![](Les-benzodiazepines-chez-les-patients-alcoolodependants--etat-des-lieux--analyse-de-308-presc1.png)
UNIVERSITE D'ANGERS FACULTE DE MEDECINE
MEMOIRE
Pour l'obtention de
L'ATTESTATION DE FORMATION SPECIALISÉE EN
PSYCHIATRIE
LES BENZODIAZEPINES CHEZ LES
PATIENTS ALCOOLODEPENDANTS « ETAT DES LIEUX »
ANALYSE DE 308 PRESCRIPTIONS DE SORTIE AU CENTRE
HOSPITALIER SPECIALISE DU MANS.
Présenté et soutenu le 28 septembre 2009
à ANGERS
Par
Dr Wassim CHEHADE
Directeur : Dr Emmanuelle GRANDIN-GOLDSTEIN
S ommaire
1. LISTE DES SIGLES UTILISÉS 5
2. INTRODUCTION 6
3. HISTORIQUE 7
4. REVUE DE LA LITTÉRATURE : DONNÉES
ÉPIDÉMIOLOGIQUES 8
4.1. L'usage abusif et la dépendance aux BZD :
9
4.2. Les BZD et les troubles psychiatriques
11
4.3. Les BZD et le suicide 12
4.4. Les BZD, alcool et les accidents de la voie
publique 13
4.5. Les BZD et iatrogénie : 14
4.6. Les BZD et alcoolismes 16
5. RAPPEL PHARMACOLOGIQUE 17
5.1. Mécanisme d'action des BZD 17
5.2. Pharmacocinétique 17
5.3. La toxicité et l'interaction BZD-alcool :
18
6. LES BZD EN PSYCHIATRIE 18
6.1. Indications 18
6.2. La durée du traitement 19
6.3. Effets indésirables : 20
6.3.1. La tolérance 20
6.3.2. La dépendance : 21
6.3.3 Effets indésirables et complications
psychiatriques 23
7. LES BZD EN ALCOOLOGIE 25
7. 1. Les Recommandations de sevrage alcoolique
25
7.2. Les Recommandations de sevrage des BZD
27
8. L'ÉTUDE : ANALYSE DE 308 PRESCRIPTIONS de
SORTIE AU CHS DU
MANS 31
8.1. Matériels et Méthodes 31
8.2. Résultats : 33
8.3. Discussion : 36
9. CONCLUSION 39
10.BIBLIOGRAPHIE 40
11.LISTES DES ANNEXES 42
Annexe 1 : Principales benzodiazépines
42
Annexe 2 : DSM IV critère de dépendance a
la substance 42
Annexe 3 : Conduite pratique d'un sevrage avec une BZD
43
Annexe 4 : Les équivalences du diazépam 10
mg 45
Annexe 5 : Les symptômes les plus observés
au cours de sevrage aux BZD 46
Annexe 6 : Autorisation d'utilisation les protocoles de
sevrage des BZD 47
12. RÉSUMÉ 48
1. LISTE DES SIGLES UTILISES
AD : AntiDépresseur
ANAES : Agence Nationale d'Accréditation et
d'Évaluation En Santé (HAS) APA : American Psychiatric
Association
BZD : BenZoDiazépines
CIM-10 : Classification Internationale des
Maladies
DSM-IV : Diagnostic and Statistical Manual GABA : Gamma
Amino Butyrique Acid
HAS : Haute Autorité de santé (anciennement
nommée ANAES)
IRSSs : Inhibiteurs de la Recapture Spécifiques de
Sérotonine
OMS : Organisation Mondiale de la Santé SPA :
Substance PsychoActive
TAG : Trouble Anxieux Généralisé CHS
: Centre hospitalier spécialisé
2. INTRODUCTION
~
n France, le sevrage alcoolique peut se faire en
ambulatoire ou en milieu spécialisé selon des
indications précises et bien codifiées par la
HAS
(conférence de consensus de 19991).
Différents protocoles thérapeutiques de prise en charge sont
proposés (choix des molécules, doses, durée) afin
d'éviter la dépendance croisée, les polyaddictions et la
toxicité du couple BZD et alcool.
Les BZD sont considérées comme
molécules de choix et de première intention1,2 pour
prévenir la survenue de delirium tremens et réduire l`incidence
et la sévérité des différents symptômes du
syndrome de sevrage3 . Malheureusement, le recours à cette
famille de molécule n'est pas anodin et il expose à un haut
risque de mésusage voire d'addiction (si leur consommation est
poursuivie au delà du traitement du sevrage).
En effet, les alcooliques chroniques avec ou sans
comorbidités psychiatriques représentent un terrain propice
à la dépendance aux BZD. Cette conséquence parait
particulièrement évidente lorsqu'on ne veille pas à
limiter la durée de prescription d'où l'idée d'un
schéma de dégression progressive chez des patients sortants d'une
cure réussie de sevrage.
Chez un patient alcoolique, la consommation abusive et
prolongée des BZD peut être favorisée par un certain nombre
de facteurs de comorbidité qu'il faut bien repérer, à
savoir : certains troubles de la
personnalité, les troubles anxieux, les
troubles phobiques, les troubles de l'humeur, et la maladie bipolaire. Le
dépistage de ces facteurs au cours de la cure du sevrage permet
d'éviter des comportements comme l'usage à risque, l'abus ou la
dépendance, et d'éviter l'intoxication voire le
décès. Les prescriptions médicales, non conformes aux
recommandations de bonnes pratiques préconisées dans de
différents protocoles de sevrage, favorisent de façon indirecte
la survenue de telles circonstances redoutables.
La revue de la littérature ne retrouve que peu
d'études et de données épidémiologiques
spécifiques consacrées à l'utilisation des BZD chez les
sujets alcooliques, d'où l'intérêt de cette étude.
Notre enquête propose ainsi un « état des lieux » en
analysant et évaluant les prescriptions des BZD au moment de la sortie
du CHS chez les patients qui ont été hospitalisés pour un
sevrage en boissons alcoolisées. .
3. HISTORIQUE
Au milieu des années 1950, L. Sternbach
4,5, travaillant pour le laboratoire pharmaceutique Hoffmann-La
Roche sur les dérivés de la quinoline en vue de production de
colorants, synthétise par « erreur » la première BZD :
le chlordiazépoxyde. La plupart des molécules obtenues lors de ce
programme de recherche s'étant révélées sans
activité pharmacologique, Sternbach abandonna l'expérimentation
de ces produits.
Cependant, l'un de ses élèves, E. Reader
4 ,5, soumet ces molécules à des tests et découvre des
effets pharmacologiques inattendus. C'est dans ce contexte que L. Randall mit
en évidence, en avril 1957 4,5, leurs
propriétés sédatives, myorelaxantes, anticonvulsivantes et
souligna d'emblée leur bonne tolérance. Un brevet fut
déposé en mai 1958 pour un médicament qui allait devenir
l'un des grands succès commerciaux dans toute l'histoire de l'industrie
pharmaceutique : le Librium4,5.
En 1963, le diazépam (Valium) est apparu comme
une autre BZD intéressante. Dans les années qui suivirent,
d'autres BZD furent commercialisées, qui sont encore prescrites
actuellement : chlorazépate (Tranxène), oxazépam
(Seresta), bromazépam (Lexomil).
4. REVUE DE LA LITTERATURE : DONNEES
EPIDEMIOLOGIQUES
Très peu d'études spécifiques
6,17,,21 ont été consacrées à
l'utilisation des BZD chez le sujet alcoolique. Mais ce thème est
souvent abordé accessoirement dans les études7-21
concernant la polytoxicomanie et ses conséquences. Ainsi, on peut
retrouver quelques données dans les souschapitres de ces études
qui traitent le lien entre les BZD et les accidents de la voie publique, les
BZD et la mortalité par intoxication et les troubles psychiatriques
toxico-induits.
4.1. L'usage abusif et 1a dépendance aux BZD
:
Aux États-Unis2, les BZD
apparaissent dans la liste de 100 médicaments les plus prescrits dont :
alprazolam (Xanax), clonazépam (Rivotril), diazépam (Valium),
lorazépam (Témesta).
D` après le rapport de l'APA paru en 1990
2,6, 11 à 15 % des adultes de la population
générale ont consommé des BZD une ou plusieurs fois dans
l`année précédente et 1 à 2 % en décrivent
un usage quotidien pendant 12 mois ou plus. Dans ce même rapport, il est
souligné que la prévalence de l`usage, de la dépendance et
de l`abus des BZD est élevée dans la population toxicomane et
chez des personnes bénéficiant de la prescription des BZD pour
une indication psychiatrique.
Le rapport de l'Assemblée Nationale
20067 sur l'usage des psychotropes confirme que la dépense
pharmaceutique des français (plus de 30 milliards d'euros en 2004) place
la France au deuxième rang (Tableau 1) après les
États-Unis parmi les pays de l'organisation de coopération et
développement économique. S'agissant plus particulièrement
des médicaments psychotropes, la consommation française est plus
importante que celles des autres pays de l'Union Européenne.
Tab1eau1. Preva1ence annue11e d'usage des medicaments
psych otr opes* dans 6 pays europeens (etude ESEMED
2001-2003).
Pays
|
Prévalence annuelle (%)
|
OR (95
|
% IC)**
|
Allemagne
|
5,9
|
0,8
|
(0,6
|
-1,0)
|
Belgique
|
13,2
|
1,9
|
(1,4
|
-2,6)
|
Espagne
|
15,5
|
2,3
|
(1,9
|
-2,9)
|
France
|
21,4
|
3,0
|
(2,4
|
-3,8)
|
Italie
|
13,7
|
2,0
|
(1,6
|
-2,5)
|
Pays-Bas
|
7,4
|
1,0
|
|
|
*. Antidépresseurs, anxiolytiques
(catégorie incluant également les hypnotiques,
benzodiazépiniques ou apparentés), antipsychotiques et
stabilisateurs de l'humeur.
**. Odds Ratio ajusté sur le sexe, évaluant
la probabilité relative d'usage de psychotrope par rapport au pays de
référence, qui est ici les Pays-Bas.
L'étude française,
réalisée en 20018 sur 4007 sujets, a montré que
la moitié des sujets (49,3 %) déclaraient prendre au moins un
médicament, 11,5 % étaient des usagers actuels de
médicaments « contre l'anxiété, le stress, pour
dormir ou se relaxer », et 7,5 % étaient des usagers actuels de
BZD. La plupart des utilisateurs (86,4 %) prenaient une seule BZD, 12,9 % en
prenaient 2, et 0,7 % 3 simultanément. La durée d'utilisation des
BZD était de plus de 6 mois pour 76,5 % des usagers, de 3 à 6
mois pour 6,9 %, d'une semaine à 3 mois pour 9,6 %, et de moins d'une
semaine pour 2,6 %. Dans la plupart des cas (88,7 %), les BZD utilisées
étaient à demi vie courte (donc a priori avec une durée
d'action brève), pour lesquelles le risque de survenue d'un syndrome de
sevrage est le plus élevé (La probabilité et
l'intensité d'apparition des signes de sevrage est plus fortes pour les
BZD rapidement éliminées -demi-vie courte - ou de
défixation rapide du récepteur GABA.).
Une autre étude multicentrique,
réalisée sous l'égide de l'OMS7 concernant la
consommation des psychotropes en France, a montré que la consommation
des BZD est la plus fréquente (19 %) par rapport aux autres
psychotropes.
4.2. Les BZD et 1es troub1es psychiatriques
D'après une étude
canadienne9, l'automédication par l'alcool et les substances
psychoactives SPA (BZD et drogues) chez les personnes souffrant des troubles
anxieux est fréquemment observée. D'après Robenson
9 18,3 % des patients avec trouble anxieux
généralisé (TAG) utilisaient l'alcool comme anxiolytique
et 15 % avaient une phobie sociale. L'automédication par l'alcool et les
SPA est aussi observée chez les patients qui souffraient d'agoraphobie
et de troubles paniques (14,9 %). Elle est également constatée
dans les TAG (7,4 %). Sur 202 patients, 28,6 % pratiquaient
l'automédication par l'alcool et des anxiolytiques.
Dans son article, Robenson et son équipe
9 proposaient la prise en compte des différents troubles
psychiatriques comme facteur rendant les patients à haut risque d'usage
combiné de l'alcool et SPA (pour faire face aux symptômes
anxieux), mais aussi à haut risque d'une évolution vers le
mésusage (à type d'intoxication ou
dépendance).
En France, d'après Lagnoui 8, 17,7 %
des usagers de BZD ont au moins un trouble de l'humeur ou un trouble anxieux
contre 5,5 % des
usagers BZD sans trouble.
4.3. Les BZD et 1e suicide
La population toxicomane10 présente
un haut risque de suicide par rapport à la population
générale (X 7,8). Le risque relatif d'une intoxication volontaire
à leur propre drogue est multiplié par rapport à la
population générale (4 pour les usagers de cannabis, 6 pour la
population alcoolique, 14 pour les toxicomanes aux opiacés, et 45 pour
les utilisateurs de BZD).
D'après Darke10, 16,9 % des sujets
décédés par suicide avaient un antécédent de
dépendance au SPA et dans 5,8 % des cas avaient une dépendance
à l'alcool.
En faisant des analyses toxicologiques de 1425 sujets
suicidés autrement que par une intoxication médicamenteuse
volontaire, l'équipe de Darke 10 a étudié le
rôle de SPA comme « stimuli » de suicides. Les résultats
ont montré que l'alcool est la SPA « stimulatrice » de suicide
la plus fréquemment retrouvée (43,8 % chez les hommes et 26,9 %
chez les femmes) suivi des psychotropes, dont les BZD (13,2 % chez les hommes
et 23,1 % chez les femmes). Les antidépresseurs sont impliqués
dans 9,9 % des cas chez les hommes et 23,5 % chez les femmes, les
antipsychotiques dans 3,9 % chez les hommes et 10,6 % chez les
femmes.
La plupart des études11 affirment
que l'usage régulier des BZD est associé à un risque
élevé de mortalité. En Angleterre11, 3,8 % des
décès par
intoxication aux SPA sont liés à la prise
seule d'une BZD.
Au total, les SPA sont considérées comme
des produits qui « génèrent » des idéations
suicidaires avec facilitation du passage à l'acte10,11 ,12.
Les SPA les plus fréquemment trouvées sont : l'éthanol et
les BZD12.
4.4. Les BZD, a1c oo1 et 1es accidents de 1a v oie
pub1ique
Lors des accidents de la voie publique, les BZD sont
les médicaments les plus souvent retrouvés avec une
fréquence de positivité dans les analyses toxicologiques variable
selon les pays et le type d'accident13.
En 1997, Berghaus et Grass14, dans une
méta analyse de plus de 500 études expérimentales, ont mis
en évidence une corrélation directe entre les concentrations de
BZD et la diminution des performances des conducteurs.
En 2002, Appenzeller et al15 dans leur
étude sur « La consommation abusive de l'alcool et des drogues chez
les conducteurs », rapportent que sur un échantillon de 210
conducteurs soumis à un dosage d'alcoolémie, 22,8 % ont
consommé de médicaments dont 10,9 % des BZD. Dans cette
étude, les deux classes des médicaments licites psychoactifs les
plus fréquents détectés sont les BZD et les
antidépresseurs (7,6 %). Le diazépam, le nordazepam et l'oxazepam
ont été les sous-groupes les plus retrouvés (8,6
%).
D'après une étude autrichienne
réalisée par Keller et al en 200816, les
résultats des analyses toxicologiques de 1167 prélèvements
sanguins réalisés chez des conducteurs suspects d'être
drogués ont montré qu'un cas sur cinq s'est
révélé positif à la recherche des BZD
(diazépam, flunitrazepam, oxazepam et bromazepam). L'alcool seul a
été retrouvé dans 7 % des cas et dans 23 % des cas il y
avait l'association alcoolpsychotropes.
Une autre étude17,
réalisée au Danemark par le département de médecine
légale entre de 2002 à 2007 sur la clonazepamemie et leur
métabolite, a découvert le clonazepam (Rivotril) dans 297 cas
d'accidents de la circulation, dans 92 cas de violences (victimes ou
agresseurs) et dans 140 cas en post mortem. Parmi 27 examens post mortem avec
une concentration sanguine dépassant les 0,2 mg/kg de clonazepam, on
note 11 cas d'alcoolisme chronique.
4.5. Les BZD et iatrogénie :
La littérature18,19,20 souligne
l'importance du rôle des médecins dans l'information des patients
sur les effets secondaires des BZD. L'étude d'Auchewski18 en
2004 sur « Evaluation de l'information médicale des patients sur
les effets secondaires des BZD » , montre un manquement à ce
principe ; quatre-vingt-cinq pour cent des patients étaient bien
informés sur l'interaction entre les BZD et l'alcool, 46 % sur
l'association entre BZD et
les troubles cognitifs et un très faible
pourcentage (8%) sur la question de la dépendance.
L'étude norvégienne de Winther en
200919, sur la « prescription drug shopping » où le
patient solliciterait la prescription des mêmes médicaments chez
plusieurs médecins ou « le nomadisme médical », a
étudié ce comportement vis-à-vis 3 produits à
potentiel addictif (diazépam, le carisorpodol, codéine) contre 3
produits non addictifs. Les résultats semblent suggérer que la
« prescription drug shopping » est un indicateur de potentiel d'abus
des médicaments psychoactifs. Le repérage de ce comportement
comme facteur de risque serait donc un bon moyen de lutte contre l'abus et
l'addiction aux médicaments. De surcroit, parmi les patients qui ont
consulté beaucoup de médecins (0,5 % ont consulté plus de
5 médecins), ce comportement était plus fréquent pour les
usagers des produits à potentiel addictif.
D'après l'étude de BILL20 et
al sur la « dépendance et l'usage de l'alprazolam », parmi 27
cas d'addiction à l'alprazolam, 19 patients ont obtenu le
médicament sur une ordonnance délivrée par leur psychiatre
et 7 patients sur une autre délivrée par leur médecin
généraliste. Dans 26 cas, on trouve un antécédent
de dépendance à l'alcool. Pour l'auteur, un
antécédent de dépendance à l'alcool est un facteur
favorisant à la dépendance à l'alprazolam.
4.6. Les BZD et a1c oo1ismes
Aux Etats-Unis 6,17, il est estimé
que 80 % des malades alcooliques abusent de BZD. Différentes
études 6 indiquent que 3 à 41 % des sujets alcooliques
dit avoir abusé des BZD à un certain moment de leur vie
généralement pour moduler l'intoxication ou soulager les
symptômes du manque. Jusqu'à 80 % des alcooliques
âgés de moins de 30 ans disent avoir eu une addiction ou
utilisé au moins un produit psychoaffectif autre que
l'alcool.
Dans une étude canadienne21 portant
sur l'usage, l'abus et la dépendance aux anxiolytiques chez 427 malades
alcooliques traités, 40 % des patients ont consommé
récemment des BZD, 20 % avaient abusé ou avaient eu une
dépendance aux anxiolytiques y compris les BZD dans leur vie. Dans cette
même étude, les patients alcooliques ayant une personnalité
antisociale présentaient un risque accru d'avoir des troubles anxieux et
d'avoir un usage nocif des BZD. Les utilisateurs récents de BZD
présentaient plus souvent une détresse psychologique, une
symptomatologie dépressive et de problèmes d'abus de SPA plus
graves que les autres patients et avaient un risque plus important de
développer un trouble anxieux durable. Toujours dans cette même
étude, les patients alcooliques avec des troubles anxieux
présentaient une symptomatologie psychiatrique et une conduite addictive
plus invalidante que chez les autres patients.
5. RAPPEL PHARMACOLOGIQUE
Ce bref rappel pharmacologie va traiter
essentiellement la particularité pharmacologique des BZD en soins
psychiatriques et en addictologie.
5.1. Mécanisme d'action des BZD
L'activité pharmacologique des BZD est
médiée par des récepteurs cellulaires aux BZD. Ces
récepteurs se lient spécifiquement au GABA (neuromédiateur
activateur du système nerveux central) appelé parfois «
hormone du sommeil ». Ils sont concentrés sur le cortex frontal et
occipital, ainsi qu'au niveau du système limbique. Les BZD, en se liant
de façon spécifique à une sous unité de ce
récepteur (GABA-A), activent l'ouverture des canaux chlore ce qui
renforce l'activité inhibitrice du GABA. C'est à la même
sous unité du récepteur GABA-A que se lient l'alcool et aux BZD
considérées comme substitut lors de sevrage alcoolique22,
23.
5.2. Pharmacocinétique
La demi-vie des BZD n'est pas la même pour
toutes les molécules. On distingue les BZD de demi-vie courte (quelques
heures) les BZD à demi-vie longue ou prolongée (atteignant pour
quelques-unes plusieurs jours). (cf. annexe 1). Dans le premier sous-groupe, la
molécule est le plus
souvent utilisée comme hypnotique, dans le second
comme anxiolytique.
En addictologie, les patients consommant des BZD
à demi-vie courte présentent des signes de sevrage plutôt
précoces par opposition aux manifestations retardées lors de la
consommation des BZD à demi-vie longue23.
5.3. La toxicite et 1'interacti on BZD-a1c oo1
:
En l'absence d'autres molécules psychoactives,
les BZD seules ont un risque de toxicité aiguë moindre (risque
notamment de la dépression respiratoire potentiellement grave), mais
souvent les BZD sont utilisées avec d'autres substances psychotropes, de
l'alcool, ou de drogue... dont l'effet toxique vient potentialiser l'effet
neurotoxique des BZD. Cette toxicité reflète l'interaction
synergétique avec les autres « dépresseurs » du
système nerveux centrale comme les antidépresseurs, les
hypnotiques, les neuroleptiques, les anticonvulsivants les antihistaminiques et
l'alcool. Des surdosages fatals et mortels peuvent survenir lors de
combinaisons entre alcool et BZD chez les patients alcooliques avec ou sans
intoxication aux opiacés2,6, 24.
6. LES BZD EN PSYCHIATRIE
6.1. Indications
En psychiatrie, les BZD sont essentiellement prescrites
pour traiter
les troubles émotionnels, anxieux, phobiques,
réactionnels en rapport avec le stress et les manifestations somatiques
notamment cardiovasculaires ou gastro-intestinales d'origines
psychiatriques25.
Elles peuvent être également prescrites
comme traitement adjuvant aux antidépresseurs, au début du
traitement des états dépressifs pour prévenir la
levée précoce de l'inhibition psychomotrice par les
antidépresseurs.
Les BZD sont très largement prescrites devant
de troubles du sommeil, surtout quand ceux-ci sont en rapport avec un
état d'anxiété général. Les BZD sont
considérées comme des hypnotiques
efficaces25.
6.2. La durée du traitement
D'après les recommandations de
l'AFSSAPS27 et devant le potentiel addictif des BZD, quelques
règles de bonnes pratiques sont préconisées :
· Débuter le traitement par la dose minimale
efficace.
· Ne pas dépasser la dose maximale
préconisée.
· La durée du traitement doit être
bien limitée avec réévaluation à chaque
renouvellement du traitement.
· Respecter la durée de prescription qui
doit être aussi brève que possible, notamment :
-- de 8 à 12 semaines dans les troubles anxieux,
réduction de posologie comprise (2 à 4 semaines pour certains
auteurs26).
-- de 2 à 5 jours en cas d'insomnie occasionnelle
et 2 à 3 semaines en cas d'insomnie durable 27,28.
6.3. Effets indésirab1es :
Les effets indésirables d'ordre psychiatrique
sont parfois mal estimés par les prescripteurs. Ils peuvent se
manifester de façon variable d'un patient à un autre et peuvent
se confondre avec le tableau de la maladie psychiatrique initiale rendant
l'adaptation du traitement difficile.
6.3.1. La t o1erance
La tolérance aux substances est un
phénomène qui se développe avec l'usage chronique de
beaucoup de SPA tel que l'alcool, l'héroïne, la morphine et le
cannabis.
La tolérance aux multiples effets des BZD se
développe lors de l'absorption régulière : la dose
prescrite à l'origine produit progressivement moins d'effet et une plus
forte dose est nécessaire pour obtenir à nouveau l'effet
original.
Ce phénomène de tolérance, peut
amener les médecins à augmenter la dose ou à
ajouter une autre BZD, De nombreux patients peuvent ainsi avoir une
prescription de plusieurs BZD'3 .
La tolérance aux effets anxiolytiques se
développe lentement, mais il y a peu d'évidence montrant que les
BZD maintiennent leur efficacité au bout de quelques mois. En fait,
l'absorption à long terme d'une BZD peut
même aggraver les troubles de
l'anxiété. De nombreux patients23 trouvent qu'au fil
des années, les symptômes anxiolytiques augmentent graduellement
malgré la prise régulière. D'autres rapportent
l'apparition de crises de panique et/ou une forme d'agoraphobie pour la
première fois après des années sous
traitement23. Une telle aggravation des symptômes lors de
l'usage sur une longue période d'une BZD est probablement due à
la tolérance aux effets anxiolytiques, expliquant les symptômes de
« sevrage » qui apparaissent même en cas d'utilisation
continuelle du médicament. Cependant, la tolérance semble un
phénomène variable, parfois très subjectif, car certains
consommateurs chroniques déclarent une efficacité continue
après des années de traitement23.
6.3.2. La dépendance :
Une dépendance psychologique et physique (cf.
annexe 2) peut se développer à la suite d'une utilisation
régulière et répétée soit en quelques
semaines ou en quelques mois23.
Les personnes âgées, les gros «
buveurs mondains » ou ceux qui ont des antécédents
d'alcoolodépendance seraient particulièrement exposés au
risque de dépendance physique pour les BZD25.
6.3.2.1. La dépendance a p os o1 ogie
thérapeutique prescrite :
Les individus qui sont devenus dépendants à
doses thérapeutiques de BZD ont habituellement plusieurs des
caractéristiques suivantes29,23 :
1. Ils ont absorbé des BZD prescrites à
doses « thérapeutiques » (généralement faibles)
pendant des mois ou des années.
2. Ils ont éprouvé graduellement « le
besoin » d'absorber des BZD afin de poursuivre des activités
quotidiennes normales.
3. Ils ont continué à absorber des BZD
bien que le but à l'origine de la prescription ait disparu (sevrage
alcoolique, trouble anxieux...).
4. Ils éprouvent de la difficulté à
arrêter l'absorption Des BZD ou d'en réduire le dosage à
cause des symptômes de sevrage.
5. S'ils utilisent une BZD à demi-vie courte,
ils développent des symptômes d'anxiété entre les
doses ou éprouvent une envie pressante pour la dose
suivante.
6. Ils peuvent contacter leur médecin afin
d'obtenir des ordonnances répétées.
7. Ils peuvent devenir anxieux si l'ordonnance
renouvelée n'est pas préparée assez rapidement. Ils
peuvent transporter leurs cachets sur eux tout le temps et prendre une dose
supplémentaire, au besoin, avant un événement troublant
anticipé ou une nuit passée dans un lit
étranger.
8. Ils peuvent avoir augmenté leur dose depuis
leur première ordonnance médicale.
9. Ils peuvent présenter des symptômes
d'anxiété, de panique, d'agoraphobie, d'insomnie et une
augmentation des symptômes
physiques malgré l'absorption continuelle de
BZD.
6.3.2.2. La dépendance a p os o1 ogie
é1evée :
Une minorité de patients, qui ont entamé
un traitement à base de BZD, commence à réclamer des doses
de plus en plus élevées. Au début, ils peuvent persuader
leur médecin d'augmenter le nombre des ordonnances, mais ayant atteint
les limites prescrites, ils peuvent contacter plusieurs médecins ou
hôpitaux afin d'en obtenir une réserve. Parfois, ce groupe associe
l'usage abusif ou la dépendance d'une BZD à la consommation
excessive d'alcool. Les patients qui se rangent dans cette catégorie ont
tendance à être très anxieux, déprimés
6,23,25. Ils peuvent avoir aussi un passé avec un usage
abusif d'un autre sédatif ou d'alcool. Ils n'utilisent pas
spécialement des drogues illégales, mais peuvent obtenir des BZD
dites de 'rues ' si les autres ressources échouent 6,23,25.
6.3.3 Effets indésirab1es et c omp1icati ons
psychiatriques
6.3.3.1. Les Effets stimu1ants parad oxaux
En 1960, Ingram et Timbury30 furent parmi
les premiers à rapporter des réactions de violence chez des
patients traités par Librium. Depuis, ces réactions ont
été abondamment confirmées par de nombreuses
publications6,23,28. Agressions physiques, viols et actes
médicolégaux ont été fréquemment
observés, ainsi que des comportements autoagressifs,
pouvant aller jusqu'au suicide. Selon la méta
analyse de Dietsch et Jennings30, les BZD seraient plus
fréquemment à l'origine d'une augmentation que d'une diminution
de l'agressivité.
La survenue d'une réaction agressive sous BZD
est par ailleurs potentialisée lors d'une association à une
consommation importante d'alcool. L'alcool potentialiserait donc et
prolongerait les impulsions agressives sous BZD. La majorité des
études traitant l'agressivité associée à la prise
de BZD font état de décompensation sous alprazolam
(Xanax).
Selon Ashton, à l'approche du sommeil, les BZD
seraient la cause d'une excitation paradoxale accompagnée d'un
accroissement d'anxiété, d'insomnie, de cauchemars,
d'hallucinations et d'une augmentation de crises chez les
épileptiques23. Ces effets paradoxaux sont plus
fréquents chez les individus anxieux et agressifs, les enfants et les
personnes âgées. Ils sont peut-être dus à la
libération ou à l'inhibition des tendances comportementales
normalement supprimées par les normes sociales 6,23,28.
6.3.3.2. Les dépressi ons et 1es ém oti ons
ém oussées :
L'usage à long terme d'une BZD chez les
alcooliques et les patients dépendants des barbituriques est souvent
déprimant ; cette dépression peut être inaugurale lors
d'une absorption prolongée. Les BZD peuvent à la fois causer ou
aggraver la dépression, possiblement en réduisant la production
cérébrale des neurotransmetteurs tels que la Sérotonine et
la
Norépinéphrine. Cependant,
l'anxiété et la dépression sont souvent associées
et les BZD sont fréquemment prescrites pour traiter
l'anxiété et la dépression en même temps.
Quelquefois, chez de tels patients, les drogues semblent précipiter leur
tendance au suicide. En 1988, le Committee on Safety of Medicines de la
Grande-Bretagne avertit que « les BZD ne doivent pas être
absorbées seules pour traiter la dépression ou
l'anxiété associée à la dépression. Chez de
tels patients, cela pourrait précipiter leur tendance au
suicide»6, 31.
« L'anesthésie émotionnelle »
ou l'inhibition psychoaffective est l'incapacité de ressentir du plaisir
ou de la peine. Elle représente une des plaintes les plus communes chez
les consommateurs d'une BZD sur une longue période. De tels coups
émotionnels sont liés probablement à l'effet inhibiteur
des BZD sur l'activité des centres émotionnels au niveau
du
,28,
système nerveux central 23
31.
7. LES BZD EN ALCOOLOGIE
7. 1. Les Recommandations de sevrage alcoolique
Le sevrage nécessite une prise en charge
médicalisée avec concertation entre différents
intervenants selon les situations : médecins généralistes,
alcoologues, autres spécialistes, équipe hospitalière,
infirmières libérales, travailleurs sociaux, mouvement
d'entraide...32
Sur le plan pharmacologique, les BZD sont
considérées comme les
molécules de choix dans cette
indication1,2. Elles réduisent l'incidence et la
sévérité du syndrome de sevrage, des crises comitiales et
du delirium tremens (cf. annexe 3, 5)32.
Il n'y a pas de raison, sauf cas particulier, de
poursuivre la prescription de BZD au-delà de 7 à 10 jours, et
ceci, pour prévenir les différentes complications des BZD
liés à l'usage prolongé32.
Les BZD à demi vie longue, comme le
Diazépam, sont le plus souvent recommandées parce qu'elles
permettent une bonne couverture même en cas d'oubli d'une
prise32.
L'alcoolodépendant doit être
considéré comme un sujet à risque de dépendance aux
BZD : ceci souligne la nécessité d'une prescription aussi
brève et limitée que possible pour le traitement de
l'anxiété du syndrome de sevrage1.
D'après une revue de la littérature1
,9,21,33, les personnes alcooliques avec une comorbidité
psychiatrique : troubles anxieux, dépression, personnalité
antisociale21, états limites1,
agoraphobie21, trouble panique, anxiété
généralisée et phobie spécifique 9, sont
à haut risque pour avoir une dépendance croisée ou
consommation abusive de BZD1. En effet, il est fortement
recommandé, au cours du sevrage en alcool chez les patients avec l'une
des comorbidités déjà citées, de bien limiter le
traitement par BZD et de les éviter en dehors de tout
sevrage33.
7.2. Les Recommandations de sevrage des BZD
Dans le cas d'une double dépendance à
l'alcool et aux BZD, le
sevrage doit viser l'alcool en premier, ensuite les BZD.
Pour le sevrage en BZD, il peut être proposé 7,23,29 ,32 ,34 de
:
· Établir une relation thérapeutique
stable avec le patient.
· Réduire progressivement la dose de BZD.
Un sevrage brusque ou trop rapide surtout pour les doses élevées
peut provoquer des effets secondaires sévères (convulsions,
réactions psychotiques, états d'anxiété aiguë,
etc.) et peut augmenter le risque de symptômes de sevrage
prolongés29.
· Préférer une BZD à
demi-vie longue telle que le diazépam7, plutôt que
celle à demi-vie courte telle que l'Alprazolam (Xanax) et le
lorazépam (Témesta) avec lesquelles l'apparition des signes de
sevrage est rapide.
· Le recours au diazépam peut se faire
d'un seul coup sous réserve de respecter leur équivalent de
Diazépam (annexe 4). En cas de mauvaise tolérance, le changement
peut être réalisé sur une ou deux semaines. Dans ce cas,
l'introduction du diazépam se fait de façon progressive en
même temps de la dégression progressive de l'autre
BZD34.
· La durée sera adaptée selon le
terrain et l'apparition de signes de
sevrage.
· Prescrire les anxiolytiques non BZD si
anxiété (Atarax, Buspar, Bétabloquants,
Tégrétol, Dépakote, antidépresseurs)
7.
· Possibilité de proposer une
thérapie cognitive et comportementale au cours et
après le sevrage pour soulager les troubles anxieux chez
les patients qui ont une comorbidité psychiatrique pour
éviter une nouvelle prescription des
BZD35.
Plusieurs schémas de dégression sont
décrits dans la littérature 1,23.
D'après la conférence de consensus en
19991, il est recommandé de diminuer la dose
de 25 % par palier de 3 jours. Un autre schéma est proposé par
Ashton 23 (cf. programme 1 et 2 et
annexe 6), il consiste à substituer la BZD en cours par
du diazépam (Valium). Il est divisé en deux parties, la
première partie est un `Switching' progressif par le
diazépam, la deuxième partie où il ne
reste que du diazépam qui va être arrêté
progressivement.
Schéma de l'arrêt du BZD : BZD en cause
=> 1éme étape ? Arrêt progressif
du BZD + Introduction progressive du Diazépam « Switching
» ? 2éme étape : Arrêt progressif du
Diazépam ?.
Programme 1 Sevrage simp1e d'une dose qu otidienne (40
mg) de diazépam (Va1ium).
|
Matin
|
Nuit
|
Dose qu otidienne t ota1e
|
Dose au départ
|
Diazépam 20mg
|
diazépam 20mg
|
40 mg
|
Étape 1 (1-2 semaines)
|
Diazépam 18mg
|
diazépam 20mg
|
38 mg
|
Étape 2 (1-2 semaines)
|
Diazépam 18mg
|
diazépam 18mg
|
36 mg
|
Étape 3 (1-2 semaines)
|
Diazépam 16mg
|
diazépam 18mg
|
34 mg
|
Étape 4 (1-2 semaines)
|
diazépam 16mg
|
diazépam 16mg
|
32 mg
|
Étape 5 (1-2 semaines)
|
diazépam 14mg
|
diazépam 16mg
|
30 mg
|
Étape 6 (1-2 semaines)
|
diazépam 14mg
|
diazépam 14mg
|
28 mg
|
Étape 7 (1-2 semaines)
|
diazépam 12mg
|
diazépam 14mg
|
26 mg
|
Étape 8 (1-2 semaines)
|
diazépam 12mg
|
diazépam 12mg
|
24 mg
|
Étape 9 (1-2 semaines)
|
diazépam 10mg
|
diazépam 12mg
|
22 mg
|
Étape 10 (1-2 semaines)
|
diazépam 10mg
|
diazépam 10mg
|
20 mg
|
Étape 11 (1-2 semaines)
|
Diazépam 8mg
|
diazépam 10mg
|
18 mg
|
Etape 12 (1-2 semaines)
|
Diazépam 8mg
|
Diazépam 8mg
|
16 mg
|
Étape 13 (1-2 semaines)
|
Diazépam 6mg
|
Diazépam 8mg
|
14 mg
|
Étape 14 (1-2 semaines)
|
Diazépam 5mg
|
Diazépam 8mg
|
13 mg
|
Étape 15 (1-2 semaines)
|
Diazépam 4mg
|
Diazépam 8mg
|
12 mg
|
Étape 16 (1-2 semaines)
|
Diazépam 3mg
|
Diazépam 8mg
|
11 mg
|
Étape 17 (1-2 semaines)
|
Diazépam 2mg
|
Diazépam 8mg
|
10 mg
|
Étape 18 (1-2 semaines)
|
Diazépam 1mg
|
Diazépam 8mg
|
9 mg
|
Étape 19 (1-2 semaines)
|
--
|
Diazépam 8mg
|
8 mg
|
Étape 20 (1-2 semaines)
|
--
|
Diazépam 7mg
|
7 mg
|
Étape 21 (1-2 semaines)
|
--
|
Diazépam 6mg
|
6 mg
|
Étape 22 (1-2 semaines)
|
--
|
Diazépam 5mg
|
5 mg
|
Étape 23 (1-2 semaines)
|
--
|
Diazépam 4mg
|
4 mg
|
Étape 24 (1-2 semaines)
|
--
|
Diazépam 3mg
|
3 mg
|
Étape 25 (1-2 semaines)
|
--
|
Diazépam 2mg
|
2 mg
|
Étape 26 (1-2 semaines)
|
--
|
Diazépam 1mg
|
1 mg
|
|
Programme 2. Sevrage d'une dose de 20 mg prise trois
fois par jour d'oxazépam (Séresta) avec une substitution au
diazépam (Valium) (20 mg d'oxazépam représente
approximativement l'équivalent de 10 mg de diazépam)
|
Matin
|
Midi
|
S oir/Nuit
|
D ose équiva1ente de
diazépam
|
Dose au début
|
Oxazépam 20mg
|
Oxazépam 20 mg
|
oxazépam 20 mg
|
30 mg
|
Étape 1 (1 semaine)
|
oxazépam 20mg
|
Oxazépam 20 mg
|
oxazépam 10 mg diazépam 5
mg
|
30 mg
|
Étape 2 (1 semaine)
|
oxazépam 10mg diazépam 5
mg
|
Oxazépam20 mg
|
odxiaazzépépaam
m 15 0 mmgg
|
30 mg
|
Étape 3 (1 semaine)
|
oxazépam 10mg diazépam 5
mg
|
Oxazépam 10mg diazépam 5
mg
|
oxazépam 10 mg diazépam 5
mg
|
30 mg
|
Étape 4 (1-2 semaines)
|
Oxazépam 10 mg diazépam 5
mg
|
Oxazépam 10mg diazépam 5
mg
|
Arrêt oxazépam diazépam 8
mg
|
28 mg
|
Étape 5 (1-2 semaines)
|
Cessez oxazépam diazépam 8
mg
|
Oxazépam 10 mg diazépam 5
mg
|
Diazépam 8 mg
|
26 mg
|
Étape 6 (1-2 semaines)
|
diazépam 8 mg
|
Arrêt oxazépam diazépam 8
mg
|
Diazépam 8 mg
|
24 mg
|
Étape 7 (1-2 semaines)
|
Diazépam 10 mg
|
Diazépam 2 mg
|
diazépam 10 mg
|
22 mg
|
Étape 8 (1-2 semaines)
|
Diazépam 10 mg
|
Cessez diazépam
|
diazépam 10 mg
|
20 mg
|
Étape 9 (1-2 semaines)
|
diazépam 8 mg
|
--
|
diazépam 10 mg
|
18 mg
|
Idem que l'étape 12 du programme 1
|
|
8. L'ÉTUDE : ANALYSE DE 308 PRESCRIPTIONS de
SORTIE AU CHS DU MANS
Notre étude consiste à évaluer
la prescription des BZD à la sortie des patients pris en charge pour
maladie alcoolique au CHS de la SARTHE. En fait, l'objectif est double. Il
s'agit d'évaluer les pratiques professionnelles actuelles et les
comparer aux recommandations nationales et internationales d'une part et de
sensibiliser les prescripteurs à la question de polyconsommation,
d'addiction croisées et à la nécessité d'une prise
en charge décloisonnée.
8.1. Matériels et Méthodes
Cette enquête, réalisée au CHS du
Mans, étudie la fréquence de la prescription des BZD dans les
ordonnances de la sortie de la dernière hospitalisation des patients
alcoolique entre 2001 et 2009.
Les patients inclus doivent porter obligatoirement le
diagnostic de « troubles mentaux et du comportement lié à
l'utilisation d'alcool » (code F10.X selon le CIM10).
La consultation des dossiers a été
effectuée grâce aux identifiants informatisés fournis par
le département d'informatique médicale (DIM)
avec l'accord des chefs de service de chaque
secteur.
Trois cent huit dossiers, correspondant au diagnostic
F10, ont été retrouvés pour 4 secteurs
(les secteurs I, III, VI et VII). Après l'application
des différents critères d'inclusion et d'exclusion (cf.
Tableau 2), le nombre d'ordonnances s'est réduit
à 256.
Tab1eau 2 : Critires d'inc1usi on et d'exc1usi
on.
|
Critéres d'inc1usi on
|
Critéres d'exc1usi on
|
Durée d'h ospita1isati on
|
=15 jours
|
< 15 jours
|
Diagnostic de sortie CIM 10
|
F10.X
|
Pas de F10.X
|
M oda1ité de 1a sortie
|
Avis médical
|
Contre avis
médical, Fugue, Transfert vers
un autre établissement.
|
|
Ordonnance de la dernière
sortie
|
|
|
Dans un premier temps, le contenu de chaque
ordonnance a été analysé, les produits
classés selon les différentes familles : psychotropes
(antidépresseurs, neuroleptiques, thymorégulateurs,
hypnotiques et anxiolytiques), médicaments
addictolytiques (naltrexone/ Revia, acamprosate/Aotal) et
à effet antabuse (disulfirame/Espéral). La
prescription des BZD a été recensée.
Chaque ordonnance avec BZD a été
analysée selon trois éléments :
·
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplome Inter
universitaire Alcool et société- Angers- 2009 33
Le sous-groupe de BZD (Valium, Xanax...)
· La durée de la prescription des BZD,
divisée en trois groupes : = à 2 semaines, 2-4
semaines, = 4 semaines.
· Il est noté si le traitement est «
renouvelable ».
8.2. Résultats :
L'analyse de 256 ordonnances ressort les pourcentages
suivants (Tableau 3) : 61 % (155) de prescriptions
comportaient des antidépresseurs, 16 % (42) des
thymorégulateurs, 40 % (102) des neuroleptiques, 64 %
(164) des hypnotiques, 87 % (224) des BZD, 12 % (30) du
naltrexone, 73 % (68) d'acamprosate et 2 % (5) de
disulfirame.
Tab1eau 3 : Fréquence de 1a prescription des
différentes fami11es thérapeutiques.
Les antidepresseurs
![](Les-benzodiazepines-chez-les-patients-alcoolodependants--etat-des-lieux--analyse-de-308-presc2.png)
39%
61%
Antidépresseurs + Antidépresseurs -
|
Antidépresse
|
BZD
|
Neuroleptiq
|
Thymorégulat
|
Hypnotiq
|
Disulfira
|
Naltrexo
|
Acampros
|
|
urs
|
|
ues
|
eurs
|
ues
|
me
|
ne
|
ate
|
256
|
155
|
224
|
102
|
42
|
164
|
5
|
30
|
68
|
(100
|
(39 %)
|
(87
|
(40 %)
|
(16 %)
|
(64 %)
|
(2 %)
|
(12 %)
|
(27 %)
|
%)
|
|
%)
|
|
|
|
|
|
|
![](Les-benzodiazepines-chez-les-patients-alcoolodependants--etat-des-lieux--analyse-de-308-presc3.png)
13%
87%
Les Benzodiazépines
Les thymorégulateurs
16%
84%
Thymorégu lateur + Thymorégu lateur -
Benzodiazepine + Benzodiazepine -
Les Neuroleptiques
40%
60%
Neuro leptique + Neuro lpetique -
Les hypnotiques
36%
Hypnotiques+ Hypnotiques -
![](Les-benzodiazepines-chez-les-patients-alcoolodependants--etat-des-lieux--analyse-de-308-presc4.png)
Naltrexone
12%
88%
Na ltrexone + Na ltrexone -
Acamprosate
27%
73%
Acamprosate + Acamprosate -
Disulfirame
Disu lfirame + Disu lfirame -
2%
98%
Concernant la répartition entre les
différents sous-groupes de BZD, l'analyse constate : 67 % (152)
d'oxazépam (Séresta), 19 % (42) de diazépam (Valium), 9 %
(21) d'alprazolam (Xanax), 2 % (4) de prazépam (Lysanxia), 1 % (3) de
clonazépam (Rivotril), 1% (1) de clorazépate (Tranxéne), 0
% de lorazépam (Temesta) et 0 % (1) de nordazépam
(Nordaz).
![](Les-benzodiazepines-chez-les-patients-alcoolodependants--etat-des-lieux--analyse-de-308-presc5.png)
Alprazolam 9 %
Diazépam 19 %
Autres 5 %
Oxazépam 67 %
Pour la durée du traitement des BZD : 22 % des
patients bénéficiaient d'une prescription pour une durée
de 2 semaines, 5 % entre 2 à 4 semaines, 56 % pour une durée d'un
mois. 12 % des ordonnances étaient renouvelables. Seulement 5 % des
ordonnances portaient sur une durée limitée ou arrêt
progressif (cf. graphique).
Arr*t progressif
5% < -2semaines
22%
2 a 4 Semaines 5%
Rénouve lab le 12%
Arret progressif < -2semaines 2 a 4 Semaines 4 Semaines
Rénouve lab le
![](Les-benzodiazepines-chez-les-patients-alcoolodependants--etat-des-lieux--analyse-de-308-presc6.png)
![](Les-benzodiazepines-chez-les-patients-alcoolodependants--etat-des-lieux--analyse-de-308-presc7.png)
4 Semaines 56%
8.3. Discussion :
À travers l'analyse des résultats de notre
enquête, on remarque la
présence de trois points qui pourraient favoriser
un usage nocif des BZD chez le sujet alcoolodépendant.
D'abord, on observe un fort recours aux BZD qui
s'élève à 87 %.
La molécule la plus prescrite l'oxazepam (67 %)
est une BZD à demi-vie c ourte (5 à 12 heures).
Le troisième élément concerne la
durée du traitement après la sortie qui est de 4 semaines dans 56
% des cas ce qui correspond à une période minimale de 6 semaines
de consommation de BZD compte tenu des deux semaines de
l'hospitalisation.
Ce n'est que dans un faible pourcentage (5 %) des
ordonnances qu'on a trouvé un protocole d'arrêt progressif. Douze
pour cent notaient la consigne « traitement renouvelable » ce qui
porte la durée à plus de deux mois sans parler des ordonnances
qui ensuite seront reconduites.
Il s'avère important de noter que plus que la
moitié des patients, pris en charge pour la maladie alcoolique, sont
sous traitement antidépresseurs, ce qui reflète la
fréquence des troubles thymiques dans cette catégorie de
patients. D'après la revue de la littérature, les troubles de
l'humeur représentent un facteur de vulnérabilité chez les
alcooliques ayant tendance à une utilisation abusive des anxiolytiques.
L'interprétation de ces troubles de l'humeur est délicate ; en
effet, il est difficile de faire la part des choses entre un trouble de
l'humeur précédant les troubles addictifs et les troubles
thymiques secondaires à l'alcoolisme. Il est même possible de
discuter le
rôle des BZD dans ces troubles thymiques suite
à usage prolongé.
La revue de la littérature 1,7,20,21 montre que
l'antécédent de dépendance à l'alcool
représente un grand facteur favorisant de survenue de plusieurs
complications :
1. Dépendance croisée aux BZD
2. Polytoxicomanie
3. Augmentation de la toxicité d'alcool lors de
son association aux BZD (neurotoxicité et
hépatotoxicité).
4. Troubles psychiatriques dus à la consommation
prolongée des BZD.
5. Effet paradoxal des BZD
6. Rechutes fréquentes à
l'alcool.
7. Coût économique élevé
(Coût de BZD et coût des hospitalisations)
Les alcooliques avec ou sans comorbidité
psychiatrique manifestent fréquemment des symptômes d'angoisse
sans pouvoir faire la distinction entre l'anxiété due au syndrome
de manque d'alcool et les problèmes psychiatriques d'où
l'importance de bien évaluer l'origine des troubles anxieux et d'essayer
de prescrire des anxiolytiques non BZD comme les IRS, IRSNA, Buspar, Atarax et
les bêtabloquants* avec un recours aux différentes
techniques psychothérapeutiques pour lutter contre cette
anxiété.
9. CONCLUSION
Notre étude constate un certain écart
entre les pratiques thérapeutiques courantes au CHS et les
recommandations de la littérature.
Du fait de la multiplicité de facteurs de
prédisposition et d'aggravation de complications éventuelles
tributaires du mésusage des BZD chez les patients alcooliques sortants
d'un sevrage institutionnel, nous devons insister sur le dépistage
systématique de ces facteurs de risque devant toute prescription de
BZD.
Nous invitons les prescripteurs à éviter
au maximum le recours aux BZD au décours d'un sevrage et de favoriser
les autres attitudes thérapeutiques cognitives et comportementales (et
autres approches thérapeutiques) et les anxiolytiques non
BZD.
Dans le cas échéant, il faudra limiter
la durée de traitement et de consigner un arrêt progressif du
traitement.
Une prise en charge globale et multidisciplinaire des
patients alcooliques en psychiatrie reste primordiale en particulier, le
contact direct entre médecin psychiatre et médecin
traitant.
* Avec précaution dans cette
indication.
10. BIBLIOGRAPHIE
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objectifs, indications et modalités du sevrage du patient
alcoolodépendant ; 17 mars 1999.
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12. LISTE DES ANNEXES
ANNEXE 1
L'usage le plus fréquent :
o H = Hypnotique.
o A = Anxiolytique.
o M = Myorelaxant.
o Ac = Anticonvulsivant. Principales
benzodiazépines
M o1ecu1e Specialites Demi-vie Usage
Alprazolam Xanax® 6-12 h A
Bromazépam Lexomil® 10-20 h
A
Chlordiazépoxide Librax® 36-200 h
(Antispasmodique) + A
Clobazam Urbanyl® 8 h A
Clonazépam Rivotril® 18-50 h
Ac
Clotiazépam Clozan® 4 h
A
Clorazépate Tranxène®
36-100 h A
Diazépam Valium® 36-200 h
A
Estazolam Nuctalon® 10-24 h H
Flunitrazépam Rohypnol® 36-200 h
H Loprazolam Havlane® 8-9 h H
Lorazépam Temesta® 10-20 h
A Lormétazépam Noctamide® 10-12 h
H Midazolam Hypnovel® - 2-6 h H
Nordazépam Nordaz® 50-120h
A
Oxazépam Seresta® 4-15 h
A
Prazépam Lysanxia® 36-200 h
A
Témazépam Normison® 8-22 h
H
Tétrazépam Myolastan® 3-26
h M
Triazolam Halcion® 2 h H
ANNEXE 2
DSM IV CRITERE DE DEPENDANCE A LA SUBSTANCE
Le DSM-IV présente la dépendance comme un
mode d'utilisation
inapproprié d'un produit entraînant des
signes physiques et psychiques. Elle se manifeste par l'apparition d'au moins
trois des signes ci-après sur une période d'un an.
· Une tolérance (ou accoutumance) qui se
traduit soit par une augmentation des doses pour un effet similaire, soit par
un effet nettement diminué si les doses sont maintenues à leur
état initial .
· un syndrome de sevrage en cas d'arrêt ou
une prise du produit pour éviter un syndrome de sevrage .
· une incapacité à gérer sa
propre consommation, l'usager consomme plus longtemps ou plus qu'il ne le
voulait .
· des efforts infructueux pour contrôler la
consommation .
· un temps de plus en plus important est
consacré à la recherche du produit .
· les activités sociales, culturelles ou de
loisir sont abandonnées en raison de l'importance que prend le
produit dans la vie quotidienne .
· une poursuite de la consommation malgré la
conscience des problèmes qu'elle engendre .
Tolérance et sevrage constituent la
dépendance physique, et ne recouvrent que deux critères sur 7. Il
est donc possible d'être dépendant au sens du DSM sans avoir
développé de tolérance physique.
ANNEXE 3
CONDUITE PRATIQUE D'UN SEVRAGE AVEC UNE BZD1 :
La voie orale doit être
préférentiellement utilisée. La voie parentérale
est réservée aux formes sévères mais impose des
conditions de soins attentifs (risque de défaillance
cardiorespiratoire). Trois schémas de prescription sont possibles
:
1. La prescription de doses fixes réparties sur
24 heures : diazépam un comprimé à 10 mg toutes les 6
heures pendant un à trois jours puis réduction en quatre à
sept jours et arrêt, ou 6 comprimés à 10 mg de
diazépam le premier jour et diminution d'un
comprimé par jour
jusqu'à arrêt ; cette stratégie est
recommandée en ambulatoire,
2. La prescription personnalisée guidée
par une échelle d'évaluation de la sévérité
des symptômes nécessitant l'intervention régulière
de l'équipe soignante. Elle permet de réduire significativement
la dose nécessaire et la durée du traitement en gardant la
même efficacité,
3. L'utilisation d'une dose de charge orale d'une BZD
à demi-vie longue : 20 mg de diazépam toutes les heures ou toutes
les deux heures jusqu'à sédation et arrêt dès le
premier jour. L'élimination progressive de la molécule permet une
couverture prolongée sans risque d'accumulation.
D'autres BZD que le diazépam peuvent être
utilisées avec une efficacité analogue : il est estimé que
10 mg de diazépam équivalent à 30 mg d'oxazépam, 2
mg de lorazépam, 1 mg d'alprazolam, et 15 mg de chlorazépate. La
prescription de BZD au-delà d'une semaine ne se justifie qu'en cas de
dépendance aux BZD associée à la dépendance
alcoolique.
RECOMMANDATIONS1 :
· La prescription médicamenteuse ne doit pas
occulter l'importance fondamentale de la prise en charge psychologique et
sociale.
· Les mouvements d'entraide doivent être
impliqués dès le temps du sevrage.
· Les BZD sont les médicaments de
première intention du traitement préventif du syndrome de
sevrage.
· La durée du traitement par BZD, prescrites
à doses dégressives, ne doit pas excéder 7 jours sauf
complication.
· La prescription personnalisée est à
développer. Elle peut être aidée
par l'usage des échelles d'évaluation de
la sévérité des symptômes, à valider en
français.
· L'hydratation doit être orale chez le
malade conscient.
· La thiamine (Vitamine B1) doit être
prescrite systématiquement de façon préventive (par voie
parentérale en cas de signes cliniques de carence).
ANNEXE 4
Les equiva1ences du diazepam 10 mg :
Il est estimé que 10 mg de diazépam
équivalent à 30 mg d'oxazépam, 2 mg de lorazépam, 1
mg d'alprazolam, et 15 mg de chlorazépate1.
Les équivalences du diazépam 10 mg sont les
suivantes 27 :
|
Alprazolam 0,5 - 1 mg
|
bromazépam 4,5 - 9 mg
|
Brotizolam 0,25 - 0,5 mg
|
clobazam 10 - 30 mg
|
Clonazépam 2 mg
|
clorazépate 10 - 30 mg
|
clotiazépam 5 - 10 mg
|
cloxazolam 1 - 2 mg
|
Flunitrazépam 0,5 - 2 mg
|
Flurazépam 15 - 60 mg
|
Kétazolam 15 -75 mg
|
loflazépate d'éthyle 1 - 3 mg
|
Loprazolam 0,5 - 2 mg
|
Lorazépam 2 - 8 mg
|
Lormétazépam 1 - 2 mg
|
Midazolam 7,5 - 15 mg
|
Nitrazépam 5 - 10 mg
|
nordazépam 2,5 - 10 mg
|
Oxazépam 15 - 100 mg
|
prazépam 30 - 60 mg
|
Témazépam 15 - 60 mg
|
tétrazépam 25 - 100 mg
|
Triazolam 0,25 - 0,50 mg
|
|
ANNEXE 5
Les symptames 1es p1us observés au c ours de
sevrage aux benzodiazépines 35 :
Anxiété
|
Irritabilité
|
Insomnie
|
Fatigue
|
Céphalée
|
Myalgies
|
Trémulation, tremblement
|
Transpiration
|
Vertige
|
Trouble de la concentration
|
nausée, perte de l'appétit*
|
Dépression modérée
|
Dépersonnalisation,
déréalisation*
|
Augmentation de la perception sensorielle
|
Perception anormale ou sensation des
mouvements
|
* des Symptômes qui représentent un vrai
sevrage, plutôt qu'une exacerbation or rechute de l'anxiété
initiale.
|
|