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Implications du clientélisme politique dans la gestion du port autonome de Cotonou

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par Mathieu SAHGUI
Université d'Abomey-Calavi, Bénin - Maitrise de Socio-Anthropologie 2009
  

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I - 2. Hypothèses :

Pour tout travail de terrain, on ne peut s'empêcher d'avoir au départ des réponses anticipées que l'on se doit de confronter à la réalité du terrain. C'est fort de cela que des hypothèses suivantes sont formulées :

Ø Le clientélisme politique au Port Autonome de Cotonou rend difficile la gestion des carrières et crée des dysfonctionnements de l'appareil portuaire.

Ø Du fait des dysfonctionnements qu'il engendre le clientélisme politique inhibe la compétitivité du Port Autonome de Cotonou.

Les hypothèses de travail ainsi formulées renvoient systématiquement à des objectifs à atteindre.

I - 3. Objectifs de Travail

Ils sont de deux ordres : l'objectif global et les objectifs spécifiques.

I - 3 - 1. Objectif Global :

Il s'agit de concourir à une meilleure lecture des implications du clientélisme politique au Port Autonome de Cotonou.

I - 3 - 2. Objectifs spécifiques :

Ø Saisir les niveaux de clientélisme dans la structure et le fonctionnement de l'administration du Port Autonome de Cotonou.

Ø Identifier les dysfonctionnements dus au clientélisme politique afin d'analyser leurs impacts sur les rapports sociaux de travail entre les acteurs du Port Autonome de Cotonou.

I - 4. La notion de clientélisme

Le présent travail ne saurait être poursuivi sans une clarification de certains concepts. Ces clarifications ne peuvent se faire sans s'inspirer de certains travaux ayant abordé le présent sujet. Mais il ne s'agira pas pour autant de les cautionner par une attitude scolastique. Avant toute chose, « il est possible de s'entendre sur le fait suivant : le patronage politique met en scène (entre autres) un patron et un client. Les auteurs sont tous d'accord là-dessus, tellement d'ailleurs que certains appellent clientèle ou clientélisme ce que d'autres appellent patronage » (Lemieux, 1975)

Le patronage ou la clientèle n'a pas le même sens selon qu'on s'exprime en français ou en anglais (d'Amérique). Le concept a un sens généralement noble, en français et veut signifier l'appui bienveillant accordé par un haut personnage ou une organisation. Par contre, le sens américain est celui des relations entre un patron et un client. Si le sens américain du concept constitue la base dudit travail, il se fait qu'il n'est pas bien fixé. C'est ce qui permet à une certaine tradition de restreindre la clientèle aux services publics. Comme situation de cette tradition, on peut se référer à Sorauf, l'un des meilleurs spécialistes des partis politiques américains, qui déjà en 1964 écrivait : « Le mot signifie les postes gouvernementaux qui sont accordés ou bien en retour des services politiques passés, ou bien dans l'expectative de services à venir. » (Sorauf, 1964 :82). Mais certains politistes américains trouvent une telle définition trop restrictive. C'est dans cette optique que s'inscrit Wilson pour qui le patronage renvoie plutôt à tout bénéfice de nature matérielle, qu'un homme public peut allouer de façon discrétionnaire : emploi, contrat, charte ou franchise, et même l'information à caractère privé (Wilson, 1966 : 200).

Nombre d'auteurs définissent le patronage à partir de ses caractéristiques. Celles-ci appartiennent à deux grandes catégories. Les unes sont internes et les autres externes.

Parmi ces auteurs cités par Lemieux (1977), on a :

Boissevain (1966 :18) pour qui « le patronage se fonde sur les relations réciproques entre les patrons et les clients..., le rapport est asymétrique car la nature des services échangés peut varier considérablement ».

Foster (1963 : 1280) quant à lui n'emploie pas les termes d'asymétrie et de réciprocité mais il affirme que : «  les contrats entre patron et client lient des gens de statut socio-économique différent (ou de pouvoir différent) qui échangent entre eux différentes sortes de biens et services ».

Silverman (1965 :176) définit le clientélisme comme étant une relation « entre des personnes dont le statut et le pouvoir sont inégaux, qui leur impose des obligations réciproques d'une nature différente ».

Powell (1970 : 412) trouve que le clientélisme est une relation qui se développe « entre deux parties dont le statut, la richesse et le pouvoir sont inégaux ». Il poursuit en disant que pour que cette relation puisse s'établir et se maintenir, il faut qu'il y ait « réciprocité dans l'échange des biens et services ».

Pour le politiste Scott (1972 : 92), la relation entre le patron et le client est comme une relation d'échange réciproque entre deux individus de statut socio-économique différent.

Dans la même lancée, tout en définissant les phénomènes de clientèle par leur composante externe, Llyod (1965 : 91-92) souligne cependant que le client dépend de son patron et que les deux sont dans une relation d'inférieur à supérieur, c'est-à-dire asymétrique.

Ainsi, on peut à la suite de Caciagli et Kawata dire que « le clientélisme décrit des relations de pouvoir informelles fondées sur l'échange de ressources entre des individus ou des groupes de statut inégal. Un personnage qui jouit d'un statut supérieur (le patron) prend avantage de son autorité et des ressources dont il dispose pour protéger et dispenser des bénéfices à un inférieur (le client), qui lui retourne ses faveurs sous forme de soutien et de services » (Caciagli, Kawata, 2001). Il importe en outre de faire la différence entre le clientélisme et trois autres pratiques qui lui sont très proches (parce qu'étant les formes excessives de celui-ci) de par leur dimension particulariste, mais avec lesquelles il ne peut être systématiquement confondu :

- « "la corruption est illégale alors que les rapports clientélaires sont en règle générale couverts par la loi; l'assise matérielle diffère: c'est en règle générale de l'argent qui permet d'obtenir une prestation (corruption marchande) et non le soutien politique;  la relation y est moins verticale car, pour être en mesure de corrompre, il faut disposer de ressources d'envergure, notamment monétaires;

- le népotisme, dans lequel l'élément-clé est le lien familial; dans ce sens, il peut être vu comme un sous-ensemble du clientélisme, encore que la dimension échangiste n'y soit pas nécessaire. En son absence, il se rapproche du:

- favoritisme, dans lequel la logique de l'échange fait défaut, puisque l'acte de "favoriser" (par exemple un ami) est gratuit. "

Par pratiques clientélaires nous entendons donc les pratiques suivantes que l'on peut classer en deux catégories, en distinguant le clientélisme subalterne du clientélisme de haut niveau ("power patronage").

Dans le premier type on retrouve : le "gros" du contingent des pratiques, à savoir l'attribution de postes dans le secteur public ou para-public; l'octroi d'allocations, de prêts, d'autorisations, de subventions, d'exonérations à des entreprises ou à des particuliers.

Dans le deuxième type on peut recenser:

- l'attribution de postes dans la haute fonction publique, ainsi que des postes de direction dans les entreprises publiques ou para-publiques. A ce sujet, nous sommes conscients du fait que la politisation de ces fonctions n'est pas inhérente au clientélisme, dans la mesure où elle est censée permettre au gouvernement de disposer d'"hommes de confiance" dans les lieux-clé de la décision. »(Caciagli, Kawata, 2001).

Enfin, définir le clientélisme politique, à partir de la littérature existante, n'est pas une tâche aisée. D'emblée, on se heurte à une dispersion extrême des hypothèses, des analyses, des enquêtes et de leurs résultats. Cette confusion apparente n'est la plupart du temps que la conséquence de la diversité du phénomène et de ses approches, mais aussi parfois de l'insuffisance de l'observation et des « défauts » spécifiques de l'empirisme. Certains chercheurs insistent sur le côté personnel de la relation patron/client, mais d'autres assurent qu'elle peut être informelle, en faveur d'un parti par exemple. Cette dépendance est perçue dans certains cas comme locale et « clanique », dans d'autres comme délocalisée et hors « clan ». Ainsi « de nombreux africanistes observent-ils le clientélisme en dehors de la parenté, alors que la plupart des ethnologues des sociétés méditerranéennes font le contraire. Les mêmes protagonistes se contredisent encore à propos de la concurrence entre clients, réelle pour les uns, inexistante pour les autres. Si la réciprocité asymétrique semble une caractéristique admise presque unanimement, elle donne lieu à un nouveau débat, son contenu variant d'un expert à l'autre, tour à tour économique, social, politique, symbolique ou rituel. Le déterminant culturel est souvent prioritaire chez les spécialistes du monde méditerranéen, mais pour les uns, l'honneur est décisif, pour d'autres, c'est l'envie. Quelques auteurs soulignent son caractère d'entrave à une prise de conscience, d'autres le contestent. Certains voient dans l'avènement du suffrage universel la possibilité pour le client de marchander son soutien, d'autres non. Le clientélisme est constamment soupçonné d'être une survivance « féodale », un stigmate des sociétés agraires archaïques, un comportement politique « attardé »; cependant, à partir des années quatre vingt, on commence à l'envisager autrement : on le voit en phase avec les sociétés contemporaines; entre-temps, il a été réévalué comme un corporatisme, un lobby, ou une corruption (Merton, 1965) ». Le rôle du patron n'est pas plus certain, médiateur pour l'un en faveur d'un pouvoir central finalement hors de sa portée, véritable détenteur du pouvoir pour l'autre. Le clientélisme aurait pour résultat la promotion sociale des clients, une proposition qui est également discutée. Certains le jugent presque universel (Kaufmann, 1974), et si multiforme qu'il semble partout et donc nulle part en particulier (Rouquié, 1978).

Souvent le phénomène porte une dénomination purement locale ou est désigné de plusieurs manières, parfois allusives, ou exprimé à travers l'appellation d'un ou de plusieurs autres phénomènes avec lesquels il est en rapport.

Il faut spécifier ici que l'intension n'est pas de citer ou d'examiner les différents types de clientélisme qui existe mais plutôt d'élucider les implications ou l'impact (en terme de conséquences) du phénomène clientélaire en général sur le Port Autonome de Cotonou. Il importe donc d'opérationnaliser ce que nous entendons par développement. Ainsi, le développement serait « l'ensemble des processus sociaux induits par des opérations volontaristes de transformation d'un milieu social, entreprise par le biais d'institutions ou d'acteurs extérieurs à ce milieu mais cherchant à mobiliser ce milieu, en reposant sur une tentative de greffe de ressources et/ou techniques et/ou savoirs. » (Olivier de Sardan, 1995 :7). Définis le mot développement sous cet aspect, ne permettrait pas d'évoluer dans le travail. D'ailleurs, l'auteur lui-même dit avoir proposé cette définition du" « développement » dans une perspective fondamentalement méthodologique" (Olivier de Sardan, 1995 :7). Ici, le développement est perçu dans le sens de la reproduction sociale large c'est - à - dire lorsque l'Etat (agent de développement) et les acteurs sociaux (agents de fonctionnement de la société) parviennent à une accumulation et que celle-ci est investie dans les secteurs de reproduction avec une mobilisation sociale forte et créant de la valeur ajoutée.

La définition provisoire du clientélisme politique sur laquelle se fondera le présent travail est la résultante des définitions de Wilson (1966 : 200) et de Sorauf (1964 :82). Le clientélisme politique signifiera alors tout bénéfice, de nature matérielle, qu'un homme public (Le Président de la République, le ministre en charge de l'économie maritime ou membre de son cabinet, le Directeur Général du PAC ou les membres de son cabinets, les directeurs techniques) peut allouer de façon discrétionnaire : nomination, emploi, contrat, charte ou franchise, et même l'information à caractère privé en retour des services politiques passés, ou bien dans l'expectative de services à venir.

I - Les axes de la discussion

Le clientélisme politique intéresse de plus en plus les chercheurs en sciences sociales et plus particulièrement les sociologues et anthropologues. Aussi peut-on noter un certain nombre de travaux qui abordent le sujet chacun dans une approche bien définie, ce qui ne permet pas d'en appréhender tous les contours. Mais ces travaux ont le mérite d'apporter une certaine compréhension du sujet.

Ainsi Banégas dans son article « Marchandisation du vote, citoyenneté et consolidation démocratique au Bénin » (2000) a traité du phénomène clientélaire. Même s'il s'agit du clientélisme électoral, il a le mérite d'avoir mis en relief la perception populaire et d'avoir montré que "la redistribution clientélaire" est considérée comme une véritable «vertu civique ». Par ailleurs, il montre que l'énonciation clientélaire de la responsabilité politique s'enchâsse dans une économie morale de la redistribution qui conditionne fortement les perceptions du pouvoir légitime. Dans la même lancée dans « La démocratie à pas de caméléon, Transition et imaginaires politiques au Bénin » (2003), il montre que l'argent constitue un déterminant dans le choix des candidats au cours du vote. Si ces ouvrages permettent de comprendre que l'électorat est beaucoup plus attiré par les richesses matérielles et financières des candidats, ils n'éclairent pas sur les moyens d'acquisition de ces richesses.

Wantchékon en traitant du clientélisme politique a étudié l'impact de celui - ci sur les comportements électoraux. Dans son article « Clientélisme électoral au Bénin : résultat d'une étude expérimentale de terrain » (2005), l'auteur a montré que les plates-formes clientélistes ont un effet significatif sur le comportement électoral suivant la région, et que l'électorat masculin est plus sensible aux plates-formes clientélistes que l'électorat féminin. Ce faisant, il a abordé une partie sensible du présent sujet lorsqu'il affirme dans un premier temps que : «  le clientélisme entraîne une redistribution privée des ressources publiques au détriment de l'intérêt général puisque les politiciens qui y ont recours mobilisent les ressources nationales afin d'obtenir les faveurs de segments privilégiés de l'électorat. » et dans un second temps « comme les procédures budgétaires de nombreux pays où de telles pratiques sont courantes sont soit peu transparentes, soit discrétionnaires le clientélisme tend à favoriser ceux qui contrôle déjà le gouvernement... » (wantchékon, 2005). Cette position de l'auteur vient conforter le positionnement dudit travail.

Quant à Tillard dans son article « L'île de corse face au droit français, l'opposition culturelle en question » (2003), elle montre que le malaise qui mine la société corse ne dépend pas du clientélisme puisque le clientélisme et la corruption ne pouvaient jamais être éradiqués de la société corse car ils constituent des phénomènes culturels. Pour l'auteur, ce ne serait alors plus le clientélisme qui expliquerait le malaise qui ronge la société corse depuis plusieurs années mais plutôt le fait que l'on veuille à tout prix imposer un modèle de démocratie qui ne s'accorde pas avec les préceptes fondamentaux de ladite société. Tillard n'a pas mis en exergue le rapport qui peut exister entre la corruption et le clientélisme politique, elle s'est plus appesantie sur les bases démocratiques de la société corse en mesurant combien la culture politique corse est étrangère à la notion occidentale de gouvernement et en voyant comment le phénomène clientélaire se présente comme le fruit d'une relecture du modèle légal-rationnel par le prisme des valeurs locales. Contrairement à Tillard, la présente étude essayera de comprendre les relations qui peuvent exister entre le clientélisme politique et la corruption.

Par ailleurs, Padapoulos et Vaner  dans leur article «clientélisme de parti» (1989), en adoptant une approche comparative, ont essayé d'évaluer les répercussions des mutations dues au choc de la modernité sur le clientélisme politique considéré comme le mode de relations politiques dominant dans les pays de l'Europe du sud. Il a le mérite de souligner que le clientélisme inhibe l'organisation autonome des classes défavorisées. En plus de cet aspect du sujet, il a ressorti les formes et niveaux du clientélisme partisan et le rôle des intermédiaires. Après avoir fait une typologie des partis politiques en relation avec le clientélisme politique, il en a souligné quelques conséquences.

Dans son article « Le clientélisme, nouvel outil de régulation des territoires ? » (2004), Mattina, montre que les relations de clientèle et les clientèles politiques sont quelque chose de consubstantiel au politique et à la démocratie. De même, au lieu de confiner les phénomènes clientélaires à la seule analyse microsociologique, l'auteur les insère dans une dynamique de compréhension générale des formes de gouvernement et de régulation politique et sociale des sociétés urbaines. Mattina interroge les liens entre la distribution de l'argent et des biens publics et la distribution du pouvoir politique dans la ville. En plus, l'auteur montre que la " régulation clientélaire" est une modalité essentielle dans un gouvernement urbain. A travers cet article, l'auteur a le mérite de faire un va- et- vient entre une analyse microsociologique des relations interpersonnelles de clientèle et une analyse macrosociologique des influences des politiques clientélaires sur les gouvernements. Tout en permettant d'éliminer certaines tendances allant dans le sens de la lutte contre le clientélisme politique, même si Mattina s'insurge contre l'approche culturaliste du clientélisme politique de Tillard, son article ne renseigne pas sur les conséquences du clientélisme politique.

Par contre, Tafani, dans son article « Du clientélisme politique en France » (2005), a souligné que l'analyse des clientèles est susceptible de remettre en cause bien des certitudes. Il a aussi montré que leur vitalité persistante contredit l'a priori progressiste selon lequel elles ne seraient que des survivances en voie de décomposition. Certains termes le soulignent aisément : « Qu'elles survivent ainsi conduit en retour à se demander si nous ne vivons pas dans un système qui, dans le fond, nous serait analytiquement mal connu, mais que notre ethnocentrisme nous inviterait à accepter comme étant le meilleur des mondes et auquel nous aurions attribué arbitrairement un terme de référence : la démocratie ». A sa suite, le présent travail s'est efforcé de voir les certitudes des sciences sociales qu'ébranlent les clientèles. Et enfin, il a montré ce que leur étude révèle de ce système qu'on appelle «  « démocratie » et qui dérange tant». Même si, son travail permet de faire un pont entre les clientèles et les fondements des sciences sociales, il reste qu'il ne renseigne pas sur les implications des clientèles dans l'administration publique.

Le phénomène a donné lieu à des généralisations diverses. Pour Balandier (1969), le clientélisme africain, désigné sous la dénomination prudente de « relations de dépendance personnelle », se caractérise de trois manières : par des relations duales entre partenaires inégaux; par le libre choix du patron de la part du client; enfin par l'absence de liens de parenté entre ces derniers. Ce « clientélisme » prend la forme d'un réseau, et non d'une hiérarchie, et il constitue un certain mode de traitement de l'inégalité. Pour Médard (1976), dans le prolongement de la littérature anglo-saxonne sur le sujet, la clientèle se caractérise surtout comme une relation personnelle dualiste avec réciprocité et dépendance à caractère hiérarchique. La diffusion universelle du phénomène est soulignée, et l'auteur invite à un traitement en conséquence. Mieux, il propose de distinguer les sociétés dans lesquelles le clientélisme est une donnée incontournable de celles dans lesquelles il est en position marginale. Pour Weingrod cité par lemieux, le patronage politique doit être abordé, en termes généraux, à partir d'un schéma théorique à caractère universel. Sur la base d'un modèle cybernétique, Lemieux (1977) suit cette orientation et en vient, à partir d'un recensement de nombreux comportements - du noble tutsi à celui du boss nord-américain, en passant par le suzerain médiéval ou le notable palermitain à redéfinir le commerce clientélaire par la réciprocité (échange de biens et de services) et par l'asymétrie (prestations et pouvoirs inégaux), en soulignant ses conditions politiques (ni dictature ni démocratie parfaite), administratives (perméabilité de l'administration, tutelle lointaine) et culturelles (religieuses, parentales, partisanes). L'apport de ces différents auteurs à ce travail (Balandier, Médard, Lemieux) c'est d'avoir contribuer à une meilleure compréhension des clientèles à travers une caractérisation bien distincte.

Le présent travail s'intéresse à l'aspect politique du clientélisme. C'est fort de cela qu'il s'inscrit dans la même optique que Tafani. Néanmoins, sa spécificité sera de ressortir les implications du phénomène clientélaire sur le fonctionnement des entreprises publiques. Pour des raisons de précision et de concision, le Port Autonome de Cotonou est l'entreprise choisie.

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