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Université Libre de Bruxelles Institut de Gestion de
l'Environnement et d'Aménagement du Territoire Faculté des
Sciences Master en Sciences et Gestion de l'Environnement
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Analyse de la prise en compte de l'environnement, dont
la
biodiversité, par les ONG de développement
belges
Mémoire de Fin d'Etudes présenté
par
KEMPENAER, Salima
en vue de l'obtention du grade académique
de
Master en Sciences et Gestion de l'Environnement
Année Académique : 2009-2010
RESUME
Depuis trois décennies, les organismes de conservation
de la nature se sont employés à incorporer les objectifs de
développement humain dans leurs actions. Ces initiatives font par
ailleurs l'objet de nombreuses études. Qu'en est-il, à l'inverse,
des organisations de développement, comment appréhendent-elles
les préoccupations environnementales ? Ce mémoire se propose d'y
répondre partiellement et d'analyser les pratiques de prise en compte de
l'environnement, ou intégration environnementale, au sein des
organisations non gouvernementales de développement en Belgique. Cette
étude porte plus particulièrement sur les actions mises en oeuvre
dans les pays en développement. L'objectif est de dégager les
tendances actuelles des pratiques d'intégration dans la
coopération non gouvernementale belge mais aussi de tenter d'en
comprendre les déterminants. Seront à cette fin mobilisés
et combinés des éléments de deux disciplines
différentes : la psychologie environnementale et l'anthropologie du
développement. À la description des pratiques s'ajoute donc
l'analyse des motivations, freins et enjeux qui les sous-tendent.
La recherche, de nature exploratoire, est néanmoins
structurée par trois hypothèses, correspondant à trois
dimensions présumées du problème, dont la variable
dépendante est l'intégration environnementale. La première
hypothèse examinera le rôle de l'attitude des individus
travaillant dans les ONG étudiées à l'égard de
l'environnement et de sa prise en compte. La deuxième explore
l'influence d'autres groupes d'acteurs et de leurs interactions avec les ONG
sur les pratiques et stratégies de ces dernières. La
troisième et dernière hypothèse se penche sur les
contraintes structurelles qui conditionnent et pourraient limiter leur prise en
compte de l'environnement. L'enquête soumet les répondants, des
personnes occupant des postes à responsabilité au sein des ONG
sélectionnées, à un questionnaire suivi d'un entretien
semidirectif. Les résultats révèlent l'importance des
trois dimensions identifiées et de leur combinaison. Ils mettent surtout
en avant l'impact du sens donné à l'intégration de
l'environnement par les ONG et leurs bailleurs de fonds.
Remerciements
Ce travail n'aurait pu voir le jour sans l'aide de mes
directrices de mémoire, Mme Godart et Mme Franklin, que je remercie
sincèrement.
Je tiens aussi à remercier Mme Hadjaj-Castro, M.
Croizer et M. Ledant pour l'intérêt qu'ils ont porté
à ce travail et pour leurs conseils avisés.
Je souhaiterais exprimer ma profonde gratitude à
toutes les personnes qui ont eu la gentillesse d'accepter de participer
à cette enquête.
Enfin, je remercie de tout coeur ma famille, mes proches
et mes amis qui m'ont soutenu avec patience et m'ont encouragé tout au
long de la réalisation de ce mémoire.
TABLE DES MATIERES
1. INTRODUCTION 6
2. CONTEXTE DE LA RECHERCHE 7
2.1. Contexte international de la coopération non
gouvernementale 7
2.1.1. Les ONG et l'évolution de l'aide au
développement 7
2.1.2. Crise identitaire des ONG 9
2.2. Contexte réglementaire de la coopération non
gouvernementale belge 10
2.2.1. Le système de cofinancement 10
2.2.2. La prise en compte de l'environnement 12
2.3. Les ONG belges : typologie et histoire 15
3. PROBLEME GENERAL DE RECHERCHE ET QUESTION DE RECHERCHE 18
3.1. Problème général de recherche 18
3.1.1. Population, développement et environnement 18
1.1.1.1. Les liens entre pauvreté et environnement 18
3.1.1.1. L'intégration du développement dans les
sciences de la conservation 20
3.1.2. Nécessité de convergence des deux objets
d'action 21
3.2. Questions de recherche 24
3.2.1. Sous question de recherche . 24
4. PROBLÉMATIQUE 25
5. MODELE D'ANALYSE . 32
5.1. Hypothèses 32
5.2. Cadre conceptuel. 33
6. CADRE METHODOLOGIQUE DE LA COLLECTE DE DONNÉES 42
6.1. Présentation des outils de collecte des
données 42
6.1.1. Documents écrits 42
6.1.2. Questionnaires 42
6.1.3. Entretiens. 43
6.2. Présentation de l'échantillon . 44
6.3. Présentation du déroulement de la collecte
des données 45
7. LA DGCD : RESULTATS DE L'ANALYSE 47
7.1. Fonctionnement du service 47
7.1.1. Le cycle d'approbation des projets/programmes 47
7.1.2. La place de l'intégration environnementale dans le
cycle d'approbation 49
7.1.3. Schéma de présentation et fiche
d'appréciation 50
7.2. Trois dimensions 53
7.2.1. Attitude. 53
7.2.2. Le service ONG et les autres groupes stratégiques
54
7.2.3. Les contraintes structurelles 56
7.3. La boîte à outil environnement 57
7.4. Conclusion. 59
8. ONG : RESULTATS DE L'ANALYSE 61
8.1. Les pratiques d'intégration de l'environnement 61
8.1.1. Programmation. 61
8.1.2. Conception : identification et formulation 63
8.1.3. Mise en oeuvre 71
8.1.4. Au Nord 72
8.2. Trois dimensions 73
1.1.2. Attitude 73
1.1.3. Les ONG et les autres groupes stratégiques 77
1.1.4. Les contraintes structurelles 84
9. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 86
10. BIBLIOGRAPHIE 89
11. ANNEXES 97
Figure 1: Théorie du comportement planifié (Ajzen,
1991, p. 182) 29
Figure 2 : Concept opératoire « intégration
environnementale » 37
Figure 3: Diagramme des hypothèses et concepts 41
1. INTRODUCTION
Réduction de la faim et de la pauvreté,
conservation de la biodiversité, lutte contre le changement
climatique,... les défis auxquels nos sociétés sont
confrontées aujourd'hui sont multiples et la nécessité d'y
trouver des réponses se fait de plus en plus pressante. Une multitude
d'acteurs et d'organismes s'attèlent quotidiennement à cette
tâche. Parmi eux, se trouve une catégorie d'acteurs
omniprésente et de taille : les organisations non gouvernementales. Ces
dernières se sont en général réparties en deux
groupes distincts poursuivant l'un ou l'autre des deux objectifs globaux, la
protection de l'environnement et le développement humain. Pourtant, les
principes du développement durable tel que nous le concevons de nos
jours incitent à la convergence de ces luttes. Les enjeux de l'aide au
développement sont énormes et les ONG occidentales intervenant
dans des pays en développement se sont attribuées une mission
lourde de responsabilité. En effet, on ne peut douter que la nature de
leurs actions influence au moins en partie le modèle de
développement qui sera adopté par les populations
concernées.
Nous souhaitions savoir si les ONG de développement
belges s'étaient saisies de cette question et comment cela s'est
répercuté sur leur travail. L'objet de ce mémoire s'est
donc défini comme une analyse des pratiques d'intégration des
préoccupations environnementales dans les interventions de
développement des ONG belges. Plus qu'un état des lieux, nous
souhaitions surtout comprendre le contexte de ces pratiques, les raisons qui
ont motivé leur application et les obstacles qui peuvent en
empêcher la généralisation ou l'amélioration. Les
résultats de l'enquête porteront dès lors
spécifiquement sur le contexte belge de la coopération non
gouvernementale, même si elle s'insère inévitablement dans
le système international de l'aide au développement. La
spécificité de l'objet de la recherche nous amènera tout
d'abord à présenter brièvement l'évolution et la
situation actuelle des ONG belges dans le monde de l'aide au
développement ainsi que le contexte réglementaire de la
coopération non gouvernementale en Belgique. Sera ensuite décrit
le questionnement général qui nous a conduits à
réaliser cette étude. Nous exposerons alors le modèle
d'analyse et la méthodologie qui structureront la recherche. Enfin, nous
passerons à la description des résultats du travail sur lesquels
nous nous baserons pour proposer des conclusions et recommandations.
2. CONTEXTE DE LA RECHERCHE
2.1. Contexte international de la coopération non
gouvernementale
2.1.1. Les ONG et l'évolution de l'aide au
développement
Les organisations non gouvernementales, entendues comme toute
association privée à but non lucratif engagée dans
l'amélioration des conditions de vie humaine (Lewis et Kanji, 2009, p.
10-11), ont existé depuis des décennies. En Belgique, l'origine
des ONG remonte aux années 1930 (Stangherlin, 2001, p 6). Ce n'est
pourtant qu'à partir de la fin des années 80 qu'elles ont
commencé à attirer l'attention de la communauté de l'aide
au développement, ce qui est reflété par l'augmentation de
leur nombre. À partir de cette époque, les bailleurs de fonds
occidentaux et internationaux ont envisagé les ONG comme des acteurs
privilégiés du développement dont le rôle devait
être valorisé (Lewis et Kanji, 2009, p. 16-17 ; Stangherlin, p.
56). La reconnaissance de la valeur ajoutée des ONG s'inscrit tout
d'abord dans le contexte historique de l'époque, marqué par la
fin de la Guerre froide et le renforcement du néolibéralisme. Les
ONG ont été considérées comme faisant partie du
secteur privé et leur présence dans les États en
transition devait contribuer à leur privatisation, à la
création d'une société civile active et donc, in fine,
à leur démocratisation. Leurs actions devaient aussi
permettre de pallier les difficultés occasionnées par les
programmes d'ajustement structurel et le retrait des États. En outre, la
corruption des gouvernements bénéficiaires avait entamé la
confiance des bailleurs, qui ont préféré augmenter l'aide
indirecte (Lewis et Kanji, 2009, p. 38-39; Stangherlin, p. 57, Simon, 2003, p.
6). L'essor des ONG s'explique aussi par « l'impasse théorique
» dans laquelle se trouvait le monde de l'aide au développement.
Les théories dominantes du développement (théories de la
modernisation et de la dépendance) avaient perdu de leur attrait et les
ONG semblaient offrir des alternatives progressistes tant du point de vue de
leurs idées que de leurs méthodes (Lewis et Kanji, 2009, pp.
39-40 ; Simon, 2003, p. 6). Nombre de ces approches « alternatives »
ont d'ailleurs été progressivement
récupérées par les grandes agences internationales de
développement et institutionnalisées, perdant ainsi pour certains
de leur originalité et de leur radicalité (Lewis et Kanji, 2009,
p. 71-88 ; Stangherlin, p. 57).
Depuis quelques années, le système de l'aide au
développement connaît des changements majeurs qui ne sont pas sans
conséquence pour les ONG. Tout d'abord, les efforts pour encourager la
bonne gouvernance ont incité les bailleurs a reconsidérer leur
position face aux États bénéficiaires et à
privilégier une politique de responsabilisation de leurs gouvernements.
Cette politique se traduit par un accroissement de l'aide budgétaire
directe et de l'aide sectorielle, ce qui a eu pour effet d'éclipser
quelque peu les ONG de développement (Totté et Hadjaj-Castro,
2004, p.7 ; Lewis et Kanji, 2009, p. 42-43). Cette «
re-gouvernementalisation » de l'aide est liée au vaste débat
sur l'efficacité de l'aide et à la Déclaration de Paris de
2005 (Lewis et Kanji, 2009, p. 43). Cet accord international établit
cinq principes autour desquels doivent s'articuler les efforts
d'amélioration de l'impact de l'aide : l'appropriation, l'alignement,
l'harmonisation, la gestion axée sur les résultats, et la
responsabilité mutuelle. Dans l'Union européenne, les principes
de la Déclaration de Paris ont été incorporés dans
le consensus européen pour le développement, une
déclaration politique qui « définit des valeurs, des
objectifs, des principes et des engagements communs qui seront mis en pratique
par la Commission européenne et par les États membres dans leurs
politiques de développement »1, puis dans le « Code
de conduite de l'UE sur la division du travail dans la politique de
développement » qui vise à renforcer la
complémentarité des bailleurs de fonds.
Ce vaste mouvement vers une meilleure efficacité de
l'aide ainsi que les principes qu'il met en avant impliquent une
spécialisation géographique, thématique et sectorielle qui
ne concerne pas uniquement les grandes agences de développement. En
Belgique par exemple, dans le cadre de l'Accord entre le Ministre de la
Coopération au Développement et les Organisations non
gouvernementales belges de développement, du 4 mai 2009, les ONG se sont
engagées à limiter à dix le nombre de pays dans lesquels
elles interviendraient. L'importance de l'enjeu de l'efficacité de
l'aide et de ses implications pour les ONG transparaît aussi dans trois
notes de consensus rédigées par le Groupe de Pilotage « DGCD
- ONG », qui rassemble des représentants de la DGCD, des
fédérations d'ONG (COPROGRAM et ACODEV) et des coupoles d'ONG
(11.11.11 et CNCD) : « L'efficacité de l'aide belge », «
Spécialisation, complémentarité et synergies » et
« Les différents rôles des ONG Nord ». La
première et la deuxième note visent,
1Commission européenne, « Le consensus
européen pour le développement », [En ligne],
http://ec.europa.eu/development/policies/consensus_fr.cfm
(consulté le 9 juillet).
d'une part, à donner une définition commune
(c'est-à-dire partagée par la DGCD et les ONG) des principes
fondamentaux de la Déclaration de Paris et de ses modalités
générales de mise en oeuvre et, d'autre part, à identifier
les responsabilités de chacun dans le succès de leur application.
Quant à la troisième note, si elle s'inscrit bien dans la
réflexion générale sur l'impact de l'aide, elle a la
particularité de mettre le doigt sur un phénomène qui
touche spécifiquement les ONG : la crise identitaire.
2.1.2. Crise identitaire des ONG
Comme nous venons de le voir, le système de l'aide au
développement traverse une période de profonde remise en question
qui semble toucher plus sévèrement le milieu des ONG, au point
qu'il faille rappeler que « c'est le système de l'aide au
développement dans son ensemble qui s'avère être
profondément en crise et il semble particulièrement
inadéquat d'imputer la responsabilité (des échecs comme
des réussites) à une catégorie particulière
d'acteurs » (Totté, Hadjaj-Castro, 2004, p.23).
Que leur est-il reproché ? À la suite de la
réorientation stratégique de l'aide internationale, les
caractéristiques qui avaient au départ suscité
l'intérêt des bailleurs ont été envisagées
sous un autre jour. Les ONG ont été accusées de se
substituer aux États et de participer, partant, à leur
déstructuration. Leur présence pourrait aussi avoir pour effet
d'étouffer des initiatives locales. Réputées proches des
communautés locales, les ONG auraient néanmoins une
compréhension limitée des contextes dans lesquels elles
interviennent (Lewis et Kanji, 2009, pp. 17-20). Au centre de ces critiques se
trouve bien évidement toujours la question de l'efficacité de
l'aide mais, dans le cas des ONG, cette question est d'autant plus
épineuse qu'elle soulève par la même occasion les
problèmes délicats de légitimité et de
redevabilité des ONG. L'assise sociale des ONG occidentales a
décliné tant au Nord qu'au Sud. Au Nord, elle est imputable non
seulement à une lassitude du public à l'égard de la
solidarité internationale (l'aid fatigue) mais aussi à
l'émergence de nouveaux acteurs d'aide au développement
(entreprises, syndicats, collectivités territoriales...) (Totté,
Hadjaj-Castro, 2004, p.7). De même, au Sud, la croissance du nombre d'ONG
locales et la volonté exprimée par certaines d'entre elles de
gagner en autonomie entame la légitimité des ONG du Nord, qui
doivent dès lors se resituer dans le champ du développement
et redéfinir leur rôle et leur valeur
ajoutée, ou du moins la défendre et la réaffirmer
(Totté, Hadjaj-Castro, 2004, p.12 ; Delveter, Fonteneau et Pollet, 2004,
pp. 800-811).
2.2. Contexte réglementaire de la coopération
non
gouvernementale belge
2.2.1. Le système de cofinancement
Comme nous le verrons ultérieurement, le système
de cofinancement et ses modalités ne sont pas sans conséquence
sur les pratiques des ONG et, par la même occasion, sur leur prise en
compte de l'environnement. Le système de cofinancement des ONG de
développement est régi par la Loi relative à la
coopération internationale belge du 25 mai 1999. La coopération
non gouvernementale y est désignée par le terme de «
coopération bilatérale indirecte », l'un des trois piliers
de la coopération belge au développement, les deux autres
étant la coopération bilatérale directe et la
coopération multilatérale. La coopération
bilatérale indirecte est définie comme « la
coopération, financée ou cofinancée par l'Etat belge, dans
laquelle un tiers, qui n'est pas un Etat étranger ni une organisation
internationale, répond de l'exécution des programmes ou des
projets, sur la base d'un système réglementaire de subventions ou
d'une convention ». Les « tiers » sont des ONG mais aussi des
universités, des institutions scientifiques ou des
syndicats2. Les ONG constituent néanmoins les principaux
récipiendaires du budget alloué à la coopération
bilatérale indirecte. D'après le « Rapport annuel 2009
» de la DGCD, 125 millions d'euros (sur les 291 millions d'euros du budget
total de la coopération bilatérale indirecte) ont
été consacrés au cofinancement des ONG.
Avant la réforme Moreels de 1997, la DGCD
cofinançait des projets introduits annuellement par les ONG.
L'arrêté royal du 18 juillet 1997 a instauré un nouveau
régime de cofinancement, l'approche programmatique. Sous ce
régime, les ONG élaboraient un programme quinquennal
approuvé par le ministre. Cependant, les budgets étaient
accordés annuellement sur la base de plan d'actions détaillant
davantage les activités. Cette réforme était guidée
par un objectif d'autonomisation et de responsabilisation des ONG mais aussi de
simplification des
2 Service public fédéral Affaires
étrangères, Commerce extérieur et Coopération au
Développement, « Partenaires », [En ligne],
http://diplomatie.belgium.be/fr/politique/cooperation_au_developpement/partenaires/
(Consulté le 2 juillet).
procédures (Stangherlin, pp. 31-32). Ce système
a été soumis à une évaluation qui a conclu que si
la réforme Moreels avait constitué un progrès, de
nouvelles mesures étaient nécessaires pour flexibiliser davantage
les procédures (DGCD - PricewaterhouseCoopers, 2006, p. 4). Les
conclusions de cette évaluation ont donc conduit à une nouvelle
réforme du système de cofinancement dont les objectifs demeurent
dans la ligne directe de la réforme Moreels : la consolidation de
l'approche programme et l'assouplissement des procédures
administratives. Celui-ci prévoit désormais deux canaux de
cofinancement : les projets et les programmes. Pour pouvoir prétendre au
cofinancement d'un projet ou d'un programme, une ONG doit tout d'abord
être agréée comme ONG de développement
conformément à l'Arrêté royal du 14 décembre
2005 relatif aux agréments d'organisations non gouvernementales de
développement. C'est cet Arrêté qui introduit
l'agrément complémentaire « programme ». Pour
être agréée « programme » une ONG de
développement doit être capable de démontrer : « son
autonomie financière ; la transparence de sa gestion financière
et la tenue d'une comptabilité analytique ; sa capacité à
préparer, exécuter et assurer le suivi d'un ensemble de projets
de coopération ; l'efficacité de ses actions sur le terrain
». Le Ministre a fait appel au bureau d'études PriceWaterhouse
Coopers pour analyser les demandes d'agrément « programme »
selon les critères établis par l'Arrêté. À la
suite de cette étude, le Ministre de la Coopération au
Développement a octroyé l'agrément "programme" à 58
ONG des 76 ONG candidates (Arrêté ministériel du 14 avril
2007).
Le fait d'obtenir la qualité d'ONG de
développement et d'ONG « programme » est une étape
indispensable pour pouvoir introduire une demande de financement mais elle
n'est pas une garantie. Les projets et les programmes sont à leur tour
soumis à approbation conformément à l'Arrêté
royal du 24 septembre 2006 relatif à la subvention des programmes et
projets présentés par les organisations non gouvernementales de
développement agréées. Un projet subsidiable y est
défini comme « un ensemble d'activités permettant de
réaliser un objectif spécifique, qui s'inscrit dans le cadre
stratégique » et un programme comme « un ensemble
cohérent d'objectifs spécifiques, qui s'inscrivent dans le cadre
stratégique ». Un projet et un programme ont respectivement une
durée de deux et trois ans. L'agrément programme présente
deux avantages par rapport aux projets. Premièrement, les programmes
peuvent comprendre des activités du volet Nord (éducation au
développement, plaidoyer, etc.) et du volet Sud (appui de partenaires,
projets/programmes de développement, etc.), contrairement aux projets
qui ne peuvent concerner
qu'un seul des deux volets. Deuxièmement, ils sont
moins limités géographiquement. Les représentants du
secteur ONG et le Ministre de la coopération au développement se
sont accordés sur deux listes de pays pour lesquels les ONG peuvent
soumettre à la DGCD : l'une de 22 pays pour les projets, et la seconde
de 50 pays pour les programmes (Accords du 4 mai 2009). Enfin, le montant des
subsides accordés pour les projets et programmes s'élèvent
à 80 % de leurs coûts opérationnels et de gestion.
2.2.2. La prise en compte de l'environnement
À présent, il nous faut nous interroger sur le
statut attribué à la thématique environnementale par
l'aide au développement en Belgique. La coopération belge au
développement s'inscrit dans le cadre des Objectifs du Millénaire
pour le développement. Un de ces objectifs (l'objectif 7) vise à
assurer un environnement durable et, à ce titre, la DGCD consacre une
partie de son budget à la protection de l'environnement. La majeure
partie de la contribution financière de la DGCD à cette question
se réalise par le biais de la coopération multilatérale.
En 2008, le montant total alloué à cette cause
s'établissait à 122 millions d'euros, dont 32 millions
spécifiquement en faveur de la biodiversité (DGCD, 2009, p. 57).
D'après l'article 3 de la Loi relative à la coopération
internationale belge du 25 mai 1999, la coopération belge au
développement se donne comme « objectif prioritaire le
développement humain durable », auquel elle donne la
définition formulée dans le Rapport Brundtland. En dehors de la
mention du développement durable, l'environnement apparaît
à deux reprises dans la Loi du 25 mai 1999. Tout d'abord, le «
respect pour la protection ou la sauvegarde de I 'environnement » fait
partie des six principes de base dont la prise en compte doit servir à
mesurer la pertinence au développement, conformément aux
critères fixés par le Comité d'aide au
développement de l'Organisation de Coopération et de
Développement économiques (article 4). Deuxièmement,
à l'instar de nombreux autres pays européens, la Belgique a
choisi de faire de l'environnement une thématique transversale.
L'article 8 dispose que la coopération belge au développement
« tient compte de façon permanente des quatre thèmes
trans-sectoriels suivants : le rééquilibrage des droits et des
chances des femmes et des hommes ; le respect de l'environnement ;
l'économie sociale ; le respect des droits de l'enfant ».
Même s'il n'est pas mentionné dans la Loi, il faut ajouter
à ces quatre thèmes celui du VIH/SIDA.
D'autres documents officiels d'orientation politique
mentionnent l'environnement. Dans l'Accord entre le Ministre de la
Coopération au Développement et les Organisations non
gouvernementales belges de développement, la DGCD et les ONG s'engagent
à prendre « systématiquement en compte [...] dans leurs
actions l'égalité entre les femmes et les hommes,
l'empowerment des femmes, la protection de l'environnement, le respect
des droits des enfants et le travail décent » (point 3.4). De la
même manière, la note de consensus « Spécialisation,
complémentarité et synergies » réitère la
nécessité de systématiser la prise en compte de toutes les
thématiques transversales, y compris l'environnement, dans le travail
des ONG. Elle ajoute que cela « ne met en cause ni la
légitimité des ONG, ni le principe de leur autonomie, ni celui de
leur droit d'initiative sur base d'une demande émanant d'une
organisation locale » (Groupe de Pilotage DGCD-ONG, 2009, point 3).
En 2002, la DGCD publiait une Note stratégique sur
l'environnement qui fixait six aspects prioritaires pour l'action de la
coopération belge dans ce domaine : la gestion durable de l'eau ; la
lutte contre la désertification et la dégradation des terres ; la
protection et la gestion durable des forêts ; la protection et la gestion
durable de la biodiversité ; l'amélioration de la gestion
écologique des zones urbaines et périurbaines ; la lutte contre
et la réduction des effets du changement climatique (DGCD, 2004, p. 6).
Comme l'admet pourtant Claude Croizer (conseiller environnement à la
CTB) dans le journal de la coopération belge « Dimension »,
force est de constater que les thématiques environnementales ont
été remises sur le devant de la scène grâce
au changement climatique (DGCD, 2010a, p. 6). D'ailleurs, le changement
climatique apparaît très régulièrement dans ce
numéro de « Dimension » consacré à la
biodiversité.
En ce qui concerne la biodiversité, la Belgique est un
des 168 pays signataires de la Convention sur la diversité biologique,
accord international établi en 1992 lors du Sommet de la Terre à
Rio. En signant la Convention, la Belgique s'est engagée à «
réduire, voire stopper, la perte de biodiversité d'ici
l'année 2010 »3. En Belgique, les Régions sont
compétentes en matière d'environnement, ce sont donc ces
dernières qui sont chargées de la mise en oeuvre des mesures de
conservation de la nature. Tant les Régions que le Gouvernement
fédéral ont mis au point des stratégies en faveur de la
biodiversité. La « Stratégie nationale de la Belgique pour
la Biodiversité
3La Convention sur la diversité biologique,
Centre d'échange d'informations de la Belgique, « Mise en oeuvre de
la CBD en Belgique », [En ligne],
http://www.biodiv.be/implementation,
(consulté le 27 juin 2010).
2006-2016 », adoptée lors de la Conférence
Interministérielle de l'Environnement du 26 octobre 2006 constitue
dès lors un document d'orientation politique conçu pour encadrer
les initiatives des diverses entités compétentes. La
Stratégie nationale fixe 15 objectifs stratégiques et 78
objectifs opérationnels visant à enrayer la perte de
biodiversité. Parmi les objectifs opérationnels, deux sont
liés à la politique belge de coopération au
développement : l'objectif 10, « assurer la cohérence entre
les engagements et accords liés à la biodiversité et dans
leur mise en oeuvre », et l'objectif 11, « garantir une
coopération internationale continue et efficace pour la protection de la
biodiversité ». Des objectifs opérationnels qui en
découlent, deux concernent directement l'intégration
environnementale : l'objectif 10.3 « Evaluer tous les projets de
coopération sur le changement climatique, la biodiversité et la
désertification financés par la Belgique afin de s'assurer qu'ils
soutiennent mutuellement les objectifs des trois conventions de Rio », et
l'objectif 11.2 « tous les programmes et projets financés dans des
pays partenaires suivent une procédure d'évaluation
environnementale ex ante, allant, selon le cas, de l'évaluation
environnementale préliminaire à une Etude d'impact
environnemental complète ou à une Evaluation environnementale
stratégique » (Direction Générale Environnement,
2006). Ces objectifs sont repris dans le « Plan fédéral pour
l'intégration de la biodiversité dans 4 secteurs
fédéraux clés 2009-2013 », ces quatre secteurs
étant l'économie, la coopération au développement,
la politique scientifique et le transport. Le volet coopération du plan
est divisé en sept thèmes. C'est le thème 4 qui nous
intéresse ici puisqu'il porte sur l'évaluation environnementale
des différents plans et programmes de la coopération au
développement. Deux actions ont pour finalité
l'intégration des préoccupations environnementales. L'une de ces
actions correspond mot pour mot à l'objectif opérationnel 11.2
cité ci-dessus. Cette action prévoit qu'à court terme les
évaluations environnementales ne seront pas obligatoires lors de la
formulation des projets et programmes mais qu'elles le deviendront à
plus long terme, selon des modalités négociées entre la
DGCD et la CTB. La seconde action consiste en l'élaboration d'une «
boîte à outils d'intégration environnementale pour la
coopération belge au développement » par la DGCD et la
plate-forme KLIMOS. Cette plate-forme Klimaat en Ontwikkelingssamenwerking
(Climat et coopération au développement) a été
crée en 2008 à l'initiative du professeur Bart Muys de la K.U.
Leuven et vise à rassembler des connaissances permettant de concilier la
politique climatique et la coopération au développement
(Direction Générale Environnement, 2009). Nous examinerons
ci-après plus en détail cette boîte à outil, dont la
finalisation est prévue
pour l'année 2012. Nous pouvons néanmoins
à nouveau remarquer la prépondérance de la question du
changement climatique, qui sert de levier à la prise en compte d'autres
thématiques comme la biodiversité.
Ainsi, l'environnement est une thématique transversale
qui est censée inclure les différents aspects de l'environnement.
Tel est donc le cas de la biodiversité qui « est à prendre
à plus large échelle, dans l'ensemble des dimensions
environnementales » (DGCD, 2010a, p. 6).
2.3. Les ONG belges : typologie et histoire
Les organisations non gouvernementales sont en fait un groupe
d'organisations très diverses, ce qui rend toute
généralisation hasardeuse. Lewis et Kanji (2009, p. 12-13) ont
esquissé une typologie basée sur le type d'activités
entreprises par les ONG et les classent en trois catégories : les «
prestataires de services » (implementers en anglais) qui
fournissent des biens et services tels que la micro-finance, l'aide d'urgence
ou des soins de santé aux populations dans le besoin ; les «
catalyseurs » (catalysts) qui contribuent à la diffusion
des informations, à la mobilisation citoyenne ou au plaidoyer en faveur
d'une cause donnée ; et enfin les « partenaires »
(partners) qui travaillent conjointement avec les bailleurs, les
gouvernements ou le secteur privé et qui servent de pont entre ces
acteurs et les organisations de la société civile des pays en
développement. Comme le précisent Lewis et Kanji, la
majorité des ONG ont des activités relevant de chacune de ces
catégories. C'est bien sûr le cas des ONG belges dont la typologie
est étroitement liée au contexte historique de leur
création puis de leur évolution. Ces mêmes auteurs
présentent un cadre de référence pour appréhender
l'évolution des ONG (op. cit. p. 13-14). Une première
génération d'ONG se consacrerait tout d'abord à l'aide
humanitaire d'urgence. Dans un deuxième temps, cette
génération réoriente ses activités vers des
initiatives de développement local. La troisième
génération focalise davantage ses actions sur la recherche de
durabilité et sur le plaidoyer auprès de grandes institutions.
Enfin, la quatrième génération s'associe à des
mouvements sociaux mondiaux et mènent des activités de lobby
visant à amener de vastes changements structurels. Naturellement, toutes
les ONG ne suivent pas systématiquement ces étapes mais, nous en
retrouverons des éléments dans l'histoire des ONG belges.
L'examen de l'évolution des ONG belges permet de
distinguer quatre générations d'ONG dont l'émergence est
liée à quatre périodes distinctes de l'histoire de la
Belgique et du monde (Stangherlin, 2001, pp. 6-19). La première
génération est celle des « précurseurs » et
remonte à la période coloniale, soit à partir des
années 1930. Comme le nom de cette génération l'indique,
les associations créées à cette époque sont
à l'origine des ONGD belges actuelles. Elles sont dans un premier temps
le fait d'universités et d'institutions issues du monde catholique. Les
activités mises en oeuvre relevaient du « développement
communautaire » et étaient axées sur l'aide alimentaire, la
formation et les soins de santé plutôt que sur des
activités génératrices de revenus. La fin de la Seconde
Guerre mondiale a vu naître une nouvelle catégorie d'associations
créées pour venir en aide aux populations européennes
victimes du conflit. Elles sont en fait les premières associations
humanitaires, qui se mueront par la suite en ONG de coopération au
développement. D'après Stangherlin, ces associations ont «
construit les bases institutionnelles et humaines aux projets de
coopération entamés au cours des années 1960 »
(op.cit. p. 10). La deuxième génération d'ONG,
les premières véritables ONG de coopération au
développement, apparaît donc dans les années 60, alors que
l'Europe connaît l'euphorie des Trente Glorieuses. Les Européens
n'avaient toutefois pas oublié les traumatismes de la guerre, ce qui
aiguisait leur sentiment d'empathie envers toute population vivant des
situations similaires. À cela s'ajoute la culpabilité que
pouvaient éprouver les anciens fonctionnaires coloniaux vis-à-vis
des pays qu'ils avaient quittés. Ce sont ces sentiments qui sont
à la source des initiatives de développement de l'époque.
Les projets mis en oeuvre, généralement de taille modeste,
s'inscrivaient totalement dans la vision moderniste du développement qui
entendait résoudre les problèmes des pays
sousdéveloppés par le rattrapage de leurs économies du
point de vue des ressources et des techniques. Une vision totalement
différente du développement sera portée par la
troisième génération d'ONG : les « tiers-mondistes
». Cette vision correspond à la théorie de la
dépendance ou « centre-périphérie » qui a
marqué la période de la Guerre froide et selon laquelle le
sousdéveloppement est la conséquence des relations de domination
imposées par le centre, à savoir le monde occidental. Ces ONG se
différencient des ONG précédentes par leur engagement
politique et leurs actions de sensibilisation et de mobilisation du public.
Enfin, la quatrième génération est celle des «
techniciens sans frontières ». La chute de l'URSS et la fin de la
Guerre froide entame la pertinence de la théorie de la dépendance
et plonge le monde du développement dans une impasse théorique.
Les ONG se font dés lors moins idéologiques et adoptent une
approche plus
pragmatique et technicienne. Les ONG se sont fortement
professionnalisées, en partie sous la pression des bailleurs de fonds,
ce qui a fragilisé leurs liens avec leur base sociale (Totté M.,
Hadjaj-Castro H, 2004, p. 6).
3. PROBLEME GENERAL DE RECHERCHE ET QUESTION DE RECHERCHE
3.1. Problème général de recherche
Le « Guide d'élaboration d'un projet de recherche
en sciences sociales » (Mace et Pétry, 2000, p. 24) définit
le problème de recherche comme « un écart constaté
entre une situation de départ insatisfaisante et une situation
d'arrivée désirable ». Dans ce chapitre, nous nous
efforcerons de décrire les motivations de notre questionnement et de
retracer le cheminement de notre réflexion qui a abouti à la
question de recherche.
3.1.1. Population, développement et environnement
1.1.1.1. Les liens entre pauvreté et environnement
Les liens entre la pauvreté, le développement et
l'environnement sont évidemment très complexes et font l'objet de
diverses théories. Il en va bien sûr de même en ce qui
concerne la biodiversité. Selon Roe et Elliott (2005, p. 1), c'est
justement ce manque de consensus sur la nature des liens entre pauvreté
et protection de la biodiversité qui fait obstacle à la
résolution simultanée de ces deux problèmes. Certains
arguments sont cependant avancés de manière récurrente
pour établir la force des liens entre la pauvreté et
l'environnement. Tout d'abord, la littérature sur ce sujet rappelle
constamment la dépendance des populations pauvres vis-à-vis de
leur environnement. Les ressources naturelles constituent leur principal moyen
de subsistance et leur apportent nourriture, énergie et emploi (DFID,
2002 ; IPE, 2009, pp. 7-12 ; Ambler, 1999, p. 2). De nombreux chiffrent sont
cités pour appuyer cette affirmation : 1,6 milliards de personnes
dépendent quotidiennement des ressources forestières (Roe et
Elliott, 2006, p. 1) ; au Burkina Faso, 92 % de la population vit de
l'agriculture et de la pêche (IPE, 2009, p. 7) ; au Zimbabwe, les
ressources naturelles représentent près de 40 % des revenus des
ménages (Biodiversity in Development Project, 2001, p. 1). La
dépendance des populations pauvres à leur environnement va de
pair avec leur vulnérabilité aux conditions environnementales,
deuxième argument invoqué pour assoir les liens entre
pauvreté et environnement. Les populations pauvres sont donc,
toujours d'après la littérature sur le sujet, les
plus exposées et les plus touchées par les dégradations de
l'environnement (Roe et Elliott, 2005, p. 7 ; Ambler, 1999, p. 2).
Ces deux arguments servent de fondement à une
théorie très répandue sur la relation entre
pauvreté et dégradation de l'environnement,
désignée communément par l'expression « cercle
vicieux de la pauvreté » ou encore le modèle Nexus
(Picouet et al., 2004, p. 20). D'après cette théorie, la
croissance démographique des populations pauvres et leur gestion non
durable des ressources sont à l'origine de la dégradation de
l'environnement. La dégradation croissante de l'environnement contribue
à son tour à l'appauvrissement des populations. Pour pallier la
faible qualité des ressources dégradées et continuer
à subvenir à leurs besoins, ces mêmes populations sont
amenées à utiliser toujours davantage les ressources naturelles
dans des écosystèmes de plus en plus fragilisés. Le
principe corollaire de cette théorie est que le développement de
ces populations conduirait nécessairement à une
préservation des ressources naturelles (Ambler, 1999, p. 2 ; Nadkarni,
2000, p. 1184, Sanderson, 2004, p. 325 ; Gjertsen, 2005, p. 199). Il
apparaît clairement que cette conception du rapport pauvreté -
environnement est imprégnée de la vision néo-malthusienne
du développement (Picouet et al., 2004, p. 20). On peut aussi voir dans
les liens de causalité établis par le modèle
Nexus une traduction des courbes environnementales de Kuznet.
Sans rejeter totalement cette théorie et ses
fondements, certains auteurs s'emploient néanmoins à les nuancer.
Ainsi, Roe et Elliott (2005, p. 7) jugent bon de rappeler que les populations
pauvres ne sont pas les seules à dépendre des ressources
naturelles et que cela reste vrai pour le reste de l'humanité. Ils
ajoutent (op.cit. p. 8) que la dépendance plus directe de ces
populations vis-à-vis des ressources naturelles pouvait aussi les
inciter à préserver leur environnement, contrairement au postulat
du cercle vicieux. Nadkarni (2000, p. 1185) formule plusieurs critiques
à l'égard du modèle Nexus. Premièrement,
il récuse l'hypothèse implicite selon laquelle tous les pauvres
se soucient uniquement du présent ou, autrement dit, qu'ils «
utilisent un taux d'actualisation élevé » (Ambler, 1999, p.
12). Ensuite, il dénonce une stigmatisation des populations pauvres
négligeant les autres sources de pressions environnementales (entre
autres, les pays riches et les segments riches de la population dans les pays
en développement). Enfin, il affirme que la pauvreté ne peut pas
être attribuée à la seule
dégradation environnementale et que le
développement économique n'est pas systématiquement
corrélé ni à la réduction de la pauvreté ni
à la réduction des pressions environnementales. La relation entre
la pauvreté et l'environnement est loin d'être linéaire et
mécanique et doit être replacée non seulement dans son
contexte local, mais aussi dans le contexte politico-économique global
(Ambler, 1999, p. 3).
D'autres théories ont été
édifiées dans le but d'expliquer la connexion entre population,
développement et environnement. Parmi celles-ci nous pouvons citer la
théorie bosérupienne, selon laquelle la raréfaction des
ressources occasionnée par la croissance démographique conduit
à la recherche de systèmes de production plus efficients et donc
à la résolution du problème initial. Ces dernières
années, face au déterminisme des deux principales doctrines
(malthusienne et bosérupienne), des chercheurs proposent de construire
un nouveau courant fondé sur des « cadres d'analyse
systémiques et holistiques » (Picouet et al., 2004, p. 21), tenant
compte, notamment, de l'organisation des sociétés et de la
diversité et complexité des contextes à toutes les
échelles (locale, régionale, etc.). Par ce bref parcours des
thèses relatives aux liens entre pauvreté et environnement, nous
pouvons effectivement constater le manque de consensus, voire l'incertitude,
autour de cette question. Cette situation rend difficile la recherche de
solutions communes à la dégradation environnementale et à
la pauvreté.
3.1.1.1.L'intégration du développement dans
les sciences de la conservation
Les impératifs de développement et la
réduction de la pauvreté en particulier n'ont pas
échappé au monde du conservationnisme. Les organisations de
protection de la nature ont été les premières à se
pencher sur l'intégration des préoccupations environnementales et
des objectifs de développement. Ces initiatives portent le nom de
projets intégrés de conservation et de développement ou
ICDP (Integrated Conservation and Development Projects). Ce type de projets a
été lancé dans les années 1980 par le WWF. Le terme
ICDP couvre en réalité des approches diverses telles que la
gestion communautaire des ressources naturelles (CBNRM, Community-Based Natural
Resource Management), l'écotourisme ou la gestion communautaire de la
faune sauvage (Community Wildlife Management). Le point commun de toutes ces
variantes d'ICDP est la priorité donnée à l'objectif de
protection de la biodiversité. Fondées sur le modèle
Nexus mentionné précédemment, ces approches
impliquent toujours la mise en défens d'une partie du
territoire, privant les communautés de l'accès
à certaines ressources. Pour augmenter leurs chances de succès
dans l'atteinte de l'objectif principal, ces projets mettent en place des
outils de participation des « communautés locales » et
prévoient des activités de développements censées
leur bénéficier (Hughes et Flintan, 2001, pp. 4 et 5 ; Agrawal et
Redford, 2006, pp. 15-23). Depuis quelques années, une nouvelle tendance
se manifeste au sein des agences de protection de la nature, la « pro-poor
conservation », que l'on peut traduire par « conservation en faveur
de la réduction de la pauvreté ». Cette approche se veut
différente par l'angle sous lequel elle envisage la fusion des objectifs
de réduction de la pauvreté et de protection de l'environnement.
En effet, d'après Roe et Elliott (2006, p. 59), la « pro-poor
conservation » entend mettre la conservation de la nature au service de la
réduction de la pauvreté, contrairement à ce qui avait
été réalisé précédemment.
Malgré des intentions bienveillantes, les projets
intégrés de conservation et de développement sont la cible
de nombreuses critiques. En effet, comme le soulignent Hughes et Flintan (2001)
la plupart des études font état de l'échec de ces
approches. D'un point de vue socio-économique, les ICDP n'ont
généralement pas engendré les bénéfices
escomptés pour les populations locales. Basés sur des
représentations simplistes de l'organisation sociale des
communautés concernées, les ICDP ont même contribué
à une détérioration du bien-être de ces
communautés et ont eu des répercussions néfastes sur les
rapports sociaux. En outre, ces défauts de conception compromettent dans
le même temps l'objectif de conservation de la biodiversité (Li,
2002 ; Gibson et Marks, 1995 ; Barret et Arcese, 1995). Si les mauvais
résultats des ICDP sont certainement attribuables au manque de
connaissances des contextes locaux d'intervention, ils sont aussi imputables,
comme nous l'avons suggéré ci-dessus, au manque criant de
connaissances scientifiques sur la nature de la relation entre pauvreté
et environnement (Agrawal et Redford, 2006, pp. 32-34).
3.1.2. Nécessité de convergence des deux
objets d'action
La littérature traitant des rapports entre
réduction de la pauvreté et protection de l'environnement abonde,
mais comme nous pouvons le percevoir dans les quelques pages qui
précèdent, cette question a surtout été
soulevée par les tenants de la protection de l'environnement. Si l'on ne
peut que déplorer les effets négatifs des démarches des
organismes de
conservation, il faut néanmoins reconnaître que
beaucoup d'efforts ont été consentis pour conceptualiser
l'intégration des deux problématiques qui nous occupent. En
revanche, les agences de développement ont privilégié la
création d'outils dont la finalité est la prévention des
impacts des opérations de développement plutôt que la
refonte de leurs approches. Les deux outils phares sont les études
d'impact sur l'environnement et les évaluations environnementales
stratégiques. Il existe d'ailleurs une multitude de guides et manuels de
mise en oeuvre de ces outils dans la formulation des politiques, programmes et
projets de développement : « Integrating Environmental
Considerations in Policy Formulation: Lessons from Policy-Based SEA Experience
» (IBRD, 2005), « L'évaluation environnementale
stratégique. Guide de bonnes pratiques dans le domaine de la
coopération pour le développement » (Comité d'aide au
développement, 2006), « Environmental Impact Assessment and
Strategic Environmental Assessment: Towards an Integrated Approach »
(UNEP, 2004), pour n'en citer que quelques uns. D'après le document
« Biodiversité et coopération européenne au
développement » (IUCN, 2006, pp. 67-76), en dépit de
l'existence de nombreux manuels de ce type depuis le milieu des années
1990, les outils d'intégration demeurent peu utilisés et
l'analyse de la prise en compte de l'environnement par la Commission
révèle « un faisceau convergent de carences »
(op.cit. p. 68).
Le chemin est donc encore long et comme le soulignent Roe et
Elliott (2006, p. 14), si les organismes de conservation doivent consolider les
objectifs socio-économiques de leurs interventions, il reste aussi
à convaincre les organisations de coopération au
développement de la valeur de l'environnement.
Pourtant les défis qui nous font face appellent
à une intensification des actions et à une mobilisation de tous
les acteurs. Quelques constats nous rappellent, s'il en est besoin, l'urgence
de la situation. Le nombre de personnes vivant dans une extrême
pauvreté, c'est-à-dire avec moins d'1,25 dollar par jour, a
diminué mais reste considérable puisqu'il était
estimé à 1,4 milliard en 2005. Le nombre de personnes souffrant
de la faim ne cesse d'augmenter depuis 1992, où il s'élevait
à 817 millions. Aujourd'hui, d'après la FAO, ce chiffre
dépasserait 1 milliard de personnes, notamment en raison des crises
alimentaire et financière de 2008 et 2009. On estime en outre que 25 %
des enfants de moins de cinq ans souffrent d'insuffisance pondérale. La
mortalité infantile est en baisse mais reste, malheureusement,
inadmissible puisqu'en 2008
8,8 millions d'enfants de moins de cinq ans sont
décédés, principalement en raison de la malnutrition (ONU,
2010).
En ce qui concerne l'état de notre environnement, les
perspectives ne sont pas non plus rassurantes. La déforestation a connu
un faible ralentissement, mais depuis 2000, la perte nette de zones
forestières s'élève toujours à 5,2 millions
d'hectares par an (ONU, 2010, pp. 52-53). Il est estimé que 60 % des
services écosystémiques sont dégradés ou
surexploités (Millenium Ecosystem Assessment, 2005, p. 6). La
distribution des espèces devient plus homogène et la
diversité génétique diminue (op.cit. pp. 35-37).
Le nombre d'espèces en voie de disparition augmente sans cesse, entre 10
et 30 % des mammifères et amphibiens seraient concernés. Le taux
d'extinction actuel des espèces serait 1000 fois plus important que lors
des extinctions précédentes (op.cit. p. 4). Les
écosystèmes de pays en développement sont ceux qui
subissent les changements les plus rapides.
Cette dégradation de l'environnement constitue
très certainement un obstacle considérable à l'atteinte
des Objectifs du Millénaire même si, comme nous l'avons vu plus
haut, les causalités sont difficiles à établir clairement.
Par exemple, les populations des pays en développement seront
sévèrement touchées par le changement climatique. Les
principales cultures céréalières y connaîtront
probablement des baisses de rendement qui se répercuteront sur les prix
et, partant, sur le bien-être humain et sur la malnutrition en
particulier (Nelson et al., 2009, pp. 4-12).
Même si les approches d'intégration
adoptées tant par les organismes de protection de l'environnement que
par les organisations de coopération au développement sont loin
d'être parfaites, il semble raisonnable d'affirmer que le pire serait
l'inaction. Il faut donc continuer à encourager ces initiatives.
L'intégration de l'environnement dans les opérations de
développement peut contribuer à l'amélioration de leur
efficience et de leur efficacité, à la réduction des
risques de catastrophes environnementales ou à l'atténuation de
la vulnérabilité des populations. Enfin, par la nécessaire
prise en compte des générations futures que cette démarche
implique, elle contribue in fine à la durabilité et
viabilité des programmes et projets de développement (EuropeAid,
2007, p. 34).
3.2. Questions de recherche
Nous avons pu constater que les organisations de conservation
de l'environnement, les grandes agences de développement et les
bailleurs de fonds internationaux se sont saisis, à divers
degrés, de la question de l'intégration des objectifs de
développement et de protection de l'environnement. Cependant, la prise
en compte de cet aspect par les ONG n'est presque pas documentée, alors
que celles-ci constituent un groupe d'acteurs important du champ du
développement. En effet, on estime qu'en 2004 le montant total de l'aide
distribuée par les ONG s'élève à environ 23
milliards de dollars US, soit l'équivalent de près d'un tiers de
l'aide publique au développement (Lewis et Kanji, 2009, p. 2).
Nous nous proposons donc, très modestement, de combler
en partie l'absence de données à ce sujet. Pour cela la question
qui guidera notre recherche sera la suivante : comment les ONG de
développement belges intègrent-elles les préoccupations
environnementales, dont la biodiversité, dans leurs activités au
Sud. Afin d'alimenter cette réflexion et comprendre le contexte de
l'intégration de l'environnement par les ONGD belges, notre recherche se
penchera également sur les motivations des ONGD dans leur
démarche, sur les éventuels obstacles qu'ils rencontrent et sur
les enjeux que peut soulever l'intégration.
3.2.1. Sous question de recherche
Pour que notre recherche soit la plus complète
possible, il nous a paru nécessaire d'examiner de plus près un
second groupe d'acteurs : les bailleurs de fonds. Nous nous sommes donc
intéressés à la DGCD et plus particulièrement au
service ONG (D3.1), chargé de subsidier les programmes et les projets
soumis par les ONG agréées. L'environnement étant une des
thématiques transversales établies par la loi de 1999, nous nous
interrogerons sur le caractère obligatoire de sa prise en compte et sur
les modalités prévues par la DGCD pour vérifier le
degré d'intégration environnementale des dossiers qui lui sont
soumis. Nous formulerons donc la sous question de recherche de la
manière suivante : le service ONG (D3.1) de la Direction
générale de la Coopération au Développement, ses
gestionnaires et ses outils de gestion sont-ils un instrument de gestion des
impacts environnementaux des activités des ONG belges de
développement ?
4. PROBLÉMATIQUE
La problématique « fait le lien entre un objet
d'étude et des ressources théoriques que l'on pense
adéquates pour l'étudier » (Quivy et Van Campenhoudt, 20006,
p. 75). Dans cette section, nous allons exposer les étapes qui nous ont
amenés à la définition de notre problématique avant
d'en décrire le contenu.
La première partie de notre recherche, de nature
descriptive, nous a conduits à rechercher des documents
énonçant les principes susceptibles de contribuer à une
meilleure intégration environnementale dans la coopération au
développement. Très peu de documents comprennent de
réelles recommandations opérationnelles applicables au
fonctionnement d'une ONG. Cette partie de la recherche s'est donc
essentiellement appuyée sur les recommandations du « Manuel
d'intégration de l'environnement » de la CE et sur des documents
rédigés par Jean-Paul Ledant, consultant indépendant en
environnement et développement (EuropeAid, 2007 ; Ledant, 2005 ; Ledant,
2008).
Nous souhaitions cependant dépasser la simple
description des pratiques d'intégration environnementale des ONG de
développement et tenter d'apporter des pistes d'explication des enjeux,
des éventuels freins et des motivations qui sous-tendent ces pratiques.
Comme le soulignent Quivy et Van Campenhoudt, « lorsque nous abordons un
sujet, notre esprit n'est pas vierge » (2006, p.18). Nous n'avons pas
échappé à cette règle et la première piste
de recherche que nous avions explorée découlait de nos propres
préconceptions sur l'importance de la sensibilisation individuelle pour
l'adoption d'un comportement favorable à l'environnement. Suivant le
constat de de Singly qui déclare qu'« aucun objet social n'est
entièrement inédit, il peut, au moins pour certaines dimensions,
être rapporté à d'autres objets existants ou ayant
existé, et donc être analysé selon des principes
comparables. » (de Singly, 2008, p. 30); nous avons découvert que
ces idées s'inscrivaient directement, et très commodément,
dans une approche relevant de la psychologie environnementale faisant
intervenir le concept d'attitude environnementale. Cependant, les entretiens
exploratoires ont eu pour effet de nous faire reconsidérer ces
idées préconçues. Ces entretiens ont été
réalisés avec des personnes appartenant toutes au monde de la
coopération au développement mais occupant des positions
distinctes au
sein de ce monde. Les pistes alors révélées
suggéraient d'autres déterminants de l'intégration
environnementale au-delà, voire malgré, la sensibilisation au
niveau individuel.
Claude Croizer, Conseiller environnement à la
Coopération Technique Belge : « Il faut que de nombreux
paramètres soient réunis pour qu'une ONG s'engage dans cette voie
[l'intégration environnementale]... Il faut que toutes les
parties prenantes l'encouragent. »
Hedia Hadjaj-Castro, de l'ASBL COTA : « La contrainte
n'est donc pas l'ajout d'un critère [l'environnement] mais bien
l'ajout de charge de travail ».
Madame X, de la Direction générale de la
coopération au développement : « [la prise en compte de
l'environnement] est difficile à apprécier puisque aucune
précision n'est demandée de la part de la DGCD dans la
description des programmes ».
Ces extraits sont une illustration d'une série de
remarques récurrentes faisant apparaître, d'une part, le
rôle d'autres acteurs en dehors des ONG et de leur personnel (les
bailleurs de fonds, les partenaires, les bénéficiaires, etc.) et,
d'autre part, les contraintes posées par le fonctionnement
général de la coopération non gouvernementale. En outre,
certaines lectures exploratoires sont venues consolider ces nouvelles pistes de
réflexion. Une étude du Gret (association professionnelle
française de solidarité et de coopération internationale)
considère par exemple que l'une des contraintes externes à une
meilleure prise en compte du changement climatique par les ONG
françaises réside dans le « positionnement des bailleurs
» et dans les exigences et contraintes de nature financière que ces
bailleurs imposent aux ONG (Chetaille, 2007, p. 76). Bien qu'ils ne concernent
pas directement le thème de l'intégration environnementale,
d'autres documents portant plus spécifiquement sur la situation de la
coopération non gouvernementale en Belgique apportent des
éléments de la même teneur. Ainsi, les exigences
imposées par les bailleurs pour garantir la qualité des
interventions faisant l'objet d'un cofinancement auraient pour effet d'alourdir
les procédures, où « l'on passe plus de temps à
justifier ce que l'on fait qu'à faire ce que l'on avait prévu
» (Totté et Hadjaj-Castro, 2004, p. 32). Ces exigences seraient
vécues par beaucoup comme une contrainte et auraient des
conséquences sur les stratégies d'intervention des ONG et sur
leurs relations avec leurs partenaires au Sud (Hadjaj-Castro, 2004). Plus
intéressant encore, « les attentes des bailleurs en matière
d'outils de gestion sont tellement
diverses que toutes les ONG avouent disposer d'une
"stratégie de bailleurs" » (op.cit. p.16). La «
confrontation » des ONG avec « d'autres acteurs dans l'arène
du développement » est également soulignée (Delveter,
Fonteneau et Pollet, 2004, p. 809), avec au premier plan leurs relations avec
les partenaires au Sud, qui exercent un rôle fondamental dans la
conception des interventions (Hadjaj-Castro, 2004, pp.11 et 23). Enfin,
Jean-Paul Van Ypersele, dans son rapport « Les changements climatiques et
la politique belge de coopération au développement : défis
et opportunités », liste une série d'obstacles à
l'intégration du changement climatique dans la coopération au
développement qui met en avant, d'une part, le manque d'expertise et
d'information des acteurs concernés et, d'autre part, des
difficultés de nature plus structurelle, telles que la surcharge de
travail occasionnée par la multiplication des thématiques
à intégrer ou la différence d'« échelles
spatiales et temporelles » entre les praticiens du développement et
les climatologues (2008, pp. 37-38).
Les concepts émergeants de ces différents textes
(stratégie, arène, structure, positionnement, etc)
s'écartent donc de la psychologie environnementale, discipline
mobilisée au début de notre recherche. Ce que nous avons
expérimenté est la « rupture » louée par Quivy
et Van Campenhoudt comme étape essentielle de toute recherche (2006,
pp.17-19). Cette rupture ne nous a toutefois pas amenés à rejeter
complètement cette première discipline envisagée comme
cadre théorique mais, comme nous allons le voir ci-dessous, de la
reconsidérer en la confrontant à un second champs
scientifique.
Le cadre théorique de notre recherche réunit
dès lors deux champs des sciences humaines et sociales : la psychologie
environnementale et la socio-anthropologie du développement. La mise en
parallèle de ces deux disciplines aboutira finalement à trois
approches qui combinent les apports de chacune d'elles.
L'exploration des théories sur le comportement
environnemental a tout d'abord montré que notre première
intuition portant sur le rôle de la sensibilisation individuelle
n'était pas infondée et que l'information et la conscientisation
ont été, et sont toujours dans une certaine mesure,
considérées comme le déterminant fondamental d'un
comportement favorable à l'environnement. Toutefois, les théories
actuelles suggèrent que cet élément, bien que
nécessaire,
est loin d'être suffisant pour expliquer un comportement
environnemental (Hwang, Kim et Jeng, 2000, pp. 20-21 ; Bamber et Möser,
2007, pp. 15-16). Hwang, Kim et Jeng proposent de classifier les facteurs
d'influence du comportement environnemental en trois catégories : les
facteurs cognitifs (degré d'information et de sensibilisation aux
thématiques environnementales), les facteurs affectifs (les valeurs et
émotions associées à l'environnement et sa
dégradation) et les facteurs situationnels (contraintes
économiques ou pratiques, pression sociale, etc.) (2000, p. 21). Stern
classent quant à lui les variables responsables du comportement
environnemental en quatre groupes : les facteurs contextuels, rassemblant les
éléments extérieurs à l'individu susceptibles de
constituer une contrainte ou un facilitant (y compris, les normes sociales) ;
les capacités personnelles, notamment les connaissances et
compétences en matière d'environnement ; les habitudes ; et enfin
les facteurs liés à l'attitude (valeurs, croyances,
évaluation des coûts et bénéfices du comportement)
(2005, p. 10786). Nous pouvons d'ors et déjà constater des points
communs entre ces deux modèles d'analyse. Cela n'a rien
d'étonnant puisque, comme le rappellent Bamberg et Möser (2006, p.
15), l'un des modèles théoriques les plus fréquemment
utilisés pour expliquer les comportements environnementaux demeure la
théorie du comportement planifié de Ajzen (1991). D'après
cette théorie, le comportement est déterminé par
l'intention d'agir et le contrôle perçu. L'intention d'agir
dépend de l'attitude envers le comportement (fonction elle-même
des valeurs, croyances et connaissances relatives à ce comportement) et
de la norme subjective, qui est la perception de la pression sociale
associée à ce comportement. Le contrôle perçu est
l'estimation subjective de la capacité à réaliser un
comportement compte tenu des contraintes situationnelles réelles ou
perçues. (Ajzen, 1991, pp. 181-182 ; Bamberg et Möser, 2007, p.
16).
Figure 1: Théorie du comportement
planifié (Ajzen, 1991, p. 182)
Cette théorie affirme donc que l'intention
comportementale d'un individu se traduira en comportement s'il estime qu'il
contrôle totalement les conditions de réalisation de ce
comportement.
Le contexte de notre recherche est celui de la
coopération au développement. Il n'est donc pas surprenant que la
seconde discipline à laquelle nous avons fait appel soit la
socioanthropologie du développement, dont l'objet spécifique est
le développement, c'est-à-dire « l'ensemble des actions de
tous ordres qui se réclament de lui » (Olivier de Sardan, 2001, p.
731). L'anthropologie du développement considère partant le
développement comme un phénomène social à part
entière, un « ensemble complexe de pratiques sociales »
insérées dans un « ensemble complexe d'institutions, de flux
et d'acteurs, pour qui le développement constitue une ressource, un
métier, un marché, un enjeu ou une stratégie »
(ibid.). Les enjeux environnementaux font partie intégrante du
discours actuel du développement. À l'image de ce que nous avons
constaté dans la description du problème de recherche, les
travaux en anthropologie du développement s'intéressant à
ces enjeux traitent majoritairement de l'impact du discours des sciences de la
conservation (Escobar, 1998) ou des interventions de conservation associant des
activités de développement (Gibson et Marks, 1995 ; Li, 2002 ;
Barret et Arcese,
1995). Le sujet de notre recherche propose, à
l'inverse, de se pencher sur les implications de l'intégration des
préoccupations environnementales dans les activités de
développement « classiques ». L'approche dite « par
l'enchevêtrement des logiques sociales » d'Olivier de Sardan propose
de « déchiffrer à la fois les stratégies des acteurs
et les contraintes des contextes, d'accéder aux pratiques comme aux
représentations, de repérer des phénomènes de
conjoncture et des phénomènes de structure » (2001, p. 742).
Stratégies, acteurs, pratiques, représentations, structure : la
correspondance entre les objectifs de l'anthropologie du développement
tels qu'énoncés ci-dessus et les données extraites lors de
la phase exploratoire rend cette discipline adaptée à notre
travail.
Comme nous l'avons déjà mentionné, nous
avons choisi de ne pas nous limiter à l'une ou l'autre approche
théorique et d'exploiter chacune d'elle avec « un opportunisme de
bon aloi » pour construire une « problématique ad hoc »
(Quivy et Van Campenhoudt, 2006, p. 99). Cette option nous est apparue d'autant
plus pertinente que la psychologie de l'environnement et l'anthropologie du
développement offrent des perspectives complémentaires sur les
phénomènes que nous souhaitons aborder. La psychologie
environnementale est naturellement centrée sur l'individu et son
attitude propre mais fait intervenir des paramètres extérieurs
tels que les normes sociales et les contraintes imposées par le
contexte. Quant à l'anthropologie du développement, si elle se
focalise plutôt sur des catégories d'acteurs, elle vise aussi
à découvrir les tendances comportementales de ces acteurs en les
replaçant dans leur contexte social particulier et en décelant
les représentations et valeurs qui les sous-tendent.
Le résultat de ces réflexions théoriques
revient en fait à envisager la problématique sous l'angle des
trois « dimensions principales des phénomènes sociaux
», telles que décrites par Quivy et Van Campenhoudt (op.cit.
p. 93). Se dessine premièrement une « dimension de sens »
où l'on considère que les comportements des acteurs sont
liés au sens que ceux-ci donnent à leurs expériences.
Cette dimension permet d'englober à la fois des éléments
clefs de la psychologie environnementale gravitant autour du concept d'attitude
(comme les croyances, les valeurs, perceptions et cognitions) et, du point de
vue de l'anthropologie du développement, « les logiques et les
rationalités qui sous-tendent représentations et comportements
» (Olivier de Sardan, 2006). La deuxième dimension, «
processuelle et actancielle » donne du poids aux
interactions entre les acteurs d'une société
pour en expliquer les comportements. Sous l'angle de la psychologie
environnementale, cette dimension recouvre les phénomènes
associés à la norme subjective (soit la pression sociale
encourageant ou non l'accomplissement d'un comportement et la soumission
à cette pression). Du point de vue de l'anthropologie du
développement, cette dimension correspond à l'exploration des
relations sociales de pouvoir, de conflit et d'interactions de tout type qui
sont à l'origine des stratégies adoptées par les acteurs.
La troisième et dernière dimension faisant partie de notre cadre
théorique est la « dimension structurée » selon
laquelle les conditions dans lesquelles surviennent les
phénomènes et comportements sociaux ont une influence directe sur
les dits phénomènes et comportements. Cette dimension permet de
combiner la notion de contrôle perçu de Ajzen qui, pour rappel,
envisage l'effet des contraintes contextuelles sur la réalisation d'un
comportement et les notions de champ ou de système qui, à leur
tour, mettent l'accent sur les contraintes structurelles auxquelles les acteurs
sont confrontés.
5. MODELE D'ANALYSE 5.1. Hypothèses
Les trois dimensions du cadre théorique
présenté ci-dessus nous ont servi d'assise pour formuler les
hypothèses de travail. Il nous faut cependant préciser que ces
hypothèses n'ont pas pour objectif premier d'être
confirmées ou infirmées par les résultats de
l'observation, mais de fournir des pistes de réflexion et d'organiser la
recherche (Quivy et Van Campenhoudt, 2006, p. 113). Nous nous situons donc dans
un cadre à dominance exploratoire plutôt que confirmative
(Huberman, 2002, p. 44). Les hypothèses formulées ci-dessous
portent sur les déterminants probables de l'intégration
environnementale. Les pratiques d'intégration environnementale mises en
oeuvre par les ONG de développement constituent dès lors la
variable dépendante centrale de notre cadre d'analyse. Chacune des
hypothèses avancées s'inscrit dans une des trois dimensions de
notre problématique de recherche :
Première hypothèse (dimension de sens) : une ONG
de développement est un groupement d'individus dont l'attitude (à
l'égard de l'environnement notamment) influe sur la vision de l'ONG et,
par voie de conséquence, sur l'intégration environnementale.
Deuxième hypothèse (dimension processuelle et
actancielle) : l'intégration environnementale d'une ONG de
développement, en tant que groupe stratégique, dépend de
ses interactions avec les autres groupes stratégiques qui constituent
ses interlocuteurs, et en particulier les bailleurs de fonds.
Troisième et dernière hypothèse
(dimension de structure) : le système de la coopération au
développement dans lequel les ONG interviennent impose des limites,
réelles ou perçues, à l'intégration
environnementale.
5.2. Cadre conceptuel
Dans ce chapitre, nous allons définir les principaux
concepts autour desquels s'articulent nos hypothèses. Comme nous l'avons
établi précédemment, l'intégration environnementale
est la variable dépendante centrale de notre modèle d'analyse. Il
nous faut donc définir l'intégration environnementale en tant que
concept opératoire clef de notre recherche, préciser ses
composantes et, dans la mesure du possible, ses indicateurs.
L'intégration environnementale est une forme de mainstreaming, dont le
« Manuel d'intégration de l'environnement » de la CE donne la
définition suivante : « le mainstreaming est le processus
d'intégration systématique d'une valeur, d'une idée, d'un
thème particulier dans tous les domaines de la coopération au
développement de la CE, en vue de promouvoir des objectifs de
développement spécifiques (transposer les idées,
influencer les politiques), ou généraux » (EuropeAid, 2007,
p. 16).
Dans le cas qui nous occupe, l'intégration
environnementale concerne les questions environnementales émergeant
à l'interface entre un dispositif de développement et
l'environnement dans lequel il est déployé. Lors d'une
intervention de développement, les questions environnementales à
prendre en compte sont de deux ordres : « les incidences potentiellement
exercées par l'environnement sur le projet et les impacts potentiels du
projet sur l'environnement » (Ledant, 2008, p. 14). Comme le souligne
Jean-Paul Ledant (op. cit. p. 14), tant les impacts du projet sur
l'environnement que ceux de l'environnement sur le projet peuvent être
négatifs ou positifs.
Une intégration environnementale aboutie s'articulera donc
autour de ces axes :
o la minimisation des pressions environnementales
occasionnées par le dispositif de développement et la
maximisation de ses effets positifs ;
o l'adaptation du dispositif aux facteurs environnementaux
susceptibles de l'affecter positivement (opportunités) ou
négativement (contraintes) (EuropeAid, 2007, p. 89 ; Ledant, 2008, p.
14).
Tout dispositif de développement peut être
l'objet de l'intégration environnementale. Nous avons choisi d'utiliser
le terme « projet » pour nous référer aux
activités déployées par les ONG de développement.
Ce choix est contestable car la notion de projet, et les méthodes de
gestion qui lui sont associées, suppose une approche
« interventionniste » de la part des ONG et occulte la dimension
participative mise en avant par de nombreuses ONG de développement
belges (Hadjaj-Castro, 2006a, p. 8-9).
Monsieur B, directeur d'une ONG : « Nous ne sommes
pas une ONG qui intervient directement et réalise "des projets". [...]
Donc, dans mes réponses, j'ai interprété « projets
» par "actions des partenaires". »
Toutefois, nous justifions le choix du terme « projet
» car il est très communément employé dans le secteur
de l'aide au développement. Nous proposons donc de retenir pour le terme
« projet » une définition large couvrant de nombreuses
réalités : « un projet de développement est un effort
collectif et organisé, limité dans le temps, qui vise à
obtenir une situation améliorée » (Ledant, 2005, p. 4).
Nous avons déterminé les deux grands axes de
l'intégration environnementale et son objet, il reste à
identifier les points d'entrée des questions environnementales dans le
projet de développement. Nous avons choisi de calquer les points
d'entrée sur la succession des étapes qui constituent le cycle de
projet, tel que décrit par le « Manuel d'intégration de
l'environnement » (EuropeAid, 2007). La Gestion du Cycle de Projet trouve
son origine dans le milieu de la gestion d'entreprise (Hadjaj-Castro, 2006a, p.
1). Elle a été adoptée en 1992 par la Commission
européenne comme outil de conception et de gestion des projets avec pour
objectif de garantir la qualité des projets, et plus
précisément leur pertinence, faisabilité et
efficacité (EuropeAid, 2004, p. 1).
Appliquée au fonctionnement d'une ONG, la gestion du cycle
de projet présente les cinq phases suivantes (Hadjaj-Castro, 2006a, pp.
2-8) :
o la programmation : phase où sont définies les
orientations générales de l'organisation (thématique(s),
secteur(s) et/ou région(s) d'intervention) ;
o l'identification : phase où est élaborée
une proposition de projet et où est appréciée sa
pertinence au regard de la programmation et du contexte d'intervention ;
o la formulation : phase de finalisation du projet où sont
examinées sa faisabilité et sa durabilité ;
o la mise en oeuvre ;
o l'évaluation.
Nous avons décidé de ne retenir que les quatre
premières étapes du cycle dans notre analyse, d'une part pour des
questions de faisabilité, et d'autre part pour nous concentrer sur les
étapes en amont, là où sont prises les décisions
clefs.
Enfin, il convient de rappeler la finalité de
l'intégration environnementale. Comme le rappelle Jean Paul Ledant,
« c'est non pour lui-même mais pour les objectifs de
développement que l'environnement mérite d'être pris en
considération » (Ledant, 2008, p. 14). La qualité d'un
projet de développement est évaluée selon quatre
critères principaux : la pertinence, l'efficience, l'efficacité
et la durabilité. C'est donc pour contribuer à la satisfaction de
ces critères que l'intégration environnementale est
nécessaire.
Tous les éléments qui précèdent
nous ont permis de construire le concept opératoire «
intégration environnementale » et de lui donner la
définition suivante : l'intégration environnementale est un
processus d'intégration systématique des considérations
environnementales dans les étapes du cycle de projet qui consiste, d'une
part, à minimiser les pressions environnementales occasionnées
par le projet et à maximiser les effets positifs du projet sur
l'environnement et, d'autre part, à adapter le projet aux facteurs
environnementaux susceptibles de l'affecter positivement ou
négativement, dans le but d'en assurer la pertinence,
l'efficacité, l'efficience et la durabilité.
Pour chaque étape du cycle de projet, il nous faut
trouver des indicateurs susceptibles de refléter le degré
d'intégration de la thématique environnementale. En ce qui
concerne la programmation, telle que nous l'avons définie plus haut, le
niveau d'intégration environnementale d'une ONG peut s'y traduire par la
présence des thématiques environnementales dans la vision et
mission de l'ONG en question. La vision d'une ONG est l'expression de ses
valeurs, de sa conception du développement et du sens qu'elle donne
à son action. La mission est la formulation des objectifs
généraux de l'ONG et des principaux moyens qu'elle souhaite
mettre en oeuvre pour y parvenir compte tenu de sa vision. La vision et la
mission d'une ONG font partie des éléments du
dossier de demande d'agrément (Hadjaj-Castro, 2006b, p. 3 ; Acodev,
2009, p. 5 ; AR 18.07.97).
Un des critères de recevabilité établis
par l'Arrêté royal du 24 septembre 2006 relatif à la
subvention des programmes et projets présentés par les ONG de
développement agréées est la mise en pratique de
l'approche axée sur les résultats «
concrétisée par un cadre logique » (article 9, alinéa
5 et article 16, alinéa 4). Selon cette approche, l'identification
consiste à analyser les problèmes du contexte d'intervention,
souvent par le biais d'un arbre à problèmes. Cette étape
est suivie de l'analyse des solutions et stratégies pour répondre
aux situations problématiques révélées par l'arbre
à problème (Hadjaj-Castro, 2007, p. 4). Une analyse pertinente
des problèmes doit être la plus large possible et inclure les
trois piliers du développement durable, et partant, l'environnement
(Ledant, 2005, p. 13). De même, les stratégies retenues devront
tenir compte des contraintes environnementales. Lors de la formulation, les
contraintes et opportunités environnementales ainsi que l'incidence du
projet doivent être davantage examinées. C'est à ce moment
que sont réalisées, le cas échéant, l'étude
de faisabilité et l'étude d'incidence. Enfin,
l'intégration de l'environnement dans la mise en oeuvre du projet se
traduit par une gestion rationnelle et environnementale des moyens et de la
logistique : économie d'énergie et rationalisation des
transports, économie de papier, utilisation de produits recyclés,
biodégradables ou favorables à l'environnement, limitation et
gestion adéquate des déchets, économie des ressources
naturelles telles que l'eau (Ledant, 2008, p. 15 ; EuropeAid, 2007, p. 82).
Intégration environnementale
AXES
POINTS D'ENTRÉE
INDICATEURS
> Programmation > Identification > Formulation
> Mise en oeuvre
> Minimisation des pressions
environnementales
> Maximisation des effets positifs
> Adaptation aux contraintes
environnementales
> Adaptation aux opportunités
environnementales
Présence et place de thématiques environnementales
dans la vision et la mission de l'ONG
Prise en compte de l'environnement dans l'analyse des
problèmes
Prise en compte de l'environnement dans l'analyse des
stratégies
Prise en compte de l'environnement dans l'étude de
faisabilité
Réalisation d'une EIE
Gestion rationnelle et environnementale des moyens et de la
logistique
Figure 2 : Concept opératoire «
intégration environnementale »
Il nous faut aussi définir le terme « organisation
non gouvernementale de développement » ou « ONGD ». Dans
le cadre de ce travail, il désigne toute organisation non
gouvernementale belge qui peut bénéficier de subsides
conformément à l'Arrêté royal du 18 juillet 1997
relatif à l'agrément et à la subvention d'organisations
non gouvernementales de développement et de leurs
fédérations. Comme nous l'avons constaté dans un chapitre
précédent, les ONG belges présentent des profils
très divers. Nous aurons l'occasion de préciser quel profil a
été privilégié dans notre enquête lors de la
description de l'échantillon.
La première hypothèse fait intervenir le concept
d'attitude. La définition que nous en donnons ici recouvre les
éléments subjectifs composant « l'état d'esprit
» d'un individu à l'égard de l'environnement et de notions
connexes (intégration environnementale, développement,
développement durable), et inclut, comme composantes principales, les
connaissances, les opinions et les représentations associées
à ces notions.
Notre deuxième hypothèse de recherche assimile
les ONGD à un groupe stratégique. Pour rappel, les ONG sont un
des nombreux types d'acteurs intervenant dans le champ du développement.
En admettant le postulat que tous ces acteurs agissent dans la poursuite d'un
objectif commun, à savoir le développement (quelle qu'en soit la
définition que l'on souhaite lui attribuer), il reste néanmoins
réaliste d'envisager que, pour diverses raisons, ils ne partagent pas
exactement les mêmes intérêts. Le concept de groupe
stratégique permet de classifier les acteurs en fonction de leurs
positions face à certains enjeux et la compréhension de leurs
interactions constituent une porte d'entrée « fertile » pour
toute recherche (Bierschenk, 2006). Nous retiendrons donc la définition
suivante, de Bierschenk et Olivier de Sardan : un groupe stratégique est
un « "groupe virtuel" qui nous aide à penser la convergence des
stratégies entre certains individus dont on peut supposer qu'ils
partagent une même position face à un même "problème"
» (2007). Dans le cadre de leurs activités, les ONGD sont
confrontés à de multiples interlocuteurs. Parmi ces
interlocuteurs, nous distinguerons trois principaux groupes stratégiques
qui méritent de retenir notre attention : les partenaires, les
bénéficiaires et les bailleurs de fonds.
Les partenaires désignent les organisations ou
institutions locales avec lesquelles une ONGD coopère dans un pays
d'intervention. La relation de partenariat est essentielles aux yeux
de nombreuses ONGD et est souvent considérées
comme un objectif à part entière (Acodev, 2007, p. 11), ce qui
fait des partenaires des acteurs clefs du fonctionnement d'une ONG. De
manière très logique, les ONG auraient tendance à s'allier
à des partenaires partageant la même vision qu'elles (op. cit.
p. 30). Théoriquement, ce sont les partenaires qui doivent
être à l'origine, non seulement de la relation partenariale mais
aussi de la formulation des projets (op. cit. p. 32). Etant
donné les exigences auxquelles sont soumises les ONG de la part des
bailleurs, on peut imaginer que la collaboration avec les partenaires ne soit
pas toujours aisée (op. cit. p. 11).
Les bénéficiaires sont, quant à eux,
définis comme les individus ou groupes d'individus qui
bénéficient directement ou indirectement des actions
menées par l'ONGD et ses partenaires. Comme le soulignent Lavigne
Delville et Neu, « il est bien naïf d'imaginer que les
bénéficiaires ne sont pas eux aussi des acteurs avec leurs
propres stratégies et que leurs propos ne sont pas marqués par
celles-ci » (2001, p. 13). Ayant des stratégies propres, les
bénéficiaires ont plus que probablement une influence sur les
activités dont ils sont les cibles. C'est pour cette raison que nous
considérons les « bénéficiaires » comme un
groupe stratégique pertinent, même s'il est évident qu'il
est loin d'être un groupe homogène.
Enfin, les bailleurs de fonds sont les institutions qui
financent, au moins partiellement, les activités des ONGD. Dans le cadre
de notre recherche, un seul bailleur de fonds sera étudié de
manière approfondie : la Direction Générale de la
Coopération au Développement, principal bailleur de fonds
institutionnel des ONG belges. Comme nous l'avons relevé plus tôt,
la relation entre la DGCD et les ONG semble être un paramètre
essentiel à la compréhension des stratégies
développées par les ONG. En tant qu'administration
fédérale, la DGCD utilise des fonds publics pour cofinancer les
activités des ONGD agréées. Le principe de subsidiation
des ONG pose dès lors un problème de définition du
rôle des ONG puisqu'elle peut paraître contradictoire avec leur
statut d'organisation non gouvernementale. Se pose en effet la question de
l'autonomie des ONG, de leur redevalibilité et de leur alignement sur
les lignes directrices de la DGCD (Acodev, 2007, p. 12). Face à ces
interrogations, il était utile de s'intéresser à
l'influence qu'exercent, sur les activités des ONGD, les positions
adoptées par la DGCD sur les différentes thématiques du
développement et, bien sûr, sur l'environnement.
Enfin la troisième hypothèse postule qu'il
existe un système de la coopération au développement qui
présenterait des caractéristiques distinctives et dans lequel
sont intégrées les ONG. Lavigne-Delville mentionne, entre autres,
la culture technicienne du champ du développement ou le décalage
entre l'apport des sciences et la politique d'action des agents de
développement (Lavigne-Delville, 2007). On peut ajouter à cette
liste non exhaustive la « temporalité cyclique »
particulière des activités de développement (Joiris et
Bigombe Logo, 2010), liée aux phases de conception et de mise en oeuvre
des projets et consacrée par le fonctionnement du système de
financement des bailleurs. Nous proposons donc de définir le
système de la coopération au développement comme un
ensemble structuré d'acteurs et d'institutions dont les pratiques
répondent à des règles et des logiques de fonctionnement
qui lui sont propres.
Bailleurs
de fonds
Partenaires
Bénéficiaires
ATTITUDE
H2
ONG
H3
H1
INTÉGRATION
ENVIRONNEMENTALE
H3
Système de la coopération
au
développement
H = Hypothèse
Figure 3: Diagramme des hypothèses et
concepts
6. CADRE METHODOLOGIQUE DE LA COLLECTE DE
DONNÉES
Comme nous l'avons déjà précisé,
nous nous sommes fixés deux objectifs : d'une part ébaucher une
description des pratiques d'intégration environnementale des ONGD belges
et, d'autre part, approcher la compréhension des déterminants de
ces pratiques. Pour ce faire, nous avons procédé à
l'analyse de trois types de source : des documents écrits, des
enregistrements audio et des questionnaires. Dans ce chapitre nous
détaillerons chacune de ces sources, les raisons de leur
sélection, l'élaboration des outils de collecte ainsi que le
déroulement de la celleci.
6.1. Présentation des outils de collecte des
données
6.1.1. Documents écrits
Dans notre cadre d'analyse, nous avons identifié quatre
points d'entrée possibles pour l'intégration environnementale.
Parmi ceux-ci se trouve la phase de programmation. En vue d'estimer le
degré de prise en compte des thématiques environnementales, nous
avons décidé d'examiner la présence et la place de
thématiques environnementales dans la vision et la mission de l'ONG. La
vision et la mission des ONG sont en général décrites sur
leurs sites Internet, dans leurs rapports d'activité ou tout autre
document décrivant leur travail. Certaines ONG ont par ailleurs tenus
à fournir directement certains de ces documents, attestant de leurs
efforts d'intégration. Nous les examinerons donc afin d'y relever les
traces d'une évolution des préoccupations des ONGD et d'une
réorientation de leur politique.
6.1.2. Questionnaires
Les questions qui guident notre recherche, les objectifs que
nous nous sommes fixés ainsi que la population étudiée
requièrent, d'après nous, une approche qualitative. En effet,
nous ne souhaitions pas produire des statistiques, dont l'utilité et la
validité pourraient être contestée étant
donné la taille de la population de départ et de
l'échantillon. Le recours à un questionnaire peut dès lors
paraître paradoxal, voire superfétatoire, mais il se justifie pour
plusieurs raisons.
L'outil principal de notre recherche est l'entretien. Le
succès de l'enquête reposait donc beaucoup sur la volonté
des ONG à y participer activement. Les ONG étant très
sollicitées pour des enquêtes de tout type, l'entreprise pouvait
s'avérer difficile. L'envoi d'un questionnaire pouvait faciliter notre
démarche. Nous avons mis en pratique une des techniques issues de la
théorie de l'engagement : le « pied dans la porte », qui
consiste à obtenir d'une personne qu'elle réalise une action peu
coûteuse pour qu'ensuite elle accepte de réaliser une action plus
coûteuse. Obtenir une réponse au questionnaire nous permet
d'envisager avec plus d'optimisme la réalisation de l'entretien.
Evidemment, le questionnaire n'a pas été
élaboré dans ce seul but. Certaines des questions que nous
souhaitions poser se prêtaient mal aux conditions d'un entretien. Nous
avons ainsi choisi d'incorporer dans le questionnaire toutes les questions
fermées qui auraient été susceptibles de casser le rythme
de l'entretien. En outre, la combinaison questionnaire - entretien n'est pas
dénuée de sens puisque, selon Blanchet et Gotman (2007, p. 43),
« le recours à l'entretien sert dans ce cas à contextuer des
résultats obtenus préalablement par questionnaire ».
En ce qui concerne le questionnaire et son contenu, il a
été mis au point en suivant les hypothèses de recherche et
les recommandations du manuel de François de Singly, « Le
questionnaire » (2008). Nous nous sommes efforcés de combiner des
questions sur les pratiques, ou plus exactement sur les pratiques tel qu'elles
sont expérimentées par les répondants, et des questions
d'opinion (de Singly, 2008, p. 64-65). Etant donné que la participation
des ONG dépendait largement du temps qu'il leur était possible de
nous accorder, nous nous sommes aussi employés à limiter le
nombre de questions.
Cette étude porte sur les ONGD belges, flamandes et
francophones. C'est pourquoi une version du questionnaire en néerlandais
a également été élaborée.
6.1.3. Entretiens
Bien que notre étude comprenne une partie descriptive
traitant des pratiques des ONG, notre question de recherche et les ressources
dont nous disposions ne nous permettaient pas de réaliser un portrait
minutieux de l'intégration de l'environnement dans un cycle
d'intervention,
depuis la conception du projet jusqu'à son
évaluation. Une telle démarche nécessiterait certainement
l'étude approfondie d'un ou plusieurs cas ainsi que le recours à
l'observation directe des pratiques. Par le biais de l'analyse des documents
écrits et des questionnaires, nous serons néanmoins en mesure
d'identifier les grands traits de ces pratiques. Les entretiens nous y aideront
aussi. En effet, les entretiens sont utiles, entre autres, lorsque l'on
souhaite mener à bien une enquête sur les représentations
et les pratiques car ils « visent la connaissance d'un système
pratique (les pratiques elles-mêmes et ce qui les relie :
idéologies, symboles, etc.) » ce qui nécessite « la
production de discours [...] obtenue à partir d'entretiens
centrés sur les conceptions des acteurs et d'autre part sur les
descriptions des pratiques » (Blanchet et Gotman, 2007, p. 30).
Notre étude étant structurée par des
hypothèses de recherche, les entretiens devaient être
formalisés pour en tenir compte. Nous avons donc logiquement opté
pour des entretiens semi directifs et élaboré un guide
d'entretien en conséquence.
6.2. Présentation de l'échantillon
L'étude porte sur les organisations non
gouvernementales belges disposant de l'agrément ONG de
développement. Au total, 114 ONG répondent à ce
critère. Il serait bien sûr utile d'examiner l'intégration
de l'environnement dans toute la gamme d'activités entreprises par les
ONG, de l'aide humanitaire d'urgence, aux soins de santé en passant par
l'éducation au développement. Il fallait toutefois restreindre
l'étendue de cette enquête. Nous avons donc choisi de concentrer
la recherche sur les ONG menant à bien des actions de
développement dans le Sud (comprenant donc un volet Sud). Afin de
restreindre davantage la « population » de départ, un
critère supplémentaire a été retenu : les actions
de développement devaient inclure des activités
économiques et productives (commerce, artisanat, agriculture,...) dont
la pertinence par rapport aux problématiques environnementales peut
être établie assez directement. Les ONG dont la base identitaire
repose sur la sauvegarde de l'environnement ont été
écartées. En effet, l'objet de la recherche cible
spécifiquement les ONG de développement dont l'environnement
n'est pas un objectif prioritaire. Il n'est pas apparu utile de définir
un critère de taille (volume financier, nombre de salariés ou de
bénévoles).
Une liste de 40 ONG belges, flamandes et francophones a
finalement été établie et ont toutes été
contactées. Sur ces 40 ONG, 20 ont rempli le questionnaire et 14 ont
accepté de le compléter par un entretien. Douze de ces ONG sont
des ONG « programme ». Quatre ont un volume financier (quelle que
soit la source de financement) de moins de 500 000 euros pour l'année
2007 ou 20084. Le volume financier des autres ONG est
supérieur à 1 million d'euros et s'élève à
plus de 20 millions d'euros pour la plus grande ONG interrogée.
En vue d'obtenir un point de vue global sur une
éventuelle évolution de la sensibilisation des ONG à
l'égard des préoccupations environnementales, les
fédérations d'ONG ont aussi été sollicitées,
malheureusement sans succès.
6.3. Présentation du déroulement de la
collecte des données
L'enquête à proprement parler a
débuté en février 2010 et s'est achevée en juin
2010. Un courrier électronique a été envoyé
à toutes les ONG sélectionnées. Celui-ci décrivait
la finalité de l'enquête et les deux étapes qui la
constituaient : le questionnaire et l'entretien. Le questionnaire était
joint au courriel sous forme de formulaire interactif.
Comme suggéré dans les pages
précédentes, le défi majeur de l'enquête
était d'obtenir la participation des ONG. Afin d'y parvenir, les
courriels ont systématiquement été suivis d'un (voire de
plusieurs) appel téléphonique. Les ONG qui n'ont pas
souhaité participer se justifiaient généralement par le
manque de temps. Beaucoup nous ont aussi signalé qu'elles étaient
énormément sollicitées pour toute sorte d'enquête et
qu'elles ne pouvaient répondre favorablement à toutes.
En ce qui concerne le questionnaire, l'objectif initial
était de le faire remplir par un maximum de personnes employées
au sein de l'ONG contactée. Nous nous sommes rapidement aperçus
que cet objectif était bien trop ambitieux. De fait, globalement nous
n'avons reçu qu'une seule réponse par ONG. Deux ONG font
exception et nous ont fait parvenir deux réponses de
4 Ces informations sont basées sur les données des
rapports financiers ou sur les rapports d'activité disponibles sur
Internet.
deux personnes distinctes. Comme nous l'avons
déjà précisé auparavant, le nombre restreint de
questionnaires n'a pas été un obstacle à la bonne marche
de l'enquête. Les chiffres obtenus seront utilisés à titre
indicatif mais viendront surtout en appui à l'analyse des entretiens.
Au regard de la question de recherche et de ses liens avec la
conception et la mise en oeuvre des projets, les personnes interrogées
devaient disposer d'une connaissance suffisante de la gestion du cycle de
projet et avoir des responsabilités dans ce domaine : les
gestionnaires/coordinateurs de projets, les responsables géographiques
ou encore les secrétaires généraux. Dans un cas, la
personne interrogée était chargée de communication. De
manière générale, les répondants ont
eux-mêmes déclaré parler au nom de l'ONG et du reste de
leur équipe. Du point de vue de la formation initiale des
répondants, un profil académique est majoritairement
représenté : les ingénieurs agronomes (7 personnes sur
20). Les autres ont une formation en sciences humaines (sociologie, histoire,
éducation) ou médicale (médecin,
vétérinaire).
Les entretiens se sont pour la plupart déroulés
dans les bureaux des ONG. Deux entretiens ont dû être
réalisés par téléphone. Leur durée moyenne
était d'une demi-heure, parfois plus d'une heure. Les questionnaires
étaient brièvement analysés avant les rencontres pour
servir de base à l'entretien. Le guide d'entretien n'a donc sciemment
pas été suivi à la lettre pour pouvoir approfondir
certains aspects soulevés dans les questionnaires. En outre, bien que
les entretiens aient été semi directifs et que le guide ait
permis de les structurer, leur tournure dépendait largement de la
volonté de l'interviewé : « les informants eux-mêmes
sont sélectifs, parfois délibérément, parfois
involontairement » (Huberman, 2002, p. 110).
Les entretiens ont été accordés sous la
garantie de l'anonymat des personnes interrogées et des ONG pour
lesquelles elles s'expriment. Cette condition sera respectée tout au
long de l'analyse. Nous tenons à préciser que cette étude
n'a pas pour objectif de porter un jugement sur le travail accompli par les
personnes interrogées mais de déterminer les aspects qui
mériteraient une plus grande attention.
7. LA DGCD : RESULTATS DE L'ANALYSE
Pour rappel, la sous-question de recherche était la
suivante : le service ONG (D3.1) de la Direction générale de la
Coopération au Développement, ses gestionnaires et ses outils de
gestion sont-ils un instrument de gestion des impacts environnementaux des
activités des ONG belges de développement ? Les bailleurs de
fonds constituent un des groupes stratégiques identifiés dans
notre modèle d'analyse. L'étude du service D3.1 repose donc sur
le principe que les individus qui le composent partagent une position identique
face au problème qui nous occupe, l'intégration de
l'environnement dans les projets et programmes de développement des ONG.
Ces acteurs, en tant qu'individus, nourrissent une certaine conception de
l'environnement et de son intégration. Aussi, ce groupe
stratégique est inséré, au même titre que les ONG,
dans un système dont les structures encadrent son fonctionnement. Nous
retrouvons donc les trois dimensions du cadre théorique
présenté plus haut.
Dans ce chapitre, nous procéderons tout d'abord
à une description du fonctionnement du service. Nous nous interrogerons
sur la place de l'intégration environnementale dans ce processus et nous
nous attarderons ensuite sur une analyse prenant compte les trois dimensions du
cadre d'analyse pour replacer les constats dans leur contexte. Tout ce qui va
suivre est fondé sur des entretiens réalisés avec cinq
fonctionnaires du service D3 (Programmes non gouvernementaux) dont quatre
gestionnaires du service D3.1. Ils se sont déroulés en novembre
2009 et en avril 2010. À l'instar des entretiens réalisés
avec les ONG, les informations révélées l'ont
été sous le couvert de l'anonymat, qui sera à tout moment
respecté.
7.1. Fonctionnement du service
7.1.1. Le cycle d'approbation des projets/programmes
Les projets et programmes soumis au service D3.1 ont un
durée maximale respective de un an et trois ans. Ils sont dans un
premier temps appréciés selon des critères de
recevabilité détaillés par l'Arrêté royal du
24 septembre 2006. Le service ONG comprend 15 gestionnaires qui se
répartissent les 114 ONG, dont 58 ONG programmes. Auparavant
(jusqu'à la réforme Moreels), les dossiers étaient
répartis géographiquement en fonction du pays d'intervention
de
telle sorte que les gestionnaires avaient acquis une expertise
dans une certaine région du monde. La répartition des dossiers
s'effectue désormais selon un système de rotation qui ne semble
répondre à aucune logique particulière sinon celle de
diversifier les gestionnaires responsables d'une ONG.
Les dossiers qui ont satisfait aux critères de
recevabilité sont ensuite soumis à l'étape
d'appréciation. L'outil principal de cette étape est la fiche
d'appréciation. Cette fiche passe en revue dix critères : la
cohérence, la pertinence pour le développement, la
durabilité, l'approche méthodologique, l'efficacité,
l'efficience, le partenariat, la synergie/complémentarité, la
capacité administrative de l'ONG et l'appréciation
financière. Dans le point suivant, nous procèderons à un
examen approfondi de cette fiche. L'analyse des dossiers est menée
à bien en collaboration avec des experts indépendants
engagés à cette fin. Autrefois, l'expert et le gestionnaire
remplissaient chacun une fiche puis rassemblaient leurs impressions dans une
fiche commune. Pour plus de clarté et d'efficacité,
désormais seul l'expert remplit la fiche, dont le contenu est ensuite
discuté avec le gestionnaire qui y ajoute ses propres commentaires et
remarques. Sur cette base, les dossiers se voient attribuer un score
général.
Depuis environ 2004, un comité de lecture a
été instauré. Son rôle est d'harmoniser la forme des
fiches d'appréciation pour en assurer la qualité
rédactionnelle et stylistique notamment. À cette même
époque, il a été décidé de donner aux ONG la
possibilité de mieux se préparer à faire face aux
remarques émises à l'égard de leur projet ou programme. La
fiche d'appréciation, après avoir été
approuvée par le comité de lecture, est envoyée à
l'ONG concernée une semaine avant le « dialogue politique ».
Le dialogue politique qualifie la rencontre entre une ONG et le gestionnaire en
charge de l'appréciation de son projet ou programme. La finalité
de ce dialogue est, pour le gestionnaire, de justifier ses remarques, critiques
et éventuel refus de subside et, pour l'ONG, d'exprimer son propre point
de vue et défendre la qualité de son dossier. En tant que
dialogue, il constitue surtout un espace d'expression et un moment
privilégié de communication entre gestionnaires et ONG. Les
propos échangés lors de ce dialogue politique sont
consignés dans un procès-verbal. Ce dernier est joint à la
note envoyée au ministre de la Coopération au
Développement, à qui incombe la responsabilité de la
décision finale. Lors de la mise en oeuvre
du programme ou projet, un entretien de suivi est organisé
chaque année pour faire le point sur les résultats et poursuivre
le dialogue avec les ONG.
7.1.2. La place de l'intégration environnementale
dans le cycle d'approbation
L'environnement est un des thèmes transversaux dont la
prise en compte devrait être systématique. Mais cet aspect est-il
vraiment évalué lors de l'appréciation des dossiers ?
Cette question a été posée sans détour aux quatre
gestionnaires du service D3.1. Toutes les réponses concordent : la
thématique n'est pas ignorée, mais elle ne constitue pas pour
autant une conditionnalité. D'après les témoignages
recueillis, jamais un programme ni un projet ne sera rejeté parce qu'il
n'intègre pas suffisamment les problématiques
environnementales.
Tout d'abord, la thématique environnementale ne fait
pas l'objet d'un examen spécifique et attentif de la part du service
ONG, ce pour diverses raisons qui seront exposées ci-dessous. De plus,
en admettant qu'un programme ou qu'un projet comporte des lacunes de ce point
de vue, le cycle d'approbation et ses différentes étapes
n'offrent pas de réelles possibilités de correction ou
rectification. Si le dialogue politique permet de pointer les
éventuelles failles d'un dossier, il n'est pas envisageable de tenir
compte des remarques pour le dossier en cours s'il a, malgré tout,
été accepté. Premièrement, tout changement
signifierait le remaniement budgétaire du projet, ce qui est fortement
découragé. Il faudrait en outre prévoir une période
de rectification des dossiers par les ONG, ce qui allongerait la durée
du cycle d'approbation. En général, le motif principal qui
conduit à une modification d'un dossier en cours concerne des failles
budgétaires. Dès lors, les commentaires soulevés à
l'égard d'un dossier ne peuvent effectivement être pris en
considération qu'à la conception du dossier suivant.
En ce qui concerne l'intégration de l'environnement par
les ONGD, les avis convergent également. Dans l'ensemble, les dossiers
soumis au service ONG donnent l'impression de ne pas y porter une attention
suffisante, voire de l'intégrer de manière purement «
cosmétique ».
« Certaines ONG mettent un petit paragraphe [sur
l'environnement] parce qu'elles suivent les questions posées dans la
fiche d'appréciation. Mais les arguments ne se retrouvent pas dans le
reste du dossier. »
Comme le suggère cet extrait, les fiches
d'appréciation des projets et des programmes sont disponibles sur
Internet à l'instar de tous les documents réglementaires, qui
sont d'ailleurs centralisés par les fédérations d'ONG.
C'est aussi le cas du schéma de présentation des programmes ou
projets qui, comme son nom l'indique, est un document qui doit servir de
référence lors de la rédaction des dossiers.
Les gestionnaires interrogés ont tout de même
nuancé leur propos et ont admis que leur impression pouvait cacher une
réalité différente. Premièrement, leur principale
source d'information reste le dossier soumis par les ONG et il peut
s'avérer difficile de traduire leur démarche sur papier.
Deuxièmement, la DGCD elle-même fournissait très peu
d'informations (voire aucune) sur ces attentes en matière
d'intégration des thématiques transversales. Nous verrons
ci-après que la situation a très récemment
évolué. Enfin, troisièmement, les gestionnaires
eux-mêmes ne sont pas préparés à l'évaluation
de cette thématique.
7.1.3. Schéma de présentation et fiche
d'appréciation
Lorsque cette enquête a débuté, les
schémas de présentation ainsi que les fiches
d'appréciation en vigueur dataient de 2007. Depuis mars 2010, ces
documents ont été modifiés, notamment de façon
à prendre mieux en compte les différentes thématiques
transversales. Lors des entretiens avec les gestionnaires, ce changement nous
avait été signalé mais, un mois seulement après
leur publication, ces documents n'étaient pas encore réellement
utilisés. Il paraît donc pertinent d'examiner les anciennes
versions et de les comparer aux nouvelles moutures.
Le schéma de présentation est une aide à
la rédaction d'un projet ou programme. Dans sa version de 2007, aucune
mention n'était faite des thématiques transversales. La nouvelle
version comble cette lacune et met en avant deux thèmes transversaux en
particulier : « Une attention particulière sera portée aux
thèmes transversaux, et plus particulièrement au genre et
à l'environnement » (DGCD, 2010c, p. 3). Le document précise
ensuite que la « protection de l'environnement doit donc faire partie
intégrante du processus de développement et ne peut être
considérée isolément. Dès lors, le programme
présentera une analyse des effets ou de la pression qu'il produit sur le
milieu et sur l'environnement et/ou des améliorations qu'il vise
à produire » (ibid.). Il s'agit bien évidemment
d'un pas en avant. Il faut cependant noter que seuls deux des
quatre axes d'intégration identifiés sont
présents : la minimisation des pressions et la maximisation des effets
positifs. Sont donc négligés l'adaptation aux contraintes et
opportunités environnementales.
Plus loin dans le document, un tableau reprend tous les
thèmes transversaux, dont un bon nombre n'est pas repris par la Loi de
1999 : le genre, l'environnement, la bonne gouvernance, le développement
du commerce, la désertification, la biodiversité, le changement
climatique, l'économie sociale, le milieu urbain, les droits des
enfants, le VIH/SIDA. Nous pouvons constater que sur 11 thèmes, quatre
concernent l'environnement. Dans ce tableau, les ONG sont censées
indiquer la manière dont ces thèmes sont pris en compte sur une
échelle de trois niveaux d'intégration, calquée sur les
marqueurs de Rio : (0) « l'intervention ne s'intéresse pas à
cet objectif », (1) « il s'agit d'un élément important
pour l'intervention mais non la principale raison », (2) « il s'agit
de la principale raison de l'intervention ». La valeur (0) signifierait
que l'intégration de la thématique a été
effectivement examinée mais que les résultats montrent qu'elle
n'est pas prise en compte dans le programme. En annexe au schéma se
trouve une explication pour la codification des marqueurs de Rio (DGCD, 2010c,
p. 6).
Ces modifications ont le mérite de mettre l'accent sur
l'intégration des thèmes transversaux, de l'environnement et du
genre en particulier. Le tableau proposé encourage au moins les ONG
à s'interroger sur la place qu'elles accordent à l'environnement,
et aux autres thématiques. Cependant, des informations plus pratiques
font encore défaut, des lignes directrices précisant les attentes
du bailleur. L'objectif poursuivi n'est pas de constater si telle
thématique ou telle autre est prise en compte ou pas mais bien de les
prendre effectivement en compte au stade le plus précoce. Or le
système des marqueurs du CAD « a pour but d'identifier les
activités orientées vers un objectif politique », à
des fins plutôt statistiques donc (Comité d'aide au
développement, 2007, p. 119). En outre, ce système a
été conçu pour les agences nationales de
développement, il serait utile, avant d'aller plus loin dans cette
démarche, de s'interroger sur son application dans des structures plus
modestes.
La fiche d'appréciation a elle aussi été
retravaillée. La fiche d'appréciation est en fait une liste de
questions classées par critère (pertinence, efficacité,
etc.) qui permettent d'évaluer la qualité d'un projet ou
programme. La version de 2007 comprend deux questions avec une
référence directe à l'environnement,
classées sous le critère « pertinence pour le
développement » : « Le projet accorte-t-il une attention
suffisante aux thèmes prioritaires de la coopération ? Au
développement durable - le projet soutient-il un développement
qui répond aux besoins du présent sans compromettre la
capacité des générations futures de répondre aux
leurs ? ; A l'environnement - l'ONG tient-elle compte de l'impact, positif ou
négatif, que les activités peuvent avoir sur l'environnement ?
» (DGCD, 2007a, p. 4).
La version de 2010 se veut plus précise et plus claire
dans sa formulation, quel que soit le thème envisagé. Trois
questions concernent l'environnement. Deux sont reprises sous le critère
de « pertinence » : « L'ONG respecte-t-elle les objectifs de la
coopération internationale belge : le développement humain
durable [...]. » et « L'ONG prend-elle systématiquement en
compte et intègre-t-elle transversalement dans son projet : [...]
l'environnement : l'amélioration de l'environnement physique ou
biologique ou l'accroissement de l'attention pour la problématique de
l'environnement ? [...] » (DGCD, 2010b, p. 4). Une troisième
question a été ajoutée sous le critère «
durabilité » : « Le projet tient-il compte de son impact sur
l'environnement ? » (op. cit. p. 5). Un nouveau point a
été placé sous le critère pertinence, «
l'analyse du contexte et les politiques nationales », qui comprend la
question suivante : « Le projet est-il basé sur une analyse
approfondie (juridique, politique, socio-économique et culturelle) et
pertinente du contexte local » (op. cit. p. 3). Si
l'utilité de cette question n'est pas à mettre en doute,
l'analyse du contexte étant une condition essentielle à la
conception d'un bon projet ou programme, il est déplorable que
l'environnement n'ait pas été inclus dans la parenthèse.
L'intégration de l'environnement ne peut se concrétiser sans sa
prise en compte lors de l'analyse du contexte. En termes d'efficience, l'on
pourrait également suggérer de mentionner les ressources
naturelles dans la question suivante : « Les moyens matériels,
humains et financiers nécessaires à l'atteinte des
résultats prévus sont-ils adaptés ? ».
Il ressort de l'examen du schéma de présentation
et de la fiche d'appréciation qu'un effort a été consenti
pour clarifier les composantes des critères de qualité, guider le
travail d'évaluation des gestionnaires du service D3.1 et
intégrer davantage toutes les thématiques transversales dans leur
travail. D'après les témoignages recueillis, ces documents sont
activement utilisés par les ONG pour concevoir des projets qui
correspondent aux attentes du bailleur. Il n'est donc pas
inutile d'approfondir la réflexion sur ces documents et de
valoriser leur potentiel en tant qu'outils d'intégration de
l'environnement.
7.2. Trois dimensions
7.2.1. Attitude
Dans ce point, nous tenterons d'analyser les
représentations de l'environnement et de son intégration qui
peuvent être dégagées du contenu des entretiens. Nous nous
efforcerons aussi d'apporter quelques données sur le degré de
sensibilisation des gestionnaires aux questions environnementales. Il faut
cependant préciser qu'aucune des questions posées lors des
entretiens ne visaient explicitement à renseigner sur cette dimension.
L'analyse repose donc sur l'ensemble du discours et sur les liens
établis par les interviewés.
Du point de vue de la connaissance des thématiques
environnementales, les gestionnaires admettent eux-mêmes qu'ils ne sont
pas mieux préparés que les représentants des ONG ou tout
autre citoyen lambda.
« Nous les gestionnaires, nous ne sommes pas des
spécialistes mais des généralistes. Donc on ne peut pas
maîtriser toutes les spécificités, qu'elles soient
géographiques, thématiques, techniques etc. »
Le poids de la sensibilisation individuelle est aussi un
facteur clef. Certains fonctionnaires de la DGCD, y compris certains
gestionnaires D3.1, sont connus pour la ferveur avec laquelle il s'emploie
à promouvoir l'une ou l'autre cause qui leur est chère.
« Les thèmes transversaux comme l'environnement,
on les évalue selon notre sensibilité. [...] C'est pour ça
que pour apprécier un programme, le gestionnaire ne le fait jamais seul.
»
Concernant la représentation de l'environnement, les
quelques données extraites des entretiens semblent montrer que les
thématiques les plus connues sont celles qui sont le plus souvent
médiatisées ou qui font l'objet d'une convention internationale
telles que le changement climatique, la déforestation, la
désertification.
« Et puis l'environnement, c'est large aussi. Ça
peut être la déforestation, l'érosion des sols etc.
»
La focalisation médiatique sur certains thèmes
et la succession de ces thèmes au devant de la scène du
développement (le genre, les droits de l'enfant, le sida etc.) ont pour
conséquence de discréditer les démarches en leur faveur et
de donner une impression « d'effet de mode ».
« Toutes ces thématiques qui petit à petit
doivent devenir prioritaires, ce sont des voeux pieux pour le moment.
»
Enfin, il semblerait qu'il n'existe pas une vision claire de
ce que devrait être l'intégration environnementale. Les remarques
formulées à l'égard des dossiers (qui pointent l'absence
de référence claire à l'environnement) semblent montrer
que l'intégration environnementale est assimilée à la
présence d'objectifs environnementaux, ne fussent-ils que
secondaires.
« Puis, il ne faudrait pas non plus qu'elles [les ONG]
se dispersent. On leur demande de se spécialiser donc on ne peut pas
leur demander qu'elles fassent en plus de l'environnement. »
Le tableau de prise en compte des thèmes transversaux
mentionné dans le point précédent risque, en posant la
question de l'intégration en termes d'échelonnement des
objectifs, d'alimenter cette confusion. En effet, il faut le
répéter, l'objectif de l'intégration est
d'améliorer la qualité des interventions et «
l'intégration environnementale la plus aboutie est rarement la plus
visible » (Ledant, 2008, p. 14).
7.2.2. Le service ONG et les autres groupes
stratégiques
Quelle est l'influence des interactions entre
différents acteurs sur le travail du service D3.1 et, partant sur leur
évaluation de l'intégration environnementale ? C'est ce que nous
allons aborder dans ce point. Les gestionnaires de ce service sont
confrontés quotidiennement à plusieurs groupes d'acteurs qui ont
leurs propres logiques.
Un premier groupe d'acteurs est celui des experts
indépendants engagés pour apprécier les projets et
programmes. Leur collaboration étroite avec les gestionnaires fait d'eux
des acteurs clefs. Or, ces derniers ont très souvent des domaines
d'expertises ou des thèmes privilégiés. Cette
caractéristique transparaît bien évidemment dans leur
évaluation des dossiers. Par ailleurs,
certains experts collaborent depuis longtemps avec la DGCD et les
gestionnaires D3.1. La confiance qui s'établit alors peut nuire quelque
peu à la qualité de l'évaluation.
« À force d'avoir toujours les mêmes
experts sur les mêmes dossiers, on finit par prendre des habitudes et
être un peu moins rigoureux, c'est pourquoi j'ai fini par faire appel
à un nouvel expert. »
Un deuxième acteur fondamental
révélé par les entretiens est le ministre de la
Coopération au Développement. Ses choix et décisions sont
naturellement déterminants pour le fonctionnement de l'institution.
C'est aussi le cas en ce qui concerne la mise en exergue de certains
thèmes transversaux.
« Chaque ministre a son dada, son fer de lance : pour
tel ministre c'était le genre, pour tel autre c'était le droit
des enfants, peut-être que le suivant ce sera l'environnement. [Les
thèmes transversaux] C'est aussi une question de personnalités.
»
Les interactions les plus importantes dans le cadre de notre
recherche sont celles qui interviennent entre les gestionnaires D3.1 et les
ONG. Nous avons déjà constaté que les rapports entre
bailleurs de fonds et ONG pouvaient être tendus (Chetaille, 2007 ;
Totté et Hadjaj-Castro, 2004 ; Delveter, Fonteneau et Pollet, 2004).
Cela a été confirmé par les résultats des
entretiens, qui font état de relations parfois même
conflictuelles. Des tensions ou conflits peuvent conduire au transfert du
dossier concerné d'un gestionnaire à un autre, réduisant
parfois considérablement le temps imparti pour l'appréciation et
le suivi d'un dossier. Cet état de fait doit néanmoins être
nuancé. Faisant part des difficultés éprouvées par
les ONG pour traduire leurs intentions sur papier, et par les gestionnaires
pour les déchiffrer, un gestionnaire fit le commentaire suivant :
« Il ne faut pas oublier le dialogue humain entre les
gestionnaires et les ONG, où les discussion peuvent porter sur cette
problématique [l'environnement]. »
Des relations de confiance existent donc aussi entre les
gestionnaires et les ONG. À l'instar des relations entre gestionnaires
et experts, il faut veiller tout de même à ce qu'une entente trop
manifeste n'affecte pas la rigueur du travail d'appréciation.
7.2.3. Les contraintes structurelles
Il a déjà été établi qu'une
première difficulté faisant obstacle à une meilleure prise
en compte de l'environnement dans l'appréciation des projets et
programmes est le manque d'information et de formation des gestionnaires.
D'autres caractéristiques structurelles et organisationnelles peuvent
expliquer la faible intégration des préoccupations
environnementales dans le travail du service D3.1.
En premier lieu, il faut se souvenir que si l'environnement
est un des quatre thèmes transversaux prévus par la Loi de 1999,
il en existe plusieurs autres (voir plus haut la description du schéma
de présentation). Cette multiplicité des thématiques
transversales complique le travail d'appréciation.
Deuxièmement, les gestionnaires interrogés ont
signalé la complexité de certains dossiers soumis par les ONG
« programmes » (dont la durée est, rappelons-le, de trois
ans).
« Un gros programme, de 10 ou 15 millions d'euros,
avec multiples pays, partenaires, thématiques, objectifs etc., c'est
très difficile à suivre ». « Quand un dossier fait deux
milles pages, dire qu'on le connaît sur le bout des doigts serait mentir.
»
L'approche programmatique a donc complexifié les
dossiers par le nombre de paramètres à évaluer. Les
projets, plus courts, ne concernent qu'un volet et n'ont qu'un seul objectif
spécifique. Leur évaluation est plus simple et plus
précise, ce qui, d'après les entretiens, se reflète par le
fait que le subside leur est plus fréquemment refusé.
L'organisation du système de rotation semble
également poser problème. C'est surtout le cas des
répartitions de dossiers survenant en raison d'un conflit entre le
gestionnaire et les ONG. Le temps imparti pour réaliser
l'évaluation ou le suivi en est parfois nettement diminué.
Ensuite, apprécier le degré d'intégration de
l'environnement dans un projet ou programme de développement pose les
mêmes difficultés que l'évaluation de l'impact.
« La recherche de l'impact... C'est le St Graal.
»
Les gestionnaires insistent sur l'importance des missions de
terrain pour examiner, entre autres, la prise en compte effective de toutes les
thématiques transversales.
« Ce qui nous permet de vraiment évaluer c'est
quand on va sur le terrain et que là on voit si oui ou non,
concrètement, l'ONG prend en compte l'environnement, le genre, etc.
»
Enfin, les gestionnaires manquent d'outils adaptés pour
apprécier l'intégration environnementale. Le seul dont ils
disposent actuellement est la fiche d'appréciation. La promotion
efficace du thème « genre » a conduit à la
création d'une Check-list concernant l'intégration du genre dans
l'identification et la formulation de projets et de programmes. Sans
préjuger de la qualité de cet outil, on ne peut toutefois que
constater qu'aucun outil similaire n'avait été créé
jusqu'à maintenant pour l'environnement. La conception de la «
boîte à outils d'intégration environnementale pour la
coopération belge au développement » a pour ambition de
combler cette lacune.
7.3. La boîte à outil environnement
Fin avril 2010, une présentation de la boîte
à outil environnement fut organisée dans les locaux de la DGCD.
Les observations qui vont suivre sont fondées à la fois sur le
contenu de la présentation et des documents disponibles sur la page
Internet consacrée à l'outil5, et sur les remarques
émises par les fonctionnaires de la DGCD ayant assisté à
cette présentation.
L'objectif de la boîte à outil est de favoriser
la prise en compte des considérations environnementales dans la
coopération au développement dans une perspective de
développement durable. La boîte à outil est composée
d'un outil de screening et d'une base de données. L'outil de
screening consiste en un questionnaire adapté à quatre
domaines de coopération : l'agriculture et la sécurité
alimentaire, la santé, l'éducation et les infrastructures. Le
questionnaire lui-même porte sur quatre thématiques
environnementales : le changement climatique, la biodiversité, la
désertification et l'utilisation des terres, et l'eau. Au moment de la
présentation, seul le questionnaire sur le climat était
achevé. La présentation de la boîte à outil a par
ailleurs débuté par une introduction traitant presque
exclusivement de la question du
5
http://www.biw.kuleuven.be/lbh/lbnl/forecoman/klimos/toolkit/frameset.htm.
Ce site est une version provisoire.
changement climatique et de ses liens avec le
développement humain, étayant le constat de la
prédominance de ce sujet sur les autres thématiques. Les
questions servent à identifier les faiblesses, risques et impacts
environnementaux d'un projet. Les réponses aux questions doivent
conduire à une des trois conclusions suivantes : le projet est
accepté tel quel, des changements mineurs sont nécessaires ou des
changements majeurs sont nécessaires. Le questionnaire rempli ainsi que
ses conclusions seront censées être annexés au dossier
d'évaluation. La base de données est un moteur de recherche
comprenant quatre options de recherche : par pays (uniquement les 18 pays
partenaires avec lesquels la Belgique a conclu un accord général
de coopération), par thème environnemental, par secteur de
coopération et par type d'intervention (projet ou DSRP). En fonction des
options sélectionnées, le moteur donne accès à des
documents de différentes institutions (Communauté climatique du
PNUD, Adaptation Learning Mechanism, Banque Mondiale, etc.) portant sur le
profil environnemental du pays concerné et les éventuels
documents stratégiques de gestion de l'environnement.
La boîte à outil est destinée à
être employée par les différents services de la DGCD, la
Coopération Technique Belge, les ONG ainsi que les pays partenaires. Les
fonctionnaires présents lors de la présentation ont fait part de
leurs craintes vis-à-vis de cet outil. Tout d'abord, le questionnaire
comprend déjà dix pages de questions, or il n'aborde pour le
moment que le thème du changement climatique, auquel il faudra ajouter
les trois autres thèmes qui font encore défaut
(biodiversité, désertification et eau). Certains ne se sentent
pas assez qualifiés dans ce domaine pour utiliser efficacement cet
outil. D'autres craignent que l'utilisation d'un tel outil ne requière
un investissement en temps qu'ils ne sont pas en mesure de consentir. Des
gestionnaires en charge de l'évaluation des dossiers de la CTB ont aussi
indiqué qu'il est très difficile de modifier un programme
formulé et que seule une réduction mineure des impacts pourrait
être obtenue. Se pose donc la question, essentielle, de la
responsabilité de l'utilisation de cet outil : à quel stade et
par quel service ou institution ? Ces mêmes questions s'appliquent aux
projets et programmes ONG. Nous avons vu que le fonctionnement actuel du cycle
d'approbation et d'évaluation des projets et programmes ONG ne permet
pas leur correction pour tenir compte de l'environnement. Comme nous l'avons
mentionné plus haut, les résultats du screening
suggèrent soit l'acceptation du projet soit sa modification, or si cette
dernière option n'est pas envisageable, l'utilisation de l'outil par le
service ONG (ou le service d'évaluation de la D1, programmes
gouvernementaux) n'a que très peu de sens. Sans
prétendre connaître tous les éléments de cette
question, il semblerait néanmoins que deux choix s'imposent : soit le
système d'appréciation des projets et programmes (gouvernementaux
ou non) est amené à être modifié pour permettre,
à un moment donné du cycle, la correction des projets en fonction
des résultats du screening ; soit l'outil lui-même doit
être réorienté pour devenir un outil d'aide à la
conception (plus précisément à la formulation). La seconde
possibilité a l'avantage de placer l'intégration de
l'environnement à un stade beaucoup plus en amont que celui qui semble
être actuellement envisagé par les concepteurs de l'outil. Ces
questions, soulevées lors de la présentation, n'ont pas
été adressées par le « Plan fédéral
pour l'intégration de la biodiversité », qui ne
prévoit pas de répartition claire des tâches entre les
différents utilisateurs potentiels. Le Plan ne donne par ailleurs aucune
indication sur le caractère obligatoire ou non de cet outil.
L'emploi de cet outil par les ONG soulève d'autres
interrogations. L'outil tel qu'il est conçu actuellement ne dispose
d'information que pour les 18 pays partenaires de la coopération
gouvernementale belge. Or, les ONG « programmes » interviennent dans
50 pays. Il faut aussi se demander si l'outil est adapté à la
complexité des programmes de développement. Enfin, certaines ONG
de plus petites tailles n'auront peut-être pas la capacité
institutionnelle pour s'en servir.
7.4. Conclusion
Cette brève analyse semble indiquer que le principal
bailleur de fonds des ONG de développement belges n'est pas
équipé pour examiner efficacement l'intégration de la
thématique environnementale. Le seul outil à la disposition du
service D3.1 est loin d'être suffisant pour mener une analyse
approfondie. Les gestionnaires ne sont pas préparés à
l'examen de cette thématique et l'organisation actuelle ne permet pas de
consentir l'investissement en temps qui serait nécessaire tant pour
réaliser une appréciation détaillée des projets et
programmes de développement que pour prévoir, le cas
échéant, une éventuelle phase de correction des
dossiers.
Ce constat pose évidemment question. Si les bailleurs de
fonds n'ont pas les capacités et compétences requises dans les
matières qu'ils mettent en avant dans leurs discours, comment
peuvent-ils exiger davantage des entités qu'ils
subsidient ? C'est une question que s'est également posé
Lavigne-Delville (2007) : « Vu le poids des bailleurs de fonds dans les
prises de décision, et leur contrôle indirect sur l'ensemble des
acteurs du développement, c'est clairement à leur niveau qu'une
grande partie de la question se joue. [...] quels sont les moyens que se
donne
un bailleur de fonds pour juger de la validité (ou du
moins de la non nuisibilité !) d'un projet où iiva
dépenser des millions de francs provenant des contribuables de son pays
[...] ? ».
8. ONG : RESULTATS DE L'ANALYSE
8.1. Les pratiques d'intégration de
l'environnement
8.1.1. Programmation
La vision d'une ONG reflète ses valeurs et sa
conception du développement, et sa mission décrit ses objectifs
et les moyens qu'elle se donne pour les matérialiser. Malgré la
diversité des ONGD belges, l'étude des documents décrivant
la vision des ONG montre une certaine convergence de leurs valeurs et
principes. C'est ce que Stangherlin a appelé le « processus
d'uniformisation et de pacification » des pratiques au sein des
institutions de coopération, où les problématiques sont
« consensuellement partagées » (2001, p. 57). Les termes
« développement durable » ou « gestion durable »
apparaissent dans les visions et missions de la moitié des ONG
interrogées. Cependant, il est souvent mal aisé de
déterminer si le sens donné à ce concept n'est pas celui
de viabilité et pérennité des actions de
développement sans que cela n'implique une attention particulière
au pilier environnemental. Certaines des ONG ayant répondu à
l'enquête mentionnent plus directement l'environnement ou certains de ses
aspects : « respecter l'environnement », « technologies
respectueuses de l'environnement », « souci de sauvegarde de
l'environnement », « protection de la biodiversité biologique
» ou encore « harmonie entre l'homme et son environnement ».
La comparaison des réponses au questionnaire et des
entretiens avec les visions et missions des ONG montre que ces
différents éléments ne correspondent pas toujours.
Interrogées sur la place accordée par leur ONG aux
thématiques environnementales, huit ont répondu que ces
dernières tenaient une place très importante. De ces huit ONG,
toutes n'ont pourtant pas inséré ce paramètre dans leur
vision ou mission. C'est par exemple le cas de cette ONG :
« Notre secteur prioritaire, c'est la
sécurité alimentaire et l'agriculture, donc l'environnement est
forcément très important. »
D'autre part, quatre ONG ont déclaré que ces
thématiques étaient peu importantes. S'il est vrai
qu'aucune
d'entre elles n'a incorporé le respect ou la protection de
l'environnement dans sa
vision ou mission, les entretiens ont
révélé que deux d'entre elles ont une réflexion
approfondie
en la matière et ont mis en place diverses mesures pour
concrétiser cette réflexion. Le représentant d'une de ces
deux ONG a déclaré :
« Il est clair que l'environnement est une composante
indispensable de nos actions. »
D'autres documents ou informations nous ont été
fournis par les ONG pour attester de l'engagement de leur organisation pour la
protection de l'environnement et la promotion du développement durable.
Depuis environ deux ans, telle grande ONG, dont les vision et mission ne font
pas mention de l'environnement, met en place le système EMAS.
D'après la personne interviewée, les priorités de
l'organisation sont d'ordre socio-économique mais l'environnement est
tout de même une préoccupation.
« Nous voulions que notre développement
organisationnel soit cohérent avec nos objectifs de développement
au Sud. L'analyse EMAS a révélé que nous prenions
déjà bien compte de ces aspects-là car, en
réalité, cela fait partie intégrante du modèle de
développement rural que nous mettons en avant. »
Deux autres ONG ont quant à elles choisi de souscrire
au cadre GRI-3 (Global Reporting Initiative) pour le rapportage
développement durable. Le GRI est une organisation à but non
lucratif lancé par le réseau Ceres (Coalition for Environmentally
Responsible Economies) avec le soutien du Programme d'environnement des Nations
Unies (PNUE). Le cadre GRI est un guide de procédures, d'indicateurs et
de principes permettant d'aider les entreprises, ONG et autres organismes
à rédiger des rapports faisant état de leur performance
sociétale et environnementale et, partant, à mettre en place un
système de gestion en tenant compte de ces deux
préoccupations.
D'après l'analyse des entretiens, deux raisons peuvent
être avancées pour expliquer l'absence de mention explicite des
problématiques environnementales dans les visions et missions des ONG.
Soit, comme nous pouvons le constater dans les trois extraits
précédents, les ONG considèrent que le type d'actions
qu'elles mettent en oeuvre implique logiquement et de manière
évidente une préoccupation pour l'environnement. Soit, elles ne
souhaitent pas altérer leur base identitaire et préfèrent
maintenir l'accent sur le développement humain pour se
différencier des ONG de protection de l'environnement.
« Je considère que l'environnement tient une
place moyenne car notre ONG ne fait pas de la protection ou de la
défense de l'environnement, ce n'est pas notre mission. Ce serait
très important si nous étions comme WWF ou Greenpeace.
»
D'après ce bref aperçu, il est évident
que les visions et missions des ONG ne sont pas une traduction fidèle
des principes et valeurs qui guident leur travail ni de leurs méthodes
ou logiques de fonctionnement. Les points qui vont suivre tenteront d'apporter
des éclaircissements sur les pratiques d'intégration des aspects
environnementaux au niveau plus concret des interventions de
développement.
8.1.2. Conception : identification et formulation
Les contraintes de l'enquête n'ont pas permis de marquer
une différence nette entre les phases d'identification et de formulation
du cycle de projet. Si 18 des ONG interrogées déclarent appliquer
la Gestion du Cycle de Projet, d'après le document « Pratiques des
ONG belges francophones en matière de gestion des interventions »,
« la distinction entre les différentes phases du cycle de projet
est rarement faite » (Hadjaj-Castro, 2004, p. 20). De fait, les entretiens
n'ont pas non plus été l'occasion d'apporter des
précisions sur l'intégration de l'environnement lors de ces deux
phases. C'est pourquoi les données qui vont suivre concernent plus
généralement la conception des projets. Bien que l'enquête
n'ait pas été axée sur les outils de gestion, cette
question a été inévitablement abordée lors de
plusieurs entretiens car leur utilisation est source de désaccords entre
ONG et bailleurs de fonds. Les gestionnaires du service ONG (D3.1) m'ont fait
part de ce qu'ils considèrent être des faiblesses
méthodologiques des ONG, surtout en ce qui concerne l'emploi du cadre
logique en tant qu'outil de gestion et de planification.
« Le cadre logique est manipulé pour lui faire
dire ce qu'on veut. »
Six ans après la parution de l'étude de
diagnostic du COTA mentionnée ci-dessus, le constat reste le même,
aux yeux des gestionnaires D3.1 et de l'aveu même de certaines personnes
interrogées : « la planification sous forme de CL [cadre logique],
n'est souvent traitée ultérieurement que comme une simple
question de mise en forme », ce pour se conformer aux exigences des
bailleurs (op. cit. p. 23).
« Combien de fois ne fait-on pas le cadre
logique à la fin, alors qu'en théorie on devrait
le faire dès le départ.
»
Naturellement, cette réticence à l'encontre des
méthodes de gestion promues par les bailleurs de fonds et les grandes
agences de développement n'est pas forcément synonyme d'un manque
de rigueur ou de qualité des interventions proposées par les ONG.
Toutefois, on peut imaginer que, théoriquement, cela peut constituer un
frein à la systématisation de l'intégration de
l'environnement.
L'identification, et l'analyse des contextes d'intervention qui
doit découler de cette phase, est une des pierres d'achoppement du cycle
de projet et des actions de développement en général.
Cette étape demande un investissement en temps et en
argent considérable dans un secteur oàjustement les
budgets sont souvent limités.
« Les rentrées sont plus difficiles, en tout cas
les donations diminuent. Donc l'aspect économique est vraiment important
pour l'organisation. »
Cette faille de l'identification n'est pas une
nouveauté. Elle a largement été abordée par les
représentants des sciences sociales, dont Lavigne-Delville pour qui
« c'est largement en amont, dès la phase de conception, que des
bases saines doivent être posées ». Or si son propos concerne
principalement l'analyse des données socio-économiques, il ne
néglige pas le côté technique des interventions et
dénonce, d'après son expérience de terrain, des
données techniques « déconnectées de tout contexte
» qui ont pour conséquence de diminuer la performance des
interventions (2007).
Qu'en est-il donc pour les ONGD belges ? Six personnes
interrogées sur vingt estiment que la prise en compte de l'environnement
par leur ONG est importante ; onze personnes l'estiment moyenne et enfin trois
la considèrent faible. Sur les six ONG pour lesquelles la prise en
compte serait importante, la moitié a déclaré «
toujours » intégrer l'environnement dans l'analyse des
problèmes et l'autre moitié « souvent ».
Néanmoins, les entretiens ont permis d'apporter quelques nuances
à ces résultats :
« Connaître le milieu dans lequel le projet va
avoir lieu, c'est une question de bon sens. [...] L'environnement est toujours
pris en considération dans notre analyse des problèmes,
même s'il est vrai que pour certains projets, l'analyse de ce point de
vue pourrait être approfondie. »
Au total, 15 des ONG intègreraient « souvent
» l'environnement dans leur analyse des problèmes. Au moment des
entretiens, certains des répondants ont tout de même
précisé qu'une réponse plus proche de la
réalité serait « parfois » mais le questionnaire ne
comprenait pas cette option. Les résultats du questionnaire et des
entretiens semblent pourtant indiquer que l'environnement, ou en tout cas
certains de ses aspects, revêt une importance considérable pour
les ONG étudiées à l'heure de la conception de leurs
projets. La raison, il faut la chercher dans le type de secteur
privilégié par les ONG. Toutes les ONG interrogées mettent
ou ont mis en place des activités liées à l'agriculture ou
l'élevage. Même si la présente étude ne nous permet
pas de rendre compte avec exactitude de leur qualité, il semble logique
que les analyses de contexte tiennent compte de l'environnement, ne
fût-ce que du point de vue de l'adaptation aux contraintes du milieu.
- « On ne réfléchit pas au fait de
l'intégrer ou pas, cela va de soi dans tous les projets, ça fait
partie des choses essentielles étant donné qu'on travaille
principalement avec des agriculteurs. »
- « Pour atteindre des objectifs de production agricole,
c'est presque impossible si on ne prend pas en compte certains aspects
environnementaux. »
- « On y est attentif par la force des choses, par
l'expérience de terrain, même si ce n'est par un thème
prioritaire. La réalité nous oblige à prendre en compte
des questions environnementales. »
En outre, les ONG interrogées, à l'image du
reste des ONG de développement belges, promeuvent le
développement d'une agriculture familiale, paysanne, dont la production
est destinée majoritairement à la commercialisation et la
consommation locales, notamment dans le but de dynamiser l'économie
locale. Comme ont tenu à le souligner plusieurs répondants, ce
type de modèle agricole comporte au moins l'avantage de minimiser les
impacts dus au transport des produits.
« Nous faisons la promotion d'une agriculture de type
paysanne, à petite échelle, diversifiée, dans un monde qui
va exactement dans le sens inverse. »
Au-delà de l'accent sur le développement local
et les circuits courts, les actions liées à l'agriculture et
à l'élevage ciblent des populations dont le capital financier
(entre autres) est bien évidemment plus que réduit et qui, par la
force des choses, ne peuvent avoir recours aux techniques et technologies
utilisées par l'agriculture moderne. La recherche de viabilité
des projets de développement implique donc l'emploi de techniques qui
demeureront à la portée des personnes ciblées après
le désengagement de l'ONG : une faible mécanisation (et
automatiquement une moindre dépendance aux énergies fossiles) et
l'emploi d'intrants naturels et locaux.
« On aura presque par définition des
interventions qui favoriseront les fertilisants organiques et qui favoriseront
également des démarches, des appuis, des encadrements techniques
que les gens eux mêmes, les paysans avec lesquels nous travaillons
puissent eux-mêmes porter. »
Le manque de moyens ne signifie pas pour autant que les
techniques utilisées soient arriérées et force même
dans plusieurs cas à trouver des solutions innovantes ou à
adapter des techniques, modernes ou ancestrales, aux divers contextes
d'intervention. C'est le cas de cette ONG active au Congo qui, pour
économiser l'énergie, travaille sur la transformation de l'huile
de palme en un semi-biodiesel pour la consommation locale uniquement. Pour ne
pas mettre en péril la sécurité alimentaire de la
région et contribuer à une amélioration de
l'environnement, cette ONG envisage de créer de nouvelles plantations
sur des zones déboisées et menacées par l'érosion.
Cette même ONG a réactualisé des techniques de
séchage des grains de café à l'énergie solaire dans
le but de remplacer le séchage au dessus d'un feu et ainsi diminuer la
coupe de bois de chauffe. Telle autre ONG active au Rwanda a mis au point un
combustible domestique à base de déchets organiques pour diminuer
les coûts de cuisson de la population locale et contribuer par la
même occasion à la lutte contre la déforestation.
Ces exemples démontrent que les objectifs
d'amélioration des conditions de vie ainsi que les contraintes
imposées par le manque de moyens peuvent concourir à la
protection de l'environnement du lieu d'intervention. Toutefois, les projets
mentionnés ci-dessus sont en cours de réalisation ou ont
été achevés depuis peu, et si certains témoignages
laissent à penser que l'environnement est intégré depuis
longtemps, d'autres indiquent au contraire que cette démarche est
récente ; parfois la même personne affirmait l'un et l'autre
points de vue.
- « L'environnement, avant même que l'on en
fasse un point d'attention dans le discours politique, cela a toujours
été quelque chose de présent même si cela ne
s'appelait pas "intégration de l'environnement". »
- « Pendant longtemps on a surtout
considéré deux piliers du développement durable, à
savoir le pilier social et le pilier économique, l'environnement c'est
venu plus tard. »
En fait, l'étude des témoignages montre que les
deux avis sont corrects. D'une part, comme nous l'avons relevé plus
haut, l'environnement est depuis longtemps un paramètre fondamental des
projets de développement. Par contre, cette prise en compte de
l'environnement n'était que rarement le fruit d'une réflexion
approfondie d'un point de vue méthodologique et n'est toujours pas
systématisée dans les procédures de conception et gestion
des projets.
- « La prise en compte des problématiques
environnementales date en fait depuis très longtemps mais de
manière intuitive, sans formalisation ni institutionnalisation.
»
- « On y est attentif mais d'une manière assez
intuitive et pas systématique. Ce n'est pas nourri par tout un arsenal
d'idées. »
C'est dès lors cette absence d'institutionnalisation et
de systématisation de l'intégration environnementale, telle
qu'elle est envisagée par le « Manuel d'intégration de
l'environnement » de la CE, qui ferait encore défaut aujourd'hui.
Quelques ONG ont par ailleurs entrepris des mesures pour mieux encadrer et
améliorer leur prise en compte des aspects environnementaux. Une des ONG
étudiées a décidé, il y a deux ans, de faire appel
à un consultant spécialisé dans cette question. Cette
consultance, qui a duré plus d'un an, a abouti à
l'élaboration d'un document stratégique définissant les
diverses méthodes et actions à mettre en oeuvre pour
intégrer l'environnement dans leur prochain programme. Cette autre ONG a
mis sur pied une petite cellule « environnement » chargée de
sensibiliser le personnel et projette de concevoir une grille d'analyse
environnement destinée à être employée lors de
l'identification des projets.
La formulation d'un projet doit être le moment où
sont examinées sa faisabilité et ses incidences potentielles.
Neuf des ONG interrogées ont répondu ne réaliser une
étude d'impact que « rarement », six autres « jamais
», et quatre ont déclaré en effectuer « souvent
»6. La
6 Une personne n'a pas répondu à cette question.
distribution des réponses est très similaire
pour la question 10 « estimez-vous qu'une étude d'impact soit
nécessaire pour vos projets ? » : 4 ont répondu « oui
en général », 10 ont répondu « oui pour certains
projets » et 6 « non très rarement ». En fait, ces
résultats n'ont rien d'étonnant, si ce n'est pour les quatre ONG
qui déclarent souvent réaliser une EIE. En effet, « en
général, les projets mis en oeuvre ou soutenus par les ONG
peuvent être exemptés de telles études approfondies et
formelles, qui s'appliquent plutôt à des projets lourds »
(Ledant, 2008, p. 14). Ce qui se reflète dans l'extrait suivant :
« J'ai mis qu'on ne fait pas d'étude d'impact
environnemental parce qu'au niveau où on intervient, je ne pense pas que
ces études apporteraient grand chose. On ne réalise pas de gros
travaux, on ne construit pas de routes par exemple. Si on était
amenés à réaliser des constructions plus importantes, il y
aurait des études d'impact. »
Les entretiens ont d'ailleurs permis d'apporter une
explication au fait que quatre ONG aient répondu « souvent ».
En réalité, les répondants se référaient
moins à une étude d'impact à proprement parler qu'à
une étude de faisabilité très approfondie du point de vue
de l'environnement. C'est par exemple le cas de cette ONG :
« Avant de mettre en oeuvre nos actions on a des
études de faisabilité et dans ces études on inclut des
enquêtes sur l'environnement. »
Intéressons-nous désormais à l'analyse
des résultats au regard des quatre axes d'intégration
identifiés dans le cadre d'analyse. Ci-dessous sont
présentées les réponses à la question 3 : «
Vos projets ont-ils des liens directs ou indirects avec le ou les domaine(s)
suivants ? ».
Gestion des ressources génétiques (cultures
et bétail compris)
|
9/20
|
Gestion des ressources en eau
|
15/20
|
Gestion des ressources forestières ligneuses
(=arbres)
|
11/20
|
Gestion des ressources forestières non ligneuses (tout
hormis les arbres et les produits de la chasse; p.ex. champignons, lianes,
fruits, etc.)
|
3/20
|
Gestion des ressources de la chasse
|
0/20
|
Gestion d'autres ressources naturelles issues du vivant (ex.
production de miel, etc.)
|
6/20
|
Gestion des ressources de la pêche (eau douce et milieu
marin)
|
5/20
|
Gestion des déchets (solides, liquides, gazeux)
|
8/20
|
Protection de milieux naturels / réserves naturelles
terrestres
|
7/20
|
Protection de milieux naturels / réserves marines
|
2/20
|
Protection d'espèces sauvages
|
1/20
|
Savoir et connaissances traditionnels des populations
locales et des peuples autochtones
|
13/20
|
Terres sacrées, croyances religieuses liées
à la nature, etc.
|
2/20
|
Problématique des réfugiés
environnementaux
|
1/20
|
Défenses côtières (dunes, mangroves, etc.)
|
3/20
|
Lutte contre l'érosion
|
16/20
|
Lutte contre la désertification
|
10/20
|
Lutte contre les pathogènes / ravageurs / animaux
nuisibles / plantes et animaux exotiques
|
6/20
|
Naturellement, les domaines de l'environnement pour lesquels
les ONG établissent le plus de liens avec leurs activités sont
ceux qui peuvent être le plus directement mis en relation avec leur
secteur prioritaire : l'agriculture. La gestion de l'eau, la lutte contre
l'érosion et la lutte contre la désertification sont des mesures
nécessaires au succès de leurs projets agricoles et
relèvent donc de l'axe d'adaptation aux contraintes environnementales.
Les exemples les plus souvent cités sont la création de retenues
d'eau (en général des micro-barrages) et de barrières
végétales. D'après notre analyse, la gestion des
ressources forestières ligneuses doit le plus souvent être
considérée comme faisant partie de la même approche. En
effet, la lutte contre la déforestation s'inscrit le plus souvent dans
une démarche de lutte contre la désertification et
l'érosion ainsi que de regénération de la fertilité
des sols avec pour objectif prioritaire l'amélioration de la
productivité agricole. Les cas les plus souvent mentionnés sont
les initiatives visant à limiter la coupe du bois de chauffe par le
recours à des combustibles alternatifs (principalement par la
récupération de déchets organiques) ainsi que la mise en
pratique de l'agro-foresterie pour remplacer l'agriculture sur brûlis.
Comme nous pouvons le constater, la gestion des ressources
génétiques et la conservation du savoir et des connaissances
traditionnels des populations locales et des peuples autochtones ont
été plusieurs fois citées. Il ne fait pas de doute que la
conservation des ressources génétiques s'inscrit en partie dans
le mouvement de protection de la biodiversité et dans la perspective
d'une adaptation aux changements climatiques. Cependant, ce ne sont pas les
raisons qui ont été le plus évoquées lors des
entretiens. La promotion des espèces locales, en particulier culturales,
vise surtout à protéger les agriculteurs
bénéficiaires des effets socio-économiques
occasionnés par le recours aux variétés
standardisées de l'agro-industrie.
« En Amérique latine, on essaye de faire la
promotion de variétés locales et de ne pas travailler sur des
plantes miracles venant de l'extérieur. »
Nous reviendrons dans un des points suivants sur le sens
donné par les ONG de développement à la protection de
l'environnement.
L'analyse des résultats sous l'angle de la maximisation
des effets positifs des projets montre que cet aspect est lié aux
contraintes, environnementales ou socio-économiques, des zones
d'intervention. Nous l'avons vu, le manque de moyen impose en quelque sorte
l'emploi de techniques et produits favorables à l'environnement. Si
cette situation répond tout d'abord à une
nécessité, les ONGD la considèrent aussi comme l'occasion
de promouvoir ces techniques pour leurs avantages environnementaux, dans le
cadre d'une sensibilisation des bénéficiaires, et ainsi favoriser
leur généralisation.
L'axe de la minimisation des pressions environnementales des
projets est le point le plus délicat de l'intégration
environnementale car, comme nous le verrons plus loin, elle est
inévitablement associée à la question du droit au
développement. Cet axe n'est pourtant pas négligé et de
nombreuses ONG ont fait part de leur réflexion pour minimiser l'impact
de leurs actions. La plupart d'entre elles ont insisté, à
plusieurs reprises, sur la minimisation des engrais, pesticides et insecticides
chimiques. Au-delà de cet aspect, dont on a vu qu'il était
intrinsèquement lié aux conditions d'intervention, d'autres
initiatives sont entreprises. Une ONG active au Bénin et son partenaire
ont aménagé une zone de bas-fonds, où circule une
rivière entourée de végétation sauvage, pour y
cultiver du riz et améliorer la sécurité alimentaire de la
région :
« Nous avons dû défricher certaines
zones le long de la rivière mais nous avons maintenu des îlots de
végétation sauvages pour conserver la biodiversité, on n'a
pas fait une coupe à blanc. »
Cette autre ONG s'est penchée sur les risques
liés au surpâturage et tente d'en limiter les effets par une
sensiblisation des éleveurs à la notion de charge et à
l'exploitation rationnelle d'un troupeau. Les personnes rencontrées
considèrent en général que leurs actions n'exercent pas de
pressions directes lourdes sur l'environnement. L'évaluation et la
maîtrise des effets indirects posent plus de difficultés car ils
sont très souvent imprévisibles :
« Je ne crois pas que nos actions ont de graves impacts
environnementaux, par contre les conséquences indirectes sont difficiles
à gérer. »
Enfin, plusieurs des ONG interrogées ont indiqué
mettre en oeuvre, ou avoir mis en oeuvre ces dernières années,
des projets dont l'objectif spécifique était la protection ou
l'amélioration de l'environnement, même si celui-ci est à
replacer dans le cadre plus large du développement local et de
l'amélioration des conditions de vie des populations. Il s'agit
généralement de projets de reboisement ou de gestion des
déchets.
8.1.3. Mise en oeuvre
Sur les vingt ONG étudiées, dix ont
déclaré opter « souvent » pour des moyens favorables
à l'environnement lors de la mise en oeuvre de leurs projets, neuf
« rarement » et une « toujours ». Nous avons maintes fois
mentionné l'utilisation presque généralisée,
d'après les répondants, d'intrants naturels issus de la
valorisation des déchets organiques. En dehors de cet
élément et de l'emploi, plus rare, d'énergies
alternatives, les personnes interrogées estiment que peu de
possibilités existent sur les lieux d'intervention. Ont
été évoquées les difficultés de
déplacement dans les pays partenaires : la voiture est souvent l'unique
solution, même si une des ONG a indiqué que les personnes
chargées de l'encadrement des projets agricoles se
déplaçaient à vélo. Pour ce qui est du
matériel utilisé sur place, tant pour la bureautique que pour des
travaux de construction, l'achat de produits « verts »
(recyclés, labellisés, etc.) est restreint soit par la contrainte
financière, soit tout simplement par leur absence sur le marché
de la zone d'intervention.
- « Au Pérou, l'ONG partenaire vient de passer
aux produits écologiques pour les produits de nettoyage etc., alors que
là bas c'est quand même un fameux surcoût par rapport
à ici où le prix est quasi équivalent. On essaye d'y
penser petit à petit pour les achats de matériel. Par exemple, au
Cambodge nous y avons réfléchi pour l'achat de tuyaux mais ceux
en polyéthylène étaient tellement chers qu'on a
gardé les PVC. »
- « Faire appel à des matériaux locaux
c'est très important pour l'économie locale, alors c'est vrai que
les charpentes de nos ateliers sont sûrement en bois tropical de la
forêt d'à côté. »
Les ONGD interrogées tentent également de limiter
leurs missions de terrain pour réduire le nombre de voyages en avion.
Enfin, il faut noter, comme on peut le remarquer dans les
extraits ci-dessus, que bon nombre des ONG qui ont répondu à
cette enquête ne disposent pas de bureaux ou d'équipes dans les
pays où elles interviennent puisqu'elles fonctionnent sur une base de
partenariat avec des ONG locales. Ce sont donc naturellement ces
dernières qui décident de leur politique d'achat, en dehors du
matériel spécifiquement destiné à la mise en oeuvre
des projets.
8.1.4. Au Nord
L'enquête avait pour objet les activités du volet
Sud des ONGD mais plusieurs des personnes rencontrées ont
d'elles-mêmes apporté des informations sur la gestion quotidienne
de leur organisation au Nord. La mise en exergue de cet aspect s'inscrit dans
une logique que nous aurons l'occasion d'approfondir dans le chapitre
suivant.
Trois des ONG ayant répondu à l'enquête
ont mis en place des systèmes de gestion environnementale (voir point
8.1.1). Les autres ONG ne délaissent pas pour autant la question. Si
certaines se limitent à utiliser du papier recyclé ou des
ampoules économiques, d'autres ont une politique d'achat bien plus
stricte. Par exemple, cette ONG organisant des évènements de
sensibilisation du public utilisent des ballons gonflables
biodégradables et achètent, pour son équipe de
bénévoles, des T-shirts fabriqués avec du coton bio et
équitable. Cette autre ONG a tenu à communiquer les diverses
mesures entreprises pour réduire la consommation
énergétique des bureaux : le double vitrage y a été
récemment installé, des panneaux solaires le seront
bientôt, un audit énergétique et l'isolation des locaux
étaient prévus prochainement. Cette même ONG, dont le volet
Nord comprend l'assistance aux demandeurs d'asile et aux migrants, souhaite
rationaliser les déplacements découlant de cette activité.
Pour cela, l'ONG va procéder à la décentralisation d'une
partie de son équipe vers la Flandre et la Wallonie pour se rapprocher
des bénéficiaires et ainsi réduire les trajets de ces
derniers et du personnel.
Evidemment, comme l'ont suggéré certains des
commentaires recueillis, lorsqu'une ONG ne s'est pas engagée dans une
gestion environnementale formelle, l'observation des gestes écologiques
quotidiens dépend forcément du degré de conscientisation
des membres du personnel.
8.2. Trois dimensions
1.1.2. Attitude
D'après les réponses apportées au
questionnaire, la grande majorité des ONG de développement
étudiées ne considèrent pas que les objectifs de
conservation de l'environnement et de développement soient
contradictoires. Onze des ONGD interrogées estiment que les actions de
protection de la biodiversité et de lutte contre la pauvreté sont
« complémentaires » et huit autres qu'elles sont «
plutôt complémentaires ». Pourtant, les résultats de
la première question semblent indiquer que les ONGD se sentent tout de
même moins concernées par les thématiques plus directement
en lien avec la biodiversité. En effet, les problématiques pour
lesquelles les réponses sont les moins contrastées sont à
nouveau celles qui affectent ou risquent d'affecter le plus leurs actions de
développement, en particulier les changements climatiques, la
dégradation des sols, la désertification et la diminution des
ressources en eau.
|
Pas du tout
|
Un peu
|
Moyennement
|
Beaucoup
|
Sans avis
|
Changements climatiques
|
|
|
6/20
|
14/20
|
|
Dégradation des sols
|
|
|
2/20
|
18/20
|
|
Désertification
|
|
|
4/20
|
16/20
|
|
Disparition des espèces sauvages
|
|
4/20
|
8/20
|
7/20
|
1/20
|
Disparition des milieux naturels
|
|
|
8/20
|
12/20
|
|
Disparition des ressources génétiques
|
|
3/20
|
5/20
|
10/20
|
2/20
|
Diminution des ressources en eau
|
|
1/20
|
1/20
|
18/20
|
|
Fragmentation des habitats
|
|
2/20
|
9/20
|
5/20
|
4/20
|
Espèces exotiques envahissantes
|
1/20
|
4/20
|
11/20
|
3/20
|
1/20
|
Surexploitation des ressources naturelles
|
|
|
2/20
|
18/20
|
|
Pollution de l'environnement
|
|
|
2/20
|
18/20
|
|
Problématique des « réfugiés
environnementaux »
|
|
3/20
|
6/20
|
9/20
|
2/20
|
Bien qu'il soit difficile d'en juger sur cette seule base, les
entretiens ont permis d'observer que les personnes interrogées avaient
une bonne connaissance générale des thématiques
environnementales. Six des personnes interrogées estiment être
assez informées sur les questions environnementales, quatre
considèrent ne pas l'être assez, et dix pensent que leurs
connaissances pourraient être encore améliorées. Les
répondants les plus au fait des problématiques environnementales
sont les ingénieurs agronomes, les représentants des sciences
humaines et sociales s'exprimant un peu moins aisément sur le sujet.
Les conventions internationales portant sur la protection de
l'environnement ne semblent pas susciter énormément
d'intérêt auprès des personnes interrogées. À
titre d'exemple, seulement cinq d'entre elles ont déclaré
connaître la Convention sur la Diversité Biologique. Les deux
conventions les plus connues sont la Convention cadre des Nations Unies sur les
Changements Climatiques (huit personnes sur vingt) et la Convention des Nations
Unies pour la lutte Contre la Désertification (dix personnes sur vingt).
Bien sûr, ce type de données ne permet absolument pas de tirer des
conclusions sur le niveau de connaissance du personnel des ONGD. Elles
confirment cependant une tendance déjà dégagée plus
tôt, à savoir la primauté des changements climatiques sur
la scène de la coopération au développement.
« Nos bailleurs de fonds nous parlent de plus en plus du
réchauffement climatique, Protocole de Kyoto et autres
problématiques environnementales. »
De fait, le sujet des changements climatiques a
été spontanément amené par presque toutes les
personnes interrogées. Cette problématique est automatiquement
associée à l'axe de minimisation des pressions environnementales,
et surtout à la réduction des émissions de gaz à
effet de serre, qui suscite des réactions vives, parfois d'indignation
et d'exaspération.
- « On dit toujours aux pays émergeants de
respecter certaines normes environnementales alors que nous pour nous
développer on a pollué très fort. Se développer
sans polluer ça serait l'idéal, mais c'est parfois plus difficile
aussi. »
- « On demande aux Africains et Brésiliens de
préserver leur forêt primaire. C'est bien facile pour nous qui
avons détruit la nôtre de leur dire "vous avez le dernier
carré de forêt primaire alors protégez-là".
»
Nous pouvons remarquer que si la majorité des personnes
interrogées admettent, en théorie, la
complémentarité des objectifs de développement et de
protection de l'environnement, la crainte que la conservation de
l'environnement ne représente une menace contre le droit au
développement est bel et bien présente. Cette menace est d'autant
plus intolérable pour les ONG de développement qu'elle est
considérée comme injuste étant donné la dette
écologique des pays industrialisés. C'est par exemple le cas de
cette ONG menant à bien des projets d'optimalisation de
l'élevage. Récemment, la consommation de viande et les
conséquences environnementales de sa production ont été la
cible des défenseurs de l'environnement. Se sentant montrée du
doigt,
notamment à la suite de remarques de la part de ses
bailleurs de fonds, cette ONG ressent le besoin de défendre la
pertinence de ses activités :
« L'élevage est considéré comme
un des secteurs les plus polluants. Il faut relativiser. De quel élevage
parle-t-on ? Le secteur de l'élevage des 50 pays les plus pauvres ne
produit que 1 % des GES. »
Si la minimisation des pressions des projets au Sud fait
débat, la limitation des impacts des bureaux au Nord fait
l'unanimité parmi les personnes rencontrées, en particulier la
réduction de la consommation d'énergie et les émissions de
GES. L'observation des bonnes pratiques environnementales est envisagée
comme un prolongement des principes de solidarité internationale. Le
respect des gestes écologiques au sein de l'organisation s'inscrit dans
un souci de cohérence de sa vision. Pour certaines ONG, cette
démarche est d'autant plus aisément réalisable qu'elle
répond simultanément à des impératifs financiers
:
« Il y a un double objectif : l'économie et
défendre cette logique de citoyenneté mondiale. »
Toujours dans cette optique, plusieurs des ONGD
étudiées ont lancé des campagnes de sensibilisation aux
enjeux du changement climatique et ont incorporé cette
problématique dans leur plaidoyer. Par exemple, cette ONG mène
une campagne sur le climat qui aborde d'autres thématiques, comme la
surexploitation des ressources ou l'impact de la standardisation des
variétés culturales sur la biodiversité.
« Nous plaidons pour une diminution de nos
émissions au Nord, par solidarité avec le Sud et dans une optique
de justice climatique. Notre campagne s'inscrit dans une critique
générale d'un modèle de développement qui repose
sur la surexploitation de toutes les ressources. »
Ce témoignage reflète la logique sous-jacente
aux principales mesures environnementales entreprises par les ONG. Les
préoccupations environnementales sont assimilées aux
revendications socio-économiques des ONGD et viennent en appui au
modèle de développement qu'elles souhaitent diffuser. L'emploi de
semences locales, la promotion des intrants naturels ou la recherche
d'énergie alternative sont autant de moyens d'assurer
l'indépendance des populations locales vis-à-vis
d'opérateurs extérieurs.
Il convient de se pencher sur le sens donné par les
personnes interrogées à l'intégration environnementale.
À l'instar de ce qui avait été observé chez les
gestionnaires du service D3.1, certains des répondants ont tendance
à faire l'amalgame entre l'intégration de l'environnement dans
leurs actions et la formulation de projets environnementaux.
L'intégration environnementale se concrétiserait donc, dans cette
conception, par la présence d'un objectif spécifique
environnemental. Pour cette ONGD active au Congo, leur prise en compte de
l'environnement se traduit par la conception d'un certain nombre de projets
(mais pas tous leurs projets, ce qui les distingue d'une ONG de protection de
l'environnement) très clairement axés sur l'environnement :
« Dans nos projets au Congo, la composante
environnementale ça fait partie des résultats et des objectifs
à atteindre. »
Cette même logique pousse certaines ONGD dont aucun des
projets n'a d'objectif spécifique environnemental à
considérer que c'est pour cette raison que leur intégration
environnementale est défaillante. Pour d'autres, c'est justement la
perspective de devoir réaliser des projets dont la priorité est
environnementale qui est source d'inquiétude et de méfiance
envers l'intégration environnementale.
« On accepte le principe de la prise en compte de
l'environnement mais pas dans le sens où on devrait faire des projets
environnementaux, ça nous n'y sommes pas prêts. »
Cette représentation de l'intégration
environnementale est liée à l'image qu'en donnent les bailleurs
de fonds. Comme il a été observé dans le chapitre traitant
de la DGCD, les gestionnaires eux-mêmes tendent à confondre
intégration et objectif environnemental. Nous verrons plus en
détail dans le point suivant l'influence des interactions entre
bailleurs de fonds et ONGD sur la prise en compte de l'environnement.
Tout en reconnaissant l'importance de la prise en compte de
l'environnement dans leurs actions, plusieurs des personnes rencontrées
ont néanmoins émis des critiques envers le concept de «
thématique transversale ». La transversalité est, à
leurs yeux, une conceptualisation erronée de l'intégration de
l'environnement dans les projets de développement et ne permet de rendre
compte ni de la réalité du terrain ni de la réalité
de leurs efforts d'intégration.
« Nous critiquons cette approche transversale qui a
tendance à séparer les problématiques alors que notre
travail fait qu'elles font partie intégrante de nos
préoccupations. »
L'approche transversale des différentes
problématiques telles que le genre, l'économie sociale ou
l'environnement et leur compartimentation inciteraient partant à une
analyse linéaire. Plusieurs des répondants rejettent donc cette
approche et plaident pour une conceptualisation de l'intégration qui
reflète davantage l'analyse systémique qu'ils affirment
s'efforcer d'appliquer.
« Nous ne sommes pas d'accord de considérer
l'environnement comme une thématique transversale. Pour nous,
l'environnement est une dimension verticale, qui part de la base même de
nos interventions [...] c'est une racine de la durabilité, c'est
ça la différence. »
L'approche transversale telle qu'elle est conçue par
l'establishment de la coopération au développement
n'encouragerait pas à une prise en compte en amont de la conception des
actions de développement et ne constituerait qu'un simple garde fou
visant à limiter légèrement les impacts.
1.1.3. Les ONG et les autres groupes
stratégiques
La deuxième hypothèse de cette étude
concerne les interactions entre les ONG et leurs différents
interlocuteurs et leur influence sur l'intégration environnementale.
Nous nous attarderons donc sur les différents groupes d'acteurs
identifiés dans le cadre d'analyse et par les personnes
interrogées.
Le partenariat est une des clefs de voûte de la
coopération bilatérale indirecte belge. Il suppose une
collaboration étroite entre l'ONGD belge et les ONG du Sud à
chaque étape d'un projet et surtout lors de sa conception. Les besoins,
les logiques et les stratégies de ces deux groupes ne sont pas
identiques, ce qui peut rendre le partenariat difficile. C'est
particulièrement le cas en matière d'intégration
environnementale en raison des « contradictions, fréquentes dans
les problématiques environnementales, entre intérêts
individuels et intérêts collectifs » (Ledant, 2005, p.
12).
Voici les résultats de la question 15 « Pensez-vous
que ce [l'environnement] soit une préoccupation ? » :
|
Accessoire
|
Moyenne
|
Importante
|
Ne sait pas
|
Pour le personnel de l'ONG basé au Nord
|
|
7/20
|
13/20
|
|
Pour le personnel de l'ONG basé au Sud ou pour les
partenaires locaux
|
3/20
|
9/20
|
8/20
|
0
|
Pour les populations locales touchées par les actions de
l'ONG
|
6/20
|
8/20
|
5/20
|
1/20
|
Il apparaît que les partenaires et, surtout, les
bénéficiaires sont moins attachés à la question de
la dégradation environnementale que les ONG du Nord. Les personnes
interrogées ont confirmé cette impression lors des entretiens, en
y apportant des nuances importantes. À aucun moment il n'a
été suggéré que les relations de partenariat
pouvaient être conflictuelles. Ceci peut s'expliquer par le fait que les
ONG de développement ont tendance à choisir non seulement des
partenaires partageant leurs valeurs et principes, mais connaissant aussi les
exigences des bailleurs de fonds et maîtrisant les compétences
nécessaires à leur satisfaction (Totté et Hadjaj-Castro,
2004, pp.17- 18). En dépit de cela, les témoignages convergent
tous vers un même constat : les organisations partenaires et les
bénéficiaires ne sont pas toujours convaincus du bien
fondé des mesures de prise en compte de l'environnement ou n'estiment
pas que ces problématiques soient prioritaires. Les difficultés
du quotidien les empêcheraient de se projeter vers l'avenir et leur
feraient préférer des solutions rapides bien que non durables.
Nous retrouvons ici une des thèses du modèle Nexus
évoqué plus haut.
« Nous devons composer avec nos organisations
partenaires et avec la volonté des agriculteurs sur place. Ils vont
plutôt chercher la rentabilité [...]. Ils ont une vision plus
à court terme parce que la situation est plus critique. »
Certaines ONG de développement mènent
déjà des actions de sensibilisation de leurs partenaires et
bénéficiaires, ce qui de l'avis général est un
travail de longue haleine.
Toutefois, il ne faut pas s'arrêter à ce constat
général. En effet, les partenaires et les
bénéficiaires, souvent des agriculteurs ou éleveurs, sont
les premiers témoins de la dégradation de
leur environnement. Ces dernières années, ils
seraient de plus en plus nombreux à faire part de leur inquiétude
à leurs partenaires du Nord.
« Dès qu'on discute avec nos partenaires, ils
mettent en avant des changements climatiques, ou du moins des changements au
niveau des saisons culturales. »
Enfin, d'après certains témoignages, la
réticence de certains bénéficiaires a une raison d'ordre
sémantique. La place de l'environnement dans le développement
durable tel qu'il est conçu ici ne correspond pas à leurs
préoccupations. Loin des discours et des concepts, les
bénéficiaires souhaitent trouver des solutions réalistes
et adaptées. Lorsque des techniques durables sont proposées de
façon à en expliquer clairement les avantages à moyen et
long terme, elles sont mieux accueillies par les personnes ciblées.
« Allez leur dire que ce que nous faisons c'est dans
le cadre d'une politique environnementale, ça ne les intéresse
pas. Ils veulent que ça ne leur coûte pas trop cher et que
ça donne des résultats. La dimension environnementale, ça
les touche par ses effets, pas sur le plan idéologique. »
Une catégorie d'acteurs a été
révélée par les entretiens. Il s'agit des instances de
direction des ONG de développement, dont les points de vue ne semblent
pas toujours concorder avec ceux du personnel. Selon plusieurs des personnes
rencontrées, nombre des initiatives en faveur de bonnes pratiques
environnementales, tant au Nord qu'au Sud, ont été lancées
sous l'impulsion du personnel.
« C'est plutôt les employés qui poussent,
la direction suit si elle y voit son intérêt financier. »
n@dteramgp.m
Or, la seule volonté du personnel ne suffirait pas
à aboutir à une réelle prise en compte de l'environnement.
C'est le sentiment de cette personne travaillant pour une grande ONG :
« Il faut un engagement institutionnel clair de la
part du Conseil d'administration et de l'Assemblée
générale car une réelle prise en compte nécessite
tant son intégration dans la politique officielle que dans la pratique.
»
L'incorporation de la préoccupation environnementale dans
la vision d'une ONG contribuerait donc à la concrétisation de
l'intégration environnementale.
Dans le cadre d'analyse, les interactions entre les ONG de
développement et les bailleurs de fonds ont été
désignées comme le déterminant fondamental des pratiques
d'intégration environnementale. Les résultats des entretiens
tendent à le confirmer et montrent bien un lien entre la position
adoptée par le bailleur en matière d'intégration de
l'environnement et la stratégie des ONGD en la matière.
Avez-vous l'impression d'une incitation de la part des
bailleurs en faveur d'une plus grande prise en compte de l'environnement dans
vos projets ?
|
Oui, il y a une incitation forte mais non définie par des
règles
|
13/20
|
Oui, il y a une incitation faible, sur base volontaire
|
5/20
|
Non
|
1/20
|
Ne sait pas
|
1/20
|
En dehors du contenu de la législation, de la fiche
d'appréciation et du schéma de présentation, il n'existe
pas de document technique présentant les lignes directrices de
l'intégration systématique de l'environnement telle qu'elle
serait souhaitée par la DGCD. Pour rappel, en Belgique cette prise en
compte systématique est prévue par la loi et est stipulée
dans plusieurs autres documents d'orientation politique. Pourtant, comme nous
pouvons le voir, cinq des ONG interrogées considèrent que la
prise en compte de l'environnement s'effectue sur base volontaire et l'une
d'elles estime même qu'il n'y a pas de réelle incitation de la
part des bailleurs de fonds. Les réponses se référent
systématiquement à la DGCD. Certaines des ONG ont
également mentionné l'Union européenne. Les exigences de
l'UE en matière d'intégration environnementale seraient plus
strictes qu'à la DGCD, la dimension devant explicitement figurer dans
les propositions de projets.
L'incitation à l'intégration de la DGCD est
d'ordre théorique mais le manque de précision concernant ses
attentes réelles trahit le manque de préparation de ses services
à évaluer la prise en compte de cette thématique. Les ONG
sont donc tout à fait conscientes du fait que la prise en compte de
l'environnement ne fait pas l'objet d'un examen approfondi et que leurs projets
ne pourraient être refusés sur cette base. Le décalage
entre le discours de la DGCD et la réalité de la gestion des
dossiers leur est évident.
« Ils vérifient si c'est présent, c'est un
plus si ça l'est [...], mais ce n'est pas un impératif construit.
»
« La DGCD a un discours sur l'environnement mais
n'est pas particulièrement attentive sur les aspects environnementaux
des projets qu'ils financent, ils ne sont pas spécialement attentifs au
paradigme qu'on utilise. »
Si quelques unes des ONG interrogées ont tout de
même ressenti une incitation plus forte de la part de la DGCD ces
dernières années, cela ne s'est pas accompagné
d'indications plus claires sur la marche à suivre. Le manque de
clarté sur les attentes de la DGCD inquiète surtout les plus
petites ONG, qui se sentent particulièrement démunies face
à un thème transversal qui pourrait gagner en importance dans un
avenir proche.
Procédez-vous à une plus grande prise en
compte de l'environnement lorsque le bailleur de fonds l'encourage
?
|
|
Oui, depuis longtemps
|
6/20
|
Oui, mais depuis peu
|
7/20
|
Non
|
3/20
|
Non, mais nous sommes en train de nous y préparer
|
3/20
|
Les résultats à la question ci-dessus
suggèreraient a priori que la DGCD et la nature de ses demandes exercent
une influence considérable sur la prise en compte de l'environnement par
les ONGD puisqu'une majorité d'entre elles déclarent
améliorer leur intégration environnementale lorsque le bailleur
de fonds l'encourage. Cependant, les réponses à cette question
doivent être prises avec beaucoup de précaution et les entretiens
ont été déterminants dans la compréhension de ce
paramètre. Premièrement, le fait que six ONG aient répondu
non à cette question ne signifie pas que leur prise en compte actuelle
soit nulle. Deux des ONG ayant répondu un non catégorique ont par
ailleurs entrepris depuis un certain temps une réflexion approfondie sur
la place de l'environnement dans leurs actions. Deuxièmement, le fait
d'avoir répondu oui à cette question ne signifie pas que les ONG
en question aient modifié de manière significative leurs
pratiques. Lors d'un entretien, l'une des personnes interrogée à
même expliqué hésiter entre la réponse « oui
depuis longtemps » et « non, mais nous sommes en train de nous y
préparer ». Comment alors expliquer ces réponses ? En
réalité, les ONG ayant choisi de répondre non estiment
qu'elles ont intégré l'environnement depuis déjà
longtemps dans leurs activités, et ce bien avant que ce thème ne
devienne une priorité politique. En ce qui concerne les ONG ayant
répondu oui, la situation est la même. Elles disent
intégrer depuis longtemps l'environnement dans leurs pratiques. Le seul
changement significatif concerne la manière dont cette prise en compte
est traduite dans les dossiers soumis aux bailleurs de fonds. Par exemple cette
ONG
reconnaît adapter le contenu des propositions de projets
selon la demande du bailleur, sans pour autant changer la nature de
l'intervention :
« Ce qu'on fait, on peut le présenter sous des
angles différents, sous l'angle du développement humain ou sous
l'angle de l'environnement. Ce qu'on ne précisait pas avant sur les
effets environnementaux [positifs], on le mentionne quand le bailleur le
demande. »
Cette stratégie est commune à pratiquement
toutes les ONG étudiées, qu'elles aient répondu oui ou non
à la question qui nous occupe. C'est évidemment lié
à deux des constats établis précédemment, à
savoir d'une part le lien étroit entre les secteurs d'activité
privilégiés par les ONGD et l'environnement et, d'autre part, la
critique de l'approche transversale adoptée par les bailleurs. La
transversalité aurait dès lors pour effet pervers de conduire
à la manipulation des propositions de projet plutôt qu'à
une amélioration de la prise en compte des thèmes transversaux.
Plus encore que la conceptualisation de la transversalité, c'est la
lecture qu'en font les bailleurs de fonds qui serait défaillante.
« Ce qu'on nous reproche c'est que ça
n'apparaisse pas au bon endroit dans le dossier [...]. C'est l'aspect
mécanique de la lecture des dossiers que font les bailleurs. Le canevas
est ainsi fait et donc on remplit quelque chose dans la case thèmes
transversaux. [...] C'est une question de lisibilité. »
L'approche de l'intégration environnementale par la
transversalité ne parviendrait pas à rendre compte de
l'importance de cette thématique par rapport aux objectifs de
développement poursuivis par les ONG.
« Il faudrait abandonner cette obsession de la
transversalité et en venir enfin à considérer que
l'environnement doit se situer beaucoup plus au niveau des pré-requis
d'un projet, plutôt que de se demander à la fin si les
problématiques environnementales ont été prises en compte.
»
Malgré ces différentes remarques, les personnes
rencontrées ne prétendent pas que leur prise en compte actuelle
soit parfaite et sont prêtes à l'améliorer dans la mesure
de leurs possibilités. Comme le suggère l'extrait ci-dessus, les
ONGD ne sont pas opposées au principe d'un examen plus strict de cette
dimension par les bailleurs de fonds (si bien sûr l'approche n'est pas
dogmatique mais adaptée à la réalité
de leurs projets). Certaines estiment d'ailleurs que leur prise en compte
actuelle satisfait déjà à des critères plus
exigeants.
« De ce point de vue, je pense qu'on est en avance sur
eux donc ils peuvent avoir des demandes plus strictes. »
S'il y a bien accord sur le principe d'un durcissement des
exigences, les ONGD interrogées accepteraient pourtant difficilement que
de telles exigences se traduisent par une complexification des
procédures de soumission des projets. Les personnes rencontrées
craignent par exemple de se voir imposer des indicateurs difficiles à
mesurer. Plusieurs de ces personnes redoutent aussi l'imposition d'une
check list telle que celle qui existe pour le thème transversal
« genre » et dont elles remettent en question la pertinence.
Enfin, il faut souligner l'opposition
généralisée des ONGD à l'existence de
conditionnalités, qu'elles considèrent comme une hypocrisie des
administrations gouvernementales. Les ONG reprochent tout d'abord à la
DGCD de ne pas appliquer les principes qu'elles leur recommandent dans la
coopération gouvernementale et considèrent que le service de
gestion des programmes ONG n'a pas les capacités internes pour juger de
la qualité de leurs projets du point de vue environnemental.
« C'est important qu'un bailleur en tienne compte, mais
aussi se donne les moyens d'en tenir compte. »
D'un autre côté, elles pointent le manque de
cohérence entre ce qui leur est demandé et l'orientation des
autres politiques menées par le gouvernement.
Malgré ces frictions, plusieurs des personnes
interrogées ont tenu à souligner les efforts de la DGCD pour
établir un réel dialogue avec les ONG qu'elles subsidient.
« Nous sommes des ONG agréées et ils [la
DGCD] nous font quand même confiance. »
De fait, la relation entre les ONG et les gestionnaires de la
DGCD se serait nettement améliorée depuis le passage à
l'approche programmatique (Acodev, 2007, p. 18).
1.1.4. Les contraintes structurelles
Au-delà des représentations, des logiques et
stratégies d'acteurs, des facteurs structurels conditionnent les efforts
de prise en compte de l'environnement. Certains de ces facteurs sont
directement liés au système de cofinancement. Ainsi, a
été évoquée la difficulté de modifier un
programme en cours de mise en oeuvre si cela s'avérait
nécessaire.
« Une fois qu'un programme a été
défini, il y a un cadre logique etc., et donc on ne change pas ça
du jour au lendemain. »
Plus que tout autre thème transversal, la question de
l'intégration environnementale semble soulever des problèmes
d'ordre financier. La prise en compte de l'environnement dans la conception des
projets et l'observation de bonnes pratiques de gestion tant au Nord qu'au Sud
requièrent un investissement en temps et un effort budgétaire
plus important. Le facteur temps est essentiel, tant du côté des
ONG pour que l'identification des projets puisse se fonder sur une analyse
approfondie des contextes, que de celui des bailleurs de fonds pour en
apprécier efficacement la pertinence et la qualité. Or, ce temps
de travail a un coût et la tendance actuelle du système de la
coopération vise à le réduire : « L'exigence de
rentabilisation des fonds investis a pour conséquences la
réduction des coûts administratifs [...], et donc du rapport
salarié/projet, dans les administrations autant que les ONG »
(Totté et Hadjaj-Castro, 2004, p. 24). En outre, même si certaines
des initiatives pro-environnementales conduisent à des économies
financières, d'autres impliquent un surcoût que les ONG ne sont
pas en mesure de supporter. Elles souhaitent donc que toute politique en faveur
du renforcement de l'intégration environnementale s'accompagne des
mesures budgétaires correspondantes.
« Quand on fait des demandes de fond pour acheter le
matériel nécessaire à un projet, ils y mettent des
contraintes énormes. [...] Alors si ça [la prise en compte de
l'environnement] nous demande un plus gros financement [...] il faut que les
bailleurs y mettent la main aussi. »
« Le jour où les bailleurs de fond devront
vraiment en tenir compte, ils donneront la possibilité d'avoir des
surcoûts dans les projets proposés. »
Les difficultés liées au facteur temps ne sont
pas uniquement financière. En effet, les
différences
d'échelles temporelles relevées dans le
rapport de Jean-Paul Van Ypersele ne concernent pas
seulement les enjeux climatiques. Il existe un décalage
considérable entre la temporalité des cycles de projets et
programmes et celle, plus longue, des changements socio-économiques ou
environnementaux que l'on tente d'induire dans les lieux d'intervention.
« Dix ans c'est le minimum pour induire et constater
un changement. Ici, on soumet un programme de trois ans, dans un cadre
stratégique de six ans, mais si on ne continue pas après six ans,
on interrompt le processus de changement en plein milieu. »
Enfin, plusieurs personnes interrogées ont
montré une certaine lassitude vis-à-vis de la multiplication des
thèmes transversaux. Elles dénoncent la tendance du monde du
développement à créer de nouvelles thématiques, ou
parfois simplement à leur attribuer un nouveau nom. C'est ce que
certains auteurs ont appelé les « development buzzwords »,
c'est-à-dire « la confiance excessive dans le monde du
développement en la création incessante d'un nouveau jargon
»7 (Lewis et Kanji, 2009, p. 25).
« Ça me fait sourire. Il y a quelques
années j'ai dû préparer un projet lié à la
gestion d'une aire protégée en Amazonie. Mon patron m'avait alors
demandé de remplacer "faune et flore" par "biodiversité". [...]
Finalement, même si les termes changent, les principes restent les
mêmes, on cherche à assurer un développement social et
économique allant de pair avec la gestion durable de la nature.
»
Au-delà du changement de discours, cette tendance ne
s'accompagnerait pas, chez les bailleurs, des outils et des mesures de
formation et sensibilisation nécessaires à l'intégration
concrète des thèmes présentés comme
prioritaires.
7 En anglais dans le texte original : «the undue reliance
within the development industry on the relentless generation of new
jargon».
9. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Cette étude nous donne un aperçu des pratiques
d'intégration des problématiques environnementales au sein des
ONG de développement belges et nous a permis de mieux comprendre
certaines des variables qui influencent ces pratiques. D'une part, la
construction du concept d'intégration environnementale a
contribué à structurer les données. D'autre part, les
trois hypothèses formulées ont balisé la recherche et
l'analyse des informations délivrées par les ONGD.
Ainsi, il ressort des résultats que l'environnement
fait bel et bien partie des préoccupations des ONGD mais qu'il demeure
secondaire, derrière l'objectif du développement humain des
populations des pays en développement. De plus, leur prise en compte de
l'environnement concerne, par-dessus tout, certains aspects environnementaux en
lien direct avec les activités qu'elles soutiennent. Les
différentes problématiques environnementales ne sont donc pas
toutes traitées avec le même intérêt et si la
dégradation des sols, la désertification ou la
déforestation semblent obtenir une attention soutenue de la part des
ONGD, c'est globalement moins le cas en ce qui concerne les dimensions
liées à la conservation de la biodiversité.
Parmi les quatre axes d'intégration définis dans
le modèle d'analyse, ceux de l'adaptation aux contraintes et
opportunités environnementales apparaissent comme les plus aboutis. Pour
beaucoup, l'attention portée à ces axes relève du simple
bon sens et doit survenir au cours de l'étape la plus en amont de la
conception des projets, soit durant l'analyse des contextes lors de
l'identification. L'axe de maximisation des effets positifs est lui aussi
abordé, toujours dans le cadre des aspects environnementaux prioritaires
au regard de leurs projets. Idéologiquement, les ONGD
étudiées marquent une différence entre l'axe de
minimisation des pressions au Nord et ce même axe au Sud. La
réduction des impacts environnementaux des projets qu'elles soutiennent
au Sud provoque souvent une levée de bouclier, démontrant la
persistance d'une crainte d'arbitrage entre objectifs de développement
et protection de l'environnement. C'est d'autant plus vrai que cet axe est
presqu'inévitablement associé à la réduction des
émissions de gaz à effet de serre. Les efforts de
réduction des impacts sont dès lors reportés au Nord, par
la mise en place progressive de modes de gestion environnementale au sein de
leur organisation.
L'environnement est pris en compte par toutes les ONG, mais
à des degrés différents selon l'ONG et selon le projet
dont il est question. L'intégration de l'environnement n'est donc pas
systématisée car elle repose principalement sur l'intuition.
S'ils ne sont pas ignorés, les aspects environnementaux ne sont donc pas
toujours traités avec le degré de précision souhaitable,
ce qui conduit 15 des ONG interrogées à reconnaître que
leur prise en compte de l'environnement devrait être
améliorée. Les besoins identifiés par les personnes
interrogées sont très divers mais la création d'un service
d'appui et d'un réseau d'échange d'informations et
d'expérience entre ONG semble être privilégiée.
Quelle que soit la solution envisagée, beaucoup ont souligné la
nécessité d'en faire bénéficier les organisations
partenaires.
L'étude de la première hypothèse
suggère que c'est moins l'attitude envers l'environnement que celle
envers son intégration qui est déterminante. Les membres des ONG
sont tous sensibilisés à la question et en reconnaissent
l'importance, mais beaucoup craignent qu'une plus grande intégration de
l'environnement implique la définition d'objectifs environnementaux au
sein de leurs projets. Il conviendrait donc de former et informer sur la
signification, théorique et pratique, de l'intégration
environnementale pour lever ces craintes. Par ailleurs, une démarche
similaire doit être entreprise auprès de leur principal bailleur
de fonds. En effet, si les personnes chargées de l'évaluation des
projets ont une définition biaisée de l'intégration de
l'environnement, elles risquent de nourrir des attentes et de formuler des
demandes inappropriées.
L'exploration de la deuxième hypothèse confirme
l'importance des interactions des ONG de développement avec leurs
principaux interlocuteurs. Elles doivent composer avec les besoins et les
priorités de leurs partenaires et bénéficiaires, dont
l'attitude envers l'environnement correspond rarement aux conceptions
occidentales. Le personnel des ONG doit aussi parfois négocier avec leur
direction, tenue par des impératifs financiers. Enfin et surtout, les
pratiques des ONG s'adaptent dans une certaine mesure aux demandes de leurs
bailleurs. La demande actuelle de la DGCD, leur principal bailleur de fonds,
qui serait basée sur une lecture mécanique des thèmes
transversaux, n'aurait pas d'influence significative sur le degré de
prise en compte de l'environnement. Elle conduirait plutôt à
ajuster la mise en forme des propositions de projets à leur canevas de
lecture. Ces résultats suggèrent néanmoins que la position
des bailleurs de fonds
a effectivement une influence sur le travail des ONG et qu'une
demande adaptée de leur part pourrait potentiellement amener à
une meilleure intégration de l'environnement. Les ONG semblent pourtant
avoir une attitude ambivalente à l'égard de la DGCD. D'un
côté, elles acceptent le principe d'exigences environnementales
plus strictes mais, d'un autre côté, elles refusent l'existence de
conditionnalités qui remettraient en cause leur autonomie et leur
liberté d'initiative. Entre le contrôle et l'accompagnement, la
question du rôle des gestionnaires de la DGCD n'est pas neuve et
pèse sur leurs rapports avec les ONG (Acodev, 2007, p. 18-19). Quoi
qu'il en soit, il paraît nécessaire de renforcer les
capacités du service D3.1 de la DGCD en matière
d'intégration environnementale pour légitimer et rendre
crédible toute demande d'amélioration des pratiques des ONG.
Les résultats des deuxième et troisième
hypothèses se chevauchent quelque peu. En effet, les deux principales
contraintes structurelles concernent le manque de temps et d'argent. Or ces
deux paramètres sont conditionnés dans une large mesure par les
bailleurs de fonds et leurs procédures. Par ailleurs, la succession et
la multiplication des thématiques transversales propres au
système de l'aide au développement décrédibilisent
ces initiatives. Cependant, il ne faut pas oublier que les ONG contribuent
à créer ce système et participent aussi à la
création de ces tendances.
Les pistes explorées dans la présente
étude nécessitent sans doute d'être approfondies. Afin de
trouver des outils efficaces et adaptés aux besoins des ONG, il
conviendrait surtout d'observer avec plus de précision leurs pratiques
tout au long du cycle de projet, ce qui n'a pas pu être
réalisé dans le cadre de cette enquête. Nous pouvons
néanmoins conclure que l'amélioration de l'intégration
environnementale requiert l'adéquation des définitions qu'en
donnent les ONG, leurs partenaires et surtout leurs bailleurs de fonds.
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11. ANNEXES
· Questionnaire
· Résultats du questionnaire
· Guide d'entretien
· Fiche d'appréciation
· Schéma de présentation8
8 Seules les pages dont il est fait référence dans
le texte sont annexées.
Gestion des ressources forestières non ligneuses
(tout hormis les arbres et les produits de la chasse; p.ex. champignons,
lianes, fruits, etc.)
Gestion des ressources de la chasse
Gestion d'autres ressources naturelles
issues du vivant (ex. production de miel, etc.) Gestion des ressources de la
pêche (eau douce et milieu marin)
Gestion des déchets (solides, liquides,
gazeux)
Protection de milieux naturels / réserves
naturelles terrestres
Protection de milieux naturels marins
Protection d'espèces
sauvages
Savoir et connaissances traditionnels des populations
locales et des peuples autochtones Terres sacrées, croyances religieuses
liées à la nature, etc.
Problématique des réfugiés
environnementaux
Défenses côtières (dunes, mangroves,
etc.)
Lutte contre
l'érosion
Lutte contre la désertification
Lutte contre les pathogènes / ravageurs / animaux
nuisibles / plantes et animaux
b) Si pertinent, citez des exemples (2-3) de projets que
vous mettez en oeuvre et qui sont liés à ces
domaines.
4. a) D'après vous, vos projets ont-ils des
effets positifs sur l'environnement ?
Oui Non Ne sait pas
b) Si oui citez des exemples (2-3) ?
5. Comment estimez-vous la prise en compte
générale des problématiques environnementales au sein de
l'ONG ?
Aucune prise en compte Faible prise en compte
Prise en compte moyenne Prise en compte
importante
6.
Pensez-vous que vos activités puissent avoir
des effets environnementaux non désirés sur des personnes non
ciblées par vos projets ?
Oui Non Ne sait pas
Lors de l'identification de vos projets
:
7.
L'environnement est-il intégré dans
votre analyse des problèmes ? Toujours Souvent Rarement
Jamais
8. Prenez-vous connaissance de la législation
environnementale du pays (de la région) dans lequel le projet est mis en
place ?
Toujours Souvent Rarement Jamais
9. Réalisez-vous des études d'impact
sur l'environnement ? Toujours Souvent Rarement Jamais
10. Estimez-vous qu'une étude d'impact sur
l'environnement soit nécessaire pour vos projets ?
Oui en général Oui pour certains projets
Non très rarement Non Jamais
Lors de la mise en oeuvre de vos projets
:
11. Du point de vue de la logistique, optez-vous pour
des moyens favorables à l'environnement ? (exemple: produits recyclables
ou biodégradables, mobilité douce, économie
d'énergie ...)
Toujours Souvent Rarement Jamais
Toujours Souvent Rarement Jamais
Exemple :
12. Les conditions environnementales ont-elles
déjà influencé, positivement ou négativement, la
mise en oeuvre de vos projets ?
13. a) Avez-vous l'impression d'une incitation de la
part des bailleurs en faveur d'une plus grande prise en compte de
l'environnement dans vos projets ?
Oui, il y a une incitation forte mais non définie
par des règles Oui, il y a une incitation faible, sur base
volontaire
Non
Ne sait pas
b) Si oui, quels sont ces bailleurs de fonds
?
14. Procédez-vous à une plus grande prise
en compte de l'environnement lorsque le bailleur de fonds l'encourage
?
Oui, depuis longtemps
Non, nous ne sommes pas encore prêts à le
faire
Oui, mais depuis peu Non (pas de raison)
Non, mais nous sommes en train de nous y
préparer
15. Pensez-vous que ce soit une
préoccupation
- Pour le personnel de l'ONG basé au Nord
?
Accessoire Moyenne Importante Ne sait pas
- Pour le personnel de l'ONG basé au Sud ou pour
les partenaires locaux ?
Accessoire Moyenne Importante Ne sait pas
- Pour les populations locales touchées par les
actions de l'ONG ? Accessoire Moyenne Importante Ne sait pas
16.
Selon vous, intégrer les aspects environnementaux
dans votre travail serait :
Très facile Assez facile Assez difficile
Très difficile
17. D'après vous, est-il nécessaire que
votre organisation intègre mieux l'environnement dans ses pratiques
?
Non, l'environnement ne nous concerne pas, d'autres
organisations s'en occupent, nous avons d'autres priorités.
Non, nous faisons déjà tout ce que nous
estimons nécessaire.
Oui mais nous n'avons pas les capacités et ne
savons pas comment faire.
Oui, l'environnement est important car nous devons
veiller à ce que les mesures de protection de l'environnement ne
compromettent pas le développement ou les intérêts des
populations.
18. Pour vous, les actions de protection de la
biodiversité et les projets de lutte contre la pauvreté sont
:
Complémentaires Plutôt
complémentaires
Plutôt contradictoires Contradictoires
19.
Connaissez-vous ces conventions internationales portant
sur la protection de l'environnement ?
CDB (Convention sur la diversité
biologique)
RAMSAR (Convention sur les zones humides d'importance
internationale) CMS (Convention sur la conservation des espèces
migratrices)
WHC (Convention concernant la protection du patrimoine
mondial culturel et naturel)
CCNUCC (Convention cadre des Nations Unies sur les
changements climatiques) CNUCD (Convention des Nations Unies
pour la lutte Contre la Désertification)
20. Quelle(s) méthode(s) de gestion utilisez-vous
?
SEPO
(Succès-échecs-potentialités-obstacles)
Planification stratégique
PPO (Planification des projets par objectifs)
GCP (Gestion du cycle de projet)
Cartographie des incidences
Autre Aucune
21. Avez-vous le sentiment d'être assez
informé(e) sur les questions environnementales ?
Oui, assez
Oui, mais cela peut encore être
amélioré Non, pas assez
Ne sait pas
22. Quels seraient d'après-vous le(les)
meilleur(s) moyen(s) de contribuer à l'intégration de
l'environnement dans votre travail ?
Organiser des formations ou des
séminaires
Bénéficier d'un service d'appui, auquel
nous pourrions demander des conseils ou des informations
Disposer de sources d'informations, à travers un
site internet Disposer de manuels pratiques
Mettre en place un réseau d'entraide et
d'échange entre organisations sur le thème de
l'intégration environnementale
Identifier des sources d'expertises auxquelles on peut
faire appel pour des missions ponctuelles
Ou encore....
23. Quelle est votre responsabilité au sein de
l'ONG ?
24. Quelle est votre formation de base ?
Réponses au questionnaire
1. Ces problématiques vous inquiètent-elles
?
|
Pas du tout
|
Un peu
|
Moyennement
|
Beaucoup
|
Sans avis
|
Changements climatiques
|
|
|
6/20
|
14/20
|
|
Dégradation des sols
|
|
|
2/20
|
18/20
|
|
Désertification
|
|
|
4/20
|
16/20
|
|
Disparition des espèces sauvages
|
|
4/20
|
8/20
|
7/20
|
1/20
|
Disparition des milieux naturels
|
|
|
8/20
|
12/20
|
|
Disparition des ressources génétiques
|
|
3/20
|
5/20
|
10/20
|
2/20
|
Diminution des ressources en eau
|
|
1/20
|
1/20
|
18/20
|
|
Fragmentation des habitats
|
|
2/20
|
9/20
|
5/20
|
4/20
|
Espèces exotiques envahissantes
|
1/20
|
4/20
|
11/20
|
3/20
|
1/20
|
Surexploitation des ressources naturelles
|
|
|
2/20
|
18/20
|
|
Pollution de l'environnement
|
|
|
2/20
|
18/20
|
|
Problématique des « réfugiés
environnementaux »
|
|
3/20
|
6/20
|
9/20
|
2/20
|
2. Comment qualifieriez-vous la place de ces
thématiques par rapport aux objectifs de l'ONG ?
Très importante : 8 Peu importante : 4
Moyennement importante : 8 Pas importante du tout : 0
3. Vos projets ont-ils des liens directs ou indirects
avec le ou les domaine(s) suivants ? [Cochez le ou les domaine(s)]:
Gestion des ressources génétiques (cultures et
bétail compris)
|
9/20
|
Gestion des ressources en eau
|
15/20
|
Gestion des ressources forestières ligneuses (=arbres)
|
11/20
|
Gestion des ressources forestières non ligneuses (tout
hormis les arbres et les produits de la chasse; p.ex. champignons, lianes,
fruits, etc.)
|
3/20
|
Gestion des ressources de la chasse
|
0/20
|
Gestion d'autres ressources naturelles issues du vivant (ex.
production de miel, etc.)
|
6/20
|
Gestion des ressources de la pêche (eau douce et milieu
marin)
|
5/20
|
Gestion des déchets (solides, liquides, gazeux)
|
8/20
|
Protection de milieux naturels / réserves naturelles
terrestres
|
7/20
|
Protection de milieux naturels / réserves marines
|
2/20
|
Protection d'espèces sauvages
|
1/20
|
Savoir et connaissances traditionnels des populations locales et
des peuples autochtones
|
13/20
|
Terres sacrées, croyances religieuses liées
à la nature, etc.
|
2/20
|
Problématique des réfugiés
environnementaux
|
1/20
|
Défenses côtières (dunes, mangroves, etc.)
|
3/20
|
Lutte contre l'érosion
|
16/20
|
Lutte contre la désertification
|
10/20
|
Lutte contre les pathogènes / ravageurs / animaux
nuisibles / plantes et animaux exotiques
|
6/20
|
4. D'après vous, vos projets ont-ils des effets
positifs sur l'environnement ? Oui : 16 Non : 1 Ne sait pas : 3
5. Comment estimez-vous la prise en compte
générale des problématiques environnementales au sein de
l'ONG ?
Aucune prise en compte : 0 Prise en compte moyenne : 11
Faible prise en compte : 3 Prise en compte importante : 6
6. Pensez-vous que vos activités puissent avoir
des effets environnementaux non désirés sur des personnes non
ciblées par vos projets ?
Oui : 5 non : 9 Ne sait pas : 6
Lors de l'identification de vos projets
:
7. L'environnement est-il intégré dans
votre analyse des problèmes ? Toujours : 3 Souvent : 15
Rarement : 2 Jamais : 0
8. Prenez-vous connaissance de la législation
environnementale du pays (de la région) dans lequel le projet est mis en
place ?
Toujours : 1 Souvent : 10 Rarement : 8 Jamais : 1
9. Réalisez-vous des études d'impact sur
l'environnement ?
Toujours : 0 Souvent : 4 Rarement : 9 Jamais : 6
10. Estimez-vous qu'une étude d'impact sur
l'environnement soit nécessaire pour vos projets ?
Oui en général : 4 Oui pour certains projets :
10
Non très rarement : 6 Non jamais : 0
Lors de la mise en oeuvre de vos projets
:
11. Du point de vue de la logistique, optez-vous pour
des moyens favorables à l'environnement ? (exemple: produits recyclables
ou biodégradables, mobilité douce, économie
d'énergie ...)
Toujours : 1 Souvent : 10 Rarement : 9 Jamais : 0
12. Les conditions environnementales ont-elles
déjà influencé, positivement ou négativement, la
mise en oeuvre de vos projets ?
Toujours : 1 Souvent : 9 Rarement : 8 Jamais : 1
13. Avez-vous l'impression d'une incitation de la part
des bailleurs en faveur d'une plus grande prise en compte de l'environnement
dans vos projets ?
Oui, il y a une incitation forte mais non définie par des
règles : 13 Non : 1
Oui, il y a une incitation faible, sur base volontaire : 5 Ne
sait pas : 1
14. Procédez-vous à une plus grande prise
en compte de l'environnement lorsque le bailleur de fonds l'encourage
?
Oui, depuis longtemps : 6
Non, nous ne sommes pas encore prêts à le faire : 0
Oui, mais depuis peu : 7
Non : 3
Non, mais nous sommes en train de nous y préparer : 3
15. Pensez-vous que ce soit une préoccupation
:
- Pour le personnel de l'ONG basé au Nord ?
Accessoire : 0 Moyenne : 7 Importante : 13 Ne sait pas
- Pour le personnel de l'ONG basé au Sud ou pour les
partenaires locaux ? Accessoire : 3 Moyenne : 9 Importante : 8 Ne sait pas :
0
- Pour les populations locales touchées par les actions de l'ONG
?
Accessoire : 6 Moyenne : 8 Importante : 5 Ne sait pas : 1
16. Selon vous, intégrer les aspects
environnementaux dans votre travail serait : Très facile : 1
Assez facile : 12 Assez difficile : 5 Très difficile : 0
17. D'après vous, est-il nécessaire que
votre organisation intègre mieux l'environnement dans ses pratiques
?
o Non, l'environnement ne nous concerne pas, d'autres
organisations s'en occupent, nous avons d'autres priorités : 1
o Non, nous faisons déjà tout ce que nous estimons
nécessaire : 3
o Oui mais nous n'avons pas les capacités et ne savons
pas comment faire : 4
o Oui, l'environnement est important car nous devons veiller
à ce que les mesures de protection de
l'environnement ne compromettent pas le développement ou
les intérêts des populations :11
18. Pour vous, les actions de protection de la
biodiversité et les projets de lutte contre la pauvreté sont
:
Complémentaires : 11
Plutôt complémentaires : 8 Plutôt
contradictoires : 1 Contradictoires : 0
19. Connaissez-vous ces conventions internationales
portant sur la protection de l'environnement ?
CDB (Convention sur la diversité biologique) 5/20
RAMSAR (Convention sur les zones humides d'importance
internationale) 4/20
CMS (Convention sur la conservation des espèces
migratrices) 0/20
WHC (Convention concernant la protection du patrimoine mondial
culturel et naturel) 3/20
CCNUCC (Convention cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques) 8/20
CNUCD (Convention des Nations Unies pour la lutte Contre la
Désertification) 10/20
20. Quelle(s) méthode(s) de gestion utilisez-vous
?
SEPO
(Succès-échecs-potentialités-obstacles) 9/20
Planification stratégique 11/20
PPO (Planification des projets par objectifs) 11/20
GCP (Gestion du cycle de projet) 18/20
Cartographie des incidences 2/20
Aucune 0
21. Avez-vous le sentiment d'être assez
informé(e) sur les questions environnementales ?
- Oui, assez 6
- Oui, mais cela peut encore être amélioré
10
- Non, pas assez 4
- Ne sait pas 0
22. Quels seraient d'après-vous le(les)
meilleur(s) moyen(s) de contribuer à l'intégration de
l'environnement dans votre travail ?
o Organiser des formations ou des séminaires 6/20
o Bénéficier d'un service d'appui, auquel nous
pourrions demander des conseils ou des informations
12/20
o Disposer de sources d'informations, à travers un site
internet 6/20
o Disposer de manuels pratiques 5/20
o Mettre en place un réseau d'entraide et
d'échange entre organisations sur le thème de
l'intégration
environnementale 8/20
o Identifier des sources d'expertises auxquelles on peut faire
appel pour des missions ponctuelles
7/20
Guide d'Entretien
Nom de l'ONG :
Nom de la personne enquêtée: Responsabilité
au sein de l'ONG :
Consigne initiale
Qu'évoque pour vous l'intégration de
l'environnement ? Guide thématique
Gestion du cycle de projet (description des
pratiques)
· Comment tenez-vous compte de l'environnement ? :
-Lors de l'identification/de la formulation des projets ?
(Étude de faisabilité, EIE, autre outil)
-Lors de la mise en oeuvre ? (bonnes pratiques)
Groupes stratégiques (bailleurs de
fonds-bénéficiaires-partenaires)
· Quelle est, d'après vous, l'importance de la prise
en compte de l'environnement pour vos bailleurs ?
· Vous encouragent-ils à une meilleure prise en
compte ? Comment cela se traduit-il ?
· Comment répondez-vous à cette demande ?
· Comment réagissent vos
partenaires/bénéficiaires à cette thématique ?
Relation activités/fonctionnement de l'ONG et
environnement
· Quelles seraient les implications d'une plus grande prise
en compte de l'environnement dans votre travail ?
· Est-ce que cela serait nécessaire ?
Sensibilisation/Information de l'ONG et des
partenaires/bénéficiaires
· Que représente pour vous l'environnement/la
biodiversité ? Quelle place donnez-vous à sa protection ? (par
rapport aux objectifs de l'ONG, aux enjeux de développement, de
développement durable ?)
Pauvreté et environnement
· Est-il, d'après vous, nécessaire d'allier
protection de l'environnement et réduction de la pauvreté ?
· Pensez-vous que les objectifs environnementaux pourraient
être contradictoires avec ceux du développement dans le cadre de
vos activités ?
Fiche d'appréciation du projet Sud
|
|
Nom de l'ONG
Titre du projet
2. Appréciation du projet
|
Accepte
|
Accepte
partiellement
|
Refuse
|
Score
|
Budget demandé (CO+CG)
|
Budget refusé (CO + CG)
|
Budget proposé (CO+CG)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
3. Services et personnes ayant participé
à l'appréciation
|
Services
|
Nom des participants
|
Gestionnaire (s) (D3.1)
Contrôleur financier (D3.4)
Expert(s) externe(s)
Expert(s) SPF Affaires Etrangères Attachés
|
|
|
4. Documents utilisés pour l'examen du
projet
|
Documents
|
Remarques
|
Rapports de mission
|
|
Rapports d'évaluation établis par l'ONG et
rapports externes
|
|
Dossiers antérieurs introduits à D3.1 dont les
fiches d'appréciation et les PV des dialogues politiques
|
|
Autres :
|
|
|
Pays Date Personnes Constatations
1. COHERENCE (Mise en corrélation des
différents résultats de l'objectif spécifique poursuivi
par l'ONG. Cette corrélation est basée sur des choix et des
priorités formulés de manière explicite)
|
|
Cohérence avec le cadre
stratégique
|
|
1. Le projet s'inscrit-il dans le cadre stratégique de
l'ONG, en ce qui concerne :
· la localisation géographique ?
· le secteur et les thématiques?
· le choix des partenaires et des groupes-cibles?
|
|
Concentration sectorielle, thématique et
géographique
|
|
2. Le projet présente-t-il une concentration
géographique (un seul pays), thématique (un seul thème) et
sectorielle (un seul secteur) ?
3. En cas d'introduction de projets antérieurs,
existe-t-il complémentarité et cohérence entre ceux-ci et
le présent projet ?
4. Le projet s'inscrit-il dans le cadre de la
spécialisation de l'ONG, basée sur ses points forts, sa
spécificité et ses avantages comparatifs ?
|
Points forts
|
Points faibles
|
|
|
Remarques :
|
|
2. PERTINENCE POUR LE DEVELOPPEMENT (Mesure selon
laquelle l'objectif de l'action de développement correspond aux attentes
des groupes-cibles, aux priorités globales, aux politiques des bailleurs
de fonds)
|
|
L'analyse du contexte et les politiques
nationales
|
|
5. Le projet est-il basé sur une analyse approfondie
(juridique, politique, socio-économique et culturelle) et pertinente du
contexte local?
6. Les données nécessaires à la
vérification de l'atteinte des résultats sont-elles
différenciées hommes/femmes ?
7. L'ONG analyse-t-elle les politiques nationales et
justifie-t-elle son positionnement à leur égard ?
|
|
Correspondance avec les attentes des groupes
cibles
|
|
8. L'objectif spécifique et les résultats attendus
répondent-ils aux besoins et aux priorités
· des partenaires ?
· des bénéficiaires, hommes et femmes ?
|
Correspondance avec les objectifs de la
coopération
|
|
9. L'ONG respecte-t-elle les objectifs de la coopération
internationale belge*
· le développement humain durable
· la réduction de la pauvreté
· la promotion de la démocratie, de l'Etat de droit,
de la bonne gouvernance et des droits de l'homme
(*voir article 3 de la Loi coordonnée du 25 mai 1999)
10. L'ONG prend-elle en compte les notes de politique de la DGCD
?
|
|
Correspondance avec les thèmes
transversaux
|
|
L'ONG prend-elle systématiquement en compte et
intègre-t-elle transversalement dans son projet*:
11. · le genre : le renforcement de
l'égalité homme-femme et l'autonomisation des femmes, et/ou
la réduction des discriminations et des inégalités
fondées sur le sexe ?
12. · l'environnement :
l'amélioration de l'environnement physique ou biologique ou
l'accroissement de l'attention pour la problématique de
l'environnement ?
13. · les droits de l'enfant ?
14. · l'économie sociale,
c'est-à-dire le développement d'activités
économiques avec une finalité de services à la
collectivité ou avec un intérêt solidaire et le
travail décent ?
· l'impact du VIH/SIDA ?
15.
(*voir article 8 de la Loi coordonnée du 25 mai 1999,
l'Accord du 4 mai 2009 Ministre-ONG et les marqueurs du CAD de l'OCDE)
|
Points forts
|
Points faibles
|
|
|
Remarques :
|
3. DURABILITE (Continuation des bénéfices
résultant d'une action de développement après la fin de
l'intervention. Probabilité d'obtenir des bénéfices pour
les femmes et pour les hommes sur le long terme. Situation par laquelle les
avantages nets sont susceptibles de résister aux risques)
|
|
Impact
|
|
16. L`ONG a-t-elle produit une réflexion sur l'impact du
projet, tant positif que négatif ?
17. Le projet aura-t-il un effet positif pour les
bénéficiaires, femmes et hommes et groupes vulnérables,
sur le long terme au plan socio-économique ?
18. Le projet tend-il vers un ancrage sociétal, par la
collaboration avec d'autres acteurs, le renforcement d'un réseau de
volontaires, etc. ?
19. Le projet cherche-t-il à atteindre un effet
multiplicateur ?
20. Le projet tient-il compte de son impact sur
l'environnement?
|
Renforcement des capacités
|
|
21. L'ONG accorde-t-elle une attention au renforcement des
capacités de la société civile ?
22. L'ONG s'implique-t-elle dans le développement des
capacités de ses partenaires, tant au niveau des ressources humaines,
qu'au niveau organisationnel et institutionnel*?
23. L'ONG a-t-elle fait, en concertation avec ses partenaires,
une analyse de leurs capacités? L'ONG
a-t-elle développé une stratégie pour renforcer les
capacités insuffisantes ? L'objectif du renforcement des
capacités est-il clair ainsi que la manière dont on veut
l'atteindre ?
24. Il y a-t-il une concertation, avec d'autres bailleurs de
fonds du partenaire, dans le domaine du renforcement des capacités ?
25. L'ONG possède-t-elle l'expertise requise pour du
renforcement des capacités?
26. Pour éviter toute forme de substitution, les
interventions de fourniture directe de biens et services par l'ONG belge
sont-elles limitées aux 4 situations suivantes : 1. groupes-cibles
faibles et absence d'autres organisations d'appui, 2.
expériences-pilotes avec rôle novateur, 3. pays en conflit ou
fragile, 4. situations d'urgence ?
(*cfr Evaluation des partenariats des ONG orientés vers
le renforcement des capacités)
|
Stratégie de désengagement
|
|
L'ONG a-t-elle développé, dès
l'élaboration du projet, une stratégie de désengagement
qui assure la pérennité des résultats:
27. · sur le plan financier? Le projet assure-t-il
qu'à la fin du financement, le partenaire du Sud aura d'autres
sources de financement en suffisance et qu'il aura également fait appel
aux moyens localement disponibles. L'ONG au Nord assure-t-elle également
sa propre autonomie financière?
28. · sur le plan institutionnel ? Le projet
veille-t-il à l'autonomie institutionnelle de ses partenaires
ou à leur intégration dans des structures locales ou
nationales ?
29. · sur le plan technique? Le projet
prévoit-il que les partenaires s'approprient les technologies et
les nouvelles techniques ?
30. · sur le plan des ressources humaines ? Le
renforcement des capacités est-il suffisamment orienté vers la
professionnalisation et l'autonomisation du personnel local ?
|
|
Points forts
|
Points faibles
|
Remarques :
4. APPROCHE METHODOLOGIQUE
|
|
Identification du projet
|
|
31. L'identification du projet s'est-elle basée sur:
· les caractéristiques socio-économiques et
culturelles ainsi que les intérêts et les attentes des
bénéficiaires, femmes et hommes et groupes vulnérables?
· les problèmes et les objectifs (basé sur un
arbre des problèmes et un arbre des objectifs)?
· un choix de stratégie qui offre la meilleure
garantie pour atteindre l'objectif du projet?
|
Approche logique en fonction d'une gestion axée
sur les résultats
|
|
32. L'ONG a-t-elle développée une
méthodologie axée sur les résultats avec une description
claire des résultats à atteindre ainsi que de la manière
dont ils seront atteints?
33. L'objectif spécifique est-ils formulé de
façon précise, synthétique et concrète?
34. La distinction et les liens entre objectif
spécifique, résultats, activités, moyens et budget
sont-ils correctement établis?
35. L'ONG a-t-elle développé un cadre logique qui
comprend:
· une description des indicateurs qui sont axés sur
les résultats, « SMART » et mesurables qualitativement et/ou
quantitativement ?
· la définition d'indicateurs spécifiques
pour le genre et l'environnement ?
· une valeur initiale de référence (baseline)
pour chaque indicateur ainsi qu'une valeur à atteindre (target) ?
· une analyse des risques et la réponse à
apporter à ceux-ci dans le cadre du projet ?
36. Les acteurs du Sud (acteurs locaux, partenaires et
bénéficiaires, femmes et hommes et groupes
vulnérables) participent-ils aux différentes
phases du cycle du projet ?
|
Monitoring et évaluation
|
|
37. L'ONG utilise-t-elle, sur base du cadre logique, un
instrument de monitoring et de rapportage basé sur des indicateurs
objectivement vérifiables? Cet instrument permet-il à l'ONG de
suivre correctement les résultats de son projet, y compris l'aspect
genre ?
38. Des évaluations sont-elles prévues pendant et
à la fin du projet? La portée et la planification des
évaluations pendant la durée du projet sont-elles
adéquates?
39. Les leçons apprises de projets ou programmes
précédents ont-elles été
intégrées?
40. L'ONG a-t-elle tenu compte des recommandations
précédentes faites par la DGCD?
|
Remarques :
5. EFFICACITE (Mesure selon laquelle l'objectif de
l'action de développement sera atteint, compte tenu de son importance
relative.)
|
|
Lien entre résultats et objectif
|
|
41. L'objectif spécifique est-il réaliste ?
42. L'atteinte des résultats permettra-t-elle que
l'objectif spécifique fixé soit atteint au terme du projet ?
|
Hypothèses et risques
|
|
43. Les hypothèses et les risques, qui peuvent perturber
l'atteinte des résultats et leur durabilité, ont-ils
été correctement identifiés et analysés ?
44. Des mesures ont-elles été envisagées
pour prévenir ces risques ou éventuellement en réduire
l'impact ?
|
|
Points forts
|
Points faibles
|
|
|
Remarques :
|
6. EFFICIENCE (Mesure selon laquelle les ressources
(fonds, expertise,
temps, etc.) seront convertis en résultats de
façon économique.)
Description des activités et des
moyens
45. Les moyens principaux nécessaires à l'atteinte
des résultats sont-ils suffisamment décrits ?
46. Les moyens matériels, humains et financiers
nécessaires à l'atteinte des résultats prévus
sont-ils adaptés?
|
47. Is er een evenwicht tussen de in het project voorziene
operationele kosten en het aantal
eindbegunstigden? Indien niet, wordt dit gerechtvaardigd door de
aard van het project?
|
Coûts de gestion
|
|
48. Le rapport entre coûts opérationnels et
coûts de gestion respecte-t-il la norme (taux normal) ?
49. La ventilation entre coûts opérationnels et
coûts de gestion est-elle correcte ?
|
Points forts
|
Points faibles
|
|
|
Remarques :
|
|
7. PARTENARIAT
|
|
Stratégie partenariale
|
|
50. Le projet expose-t-il la raison du choix du (des)
partenaire(s) par l'ONG?
51. Le partenariat s'établit-il sur base d'une analyse
conjointe de la situation et du contexte local qui débouche sur une
formulation commune des résultats à atteindre ?
52. La répartition des tâches contribue-t-elle
à la responsabilisation et à l'autonomie du (des) partenaire(s)
?
|
Valeur ajoutée de l'ONG
|
|
53. Dans l'atteinte de l'objectif spécifique, l'ONG
apporte-t-elle une valeur ajoutée (autre que financière) à
son (ses) partenaire(s) ?
|
Transparence et redevabilité
(accountability)
|
|
54. Les conventions de partenariat entre l'ONG et les
partenaires respectent-elles les dispositions de l'article 7 de l'AM du
30/5/2007 ?
55. L'ONG instaure-t-elle des mécanismes visant à
rendre la relation avec son (ses) partenaire(s) du Sud
équilibrées et réciproques ?
|
Ressources humaines
|
|
56. Au vu du projet et de la (des) convention(s) de
partenariat, les compétences humaines disponibles sontelles suffisantes
pour assurer l'atteinte des résultats ?
57. L'envoi de coopérants est-il justifié et
défini par une réflexion, avec le partenaire et les autres
|
|
intervenants, sur le renforcement des capacités du
partenaire et sur l'équilibre des relations de partenariat ?
58. L'envoi de coopérants est-il indispensable à
l'obtention des résultats visés ? Les profils recherchés
ne peuvent-ils être trouvés sur le marché local de l'emploi
?
|
Points forts
|
Points faibles
|
|
|
Remarques :
|
|
8. SYNERGIE/COMPLEMENTARITE
|
|
Synergie et complémentarité dans le
projet
|
|
59. Y a-t-il complémentarité entre le projet et
les interventions d'autres acteurs de développement (ONG belges,
européennes, société civile locale, pouvoirs publics
locaux et nationaux, secteur privé, bailleurs de fonds bilatéraux
et multilatéraux, mouvements sociaux, etc.)?
|
Collaboration dans le Sud
|
|
60. Le projet identifie-t-il les autres acteurs
impliqués dans le même secteur/la même thématique/ la
même zone d'intervention ?
61. Le projet prévoit-il d'améliorer la
coordination, la complémentarité, le partage des tâches et
responsabilités et les synergies avec les autres acteurs de
développement présents dans les mêmes
secteurs/régions/pays et avec les pouvoirs publics ?
62. Le projet fait-il l'analyse du contexte local, de
manière coordonnée avec d'autres ONG présentes dans un
même pays ?
63. Le projet prévoit-il un dialogue sur l'harmonisation
des procédures avec tous les partenaires (bailleurs de fonds) de
l'organisation locale avec laquelle elle travaille ?
64. Si le projet prévoit le financement de coordinations
locales (bureaux de représentation), est-il prévu une
coordination avec d'autres ONG ou des réseaux internationaux
implantés localement?
|
|
Collaboration dans le Nord
|
|
65. Le projet établit-il une collaboration, une
complémentarité, une synergie avec d'autres acteurs :
· ONG belges (une collaboration directe ou via les coupoles
11.11.11/CNCD, les fédérations Acodev/Coprogram)
· acteurs de la société civile belge
(mouvement syndical, mouvement de femmes, mutuelles, média, ...)
· les pouvoirs publics (e.a. DGCD, BTC)
66. La collaboration est-elle bien définie et
formalisée ? Est-elle clairement exposée dans le dossier et y
a-t-il
|
Remarques :
9. CAPACITE ADMINISTRATIVE DE L'ONG
|
|
Capacité de gestion de l'ONG
|
|
67. L'ONG dispose-t-elle de personnel suffisant - au
siège ou au bureau de coordination - pour assurer un suivi qualitatif du
projet ? (secrétariat, comptabilité, gestion du projet,
technique)
68. L'ONG a-t-elle la capacité de gérer du
personnel expatrié ? (descriptions de poste, procédure d'appel et
de sélection des candidats, suivi, encadrement, ...)
|
Qualité du dossier
|
|
69. Les informations sont-elles présentées de
façon logique, claire et concise ?
70. La mise en page est elle claire ? Table des matières,
pagination, liste des abréviations ...
71. Les tableaux budgétaires sont-ils corrects?
|
|
Points forts
|
Points faibles
|
|
|
Remarques :
|
10. APPRECIATION FINANCIERE
72. Dans le dernier rapport financier, y-a-t-il concordance
entre le modèle 1 et le compte des résultats de
l'ONG?
73. Lors des derniers contrôles, l'ONG a-t-elle
reçu des remarques du contrôleur financier ? Si oui, lesquelles,
et le cas échéant, l'ONG a-t-elle tenu compte de ces remarques
?
74. Quelles sont les remarques du rapport du commissaire pour le
dernier compte annuel ?
75. Quel est le pourcentage des subsides DGCD par rapport aux
autres sources de financement (public et/ou privé) ?
76. Est-ce qu'il y a des indications qui font apparaître
que l'ONG n'est pas en mesure de constituer l'apport propre nécessaire
au financement du projet introduit ?
|
Remarques :
RESUME
|
Critères
|
Scores
|
Acceptation intégrale
|
|
Cohérence
|
|
Pertinence pour le développement
|
|
Durabilité
|
|
Acceptation partielle
|
|
Approche méthodologique
|
|
Efficacité
|
|
Efficience
|
|
Refus
|
|
Partenariat
|
|
Synergie/complémentarité
|
|
Capacité administrative de l'ONG
|
|
AVIS GENERAL
|
|
AVIS FINAL
(Motivez votre conclusion. Indiquez les
critères que vous avez jugés les plus importants)
PROPOSITION
Fait à Bruxelles le
Nom et signature du gestionnaire Nom et signature de l'expert
D3.1 Service Relations avec les ONG
Schéma de présentation d'un
programme
Table des matières
Schéma de présentation d'un programme 1
Informations préliminaires 3
Partie I : SYNTHESE 5
1. Présentation de l'ONG 5
1.2 Présentation du programme 5
1.2.1 Généralités 5
1.2.2 Cadre logique du programme 5
1.2.3. Thèmes transversaux 6
1.2.4 Budget du programme 6
1.2.5 Coûts de gestion 8
1.2.6. Aperçu des coopérants 9
2. Volet Nord 10
2.1 Objectif spécifique n (à répéter
par objectif spécifique) 10
2.1.1 Fiche signalétique de l'objectif 10
2.1.2 Cadre logique 10
3. Volet Sud 12
3.1 Objectif spécifique n (à répéter
pour chaque objectif spécifique) 12
3.1.1 Fiche signalétique de l'objectif spécifique
12
3.1.2 Cadre logique 12
3.1.3 Budget 14
3.1.4 Chronogramme (trimestriel) 14
Partie II : DESCRIPTION DU PROGRAMME 15
Partie III : ANNEXES 16
Annexes obligatoires: 16
1. Cadre stratégique 16
2. Conventions(s) de collaboration 16
3. Convention(s) de partenariat 16
Informations préliminaires
Le schéma de présentation proposé
ci-après concerne les programmes qui seront introduits dans le cadre de
l'Arrêté Royal du 24/09/2006 relatif à la subvention des
programmes et projets présentés par les ONG agréées
< programme ».
Contenu
Le programme doit permettre une appréciation selon les
critères suivants :
· cohérence
· pertinence pour le développement
· durabilité
· méthodologie
· efficacité
· efficience
· partenariat
· synergie en complémentarité
Pour l'analyse de ces critères, l'Administration se base
sur les éléments suivants :
· Les critères tels qu'ils sont définis par
le CAD de l'OCDE.
· Les engagements pris dans l'accord entre le Ministre et
le secteur ONG du 4 mai 2009, et les trois notes de consensus qui les
accompagnent, conformément à leur calendrier
d'exécution
· Les notes politiques et les notes stratégiques
de la DGCD, plus particulièrement < Le droit à la santé
et aux soins de santé », < Santé et droits sexuels et
reproductifs », < Lutte contre le VIH/SIDA », < Soins de
santé primaires », < Infrastructures de base », <
Egalité des droits et des chances entre les femmes et les hommes »,
< Agriculture et sécurité alimentaire », <
Environnement », < Education et formation », < Economie sociale
», < Consolidation de la paix» et < Droits de l'enfant
»
Lors de l'appréciation du programme, une attention
particulière sera portée à l'application d'une
méthodologie correcte et à l'utilisation systématique de
la gestion axée sur les résultats.
Conformément à l'Arrêté Royal du
24/09/2006, les programmes doivent être préparés de
manière participative (arbres des problèmes, arbres des
objectifs), et mis en oeuvre, suivis et évalués selon une
approche logique orientée vers les résultats. Cette obligation
légale n'exige pas seulement la présentation formelle d'un cadre
logique mais également l'utilisation par l'ONG de ce cadre logique en
tant que véritable outil de gestion en vue d'atteindre les
résultats escomptés. Les ONG doivent maintenant maîtriser
la logique d'intervention présentée ainsi que la cohérence
de la chaîne des résultats (objectif global, objectif
spécifique, résultats, activités, moyens humains et
financiers).
Les indicateurs quantitatifs et qualitatifs objectivement
vérifiables doivent être formulés de manière SMART.
Chaque indicateur doit avoir une valeur initiale (baseline) et une valeur
à atteindre (target).
Une analyse approfondie des risques doit avoir été
faite, l'ONG devant également expliquer la manière dont elle
compte y répondre.
L'objectif spécifique doit être spécifique,
c'est-à-dire qu'il doit pouvoir être atteint au cours du programme
et qu'il doit être formulé de manière précise,
concrète et synthétique.
L'Administration s'attachera avec plus de rigueur et un niveau
d'exigence plus élevé que par le passé à
vérifier la qualité de cette approche logique orientée
vers les résultats.
Une attention particulière sera portée aux
thèmes transversaux, et plus particulièrement au genre et
à l'environnement:
· L'égalité des sexes, l'autonomisation et
le renforcement des capacités des femmes (empowerment) constituent une
des clefs de voûte de la réduction de la pauvreté et des
inégalités, d'une croissance durable et équitable, ainsi
que de l'atteinte de tous les Objectifs de Développement du
Millénaire. Promouvoir l'égalité hommes-femmes constitue
un moyen d'accroître l'efficacité globale de l'aide et d'avoir un
impact durable sur les conditions de vie des hommes, des femmes et des
enfants.
· La dégradation de l'environnement influe en
premier lieu sur les moyens de subsistance et la santé des pauvres,
aggravant encore leur vulnérabilité. Les revenus de la plupart
des pauvres, en particulier en milieu rural, dépendent largement des
ressources naturelles. La protection de l'environnement doit donc faire partie
intégrante du processus de développement et ne peut être
considérée isolément. Dès lors, le programme
présentera une analyse des effets ou de la pression qu'il produit sur le
milieu et sur l'environnement et/ou des améliorations qu'il vise
à produire.
Nombre d'objectifs spécifiques
Conformément aux principes d'appropriation et
d'harmonisation, il est important de s'aligner autant que possible sur les
stratégies de développement des partenaires du Sud ainsi que sur
le contexte local du pays dans lequel l'ONG et ses partenaires sont actifs.
Afin que cela soit possible pour chaque objectif spécifique,
l'Administration insiste pour que, en ce qui concerne le volet Sud, il y ait
seulement 1 pays par objectif
spécifique, sans pour autant perdre de vue l'approche
programmatique et la cohérence. Ceci permet non seulement une analyse
contextuelle plus spécifique mais facilite également la poursuite
de synergies et de complémentarités ainsi que la gestion et le
suivi du programme.
Etant donné l'importance de la continuité avec
le précédent programme à l'intérieur du même
cadre stratégique, il revient à chaque ONG de déterminer
dans quelle mesure elle peut suivre cette recommandation.
Structure
Outre les annexes, le dossier d'un programme se compose de deux
parties:
1. PARTIE I: la première partie se compose d'une
synthèse avec un canevas de présentation
à respecter. Elle a pour objectif de présenter brièvement
le programme et de pouvoir retrouver rapidement certaines informations. Si
cette partie n'est pas complétée correctement selon les
indications données, le programme n'est pas recevable.
2. PARTIE II: la deuxième partie comprend la
description du programme. L'ONG a la liberté de la
présenter de la façon qui lui paraît la plus pertinente et
qui correspond le mieux à la spécificité du programme.
Exigences quant à la forme:
Le programme doit être présenté de
manière synthétique. La partie II et les annexes (à
l'exception des annexes obligatoires que sont le cadre stratégique, les
conventions de collaboration et les conventions de partenariat, voir partie
III), ne peuvent ensemble dépasser 150 pages.
Afin de faciliter et d'affiner l'appréciation du
programme, la lisibilité du document doit être optimale. C'est
pourquoi, il est important d'insister sur la nécessité de pouvoir
retrouver facilement l'information recherchée, notamment grâce
à une bonne mise en page, à une table des matières
détaillée et paginée, à une liste des
abréviations,... Les abréviations non-usuelles doivent être
évitées et la taille des caractères choisis doit
être lisible.
Le programme doit être introduit en version papier ainsi
qu'en version électronique. Pour la version papier, l'ONG doit
déposer 1 exemplaire non relié et 3 exemplaires reliés. La
version électronique doit comporter un seul document, annexes comprises,
dans un format compatible avec Word ou en PDF. Les tableaux budgétaires
doivent en plus se trouver dans un document séparé, compatible
avec Excel.
Lors de l'appréciation ou du suivi du dossier,
l'Administration se réserve le droit de demander des compléments
techniques par objectif spécifique (dossier technique).
Annexes:
1. Explication de la codification des marqueurs relatifs aux
thèmes transversaux
2. Liste des codes CAD pour les secteurs
Partie I : SYNTHESE
1. Présentation de l'ONG
Nom - Abréviation :
|
Statut juridique:
|
Activité centrale (spécificité):
|
Adresse du siège social:
|
Date de l'agrément:
|
Adresse du secrétariat:
|
Date de l'agrémentprogramme
|
Téléphone : Fax :
|
Courriel:
|
Site internet:
|
Responsable de l'ONG + titre:
|
Téléphone:
|
Courriel:
|
Personne de contact :
|
Téléphone:
|
Courriel:
|
Organisations avec lesquelles une convention de collaboration a
été conclue *
|
|
*Si le programme implique une collaboration avec d'autres
organisations, agréées ou non (cfr article 3 de l'AR du
24/09/2006), les conventions de collaboration doivent être
présentées en annexe.
1.2 Présentation du programme
1.2.1 Généralités
Titre*:
|
|
Objectif global (un seul objectif, brièvement et
clairement formulé) :
|
|
Date du début du programme
|
|
Cadre stratégique:
|
Début:
../../....
|
Fin:
../../....
|
Numéro de compte pour le programme:
|
* Le titre doit être concis et clair, c'est-à-dire
également compréhensible pour les personnes extérieures
1.2.2 Cadre logique du programme
|
Logique d'intervention
|
Indicateurs
|
Baseline
|
Année 3
|
Objectif global:
|
Volet Nord
|
Objectif spécifique1 :
|
|
|
|
Volet Sud
|
Objectif spécifique n :
|
|
|
|
1.2.3. Thèmes transversaux
Veuillez indiquer ci-dessous la manière dont les
thèmes transversaux sont pris en compte dans votre programme :
CAD Mainstreaming
|
|
Genre
|
0
|
1
|
2
|
Environnement
|
0
|
1
|
2
|
Bonne gouvernance
|
0
|
1
|
2
|
Trade development
|
0
|
1
|
2
|
Marqueurs Rio
|
0
|
1
|
2
|
Désertification
|
0
|
1
|
2
|
Biodiversité
|
0
|
1
|
2
|
Changement climat
|
0
|
1
|
2
|
|
|
|
|
Economie sociale
|
0
|
1
|
2
|
Milieu urbain
|
0
|
1
|
2
|
Droits des enfants
|
0
|
1
|
2
|
VIH/SIDA
|
0
|
1
|
2
|
Score
|
Signification
|
0
|
L'intervention ne s'intéresse pas à cet objectif
(il est possible que certains thèmes ne soient pas pertinents/opportuns
pour le programme)
|
1
|
Il s'agit d'un élément important pour
l'intervention mais non la principale raison (objectif secondaire)
|
2
|
Il s'agit de la principale raison de l'intervention (objectif
principal)
|
Voir également en annexe le document ODA «
Explication pour la codification des marqueurs »
1.2.4 Budget du programme
1.2.4.1 Budget général
Objectif spécifique
|
Pays
|
Année
|
InvestisFonction- Person-
sement nement nel
|
Total
|
Coopé-
Montant rant Boursier
à 100% Art Art 6*
5§1*
|
ONG DGCD
|
OSN1
|
Belgique
|
2011
|
|
|
|
|
|
|
2012
|
|
|
|
|
|
|
2013
|
|
|
|
|
|
|
Tot.
|
|
|
|
|
OSNn
|
Belgique
|
2011
|
|
|
|
|
|
|
2012
|
|
|
|
|
|
|
2013
|
|
|
|
|
|
|
Tot.
|
|
|
|
|
Total Volet Nord
|
2011
|
|
|
|
|
|
2012
|
|
|
|
|
|
2013
|
|
|
|
|
|
Tot.
|
|
|
|
|
OSS1
|
Pays
|
2011
|
|
|
|
|
|
|
2012
|
|
|
|
|
|
|
2013
|
|
|
|
|
|
|
Tot.
|
|
|
|
|
OSSn
|
Pays A
|
2011
|
|
|
|
|
|
|
2012
|
|
|
|
|
|
|
2013
|
|
|
|
|
|
|
Tot.
|
|
|
|
|
|