Environnement social précaire, décrochage scolaire et stratégies de réussite : une étude exploratoire du phénomène au quartier New-Bell de Douala( Télécharger le fichier original )par Siméon Boris Nguéhan Université de Douala - Master II 2007 |
REPUBLIC OF CAMEROON Peace - Work - Fatherland REPUBLIQUE DU CAMEROUN Paix - Travail - Patrie UNIVERSITE DE DOUALA THE UNIVERSITY OF DOUALA FACULTE DES LETTRES FACULTY OF LETTERS ET SCIENCES HUMAINES AND SOCIAL SCIENCES DEPARTEMENT DE PHILOSOPHIE PHILOSOPHY AND ET PSYCHOLOGIE PSYCHOLOGY DEPARTMENT LABORATOIRE DES SCIENCES BEHAVIOURAL SCIENCES DES COMPORTEMENTS ET DE AND APPLIED PSYCHOLOGY PSYCHOLOGIE APPLIQUEE LABORATORY UNITE DE RECHERCHE N° 1 : RESEARCH UNIT N°1 : SCIENCES DESCOMPORTEMENTS BEHAVIOURAL SCIENCES ENVIRONNEMENT SOCIAL PRECAIRE, DECROCHAGE SCOLAIRE ET STRATEGIES DE RÉUSSITE : UNE ETUDE EXPLORATOIRE DU PHENOMENE AU QUARTIER NEW-BELL DE DOUALA These présentée en vue de l'obtention du
diplôme de Master II en
Psychologie. Par : Maître en Psychologie Sous la Direction de : Pr. André EMTCHEU Année académique 2006 - 2007 (( L'échec scolaire (tout comme le décrochage scolaire) n'est pas (et ne doit pas être) une fatalité attachée a une classe sociale, a une situation sociale difficile, a une période de la vie familiale perturbée » (Marc Barthélémy) SOMMAIRE SOMMAIRE DÉDICACES REMERCIEMENTS LISTE DES ABRÉVIATIONS LISTE DES ILLUSTRATIONS RÉSUMÉABSTRACT INTRODUCTION GENERALE 1 PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE ET CONCEPTUEL 8 Présentation du cadre de l'étude 9 Chapitre 1 : La problématique 14 1.1. Le contexte de la recherche 14 1.2. Le thème et le but de la recherche 16 1.3. Le problème de la recherche 17 1.4. Les orientations théoriques de la recherche 17 1.5. La question de recherche 17 1.6. L'objectif et le but de l'étude 18 1.7. Les intéréts et la pertinence de l'étude 19 Chapitre 2 : La revue de la littérature et des concepts 21 2.1. La revue de la littérature 21 2.2. La revue des concepts 29 Chapitre 3 : Les modèles théoriques 43 3.1. L'influence sociale comme facteur de décrochage scolaire 43 3.2. Milieu populaire ou déterminisme de l'échec ? 51 3.3. Le modèle de l'influence intégrée de Urie Bronfenbrenner 53 3.4. Les résistances a l'influence sociale comme stratégies de réussite scolaire 59 DEUXIEME PARTIE : MÉTHODOLOGIE 67 Chapitre 4 : Rappel de l'objet d'étude et planification de la démarche de recherche 68 4.1. Rappel de l'objet de l'étude 68 4.2. Planification de la démarche de recherche 69 Chapitre 5 : La construction des hypothèses 73 5.1. Les objectifs de l'étude 73 5.2. Les questions de l'étude 73 5.3. La construction du guide d'entretien 74 Chapitre 6 : La population d'étude et l'échantillonnage 76 6.1. La population 76 6.2. La composition de l'échantillon et le mode d'accès aux interviews 76 6.3. Le plan d'entretien 77 6.4. Le déroulement des entretiens 79 6.5. Les difficultés rencontrées 79 TROISIEME PARTIE : RÉSULTATS 81 Chapitre 7 : Analyse univariée 83 7.1. Analyse descriptive de la variable indépendante 83 7.2. Analyse descriptive de la variable dépendante 85 Chapitre 8 : Analyse comparée des variables 95 8.1. Conditions et qualité de vie de la famille durant l'enfance 95 8.2. Pratiques éducatives parentales et langues de communication 95 8.3. Vie au quartier et sédentarité 96 8.4. Vie scolaire au primaire 96 8.5. Vie scolaire au secondaire 97 8.6. Raisons de l'abandon scolaire ou comment ne pas abandonner 97 8.7. Eléments d'influence conduisant au décrochage scolaire 98 Chapitre 9 : Interprétation des résultats 99 9.1. Discussion 99 9.2. Perspectives 99 CONCLUSION GENERALE 101 BIBLIOGRAPHIE 103 TABLES DES MATIERES 107 ANNEXES i DEDICACES A ma grand-mère Noukeu Marie épouse Nyakoua que nous appelons affectueusement << Mamiton >> qui n'a pas fait d'école officielle mais dont l'érudition est sans commune mesure d'avec celle de ceux qui l'ont faite. Elle a toujours su être présente pour m'enseigner que l'école est la porte ouverte sur soi, sur les autres et sur le monde. A mon Père Youtchou Paul qui, mieux que quiconque et, sans trop bien le savoir, m'a inculqué le culte du dépassement de soi. A la descendance Mbeu Nyakoua, toutes les générations confondues, afin que tous et chacun puissent comprendre que le décrochage scolaire est plus grave que la pauvreté matérielle. A tous les membres de la famille Watonsi qui m'ont adopté et qui me soutiennent au quotidien. Spécialement a tous les enfants de New-Bell, et singuliêrement a ceux de l'espace dit ' Quartier Makéa », qui ont un amour réel pour ce quartier et qui, chaque jour, font reculer les préjugés et les stéréotypes liés a cet environnement qui les a vus naItre et grandir , un quartier auquel ils s'identifient avec fierté malgré un « pincement aux lêvres » par rapport a la situation de ceux, « moins chanceux », qui y croupissent et qui, sans le vouloir, contribuent a, si ce n'est maintenir le statu quo, enfoncer davantage ce quartier emblématique de la ville de Douala et dans l'histoire du Cameroun. « Any man must try ana leck must bin »1 1 Terme du pidgin qui veut dire << Chacun doit se battre et la solidarité doit régner >> REMERCIEMENTS Les mots seront-ils suffisamment éloquents pour exprimer toute ma gratitude et la reconnaissance que je témoigne aux enseignants que vous êtes ! Cette étude sur " Environnement social précaire, Décrochage scolaire et Stratégies de réussite", qui se situe dans la droite ligne de la précédente (L'enseignant comme modèle d'acquisition de connaissances et de performances pour l'étudiant) , je vous la dois. Pr. EMTCHEU : Vous m'avez inculqué, durant toutes ces années d'études, le culte de la rigueur méthodologique et de la simplicité. Par la direction de ce travail, une de plus, une expérience fort enrichissante, vous m'avez permis d'affiner mon esprit et de m'engager résolument dans la voie de la recherche. Puisse cette direction en appeler d'autres. Dr SAME KOLLE, Dr NKELZOK, Dr NJIENGWE : Par vos enseignements, votre disponibilité et votre écoute attentive, j'ai, peu ou prou, comblé mes lacunes et nourri des ambitions légitimes vers des sommets de plus en plus élevés de la connaissance. Pr. NSAME MBONGO, vous avez toujours été ouvert et disponible pour moi. Je ne vous remercierai jamais assez. Ma reconnaissance va également a l'endroit de tous les autres enseignants de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l'Université de Douala qui ont contribué a édifier le potentiel chercheur que je suis au rez-de-chaussée de la recherche. Mes remerciements s'adressent, de manière générale, a tous les enseignants qui m'ont tenu jusqu'ici et m'ont servi de modèle pour atteindre ce niveau modeste de connaissances. Je n'oublierai pas mes amnés académiques Banindjel et Noumbissie pour les conseils et critiques adressés a la présente oeuvre. Trouveront ici l'expression de mes sincéres remerciements, ceux et celles qui, a travers ce qui est unique en eux et pour le soutien de chaque instant, ont occupé ou occupent une place particuliêre dans mon existence. Je pense a Bille Nyokon, Wandji, Malam Gray, Fonkeu, Kwepet Nyamsi, Kouganou, Notet, Koubé, Lamago, Mbakop, Mfout Lamage, Essono Zibi, Polla, Njouondo, Ngoka, Yetmo, Atungu, Kwembou, Tchobang, Nkemi, Tchatchoua, Nemadeu, Omang, Sandjo, Kemadjou Njanke,Tchakounté. . .Mme Ndjielo, Tonga, Je pense singulièrement a tous mes parents avec qui je pratique le sport tous les dimanches : M. & Mme Ngueliani, M. & Mme Signe, M. Tcha'ah, M. Beb, M. Nana Lozenou, M. Mandeng, M. Nzoukoua. Mais également mes parents du quartier << Bon Fils >> : Maman Nguekam, maman Satchie et Papa Djapa. Je pense ici a mes camarades de promotion qui ont eu le courage moral d'aller au terme de cette recherche. Sans être exhaustif, je pense a Kommegne, Lengue, Mme Baban, Pola, Ndoungué, Douala, Bessiga, Sidjui... Je pense également a tous mes collègues journalistes du bihebdomadaire d'informations générales " Le Detective " : Mawo, Messouane, Ngompé, Nzomené, Yettoh, Djamen, Njoh Soppo, Sack, Tatémo Je pense a tous les membres de " Univers-Psycho " J'en oublie certainement, mais que cette omission n'offusque personne : JE PENSE A TOUS !!! LISTES DES ABREVIATIONS INRP : Institut National de Recherche Pédagogique (France) INS : Institut National de la Statistique (Cameroun) OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement PCS : Profession et Catégorie Sociale SEP : Sentiment d'efficacité personnel UNESCO : United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) VI : Variable indépendante VD1 : Variable dépendante n° 1 VD2 : Variable dépendante n° 2 ZEP : Zone d'éducation prioritaire Figure Titre Page LISTES DES ILLUSTRATIONS Tableaux Tableau N° 1 Tableau N° 2 Tableau N° 3 Tableau N° 4 Tableau N° 5 Tableau N° 6 Tableau N° 7 Tableau N° 8 Tableau N° 9 Tableau N° 10 Tableau N° 11 Tableau N° 12 Tableau N° 13 Tableau N° 14 Tableau N° 15 Tableau N° 16 Titres Stratégie d'analyse des données qualitatives selon la méthode de recherche et d'investigation dite de l'entrevue semi-structurée Résumé des réponses de chacun des participants en rapport a la thématique portant sur les conditions et la qualité de vie de la famille durant l'enfance Résumé des réponses de chacun des participants en rapport a la thématique portant sur les pratiques éducatives parentales et les langues de communication Résumé des réponses de chacun des participants en rapport a la thématique portant sur la vie au quartier et la sédentarité Résumé des réponses de chacun des participants en rapport a la thématique portant sur la vie scolaire au primaire Résumé des réponses des participants en rapport a la thématique portant sur la vie scolaire au secondaire Résumé des réponses de chacun des participants en rapport a la thématique portant sur les raisons du décrochage scolaire ou comment ne pas décrocher Résumé des réponses de chacun des participants en rapport a la thématique portant sur les éléments d'influence conduisant au décrochage scolaire a New-Bell Résumé des réponses de chacun des participants en rapport a la thématique portant sur comment faire reculer l'abandon scolaire a New-Bell Synthèse des réponses de l'échantillon en rapport a la thématique portant sur les conditions et la qualité de vie de la famille durant l'enfance Synthèse des réponses de l'échantillon en rapport a la thématique portant sur les pratiques éducatives parentales et les langues de communication Synthèse des réponses de l'échantillon en rapport a la thématique portant sur la vie au quartier et la sédentarité Synthèse des réponses de l'échantillon en rapport a la thématique portant sur la vie scolaire au primaire Synthèse des réponses de l'échantillon en rapport a la thématique portant sur la vie scolaire au secondaire Synthèse des réponses de l'échantillon en rapport a la thématique portant sur les raisons du décrochage scolaire ou comment ne pas décrocher Synthèse des réponses de l'échantillon en rapport a la thématique portant sur les éléments d'influence conduisant au décrochage scolaire a New-Bell Figure 1 Influence de la collectivité sur le développement de l'enfant 47 Pages 72 85 86 88 89 90 91 92 93 95 95 96 96 97 97 98 RÉSUMÉ La société camerounaise, en pleines mutations socioéconomiques, navigue sous le diktat des hautes sphères de finance mondiale. Cette situation impose une plus grande maItrise des technologies (toujours nouvelles) et une compréhension de plus en plus grande faite d'ouverture sur l'autre et du recul de l'ignorance a travers la globalisation, l'école étant le cadre par excellence d'implémentation de cette donne prégnante. << Tout le monde doit réussir a l'école >>, joli slogan. Mais qui devient vains mots dès lors qu'on jette un regard sur le quartier New-Bell. Non pas que d'autres quartiers d'autres villes du Cameroun en soient exemptés. Mais davantage parce que c'est un milieu atypique et difficile a qualifier. Quartier a statut particulier parce que se trouvant être le centre de gravité de la capitale économique du Cameroun, New-Bell donne tout son sens a l'étiquette de capitale économique a la ville de Douala. Cette position centrale de ce quartier, du moins en rapport a son potentiel économique, est complètement battue en brèche dès lors qu'il faut s'appesantir sur le potentiel cognitif des enfants issus de cet espace géographique. Non pas qu'ils soient génétiquement programmés a l'échec. La notion de décrochage scolaire devient centrale dans un système sociétal oü la qualification scolaire (le diplôme) devient synonyme de qualification sociale. Ainsi, la réussite scolaire et la possession de diplôme qui en résulte, constituent un << passeport >> de plus en plus nécessaire a la participation sociale tandis que l'échec scolaire représente un risque d'inadaptation psychosociale. Existerait-il un certain << déterminisme >> au décrochage scolaire dans le quartier New-Bell ? Quels sont les éléments de cet environnement qui justifient une telle interrogation ? Cette étude qui porte sur << milieu défavorable, décrochage scolaire et stratégies de réussite >> scrute le phénomène du décrochage scolaire a partir de l'expérience individuelle des enfants ayant vécu au quartier New-Bell. Elle se veut exploratoire et, de ce fait, cherche a identifier et décrire les éléments les plus pertinents a même d'expliquer le décrochage en ce lieu et attirer l'attention des parents, de la communauté éducative et des pouvoirs publics sur la spécificité du quartier New-Bell. En outre, elle part également des expériences ou mieux des stratégies de réussite des enfants de New-Bell pour baliser le chemin menant au succès pour qui vit a New-Bell. L'objectif étant, a terme, d'émettre des hypothèses devant servir de fil conducteur a une recherche a venir. Ainsi, stéréotypes et préjugés reculeront ; les enfants du quartier New-Bell pourront revendiquer haut et fort et partout oü besoin sera leur << new-bellitude >> et être fier de leur << new-bellité >>. ABSTRACTThe Cameroonian society is in the process of radical socioeconomics transformations imposed by the institutions of Bretton Woods. This involves the absolute mastery of technologies always replaced and a greater understanding made of openness to the world and the fall of ignorance through globalisation. School is the excellent setting to implement this new deal that makes a rule. << Everyone should succeed at school! >>, nice catchphrase that becomes an empty word as soon as we look towards the New-Bell area. Not particularly because the other areas are preserved. Area with a particular status according to the fact it is the centre of gravity of the Douala town, and by the activities that take place there, New-Bell area confirms literally the identity of economical capital given to Douala town. The central position occupied by this area, according to his flourishing economic activities, is given a pounding once one must dwell on the cognitive potential of the pupils living in this area. They are, certainly, not genetically programmed to dropout from school. The notion of dropout from school is becoming more and more central in our social system in which school qualification equals social qualification. Therefore, the success at school and the qualification that results are a << passport >> more and more necessary to one's social participation while dropout from school represents a risk of psychosocial maladjustment. This study about << unfavourable area, dropout from school and success school strategies >> examines dropout from school phenomenon from individual experience of children who have lived in New-Bell area when going to school. It looks for relevant features that can explain and help understand the dropout from school in this particular area, to draw parent's attention and also the educative community and certainly the authorities on the specificity of New-Bell area according to the dropout from school phenomenon. In addition, as an exploratory research, according to the school success experience or the strategies to school qualification of children of New-Bell area in order to mark out the way to a real school qualification to one's living in this unfavourable area named New-Bell. The main goal of this study is to identify and to describe New-Bell environmental characteristics that lead children to dropout from school, and strategies developed by pupils to face their particular unfavourable environment. The result is to put forward the hypothesis that will certainly help build a new and predictably study. INTRODUCTION (( L'école, en tant qu'institution, assume cinq fonctions essentielles (ludique, sociale, éducative, psychologique et pédagogique) pour un développement intégré des apprenants. Ce qui revient a dire de l'école qu'elle est la source a laquelle viennent s'abreuver les apprenants pour acquérir savoir et savoir-faire nécessaires a leur insertion dans la société. > (S.B. Nguéhan, 2007) L'école est donc le cadre idoine, au même titre que la famille et la communauté, pour la socialisation de l'individu. Pour ce faire, l'école doit permettre a chacun l'accession a l'autonomie en société, le développement de comportements intellectuels et sociaux d'adaptation au monde. Elle procède des échanges, d'un plus grand développement de la communication et de la solidarité. C'est également le lieu d'apprentissage des règles qui régissent un groupe, une institution et la société toute entière. L'école devrait, de ce fait, accueillir chacun sans exclusive et le former selon ses capacités ; permettant ainsi de lutter de manière efficace contre les clivages générateurs de disparités entre les individus et prôner l'intégration scolaire des enfants et adolescents, leur permettant a long terme une meilleure intégration professionnelle et sociale. Adoptés par tous les gouvernements des pays du monde, les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ciblent, en autres, la promotion de l'éducation a l'horizon 2015. Car, c'est l'éducation qui permet de choisir la vie que l'on mènera et de s'exprimer avec confiance dans ses relations personnelles, son milieu et son travail. Ceci devant se traduire par une plus grande scolarisation des adolescents et par conséquent la réduction drastique de l'illettrisme et le recul de l'analphabétisme. Mais il arrive que l'école, dans sa mission, connaisse des défaillances du fait des interactions entre ses différents acteurs. Et ceci se traduit par des problèmes qui touchent principalement les apprenants, et dont les symptômes non exhaustifs se déclinent sous forme de déficience intellectuelle, de déficience de l'attention, de déscolarisation, d'élèves en difficulté ou en grande difficulté, de redoublants, de refus de l'école, d'élèves faibles, peu doués... ; symptômes qui conduisent tous a l'échec scolaire et au décrochage ou l'abandon scolaire. Le décrochage scolaire, entendu comme la sortie du système éducatif sans qualification aucune ou sans diplôme, devient un problème public. Aujourd'hui, la notion de décrochage scolaire devient centrale dans un système sociétal oü la qualification scolaire (le diplôme) devient synonyme de qualification sociale. Ainsi, la réussite scolaire et la possession de diplôme qui en résulte, constituent un << passeport >> de plus en plus nécessaire a la participation sociale tandis que l'échec scolaire et le décrochage ou l'abandon scolaire représentent un risque d'inadaptation psychosociale. Si au début du 20ème siècle, l'absence de diplômes ou de formation spécialisée n'étaient pas un frein a l'intégration sociale du décrocheur, l'évolution du contexte social, économique et politique appelle une lecture nouvelle du décrochage scolaire. En effet, le décrochage scolaire se présente désormais comme un problème non plus individuel mais davantage social. Le rétrécissement de l'offre d'emploi pour les jeunes, le lien de moins en moins étroit entre l'école et l'emploi, l'omniprésence de la technologie dans la vie quotidienne, l'orientation nouvelle de l'économie qui valorise davantage la maItrise du savoir, du savoir-faire et de l'information, le désengagement de l'Etat en matière de soutien social et sanitaire... sont autant de changements historiques qui incitent a concevoir le décrochage scolaire comme une menace sérieuse a la qualité de vie des individus et au potentiel d'adaptation de la société. L'objectif de faire en sorte qu'aucun élève ne quitte le système scolaire sans qualification va de pair avec celui de garantir a chaque élève les moyens nécessaires a l'acquisition d'un socle commun de connaissances et de compétences. New-Bell est un quartier dont les habitants héritent, bon gré ou mal gré, des stéréotypes et préjugés par rapport a la société tous a connotations négatives. Et pour qui fréquente cet environnement, il est un constat qui se dégage : une frange importante de la population jeune est présente et oisive aux heures et jours ouverts aux activités scolaires. Tous ne vont plus a l'école. Une autre tendance est celle selon laquelle c'est pendant les vacances que le quartier fait son plein d'oeuf en raison du retour des "natifs" de ce quartier qui ont été << contraints >> de le quitter pour se donner de réelles chances de réussite scolaire. Est-ce que cette orientation d' << exil >> est la solution quand on sait que, dans le même quartier, des élèves réussissent ? Ceci invite a investiguer le phénomène du décrochage scolaire dans un environnement << défavorable ( ?) >> comme celui du quartier New-Bell. Cette recherche examinera New-Bell dans un contexte géographique (selon les lignes de démarcation des villes), mais s'appesantira a explorer les relations sociales au sein du quartier qui peuvent influencer le sentiment de communauté des habitants et, partant, le développement de leurs enfants, tout ceci du point de vue de l'expérience scolaire individuelle des uns et des autres. En tant qu'étude exploratoire, cette recherche a pour intérêt de produire des hypothèses qui serviront de socle a une prochaine étude. En outre, scrutant en cela sa portée socio-économique, elle vise, a partir des expériences de réussite scolaire de personnes résidant au quartier New-Bell, a éviter un surcoüt lié a l'éloignement de l'enfant, une pratique éducative qui y a cours, pour lui donner de réelles chances de réussite. Elle vise également a faire reculer préjugés et stéréotypes liés a New-Bell. Comme toute recherche, celle dans laquelle nous nous investissons a un but double : comprendre le décrochage scolaire dans un contexte << défavorable >> et comprendre comment la réussite, malgré de nombreuses entraves, prend corps. Nous appuyant en cela sur le vécu et le rendu de ceux qui ont été confrontés a cette situation (échec ou réussite scolaire) tout en résidant a New-Bell. Une première conception, représentée par les théories de l'influence sociale et de la reproduction sociale, implique que les individus, par conformisme ou par mimétisme, sont influencés par les modèles et attitudes majoritairement présents dans leur environnement immédiat. Une seconde conception théorique, représentée par les théories de la résilience et de l'efficacité personnelle, implique plutôt la résistance et des stratégies pour faire face aux situations défavorables. Toutes ces conceptions trouvant un point fédérateur a travers la théorie écosystémique de Urie Bronfenbrenner qui percoit le développement de l'enfant dans un système d'interaction avec différents milieux dans lesquels il se meut ; et de la qualité de gestion de ces interactions dépendra la qualité du développement de l'enfant. Dans un monde de plus en plus ouvert, l'éducation est la clé de voüte pour un arrimage réussi a ce << village planétaire > toujours en construction. Le Cameroun, comme la plupart des pays au sud du Sahara, souffre d'une couverture éducative déficiente criarde. Les problèmes liés a l'éducation sont multiples. Ils sont d'ordre infrastructurel, économique et socioculturel. Les conséquences de ces manquements sont graves pour l'édification d'une population qui aspire a un mieux être. Le marché de l'emploi est de plus en plus sélectif et exigeant en terme de qualification. Parler du décrochage scolaire et de l'échec scolaire, sans être un pavé jeté dans la mare, c'est s'attaquer a l'un des problèmes épineux a la base du chômage des jeunes. Compte tenu du fait que pour certains pays (Canada et a la France par exemple) le chômage des jeunes a un coüt qui vient grever le budget de l'Etat, au Cameroun, en l'absence de telles exigences, l'Etat promeut les meilleurs ( ?) ou mieux ceux qui réussissent a s'adapter au système mis en place. Les autres, les << rejetés >>, qu'en fait-on ? Est-ce que la recrudescence de la criminalité qu'on impute facilement a la pauvreté ambiante n'est pas en fait la conséquence d'une pauvreté éducative ? Peu d'études au Cameroun scrutent le problème du décrochage scolaire. Et quand elles s'intéressent au décrochage scolaire (abandon scolaire, déperdition scolaire), ces études ne s'attachent qu'aux de données classiques (PCS, religion, sexe...), elles manquent d'éléments probants permettant de généraliser les résultats obtenus. C'est d'ailleurs les limites que relèvent les auteurs de ces travaux. Ces manquements nous invitent a partir de points nodaux liés a la communauté ou de milieux a difficultés réelles pour cerner et comprendre le décrochage scolaire et en proposer des mesures correctives adaptées. Ainsi, pour le cas du quartier New-Bell qui nous intéresse, nous nous sommes posé la question de savoir quelle lecture, en rapport avec leur environnement, font les habitants de ce quartier du décrochage scolaire eu égard a leur histoire scolaire ? Cette première interrogation, somme toute générale, appelle de nouvelles. Notamment celles portant sur les éléments du quartier New-Bell, toujours a partir de l'expérience individuelle, qui influencent et expliquent la propension au décrochage scolaire des enfants de cet environnement ; en outre, tenant compte du fait que dans cet environnement quelque peu << hostile >> a la poursuite d'un cursus réussi, certains enfants, tout en demeurant dans ce milieu, connaissent des réussites scolaires, nous nous sommes intéressés aux stratégies que ceux-ci développent pour résister a l'influence de leur environnement, et ainsi juguler les entraves qui y sont endémiques. Les sorties de l'école sans qualification ou sans avoir atteint le niveau escompté, les abandons en cours de scolarisation deviennent d'autant plus préoccupants qu'ils interviennent dans des types de société qui font du système de formation un passage obligé pour la prise d'emploi et l'insertion sociale. Ils le sont aussi parce que la responsabilité des trajectoires est de plus en plus dévolue aux individus, de moins en moins a des instances qui, de l'extérieur, diraient aux nouveaux membres de la jeune génération ce qui est meilleur pour eux. Ce changement n'est pas spécifique du monde scolaire, mais affecte toute la société, qui ne peut plus aujourd'hui être comprise comme un ensemble relativement homogène réalisant l'intégration de ses membres. Au Cameroun, bien que ne disposant pas de statistiques fiables, la situation est alarmante et mérite qu'on s'y intéresse de plus en plus. La présente étude utilise le modèle bioécologique comme cadre général pour guider une recherche exploratoire. L'objectif premier ici est d'examiner l'histoire scolaire individuelle des résidants du quartier New-Bell afin d'y relever les facteurs potentiels de décrochage, ensuite scruter le développement des compétences scolaires ou encore de stratégies de réussite scolaire a travers un cursus scolaire sanctionné par l'obtention au moins d'un diplôme du secondaire. Pour ce faire, il est nécessaire de prendre pour points d'appui les caractéristiques individuelles, familiales, scolaires et communautaires rattachées aux participants de la présente étude pendant leurs années au primaire et au secondaire. Et, avoir leur avis sur les conduites a tenir pour faire reculer le décrochage scolaire dans cet environnement pas vraiment favorable pour les études. La finalité de cette recherche est celle de décrire et d'expliquer le phénomène de décrochage scolaire dans le quartier New-Bell, il s'agit d'explorer le phénomène du décrochage scolaire. Cette recherche portant sur Environnement social précaire, Décrochage scolaire et Stratégies de réussite s'inscrit donc dans une approche dite exploratoire. Et parce que la nature des données a recueillir, les communications verbales notamment, détermine le choix de la méthode de recherche, dans le cadre de cette recherche, il est important de procéder par les entrevues informelles (semidirigées). Le recueil des données se faisant sur un petit échantillon (inférieur a 30 participants) pour être validé, 14 entretiens ont été menés avec des participants appartenant a l'un ou l'autre des deux groupes << décrocheurs >> et << non décrocheurs >>. Deux concepts majeurs sous-tendent la présente recherche. Dans un premier temps celui de << environnement social précaire >> qui, dans notre perspective, renvoie a un environnement qui offre, de part les activités et les interactions qui s'y déroulent, de nombreuses interférences nuisibles qui, de ce fait, réduisent les chances de réussite scolaire pour celui qui les subit ; on peut dire en bref << milieu défavorable >>. Ensuite vient le concept de décrochage scolaire qui, sans être de l'échec scolaire, est une forme d'abandon scolaire (sortie du système éducatif) particulière a l'enseignement secondaire. Les difficultés rencontrées tout au long de cette recherche se déclinent en trois catégories. D'abord les difficultés théoriques, en ce sens que peu d'études au Cameroun se sont intéressées au problème du décrochage scolaire. Ensuite les difficultés méthodologiques relatives aux études exploratoires ; notamment la descente sur le terrain qui nous a mobilisé deux mois durant pour recueillir les avis des participants. De nombreuses journées mobilisées sans atteindre les objectifs que nous nous sommes données. Et le temps relativement court pour une recherche bien menée. Les limites et insuffisances de la présente étude portent essentiellement sur l'approche de recherche retenue. En général les études exploratoires, parce que issues des méthodes qualitatives, manquent de rigueur de l'échantillonnage et de reproductibilité. Néanmoins, les principaux résultats obtenus, des suites de l'analyse des données, se déclinent en hypothèses principales suivantes : H1 : Le décrochage scolaire des enfants du quartier New-Bell s'explique par leur sédentarité dans cet environnement. H2 : L'appât du gain que suscite le caractère commercial de la zone New-Bell détermine le décrochage scolaire des enfants de cet espace. H3 : La perte de repères identitaire des enfants du quartier New-Bell est en relation avec leur décrochage scolaire. faire nous allons, dans la première partie relative au cadre théorique et conceptuel, construire une problématique a notre étude dans le premier chapitre. Ensuite, nous passerons en revue la littérature et les concepts se rapportant a notre problématique au deuxième chapitre ; puis nous examinerons les théories qui sous-tendent l'influence de l'environnement et les stratégies de réussite dans le troisième chapitre. Dans la deuxième partie portant sur la méthodologie, nous procèderons au rappel de l'objet d'étude et a la planification de la démarche de recherche au quatrième chapitre, au rappel des objectifs de l'étude et des questions de recherche au cinquième chapitre ; a la construction de l'instrument de mesure, a l'analyse et a la définition des caractéristiques de la population et de l'échantillon de notre étude au sixième chapitre. La troisième partie, relative aux résultats, s'intéressera aux caractéristiques des participants au septième chapitre, a l'analyse thématique des réponses au huitième chapitre et a la l'interprétation des résultats croisés au neuvième chapitre. La conclusion donnera les lecons a retenir de la présente étude et, éventuellement, ouvrira des perspectives pour de prochaines recherches. PREMIÈRE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL Présentation du cadre de l'étude De manière générale, on peut définir un quartier en termes géographiques ou en termes sociaux. Des études antérieures prennent en compte ces deux définitions. Chacune a ses avantages et ses inconvénients. La présente étude se situe dans le cadre de la ville de Douala ; spécifiquement dans le quartier de New-Bell. Dimension historique du cadre de l'étude Le quartier << Neu Bell >> (écriture allemande), historiquement, est un no man's land imposé jadis au clan Bell par l'occupant allemand, des suites de leur expropriation du plateau Joss en 1913. Expropriation qui s'explique par une tolérance moindre de la proximité des habitations européennes et africaines. Pour ce faire, vers 1910, on s'est mis à découvrir des << inconvénients >> à cette promiscuité. Les cases Duala, à proximité des quartiers européens, construites en matériaux locaux, entourées de petites cultures et comportant puits et trous d'aisance étaient devenus, disait-on, des foyers à moustiques porteurs de paludisme. En raison du boom démographique qui découlerait de la construction du chemin de fer dans la ville, phénomène déjà observé du côté de Bonabéri lors de la construction du chemin de fer, l'administrateur Rohm (1908-1914) et le Gouverneur Ebermaier (1912) verront la nécessité d'aménager des quartiers fonctionnels et résidentiels, plus viables et plus séparés tant pour les Européens que pour les Duala. En décembre 1913, les travaux de déboisement, de nivellement, de construction des routes, d'édification des puits et de rampes d'échouage de pirogues vont être engagés dans Neu Bell (50 hectares, 11 km de routes et 500 bâtiments et cases). C'est à la suite de sa farouche résistance à cette dépossession que le roi Rudolf Duala Manga Bell sera pendu le 08 aoüt 1914 avec certains de ses acolytes. En 1914, Neu Bell compte 1.000 personnes dont 800 étrangers non Duala. A la veille du départ des Allemands, l'agglomération Duala se subdivise en six quartiers : Joss, Bali, Akwa, Deido, Bonabéri et Neu Bell. L'occupant allemand s'étant retiré en 1916, et suite aux négociations du clan Bell d'avec le nouvel occupant francais, Bali deviendra le nouveau lieu de fixation des bellois. En 1925, un plan directeur d'urbanisme portant extension des quartiers européens et réorganisation des quartiers africains exclut New-Bell du périmètre urbain. Dimension socioculturelle du cadre de l'étude New-Bell, a la fin de la première guerre mondiale, est donc une terre en friche appartenant toujours aux déguerpis du plateau Joss mais essentiellement occupé par des << étrangers >> : des allogènes camerounais (Haoussas et Bamilékés) venus vers la côte en quête d'un mieux-être dans l'entre-deux guerre et une forte colonie ouest africaine (Nigeria, Gold Coast, Dahomey, Togo). La ville de Douala sera divisée géographiquement en trois pôles : le pôle administratif tenu par les administrateurs coloniaux (Joss) ; le pôle des autochtones, assimilés comme classe intermédiaire (Bali - Bonabéri - Akwa - Deido) ; et le pôle des allogènes (New Bell). New-Bell, en 1925 est exclu du périmètre urbain de la ville de Douala essentiellement en raison du fait que New-Bell était considéré comme un bien collectif du clan Bell. La conséquence de ce bannissement de New-Bell du périmètre urbain, fera que la << ville des étrangers >> se développera sans aide et hors de tout contrôle. Du fait de cette catégorisation en statut inférieur a lui donnée, New-Bell se développera a travers ce brassage ethnique et culturel. Une communauté nouvelle verra le jour a travers une unité linguistique : le pidgin. D'ailleurs, au sein de la plupart des familles du quartier New-Bell, le pidgin a substitué les langues maternelles. Parce que vivant sur le même territoire, ils vont développer une communauté de vie en faisant abstraction des origines des uns et des autres. Un << esprit de corps >> va ainsi se dégager en ce lieu et, de l'interaction d'avec les résidants d'autres quartiers, le résidant du quartier New-Bell sera étiqueté de << barbare >>, << sauvage >> bref de tous les qualificatifs qui montrent que les habitants de ce ressort territorial n'ont pas encore complètement été << civilisés >>. A New-Bell se répandirent des slogans politiques révolutionnaires et contestataires les plus dangereux pour le système colonial en place. Plus récemment, pendant la période des << villes mortes >> (mouvements de désobéissance civile initié au tout début des années 90 en guise de revendication a davantage de démocratie au Cameroun), New-Bell fut un foyer de tension irrésistible contre le régime en place. Aujourd'hui, ces qualificatifs n'ont guère changé et, être considéré comme ressortissant des coins comme Makéa, Nfonké, Nganguè. fait << dresser les cheveux sur la tête >> de ceux que l'on a en face, surtout lorsque l'opposition dégénère en bagarre. Dimension économique du cadre de l'étude Alors qu'en 1970 Douala devient une ville considérable et que les quartiers en façade du Wouri restent toujours le centre ville, New-Bell devient le véritable centre de gravité de la ville ; il est le coeur de la ville et un immense centre d'attraction pour les activités économiques. Une autre entité se singularise dans le tout New-Bell, c'est le lieu de concentration de la plupart des marchés importants de la ville de Douala. En effet, on y retrouve : * le << marché central >> qui, de ce fait, place ce quartier au centre de la ville de Douala ; * le << marché de la gare de New-Bell >> spécialisé dans les vivres frais, vestige d'un glorieux passé du fait de la présence d'une gare de marchandises de la défunte Régifercam ; * le << marché Congo >> spécialisé dans la transformation du bois en meubles, dans la mercerie, la joaillerie et maintenant des NTIC (téléphones portables en premier) ; * le << marché Nkololoun >> spécialisé dans la vente de la friperie ; * le << marché des chèvres >> spécialisé dans la vente des espèces ovines, porcines et de la volaille ; * le << marché des femmes >> oü on peut s'approvisionner en articles divers en provenance de l'Asie ; Parce que le << marché central >> est un point de convergence, il donne lieu a des activités informelles a l'exemple du transport par << cargo >> vers les grandes zones de peuplement de la ville de Douala. Mais le brassage humain facilite l'émergence de pratiques viles a l'exemple des voleurs a la tire (pickpocket), mais davantage des subterfuges (<< le fey >>) pour flouer les dames qui se rendent au marché en leur faisant miroiter d'éventuels gains ; il en est de même du << motion >> (lire en anglais) qui consiste a distraire le client afin de substituer un article après accord d'achat d'avec le client pour lui donner un autre détérioré et parfaitement emballé. Des coups de force pour imposer << la loi de la territorialité >> qui est un code non écrit et qui s'impose a qui veut mener une activité sur ces territoires. Les rackets de commerçants expatriés accompagnés de menaces tous azimuts. En un mot, New-Bell est une << république >> dans la République. Dimension urbanistique et démographique du cadre de l'étude Considérer au départ comme une zone de peuplement, New-Bell est considéré comme un quartier populaire ancien. En effet, d'abord banlieue, New-Bell, du fait de l'extension de ville de Douala, est devenu péricentral. Cependant, l'exclusion du quartier New-Bell du périmètre urbain de la ville de Douala aura de graves conséquences. a ... car accepter de négliger volontairement New-Bell parce qu'il appartenait aux expropriés de Joss, c'était laisser le "quartier" d'abord et la "ville des étrangers" ensuite se développer sans aide et hors de tout contrôle technique... » (G. Mainet, 1986 : 63) Durant la décennie 1950-1959, la ville de Douala connaIt une évolution urbanistique considérable. Mais, cette impulsion n'allait pas profiter au quartier New-Bell du fait de sa situation juridique. Pourtant, aux yeux de l'administrateur, New-Bell était préoccupant. Il y avait de fortes densités de population et la zone souffrait d'insalubrité alors que New-Bell devenait géographiquement le centre de la ville de Douala. « Les pouvoirs publics ne pouvaient entreprendre l'urbanisation de New-Bell que si ses habitants devenus propriétaires pouvaient construire en toute confiance en dur. Nul accord ne put se faire entre les occupants allogénes et les ayants droit autochtones (Duala et Bassa)...Jusqu'en 1960, les Français ne tranchérent point, ni dans un sens, ni dans l'autre, pour trouver ou imposer une solution juridique. En 1960 encore, les terres de New-Bell ne purent être ni partagées, ni vendues au bénéfice des étrangers, devant le refus réitéré des Duala et aussi celui des Bassa qui entrérent a leur tour en scene a cette occasion. Pour mettre un terme a ce conflit, le Gouvernement camerounais a fini par déclarer d'utilité publique (domanialisation du sol, en 1968), les terrains du périmétre de New-Bell et de ses annexes...Entre-temps, la population avait doublé (150 000 habitants en 1976) » (G. Mainet, 1986 : 71) Jusqu'au début des années 80 et même de nos jours, la situation n'a guère changé. En effet, le caractère précaire de l'occupation, joint aux très fortes densités constitue un obstacle considérable a tout agencement urbain. Si dans la majeure partie des premiers quartiers de la yille de Douala, un changement réel et urbain y a été opéré, « Dans leur ensemble, les quartiers des « étrangers > connaissent également une évolution interne. New-Bell demeure toujours New-Bell, c'esta-dire un monde vraiment a part et le probléme n° 1 des urbanistes et de l'administration. Le phénoméne New-Bell ne s'est pas résorbé ; il s'est en quelque sorte banalisé. ,, (G. Mainet, 1986 : 74) Chapitre 1 : LA PROBLEMATIQUE 1.1. LE CONTEXTE DE LA RECHERCHE "Tous les élèves doivent réussir a l'école", ceci pourrait être un slogan comme on en aime dans notre pays ou encore une des << grandes résolutions >> d'un séminaire de concertation de hauts cadres des ministères des enseignements secondaires ou de l'éducation de base, et pourtant, en examinant les niveaux scolaires a l'entrée ou a la sortie du collège, le but reste lointain. Se situant dans le prolongement de l'échec scolaire, le décrochage scolaire est une réalité sociale qui prend des proportions alarmantes dans notre pays. Cette problématique a de graves conséquences tant dans la vie des jeunes que sur le plan socio-économique et politique. Les jeunes qui décrochent font face a plusieurs préjugés. Ils sont considérés comme des paresseux, comme des jeunes sans persévérance n'ayant aucun but dans la vie. Pourtant, il y a a peine trente ans, les jeunes qui cessaient de fréquenter l'école étaient relativement << bien percus >> puisque c'était << monnaie courante >>. De plus, la société de cette époque n'accordait pas a l'éducation l'importance qu'elle lui accorde aujourd'hui. Aujourd'hui, lorsqu'on parle du décrochage, on a souvent tendance a vouloir identifier des coupables, des responsables. Les parents et les enseignants sont souvent présentés comme étant responsables du décrochage scolaire. Pour ceux-ci, le décrochage est un problème qui les dépasse. En effet, le décrochage est percu souvent comme un échec. Pour certains jeunes, le décrochage est vu comme une aventure, une solution intéressante pour résoudre bien des tracas. Sans être facile, la décision de décrocher est un choix de vie qu'ils font vers la liberté. Les structures scolaires et l'inadéquation entre les attentes des jeunes et les contenus des cours sont également des dimensions importantes a considérer dans les causes du décrochage. Beaucoup de jeunes ne voient pas la nécessité de ce qui leur est enseigné et sentent qu'ils ne sont pas a leur place a l'intérieur des structures scolaires. Les conséquences du décrochage scolaire sont très nombreuses et elles affectent autant les jeunes que la collectivité. Sur le plan individuel, les conséquences du décrochage fluctuent énormément d'un jeune à l'autre. Pour certains, quitter le milieu scolaire est une libération. Certains se sentent enfin autonomes et croient faire partie "du monde des adultes". Pour d'autres, l'abandon des études est vécu comme un échec personnel. Ces jeunes ne croient plus avoir le potentiel nécessaire pour rencontrer les exigences sociales. Enfin, certains jeunes vivent leur décrochage sous un mode ambivalent, c'est-à-dire qu'ils se sentent "libérés" tout en se percevant comme des " incapables ". Par ailleurs, les jeunes qui cessent de fréquenter l'école ont peu d'endroits oü aller. Une bonne partie d'entre eux se retrouvent dans la rue. Selon certaines études, l'abandon du milieu scolaire entraIne une hausse des activités délinquantes de même qu'une augmentation de la consommation d'alcool et de drogues. Le décrochage scolaire peut donc parfois mener à la délinquance. Le décrochage a aussi d'énormes conséquences sur le plan économique, une incapacité de recruter de la main-d'oeuvre qualifiée etc. Par ailleurs, les décrocheurs ont souvent des emplois précaires et sous-payés ou encouragent l'activité du " travail en noir ". Ils sont une main-d'oeuvre à bon marché et plusieurs secteurs d'activités en profitent. Le degré de scolarité a donc une incidence sur le revenu. En outre sur le plan théorique, l'accent toujours mis sur le rapport de classe pour expliquer les différences constatées par la sélection qu'induit l'école est une manière d'éluder ou encore de ne pas prendre en considération certains postulats tout aussi opératoire. En effet, sous d'autres cieux (France et Canada), le phénomène du décrochage scolaire est pris à bras-le-corps par des politiques obligeant la scolarisation des enfants jusqu'à un certain age et le suivi réel des enfants des familles défavorisées et des milieux dits << difficiles >> à travers une politique de « l'école de proximité > et des ZEP. Dans notre pays, en l'absence de statistiques portant sur le décrochage scolaire, et davantage en raison des politiques éducatives qui n'intègrent pas la prise en charge des << rejetés >> de l'école pour une orientation nouvelle, un certain nombre problèmes se pose eu égard à la qualification de plus en plus grande exigée dans le monde de l'emploi et une nécessité de commencer la lutte contre le chômage a la base et non a mi-parcours comme c'est le cas chez nous. 1.2. LE THEME ET LE BUT DE LA RECHERCHE 1.2.1. Le theme de la recherche La présente étude s'insère dans un thème général auxquels se greffent des thèmes spécifiques. Theme général : Influence sociale Themes spécifiques : - Le décrochage scolaire comme facteur d'influence sociale ; - La réussite scolaire comme stratégie de résistance a l'influence sociale de l'environnement. 1.2.2. Le but de la recherche Notre recherche se donne un but général et des buts spécifiques. But général : comprendre le décrochage scolaire dans un contexte défavorable et comment la réussite, malgré de nombreuses entraves, prend corps. Nous appuyant en cela sur le vécu et le rendu de ceux qui ont été confrontés a cette situation (échec ou réussite scolaire) tout en résidant a New-Bell. Buts spécifiques : expliquer le décrochage scolaire pas simplement comme un phénomène lié a la déficience de l'apprenant, mais davantage aux facteurs de milieu (ensemble des conditions externes, physiques et sociales, contribuant a déterminer les conduites d'un organisme et influencant son développement) a partir du vécu des décrocheurs mais aussi le dépassement de l'influence sociale par les stratégies de réussite développées par ceux qui, vivant dans ce milieu << hostile >>, ont bravé les obstacles et réussi a obtenir un diplôme. 1.3. LE PROBLEME DE RECHERCHE A partir de l'expérience de réussite ou de décrochage scolaire des élèves issus du ressort territorial de New-Bell, nous nous proposons de déterminer les facteurs qui, le plus, favorisent le décrochage scolaire et aussi les stratégies les plus opératoires pour faire face aux injonctions << nocives >> de l'environnement New-Bell, du moins en ce qui concerne la poursuite d'un cursus réussi. 1.4. ORIENTATIONS THEORIQUES DE LA RECHERCHE Une première conception, représentée par les théories de l'influence et de la reproduction sociale, implique qu'un environnement défavorable ne favorise pas la poursuite d'un cursus scolaire avec succès. Une seconde conception théorique, représentée par les théories de la résistance met en avant les stratégies que les uns et les autres pourraient développer dans cet environnement hostile pour contrer leur décrochage scolaire << programmé >>. Les raisons sont multiples et pour saisir toute la dimension des facteurs potentiels de décrochage scolaire en << milieu difficile >>, il est nécessaire d'en faire une lecture systémique qui a le mérite d'être plus englobante. De ce fait, en toile de fond de toutes les théories mises en jeu dans cette recherche, se trouvera la théorie écosystémique de Urie Bronfenbrenner qui servira d'interface explicative a la fois du décrochage scolaire et des stratégies de réussite en conditions défavorables. 1.5. LA QUESTION DE RECHERCHE Notre question de recherche se décline en deux composantes : Question générale Quelle lecture du décrochage scolaire, tenant compte des facteurs environnementaux, font les habitants du quartier New-Bell a partir de leur expérience scolaire ? Questions spécifiques Quels sont les éléments de l'environnement New-Bell qui justifient le décrochage scolaire des habitants de New-Bell ? Comment, malgré cet environnement peu favorable a la poursuite d'un cursus réussi, certains parviennent a la réussite scolaire ? 1.6. L'OBJECTIF ET LE BUT DE L'ETUDE 1.6.1. Le moment scientifique La notion de << moment scientifique >> fait généralement référence au niveau de développement des connaissances scientifiques dans un domaine particulier de recherche. Dans le cadre de cette étude, nous avons passé en revue de nombreuses études portant sur l'échec scolaire et le décrochage scolaire. Quelques-unes (très peu) se sont intéressées a l'influence de l'environnement social de l'apprenant sur la qualité du rendement scolaire. Pour la plupart des cas, ces études élaborées ailleurs, n'intègrent pas les spécificités et les caractéristiques de nos milieux sociaux. Sans pour autant négliger la présence de quelques traits communs, on peut cependant émettre certaines réserves quant au caractère transposable, tel quel, des typologies élaborées, notamment au Canada, en contexte africain. A la différence des sociétés occidentales, le lien social est plus fort ici et la sociabilité plus grande quel que soit le milieu de résidence. En plus, ces pays disposants de moyens probants, les politiques éducatives suffisamment éprouvées accompagnées de cellule de veille pédagogique permettent d'anticiper sur le phénomène du décrochage en y apportant des mesures correctives adéquates pour a la fois juguler l'abandon scolaire par la mise en place de centres spécialisés, et surtout le suivi et la mise a jour des statistiques du phénomène. Ces insuffisances nous conduisent a aborder cette étude en menant une recherche exploratoire. 1.6.2. Enoncé de l'objectif de l'étude Dans le cadre de cette recherche, nous nous donnons pour objectifs de : - Identifier et décrire les caractéristiques du milieu et les éléments pertinents qui expliquent le décrochage scolaire du point de vue des acteurs dans le quartier New-Bell ; - Identifier et décrire les stratégies développées par les uns et les autres pour faire face a leur environnement défavorable et réussir a l'école ; - Déterminer comment les élèves de cet environnement arrivent a décrocher ou encore comment les élèves de cet environnement défavorable réussissent a faire abstraction des influences existantes et réussir dans leur parcours scolaire. 1.6.3. Enoncé du but de l'étude Le but de cette recherche est double :
1.7. INTERETS ET PERTINENCE DE LA RECHERCHE En prenant connaissance des rapports statistiques de différents pays [a l'exception des nôtres qui ne sont publiées ni dans l'annuaire de l'Institut National de la Statistique 2006 disponible sur Internet (Cf. Annexe 1), encore moins dans la banque des données de l'Unesco] et portant sur le décrochage scolaire, force est de constater que l'accent est davantage mis sur les conditions économiques qui, ici, se référent au revenu général des familles. Cette démarche, quelque peu restrictive, s'intéresse très peu a une lecture autre du même phénomène en rapport avec l'environnement social qui peut être une entrave significative a la poursuite d'un cursus scolaire avec succès. Même les typologies des décrocheurs (notamment celle de Janosz) ne trouvent pas leurs applications sous d'autres cieux. En effet, si les typologies sont des indicateurs fiables, il reste qu'elles sont élaborées dans les pays dans lesquels l'éducation est non seulement prioritaire mais obligatoire jusqu'à un certain age. D'ailleurs, dans ces pays (France et Canada notamment), les mécanismes de contrôle sont efficaces et des dispositions locales sont prises pour refréner l'ardeur de ce phénomène. Or en Afrique, et singulièrement au Cameroun, les choses se présentent tout autrement. Chapitre 2 : LA REVUE DE LA LITTERATURE ET DES CONCEPTS 2.1. REVUE DE LA LITTERATURE Le décrochage ou l'abandon scolaire pose d'énormes problèmes aux politiques. En effet, scrutant en cela le rapport annuel qu'adresse le Cameroun à l'Unesco (Gf. Annexe 2), il y a des statistiques manquantes. Cette absence suggère au moins deux pistes de réflexion : D'abord, que les parties concernées sont suffisamment édifiées sur l'ampleur du phénomène et, par conséquent, se refusent de les rendre public pour entretenir le flou et se soustraire de fait à la coercition des organismes compétents ; Ensuite, soit on ne s'en préoccupe pas parce qu'on sait pertinemment que le faire consisterait à « marquer les buts dans son propre camp >> parce que les résultats qu'il donnerait à voir viendront un peu comme grever les statistiques rendues publiques à grand renfort de publicité sur le taux de scolarisation ou de couverture scolaire du pays... Gabriel Siakeu, dans un article portant sur la déperdition scolaire au Cameroun (2000), tirait déjà la sonnette d'alarme sur des chiffres somme toute inquiétants tout en dénoncant le caractère non fiable des statistiques officielles. Issidor Noumba (2006), pour sa part, a traité du profil de l'abandon scolaire au Cameroun. Si les résultats auxquels il aboutit (par exemple que le taux d'abandon scolaire le plus élevé se trouve dans les familles à faible constitution) sont quelque peu surprenants, force est de constater que ce profil, qui correspond à une réalité ponctuelle ou régionale du Cameroun, se saurait être une référence pour un pays aux disparités socioéconomiques et culturelles importantes. Par conséquent, parlant d'un quartier comme New-Bell, il serait imprudent de se fier aux résultats de ces études préalablement citées. Les théories traitant des influences du quartier sur le développement de l'enfant font valoir que des répercussions communautaires dépendent des interactions de l'enfant avec les adultes qui habitent dans le quartier, les ressources disponibles, les ressources utilisées et les caractéristiques de la collectivité. Les critiques sont d'avis que la collectivité sert de toile de fond ou de contexte et que par conséquent, elle n'a pas d'influence directe sur le développement. Selon d'autres, la nature de l'environnement physique peut influencer la richesse de l'expérience de l'enfant et avoir des conséquences sur son développement. On serait tout de même intéressé de savoir si certains comportements se produiraient de toute facon, parce qu'ils sont attribuables à des facteurs individuels ou familiaux plutôt qu'à l'influence du quartier. Or, dans la perspective de Urie Bronfenbrenner, le premier lieu de socialisation de l'enfant est la famille ou mieux les parents. En famille, il faut regarder le style éducatif parental ayant cours. Bien qu'il soit difficile d'établir avec certitude la typologie des styles parentaux en milieu populaire, il est certain que les styles parentaux en milieu populaire tout comme dans d'autres milieux sont un foisonnement d'interactions. Cependant, avec Baumrind (1978), indépendamment du milieu social d'appartenance des styles parentaux existent. Grolnick et Ryan (1989) définissent le style parental comme étant un support à l'autonomie, une sorte d'engagement parental et de structure d'éducation. Darling et Steinberg (1993) précisent que les styles d'éducation des parents sont des pléiades d'attitudes et d'expressions non verbales qui définissent la relation entre parents et enfants, au gré des différentes situations. Baumrind (1978) a élaboré trois styles parentaux différant sur le plan des valeurs et des comportements : les styles autoritaire, démocratique et permissif. Rumberger et al. (1990), pour ce qui concerne le décrochage scolaire, estiment que les décrocheurs proviennent davantage de foyers caractérisés par un style parental permissif. Doucet (1993) démontre que les élèves identifiés comme étant potentiellement décrocheurs percoivent leurs parents comme étant plus permissifs, ce qui confirme les résultats d'études antérieures à ce sujet (Alpert et Dunham, 1986 ; Rumberger et al., 1990 ; Waddel, 1990). Aussi, ces résultats démontrent que les familles des élèves identifiés comme n'étant pas à risque de décrocher ont plus tendance à être démocratiques. D'autres travaux récents ont également vérifié le lien entre les styles parentaux et l'ajustement ou l'adaptation de l'adolescent (Eccles, Early, Frasier, Belansky et McCarthy, 1997 ; Herman, Dornbusch, Herron et Herting, 1997). Un dossier spécial intitulé << Pratiques éducatives familiales et scolarisation >> de la Revue francaise de pédagogie, paru en 2005, a été consacré aux manières dont les parents éduquent leur enfant au domicile et a leurs répercussions a l'école. BergonnierDupuy (2005) y présente les grandes orientations de recherche en la matière en précisant l'objet, a savoir l'analyse des styles éducatifs familiaux, l'analyse de l'accompagnement parental a la scolarité et, pour les plus jeunes, l'étude des pratiques éducatives et des interactions parents-enfant liées a l'apprentissage (résolution de problèmes, interactions langagières, pratiques de la lecture). A la question de savoir : qu'est-ce qui, en fonction de l'âge de l'enfant, dans la socialisation et l'éducation familiales, de facon directe ou indirecte, favorise la réussite et l'intégration scolaire ou, au contraire, est susceptible d'entraIner des problèmes d'adaptation ? Les résultats de recherches provenant des différents champs sont relativement cohérents entre eux et mettent en avant les avantages d'une éducation familiale basée sur l'autonomisation et l'épanouissement de l'enfant. La combinaison de la disponibilité affective et de l'encouragement a l'autonomie a toujours un effet favorable sur les comportements de l'enfant et sur ses résultats aux évaluations, notamment a l'école. M. Millet et D. Thin invoquent le << capital scolaire >> pour chercher a comprendre les parcours de rupture scolaire. Plus le capital scolaire des membres familiaux est élevé, plus << les ressources informationnelles et cognitives mobilisables dans le cadre de la scolarité >> auront des chances d'être en adéquation avec les exigences scolaires et donc, inversement, plus profond sera le sentiment d'abandon, de relégation qui alimentera le processus de rupture (Millet & Thin, 2005). Ceci revient a dire que les variables familiales, outre le style parental, comprennent également la participation parentale au suivi scolaire. Desforges & Abouchaar (2003) relevait qu'il existe de nombreuses et solides recherches sur les relations entre la réussite des élèves et la participation spontanée des parents a l'éducation de leurs enfants. En effet, au vu des recherches, l'implication des parents a l'éducation a un effet significatif sur le comportement et la réussite des enfants, même quand l'influence d'autres facteurs tels que l'origine sociale ou la taille de la famille a été neutralisée. Ceci dit, l'engagement des parents est fortement corrélé a l'origine sociale des parents (la participation croIt avec la position sociale). Les critiques pensent que l'apprentissage social passe par l'interaction, généralement avec d'autres personnes semblables. Un tel << ancrage >> dans la collectivité est étroitement relié à la situation socio-économique. Les familles à l'aise ont plus de relations à l'extérieur de la collectivité qui peuvent se révéler importantes que les familles dont le revenu est moindre. Tazouti, Flieller & Vrignaud (2005), dans une étude, ont testé l'hypothèse selon laquelle l'influence de l'éducation familiale sur les performances scolaires ne serait non seulement pas indépendante du milieu socioculturel, mais qu'en outre les mêmes styles d'éducation familiale n'auraient pas les mêmes effets ou la même importance selon qu'ils caractérisent l'éducation familiale dans les milieux populaires ou non populaires. uls arrivent à la conclusion suivante : il se pourrait que les performances scolaires des enfants de milieux populaires soient d'abord dépendantes de l'influence spécifique de l'école alors que celles des enfants de milieux favorisés seraient plus influencées par leur éducation familiale. En milieu populaire, les modèles familiaux se caractérisent beaucoup plus par leur diversité que par leur homogénéité. L'origine sociale des élèves, c'est un fait maintenant établi, constitue le premier facteur influencant le phénomène de la réussite ou de l'échec scolaire. Pourtant, il ne s'agit pas là d'un déterminisme - au sens strict du terme - et certains jeunes, issus de milieux à potentiel socio-économique faible, parviennent à mener à terme leur scolarisation. Si de nombreuses recherches font constater que les jeunes issus de milieu populaire sont plus susceptibles d'éprouver des difficultés scolaires. Leurs parents sont en général peu scolarisés. Toutefois, le passé scolaire d'un parent, sa situation d'emploi ou encore le fait de vivre dans une famille monoparentale ou recomposée n'auraient pas un impact négatif irrémédiable sur le rendement scolaire des jeunes. Les difficultés des jeunes ne sont pas strictement liées à un milieu social modeste. Ces difficultés existant aussi en milieu aisé. Comme le rapportent Rumberger (1995) et Franklin et Streeter (1992), il serait réducteur de croire que l'abandon scolaire ne regarde que l'école. Au contraire, la décision d'abandonner l'école résulte d'une longue évolution et d'un cumul de frustrations engendrées par les échecs scolaires et par les difficultés relationnelles avec les pairs (Parker et Asher, 1987), les enseignants et les parents (Potvin et Paradis, 1996). La famille, tout comme l'école et le comportement de l'élève sont les variables les plus souvent associées au décrochage scolaire (Doucet, 1993 ; Garnier, Stein et Jacobs, 1997 ; Janosz, 1995 ; Le Blanc et al., 1993 ; Rumberger, 1995 ; Rumberger, Ghatak, Poulos, Ritter et Dornbusch, 1990). Cette vision de plus en plus globale rejoint la préoccupation de Urie Bronfenbrenner dans sa théorie écosystémique. Rompant avec une démarche quasi établie qui voudrait que le développement cognitif s'explique a partir d'un certain nombre de ses postulats, Urie Bronfenbrenner s'attarde a comprendre en quoi le contexte global joue un role dans l'initiation de tous les processus de ce développement. Pour lui, en effet, le développement cognitif ne se limite pas a un processus intellectuel isolé, il est une facon d'intégrer conceptuellement le monde qui nous entoure, et ce, grace aux multiples expériences et interactions issues de sa fréquentation. L'enfant, dans la perspective de Bronfenbrenner, évolue dans un large système oü s'expriment de nombreuses influences qui viennent toutes orienter son développement. Ces influences proviennent aussi bien du milieu proximal que des sphères éloignées liées aux contextes politique, social, culturel, ou historique qui affectent ce milieu proximal. Le modèle de Bronfenbrenner ou modèle de l'écologie sociale part du postulat que le développement résulte d'une interaction entre divers niveaux de systèmes qui régissent l'enfant, soit l'ontosystème (les caractéristiques internes de l'enfant), le microsystème (la famille), l'exosystème (la communauté) et le macrosystème (la culture, le système politique). Ce modèle interprète le contexte global de développement des enfants comme un ensemble de systèmes dynamiques, emboItés et interdépendants, en perpétuelle interaction et se réajustant sans cesse. Le modèle bioécologique de Bronfenbrenner remet au gout du jour l'importance de l'environnement physique, social et culturel dans lequel a lieu le processus de développement ; il met un accent particulier sur les activités des enfants (qu'elles soient dirigées ou non) de même qu'il souligne la pertinence de leur exposition a divers contextes (durée, fréquence, interruptions, opportunité du moment et intensité des différentes expériences). En s'appuyant sur les recherches écologiques (Wachs & Purdue : 1979), Bronfenbrenner souligne le fait que certaines caractéristiques du milieu physique (bruit, jouets plus ou moins stimulants, densité d'occupation des locaux) peuvent affecter le développement cognitif et intellectuel des enfants. Cet accent mis sur l'environnement physique rejoint la préoccupation de Valsiner (1987) dans son modèle développemental. Pour Valsiner, l'enfant évolue dans un environnement physique et social régulé, lui-même dépendant de la culture dans laquelle il s'insère. L'environnement devient porteur d'un sens qui peut orienter l'enfant dans son évolution. Au-delà des apprentissages fondamentaux comme le langage ou la motricité, les enfants intègrent alors une culture. A cet égard, les adultes jouent un role fondamental car << la mise en place d'objectifs par ceux qui décident des relations entre l'enfant et son environnement est assujettie aux antécédents culturels de [ces] individus.>> (Valsiner, cité et traduit par Thomas, 1994). Dans un article intitulé << Proposal of a Four Dimensional Model of Social Response >> (Cf. Annexe 3), Nail, MacDonald et Levy appellent à une relecture des réponses à l'influence sociale. Aussi passent-ils en revue l'ensemble des auteurs qui en ont fait une étude descriptive et également ceux qui en ont fait une étude explicative. Cette synthèse a le mérite d'être exhaustive et repose essentiellement sur une approche d'exposition (avant et après) à la fois publique et privée. Chacune des expositions étant considérée dans deux cas : l'accord et le désaccord. Ceci débouche sur 16 réponses à l'influence sociale. Dans ces réponses, on trouve matière à explication de l'influence sociale mais également de résistance à l'influence sociale. Le mérite de cette typologie descriptive tient du fait que : elle permet d'organiser des recherches empiriques ; elle permet de démarquer significativement des phénomènes proches ; elle fournit une base pour l'intégration des niveaux descriptifs et explicatifs de l'influence sociale et enfin elle suggère de nouvelles variantes de l'influence sociale ou encore celles qui, jusqu'ici, n'étaient pas reconnues. Dans son livre intitulé Echec scolaire : travailler avec les familles, D. Verba (2006) s'est davantage appesanti au collège considéré comme lieu par excellence de focalisation de l'échec scolaire. On lui doit une typologie duelle : les parents << éloignés >> de l'institution scolaire, par fuite ou par désillusion, et les parents << impliqués >>, coopérants ou critiques. Son approche resitue les relations parents-école dans un contexte historique (place de l'école dans la société, contexte idéologique fort, culture scolaire, role des classes moyennes). Pour lui, la lutte contre l'échec scolaire ne doit pas être un << parcours de combattants >> mais doit passer par des lieux d'échanges constructifs, basés sur une confiance mutuelle, au-delà des stigmatisations et dans un respect mutuel plus constructif. Si les enfants des diverses classes sociales n'abordent pas la scolarité " à armes égales ", sans nier l'existence de différences de personnalité ou d'inégalités dans les rythmes de développement intellectuel, ce n'est pas, ou pas seulement, parce que les uns seraient " plus doués " que les autres, mais parce que la scolarisation est pour les uns le simple prolongement de la socialisation familiale, alors qu'elle représente pour d'autres la confrontation à une culture partiellement " étrangère " à leur expérience familiale, partiellement dénuée de sens et d'intérêt intrinsèque, mais qu'il faut assimiler si l'on veut s'assurer à terme le meilleur emploi et le meilleur revenu possibles. Ce rapide survol des acquis principaux de la sociologie des inégalités de réussite scolaire ne rend évidemment pas compte de la diversité des cadres théoriques, des contradictions et des incertitudes qui demeurent, des conflits sur la conceptualisation ou la pondération de tel ou tel facteur ou mécanisme. C'est ainsi que les uns peuvent, avec Bourdieu ou Bernstein, mettre l'accent sur l'inégale distance entre la norme scolaire et l'héritage culturel ou linguistique des enfants appartenant à différentes classes sociales. D'autres, avec Boudon, souligneront l'inégalité des niveaux d'aspiration ou, avec Berthelot, l'inégalité des capacités stratégiques des familles. La sociologie de l'éducation n'en est pas restée à l'analyse des différences culturelles. Elle a montré que toutes sortes de différences et d'inégalités d'ordre extrascolaire ne se transformaient en inégalités d'apprentissage et de réussite d'autant plus sürement que parce que l'école ignore la diversité des enfants qu'elle accueille. Malgré les accents mis, depuis peu, sur l'individualisation ou la différenciation de l'enseignement, l'école reste encore largement " indifférente aux différences " (Bourdieu, 1966) lorsqu'elle enseigne. Dans la mesure oü elle traite les élèves comme " égaux en droits et en devoirs " (ibid. 1966), elle ne peut que transformer rapidement leur inégale distance à la culture scolaire, leurs inégales ressources matérielles et stratégiques en inégalités de réussite. Il faut donc s'interroger sur les conditions de genèse et surtout de maintien d'une organisation scolaire génératrice d'échecs du simple fait qu'elle méconnaIt les différences personnelles et culturelles, alors que, comme certains pédagogues le disent depuis le début du siècle dernier, une " pédagogie sur mesure ", plus différenciée, pourrait éviter de les convertir de façon systématique et presque irréversible en hiérarchies d'excellence scolaire. Ce qui renvoie au débat sur les politiques de l'éducation et sur les forces sociales qui contrôlent le système d'enseignement, décident de ses structures, de son curriculum et du fonctionnement de la sélection. La reproduction des inégalités est-elle simple mécanisme observable ou résulte-t-elle d'une politique délibérée, sinon avouable, des classes dirigeantes ? C'est là toute la question posée depuis l'ouvrage de Bourdieu et Passeron (1970). Dans l'analyse du fonctionnement de l'organisation scolaire, on insistera soit sur l'indifférence aux différences, sur le peu d'individualisation de l'enseignement ; soit sur les formes élitaires de l'enseignement et du travail scolaire et de l'évaluation, soit sur les mécanismes amplificateurs de toute inégalité inhérents aux règles de sélection et à la structure " arborescente " du système. Si l'ennui et l'échec scolaire sont, selon les décrocheurs, les deux premiers motifs d'abandon au secondaire (Hrimech et al., 1993), ces jeunes rapportent par contre, comme facteurs favorisant leur persévérance à l'école, la garantie d'un emploi à la fin des études, une organisation plus individualisée des études et le soutien personnel d'un adulte. Toujours selon les décrocheurs, ce dont ils ont besoin, c'est d'un adulte qui leur parle, les écoute et les soutienne (Violette, 1991 ; Beardon, Spencer & Moracco, 1989), un adulte qu'on pourrait qualifier de mentor naturel ou spontané. Par ailleurs, il a été démontré que l'implication personnelle des adultes de l'école est un facteur de protection contre l'abandon prématuré (Bryk & Thum, 1989). Le taux de chômage de ces adolescents qui ont décroché est le plus élevé parmi les catégories d'âges de la population active (Langlois, 1992). Dans le même ordre d'idées, Sum et al. (2003) soutiennent que les jeunes adultes qui n'ont pas achevé le cycle secondaire se trouvent en situation de précarité, ce qui compromet leur avenir économique et social. Et ceci pourrait fort bien expliquer la situation dans laquelle se trouvent les jeunes du quartier New-Bell. 2.2. REVUE DES CONCEPTS 2.2.1. New-Bell un milieu difficile a saisir : Esquisse d'une qualification du cadre de l'étude Faire rentrer un quartier tel New-Bell dans une typologie est une entreprise somme toute périlleuse. En effet, au moins trois expressions entre en compétition sans qu'aucune, a proprement parler, puisse traduire de manière exhaustive la caractéristique du quartier New-Bell. On peut, dans un premier temps, dire du quartier New-Bell qu'il est << populaire >> ; ce qui consiste a l'exclure du champ administratif du département du Wouri ou encore de l'arrondissement de Douala II qui y a fixé son siège, ou du moins en faire une catégorisation qui le discrimine au même titre que ceux qui y résident. Attribuer le qualificatif de << milieu defavorable >> au quartier New-Bell ne serait pas juste parce qu'il comporte en son sein la plus grande concentration de marchés de la ville de Douala ; si la pauvreté est bien présente en ces lieux, elle ne saurait se généraliser car elle côtoie également des fortunes. Et que toute étude statistique ne saurait rendre a l'évidence de la modicité des revenus des habitants de ces lieux. En effet le secteur informel est ici prégnant et il est davantage facile pour les habitants de tirer leurs revenus des activités commerciales ayant cours dans leur cadre de vie. Dire enfin de New-Bell qu'il est un << quartier difficile >> semble plus juste si on considère ce qu'en dit Bourdieu : << Les lieux dits "difficiles" sont [donc] d'abord difficiles a décrire et a penser >> (Bourdieu, 1993). Cependant, pour les auteurs qui se sont penchés sur la terminologie mieux a même de rendre compte de la réalité de ces lieux, aucune dénomination n'est pleinement satisfaisante. Si pour Cyprien Avenel (2007) l'expression << quartier sensible >> semble seoir, il pense néanmoins que les mots << assignent aux situations et aux populations une identité et une signification profondes >>. Dans une analyse portée sur la valeur économique du lieu, Michel Kokoreff (2003) privilégie l'expression << quartiers pauvres >>, parce que, dit-il, << les taux de chômage et la précarisation du travail caractérisent ces territoires en proie a la désaffiliation sociale >>. Dans cette perspective, il rejoint le point de vue de Foucambert (1997) qui, parce qu'il trouve l'appellation usuelle (<< milieu populaire >> ou << milieu defavorise >>) empreinte d'hypocrisie, propose l'expression << milieu économiquement exploité >> qui a le mérite d'être plus globalisante. Cependant, de tous les traits mis en relief, seuls trois semblent être des caractéristiques fédératrices de toutes les et peuvent, a notre humble avis, être des éléments clés permettant de singulariser le tout New-Bell. Il s'agit entre autres de la forte densité ce qui entraIne une promiscuité a nulle autre pareille ; une absence d'urbanisation qui implique a la fois des constructions anarchiques et dont la qualité laisse a désirer, une insalubrité prégnante et une difficulté d'accès ; la forte présence de ressortissants d'autres pays africains notamment l'Afrique de l'Ouest qui, parce qu'en aventure et en quête privilégiée de sécurité matérielle, est un contrepoids réel a cette volonté de maintenir les enfants a l'école. Le quartier New-Bell semble être une sorte de melting-pot de spécificités des banlieues parisiennes, en raison de la présence en son sein d'une forte communauté de migrants ; mais qui s'en différencie parce que ces derniers se fondent plus facilement dans la masse et par la présence de lieux de commerce un peu partout. C'est davantage un environnement social précaire. 2.2.2. De l'échec scolaire au décrochage scolaire Dans le champ de la psychopédagogie, la confusion est quasi permanente entre l'échec scolaire et le décrochage scolaire. Force est de reconnaItre que les deux concepts participent a l'opposé de la réussite scolaire. Cernons donc le contenu de ces expressions et en délimitons les champs d'application. 2.2.2.1. L'échec scolaire L'O.M.S., dans sa classification, définit le handicap scolaire dans sa dimension situationnelle, comme la position défavorable de l'enfant quant a l'image qu'il a de lui-même en tant qu'élève mais aussi dans son rapport avec le monde, en relation avec un environnement social et familial le désavantageant par rapport a ceux dont l'influence familiale et socioculturelle les place en accord avec ladite << norme >> de la société dans laquelle ils vivent. - Evolution historique dans la compréhension de l'échec scolaire Au début du 20ème siècle, les élèves rencontrant des difficultés dans les apprentissages étaient considérés comme étant << débiles >> et rien n'était mis en place pour eux puisque la fatalité faisait qu'ils ne pouvaient pas apprendre. Une remise en question de cet ordre de choses a abouti a un changement : ces élèves ne sont plus dits << débiles >> mais << handicapés >>, expression qui prête a confusion. Cependant, avec une nouvelle approche du handicap (Wood, 1982) qui se décline en trois dimensions : lésionnelle (déficience), fonctionnelle (incapacité) et situationnelle (désavantage). L'échec scolaire n'est pas un phénomène récent, il apparaIt vers 1950. Avant cette date, il n'était question que de << succès >> ou << d'insuccès scolaires >>. On ne parlait pas d'échec scolaire mais << d'inadaptation scolaire >>, << d'anormalité >> ou de << débilité mentale >>. D'après les sociologues Bourdieu et Champagne, l'apparition du phénomène est due a l'ouverture des institutions secondaires aux catégories sociales qui en étaient exclues jusqu'alors. L'échec scolaire rend compte alors d'un phénomène lié a la massification du système éducatif francais (1960). A travers la dimension psychosociologique du handicap apporté par Philip Wood, les travaux d'Alfred Binet sur l'échelle métrique de l'intelligence et ceux de Stern sur les calculs du quotient intellectuel, qui définissaient le handicap comme un retard mental, une débilité mentale, ont perdu de leur superbe. Désormais, on utilise la notion de grande difficulté pour expliquer le caractère désavantageant du handicap scolaire. - Définition, caractéristiques de l'échec scolaire et prise de conscience Le problème de l'échec scolaire suscite un vif intérêt. La notion d'échec scolaire revêt une complexité en partie due a sa position carrefour, au point de rencontre de différentes disciplines qui appellent des lectures différentes, et davantage des enjeux politiques et des poles d'intérêts notamment économique. * Tentative de définition L'échec scolaire s'inscrit dans une dynamique historique puisqu'il s'agit d'une notion << évolutive en fonction du contexte social >> nous dit Gérard Chauveau, chercheur de l'INRP (Institut National de Recherche Pédagogique). Il serait donc réducteur et inadéquat de ne retenir qu'une seule définition. En effet, l'échec scolaire a d'abord été vu sous l'angle psychologique. Assimilé souvent au déficit scolaire ou a l'inadaptation scolaire, l'échec va reposer sur la théorie des dons. Aussi, pour Viviane Isambert-Jamati, << l'élève qui échoue est celui qui n'a pas acquis, dans les temps impartis par l'école, les nouveaux savoir-faire prévus par les programmes >>. L'échec scolaire était alors percu comme un problème individuel prenant pour responsable l'élève. En réaction a la théorie des dons, les sociologues vont considérer l'échec scolaire autour des années soixante comme un problème social mettant en relation les retards scolaires avec les catégories sociales des familles. Ainsi, pour Bernard Lahire : << l'échec (ou la réussite) est le produit de l'interaction entre des configurations familiales déterminées et des formes de vie scolaires telles qu'elles existent a un moment donné >>. L'échec scolaire tel qu'il est défini ici implique la responsabilité de nouveaux acteurs que ce sont la famille, la communauté et l'école. * Facteurs explicatifs de l'échec scolaire Les facteurs explicatifs de l'échec scolaire mis en relief par les chercheurs peuvent être regroupés en quatre grandes catégories.
Les facteurs individuels comprennent les caractéristiques de l'élève relevant de l'école (les retards scolaires accumulés ; les difficultés d'apprentissage et d'adaptation, le temps consacré au travail scolaire : la participation aux activités parascolaires, l'absentéisme ; etc.) et les caractéristiques et attitudes personnelles des élèves (l'estime de soi ; la motivation aux études ; les attentes et les aspirations scolaires ; le réseau social ; la toxicomanie ; la délinquance ; la dépression ; l'anxiété ; etc.).
Les facteurs scolaires regroupent les caractéristiques reliées a l'organisation de l'école (les programmes de formation ; la taille de la classe ; etc.) et les caractéristiques relevant des processus scolaires (l'encadrement des élèves, le climat de l'école ; la relation maItre-élèves ; le leadership pédagogique ; etc.) * La prise de conscience de l'échec L'échec scolaire est une situation qui provoque une véritable souffrance pour l'enfant et son entourage. Deux conséquences a cette situation peuvent essentiellement être observées : - Un comportement perturbateur - La passivité Dans les deux cas, l'enfant se marginalise. C'est inconsciemment la marque de nonadhésion au système se traduisant par la révolte ou le découragement. Pour certains, il arrive même que la situation d'échec soit intériorisée au point de freiner l'ensemble des activités intellectuelles. Cet inventaire des facteurs explicatifs de l'échec scolaire n'est pas complet et nécessiterait d'être présenté à l'avenir avec précision. Il faut souligner cependant que l'échec scolaire n'est pas le résultat d'un seul facteur. Plusieurs facteurs variés participent à l'explication de l'échec scolaire. Ces facteurs, distincts certes, sont interdépendants. L'échec scolaire est en effet le produit de l'interaction entre des caractéristiques sociodémographiques, individuelles, familiales et scolaires. Parmi les facteurs tel que classifiés, certaines caractéristiques peuvent être qualifiées de variables proximales c'est-à-dire celles sur lesquelles les acteurs impliqués peuvent agir, tandis que d'autres sont appelées variables distales oü ils ont peu ou pas de contrôle. Pour les décideurs politiques et les administrateurs scolaires, il est plus facile d'intervenir sur les variables scolaires rapprochées que sur les autres facteurs. Les caractéristiques des processus scolaires internes sont souvent désignées comme des variables proximales, dont l'impact sur les échecs scolaires a été établi par de nombreuses études. Il y a donc dans l'école de multiples facteurs variés sur lesquels on peut agir. Il est nécessaire de cesser de croire que l'échec scolaire est la première cause du décrochage scolaire. Dans la plupart des cas, l'échec scolaire, certes fréquent mais non systématique, est la première manifestation d'un abandon mental, c'est-à-dire d'une perte d'intérêt profonde dont la manifestation remonte dans le temps. - Lecture de l'échec scolaire sous le prisme de la sociologie de l'éducation A partir du moment oü le plan de l'éducation est détenu, élaboré et contrôlé par la classe dominante, inéluctablement, sa culture (valeurs, savoirs et rapport au savoir) sera à coup sür dominante. Or les adultes appartenant à cette culture dominante transmettent une image et un héritage culturels à leurs progénitures qui sont en adéquation d'avec les normes d'excellence scolaire. Ceci entraIne d'emblée une inégalité dans l'appropriation de la culture scolaire selon qu'on appartient à la culture dominante ou pas. Par la même occasion, la scolarisation paraIt, pour les classes privilégiées, l'extension " naturelle " de l'éducation familiale, et la réussite scolaire de leurs enfants le plus sür moyen de garantir la transmission de l'héritage. L'effet de cette proximité et de cette identification sont renforcés par l'ensemble des ressources matérielles et symboliques que les classes privilégiées peuvent mettre à la disposition de leurs enfants : conditions de travail optimales, moyens matériels (jeux, livres, ordinateurs), aide des parents, recours aux lecons particulières, stages de langues, etc. A quoi il faut ajouter l'inégale capacité stratégique des familles à se dégager du " piège scolaire " (Berthelot, 1983) : choix des maItres, des établissements, du privé ou du public, de telle ou telle filière selon la conjoncture locale et l'évolution des mécanismes de sélection ; capacité de gérer la relation avec les enseignants, de négocier l'évaluation, de guider l'investissement dans le travail scolaire en fonction des branches ou des moments les plus rentables ; connaissance des filières, des diplômes et des débouchés ; capacité de piloter la carrière en fonction d'objectifs à long terme. La lutte contre le chômage est une forme de lutte contre l'<< échec scolaire >> car la déstabilisation-insécurisation de la cellule familiale qu'engendre une situation de chômage de longue durée est incompatible avec le minimum d'ascétisme que l'on exige scolairement de la part des enfants. Parce que expression de la culture de la classe dominante, l'école induit une dichotomie réelle. Il importe désormais de scruter l'impact de l'échec scolaire comme critère sélectif. L'origine sociale << (L'échec scolaire) La réussite scolaire est fortement et positivement corrélée à l'origine sociale des élèves >> (Cherkaoui, 1996 : 49) telle est la conclusion fédératrice de toutes les études empiriques menées à ce sujet. Ici, l'origine sociale renvoie en général à la catégorie socioprofessionnelle du père, au diplôme ou au niveau culturel combiné au revenu de la famille. Variables sociales et variables scolaires Les variables scolaires et les variables sociales déterminent l'échec ou la réussite scolaire. Il appert que l'opacité des réseaux scolaires, c'est-à-dire que les critères sélectifs sont davantage implicites, désavantage les élèves issus des classes sociales défavorisées. Sans mettre de côté le fait que l'école a un coüt et qu'il faudrait bien être à la hauteur. L'autosélection L'autosélection correspond a la conséquence des décisions prises par l'élève ou sa famille, dont les fondements sont a rechercher dans des critères autres que ceux de l'échec scolaire, et qui amènent l'élève a décrocher ou a renoncer a une filière désirable au profit d'une autre qui l'est moins. Deux constats (Cherkaoui, 1996 : 55) peuvent être faits (Girard, 1970) : - les enfants issus de classes sociales défavorisées s'engagent moins souvent dans des filières nobles que les élèves issus de classes sociales favorisées ; - les enfants des classes sociales défavorisées quittent le système scolaire beaucoup plus tot que les enfants des classes sociales favorisées. 2.2.2.2. Le décrochage scolaire ou l'abandon scolaire Le décrochage scolaire et l'abandon scolaire sont deux termes qui désignent l'interruption (temporaire ou définitive) des études avant l'obtention d'une reconnaissance des acquis (diplôme, certificat, attestation d'études, etc.) de la part d'une institution d'enseignement. Le <<décrochage scolaire>> est généralement utilisé dans le contexte d'un abandon a l'ordre d'enseignement secondaire alors que l'<abandon scolaire> est un terme plus global qui est utilisé a la fois pour le secondaire, le collégial et l'universitaire. - Historique du concept Le phénomène du décrochage scolaire remonte au début de l'histoire des écoles. Le concept lui ne fit son apparition qu'au début des années 1970 et ce n'est que depuis la fin des années 1980 que ce sujet se retrouve au coeur des préoccupations éducatives. En effet, dans les décennies 60 et 70, beaucoup de jeunes quittaient l'école très tôt, mais cette réalité était "normale" puisque a cette époque, le travail manuel était valorisé et il fallait "gagner sa vie". - Le décrochage scolaire : un long processus Les chercheurs s'entendent pour dire que le décrochage scolaire est un phénomène multidimensionnel qui résulte d'une combinaison de facteurs en interaction les uns avec les autres. La décision d'abandonner l'école ne se fait pas sur un coup de tête. Elle résulte dans la plupart des cas de frustrations accumulées sur une longue période. Ces frustrations sont engendrées par les échecs scolaires et par les difficultés relationnelles avec les pairs, les enseignants et les parents, mais aussi par un environnement social défavorable. Progressivement, les décrocheurs se désengagent et s'éloignent de l'école. * La trajectoire vers le décrochage Même si les difficultés scolaires ne peuvent être isolées de leurs causes et effets sociaux et subjectifs, le décrochage scolaire apparaIt comme le fruit d'un processus lent. Le décrochage est comme une démotivation, un désintérêt pour toute forme d'apprentissage. L'absentéisme, la violence et la délinquance sont parfois des conséquences du décrochage. Décrocher, c'est ne plus écouter, ne plus avoir envie, c'est s'ennuyer a l'école ; donc, s'absenter et ne plus fréquenter du tout l'école. La trajectoire qui conduit a l'inadaptation sociale et scolaire serait la suivante (Downs et Rose, 1991) : Refus de participer aux activités scolaires individuellement -* Regroupement de ceux qui refusent de participer aux activités scolaires -* Perception négative des autres élèves -* Apparition de troubles de comportement -* Consommation de drogue et d'alcool -* Absentéisme scolaire -* Problèmes disciplinaires, suspension -* Abandon des études * Caracteristiques Le sexe Il semble, confirmé en cela par des études canadienne, que les garcons soient plus nombreux que les filles a quitter les études secondaires avant d'obtenir leur diplôme. Des stratégies d'adaptation (coping) infructueuses Les décrocheurs potentiels se distinguent des autres par l'utilisation de stratégies d'adaptation inefficaces, tels l'évitement et le déni (Barton). Une estime de soi déficiente Les élèves a risque de décrochage ont une faible estime d'eux-mêmes qui les amène a se dévaloriser, a perdre confiance et a douter de leurs capacités. Cette situation contribue au développement d'un sentiment d'impuissance. Des relations difficiles avec les adultes En plus d'éprouver des difficultés dans leurs relations avec le personnel enseignant, les décrocheurs potentiels vivent des conflits familiaux fréquents et ont peu d'échanges sur leur vécu scolaire avec leurs parents. Une vision négative de l'école associée aux difficultés scolaires Contrairement aux élèves qui réussissent, les décrocheurs ont une attitude négative face a l'école, aux enseignants et a l'apprentissage. Ils voient plutôt l'école comme une source de mauvaises expériences auxquelles ils attribuent leur abandon avant d'obtenir leur diplôme. Ils se différencient également des autres par leur faible performance scolaire, particulièrement en francais et en mathématiques, et entretiennent peu d'aspiration quant a leur réussite. L'échec scolaire est un facteur très puissant en faveur du décrochage. Une motivation insuffisante Les jeunes a risque de décrochage entretiennent une attitude défaitiste face a leurs mauvaises notes qui contribue a alimenter leur faible rendement scolaire. Peu motivés a travailler pour remédier a leur situation d'échec, ils envisagent plus facilement d'abandonner l'école (Violette, 1991). Des troubles de comportement Les décrocheurs potentiels ont plus de difficulté a respecter les règles de l'école. Ils éprouvent aussi plus de problèmes de comportement extériorisés et intériorisés que les élèves qui ne présentent pas de risque (Potvin & Papillon, 1993). Troubles de comportement extériorisés
Dans cette partie du travail, les principaux aspects de la recherche ont été mis en relief dans les trois chapitres précédents. A la suite de la consultation de la documentation scientifique appropriée, un état de la question portant sur Environnement social précaire, Décrochage scolaire et stratégies de réussite a été préparé, et dans lequel un inventaire des connaissances scientifiques disponibles sur ce theme a été dressé en faisant, a chaque fois une analyse critique et en rendant compte de l'état de ces connaissances. Ce travail de systématisation a permis de reformuler et d'enrichir la problématique de la présente recherche pour en assurer la cohérence et la pertinence et, enfin, mieux orienter la recherche. Afin de pouvoir appliquer la problématique de cette recherche a la réalité du cadre de recherche, dans les trois chapitres qui suivent, il s'agira de l'opérationnaliser, c'esta-dire déterminer ses dimensions et construire les indicateurs qui permettront d'en faire une étude scientifique dans la partie consacrée au cadre méthodologique. DEUXIEME PARTIE : CADRE METHODOLOGIQUE Chapitre 4 : LE RAPPEL DE L'OBJET DE L'ETUDE ET LA PLANIFICATION DE LA DEMARCHE DE RECHERCHE Afin de pouvoir appliquer sa problématique à la réalité sociale, le chercheur doit l'opérationnaliser, c'est-à-dire déterminer ses dimensions et construire les indicateurs qui lui permettront d'en faire une étude : c'est l'aspect méthodologique de la recherche. Aussi, dans cette partie, il s'agira de mettre en relief les principaux aspects de la méthodologie liés à l'étude sur : Environnement social précaire, Décrochage scolaire et Stratégies de réussite. 4.1. RAPPEL DE L'OBJET DE L'ETUDE Les stéréotypes donnent des milieux défavorables, principalement des milieux populaires, une peinture qui reflète une certaine réalité. Cependant si le constat est réel que dans ces milieux il existe un taux de décrochage plus élevé même en l'absence de statistiques fiables, force est de reconnaItre que l'explication qui en est donnée n'est pas toujours celle qui sied. En effet, on a l'impression qu'il existe un déterminisme social pour qui vit en milieu populaire. Or, s'il existe des difficultés, elles ne sont pas l'apanage de ces milieux. En outre tout milieu, quel qu'il soit, a tendance, avec la manière de vivre qui nous est propre, à se populariser. Il n'y a qu'à observer les quartiers dits << résidentiels >> de la ville de Douala par exemple. Au début de leur constitution, il y a une certaine distance entre les habitants. Mais après un certain temps, la distance sociale se distend et les liens sociaux sont de plus en plus étroits. Le problème du décrochage scolaire est de plus en plus prégnant et se présente davantage comme une gangrène qui n'épargne aucun environnement, quel qu'il soit. Toutefois, si le décrochage scolaire se rencontre sous tous les cieux, il n'est pas généré forcément par les mêmes causes. Il faut reconnaItre que certains environnements sont incitatifs et d'autres inhibitifs. De la revue de la littérature, une théorie principalement a été identifiée comme possédant une certaine valeur prédictive entre le décrochage scolaire et l'environnement social. Mais en rapport avec le milieu, d'autres théories se sont greffées a la principale, chacune valorisant soit le lien évident entre le milieu et le décrochage scolaire, soit la réussite en milieu défavorable par des stratégies opératoires. Ces deux approches et les théories associées ne prédisent pas les mêmes occurrences. La différence de prédiction constitue un problème possible dans l'état des connaissances. Et c'est en cela que nous avons choisi de mener une étude exploratoire au quartier New-Bell pour générer des hypothèses qui feront l'objet d'études a venir. 4.2. PLANIFICATION DE LA DEMARCHE DE RECHERCHE 4.2.1. L'approche de recherche L'approche de recherche correspond a la finalité d'une recherche et est définie par le but scientifique particulier visé par cette recherche. La science a quatre buts principaux : décrire, expliquer, prédire et contrôler. A ces buts principaux, se greffent des buts secondaires comme explorer, mettre en relation et évaluer. Notre recherche portant sur : Milieu défavorable, décrochage scolaire et stratégies de réussite s'inscrit donc dans une approche exploratoire (explorer). La nature de l'objet d'étude La nature des données que l'on souhaite recueillir influence et détermine le choix de la méthode de recherche. Dans le cadre de notre recherche, nous avons opté pour les communications verbales (l'expression d'un point de vue). Méthodes de recherche et d'investigation La méthode de recherche et d'investigation est la démarche planifiée, suivie, systématique et rigoureuse et dont le but est de réaliser une recherche empirique en vue de décrire la réalité, mettre en relation des phénomènes, les expliquer, les prédire et les évaluer. Dans le cadre de cette recherche, nous optons pour les entrevues informelles. L'entrevue informelle est une conversation plus ou moins structurée en vue de recueillir d'une personne de l'information, des points de vue, des opinions, etc. Techniques de collecte de données La technique de collecte de données correspond a
l'instrument de recherche. C'est participants. Pour le cas d'espèce, nous avons utilisé les fiches de synthèse d'entretien accompagnées d'un matériel d'enregistrement (magnétophone). La fiche de synthèse d'entretien est employée pour décrire et résumer le contenu d'entretiens informels menés dans le cadre d'une étude de terrain. La fiche de synthèse d'entretiens est autant un outil de gestion de la démarche de recherche qu'un outil de collecte de données. Techniques d'analyse de données Le résumé est la technique que nous avons choisie pour le traitement et l'analyse des données permettant de dégager, de notre recherche, les résultats qui conduiront à la réponse aux questions de recherche et à la réalisation des objectifs de recherche que nous nous sommes assignés. 4.2.1.1. Le moment scientifique La notion de moment scientifique fait généralement référence au niveau de développement des connaissances scientifiques dans un domaine particulier de recherche. On observe ainsi que, dans certains domaines de recherche, les connaissances scientifiques sont très sommaires alors que, dans d'autres domaines, elles sont déjà solidement constituées et regroupées en un ensemble de théories et de modèles scientifiques. C'est ainsi que, lorsqu'il aborde un nouveau domaine ou une nouvelle problématique de recherche, le chercheur a tendance, dans un premier temps, à mener des recherches exploratoires et descriptives. 4.2.1.2. Les données qualitatives selon les techniques de collecte de données Les données qualitatives peuvent aussi être classées en fonction de l'instrument qui a servi à leur collecte. Les techniques de collecte de données (instrument de recherche) les plus fréquemment utilisées pour la collecte de données qualitatives sont : le protocole de consignation d'un entretien, la fiche de synthèse d'entretiens, les notes d'observation au vol, la grille d'observation ouverte, la fiche d'analyse de contenu, la fiche d'analyse de documents d'archives (documents historiques), la fiche de synthèse de documents, la rédaction de communications (mémorandums), les comptes-rendus de réunions, le résumé intermédiaire par cas... 4.2.1.3. Le gabarit de consignation d'un entretien semi-dirigé Le gabarit de consignation d'un entretien sera notre outil de base pour la prise en notes des réponses des participants lors de la réalisation de nos entretiens. Il se présente généralement sous la forme d'un document de type traitement de texte oü chaque page comporte un tableau devant recueillir la synthèse des entretiens. En plus des pages comprenant les questions de l'entrevue, le gabarit de consignation d'un entretien doit aussi comprendre une page de garde qui recevra les informations permettant d'identifier l'entretien et ses conditions de réalisation : personne interviewée, caractéristiques de cette personne, date, heure, durée de l'entretien, conditions particulières de l'entretien, intervieweur, etc. 4.2.2. L'analyse des données qualitatives Une analyse de données, qu'elle soit quantitative ou qualitative, doit tracer un portrait fidèle et, si possible, synthétique des données, identifier et qualifier la nature et la force des relations entre les données et proposer des explications pour les résultats obtenus et ce, en fonction des objectifs. Une analyse de données qualitatives comprend généralement trois étapes qui sont :
Les deux premières étapes correspondent généralement a une analyse univariée alors que la dernière étape correspond généralement a une analyse bivariée. Le tableau qui suit décrit cette stratégie d'analyse des données qualitatives selon la méthode de recherche et d'investigation dite de l'entrevue semi-structurée. Tableau n° 1 : Stratégie d'analvse des données qualitatives selon la méthode de recherche et d'investigation dite de l'entrevue semi-structurée
Chapitre 5 : LES OBJECTIFS, LES QUESTIONS DE L'ETUDE ET LA CONSTRUCTION DU GUIDE D'ENTRETIEN 5.1. LES OBJECTIFS DE L'ETUDE Dans le cadre de cette recherche, nous nous donnons pour objectifs de : - Identifier et décrire les caractéristiques du milieu et les éléments pertinents qui expliquent le décrochage scolaire du point de vue des acteurs ; - Identifier et décrire les stratégies développées par les uns et les autres pour faire face a leur environnement défavorable et réussir a l'école ; - Déterminer comment les élèves de cet environnement arrivent a décrocher ou encore comment les élèves de cet environnement défavorable réussissent a faire abstraction des influences existantes et réussir dans leur parcours scolaire. 5.2. LES QUESTIONS DE L'ETUDE Parce que notre but est d'expliquer comment en environnement défavorable, le décrochage scolaire est prégnant et combien les habitants de ce type d'environnement sont susceptibles de ne pas poursuivre un cursus scolaire réussi et tirer la sonnette d'alarme sur la nécessité d'en faire des zones d'éducation prioritaires ; et aussi de mettre en relief les stratégies développées par ceux des habitants de ces milieux dits défavorables pour poursuivre un cursus réussi, notre question de recherche se décline en deux composantes : Question générale Existe-t-il une lecture du décrochage scolaire, tenant compte des facteurs environnementaux en milieu populaire, différente de celle des habitants du quartier New-Bell ? Questions spécifiques Qu'est-ce qui justifie le décrochage scolaire des habitants de New-Bell ? Comment malgré cet environnement peu favorable a la poursuite d'un cursus réussi, certains parviennent a la réussite scolaire ? 5.3. LA CONSTRUCTION DU GUIDE D'ENTRETIEN 5.3.1. L'identification des variables Notre étude porte sur le thème : Environnement social précaire, décrochage scolaire et stratégies de réussite. Nous avons affaire ici a trois variables :
Ces trois variables n'ont pas la même valeur et rentre chacune dans la typologie des variables. C'est en scrutant cette typologie que nous ferons entrer chacune des variables dans l'une ou l'autre des catégories. La variable indépendante La variable indépendante est, dans une recherche, la variable ou le phénomène dont le chercheur souhaite étudier l'influence sur d'autres facteurs. On la définit aussi comme la variable étudiée ou explicative. On reconnaIt généralement deux types de variables indépendantes : la variable indépendante manipulée qui correspond a des facteurs externes a l'individu (ex.: niveau de bruit, nature du matériel a mémoriser...) que le chercheur peut manipuler de facon systématique dans le cadre d'une expérience ; la variable indépendante assignée qui correspond a une caractéristique a priori de l'individu (ex.: sexe, age, intelligence) que le chercheur ne peut manipuler mais qu'il peut assigner a une des conditions de son étude. Toutefois, la plupart des recherches qualitatives, lorsqu'elles définissent des variables indépendantes, font appel a des variables indépendantes assignées. Partant de cette définition, la variable indépendante de notre étude se décline en : VI : Environnement social précaire Les variables dépendantes La variable dépendante est, dans une recherche, la variable qui subit l'effet ou l'influence d'une variable indépendante. On la définit aussi comme la variable mesurée ou expliquée. Elle correspond généralement au comportement d'un individu, a sa compréhension d'un événement ou d'une situation, a son expérience de vie, a un compte-rendu, a un récit, a un témoignage, a une représentation sociale, a des comportements ou a des représentations qui seront affectées ou déterminées par les conditions d'une variable indépendante. Cette définition nous amène a désigner deux variables dépendantes, sans qu'il y ait un ordre de préséance : VD1 : Décrochage scolaire ; VD2 : Stratégies de réussite scolaire. Toutefois pour des raisons de logique et d'objectifs, nous pensons que le décrochage scolaire doit être dépassé par les stratégies de réussite scolaire. Ce qui justifie la disposition de ces variables dans le titre de la présente étude. 5.3.2. Les themes du guide d'entretien Les thèmes principaux de notre guide d'entretien auront pour objectif final de nous donner un aperçu global de l'histoire de la vie scolaire de notre participant et les réflexions que celui-ci fait en rapport a son expérience personnelle. Aussi allons-nous nous intéresser a : - Les conditions et la qualité de vie de la famille dans l'enfance - La vie scolaire au primaire - La vie scolaire au secondaire - La vie au quartier New-Bell - Les pratiques éducatives parentales et la sédentarité - Les langues de communication - Les clés de ta réussite scolaire - Les facteurs d'influence du quartier New-Bell qui peuvent mener au décrochage - Comment faire reculer l'abandon scolaire au quartier New-Bell - Les dispositions a prendre pour qu'on ne subisse pas les effets de l'environnement ? - Avantages et inconvénients de vivre a New-Bell ? Chapitre 6 : LA POPULATION ET L'ECHANTILLONNAGE 6.1. LA POPULATION 6.1.1. La définition de la population La population de notre étude est constituée de toutes les catégories de personnes ayant un point de fixation (domicile) a New-Bell et qui y ont élu domicile pendant qu'ils allaient a l'école. Ou encore ceux ayant quitté New-Bell pour s'assurer un cursus scolaire avec réussite. 6.1.2. La population cible Cette étude concerne des personnes ayant un socle familial réel a New-Bell, qui y ont vécu entièrement ou en partie pendant leur cursus scolaire. 6.2. LA COMPOSITION DE L'ECHANTILLON ET LE MODE D'ACCES AUX INTERVIEWS Compte tenu du fait que notre étude explore deux processus antithétique : - Décrochage - Stratégies de réussite A ce titre, il convient de constituer deux groupes de participants : Groupe 1 : Ceux ayant décroché ou les << décrocheurs >> Groupe 2 : Ceux ayant réussi ou les << non décrocheurs >> Il s'agit pour nous, de recueillir les avis des uns et des autres liés a leur expérience scolaire en rapport avec le quartier New-Bell. Qu'ils aient ou non décroché ; qu'ils aient réussi ou non ; qu'ils soient restés entièrement au quartier New-Bell ou partiellement pendant leur cursus scolaire. 6.2.1. La constitution de l'échantillon A partir du moment oü l'échantillon d'une recherche qualitative et sa création reposent plus sur des principes théoriques que statistiques et sur la représentativité subjective des éléments constituant l'échantillon, l'échantillon nécessaire a la réalisation d'une enquête par entretien est, de manière générale, de taille plus réduite que celui d'une enquête par questionnaire, dans la mesure oü les informations issues des entretiens sont validées par le contexte et non pas besoin de l'être par leur probabilité d'occurrence. Pour valider une méthode exploratoire, il faut mener des entretiens dans la fourchette 10-30 individus. Dans le cadre de cette étude, nous avons mené 14 entretiens. 6.2.2. Le mode d'accès aux interviews Le mode d'accès aux personnes interviewées, a été principalement celui de la prise de rendez-vous. En effet, pour une grande part, les personnes interviewées sont plus ou moins connues de nous ce qui a l'avantage de nous faciliter la tâche. Cependant, il nous a été plus difficile de convaincre les personnes ayant décroché. D'ailleurs, c'est simplement parce qu'ils se rendaient compte que refuser de participer a ces entrevues était quelque peu contribuer a notre << échec académique >> qu'ils se sont résolus a s'ouvrir a nous. En outre, avant tout entretien, il leur était proposé de choisir la langue dans laquelle ils souhaitaient être interviewés. Sans hésitation, ils se prononcaient pour le pidgin. 6.3. LE PLAN D'ENTRETIEN Il comprend a la fois l'ensemble organisé des thèmes que l'on souhaite explorer (le guide d'entretien) et les stratégies d'intervention de l'interviewer visant a maximiser l'information obtenue sur chaque thème. Le plan d'entretien est donc a l'interface du travail de conceptualisation de la recherche et de sa mise en oeuvre concrète. 6.3.1. Le guide d'entretien Les entretiens menés sont semi-structurés, c'est-à-dire, qu'ils sont constitués d'un guide thématique et d'une planification de stratégies d'écoute et d'intervention. 6.3.2. La collecte des données Les données sont recueillies à l'aide un appareil enregistreur en même temps qu'une prise de note dans le gabarit d'entretien conçu à cet effet. Il nous permet d'enregistrer les points saillants de l'entretien et, en outre, servira de fil conducteur à la retranscription de l'entrevue. 6.3.3. La technique d'entretien Entrevue semi-structurée 6.3.4. Le choix des participants Nous avons ciblé un certain nombre de répondants à partir des critères que nous nous sommes préalablement définis. Il s'agissait pour nous d'avoir deux groupes de participants (décrochage et réussite). A chaque groupe correspondaient deux sousgroupes implicites (sédentaire au quartier New-Bell pendant son cursus ; cursus conduit hors de New-Bell en raison du fait que l'environnement a été jugé défavorable aux études). A côté de cette subdivision, nous avons tenu à associer certains parents qui, bien que rentrant dans l'une ou l'autre des catégories, ont d'abord connu une expérience en tant qu'enfant du quartier New-Bell ; puis une autre expérience en tant que parent d'enfants et résidant toujours au quartier New-Bell. Après nous être entouré de ces préalables, nous avons procédé à une explication du but de notre recherche et éventuellement de la typologie des personnes recherchées. Les participants ne l'ont été que de leur propre vouloir. Quand bien même nous avons pris sur nous de leur assurer la confidentialité des informations qui nous serons ainsi fournies et bien sür l'anonymat requis. 6.3.5. La purge La purge a consisté à faire, dans un premier temps, une prospection et une infiltration. Le but étant de cibler rapidement les participants adéquats, notamment ceux qu'ont pourraient qualifiés de << natifs >> du quartier New-Bell avec une assise familiale d'une trentaine d'années. Il nous a été recommandé des jours et des heures qui conviendraient pour rencontrer les potentiels participants. Ainsi par exemple, les samedis après-midi jusqu'en fin de soirée et les dimanches, nous avons arpenté les rues pour a la fois expliquer le but de notre recherche et les attentes. Bénéficiant du statut de << natif de New-Bell >> et parlant parfaitement le pidgin, il nous été plus facile d'aborder les potentiels participants. Mais les réactions voulues se sont faites attendre. Quelquefois, nous avons usé, avec le concours des aInés qui étaient favorable a la recherche que nous menions, d'une forme de << pression >> pour que quelques-uns acceptent volontiers de faire partie de notre échantillon. 6.4. LE DEROULEMENT DES ENTRETIENS Nous arrêtions un certain nombre de rendez-vous avec certains participants. Et avant de procéder a l'entretien proprement dit, nous prenions sur nous d'expliquer amplement aux participants ce que nous attendions d'eux et le but de notre étude. Avant de procéder au recueil des données proprement dit, il leur était proposé de poser toute sorte de question relative a l'entretien avec insistance sur les inquiétudes que pourraient avoir les participants. Autre précision, il faut noter que tous les entretiens que nous avons menés faisaient suite a un entretien préalable avec le participant, entretien a la suite duquel un rendez-vous était pris pour pouvoir procéder au recueil réel des données. 6.5. DIFFICULTES RENCONTREES L'une des premières difficultés rencontrées a été celle de l'ouverture des participants a notre recherche. S'il a été plus facile pour nous de recueillir les données des participants du groupe des << non décrocheurs >>, la participation du groupe des < décrocheurs > n'a pas été très évidente. Tout portait a croire qu'ils se refusaient, pour la plupart, de réveiller un épisode douloureux de leur développement et probablement une des causes de leur « malheur > actuel. Chez la gente féminine, toutes a l'exception de deux ont décliné « poliment > la demande qui leur était formulée. Même les garanties d'anonymat n'ont pas suffi a les déloger de leur cantonnement. Une autre difficulté, et non des moindres, a été celle de pouvoir nous entretenir profondément avec les << décrocheurs >>. Pour la plupart, ils étaient laconiques dans leurs interventions ce qui nécessitait de nombreuses relances afin d'épuiser la totalité des informations liées a une thématique. Le problème crucial aura été celui de la langue. En effet, nous avons passé deux entretiens en pidgin. Mais la traduction de notre guide d'entretien de même que la retranscription des réponses a ces entretiens nous ont posé d'énormes problèmes quant au synonyme francais des mots utilisés en pidgin. Nous avons, dans le cadre de cette étape de notre recherche, mis au point nos stratégies de recherche a travers la définition de notre population cible, le choix des méthodes et techniques de collecte de données, planification de la démarche de recherche. En accord avec la méthode de recherche que nous avons retenue, celle exploratoire, nous avons procédé a la collecte des données, non sans en avoir organisé rigoureusement au préalable ses différents moments tout en veillant a ce que notre démarche soit conforme a l'éthique de la recherche. Maintenant que nos données sont recueillies, nous nous engageons dans l'organisation, le traitement et l'analyse des résultats issus de cette collecte. C'est ce qui fera l'objet de la troisième partie de notre recherche. TROISIEME PARTIE : RESULTATS L'analyse des données qualitatives Une analyse de données trace un portrait fidèle et, si possible, synthétique des données ; elle identifie et qualifie la nature et la force des relations entre les données et propose des explications pour les résultats obtenus et ce, en fonction des objectifs. Une analyse de données qualitatives comprend généralement trois étapes qui sont :
Chapitre 7 : ANALYSE UNIVARIEE 7.1. ANALYSE DESCRIPTIVE DE LA VARIABLE INDEPENDANTE Cette étape de l'analyse des résultats consiste a présenter une brève description des personnes interrogées (caractéristiques personnelles, raison de leur participation a la recherche, etc. tout en respectant les règles de l'anonymat si requis). Au cours de nos différentes entrevues, 14 personnes se sont ouvertes a nous. Dans un équilibre parfait, nous avons eu autant de << décrocheurs >> que de << non décrocheurs >>. De toutes les personnes participant a cette étude, deux personnes, quand bien même elles ont des racines au quartier, vivent en dehors du quartier. Il a été plus facile de mettre la main sur les << décrocheurs >> que sur << non décrocheurs >> qui, pour la plupart, vivent en dehors du quartier. Très peu de participantes (genre féminin) ont accepté faire partie de cette étude. Le recueil des données de cette étude n'a été possible que les week-ends et essentiellement le dimanche dans des points de rencontre. Avant de passer a l'entretien proprement dit, nous avons procédé a des entrevues question de faire d'abord la purge et ensuite prendre un rendez-vous qui n'était pas toujours honoré surtout lorsqu'il était convenu pour le courant de la semaine. 7.1.1. Caractéristiques des répondants liées a l'âge Les participants a notre étude peuvent être répartis en trois groupes. Le groupe des moins de 30 ans qui est constitué de 4 participants ; celui des personnes dont l'âge est compris entre 30 et 40 ans, constitué de 6 participants ; le groupe des plus de 40 ans constitué de 4 participants. 7.1.2. Caractéristiques des répondants liées a la fratrie et au rang dans la fratrie participants ; fratrie de 4 a 9 individus, 11 participants ; fratrie de plus de 9 individus, un participant. Pour ce qui concerne la répartition des participants en fonction du rang qu'ils occupent au sein de la fratrie, on a distingué : 7 participants qui occupent les premières positions au sein de la fratrie ; 2 participants qui occupent les positions médianes ; 5 participants qui occupent les dernières positions. 7.1.3. Caractéristiques des répondants liées a la maisonnée et a la promiscuité Les répondants a cette étude présentent un profil de maisonnée qui se répartit comme suit : un seul participant fait partie d'une maisonnée constituée de deux personnes ; pour le restant, la maisonnée oscille entre 6 et 14 individus. En outre, cette situation induit inéluctablement une promiscuité de plus en plus présente. 7.1.4. Caractéristiques des répondants liées a leur parcours scolaire au primaire Tous les répondants ont achevé leur cycle primaire avec succès. Mais ils ne l'ont pas achevé dans la même durée. 7.1.5. Caractéristiques des répondants liées a leur parcours scolaire au secondaire Partant du fait que le décrochage scolaire est entendu comme la sortie du système scolaire sans qualification ou diplôme, nous avons 7 répondants qui ont décroché ; 7 autres ont obtenu au moins un diplôme du secondaire. 7.1.6. Caractéristiques des répondants liées a leur statut matrimonial Les participants a cette étude sont pour la plupart encore célibataire (9) même si l'autre frange est résolument engagée dans une relation maritale (2) ou marié (3). 7.1.7. Caractéristiques des répondants liées a leur profession Tous les répondants de moins de 30 ans sont sans emploi parce que sans qualification donc décrocheurs. Ceux de 30 ans et plus, quand bien même leur exercice professionnel n'est pas en rapport direct avec leur formation initiale, ont une occupation réelle qui leur rapporte un certain revenu. 7.1.8. Les durées des entretiens Les 14 entretiens conduits ont mobilisé 499 minutes d'enregistrement. Soit une durée moyenne de 35 minutes par entretien. 7.1.9. Conditions particulières des entretiens liées a la langue Au début de chaque entretien, dans les consignes et suggestions, le répondant avait le choix de la langue de l'entretien. Seulement deux répondants ont opté pour le pidgin. Les 12 autres ont préféré la langue française. 7.1.10. Conditions particulières des entretiens liées au cadre Les répondants a cette étude ont, pour la plupart, été reçu dans le cadre qu'ils choisissaient. En prenant bien sür des précautions pour ne pas être perturbé. C'est ainsi que notre domicile familial a servi de cadre a la plupart des entretiens (7) ; 4 autres se sont déroulés dans le cadre de vie des répondants ; les 3 derniers se sont réalisés dans un point de rencontre des enfants du quartier (un restaurant). 7.1.11. Conditions particulières des entretiens liées au jour Nous avons réalisé l'essentiel de nos entretiens les dimanches. En effet nous passions ces journées a arpenter les rues, a expliquer ce que nous entendons faire et ce que nous attendions éventuellement des potentiels participants. Si certains entretiens se sont déroulés au courant de la semaine, c'est en raison d'un rendez-vous préalablement arrêté et confirmé. 7.2. ANALYSE DESCRIPTIVE DE LA VARIABLE DEPENDANTE 7.2.1. CONDITIONS ET QUALITE DE VIE DE LA FAMILLE DURANT L'ENFANCE Tableau n°2 : REPONSES DES DECROCHEURS REPONSES DES NON DECROCHEURS
PARTICIPANT 1 : Famille a revenu faible ; Enfance pas facile pour des raisons matérielles et promiscuité. Un seul repas quotidien pris en famille ; recevait de l'argent de beignets ; participait a accroItre les revenus de la famille. PARTICIPANT 3 : Famille a revenu moyen. Bonnes conditions matérielles et infrastructurelles. Pas de promiscuité. Trois repas quotidiens pris en famille. Pas d'argent de beignets. Pas de participation aux revenus de la famille. PARTICIPANT 4 : Famille a très faible revenu et très nombreuses pour un espace réduit. Un seul repas le soir pris en famille. Recevait de l'argent de beignets. Participait aux revenus de la famille le week-end. PARTICIPANTE 6 : Famille a revenu moyen. Trois repas par jour, a des heures régulières et en famille. Recevait de l'argent de beignets et ne participait pas aux revenus de la famille. PARTICIPANT 10 : Famille a revenu très faible ; un seul repas par jour pris en famille ; promiscuité ; sans infrastructures ; recevait de l'argent de beignets. PARTICIPANT 12 : Famille a revenu moyen, mais élevé par les grands-parents. Pas de promiscuité. Repas a volonté. Recevait de l'argent de beignet. PARTICIPANT 14 : Famille a revenu moyen de part les géniteurs. A été élevé chez les grandsparents. Trois repas par jour et a des heures irrégulières ; promiscuité. Recevait de l'argent de beignets. Pas de promiscuité et participait sans contrainte aux revenus de la famille Les << décrocheurs >>, eu égard aux conditions et a la qualité de la vie en famille durant l'enfance, ne se distinguent pas des << non décrocheurs >>. En effet, on ne peut pas, a partir de l'histoire de vie des répondants, dégager un trait, relevant des conditions économiques, qui différencie les catégories << décrocheurs >> et << non décrocheurs >>. 7.2.2. PRATIQUES EDUCATIVES PARENTALES ET LANGUES DE COMMUNICATION Tableau n°3 : REPONSES DES DECROCHEURS REPONSES DES NON DECROCHEURS
extremes (permissifs ou autoritaire). Tandis que chez les << non décrocheurs >> le style démocratique semble plus prégnant. En outre, en rapport avec la langue maternelle, et dans une moindre mesure le pidgin, les << décrocheurs >>, notamment ceux de ces dernières années ont perdu de nombreux l'usage de la langue maternelle et pour ce qui concerne le pidgin, ils le parlent de moins en moins dans leurs conversations au quartier. 7.2.3. VIE AU QUARTIER ET SEDENTARITE Tableau n°4 Les deux catégories de participants ont de bonnes relations avec leur voisinage immédiat tout comme avec les personnes de la méme tranche d'age dans le quartier. Cependant, on note
chez les << décrocheurs >> une propension pour la vie en bande et dont le lien verbal est autre chose que l'école. En outre, force est de constater une sédentarité marquée chez les << décrocheurs >> qui n'ont que l'espace du quartier New-Bell qui leur sert modèle comportemental. 7.2.4. VIE SCOLAIRE AU PRIMAIRE Tableau n°5
La vie scolaire au primaire de nos participants est somme toute équilibrée. Chacun a achevé son cycle, avec quelques difficultés certes, mais l'a achevé quand même. Nous avons noté cependant des conduites délinquantes chez les << décrocheurs >> en fin de cycle primaire, conduites liées surtout a l'âge avec lequel ils ont atteint la classe du CM2. Par la même occasion, nous relevons une plus grande mobilité scolaire des décrocheurs que des << non décrocheurs >>. 7.2.5. VIE SCOLAIRE AU SECONDAIRE Tableau n°6 REPONSES DES DECROCHEURS REPONSES DES NON DECROCHEURS PARTICIPANT 2 : N'a pas fait le secondaire juste après le primaire. S'est remis en cours du soir 7 ans plus tard. PARTICIPANT 5 : N'a pas fait le secondaire pourtant le désirait. En tout cas pas pour des raisons financières. PARTICIPANT 7 : N'a pas fait le secondaire parce que déjà délinquant et par refus des parents. PARTICIPANT 8 : Trois établissements ; renvoyé pour indiscipline (nombreuses heures d'absence). Arrêt complet après 7 ans sans succès, sans diplôme. PARTICIPANT 9 : Cinq établissements scolaires. Travail médiocre. Echec scolaire puis décrochage scolaire après 7 années infructueuses. Sans diplôme. PARTICIPANT 11 : N'a pas fait le secondaire parce que déjà délinquant et par absence des parents. PARTICIPANTE 13 : Deux établissements en raison de difficultés relationnelles. Echec scolaire. Arrêt après 8 ans sans diplôme. PARTICIPANT 1 : trois établissements. Scolarité entrecoupée par manque de moyens. Persévérance. Cycle achevé en 10 ans. PARTICIPANT 3 : Deux établissements. Scolarité entrecoupée par manque d'assistance financière des parents qui ont divorcé. Arrête après deux tentatives au probatoire. Titulaire d'un BEPC. PARTICIPANT 4 : Un seul établissement. Cycle achevé en 8 ans. PARTICIPANTE 6 : Cinq établissements pour cause de changement d'orientation et de grève. Persévérance malgré des échecs. Cycle achevé en 10 ans. BAC G2 PARTICIPANT 10 : Cinq établissements pour déménagement des tuteurs et par manque de moyens. Achevé en 8 ans avec un Bac Technique à la clé. PARTICIPANT 12 : Un seul établissement. Arrêt pour incompatibilité avec le football qui s'imposait. CAP. PARTICIPANT 14 : Trois établissements ; élève très brillant. Cycle achevé en 8 ans. Bac D Les << décrocheurs >> ont connu des fortunes diverses quand à la non possession d'un diplôme du secondaire. Pour la plupart, c'est l'échec scolaire qui appelle au découragement et à l'arrêt complet. Or, chez les << non décrocheurs >>, quand il y a abandon scolaire, c'est davantage pour des raisons économiques. 7.2.6. RAISONS DE L'ABANDON SCOLAIRE OU COMMENT NE PAS ABANDONNER Tableau n°7 REPONSES DES DECROCHEURS REPONSES DES NON DECROCHEURS PARTICIPANT 2 : Peur de la bastonnade ; manque de moyens matériels ; défaut d'encadrement ; pénétration du secteur informel PARTICIPANT 5 : Ne sait pas ce qui s'est passé ; contraindre l'enfant et construire un projet de vie pour lui ; l'orienter dans un centre de formation professionnelle PARTICIPANT 7 : Conduites délinquantes ; l'enfant doit vivre hors du quartier PARTICIPANT 8 : Découragement et manque de motivation ; absence d'autorité parentale ; mauvaises fréquentations ; le manque de concentration PARTICIPANT 9 : Situation d'échec scolaire ; absence de projet de vie et inadéquation du projet parental avec la capacité réelle de l'enfant. PARTICIPANT 11 : L'absence de mon père, l'absence de pressions familiales et la surprotection de ma grand-mère ; Se tranquilliser ; Rompre avec les amitiés nocives ; Quitter le quartier. PARTICIPANTE 13 : Ennuis de santé ; difficultés relationnelles ; avoir envie de réussir ; avoir la volonté d'être instruite et connaItre une réussite sociale. PARTICIPANT 1 : Volonté de réussir ; projet de vie ; sens de la responsabilité ; force d'adaptation. PARTICIPANT 3 : Absence de moyens financiers ; Frustrations subies du fait de la séparation des parents ; Le manque d'encadrement familial ; Pénétration du secteur informel PARTICIPANT 4 : Forte présence de la sphère religieuse ; Rupture d'avec l'environnement immédiat qui pollue ; Volonté de rompre avec un échec quasi endémique au sein de la famille ; Volonté de réaliser un projet de vie PARTICIPANTE 6 : Etre endurant ; Avoir de bons modèles ; Vouloir servir d'exemple. PARTICIPANT 10 : Les parents sont dépassés ; il faut se débrouiller. PARTICIPANT 12 : Avoir une éducation religieuse prégnante ; Développer l'esprit de curiosité de l'enfant ; Avoir un projet de vie ; Occuper l'enfant a longueur de temps PARTICIPANT 14 : Avoir un projet de vie ; avoir de bons modèles ; être soutenu par les parents ; avoir une éducation religieuse ; être rigoureux et appliqué. Les raisons du décrochage scolaire sont multiples et variées. Mais, faisant une lecture différente en terme de comment faire pour ne pas décrocher, on arrive a en faire une lecture, toute proportion gardée, cohérente. Le manque de projet de vie des enfants soutenu par les parents et l'implication de ces derniers accompagnée d'une éducation faite de rigueur et d'un zeste du religieux semble recueillir l'assentiment des participants indifféremment des catégories auxquelles ils appartiennent. 7.2.7. ELEMENTS D'INFLUENCE CONDUISANT AU DECROCHAGE SCOLAIRE Tableau n°8 Réponses des décrocheurs Réponses des non décrocheurs PARTICIPANT 2 : Le caractère âpre de la vie ici du fait de l'abandon des pouvoirs publics ; Les attractions et divertissements omniprésents. PARTICIPANT 5 : Les divertissements ; la facilité relative a gagner de l'argent et la contagion comportementale PARTICIPANT 7 : Omniprésence de petites activités génératrices de revenus PARTICIPANT 8 : Laisser-aller dans l'éducation ; la contagion comportementale ; l'absence et le manque d'encadrement des parents ; l'appât du gain ; présence marquée de distractions ; la sédentarité PARTICIPANT 9 : Le système << D >> ; le gain facile d'argent. PARTICIPANT 11 : Quête facile d'argent ; contagion dans les jeux de hasard (<< Mata >>) ; forte colonie étrangère sans culture scolaire. PARTICIPANTE 13 : Omniprésence des activités génératrices de revenus PARTICIPANT 1 : secteur informel et de petites activités génératrices de revenus ; divertissements peu coüteux et ouverts a tous. PARTICIPANT 3 : L'attrait des activités commerciales qui y ont cours PARTICIPANT 4 : Présence de nombreux marchés qui offrent de nombreux petits boulots ; La délinquance qui peut être contagieuse PARTICIPANTE 6 : Des mondanités. PARTICIPANT 10 : laisser-aller qui y a cours ; la contagion de la quête du gain par la communauté étrangère. PARTICIPANT 12 : Situation au coeur de la ville ; les petits métiers ; le vol ; forte densité ; partage de l'espace familial par plusieurs générations d'enfants. PARTICIPANT 14 : Sédentarité et oisiveté ; l'appât du gain ; les divertissements et distractions ; la perte de l'autorité parentale et la démission des parents. Tous les participants pour la plupart identifient l'appât du gain omniprésent au quartier New-Bell et dü principalement au caractère purement commercial de cet environnement. L'appât du gain appelle des sources de dépenses a travers de nombreuses distractions qui font ramer l'éducation des parents et celle des institutions scolaires a contre-courant. L'oisiveté et la fermeture au monde sont tout aussi déterminantes. 7.2.8. COMMENT FAIRE RECULER L'ABANDON SCOLAIRE A NEW-BELL ? Tableau n°9
PARTICIPANT 1 : Réglementer les loisirs ; Mobiliser les parents et les aider à construire un cadre normatif d'ensemble à travers une pratique éducative rigide ; Avoir une maison avec barrière ; faire l'enfant fréquenter loin du domicile ; Subvenir à l'essentiel de ses besoins ; Lui apprendre à se contenter de ce qu'on lui donne. PARTICIPANT 3 : Délocaliser les centres commerciaux de New-Bell ; faire fréquenter les enfants dans les internats ou en dehors de la ville de Douala. PARTICIPANT 4 : Asseoir une spiritualité forte dans l'éducation ; Subvenir aux besoins de la famille ; Occuper les enfants à travers leur projet de vie PARTICIPANTE 6 : Sensibiliser les enfants ; La motivation et le soutien des parents surtout après un échec ; Soutien spirituel ; présenter des modèles incitatifs. PARTICIPANT 10 : Créer des écoles professionnelles ou de métiers ; délocaliser les marchés de New-Bell ; implication plus grande des parents dans l'encadrement des enfants. PARTICIPANT 12 : Faire reculer la pauvreté ; rompre le contact avec le voisinage. PARTICIPANT 14 : Mettre les enfants au contact des réalités autres que celles qu'ils rencontrent dans leur espace ; mettre l'école au centre des priorités de vie des enfants ; rendre l'école obligatoire jusque l'âge de 16 ans avec un accent sur la professionnalisation. PARTICIPANT 2 : New-Bell doit cesser d'être un dépotoir ; faire reculer l'insalubrité et la pauvreté. PARTICIPANT 5 : Eloigner l'enfant du quartier ; le tenir éloigner des divertissements ; définir des normes strictes de vie. PARTICIPANT 7 : Mettre un terme à certaines activités qui déroutent les enfants ; rendre l'école obligatoire jusqu'à un certain âge ; faire reculer la pauvreté ; rompre tout contact avec le voisinage ; maintenir les enfants dans un espace contrôlable. PARTICIPANT 8 : Faire du soutien scolaire ; implication plus grande des parents dans l'éducation des enfants ; orientation de plus en plus professionnelle ; réduction des distractions et des appâts du gain. PARTICIPANT 9 : Faire de New-Bell une zone d'éducation prioritaire ; Faire du soutien scolaire ; éloigner l'enfant du quartier dès le bas âge ; rompre toute relation avec le voisinage. PARTICIPANT 11 : Chasser les étrangers parce qu'ils rendent la vie facile ; interdire les vidéos clubs, les jeux au hasard et toutes les autres distractions qui détournent l'attention des enfants. PARTICIPANTE 13 : Créer des métiers professionnels ; établir des normes strictes à suivre ; inculquer des valeurs morales et subvenir à leur besoin Si on retient de l'avis des participants que la solution pour faire reculer le décrochage scolaire au quartier New-Bell passe nécessairement par le débouchage des goulots d'étranglements identifiés comme facteurs d'influence et conduisant au décrochage. En outre, il y a nécessité de rendre l'école obligatoire et gratuite jusque au moins l'âge de 16 ans pour refréner la prolifération des badauds et autres débrouillards qui, en quête d'argent, finissent par compromettre leurs chances de réussite scolaire. Chapitre 8 : ANALYSE COMPAREE 8.1. CONDITIONS ET QUALITE DE VIE DE LA FAMILLE DURANT L'ENFANCE Tableau n°10 SYNTHESE Il n'y a pas une différence réelle entre les conditions et la qualité de vie de famille des décrocheurs et des non décrocheurs. Les problèmes sont les mêmes. Et l'argent est prégnant à travers << l'argent de beignets >>. Cette synthèse nous interpelle sur le fait que : bien que l'argent, en tant qu'instrument, soit présent dans les pratiques éducatives, émettre une hypothèse sur les conditions et la qualité de vie des familles du quartier New-Bell comme déterminant le décrochage des enfants offre un risque d'être dépourvue de pertinence. Toutefois, nous pouvons relever le fait que très tot l'habitude de l'argent est inculquée aux enfants et peut être un des déterminants de l'orientation précoce vers de petites activités génératrices de revenus et, par conséquent, les << obliger >> à décrocher de leur cursus scolaire. 8.2. PRATIQUES EDUCATIVES PARENTALES ET LANGUES DE COMMUNICATION SYNTHESE Ce qui semble distinguer les décrocheurs et les non décrocheurs tient du fait que l'éducation parentale ne repose pas sur un socle religieux et en plus que les décrocheurs, quand bien même ils parlent leur langue maternelle, ne s'en servent pas en famille. Ce qui peut laisser penser qu'à partir du moment oü la langue maternelle est peu usitée par le décrocheur, un dialogue intime ne s'y déroule pas. Tableau n°11 La synthèse portant sur les pratiques éducatives et les langues de communication nous interpelle a deux niveaux. Dans un premier temps, les pratiques éducatives sont inefficientes dans le quartier New-Bell si elles ne s'entourent pas d'une gaine religieuse ; en outre, les langues maternelles et le pidgin sont en décrépitude ce qui laisse penser que les enfants de ce quartier sont en perte de repères identitaires tant ethnique que communautaire. Nous pouvons donc émettre l'hypothèse selon laquelle l'absence de communication propre au sein de la famille serait une explication du décrochage scolaire des progénitures. 8.3. VIE AU QUARTIER ET SEDENTARITE Tableau n°12 SYNTHESE Ce qui distingue les << décrocheurs >> et les << non décrocheurs >> est le fait les décrocheurs sont plus enracinés dans le quartier qui devient, par conséquent, le seul cadre qui s'offre a eux pour leur développement. Partant de la différence apparente entre les << non décrocheurs >> et les << décrocheurs >>, cette synthèse met en relief la << fermeture au monde >> et l'enracinement profond a l'environnement du quartier New-Bell que connaissent les << décrocheurs >>. Ceci nous conduit a émettre l'hypothèse selon laquelle la sédentarité expliquerait mieux le décrochage scolaire a New-Bell SYNTHESE Il n'y a pas de différence significative entre les << décrocheurs >> et les << non décrocheurs >>. Cependant, on peut constater que les << décrocheurs >> se distinguent des << non décrocheurs >> par un nombre d'établissements fréquentés plus important et le temps mis a achever ce cycle plus long. 8.4. VIE SCOLAIRE AU PRIMAIRE Tableau n°13 Cette synthèse nous amène a émettre l'hypothèse selon laquelle le décrochage scolaire est une conséquence de l'échec scolaire au primaire. 8.5. VIE SCOLAIRE AU SECONDAIRE Tableau n°14 SYNTHESE
Cette synthèse sur la vie scolaire au secondaire nous amène a émettre l'hypothèse selon laquelle l'indiscipline, conséquence de l'échec scolaire, expliquerait l'abandon de la scolarité des enfants de New-Bell. 8.6. RAISONS DE L'ABANDON SCOLAIRE OU COMMENT NE PAS ABANDONNER Tableau n°15 SYNTHESE Chez les << décrocheurs >>, on remarque une profusion de raisons ayant conduit au décrochage. Cependant du côté des << non décrocheurs >>, dans les stratégies permettant de ne pas abandonner, on distingue principalement une volonté de réussir et de se distinguer avec un soutien parental réel a travers un projet de vie. Cette synthèse sur les raisons du décrochage scolaire, nous invite a reconsidérer les stratégies individuelles et familiales comme déterminantes pour la poursuite d'un cursus réussi au quartier New-Bell. Nous émettons donc l'hypothèse selon laquelle, la qualité des stratégies détermine la qualité la réussite scolaire au quartier New-Bell. 8.7. ELEMENTS D'INFLUENCE CONDUISANT AU DECROCHAGE SCOLAIRE Tableau n°16 SYNTHESE De tous éléments jugés comme influençant les enfants et les conduisant au décrochage scolaire reviennent régulièrement << l'appât du gain >> en raison du caractère commercial de cette zone géographique. En outre on y retrouve des divertissements qui représentent un attrait fort pour les enfants. Cette synthèse suggère d'émettre une hypothèse en rapport avec le caractère hautement commercial de l'environnement du quartier New-Bell. Nous pensons donc que le caractère commercial du quartier New-Bell et l'attrait du gain qu'il génère explique le décrochage scolaire des enfants de cet espace. Chapitre 9 : INTERPRETATION DES RESULTATS 9.1. DISCUSSION Bien que la visée de notre étude soit exploratoire, elle n'en diminue pas la portée et, par la même occasion, ne nous autorise pas à éluder la discussion des résultats ainsi obtenus. Nous avons émis un certain nombre d'hypothèses qui se situent en prolongement du fait que l'environnement de manière générale, et celui du quartier New-Bell qui fait l'objet de notre étude, secrète des facteurs qui influencent plus ou moins les individus qui y vivent. Ceci correspond bien à la démarche conceptuelle de Urie Bronfenbrenner dans sa théorie écosystémique qui attire l'attention des uns et des autres sur des dysfonctionnements éventuels provenant de l'interaction des différents systèmes qui entourent l'individu et le conduisent tout au long de son développement. La qualité du développement de l'individu sera donc tributaire de la qualité de gestion des influences intégrées aux différents environnements dans lesquels il se meut. Tout ce ci étant apprécié dans le système de développement ultime de Bronfenbrenner : le chronosystème. 9.2. PERSPECTIVES Cette étude s'est voulu exploratoire parce qu'ayant pour visée de générer des hypothèses pour des recherches à venir. Les hypothèses ont été générées et, il ne reste plus qu'à en vérifier les liens à travers une recherche que nous espérons pouvoir mener. Toutefois, cette recherche justement parce qu'exploratoire est quelque peu réductionniste en ce sens qu'elle n'aspire pas, à partir du caractère réduit de son échantillon, à une portée générale. Cependant, elle a le mérite de poser le problème du décrochage scolaire à partir de l'expérience scolaire, sociale et environnementale de ceux qu'on pourrait qualifier de << natifs >> du quartier New-Bell. En effet, le quartier New-Bell porte de nombreuses spécificités qu'aucune étude, si elle ne s'intéresse pas particulièrement a cet environnement, ne saurait être opératoire dans ses conclusions, du moins en ce qui concerne le quartier New-Bell. Dans le champ de la science, cette étude, qui se situe dans le prolongement de nombreuses autres études de part le monde portant sur le décrochage scolaire, apporte des éléments nouveaux sur l'activité économique du quartier New-Bell comme cause principale et potentiel facteur de décrochage scolaire ; mais aussi le fait que tout environnement qui vit de manière recluse et en vase clos secrète en silence des éléments contre l'éducation qui est faite d'ouverture a l'autre et sur l'autre. CONCLUSION Cette recherche exploratoire sur << Environnement social précaire, Décrochage scolaire et Stratégies de réussite >> avait pour objectifs de déterminer les facteurs qui conduisent au décrochage scolaire dans un environnement aussi difficile a saisir que le quartier New-Bell et, en outre, les stratégies mises sur pied pour s'assurer une réussite scolaire probante par ceux qui vivent dans cet environnement. Nous avons, dans la partie théorique, scruté la situation qui faisait problème en relevant le caractère on ne peut plus social du phénomène du décrochage scolaire et aussi son incidence dans la vie sociale en terme de sous-emploi et dans une moindre mesure de conduites délinquantes y découlant. A travers la revue de la littérature scientifique relative a notre thème de recherche, nous avons recensé les travaux menés a travers le monde sur le phénomène du décrochage scolaire et, sans prendre position, avons présenté les orientations théoriques qui sous-tendent les actions entreprises pour faire reculer le décrochage scolaire. La revue les concepts nous a permis de relever les spécificités de l'environnement New-Bell et notamment la difficulté a faire rentrer ce quartier dans une typologie ; ce qui entraIne, ipso facto, la nécessité de reconsidérer les modèles proposés sous d'autres cieux au moment de les mettre en oeuvre chez et singulièrement le quartier New-Bell qui a fait l'objet de notre étude. Nous avons achevé cette partie de notre travail par la présentation des théories principales et auxiliaires qui sous-tendaient notre recherche, toute ayant comme support théorique fondamental la théorie écosystémique de Urie Bronfenbrenner. Dans la partie méthodologique, après avoir fait un bref rappel de l'objet de notre étude et planifié notre démarche de recherche, nous avons construit notre instrument d'enquête et procédé a l'échantillonnage de notre population d'étude. En dernière partie de notre étude, nous avons présenté et analysé les résultats obtenus a partir des données recueillies. Le but final de notre recherche étant de générer des hypothèses, nous avons produit un nombre important d'hypothèses qui pourront éventuellement servir de balise de süreté a de prochaines études dans l'optique d'apporter une lecture du décrochage scolaire a partir des spécificités environnementales du quartier New-Bell. BIBLIOGRAPHIE Addison, J. T. (1992). Urie Bronfenbrenner. Human Ecology, 20(2), 16-20. Avenel, C. (2007). Sociologie des « quartiers sensibles ». Paris : Armand Colin. Bandura, A. (1977). Social Learning Theory. New York: General Learning Press. Bandura, A. (1994). Self-efficacy. In V. S. Ramachaudran (Ed.), Encyclopedia of human behavior (Vol. 4, pp. 71-81). New York: Academic Press. (Reprinted in H. Friedman [Ed.], Encyclopedia of mental health. San Diego: Academic Press, 1998). Beauchemin, C. & Lemire, V. (1991). L'abandon scolaire : valeur prédictive d'un instrument. Revue Canadienne de l'Education. 16:1. Beaud, M. 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