CHAPITRE.I. CADRE THEORIQUE DU TRAVAIL.
1. PROBLEMATIQUE.
A l'échelle mondiale, 2.5 milliards de personnes
utilisent des combustibles biomasses (bois, charbon de bois, déjections
animales et résidus agricoles) pour la cuisson. Le bilan
énergétique des pays de l'Afrique subsaharienne reste
dominé par le biomasse qui compte pour plus des 3/4 de l'énergie
consommé, malgré le fait que l'Afrique dispose respectivement de
7.6% des réserves mondiales de pétrole brut, 6.7% de gaz naturel
et de 6% de charbon (MALDAGUE, 2001). Plus de 2.5 millions d'hectares sont
défrichés chaque année sur le continent et on observe des
graves pénuries de bois de chauffe dans de nombreux pays d'Afrique. En
milieu rural africain, l'énergie de cuisson pose d'énorme
difficulté sur le plan quantitatif suite à la régression
de la forêt et de savane boisée. Les ménages ruraux
dépendent de l'énergie de biomasse (bois, déchets
agricoles et quelques fois du charbon de bois) à cause de faible
desserte en énergie électrique. Le besoin annuel en bois de
chauffe pour la population de savane varie entre 0.5 à 1.2 m3
par personne (DUPRIEZ, 1993).
La déforestation est l'un des grands problèmes
en RDC. La forêt équatoriale est actuellement exploitée
à outrance par les entreprises forestières. La pression sur la
forêt est telle que certaine province du 1pays sont
très dépourvus en produit ligneux pour satisfaire le besoin en
énergie de cuisson d'une part et d'autre part pour des bois de
construction et de bois d'oeuvre.
La ville de Lubumbashi était, avant sa fondation en
1910, couvert par la forêt claire (Miombo) mélangé aux
lambeaux résiduels de la forêt dense sèche et aux
îlots de la forêt galerie. Actuellement plus de 80% de ces
forêts ont disparu. Le même constat est observé autours de
la ville de Kinshasa qui était couvert de la végétation
arbustive dense mais actuellement en disparition (ASSANI, 2007).
Même de forêts jadis naturelles sont en
dégradation importante (la pression est actuellement forte sur la
forêt du massif d'Itombwe et la réserve forestière de mont
Kabobo, la forêt de Nyamusisi à Idjwi, la savane arborée de
la plaine de la Ruzizi, etc.). Durant les dernières guerres successives
qui ont eu lieu à l'Est du pays, la plupart de toutes les
dernières forêts ont été l'objet des
déboisements massifs suite à la forte demande en bois de chauffe
et de construction des abris pour les camps des réfugiés et pour
la population de la Plaine de la Ruzizi.
Le feu de brousse et le surpâturage ont aussi
contribué à ce déboisement car ils ont modifié
la végétation, seules les plantes pyrophiles ont
résisté à cette pression entropique. Les
activités économiques de forte consommation de bois ont
prospéré dans la plaine de la Ruzizi, surtout les
1 Les plantes pyrophiles sont celle, année en
année, résistent aux passages réguliers du feu.
briqueteries qui créent des emplois pendant la saison
sèche auprès de bon nombre des ménages pauvres, ont des
conséquences environnementales dramatiques, surtout
l'accélération du déboisement et le recul de la
biodiversité locale.
Au sujet de reboisement, la collectivité de la plaine
de la Ruzizi est située totalement dans la plaine de la Ruzizi. Elle est
la partie du territoire d'Uvira où le déboisement est tellement
prononcé. Depuis l'époque coloniale, la plaine de la Ruzizi a
attirée beaucoup d'attention sur le plan du reboisement et en 1989, le
projet de reboisement de l'église CEPAC a été le plus
grand des projets de reboisement jamais réalisé dans le
territoire d'Uvira.
L'eucalyptus est l'espèce la plus reboisée dans
la collectivité plaine de la Ruzizi. Cette espèce est beaucoup
préférée pour des raisons de rentabilité
économique. Elle génère de recette aux ménages
planteurs chaque année. Cependant, sur le plan international,
l'eucalyptus n'est pas une essence recommandée en agroforesterie et dans
des terres à extension agricole car cette essence contribue à la
dégradation de sol, malheureusement il occupe une grande partie dans le
reboisement de la plaine de la Ruzizi. Dans les 66 hectares reboisés en
2009 (Rapport annuel de collectivité de la plaine de la Ruzizi, 2009)
plus de 80% d'espèces sont des eucalyptus.
Selon BEAU, la déforestation annuelle causée par
l'agriculture sur brûlis était estimée à 350
Km2/an, tandis que celle de la recherche de bois de feu était
estimée de 300 km2/an dans le Kivu (BEAU, 1991).
Par ailleurs la pauvreté est aussi un autre facteur
clé dans la destruction de forêt. La province du
SudKivu est l'une de trois provinces les plus pauvres de la RDC avec un taux de
pauvreté de 84.7% et une incidence de la pauvreté plus forte que
la moyenne nationale (71.3%). Compte tenu son poids démographique, le
Sud-Kivu rassemble 8.5% des pauvres de la RDC (PNUD, 2009). En RDC, la part des
combustibles traditionnels était, en 1980, de 80%, en 1995, de 91%. Le
déboisement est enregistré dans les environs de la ville-province
de Kinshasa et dans d'autres grandes villes et milieux ruraux du pays. Alors
que la potentialité de du réseau hydroélectrique du pays
est d'une capacité de production de 100000 Méga watts de
puissance (EED, 2008), le taux de desserte en énergie électrique
est très faible, estimé à 6% (Eclair, 2006). Une grande
disparité est constatée entre le milieu urbain (35%) et rural
(1%) (EGL, 2008).
Pour la province du Sud-Kivu, la disparition de la formation
arbustive n'est plus à demander. On observe dans tous les territoires le
recul sans cesse croissant des arbres. D'ailleurs, depuis 1995, le
déficit en énergie électrique à commencer à
s'imposer comme problème au Sud-Kivu, surtout dans des centres villes
électrifiés (Cité d'Uvira, ville de Bukavu et ses
environs), et dès lors la demande en
charbon de bois s'est petit à petit implanté
comme filière économiquement rentable en milieu urbain ou il y en
avait déjà de forte concentration de la population suite à
des causes multiples, entre autre l'exode rural. Comme les populations rurales
au Sud-Kivu n'ont pas accès à l'énergie électrique
et le taux de desserte est estimé à moins de 4%, le bois est la
principale source d'énergie de cuisson (IBN, 2007).
C'est ainsi que la crise énergétique dans la
sous région du grands lacs, principalement du courant électrique,
dans les centres urbains, en l'occurrence la cité d'Uvira,
l'inefficacité énergétique et la démographie
galopante, contribue à l'augmentation de la demande de bois-energie en
provenance des milieux ruraux comme la plaine de la Ruzizi. Cela a
créé le marché de charbon de bois dans le territoire
d'Uvira, combustible utilisé dans le milieu urbain.
C'est d'ailleurs un des éléments qui contribue
au déboisement de la plaine de la Ruzizi en général et en
particulier du collectivité de la plaine de la Ruzizi car cette
activité génère de recette rapide plus que l'agriculture
et contribue à l'abattage des arbres. En plus, on remarque que la coupe
des arbres pour la fabrication et vente de charbon de bois est une
activité de soudure, effectuée pendant la saison sèche
à septembre, au début de la saison de pluie).
Cependant, le mode de gestion des sites arborés est un
facteur crucial de l'exploitation des arbres spontanés en
majorité des essences utilisées comme combustibles par les
habitants de la vallée de la Ruzizi. La perte des essences ligneuses, en
particulier les arbres, risquerait de conduire la plaine de la Ruzizi dans un
état environnemental alarmant, avec impacts négatifs sur la
sécurité alimentaire dans cette zone agricole. L'idée est
de prévenir cette action anthropique :
* En évaluant les déterminants d'exploitation des
essences indigènes,
* En quantifiant la consommation des bois par les ménages
ainsi que celle de fabricants de braises.
* En calculant la densité et la similarité des
essences indigènes dans de sites potentiels afin de mesurer l'impact ou
la pression sur les essences ligneuses indigènes de la plaine de la
Ruzizi utilisées comme source d'énergie.
Pour ce faire, quelques questions mériteraient des
réponses afin de comprendre la situation dans la gestion communautaire
des ressources naturelles :
- Pour quoi les espèces indigènes sont-elles les
plus exploitées dans la bioénergie ?
- Quelle est la densité et la similarité des
essences indigènes dans la plaine de la Ruzizi?
- Existe-t-il d'autres sources d'énergie
alternatives exploitées ou exploitables par les ménages pour
épargner les bosquets xérophiles?
Ce travail tente de répondre à ces questions de
recherche afin de proposer une approche de gestion durable de ressources
naturelles dans le cadre de la gouvernance des ressources naturelles par les
communautés.
2. Hypothèses de travail
Au vu de cette problématique, trois hypothèses
suivantes méritent d'être vérifiées :
1. La disponibilité et l'accès libre de collecte
des essences indigènes seraient à la base de la diminution de
leur population dans la plaine de la Ruzizi,
2. Le mode de gestion des parcs arborés (le statut des
arbres spontanés) pour des raisons économiques et
énergétiques serait à la base de la régression des
essences indigènes dans la collectivité chefferie de la plaine de
la Ruzizi.
3. Le manque d'alternatif en source d'énergie non ligneux
serait le facteur de la surexploitation des essences indigènes dans la
plaine de la Ruzizi.
3. Objectifs de travail. 3.1. Objectif
général
Contribuer à la promotion de la gestion communautaire des
essences indigènes ligneuses pour la conservation durable de
l'environnement dans la plaine de la Ruzizi.
3.2. Objectifs spécifiques :
- Déceler les déterminants de l'exploitation des
essences indigènes,
- Estimer la consommation par ménage des bois de chauffe
issu des essences arborées indigènes et la production des
charbons de bois par rapport à la densité de ces essences.
- Proposer une approche de gestion communautaire durable des
essences indigène utilisées comme combustible dans la
collectivité plaine de la Ruzizi.
3. JUSTIFICATION DE LA RECHERCHE.
Ce travail relève de l'économie environnementale
liant la pauvreté rurale et l'environnement. C'est une étude
complémentaire aux autres études menées dans la plaine de
la Ruzizi en rapport avec le problème du déboisement.
Il s'attèle sur la gestion communautaire des essences
indigènes (essences spontanées) de la plaine de la Ruzizi
utilisée comme source d'énergie de cuisson.
4. DELIMITATION TEMPORELLE ET SPATIALE DU
SUJET.
4.1. Délimitation temporelle du
sujet:
Cette étude est rétrospective et descriptive et
tient compte de la période de 1980 à 2010. Cette période
nous paraît importante pour des raisons suivantes :
- l'environnement de la plaine n'était pas très
perturbé car la démographie n'était pas importante et les
activités agricoles étaient concentrés dans les paysannats
dans plaine de Ruzizi (Luberizi) des années d'avant
l'indépendante.
- Il n'y avait pas encore la présence des
réfugiés qui ont contribué sensiblement au
déboisement de la plaine de la Ruzizi à partir de 1993 à
1994 et les guerres successives de 1996 et 1998.
Ainsi donc, les personnes qui ont vécu dans la
collectivité de la plaine de la Ruzizi avant ces
événements pouvaient donner le vrai témoignage de la
végétation arborescente de la plaine, surtout en rapport des
essences utilisées comme combustibles.
4.2. Délimitation spatiale du sujet:
Le milieu d'étude est la collectivité plaine de
la Ruzizi dans la plaine de la Ruzizi en territoire d'Uvira. La raison de
travailler dans cette zone est liée aux problèmes cruciaux de
déboisement et de feu dévastateur, entravant la gestion durable
des ressources naturelles dans ce site écologique.
Le travail s'est effectué dans quatre groupements
notamment celui de Kabunambo, Luberizi, Kagando et de Kakamba afin de faire une
analyse comparative.
5. DEFINITION DES CONCEPTS CLES.
1. Capital arboré : C'est l'ensemble
des plantes ligneuses présentes sur un terroir, qu'elles soient
disposées en forêts, en parcs, en fourrés, en haie ou de
façon disséminée, qu'elles aient été
plantées ou qu'elles aient poussées spontanément.
Cette expression est utilisée pour désigner un
ensemble productif plus qu'un arbre pris individuellement. Cet ensemble
productif évolue sous l'impulsion de divers facteurs climatique et
biotique et des comportements de l'homme (Hugues D, 2003).
2. Forêt : Large étendue d'un
terrain impénétrable occupé principalement par de grands
arbres et par des arbustes, des arbrisseaux et diverses plantes qui a
évolué sans aucune intervention humaine. C'est une formation
naturelle ou artificielle de diverses espèces (Code forestier, 2002).
Selon le
dictionnaire Encarta 2009, large étendue de terrain
occupée principalement par de grands arbres et par des arbustes, des
arbrisseaux et diverses plantes.2
3. Boisement : C'est une formation artificielle
d'arbre plantée (Hugues, D, 2003).
4. Bosquet :
Une petite superficie de forêt naturelle perdue au milieu
de vastes terres agricoles ou des habitations. Sa taille est inférieure
à 5 hectares (BALAGIZI, I, 2003 et Encarta® 2009).
5 Espèces pyrophiles :
C'est l'ensemble des espèces qui, d'année en
année, résistent aux passages réguliers du feu. Il s'agit
d'espèces dont les bourgeons actifs sont bien protégés
(par exemple au milieu d'une touffe), dont l'écorce est épaisse
et difficile à brûler, dont les racines rejettent facilement, ou
dont les graines en coque peuvent résister aux fortes chaleurs (Hugues,
D, 2003).
6. Espèce indigènes :
C'est des espèces non introduites qui poussent sans une
intervention humaine. Il est l'opposé des espèces exotiques
(Hugues, D, 2003).
7. Agro biodiversité ou biodiversité
agricole :
Selon la convention sur la diversité biologique des
Nations Unies, elle désigne la variété et la
variabilité des espèces animales et végétales et
des microorganismes qui servent directement ou indirectement à
l'alimentation et à l'agriculture (plantes cultivées,
bétail, foresterie, pêche,). Elle comprend la diversité des
ressources génétiques (variétés, obtentions, etc.)
et des espèces utilisées comme nourriture, combustible ou
fourrage, pour leurs fibres ou la fabrication des produits pharmaceutiques.
7. CADRE GEOGRAPHIQUE DU MILIEU D'ETUDE
6.1. DELIMITATION GEOGRAPHIQUE
La collectivité plaine de la Ruzizi est comprise entre
3°13'18.4»Latitude Sud et 29°9'55.4» Longitude Est au Sud
avec une altitude de 836 m. Limité Nord est comprise entre
02°51'59.1» latitude Sud et 29°02'11.0» longitude Est ( au
niveau du pont Luvubu). La limite naturelle est la rivière Luvubu, au
Sud par la collectivité de Bavira et à l'Ouest par la
chaîne de Mitumba, le ravin Mbisi, la cité de Sange au Sud-Ouest
et la collectivité de Bafulero, et à l'Est par la rivière
Ruzizi, qui est aussi la frontière naturelle avec le Burundi dans sa
partie communément appelée la plaine d'Imbo.
2 Microsoft® Encarta® 2009. (c) 1993-2008
Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
![](Analyse-des-determinants-de-lexploitation-des-essences-indigenes-ligneuses-utilisees-comme-com3.png)
N
Dans sa définition éco-
géographique, la plaine de la
Ruzizi est un écotone du Lac Tanganyika
et chaines de montagnes des Mitumba , s'étendant sur
une superficie de 300 Km2 avec des altitudes
variant entre 773 mètres et 1000 mètres; soient 300 000
hectares dont 175 000 hectares pour le Burundi, 80 000 he
(NZIGIDAHERA, 2003).
![](Analyse-des-determinants-de-lexploitation-des-essences-indigenes-ligneuses-utilisees-comme-com4.png)
ctares pour la RDC et 45 000 hectares pour le
Rwanda
Sur le plan administratif, la collectivité plaine
de la Ruzizi a été créée par l'arrêté
royal n°109 de la
rundi, appellation donnée colonie du 04 octobre
1928. Auparavant elle était appelée chefferie de Ba
par les Belges car elle était occupée
par les éleveurs burundais. C'est après l'indépendance en
1960 qu'elle a changé le nom pour devenir la
collectivité plaine de la Ruzizi avec quatre groupements. Ces
groupements sont : Kabunam
bo avec 23 villages, Kagando avec 9 villages, Kabamba
avec 8 villages et Luberizi avec 8 villages. Avant le
découpage de 1986, la collectivité de la plaine de la
Ruzizi
ui a pris ces deux arrivait jusqu'à Kavinvira et
Kilomoni, mais avec la création de la cité d'Uvira qui
l
villages et celle de Sange qui lui a aussi pris les
villages de Nyakabere I & II, de Rurabira, de Rutenga,
Kajembo (ces villages faisaient partie du groupement de Kabunambo).
6.3. SITUATION CLIMATIQUE3
La plaine de la Ruzizi offre un climat semi-aride. Selon la
classification climatique de Köppen Wladimir, les entités comme
Lubarika, Uvira, Kiliba, Luberizi sont dans la zone tropicale de basse altitude
Aw1-3, altitude ne dépassant pas 1000 m. La pluviosité annuelle
atteint 1600 mm, la température moyenne est de 24°C. Une
période sèche s'étend de Mai à Octobre, pendant
laquelle les populations se livrent intensément aux feux de brousses. La
période pluvieuse s'étend de novembre à mai. La
vallée de la Ruzizi a une cote udométrique de l'ordre de 800
à 950mm et de 1.000 à 1200 mm dans la partie montagneuse de la
plaine de la Ruzizi.
Les récentes données pluviométriques
enregistrées par la station météorologique du Centre de
Recherche en hydrobiologie (2008-2009) montrent une cote udométrique de
800 mm. Il ressort que 80 à 85% des chutes journalières de pluie
sont inférieures à 20mm et durant quatre à cinq mois, la
pluviosité mensuelle à Uvira est inférieure à 50mm.
Ceci permet l'adaptation des espèces à croissance rapide des
pyrophytes et résistant à de températures
élevées.
La température moyenne mensuelle de l'air est comprise
entre 22,5° et 25°C ; les moyennes mensuelles des températures
maxima journalières croissent en fin de saison sèche (30,5°
à 32,5° en septembre) tandis que les moyennes mensuelles des
températures minima journalières sont les plus faibles pendant la
moitié de la saison sèche (14,5° à 17°C en
juillet). L'insolation relative mensuelle oscille
généralement entre 35 et 60 % d'octobre à avril et entre
50 et 80 % de mai à septembre, juillet est le mois le plus
ensoleillé.
Pour mémoire, les pitons, les ongulés et les
oiseaux qui peuplaient la plaine de la Ruzizi ont complètement disparu
à jamais (LUZOLO, M, 2008). Avec une population de 41204 habitants
(Rapport annuel de la collectivité plaine de la Ruzizi, 2009) et sur une
superficie de 644 km2, la densité dans la collectivité
de la plaine de Ruzizi peut estimer à plus de 65
habitants/km2. Tous ces faits démontrent la nature de la
pression anthropique sur ce milieu.
6.2. RELIEF ET VEGETATION
1. Relief :
Pour la plaine de la Ruzizi, elle couvre une superficie de 3000
Km2 (NZIGIDAHERA, 2003) suivant un axe Sud-Est/Nord-Ouest et est
partagée par trois pays de la Communauté Economique des Pays
de Grands Lacs. L'altitude maximum est de 1000 m (Katogota) et minimum est
de 773 m (Au niveau du
lac Tanganyika), soit le niveau du lac Tanganyika. Pour la
collectivité de la plaine de la Ruzizi, elle est d'une superficie de 644
km2 avec une altitude plus élevée ne dépassant
pas 922 m d'altitude au niveau de Kiringye et l'altitude faible est au niveau
du lac Tanganyika, soit au secteur sept à Kiliba dans le groupement de
Kagando.
2. Végétation :
Selon NZINGIDAHERA (2006), La plaine de la Ruzizi fût
une terre de savane boisée. D'ailleurs, l'explorateur Anglais, Henri M.
Stanley, l'avait reconnu quand il la traversa en 1875. Il l'avait
décrite comme une zone inhospitalière et plaine des animaux
sauvages, mais moins d'un siècle et demi, toute la savane boisée
a complètement disparue et l'empreinte des actions anthropiques est
visible partout. La flore et surtout la faune restent presque plus pauvres.
La plaine de la Ruzizi est couverte d'un sols sableux qui
supportent une végétation xérophile constituée
essentiellement des savanes arbustives dont la strate herbeuse est
constituée essentiellement des espèces Imperata
cylindrica, Hyparrhenia spp, Eragostis sp, Brachiaria
ruziziensis et Pennisetum clandestinum constituent les principales
réserves agro-pastorales et agricoles dans le territoire.
Des bosquets xérophiles essentiellement des essences
arbustives et arborescentes dont les Acacia kirkii, Acacia seyal, Acacia
polyacantha, Acacia sieberiana, Acacia hockii, Acacia sp ; Albizzia gunnifera,
Dichrostachys cinerea, Maytenus senegalensis, Annona senegalensis, Balanites
aegyptiaca, Commiphora africana et Rhus natalensis, lesquelles offrent des
biens économiques pour les populations.
Les espèces Senna siamea, et Eucalyptus
spp sont entretenus dans des parcelles individuelles, et font partie du
patrimoine familial, autant que le champ de manioc, ou une rizière. La
pression humaine a créé des bosquets entourés des
habitations et des plantations de manioc, de zones de pâturages.
6.3. POPULATION.
Selon le rapport de la collectivité plaine de la Ruzizi
de 2009, on peut remarquer que la population totale est de 41860 habitants
répartis en quatre dont Kabunambo (19355 habitants, Kakamba (6245
habitants), Luberizi (15365 habitants) et le groupement de Kagando (893
habitants). La densité de collectivité de la plaine de la Ruzizi
est au dé là de plus 65 habitants/km2 (41860 habitants
avec une superficie de moins de 644 km2).
En termes de ménages, si l'on tient la moyenne
provinciale de 7 personnes par ménage, cette collectivité
pourrait avoir 5980 ménages. En ajoutant la population de Sange (32035
habitants), la population peut atteindre plus de 73 845 habitants, soit 16,3 %
de la population du territoire d'Uvira.
6.4. LA SITUATION SOCIO
ECONOMIQUE.
L'économie de la plaine repose sur l'agriculture et
l'élevage. L'agriculture est l'activité principale, car elle
encadre plus de 90% de la population. Les cultures les plus cultivées
sont : le manioc, le maïs, le riz paddy, les légumes et aussi la
patate douce, les haricots, etc. Les femmes sont représentées
à plus de 70% dans cette activité.
L'élevage est aussi prospère dans cette
collectivité. On trouve le développement du petit commerce
autours de marché de Luberizi et d'autres dans les villages de
collectivité de Bafulero avec lesquels elle fait des échanges
commerciaux. Pendant la saison de pluie, les paysans s'adonnent
intensément à l'agriculture, mais pendant la saison sèche,
les hommes s'adonnent à la fabrication de charbon de bois entre Mai et
septembre. Cette activité de soudure permet aux paysans d'avoir de quoi
subvenir les besoins de leur ménage. Cette activité est
réalisé plus par les hommes que les femmes. Ces dernières
n'interviennent surtout que dans la commercialisation en détail (bassin
surtout) dans différents marchés selon leur provenance. Les
essences indigènes sont les plus exploitées pour cette
activité génératrice de revenu.
6.5. L'HYDROGRAPHIE DE LA COLLECTIVITE PLAINE DE LA
RUZIZI.
L'hydrographie de la collectivité plaine de la Ruzizi
est caractérisée par plusieurs rivières d'importance
variable. La plus importante d'elles est la rivière Ruzizi, reliant le
lac Kivu au lac Tanganyika. Elle constitue la frontière naturelle entre
la RDC, le Rwanda et le Burundi. Cette rivière récolte les eaux
des plusieurs rivières venant des collines du Burundi et de la partie
ouest de la plaine de la Ruzizi. On trouve les rivières
susmentionnées : la rivière Luberizi à Luberizi, la
rivière Sange à Sange et la rivière Runingu à
Runingu en ce qui concerne la plaine de la Ruzizi en Territoire d'Uvira.
L'hydrographie de Kakamba est dominée par 5 grandes rivières :
Mulovya, Mukindwe, Mashura, Lubumba, Luvimvi, et 3 ruisseaux : Kamoto, Mashuza,
Kajijinini. Dans ie groupement de Kawizi, il y a une seule
rivière : Kawizi, se trouvant à la limite avec la Cité de
Kiliba et le groupement de Muhungu en collectivité-chefferie de
Bavira.
7. CIRCONSCRIPTION DU TRAVAIL
Ce travail se conscrit dans une logique d'évaluation de
consommation de bois ( par les ménages et les charbonniers) dans la
collectivité plaine de la Ruzizi dans les perspectives de renforcer la
dynamique communautaire de gestion durable de ressources naturelles fragiles
(vulnérables) mais vitales qu'est le capital arboré. Elle
permettra aussi d'évaluer la densité actuelle des essences
indigènes et leur rythme de consommation en analysant les
déterminants de leur exploitation à outrance.
7.1. Choix du sujet
Le choix de ce sujet a été motivé par le
fait que trop peu de travaux s'intéressent à la reconstitution
des espèces indigènes au niveau de la plaine de la Ruzizi. En se
basant sur les principes de base de l'approche de gestion communautaire de
ressources naturelles (CRDI, 2007), ce sujet permettra de proposer une nouvelle
approche de la gestion du terroir rural dans une logique axée sur la
conservation des essences indigènes ligneuses avec l'implication de tous
les acteurs communautaires, y compris les femmes.
7.2. Intérêt du sujet.
L'intérêt de cette étude porte sur la
promotion de la gestion communautaire des ressources naturelles en voulant
analyser le rôle que jouent les acteurs dans les menaces qui
pèsent sur les essences indigènes. Cette dimension serait
à la base de la dynamique communautaire dans le cadre de la gestion
durable des essences indigènes dans la plaine de la Ruzizi
menacée du déboisement sans précédent. Ainsi donc,
les résultats de cette étude sera une ouverture pour l'analyse
d'autres facteurs contribuant à la dégradation de l'environnement
dans cette partie de la plaine.
Enfin, ce travail pourrait contribuer à l'Objectif 7
des Objectifs du Millénaire pour le Développement et le pilier 5
du DSCRP de la RDC portant sur la dynamique communautaire mais aussi de
Convention sur la Diversité Biologique sur la participation de
communauté locale sur la gestion de la biodiversité locale.
8. ORGANISATION DU TRAVAIL
Ce travail, reparti en quatre chapitres, exclut l'introduction
et la conclusion. Le premier chapitre est concentré sur le cadre
théorique du travail. Ce chapitre développe huit
différents aspects dont la problématique, les objectifs du
travail, la justification de la recherche, les hypothèses du travail, le
cadre géographique ou l'étude du milieu, la définition de
concepts clés, la circonscription et l'organisation de la recherche.
Le chapitre deux présente la revue de la
littérature. Cette revue présente les travaux qui sont en rapport
avec le sujet et dégage les aspects dont le sujet a de
particularité par rapport à ces travaux précédents.
Ce chapitre permet de dégager la contribution de la recherche par
rapport à d'autres travaux.
Le chapitre troisième présente la
méthodologie de la recherche avec tous les éléments y
afférent. Il présente la taille de l'échantillon, la
population d'étude, les techniques de collectes de données, les
techniques de traitement de données, les méthodes d'analyse de
résultats, les procédures de la recherche ainsi que les
difficultés rencontrées.
Ce chapitre permet de comprendre la pertinence des informations
quant aux aspects méthodologiques de collectes de données. Cela
permet la validation scientifique de résultats.
Le chapitre quatre s'attèle sur l'interprétation
de données issues des terrains. Cela permet de confirmer ou d'infirmer
les hypothèses émises par l'étude. C'est ce chapitre qui
permet de tirer la conclusion de l'étude afin de proposer des solutions
pertinentes.
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