FACULTE DES SCIENCES
DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
OPTION : GEOGRAPHIE PHYSIQUE ET HUMAINE
PAYSAGES ET SYSTEMES AGRAIRES DANS
LES ZONES PERIURBAINES DE LA VILLE DE
GIKONGORO
Mémoire présenté en vue de
l'obtention
du grade de Licencié en
Géographie
C
Bachelor's of Science in Geography)
Par MAHORO Jean Pierre
Directeur:
Monsieur MUSANGWA Sigfried.
Huye, Mars 2007
I DEDICACE A ma
chère épouse Sylvie MUKAREMERA ;
A ma chère regrettée mère A nos
chers parents ;
A nos enfants : DUSHIME MAHORO Divine TUYISHIME
MAHORO Divin A nos frères et soeurs ; A tous nos amis
; Ce mémoire est dédié.
II
REMERCIEMENTS
Le présent travail est le résultat de plusieurs
volontés, sans lesquelles il ne serait pas disponible aujourd'hui. Nos
remerciements s'adressent en premier lieu au Gouvernement Rwandais pour avoir
financé nos études au sein de l'UNR.
Je souhaite tout d'abord exprimer à Mr MUSANGWA
Sigfried toute ma reconnaissance et ma gratitude pour la confiance
qu'il m'a accordée en acceptant de diriger ce mémoire
malgré ses multiples obligations. Nous gardons bonne mémoire des
compétences, des qualités humaines et scientifiques qu'il a
prodiguée tout au long de ce travail.Nous remercions aussi tout le corps
professoral de l'Université nationale du Rwanda, plus
particulièrement aux professeurs du Département de
Géographie pour leur encadrement scientifique durant nos
études.
Je témoigne plus particulièrement toute mon
affection à Madame Sylvie MUKAREMERA, à qui je
ne remercierais jamais assez, pour ses encouragements, sa patience et ses
sacrifices durant notre formation à l'UNR et surtout lors de la
réalisation de ce travail. Elle a transpiré
régulièrement avec moi et elle a toujours été
là dans les bons et les mauvais moments.
Nous tenons à dire merci à toutes les personnes
qui, de près ou de loin, ont contribué à notre formation
et à l'aboutissement de ce mémoire, avec une mention
particulière aux familles de MBANDA Jean Bosco et
KAREMERA James.
Ma reconnaissance va aussi à l'ensemble de mes
collègues du Campus qui ont su m'apporter leur aide et leurs conseils.
Je tiens à remercier tout particulièrement Monsieur
MUVUNYI Philibert et MUHUMUZA
Protogène qui ont su me supporter dans les moments
difficiles.
Et enfin, nous exprimons notre profonde reconnaissance
à tous les agriculteurs et aux autres personnes consultées lors
de notre enquête, pour leur accueil chaleureux et la patience au cours
des entretiens. Nous n'oublions pas toute l'équipe du projet
GTZ/SASS pour son attention vis-à-vis de notre
travail.
III
TABLE DE MATIERE
DEDICACE I
REMERCIEMENTS II
TABLE DE MATIERE III
SIGLES ET ABRÉVIATIONS VI
LISTE DES TABLEAUX VII
LISTE DES PHOTOS IX
SOMMAIRE X
ABSTRACT XI
0. INTRODUCTION GENERALE - 1 -
0.1. PROBLEMATIQUE - 1 -
0.2. CHOIX ET INTERET DU SUJET - 2 -
0.3. LES OBJECTIFS DU TRAVAIL - 3 -
0.4. LES HYPOTHESES DE TRAVAIL - 3 -
0.5. LA METHODOLOGIE DE RECHERCHE - 3 -
0.5.1. Recherche documentaire - 3 -
0.5.2. Observation du paysage - 4 -
0.5.2.2. Enquête sur terrain - 4 -
0.5.2.3. Taille de l'échantillon - 4 -
0.6. LES DIFFICULTES RENCONTREES - 6 -
0.7. SUBDIVISION DU TRAVAIL - 6 -
CHAPITRE I. PRESENTATION GENERALE - 7 -
.I.1. LA DESCRIPTION DU MILIEU PHYSIQUE - 9 -
I.1.1. Les formes topographiques du milieu - 9 -
I.1.2. Hydrographie - 10 -
I.1.3. Les conditions climatiques - 11 -
I.1.3.1 Les précipitations - 11 -
I.1.3.2 Les températures - 13 -
I.1.5. Les sols très acides - 15 -
I.2. LES CONDITIONS SOCIO-ECONOMIQUES - 16 -
I.2.1. La répartition de la population par sexe. - 16
-
I.2.2. La taille des ménages - 17 -
I.2.2. La population selon les groupes d'age. - 18 -
I.2.3. La population périurbaine et les activités
économiques - 19 -
I.2.4. Une population majoritairement agricole - 19 -
CHAPITRE.II. LES SYSTEMES AGRAIRES DES PAYSAGES
PERIURBAINS DE LA
VILLE DE GIKONGORO - 22 -
II.1. LES SYSTÈMES SOCIAUX PRODUCTIFS - 24 -
II.1.1. L'organisation familiale face aux activités
agricoles - 24 -
II.1.2. Les modes d'acquisition des terres - 28 -
II.1.2.1. L'acquisition par héritage - 29 -
II.1.1.2.2. L'acquisition des terres par achat - 30 -
II.1.2.3. Les autres modes d'acquisition des terres - 31 -
II.1.2. La diminution des surfaces agricoles - 32 -
II.2. LES SYSTEMES DE PRODUCTION AGRICOLE - 34 -
II.2.1. Le mode d'utilisation des sols - 34 -
II.2.2. Le système d'association des cultures - 35 -
II.2.2.1. La maximisation du rendement agricole - 38 -
II.2.2.2. L'autosuffisance alimentaire - 38 -
II.2.2.3. La protection du sol - 39 -
II.2.2.4. La diminution des risques - 39 -
II.2.3. Le calendrier agricole - 39 -
II.2.3.1. La culture des haricots de la première saison
- 40 -
II.2.3.2. La culture de sorgho de la deuxième saison -
42 -
II.2.3.3. Les cultures de la troisième saison - 42 -
II.2.4. Les cultures de rente - 43 -
II.2.5. Les outils agricoles - 44 -
II.2.6. Les techniques culturales - 46 -
II.2.6.1. La préparation du sol - 46 -
II.2.6.2. L'organisation des parcelles agricoles - 47 -
II.2.7. Les espaces non cultivés - 48 -
II.2.7.1. 1. Les boisements - 48 -
II.2.7.2. La jachère - 50 -
II.3. L'HABITAT PERIURBAIN DE LA VILLE DE GIKONGORO - 51 -
II.3.1. Les caractéristiques de l'habitat - 51 -
II.3.2. La répartition de l'habitat - 54 -
II.3.2. 2. L'habitat groupé - 54 -
II.3.3. Les problèmes de l'habitat - 55 -
CHAPITRE III : ASPECTS DE L'EVOLUTION DES SYSTÈMES
AGRAIRES - 57 -
III.1. LA PROTECTION CONTRE L'EROSION DES TERRAINS AGRICOLES -
57 -
III.1.1. Les fossés antiérosifs - 58 -
III.1.2. L'aménagement du sol en terrasse - 59 -
III.2. LES METHODES DE RENOUVELLEMENT DE LA FERTILITE DU SOL - 62
-
- - - - - - - - - - - - - - -
I
II.2. 1. La fertilisation organique
|
- 63
|
II.2. 2. Les autres amendements utilisés dans la
fertilisation du sol
|
- 64
|
III.3 L'INTEGRATION DE L'ELEVAGE DANS L'AGRICULTURE
|
- 64
|
III.3.1. L'association de l'agriculture et de l'élevage
|
- 65
|
III.3.2. L'évolution vers l'élevage en stabulation
|
- 66
|
III.4 LES INFRASTRUCTURES
|
- 68
|
III.4.1 Les infrastructures sanitaires
|
- 68
|
III.4.2. Les infrastructures scolaires
|
- 69
|
III.4.3. Les infrastructures routières
|
- 70
|
III.5. LE CENTRE VILLE FACE A L'AGRICULTURE PERIURBAINE
|
- 71
|
III.5.1. L'approvisionnement du centre urbain en produits
agricoles
|
- 71
|
III.5.2. L'agriculture et le revenu de la population
périurbaine
|
- 73
|
III.5.3. Les investissements agricoles
|
- 74
|
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS
|
- 76
|
BIBLIOGRAPHIE
|
- 78
|
ANNEXE
|
|
VI
SIGLES ET ABRÉVIATIONS
CFJ : Centre de Formation des Jeunes
FAO : Food and Agriculture Organisation
FFW : Food For Work
FRW : Francs rwandais
FS : Faculté des Sciences
GTZ/SASS : Deutsche Gesellschaft fur Technische
Zusamenarbeit Sécurité
Alimentaire et Stabilité Structurelle.
MINAGRI : Ministère de l'Agriculture et
de l'Elevage
MINITRACO : Ministère des Transports et
Communication.
MINITRAPE : Ministère des Travaux Publics
et de l'Energie
NPK : Azote, Phosphore, Potassium.
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PDC : Plan de Développement
Communautaire
PH : Potentiel d'Hydrogène
Pmm : Précipitations
PNIMT : Programme National d'Investissement
à Moyen Terme
ISAR. : Institut des Sciences Agronomiques du
Rwanda
IRST : Institut de Recherche Scientifique et
Technologique
UNR : Université Nationale du Rwanda
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1. Le régime
pluviométrique à Gikongoro (de 1985-2003, alt.1910m ;
2028'S ; 29034'E) - 11 -
Tableau 2. La variation mensuelle des
températures à Gikongoro (de 1985-2003) - 13 -
Tableau 3. La répartition de la
population selon le secteur et le sexe en 2003 - 16 -
Tableau 4: La répartition de la
population par ménage - 17 -
Tableau 5. L'état d'occupation de la
population périurbaine âgée de plus de 15ans - 19 -
Tableau 6. La répartition de la
population périurbaine par secteurs d'activité - 20 -
Tableau 7: La main d'oeuvre utilisée dans
les exploitations périurbaines de la Ville de
Gikongoro - 25 -
Tableau 8: Le temps de travail consacré
aux différentes activités par sexe et pat jour - 26 -
Tableau 9. Les modes d'acquisition des terres
agricoles dans la Ville de Gikongoro. - 28 -
Tableau 10. La proportion des familles qui
exploitent l'héritage de la femme - 30 -
Tableau 11: Les superficies des exploitations
agricoles périurbaines de la Ville de
Gikongoro. - 32 - Tableau 12. Les
principales cultures associées dans les exploitations
périurbaines de la
ville de Gikongoro - 36 -
Tableau 13. Les raisons de l'association des
cultures - 37 -
Tableau 14. Les saisons culturales rwandaises
- 39 -
Tableau 15 : Les variétés de
culture de haricot pratiquées. - 41 -
Tableau 16. La situation des marais dans la
Ville de Gikongoro - 43 -
Tableau 17. Le nombre de caféiers par
secteur - 43 -
Tableau 18. L'outillage utilisé dans
l'agriculture périurbaine de la ville de Gikongoro - 45 -
Tableau 19. L'état des boisements dans la
Ville de Gikongoro - 49 -
Tableau 20: Les exploitants qui pratiquent le
système de jachère - 50 -
Tableau 21: Les matériaux de construction
des maisons - 52 -
Tableau 22: Le taux d'utilisation des techniques
de protection du sol dans des zones périurbaines de la ville de
Gikongoro - 57 - Tableau 23. La superficie
aménagée en terrasses radicales dans les secteurs de la Ville
de Gikongoro - 59 -
Tableau 24: Les modes de fertilisation du sol
périurbain de la ville de Gikongoro - 63 -
Tableau 25. La distribution du cheptel dans les
secteurs de la Ville de Gikongoro - 65 -
Tableau 26: L'état des sources d'eau par
secteur - 69 -
Tableau 27 : Les infrastructures scolaires dans
la Ville de Gikongoro - 70 -
LISTE DES FIGURES
Figure 1. La localisation de la Ville de
Gikongoro dans l'ancienne Province de
Gikongoro. - 7 -
Figure 2: Localisation de la ville de Gikongoro
dans le District de Nyamagabe - 8 -
Figure 3 : Le réseau hydrographique de la
Ville de Gikongoro - 10 -
Figure 5. Le diagramme pluviométrique de
la ville de Gikongoro (de 1985-
2003 ; alt.1910m ; 2028'S ; 29034'E) - 12
-
Figure 6. Le diagramme ombrothermique de
Gikongoro (de 1985-2003) - 14 -
Figure 7 : La population de la ville de
Gikongoro - 17 -
Figure 8. La structure démographique de
la ville de Gikongoro en 2003 - 18 -
Figure 9 : La population de la Ville de
Gikongoro et les secteurs d'activités - 20 -
Figure 10 : La combinaison des
éléments constitutifs d'un système agraire - 23 -
Figure 11 : La main d'oeuvre utilisée
dans les exploitations périurbaines de la
Ville de Gikongoro - 25 - Figure 12. Le
temps de travail consacré aux différentes activités par
sexe et
pat jour - 27 - Figure 13 : Les modes
d'acquisition des terres agricoles dans la Ville de
Gikongoro. - 29 -
Figure 14 : La proportion des familles qui
exploitent l'héritage de la femme - 30 -
Figure 15 : Les superficies des exploitations
agricoles périurbaines de la Ville
de Gikongoro. - 32 -
Figure 16 : La pression démographique
face à la production agricole - 33 -
Figure 17 : Les différentes raisons
d'association des cultures - 38 -
Figure 18 : Les variétés de
culture de haricot pratiquées. - 41 -
Figure 19 : L'outillage utilisé dans
l'agriculture périurbaine de la ville de
Gikongoro. - 45 -
Figure 20 : Les exploitants qui pratiquent le
système de jachère - 50 -
Figure 21 : Les matériaux de construction
des maisons - 53 -
Figure 22 : Le taux d'utilisation des techniques
de protection du sol dans des
zones périurbaines de la ville de Gikongoro. - 58
- Figure 23 : Les modes de fertilisation du sol
périurbaine de la ville de
Gikongoro - 63 -
IX
LISTE DES PHOTOS
|
|
Photo 1 : Une exploitation dominée par le
bananier
|
- 35 -
|
Photo 2 : La culture de banane associée
aux haricots
|
- 36 -
|
Photo 3 : Les variétés de culture
de haricot
|
- 40 -
|
Photo 4 : Le café en culture pure et en
association à d'autres cultures
|
- 44 -
|
Photo 5. Les parcelles délimitées
par des barrières des pennisetum
|
- 48 -
|
Photo 6: Une habitation composée de deux
maisons différemment construites
|
- 52 -
|
Photo 7 : Une maison d'habitation couverte de
paille
|
- 53 -
|
Photo 8 : L'habitat groupé (Umudugudu)
|
- 55 -
|
Photo 9 : Les parcelles agricoles
protégées par des fossés antiérosifs
|
- 58 -
|
Photo 10 ; Les terrasses radicales
exploitées et plantées de haricot
|
- 60 -
|
Photo 11 : Les surfaces attaquées par
l'érosion dans le secteur de Gikongoro
|
- 61 -
|
Photo 12 : Une parcelle agricole menacée
par l'érosion
|
- 62 -
|
Photo 13 :L'étable d'un éleveur
pratiquant l'élevage en stabulation dans le
|
|
secteur Gikongoro. - 67 -
Photo 14 : Une parcelle de pennisetum - 67 -
SOMMAIRE
Ce mémoire présente les résultats de
l'étude descriptive des paysages et systèmes agraires
réalisés dans des zones périurbaines du Centre Ville de
Gikongoro dont l'objet principal est de comprendre les dynamiques agricoles
caractérisant le paysage des dites zones. « Avant de parler de
progrès ou de développement en milieu agricole, il faut
être conscient de la complexité des caractéristiques, des
contraintes et des effets rencontrés et provoqués par les
activités agricoles » (DUPRIEZ H, 1983).
Vu le niveau d'accroissement de la population et la variation
des temps climatiques, qui sont les principaux facteurs auxquels les
agriculteurs font face, nous avons jugé indispensable de mener une
étude orientée dans ce secteur qui occupe plus de 90% de la
population rwandaise, pour voir si réellement les systèmes
agraires appliqués sont adaptés à ces différents
facteurs déterminant le développement de l'agriculture.
L'observation du paysage agricole périurbain de la
Ville de Gikongoro, renforcée par une analyse des données
récoltées sur terrain, nous a permis de dévoiler les
caractéristiques principales de ce milieu agricole qui est dominé
par une agriculture de subsistance. C'est en étudiant ces
différents systèmes d'organisation, d'occupation et
d'exploitation du sol qu'on a pu découvrir une diversité de
choix, d'adaptation ainsi que des contraintes rencontrées dans la mise
en valeur de cet espace agricole périurbain de la Ville de Gikongoro ce
qui a permis de dégager les priorités stratégiques de
réduction de la pauvreté et de la faim qui affectent aujourd'hui
la vie d'une grande partie de la population oeuvrant dans ce secteur
agricole.
XI
ABSTRACT
This memoir presents the results of a descriptive study of
landscapes and agrarian systems of neighbouring zones of Gikongoro town
(municipality), its main objective being to understand agricultural dynamics
characterizing the landscape of the aforementioned zones. «Before
talking about progress or development in agricultural area, one must be aware
of the complexity of characteristics, constraints and effects found and brought
about by agricultural activities» (DUPRIEZ H, 1983).
Given the rate of the population growth and the effects of the
climatic times variation that are the main factors that farmers face, I noticed
that it was of paramount importance to conduct a research in this domain on
which more than 90% of the Rwandan population rely. This research aimed at
analysing if actually the land systems applied match with the different factors
determining the agricultural development
The observation of the agricultural landscape surrounding
Gikongoro town strengthened by the analysis of data collected from the area of
case study has permitted to reveal the main characteristics (features) of this
agricultural region which is basically dominated by substantial agriculture
while analysing the different organizational systems soil occupation and
exploitation it has been possible to find out (discover) a variety of choices
for adaptation and constraints found in developing this suburban agricultural
spaces, and this will help in showing the strategic priorities for poverty and
hunger reduction that affects today the life of a great part of the population
who are working in the agricultural sector.
0. INTRODUCTION GENERALE
0.1. PROBLEMATIQUE
L'espace périurbain est un milieu de transition qui
assure la liaison entre le centre ville, fortement habité, et le milieu
rural dominé par les activités agricoles. Cet espace est
généralement hétérogène. Il se
caractérise par un changement du paysage au fur et à mesure qu'on
s'éloigne du centre ville. La concentration de l'habitat diminue
progressivement en cédant la place à l'espace vert utilisé
pour les activités agricoles.
Les espaces environnant les villes rwandaises sont
semi-urbains. La subsistance de la population reste dépendante de la
production agricole. La forte demande en terre générée par
un taux de croissance sans précédent de la population a conduit
progressivement à une dégradation de la productivité
agricole. Les systèmes culturaux traditionnels sont en mauvais
état et ne sont plus appropriés. Les aménagements et la
technologie nécessaires pour les remplacer ne sont pas toujours
disponibles. A cela s'ajoutent les effets néfastes du relief
accidenté dont la pratique agricole exige souvent des stratégies
d'adaptation dépassant la capacité de la population. Toutes ces
conditions aboutissent à la diminution de la production agricole,
celle-ci étant considérée comme un élément
fondamental d'un système agraire.
Bien que certaines mesures de mise en place des techniques et
des technologies agricoles avancées (comme l'usage des engrais,
l'aménagement en terrasses radicales, l'utilisation des semences
sélectionnés, l'adaptation du nouveau système
d'élevage etc.) soient prises, il devient plus difficile que la
production agricole se maintienne au niveau de la demande croissante
engendrée par l'augmentation de la population. Ceci conduit
particulièrement à l'extension des cultures vers des zones plus
marginales où les facteurs physiques limitent la productivité
potentielle. C'est également cette croissance démographique
exagérée qui atténue les succès techniques et
technologiques permettant de satisfaire ces demandes. Dans certains cas, les
mouvements de la population pour participer aux activités du centre
ville réduisent la pression absolue sur les terres agricoles tandis que
l'expansion urbaine réduit le total des terres disponibles pour
l'agriculture périurbaine.
Comme il est indiqué dans le programme du gouvernement
dit « Vision 2020 », l'accroissement des revenus agricoles et la
création des opportunités de gagner des revenus hors de
l'agriculture doit passer par la recapitalisation et la transformation de
l'économie rurale, ce qui peut être atteint en se fondant sur les
atouts traditionnels de l'économie rurale rwandaise et en y introduisant
de nouvelles technologies.
Cette étude consistera alors à déterminer
les différentes formes d'organisation de la population
périurbaine dans son environnement afin de pouvoir contrôler son
aire géographique et satisfaire ses besoins. Alors, le point de
départ sera l'analyse des relations qui existent entre l'homme et le sol
dans l'agriculture ainsi que dans les formes d'habitat. Cela permettra
d'évaluer les changements de la production agricole de ces zones et sa
place dans l'approvisionnement des villes en produits alimentaires afin de
prendre des mesures de transformation de cette agriculture avec des techniques
plus favorables tout en maîtrisant les conditions contraignantes du
milieu qui peuvent conduire à la dégradation excessive du sol.
Ainsi notre recherche se propose de répondre aux questions
suivantes :
· Quelles sont les caractéristiques physiques et
humaines du milieu périurbain de la Ville de Gikongoro ?
· Quelles sont les caractéristiques des
systèmes agraines des zones périurbaines de la Ville de Gikongoro
?
· Quelles sont les formes d'évolution des
systèmes agraires que connaissent les paysages des zones
périurbaines de la Ville de Gikongoro ?
0.2. CHOIX ET INTERET DU SUJET
La partie de la province du sud dans laquelle se trouve la
Ville de Gikongoro est une région à sol très acide et
à relief accidenté. Elle est menacée par des
problèmes de pauvreté qui sont liés à la mauvaise
production agricole. L'agriculture qui est la principale activité pour
plus de 90% de la population se montre aujourd'hui incapable de procurer la
nourriture suffisante pour ceux qui la pratiquent. Malgré le rôle
double de l'agriculture périurbaine, c'est-à-dire la satisfaction
des besoins de l'agriculteur, et également l'approvisionnement des
citadins en mettant à leur disposition une grande diversité des
produits alimentaires, l'agriculture périurbaine reste relativement
méconnue. Pour la défendre, il convient surtout de multiplier des
études descriptives et comparatives pour mieux identifier les facteurs
qui peuvent conduire à la valorisation de cet espace périurbain
surtout dans le domaine agricole.
Ainsi la description des structures agraires servira de
relais pour un meilleur diagnostic des contraintes identifiées dans la
mise en valeur de l'espace périurbain de la Ville de Gikongoro et
dresser un constat des solutions locales à mettre en oeuvre. Alors, il
conviendra d'établir une évaluation des résultats quant
aux rendements et aux techniques agricoles à promouvoir en vue de
l'application des meilleures formules qui
paraissent applicable dans ces zones. Cela conduira à
la bonne orientation des investissements disponibles dans les domaines du
développement. C'est pour cela que l'agriculture sera une solution non
seulement aux problèmes économiques de la population
périurbaine, mais aussi au défi alimentaire auquel est
confrontée la population du centre urbain de la ville de Gikongoro.
0.3. LES OBJECTIFS DU TRAVAIL
Notre étude sur les paysages et les structures agraires
dans des zones périurbaines de la Ville de Gikongoro s'est
articulée sur les objectifs suivants :
· Montrer les différentes caractéristiques
physiques et socio-économiques des systèmes agraires des zones
périurbaines de la Ville de Gikongoro
· Expliquer les contraintes internes qui, au sein des
systèmes agraires, conditionnent les transformations nécessaires
du paysage
· Montrer les différentes formes techniques et
socio-économiques d'évolution des systèmes agraires que
connaissent les paysages des zones périurbaines de la Ville de
Gikongoro
0.4. LES HYPOTHESES DE TRAVAIL
Afin de mener à bonne fin ce travail, nous avons
formulé les hypothèses suivantes :
· Le paysage périurbain de la Ville de Gikongoro est
influencé par les différentes caractéristiques physiques
et humaines que connaît le milieu.
· Les caractéristiques des systèmes
agraires des zones périurbaines de la Ville de Gikongoro restent
traditionnelles et donnent à ces zones un paysage
généralement rural.
· Les perspectives d'évolution des zones agricoles
périurbaines restent faibles, vu les exigences des
caractéristiques du milieu physique et humain.
0.5. LA METHODOLOGIE DE RECHERCHE 0.5.1. Recherche
documentaire
Nous avons consulté les différents documents en
rapport avec les paysages et les systèmes agraires afin de pouvoir
enrichir nos connaissances sur le thème choisi. Cela a motivé la
fréquentation de certaines bibliothèques, centres et services de
documentation de certaines institutions publiques ou privées qui sont en
rapport avec le domaine de recherche. Les services documentaires visités
sont surtout la
bibliothèque Centrale de l'UNR, les services de
documentation de l'ancienne province de Gikongoro, du MINAGRI, de l' ISAR et de
l' IRST. Cette recherche documentaire nous a permis de collecter les
données et les documents relatifs au sujet d'étude comprenant les
rapports, les mémoires, les thèses, les ouvrages
généraux et certaines données statistiques.
0.5.2. Observation du paysage
Dans cette étude des paysages et des systèmes
agraires nous voulions connaître les réalités de
l'agriculture qui est pratiquée dans des zones périurbaines de la
Ville de Gikongoro, ce qui ne peut se faire que par une observation directe sur
terrain, c'est-àdire observer les cultures, les forêts, les
animaux mais aussi la topographie et le sol. Cette première étape
d'observation du paysage nous a permis d'obtenir les premières
informations sur la mise en valeur des terres et d'énoncer les
premières hypothèses, par exemple quant aux types des terres
cultivées, à leur mode de mise en valeur.
0.5.2.2. Enquête sur terrain
Le contenu de ce mémoire vient en majeure partie des
informations récoltées auprès des agriculteurs. Il s'agit
d'une méthode participative basée sur des entretiens avec des
agriculteurs. Cette méthode de collecte des données que POURTIOS
J. a définie comme « un instrument de prise de l'information
basée sur l'observation et l'analyse des réponses à une
série des questions posées à un échantillon
tiré d'une population » a permis d'obtenir les informations
nécessaires sur les systèmes agraires.
0.5.2.3. Taille de l'échantillon
Comme il est impossible d'interroger toute la population qui
oeuvre dans ce secteur économique, il nous a fallu réaliser un
échantillonnage des exploitants représentatifs, sur base de la
formule de BOUCHARD citée par HITAYEZU F. (2000) qui détermine la
taille de l'échantillon à l'aide d'une table appelée
« Table de détermination de taille de l'échantillon ».
Cette table annonce que pour une population mère infinie,
c'est-à-dire, supérieure à un million de personnes, il
faut faire correspondre un échantillon de 96 personnes avec une marge
d'erreur de 10 %. Comme notre population est finie : 32 960 personnes habitant
toute la ville de Gikongoro, nous avons utilisé la formule suivante :
Où N = Taille de la population- mère
n = Taille de l'échantillon pour une population infinie
Nc =taille de l'échantillon
En remplaçant N et n par leurs valeurs respectives, on a
:
32 960
Nc = = 96 x 32 960
1+32 960 32 960+ 96
96
|
= 95,7 = 96
|
|
Ainsi, le nombre d'exploitants à interroger suivant les
ex-secteurs a été trouvé de
manière suivante :
|
|
|
|
Gasaka:
|
4.865 x 96 =
|
14
|
|
|
32.427
|
|
|
Kizi :
|
4.374 x 96 =
|
14
|
|
|
.32.427
|
|
|
Gikongoro
|
11.160 x 96 =
|
33
|
|
|
32.427
|
|
|
Ngiryi :
|
.916 x 96 =
|
19
|
|
|
32.427
|
|
|
Remera :
|
2.766 x 96 =
|
8
|
|
|
32.427
|
|
|
Kamegeri:
|
.902 x 96 =
|
|
8
|
|
32.427
Les questions composantes du questionnaire ont
été posées aux 96 exploitants visités lors de
l'enquête suivant le nombre ci-haut calculé conformément
à la population de chaque secteur. Lors de ces différentes
visites des exploitants qui étaient pris comme échantillon, nous
avons eu l'occasion de faire l'observation analytique des parcelles agricoles
composant les exploitations afin de compléter les réponses
données par la populations. C'est pour cette raison qu'on a fait aussi
un entretien avec d'autres personnes représentant le secteur agricole
dans les institutions publiques ou prives.
0.6. LES DIFFICULTES RENCONTREES
Les difficultés rencontrées sont surtout
liées à la récolte des données nécessaires.
Une telle étude qui exige beaucoup de données pour pouvoir
analyser la complémentarité et la complexité de tous les
éléments capitaux de la vie d'une communauté vivant de
l'agriculture.
Certains points n'ont pas été suffisamment
analysés faute d'informations suffisantes. Par contre, la recommandation
de la part des autorités de la FS nous a permis d'aborder les gens qui
nous ont facilité le contact avec les exploitants de la Ville de
Gikongoro choisis comme échantillon. Malgré toutes ces
difficultés, nous avons pu atteindre les objectifs que nous nous sommes
assigné dans cette étude.
0.7. SUBDIVISION DU TRAVAIL
Mise à part la présente partie introductive,
ainsi que la conclusion générale et les recommandations, ce
travail comporte trois chapitres qui s'agencent de la manière suivante
:
· Le premier chapitre traite de la présentation
générale des zones périurbaines de la Ville de Gikongoro
tout en insistant sur les aspects physiques et humains caractérisant ces
zones.
· Le deuxième chapitre se concentre sur les
caractéristiques des systèmes agraires des zones
périurbaines en se basant sur les différentes formes
d'organisation ainsi que des systèmes de mise en valeur de l'espace
agricole qui caractérisent les paysages périurbains de la Ville
de Gikongoro.
· Enfin le troisième chapitre présente les
différents aspects de développement de ces systèmes
agraires érigés dans des zones périurbaines de la Ville de
Gikongoro.
CHAPITRE I. PRESENTATION GENERALE
La Ville de Gikongoro était l'une des entités
administratives de l'ancienne province de Gikongoro. Située au Sud-Ouest
du pays, celle-ci était subdivisée en sept districts : Nshili,
Kaduha, Karaba, Mudasomwa, Mushubi, Nyaruguru et la Ville de Gikongoro.
Selon les lois n° 4/2001 du 13 janvier 2001,
n°5/2001 du 18 janvier 2001 n° 7/2001 du 19 janvier 2001
«portant respectivement sur l'organisation et le fonctionnement des
districts, des circonscriptions urbaines et de la Ville de Kigali » chaque
chef-lieu de province a été conçu comme une ville, C'est
ainsi que la ville de Gikongoro fut l'une des unités administratives
autonomes de l'ancienne Province de Gikongoro.
Figure 1. La localisation de la Ville de Gikongoro dans
l'ancienne Province de Gikongoro.
La Ville de Gikongoro était composée de 6
secteurs à savoir Gasaka, Kamegeri, Ngiryi, Remera, Kizi et Gikongoro.
Son centre ville qui était le chef-lieu administratif et
économique de l'ancienne Province de Gikongoro qui abrite actuellement
le bureau du district de Nyamagabe.
Avec la reforme administrative de janvier 2006 qui a
divisé le Rwanda en quatre provinces et la ville de Kigali, la Ville de
Gikongoro a été combinée avec les ex-districts de Kaduha,
Mushubi, Mudasomwa, et une partie du district de Karaba pour former l'actuel
district de Nyamagabe, l'un des huit district de la province du Sud.
Figure 2: Localisation de la ville de Gikongoro dans le
District de Nyamagabe
Comme le montre la carte ci-haut, les quatre secteurs de la
Ville de Gikongoro, Gasaka, Remera, Gikongoro et Ngiryi ont été
combinés pour former l'actuel secteur de Gasaka. Les deux autres
secteurs, Kamegeri et Kizi font actuellement partie du nouveau secteur de
Kamegeri.
Située à 2028' de latitude sud et
à 29034' de longitude Est, ce centre ville est à
cheval sur la grande route asphaltée reliant les villes de Butare et de
Cyangugu localisées respectivement dans les districts de Huye et Rusizi.
Il est à 165 km de la ville de Kigali et à quelques dizaines de
km du Parc National de Nyungwe. Ainsi les résultats
présentés dans ce mémoire concernent les zones rurales
environnant le centre urbain de Gikongoro suivant la circonscription de la
Ville de Gikongoro. C'est ainsi que les données disponibles sont
reparties suivant les 7 secteurs ci-haut mentionnés qui couvrent une
superficie de 59,96 km2.
.I.1. LA DESCRIPTION DU MILIEU PHYSIQUE
« Les terres ne sont pas seulement
considérées en tant que sols ou espace topographique, mais elles
possèdent aussi des caractéristiques telles que des
dépôts superficiels sous-jacents, un climat et des ressources en
eau ainsi que des communautés végétales et animales qui
s'y sont développées suite à l'interaction des conditions
physiques ». (FAO, 2001). Les effets de l'action anthropique
reflétée par des changements dans le couvert
végétal ou par des structures, sont également
considérés comme des caractéristiques des terres. Une
modification de l'un des facteurs, l'affectation des terres par exemple, peut
avoir un impact sur d'autres facteurs comme la flore et la faune, la
qualité du sol, la distribution des eaux de surfaces et même le
climat.
La pratique de l'agriculture en haute altitude sur les pentes
raides non adaptées aux activités agricoles, à laquelle
s'ajoutent les effets des aléas climatiques pour lesquels l'agriculteur
n'a pas de solution, contribuent considérablement à accentuer les
menaces sur l'espace agricole. « Même si les moyens de lutte
contre les risques climatiques sont nombreux et diversifiés, aucun
cependant, n'a jamais mis totalement les cultures à l'abri des violences
climatiques » (DUPRIEZ, 1983).
I.1.1. Les formes topographiques du milieu
Les zones périurbaines de la Ville de Gikongoro se
situent dans la région du plateau central mais elles
présentent un relief plus ou moins accidenté qui est une
transition
vers la crête Congo Nil. Ce relief est formé par
une multitude des collines dispersées dans toutes les zones avec
l'altitude qui varie entre 1500 et 2300m.
Dans la partie ouest, les collines sont alignées avec
des sommets qui dépassent parfois 2000 m d'altitude le point culminant
de la Ville de Gikongoro étant la colline de Remera qui culmine à
2.265 m d'altitude. Les versants sont généralement taillés
dans les altérites mais dans certaines zones, il y a des versants
à affleurement rocheux. Les pentes qui ont des valeurs
supérieures à 15% sont fréquentes. C'est là une des
contraintes de l'occupation du sol sur l'ensemble de la zone.
I.1.2. Hydrographie
Les cours d'eau entourant la Ville de Gikongoro se divisent
en deux bassins : d'une part le bassin de la rivière RUKARARA où
se trouvent les rivières Kato et Gisayo et d'autres part le bassin de la
rivière MWOGO avec les rivières Kabanda, Nkungu et Kavure.
Figure 3 : Le réseau hydrographique de la Ville
de Gikongoro
Source : MINITRACO/CGIS-NUR, 2001.
Les débits de ces cours d'eau sont fonction des
précipitations. L'hydrographie de la Ville de Gikongoro est
également caractérisée par plusieurs cours d'eau
temporaires. Lors des précipitations très fortes, certaines
rivières sont menacées par des phénomènes de
débordement des eaux.
I.1.3. Les conditions climatiques
« Malgré la continentalité et la
position latitudinale équatoriale, le Rwanda se trouve sous l'influence
des courants d'air frais et la vitesse du vent relativement rapide »
(BIZIMUNGU T. 1977, cité par NDAMYIMANA E.1996).
I.1.3.1 Les précipitations
La Ville de Gikongoro est placée dans une zone des
précipitations moyennes supérieures à 1.100mm
conformément à son altitude. Elle est entourée par des
isohyètes méridiennes de 1200mm à 1400mm des
précipitations respectivement de l'Est à l'Ouest.
A part une influence orographique qui est due à la
continuité de la Crête Congo Nil, les précipitations ne
sont pas vraiment particulières de façon à créer
une zone écologiquement différente des autres régions
environnantes. La Ville de Gikongoro se caractérise par deux saisons de
pluies alternant avec deux saisons sèches.
Tableau 1. Le régime pluviométrique
à Gikongoro (de 1985-2003, alt.1910m ; 2028'S ;
29034'E)
Mois
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
année
|
Pmn
|
163,0
|
103,3
|
163,8
|
198,4
|
118,0
|
16,2
|
3,1
|
75,3
|
69,7
|
141,4
|
126,6
|
153,3
|
1332.1
|
%
|
12,2
|
8.0
|
12,3
|
14,9
|
8,8
|
1,2
|
0,2
|
5,6
|
5,2
|
10,6
|
9,5
|
11,5
|
100
|
|
Source : Service météo Province
de Gikongoro, 1985-2003.
Figure 5. Le diagramme pluviométrique de la
ville de Gikongoro (de 1985- 2003 ; alt.1910m ; 2028'S ;
29034'E)
Pmn
J F M A M J J A S O N D Mois
Source: Service météo Province de
Gikongoro, 1985-2003.
Le tableau de la page précédente et le
diagramme ci-dessus présentent les moyennes des précipitations
calculées sur une période de 19 ans (de 1985 à 2003)
à la station météorologique de Gikongoro où la
moyenne annuelle des précipitations est de 1332.1mm. Les
précipitations se repartissent sur toute l'année mais
l'intensité est différente suivant les saisons. Durant la grande
saison des pluies, c'est à dire de mars à mai, les
précipitations sont très fortes : un total de 480mm est
enregistré, c'est à dire 36% des précipitations totales
durant ces trois mois.
De mai à juin les précipitations diminuent
considérablement annonçant le début de la grande saison
sèche qui continue jusqu' au mois d'août avec 7% des
précipitations totales. Cette saison dure entre 80 et 100 jours suivant
les zones ce qui explique la faiblesse des précipitations durant cette
saison.
La Ville de Gikongoro connaît aussi deux petites
saisons : la petite saison des pluies et la petite saison sèche. Durant
la petite saison des pluies les précipitations restent faibles. Cette
période de trois mois totalise seulement 25.3% des précipitations
annuelles. Le mois de septembre est caractérisé par la faiblesse
de précipitations qui est due au prolongement de la saison sèche.
La moyenne mensuelle est de 75.3mm. Une augmentation remarquable commence avec
le mois d'octobre où les précipitations qui étaient 5,2%
en septembre deviennent 10,6%. La petite saison sèche qui s'étend
de décembre à février enregistre 31.7% des
précipitations totales.
En général les précipitations fortes
s'observent dans les mois de janvier, mars, avril, et décembre qui
totalisent eux seuls presque 51% des précipitations annuelles. Le mois
le plus pluvieux, avril, enregistre 14.9%de toutes les précipitations
alors qu'en juillet, les précipitations enregistrées sont de 3,1
mm, ce qui représente un pourcentage de 0,2% de la moyenne annuelle.
I.1.3.2 Les températures
Le climat de la Ville de Gikongoro est toujours chaud
à cause des températures qui sont toujours élevées.
« Suite à la proximité par rapport à
l'équateur, l'amplitude thermique est faible » (NDUWAYEZU, J
1982).
Tableau 2. La variation mensuelle des
températures à Gikongoro (de 1985- 2003)
Mois
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
Total annuel
|
Moyenne annuelle
|
T°
|
17,7
|
20
|
19,75
|
19,2
|
18,7
|
18,9
|
19,3
|
18,7
|
18,8
|
20,1
|
16,9
|
19,9
|
228
|
19° C
|
|
Source : Service météorologique,
1985-2003.
D'après ce tableau des températures
calculées sur une période de 19 ans (de 1985 à 2003)
à la station météorologique de Gikongoro, les moyennes
mensuelles sont modérées. Le mois le plus chaud a la
température moyenne de 19.50 C, alors que le plus froid
enregistre 18,00 C.
A partir des données de ladite station
météorologique, on a établi un diagramme ombrothermique
permettant de spécifier les périodes sèches et celles qui
sont humides. En établissant ce diagramme, on a utilisé la
formule de P=2T, c'est-à-dire une échelle des précipitions
quatre fois plus grande que l'échelle des températures, ce qui
permet de déterminer les caractéristiques atmosphériques
du milieu.
Figure 6. Le diagramme ombrothermique de Gikongoro (de
1985-2003)
P = 2T
Source : Service météorologique de
Gikongoro, 1985-2003.
De ce diagramme, qui met en évidence les
données climatiques de la station météorologique de
Gikongoro à partir de 1985 jusqu'en 2003, les deux saisons de pluies qui
sont séparées par une grande saison sèche, attestent
comment les conditions météorologiques permettent deux
récoltes par an. Avec les précipitations qui commencent au mois
de septembre, les exploitants procèdent au semis des plantes qui seront
récoltées à partir du moi de novembre tandis que ceux qui
sont plantées au début du moi de février sont
récoltés à partir du moi de mai.
Même si les exploitants ne maîtrisent pas la
variabilité des rythmes saisonniers, le climat reste l'un des facteurs
déterminant la production agricole. Souvent le hasard du climat rend
l'agriculture risquée. Si! ne p!eut pas suffisamment ou ne p!eut pas
au bon moment, !es p!antes se dégradent et par !a suite, !a production
est compromise. (DUPRIEZ H, 1983).
Les pluies abondantes enregistrées durant ces deux
grandes saisons sont favorables aux activités agricoles. La saison
sèche qui dure normalement trois mois se situe de la mi-mai à
mi-septembre. Une telle prolongation de la saison sèche provoque un
retard de la période dans la saison suivante, ce qui a un impact sur la
production agricole attendue. Cela a été le cas au cours de
l'année 2005, où la diminution exagérée des
précipitations a anéanti la production agricole de la petite
saison des pluies.
I.1.5. Les sols très acides
L'extrême sud de la Province du même nom dans la
quelle se trouve la ville de Gikongoro, est caractérisée par des
sols très acides avec un PH compris entre 4.2 et 5, et sont
sérieusement appauvris et dégradés par l'érosion.
Il s'agit principalement des schistes rouges ou micacés, des roches
gneissiques, ou granitiques et de quelques crêtes quartzitiques.
« Ces roches acides qui sont pauvre en base et en minéraux
ferromagnésiens sont à l'origine de l'appauvrissement du sol
parce qu'elles empêchent la décomposition complète de la
matière organique » (RUTUNGA V., 1979). Leur dessaturation en
cations et l'acidité aluminique font que les rendements agricoles soient
médiocres, si des amendements organiques, calciques et minéraux
ne sont pas effectués.
La miniaturisation toujours plus grande des exploitations
agricoles, liée à la réduction des jachères et
à des pratiques agricoles entraîne une surexploitation des sols.
Les exploitations étant très petites, le maximum de superficie
est consacré à la production vivrière. Cela ne permet pas
à l'agriculteur de laisser en jachère ses terres
épuisées et d'investir pour la protection et
l'amélioration de son capital naturel (sol et forêt). Pire encore,
il lui faut, pour survivre, prélever sur ce capital, amorçant
ainsi une dégradation lente et grave de conséquences de son
appareil de production. La fertilité des sols loin d'être
conservée et rehaussée par les apports réguliers en
fertilisants organiques et minéraux, est lentement abaissée par
une agriculture minière, prélevant plus qu'elle ne restitue.
Quant aux sols eux-mêmes, ne bénéficiant pas de mesures
adéquates de protection et de conservation, ils disparaissent en grande
quantité sous le coup de l'érosion.
I.2. LES CONDITIONS SOCIO-ECONOMIQUES
L'organisation du paysage agraire est influencée par
des caractéristiques que la population connaît. Comme l'a
souligné GAUCHER, G. (1986), « les complexités
croissantes des facteurs démographiques et économiques comme la
densité de la population, le niveau de consommation, le milieu
économique et les techniques de production ont un impact sur
l'organisation du sol surtout dans le domaine agricole ».
Ces facteurs sont interdépendants: par exemple la diminution de la
surface de culture est due à la densité croissante de la
population ; dans ce cas, les agriculteurs sont obligés de recourir
à des techniques plus performantes afin de pouvoir satisfaire les
besoins des consommateurs.
I.2.1. La répartition de la population par
sexe.
Selon le Rapport annuel de la Ville de Gikongoro en 2003, la
ville de Gikongoro, dans son ensemble, concentre une population totale de 32
960 habitants, représentant 6.6% de la population totale de l'ancien
province de Gikongoro.
Tableau 3. La répartition de la population selon
le secteur et le sexe en 2003
Secteur
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
Gikongoro
|
4 051
|
7 690
|
11 741
|
Ngiryi
|
2 412
|
3 527
|
5 939
|
Kamegeri
|
1 818
|
2 137
|
3 955
|
Kizi
|
1 516
|
1 995
|
3 511
|
Gasaka
|
2 357
|
2 610
|
4 967
|
Remera
|
1 221
|
1 626
|
2 847
|
Total
|
13 375
|
19 585
|
32 960
|
%
|
41
|
59
|
100
|
|
Figure 7 : La population de la ville de
Gikongoro
|
100
|
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
% de la population
.- A4 C..) 41. CA CA
·4 00 .0 C
7 0 0 0 0 0 0 0 0 0 C
|
|
|
|
|
|
|
|
Hommes Femmes
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Secteur
|
|
|
Source : Ville de Gikongoro, 2003.
D'après le tableau N°3 et graphique ci-dessus, la
population de La ville de Gikongoro est dominée par les femmes. Pour
tous les secteurs, elles sont au nombre de 19 585 contre 13 375 hommes ce qui
représente respectivement 59% et 41%.
I.2.2. La taille des ménages
Suivant le nombre total de la population et le nombre des
ménages, la moyenne des personnes recensées dans chaque
ménage est élevée. Elle est de 6 personnes par
ménage.
Tableau 4: La répartition de la population par
ménage
Secteur
|
Population total
|
Nombre de
ménages
|
personne/ménage
|
Gikongoro
|
11 741
|
1 348
|
9
|
Ngiryi
|
5 939
|
1 138
|
5
|
Kamegeri
|
3 955
|
864
|
5
|
Kizi
|
3 511
|
798
|
4
|
Gasaka
|
4 967
|
931
|
5
|
Remera
|
2 847
|
542
|
5
|
Total/ Moyenne
|
32 960
|
5 621
|
6
|
|
Source : Ville de Gikongoro, 2003.
des zones périurbaines, la moyenne est inférieure
à celle de toute la ville.
Suivant les caractéristiques des ménages, la
population de la ville de Gikongoro habite majoritairement les ménages
ordinaires. Pour l'ensemble de la ville, les ménages collectifs
concentrent seulement 13% de la population totale, qui se localisent surtout
dans le centre urbain ainsi que dans d'autres zones où l'habitat est
groupé (Province de Gikongoro, avril 2005). La forte proportion des
ménages ordinaires explique l'importance des activités agricoles
qui donnent à ces zones périurbaines des caractéristiques
généralement rurales. Même dans le centre ville, la
ruralisation est partout remarquable car plusieurs ménages
possèdent des jardins.
I.2.2. La population selon les groupes
d'age.
Les structures par âge pour la population de la Ville
de Gikongoro en ensemble et de ses zones périurbaines en particulier
sont presque semblables à celles qui s'observent au niveau national.
Cela témoigne encore du caractère rural de cette Ville de
Gikongoro. La pyramide des âges à la page suivante présente
la population de la Ville de Gikongoro, recensée en 2003, suivant leur
tranche d'âge.
Figure 8. La structure démographique de la ville
de Gikongoro en 2003
Cette pyramide montre que la population est jeune. La
population qui a moins de 15 ans représente 34.7% de toute la population
dont 11.9% pour les moins de 5 ans, ce qui permet de conclure que c'est une
population à forte natalité. Par contre la population ayant plus
de 65 ans reste toujours peu nombreuse. Elle représente seulement 3.2% ;
alors que la population de 15 à 65ans présente 62%.
I.2.3. La population périurbaine et les
activités économiques
Les zones périurbaines du centre ville de Gikongoro
sont vraiment pauvres en activités économiques. Le manque
d'emplois rémunérés conduit aux déplacements de la
population non agricole pour s'occuper d'autres activités qui peuvent
procurer des revenus. A part les fonctionnaires et les employés des ONG,
l'activité artisanale et le petit commerce sont en pleine croissance
mais le secteur secondaire reste faible comparablement à d'autres
secteurs d'activité.
Tableau 5. L'état d'occupation de la population
périurbaine âgée de plus de 15ans
Etat d'occupation
|
hommes (%)
|
femmes (%)
|
totale (%)
|
Occupée
|
75.6
|
74.0
|
74.7
|
Chômeur
|
0.8
|
0.5
|
0.6
|
Recherche le 1er emploi
|
0.2
|
0.2
|
0.2
|
Personnes au foyer
|
4.5
|
7.5
|
6.1
|
Elève/étudiant
|
13.5
|
12.0
|
12.7
|
Autre
|
5.4
|
5.4
|
5.7
|
|
Source : Province de Gikongoro, avril 2005
D'après le tableau ci-dessus, 75,6% de la population
périurbaine résidente âgée de plus de 15ans sont
déclarées économiquement actifs et 74,3% de cette
même population sont occupés. Peu de personnes se disent
être chômeurs ou à la recherche du premier emploi. Les
élèves et les étudiants se placent au second rang avec
12.7%. Pour les personnes au foyer, les femmes sont plus nombreuses que les
hommes parce que ce sont elles qui s'occupent souvent des petites
activités domestiques.
I.2.4. Une population majoritairement
agricole
Généralement les zones périurbaines
rwandaises disposent des caractéristiques économiques
généralement ruraux. Le tableau ci-dessous montre la
répartition de la population par secteurs d'activité
professionnelle.
Tableau 6. La répartition de la population
périurbaine par secteurs d'activité
Les secteurs d'activité
|
hommes
|
femmes
|
population totale (%)
|
Secteur primaire
|
70.1
|
83.1
|
77.2
|
Secteur secondaire
|
5.1
|
1.2
|
2.9
|
Secteur tertiaire
|
24.9
|
15.7
|
19.9
|
|
Source : Province de Gikongoro, avril 2005
De ce tableau, il ressort que dans tous les secteurs
d'activité, la participation n'est pas la même pour les hommes et
les femmes selon le type d'activité. Dans le secteur primaire, les
femmes sont 10% de plus par rapport aux hommes contrairement à d'autres
secteurs qui utilisent beaucoup plus les hommes que les femmes. Dans certaines
activités du secteur secondaire, il y a une absence quasi-totale de sexe
féminin. C'est le cas des activités de construction, de
transport, de réparation des objets surtout électroniques, etc.
Même au niveau du secteur tertiaire, la participation des femmes reste
faible. Elles sont 15.7% contre 24.9% des hommes. Tout cela favorise
l'augmentation des femmes dans le secteur primaire
Figure 9 : La population de la Ville de Gikongoro et les
secteurs d'activités
3%
Secteur primaire Secteur secondaire Secteur tertiaire
20%
77%
Source : Province de Gikongoro, avril 2005.
Cette figure montre l'importance du secteur primaire dans la
ville de Gikongoro. Avec un effectif constitué de 77.2% d'agriculteurs,
les zones périurbaines se placent un peu au dessous de la
réalité nationale où les agriculteurs sont plus de 90%.
Avec une telle part pour un secteur, les autres secteurs sont
marginalisés.
Suite à la présence d'un grand nombre des
fonctionnaires de l'Etat et des employés du secteur privé
habitant les zones périurbaines, la population du secteur tertiaire
représente presque 20%. Le secteur secondaire reste très
marginal. Avec ses branches diverses dont la construction et l'artisanat, il
occupe seulement 2.9% des activités exercées par la population
active.
Dans ces zones périurbaines certaines personnes
combinent l'agriculture avec d'autres activités. C'est le cas surtout
des artisans qui consacrent une partie de leur temps aux activités
agricoles de façon qu'il est difficile de connaître laquelle de
deux activités consomme le plus de temps. Même certains
fonctionnaires et les commerçants pratiquent l'agriculture à
temps partiel. Leurs exploitations sont plus productives parce qu'ils y
investissent un capital élevé comparablement à d'autres
exploitants. Cette dualité d'activités contribue à
l'amélioration de leur revenu.
Conclusion partielle.
La Ville de Gikongoro qui était l'une des
entités administratives de l'ancienne province de Gikongoro est
localisée dans la zone du plateau central avec une altitude variant
entre 1500 m et 3000 m car il y a déjà des altitudes
amorçant la Crête Congo Nil. La moyenne des précipitations
et des températures est respectivement 1332.1mm et 19°c. Les sols
sont très acides avec un PH compris entre 4.2 et 5. Avec une population
de 32.427 habitants, les hommes sont plus nombreux que les femmes avec 53%
contre 47%. Toute cette population est répartie dans 6 258
ménages ce qui donne une moyenne de 5.2 personnes par ménage.
L'agriculture qui est la principale activité de la population de cette
ville de Gikongoro occupe 77,2% de toute la population active.
CHAPITRE.II. LES SYSTEMES AGRAIRES DES PAYSAGES
PERIURBAINS DE LA VILLE DE GIKONGORO
Le paysage est composé par un environnement physique
caractérisé par des éléments objectifs tels que sa
localisation géographique, son dénivelé, la dimension des
parcelles, la diversité des cultures, occupation de l'habitat etc. Selon
SIRIEX A (2003) << le paysage est constitué de deux termes de
nature profondément différent : le territoire, support du paysage
et la perception des populations concernées » Il
résulte de l'utilisation du sol et de l'espace. Les modifications
importantes et rapides subies par le paysage, obligent à
considérer les hommes comme des acteurs responsables de sa formation
La définition du paysage retenue par SIRIEX A (2003):
« une structure spatiale qui résulte de l'interaction entre des
processus naturels et des activités humaines » souligne le
rôle joué par les activités humaines dans la formation de
celui-ci. En effet, si le paysage est constitué au départ
d'éléments naturels, il est devenu au fil du temps
dépendant de la présence humaine. C'est ainsi que l'analyse des
relations qu'entretiennent les individus avec le son milieu se montre comme le
point essentiel de l étude du paysage.
Dans un pays tel que le Rwanda où un grand nombre de
la population oeuvrent dans le secteur primaire, l'agriculture, qui est un
activité principale pour plus de 90%, semble un élément
essentiel définissant le paysageLe succès de cette
activité économique résulte de plusieurs
éléments d'ordre humain, écologique, technique que DUPRIEZ
H. (1983) a regroupé sous le nom du << systèmes
agraires », c'est-à-dire <<
tous les éléments déterminant la vie d'une
communauté vivant de l'agriculture ».
Le système agraire tel qu'il a été
défini par MALCOLM H. et al, 2001, est << un modèle
d'exploitation du milieu agricole, système de force de production
adaptés au conditions bioclimatiques d'un espace donné et qui
répond aux conditions et nécessités sociales du
moment», qui consiste à décrire les
réalités de l'agriculture d'une région en tenant compte de
toute la complexité de la production agricole et permet d'entrevoir les
perspectives futures pour l'agriculture.
Figure 10 : La combinaison des éléments
constitutifs d'un système agraire
SYSTEME SOCIO-ECONO- MIQUE ET
POLITIQUES Rapports sociaux
|
|
SYSTEME EDUCATIF
enseignement de base, général agricole,
recherches expérimental
|
|
|
Mode de consommation (habitudes alimentaires, perception
quantitatives,
tables
|
|
|
|
|
SYSTEME AGRICOLE OU DE CULTURE
FACTEURS disponible pour
MODE DE PRODUCTION
la production agricole
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Travail
|
|
|
|
|
|
|
Mode de
conditionne ment,
preparation, chauffage
|
|
|
. Calendrier agricole
Sol Organisa
. Caractéristiques de biomasse tion
du
|
|
|
|
|
|
|
Facteur
d'incertitude . Agrégats
d'espèces cultivées Rotation et
Agrégats d'espèces de reconstitution
assolement
|
|
|
|
Marche des biens de
|
|
|
|
PRODUCTION AGRICOLE
|
consommation organisation
de la
distribution
|
|
|
|
autres productions agricoles utiles
|
Produit échangé
|
|
|
|
|
Marché des facteurs de production Organisation de
l'approvision
nement s en facteurs)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Marché
d'écoulement des produits agricoles
|
|
|
|
|
|
Habitat Santé
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : Dupriez H., Paysans d'Afrique
noire, l'Harmattan, Paris 1982 P.23
L'agriculture n'est pas une activité
réservée exclusivement à la population rurale. Elle est
aussi pratiquée à l'intérieur des limites administratives
des villes et dans des zones périurbaines. Selon le Comité de
l'Agriculture de la FAO (1999), dans le monde entier, quelque 800 millions de
citadins sont impliqués dans l'agriculture urbaine et
périurbaine, que ce soit pour se procurer des revenus et/ou pour
produire de la nourriture. Par agriculture périurbaine on entend «
des unités agricoles proches de la ville qui pratiquent des
exploitations intensives commerciales ou semi-commerciales en pratiquant
l'horticulture (légumes et autres cultures), l'élevage de
volaille et
d'autres animaux destinés à la production
de lait et d'oeufs » ( FAO, 1999). Cette agriculture
périurbaine comprend aussi bien les produits provenant de l'agriculture,
de l'élevage et de la sylviculture que leurs fonctions
écologiques. Souvent, de multiples systèmes d'exploitation
agricole existent déjà dans les villes et à
proximité de ces dernières.
Dans les zones périurbaines rwandaises, la
majorité des ménages sont engagés dans des
activités agricoles qui sont de nature extensive. Une grande partie de
la nourriture produite par cette agriculture est destinée à la
consommation du ménage et les excédents occasionnels sont vendus
sur le marché local. Cette situation donne à ces zones
périurbaines un paysage généralement rural.
II.1. LES SYSTÈMES SOCIAUX PRODUCTIFS
L'aspect du paysage agraire est le résultat des
plusieurs facteurs combinés pour obtenir une production satisfaisante
aux besoins de la famille. La production agricole obtenue est
étroitement liée à l'organisation sociale du groupe
familial surtout dans la répartition du travail, le temps
consacré aux différentes activités selon le nombre
d'actifs et la surface agricole disponible, ainsi que les différents
processus d'acquisition et d'accroissement des exploitations. C'est à
partir de cette organisation que se différencient les exploitations
agricoles.
II.1.1. L'organisation familiale face aux
activités agricoles
Les activités agricoles sont
généralement réalisées grâce à la main
d'oeuvre familial. Tous les membres de la famille vivant en permanence de
l'exploitation contribuent et profitent aux résultats économiques
de cette exploitation. Dans certaines exploitations, la main d'oeuvre familiale
est appuyée par de la main d'oeuvre extérieure.
Tableau 7 : La main d'oeuvre utilisée dans les
exploitations périurbaines de la Ville de Gikongoro
Secteur
|
Les exploitations utilisant exclusivement la main
d'oeuvre familiale
|
Les exploitations exigeant le recours à la main
d'oeuvre
extérieure
|
Gasaka
|
10
|
4
|
Kizi
|
12
|
2
|
Gikongoro
|
22
|
11
|
Ngiryi
|
13
|
6
|
Kamegeri
|
7
|
1
|
Remera
|
6
|
2
|
Total
|
70
|
26
|
%
|
73
|
27
|
|
Source : Nos enquêtes, 2006.
Figure 11 : La main d'oeuvre utilisée dans les
exploitations périurbaines de la Ville de Gikongoro
Gasaka Kizi Gikongoro Ngiryi Kamegeri Remera
Secteur
Main d'oeuvre familiale Main d'oeuvre extérieure
% de la M.0 utilisee
100
90
70
60
40
30
20
80
50
10
0
Source : Nos enquêtes, 2006.
De ce tableau et du graphique y relatif, il est
constaté que les activités agricoles sont exécutées
en grande partie par la main d'oeuvre familiale. Pour l'ensemble de ces zones
périurbaines de la ville de Gikongoro, 73% des exploitants utilisent
exclusivement la main d'ouvre familiale. C'est surtout le cas des exploitants
qui disposent la surface agricole réduite ou le revenu limite pour faire
appel à la main d'oeuvre extérieur. Seulement 27% des exploitants
recourent à la main d'oeuvre extérieure afin de pouvoir
exécuter à temps toutes les activités agricoles de leurs
exploitations. Au niveau de secteur, ce nombre des exploitations qui recourent
à cette main d'oeuvre extérieure est inégal. Dans toutes
les zones, trois secteurs se
distinguent à savoir Gikongoro, Ngiryi et Gasaka, et
disposent respectivement 33%, 32% et 29% des exploitants qui font appel
à la main d'oeuvre extérieure. Ces exploitations appartiennent
d'une part, aux exploitants qui ont investi une partie de leur capital dans le
secteur agricole et qui y retirent un profit considérable, d'autre part
aux exploitants qui disposent d'une grande superficie agricole dépassant
la capacité de la main d'oeuvre familiale.
La main d'oeuvre extérieure est en grande partie
engagée sous forme de travailleurs salariés. Certaines
exploitants font éventuellement recours au système d'entraide
soit familiale ou rémunérée par la bière de sorgho
ou de banane, « Guhingisha », un système souvent
sollicité pour des travaux lourds de préparation du sol mais qui
est actuellement très rare.
Le système de recours à la main d'oeuvre
extérieure se fait en particulier dans la période de
l'année nécessitant une forte intensité de travail. Les
membres des familles à petites exploitations agricoles sont souvent
contraints de travailler comme salariés sur des fermes plus importantes
afin d'obtenir un surplus de revenu. Pourtant, certaines exploitations
disposent des travailleurs permanents qui reçoivent un salaire mensuel
tout en bénéficiant d'une certaine quantité sur la
production obtenue.
Une division du temps travail selon les sexes s'observe au
sein de la famille. Cette division du travail ne revêt toute fois pas de
caractère exclusif et tend à s'estomper de plus en plus du fait
des transformations sociales.
Tableau 8 : Le temps de travail consacré aux
différentes activités par sexe et pat jour
Activités
|
Hommes
|
Femmes
|
Moyenne
|
Occupations non productives
|
4.7
|
3.8
|
4.3
|
Agriculture
|
3.1
|
4.5
|
3.8
|
Divers (commerce, activité salariée etc.)
|
2.0
|
1.0
|
1.5
|
Travaux domestique
|
0.3
|
2.4
|
1.4
|
Elevage
|
1.9
|
0.3
|
1.1
|
Total
|
12.0
|
12.0
|
12.0
|
|
Source : Nos enquêtes, 2006.
Figure 12. Le temps de travail consacré aux
différentes activités par sexe et pat jour
Temps d'occupation/heure
Occupations non productives
4,5
2,5
3,5
0,5
1,5
4
2
0
5
3
1
Hommes Femmes Moyenne
Agriculture Divers
(commerce, activité salariée etc.)
Activités
Travaux domestique
Elevage
Source : Nos enquêtes, 2006.
D'après le tableau N°8 et le graphique ci-dessus,
il est constaté que le temps de travail par jour après
déduction du temps des occupations non productives comme la loisir, les
visites familiales, freination des cabarets, est en moyenne 7.7 heures par
jour. Ces occupations non productives prennent plus de 4 heures par jour. Pour
les activités agricoles qui se placent au second rang, le temps moyen
est environs 3.8 heures par jour.
L'analyse du travail effectivement accompli montre que les
femmes consacrent plus 8 heures par jour aux activités agricoles
productives alors que pour les hommes ce temps est estimé à 7.3
heures par jour. Cela est expliqué par le fait qu'en plus des
activités de préparation du sol qui sont réalisées
ensemble avec les hommes, les femmes sont souvent obligées de retourner
dans les champs pour le semis. A cela s'ajoute les travaux de sarclage, la
récolte et les travaux d'après la récolte en particulier
le battage des céréales ainsi que les travaux domestiques
englobant la préparation des repas, le ramassage du bois de chauffage et
l'approvisionnement en eau.
Les hommes exécutent en priorité les travaux
durs comme les travaux de défrichage, la construction et la
réfection de l'habitation, les soins culturaux dans les caféiers
et les bananeraies ainsi que les travaux de lutte antiérosive. La
plupart des activités dans le
secteur de la production animale sont du ressort des hommes.
Les travaux de traite des animaux et la vente des produits animaux restent
encore réservés aux hommes.
Les travaux agricoles sont principalement effectués
lors de la période de plantation, de sarclage de récolte ainsi
que lors de la récolte de café. Pendant la saison sèche
surtout au mois de juillet et d'août, la charge de travail diminue de
sorte que les fêtes familiales, les visites et autres obligations
sociales se concentrent dans cette période. C'est justement dans cette
période que le sorgho récolté et séché
permet la fabrication de bière utilisée dans ces
différentes fêtes et visites familiales.
II.1.2. Les modes d'acquisition des terres
Les droits de tenure sur les surfaces agricoles sont de
nature variée. « Traditionnellement, la grande famille
possède un droit d'usage illimité sur la plus grande partie de la
surface d'exploitation qui peut être transmise et affermée mais ne
peut pas être vendue » (PIETROWICZ P. et al, 1998).
Actuellement la volonté de vouloir augmenter la capacité de
production agricole a développé le recours à d'autres
systèmes d'accès à des terres comme l'achat et la
location. A la question de savoir de quelle manière les exploitants des
zones périurbaines de la ville de Gikongoro accèdent à des
terres agricoles, les réponses obtenues sont représentées
dans le tableau suivant.
Tableau 9. Les modes d'acquisition des terres agricoles
dans la Ville de Gikongoro.
Secteur
|
Exploitants interrogés
|
Héritage
|
Achat
|
Autres
|
Gasaka
|
14
|
14
|
6
|
2
|
Kizi
|
14
|
13
|
8
|
1
|
Gikongoro
|
33
|
28
|
19
|
4
|
Ngiryi
|
19
|
17
|
5
|
5
|
Kamegeri
|
14
|
5
|
4
|
1
|
Remera
|
14
|
7
|
2
|
3
|
Total
|
96
|
84
|
44
|
16
|
Pourcentage
|
|
58
|
31
|
11
|
|
Source : Nos enquêtes, 2006.
De tableau qui montre les parties composantes des
exploitations périurbaines selon le mode d'acquisition des terres, des
exploitations composées des terres obtenues par un seul mode
d'acquisition sont très peu nombreuses. Dans une seule exploitation, on
y trouve souvent une partie héritée, une partie achetée ou
une partie obtenue par autre mode. Pour tous ces modes d'accès à
des terres, l'héritage semble le mode
presque commun pour toutes les exploitations. Pour 96 des
exploitants interrogés, 84 disposent des exploitations qui sont soit en
partie ou totalement héritées.
II.1.2.1. L'acquisition par héritage
L'héritage est le mode d'acquisition des terres au
niveau de la famille correspondant à la distribution progressive des
champs du père à ses descendants, il reste le mode le plus
dominant d'accès à des terres. Pour l'ensemble des exploitants
enquêtés, ce mode d'héritage présente 58% des
réponses obtenues contre 31% pour l'achat et 11% pour des autres modes.
Le graphique suivant présente ces différents modes d'accès
à des terres suivant le nombre des exploitants enquêtés
Figure 13 : Les modes d'acquisition des terres agricoles
dans la Ville de Gikongoro.
120
|
100
80
60
40
20
0
% des exploitations
·
ts..a A CTI 00 0
0 0 0 0 0 C
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Gasaka Kizi Ngiryi Gikongoro Kamegeri Remera
Secteur
|
|
Héritage Achat Autres
|
|
|
|
Source : Nos enquêtes, 2006.
Ce graphique illustre le fait que plus de 70% des
exploitations ont été obtenues par héritage. Même
pour certains secteurs comme Gasaka et Kizi, la proportion des exploitations
qui disposent au moins d'une partie héritée dépasse 90%.
Dans le système traditionnel d'héritage, le chef d'exploitation
était en effet habilité à répartir les terres dont
il disposait entre ses fils. Ses filles, sauf exception étaient exclues
de la transmission foncière. « Les terres étaient
presque toujours apportées par le mari » (GOUD B, 1993).
Actuellement tous les enfants ont officiellement le même droit
d'héritage. Mais ce principe n'est pas correctement appliqué. Le
tableau suivant montre la proportion des familles périurbaines de la
ville de Gikongoro qui exploitent l'héritage de la femme.
Tableau 10. La proportion des familles qui exploitent
l'héritage de la femme
Secteur
|
Nombre de familles exploitant l'héritage de la
femme
|
%
|
Gasaka
|
1
|
7
|
Kizi
|
3
|
21
|
Gikongoro
|
3
|
9
|
Ngiryi
|
5
|
26
|
Kamegeri
|
1
|
13
|
Remera
|
3
|
38
|
Total
|
16
|
100%
|
Moyenne
|
17%
|
|
Source : Nos enquêtes, 2006
Figure 14 : La proportion des familles qui exploitent
l'héritage de la femme
Ngiryi; 3%
Gikongoro;
|
Kamegeri;
9%
|
1%
|
Remera;
|
|
4%
|
Gasaka;
|
7%
|
|
|
|
|
Gasaka Kizi Gikongoro Ngiryi Kamegeri Remera
|
|
|
|
Source : Nos enquêtes, 2006
Le nombre de familles qui exploitent l'héritage de la
femme reste encore très faible. Comme le montre le tableau et graphique
ci-dessous, il représente seulement 17% de toutes les exploitations. Ici
la population enquêtée a expliqué que l'exploitation d'une
partie des terres héritées d'une femme se montre difficile et
même impossible étant donné que les mariés
proviennent généralement des endroits géographiquement
différents.
II.1.1.2.2. L'acquisition des terres par achat
Le mode d'acquisition des terres par achat est notamment
pratiqué d'une part, par les garçons n'ayant pas pu obtenir
une surface suffisante d'installation et possédant les
ressources monétaires indispensables pour
accroître leurs exploitations, et d'autre part, par de nouveaux
installés qui veulent créer leurs propres exploitations.
Le prix d'achat est généralement variable
suivant les zones. Dans les zones du centre ville le prix est
élevé ce qui fait que certains exploitants habitant ces zones
procèdent à la vente de leurs surfaces agricoles pour acheter et
constituer des exploitations dans des zones un peu éloignées
où des terres sont moins coûteuses.
II.1.2.3. Les autres modes d'acquisition des
terres
Parmi les autres modes d'accès aux terres, le
système de location des terres est le plus utilisé par les
exploitants. Ce mode est généralement pratiqué par des
exploitants disposant d'une surface cultivable trop restreinte. La location
d'une parcelle à une autre exploitant se fait comme le moyen
d'élargir la gamme des productions vivrières disponibles pour la
consommation familiale.
Le prix du bail est en fonction de sa durée, de la
surface de la parcelle, de sa fertilité supposée et du type de
spéculation prévu par le bénéficiaire. D'une
manière générale, la parcelle n'est cédée
que pendant une saison ou un an mais rarement plus. Cette durée de bail
très courte représente un facteur d'incertitude
considérable pour les locataires dans la mesure où ils ne peuvent
jamais compter sur une reconduction du contrat de bail lorsque celui ci est
arrivé à expiration. Dans ces conditions, les investissements
à long terme comme les cultures permanentes, les bandes
antiérosives, les cultures d'engrais verts ne sont pas attrayants sur
les terres affermées. Le bénéficiaire n'utilise que
très rarement des intrants agricoles.
Le système de location des terres est souvent
appliqué sur des petites parcelles éparpillées et
éloignées de l'assise foncière du locataire. Les terres
louées sont surtout les parcelles localisées dans les marais
parce qu'ils sont cultivés toute l'année. Pour que le locateur
maximise le profit des terres louées, la récolte d'une culture
est immédiatement suivie par la plantation d'une autre culture.
Dans certaines exploitations les propriétaires
accordent une partie de son espace agricole à leurs travailleurs. C'est
surtout le cas des travailleurs permanents. Les autres modes d'accès aux
terres sont surtout les dons par certaines gens qui sont chers à
d'autres ou parce qu'ils ont été responsables des
funérailles d'un proche parent « Inkurarwobo ». Dans
certaines situations l'Etat attribue des terres à certaines personnes
nécessiteuses mais ces attributions par l'Etat ne sont pas
fréquentes, la proportion est très faible.
II.1.2. La diminution des surfaces
agricoles
Les ressources en terres sont limitées alors que les
demandes humaines les concernant ne le sont pas. Une demande croissante ou une
pression sur les ressources en terre se manifeste par le déclin de la
production agricole, par la dégradation de la quantité et de la
qualité des terres. Suite à la diminution de la surface agricole
disponible causée par la pression démographique, la population a
opté pour l'utilisation des terres marginales, le raccourcissement de la
période de jachère et la conversion des pâturages et des
forêts en terres arables. Le partage des bien familiaux a abouti, dans de
nombreux cas, à la création de très petites parcelles qui
ne permettent pas d'assurer la subsistance d'une famille. Par
conséquent, un épuisement du sol et un déclin
sérieux et continu de la production agricole sont aujourd'hui
observés.
Tableau 11 : Les superficies des exploitations agricoles
périurbaines de la Ville de Gikongoro.
Taille des exploitations
|
Nombre d'exploitants
|
%
|
0-0.5 ha
|
28
|
29
|
0.5-1 ha
|
54
|
56
|
Plus de 1 ha
|
14
|
15
|
total
|
96
|
100
|
|
Source : Nos enquêtes, 2006
Figure 15 : Les superficies des exploitations agricoles
périurbaines de la Ville de Gikongoro.
Plus de 1 ha 15%
|
0.5-1
56%
|
|
|
|
|
|
|
0-0.5 ha 29%
|
|
|
|
0-0.5 ha 0.5-1 ha Plus de 1 ha
|
|
|
|
Source : Nos enquêtes, 2006.
L'interprétation du tableau et diagramme ci-dessus,
élaborés à partir des données estimatives de
superficies des exploitations périurbaines, montre que la
superficie agricole pour la majorité de la population
périurbaine de la Ville de Gikongoro est
située entre 0.5 à 1 ha. Cette tranche
représente 56% de toutes les exploitations périurbaines. Par
contre, les exploitations dont la superficie dépasse 1ha est
représenté par 15%. 29% des exploitants vivent d'une superficie
agricole inférieure à 0.5 ha. Cette situation de la ville de
Gikongoro est presque semblable à celle de tout le pays où la
taille moyenne des exploitations est inférieure à 0,8 hectare et
aussi, plus de 25 % des familles doivent survivre sur moins de 0,4 ha.
La capacité de production et de satisfaction de la
famille agricole dépend en grande partie de la taille de la population
de la famille. L'enquête faite sur terrain montre que pour la
majorité des exploitants agricoles, la vulnérabilité des
exploitations est fortement corrélée avec la diminution
progressive de la surface agricole. En effet, l'absence de niveaux techniques
convenables adaptés à la croissance de la population et la
réduction progressive des terres agricoles, limitent
considérablement la production agricole disponible tout en provoquant
des risques d'érosion et d'épuisement du sol.
La figure de la page suivante montre comment la pression
démographique est des causes majeures de la mauvaise production
agricole.
Figure 16 : La pression démographique face
à la production agricole
Mise en valeur
De la terre arable Manque de
Des parcelles pâturage
A faible vocation agricole
Surexploitation
Augmentation d'érosion
Diminution de la production agricole
Pression démographique
Rareté de la terre
Baisse de la Fertilité du sol
Manque des fumiers et autres intrants agricoles
Source : Nos enquêtes, 2006.
Du fait de la réduction de la surface d'exploitation
disponible, un nombre croissant de jeunes soit, n'hérite plus d'aucune
terre, soit ne peuvent plus vivre de la surface qui leur a été
attribuée. Ils sont donc contraints de se mettre en quête d'un des
rares emplois offerts hors de l'agriculture. Obligés de s'orienter
très tôt hors de l'agriculture
et hors de l'exploitation de la famille, les jeunes sont de
moins à moins motivés à participer aux activités
agricoles.
II.2. LES SYSTEMES DE PRODUCTION AGRICOLE
Le système de production agricole est une combinaison
d'éléments d'ordre écologique, technique,
socio-économique et culturel, qui déterminent la production
agricole. Le souci d'améliorer les moyens de subsistance et de garantir
la sécurité alimentaire des ménage, semble être le
moteur des différentes méthodes de cultures et des
systèmes de production appliqués par les exploitants. Mais c'est
aussi à travers ces systèmes de production que les risques de
dégradation et d'épuisement du sol apparaissent.
II.2.1. Le mode d'utilisation des sols
Les exploitants des zones environnantes du centre urbain de
la Ville de Gikongoro pratiquent une agriculture de subsistance. Les cultures
dominantes sont principalement le haricot, la patate douce, le sorgho, le petit
pois, le maïs, la banane, le soja, le manioc. Le caféier est la
seule culture commerciale pratiquée. A part les cultures permanentes, la
banane et le café, la répartition des cultures sur la surface
agricole est étroitement liée à la période
saisonnière et à l'importance d'une telle culture sur le plan
alimentaire.
En termes de surface cultivée, les cultures
saisonnières (le sorgho, le haricot et le maïs) s'imposent et
peuvent couvrir une superficie moyenne supérieur à la
moitié de toute l'exploitation. Les tubercules viennent au second rang.
La culture la plus couramment pratiquée est celle des patates douces qui
sont cultivées partout. Elles constituent un aliment de base pour la
population. Elles sont plantées et récoltées durant toute
l'année. Au début de la saison sèche, les patates douces
sont surtout cultivées dans les marais. Même les exploitants qui
ne disposent pas de champs dans les marais procèdent au système
de location de parcelles destinées à cette culture surtout
pendant la saison sèche. La culture du manioc est pratiquée
surtout sur des espaces marginaux et souvent loin de l'assise
foncière.
Pour les cultures pérennes, le bananier est la culture
permanente la plus répandue. Elle se trouve dispersée dans
presque toutes les exploitations agricoles. Dans certaines exploitations, le
bananier occupe plus d'espace que les autres cultures.
Photo 1 : Une exploitation dominée par le
bananier
Source : Photos prises en septembre 2006.
A l'exemple de cette photo, il est constaté que les
certaines exploitations disposent le bananier comme culture principale
parsemée dans presque toutes les parcelles. Ce type de cultures est
souvent associé par des cultures vivrières qui s'alternent
suivant les saisons culturales.
A part sa consommation comme une nourriture solide et comme
source de bière, la culture de bananier sert à d'autres
utilisations. Le tronc sert d'aliment au bétail tandis que les feuilles
sèches servent au paillage de la bananeraie elle-même ou des
champs de café, de combustible, de matière première dans
la construction ou l'artisanat, dans divers usages domestiques.
II.2.2. Le système d'association des
cultures
« Le système d'association des cultures
consiste à la mise en culture, au cours d'une même année de
différentes espèces végétales sur le même
terrain soit simultanément, soit successivement ou encore avec un
décalage entre plusieurs d'entre elles » (PIETROWICS P. et al,
1998). Le tableau montre les réponses fournies par les exploitants
à la question de savoir quelles sont les cultures dominantes dans ce
système d'association des cultures.
Tableau 12. Les principales cultures associées
dans les exploitations périurbaines de la ville de Gikongoro
N°
|
Cultures associées
|
nombre d'exploitants
|
%
|
1
|
Sorgho/maïs/ haricots/patates douces
|
26
|
27
|
2
|
Manioc/patates douces
|
18
|
18
|
3
|
Bananes/haricot /sorgho/maïs
|
13
|
13
|
4
|
Haricots/petit pois
|
8
|
8
|
5
|
Patates douces/haricots/bananes
|
8
|
8
|
6
|
Haricots /sorgho/pomme de terre
|
6
|
7
|
7
|
Bananes/patates douce/haricots
|
6
|
7
|
8
|
Haricots/soja/petit pois
|
5
|
5
|
9
|
Maïs/manioc/patates douces/haricots
|
4
|
4
|
10
|
Haricots/maïs/pomme de terre
|
4
|
4
|
Total
|
96
|
100
|
|
Source : Notre enquête, 2006.
Les réponses fournies dans le tableau ci-dessus
contiennent des situations multiples. Dans ce tableau, les cultures dominantes
de ces différentes associations sont surtout les haricots, les patates
douces et le bananier, le maïs et le sorgho. Même sous le bananier,
la pratique des cultures saisonnières est courante.
Photo 2 : La culture de banane associée aux
haricots
Source : Photos prises en septembre 2006.
Les effets de la diminution de l'espace agricole ont conduit
à la suppression du système de paillage dans l'entretien de cette
culture et à son introduction dans le peuplement des cultures
associées. La culture de haricots occupe aussi une place
considérable dans ce système d'association. Ils sont souvent
associés aux petits pois, le soja. Pendant la deuxième saison
culturale, les haricots sont cultivés en association avec le sorgho.
Dans toutes les saisons culturales la majorité des exploitations dispose
de parcelles destinées aux cultures des tubercules surtout les patates
douces et les manioc soit en culture pure ou associée.
Dans une exploitation des cultures associées, les
périodes de récolte sont différentes suivant le cycle
végétatif des cultures. La culture récoltée est
immédiatement remplacée par une autre. La qualité du sol,
les conditions climatiques et la demande des produits agricoles sur le
marché, représentent en l'occurrence les principaux
critères guidant les choix des cultures de remplacement.
La décision de réaliser certaines cultures en
association ou en culture pure est également influencée par la
qualité du sol et l'éloignement des champs. Sur les sols de
qualité médiocre le manioc et les patates douces sont plus
rencontrés en cultures pures. Sur les champs éloignés, les
agriculteurs préfèrent installer des cultures pures pour des
raisons d'économie de travail. Dans des parcelles proches de
l'habitation, les agriculteurs affirment qu'ils y récoltent une
production élevée comparablement à des surfaces agricoles
éloignées parce que c'est dans ces parcelles proches qu'ils
versent les fumures organiques disponibles. A la question de vouloir
connaître l'importance des associations de cultures dans l'agriculture et
de mieux cerner les arguments plaidant en faveur ou contre les cultures
associées, les réponses obtenues sont synthétisées
dans le tableau ci-dessous.
Tableau 13 . Les raisons de l'association des
cultures.
Raisons
|
Première raison
|
Deuxième raison
|
Troisième raison
|
Total
|
La maximisation du rendement agricole
|
15
|
22
|
26
|
63
|
L'autosuffisance alimentaire
|
26
|
20
|
12
|
58
|
La diminution des risques
|
18
|
16
|
9
|
43
|
La protection du sol
|
10
|
8
|
13
|
31
|
|
Source : nos enquêtes, 2006
A cette question beaucoup d'exploitants interrogés ont
donné plusieurs raisons ce qui fait que le nombre de réponses
obtenues est de loin supérieur au nombre des exploitants
interrogés. En considérant l'importance que les exploitants
donnent à ces différentes raisons, les réponses qui ont
été obtenues comme première raison de l'association des
cultures montrent que l'autosuffisance alimentaire et la diminution des
risques, qui surtout lié aux changement climatiques et à
l'attaques des maladies, sont les plus dominantes. Elle représente
respectivement 38% et 26%. Mais cette situation diffère de la situation
globale. Le diagramme suivant montre globalement l'importance que les
exploitants donnent à ces différentes raisons d'association des
cultures.
Figure 17 : Les différentes raisons
d'association des cultures
La maximisation du rendement agricole L'autosuffisance
alimentaire
La diminution des risques La protection du sol
22%
16%
30%
32%
Source : nos enquêtes, 2006
Le diagramme de la page précédente montre que
la maximisation de rendement et l'autosuffisance alimentaire ont
été plusieurs fois évoquées par les exploitants
comme les principales raisons de pratique des cultures associées. Ces
deux raisons présentent respectivement 32% et 30% de toutes les
réponses obtenues. Pour chaque raison, les exploitants ont toujours
donné des explications :
II.2.2.1. La maximisation du rendement
agricole
Selon les explications accompagnant les réponses
fournies en faveur de cette raison, la pratique des cultures différentes
dont le cycle végétatif est également différant
permet de maximiser le rendement de la surface agricole disponible parc que la
culture récolté est immédiatement remplace par une autre
tout en attendant que les autres cultures arrivent à leurs
maturité. Ce qui permet de tirer un profit maximum de la période
de végétation sur un minimum de surface. Pour ces exploitants, ce
système est surtout plus efficace pour les exploitations de superficie
agricole réduite.
II.2.2.2. L'autosuffisance alimentaire
L'association des cultures est l'un des moyens permettant de
garantir la sécurité alimentaire au sein de la famille. La
disposition des cultures variées dans le champ permet à la
famille de bénéficier d'une nourriture équilibrée.
Ici la famille s'arrange pour disposer dans son exploitation d'une parcelle
destinée aux tubercules et d'une autre dans la quelle elle pratique
l'association des autres types de cultures surtout les
légumineuses. Cette méthode facilite
l'approvisionnement de la famille en produits nécessaires à une
alimentation complète voir même équilibrée.
II.2.2.3. La protection du sol
De ce point, les exploitants affirment que l'association des
différentes cultures dans la même parcelle est l'un des
systèmes contribuant à la protection du sol contre
l'érosion. Comme la capacité de fixer le sol n'est pas la
même pour toutes les cultures, les exploitants préfèrent
associer les différentes cultures afin de garder l'équilibre de
protection entre ces cultures.
II.2.2.4. La diminution des risques
L'agriculture est toujours soumise au hasard et à la
variation du climat que
l'agriculteur ne maîtrise pas. La variation des
quantités des précipitations et l'attaque des plantes par des
maladies sont les principaux facteurs d'incertitude pour les exploitants. Le
système d'association des cultures est un des moyens permettant
d'empêcher la dégradation totale de toutes les cultures dans une
exploitation. Lors de la variation climatique comme la diminution de
précipitations certaines cultures sont plus résistantes que les
autres. Il peut même arriver qu'une telle culture soit attaquée
par une maladie. Ainsi par la pratique des cultures différentes,
l'agriculteur espère un certain rendement de la part des cultures
résistantes.
II.2.3. Le calendrier agricole
Généralement les activités agricoles
rwandaises se font suivant les deux principales saisons : les saison A et B
dont les périodes sont respectivement de septembre à janvier et
de février à juillet. Pendant la grande saison sèche, les
exploitants se concentrent sur la mise en valeur des marais. Cette
période appelée saison C commence au mois de juin pour se
terminer en octobre.
Tableau 14. Les saisons culturales
rwandaises
Saison B (Grande saison des pluies)
|
|
Saison A (Petite saison des
pluies)
|
Plantation
|
Récolte
|
|
Plantation
|
Récolte
|
fév
|
Mar
|
Avr
|
Mai
|
Juin Juil
|
Août
|
Sept Oct
|
Nov
|
Dec
|
Jan
|
|
|
|
|
Plantation
|
Récolte
|
|
|
|
|
|
|
|
Saison C (marais)
|
|
|
|
|
Source :
http://www.sisa.africa-web.org/rubrique,
mars 2006.
Dans ces différentes saisons, les cultures dominantes
sont surtout le haricot pour la saison A, le sorgho pour la saison B et les
tubercules ainsi que les légumineuses durant la saison C. Ces cultures
saisonnières sont pratiquées en association ou en culture
pure.
II.2.3.1. La culture des haricots de la première
saison
Pendant la première saison, la culture des haricots
s'impose partout dans les exploitations. Les activités de
préparation du labour et du semis de cette culture se font couramment au
mois de septembre jusqu'au début d'octobre. Comme son cycle
végétatif est généralement de trois mois, la
récolte se fait au début de janvier. Pendant cette saison, le
haricot est souvent cultivé en culture pure. Les principales
variétés pratiquées sont regroupées en deux
catégories à savoir les haricots volubiles et les haricots
nains.
Photo 3 : Les variétés de culture de
haricot
Haricot volubile
Haricot nain
Source : Photos prises en novembre 2006.
Ces deux variétés pratiquées dans les
exploitations périurbaines sont différentes selon leur
production. Comme le montre la photo ci-dessus, le haricot volubile est de type
rampant et comporte plusieurs gousses comparablement au haricot nain.
« Le haricot volubile est le plus productif et ses rendements vont
jusqu'à doubler ceux du haricot nain » (BAZIVAMO, 2002).
Malgré sa production considérable, cette variété de
haricot reste la moins pratiquée dans la zone périurbaine de
Gikongoro.
Tableau 15 : Les variétés de culture de
haricot pratiquées.
Secteur
|
Population enquêtée
|
Haricot nain
|
Haricot volubile
|
Combiné
|
Gikongoro
|
33
|
21
|
3
|
9
|
Kamegeri
|
8
|
5
|
1
|
2
|
Ngiryi
|
19
|
10
|
4
|
5
|
Remera
|
8
|
5
|
2
|
1
|
Kizi
|
14
|
9
|
2
|
3
|
Gasaka
|
14
|
7
|
3
|
4
|
Total
|
96
|
57
|
15
|
24
|
%
|
100
|
59
|
16
|
25
|
|
Source : Nos enquêtes, 2006
Figure 18 : Les variétés de culture de
haricot pratiquées.
% 100
40
20
90
80
70
60
50
30
10
0
haricot nain Haricot volubule combiné
Secteur
Source : Nos enquêtes, 2006.
Les réponses présentées dans le tableau
N° 15, illustrées dans graphique ci-dessus, affirment que la
culture de haricot nain est plus dominante par rapport à la culture de
haricot volubile. Pour l'ensemble, 57% de tous les exploitants cultivent le
haricot nain contre 15% pour les variétés des haricots volubiles.
Par contre 24% des exploitants préfèrent combiner les deux
variétés de haricot tout en disposant une parcelle de haricot
nain et une autre pour le haricot volubile soit en culture pure ou en
association à d'autres cultures. Même dans ces exploitations
où ces deux variétés sont combinées, le haricot
volubile occupe une petite superficie comparablement à la
variété de haricot nain.
La raison avancée pour expliquer cette situation est
que les haricots volubiles sont plus attaqués par les animaux
nuisibles comparablement aux haricots nains. A cela s'ajoute le
problème de manque de petits arbres servant comme tuteurs de ce type de
culture.
Suite à son rôle important dans l'alimentation,
le haricot est cultivé presque toute l'année. Durant la saison B
destinée normalement à la culture du sorgho, le haricot est
cultivé sur une superficie égale ou même supérieure
à celle du sorgho. Cette situation a été
particulièrement remarquable au cours de l'année 2005. A la
question de savoir s'il y a une certaine pression de pratiquer plus la culture
du haricot, la réponse donnée est que durant cette année,
la saison culturale des haricots a été désastreuse de
façon que plusieurs exploitants n'ont rien récolté. C'est
ainsi que les agriculteurs ont dû nécessairement essayer de
compenser cette quantité de haricot perdue pendant la saison B afin
d'atténuer le déficit alimentaire.
II.2.3.2. La culture de sorgho de la deuxième
saison
Le sorgho est la culture le plus pratiquée pendant le
deuxième saison culturale (saison B). Le semis se fait
généralement au mois de février. Pendant cette saison, le
sorgho est couramment semé en culture pure. Dans certaines
exploitations, il est associé avec le maïs, les haricots ou les
patates douces. Le cycle végétatif de sorgho est variable suivant
les variétés mais il est généralement d'environ 160
jours. Les variétés pratiquées sont
généralement identifiées à partir de leur couleur
et sont groupées en deux suivant leur utilisation. Les
variétés destinées à la transformation de la
boisson fermentée sont souvent de couleur rouge tandis que celles
destinées à la consommation directe sont blanchâtres. A la
récolte, l'exploitant s'arrange pour réserver une certaine
quantité qui sera utilisé à la saison suivante comme
semence.
A la récolte, les éteules de sorgho sont
utilisées dans certaines activités surtout le paillage des
caféiers et la construction des enclos. Comme pour le bananier, son
important rôle dans la vie sociale lui confère une place de choix
dans l'agriculture malgré ses faibles rendements dans certaines zones
d'altitude élevée (BAZIVAMO, 2002). Le premier désherbage
intervient 5 à 6 semaines après le semis. En cas de semis
très dense, il est couplé avec le démariage lors du
deuxième désherbage.
`
II.2.3.3. Les cultures de la troisième
saison
La production agricole de la troisième saison,
appelée aussi saison C, est pratiquée habituellement dans les
marais et les bas fonds qui retiennent une certaine humidité pendant
la période sèche de juin à septembre. Les semis de la
saison C dépendent de
la performance et du calendrier de la saison B. Si les pluies
s'arrêtent tard en saison B, comme ce fut le cas en 2005, le semis
commence tard.
Tableau 16. La situation des marais dans la Ville de
Gikongoro
N°
|
Noms
|
Localisation (Secteur)
|
Superficie
|
1
|
Nkungu
|
Ngiryi
|
21 ha
|
2
|
Mwogo
|
Kizi - Kamegeri
|
40 ha
|
3
|
Muzirantwago
|
Gikongoro
|
10 ha
|
4
|
Nyamugari
|
Ngiryi
|
12 ha
|
|
Total
|
|
83 ha
|
|
Source : Ville de Gikongoro, 2003
Comme le montre le tableau ci-dessus, la Ville de Gikongoro
possède 4 marais qui occupent une superficie de 83 ha. Les principales
cultures qui y sont pratiquées pendant la saison C sont les
légumineuses, les patates douces et le manioc.
II.2.4. Les cultures de rente
Le café est la seule culture industrielle
pratiquée dans les zones de la Ville de Gikongoro. Dans l'année
2003, la Ville de Gikongoro avait 593.454 caféiers répartis dans
les anciens secteurs comme suit :
Tableau 17. Le nombre de caféiers par
secteur
N°
|
Secteur
|
Nombre de caféiers
|
1
|
Kamegeri
|
179.911
|
2
|
Kizi
|
108.299
|
3
|
Gikongoro
|
117.363
|
4
|
Gasaka
|
26.176
|
5
|
Ngiryi
|
101.824
|
6
|
Remera
|
59.881
|
|
TOTAL
|
593.454
|
|
Source : Ville de Gikongoro, 2003
De ce tableau, la répartition des caféiers est
inégale. Le secteur de Kamegeri dispose d'un grand nombre et
possède à lui seul 30.3% de tous les caféiers de cette
zone. A l'opposé, le secteur Gasaka qui dispose d'un petit nombre des
caféiers présente
seulement 4.4%. La culture du café est
généralement faite en pure mais dans certaines parcelles de
café, les exploitants y introduisent des cultures vivrières
intercalaires.
Photo 4 : Le café en culture pure et en
association à d'autres cultures
Source : photos prises en novembre 2006.
L'entretien des caféiers se fait par le paillage qui
consiste à entretenir une couverture végétale morte dans
la plantation. Ce technique permet la fertilisation du sol en le
protégeant contre l'évaporation au niveau du sol et en
éliminant les effets adventices. Le paillage de café est
généralement assuré au mois d'août après la
récolte de sorgho pour bénéficier de la biomasse provenant
de cette culture. Dans les exploitations disposant d'arbres comme le grevellia
autour de leurs parcelles, les branches enlevées à ces arbres
lors de leur entretien sont aussi utilisées pour le paillage de
caféier.
Il est important de souligner le rôle des usines de
café dans la promotion de cette culture commerciale. L'installation
d'une station de lavage a provoqué l'augmentation des prix du
café. Le café est actuellement une culture de valeur avec un
revenu très important. Cela encourage les agriculteurs dans leurs
activités d'entretien des plantations des caféiers. Certains
exploitants réservent une partie du revenu du café pour pouvoir
payer un ou plusieurs ouvriers qui assurent ce paillage.
II.2.5. Les outils agricoles
Le matériel agricole rwandais est
généralement élémentaire et manuel. Les principaux
outils restent partout la houe, la machette et la serpette. Ils permettent aux
agriculteurs de mener presque toutes les activités agricoles principales
depuis la préparation du sol jusqu'à la récolte c'est
à dire le labour, le semis, le sarclage et la récolte. Les autres
outils comme les pics, les pelles sont particulièrement utilisés
pour
certaines activités comme le creusement des
fossés antiérosifs et l'aménagement des terrasses
radicales.
Tableau 18. L'outillage utilisé dans
l'agriculture périurbaine de la ville de Gikongoro.
Matériel
|
Durée moyenne d'utilisation
|
Les ménages possédant le
matériel
|
% des ménages possédant le
matériel
|
Houes
|
6 mois
|
96
|
100
|
Serpette
|
4ans
|
95
|
99
|
Machette
|
3ans
|
92
|
96
|
Pelles
|
5ans
|
18
|
19
|
Pics
|
5ans
|
13
|
14
|
Brouettes
|
5ans
|
6
|
6
|
Pulvérisateur
|
4ans
|
2
|
2
|
|
Source : nos enquêtes, 2006
Figure 19 : L'outillage utilisé dans
l'agriculture périurbaine de la ville de Gikongoro.
%
100
40
20
90
70
60
50
30
80
10
0
Matériels agricoles utilisés
Source : nos enquêtes, 2006
La possession du matériel au niveau des ménages
est étroitement liée à son importance dans les
activités agricoles. Certains outillages de base sont
particulièrement présents dans tous les ménages. La houe
est l'outil agricole le plus représenté dans tous les
ménages Pour 59% des ménages enquêtés, chacun
possède au mois plus de deux houes et deux serpettes et une machette.
Les autres outils comme la brouette et le pulvérisateur sont
généralement rares. En cas de besoin, les exploitants
procèdent au système de prêt ou de location.
L'absence quasi-totale d'une trace de mécanisation ou
de culture par traction animale résulte de plusieurs raisons. Aux effets
du relief accidenté, s'ajoute le problème de la surface
disponible qui est très réduite et du faible revenu des
agriculteurs pour se lancer dans ce système de production, l'absence des
connaissances en matière d'agriculture attelée. Pour plus de 60%
des chefs d'exploitations interrogés, ils affirment que la main d'oeuvre
disponible au sein de leur famille est satisfaisante.
Le secteur agricole dispose d'une main d'oeuvre suffisante et
même excédentaire de façon que le développement de
ce secteur n'implique pas nécessairement le recours à la
mécanisation ou à la culture attelée. Par contre les
agriculteurs ont besoin de certains matériels particuliers comme le
pulvérisateurs à main, les rayonneurs, les tridents pour certains
activités post culturales comme la protection des produits
stockés, la lutte contre les ennemis des plantes, le semis en ligne et
l'élimination des mauvaises herbes.
II.2.6. Les techniques culturales
Les techniques culturales appliqués dans des zones
périurbaines de la ville de Gikongoro sont généralement
les mêmes que celles des autres zones agricoles du Rwanda. Il s'agit de
la préparation du sol, le semis, le billonnage, le sarclage, le binage,
et la récolte. Ces techniques se conforment aux caractéristiques
du milieu, du type de culture, et au calendrier agricole.
II.2.6.1. La préparation du sol
La préparation du sol est fonction du type de culture
à faire et des cultures récoltées. Sur des terres qui sont
continuellement cultivées, le semis se fait immédiatement
après un seul labour. En cas de semis après une courte
jachère ou après une culture de saison A, l'agriculteur pratique
couramment deux labours : l'un pour retourner le sol, l'autre pour
préparer le lit de semis.
Sur les versants, les activités de préparation
des champs que ça soit le billonnage, le sarclage et le binage se font
en commençant sur le pied du champ. La principale technique pour
cultiver le champ est de haut en bas dans le sens de la pente et l'agriculteur
fait une ligne des plantes fourragères sur ce pied pour protéger
le sol contre les effets de l'érosion favorisés par cette
technique de culture. Pour des champs aménagés en terrasses
radicales le labour des terres se fait à contre pente.
Du point de vue fertilisation, la surface agricole est
généralement située à proximité
immédiate de l'habitation et cela facilite la surveillance des cultures
et le transport vers le champs, de fumure organique résultant des
déchets domestiques et des déjections du bétail.
L'accroissement du groupe familial qui s'accompagne d'une forte pression sur
les terres disponibles, ne permet pas la mise en place d'un période de
jachère : la totalité de l'espace agricole est exploitée
à chaque saison. L'apport de fumures est soit
répété à chaque saison culturale ou espacé
de manière à ce qu'une culture en place bénéficie
de l'arrière effet de la fumure
précédente.
II.2.6.2. L'organisation des parcelles
agricoles
Le foncier est le facteur principal pour la constitution des
parcelles agricoles. L'accès aux terres pour les nouveaux exploitants
qui se fait surtout entre les parents et leurs descendants ou entre le vendeur
des terres et l'acheteur conduit progressivement au morcellement de l'assise
foncière regroupant un noyau sur lequel l'agriculteur est établi
et des parcelles périphériques parfois éloignées du
noyau. Comme dans les autres zones agricoles le paysage périurbain est
caractérisé par la juxtaposition sur des versants, de parcelles
souvent délimitées par les arbustes et sur les quelles les
exploitants ont construit leurs demeures.
« La parcelle est une aire d'une surface
matérialisée dans des principales cultures ou associations des
cultures de l'exploitant » (GOUD B, 1993). La forme et la disposition
des parcelles dépendent des caractéristiques du système de
production de l'exploitant, de la surface agricole disponible ainsi que des
besoins à satisfaire au sein de la famille.
En observant les espaces agricoles des zones
périurbaines de la Ville de Gikongoro, on constate que les parcelles
cultivées sont toujours entourées par des passages permettant
l'écoulement des eaux de ruissellement. Dans des parcelles mises
à nu, ces ruisselets grossissent énormément et sans frein,
ils creusent leurs lits se ramifiant ou se multipliant en lignes
parallèles.
Photo 5. Les parcelles délimitées par des
barrières des pennisetum
Source : photo prise en novembre 2006.
Les zones de délimitation des champs sont les
principaux passages des eaux de ruissellement. Les barrières sont
confectionnées avec un mélange de végétaux vivants
et morts. La distance entre les barrières construites dans les ravines
dépend de la pente, de la structure du sol et de la quantité
d'eau. Entre les barrières, les agriculteurs plantent des herbes
fixatrices surtout les cétaria, le pennisetum.
Les parcelles sont organisées suivant des courbes de
niveau. Pour les espaces à pente moyenne, surtout au milieu des
versants, le paysage se caractérise par la juxtaposition sur des
versants, des parcelles délimitées par des herbes fixatrices sur
les fossés antiérosifs. C'est à l'intérieur de ces
parcelles constituant l'exploitation que les exploitants construisent leurs
maisons d'habitation.
II.2.7. Les espaces non cultivés
Même si la végétation des zones
périurbaines de la Ville de Gikongoro est fortement dominée par
des cultures vivrières aux quelles s'ajoute le culture de
caféier, il s'y remarque aussi une superficie non cultivée
considérable qui est généralement occupée par des
boisements ainsi que par des pâturages mais sur une très petite
échelle.
II.2.7.1. 1. Les boisements
Le bois est la principale source d'énergie pour la
grande masse de la population rwandaise. Le quasi totalité de la
consommation énergétique est couvert par le bois. Selon le
rapport annuel de 2004, les zones environnantes de la Ville de Gikongoro
disposent d'une superficie de 390 ha couverts par le boisement. Le tableau
suivant montre la situation des boisements par secteurs de la Ville de
Gikongoro.
Tableau 19. L'état des boisements dans la Ville
de Gikongoro
N°
|
Secteur
|
Boisements/ ha
|
Besoins en reboisement/ ha
|
1
|
Kizi
|
44
|
15
|
2
|
Kamegeri
|
61
|
20
|
3
|
Gasaka
|
74
|
10
|
4
|
Remera
|
91
|
15
|
5
|
Gikongoro
|
83
|
1
|
6
|
Ngiryi
|
37
|
2
|
|
Total
|
390
|
63
|
|
Source :Ville de Gikongoro, 2004
Ce boisement anthropique est constitué en grande
partie d'eucalyptus, qui sont la variété la plus répandue
dans toute la zone. « L'eucalyptus est un arbre à croissance
rapide qui s'adapte à tous les types de sol bien qu'il pousse mieux sur
les sols profonds. C'est ainsi que les paysans le préfèrent aux
autres espèces d'arbres » ((NDUWAYEZU, 1983.).On peut aussi
trouve d'autres variétés comme le pinus, le grévillea, et
des arbres fruitiers dont l'avocatier, le goyavier, l'oranger, le citronnier
qui dans l'ensemble ne sont pas bien entretenus.
La production de bois est actuellement insuffisante pour
couvrir les besoins. La dégradation de l'environnement forestier a
été souvent liée à la coupe
désordonnée du bois et elle a été aggravée
par le fait de ne pas remplacer les arbres coupés. La région du
Sud du pays dans laquelle se situe la Ville de Gikongoro était l'une des
plus productrices du bois et de ses dérivées surtout le charbon
et les planches. Actuellement, la surface boisée est
généralement composée de rejets d'arbres coupés.
Sur certaines surfaces, des grandes plantations s'observent mais elles
appartiennent généralement soit à l'Etat, et/ou soit
à des institutions religieuses.
La pression démographique a provoqué
l'extension de la surface agricole jusqu'à la mise en culture des
espaces à vocation forestière au vu des pentes. Le
résultat de cette dégradation est la montée
exagérée des prix des produits du bois. Dans le but d'augmenter
la surface boisée, les dirigeants locaux prévoient la plantation
d'arbres sur une superficie de 63 ha à laquelle s'ajoutent 191 ha
appartenant à l'Etat ou à la ville et nécessitant
d'être reboisés aussi.
II.2.7.2. La jachère
« La jachère, période pendant laquelle
la terre se repose des effets néfastes de la culture, occupe une place
importante dans la tradition agricole du sud du Rwanda ». (PIETROWICS
P et al, 1998). « Dans le système de culture alternante,
apparemment stable sur le plan écologique, les champs exploités
de un à trois ans étaient mis en jachère pendant quatre
à dix ans ou plus » (RUTHENBERG, 1980 ; SANCHEZ, 1976
cité par PIETROWICS P et al , 1998). La rareté accrue des terres
causée par la croissance démographique a provoqué un
raccourcissement des temps de jachère et une diminution des surfaces
mise en jachère. L'importance de la jachère comme
élément de repos des terres a actuellement disparu. Pour des
terres à sol pauvre, les gens préfèrent souvent y
pratiquer des cultures moins exigeantes comme le manioc.
Tableau 20 : Les exploitants qui pratiquent le
système de jachère
Secteur
|
Exploitants qui pratiquent la jachère
|
%
|
Gikongoro
|
5
|
15
|
Kamegeri
|
1
|
13
|
Ngiryi
|
2
|
11
|
Remera
|
|
0
|
Kizi
|
1
|
7
|
Gasaka
|
2
|
14
|
Total
|
11
|
11
|
|
Source : Nos enquêtes, 2006
Figure 20 : Les exploitants qui pratiquent le
système de jachère
Gasaka 23%
Kizi
|
|
Gikongoro 25%
|
|
|
|
Kamegeri 22%
|
12%
Remera
|
|
|
|
|
Ngiryi Remera
|
Kizi Gasaka
|
|
|
|
|
Source : Nos enquêtes, 2006
Le tableau de la page précédente et diagramme
ci-dessus, montrent que les exploitants qui pratiquent encore le
système de jachère sont très peu nombreux.
Ils représentent seulement 11%. Ces exploitants sont d'une part des
éleveurs qui utilisent
cette surface réservée comme pâturage et
d'autre part les ménages qui disposent une surface agricole encore
suffisante ou même dépassant la capacité de la main
d'oeuvre familiale. Dans ces différentes exploitations, la surface mise
en jachère reste généralement petite comparablement
à la surface cultivée. Pour des exploitations disposant d'une
surface agricole très réduite, le système de
jachère n'existe plus parce que les efforts de vouloir satisfaire les
besoins de la famille ne permettent pas de respecter une période de
jachère. Même si le système de jachère devient de
plus en plus impossible, les exploitants sont vraiment conscients de son
importance. La disparition de ce système de jachère est
même évoquée dans les principaux problèmes
d'épuisement du sol.
II.3. L'HABITAT PERIURBAIN DE LA VILLE DE
GIKONGORO
Le concept "Habitat" ne concerne pas uniquement le
logement ou "l'habitation", il englobe aussi l'ensemble des
caractéristiques techniques et culturelles qui contribuent à
l'amélioration sinon à la dégradation de l'environnement
humain. Généralement le rôle de l'habitat est de
protéger l'homme contre les dangers, les intempéries et de
favoriser son développement voire son épanouissement familial,
social, intellectuel, culturel et économique. Les
systèmes de répartition, de distribution et de construction des
maisons répondent à conditions climatiques, techniques et
économiques.
II.3.1. Les caractéristiques de
l'habitat
En général la maison d'habitation occupe la
position centrale dans la parcelle principale de l'exploitant. L'unité
d'habitat coïncide avec l'unité de production. L'unité
d'habitation est souvent cernée par un enclos dans le but de la
protéger contre les intrus. Ces enclos sont souvent constitués
par les haies vives ou les éteules de sorgho après la
récolte. Pour quelques ménages, les clôtures sont
construites par les briques adobes ou cuites selon les moyens financiers de la
famille. L'habitation comprend généralement la demeure proprement
dite et ses dépendances c'est-à-dire la cuisine, l'étable
et le grenier.
Les demeures actuelles sont majoritairement rectangulaires
avec des murs en torchis ou en briques adobe et des toits en tuiles ou en
tôles. Selon les matériaux de construction, les maisons en
pisé couvertes des tuiles sont plus nombreuses bien qu'il existe
également des maisons en briques adobes ou cuites. Ces derniers types de
maisons sont faiblement représentés et se situent surtout dans
des zones les plus
proches du centre ville. Dans presque toutes les habitations,
les matériaux de construction utilisés sur la demeure principale
sont différents des ceux utilisés sur ses dépendances
comme la cuisine, la toilette, l'étable et le grenier.
Photo 6: Une habitation composée de deux
maisons différemment construites
Source : Photos prises en septembre 2006
A l'exemple de cette photo, la demeure principale de forme
rectangulaire est couverte de tuiles alors que la cuisine est une hutte ronde
couverte de paille. Ainsi pour bien présenter la situation des
ménages périurbains en matière de construction de leurs
habitations, le tableau ci-dessous présente les matériaux de
construction de la demeure principale des ménages périurbains de
la ville de Gikongoro.
Tableau 21 : Les matériaux de construction des
maisons
Secteur
|
Echantillon
|
Matériels de couverture des
maisons
|
Matériels des murs
|
|
Tuile
|
Paille
|
Brique cuite
|
Brique adobe
|
Pisé
|
Gasaka
|
14
|
3
|
10
|
1
|
2
|
1
|
11
|
Kizi
|
14
|
6
|
8
|
0
|
1
|
4
|
9
|
Gikongoro
|
33
|
11
|
22
|
0
|
4
|
8
|
21
|
Ngiryi
|
19
|
4
|
13
|
2
|
2
|
3
|
14
|
Kamegeri
|
8
|
2
|
6
|
0
|
0
|
3
|
5
|
Remera
|
8
|
4
|
3
|
1
|
1
|
1
|
6
|
Total
|
96
|
30
|
62
|
4
|
10
|
20
|
66
|
%
|
|
31
|
65
|
4
|
10
|
21
|
69
|
|
Source : Nos enquêtes, 2006.
Figure 21 : Les matériaux de construction des
maisons
% des maisons
100
40
90
80
70
60
50
30
20
10
0
Brique cuite
Matériels de couverture des maisons Matériels des
murs
Tôle
Brique adobe
Tuile
Paille
Pisé
Source : Nos enquêtes, 2006.
Concernant le matériel du toit des maisons, la
couverture en tuile est plus dominante. Elle représente 65% de la
totalité des habitations ce qui est presque le double des maisons
couvertes de tôles qui représentent 31%. La hutte ronde couverte
de paille qui correspondait à la forme d'habitat la plus répandue
dans les années 50 est très faiblement représentée
avec seulement 4% de toutes les maisons. Dans le peu de ménages
où elle existe encore, elle est souvent utilisée comme
cuisine.
Photo 7 : Une maison d'habitation couverte de
paille
Source : Photo prise en septembre
2006.
Dans ce petit nombre d'habitations des maisons qui sont
toutes couvertes de paille, toutes ces maisons ne sont pas toujours des huttes
rondes. Comme le montre la photo ci-dessus, la maison principale est de forme
rectangulaire, même si elle est aussi couverte de paille.
En matière de construction des murs des maisons, le
pisé s'impose avec 69% de toutes les habitations. Les briques cuites et
adobes sont aussi utilisés mais leur part reste faible. Ils
présentent respectivement 10% et 20%- de toutes les habitations. Suite
à la déforestation qui a provoqué le manque des produits
du bois, l'utilisation des briques adobes est actuellement
préconisée pour limiter la quantité de bois
utilisés sur une maison.
II.3.2. La répartition de l'habitat
La distribution des ménages est facteur de la
structure agraire. Elle témoigne du processus de densification de
l'espace. Elle commande la répartition des cultures selon le plus ou
moins grand morcellement des exploitations. Trois modes de répartition
de l'habitat se distinguent :
II.3.2. 1. L'habitat dispersé
La dispersion de l'habitat est la forme la plus dominante des
zones périurbaines de la Ville de Gikongoro. Elle ne suit aucune norme
pouvant répondre à une disposition régulière. Cela
est l'une des caractéristiques générales des zones rurales
rwandaises. Plusieurs ménages, vivant à l'intérieur de
leurs exploitations qui, elles-mêmes, n'ont pas toujours une forme
régulière.
Pour expliquer la raison de cette dispersion, la population
donne des arguments différents. Certains affirment que cette situation a
été longtemps favorisée par le mode d'acquisition des
terres par héritage. Dans la répartition des terres, il n'y a pas
un espace défini pour la construction des demeures pour des nouvelles
familles. Dans la parcelle obtenue, chaque descendant décide du choix de
la position de sa maison qui est généralement centrale. Pour les
autres, les agriculteurs ne veulent pas s'éloigner de leurs terres pour
pouvoir contrôler de près leurs champs et éviter des
longues marches qui sont pénibles surtout dans des zones très
accidentées.
II.3.2. 2. L'habitat
groupéL'habitat groupé est moins
représenté par rapport à l'ensemble des habitations
dispersées à travers les champs et les
exploitations disséminés sur toute la zone. Ce mode d'habitat
englobe la population habitant d'une part les centres de négoce et
d'autre part les villages (imidugudu).
Photo 8 : L'habitat groupé
(Umudugudu)
Source : Photo prise en septembre 2006.
Le regroupement de la population a été
favorisée surtout par la disposition des infrastructures de base (les
écoles, l'eau, l'électricité, la route) installés
par l'Etat ou les confessions religieuses. Pour les cas des villages
(Imidugudu), ils sont construits sur des zones déterminées, de
préférence les moins favorables aux cultures.
II.3.2.3. L'habitat linéaire
L'habitat linaire est surtout pratiques par la population qui
possède les exploitations proches de la route. Cette forme d'habitat qui
a été longtemps favorisé encouragé par des
sensibilisations politiques est observé sur la grande route
asphaltée ainsi que d'autres routes reliant les secteurs, la où
les formes topographiques sont favorables. Dans d'autres zones, la
volonté de vouloir placer les demeures au centre de l'exploitation ne
permet pas la mise en place de ce mode d'habitat.
II.3.3. Les problèmes de l'habitat
La topographie et les fortes pentes empêchent
l'existence de sites relativement étendus devant servir de zone
d'accueil aux établissements humains importants. La faiblesse des
revenus des ménages fait que les constructions réalisées
sont d'une qualité précaire. En raison d'une production agricole
limitée, les opérations d'amélioration de l'habitat sont
en concurrence directe avec la subsistance des paysans. A cela s'ajoute
actuellement le problème du manque des produits de construction dû
à la diminution et la dégradation des boisements.
Pour les jeunes en âge de fonder leurs familles, les
possibilités de construire leurs propres maisons deviennent de plus
en plus réduites parce que cela demande beaucoup de moyens
financiers. Pour les zones les plus proches du centre urbain,
l'extension se fait dans le désordre total.
L'éparpillement des parcelles construites provoque la diminution et le
morcellement de la surface agricole et engendre l'anarchie dans l'occupation
des sols.
Conclusion partielle
Les systèmes de production des zones
périurbaines de la ville de Gikongoro se caractérisent par des
petites exploitations familiales extrêmement morcelées. Pour en
tirer leur subsistance, les agriculteurs pratiquent une multitude de
systèmes et de techniques agricoles adaptés à leurs
besoins. La polyculture est le système le plus dominant qui se
caractérise par une juxtaposition de différentes cultures
vivrières sur une surface. Les techniques culturales sont exclusivement
manuelles, ce qui oblige le secteur agricole à utiliser une nombreuse
main d'oeuvre. La surface agricole est généralement
exploitée dans toutes les saisons. La pression démographique a
conduit progressivement à la suppression de la jachère et
à la diminution du nombre de bétail possédé par
chaque famille. L'agriculture de subsistance accompagnée effectivement
par la disposition aléatoire et désordonnée de l'habitat
périurbain a un impact sur l'organisation de l'espace agricole.
CHAPITRE III : ASPECTS DE L'EVOLUTION DES
SYSTÈMES AGRAIRES
Les paysages agraires des zones périurbaines de la
ville de Gikongoro connaissent différentes contraintes liées
surtout aux conditions physiques et humaines. Malgré ces
différents obstacles auxquels font face les exploitations
périurbaines, certaines stratégies sont progressivement
développées pour anticiper les conséquences d'une
fluctuation des facteurs climatiques, de faire face à la variation
saisonnière des revenus agricoles, et de limiter les risques liés
à une forte dépendance à des petites surfaces agricoles
disponibles. La solution de ces problèmes fondamentaux est à
considérer à plusieurs niveaux surtout techniques et
économiques.
III.1. LA PROTECTION CONTRE L'EROSION DES TERRAINS
AGRICOLES
Dans des zones périurbaines de la ville de Gikongoro,
l'érosion hydrique, provoquée par les eaux de pluies, est le
principal agent de la dégradation et de l'infertilité des sols
cultivables. Il est un symptôme caractérisant l'instabilité
de la structure du sol provoquée par les facteurs naturels ou la
pression de l'homme. L'augmentation de la population entraîne le recours
à tous les moyens possibles pour augmenter la production agricole ce qui
favorise la dégradation du sol. Ainsi certaines mesures pour assurer la
conservation du sol sont pratiquées afin de pouvoir augmenter la
production agricole obtenue.
Tableau 22 : Le taux d'utilisation des techniques de
protection du sol dans des zones périurbaines de la ville de
Gikongoro.
Techniques utilisées
|
Exploitants interrogés
|
Nombre des exploitants pratiquants
|
%
|
fossés antiérosifs
|
96
|
69
|
72
|
Plantations des plantes protectrices
|
96
|
46
|
48
|
Terrasse radicale
|
96
|
8
|
8
|
|
Source : Nos enquêtes, 2006.
Figure 22 : Le taux d'utilisation des techniques de
protection du sol dans des zones périurbaines de la yille de
Gikongoro.
|
8%
|
|
|
48%
|
|
|
|
72%
|
|
|
|
|
|
|
fossés antiérosifs Plantes protectrices
Terrasse radicale
|
|
|
|
Source : Nos enquêtes, 2006.
III.1.1. Les fossés
antiérosifs
Ce type de protection du sol est le plus répandu. Pour
72% des exploitants interrogés, le creusement des fossés
antiérosifs est le technique le plus utilisé pour protéger
leurs exploitations, un technique permettant le stockage des eaux de
ruissellements et des sédiments et qui favorise la formation des
terrasses progressives adoucissant le profil de la pente surtout si les talus
sont protégés par les herbes fixatrices.
Photo 9 : Les parcelles agricoles
protégées par des fossés antiérosifs
Source : photos prises en septembre 2006.
Comme le montre la photo à la page precedante, les
fossés antiérosifs bien techniquement creusés et
protégés par des plantes fixatrices protègent
convenablement les parcelles culturales. Quant les eaux de ruissellement
arrivent aux lignes de haies vives, les lignes diminuent sa vitesse en
produisant une sédimentation
des matériaux entraînés en ruissellement.
Les plus courantes sont le calliandra, le leucaena, le tephrosia, le
crotalaria, le morus et le penisetum dont ils sont aussi utilisés dans
l'alimentation du bétail.
III.1.2. L'aménagement du sol en
terrasse
Les terrasses radicales sont les plus efficaces pour lutter
contre l'érosion là où elles sont applicables. Grâce
au nivellement de la superficie, les terrasses radicales arrêtent
l'érosion à 100% et il n'y a pas des pertes de fertilisants
organiques et chimiques causées par l'érosion. Elles augmentent
la disponibilité de l'eau pour les plantes et améliorent
l'efficacité des intrants qui ne sont pas entraînés par le
ruissellement.
Tableau 23. La superficie aménagée en
terrasses radicales dans les secteurs de la Ville de Gikongoro
N°
|
Secteur
|
Terrasse radicale en
ha
|
1
|
Kizi
|
19
|
2
|
Kamegeri
|
66
|
3
|
Gasaka
|
34
|
4
|
Remera
|
20
|
5
|
Gikongoro
|
28,7
|
6
|
Ngiryi
|
27
|
|
TOTAL
|
194,7
|
|
Source : Ville de Gikongoro, 2005.
Dans tous les cas aucun groupement ne pratique les terrasses
radicales de sa propre initiative et pourtant certains en possèdent la
technique. La population dit que les travaux de terrassement radical sont trop
lourds et nécessitent beaucoup de gens. C'est ainsi que toute cette
superficie en terrasses radicales est totalement aménagée par des
ONG comme World Vision dans le cadre du projet Area Development Programme (ADP)
sous le système de Food for work (FFW) pour les gens qui le demandent et
laissent faire des terrasses radicales dans leurs propres champs. Le principe
de participation des bénéficiaires est en porte-à-faux
concernant cette activité, et certains cultivateurs attendent que
ça soit leur tour, plus motivés par le Food For Work que par la
protection de leurs terres.
Les terrasses aménagées sont
généralement inexploitées parce que les
propriétaires de ces terrasses aménagées disent que,
après le terrassement, les travaux d'entretien sont durs. La
fertilisation demande des apports massifs d'intrants.
Le terrassement radical reste le moyen le plus efficace pour
le maintien de la fertilité du sol. Dans les exploitations où les
terrasses radicales sont valorisées, la production est vraiment
considérable et l'entretien devient finalement moins coûteux.
Même les talus sont aussi valorisés par la production
fourragère permettant l'élevage en stabulation qui est la plus
génératrice de fumier.
Photo 10 ; Les terrasses radicales exploitées et
plantées de haricot
Source : photo prise en septembre 2006
A l'exemple de cette photo, les terrasses exploitées
sont toujours protégées par des plantes fourragères
permettant non seulement la protection des talus mais aussi l'alimentation du
bétail à l'étable surtout pour l'élevage en
stabulation qui est le plus générateur de fumier organique. Dans
les terrasses radicales exploitées, on pratique souvent la culture
saisonnière. Dans la plupart des cas chaque terrasse est occupée
par une seule culture.
Malgré toutes ces pratiques de lutte contre
l'érosion, les traces de dégradation du sol sont encore partout
remarquables dans le paysage agricole périurbain de la Ville de
Gikongoro. Même dans certaines zones, l'érosion est poussée
jusqu'à un niveau profond.
Photo 11 : Les surfaces attaquées par
l'érosion dans le secteur de Gikongoro
Source : photo prise en septembre 2006
Comme le montre la photo ci-haut, la surface agricole est
profondément attaquée par l'érosion, ce qui fait qu'il n'y
a plus de couche arable. Les sols à cultiver perdent
régulièrement des matériaux suite au processus
d'entraînement, de lessivage, et de transport d'éléments en
solution. Cela provoque sur les collines l'arrachement des affleurements
supérieurs humifères dont les matériaux se déposent
dans les bas fonds de faible pente. Les sols en place deviennent alors couverts
par des matériaux venant d'abord de l'horizon de surface, et ensuite de
l'horizon de profondeur des sols des collines qui sont gravement
menacées par l'érosion. Ainsi les collines perdent des couches
arables plus appropriées à l'agriculture et leurs sols deviennent
de plus en plus minces.
Dans certaines exploitations agricoles, la dégradation
du sol est à l'origine de l'entretien insuffisant ou la manque de
technicité pour le creusement des fossés antiérosifs.
Photo 12 : Une parcelle agricole menacée par
l'érosion
Source : photo prise en septembre 2006
De cette photo de la page précédente qui montre
une parcelle agricole menacée par l'érosion, les fossés
antiérosifs ne sont pas protégés et suffisamment
entretenus, ce qui provoque le débordement des eaux de pluies et
arrachement des plantes cultivés
Chacun de ces deux types de lutte antiérosive
présente des avantages mais peut aussi avoir des effets négatifs
s'ils sont mal réalisés. A titre d'exemple, les fossés
antiérosifs doivent être proportionnels à la surface
cultivable, car s'ils sont très serrés, ils diminuent la surface
de cultures. En outre l'espacement exagéré peut anéantir
leur efficacité et provoquer la création des talus peu stables.
Ainsi l'assistance continuelle des agriculteurs par des techniciens est
recommandée afin de pouvoir atténuer les effets pervers de ces
méthodes.
III.2. LES METHODES DE RENOUVELLEMENT DE LA FERTILITE DU
SOL
Un espace agricole extrêmement exploité
nécessite non seulement d'être protégé contre
l'érosion mais aussi les techniques appropriées
d'amélioration du sol qui doivent y être appliquées. Vu
l'acidité des sols périurbains de la Ville de Gikongoro, et la
réduction progressive de l'espace agricole disponible, la fertilisation
est exigée pour pouvoir couvrir les besoins alimentaires de la
famille.
Tableau 24 : Les modes de fertilisation du sol
périurbain de la ville de Gikongoro
Amendement utilisé
|
les exploitants pratiquants
|
Pourcentages
|
Fumier organique
|
87
|
76
|
Chaux
|
15
|
13
|
NPK
|
13
|
11
|
TOTAL
|
115
|
100
|
|
Source : Nos enquêtes, 2006
Figure 23 : Les modes de fertilisation du sol
périurbaine de la ville de Gikongoro
|
11%
13%
|
|
|
|
|
|
|
|
76%
|
|
Fumier organique Chaux NPK
|
|
|
|
|
Source : Nos enquêtes, 2006
II.2. 1. La fertilisation organique
La fertilisation organique est le mode le plus dominante dans
l'amélioration du sol. Pour 96 exploitants interrogés, 76% des
réponses obtenues sont en faveur de ce mode de fertilisation. Le
renouvellement de la fertilité du sol est généralement
assuré par le fumier provenant des déjections du bétail,
des déchets domestiques et des résidus de récolte. Les
principaux fournisseurs de ces différents éléments
composant la matière organique sont d'une part les résidus de
récolte surtout le sorgho, le maïs, les haricots et les patates
douces, et d'autre part les plantes fourragères servant d'alimentation
au bétail.
La fertilisation par la matière organique impose aux
exploitants de disposer d'une compostière dans laquelle les
déchets doivent être rassemblés et compostés.
« La compostière est un fossé dont la profondeur est
comprise entre 50 et 60 cm et qui est protégé par une couverture
végétale morte afin d'éviter la fermentation
anaérobie et
réduire les pertes des compostage »
(GOUD. B, 1993) Pour des raisons culturales et environnementales la
population estime nécessaire de disposer, dans chaque ménage,
d'une compostière dans laquelle elle déverse les résidus
organiques de l'exploitation et les déchets domestiques. A la
maturité, le fossé est vidangé et le compost est
épandu sur les terrains mis en culture. La compostière est aussi
utilisée pour accueillir les déjections provenant de
l'étable. Les résidus de la récolte sont soit directement
déversés à la compostière ou transitent par
l'étable. Les méthodes de creusement et l'utilisation de la
compostière sont généralement appliquées
correctement de façon qu'elles procurent une importance
considérable dans la fertilisation du sol et dans l'amélioration
de la production agricole.
II.2. 2. Les autres amendements utilisés dans la
fertilisation du sol
A part les déjections du bétail, les
déchets domestiques et les résidus de récolte, certains
exploitants font aussi recours à d'autres amendements chimiques mais la
proportion reste faible. Les plus couramment utilisés sont la chaux et
le NPK qui représente respectivement 11% et 13% (tableau 24) parce que
ce sont eux qui sont disponible sur le marché.
Le succès du système de
régénération du sol est généralement
défavorisé par le manque des amendements suffisants. Le fumier
organique, qui provienne généralement des déjections des
déchets du bétail n'est pas disponible en quantité
suffisante. Pour les autres amendements comme la chaux et le NPK, ils sont
souvent utilisés sur des cultures particulières comme les
légumes, les pommes de terre, parce que les moyens économiques
des exploitants ne permettent pas de se procurer d'une quantité
suffisante pour toute la surface agricole.
III.3 L'INTEGRATION DE L'ELEVAGE DANS
L'AGRICULTURE
L'élevage a des effets fortement considérables
sur l'évolution de la production agricole. D'une part, il permet de
valoriser les résidus de récolte et la végétation
des dispositifs antiérosifs qui sont affouragés aux animaux.
D'autre part les animaux produisent du fumier, qui contribue directement au
maintien de la fertilité du sol et en même temps à
l'amélioration de la production agricole.
rapidement mobilisable en cas de besoins monétaires
soudains et fournit en même temps un engrais hautement
apprécié. La production laitière revêt dans la
plupart des cas une importance secondaire.
Tableau 25. La distribution du cheptel dans les secteurs
de la Ville de Gikongoro
Secteur
|
Vaches de
race locale
|
Vaches croisées
|
chèvres
|
Moutons
|
Porcs
|
Poulet
|
Lapin
|
Gikongoro
|
614
|
17
|
843
|
147
|
695
|
814
|
522
|
Ngiryi
|
569
|
9
|
802
|
155
|
789
|
668
|
582
|
Kizi
|
451
|
21
|
489
|
247
|
642
|
561
|
362
|
Gasaka
|
368
|
30
|
550
|
139
|
295
|
675
|
257
|
Remera
|
419
|
6
|
345
|
135
|
600
|
440
|
488
|
Kamegeri
|
633
|
10
|
572
|
285
|
596
|
657
|
332
|
Total
|
3054
|
93
|
3601
|
1108
|
3617
|
3615
|
2543
|
Possession par ménage
|
0.54
|
0.01
|
0.64
|
0.19
|
0.64
|
0.64
|
0.45
|
|
Source : Ville de Gikongoro, 2005
Le système d'élevage extensif reste
généralement le plus répandu. Les bovins sont menés
au pâturage et gardés par de jeunes garçons. Dans la
période de pénurie fourragère, les bovins reçoivent
une alimentation complémentaire sous forme de résidus de
récolte. L'élevage en stabulation est encore l'exception ce qui
fait qu'une grande partie de fumier n'est pas
récupérée.
Dans les exploitations possédant peu de surface, les
caprins et les ovins remplacent les bovins. Les chèvres sont les plus
répandues et appréciées pour leur viande. Elles sont
normalement mise au piquet , le long des champs et sur le bord des chemins et
des pistes, tandis que les moutons sont gardés en même temps que
les bovins. Les porcs sont relativement rares. Ils se trouvent en concurrence
avec l'homme pour leur alimentation. Les lapins et la volaille sont aussi
disponibles surtout dans les exploitations dotées de surfaces agricoles
peu étendues.
III.3.1. L'association de l'agriculture et de
l'élevage
Le système d'association de l'agriculture et de
l'élevage joue un rôle essentiel dans l'évolution du
paysage agraire au Rwanda. Comme le souligne MANIRAHO S (1976), "la
meilleure source d'humus la plus abondante, du moins potentiellement, c'est le
fumier du bétail spécialement les vaches», apport
appréciable pour les zones
périurbaines de la ville de Gikongoro constitués
par des sols acides fortement exploités.
Le système d'association de l'agriculture et de
l'élevage intervient alors dans la remédiation à la
dégradation du sol. Les agriculteurs savent que le fumier organique est
l'un des moyens essentiels pour l'accroissement de la production agricole.
Malgré tout, la quantité des fumures disponibles n'est pas
satisfaisante comparablement au degré d'exploitation des surfaces
agricoles. La diminution des surfaces destinées au pâturage et
à la culture des plantes servant à l'alimentation du
bétail limite la capacité de maintenir un nombre de bétail
nécessaire à la fertilisation de la surface agricole.
III.3.2. L'évolution vers l'élevage en
stabulation
L'élevage périurbain reste
généralement fondé sur l'utilisation du pâturage
comme facteur principal dans le maintien du bétail. La diminution de la
surface agricole a exigé des agriculteurs de développer de plus
le système de plantation des plantes fourragères tout le long des
parcelles de leurs exploitations. Vu la surface disponible, plusieurs
ménages disposent d'un nombre élevé de cheptel qui
dépasse leur capacité d'entretien. Cela conduit à
l'utilisation des bordures des champs et des routes ainsi que des chemins comme
pâturage, ce qui conduit nécessairement à la
dégradation du sol.
La stabulation du cheptel, mesure prise par l'Etat pour
pouvoir développer le sous secteur de l'élevage en particulier et
le secteur primaire en général, se montre comme le seul
système qui peut conduire à l'accroissement de la production
animale tout en améliorant la fertilité du sol. Le mode
d'élevage extensif qui, du fait de la charge de bétail trop
importante, contribue à la dégradation des surfaces de
pâturage ne pouvant plus être utilisées à des fins
agricoles, doit être remplacé par un mode d'élevage en
stabulation, complété par des plantes fourragères. Ici
l'exploitant est appelé à construire des étables
appropriées permettant le maintien en stabulation du bétail et la
récupération de leurs déjections.
Photo 13 :L'étable d'un éleveur
pratiquant l'élevage en stabulation dans le secteur
Gikongoro.
Source : Photo prise en septembre 2006.
Les exploitations des agriculteurs qui ont adopté ce
système d'élevage sont identifiées par leur mise en place
des plantes fourragères autour des fossés antiérosifs.
Dans certaines exploitations, il y a même des parcelles destinées
à ces plantes fourragères surtout le pennisetum.
Photo 14 : Une parcelle de pennisetum
Source : Photo prise en septembre 2006.
Ces exploitants affirment qu'avec ce mode d'élevage,
la quantité de fumier a considérablement augmenté
jusqu'à permettre la fertilisation totale de la surface agricole, c'est
aussi le meilleur moyen d'accroître le revenu surtout pour ceux qui ont
choisi l'élevage des vaches de race améliorée ou
croisée. Les étables sont souvent vidangées au
début des saisons culturales pour une incorporation directe du fumier
lors de la préparation du sol et le fumier restant est
déposé dans la compostière pour être utilisé
ultérieurement.
Malgré son importance de production d'une grande
quantité de fumier et d'accroissement de revenue des exploitants, ce
mode d'élevage reste très peu pratiqué. Les explications
avancées par la population montrent qu'il faut encore une campagne de
sensibilisation plus profonde sur les avantages, les méthodes
d'application de ce mode d'élevage en stabulation et la contribution de
ce mode à l'amélioration du niveau de vie.
III.4 LES INFRASTRUCTURES
« Toutes tentatives de développement sont
vouées à l'échec si elles sont dissociées de
l'instauration préalable de structures permettant l'amélioration
des conditions de vie de la population » (MANIRAHO S, 1976). Divers
services doivent être mis en place pour permettre à la population
de vivre mieux, s'épanouir, tant sur le plan économique, social,
et sanitaire, que sur le plan moral et intellectuel. Toutefois, les zones
éloignées continuent à être
caractérisées par leur faible accès aux services de
qualité, aux infrastructures telles que l'eau, l'école, et
à la technologie de l'information et de la communication. Ces services
sont généralement concentrés dans le centre ville
III.4.1 Les infrastructures sanitaires
Les infrastructures sanitaires sont dominées par les
établissements privés. A part le centre de santé de
Gikongoro et l'hôpital de Kigeme, les autres sont des cabinets
médicaux des particuliers et ces derniers préfèrent
installer leurs établissements dans le centre ville pour des raisons non
seulement de clientèle mais aussi de manque d'infrastructures de base
dans des zones rurales. Cette mauvaise répartition exige à
beaucoup de malades de faire plus de 15 km avant d'arriver à un centre
de soin de santé. Cela est surtout le cas pour la population des
ex-secteurs de Kizi, Kamegeri, et Remera qui se plaint de longues distances
à parcourir.
La population des zones périurbaines de la Ville de
Gikongoro connaît encore un problème d'accès à l'eau
potable, suite à la mauvaise répartition géographique des
sources aménagées.
Tableau 26: L'état des sources d'eau par
secteur
N
°
|
Secteurs
|
Sources aménagées
|
Sources endommagées
|
Sources non aménagées
|
km à parcourir afin d'accéder à
l'eau
|
1
|
Kamegeri
|
7
|
6
|
9
|
1 km
|
2
|
Gikongoro
|
11
|
12
|
21
|
1 km
|
3
|
Remera
|
4
|
1
|
7
|
1 km
|
4
|
Gasaka
|
9
|
13
|
17
|
1/2 km
|
5
|
Ngiryi
|
12
|
11
|
5
|
1 km
|
6
|
Kizi
|
5
|
26
|
16
|
1 km
|
|
Total
|
48
|
69
|
75
|
Moyenne=1 km
|
|
Source : Ville de Gikongoro, 2005.
En effet sur 48 sources aménagées, 23 sont
concentrées dans le centre ville. A l'opposé, 144 sources
endommagées ou non aménagées se trouvent majoritairement
dans les zones rurales. Ainsi, certains habitants utilisent l'eau insalubre des
ruisseaux ou des sources non aménagées. La population de la ville
de Gikongoro fait en moyenne une distance de 1km pour accéder à
l'eau potable alors que la norme ministérielle est de 250 m.
III.4.2. Les infrastructures scolaires
Dans la Ville de Gikongoro, chaque secteur dispose au mois
d'une école primaire. Pour les écoles maternelles, toute la zone
possède actuellement quatre écoles maternelles. A l'exception de
celle de Gasaka, les trois autres se trouvent dans le secteur semi- urbain de
Gikongoro. Pour les secteurs qualifiés de ruraux comme Kamegeri, Kizi,
Remera et une partie de Ngiryi, les enfants ne bénéficient pas de
l'éducation dans les écoles maternelles.
Tableau 27 : Les infrastructures scolaires dans la
Ville de Gikongoro
Secteur
|
Ecoles maternelles
|
Ecoles primaires
|
Ecoles secondaires
|
Kizi
|
|
2
|
|
Gasaka
|
1
|
2
|
1
|
Gikongoro
|
3
|
3
|
1
|
Kamegeli
|
|
1
|
|
Remera
|
|
1
|
|
Ngiryi
|
|
1
|
2
|
total
|
4
|
10
|
4
|
|
Source : Ville de Gikongoro, 2005.
Dans des zones périurbaines de la Ville de Gikongoro
il y a un grand nombre d'abandons scolaires sans oublier un grand nombre
d'élèves qui n'ont pas réussi le concours d'entrée
au secondaire et qui n'ont plus de possibilité de continuer les
études. Pour trois centres de formation des jeunes (CFJ) se trouvant
dans la ville de Gikongoro, seul celui de Mwogo a ouvert ses portes mais il
fonctionne avec très peu de moyens. La conséquence des abandons
scolaires est qu'un grand nombre de personnes possède un niveau
d'étude limité seulement à l'enseignement primaire.
Même si la proportion des filles dans les écoles primaires et
secondaires monte jusqu'à 53% en 2002, les femmes représentent
encore 59.4% de la population qui ne sait ni lire ni écrire.
III.4.3. Les infrastructures
routières
Les infrastructures routières sont parmi les facteurs
principaux déterminant la vie économique du monde agricole. Les
difficultés économiques des agriculteurs et des éleveurs
sont le manque d'accès au marché par l'insuffisance des routes de
desserte rurale, et les moyens de transport. Dans ces conditions
l'échange des produits agricoles devient difficile.
Le centre de la Ville de Gikongoro et ses zones environnantes
sont traversés par une grand-route bitumée. Ces zones disposent
aussi d'un réseau routier qui assure la liaison entre ses secteurs. Mais
la communication reste difficile au niveau des cellules à cause des
routes qui sont encore insuffisantes d'une part et, qui d'autre part sont
détériorées par l'érosion et le manque d'entretien.
En effet les routes ne sont pas suffisamment protégées des eaux
qui dévalent les pentes abruptes des collines. Les communications
routières étant très difficiles, les produits sont
collectés et convoyés à
travers la région par de rares commerçants qui
payent le prix le plus bas possible au producteur.
III.5. LE CENTRE VILLE FACE A L'AGRICULTURE
PERIURBAINE
Il existe de fortes interactions entre les zones
périurbaines et les centres ville, qui requièrent des concepts
conjoints de développement régional. L'agriculture
périurbaine contribue de différentes façons à la
sécurité alimentaire de la population habitant le centre ville.
Elle permet d'accroître la quantité d'aliments disponibles sur le
marché central de Kabacuzi.
III.5.1. L'approvisionnement du centre urbain en
produits agricoles
La production agricole est généralement
orientée vers la satisfaction des besoins alimentaires de la famille. Le
surplus représente encore un pourcentage très faible. Toutefois
les produits vivriers vendus sur le marché ne correspondent pas toujours
à des surplus réels de la production agricole. Ainsi la raison
principale de la vente des produits vivriers sur le marché n'est pas
généralement le souci de faire des transactions commerciales. Les
agriculteurs vendent une partie de leur production vivrière surtout pour
pouvoir acheter d'autres produits ou biens ménagers dont ils ont
besoin.
Le centre de la ville de Gikongoro dispose d'un grand
marché qui assure la coordination de tous autres petits marchés
se trouvant surtout dans des centres de négoce. Les produits vivriers
disponibles sur le marché sont en grande partie fournis par les
agriculteurs individuels. Même si les zones agricoles de la Ville de
Gikongoro englobent 132 associations oeuvrant dans l'agriculture, leur
participation dans l'approvisionnement du marché central reste faible
surtout parce qu'elles sont encore nouvelles.
Les produits agricoles acheminés vers le marché
sont surtout transportés sur la tête dans des sacs ou des paniers.
Dans le cas où les quantités des marchandises sont importantes la
bicyclette est aussi utilisée. Aux petits marchés locaux, les
agriculteurs peuvent vendre leurs produits vivriers soit aux consommateurs
directs ou aux commerçants intermédiaires qui les collectent pour
les vendre à leur tour sur le marché central. Les produits
commercialisés les plus importants provenant des zones
périurbaines sont les patates douces, le manioc, le sorgho, le haricot,
le mais, la banane, et la pomme de terre. A part les cultures vivrières,
l'agriculture périurbaine
approvisionne le centre ville de Gikongoro en légumes.
Dans plus de 32% des exploitations visitées la production de
légumes a pris de l'ampleur surtout qu'elle est réalisée
sur des lopins de terre, en utilisant efficacement les ressources
limitées en eau et en terre. Plusieurs espèces de légumes
sont récoltées entre 60 et 90 jours après les semis et ce
cycle végétatif court représente une solution rapide pour
satisfaire les besoins alimentaires d'urgence. Selon les exploitants, les
légumes permettent de gagner rapidement de l'argent et d'acheter de quoi
nourrir le ménage. Comme elle sont particulièrement
périssables, elles sont transportées vers le marché juste
après la récolte pour réduire les pertes
éventuelles.
Même si la production agricole périurbaine se
montre considérable sur le marché du centre ville, elle reste
encore insuffisante pour satisfaire d'une part aux besoins alimentaire de ceux
qui vivent de revenus tirés dans des activités non agricoles et
d'autre part en produits nécessaire pour l'échange entre les
agriculteurs eux même. Certains produits proviennent des régions
éloignées du centre ville. C'est le cas des pommes de terre qui
proviennent en grande partie de l'ancien district de Mudasomwa. Cela est aussi
le cas pour l'approvisionnement de certains ménages collectifs comme les
écoles secondaires où les commerçants sont obligés
d'avoir recours à d'autres grands marchés du pays. C'est à
travers un réseau de commerçants disposant des moyens de
transport appropriés que se réalise l'échange des produits
agricoles de région à région grâce aux revenus
substantiels qu'ils tirent de leurs transactions. Cela permet aussi la
valorisation de la production agricole.
Une commercialisation de faible volume de produits agricoles
est marquée par d'importantes fluctuations ainsi que par la forte
dispersion spatiale des exploitations et le faible degré d'organisation
des producteurs. Ce sont autant de facteurs faisant obstacle à la
création des réseaux groupés de ramassage des produits et
renforçant ainsi la position influente des commerçants qui n'ont
pas pour leur part à faire face à une très forte
concurrence.
Les prix des produits vivriers sont sujets à
d'importantes fluctuations en relation avec la période de
végétation. Ceci concerne en particulier les produits
saisonniers, les prix les plus élevés étant
pratiqués dans la période précédant la
récolte et les prix les plus bas dans la période suivant
immédiatement la récolte. Par contre les prix de certaines
cultures restent toujours élevés. Cela est en grande partie la
conséquence de la perturbation des temps climatiques menant à une
mauvaise récoltée saisonnière.
III.5.2. L'agriculture et le revenu de la population
périurbaine
Comme l'agriculture est l'activité principale pour
plus de 71% de la population périurbaine, la plus grande partie de leur
revenu monétaire provient généralement de la vente des
produits agricoles. Ces produits vendus contribuent efficacement à
l'approvisionnement du centre urbain parce qu'ils sont principalement
transportés vers le marché central de la Ville de Gikongoro.
Selon la population locale, le café et la banane sont
les principales cultures génératrices de revenu monétaire.
Le caféier est l'un des cultures les plus pratiquées dans cette
zone. Cela est dû à l'importance économique de ce dernier.
Sur des stations de lavage, le café est vendu à l'état de
cerises. Ainsi l'agriculteur n'a pas beaucoup de peine et le traitement
à la station de lavage donne la bonne qualité du café.
La banane a également une importance économique
considérable. Parmi les variétés de bananiers
cultivées, plus de 90% servent à la fabrication de bière.
La bière de banane est en grande partie vendue et permet de
réaliser une marge brute dépassant de loin celle de toutes les
autres cultures vivrières. Toutefois la vente occasionnelle du
bétail représente également un revenu non
négligeable. L'augmentation du nombre d'exploitations qui ne sont plus
en mesure d'assurer la subsistance de la famille et la variation des prix des
produits agricoles incite la population à vouloir recourir aux autres
travaux que l'agriculture. Même si ces travaux se font
généralement à titre d'activités accessoires, leur
contribution au revenu de la famille est considérable. La
majorité des exploitants interrogés affirment que la production
agricole est souvent complétée par un certain revenu provenant de
l'extérieur.
Dans ce domaine, les activités réalisées
sont d'une part des activités salariées et d'autre part le petit
commerce. Pour la majorité des exploitants disposant de petites surfaces
agricoles, la principale activité salariée a lieu sur de grandes
exploitations appartenant à d'autres personnes. Dans ce processus
d'obtention de revenu supplémentaire, les zones périurbaines
profitent de leur cohabitation avec le centre ville parce que la
majorité de ces activités se font dans le centre ville, c'est le
cas des activités de construction, de commerce, de gardiennage, de
propreté, de travaux domestiques.
III.5.3. Les investissements agricoles
Le centre de la Ville de Gikongoro regroupe un certain nombre
d'exploitants qui pratiquent l'agriculture à temps partiel. Ces
exploitants disposent d'autres sources de revenu (travail salarié, le
commerce) dont une partie est investie dans l'agriculture. Ce capital investi
rend leurs exploitations plus efficaces et la productivité est de loin
supérieure à celle des autres exploitations de toute la zone dont
le rendement souffre souvent d'une quantité inférieure ou
insuffisante d'intrants, d'une utilisation de variétés mal
adaptées, d'une mauvaise gestion de l'eau ainsi que du manque de
connaissances dans le domaine de l'agriculture améliorée. Les
gens du centre ville font souvent recours à des techniques de
transformation et de stockage permettant la valorisation de leur production sur
le marché. C'est surtout dans ces exploitations que se rencontre le
petit nombre des vaches améliorées.
Conclusion partielle
Le développement du paysage périurbain de la
ville de Gikongoro est généralement mis en condition des mesures
et des perspectives appliquées pour l'accroissement de la production
agricole et exigent des exploitants le renforcement des techniques et des
systèmes de protection et de régénération du sol.
Les techniques les plus utilisées par les exploitants
périurbaines de la ville de Gikongoro sont le creusement des
fossés antiérosifs et aménagement du sol en terrasse
radicale pour lutter contre l'érosion qui est le principal cause de la
dégradation du sol. A cela s'ajoute l'utilisation des engrais et
d'autres amendement pour l'amélioration de la qualité du sol, vue
les conditions physiques et humaines
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS
Dans les zones périurbaines de la Ville de Gikongoro,
la terre demeure le facteur le plus important de production et l'agriculture
demeure le secteur le plus important d'obtention de revenus pour la population.
Avec la pression démographique à la hausse et les changements des
méthodes culturales qui ne changent pas, la capacité
d'autosuffisance des exploitations se trouve en voie de régression du
fait de la réduction des surfaces agricoles utiles. Ce
phénomène s'accompagne d'une dégradation
accélérée de la surface cultivée qui est due
à l'érosion du sol et à une mise en culture permanente des
terres sans que soient prises des mesures suffisamment efficaces de maintien de
la fertilité des sols. Ainsi la gestion durable des ressources
naturelles, surtout du sol qui est le facteur principal de production agricole,
devient compromise.
Compte tenu de la faiblesse des investissements, les
perspectives de développement des activités extra-agricoles sont
très minces et la pression exercée sur les terres ne devrait pas
s'atténuer. La diminution progressive des surfaces agricoles au sein de
la famille qui s'accompagne de la diminution du temps nécessaire aux
activités de leurs exploitations provoque le chômage de la
population active et évidemment la diminution de la production agricole.
Le nombre d'exploitants périurbains qui entrent dans la catégorie
des « quasi sans terres» devient de plus en plus croissant.
A défaut de surfaces cultivables, le fait de pouvoir offrir à la
génération montante une perspective d'avenir fondée sur
l'exploitation parentale est devenu un rêve pour de nombreuses
familles.
Les méthodes et les techniques de développement
des systèmes agraires dans les paysages périurbains de la ville
de Gikongoro devraient viser avant tout à accroître la
productivité des exploitations paysannes tout en garantissant en
même temps la sauvegarde et l'amélioration du sol. Les
recommandations proposées sont résumées en quatre domaines
:
· L'intensification des modèles de production
existants : l'intensification doit être orientée vers
l'accroissement de la productivité physique ou financière
comprenant les cultures, l'élevage et d'autres activités
productives à travers le renforcement de certaines mesures comme
l'utilisation des intrants agricoles suffisants, introduction des
variétés ou des races améliorées pour un meilleur
élevage en stabulation. Tout cela doit être accompagné
d'une meilleure gestion agricole par des pratiques adaptées de
contrôle de l'érosion.
· L'augmentation de la valeur ajoutée des produits
agricoles notamment par :
o La technologie alimentaire qui permettrait une conservation
plus
longue et une meilleure richesse alimentaire.
o La transformation qui permettrait de remplacer les produits
importés (les vins, confitures, pâtes, chaussures, ceintures,
sacoches de peau).
o L'élevage en stabulation qui fournirait à
Gikongoro du lait et de la viande
nécessaire ainsi que le fumier aux exploitations
agricoles,
· Encourager la recherche de revenus hors de
l'exploitation agricole grâce à certaines activités non
agricoles qui permettent d'augmenter la capacité économique des
ménages périurbains de la ville de Gikongoro. Ceci ne sera
possible que si les agriculteurs sont encouragés et initiés
à l'accès et à l'utilisation des micro-crédits.
· Renforcer les mesures de mise en disposition des
agriculteurs des explications concernant les méthodes techniques,
commerciales et institutionnelles prises, par exemple la stabulation des
vaches, la régionalisation des cultures pour que la compréhension
de leur importance encourage elle-même la mise en place et la
réussite de ces méthodes.
· Introduction des nouvelles technologies de l'information
pour améliorer la production ainsi que la commercialisation des produits
agricoles.
Tout cela ne serait possible que si l'accent est mis sur
l'éducation en général et en particulier sur la formation
professionnelle formelle dans les CFJ ou informelle sur le tas. Ce
développement du capital humain permettra de diminuer le nombre de la
population plaçant leur avenir dans des petites unités familiales
de production et de prendre des mesures pour certaines contraintes qui
entravent le développement du monde agricole comme la dégradation
du sol et la démographie galopante.
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Analyse-diagnostic des systèmes agraires passés et actuels d'un
village de la région de Kita au Mali.
ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/005/Y8999T/Y8999T00.pdf,
Consultée le 10/07/2006.
36. FAO, Le système d'information sur la
sécurité alimentaire, Bulletin de sécurité
alimentaire,
http://www.sisa.africa-web.org/rubrique.php3?idrubrique=55, Consultée
le 21/06/2006.
ANNEXE
ii
QUESTIONNAIRE D'ENQUETE (POUR LES
AGRICULTEURS)
1. Identification
Noms :
Age :
Sexe : M F
Niveau d'instruction : Primaire
Secondaire
Supérieur
Analphabète
Etat civil : Célibataire
Marié (e) enfants
Veuf (ve) enfants
Divorcé (e) enfants
Activité principale
Votre origine ? District
Province
Combien des personnes actives dans votre famille ? personnes
2. Habitat
Matériaux des murs
Toiture
Nombre total des pièces
W. C : Oui Non
Cuisine : Oui Non
Votre maison satisfait elle ? Oui Non
3. Parcelles culturales
Nombre
Superficie
Mode d'acquisition : Héritée :
Achetée :
Reçue gratuitement :
Autre :
Avez-vous l'accès sur l'héritage de la femme ? Oui
Non
Expliquez
Les cultures vivrières pratiquées ?
Quelles sont les activités principales que vous
réaliser au cours de la journée
1.
2.
3. .
4. .
5.
6.
Type de culture
|
Période de
plantation
|
Période de récolte
|
Haricot
|
|
|
Patates douces
|
|
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Pommes de terres
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Sorgho
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Bananier
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|
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Maïs
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|
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Manioc
|
|
|
Autres
|
|
|
Y a t- il des cultures qui occupent seules les parcelles ?
Oui
Pourquoi ?
Quelles sont-
elles ?
Quelles sont les cultures qui sont souvent associées ?
1..
2
3
Pourquoi choisissez- vous d'associer les cultures?
A.
Expliquez
B. Expliquez
C. Expliquez
D. Expliquez
iv
Les outils que vous utilisez dans l'agriculture :
Matériel
|
Durée moyenne d'utilisation
|
% des ménages possédant le
matériel
|
Houes
|
|
|
Machette
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Serpette
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|
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Pelles
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Pics
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Brouettes
|
|
|
Autres
|
|
|
Est ce que vous utilisez l'engrais ?
Oui
Quel type d'engrais ? NPK Acheté Donné
Fumier naturel
Non Pourquoi ?
Que faites-vous pour protéger votre sol contre
l'érosion ?
Qui s'occupe des travaux agricoles dans vos champs ?
Une main d'ouvre familiale
Une main d'oeuvre payée
Comment utilisez- vous votre récolte ? Auto
consommation.
Consommation + marchéMarchéQuelle est la
nature des sites occupée par les champs vivriers ? Marais .
Versant des
collines .
Comment est la variation de votre production ? Régression
Augmentation
Pas de changement
La production vous satisfait elle ? Oui
Non Pourquoi ?
Pratiquez vous l'élevage ?
Oui Vaches
Chèvres
Moutons
Porcs
Volaille
Autres
Quel type d'élevage ? Utilisation du pâturage
Elevage en stabulation
Avez vous l'espace réservé au pâturage ? Oui
non
Pratiquez vous le système de jachère ? Oui non .
Expliquez ?
Y a t il des cultures commerciales que vous pratiquez ? Oui
Quelles sont-elles ?
Non pourquoi ?
Y a - t - il un projet que vous avez réalisé
grâce au revenu agricole ?
Oui non
Si oui
lequel ?
Non
Recevez vous une aide dans le cadre de développement de
votre agriculture ? Oui non
Si oui la quelle
De quelle source
Avez vous un espace réservé au boisement ? Oui non
Quels sont les problèmes rencontrés dans
l'agriculture ?
Quelles sont vos suggestions vis à vis de la promotion
agricole
vi
Questionnaire d'entretien avec les dirigeants
administratifs et les personnels chargés de l'agriculture dans la ville
de Gikongoro
Noms :
Age :
Sexe : M F
Niveau d'instruction : Primaire
Secondaire
Supérieur
Etat civil : Célibataire
Marié (e) enfants
Veuf (ve) enfants
Divorcé (e) enfants
Métier :
Activité principale
2. Questions d'entretien
1. Quelles sont les cultures les plus praticables dans des zones
agricoles de la ville de
Gikongoro ?
2. Qu'est ce qui pousse les agriculteurs à choisir telle
ou telle culture à pratiquer ?
3. En quoi consiste la campagne anti-érosive dans les
zones agricoles de la ville de
Gikongoro ?
Que pensez vous de la situation démographique des zones
périurbaines de la ville de Gikongoro face aux problèmes
d'exploitation
agricole ?
4. Y a-t-il des mesures prévus pour encourager la
création des activités non agricoles?....
vii
Est ce que la fertilisation semble satisfaisante comparablement
au degré d'exploitation du
sol ?
5. Y a-t-il des projets ou des services qui suivent de
prêt les activités agricoles dans la ville de Gikongoro ?.Si
oui
lesquels
6. Comment les agriculteurs peuvent-ils s'organiser pour
atténuer l'impact du morcellement des terres dans les paysages
périurbains?
7. Que dites-vous de l'organisation de l'habitat dans les zones
rurales de la ville de
Gikongoro ?
8. Est ce que les zones rurales de la ville de Gikongoro
interviennent considérablement dans l'approvisionnement du centre ville
en produits agricoles ?
Quels sont les problèmes rencontrés dans le
processus de développement de l'agriculture
périurbaine ?
9. Y a t-il des mesures prises dans le but de la protection de
l'environnement ?
|