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Les déterminants de l'adoption de l'internet à  domicile

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par Alfred Jacquy Moubep
Université de Douala Cameroun - D.E.A 2008
  

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CHAPITRE III : METHODOLOGIE ET ANALYSE DESCRIPTIVE

DES DONNEES 40

Section I : Approche méthodo logique 40

Section II: Analyse exp loratoire des données 44
CHAPITRE IV : FACTEURS EXPLICATIFS DE L'ADOPTION DE

L'INTERNET DANS LES MENAGES 56

Section I : Estimation du modè le 56

Section II: Impacts des variables exp licatives sur l,adoption de

10

l,~nternet a domicile 58

CONCLUSION GENERALE 67

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 69

TABLE DES MATIERES 71

ANNEXE 75

INTRODUCTION GENERALE

Lancées à partir du milieu des années soixante dix, les Technologies de l'Information et de la Télécommunication (TIC) ont connu un essor mondial particulièrement rapide. Fondamentalement, ce sont des outils de maniement de l'information, c'est-à-dire un ensemble varié de produits, d'applications et de services qui sont utilisés pour produire, stocker, traiter, distribuer et échanger l'information.

Les TIC ont connu un essor dans les domaines les plus divers de la société, ce qui a notamment amené certains à prédire l'avènement d'une «nouvelle économie», une économie non pas soumise comme jusqu'ici à des fluctuations conjoncturelles, mais marquée par une croissance continue (OFS, 2006).

Toutefois, cette évolution sans précédent des TIC dans l'histoire des technologies, fait craindre que les différences en adoption et en usage numérique risquent de marginaliser une classe de personnes d'un point de vue économique et social : c'est le fossé numérique.

Apparue dans les années 90, la notion de fracture numérique est difficile à appréhender dans la mesure où elle est souvent trop peu définie sur le plan conceptuel puisqu'elle a peu de contenu tant elle en a trop. Son contenu n'est en effet jamais clairement défini d'où la question légitime : derrière le terme générique de fracture numérique, de quelles inégalités parle-t-on vraiment ?

Alors que l'OCDE (2001) définit la fracture numérique comme « l'écart qui existe entre les personnes, les ménages, les entreprises et les régions géographiques à divers niveaux socioéconomiques pour ce qui est de leur possibilité d'avoir accès aux TIC et de leur utilisation d'Internet». Pour ELIE MICHEL (2001), la fracture numérique ou fossé numérique « peut être définit comme une inégalité face aux possibilités d'accéder et de contribuer à l'information, à la connaissance et aux réseaux, ainsi que de bénéficier des capacités majeures de développement offertes par les TIC ». BROTCOME et VALENDUC (2008) la définissent comme le fossé séparant ceux qui bénéficient de l'accès à l'information (« les info riches ») et ceux qui demeurent privés des contenus et des services

que ces technologies peuvent rendre (« les info pauvres »). Bref le concept de fracture numérique renvoie à des inégalités tant dans l'accès aux TIC (fracture de niveau un) que dans leurs usages (fracture de niveau deux).

La fracture numérique apparaît ainsi comme un problème à multiples dimensions. Pour Kling (1998), elle a deux aspects : un aspect technique qui fait référence aux disponibilités de l'infrastructure, du matériel et du logiciel ; un aspect social faisant référence aux compétences à exiger pour manipuler toutes ces ressources techniques. Pour Noris (2001), dans une perspective plus comparative, la fracture numérique décrit un fossé global qui révèle des capacités différentes entre les nations industrialisées et celles en développement, un fossé social qui fait référence aux inégalités dans une population donnée et un fossé démocratique. Dans le même ordre d'idées, Keniston (2003) distingue quatre catégories sociales : ceux qui sont riches et puissants et ceux qui ne le sont pas ; ceux qui parlent l'anglais et ceux qui ne le parlent pas ; ceux qui vivent dans des régions où la technologie est bien établie et ceux qui vivent dans les autres régions ; et enfin ceux qui sont techniquement biens informés et ceux qui ne le sont pas.

Avant de rencontrer le problème d'inégalités liées aux usages des TIC, il se pose d'abord le problème de possibilités d'accès à ces TIC (fracture numérique au premier degré).

En effet, un clivage séparerait les connectés (have) des non connectés (have not). Les individus qui disposent des TIC peuvent alors bénéficier d'une meilleure information et surtout des externalités positives associées. En revanche, les non équipés admettent une information moins riche et ne bénéficient pas des externalités liées aux TIC. Les connectés se trouveront ainsi inclus dans les réseaux relationnels, de savoir, de connaissances, d'éducation...alors que ceux qui ne le sont pas risquent d'être exclus.

Cette fracture se présente sous deux formes complémentaires :

Au « sens large », la fracture numérique au premier degré est définie par l'accroissement de l'écart des équipements en TIC entre deux zones géographiques, entre deux catégories d'individus donnés. Au « sens strict » la fracture désigne les inégalités d'accès à Internet.

Maintes études ont été réalisées ces dernières années dans les pays développés comme dans les pays en développements sur les déterminants de l'adoption des TIC compte tenu de leur potentiel dans l'accélération du développement économique. Les facteurs explicatifs de l'adoption de l'Internet ont été les plus cités parce que plusieurs travaux ont montré qu'Internet est la technologie la plus porteuse d'espoir en matière de développement économique (Renaud et Torrès, 1996 ; Le Guel, Pénard, et Suire, 2002).

En France par exemple, nous pouvons citer l'étude menée en 2002 par : Le Guel, Pénard et Suire, « Adoption et Usage Marchand de l'Internet : une Etude Econométrique sur Données Françaises». Pour ces auteurs, il était question de déterminer les facteurs qui sont responsables de l'adoption et de l'usage de l'Internet par les ménages français. Pour y arriver, ils ont estimé trois modèles logistiques. Les résultats de ces estimations montrent que : dans le premier modèle, la tranche d'âge moins de 20 ans qui est principalement composée d'étudiants, possède la plus forte propension à s'abonner à Internet. De la même manière, le fait d'appartenir à la catégorie professionnelle des cadres et professions intermédiaires supérieures influence positivement la probabilité d'adopter Internet à domicile. Par ailleurs, plus le niveau d'étude du répondant est élevé et plus le ménage auquel appartient le répondant a de chance d'avoir un accès à Internet. Au final, les estimations mettent bien en évidence les variables freins à l'adoption d'Internet (Ménage de plus de 65 ans, niveau d'étude inférieur au bac), tout en montrant qu'il n'existe pas un profil socio-économique unique pour les ménages internautes.

Le second modèle lié au style de vie rend compte de l'existence de complémentarités assez fortes entre l'adoption d'Internet et la possession de nombreux équipements de haute technologie comme un appareil photo numérique, un lecteur DVD, un téléphone portable ou un ordinateur de poche.

En ce qui concerne l'impact de la localisation (modèle M3), ces auteurs constatent que le fait d'habiter dans une zone urbaine influe positivement sur la probabilité de s'abonner à Internet.

Nous pouvons citer plusieurs autres travaux qui se sont penchés sur l'adoption de l'Internet
avec pour méthodologie les modèles économétriques à l'instar de : l'article « Adoption,

Usage d'Internet et Apprentissage : une Comparaison Bretagne/Luxembourg » (Lethiais et Poussing, 2004) et de l'article « les Déterminants de l'adoption de l'Internet en Afrique : cas de 17 Pays » (Diagne, Birba et Maazou, 2008).

Au Cameroun, il existe certains travaux sur les TIC comme l'article « Fracture Numérique du Genre : Quelle Ampleur ? » (ANAÏS, 2005) et l'enquête nationale sur le niveau de pénétration et d'utilisation des TIC au Cameroun (Minpostel, 2006). Cependant, peu de ces travaux intègrent l'aspect économétrique : ce ne sont pour la majorité que des travaux portant sur les caractéristiques descriptives. D'où la nécessité d'utiliser la modélisation économétrique pour faire des analyses sur la situation au Cameroun en vue de ressortir des conséquences en termes des implications, de mesures à prendre pour vulgariser l'adoption et l'usage des TIC dans notre pays : c'est la raison pour laquelle nous nous sommes intéressés au problème de l'adoption de l'Internet à domicile.

Précisément, notre étude vise à répondre à cette question : quelles sont les caractéristiques propres aux individus et aux ménages qui favorisent ou au contraire qui freinent l'adoption de l'Internet chez les ménages camerounais? En s'intéressant particulièrement aux ménages, elle a pour finalité de contribuer à éclairer les décideurs sur une politique nationale de développement des TIC au Cameroun.

A la lueur de cet objectif, il nous est plausible de formuler l'hypothèse principale selon laquelle l'adoption de l'Internet à domicile est conditionnée par plusieurs facteurs.

De cette hypothèse principale découlent les hypothèses secondaires suivantes :

H1- le niveau d'étude de l'individu influence positivement l'adoption de l'internet à domicile ;

H2- les ménages technophiles adoptent plus l'internet.

Afin de répondre à la question posée plus haut, nous disposons d'une base de données issue de l'enquête diligentée en 2008 par l'Université de Douala sur un échantillon de 2650 personnes dans les villes de Douala, Buéa et Limbé. Nous utilisons l'estimation économétrique qui consiste ici à mettre en avant l'adoption de l'Internet à domicile et

certaines variables explicatives que nous allons tester afin de déceler les plus pertinentes en utilisant l'économétrie des variables qualitatives.

Notre étude s'articule autour de deux parties : La première partie fait l'analyse des différents facteurs rencontrés dans les travaux lus susceptibles d'influencer l'adoption de l'Internet à domicile. La deuxième partie de ce travail s'intéresse à une application économétrique au Cameroun sur l'estimation visant à ressortir dans le cadre de cette étude l'influence des différents facteurs explicatifs dans l'adoption de l'Internet à domicile. L'intérêt étant d'aboutir à des recommandations sur les mesures à prendre visant à favoriser l'adoption de l'Internet à domicile.

Première Partie

ANALYSE DES CONCEPTS

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry