REPUBLIQUE DU CAMEROUN Paix - Travail - Patrie UNIVERSITE
DE YAOUNDE II
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion
B.P. 1365 Yaoundé
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REPUBLIC OF CAMEROON Peace - Work - Fatherland THE
UNIVERSITY OF YAOUNDE II Faculty of Economics and Management PO.BOX 1365
Yaoundé
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NOUVEAU PROGRAMME DE TROISIEME CYCLE
INTERUNIVERSITAIRE EN ECONOMIE (N.P.T.C.I.) 2009 - 2010, DEUXIEME
PROMOTION
ANALYSE DES PERFORMANCES PRODUCTIVES DES
EXPLOITATIONS
FAMILIALES AGRICOLES DE LA LOCALITE DE ZOETELE AU
SUD
CAMEROUN
Mémoire de fin d'études en vue de
l'obtention du DEA/Master en Sciences Economiques
OPTION : ECONOMIE INDUSTRIELLE SPECIALITE :
ECONOMIE RURALE ET DE L'ENVIRONNEMENT
Par :
KANE Gilles Quentin Titulaire d'une
Maîtrise en Sciences Economiques
Sous la direction du Professeur FONDO SIKO
Année 2010
SOMMAIRE
AVERTISSEMENT iii
DEDICACES iv
REMERCIEMENTS v
LISTE DES TABLEAUX vi
LISTE DES FIGURES vii
LISTE DES ABREVIATIONS ET SIGLES viii
RESUME ix
ABSTRACT x
INTRODUCTION GENERALE 1
Premiere Partie : Analyse de la productivité des
exploitations familiales agricoles . 10
CHAPITRE 1 LA PRODUCTIVITE : ETAT DES LIEUX
12
Section 1 : Analyse théorique de la
productivité 13
Section 2 : Pertinence du concept de productivité
en agriculture 22
CHAPITRE 2 : EVIDENCE EMPIRIQUE SUR LA PRODUCTIVITE
DES
EXPLOITATIONS FAMILIALES AGRICOLES 31
Section 1 : Méthodologie de recherche et
description des comportements productifs des
exploitations familiales agricoles 32
Section 2 : Structure économique et typologie des
exploitations familiales agricoles...40
Deuxieme Partie : Analyse de l'efficacité des
exploitations familiales agricoles 55
CHAPITRE 3 L'EFFICACITE DANS LA THEORIE ECONOMIQUE
56
Section 1 : L'efficacité et ses
déterminants 57
Section 2 : Les méthodes d'estimation de
l'efficacité 66
CHAPITRE 4 : EVIDENCE EMPIRIQUE SUR L'EFFICACITE DES
EXPLOITATIONS FAMILIALES AGRICOLES 76
Section 1 : Spécification des modèles
utilisés 77
Section 2 : Présentation et analyse des
résultats 84
CONCLUSION GENERALE 97
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 100
ANNEXES 109
TABLE DES MATIERES 119
AVERTISSEMENT
« L'Université de Yaoundé II
n'entend donner aucune approbation ou improbation aux opinions contenues dans
ce mémoire. Celles-ci doivent être considérées comme
étant propres à leur auteur »
DEDICACES
Mes parents, Mr et Mme Atyam
DANY, ma fille bien aimée
A
et
REMERCIEMENTS
Ce mémoire est l'output d'un ensemble d'actions
individuelles et institutionnelles auxquelles nous voudrions rendre hommage.
Au niveau individuel, nous exprimons tout d'abord notre
profonde gratitude à notre directeur, le Professeur FONDO SIKOD, pour
avoir accepté de consacrer son précieux temps à diriger
les travaux de ce mémoire.
A tous les enseignants de l'Université de
Yaoundé II pour leur inlassable dévouement à la formation
qu'ils nous ont donnée.
Michel Havard, qui nous a guidé dans toutes les
étapes de cette recherche et a toujours été très
encourageant. Nous tenons à l'en remercier particulièrement.
Il importe également de souligner la participation du
Dr Ibrahim, Dr Kamdem, Dr Mohamadou, Dr Nlom, Messieurs Aka Etom, Kilama, Ahmed
et Nyoré. Chacun d'eux a apporté son expertise et son soutien,
compléments essentiels à la réalisation de cette
recherche. Merci de votre collaboration !
Nous désirons remercier les populations de
l'arrondissement de Zoetelé qui ont offert de leur temps et de leur
bonne volonté afin de participer à cette recherche.
Nos remerciements vont aussi à l'encontre des membres
de la famille qui nous ont soutenus matériellement et moralement. Nous
pouvons citer Atyam Roger, Assoun Loïs, Ngane Placide, Nguelé
Zambo, Nkotto Eric, Ebo'o Félicien et tous les autres que nous ne
pourrons citer ici.
Nous remercions également les amis qui n'ont pas
cessé de nous encourager et qui ont parfois sacrifié leur temps
pour nous assister. Nous pensons à Ngandjui Yvan, Kamamké
Emmanuelle, Foualem Geraldine, Fossi Roland, Fotsing Stephanie, Nemkenang
William et tous ceux qui de près ou de loin ont contribué
à l'aboutissement de ce travail.
Au niveau institutionnel, ce mémoire a
bénéficié du concours actif et du soutient matériel
du Nouveau Programme de Troisième Cycle Interuniversitaire de
l'Université de Yaoundé II et du programme d'Amélioration
de la Compétitivité des Exploitations Familiales Agropastorales
(ACEFA). Trouver par son aboutissement notre profonde reconnaissance.
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 2.1 : Présentation de la pondération du
travail agricole selon le FAO. 35
Tableau 2.2 : Valorisation du matériel agricole 36
Tableau 2.3 : Coût des semences 36
Tableau 2.4 : Répartition des chefs d'EFA de
l'échantillon par tranche d'âge et par village 38
Tableau 2.5 : Répartition des chefs d'exploitations
échantillonnés par niveau d'étude 38
Tableau 2.6 : Structure de la main d'oeuvre 41
Tableau 2.7 : Structure du capital 41
Tableau 2.8 : Structure de la superficie 42
Tableau 2.9 : Description statistique de la production des EFA
(en kg) 42
Tableau 2.10 : Valorisation de la production agricole 44
Tableau 2.11 : Productivité partielle des facteurs terre,
travail et capital 45
Tableau 2.12: Présentation des variables nominales
illustratives 49
Tableau 4.1 : Les variables utilisées dans l'étude
des déterminants de l'efficacité 82
Tableau 4.2 : Statistiques descriptives des variables du
modèle DEA 83
Tableau 4.3 : Statistiques descriptives des variables du
modèle TOBIT 84
Tableau 4.4 : Statistiques descriptives de l'efficacité
technique totale 85
Tableau 4.5 : Statistiques descriptives de l'efficacité
technique pure 87
Tableau 4.6 : Statistiques descriptives de l'efficacité
d'échelle 88
Tableau 4.7 : Excès additionnels de facteurs
(efficacité technique totale) ; pourcentage du
niveau de facteur utilisé 90
Tableau 4.8 : Les déterminants de l'efficacité
technique totale des EFA 93
Tableau 4.9 : Résultat du calcul des effets marginaux
95
LISTE DES FIGURES
Figure 0.1 : Evolution de la contribution de l'agriculture au
Produit Intérieur
Brut Camerounais 3
Figure 1.1 : Fonction de production, productivité moyenne
et productivité marginale 22
Figure 2.1 : Distribution des exploitations familiales agricoles
enquêtées par village 34
Figure 2.2 : Répartition des chefs d'exploitation
échantillonnés par genre 37
Figure 2.3: Destination de la production 39
Figure 2.4 : Structure de la clientèle (en %) 40
Figure 2.5 : Production d'arachide des EFA 43
Figure 2.6 : Production de maïs des EFA 44
Figure 2.7 : Equipement agricole utilisé par les EFA 45
Figure 2.8 : Productivité de la terre 46
Figure 2.9 : Structure de la productivité du travail 47
Figure 3.1 : Illustration des types d'efficacité 61
Figure 3.2 : Détermination de la frontière
d'efficacité technique selon Farrell 67
Figure 3.3 : Impact de l'économie et de la
déséconomie d'échelle sur les mesures de
l'efficacité 67
Figure 4.3 : Mesure de l'efficacité d'échelle 70
Figure 4.1 : Efficacités technique totale par rapport
à la frontière 86
Figure 4.2 : Efficacités technique pure par rapport
à la frontière 87
Figure 4.4 : Dispersion des surfaces cultivées dans
l'échantillon 89
LISTE DES ABREVIATIONS ET SIGLES
ACEFA : Amélioration de la Compétitivité des
Exploitations Familiales Agricoles
ACM : Analyse des Correspondances Multiples AFC : Analyse
Factorielle des Correspondances BIT : Bureau International du travail
CAH : Classification Ascendante hiérarchique DEA : Data
Envelopment Analysis
DSCE : Document de Stratégie pour la Croissance et
l'Emploi
DSRP : Document de Stratégie et de Réduction de la
Pauvreté
EFA : Exploitation Familiale Agricole
FAO : Food and Agriculture Organisation
FARA : Forum Africain pour la Recherche Agricole FCFA : Franc de
la Communauté Financière Africaine GIC : Groupement d'Initiative
Commune
IFPRI: International Food Policy Research Institute INS :
Institut National de la Statistique
IRAD : Institut de Recherche Agricole pour le
Développement
MINADER : Ministère de l'Agriculture et du
Développement Rural
MINEPIA : Ministère de l'Elevage, des Pèches et des
Industries Animales
NEPAD : Nouveau Partenariat Pour le Développement de
l'Afrique
ONG : Organisation Non Gouvernementale OP : Organisation
Paysanne
PCP-GSC : Pôle Compétence en Partenariat Grand-Sud
Cameroun
PGF : Productivité Globale des Facteurs
PNVRA : Programme National de Vulgarisation et de Recherche
Agricole
REPARAC : Projet de Recherche des Partenariats dans la Recherche
Agronomique au
Cameroun
RESUME
L'objectif de cette recherche est d'analyser les performances
productives des exploitations familiales agricoles (EFA) de la localité
de Zoetelé au Sud Cameroun. Recherche qui s'est intéressée
particulièrement aux EFA pratiquant le système de culture
à base d'arachide et de maïs. En effet, c'est l'un des
systèmes de culture les plus pratiqué par les EFA de ladite
région. Après l'analyse de la productivité partielle des
facteurs de production utilisés grâce à une analyse
statistique, une analyse des correspondances multiples et une classification
ascendante hiérarchique, l'étude se termine par une analyse de
l'efficacité technique des EFA à partir d'une méthode DEA
« Data Envelopment Analysis » et un TOBIT censuré
pour générer et identifier les facteurs d'efficacité des
EFA.
A l'issue de ces travaux, les résultats obtenus sur un
échantillon de 62 exploitations familiales agricoles peuvent se
résumer ainsi qu'il suit : (a) le capital, qui est obsolète, est
le facteur le moins productif par rapport aux facteurs terre et travail. Ainsi,
en moyenne, la productivité de la terre est de 194606,25 FCFA/ha ; celle
du travail de 1212,08 homme/jour et celle du capital de 3,88 FCFA par
unité de capital. (b) Les niveaux d'efficacité technique des EFA
sont estimés à 0,446 lorsque les rendements d'échelle sont
constants et à 0,678 lorsque les rendements d'échelle sont
variables. (c) Alors que la surface en culture et la destination de la
production affectent négativement l'efficacité technique,
l'appartenance à une organisation paysanne et l'âge
améliorent celle-ci.
Mot clés : Exploitation Familiale
Agricoles, productivité, efficacité technique
ABSTRACT
The purpose of this research is to analyze the productive
performances of family farms (FF) in South Cameroon. Research that has been
mainly focused on FF practicing the culture systems based on corn and peanuts.
Indeed it is one of the most used culture system by FF in the aforementioned
region. After the analysis of the partial productivity of the factors of
production that were used, using a statistical analysis, multiple
correspondence analyses and hierarchical clustering, the study ends up with an
analysis of the technical efficiency of FF using the method DEA «Data
Envelopment Analysis» and a censored TOBIT to generate and identify
efficiency factors of FF.
Following this work, the results obtained on a sample of 62
family farms can be summarized as follows: (a) the capital which is obsolete is
the less productive factor compared to other factors, namely land and labour.
Hence, the average productivity of land is 194606.25 FCFA/ha; labour shows an
average productivity of 1212.08 man/day and capital shows an average
productivity of 3.88 FCFA per unit of capital. (b) Levels on technical
efficiency of FF are estimated at 0.446 when returns to scale are constant and
at 0.678 when returns to scale are variable. (c) While the area under
cultivation and the destination of production affect negatively the technical
efficiency, membership to a farmers' organization and age improve it.
Keywords: Family Farms, Productivity, Technical
Efficiency
CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE
Les pays de l'Afrique subsaharienne sont
généralement dotés de ressources naturelles et humaines
nécessaires à un développement agricole soutenu, et les
gouvernements africains placent l'agriculture en tête des
priorités pour le développement de leur pays au point où
l'agriculture représente en moyenne 50% du produit intérieur brut
(PIB), participe à plus de 80% à la valeur des échanges
commerciaux et apporte à l'industrie plus de 50% des matières
premières (Banque mondiale, 2007 ; InterAcademy Council,
2004)1. Cependant, la situation de l'agriculture en Afrique, au sud
du Sahara est souvent considérée comme peu performante. Par
ailleurs, l'évolution de la productivité agricole dans cette
région est stagnante et très faible par rapport à celle
des autres (Inde, Chine et Brésil).
De 1993 à 2001, l'Afrique subsaharienne est
restée à moins de 500 $ /personne pour ce qui est de la
productivité de la main d'oeuvre et à moins de 200 $/ha pour la
productivité du sol, pendant que la productivité de la main
d'oeuvre en Amérique Latine et Caraïbe est passée de 2500 $
/personne à 3000 $/personne de 1993 à 2003 (FARA, 2006).
Pendant une décennie, le Cameroun, a connu un taux de
croissance de plus de 7% du produit intérieur brut (PIB) par an. La
situation économique et sociale du Cameroun s'est
détériorée brutalement à partir de 1986, à
cause de la chute des recettes d'exportation des produits primaires notamment
le cacao et le café (MINADER/MINEPIA, 2007). Afin de réduire les
déficits, le pays s'est tourné vers les institutions
internationales à la fin des années 1980, qui ont
prôné le désengagement de l'Etat du secteur productif en
général et agricole en particulier pour se recentrer sur ses
missions régaliennes. L'Etat dans ce nouveau contexte réduit les
différents services qu'il rendait au secteur agricole2. La
réaction des producteurs fût de diversifier leurs sources de
revenus et de s'intéresser aux filières qui leurs permettent
d'échapper à la vulnérabilité due aux fluctuations
de la production et des cours des produits de rente. Malgré ces efforts
de diversification, le difficile accès des agriculteurs aux
différents marchés ne permet toujours pas d'améliorer
significativement leurs revenus, d'où la pauvreté structurelle
observée depuis plus d'une décennie en milieu rural (MINADER,
2005).
1 Voir Kamgnia Dia, B. (2009), agriculture et analyse de la
production, note de cours d'économie rurale, Université Cheick
Anta Diop, Dakar.
2 Fourniture des intrants, service de soins de
santé animale, production de semences, plans et autres matériels
biologiques, appui à la commercialisation, etc.
Toutefois, le secteur agricole a toujours contribué
à plus de 20% du PIB comme le montre la figure 0.1 ci dessous.
Figure 0.1 : Evolution de la contribution de
l'agriculture au Produit Intérieur Brut Camerounais
Source : Auteur à partir des données du
Wold Development Indicators (2007)
Le PIB agricole a été évalué au
tiers du PIB national en 2001, le secteur agricole est aussi le premier
employeur avec près de 60% de la population active et le premier
pourvoyeur de devises avec 55% du total des exportations (DSRP, 2005). Ainsi,
ce secteur occupe une place stratégique dans l'économie nationale
en termes de création de richesses, d'échanges extérieurs,
d'emplois, de stabilité sociale, de sécurité,
d'autosuffisance alimentaire et d'amélioration du cadre de vie en milieu
rural. Face aux défis économiques de l'heure, il constitue
incontestablement la clé des solutions à apporter au
développement du pays.
Malgré ce poids important, le secteur agricole demeure
toujours dominé par de petites exploitations de type familial où
la production des cultures vivrières occupe une place de choix. Les
exploitations familiales agricoles (EFA) qui occupent la grande majorité
de la population, se caractérisent cependant par une faible
capitalisation en utilisant très peu de facteurs de productions modernes
(outillages agricoles). Le Cameroun compterait environ 1,1 million
d'unité de production agricoles (UPA)3 dont plus de 0,7
million dans le Grand sud (PCP/GSC, 2004). Cette agriculture se
caractérise par une main d'oeuvre essentiellement familiale, ce qui
n'est pas sans conséquence sur la taille de l'exploitation.
3 Elle se caractérise par l'inventaire des ressources
disponibles : surface agricole, nombre d'actifs, superficie des
différentes cultures, effectifs des troupeaux, nombre et puissance des
matériels, capacité des bâtiments, quantité
d'intrants...
Ainsi, les exploitations familiales agricoles semblent
être le leitmotiv de la politique agricole camerounaise. Il
s'avère donc nécessaire de s'interroger sur le fonctionnement et
la logique socio-économique de celles-ci. Pour que la production des EFA
leur permette de répondre à la demande des marchés urbains
et des produits d'exportations, elles doivent évoluer pour
s'insérer dans une économie de marché (approvisionnements
en produits alimentaires, en matières premières et
énergie, en facteur de productions et en débouchés) (Komon
et Jagoret, 2004).
L'agriculture, pour faire face aux exigences du
développement économique et permettre l'accession au
développement se doit d'améliorer ses performances (Badouin,
1985). La revitalisation des économies de l'Afrique subsaharienne
devrait passer par une relance soutenue de la croissance agricole. Le taux de
croissance de la production agricole est influencé par trois principaux
facteurs : le volume et le type des ressources mobilisées dans la
production, l'état de la technologie et enfin l'efficience avec laquelle
ces ressources sont utilisées. Cette efficience des ressources permet
d'identifier les possibilités d'accroissement de la production sans
ressources financières supplémentaires, elle est également
source d'accroissement de la productivité (Nyemeck, 2004). Ainsi donc le
concept d'efficience est fondamental dans la croissance agricole en Afrique
(Schultz, 1964)4.
Le gouvernement Camerounais s'est fixé comme objectifs
: d'accroître les revenus des producteurs d'environ 4,5% par an en vue de
réduire de moitié, à l'horizon 2015, la pauvreté en
milieu rural ; d'assurer la sécurité alimentaire des
ménages et de la nation ; de maitriser les importations des produits de
grande consommation (le riz et le blé dont le volume des importations a
doublé dans la dernière décennie). Pour atteindre ces
objectifs, le gouvernement centre son action sur le développement des
exploitations familiales agricoles qui représentent plus de 80% de
l'appareil de production. Cependant celles-ci se caractérisent par de
faible niveau de production et de productivité (MINADER/MINEPIA,
2007).
C'est dans ce contexte que se dégage la question de
recherche suivante : est ce que les exploitations familiales agricoles
de la localité de Zoetelé au sud Cameroun sont
performantes?
4 Voir Nkamleu (2004).
De manière spécifique, il s'agira de
répondre aux questions : quel est le niveau de
productivité des facteurs de production des exploitations familiales
agricoles ? Et quel est le degré d'efficacité de
ces exploitations dans leur système de culture ?
OBJECTIF DE RECHERCHE
Cette étude a pour objectif principal d'analyser
les performances productives des exploitations familiales agricoles.
Plus spécifiquement, il s'agira :
> D'analyser la productivité des facteurs de
production utilisés par les exploitations
familiales agricoles
> D'analyser l'efficacité de ces exploitations
familiales agricoles
HYPOTHESES DE TRAVAIL
Notre recherche sera organisée autour de deux
hypothèses fondamentales à savoir : Hypothèse n°
1 : il existe une relation positive entre la taille de l'exploitation et
la productivité des facteurs.
Hypothèse n° 2 : L'efficacité des
Exploitations Familiales Agricoles est fonction du niveau d'éducation du
chef de l'exploitation, de l'appartenance à une Organisation Paysanne et
de son âge.
REVUE DE LITTERATURE
La production d'une entreprise, d'une EFA... est
exprimée par la fonction de production qui donne la quantité
maximale de l'output qui peut être obtenue par une combinaison des
facteurs. Autrement dit, cette fonction caractérise l'ensemble des
relations entre les quantités produites et les quantités de
facteurs utilisés avec les techniques possibles (Brossier, 2007).
La variation de la production lorsqu'on augmente l'utilisation
d'un facteur de production en maintenant inchangé les autres facteurs de
production constitue la productivité marginale de ce facteur. Elle
diminue lorsqu'on augmente l'utilisation du facteur, les quantités
utilisées des autres facteurs étant maintenues à
l'identique. Cette constatation est générale et qualifiée
par les marginalistes de « loi des rendements marginaux
décroissants » (Menger, Jevons et Walras, 1871 & 1874). La
théorie marginaliste, reprend en fait le raisonnement
différentiel introduit par Ricardo5 en matière
d'analyse de la productivité.
Les travaux sur les performances des exploitations agricoles
sont nombreux dans les pays développés et même dans les
pays en développement. Latruffe (2005), a évalué le niveau
d'efficacité technique des exploitations polonaises, elle trouve que les
exploitations orientées vers l'élevage sont plus efficaces que
les exploitations spécialisées en cultures6 et les
exploitations mixtes. Ensuite, elle a examiné les déterminants de
cette efficacité technique. Ce qui constitua un plus, car les
études existantes sur l'estimation de l'efficacité technique des
exploitations agricoles Polonaises se sont limitées à l'analyse
des résultats de l'efficacité sans dégager les
déterminants de celle-ci.
Linh (1994) a estimé l'efficacité technique des
exploitations agricoles productrices de riz au Vietnam, en utilisant
successivement une méthode d'enveloppement des données (DEA) et
une approche par frontière stochastique de production. Le
résultat de ce travail est que, l'efficacité technique est
significativement influencée par l'éducation primaire des
exploitants et les facteurs régionaux.
L'Afrique n'est pas restée à la marge de cette
mouvance. Ainsi, Nkamleu (2004b) analyse la croissance de la
productivité globale des facteurs de production et sa
décomposition en évolution technologique et évolution de
l'efficience. Grâce à une méthode d'enveloppement des
données (DEA), en utilisant les données de 16 pays sur la
période de 1970-2001. L'étude conclut que l'évolution
technologique a été le principal obstacle à la
réalisation de niveaux élevés de productivité des
facteurs en Afrique subsaharienne durant la
5 Il déduit une règle de
spécialisation des individus selon leur productivité relative (le
plus performant devant se spécialiser la où il est relativement
le mieux placé) en s'intéressant à la «
différence de facultés productives » des ouvriers. Il
explique les mouvements fondamentaux des prix des marchandises d'une industrie
par les variations de la productivité du travail dans cette industrie
relativement à la productivité du travail dans l'industrie des
métaux précieux (Destais et Gillot-Chappaz, 2000).
6 Grandes cultures et autres productions
végétales.
période considérée. Enfin, les
résultats indiquent que les facteurs institutionnels et
agroécologiques jouent un rôle déterminant dans la
croissance de la productivité agricole.
En étudiant les facteurs qui peuvent affecter
l'efficacité technique de la filière café dans la
région du centre ouest en Côte d'ivoire, Nyemeck et al. (2003),
utilisent la méthode DEA pour mesurer l'efficacité technique de
81 exploitations de café. L'analyse montre que le niveau
d'efficacité technique moyen est de 36% en rendements d'échelle
constants et de 47% en rendements d'échelle variables, ce qui donne un
niveau d'efficacité d'échelle de 76.6%.
Fontan (2008), a étudié la production et
l'efficacité technique des riziculteurs de Guinée par une
estimation paramétrique stochastique. Ainsi, l'auteur démontre
que les leviers d'amélioration existent pour la filière rizicole
guinéenne, même si la production et l'efficience technique ne
semblent pas encore liées à l'introduction d'intrants
modernes.
La notion d'exploitation familiale agricole trouve son origine
dans l'organisation de la production agricole en Europe
(Bergeret et Dufumier, 2002a). La principale
caractéristique de celle-ci est la force de travail qui est souvent de
nature familiale en majorité. Cependant il est indispensable de
préciser comme Gastellu (1980) que « l'exploitation familiale
agricole africaine est différente de l'exploitation familiale agricole
européenne ». Ainsi, l'exploitation familiale agricole africaine
est une équipe familiale de travailleurs cultivant, ensemble, au moins
un champ principal commun auquel sont alliés, ou non, un ou plusieurs
champs secondaires, d'importance variable selon les cas et ayant leurs centres
de décision respectifs (Brossier et al., 2007).
Au Cameroun, On peut admettre qu'une EFA, est une entreprise
qui assure le travail des membres ayant des liens de parenté entre eux
pour la production, la transformation et la vente de produits
végétaux et/ou animaux, ces activités étant parfois
génératrices de revenus (Yossi, 2004).
Les performances des exploitations agricoles au Cameroun ont
également fait l'objet de nombreuses études. L'analyse des
performances économiques des exploitations familiales agricoles
pratiquant le système de culture à base de bananier plantain dans
le grand sud Cameroun a été réalisé par
Nyoré (2009). Grâce à la méthode paramétrique
de frontière de production stochastique, Sur un échantillon de
104 exploitations. L'auteur trouve que les EFA pratiquant le système de
culture à base de plantain sont relativement efficaces techniquement car
le niveau minimum d'efficacité technique est de 61,3%. Par ailleurs, les
résultats
suggèrent que, le niveau d'éducation,
l'encadrement et les conseils aux EFA améliorent l'efficacité
technique lorsque le financement reçu des membres de la famille affecte
celle-ci négativement.
La frontière stochastique de production à
également été utilisée par Minyono Metsama (2009)
dans le but d'identifier les déterminants de l'efficacité
technique dans les EFA à base de maïs dans les régions du
centre et de l'ouest Cameroun. En s'appuyant sur les données
d'enquête réalisée en 2007 par le projet de recherche en
partenariat du REPARAC/IRAD sur 497 EFA, l'auteur trouve que le niveau moyen
d'efficacité technique est de 29,07% pour les EFA de la région de
l'ouest, tandis qu'il est de 26,45% pour les EFA du centre. Par ailleurs, la
taille de la famille et l'appartenance à une organisation paysanne
améliore l'efficacité technique.
Nyemeck et al. (2004) ont évalué
l'efficacité technique des petits producteurs d'arachide, de maïs
en monoculture et de ces cultures en association. Sur un échantillon de
450 exploitations dans 15 villages. Ils trouvent que l'efficacité
technique moyenne est de 77%, 73% et 75%, respectivement pour les trois types
de producteurs grâce à une approche paramétrique de
frontière stochastique de production. Les inefficacités
techniques sont dues essentiellement au crédit, à la
fertilité des sols, à l'accès à l'encadrement et
à la route.
Les principales limites de ces trois études
résident premièrement dans l'utilisation d'une approche
paramétrique qui suppose connu la forme de la fonction de production.
Une erreur de spécification de cette fonction est de nature à
biaiser les résultats obtenus. Ensuite ces études ne prennent pas
en compte les différentes hypothèses de rendement
d'échelle et enfin il n'est pas possible d'obtenir les quantités
sur-utilisées de chaque facteur de production. La présente
étude se démarquera ainsi de celles sus citées en
intégrant dans son analyse ces différents manquements.
INTERET DE L'ETUDE
Cette étude présente un intérêt
multiple. En effet, l'agriculture est essentielle à la croissance ainsi
qu'à la réduction de la pauvreté et de
l'insécurité alimentaire. C'est pourquoi, une révolution
au niveau de la productivité des petites exploitations agricoles est une
condition ciné qua none pour que l'agriculture en Afrique subsaharienne
puisse jouer ces rôles (World Bank, 2008). Ensuite,
parce qu'une utilisation plus efficace des ressources utilisées
par les exploitations familiales agricoles permettrait à
ces dernières d'accroître leurs revenus en réduisant leur
coût de production et par ce biais de lutter contre la
pauvreté.
Enfin, le choix est guidé par souhait de contribuer
à la recherche en économie agricole au Cameroun.
DEMARCHE METHODOLOGIQUE
Pour atteindre les objectifs de cette recherche, on utilisera
les données primaires obtenues lors d'une enquête faite dans le
cadre du programme d'Amélioration de la Compétitivité des
Exploitations Familiales Agropastorales (ACEFA) dans trois villages de
l'arrondissement de Zoetelé.
Les données recueillies ont concerné les
exploitations familiales agricoles pratiquant le système de culture
à base d'arachide et de maïs en association, à cause
notamment de son importance pour les populations de cette région. En
effet, c'est l'un des systèmes de culture les plus pratiqué dans
cette zone.
L'analyse des données recueillies s'est faite en deux
étapes : dans une première étape, l'analyse de la
productivité des exploitations familiales agricoles a été
faite à travers des analyses statistiques, une analyse des
correspondances multiples (ACM) et une classification ascendante
hiérarchique (CAH). Le logiciel EXCEL a été utilisé
pour élaborer les figures et tableaux et le logiciel SPAD 5.5 pour faire
l'ACM et la CAH.
Dans une deuxième étape, nous avons
estimé l'efficacité technique des EFA à partir d'un
modèle d'enveloppement des données (DEA) avec le logiciel DEAP
2.1 (Coelli, 1996), et un modèle TOBIT censuré, estimé
grâce au logiciel STATA 9.1 a permis d'expliquer les
inefficacités.
ORGANISATION DE L'ETUDE
Cette recherche sera organisée en deux parties.
L'analyse de la productivité des exploitations familiales agricoles fera
l'objet de la première partie tandis que l'analyse de
l'efficacité des exploitations familiales agricole sera traitée
en deuxième partie.
Première partie : Analyse de la
productivité des exploitations familiales agricoles
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