations ainsi que par la forte dispersion spatiale des exploitations et le faible degré d'organisation des producteurs. Ce sont autant de facteurs faisant obstacle à la création des réseaux groupés de ramassage des produits et renforçant ainsi la position influente des commerçants qui n'ont pas pour leur part à faire face à une très forte concurrence.

Les prix des produits vivriers sont sujets à d'importantes fluctuations en relation avec la période de végétation. Ceci concerne en particulier les produits saisonniers, les prix les plus élevés étant pratiqués dans la période précédant la récolte et les prix les plus bas dans la période suivant immédiatement la récolte. Par contre les prix de certaines cultures restent toujours élevés. Cela est en grande partie la conséquence de la perturbation des temps climatiques menant à une mauvaise récoltée saisonnière.

III.5.2. L'agriculture et le revenu de la population périurbaine

Comme l'agriculture est l'activité principale pour plus de 71% de la population périurbaine, la plus grande partie de leur revenu monétaire provient généralement de la vente des produits agricoles. Ces produits vendus contribuent efficacement à l'approvisionnement du centre urbain parce qu'ils sont principalement transportés vers le marché central de la Ville de Gikongoro.

Selon la population locale, le café et la banane sont les principales cultures génératrices de revenu monétaire. Le caféier est l'un des cultures les plus pratiquées dans cette zone. Cela est dû à l'importance économique de ce dernier. Sur des stations de lavage, le café est vendu à l'état de cerises. Ainsi l'agriculteur n'a pas beaucoup de peine et le traitement à la station de lavage donne la bonne qualité du café.

La banane a également une importance économique considérable. Parmi les variétés de bananiers cultivées, plus de 90% servent à la fabrication de bière. La bière de banane est en grande partie vendue et permet de réaliser une marge brute dépassant de loin celle de toutes les autres cultures vivrières. Toutefois la vente occasionnelle du bétail représente également un revenu non négligeable. L'augmentation du nombre d'exploitations qui ne sont plus en mesure d'assurer la subsistance de la famille et la variation des prix des produits agricoles incite la population à vouloir recourir aux autres travaux que l'agriculture. Même si ces travaux se font généralement à titre d'activités accessoires, leur contribution au revenu de la famille est considérable. La majorité des exploitants interrogés affirment que la production agricole est souvent complétée par un certain revenu provenant de l'extérieur.

Dans ce domaine, les activités réalisées sont d'une part des activités salariées et d'autre part le petit commerce. Pour la majorité des exploitants disposant de petites surfaces agricoles, la principale activité salariée a lieu sur de grandes exploitations appartenant à d'autres personnes. Dans ce processus d'obtention de revenu supplémentaire, les zones périurbaines profitent de leur cohabitation avec le centre ville parce que la majorité de ces activités se font dans le centre ville, c'est le cas des activités de construction, de commerce, de gardiennage, de propreté, de travaux domestiques.

III.5.3. Les investissements agricoles

Le centre de la Ville de Gikongoro regroupe un certain nombre d'exploitants qui pratiquent l'agriculture à temps partiel. Ces exploitants disposent d'autres sources de revenu (travail salarié, le commerce) dont une partie est investie dans l'agriculture. Ce capital investi rend leurs exploitations plus efficaces et la productivité est de loin supérieure à celle des autres exploitations de toute la zone dont le rendement souffre souvent d'une quantité inférieure ou insuffisante d'intrants, d'une utilisation de variétés mal adaptées, d'une mauvaise gestion de l'eau ainsi que du manque de connaissances dans le domaine de l'agriculture améliorée. Les gens du centre ville font souvent recours à des techniques de transformation et de stockage permettant la valorisation de leur production sur le marché. C'est surtout dans ces exploitations que se rencontre le petit nombre des vaches améliorées.

Conclusion partielle

Le développement du paysage périurbain de la ville de Gikongoro est généralement mis en condition des mesures et des perspectives appliquées pour l'accroissement de la production agricole et exigent des exploitants le renforcement des techniques et des systèmes de protection et de régénération du sol. Les techniques les plus utilisées par les exploitants périurbaines de la ville de Gikongoro sont le creusement des fossés antiérosifs et aménagement du sol en terrasse radicale pour lutter contre l'érosion qui est le principal cause de la dégradation du sol. A cela s'ajoute l'utilisation des engrais et d'autres amendement pour l'amélioration de la qualité du sol, vue les conditions physiques et humaines

CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS

Dans les zones périurbaines de la Ville de Gikongoro, la terre demeure le facteur le plus important de production et l'agriculture demeure le secteur le plus important d'obtention de revenus pour la population. Avec la pression démographique à la hausse et les changements des méthodes culturales qui ne changent pas, la capacité d'autosuffisance des exploitations se trouve en voie de régression du fait de la réduction des surfaces agricoles utiles. Ce phénomène s'accompagne d'une dégradation accélérée de la surface cultivée qui est due à l'érosion du sol et à une mise en culture permanente des terres sans que soient prises des mesures suffisamment efficaces de maintien de la fertilité des sols. Ainsi la gestion durable des ressources naturelles, surtout du sol qui est le facteur principal de production agricole, devient compromise.

Compte tenu de la faiblesse des investissements, les perspectives de développement des activités extra-agricoles sont très minces et la pression exercée sur les terres ne devrait pas s'atténuer. La diminution progressive des surfaces agricoles au sein de la famille qui s'accompagne de la diminution du temps nécessaire aux activités de leurs exploitations provoque le chômage de la population active et évidemment la diminution de la production agricole. Le nombre d'exploitants périurbains qui entrent dans la catégorie des « quasi sans terres» devient de plus en plus croissant. A défaut de surfaces cultivables, le fait de pouvoir offrir à la génération montante une perspective d'avenir fondée sur l'exploitation parentale est devenu un rêve pour de nombreuses familles.

Les méthodes et les techniques de développement des systèmes agraires dans les paysages périurbains de la ville de Gikongoro devraient viser avant tout à accroître la productivité des exploitations paysannes tout en garantissant en même temps la sauvegarde et l'amélioration du sol. Les recommandations proposées sont résumées en quatre domaines :


· L'intensification des modèles de production existants : l'intensification doit être orientée vers l'accroissement de la productivité physique ou financière comprenant les cultures, l'élevage et d'autres activités productives à travers le renforcement de certaines mesures comme l'utilisation des intrants agricoles suffisants, introduction des variétés ou des races améliorées pour un meilleur élevage en stabulation. Tout cela doit être accompagné d'une meilleure gestion agricole par des pratiques adaptées de contrôle de l'érosion.

· L'augmentation de la valeur ajoutée des produits agricoles notamment par :

o La technologie alimentaire qui permettrait une conservation plus

longue et une meilleure richesse alimentaire.

o La transformation qui permettrait de remplacer les produits importés
(les vins, confitures, pâtes, chaussures, ceintures, sacoches de peau).

o L'élevage en stabulation qui fournirait à Gikongoro du lait et de la viande

nécessaire ainsi que le fumier aux exploitations agricoles,

· Encourager la recherche de revenus hors de l'exploitation agricole grâce à certaines activités non agricoles qui permettent d'augmenter la capacité économique des ménages périurbains de la ville de Gikongoro. Ceci ne sera possible que si les agriculteurs sont encouragés et initiés à l'accès et à l'utilisation des micro-crédits.

· Renforcer les mesures de mise en disposition des agriculteurs des explications concernant les méthodes techniques, commerciales et institutionnelles prises, par exemple la stabulation des vaches, la régionalisation des cultures pour que la compréhension de leur importance encourage elle-même la mise en place et la réussite de ces méthodes.

· Introduction des nouvelles technologies de l'information pour améliorer la production ainsi que la commercialisation des produits agricoles.

Tout cela ne serait possible que si l'accent est mis sur l'éducation en général et en particulier sur la formation professionnelle formelle dans les CFJ ou informelle sur le tas. Ce développement du capital humain permettra de diminuer le nombre de la population plaçant leur avenir dans des petites unités familiales de production et de prendre des mesures pour certaines contraintes qui entravent le développement du monde agricole comme la dégradation du sol et la démographie galopante.

BIBLIOGRAPHIE

LES OUVRAGES GENERAUX

1. BONNAMOUR J., Géographie rurale, Méthodes et perspectives, Masson, Paris, 1973.

2. BULLETIN PEDAGOGIQUE DE LA FAO, L'agriculture itinérante et la conservation des sols en Afrique, Rome 1974

3. DUPRIEZ H.; Agriculture tropicale en milieu paysan africain, L'Harmattan, Paris, 1983.

4. DUPRIEZ H.; Paysans d'Afrique noire, l'Harmattan, Paris, 1982

5. FAO, Le futur de nos terres, faire face au défi, Rome, 2001

6. GALLAIS J., La vie humaine dans les montagnes tropicales, P.U.F. Paris, 1982.

7. GAUCHER G., Traite de pédologie agraire : Le sol, Dunod, Paris, 1986

8. LEBEAU R., Les grandes structures agraires dans le monde, Masson, Paris, 1986.

9. MALCOLM H. et al, Système d'exploitation agricole et pauvreté ; Améliorer les moyens d'existence des agriculteurs dans un monde changeant, FAO et BM, Rome et Washington DC, 2001.

10. POURTOIS J. et al. , Epistémologie et instrumentation en sciences humaines, Ed. Mardaga, Bruxelles, 1998

11. TRICART J., Problèmes de mise en valeur des montagnes tropicales et subtropicales, Paris, P.U.F. 1981.

OUVRAGES ET RAPPORTS SUR LE RWANDA

12. BAZIVAMO C., Protection et conservation de l'environnement au Rwanda,
approche socio-économique,
Kigali, Rwanda, 2001.

13. GOUD B., Les exploitations agricoles de la Crête Zaire-Nil au Rwanda, Cedex, France, 1993.

14. Kfw, DED, 13 ans dans la protection des ressources au Rwanda, un programme de la coopération Rwanda - Allemagne, Kigali, Rwanda, 2004..

15. MINAGRI, Plan stratégique pour la transformation de l'agriculture au Rwanda, Kigali, 2004

16. MOYERSONS J., La nature de l'érosion des versants au Rwanda, Tervuren, Belgique, 1989.

17. NEZEHOSE J B, Agriculture rwandaise problématiques et perspectives, INADES - Formation - Rwanda, 1990.

18. PIETROWICS P, KOSCHI J. et NEUMANN I. Agriculture écologique au Rwanda, recherche et développement dans le projet agropastoral de Nyabisindu, Filderastadt, Margraf, Allemagne, 1998.

19. PRESSLER R. et BENNET J., Agriculture traditionnelle et agriculture adaptée aux conditions du milieu dans la région d'action du projet agropastoral de Nyabisindu, une comparaison économique des deux systèmes, Nyabisindu, 1987.

20. PROVINCE DE GIKONGORO, Monographie de la province, Gikongoro, 2005.

21. ROOSE Eric, NDAYIZIGIYE F. et SEKAYANGE L, L'agroforesterie et la GCES au Rwanda ; Comment restaurer la productivité des terres acides dans une région tropicale de montagne à forte densité de population ? Centre Orstom, Montpellier Cedex 1, France, 1993.

22. REPUBLIQUE RWANDAISE, Journal Officiel de la République Rwandaise N° 4, février 2001

23. REPUBLIQUE RWANDAISE, Journal Officiel de la République Rwandaise N° 24 ? décembre 2002

24. RUTUNGA V., Sols acides de la région d'altitude de la crête Zaïre Nil, Potentialités agricoles et forestières, Lengo Publisher, Nairobi, Kenya, 1997.

25. SIRVEN P, PRIOUL C, Atlas du Rwanda, Kigali-Paris-Nantes, 1981.

26. UNR, Les études rwandaises, série Lettres et Sciences Humaines, volume 1, NO 4, 1987.

27. VILLE DE GIKONGORO, Plan de développement communautaire de la ville de Gikongoro, Gikongoro, 2005.

28. VILLE DE GIKONGORO, Rapport annuel de la ville de Gikongoro, Gikongoro, 2003.

MEMOIRES ET THESES

29. HITAYEZU F., La viabilisation de l'habitat rural en agglomération par coopératives locales de production ; cas de MUSASA, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Butare, 2000.

30. MANIRAHO S., De l'urgence et de rationaliser l'agriculture dans le paysannat de l'Icyanya au Rwanda, Institut d'Enseignement Supérieur Horticole de l'Etat, mémoire de fin d'études, Gembloux, Belgique, 1976.

31. NDAMYIMANA Elisée; L'habitat et les problèmes d'aménagement du centre urbain de Gikongoro ; étude de géographie urbaine ; Faculté des Lettres et Sciences Humaines, U.N.R, 1996.

32. NDUWAYEZU J., Environnement et surpeuplement dans la cuvette de Nyakinama, une étude géographique, Ruhengeri, Faculté des Lettres, U.N.R, 1982.

33. SIRIEX A., Le paysage agricole : une essaie d'évaluation, Faculté de droit et des sciences économique, Université de Limoge, Décembre 2003.

34. TWARABAMENYE E., Les paysages agraires de Bumbogo, étude de géographie rurale, Ruhengeri, Faculté des Lettres, U.N.R, 1983

REFERENCES ELECTRONIQUES

35. Institut national agronomique, Paris-Guignon (INA P-G), Analyse-diagnostic des systèmes agraires passés et actuels d'un village de la région de Kita au Mali. ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/005/Y8999T/Y8999T00.pdf, Consultée le 10/07/2006.

36. FAO, Le système d'information sur la sécurité alimentaire, Bulletin de sécurité alimentaire, http://www.sisa.africa-web.org/rubrique.php3?idrubrique=55,
Consultée le 21/06/2006.

ANNEXE

ii

QUESTIONNAIRE D'ENQUETE (POUR LES AGRICULTEURS)

1. Identification

Noms :

Age :

Sexe : M F

Niveau d'instruction : Primaire

Secondaire

Supérieur

Analphabète

Etat civil : Célibataire

Marié (e) enfants

Veuf (ve) enfants

Divorcé (e) enfants

Activité principale

Votre origine ? District

Province

Combien des personnes actives dans votre famille ? personnes

2. Habitat

Matériaux des murs

Toiture

Nombre total des pièces

W. C : Oui Non

Cuisine : Oui Non

Votre maison satisfait elle ? Oui Non

3. Parcelles culturales

Nombre

Superficie

Mode d'acquisition : Héritée :

Achetée :

Reçue gratuitement :

Autre :

Avez-vous l'accès sur l'héritage de la femme ? Oui Non

Expliquez

Les cultures vivrières pratiquées ?

Quelles sont les activités principales que vous réaliser au cours de la journée

1.

2.

3. .

4. .

5.

6.

Type de culture

Période de

plantation

Période de récolte

Haricot

 
 

Patates douces

 
 

Pommes de terres

 
 

Sorgho

 
 

Bananier

 
 

Maïs

 
 

Manioc

 
 

Autres

 
 

Y a t- il des cultures qui occupent seules les parcelles ?

Oui

Pourquoi ?

Quelles sont-

elles ?

Quelles sont les cultures qui sont souvent associées ? 1..

2

3

Pourquoi choisissez- vous d'associer les cultures?

A.

Expliquez

B. Expliquez

C. Expliquez

D. Expliquez

iv

Les outils que vous utilisez dans l'agriculture :

Matériel

Durée moyenne d'utilisation

% des ménages possédant le

matériel

Houes

 
 

Machette

 
 

Serpette

 
 

Pelles

 
 

Pics

 
 

Brouettes

 
 

Autres

 
 

Est ce que vous utilisez l'engrais ?

Oui

Quel type d'engrais ? NPK Acheté Donné

Fumier naturel

Non Pourquoi ?

Que faites-vous pour protéger votre sol contre

l'érosion ?

Qui s'occupe des travaux agricoles dans vos champs ?

Une main d'ouvre familiale

Une main d'oeuvre payée

Comment utilisez- vous votre récolte ? Auto consommation.

Consommation + marchéMarchéQuelle est la nature des sites occupée par les champs vivriers ? Marais .

Versant des

collines .

Comment est la variation de votre production ? Régression

Augmentation

Pas de changement

La production vous satisfait elle ? Oui

Non Pourquoi ?

Pratiquez vous l'élevage ?

Oui Vaches

Chèvres

Moutons

Porcs

Volaille

Autres

Quel type d'élevage ? Utilisation du pâturage

Elevage en stabulation

Avez vous l'espace réservé au pâturage ? Oui non

Pratiquez vous le système de jachère ? Oui non .

Expliquez ?

Y a t il des cultures commerciales que vous pratiquez ?
Oui Quelles sont-elles ?

Non pourquoi ?

Y a - t - il un projet que vous avez réalisé grâce au revenu agricole ?

Oui non

Si oui

lequel ?

Non

Recevez vous une aide dans le cadre de développement de votre agriculture ? Oui non

Si oui la quelle

De quelle source

Avez vous un espace réservé au boisement ? Oui non

Quels sont les problèmes rencontrés dans

l'agriculture ?

Quelles sont vos suggestions vis à vis de la promotion agricole

vi

Questionnaire d'entretien avec les dirigeants administratifs et les personnels chargés de l'agriculture dans la ville de Gikongoro

Noms :

Age :

Sexe : M F

Niveau d'instruction : Primaire

Secondaire

Supérieur

Etat civil : Célibataire

Marié (e) enfants

Veuf (ve) enfants

Divorcé (e) enfants

Métier :

Activité principale

2. Questions d'entretien

1. Quelles sont les cultures les plus praticables dans des zones agricoles de la ville de

Gikongoro ?

2. Qu'est ce qui pousse les agriculteurs à choisir telle ou telle culture à pratiquer ?

3. En quoi consiste la campagne anti-érosive dans les zones agricoles de la ville de

Gikongoro ?

Que pensez vous de la situation démographique des zones périurbaines de la
ville de Gikongoro face aux problèmes d'exploitation

agricole ?

4. Y a-t-il des mesures prévus pour encourager la création des activités non agricoles?....

vii

Est ce que la fertilisation semble satisfaisante comparablement au degré
d'exploitation du

sol ?

5. Y a-t-il des projets ou des services qui suivent de prêt les activités agricoles dans la ville de Gikongoro ?.Si oui

lesquels

6. Comment les agriculteurs peuvent-ils s'organiser pour atténuer l'impact du morcellement des terres dans les paysages

périurbains?

7. Que dites-vous de l'organisation de l'habitat dans les zones rurales de la ville de

Gikongoro ?

8. Est ce que les zones rurales de la ville de Gikongoro interviennent considérablement dans l'approvisionnement du centre ville en produits agricoles ?

Quels sont les problèmes rencontrés dans le processus de développement de l'agriculture

périurbaine ?

9. Y a t-il des mesures prises dans le but de la protection de l'environnement ?






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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery