IMPLICATIONS DU CLIENTELISME POLITIQUE DANS LA GESTION
DU PORT AUTONOME DE COTONOU.
UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI
(UAC)
============
FACULTE DES LETTTRES, ARTS ET SCIENCES HUMAINES
(FLASH)
============
Département de Sociologie -
Anthropologie
(DS-A)
============
MEMOIRE DE MAITRISE =============
Sujet :
Soutenu par :
Sous la direction
de :
SAHGUI Mathieu
Dr. Dodji H. M. AMOUZOUVI
MAÎTRE-ASSISTANT
y
DEDICACES
A RAWAT Prem pour tous les sages conseils, pour avoir
été mon guide.
A notre feu père et à notre feue mère,
pour m'avoir donné vie.
A notre frère aîné SAHGUI K. André
et son épouse SAHGUI Germaine, les nombreux sacrifices consentis pour
faire de moi un homme restent et resteront gravés dans ma
mémoire.
REMERCIEMENTS
Nos remerciements vont à l'endroit du Dr AMOUZOUVI H.
M. Dodji notre guide. La rigueur de ses appréciations nous a permis
d'édifier ce travail;
A notre frère aîné SAHGUI K. André
et son épouse qui ont tout donné pour nous ;
A notre frère SAHGUI Antoine et à l'honorable
SAGUI Justin pour leur appui ;
A notre la famille SAHGUI, merci pour la patience ;
A tous les enseignants, du primaire, du secondaire et du
supérieur, pour nous avoir permis de continuer aujourd'hui la
quête du savoir ;
A tous les enseignants du Département de
Sociologie-Anthropologie ;
A l'honorable Dr BAKO-ARIFARI Nassirou pour avoir suivi le
début de notre travail ;
Au Dr IMOROU Abou-bakari, nous témoignons notre
profonde gratitude pour le soutien inconditionnel dont il a fait montre
à notre égard ;
Au Dr KPATCHAVI Adolphe, nous témoignons toute notre
gratitude ;
Au Professeur BIERSCHENK Thomas, pour l'opportunité
qu'il nous a offerte et les précieux conseils méthodologiques
qu'il nous a apportés ;
A tous les chercheurs du LASDEL, pour leur soutien et
contributions méthodologiques.
A tous nos amis et collègues de la promotion
quatrième année 07-08 ;
A KODJO Sébastien pour son soutien
indéfectible;
A tous les membres du Jury qui ont accepté de juger ce
travail ;
A tout le personnel du Port Autonome de Cotonou ;
A toutes celles et à tous ceux qui ont aidés de
près ou de loin matériellement ou moralement et qui ont su
être là lorsqu'il le fallait.
Sommaire
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Introduction
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10
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Chapitre I : Construction
théorique
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12
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Chapitre II : Considérations
méthodologiques
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26
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Chapitre III : Structure organisationnelle et
fonctionnement du PAC
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37
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Chapitre IV : Pratiques clientélaires et
dynamiques des rapports sociaux de travail entre acteurs du PAC
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51
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LISTE DES TABLEAUX
Tableau I : Calendrier de stage au PAC
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31
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Tableau II : Sources documentaires
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34
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Tableau III : Chronogramme de travail
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35
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Tableau IV: Classification des zones en fonction
du coût de vie et implication sur les perdiems
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54
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Tableau V : Profils des Trois directeurs
nommés depuis 2006
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59
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Résumé
Le Port Autonome de Cotonou, à l'instar des
sociétés publiques connaît le clientélisme
politique. Malgré la détermination des autorités le Port
Autonome de Cotonou peine à devenir compétitif. Car le
clientélisme politique à travers les nominations des Directeurs
Généraux, les recrutements des agents, etc. a contribué
à asseoir la méfiance, la jalousie au sein des agents portuaires.
De par ses manifestations, le clientélisme politique a aidé
à désarticuler les rapports sociaux de travail entre les agents
du Port Autonome de Cotonou.
Les présentes conclusions sont le fruit d'un travail de
terrain. Un terrain qui s'est fondé sur une
démarche qualitative. Ainsi, à travers une observation
participante complétée par des entretiens en profondeur,
renforcés par des recherches documentaires, le Port Autonome de Cotonou
a été investigué sur une durée de sept mois.
Grâce à une combinaison de deux techniques
d'échantillonnage à savoir : l'échantillonnage boule
de neige et l'échantillonnage raisonné, un échantillon de
43 enquêtés a été obtenu après saturation.
Enfin, à travers l'étude des clientèles
en général et des clientèles politiques au PAC, certaines
certitudes des sciences sociales ont été remises en cause. La
question du holisme et de l'individualisme est revisitée, celle de la
pertinence des classifications dominantes dans les sciences sociales, la
perception moderne de la hiérarchie et enfin la confusion
entre violence et pouvoir.
Mots clés :
clientélisme politique, corruption, holisme, individualisme, sciences
sociales, hiérarchie, violence, pouvoir
Abstract
The PAC society, likes public societies is subject to
political clientelim. In spite of the determination of the PAC authorities,
this society couldn't be competitive. Because the political clientelism
through the nominations of managing directors, the agents recruitments, etc.
helped to create distrust, jealousy within the port agents. Through its
manifestations, the political clientelism contributed to dislocate the socials
relations among the PAC agents.
These conclusions are the fruits of a work on the ground. A
ground that is based on qualitative step. Thus, through a participating
observation supplemented by talks in depths, supported by information
retrievals, the Port authority of Cotonou was investigated over seven months
duration. Thanks to a combination two samplings techniques as: sampling
snowball and sampling reasoned, a sample of 43 individuals has been obtained
after saturation.
Ultimately the study of the clientelism in general and
specially the polical clientelism in the PAC, some certitudes of socials
sciences are called into question. The question of the holism and individualism
is revisited, that of the relevance of dominant classifications in social
sciences, the modern perception of the hierarchy and finally confusion between
violence and power.
Key words: political
clientelism, corruption, holism, individualism, social sciences, hierarchy,
violence, power.
Sigles et Acronymes
CA: Conseil d'Administration
CM: Chargés de Missions
CoDir : Comité Directeur
CPMP : Cellule de Passation des Marchés Publics
CSHT : Comité d'hygiène et de la
Sécurité au Travail
CTMPT : Conseiller Technique aux Marchés Publiques
et aux Travaux
CTP : Conseiller Technique Portuaire
CTSS : Conseiller Technique à la
Sécurité et à la Sûreté
DACG : Département de l'Audit et du Contrôle
de Gestion
DAJD : Département des Affaires Juridiques et du
Domaine
DCC : Département de la Communication et de la
Coopération ;
DCM : Direction Commerciale et du Marketing
DES : Direction de l'Exploitation et de la
Sécurité
DFC La Direction Financière et Comptable
DGA : Direction Générale Adjointe
DGE : Département de la Gestion de
l'Environnement
DMI : Direction de la Maintenance et du
Développement des Infrastructures Portuaires
DRH : Direction des Ressources humaines
DSA : Département de la Stratégie et de la
Qualité
FCBE : Force Cauris pour un Bénin Emergent
GPEC : Gestion Prévisionnelle des Emplois et des
Compétences
IG : Inspection Générale
INFOSEC : Institut National pour la Formation Sociale,
Economique et Civique
LASDEL : Laboratoire d'Etudes et de Recherches sur les
Dynamiques Sociales
PAC : Port Autonome de Cotonou
SA : Service Approvisionnement
SAC : Secrétariat Administratif Central
SAM : Service Apurement des Manifestes
SASP : Service des Affaires Sociales et de la
Prévoyance
SCOC : Service du Contrôle des Opérations
Commerciales
SEF : Service de l'Emploi et de la Formation
SG : Secrétariat Général
SIGUCE : Système d'Information du Guichet Unique
et du Commerce Extérieur
SM : Service Marketing
SP/DG : Secrétariat Particulier du Directeur
Général
SPS : Service Personnel et Solde
SRPP : Service des Relations Publiques et du Protocole
SSEP : service des Statistiques, des Etudes et de la
Performance
SYNTRAPAC : Syndicat des Travailleurs du Port Autonome de
Cotonou
.
Introduction
Le phénomène clientélaire est une
pratique courante qui intéresse nombre d'acteurs sociaux. Il se
présente sous plusieurs aspects. Il peut être religieux, social,
économique, politique, etc. Le clientélisme politique trouve
surtout ses assises dans les nominations faites dans l'administration publique
en général à la tête des sociétés
publiques en particulier. Ainsi, afin de contribuer à renflouer les
caisses des partis politiques, des nominations sont faites sur des bases
clientélistes. « Etant donné le peu de moyens
officiels des partis politiques, il est de notoriété publique
qu'une partie de cet argent provient des sources frauduleuses. C'est sans doute
l'une des explications de certaines nominations dans l'administration ou dans
les sociétés publiques, qui obéissent plus à des
considérations d'approvisionnement de fonds électoraux
qu'à des critères de réelles
compétences. » (Bio Tchané et Montigny, 2000 :
61-62). Le Port Autonome de Cotonou étant une société
publique, il n'échappe pas à cette pratique politicienne.
Mais quelles peuvent être les conséquences des
pratiques clientélistes sur le fonctionnement du Port Autonome de
Cotonou? Vont-elles désorganiser la société ou
peut-être renforcer la cohésion sociale en son sein ?
S'il est vrai qu'il faut des hommes de confiance à
certains postes stratégiques, il n'en demeure pas moins qu'il faut
mettre "l'homme qu'il faut à la place qu'il faut". Ce principe
de prospérité est-il vérifié au Port ? La
réponse est à trouver de façon empirique.
Le présent mémoire s'attellera à trouver
de façon empirique les réponses à ces questions. Ainsi, il
a été question d'investir le Port autonome de Cotonou suivant une
démarche méthodologique permettant d'obtenir des données
scientifiquement acceptables. Une fois ces données de terrain obtenues,
elles ont fait l'objet d'un traitement manuel. Les données une fois
apurées, sont présentées comme suit :
Dans un premier temps, il s'est agit de décrire
l'organisation et le fonctionnement du Port Autonome de Cotonou. Cette
présentation permet de comprendre comment le pouvoir politique s'exerce
à travers les différentes attributions conférées
à chaque service du PAC dans le système politique (Cot, Mounier,
1974). Le fonctionnement de la structure portuaire connu de façon
parcellaire, il s'est agit d'identifier quelques niveaux de la structure
portuaire où se manifestent ces pratiques clientélaires. En
définitive, le point focal a été de comprendre les
dynamiques qui gouvernent les rapports sociaux de travail lorsque les pratiques
clientélaires s'enracinent dans une telle administration.
Chapitre I :
Construction théorique
I - 1. Problématique
Entreprise publique, le Port Autonome de Cotonou
n'échappe pas à la "culture politicienne1(*)" en cours au Bénin.
Dès son élection et après son investiture en avril 2006,
le Président de la République a nommé expressément
un nouveau DG au Port Autonome de Cotonou. Quelques mois plus tard, celui-ci
est limogé. Un autre est nommé mais il ne passera pas plus de
sept mois à la tête de l'entreprise. En moins de deux ans, trois
directeurs généraux se sont succédé à la
tête de l'entreprise publique. Pour un pays dont les recettes sont
essentiellement fiscales, une telle instabilité ne permet pas
d'atteindre la performance économique tant prônée.
Déjà cité parmi «les principaux lieux
d'institutionnalisation de la corruption au Bénin »
(Bako-Arifari, 2001 : 38), le Port Autonome de Cotonou vient de battre le
record d'instabilité jamais atteint auparavant. Comment faire du Port de
Cotonou, un port de référence en Afrique si sa gestion laisse
à désirer2(*).
Qu'est-ce qui justifie cela ?
Une fois nommé, le Directeur Général du
Port Autonome de Cotonou forme son cabinet. Les agents ne sont pas toujours
promus en fonction de leurs compétences, mais plutôt en fonction
de leurs affinités avec le pouvoir. Ils sont parfois nommés en
fonction de ce qu'ils peuvent apporter aux gouvernants en termes d'audience
politique et non en fonction de ce qu'ils peuvent apporter au pays. Une fois
nommé, le Directeur Général se doit de faire la politique
du pouvoir en place. On assiste alors à des meetings de soutien aux
actions du gouvernement. Ainsi, le DG doit tout faire pour, en ce qui le
concerne, satisfaire à tous les moindres désirs des hommes
politiques aux affaires. Et dans cette optique, la grande machine
clientéliste s'installe, vu que « la politique, c'est le lieu
d'acquisition de la fortune et du prestige, du pouvoir de distribuer des
avantages sous la forme d'emplois, de marchés, de bourses, de dons en
espèces, etc., à des parents et à des amis politiques
(...) » (Tangri, 1982 :6). Des nominations sont faites à
des postes stratégiques, des recrutements se font mais surtout sur des
bases clientélistes. Il faut accumuler des ressources afin de pouvoir
les redistribuer au cours des échéances électorales. Car
c'est « la redistribution qui conditionne fortement les perceptions
du pouvoir légitime » (Banégas, 2003 :449).
Etant donné que « la politique n'est plus un
moyen d'accéder au pouvoir pour servir le peuple et l'Etat »
et qu'elle est devenue « un moyen rapide pour devenir
riche. » (Tangri, 1982 :5), les tentatives de lutte contre la
corruption et le clientélisme n'y ont jamais rien changé.
Le président de la République en personne prend
le Port comme sa première préoccupation. Il initie un
séminaire gouvernemental sur la compétitivité du Port en
2007, quelques mois seulement après son accession à la
magistrature suprême. De nombreuses fois, il s'est rendu au Port en
visite de travail. Il a, accompagné des ministres et des "cadres
compétents"3(*),
effectué des voyages dans certaines grandes villes connues pour la
réputation de leurs ports (Amsterdam, Singapour...) toujours dans le
cadre de la modernisation du Port Autonome de Cotonou, afin de le rendre
compétitif. Il ira plus loin lorsqu'il va créer un
ministère chargé du transport maritime et de l'économie
portuaire. Ainsi, d'énormes réformes sont engagées pour la
modernisation du Port de Cotonou.
Malgré cette détermination politique du
gouvernement, les résultats ne sont pas au rendez-vous. On assiste
quelques fois à des dénonciations et murmures au sein des agents.
Si dans son article sur la corruption à la douane, Bako-Arifari
écrit : « En panne d'alternative, l'Etat est presque
condamné à avaliser la situation en laissant fonctionner le port
comme un espace d'autorégulation autonome, un « Etat
d'illégalité dans un Etat légal » ayant sa
propre production de normes parallèles et de substitution aux normes
officielles » (Bako-Arifari, 2001 : 38), il est
nécessaire de se poser la question de savoir ce qu' il en est du
clientélisme politique au Port. Peut-on le concilier avec le
désir du gouvernement de faire du Port de Cotonou une
référence en Afrique ? Si non comment peut-il constituer un
frein pour le développement du Port Autonome de Cotonou malgré
cette détermination politique des autorités de
tutelles ?
Les réponses à ces questions nécessitent
des travaux empiriques, ce qui implique le recours à une démarche
méthodologique. C'est à cet effet que des hypothèses de
travail sont formulées comme suit :
I - 2. Hypothèses :
Pour tout travail de terrain, on ne peut s'empêcher
d'avoir au départ des réponses anticipées que l'on se doit
de confronter à la réalité du terrain. C'est fort de cela
que des hypothèses suivantes sont formulées :
Ø Le clientélisme politique au Port Autonome de
Cotonou rend difficile la gestion des carrières et crée des
dysfonctionnements de l'appareil portuaire.
Ø Du fait des dysfonctionnements qu'il engendre le
clientélisme politique inhibe la compétitivité du Port
Autonome de Cotonou.
Les hypothèses de travail ainsi formulées
renvoient systématiquement à des objectifs à atteindre.
I - 3. Objectifs de Travail
Ils sont de deux ordres : l'objectif global et les
objectifs spécifiques.
I - 3 - 1. Objectif Global :
Il s'agit de concourir à une meilleure lecture des
implications du clientélisme politique au Port Autonome de Cotonou.
I - 3 - 2. Objectifs spécifiques :
Ø Saisir les niveaux de clientélisme dans la
structure et le fonctionnement de l'administration du Port Autonome de Cotonou.
Ø Identifier les dysfonctionnements dus au
clientélisme politique afin d'analyser leurs impacts sur les rapports
sociaux de travail entre les acteurs du Port Autonome de Cotonou.
I - 4. La notion de clientélisme
Le présent travail ne saurait être poursuivi sans
une clarification de certains concepts. Ces clarifications ne peuvent se faire
sans s'inspirer de certains travaux ayant abordé le présent
sujet. Mais il ne s'agira pas pour autant de les cautionner par une attitude
scolastique. Avant toute chose, « il est possible de s'entendre
sur le fait suivant : le patronage politique met en scène (entre
autres) un patron et un client. Les auteurs sont tous
d'accord là-dessus, tellement d'ailleurs que certains appellent
clientèle ou clientélisme ce que d'autres appellent
patronage » (Lemieux, 1975)
Le patronage ou la clientèle n'a pas le même sens
selon qu'on s'exprime en français ou en anglais (d'Amérique). Le
concept a un sens généralement noble, en français et veut
signifier l'appui bienveillant accordé par un haut personnage ou
une organisation. Par contre, le sens américain est celui des relations
entre un patron et un client. Si le sens américain du concept constitue
la base dudit travail, il se fait qu'il n'est pas bien fixé. C'est ce
qui permet à une certaine tradition de restreindre la clientèle
aux services publics. Comme situation de cette tradition, on peut se
référer à Sorauf, l'un des meilleurs spécialistes
des partis politiques américains, qui déjà en 1964
écrivait : « Le mot signifie les postes
gouvernementaux qui sont accordés ou bien en retour des services
politiques passés, ou bien dans l'expectative de services à
venir. » (Sorauf, 1964 :82). Mais certains politistes
américains trouvent une telle définition trop restrictive. C'est
dans cette optique que s'inscrit Wilson pour qui le patronage renvoie
plutôt à tout bénéfice de nature matérielle,
qu'un homme public peut allouer de façon discrétionnaire :
emploi, contrat, charte ou franchise, et même l'information à
caractère privé (Wilson, 1966 : 200).
Nombre d'auteurs définissent le patronage à
partir de ses caractéristiques. Celles-ci appartiennent à deux
grandes catégories. Les unes sont internes et les autres externes.
Parmi ces auteurs cités par Lemieux (1977), on
a :
Boissevain (1966 :18) pour qui « le patronage
se fonde sur les relations réciproques entre les patrons et les
clients..., le rapport est asymétrique car la nature des services
échangés peut varier considérablement ».
Foster (1963 : 1280) quant à lui n'emploie pas les
termes d'asymétrie et de réciprocité mais il affirme
que : « les contrats entre patron et client lient des gens
de statut socio-économique différent (ou de pouvoir
différent) qui échangent entre eux différentes sortes de
biens et services ».
Silverman (1965 :176) définit le
clientélisme comme étant une relation « entre des
personnes dont le statut et le pouvoir sont inégaux, qui leur impose des
obligations réciproques d'une nature différente ».
Powell (1970 : 412) trouve que le clientélisme est
une relation qui se développe « entre deux parties dont le
statut, la richesse et le pouvoir sont inégaux ». Il poursuit
en disant que pour que cette relation puisse s'établir et se maintenir,
il faut qu'il y ait « réciprocité dans l'échange
des biens et services ».
Pour le politiste Scott (1972 : 92), la relation entre le
patron et le client est comme une relation d'échange réciproque
entre deux individus de statut socio-économique différent.
Dans la même lancée, tout en définissant
les phénomènes de clientèle par leur composante externe,
Llyod (1965 : 91-92) souligne cependant que le client dépend de son
patron et que les deux sont dans une relation d'inférieur à
supérieur, c'est-à-dire asymétrique.
Ainsi, on peut à la suite de Caciagli et Kawata dire
que « le clientélisme décrit
des relations de pouvoir informelles fondées sur l'échange de
ressources entre des individus ou des groupes de statut inégal. Un
personnage qui jouit d'un statut supérieur (le patron) prend avantage de
son autorité et des ressources dont il dispose pour protéger et
dispenser des bénéfices à un inférieur (le client),
qui lui retourne ses faveurs sous forme de soutien et de services »
(Caciagli, Kawata, 2001). Il importe en outre de faire la différence
entre le clientélisme et trois autres pratiques qui lui sont très
proches (parce qu'étant les formes excessives de celui-ci) de par leur
dimension particulariste, mais avec lesquelles il ne peut être
systématiquement confondu :
- « "la corruption est
illégale alors que les rapports clientélaires sont en
règle générale couverts par la loi; l'assise
matérielle diffère: c'est en règle générale
de l'argent qui permet d'obtenir une prestation (corruption marchande) et non
le soutien politique; la relation y est moins verticale car, pour
être en mesure de corrompre, il faut disposer de ressources d'envergure,
notamment monétaires;
- le népotisme, dans lequel
l'élément-clé est le lien familial; dans ce sens, il peut
être vu comme un sous-ensemble du clientélisme, encore que la
dimension échangiste n'y soit pas nécessaire. En son absence, il
se rapproche du:
- favoritisme, dans lequel la
logique de l'échange fait défaut, puisque l'acte de "favoriser"
(par exemple un ami) est gratuit. "
Par pratiques clientélaires nous entendons donc les
pratiques suivantes que l'on peut classer en deux catégories, en
distinguant le clientélisme subalterne du clientélisme de haut
niveau ("power patronage").
Dans le premier type on retrouve : le "gros" du contingent des
pratiques, à savoir l'attribution de postes dans le secteur public ou
para-public; l'octroi d'allocations, de prêts, d'autorisations, de
subventions, d'exonérations à des entreprises ou à des
particuliers.
Dans le deuxième type on peut recenser:
- l'attribution de postes dans la haute fonction publique,
ainsi que des postes de direction dans les entreprises publiques ou
para-publiques. A ce sujet, nous sommes conscients du fait que la politisation
de ces fonctions n'est pas inhérente au clientélisme, dans la
mesure où elle est censée permettre au gouvernement de disposer
d'"hommes de confiance" dans les lieux-clé de la
décision. »(Caciagli, Kawata, 2001).
Enfin, définir le clientélisme politique,
à partir de la littérature existante, n'est pas une tâche
aisée. D'emblée, on se heurte à une dispersion
extrême des hypothèses, des analyses, des enquêtes et de
leurs résultats. Cette confusion apparente n'est la plupart du temps que
la conséquence de la diversité du phénomène et de
ses approches, mais aussi parfois de l'insuffisance de l'observation et des
« défauts » spécifiques de l'empirisme.
Certains chercheurs insistent sur le côté personnel de la relation
patron/client, mais d'autres assurent qu'elle peut être informelle, en
faveur d'un parti par exemple. Cette dépendance est perçue dans
certains cas comme locale et « clanique », dans d'autres
comme délocalisée et hors « clan ». Ainsi
« de nombreux africanistes observent-ils le clientélisme en
dehors de la parenté, alors que la plupart des ethnologues des
sociétés méditerranéennes font le contraire. Les
mêmes protagonistes se contredisent encore à propos de la
concurrence entre clients, réelle pour les uns, inexistante pour les
autres. Si la réciprocité asymétrique semble une
caractéristique admise presque unanimement, elle donne lieu à un
nouveau débat, son contenu variant d'un expert à l'autre, tour
à tour économique, social, politique, symbolique ou rituel. Le
déterminant culturel est souvent prioritaire chez les
spécialistes du monde méditerranéen, mais pour les uns,
l'honneur est décisif, pour d'autres, c'est l'envie. Quelques auteurs
soulignent son caractère d'entrave à une prise de conscience,
d'autres le contestent. Certains voient dans l'avènement du suffrage
universel la possibilité pour le client de marchander son soutien,
d'autres non. Le clientélisme est constamment soupçonné
d'être une survivance « féodale », un stigmate
des sociétés agraires archaïques, un comportement politique
« attardé »; cependant, à partir des
années quatre vingt, on commence à l'envisager autrement :
on le voit en phase avec les sociétés contemporaines;
entre-temps, il a été réévalué comme un
corporatisme, un lobby, ou une corruption (Merton, 1965) ».
Le rôle du patron n'est pas plus certain, médiateur pour l'un en
faveur d'un pouvoir central finalement hors de sa portée,
véritable détenteur du pouvoir pour l'autre. Le
clientélisme aurait pour résultat la promotion sociale des
clients, une proposition qui est également discutée. Certains le
jugent presque universel (Kaufmann, 1974), et si multiforme qu'il semble
partout et donc nulle part en particulier (Rouquié, 1978).
Souvent le phénomène porte une
dénomination purement locale ou est désigné de plusieurs
manières, parfois allusives, ou exprimé à travers
l'appellation d'un ou de plusieurs autres phénomènes avec
lesquels il est en rapport.
Il faut spécifier ici que l'intension n'est pas de
citer ou d'examiner les différents types de clientélisme qui
existe mais plutôt d'élucider les implications ou l'impact (en
terme de conséquences) du phénomène clientélaire en
général sur le Port Autonome de Cotonou. Il importe donc
d'opérationnaliser ce que nous entendons par
développement. Ainsi, le développement
serait « l'ensemble des processus sociaux induits par des
opérations volontaristes de transformation d'un milieu social,
entreprise par le biais d'institutions ou d'acteurs extérieurs à
ce milieu mais cherchant à mobiliser ce milieu, en reposant sur une
tentative de greffe de ressources et/ou techniques et/ou savoirs. »
(Olivier de Sardan, 1995 :7). Définis le mot développement
sous cet aspect, ne permettrait pas d'évoluer dans le travail.
D'ailleurs, l'auteur lui-même dit avoir proposé cette
définition du" « développement » dans une
perspective fondamentalement méthodologique" (Olivier de Sardan,
1995 :7). Ici, le développement est perçu dans le sens de
la reproduction sociale large c'est - à - dire lorsque l'Etat (agent de
développement) et les acteurs sociaux (agents de fonctionnement de la
société) parviennent à une accumulation et que celle-ci
est investie dans les secteurs de reproduction avec une mobilisation sociale
forte et créant de la valeur ajoutée.
La définition provisoire du clientélisme
politique sur laquelle se fondera le présent travail est la
résultante des définitions de Wilson (1966 : 200) et de
Sorauf (1964 :82). Le clientélisme politique signifiera alors tout
bénéfice, de nature matérielle, qu'un homme public (Le
Président de la République, le ministre en charge de
l'économie maritime ou membre de son cabinet, le Directeur
Général du PAC ou les membres de son cabinets, les directeurs
techniques) peut allouer de façon discrétionnaire :
nomination, emploi, contrat, charte ou franchise, et même l'information
à caractère privé en retour des services politiques
passés, ou bien dans l'expectative de services à venir.
I - Les axes de la discussion
Le clientélisme politique intéresse de plus en
plus les chercheurs en sciences sociales et plus particulièrement
les sociologues et anthropologues. Aussi peut-on noter un certain nombre de
travaux qui abordent le sujet chacun dans une approche bien définie, ce
qui ne permet pas d'en appréhender tous les contours. Mais ces travaux
ont le mérite d'apporter une certaine compréhension du sujet.
Ainsi Banégas dans son article
« Marchandisation du vote, citoyenneté et consolidation
démocratique au Bénin » (2000) a traité du
phénomène clientélaire. Même s'il s'agit du
clientélisme électoral, il a le mérite d'avoir mis en
relief la perception populaire et d'avoir montré que "la redistribution
clientélaire" est considérée comme une véritable
«vertu civique ». Par ailleurs, il montre que
l'énonciation clientélaire de la responsabilité politique
s'enchâsse dans une économie morale de la redistribution qui
conditionne fortement les perceptions du pouvoir légitime. Dans la
même lancée dans « La démocratie à pas
de caméléon, Transition et imaginaires politiques au
Bénin » (2003), il montre que l'argent constitue un
déterminant dans le choix des candidats au cours du vote. Si ces
ouvrages permettent de comprendre que l'électorat est beaucoup plus
attiré par les richesses matérielles et financières des
candidats, ils n'éclairent pas sur les moyens d'acquisition de ces
richesses.
Wantchékon en traitant du clientélisme
politique a étudié l'impact de celui - ci sur les comportements
électoraux. Dans son article « Clientélisme
électoral au Bénin : résultat d'une étude
expérimentale de terrain » (2005), l'auteur a
montré que les plates-formes clientélistes ont un effet
significatif sur le comportement électoral suivant la région, et
que l'électorat masculin est plus sensible aux plates-formes
clientélistes que l'électorat féminin. Ce faisant, il a
abordé une partie sensible du présent sujet lorsqu'il affirme
dans un premier temps que : « le clientélisme
entraîne une redistribution privée des ressources publiques au
détriment de l'intérêt général puisque les
politiciens qui y ont recours mobilisent les ressources nationales afin
d'obtenir les faveurs de segments privilégiés de
l'électorat. » et dans un second temps « comme
les procédures budgétaires de nombreux pays où de telles
pratiques sont courantes sont soit peu transparentes, soit
discrétionnaires le clientélisme tend à favoriser ceux qui
contrôle déjà le gouvernement... »
(wantchékon, 2005). Cette position de l'auteur vient conforter le
positionnement dudit travail.
Quant à Tillard dans son
article « L'île de corse face au droit
français, l'opposition culturelle en question »
(2003), elle montre que le malaise qui mine la
société corse ne dépend pas du clientélisme puisque
le clientélisme et la corruption ne pouvaient jamais être
éradiqués de la société corse car ils constituent
des phénomènes culturels. Pour l'auteur, ce ne serait alors plus
le clientélisme qui expliquerait le malaise qui ronge la
société corse depuis plusieurs années mais plutôt le
fait que l'on veuille à tout prix imposer un modèle de
démocratie qui ne s'accorde pas avec les préceptes fondamentaux
de ladite société. Tillard n'a pas mis en exergue le rapport qui
peut exister entre la corruption et le clientélisme politique, elle
s'est plus appesantie sur les bases démocratiques de la
société corse en mesurant combien la culture politique corse est
étrangère à la notion occidentale de gouvernement et en
voyant comment le phénomène clientélaire se
présente comme le fruit d'une relecture du modèle
légal-rationnel par le prisme des valeurs locales. Contrairement
à Tillard, la présente étude essayera de comprendre les
relations qui peuvent exister entre le clientélisme politique et la
corruption.
Par ailleurs, Padapoulos et Vaner dans leur
article «clientélisme de parti» (1989), en
adoptant une approche comparative, ont essayé d'évaluer les
répercussions des mutations dues au choc de la modernité sur le
clientélisme politique considéré comme le mode de
relations politiques dominant dans les pays de l'Europe du sud. Il a le
mérite de souligner que le clientélisme inhibe l'organisation
autonome des classes défavorisées. En plus de cet aspect du
sujet, il a ressorti les formes et niveaux du clientélisme partisan et
le rôle des intermédiaires. Après avoir fait une typologie
des partis politiques en relation avec le clientélisme politique, il en
a souligné quelques conséquences.
Dans son article « Le
clientélisme, nouvel outil de régulation des
territoires ? » (2004), Mattina, montre que les relations
de clientèle et les clientèles politiques sont quelque chose de
consubstantiel au politique et à la démocratie. De même, au
lieu de confiner les phénomènes clientélaires à la
seule analyse microsociologique, l'auteur les insère dans une dynamique
de compréhension générale des formes de gouvernement et de
régulation politique et sociale des sociétés urbaines.
Mattina interroge les liens entre la distribution de l'argent et des biens
publics et la distribution du pouvoir politique dans la ville. En plus,
l'auteur montre que la " régulation clientélaire" est
une modalité essentielle dans un gouvernement urbain. A travers cet
article, l'auteur a le mérite de faire un va- et- vient entre une
analyse microsociologique des relations interpersonnelles de clientèle
et une analyse macrosociologique des influences des politiques
clientélaires sur les gouvernements. Tout en permettant
d'éliminer certaines tendances allant dans le sens de la lutte contre le
clientélisme politique, même si Mattina s'insurge contre
l'approche culturaliste du clientélisme politique de Tillard, son
article ne renseigne pas sur les conséquences du clientélisme
politique.
Par contre, Tafani, dans son article « Du
clientélisme politique en France » (2005), a
souligné que l'analyse des clientèles est susceptible de remettre
en cause bien des certitudes. Il a aussi montré que leur
vitalité persistante contredit l'a priori progressiste selon
lequel elles ne seraient que des survivances en voie de décomposition.
Certains termes le soulignent aisément : « Qu'elles
survivent ainsi conduit en retour à se demander si nous ne vivons pas
dans un système qui, dans le fond, nous serait analytiquement mal connu,
mais que notre ethnocentrisme nous inviterait à accepter comme
étant le meilleur des mondes et auquel nous aurions attribué
arbitrairement un terme de référence : la
démocratie ». A sa suite, le présent travail s'est
efforcé de voir les certitudes des sciences sociales
qu'ébranlent les clientèles. Et enfin, il a montré ce que
leur étude révèle de ce système qu'on
appelle « « démocratie » et qui
dérange tant». Même si, son travail permet de faire un pont
entre les clientèles et les fondements des sciences sociales, il reste
qu'il ne renseigne pas sur les implications des clientèles dans
l'administration publique.
Le phénomène a donné lieu à des
généralisations diverses. Pour Balandier (1969), le
clientélisme africain, désigné sous la dénomination
prudente de « relations de dépendance personnelle »,
se caractérise de trois manières : par des relations duales
entre partenaires inégaux; par le libre choix du patron de la part du
client; enfin par l'absence de liens de parenté entre ces derniers. Ce
« clientélisme » prend la forme d'un réseau,
et non d'une hiérarchie, et il constitue un certain mode de traitement
de l'inégalité. Pour Médard (1976), dans le prolongement
de la littérature anglo-saxonne sur le sujet, la clientèle se
caractérise surtout comme une relation personnelle dualiste avec
réciprocité et dépendance à caractère
hiérarchique. La diffusion universelle du phénomène est
soulignée, et l'auteur invite à un traitement en
conséquence. Mieux, il propose de distinguer les sociétés
dans lesquelles le clientélisme est une donnée incontournable de
celles dans lesquelles il est en position marginale. Pour Weingrod cité
par lemieux, le patronage politique doit être abordé, en termes
généraux, à partir d'un schéma théorique
à caractère universel. Sur la base d'un modèle
cybernétique, Lemieux (1977) suit cette orientation et en vient,
à partir d'un recensement de nombreux comportements - du noble tutsi
à celui du boss nord-américain, en passant par le suzerain
médiéval ou le notable palermitain à redéfinir le
commerce clientélaire par la réciprocité (échange
de biens et de services) et par l'asymétrie (prestations et pouvoirs
inégaux), en soulignant ses conditions politiques (ni dictature ni
démocratie parfaite), administratives (perméabilité de
l'administration, tutelle lointaine) et culturelles (religieuses, parentales,
partisanes). L'apport de ces différents auteurs à ce travail
(Balandier, Médard, Lemieux) c'est d'avoir contribuer à une
meilleure compréhension des clientèles à travers une
caractérisation bien distincte.
Le présent travail s'intéresse à l'aspect
politique du clientélisme. C'est fort de cela qu'il s'inscrit dans la
même optique que Tafani. Néanmoins, sa spécificité
sera de ressortir les implications du phénomène
clientélaire sur le fonctionnement des entreprises publiques. Pour des
raisons de précision et de concision, le Port Autonome de Cotonou est
l'entreprise choisie.
Chapitre II :
Considérations
méthodologiques
II - 1. Le cadre de
l'étude
La présente étude s'est déroulée
au PAC. Il est donc indispensable de ressortir certains éléments
qui caractérisent ce milieu. Le PAC est une entreprise publique, donc
sous l'emprise des gouvernants. Qui parle d'entreprise publique aborde la
question des nominations et des recrutements. L'intérêt qu'offre
l'étude du clientélisme politique au Port Autonome de Cotonou se
situe dans la place qu'il occupe dans l'économie béninoise. Sa
situation juridique constitue la base même sur laquelle s'encre le
clientélisme politique.
Créé par la loi no 64 -39 du 31
décembre 1964, modifié par l'ordonnance no 76 - 55 du
12 octobre 1976, réorganisé par le décret no 86
-306 du 28 juillet 1989 déterminant ses attributions, le PAC est un
établissement public à caractère commercial et industriel
doté de la personnalité civile et de l'autonomie
financière.
De cette autonomie financière naissent les pouvoirs
discrétionnaires de la première autorité de cette
entreprise publique. Ce qui facilite le clientélisme. Ses attributions
se résument essentiellement en la gestion et l'entretien du domaine
portuaire, l'exécution de toute opération se rattachant
directement ou indirectement à l'objet social. Il a également
été attribué au PAC le rôle d'autorité
portuaire impliquant ainsi d'une part l'administration et la gestion des
infrastructures portuaires et d'autre part la coordination et le contrôle
des acteurs présents dans le domaine portuaire. Alors, l'autorité
portuaire décide des acteurs pouvant s'installer dans l'enceinte du
domaine portuaire. Les attributions internes de l'entreprise sont telles que le
pouvoir central sera toujours incontournable. Ce qui favorise le
clientélisme politique.
Le personnel est régi par la convention collective du
PAC et à l'ensemble des règles qui régissent le
Bénin en matière de travail. Cet accord a été
signé entre le PAC agissant par l'intermédiaire de la Direction
Générale et le Syndicat des Travailleurs du PAC (SYNTRAPAC).
La Convention Collective est le bréviaire du PAC pour
la résolution de la plupart de ses problèmes.
Situé par 6°11«22» Nord et
2°26«30» Est, le Port de Cotonou est implanté sur une
côte basse sablonneuse en bordure sud de la ville de Cotonou, capitale
économique de la République du Bénin. Installé dans
la capitale économique, le port attire beaucoup d'opérateurs
économiques d'appartenances politiques différentes.
L'appartenance au régime politique en place constitue un grand atout
pour faciliter ses activités économiques dans le port ;
Port en eau profonde et accumulation de sable, c'est un
espace économique animé par une multitude de structures
chargées d'assurer les opérations indispensables au passage des
navires, des personnes et des marchandises.
Le Port de Cotonou offre le grand avantage de fournir aux
navires un plan d'eau abrité, pouvant leur permettre d'effectuer les
opérations commerciales et de ravitaillement dans d'excellentes
conditions. Cette disposition contribue à l'efficacité du port et
à la rapidité des escales des navires.
Port à vocation régionale, il est le
débouché à la mer le plus proche, le couloir
d'accès le plus rapide, le moins accidenté pour desservir des
pays de l'hinterland tels que: le Mali, le Burkina-Faso, le Nigeria, le Tchad
et la République Centrafricaine. Situé sensiblement à
égale distance des ports de Lagos (NIGERIA) 115 km et de Lomé
(TOGO) 135 km, le Port de Cotonou est le Port de relais et de transbordement le
plus proche et le plus rapide vers le Nigeria. La situation géographique
du port de Cotonou constitue un atout important pour le pays.
Il est important de rappeler qu'il y a une nette
différence entre le Port de Cotonou et le Port
Autonome de Cotonou. En effet, le Port de Cotonou désigne
l'ensemble des infrastructures (quais, plan d'eau, jetée Est, ouvrage de
protection, magasins, silos, etc.) qui servent d'embarquement ou de
déchargement des marchandises et des personnes physiques comme morales
(telles que la SOBEMAP, le CNCB, etc.) qui participent au rayonnement des
activités portuaires tandis que le Port Autonome de Cotonou est
l'établissement public chargé de la gestion du Port de
Cotonou.
Le PAC est l'autorité portuaire assurant ainsi la
gestion et l'exploitation du domaine portuaire. De ce fait, il est doté
de la puissance publique et dispose d'une souveraineté et d'une
autonomie qui rappellent celles d'un Etat. Il dispose d'un pouvoir coercitif
capable de sanctionner les usagers en infraction vis-à-vis de son
règlement intérieur.4(*)
Ce qu'il faut remarquer, c'est la plus grande présence
des grands partis politiques c'est-à-dire ceux qui « ont
été déjà aux affaires ». Mais
actuellement, il est difficile de retrouver des acteurs qui acceptent dire
qu'ils ne sont pas des FCBE. Néanmoins, il y en a qui affirment
n'appartenir à aucun parti politique. En effet, même s'ils
n'appartiennent à aucun parti politique, ils soutiennent les actions du
Président de la République et de son gouvernement, disent-ils.
Enfin, les transactions économiques nationales
estimées à 90% font du PAC le poumon de l'économie
béninoise.
II - 2. La nature de l'étude
Le clientélisme politique constitue un sujet
très sensible pour les acteurs politiques. Vu le caractère trop
sensible des questions qu'il soulève, la démarche inductive
basée sur la méthode qualitative s'avère indispensable.
Ainsi, Selon Deslauriers dans Recherche qualitative : guide
pratique, la recherche qualitative est une « recherche qui
produit et analyse les données telles que les paroles écrites ou
dites et le comportement observable des personnes ». (Assaba,
2000 :24). Recherchant la sincérité, la
variété des réponses, la méthode qualitative
s'avère la plus adéquate, en ce sens que la méthode
qualitative vise « l'étude empirique multidimensionnelle
de groupes sociaux contemporains et de leurs interactions dans une perspective
diachronique et combinant l'analyse des pratiques et celles des
représentations » (Olivier de Sardan, 1995). En outre,
« elle s'applique à des unités sociales de faible
ampleur à partir desquelles le chercheur tente d'élaborer une
analyse de portée générale pour appréhender d'un
certain point de vue la totalité de la société ou des
unités considérées sincères »
(Bako-Arifari, 2005). Toutefois, on peut faire recours à des
données quantitatives pour renforcer la qualité scientifique du
présent travail.
II - 3. La durée de l'étude
Commencée en décembre 2007 par la recherche
documentaire et quelques entretiens exploratoires, cette étude est
entrée dans sa phase pratique c'est dire que l'enquête de terrain
proprement dite a démarré le 17 novembre 2008. L'enquête
de terrain s'est déroulée sur sept mois à savoir trois
mois de stage ferme et quatre mois de recherches complémentaires au PAC.
Les autres détails sont donnés dans le chronogramme. En
comptabilisant, du début c'est-à-dire de la date de la conception
du sujet à la date où le travail est sensée être
achevée, on peut dire seize mois. Mais, si c'est à partir de la
date du démarrage de l'enquête de terrain, on parlera de sept
mois. Mais puisque l'enquête de terrain ne vient ex nihilo, on peut donc
conclure que la durée de cette étude est de dix-sept mois.
Puisque c'est la soutenance du mémoire qui peut signifier la fin de
l'étude, alors tout ceci n'est qu'une prévision.
Le stage de trois mois au Port Autonome de Cotonou a permis de
mener une observation participante. Cette observation participante a
été effective suivant le calendrier de stage
ci-après :
Tableau I : Calendrier de stage au PAC
Dates
|
Services
|
17/11/2008 au 21/11/2008
|
Service Marketing
|
24/11/2008 au 28/11/2008
|
Service Facturation
|
01/12/2008 au 05/12/2008
|
Service Statistiques, Etudes et Performances
|
08/01/2008 au 12/12/2008
|
Service Contrôle des Opérations Commerciales
|
15/12/2008 au 19/12/2008
|
Service Apurement des Manifestes
|
22/12/2008 au 09/01/2009
|
Service de l'Emploi et de la Formation
|
12/01/2009 au 23/01/2009
|
Service du Personnel et de la Solde
|
26/01/2009 au 10/02/2009
|
Service des Affaires Sociales et de la Prévoyance
|
Source : Mathieu SAHGUI
II - 4. Le groupe cible et l'échantillonnage
La présente étude portant sur le
clientélisme politique permet de circonscrire la population
ciblée selon les critères que voici :
1. sont concernées par cette étude tous les
acteurs du PAC ;
2. toute personne ayant connaissance du
phénomène d'une quelconque façon.
Ainsi, les responsables des organisations de la
société civile qui luttent contre les phénomènes
affiliés tels la corruption, l'impunité, la mauvaise gouvernance,
etc.
II - 4 - 1. Le groupe cible
Le groupe ciblé ici est celui avec lequel se
déroulera l'essentiel des entretiens à savoir : les
fonctionnaires du Port Autonome de Cotonou (employés, cadres,
syndicalistes), les acteurs portuaires, responsables des organisations de la
société civile qui luttent contre les phénomènes
affiliés (notamment des acteurs dont le rôle est apparu important
lors de l'analyse de presse). Tous ces groupes sociaux ou ces catégories
d'individus sont ciblés parce qu'ils répondent aux
critères ci-dessus cités. Cela n'empêche pas la
consultation d'expert de la question tels que les
universitaires (professeurs et assistants de recherche).
II-4-2-L'échantillonnage
Compte tenu de la sensibilité du sujet et du
caractère qualitatif de la recherche, la constitution de
l'échantillon s'est fait à partir d'une combinaison de deux
techniques, à savoir : l'échantillonnage boule de neige et
l'échantillonnage raisonné. Le choix de ces techniques ne s'est
pas fait par hasard. L'échantillonnage boule de neige permet de partir
d'au moins un individu de la population cible identifié pour constituer
l'échantillon. Alors grâce à cet individu, le chercheur
procède par une identification de proche en proche jusqu'à
obtenir la taille de son échantillon. L'avantage ici, c'est qu'à
la fin de chaque entretien, l'enquêté indique au chercheur une ou
d'autres personnes ressources qu'il connaît qui pourront renseigner le
chercheur. L'échantillonnage raisonné dans le cas
d'espèce, permet quant à lui, au chercheur, de choisir en toute
conscience parmi les personnes ressources à lui indiquer par
l'enquêté. Il est donc évident que l'échantillon de
la présente recherche n'a pu se constituer qu'au fur et à mesure
de l'enquête. C'est pour dire que la taille dudit échantillon n'a
pu être définie à l'avance. La taille de
l'échantillon a été définie lorsque le seuil de
saturation fut atteint. Le seuil de saturation, c'est le niveau ou le moment
où les enquêtés ne fournissent plus aucune nouvelle
information. Ainsi, la taille de l'échantillon ici est de 43
enquêtés.
II-5-Les techniques, les outils de collecte et d'analyse
des données
La persistance des pratiques clientélaires ne signifie
pas pour autant qu'elles sont légitimes, ce qui pose des
problèmes méthodologiques. Alors trois techniques de collecte ont
été privilégiées: l'analyse documentaire,
l'observation participante et enfin l'entretien. L'analyse documentaire parce
que le sujet a déjà été abordé par d'autres
chercheurs. C'est fort de cela que certains centres de documentation ont
été parcourus et certains ouvrages consultés (cf. tableau
récapitulatif ci-dessous). En fait, l'analyse documentaire reste en
amont et en aval du présent travail. Elle s'est effectuée avec
pour outil les fiches de lecture. L'observation participante n'a
été possible qu'avec l'obtention du stage. Elle a
été la plus sollicitée durant le stage au PAC. L'outil qui
a été exploité est la grille d'observation. Quant
à l'entretien, il a beaucoup plus été sollicité
à la fin du stage. Dans le souci d'obtenir de plus amples informations
et avoir assez de possibilités d'ouverture, l'entretien s'est
avéré indispensable. Il s'est surtout caractérisé
par alternance entre l'entretien libre et l'entretien semi-directif. Ayant
opté pour l'entretien, l'usage du guide d'entretien comme outil s'est
imposé.
Par ailleurs, le dépouillement des données
recueillies s'est effectué de façon manuelle. Cela n'a pas
empêché qu'un traitement informatisé (avec les logiciels
tels Word) des données recueillies soit fait.
L'approche politique du clientélisme ainsi choisi sera
structuro-fonctionnelle plutôt que simplement structurelle ou uniquement
fonctionnelle. Dans cette perspective, les organisations (ici le PAC) où
se manifeste le clientélisme sont conçues comme des
réalisations particulières de structures définies par
certaines lois qui imposent des limites à ces réalisations. Ces
lois remplissent des fonctions bien déterminées dans le
fonctionnement de ces structures.
Tableau II : Sources documentaires
|
Centre de documentation
|
Nature des documents
|
1
|
Centre de documentation de la FLASH
|
Mémoires
|
2
|
Bibliothèque centrale du campus
|
Ouvrages Généraux
|
3
|
Centre de documentation de l'INFOSEC
|
Rapports de Colloques et de séminaires et ouvrages
généraux
|
4
|
Centre de documentation de la fraternité Ste
Dominique
|
Ouvrages généraux
|
5
|
Bibliothèque nationale à Porto - Novo
|
Ouvrages Généraux et rapports de Colloques et
de séminaires
|
6
|
LASDEL
|
Thèses, revues, ouvrages généraux et
spécifiques
|
7
|
Centre de documentation du PAC
|
Revues officielles du Port, articles d presse
|
8
|
Archives Nationales
|
Articles officiels
|
Source : Mathieu SAHGUI
II-6- Chronogramme ou chrono - tâche
Pour réussir ce travail, la confection d'un
chronogramme s'avère indispensable. Ainsi, se trouve récapituler
dans le tableau ci-dessous le chronogramme de la présente étude.
Il faut noter que l'enquête de terrain n'est nullement synonyme de
l'arrêt de la recherche documentaire. Autrement dit, la recherche
documentaire s'est poursuivie jusqu'à la soutenance du
mémoire.
Tableau III : Chronogramme de travail
Période
Activités
|
Déc. 07
|
Janvier
-
Avril
|
Mai
-
Juillet
|
Août
-
Septembre
|
Octobre
-
Novembre
|
Déc.
08
|
Janvier
09
|
Février
09
|
Mars -Octobre
2009
|
Formulation et dépôt du sujet
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Recherche documentaire
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Enquête exploratoire
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Reformulation du sujet
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Rédaction du protocole de recherche
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Dépôt et soutenance du protocole de recherche
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Pré enquête
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Enquête de terrain
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Dépouillement et traitement des données
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Rédaction du mémoire
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Dépôt du document au maître de
mémoire pour correction
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Correction du document de mémoire
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Dépôt du document
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Soutenance
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Source : Mathieu SAHGUI
Limites du travail :
La rédaction du mémoire ne s'est pas faite sans
difficultés. Parmi les nombreuses difficultés rencontrées,
il est à souligner des difficultés théoriques et des
difficultés pratiques.
Les difficultés théoriques rencontrées
concernent la phase préparatoire : de la construction du sujet
à la rédaction du rapport de . La formulation d'un sujet assez
précis, concis et pertinent fut une rude épreuve. La
« gloutonnerie livresque » (Quivy et Van Campenhoud, 1988)
n'a pu être évitée avant la soutenance du rapport de , la
consultation de nombreux ouvrages généraux et
l'inaccessibilité des ouvrages spécifiques. A ces faits
considérés comme des difficultés s'ajoute la
reformulation des hypothèses suite à la restriction du sujet.
Le sujet ayant rapport à l'administration publique, il
a été difficile de trouver un stage. La recherche d'un service
public ou une société d'Etat dans lequel effectuer un stage
académique n'a pas été chose aisée. Des jours et
des mois se sont écoulés avant que le Port Autonome de Cotonou,
la toute dernière société à laquelle la demande a
été adressée, a donné son avis favorable. Lors du
stage, les difficultés ont été multiples et multiformes.
L'une des premières difficultés a été la
capacité à concilier et la recherche et le stage. Mais l'une des
stratégies pour palier à cette difficulté a
été de passer à l'observation des faits sans que les
acteurs concernés ne sachent de quoi il est question. Ainsi, ils
n'offriront donc pas à l'observation des comportements tout à
fait préparés d'avance. C'est pour cela que les entretiens
proprement dits ont eu lieu dans chaque service parcouru après le
stage.
A ces difficultés se sont ajoutées celle
liées à l'accès à certains services
stratégiques (services gestion du domaine portuaire, service
recouvrement et service passation des marchés publics). Ces services
ci-dessus cités ne sont pas dans les deux directions retenues pour le
stage.
Malgré ces difficultés, le stage s'est bien
déroulé jusqu'à la fin des trois mois officiellement
retenus. Mais, suite aux relations créées au cours du stage,
l'enquête s'est poursuivie par cette fois-ci des entretiens en
profondeur.
Chapitre III :
Structure organisationnelle et fonctionnement du
PAC
III-1. Structure organisationnelle du PAC
Le Conseil d'Administration, le CoDir et la Direction
Générale sont les principaux organes dirigeants du Port Autonome
de Cotonou. Leurs attributions se présentent comme suit :
1- Le Conseil d'Administration (CA)
Le Conseil d'Administration est composé de neufs (09)
membres et se réunit deux fois par an en sessions ordinaires :
- en décembre pour approuver le budget qui est ensuite
présenté en Conseil des Ministres ;
- en avril pour approbation du bilan de fin d'exercice.
Notons que le Conseil d'Administration se réunit aussi
en sessions extraordinaires.
Les membres composant le Conseil d'Administration du PAC
sont :
· un représentant du Ministre
Délégué auprès du Président de la
République en Charge de L'Economie Maritime, des Transports maritimes
;
· un représentant du personnel du PAC ;
· un représentant de la République du
Niger ;
· un représentant de la République du
Mali
· un représentant de la République du
Burkina ;
· un représentant du Ministre d'Etat,
Chargé de la Prospective, du Développement et de l'Evaluation de
l'Action Publique
· un représentant du Ministère des
Finances et de l'Economie;
· un représentant du Ministère
chargé du travail ;
· un représentant du Ministère
chargé du commerce.
Six des neuf membres que constitue le Conseil d'Administration
du Port Autonome de Cotonou, soit 66.67%, proviennent des arcanes du pouvoir
central. De ce fait la volonté ou plutôt les désirs du
gouvernement sont accomplis. Car même s'il faut passer au vote une
décision qui désapprouve la gestion du Directeur
Général, tant que ce dernier aura le soutien du gouvernement, il
sera toujours gagnant. En fait, le jour où le Directeur
Général perd le soutien du gouvernement surtout de son chef, il
perd systématiquement son poste quelques soient ses performances.
2- Le Comité de Direction
(CoDir)
Le CoDir est composé comme suit :
- le Directeur Général
- le Directeur Général Adjoint
- le Secrétaire général
- les Directeurs Techniques
- les Conseillers techniques et les Chargés de
Missions
- deux représentants des travailleurs.
Le CoDir participe à la prise de décision de
l'entreprise. Il se réunit en session ordinaire une fois par semaine
(les mercredis) et en session extraordinaire sur convocation du Directeur
général. Il pourra faire appel à toute personne ressource
en cas de besoin.
3-La Direction Générale et ses
structures rattachées
L'organigramme du Port Autonome de Cotonou comprend les
structures rattachées au Directeur Général et cinq (05)
directions techniques.
3.1-Structures rattachées au Directeur
Général :
ü La Direction Générale Adjointe
(DGA) ;
ü Le Secrétariat Général
(SG) ;
ü Le Secrétariat Particulier du Directeur
Général (SP/DG)
ü Le secrétariat Administratif Central (SAC)
ü L'Inspection Générale (IG) ;
ü Les Chargés de Missions (CM)
ü Le Conseiller Technique à la
Sécurité et à la Sûreté (CTSS)
ü Le Conseiller Technique aux Marchés Publics et
aux Travaux (CTMPT) ;
ü Le Conseiller Technique Portuaire (CTP)
ü La Cellule de Passation des Marchés Publics
(CPMP)
ü Les Départements et Services que sont :
· Le Département de la Stratégie et de la
Qualité ;
· Le Département des Affaires Juridiques et du
Domaine (DAJD);
· Le Département de l'Audit et du Contrôle
de Gestion (DACG)
· Le Département de la Communication et de la
Coopération (DCC) ;
· Le Département de la Gestion de l'Environnement
(DGE) ;
· Le Service des Relations Publiques et du Protocole
(SRPP)
· Le Service Approvisionnement (SA).
Directions techniques
ü La Direction des Ressources humaines (DRH) ;
ü La Direction Financière et Comptable
(DFC) ;
ü La Direction Commerciale et du Marketing (DCM)
ü La Direction de la Maintenance et du
développement des Infrastructures Portuaires (DMI) ;
ü La Direction de l'Exploitation et de la
Sécurité-(DES).
3.2-Attribution des directions techniques
La Direction des Ressources Humaines
La direction des ressources humaines a pour missions
de :
ü Gérer les ressources humaines de
l'entreprise ;
ü Concevoir et d'assurer le suivi et l'exécution
du plan de recrutement selon la réglementation en vigueur ;
ü Planifier la gestion prévisionnelle des emplois
et des compétences ;
ü Assister les travailleurs pour le bon
rendement ;
ü Organiser les recrutements et l'accueil des
agents ;
ü Gérer et orienter les demandes de stage dans
l'entreprise ;
ü Gérer la carrière du personnel du Port
Autonome de Cotonou conformément aux textes en vigueur ;
ü Organiser les départs à la retraite du
personnel ;
ü Elaborer et d'appliquer les plans de formation et de
recyclage du personnel en liaison avec les structures de l'entreprise ;
ü Procéder à la description des
postes ;
ü Elaborer et de mettre en oeuvre la politique sociale du
Port Autonome de Cotonou ;
ü Mener des réflexions assorties des propositions
concrètes sur la motivation du personnel de l'entreprise ;
ü Gérer la salle de soins et le comité
d'hygiène et de sécurité du PAC ;
ü Assurer les relations avec les organismes
chargés des questions de l'emploi et de la sécurité
sociale ;
ü Suivre la mise ne oeuvre de la GPEC au Port Autonome de
Cotonou ;
La Direction des Ressources Humaines comprend trois (03)
services à savoir :
· Service du Personnel et de la Solde
(SPS) :
Il est chargé de :
ü Exécuter toutes les tâches administratives
relatives à la gestion du personnel ;
ü Mettre à jour le dossier du personnel ;
ü Programmer les congés et de préparer les
décisions de congés et les dossiers de retraite ;
ü Déclarer les accidents de travail ;
ü Elaborer les états de paie des agents (salaires
et accessoires de salaires) ;
ü Mettre à jour les déclarations et
cotisations sociales ;
ü Prélever les retenues (cessions volontaires et
autres) ;
ü Etablir les états réguliers des
créances du Port Autonome de Cotonou envers ses agents ;
ü Etablir les divers autres états de
paie ;
ü Organiser les tests de recrutement et les concours
professionnels ;
ü Participer à l'élaboration des textes
administratifs de l'entreprise ;
ü Mettre à jour le fichier du personnel et assurer
les prélèvements réguliers dans le cadre des contrats
signés avec les tiers ;
· Service de l'emploi et de la Formation
(SEF) ;
Il est chargé de :
ü Gérer les emplois, la carrière du
personnel et le développement des compétences des ressources
humaines ;
ü Suivre la carrière du personnel du Port Autonome
de Cotonou dans le temps et à travers les structures et projeter son
évolution au sein de l'entreprise ;
ü Procéder au recensement et veiller à
l'adéquation des effectifs avec les besoins des structures en ressources
humaines ;
ü Suivre les performances du personnel ;
ü Assurer la planification au personnel suivant les
besoins du Port Autonome de Cotonou ;
ü Elaborer et mettre en oeuvre le mécanisme de
contrôle des performances ;
ü Elaborer les plans de formation et suivre leur
exécution ;
ü Rechercher les partenariats en matière de
formation et gérer les relations avec les différents centres de
formation nationaux et étrangers ;
ü Chercher les possibilités de financement des
actions de formation par d'autres structures étrangères ;
ü Organiser les stages de recyclage et les
séminaires ;
ü Assurer l'accueil, l'orientation et suivi des
stagiaires en formation au PAC.
· Service des Affaires Sociales et de la
Prévoyance (SASP)
Il est chargé de :
ü Suivre et gérer les dossiers sanitaires du
personnel et de sa famille ;
ü Gérer l'infirmerie et le Comité
d'Hygiène et de Sécurité au Travail du PAC ;
ü Coordonner les activités de sensibilisation et
de lutte contre le VIH/SIDA au Port de Cotonou en collaboration avec le
Département de l'Environnement ;
ü Recenser et d'analyser les irrégularités
administratives sociales en vue des propositions pertinentes à faire
à la Direction Générale ;
ü Ecouter et de suivre chaque agent dans ses
problèmes sociaux en liaison avec ses performances au travail et en
dresser un rapport circonstancié appuyer de propositions ;
ü Analyser le cadre de travail offert par l'entreprise et
proposer au besoin, les améliorations conséquences ;
ü Assurer le secrétariat du Comité
d'Hygiène et de Sécurité au Travail (CSHT) ;
ü Elaborer, de suivre et d'évaluer les
activités du CSHT ;
ü Gérer les aides à caractère social
octroyées aux agents du Port Autonome de Cotonou et aux personnes
extérieures ;
ü Mettre en oeuvre la législation sociale en
vigueur ;
ü Suivre la mise en oeuvre des dispositions du Code de
travail en matière Sociale ;
ü Participer et suivre toutes les activités
relatives à la prévoyance retraite au Port Autonome de
Cotonou ;
ü Faire des propositions concrètes pour la
motivation du personnel.
Ainsi décrite, la Direction des Ressources Humaines est
la direction la plus sensible en matière clientélaire, du moment
où tout dépend des hommes. Non seulement c'est à ce niveau
que se font les recrutements du personnel mais c'est aussi là que se
fait la gestion du personnel. Si un acteur de chaîne portuaire doit aller
en stage de formation, c'est à ce niveau que sont prises les
décisions. En fait, c'est elle qui à travers ses services
compétents négocie les stages de formation. Les sanctions, les
promotions, les redéploiements du personnel c'est encore elle. Elle
constitue un des maillons forts du système clientéliste.
La Direction Commerciale et du Marketing
(DCM) :
La Direction Commerciale et du Marketing a pour missions
de :
ü Définir et de mettre en oeuvre la politique de
promotion commerciale et de marketing du Port Autonome de Cotonou en relation
avec le Directeur Général du PAC ;
ü Participer à la promotion commerciale du Port de
Cotonou ;
ü Fournir les éléments de bases de la
politique tarifaire au Directeur Général pour
appréciation ;
ü Exécuter toutes les opérations de
facturation et veiller au bon fonctionnement du guichet unique ;
ü Participer à toutes les rencontres à
caractères promotionnel (expositions, foires, salons, etc.) ;
ü Assurer le contrôle des opérations
commerciales ;
ü Assurer l'accueil de la clientèle et la veille
commerciale ;
ü Elaborer les statistiques et réaliser les
études économiques et d'exploitation ;
ü Veiller aux performances du Port et à leur
amélioration ;
ü Attribuer des agréments aux opérations
portuaires en relation avec le Directeur Général.
La Direction Commerciale et du Marketing comprend les services
suivants :
· Service des Statistiques, des Etudes et de la
Performance (SSEP)
Ce service est chargé de :
ü Collecter les données de bases et
d'élaborer à bonne date, les statistiques descriptives et
opérationnelles ;
ü Traiter et d'analyser les statistiques descriptives et
opérationnelles pour les orientations commerciales et nécessaires
à donner ;
ü Elaborer les prévisions du trafic à moyen
et à long terme ;
ü Réaliser les études économiques et
d'exploitation ;
ü Réaliser les études économiques et
financières des projets ;
ü Participer aux études tarifaires ;
ü Participer à la planification stratégique
et aux études à caractère général ;
ü Participer à l'élaboration des rapports
périodiques et annuels des activités du PAC.
· Service Marketing
Le service marketing est chargé de :
ü Mettre en oeuvre les actions de marketing en vue de
promouvoir le port de Cotonou ;
ü Mettre en place un système d'écoute de la
clientèle tant nationale qu'internationale (consignataires, armateurs,
transitaires, autres opérateurs portuaires, opérateurs
économiques) ;
ü Collaborer avec toutes les structures ayant pour
objectifs de défendre les intérêts du port de
Cotonou ;
ü Participer aux manifestations à caractère
promotionnel (foires, expositions, salons, etc.)
ü Proposer les formes de publication nécessaires
à la promotion du port de Cotonou, à l'information et à la
sensibilisation des usagers de la chaîne portuaire ;
ü Assurer une veille commerciale dynamique
ü Concevoir et mettre en oeuvre une politique efficace de
marketing et de promotion du Port autonome de Cotonou ;
ü Recueillir et orienter les plaintes des usagers du port
aux fins d'amélioration des prestations en collaboration avec le
département Stratégie et Qualité ;
ü Disposer des étrennes et des cadeaux
d'entreprise pour la clientèle ;
· Service Facturation
Il est chargé de :
ü Procéder à la facturation des
prestations ;
ü Analyser l'évolution des produits liés
aux prestations ;
ü Exercer un contrôle à priori sur toutes
les factures émises pour le compte du Port Autonome de Cotonou ;
ü S'occuper du règlement de touts les
problèmes liés aux factures émises ;
ü Participer à l'élaboration et à la
mise en oeuvre de la politique tarifaire ;
ü Elaborer les projets des agréments aux
opérateurs portuaires sur la base des cahiers des charges et soumettre
à l'approbation du Directeur Général ;
ü Suivre le fonctionnement quotidien du Guichet Unique et
s'assurer de la satisfaction de tous les opérateurs ou usagers qui s'y
trouvent ou qui s'y rendent.
· Service du Contrôle des Opérations
Commerciales (SCOC)
Il est chargé de :
ü Contrôler les mouvements de marchandises dans
l'enceinte portuaire (magasin, terre-pleins, hangars) ainsi qu'à
l'entrée et à la sortie du Port de Cotonou ;
ü Procéder à la vérification de la
conformité des factures émises et des quittances de caisse du
PAC ;
ü Exercer un contrôle de régularité
des documents d'enlèvement ou d'embarquement des marchandises ;
ü Suivre les activités commerciales dans
l'enceinte portuaire des intervenants portuaires et rendre compte des anomalies
constatées ;
ü Suivre les opérations de transfert et de
destruction des marchandises avariées ;
ü Assurer l'exploitation commerciale des
ponts-bascules.
· Service Apurement des Manifestes
(SAM)
Il est chargé de :
ü Faire le point exhaustif des marchandises
embarquées ou débarquées au Port de Cotonou, à
partir des documents requis (manifestes d'entrée et de sortie des
navires ou tous autres documents requis) ;
ü Faire le point périodique (mensuel, trimestriel
et annuel) des marchandises enlevées ou embarquées au Port de
Cotonou et qui ont fait l'objet de facturation et de paiement des redevances du
PAC, à partir des informations et documents fournis par le Service
Facturation et de la Direction Financière et Comptable du PAC ;
ü Elaborer l'état différentiel
périodique (mensuel, trimestriel et annuel) des marchandises
embarquées ou débarquées au Port de Cotonou et non encore
enlevées de l'enceinte portuaire ;
ü Faire des investigations sur le terrain, en
collaboration avec le Service de Contrôle des Opérations
Commerciales et établir l'état des marchandises embarquées
au Port ou enlevées du Port, qui n'ont pas fait l'objet de facturation
et de paiement des redevances du PAC ;
ü Transmettre au Service facturation l'état des
marchandises irrégulièrement embarquées ou enlevées
du port pour l'émission des factures correspondantes et l'application
des pénalités.
La DCM est aussi un maillon non négligeable du
système en ce sens qu'elle permet non seulement d'entretenir le
clientélisme à l'interne mais aussi elle le conforte à
l'externe.
La structure organisationnelle du PAC est faite de sorte que
le pouvoir central ne rencontre aucune difficulté pour réaliser
ses objectifs : politiques, administratifs ou partisans...
Au Conseil d'Administration sont présents les
représentants des ministères dont les actions ne pourront aller
à l'encontre de la volonté du gouvernement. Le CoDir,
réunit le DG et ses proches collaborateurs qu'il a nommés. Du CA
au CoDir, la voie est libre pour le pouvoir central.
Du CoDir aux différents services, le DG a le monopole
du pouvoir. Il suffit qu'il fasse la politique du gouvernement et tout lui est
permis.
Les attributions des différentes directions techniques
permettent au DG d'avoir le monopole du pouvoir. C'est ce qui renforce son
pouvoir discrétionnaire.
Si chaque direction technique est un pôle du
clientélisme politique, il reste que le DG apparaît comme le
garant de son effectivité. Les attributions des structures sont telles
que le DG n'est qu'un intermédiaire nommé par le pouvoir central.
L'entreprise telle que structurée ne peut que favoriser le
clientélisme politique.
III-2. Fonctionnement du PAC
1- Missions du PAC
Placé sous la tutelle du Ministère
Délégué, Chargé de l'Economie Maritime d'une part
et assujetti au contrôle technique et financier du Ministère de
l'Economie et des Finances d'autre part, le PAC a pour missions:
ü l'exploitation, la gestion et l'entretien des
installations portuaires;
ü l'élaboration des règlements et leur mise
en application;
ü la réalisation des travaux d'extension et de
modernisation des infrastructures et équipements en vue de faire face
à l'augmentation du trafic et à la sécurité
portuaire;
ü l'amélioration de la productivité du Port
de Cotonou;
ü la mise en oeuvre de toutes les actions pouvant
traduire dans les faits la politique maritime et portuaire béninoise
dont les grandes lignes sont définies par le gouvernement du
Bénin.
2- Activités du PAC
Le PAC est une société prestataire de
services.
Ses principales activités se résument en:
ü la gestion du domaine portuaire: quais, terre-pleins,
hangars, magasins et points de vente aménagés ;
ü le pilotage, le remorquage, l'amarrage, la veille de
sécurité, le séjour à quai en rade, l'assistance de
vide cave et déhalage, le ravitaillement en eau assuré par les
services liés aux navires (ES);
ü la fourniture d'électricité et d'eau aux
entreprises et agents économiques travaillant dans l'espace
portuaire;
ü le passage et le gardiennage des marchandises
assurés par les services se rapportant à la marchandise;
ü la location du domaine portuaire (TP): terrains,
magasins cales, points de vente aménagés, hangars, magasins
ordinaires;
ü la planification portuaire: collecte de données
technologiques, économiques et financières.
Pour accomplir ces activités, le PAC dispose d'un
effectif assez impressionnant pour l'exécution des différentes
tâches mêmes les plus élémentaires.
Cependant, en raison du poids de la masse salariale sur
l'équilibre financier, un plan de restructuration a été
mis en oeuvre en 1991 et a entraîné une réduction de
l'effectif du personnel qui comprend à ce jour 438 agents
répartis comme suit :
v Cadres Supérieurs ------------------------ 86
v Cadres Moyens ------------------------ 53
v Agents de Maîtrise ------------------------ 195
v Agents d'exécution ------------------------ 104
Le PAC travaille également en collaboration avec les
diverses structures qui sont les sociétés de transit, de
consignation, de manutention, de contrôle et d'autres administrations
publiques et privées.
La mise en application effective de ces activités n'est
rendue possible que grâce à une solide organisation
administrative.
Chapitre VI :
Les pratiques clientélaires et dynamiques des
rapports sociaux entre acteurs du PAC
IV-1.Les cadres d'expression des pratiques
clientélaires.
1..1-Les missions de travail : Stages de
formations
Les missions dans les services de l'administration du PAC sont
des sujets très poignants parce qu'elles sont
"typologisées". Il y a des missions effectuées à
l'extérieur du pays et des missions à l'intérieur. Etant
donné que les frais de mission dépendent du coût de vie
dans les zones d'accueil, les missions à l'extérieur sont
classées par zone. Quatre zones sont retenues dans la classification des
missions à savoir : zone Afrique, zone Europe, zone Asie et enfin
zone Amérique. Les missions en Afrique sont les plus recherchées
parce qu'elles permettent d'obtenir un gain supplémentaire en termes de
perdiems assez important par rapport aux autres. Les missions à
l'extérieur sont jugées "juteuses". Comme le dit Marc A.
(agent du PAC), un des enquêtés : « qui ne
voudrait pas prendre l'avion, aller tout au moins en Europe, et surtout gagner
beaucoup d'argent, des primes, bref des frais de mission. En fait, plus on va
loin, plus la cagnotte est grande. ». Il n'en demeure pas moins
que le coût de la vie sur les autres continents est trop
élevé. Les missions sont classées selon qu'elles
rapportent aux individus des bénéfices pécuniaires
(c'est-à-dire des perdiems). Les missions constituent des canaux de
redistribution par lesquels les fonds circulent abondamment. Car les frais de
mission d'une semaine en Afrique peuvent faire quatre fois le salaire d'un
cadre. Si en une semaine de mission un cadre peut gagner quatre fois son
salaire, il a de quoi développer des pratiques corruptives telles que la
marchandisation des missions qui est une des pratiques en vogue dans ce
milieu. La perception qu'ont les acteurs des missions justifie leurs attitudes
qui laissent percevoir une véritable lutte de classe
d'intérêt5(*). C'est cette perception qui enrichie les
différentes logiques qui sous-tendent les discours des uns et des
autres. Effectuer une mission juteuse c'est avoir la chance de « se
réaliser ». C'est en cela que Roger K. (agent du PAC)
souligne: « plus tu vas en missions plus tu as la
possibilité de "réaliser" ». En fait, c'est un
discours récurrent. La quête de missions juteuses entraîne
une "terrible guerre d'intérêt"6(*) qui se mène dans les
couloirs, les coulisses. Un des atouts pour obtenir une mission, c'est
appartenir à la même formation politique que le chef,
étant donné que nul ne voudra « donner des armes
à son ennemi » pour qu'il l'utilise contre soi. Offrir une
mission « juteuse » à un rival politique, c'est lui
donner l'argent et donc les moyens de renforcer son assise politique. Et pour
éviter cela, les missions juteuses sont octroyées aux partisans
du pouvoir en place. Tout laisse paraître une ligne de démarcation
floue entre les critères d'octroi de missions. L'appartenance politique
étant un des atouts, il n'en demeure pas moins qu'il n'est pas le seul
critère. Les affinités régionales, religieuses, parentale,
amicale, etc. sont autant de critères qui prédominent. Mais en
plus, il y a des négociations qui se font. Il importe tout de même
de signaler que ces négociations ne concernent que ceux qui ne sont pas
dans l'opposition. Des agents négocient même ce qu'ils doivent
rapporter à qui leur a donné la mission. L'octroi des missions
aux agents n'est basé sur aucun critère objectivement
vérifiable. Les agents du Port Autonome de Cotonou mènent une
"terrible guerre sous-marine"6(*) pour obtenir des missions à
l'étranger surtout. A en croire certains enquêtés,
« il y a des missions fantaisistes et des missions de travail.
Mais toujours est-il que ce ne sont pas les agents appropriés qui sont
envoyés. On envoie souvent des gens qui ne pratiquent
pas » (Albertily G., agent du PAC). Certaines missions sont
justes des missions pour remercier les agents pour leur soutien à la
"cause commune"7(*). Tout en signalant la complaisance dans l'envoie des
agents en mission les enquêtés trouvent que le processus de
désignation des agents devant aller en mission ne respecte aucun
critère de choix objectif, suscitant ainsi jalousies et frustrations au
niveau des collègues de service. Au fond, c'est toujours les mêmes
qui vont en mission. Ainsi, du simple fait de la désignation des agents
qui doivent aller en mission, l'autorité met à mal la
productivité du Port à cause de la redéfinition des
rapports de travail que cela crée.
Tableau IV: Classification des zones d'accueil en
fonction du coût de vie et des perdiems
Zone
|
Afrique
|
Europe
|
Asie
|
Amérique
|
Coût de vie
|
Moins élevé
|
Elevé
|
Assez élevé
|
Trop élevé
|
Hausse des reliquats du perdiem
|
Très Bien
|
Bien
|
Assez Bien
|
passable
|
Source : Données de
l'enquête
1.2-Les séminaires de formation
Il n'y a pas toujours une grande différence quant aux
processus de choix des agents à envoyer en mission. Mais une petite
nuance s'avère indispensable. Il faut souligner qu'au niveau des
séminaires, la fréquence n'est pas très forte. A la
différence des missions, il arrive même qu'on envoie des agents
par le fait du hasard, en ce sens que, lorsque l'agent sollicité n'est
pas présent, le chef envoie seulement celui qui est présent. Ce
cas ne se présente que pour des séminaires « non
rentables »8(*). Mais, il y a à noter que certains
séminaires sont des « séminaires de
trop »9(*).
Ceci s'explique par les témoignages des enquêtés. Mais l'un
des enquêtés, cadre de l'Administration du PAC ira plus loin en
disant :
« Moi, je ne veux pas aller à ce
séminaire, j'en ai tellement suivi, j'ai à mon compte trois
séminaires sur le même thème, j'en ai suivi à
l'extérieur, on vous envoie suivre les séminaires pour le plaisir
de le faire, parce que la suite, je ne la connais pas, à peine un compte
rendu et pratiquement cela ne vous sert jamais. Que les gens cessent de jeter
de l'argent par la fenêtre. S'ils veulent donner l'argent à leurs
amis, qu'ils le fassent sans nous gêner nous autres... ».
(Jocelyne L., Agent du PAC)
Ces propos ont été recueillis dans la
période où un cabinet privé organisait un séminaire
de formation sur le marketing. Il a été demandé au PAC
d'envoyer assez de participants. Mais le constat est que nombre de services ne
se s'était pas sentis concerner par ledit séminaire, mais comme
la correspondance venait du sommet de l'Etat, l'autorité portuaire
l'avait transmise à la direction concernée. Cette dernière
a saisi tous les services relevant de sa compétence. Alors, des agents
ont été envoyés suivre la formation. La question qu'il
importe de se poser est la suivante : pourquoi les agents se sont sentis
contraints de suivre ce séminaire ? Est-ce parce qu'il n'y aura pas
de perdiems ? Ou bien, est-ce que le PAC n'avait réellement plus
besoin d'une telle formation ? En tout état de cause, la question
de la gestion des cadres redéployés dans les différents
services se pose. L'opportunité des formations et le profil des agents
désignés pour suivre ses formations sont interrogés
puisque certains cadres du PAC disent avoir suivi cette même formation
plus de deux fois. IL se pose la question de la redistribution des sessions de
formations. Certains affirment que ce sont les « vieux »
qui sont souvent envoyés. Si Jocelyne n'est plus qu'à quelques
mois de la retraite et que c'est elle qui est choisie pour suivre cette
formation, il se pose le problème de la gestion efficiente des
ressources humaines
1.3-Les commissions de travail : Du pareil au
même
Les commissions n'ont pas une grande différence.
Toujours est-il que le critère de choix ici est un peu plus pratique.
Certaines fois, ce sont les chefs services qui y sont associés.
Même si à ce niveau, il y a à dire, c'est
intéressant que des chefs services soient associés mais la
nuance, c'est que ce n'est pas forcément les services concernés.
Ce qui pousse tout observateur attentif à dire que c'est du pareil au
même. Même si l'on considère que les chefs services sont
associés, puisque dans la commission :
« On doit faire un travail donné,
il est nécessaire d'associer ceux qui sont chargés de faire le
boulot. L'exemple de la "SIGUCE" est là, on n'a pas associé ceux
qui font le travail, on n'a pas associé les agents même. C'est les
chefs qu'on a regroupés pour faire « ces choses
là !10(*)». Les agents ne sont pas souvent
associés, ce qui fait qu'on met en place le système et on
constate que ça ne fonctionne pas. Au niveau du PAC, les commissions en
grande partie c'est çà même.»(Gilles L., agents
du PAC).
Il importe donc de se questionner, de rechercher les
conséquences de telles attitudes, que cela concerne les missions, les
séminaires ou les commissions. Ce qui importe en dehors des logiques qui
peuvent sous-tendre cette façon de faire les choses, ce sont les
conséquences qu'elles engendrent. Ces conséquences sont multiples
et multiformes. Mais avant toute chose, il faut noter que le
phénomène est décrié selon la position de l'agent
du PAC. C'est dire que lorsque l'agent ne bénéficie pas de ces
faveurs, il se plaint mais lorsqu'il en jouit, c'est que le système est
le plus parfait qui soit. Toujours est-il que tout le monde ne peut jouir des
retombés d'un système, il y a toujours d'une façon ou
d'une autre des laisser-pour- comptes, et même des marginalisés.
Mais la situation actuelle11(*) suscite d'énormes interrogations quant
à l'avenir du Port Autonome de Cotonou en particulier et du Bénin
en général.
2. Les nominations à des postes de
responsabilité :
2.1-Le directeur Général du Port
Autonome de Cotonou
Le Directeur Général du PAC est nommé en
conseil des ministres comme la plupart des directeurs généraux
des services ou sociétés d'Etat. Le PAC étant une
société d'Etat, avec son statut particulier de poumon de
l'économie nationale, il importe qu'une "personne de confiance"
soit à sa tête. C'est en fait, ce qui justifie, les
différentes nominations à la tête du PAC. La
particularité de ce régime-ci, c'est son record dans
l'instabilité des directeurs généraux du PAC. En deux (02)
ans, soit de deux mille six (2006) à deux mille huit (2008), trois (03)
directeurs généraux se sont succédé à la
tête de cette structure. Tous les trois directeurs généraux
ont des profils différents. Mais il importe de noter que le passage d'un
directeur à un autre, d'un profil à un autre n'a pas permis
à chacun de bien "amarrer son navire"12(*). Le premier directeur du PAC,
a passé environ quinze (15) mois à la tête de la structure,
le second en a fait sept (07) et le troisième est en fonction,
après avoir été intérimaire pendant quelque mois.
Le processus de nomination des directeurs généraux du PAC est
surtout basé sur des affinités allant de l'appartenance
politique, familiale, régionale, ethnique... à l'appartenance
religieuse du cadre à promouvoir. Ce constat n'est pas spécifique
au PAC c'est ce qu'a laissé entendre un des enquêtés
lorsqu'il dit :
« De façon générale, dans
le pays c'est ce qu'on constate, c'est quand l'on n'a pas dans son camp qu'on
va chercher ailleurs. On ne laisse pas ses amis [...] Lorsqu'une personne
est nommée dans ces conditions, elle peut aussi être
« sautée » dans les mêmes conditions et
d'ailleurs, elle doit s'attendre à ça. Un matin, vous êtes
nommé ; un matin vous êtes
« sauté » sans justification. Vous ne saurez vous
plaindre, puisse que lorsque vous aviez été nommé, vous
n'aviez pas protesté. Alors, vous ne pourriez pas protester une fois
sauté. [...] Si vous ne faites plus plaisir au Chef, il vous
« saute ». Grâce au pouvoir discrétionnaire
dont il dispose, il fait de vous ce qu'il veut et quand il le veut ».
(Rénald H., agent du PAC)
Cela implique qu'une fois nommé, le DG du Port Autonome
de Cotonou doit dans un premier temps faire la politique du Gouvernement et
surtout de son chef. Faire la politique du chef revient à mettre tout en
oeuvre pour augmenter l'audience politique du chef. Ceci a justifié la
candidature de l'ex-directeur Général du PAC aux élections
municipales de 2008 sur la liste de la coalition de forces politiques qui
soutiennent les actions du Président de la République. Mais
après son échec auxdites élections, il fut tout simplement
« sauté ». La veille de son limogeage, ledit
ex-DG/PAC, laissa entendre en fon, sur une chaîne de
télévision de la place: « é
zé gbo nù mè bo hin kan ù»
ce qui donne en traduction littérale: «on vous confie un mouton
et on tient la corde qui permet de le traîner». Ceci
témoigne de ce que le DG n'est pas entièrement libre dans sa
gestion. Dans ces conditions, bien qu'il soit le DG, « les
décisions en matière de politique du personnel lui
échappaient » (Crozier, Friedberg, 1977 :184). Il faut
accepter faire la volonté du patron. Le DG n'est qu'un
intermédiaire dans la relation au peuple. C'est aussi un poste qui
permet l'accumulation redistributrice (Olivier de Sardan, 1997) pour renforcer
des fins électoralistes. Une telle accumulation n'étant possible
sans le développement de certaines pratiques telles que la corruption
sous toutes ses formes (Olivier de Sardan, 2001). Pour réussir sa
mission, le Directeur Général du PAC se doit de nommer ses
collaborateurs.
Le tableau suivant récapitule les informations
recueillies à ce sujet.
Tableau V : Profils des Trois directeurs
nommés depuis 2006
Noms et Prénoms
|
Profil
|
Appartenance ethnique
|
Appartenance politique
|
Temps passé
|
Motifs de limogeage
|
AGUESSY Christophe
|
Financier
|
Fon
(Abomey)
|
FCBE
|
15 mois
|
Promotion
|
DANDJINOU
Jérôme
|
Qualiticien
|
Xlwa
(Kétonou)
|
FCBE
|
07 mois
|
Manquement à l'autorité
|
ATTI-MAMA
Cyriaque
|
Sociologue
|
Nago
|
FCBE
|
En Poste
|
En Poste
|
Source : Mathieu SAHGUI
2.2-La nomination des directeurs techniques et des
chefs services.
Les directeurs techniques
Le directeur général a la prérogative de
la nomination des directeurs techniques, des conseillers et des chefs services,
bref, de ses collaborateurs. Mais ce qui importe c'est que les nominations ne
sont pas toujours faites selon la volonté du Directeur
Général. Il tient compte de certains critères dans son
choix. Le directeur général jouit de son "pouvoir
discrétionnaire" dans la nomination de ses collaborateurs, ce qui
signifie qu'il n'y a pas des règles officielles qui régissent les
nominations à des postes stratégiques. Son pouvoir
discrétionnaire dépend de son ministre de tutelle ou des membres
de son cabinet. Etant donné que ce sont les directeurs techniques qui
ont la lourde responsabilité de veiller au bon fonctionnement de
certains services à eux confiés, il s'avère
nécessaire d'"avoir des hommes de confiance" à ces
postes jugés stratégiques. Une faille à ce niveau aura une
répercussion sur la direction générale. Mais toute
nomination est soumise au ministre qui apprécie. Quand on parle
déjà d'homme de confiance, il faut comprendre l'apparition des
affinités précédemment développées.
Les chefs services
Comme les directeurs techniques, les chefs services sont
nommés par le directeur général du PAC. A ce niveau aussi,
il n'existe aucun critère objectivement vérifiable. Ces
nominations ne dépendent pas entièrement du DG. Mais ici, seuls
les agents du PAC peuvent être nommés. Les affinités
interviennent aussi à ce niveau et beaucoup parce que c'est à ces
niveaux de décision que tous les jeux se jouent. C'est ce qui fait dire
à un des enquêtés parlant des nominations des chefs
services :
« C'est le DG, qui décide de la politique
de gestion. Il doit travailler avec des gens qui ne vont pas lui mettre des
bâtons dans les roues. Il doit travailler avec des gens qui doivent le
soutenir et lui rester fidèle. Du moins dans sa vision ».
Il poursuit en disant : « Les nominations ont toujours
une coloration politique et doivent avoir une coloration politique. Si dans mon
camp, je ne trouve pas des "compétences" nécessaires, je peux
aller chercher ailleurs même s'il est de l'opposition et qu'il peut faire
le travail. Mais là on définit bien les règles. A priori,
c'est quelqu'un qui ne doit pas faire du sabotage ».
(Moustaphys A., agent du PAC)
Certains enquêtés ont trouvé que les
dernières nominations faites au PAC ne sont pas politiques. Mais ceux
qui ont la version contraire sont plus nombreux. Les nominations des chefs
services ont un caractère purement politique, de nombreux acteurs y sont
impliqués. Des membres du cabinet du ministère, aux
différents responsables de la direction générale proche du
DG et du ministre. Les acteurs portuaires déplorent la politisation
à outrance des services publics en général et du Port
Autonome de Cotonou en particulier. Il importe de noter que pour certains
services, les chefs viennent d'autres services sous le prétexte qu'ils y
ont servi et par conséquent ils connaissent mieux les services en
dépit des nombreux cadres compétents présents dans lesdits
services. Ce qui ne se passe pas sans heurts au sein des cadres desdits
services.
3. Du clientélisme à ses formes
excessives
3.1-Les processus d'embauches,
Le recrutement du personnel du Port Autonome de Cotonou ne se
fait pas par concours organisés par le ministère en charge de la
fonction publique mais. Mais depuis quelques années, surtout depuis
trois ans, les recrutements sont confiés à un cabinet
privé. Aux dires des enquêtés, le passage par le canal d'un
cabinet n'est qu'une stratégie, c'est juste une formalité
permettant de voiler les vraies réalités, comme en
témoigne les propos d'un des enquêtés :
« Si vous venez en candidature spontanée,
je ne pense pas que ça puisse marcher. Il ne faut pas se leurrer, les
choses ne se passent pas comme ça. Moi, je suis passé par le
cabinet mais si je ne connaissais pas quelqu'un au port qui ait pesé de
tout "son poids" dans la balance, je ne serais pas ici. Il y a bel et bien "le
qui tu connais" qui agit au Port. Les cabinets sont des structures qui
cherchent de l'argent donc ils ne peuvent pas dire non lorsqu'on leur envoie
des noms. Ils connaissent l'enjeu ». (Alimasth E., agent du
PAC)
Les embauches s'effectuent de proche en proche
c'est-à-dire qu'il faut avoir un proche au port ou dans les arcanes du
pouvoir qui puisse influer sur les décisions ou qui soit en relation
avec les autorités portuaires.
En fait c'est un réseau compact, il faut d'abord avoir
accès à l'information. Or l'information étant "la
source du pouvoir" seules les personnes bien placées la
détiennent ; elle circule très peu dans l'enceinte
portuaire. En dehors des recommandations, il y a une autre stratégie
d'insertion qu'utilisent les agents portuaires. Des anciens stagiaires sont
récupérés compte tenu des affinités qu'ils ont avec
certains agents. Une fois récupérés ces stagiaires sont
sensés aider lesdits agents dans l'accomplissement de leur travail. Ce
qui est à souligner, c'est que ces stagiaires parviennent à
obtenir des badges de stagiaires quand bien même ils ne le sont plus. Ils
sont présents au vu et su de certaines autorités de la
société portuaire. Mais ceci se passe dans un "silence de
cimetière". Aucune opposition, l'argument favorite qui est
avancé par ces agents : « Il y a un manque
criard de personnel, alors, il faut qu'on se fasse aider ». Aux
dires de ces agents, ces stagiaires ne sont pas à la charge du port,
mais à leur charge personnelle. « Qui travaille à
l'hôtel, vit de l'hôtel ». C'est une façon
d'embaucher progressivement ; c'est ce qui justifie d'ailleurs les
pressions lors des recrutements où on entend des expressions
comme : « ils nous ont toujours aidé contre
zéro franc, et en plus ils connaissent parfaitement le
travail ». Ainsi des embauches se font par procurations
émanant de l'extérieur ou de l'intérieur, toujours est -il
que c'est souvent des personnes qui jouissent d'une position stratégique
de pouvoir.
Les embauches se font aussi pour rendre service à des
collègues, encore que pour obtenir un stage au PAC, il faut faire
intervenir des relations.
3.2-Les processus de sponsoring
Le sponsoring c'est l'une des activités du service
Marketing. Elle consiste à octroyer des fonds à des personnes
physiques ou morales qui sollicitent une aide financière au PAC. C'est
dans le but d'organiser des événements sensés être
d'intérêt pour le PAC que ces personnes sont sponsorisées.
Le PAC passe par ce canal pour faire sa publicité. Plus
l'évènement est d'envergure régionale ou internationale
plus le PAC est enclin à le sponsoriser. C'est ce qui devrait
être, mais la plupart des sponsorings sont nationaux avec la
particularité que les dossiers le plus souvent sponsorisés sont
des dossiers recommandés par les proches collaborateurs des
autorités portuaires, du ministère de tutelle ou des
ministères partenaires. En définitive, les dossiers de sponsoring
ne connaissent pas une étude rigoureuse statuant par exemple sur leur
pertinence. Il faut noter des pressions de toutes sortes, allant des pressions
amicales, aux pressions des supérieurs. Un des enquêtés
laisse entendre :
« Il y a des pression. C'est ainsi par exemple,
qu'on vous fait des recommandations, c'est normal, c'est la relation humaine.
Il y a des gens qui viennent avec des recommandations. On sponsorise le plus
souvent des gens envoyés. Mais, il y a trop de recommandations.... Le
monde n'est pas un monde d'anges ». (Philipe, agent du PAC)
Les sponsorings faits sont de l'ordre de cent mille francs
à trois millions. Certaines personnes à qui ce traitement de
faveur a été fait, reviennent parfois donner quelque chose en
retour : la gratification (Olivier de Sardan, 2003a). Ce qui
s'inscrit déjà dans l'ordre de la corruption marchande.
Mais après une observation attentive, il ressort que
toute fonction implique un ensemble de privilèges, visibles et
invisibles, qui sont au coeur de l'identité professionnelle. Les
« avantages de fonction » (dont beaucoup sont informels,
relevant de l'usage et non du droit, des situations acquises et non des
conventions collectives) sont étendus autant que possible (et le plus
souvent au détriment des « clients ») : usage
privé et systématiquement abusif du téléphone, de
climatisation, des véhicules de service, du matériel de bureau,
des fournitures ... qui sont aussi des pratiques corruptives.
IV-2 Conséquences du clientélisme
politique sur le PAC : dynamique des relations entre acteurs
sociaux.
1- L'administration de l'impunité
L'une des révélations dans l'administration
portuaire en particulier et dans l'administration publique en
général, est la culture de l'impunité. En fait, elle s'est
avérée être une des conséquences directes du
clientélisme politique. De ce fait, toute tentative de réformes
administratives en général et celles touchant à la lutte
contre le clientélisme en particulier est bloquée par tous les
moyens. Toute sanction, aussi petite soit-elle pose d'énormes
problèmes, tout simplement parce que c'est tout un système assez
solidement enraciné. Dans un tel système, le mot sanction est
synonyme de « destruction » ce qui revient à dire
que sanctionner une personne pour faute commise équivaut à
détruire à jamais son image et donc porter atteinte à
l'image du système. Ce qui revient à dire que le
sanctionné étant à peu près inséré
dans des réseaux clientélaires qui protègent, celui qui
veut sanctionner se voit ainsi immédiatement « l'objet de
multiples « interventions », voire de menaces, de la part
de ses pairs ou des personnages plus haut placés. La plupart du temps,
il est désavoué par sa propre hiérarchie, qui ordonne la
relaxe de l'auteur de l'infraction ou la suspension de la peine. Cela constitue
un facteur important de dissuasion quant à l'application normale des
règlements. D'ailleurs, un sanctionné ne fait en
général que ce que font toute une série d'autres personnes
de ce réseau, et, en sanctionnant un individu, c'est tout le
système qui est menacé. » (Olivier de Sardan,
2001 : 26)
"On se connaît tous, alors qui va punir qui ?
Lorsque tu penses que tu es le tout puissant, sache que l'agent que tu veux
punir a un parent ou une relation au sommet de la pyramide. "
(Propos d'un enquêté)
"Je n'en vois jamais, on ne sanctionne pas pour ce qu'il
faut sanctionner. Pour ce que je connais, c'est par rapport au retard ; on
se pointe un jour et on attend, et tous ceux qui viennent après l'heure
sont sanctionnés, et comment encore ? D'ailleurs, on peut
démotiver les gens en sanctionnant de cette façon.
En fait, en sanctionnant un agent, on met ça dans
son dossier, ce qui ne l'arrange pas. Cette sanction peut agir à
l'avenir sur sa promotion. " (Kalmar, agent du PAC)
« C'est pourquoi l'impunité est, de fait, la
règle et la sanction l'exception. On peut alors se demander si la
l'application exceptionnelle des textes et des règlements,
allègrement bafoués au quotidien par chacun et par tous, ne
relève pas le plus souvent de motivations qui n'ont rien à voir
avec la justice ni avec la bonne marche des services : règlements
de comptes, élimination de gêneurs, refus de passer à la
caisse, de redistribuer ou de donner allégeance, etc.». (Olivier de
Sardan, 2001 : 26)
2- L'instabilité à la tête du
PAC
Depuis que l'institution portuaire a été
créée les directeurs généraux nommés n'ont
jamais dépassé cinq ans à l'exception de celui qui est
actuellement devenu ministre de l'économie maritime et portuaire. Les
acteurs portuaires font son éloge, en ce sens qu'ils disent
que : « Si le port est aujourd'hui au niveau où
il est, c'est grâce à lui ». Cette
instabilité ne permet pas d'atteindre les objectifs de
développement du Port. Il est dit que l'administration est une
continuité mais ce n'est pas souvent le cas. « Chacun
vient avec sa vision, il n'est pas facile de poursuivre les objectifs de
l'autre » pensent les agents. Déjà que les agents
déplorent cette instabilité, ils affirment même que si
l'administration portuaire est « en rade »
aujourd'hui, c'est en plus des autres sources de dysfonctionnement l'une des
sources motrices. L'instabilité des directeurs généraux
entraîne aussi une instabilité dans l'administration
elle-même en ce sens que lorsqu'un directeur général
est nommé à la tête de l'administration du PAC, il choisit
ses collaborateurs, ce qui signifie qu'un redéploiement
stratégique est fait par lui. Or, tout changement de commandement
entraîne de nouvelles normes de conduite. Certains agents sont promus au
détriment d'autres, ce qui est d'une évidence. Le mode de choix
de ces agents comme précédemment dit ne respectant aucun
critère objectivement vérifiable, crée des malaises au
sein de l'administration. Ainsi, le fonctionnement normal de l'administration
se trouve mis à mal.
3- L'administration de malaise
Dès sa nomination, le DG reçoit une lettre de
mission, une mission officielle, connue de tous, dot le but est de conduire les
destinés du Port Autonome de Cotonou. Ainsi, il doit travailler avec les
cadres portuaires. Pour la plupart du temps, les DG ne sont pas des portuaires.
Donc, il leur faudra prendre connaissance des réalités de la
structure. Et pour se faire, le nouveau DG doit se faire des partenaires
sûrs sur lesquels il peut compter. Se faisant, il arrive que pour
certains DG, la seule alternative soit le redéploiement des cadres,
certains sont promus d'autres non. En fait, le problème ne se situe pas
dans la promotion elle-même mais dans la manière de le faire.
Comme notifier précédemment dans la procédure de
nomination des chefs services et des directeurs techniques, les critères
objectifs sont très peu mis à contribution. Ce qui
génère des frustrations et donc des malaises internes.
Il importe de souligner que déjà la nomination
d'un DG qui n'est pas portuaire est déjà source de frustrations
au sein des cadres qualifiés et compétents qui savent que si l'on
devrait respecter le critère de promotion interne, ils seraient promus
au poste de directeur général. En fait, pour prétendre
à une nomination au poste de DG du Port Autonome de Cotonou, il faut
être le cadre le plus ancien et donc le plus expérimenté et
sans oublier le plus diplômé. Vu que des cadres portuaires
remplissant ces critères existent, il n'y avait plus aucune raison qui
justifierait la nomination d'un cadre extérieur c'est-à-dire un
cadre non portuaire. Mais pour des raisons de politisation à
outrance de toute l'administration publique, on se retrouve dans
des situations où les hommes ne sont pas nommés parce qu'ils sont
compétents mais surtout pour la "seconde mission"13(*) dévouée au DG du
Port Autonome de Cotonou. Comme dit précédemment, le Port est le
poumon de l'économie béninoise, donc une véritable chasse
gardée des partis au pouvoir. Le DG a entre autres pour mission de
faciliter l'accumulation de ressources pour les futures conquêtes du
pouvoir. C'est surtout dans le but de réussir cette mission surtout que
le DG procède à des nominations stratégiques qui ne
respectent pas pour la plupart des critères objectifs. En fait ce sont
toutes ces pratiques qui créent le malaise au sein de l'administration
portuaire. Le malaise se fait tellement sentir qu'une méfiance terrible
s'instable et devient la règle qui régit les rapports sociaux de
travail.
L'administration de la méfiance
L'administration portuaire est l'un des lieux par excellence
où la méfiance s'est indubitablement installée. Il ne
semble pas que les acteurs se soient mis dans cette situation seuls. Mais c'est
en grande partie à l'action du fait politique sinon du climat politique
qui règne dans les administrations. Aux dires de certains agents de
l'entreprise, chaque jour est spécifique et chacun doit pouvoir profiter
de ce qui s'offre à lui comme opportunités. Si dans certains
services, la méfiance est des plus fortes, dans d'autres ce n'est pas le
cas. Dans tous les cas entre les agents ce n'est pas la lune de miel.
* 1 -ce que nous entendons par
culture politicienne est le fait que les nominations et embauches
répondent aux questions : qu'est-ce qu'il peut m'apporter ? En
quoi me serait -il utile ? Et non qu'est - ce qu'il peut faire pour le
pays ?
* 2 - Il s'agit ici de la
gestion qui est faite des ressources humaines, surtout de l'instabilité
des Directeurs généraux.
* 3 - les cadres
compétents dans le cas d'espèces sont des cadres qui ont
été nommés à des postes concernés. Ici, il
s'agit des ministres concernés, des directeurs généraux et
des cadres dont le domaine d'intervention à avoir avec le Port de
Cotonou.
* 4 La convention collective de
travail formant règlement intérieur et Statut du personnel du
port Autonome de Cotonou.
* 5 Nous entendons par cette
expression les différentes tractations qui se font entre acteurs. Ceux
qui offrent les missions et ceux qui demandent les missions. Ceux qui offrent
les missions veulent souvent le retour de "l'ascenseur". Donc, il y a des
intérêts qui interagissent.
* 6 Pour ne pas dire lutte,
conquête de place.
* 6.Ils se font des coups bas,
ils se jouent de sales tours, etc., ils montent les enchères bref, c'est
un des viviers de la corruption
* 7 La cause commune ici c'est
soutenir « sans conditions disent-ils » les actions du Chef
de l'Etat.
* 8 Rentabilité en termes
de perdiem pour l'individu
* 9 Propos d'un
enquêté sur la question
* 10 Il s'agit ici de la
commission d'exécution du projet de mise en place de la
« SIGUCE » (Système d'Information du Guichet Unique
et du Commerce Extérieur)
* 11 Situation où
après éjecter des milliards dans la réalisation des projet
de modernisation, on en viennent à des conclusions telles que : le
conseil des ministres en date du Juin 2009 stipule qu'il y a mauvaise gestion
et mal gouvernance dans la réalisation du projet de réalisation
du « SIGUCE ». Alors que dans le Conseil d'Administration
du Port Autonome de Cotonou, plus de trois ministère représente
le gouvernement. Donc de telles dérives pouvaient être
évitées dès le départ. Si ce n'est politique, on
laisse « bouffer » et après on constate puis on ne
sanctionne pas.
* 12 Asseoir sa politique de
développement, asseoir une base solide pour faire rayonner l'entreprise,
asseoir sa vision.
* 13 Cette seconde mission dans
le cas d'espèce est de contribuer à la réélection
du Président de la république en 2011. Il n'existe même pas
de doute, car lorsqu'il y a une marche de soutien,un meeting politique dans sa
région d'origine, il ne se fait pas compter
l'évènement.
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