REPUBLIQUE DU CAMEROUN Paix - Travail - Patrie UNIVERSITE
DE YAOUNDE II
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion
B.P. 1365 Yaoundé
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REPUBLIC OF CAMEROON Peace - Work - Fatherland THE
UNIVERSITY OF YAOUNDE II Faculty of Economics and Management PO.BOX 1365
Yaoundé
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NOUVEAU PROGRAMME DE TROISIEME CYCLE
INTERUNIVERSITAIRE EN ECONOMIE (N.P.T.C.I.) 2009 - 2010, DEUXIEME
PROMOTION
ANALYSE DES PERFORMANCES PRODUCTIVES DES
EXPLOITATIONS
FAMILIALES AGRICOLES DE LA LOCALITE DE ZOETELE AU
SUD
CAMEROUN
Mémoire de fin d'études en vue de
l'obtention du DEA/Master en Sciences Economiques
OPTION : ECONOMIE INDUSTRIELLE SPECIALITE :
ECONOMIE RURALE ET DE L'ENVIRONNEMENT
Par :
KANE Gilles Quentin Titulaire d'une
Maîtrise en Sciences Economiques
Sous la direction du Professeur FONDO SIKO
Année 2010
SOMMAIRE
AVERTISSEMENT iii
DEDICACES iv
REMERCIEMENTS v
LISTE DES TABLEAUX vi
LISTE DES FIGURES vii
LISTE DES ABREVIATIONS ET SIGLES viii
RESUME ix
ABSTRACT x
INTRODUCTION GENERALE 1
Premiere Partie : Analyse de la productivité des
exploitations familiales agricoles . 10
CHAPITRE 1 LA PRODUCTIVITE : ETAT DES LIEUX
12
Section 1 : Analyse théorique de la
productivité 13
Section 2 : Pertinence du concept de productivité
en agriculture 22
CHAPITRE 2 : EVIDENCE EMPIRIQUE SUR LA PRODUCTIVITE
DES
EXPLOITATIONS FAMILIALES AGRICOLES 31
Section 1 : Méthodologie de recherche et
description des comportements productifs des
exploitations familiales agricoles 32
Section 2 : Structure économique et typologie des
exploitations familiales agricoles...40
Deuxieme Partie : Analyse de l'efficacité des
exploitations familiales agricoles 55
CHAPITRE 3 L'EFFICACITE DANS LA THEORIE ECONOMIQUE
56
Section 1 : L'efficacité et ses
déterminants 57
Section 2 : Les méthodes d'estimation de
l'efficacité 66
CHAPITRE 4 : EVIDENCE EMPIRIQUE SUR L'EFFICACITE DES
EXPLOITATIONS FAMILIALES AGRICOLES 76
Section 1 : Spécification des modèles
utilisés 77
Section 2 : Présentation et analyse des
résultats 84
CONCLUSION GENERALE 97
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 100
ANNEXES 109
TABLE DES MATIERES 119
AVERTISSEMENT
« L'Université de Yaoundé II
n'entend donner aucune approbation ou improbation aux opinions contenues dans
ce mémoire. Celles-ci doivent être considérées comme
étant propres à leur auteur »
DEDICACES
Mes parents, Mr et Mme Atyam
DANY, ma fille bien aimée
A
et
REMERCIEMENTS
Ce mémoire est l'output d'un ensemble d'actions
individuelles et institutionnelles auxquelles nous voudrions rendre hommage.
Au niveau individuel, nous exprimons tout d'abord notre
profonde gratitude à notre directeur, le Professeur FONDO SIKOD, pour
avoir accepté de consacrer son précieux temps à diriger
les travaux de ce mémoire.
A tous les enseignants de l'Université de
Yaoundé II pour leur inlassable dévouement à la formation
qu'ils nous ont donnée.
Michel Havard, qui nous a guidé dans toutes les
étapes de cette recherche et a toujours été très
encourageant. Nous tenons à l'en remercier particulièrement.
Il importe également de souligner la participation du
Dr Ibrahim, Dr Kamdem, Dr Mohamadou, Dr Nlom, Messieurs Aka Etom, Kilama, Ahmed
et Nyoré. Chacun d'eux a apporté son expertise et son soutien,
compléments essentiels à la réalisation de cette
recherche. Merci de votre collaboration !
Nous désirons remercier les populations de
l'arrondissement de Zoetelé qui ont offert de leur temps et de leur
bonne volonté afin de participer à cette recherche.
Nos remerciements vont aussi à l'encontre des membres
de la famille qui nous ont soutenus matériellement et moralement. Nous
pouvons citer Atyam Roger, Assoun Loïs, Ngane Placide, Nguelé
Zambo, Nkotto Eric, Ebo'o Félicien et tous les autres que nous ne
pourrons citer ici.
Nous remercions également les amis qui n'ont pas
cessé de nous encourager et qui ont parfois sacrifié leur temps
pour nous assister. Nous pensons à Ngandjui Yvan, Kamamké
Emmanuelle, Foualem Geraldine, Fossi Roland, Fotsing Stephanie, Nemkenang
William et tous ceux qui de près ou de loin ont contribué
à l'aboutissement de ce travail.
Au niveau institutionnel, ce mémoire a
bénéficié du concours actif et du soutient matériel
du Nouveau Programme de Troisième Cycle Interuniversitaire de
l'Université de Yaoundé II et du programme d'Amélioration
de la Compétitivité des Exploitations Familiales Agropastorales
(ACEFA). Trouver par son aboutissement notre profonde reconnaissance.
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 2.1 : Présentation de la pondération du
travail agricole selon le FAO. 35
Tableau 2.2 : Valorisation du matériel agricole 36
Tableau 2.3 : Coût des semences 36
Tableau 2.4 : Répartition des chefs d'EFA de
l'échantillon par tranche d'âge et par village 38
Tableau 2.5 : Répartition des chefs d'exploitations
échantillonnés par niveau d'étude 38
Tableau 2.6 : Structure de la main d'oeuvre 41
Tableau 2.7 : Structure du capital 41
Tableau 2.8 : Structure de la superficie 42
Tableau 2.9 : Description statistique de la production des EFA
(en kg) 42
Tableau 2.10 : Valorisation de la production agricole 44
Tableau 2.11 : Productivité partielle des facteurs terre,
travail et capital 45
Tableau 2.12: Présentation des variables nominales
illustratives 49
Tableau 4.1 : Les variables utilisées dans l'étude
des déterminants de l'efficacité 82
Tableau 4.2 : Statistiques descriptives des variables du
modèle DEA 83
Tableau 4.3 : Statistiques descriptives des variables du
modèle TOBIT 84
Tableau 4.4 : Statistiques descriptives de l'efficacité
technique totale 85
Tableau 4.5 : Statistiques descriptives de l'efficacité
technique pure 87
Tableau 4.6 : Statistiques descriptives de l'efficacité
d'échelle 88
Tableau 4.7 : Excès additionnels de facteurs
(efficacité technique totale) ; pourcentage du
niveau de facteur utilisé 90
Tableau 4.8 : Les déterminants de l'efficacité
technique totale des EFA 93
Tableau 4.9 : Résultat du calcul des effets marginaux
95
LISTE DES FIGURES
Figure 0.1 : Evolution de la contribution de l'agriculture au
Produit Intérieur
Brut Camerounais 3
Figure 1.1 : Fonction de production, productivité moyenne
et productivité marginale 22
Figure 2.1 : Distribution des exploitations familiales agricoles
enquêtées par village 34
Figure 2.2 : Répartition des chefs d'exploitation
échantillonnés par genre 37
Figure 2.3: Destination de la production 39
Figure 2.4 : Structure de la clientèle (en %) 40
Figure 2.5 : Production d'arachide des EFA 43
Figure 2.6 : Production de maïs des EFA 44
Figure 2.7 : Equipement agricole utilisé par les EFA 45
Figure 2.8 : Productivité de la terre 46
Figure 2.9 : Structure de la productivité du travail 47
Figure 3.1 : Illustration des types d'efficacité 61
Figure 3.2 : Détermination de la frontière
d'efficacité technique selon Farrell 67
Figure 3.3 : Impact de l'économie et de la
déséconomie d'échelle sur les mesures de
l'efficacité 67
Figure 4.3 : Mesure de l'efficacité d'échelle 70
Figure 4.1 : Efficacités technique totale par rapport
à la frontière 86
Figure 4.2 : Efficacités technique pure par rapport
à la frontière 87
Figure 4.4 : Dispersion des surfaces cultivées dans
l'échantillon 89
LISTE DES ABREVIATIONS ET SIGLES
ACEFA : Amélioration de la Compétitivité des
Exploitations Familiales Agricoles
ACM : Analyse des Correspondances Multiples AFC : Analyse
Factorielle des Correspondances BIT : Bureau International du travail
CAH : Classification Ascendante hiérarchique DEA : Data
Envelopment Analysis
DSCE : Document de Stratégie pour la Croissance et
l'Emploi
DSRP : Document de Stratégie et de Réduction de la
Pauvreté
EFA : Exploitation Familiale Agricole
FAO : Food and Agriculture Organisation
FARA : Forum Africain pour la Recherche Agricole FCFA : Franc de
la Communauté Financière Africaine GIC : Groupement d'Initiative
Commune
IFPRI: International Food Policy Research Institute INS :
Institut National de la Statistique
IRAD : Institut de Recherche Agricole pour le
Développement
MINADER : Ministère de l'Agriculture et du
Développement Rural
MINEPIA : Ministère de l'Elevage, des Pèches et des
Industries Animales
NEPAD : Nouveau Partenariat Pour le Développement de
l'Afrique
ONG : Organisation Non Gouvernementale OP : Organisation
Paysanne
PCP-GSC : Pôle Compétence en Partenariat Grand-Sud
Cameroun
PGF : Productivité Globale des Facteurs
PNVRA : Programme National de Vulgarisation et de Recherche
Agricole
REPARAC : Projet de Recherche des Partenariats dans la Recherche
Agronomique au
Cameroun
RESUME
L'objectif de cette recherche est d'analyser les performances
productives des exploitations familiales agricoles (EFA) de la localité
de Zoetelé au Sud Cameroun. Recherche qui s'est intéressée
particulièrement aux EFA pratiquant le système de culture
à base d'arachide et de maïs. En effet, c'est l'un des
systèmes de culture les plus pratiqué par les EFA de ladite
région. Après l'analyse de la productivité partielle des
facteurs de production utilisés grâce à une analyse
statistique, une analyse des correspondances multiples et une classification
ascendante hiérarchique, l'étude se termine par une analyse de
l'efficacité technique des EFA à partir d'une méthode DEA
« Data Envelopment Analysis » et un TOBIT censuré
pour générer et identifier les facteurs d'efficacité des
EFA.
A l'issue de ces travaux, les résultats obtenus sur un
échantillon de 62 exploitations familiales agricoles peuvent se
résumer ainsi qu'il suit : (a) le capital, qui est obsolète, est
le facteur le moins productif par rapport aux facteurs terre et travail. Ainsi,
en moyenne, la productivité de la terre est de 194606,25 FCFA/ha ; celle
du travail de 1212,08 homme/jour et celle du capital de 3,88 FCFA par
unité de capital. (b) Les niveaux d'efficacité technique des EFA
sont estimés à 0,446 lorsque les rendements d'échelle sont
constants et à 0,678 lorsque les rendements d'échelle sont
variables. (c) Alors que la surface en culture et la destination de la
production affectent négativement l'efficacité technique,
l'appartenance à une organisation paysanne et l'âge
améliorent celle-ci.
Mot clés : Exploitation Familiale
Agricoles, productivité, efficacité technique
ABSTRACT
The purpose of this research is to analyze the productive
performances of family farms (FF) in South Cameroon. Research that has been
mainly focused on FF practicing the culture systems based on corn and peanuts.
Indeed it is one of the most used culture system by FF in the aforementioned
region. After the analysis of the partial productivity of the factors of
production that were used, using a statistical analysis, multiple
correspondence analyses and hierarchical clustering, the study ends up with an
analysis of the technical efficiency of FF using the method DEA «Data
Envelopment Analysis» and a censored TOBIT to generate and identify
efficiency factors of FF.
Following this work, the results obtained on a sample of 62
family farms can be summarized as follows: (a) the capital which is obsolete is
the less productive factor compared to other factors, namely land and labour.
Hence, the average productivity of land is 194606.25 FCFA/ha; labour shows an
average productivity of 1212.08 man/day and capital shows an average
productivity of 3.88 FCFA per unit of capital. (b) Levels on technical
efficiency of FF are estimated at 0.446 when returns to scale are constant and
at 0.678 when returns to scale are variable. (c) While the area under
cultivation and the destination of production affect negatively the technical
efficiency, membership to a farmers' organization and age improve it.
Keywords: Family Farms, Productivity, Technical
Efficiency
CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE
Les pays de l'Afrique subsaharienne sont
généralement dotés de ressources naturelles et humaines
nécessaires à un développement agricole soutenu, et les
gouvernements africains placent l'agriculture en tête des
priorités pour le développement de leur pays au point où
l'agriculture représente en moyenne 50% du produit intérieur brut
(PIB), participe à plus de 80% à la valeur des échanges
commerciaux et apporte à l'industrie plus de 50% des matières
premières (Banque mondiale, 2007 ; InterAcademy Council,
2004)1. Cependant, la situation de l'agriculture en Afrique, au sud
du Sahara est souvent considérée comme peu performante. Par
ailleurs, l'évolution de la productivité agricole dans cette
région est stagnante et très faible par rapport à celle
des autres (Inde, Chine et Brésil).
De 1993 à 2001, l'Afrique subsaharienne est
restée à moins de 500 $ /personne pour ce qui est de la
productivité de la main d'oeuvre et à moins de 200 $/ha pour la
productivité du sol, pendant que la productivité de la main
d'oeuvre en Amérique Latine et Caraïbe est passée de 2500 $
/personne à 3000 $/personne de 1993 à 2003 (FARA, 2006).
Pendant une décennie, le Cameroun, a connu un taux de
croissance de plus de 7% du produit intérieur brut (PIB) par an. La
situation économique et sociale du Cameroun s'est
détériorée brutalement à partir de 1986, à
cause de la chute des recettes d'exportation des produits primaires notamment
le cacao et le café (MINADER/MINEPIA, 2007). Afin de réduire les
déficits, le pays s'est tourné vers les institutions
internationales à la fin des années 1980, qui ont
prôné le désengagement de l'Etat du secteur productif en
général et agricole en particulier pour se recentrer sur ses
missions régaliennes. L'Etat dans ce nouveau contexte réduit les
différents services qu'il rendait au secteur agricole2. La
réaction des producteurs fût de diversifier leurs sources de
revenus et de s'intéresser aux filières qui leurs permettent
d'échapper à la vulnérabilité due aux fluctuations
de la production et des cours des produits de rente. Malgré ces efforts
de diversification, le difficile accès des agriculteurs aux
différents marchés ne permet toujours pas d'améliorer
significativement leurs revenus, d'où la pauvreté structurelle
observée depuis plus d'une décennie en milieu rural (MINADER,
2005).
1 Voir Kamgnia Dia, B. (2009), agriculture et analyse de la
production, note de cours d'économie rurale, Université Cheick
Anta Diop, Dakar.
2 Fourniture des intrants, service de soins de
santé animale, production de semences, plans et autres matériels
biologiques, appui à la commercialisation, etc.
Toutefois, le secteur agricole a toujours contribué
à plus de 20% du PIB comme le montre la figure 0.1 ci dessous.
Figure 0.1 : Evolution de la contribution de
l'agriculture au Produit Intérieur Brut Camerounais
Source : Auteur à partir des données du
Wold Development Indicators (2007)
Le PIB agricole a été évalué au
tiers du PIB national en 2001, le secteur agricole est aussi le premier
employeur avec près de 60% de la population active et le premier
pourvoyeur de devises avec 55% du total des exportations (DSRP, 2005). Ainsi,
ce secteur occupe une place stratégique dans l'économie nationale
en termes de création de richesses, d'échanges extérieurs,
d'emplois, de stabilité sociale, de sécurité,
d'autosuffisance alimentaire et d'amélioration du cadre de vie en milieu
rural. Face aux défis économiques de l'heure, il constitue
incontestablement la clé des solutions à apporter au
développement du pays.
Malgré ce poids important, le secteur agricole demeure
toujours dominé par de petites exploitations de type familial où
la production des cultures vivrières occupe une place de choix. Les
exploitations familiales agricoles (EFA) qui occupent la grande majorité
de la population, se caractérisent cependant par une faible
capitalisation en utilisant très peu de facteurs de productions modernes
(outillages agricoles). Le Cameroun compterait environ 1,1 million
d'unité de production agricoles (UPA)3 dont plus de 0,7
million dans le Grand sud (PCP/GSC, 2004). Cette agriculture se
caractérise par une main d'oeuvre essentiellement familiale, ce qui
n'est pas sans conséquence sur la taille de l'exploitation.
3 Elle se caractérise par l'inventaire des ressources
disponibles : surface agricole, nombre d'actifs, superficie des
différentes cultures, effectifs des troupeaux, nombre et puissance des
matériels, capacité des bâtiments, quantité
d'intrants...
Ainsi, les exploitations familiales agricoles semblent
être le leitmotiv de la politique agricole camerounaise. Il
s'avère donc nécessaire de s'interroger sur le fonctionnement et
la logique socio-économique de celles-ci. Pour que la production des EFA
leur permette de répondre à la demande des marchés urbains
et des produits d'exportations, elles doivent évoluer pour
s'insérer dans une économie de marché (approvisionnements
en produits alimentaires, en matières premières et
énergie, en facteur de productions et en débouchés) (Komon
et Jagoret, 2004).
L'agriculture, pour faire face aux exigences du
développement économique et permettre l'accession au
développement se doit d'améliorer ses performances (Badouin,
1985). La revitalisation des économies de l'Afrique subsaharienne
devrait passer par une relance soutenue de la croissance agricole. Le taux de
croissance de la production agricole est influencé par trois principaux
facteurs : le volume et le type des ressources mobilisées dans la
production, l'état de la technologie et enfin l'efficience avec laquelle
ces ressources sont utilisées. Cette efficience des ressources permet
d'identifier les possibilités d'accroissement de la production sans
ressources financières supplémentaires, elle est également
source d'accroissement de la productivité (Nyemeck, 2004). Ainsi donc le
concept d'efficience est fondamental dans la croissance agricole en Afrique
(Schultz, 1964)4.
Le gouvernement Camerounais s'est fixé comme objectifs
: d'accroître les revenus des producteurs d'environ 4,5% par an en vue de
réduire de moitié, à l'horizon 2015, la pauvreté en
milieu rural ; d'assurer la sécurité alimentaire des
ménages et de la nation ; de maitriser les importations des produits de
grande consommation (le riz et le blé dont le volume des importations a
doublé dans la dernière décennie). Pour atteindre ces
objectifs, le gouvernement centre son action sur le développement des
exploitations familiales agricoles qui représentent plus de 80% de
l'appareil de production. Cependant celles-ci se caractérisent par de
faible niveau de production et de productivité (MINADER/MINEPIA,
2007).
C'est dans ce contexte que se dégage la question de
recherche suivante : est ce que les exploitations familiales agricoles
de la localité de Zoetelé au sud Cameroun sont
performantes?
4 Voir Nkamleu (2004).
De manière spécifique, il s'agira de
répondre aux questions : quel est le niveau de
productivité des facteurs de production des exploitations familiales
agricoles ? Et quel est le degré d'efficacité de
ces exploitations dans leur système de culture ?
OBJECTIF DE RECHERCHE
Cette étude a pour objectif principal d'analyser
les performances productives des exploitations familiales agricoles.
Plus spécifiquement, il s'agira :
> D'analyser la productivité des facteurs de
production utilisés par les exploitations
familiales agricoles
> D'analyser l'efficacité de ces exploitations
familiales agricoles
HYPOTHESES DE TRAVAIL
Notre recherche sera organisée autour de deux
hypothèses fondamentales à savoir : Hypothèse n°
1 : il existe une relation positive entre la taille de l'exploitation et
la productivité des facteurs.
Hypothèse n° 2 : L'efficacité des
Exploitations Familiales Agricoles est fonction du niveau d'éducation du
chef de l'exploitation, de l'appartenance à une Organisation Paysanne et
de son âge.
REVUE DE LITTERATURE
La production d'une entreprise, d'une EFA... est
exprimée par la fonction de production qui donne la quantité
maximale de l'output qui peut être obtenue par une combinaison des
facteurs. Autrement dit, cette fonction caractérise l'ensemble des
relations entre les quantités produites et les quantités de
facteurs utilisés avec les techniques possibles (Brossier, 2007).
La variation de la production lorsqu'on augmente l'utilisation
d'un facteur de production en maintenant inchangé les autres facteurs de
production constitue la productivité marginale de ce facteur. Elle
diminue lorsqu'on augmente l'utilisation du facteur, les quantités
utilisées des autres facteurs étant maintenues à
l'identique. Cette constatation est générale et qualifiée
par les marginalistes de « loi des rendements marginaux
décroissants » (Menger, Jevons et Walras, 1871 & 1874). La
théorie marginaliste, reprend en fait le raisonnement
différentiel introduit par Ricardo5 en matière
d'analyse de la productivité.
Les travaux sur les performances des exploitations agricoles
sont nombreux dans les pays développés et même dans les
pays en développement. Latruffe (2005), a évalué le niveau
d'efficacité technique des exploitations polonaises, elle trouve que les
exploitations orientées vers l'élevage sont plus efficaces que
les exploitations spécialisées en cultures6 et les
exploitations mixtes. Ensuite, elle a examiné les déterminants de
cette efficacité technique. Ce qui constitua un plus, car les
études existantes sur l'estimation de l'efficacité technique des
exploitations agricoles Polonaises se sont limitées à l'analyse
des résultats de l'efficacité sans dégager les
déterminants de celle-ci.
Linh (1994) a estimé l'efficacité technique des
exploitations agricoles productrices de riz au Vietnam, en utilisant
successivement une méthode d'enveloppement des données (DEA) et
une approche par frontière stochastique de production. Le
résultat de ce travail est que, l'efficacité technique est
significativement influencée par l'éducation primaire des
exploitants et les facteurs régionaux.
L'Afrique n'est pas restée à la marge de cette
mouvance. Ainsi, Nkamleu (2004b) analyse la croissance de la
productivité globale des facteurs de production et sa
décomposition en évolution technologique et évolution de
l'efficience. Grâce à une méthode d'enveloppement des
données (DEA), en utilisant les données de 16 pays sur la
période de 1970-2001. L'étude conclut que l'évolution
technologique a été le principal obstacle à la
réalisation de niveaux élevés de productivité des
facteurs en Afrique subsaharienne durant la
5 Il déduit une règle de
spécialisation des individus selon leur productivité relative (le
plus performant devant se spécialiser la où il est relativement
le mieux placé) en s'intéressant à la «
différence de facultés productives » des ouvriers. Il
explique les mouvements fondamentaux des prix des marchandises d'une industrie
par les variations de la productivité du travail dans cette industrie
relativement à la productivité du travail dans l'industrie des
métaux précieux (Destais et Gillot-Chappaz, 2000).
6 Grandes cultures et autres productions
végétales.
période considérée. Enfin, les
résultats indiquent que les facteurs institutionnels et
agroécologiques jouent un rôle déterminant dans la
croissance de la productivité agricole.
En étudiant les facteurs qui peuvent affecter
l'efficacité technique de la filière café dans la
région du centre ouest en Côte d'ivoire, Nyemeck et al. (2003),
utilisent la méthode DEA pour mesurer l'efficacité technique de
81 exploitations de café. L'analyse montre que le niveau
d'efficacité technique moyen est de 36% en rendements d'échelle
constants et de 47% en rendements d'échelle variables, ce qui donne un
niveau d'efficacité d'échelle de 76.6%.
Fontan (2008), a étudié la production et
l'efficacité technique des riziculteurs de Guinée par une
estimation paramétrique stochastique. Ainsi, l'auteur démontre
que les leviers d'amélioration existent pour la filière rizicole
guinéenne, même si la production et l'efficience technique ne
semblent pas encore liées à l'introduction d'intrants
modernes.
La notion d'exploitation familiale agricole trouve son origine
dans l'organisation de la production agricole en Europe
(Bergeret et Dufumier, 2002a). La principale
caractéristique de celle-ci est la force de travail qui est souvent de
nature familiale en majorité. Cependant il est indispensable de
préciser comme Gastellu (1980) que « l'exploitation familiale
agricole africaine est différente de l'exploitation familiale agricole
européenne ». Ainsi, l'exploitation familiale agricole africaine
est une équipe familiale de travailleurs cultivant, ensemble, au moins
un champ principal commun auquel sont alliés, ou non, un ou plusieurs
champs secondaires, d'importance variable selon les cas et ayant leurs centres
de décision respectifs (Brossier et al., 2007).
Au Cameroun, On peut admettre qu'une EFA, est une entreprise
qui assure le travail des membres ayant des liens de parenté entre eux
pour la production, la transformation et la vente de produits
végétaux et/ou animaux, ces activités étant parfois
génératrices de revenus (Yossi, 2004).
Les performances des exploitations agricoles au Cameroun ont
également fait l'objet de nombreuses études. L'analyse des
performances économiques des exploitations familiales agricoles
pratiquant le système de culture à base de bananier plantain dans
le grand sud Cameroun a été réalisé par
Nyoré (2009). Grâce à la méthode paramétrique
de frontière de production stochastique, Sur un échantillon de
104 exploitations. L'auteur trouve que les EFA pratiquant le système de
culture à base de plantain sont relativement efficaces techniquement car
le niveau minimum d'efficacité technique est de 61,3%. Par ailleurs, les
résultats
suggèrent que, le niveau d'éducation,
l'encadrement et les conseils aux EFA améliorent l'efficacité
technique lorsque le financement reçu des membres de la famille affecte
celle-ci négativement.
La frontière stochastique de production à
également été utilisée par Minyono Metsama (2009)
dans le but d'identifier les déterminants de l'efficacité
technique dans les EFA à base de maïs dans les régions du
centre et de l'ouest Cameroun. En s'appuyant sur les données
d'enquête réalisée en 2007 par le projet de recherche en
partenariat du REPARAC/IRAD sur 497 EFA, l'auteur trouve que le niveau moyen
d'efficacité technique est de 29,07% pour les EFA de la région de
l'ouest, tandis qu'il est de 26,45% pour les EFA du centre. Par ailleurs, la
taille de la famille et l'appartenance à une organisation paysanne
améliore l'efficacité technique.
Nyemeck et al. (2004) ont évalué
l'efficacité technique des petits producteurs d'arachide, de maïs
en monoculture et de ces cultures en association. Sur un échantillon de
450 exploitations dans 15 villages. Ils trouvent que l'efficacité
technique moyenne est de 77%, 73% et 75%, respectivement pour les trois types
de producteurs grâce à une approche paramétrique de
frontière stochastique de production. Les inefficacités
techniques sont dues essentiellement au crédit, à la
fertilité des sols, à l'accès à l'encadrement et
à la route.
Les principales limites de ces trois études
résident premièrement dans l'utilisation d'une approche
paramétrique qui suppose connu la forme de la fonction de production.
Une erreur de spécification de cette fonction est de nature à
biaiser les résultats obtenus. Ensuite ces études ne prennent pas
en compte les différentes hypothèses de rendement
d'échelle et enfin il n'est pas possible d'obtenir les quantités
sur-utilisées de chaque facteur de production. La présente
étude se démarquera ainsi de celles sus citées en
intégrant dans son analyse ces différents manquements.
INTERET DE L'ETUDE
Cette étude présente un intérêt
multiple. En effet, l'agriculture est essentielle à la croissance ainsi
qu'à la réduction de la pauvreté et de
l'insécurité alimentaire. C'est pourquoi, une révolution
au niveau de la productivité des petites exploitations agricoles est une
condition ciné qua none pour que l'agriculture en Afrique subsaharienne
puisse jouer ces rôles (World Bank, 2008). Ensuite,
parce qu'une utilisation plus efficace des ressources utilisées
par les exploitations familiales agricoles permettrait à
ces dernières d'accroître leurs revenus en réduisant leur
coût de production et par ce biais de lutter contre la
pauvreté.
Enfin, le choix est guidé par souhait de contribuer
à la recherche en économie agricole au Cameroun.
DEMARCHE METHODOLOGIQUE
Pour atteindre les objectifs de cette recherche, on utilisera
les données primaires obtenues lors d'une enquête faite dans le
cadre du programme d'Amélioration de la Compétitivité des
Exploitations Familiales Agropastorales (ACEFA) dans trois villages de
l'arrondissement de Zoetelé.
Les données recueillies ont concerné les
exploitations familiales agricoles pratiquant le système de culture
à base d'arachide et de maïs en association, à cause
notamment de son importance pour les populations de cette région. En
effet, c'est l'un des systèmes de culture les plus pratiqué dans
cette zone.
L'analyse des données recueillies s'est faite en deux
étapes : dans une première étape, l'analyse de la
productivité des exploitations familiales agricoles a été
faite à travers des analyses statistiques, une analyse des
correspondances multiples (ACM) et une classification ascendante
hiérarchique (CAH). Le logiciel EXCEL a été utilisé
pour élaborer les figures et tableaux et le logiciel SPAD 5.5 pour faire
l'ACM et la CAH.
Dans une deuxième étape, nous avons
estimé l'efficacité technique des EFA à partir d'un
modèle d'enveloppement des données (DEA) avec le logiciel DEAP
2.1 (Coelli, 1996), et un modèle TOBIT censuré, estimé
grâce au logiciel STATA 9.1 a permis d'expliquer les
inefficacités.
ORGANISATION DE L'ETUDE
Cette recherche sera organisée en deux parties.
L'analyse de la productivité des exploitations familiales agricoles fera
l'objet de la première partie tandis que l'analyse de
l'efficacité des exploitations familiales agricole sera traitée
en deuxième partie.
Première partie : Analyse de la
productivité des exploitations familiales agricoles
INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE
L'amélioration des performances médiocres du
secteur agricole africain, en stagnation et parmi les plus mal en point au
niveau mondial lors des récentes décennies, constitue la
clé de voûte des solutions aux problèmes de la famine et de
la pauvreté. L'agriculture reste le fondement et la principale source de
revenus de la plupart des économies africaines et de leurs populations
(IFPRI, 2003).
C'est pourquoi, un accroissement de la productivité des
exploitations familiales agricoles permettrait non seulement d'augmenter leurs
productions, leurs revenus et de pérenniser la sécurité
alimentaire, mais également d'abaisser le prix des denrées
alimentaires au niveau national, ce qui stimulerait le reste de
l'économie et réduirait la pauvreté.
Cette première partie de l'étude est
consacrée à l'analyse de la productivité des exploitations
familiales agricoles de la localité de Zoetelé au Sud Cameroun.
Analyse qui se fera en deux étapes dont la première portera sur
les approches théoriques de la productivité et la pertinence de
ce concept en agriculture (chapitre 1). La seconde quant à elle sera une
analyse empirique de la productivité partielle des facteurs de
production des EFA (chapitre 2).
CHAPITRE 1 LA PRODUCTIVITE : ETAT DES LIEUX
Introduction
Dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne,
l'agriculture et les industries connexes sont essentielles pour la croissance,
la réduction de la pauvreté et l'insécurité
alimentaire des masses. Pour que l'agriculture puisse entraîner la
croissance économique dans ces pays à vocation agricole, il
faudra que s'opère une révolution au niveau de la
productivité des exploitations agricoles (World Bank,
2008). Le désengagement de l'Etat dans l'encadrement des
paysans et la suppression des subventions en intrants agricoles depuis la
libéralisation dans les pays en développement dans les
années 90 ont entrainé de fortes pressions sur les exploitations
agricoles. Compte tenu de ce fait ces dernières ont des moyens de
production limités, l'efficacité avec laquelle elles utilisent
les ressources productives disponibles est donc d'une importance capitale.
L'objectif de ce chapitre est de faire un état des
lieux sur le concept de productivité. Ainsi, nous examinerons
successivement les généralités de ce concept et ses
mesures (section 1) ; puis nous nous attarderons un temps soit peu sur son
importance et les facteurs qui la limitent en agriculture (section 2).
Section 1 : Analyse théorique de la
productivité
Par analyse théorique nous entendons d'une part, ce
qu'il faut savoir de manière générale quand on parle de
productivité (I) et d'autre part dresser un panorama plus ou moins
exhaustif des différentes approches du concept (II).
I. Généralités sur la
productivité
Il sied avant toutes choses de définir un certain nombre
de concepts (A) pour mieux cerner les mesures de productivité (B).
A. Définition des concepts
Qu'est ce qu'une exploitation familiale agricole ? Qu'est ce
qu'un système de culture ? Qu'est ce que la productivité ?
Exploitation familiale agricole : la notion
d'exploitation familiale agricole trouve son origine dans
l'organisation de la production agricole en Europe (Bergeret
et Dufumier, 2002a). Partant des critères de l'origine du revenu
familial et l'affectation ou non de la force de travail à l'exploitation
agricole, Oliveira (1997) distingue trois catégories d'exploitation
familiale agricole : celles qui ont une fonction productive, celles qui servent
de réserve de main-d'oeuvre et celles qui vivent principalement des
transferts sociaux (ressources monétaires autres que les revenus venant
de l'exploitation ou des activités extérieures des membres de la
famille). Cependant il est indispensable de préciser comme Gastellu
(1980) que « l'exploitation familiale agricole africaine est
différente de l'exploitation familiale agricole européenne
». Cet auteur substitue le terme de « communauté » qui
lui semble plus convenable que celui d' « unité », car il fait
davantage ressortir les échanges privilégiés qui unissent
des individus d'un même groupe. C'est aussi la définition retenue
par Kleene (2007) pour qui l'exploitation familiale agricole africaine
est une équipe familiale de travailleurs
cultivant ensemble, au moins un champ principal commun auquel
sont alliés ou non, un ou plusieurs champs secondaires d'importances
variables selon les cas et ayant leurs centres de décision
respectifs.
Système de culture : Le système de
culture peut être considéré comme un ensemble de parcelles
cultivées de façon homogène et en particulier soumises
à la même succession culturale. Ainsi, si le système
agraire renvoie à l'organisation générale d'une
communauté rurale, d'une région, etc. Le système de
culture correspond à un ensemble de pratiques mises habituellement
en oeuvre par les agriculteurs en matière de choix de
spéculations, de leur association dans l'espace, de leur succession dans
le temps et de leurs modes de conduite (Jouve, 1986). Autrement dit, le
système de culture se rapporte aux combinaisons culturales et
représente l'ensemble plus ou moins structuré des productions
végétales et animales, retenu par les agriculteurs (Badouin,
1987).
Productivité : le concept de
productivité tire son origine du verbe latin producere qui
signifiait « mener en avant, présenter, étendre mais aussi
procréer, développer, faire grandir », et du participe
correspondant productus. Ce concept vient d'une famille de mots
français 7: Produire (1361), producteur (1442, rare
avant le XVIIIème), produit (1690), production (1695)
et le dernier né ...productivité (1766).
En général, la productivité est
définie comme le rapport entre la production d'un bien ou d'un service
et l'ensemble des intrants nécessaires pour le produire. Elle constitue
en fait, une mesure de l'efficacité avec laquelle une économie
met à profit les ressources dont elle dispose pour fabriquer des biens
ou offrir des services (Gamache, 2005). Autrement dit, la productivité
est le rapport entre la production et l'ensemble ou partie des ressources mises
en oeuvre pour la réaliser.
Ainsi, améliorer la productivité ce n'est pas
travailler dur, mais travailler intelligemment. La productivité permet
de mesurer l'efficacité du système productif, c'est donc une
comparaison entre la production réalisée et les quantités
de facteurs de production utilisés.
7 Petit Robert (1981) cité par Destais et al
(2000).
De toutes ces définitions, nous retenons dans le cadre
de cette étude que la productivité se définit comme le
rapport entre ce qui est produit et les unités d'input qui ont
été consommées pour y parvenir.
Cependant qu'en est-il des mesures de productivité ?
B. Les mesures de productivité
Dans la littérature économique, la
première mention d'un indice de productivité est attribuée
à Morris Copeland en 1937 dans son ouvrage « Concepts of
National Income ». Les premiers travaux d'importance pour en
mesurer le niveau et les impacts ont cependant été amorcés
quelques années plus tard. Au début des années 40,
plusieurs économistes dont Timbergen (1942) et Stigler (1947) se sont
intéressés à ces questions.
Plusieurs indicateurs peuvent être
développés afin de rendre compte de l'évolution de la
productivité. Les mesures unifactorielles et les mesures
multifactorielles constituent les deux principales catégories
habituelles utilisées pour tenir compte des différents
indicateurs (Gamache, 2005).
Les premières mettent en relation la production avec un
seul intrant (travail, capital, terre), alors que les secondes combinent
simultanément les effets de plusieurs intrants. En d'autres termes,
l'augmentation de la production peut être comparée à celle
de tous les intrants ou juste à celle d'un seul facteur de production
à la fois (Kaci, 2006).
Théoriquement, il y a autant de mesures unifactorielles
qu'il y a de facteurs de production dans l'économie. Ainsi, les concepts
de productivité diffèrent selon le facteur retenu au
dénominateur.
La productivité unifactorielle se mesure donc comme suit
:
productivité unifactorielle=
|
quantité produite
|
quantité de l'input utilisée
|
La productivité du travail reflète le volume de
production généré par heure de travail. Toutefois, il ne
faut pas conclure qu'elle dépend uniquement de la performance de la
main
d'oeuvre, car elle est largement influencée par tous les
autres facteurs de production et l'environnement dans lequel fonctionnent les
entreprises8 (Gamache, 2005).
Elle peut se calculer comme suit :
productivité du travail=
|
quantité produite
|
quantité de travail utilisée (nombre d'actif
agricole)
|
La productivité de la terre qui mesure la contribution de
ce facteur à la production, peut se calculer ainsi :
productivité de la terre=
|
quantité produite
|
superficie de production
|
La productivité du capital mesure la contribution ou la
part du capital dans la production. Autrement dit, elle compare la production
réalisée à la quantité de capital utilisée
et peut se calculer comme suit :
productivité du capital=
|
quantité produite
|
quantité de capital utilisé par l'EFA
|
La productivité partielle est un indicateur qui souffre
cependant d'une limite importante : elle attribue la totalité de la
production agricole à un seul facteur.
Afin de prendre en compte l'efficacité de l'ensemble
des facteurs entrant dans le processus de production, la productivité
multifactorielle est prise en compte. Celle-ci associe la production d'un bien
ou d'un service à plusieurs intrants. Ceux le plus souvent retenus sont
le capital et le travail, mais d'autres facteurs intermédiaires tels
l'énergie, les matières premières et les fournitures de
production peuvent également s'ajouter.
8 En fait, l'intensité de l'effort fournit
par les travailleurs a effectivement des répercutions sur la
productivité du travail, mais cet élément est
généralement beaucoup moins important que le volume de capital
(comme les outils ou la machinerie) dont dispose un individu pour accomplir sa
tâche.
La productivité globale des facteurs (PGF) compare la
production réalisée à la quantité de capital, de
terre et de travail utilisés. Sous sa forme élémentaire,
elle se base sur les fondements conceptuels derrière l'identité
comptable du PIB, sa première formalisation théorique est
l'oeuvre de Solow (1957). En effet, en partant d'une fonction de production
générale à rendements d'échelles constants, Solow
trouve que le taux de croissance de la production est la somme des taux de
croissance des facteurs pondérés par leurs
élasticités de production, et du taux de croissance de la
technologie.
Toutefois ces élasticités n'étant
observables que si l'on suppose que les facteurs sont
rémunérés à leur productivité marginale ;
Ainsi le résidu de Solow ou taux de croissance de la PGF est
donné par : le déplacement de la fonction de production pour un
niveau donné d'intrants, autrement dit, la croissance de la production
qui n'est pas expliquée par l'accroissement des facteurs de production.
Cependant, cette approche est purement théorique. En
réalité, lors des applications empiriques plusieurs
difficultés sont rencontrées et de nombreuses
critiques9 sont portées sur la méthodologie de calcul,
les hypothèses de base et l'interprétation des
résultats.
Kent et Linh (2009), soutiennent que la croissance de la
productivité en agriculture a été sujette à
d'intenses recherches. A titre d'illustration : aux Etats Unis, Grilliches et
Jorgenson (1967), Jorgenson et al. (1987), Antle et Capalbo (1988), Ball et
Norton (2007) ont mesuré la croissance de la productivité
agricole. En particulier, Furgie et al. (2007) ont estimé la croissance
de la productivité totale des facteurs en agriculture aux Etats unis
(USA) sur la période 1948-2004 en utilisant l'indice de Malmquist. Ils
trouvent qu'en agriculture, la croissance annuelle de la productivité
globale des facteurs aux USA est de 1,8 % au cours de la période
d'étude.
La productivité globale des facteurs se définit
donc comme le rapport des outputs à l'ensemble des inputs effectifs
(Blancard et Boussemart, 2006). Statistique Canada présente à cet
effet la productivité globale des facteurs comme : « une
moyenne pondérée de la
9 Abramovitz (1956) en faisant allusion à la PGF parle
de « mesure de notre ignorance », ainsi les erreurs de
mesure dans les séries du travail, dans celle du stock du capital
physique, l'omission d'éléments susceptibles d'influencer la
qualité et la productivité des facteurs soulèvent un
ensemble de mise en garde à l'égard de l'utilisation du
résidu de Solow. Jorgenson et Grilliches (1967) soulèvent le
problème de l'agrégation des facteurs de production,
l'impossibilité de distinguer entre différent types ou
qualités de capital et de travail ce qui entraine une surestimation du
progrès technologique.
productivité du capital et de la productivité
du travail, où les pondérations sont respectivement les parts du
capital et du travail » dans la production (Gamache, 2005).
II. Approche théorique de la productivité
Le concept de productivité trouve toute son importance
dans ceci qu'il est un moyen de mesure de la performance agricole. De la
théorie physiocrate à la théorie néo-classique de
la répartition, il occupe une place de choix dans la pensée
économique. Cet intérêt a été à
l'origine d'une évolution remarquable de la théorie
économique sur la question (A) et de la théorie
microéconomique de la production (B).
A. Des théories physiocrates à la
théorie néoclassique de la répartition
La notion de productivité a commencé à se
préciser avec les travaux des physiocrates tels que Quesnay (1694-1774).
Cet auteur précurseur, lui-même propriétaire foncier,
constate qu'en engageant des frais plus élevés (achats de boeufs,
chevaux, charrue, et fumier) la terre est mieux cultivée avec moins de
travail et donne à son propriétaire un produit plus important. Il
en déduit ce qui sera qualifié plus tard de «
théorie du surplus agricole10». A la même
époque Turgot établit au contraire que la terre fournit des
rendements décroissants au fur et à mesure de la mise en culture
des terrains moins fertiles. Malthus reprend cet argument en parlant du «
pouvoir de production limité de la terre » dans son «
Essai sur le principe de population » en 1798.
Les classiques anglais introduisent la notion de
productivité du travail, pour désigner le rendement physique du
travail. Les recherches sur les causes de la richesse des
nations d'Adam Smith en 1776 s'ouvrent par un premier livre
relatif aux « causes qui ont perfectionnées les facultés
productives du travail ». Il définit dans ce cadre la puissance
10 La théorie du surplus agricole
établit avant tout le rôle des avances en capital dans
l'augmentation de la production agricole, et donc dans l'accroissement du
revenu national, puis qu'elle considère l'agriculture comme seule source
de richesse.
productive du travail comme la « quantité
d'ouvrage qu'un même nombre de bras est en état de fournir
» et développe l'idée selon laquelle celle-ci peut
s'améliorer grâce à la « division du travail
»11. Ainsi, les gains de productivité du travail
qui en résultent, bénéficient aux salariés en
favorisant la diminution des prix des produits manufacturés.
L'école marginaliste opère un renversement
complet de la problématique, en tirant parti des travaux de Say
(1828-1829). Ce dernier auteur pense que, la production met en jeu les services
productifs de trois éléments : l'industrie de l'homme (au sens
actuel de travail), les capitaux, et les agents naturels. Il constate
empiriquement que celui qui détient l'un de ces éléments
utiles à la production peut exiger une rémunération quand
il en cède son usage (Destais et Gillot-Chappaz, 2000). Cependant Say
n'abordera ni la question de la quantification de cette
rémunération ni celle de sa justification théorique ; ce
qui amènera plus tard Von Böhm Bawerk à la qualifier de
« fondateur de la théorie naïve de la
productivité »12.
Jevons (1871), pionnier de l'école marginaliste
anglaise, jette les bases d'une théorie du capital. Il précise en
effet que, la productivité reste encore une grandeur attachée au
travail, puisqu'il définit le degré de productivité par
quantité produite en échange d'un certain montant de salaires et
un indicateur de productivité correspondant à l'inverse d'un
coût de production unitaire à taux de rémunération
fixé. Jevons va plus loin dans l'analyse des revenus du capital en se
fondant sur l'idée de relier la rémunération des moyens de
production et leur contribution marginale à la production. Ses
successeurs au sein de l'école néoclassique, développent
une analyse des rendements marginaux du capital et la productivité
marginale du travail et en feront des outils de répartition du revenu
total entre les facteurs de production.
Les économistes néo-classiques selon la
théorie de la répartition pensent que ce n'est pas seulement la
terre, mais aussi tous les facteurs de production qui reçoivent une
rémunération égale à leur productivité
marginale à l'optimum. Ainsi, l'économiste américain John
Bates Clark (1847-1938), développe le théorème de
l'épuisement du produit13. Ce
11 La division du travail agit par le biais des canaux
suivants : augmentation de l'habileté, réduction des temps morts
et mécanisation, elle-même rendue possible par la simplification
des tâches.
12 Théorie positive du capital (1889)
cité par Destais et Gillot-Chappaz (2000).
13
www.economie-cours.fr
(consulté le 30/03/2010).
théorème stipule que : lorsque la fonction de
production est homogène de degrés 114, lorsque les
facteurs sont rémunérés à leur productivité
marginale, alors le revenu de la production, est intégralement
absorbé par les facteurs.
B. Théorie microéconomique de la
production
Dans le passé, les économistes n'ont pas
toujours donné la même définition à la
réalisation d'une production. Ainsi les physiocrates de la France rurale
du milieu du XVIIIe siècle ne voyaient de véritable
production que dans l'agriculture (Picard, 1994). Adam Smith définissait
quant à lui la production comme l'activité qui concourait
à la réalisation d'un bien matériel destiné
à être vendu sur le marché. D'une manière
générale, on peut admettre que la production d'une entreprise,
d'une branche, d'une nation, d'une EFA... est exprimée par la fonction
de production qui donne la quantité maximale de l'output qui peut
être obtenue par une combinaison des facteurs (travail, capital et
terre). Autrement dit, la fonction de production caractérise l'ensemble
des contraintes (contraintes imposées par les ressources limitées
en facteurs de production et par les possibilités techniques de
production) qui relient les quantités produites aux quantités de
facteurs utilisés avec les techniques possibles (Brossier, 2007). Ainsi,
la forme générale d'une fonction de production pour une firme
quelconque est : y = f ( x
1 , x 2 ,... x j )
Avec y = quantité produite ou l'output par la
firme considérée ; f désigne la fonction de
production et ( x1 , x2 ,... x
j ) les facteurs (inputs) utilisés par cette firme. Dans
le cas d'une EFA les inputs peuvent être le capital, le travail et la
terre.
La productivité moyenne d'un facteur Xi,
est le rapport de la quantité de bien produite à la
quantité de facteur utilisée, soit :
Y
productivité moyenne du facteur Xi =
Xi
14 Une fonction de production est homogène de
degrés 1 lorsque la multiplication par un paramètre â de la
quantité de chaque facteur de production multiplie exactement par
â la production.
14 Voir M. Baslé et al (1988) cité par
Destais et Gillot-Chappaz (2000).
Le raisonnement différentiel introduit par Ricardo (1821),
en matière d'analyse de la productivité est repris par la
théorie marginaliste.
C'est ainsi que les marginalistes définissent la
productivité marginale comme étant le supplément de
production qui résulte de l'utilisation d'une unité
supplémentaire d'un facteur
sachant
|
que tous les autres facteurs restent constants.
|
|
|
ÄY
du facteur Xi=
|
=
|
äY
|
productivité marginale
Ä X
i
|
ä X
i
|
La productivité marginale diminue lorsqu'on augmente
l'utilisation du facteur, les quantités utilisées des autres
facteurs étant maintenues à l'identique. Ce constat est
général et on parle alors de « loi des rendements marginaux
décroissants ». Elle s'énonce également de la
manière suivante : la production moyenne par unité de facteur
(productivité moyenne) diminue lorsque la quantité
consommée de ce facteur augmente (Brossier, 2007). Alors la
dérivée seconde de la fonction de production est
négative.
productivité marginale du facteur Xi décroissante
:
2
?
?xi
f 2 0
~
Exemple : Représentation
graphique d'une fonction de production, de la productivité moyenne et
marginale d'un facteur X1 (figure 1.1).
Cette figure présente la productivité marginale
du facteur 1, elle est croissante de 0
à E et décroissante pour les
quantités plus importantes du facteur 1. La
productivité moyenne de ce facteur croît de 0
à E' puis décroît. Par ailleurs la
productivité moyenne et la productivité marginale sont
égales, au point E'. On observe donc que la
productivité moyenne est croissante (respectivement décroissante)
lorsque la productivité marginale est supérieure (respectivement
inferieur à la productivité moyenne). Lorsque la
productivité moyenne est maximale, productivité marginale et
productivité moyenne sont égales.
Figure 1.1 : Fonction de production,
productivité moyenne et productivité marginale
f X X X n
( , ... )
1 2
X1
E E'
Source : Picard (1994), p143
Productivité marginale du facteur X =
1
Xi
Xi
E E'
f (X1, X2,...XJ)
Productivité moyenne du facteur X =
1
? f
?X1
Les différentes mesures de productivité ici
présentées sont des mesures physiques, il est également
possible d'exprimer la productivité moyenne et la productivité
marginale en valeur (en multipliant les mesures physiques par les prix).
Après avoir présenté l'analyse
théorique du concept de productivité, nous allons à
présent discuter à propos de la pertinence de la
productivité agricole.
Section 2 : Pertinence du concept de
productivité en agriculture
Cette section parcourt la pertinence du concept de
productivité agricole. La discussion s'articule dans un premier temps
autour de l'importance de la productivité (I), ensuite les facteurs qui
limitent celle-ci dans le domaine agricole (II) seront exposés.
I. L'importance de la productivité
La productivité peut être définie au
niveau d'une personne qui exécute une tâche donnée, d'une
entreprise présente dans toute une gamme d'activités
économiques, d'une EFA qui produit un bien donné, d'une industrie
ou d'un pays tout entier. La productivité augmente lorsqu'on obtient une
plus grande quantité de produits avec les mêmes intrants. Pour
autant, elle présente des enjeux et des contraintes.
A. Les enjeux de la productivité
En agriculture, deux considérations
ont donné naissance à la productivité : le rendement et
l'efficience. Au sens strict, le rendement est la production par unité
de terre. Le rendement mesure donc le rapport entre la quantité de
produit agricole récoltée et la superficie de terre qui a produit
cette récolte (Beitone et al., 2008). En ce sens, le rendement concerne
la terre, la productivité concerne le travail et le capital. On
distingue généralement les rendements
d'échelle15, des rendements factoriels16.
Tous les systèmes économiques, toutes les
entreprises, toutes les EFA, mais aussi tous les individus rationnels,
cherchent à être les plus efficaces possibles, c'est-à-dire
à produire le plus possible compte tenu des facteurs de production
(capital, travail, terre...) dont ils disposent. Non seulement il faut chercher
à avoir une productivité élevée, mais aussi vouloir
continuellement l'augmenter ; c'est la recherche de "gains de
productivité". C'est un indicateur dynamique introduit par Jevons, qui
correspond à une augmentation de la productivité. Le gain de
productivité est un surplus qui peut être distribué aux
salariés (hausse
15 Les rendements d'échelle affectent
l'évolution de la productivité globale des facteurs. Elle
augmente lorsque les rendements d'échelle sont croissants, diminue
lorsqu'ils sont décroissants et ne change pas lorsqu'ils sont
constants.
16 Les rendements factoriels désignent une
relation entre la quantité produite d'un bien et la quantité d'un
facteur de production supposé variable, toutes choses égales par
ailleurs. Ils permettent de mesurer l'efficience productive d'un des facteurs
et constituent un des éléments caractérisant une fonction
de production. Les rendements factoriels affectent l'évolution de la
productivité marginale du facteur variable. Cette dernière
augmente lorsque les rendements factoriels sont croissants, diminue lorsqu'ils
sont décroissants et ne change pas lorsqu'ils sont constants.
des salaires, prime, promotion, baisse de la durée du
travail...), à l'EFA (augmentation des fonds propres, financement des
investissements), aux consommateurs (baisse des prix). La hausse de la
productivité est due à plusieurs facteurs : l'organisation du
travail, la motivation, la performance du matériel, l'environnement de
l'EFA, le climat social, l'expérience et la qualification, la
responsabilité et la confiance17.
Selon plusieurs études, les paysans dans les pays en
voie de développement n'arrivent pas toujours à exploiter
pleinement leurs potentialités techniques et/ou attribuent de
manière inefficace leurs ressources productives (Bravo-Ureta et al.,
1993 ; Thiam et al., 2001). Ce qui implique un faible niveau de
productivité en Afrique. Cette productivité agricole est reconnue
comme un des déterminants à la fois du bien-être des
populations rurales et la croissance des économies des pays de l'Afrique
subsaharienne (Block, 1994). Selon Eicher (1999), le secteur agricole ne peut
assurer son rôle primordial de stimulant de la croissance
économique, de générateur d'emploi et de fournisseur de
devises à cause du faible niveau de productivité dans ce secteur.
Ceci explique la grande importance de l'analyse de la productivité des
EFA, non seulement pour la prospérité des populations rurales
mais également pour la sécurité alimentaire.
L'amélioration de la productivité des EFA aura une grande
incidence sur la croissance économique de la majorité des pays
Africains.
Par ailleurs comme le note le BIT (2005) le
développement économique passe généralement par le
déclin de l'emploi agricole résultant de l'augmentation de la
productivité. En effet, dans le secteur agricole, les principales
caractéristiques de la relation productivité/emploi tiennent
à la nature même de la production agricole. Lorsque le niveau de
vie augmente, la part de leur budget que les individus consacrent à
l'alimentation diminue. Il s'ensuit que l'accroissement de la production obtenu
grâce à l'amélioration de la productivité agricole
n'entraîne pas une augmentation équivalente de la demande et par
conséquent, une déclinaison de l'emploi.
Après avoir passé en revue les enjeux de la
productivité, nous nous posons à présent la question de
savoir, quels sont ses déterminants ?
17 Voir
www.wikipédia.org
(consulté le 30/03/2010).
B. Les déterminants de la productivité
Il s'agi ici de passer en revue les déterminants
économiques ayant été identifiés par les
études empiriques comme les variables ayant les plus grands impacts sur
la productivité agricole.
La majorité des études portant sur la
productivité font état de trois principaux facteurs
économiques exerçant une influence majeure sur sa croissance. Ces
trois facteurs, qui font l'objet d'un large consensus parmi les
économistes à travers le monde sont : l'investissement en
matériel et outillage, le développement des compétences et
l'ouverture au commerce et à l'investissement (Harris, 1999). Dans le
cadre de ce travail, nous nous limiterons aux deux premiers facteurs. A ceux-ci
s'ajoutent plusieurs autres ayant les effets indirects et qui suscitent encore
des débats quant à l'importance de leur influence sur la
croissance de la productivité (Gamache, 2005). Notamment, la taille et
l'innovation si on se limite au niveau d'une EFA.
Habituellement, la croissance de la productivité
affiche une corrélation élevée avec l'investissement
en matériel et outillage (exprimé en proportion du PIB). Les
pays qui ont les taux d'investissement élevés en matériel
et outillage par rapport au PIB ont aussi des taux de croissance
élevés dans l'ensemble. Ce réajustement permet de corriger
l'effet de la convergence conditionnelle ou le « rattrapage » toute
chose égale par ailleurs, on peut s'attendre à ce qu'un pays
pauvre connaisse une croissance plus rapide qu'un pays riche (Harris, 1999).
Cette corrélation vaut autant pour les pays développés que
pour les pays en développement et elle tient sur de longues
périodes. Par ailleurs, les changements de technologie qui se feraient
par les investissements en matériel et outillage ont une grande
importance dans la croissance de la productivité agricole en Afrique
(Nkamleu, 2004a).
Le développement des compétences
constitue un moteur de la croissance à travers deux canaux. Dans un
premier temps, des travailleurs plus qualifiés favorisent l'innovation
et la production de nouvelles technologies. Les individus détenant des
compétences plus élevées ont une propension à
transmettre à leur entourage, ils contribuent ainsi à
l'accroissement de la productivité des autres travailleurs (Harris,
1999). Gamache (2005) identifie quelques éléments qui peuvent
permettre au développement des compétences d'influencer la
productivité parmi lesquels : le taux de
fréquentation scolaire, la formation continue, l'expérience des
travailleurs et l'échange d'information.
En ce qui concerne les autres facteurs économiques qui
influencent la productivité, on présentera ici l'innovation et la
diffusion des technologies car nous aborderons l'influence de la taille en
termes de facteurs limitant la productivité agricole.
Dans la littérature, l'innovation s'assimile au
progrès technique pour Schumpeter, ce qui consolide théoriquement
le rôle de l'innovation dans la croissance de la productivité. Le
progrès technique peut se définir comme une nouvelle
manière de produire qui permet d'obtenir plus de produits avec les
mêmes quantités de facteurs de production (Beitone et al., 2008).
Sadoulet et De Janvry (1995), à partir d'un modèle
néoclassique démontrent le lien entre productivité et
progrès technique. Les auteurs partent d'un modèle
néoclassique traditionnel où la fonction de production
décrit la façon dont les ressources sont transformées en
produits. En prenant une forme particulière de la fonction Cobb Douglas
:
F ( K , L ) Y AK L
á â
= = Avec K, L respectivement les facteurs
capital et travail. á et â
K AL
á 1 -á dont tous les autres
éléments restent inchangés.
renseignent sur la nature des rendements
d'échelle18 et sur l'importance relative du capital et du
travail dans la technologie de production, A représente
un paramètre de productivité. Sadoulet et De Janvry (2005) en
maintenant ce type de représentation, élargissent la
définition de la technologie en y introduisant les biens produits
(Y), et les inputs utilisés ( K , L
). Ainsi, le changement technologique peut prendre au moins trois formes
différentes19. Une innovation s'appréhende alors comme
un changement technologique qui implique une nouveauté dans une ou
plusieurs des dimensions suivantes : de nouveaux procédés de
production ; de nouveaux intrants (découverte d'une nouvelle
matière première, l'amélioration de celle existante) ; des
nouveaux produits. Ainsi, le progrès technologique
modélisé par Solow (1957) représente à la
lumière de cette définition, une fraction de l'ensemble des
innovations technologiques possibles. Il s'agit d'innovations non
incorporées (i.e. qui ne modifient pas les spécifications de K, L
ou Y et labour-augmenting (qui augmentent l'efficacité du travail). Ces
innovations correspondent à l'accroissement du seul paramètre A
dans la fonction de production Y =
18 Si 3 + a = 1 on a des rendements d'échelles
constants ; pour 3 + a >1 on a les rendements d'échelles croissants
et des rendements d'échelles décroissants pour 3 + a <1.
19 Modification du procédé de production (forme de
la fonction F) ; modification des spécificités de Y ;
modification des spécifications de K ou de L.
En agriculture les innovations conduisent à des
changements liés au mode d'organisation des producteurs, des
institutions et des sociétés. Elles peuvent elles mêmes
résulter des processus de changements induits au sein des
communautés et ceux liés à l'utilisation des technologies
ou des pratiques agricoles déjà connues (Ngo Nonga, 2008). La
notion d'innovation ne se limite donc pas aux nouvelles découvertes
obtenues de la recherche. Même s'il n'existe pas un consensus strict
autour de la définition de l'innovation, on peut considérer
celle-ci « comme étant l'application de ressources et de
découvertes technologiques, institutionnelles et humaines à des
procédés de production débouchant sur de nouvelles
pratiques, de nouveaux produits et marchés, de nouvelles institutions et
organisations à l'efficacité renforcée » (Poole,
2006) in Ngo Nonga, (2008).
II. Les facteurs limitant la productivité
agricole
En général, on peut dire que deux
éléments essentiels empiètent sur la productivité :
la taille de l'exploitation (A) et les coûts de transactions (B).
A. La taille de l'exploitation
Au début de l'histoire moderne, la terre arable
semblait être une ressource en quantité infinie, l'organisation de
celle-ci ne semblait pas être une priorité. Au fur et à
mesure que la densité de la population augmente, la terre devient
relativement de plus en plus rare et la façon de la distribuer a pris
une place importante dans les discutions politiques (Piette, 2006). La
façon la plus économiquement efficace de gérer cette
ressource a donné une place importante à l'étude de la
relation entre la taille d'une exploitation et sa productivité
dès le début de l'économie du développement.
Les études théoriques et empiriques
suggèrent que cette relation est négative, c'est-à-dire
que plus la taille d'une exploitation est grande, plus celle-ci est inefficace
(Sen (1962, 1966)20 ; Berry et Cline (1979) ; Bardhan (1973) ;
Deolalikar (1981)...).
20 Voir Thapa (2007).
Berry et Cline (1979) sont les premières à
vérifier empiriquement la relation entre la taille d'une exploitation et
la productivité en utilisant les données du Brésil, de la
Colombie, des Philippines, du Pakistan, de l'Inde et de la Malaisie. Ils
démontrent que la productivité est plus grande sur les petites
exploitations que sur les grandes exploitations.
Cependant les hypothèses néoclassiques
suggèrent qu'il ne devrait pas y avoir de corrélation entre la
productivité et la taille d'une exploitation (Bhalla et Roy, 1988). Dans
un monde où tous les marchés fonctionnent parfaitement, la
distribution de la terre est telle que la production de l'économie est
maximisée. La relation négative serait due aux imperfections sur
les marchés du travail, de la terre, du capital et du crédit dans
les pays en développement (Piette, 2006).
Pour Sen (1966) les exploitants qui sont incapables de vendre
leur main-d'oeuvre sur le marché l'appliquent sur la terre familiale. En
conséquence, l'intensité de la main-d'oeuvre sur les petites
exploitations est plus grande et la production par unité de terre est
plus élevée. Les marchés de la terre, du capital physique
et du crédit sont quant à eux imparfaits puisque les petits
exploitants, n'ayant pour la plupart du temps pas de garantie, ne sont pas
capables de les acquérir. Alors que les imperfections du marché
du travail augmentent la productivité des petites exploitations, celles
des marchés du capital et du crédit ont le résultat
inverse.
Ainsi, Mahesh (2000) a étudié la relation entre
la taille de l'exploitation et la productivité en Inde (Kerala).
L'auteur trouve que les grandes exploitations ont de plus grand niveaux de
productivité. L'explication de ce résultat serait que les petites
exploitations utilisent généralement la main d'oeuvre familiale
qui est moins efficiente que la main d'oeuvre salariale.
En parlant de l'agriculture Pakistanaise, Kausar (2008) trouve
que les exploitations de petites et de grandes tailles sont plus productives
que celle de tailles moyennes. La principale raison à cela est que, les
exploitations de petites tailles sont plus productives car elles utilisent
intensément la main d'oeuvre et l'irrigation tandis que les
exploitations de tailles moyennes sont inefficaces dans la combinaison des
inputs et celles de grandes tailles utilisent un maximum de capital.
La littérature sur cette relation est très
limitée en Afrique comme le note Usabuwera (1995) à travers une
étude de cas sur le Rwanda. Les résultats de cette étude
confirment l'existence d'une relation inverse entre la productivité et
la taille de l'exploitation. En effet les
contraintes liées à l'accès à la
terre, l'accès au marché du travail sont moins importantes pour
les petites exploitations par rapport aux exploitations de grande taille. Dans
ce cas, cette relation est affectée par la qualité de la terre,
les coûts liés à l'utilisation des fertilisants et produits
chimiques, les investissements pour conserver la qualité de la terre.
Cette relation a été longuement discutée et ne fait
l'objet d'aucun consensus entre chercheurs. Ainsi, il a été
suggéré à plusieurs reprises dans la littérature
économique, que la révolution verte21 aurait
diminuée ou même inversée la relation négative entre
la taille d'une exploitation et sa productivité (Deolalikar, 1981).
B. Les coûts de transaction
Le lien entre l'infrastructure publique et la
productivité est souvent positif, même si ce n'est pas
systématique. Ce lien n'est pas unidirectionnel et n'est pas facile
à mesurer. Ainsi, l'absence des infrastructures publiques est souvent
source de coûts de transactions. Ces coûts de transactions peuvent
influencer la décision de participer ou non au marché des
agriculteurs comme le montrent De Janvry et al. (2000). On distingue selon ces
auteurs les coûts de transactions proportionnels et les coûts de
transactions fixes.
Les coûts de transactions proportionnels augmentent les
prix effectivement payés par les acheteurs et diminuent les prix
éffectivement reçus par les vendeurs, créant ainsi une
bande de prix avec laquelle les ménages jugent de la non
profitabilité de l'entrée sur le marché. Ces coûts
de transactions sont associés aux frais de transports et sont dus
à l'imperfection de l'information sur le marché. Tandis que les
coûts de transactions fixes englobent les coûts de recherche de
marchés, les coûts de surveillance, de pénalités, de
supervision qui sont inhérents au marché avec assymétrie
d'information.
21 Le terme « révolution verte »
désigne le bond technologique réalisé en agriculture au
cours de la période 1944- 1970, à la suite de progrès
scientifiques réalisés durant l'entre-deux-guerres. Elle a
été rendue possible par la mise au point de nouvelles
variétés à haut rendement, notamment de
céréales (blé et riz), grâce à la
sélection variétale. L'utilisation des engrais minéraux et
des produits phytosanitaires, de la mécanisation et de l'irrigation y
ont aussi contribué. Elle a eu pour conséquence un accroissement
spectaculaire de la productivité agricole (mais les estimations de cette
augmentation restent encore très controversées) et a permis
d'éviter les famines catastrophiques, avec pour résultat une
augmentation sans précédent de la population mondiale depuis 1950
(
www.wikipedia.com,
consulté le 18 Août 2010).
Ainsi, la combinaison entre le comportement de choix rationnel
et les coûts de transactions provoquent des incitations favorables aux
comportements opportunistes, conduisant à la sélection
adverse22 et à l'aléa moral23 dans les
transactions, qui, tous deux occasionnent des coûts
élevés.
Divers travaux empiriques ont pu vérifier ces analyses
théoriques. Ainsi, Minten et Stifel (2003) ont analysé pour le
cas de Madagascar, l'implication de l'isolement dans la pauvreté rurale.
Les auteurs se concentrent spécialement sur l'impact des coûts de
transactions sur la productivité agricole. Les résultats de cette
étude confirment l'existence d'un lien direct entre l'isolement et la
productivité. Par exemple, en ce qui concerne particulièrement la
qualité de la route, l'effet sur la productivité du riz agit
à travers les coûts de transaction sur le coût des inputs
utilisés.
Par ailleurs, Binswanger et al. (1993) ont
démontré pour l'Inde dans les années 1970 que les routes
sont autant importantes pour la croissance des outputs agricoles que
l'utilisation des engrais, ceci grâce à la réduction des
coûts de transaction.
Conclusion
En somme, il était question dans ce chapitre de faire
un état de lieux du concept de productivité en économie.
Il ressort que ce concept s'étudie en économie à travers
les différents apports théoriques de l'école physiocrate
à la théorie de l'épuisement du produit, ainsi que la
théorie microéconomique de la production. L'importance de la
productivité en agriculture a été abordée dans le
cadre de cette étude à travers ses déterminants, ses
enjeux et les facteurs qui la limitent.
22 La sélection adverse implique des
coûts ex-ante pour déceler les mauvais risques parmi les candidats
à la transaction.
23 L'aléa moral implique des coûts
ex-post de supervision, d'action légale et de mise en application.
CHAPITRE 2 : EVIDENCE EMPIRIQUE SUR LA PRODUCTIVITE DES
EXPLOITATIONS FAMILIALES AGRICOLES
Introduction
L'amélioration de la productivité des
exploitations familiales agricoles pourrait entre autres contribuer : à
l'autonomie alimentaire et financière de la famille rurale, à
nourrir le pays et à augmenter la richesse nationale. Mais aussi
à la gestion durable, la reproduction des ressources naturelles et
à la sécurité alimentaire des populations.
Le but de ce chapitre est de mener une étude empirique
de la productivité des facteurs utilisés par les exploitations
familiales agricoles. Il importe dans un premier temps, de présenter les
données qui serviront aux différents calculs en expliquant la
méthodologie et les comportements productifs des EFA décrivant
l'échantillon (section I) ; dans un deuxième temps, d'analyser la
productivité partielle des facteurs de production utilisés pour
enfin proposer une typologie des EFA du point de vue de leur
productivité (section II).
Section 1 : Méthodologie de recherche et
description des comportements productifs des exploitations familiales agricoles
Cette section présente les caractéristiques de
l'échantillon (I), puis les comportements productifs des exploitations
familiales agricoles (II).
I. Les caractéristiques de l'échantillon
L'analyse des caractéristiques de l'échantillon
passe par une détermination de l'échantillonnage (A) suivie d'une
présentation des variables (B).
A. Echantillonnage
L'échantillonnage concerne les critères de choix de
la zone d'étude et des exploitations familiales agricoles
enquêtées.
> Choix de la zone
L'échantillon est constitué d'exploitations
familiales agricoles de la région du Sud Cameroun et
précisément de l'arrondissement de Zoetelé. Ce choix se
justifie par la présence dans cet arrondissement d'une structure
d'encadrement, d'appui conseil et de financement des projets des exploitations
familiales agricoles : Programme d'Amélioration de la
Compétitivité des Exploitations Familiales Agropastorales
(ACEFA)24. Ce Programme est placé sous la maîtrise
d'ouvrage conjointe du ministère de l'agriculture et du
développement rural (MINADER) et du ministère de
l'élevage, des pèches et des industries animales (MINEPIA).
L'arrondissement de Zoetelé est une des unités
administratives que compte le département du Dja et Lobo
(département pilote du Programme ACEFA). Il est limité au sud
24Le Programme ACEFA a pour objectif la
réduction de la pauvreté en milieu rurale et l'augmentation des
revenus des exploitants familiaux. Il est présent dans cinq
régions au Cameroun : la région du Sud, de l'Adamaoua, du Nord,
du Sud Ouest et de l'ouest qui représentent la diversité agro
écologique et sociale du pays. Dans chaque région le programme
couvre un département pilote.
par l'arrondissement de Sangmélima, au sud ouest par
l'arrondissement de Ngoulemakong, au nord par l'arrondissement d'Edom et au
nord-ouest par le district de Nkolmete (arrondissement de Mbalmayo). Il
s'étend sur une superficie estimée à 1064 km2
et sa population en 2004 est évaluée à 27047 habitants
(Ella Ndekelo, 2004).
Zoetelé se situe à 115 km de Yaoundé la
capitale politique du Cameroun et à 54 km de Sangmélima. Sa
population est hétérogène et constituée de six
grandes familles de l'ethnie Bulu à savoir les Mvog-Mezang, les
Esse, les Yemfeck, les Mvog-Ella, les Mvog-Zang et les Mvog-Zomo.
L'arrondissement de Zoetelé est caractérisé
par l'importance de la forêt équatoriale qui recouvre la
totalité de son territoire.
Le climat est équatorial de type guinéen,
marqué par deux saisons humides distinctes qui coïncident avec les
deux cycles culturaux25 dans le calendrier agricole pour les
cultures vivrières et une forte pluviométrie annuelle.
> Choix des exploitations famiiales
agricoles
Au niveau des exploitations familiales agricoles les
critères de choix sont fonction : - du système de culture
pratiqué ;
- de l'insertion dans une organisation paysanne (ou un groupement
d'initiative commune « GIC ») ;
- des caractéristiques structurelles : âge du chef
d'exploitation, taille de l'exploitation ; niveau d'éducation...
A ces critères, s'ajoutent celui de
l'accessibilité des villages en saison pluvieuse et la
possibilité de transfert de la production vers les marchés. C'est
pourquoi trois villages ont été choisis pour cette étude
à savoir Ebamina, Nsimi et Otetek.
Ebamina est un village situé à 20 km de la ville
de Zoetelé. Ce dernier est accessible en saison sèche mais en
saison des pluies les voitures se font rares et le coût du transport
augmente. Des Organisations Non Gouvernementales (ONG) et l'Etat (Programme
ACEFA qui remplace progressivement le PNVRA) assurent l'encadrement et l'appui
conseil aux exploitants.
25 Le premier débute en janvier et le second en
juillet.
Nsimi, village situé à 9 km de la ville de
Zoetelé est accessible en toutes les périodes de l'année.
En termes de soutien aux agriculteurs, l'Etat (Programme ACEFA) assure l'appui
conseil aux exploitants.
Le village d'Otetek situé à 2 km de la ville, des
ONG encadrent des exploitants pour améliorer la production. Le village
est accessible à toutes les périodes de l'année.
L'étude porte sur le système de culture à
base d'arachide et de maïs car ce dernier est l'un des systèmes de
culture les plus pratiqué par les EFA, étant donné la
place importante de ces deux cultures dans l'alimentation des populations au
sud Cameroun (Chéreau, 2008).
A l'issue de notre enquête, 62 exploitants ont
été retenus et sont répartis de la manière suivante
:
Figure 2.1 : Distribution des exploitations
familiales agricoles enquêtées par village
Source : Auteur à partir des données
d'enquête, 2010
Ainsi, l'échantillon est constitué de 19 EFA du
village Nsimi, 22 EFA du village Ebamina et 21 EFA du village Otetek.
Remarque : Le choix de la taille a
été dicté par l'atteinte d'un seuil statistiquement
intéressant pour l'interprétation des résultats et les
limites matérielles, financières et logistiques.
B. Présentation des variables
Elles concernent principalement les facteurs de production
travail, terre et capital. > Le facteur travail
Le facteur travail sera pris en compte grâce au volume
de main d'oeuvre en utilisant les pondérations de la FAO qui sont
présentées dans le tableau 2.1 ci-dessous. Le travail s'exprime
en homme/jour. Cette unité, mesurée pour chaque opération
de l'itinéraire technique, correspond au travail d'un actif agricole
pendant une journée.
Tableau 2.1 : Présentation de la
pondération du travail agricole selon le FAO.
Type de personne Coefficient de
pondération
Enfants de moins de 15 ans et personnes de plus de 55
ans 0 ,5
Femme dont l'âge est compris entre 15 et 55 ans
0,75
Hommes dont l'âge est compris entre 15 et 55 ans
1
Source : Auteur à partir des informations du FAO
cité par Nyemeck (2004)
En règle générale, dans la zone
d'étude, un agriculteur travaille 6 jours par semaine, le dimanche
étant consacré aux repos et service religieux. La journée
standard de travail ne dépasse généralement pas 6 heures
par jour de travaux de force (abattage, défriche, semis, etc.). Le reste
du temps est consacré aux déplacements, pose et relevé des
pièges ou ramassage du bois.
> Facteur terre
Le facteur terre est pris en compte à partir de la
superficie de production, qui correspond à la superficie mise en valeur
par l'exploitant. Son unité de mesure est l'hectare.
> Le facteur capital
Le facteur capital intègre à la fois une composante
fixe (valeur totale du matériel utilisé) et une composante
variable (valeur des intrants consommés).
Dans le cadre de cette étude le capital fixe est
évalué en tenant compte de la durée de vie du
matériel, du prix et du nombre d'unité de ce dernier. Ainsi, le
taux d'amortissement retenu sera une fonction inverse de la durée de vie
moyenne (en année) du matériel en se basant sur les
déclarations des enquêtés. Tandis que le matériel
est valorisé au prix du marché le plus proche.
Amortissement/an = taux d'amortissement×prix
unitaire× nombre de pieces
Tableau 2.2 : Valorisation du matériel
agricole
Equipement
|
Durée de vie moyenne (en
année)
|
Taux d'amortissement
|
Coût unitaire (en FCFA)
|
Amortissement par an (en FCFA)
|
Machette
|
1
|
1
|
2000
|
2000
|
Houe
|
1
|
1
|
1000
|
1000
|
Lime
|
1
|
1
|
1000
|
1000
|
Daba
|
2
|
0,5
|
3000
|
1500
|
Râteau
|
1
|
1
|
1500
|
1500
|
Hache
|
3
|
0,3
|
5000
|
1500
|
Panier
|
0 ,5
|
2
|
800
|
1600
|
Plantoir
|
3
|
0,3
|
2500
|
750
|
Source : Auteur à partir des données
d'enquête, 2010
En ce qui concerne le capital variable, les exploitants de
l'échantillon n'utilisent pas d'engrais, de pesticides et de fongicides
pour le système de culture retenu. C'est pour cette raison que nous nous
limiterons au coût des semences (Tableau 2.3).
Tableau 2.3 : Coût des semences
Dénomination
|
Coût unitaire (en FCFA)
|
Semence améliorée de maïs
|
600 FCFA/ Kg
|
Semence traditionnelle de maïs
|
200 FCFA/Kg
|
Semence d'arachide
|
625 FCFA/ Kg
|
Source : Auteur à partir des données
d'enquête, 2010
A la suite de cette présentation des variables, les
comportements productifs des exploitations
familiales agricoles de l'échantillon serons
analysés.
II. Analyse des comportements productifs des
exploitations familiales agricoles
Il sera question dans cette sous-section d'une analyse
descriptive des données susceptibles d'avoir plus ou moins un impact sur
la productivité des exploitations familiales agricoles. L'analyse
portera sur la description des caractéristiques
sociodémographiques des chefs d'exploitations (A) puis sur une
présentation du circuit de production (B).
A. Caractéristiques sociodémographiques du
chef d'exploitation
Par caractéristiques sociodémographiques du chef de
l'EFA nous entendons : la répartition des chefs d'exploitations par
genre, par tranche d'âge et par niveau d'instruction.
> La répartition des chefs d'exploitations par
genre
La structure de l'échantillon par genre (Figure 2.2)
montre que 80,65% des enquêtés sont des femmes tandis que 19,35%
sont des hommes.
Figure 2.2 : Répartition des chefs
d'exploitation échantillonnés par genre
Source : Auteur à partir des données
d'enquête, 2010
Cette répartition laisse croire que l'activité
agricole est essentiellement féminine dans le secteur vivrier dans la
zone d'étude et la femme garde son statut de pilier de la
sécurité alimentaire au niveau local. Elle est l'actrice
principale de la production et de la commercialisation des produits vivriers
dans la zone agro-écologique des forets tropicales (MINADER, 2005).
> Répartition des chefs d'exploitations par
tranche d'âge
Tableau 2.4 : Répartition des chefs d'EFA
de l'échantillon par tranche d'âge et par village
|
Classe d'âges
|
[17- 30ans]
|
[31- 45ans]
|
[46-60ans]
|
[61- 75ans]
|
Villages
|
Ebamina
|
9,09%
|
22,73%
|
54,55%
|
13,64%
|
Nsimi
|
10,53%
|
21,05%
|
57,89%
|
10,53%
|
Otetek
|
23,81%
|
38,10%
|
28,57%
|
9,52%
|
Echantillon
|
14,52%
|
27,42%
|
46,77%
|
11,29%
|
Source : Auteur à partir des données
d'enquête, 2010
De manière globale, la distribution des chefs
d'exploitations montre que la tranche d'âge de 46 à 60 ans est la
plus représentée dans le village Otetek, ensuite c'est la classe
des 31 et 45 ans. Les plus âgés (61-75ans) et les moins
âgés (17-30ans) constituent les tranches les moins
représentées dans l'échantillon (Tableau 2.4). Cette
situation s'explique dans un premier temps l'exode rural pour les plus jeunes
et la force de travail pour les plus âgés.
> Représentation des chefs d'exploitations
selon le niveau d'instruction
La grande majorité des chefs d'exploitations ont le
niveau primaire ou secondaire (Tableau 2.5). Ces deux niveaux réunis
représentent 98,39% de l'échantillon et un seul chef
d'exploitation dans l'échantillon a effectué des études
supérieures. En effet, la plupart des exploitants ont
fréquenté des écoles à proximité de leur
village où il n'y a pas de formation supérieure.
L'impact de ce facteur, sera étudié dans
l'analyse des déterminants de l'efficacité. Tableau
2.5 : Répartition des chefs d'exploitations
échantillonnés par niveau d'étude
|
niveau d'instruction du chef de l'EFA
|
Primaire
|
Secondaire
|
Supérieur
|
Ebamina
|
68,18%
|
27,27%
|
4,55%
|
Nsimi
|
31,58%
|
68,42%
|
0,00%
|
Otetek
|
33,33%
|
66,67%
|
0,00%
|
Echantillon
|
45,16%
|
53,23%
|
1,61%
|
Source : Auteur à partir des données
d'enquête, 2010
3
B. Présentation du circuit de production
Le circuit de production intègre : les objectifs de
production et la structure de la clientèle.
> Destination de la production
Dans cet échantillon, on remarque que la destination de la
production présente deux modalités à savoir :
-l'autoconsommation,
-la vente et l'autoconsommation.
La majorité des chefs d'exploitations produit
principalement pour l'autoconsommation (54,84%) tandis que 45,16% d'entre eux
produisent pour vendre et consommer comme le montre la Figure 2.3
ci-dessous.
Figure 2.3: Destination de la
production
Source : Auteur à partir des données
d'enquête, 2010
Toutefois, on observe certaines spécificités
dans le cas du village Ebamina. Ainsi, la production est destinée
majoritairement dans ce village à la vente et l'autoconsommation
(59,10%). Tandis que dans les deux autres villages, la principale destination
de la production est l'autoconsommation. Cette spécificité du
village Ebamina peut être expliquée par la présence d'un
marché périodique, qui se tient une fois par semaine et qui
regroupe presque tous les exploitants dans un rayon d'environ 7 km.
> Structure de la clientèle
En ce qui concerne la commercialisation des produits, la
principale clientèle qui s'adresse aux exploitants est constituée
des revendeurs (Figure 2.4).
Ces derniers peuvent être des exploitants qui exercent
la revente comme activité secondaire ou des revendeurs qui viennent de
la ville pour s'approvisionner à moindre coût au marché
périodique.
Figure 2.4 : Structure de la clientèle (en
%)
Source : Auteur à partir des données
d'enquête, 2010
Les caractéristiques de l'échantillon et la
description du comportement productif des EFA ont été
analysés mais qu'en est-il de la productivité des facteurs de
production ?
Section 2 : Structure économique et typologie
des EFA
L'analyse de la productivité des facteurs de production
se fera dans cette section à travers la structure économique des
exploitations familiales agricoles (I) suivie d'une typologie de ces
dernières en fonction de leurs productivités (II).
I. Structure économique des exploitations famiiales
agricoles
La structure économique des exploitations familiales
agricoles est présentée en tenant compte dans un premier temps de
la structure de la production (A) puis de la productivité des
exploitations familiales agricoles (B) dans un second temps.
A. Analyse de la production
> Structure des facteurs de production
L'utilisation moyenne de la main d'oeuvre par les EFA dans
l'échantillon est de 115,60 h/j26. Cependant on note des
différences entre les sous-échantillons. C'est pourquoi,
l'utilisation moyenne de la main d'oeuvre dans les différents villages
se situe entre 121,54 h/j et 102,07 h/j (tableau 2.6).
Tableau 2.6 : Structure de la main
d'oeuvre
Volume moyen de
main d'oeuvre (h/j)
|
Echantillon
|
Ebamina
|
Nsimi
|
Otetek
|
115,60
|
123,38
|
121,54
|
102,07
|
Minimum
|
20,50
|
20,50
|
23,75
|
28,00
|
Maximum
|
363,00
|
357,00
|
363,00
|
248,25
|
Ecart-type
|
77,76
|
86,15
|
91,57
|
53,04
|
Source : Auteur à partir des données
d'enquête, 2010
On note également une grande disparité entre les
EFA et la plus faible disparité se retrouve dans le village Otetek
(écart type=53,04). Ce qui montre que c'est dans ce village que les EFA
utilisent le moins la main d'oeuvre.
Quant au facteur capital, sa moyenne par EFA est de 36057,22
FCFA dans l'échantillon (Tableau 2.7). Cette moyenne relativement faible
du capital peut s'expliquer par la nature du matériel utilisé qui
est majoritairement traditionnel et rudimentaire.
Tableau 2.7 : Structure du capital
Valeur moyenne du
capital (en FCFA)
|
Echantillon
|
Ebamina
|
Nsimi
|
Otetek
|
36057,22
|
36404,55
|
40892,11
|
31318.93
|
Minimum
|
12800
|
13000
|
12800
|
13375
|
Maximum
|
118000
|
118000
|
116200
|
68100
|
Ecart-type
|
21852,90
|
23469.97
|
25822,57
|
15234.98
|
Source : Auteur à partir des données
d'enquête, 2010
La taille moyenne des exploitations est évaluée
à 0,72 hectare dans l'échantillon. Le Tableau 2.8 confirme une
des caractéristiques des exploitations familiales agricoles qui
exploitent de faibles surfaces de production (PCP/GSC, 2004). Cette faible
superficie est due
26 Le calcul de la quantité de main d'oeuvre
utilisée s'est fait en tenant compte du nombre de personnes ayant
participé à chacune des étapes de l'itinéraire
technique, pondéré par les coefficients de la FAO.
à la nature de la main d'oeuvre utilisée qui est
généralement de nature familiale et au genre des chefs
d'exploitations (majoritairement des femmes).
Tableau 2.8 : Structure de la
superficie
Superficie moyenne
(en ha)
|
Echantillon
|
Ebamina
|
Nsimi
|
Otetek
|
0,72
|
0,80
|
0,71
|
0,65
|
Minimum
|
0,15
|
0,25
|
0,15
|
0,25
|
Maximum
|
2,30
|
2,30
|
1,50
|
1,5
|
Ecart-type
|
0,46
|
0,57
|
0,41
|
0,37
|
Source : Auteur à partir des données
d'enquête, 2010 > Structure de la production
Les productions d'arachide et de maïs ont
été évaluées en unité locale par les
agriculteurs. La conversion en kg s'est faite en tenant compte des normes du
Programme National de Vulgarisation de la Recherche Agricole (PNVRA) pour la
région du sud Cameroun en 2008 que voici :
1 sac de maïs égrainé (en unité
locale) = 75 kg 1 sac d'arachide (en unité locale) = 40 kg
En moyenne, la production d'arachide d'une EFA dans
l'échantillon est de 172,34 kg pour la dernière campagne
agricole, soit une production moyenne de 239,36 kg/ha. Toutefois, on note une
grande disparité entre les EFA à l'intérieur de
l'échantillon, à l'intérieur des villages tout comme d'un
village à un autre.
Tableau 2.9 : Description statistique de la
production des EFA (en kg)
|
|
Moyenne
|
Minimum
|
Maximum
|
Ecart-type
|
Echantillon
|
Production d'arachide
|
172,34
|
20,00
|
880,00
|
135,374
|
Production de maïs
|
81,01
|
7,50
|
1000,00
|
140,12
|
Ebamina
|
Production d'arachide
|
178,18
|
60,00
|
520,00
|
103,26
|
Production de maïs
|
109,00
|
7,50
|
1000,00
|
212,93
|
Nsimi
|
Production d'arachide
|
215,26
|
40,00
|
880,00
|
190,86
|
Production de maïs
|
80,66
|
7,50
|
300,00
|
81.61
|
Otetek
|
Production d'arachide
|
127,38
|
20,00
|
400,00
|
89,46
|
Production de maïs
|
52,02
|
7,50
|
225,00
|
67,37
|
Source : Auteur à partir des données
d'enquête, 2010
On observe la plus grande disparité entre les EFA dans
le village de Nsimi (écart type=190,86), parce que c'est dans ce village
qu'on a trouvé la production moyenne la plus élevée qui
est de 215,26 kg (soit 303,18 kg/ha) lors de la dernière campagne
agricole (Tableau 2.9).
Par ailleurs, une analyse plus détaillée de la
production d'arachide (Figure 2.5) montre que dans cet échantillon la
majorité des EFA (70,97%) ont une production de moins de 200 kg
d'arachide. L'une des principales explications est la destination de la
production qui est
majoritairement l'autoconsommation.
Figure 2.5 : Production d'arachide des
EFA
Source : Auteur à partir des données
d'enquête, 2010
La production moyenne de maïs est de 81,01kg pour la
dernière champagne agricole (soit 112,51 kg/ha) avec une grande
disparité entre les EFA de l'échantillon, et
particulièrement dans le village Ebamina (écart
type=212,93). C'est dans ce dernier que la production moyenne
de maïs est la plus élevée (Tableau 2.9). La présence
d'un marché périodique ; l'encadrement et l'appui conseil
reçu par les EFA dans ce village sont à l'origine de ce
résultat.
Toutefois, l'analyse de la production de maïs montre que
la majorité des EFA (79,03%) ont une production de moins de 100 kg
(Figure 2.6). Ce constat est le même à l'intérieur de
l'échantillon et peut également s'expliquer par la destination de
la production.
Source : Auteur à partir des données
d'enquête, 2010
B. Analyse de la productivité partielle des
exploitations familiales agricoles
La mesure de la productivité pour ce système de
cultures associées fait face à un problème majeur :
l'harmonisation de la mesure de la production. Pour y faire face, on tient
compte de la production totale en unité monétaire, qui est la
somme de la production d'arachide et de la production de maïs
(valorisée aux prix du marché, tableau 2.10).
Par ailleurs, ce choix se justifie par le fait qu'il n'est pas
possible dans cette association de cultures d'attribuer la part utilisée
de chaque facteur à la production d'un seul produit. Il est donc
question dans ce travail de la productivité en valeur et non de la
productivité physique.
Les prix des productions d'arachide et de maïs sont
présentés dans le tableau suivant : Tableau 2.10 :
Valorisation de la production agricole
|
Arachide
|
Maïs
|
Prix du kg (en FCFA)
|
625
|
400
|
Ainsi, a valeur myenne de la product
Source : Construction de l'auteur
La productivité d'un facteur qui est la contribution de
ce facteur à la production représente le rapport entre la
production totale (en valeur) et la quantité du facteur utilisé
dans l'EFA (tableau 2.11).
Tableau 2.11 : Productivité partielle des
facteurs terre, travail et capital
Productivités partielles moyennes
|
Echantillon
|
Ebamina
|
Nsimi
|
Otetek
|
Terre (FCFA par hectares)
|
194606,25
|
193703,13
|
234931,69
|
154493,08
|
Travail (FCFA par homme/jour)
|
1212,08
|
1255,98
|
1372,40
|
983,84
|
Capital (FCFA par unité de capital)
|
3,88
|
4,26
|
4,08
|
3,21
|
Source : Auteur à partir des données
d'enquête, 2010
L'analyse de ce tableau montre que, pour avoir une production
totale en valeur de 194606,25 FCFA il faut en moyenne un hectare de terrain.
Dans le même ordre d'idées, un homme/jour produit en moyenne
1212,08 FCFA, de même une unité de capital produit en moyenne 3,88
FCFA.
Le facteur capital a une productivité relativement faible
dans l'échantillon (moyenne=3,88 FCFA par unité de capital).
Il ressort de l'analyse de l'équipement agricole que
possèdent les EFA (Figure 2.7) que : la machette, la houe, la lime et le
panier sont les plus utilisés par les exploitants. Toutefois, pour ce
qui concerne les autres équipements, les exploitants
préfèrent, en cas de nécessité, les emprunter chez
le voisin à l'exemple de la hache.
La terre est le facteur le plus productif pour les EFA de
l'échantillon. En effet, une analyse de la productivité de la
terre montre que 37,10% des EFA ont une productivité comprise entre]100
000-200 000] FCFA par hectare. Ce constat est le même à
l'intérieur de l'échantillon. Néanmoins pour le village
Ebamina, 36,36% des EFA ont une productivité de la
terre de]100 000-200 000] FCFA par hectare et 36,36% des EFA ont
également une productivité de la terre de plus de 300 000 FCFA
par hectare (Figure 2.8).
Figure 2.8 : Productivité de la
terre
Source : Auteur à partir des données
d'enquête, 2010
La forte productivité de la terre s'explique par la
disponibilité de ce facteur. La majorité des EFA de
l'échantillon ont acquis leur terre par héritage et une
très faible proportion ont reçu gratuitement des terres des
membres du village. Malgré l'importance de ce facteur, il est donc
obtenu gratuitement (sans prix).
En ce qui concerne le facteur travail 41,94% des EFA ont une
productivité du travail de moins de 1000 FCFA par h/j et 35,48% ont une
productivité du travail comprise entre]1000- 2000] FCFA par h/j. Ainsi,
la majorité des EFA (77,42%) ont une productivité du travail
inferieur à 2000 FCFA par h/j dans l'échantillon et même
d'un village à un autre (Figure 2.9).
Cette faiblesse relative de la productivité du travail
peut s'expliquer par l'utilisation majoritaire de la main d'oeuvre familiale
qui peut être moins productive que la main d'oeuvre salariale (Mahesh,
2000). En effet, la main d'oeuvre salariale est contrainte par l'atteinte d'un
résultat qui doit être satisfaisant tandis qu'il n'y a aucune
contrainte et incitation sur la main d'oeuvre familiale.
Toutefois, l'analyse des productivités partielles des
facteurs de production ne permet qu'une interprétation limitée de
la performance productive des EFA pratiquant le système de culture
à base d'arachide et de maïs de la localité de
Zoetelé au sud Cameroun.
Figure 2.9 : Structure de la productivité
du travail
Source : Auteur à partir des données
d'enquête, 2010
En effet, les Exploitations utilisent en même temps tous
les facteurs, et les productivités partielles ne permettent pas de
rendre compte des substitutions possibles qui ont lieu entre ces facteurs.
L'étude de l'efficacité technique permet d'y
remédier. Avant d'analyser l'efficacité des EFA nous nous
proposons de faire la typologie à partir de leurs indices des
productivités partielles.
II. Typologie des exploitations familiales
agricoles à partir des indices de productivité
partielle
La typologie vise à classer les exploitations agricoles
d'une même région en un nombre limité de catégories
relativement homogènes et contrastées, à expliquer leurs
différences, de façon à ce que les interventions
destinées aux exploitations d'un même type puissent être
similaires entre elles et différentes de celles conçues pour les
autres (Bergeret et Dufumier, 2002b).
Ainsi, la typologie des EFA de l'échantillon se fera
grâce à deux méthodes d'analyse des données :
l'Analyse des Correspondances Multiples (ACM) et la Classification Ascendante
Hiérarchique (CAH) qui seront présentées dans
l'encadré 1 de l'annexe 2.
Une présentation des variables d'intérêts (A)
précédera l'analyse des résultats (B) obtenus par
l'entremise de ces deux méthodes.
A. Présentation des variables
Pour comparer les EFA entre elles, il est certes possible de
prendre en compte toutes les variables disponibles. Cependant, pour faciliter
l'interprétation des proximités entre les EFA, un groupe de
variables est sélectionné. Ce groupe est homogène et
cohérent par rapport à l'objectif de l'étude.
Les variables choisies portent le nom de variables
actives et constituent donc les seuls éléments
utilisés pour comparer les EFA entre elles.
Le reste de l'information n'est cependant pas
abandonné, il sert à illustrer ou à suggérer des
explications pour les similitudes et les différences observées
entre les EFA. C'est pour cette raison qu'on qualifie les autres variables de
variables illustratives ou variables
supplémentaires.
> Les variables actives
Il s'agira des variables relatives à la localisation,
à la destination de la production, aux activités secondaires, au
financement, à l'appartenance à une organisation paysanne,
à l'accès aux conseils, à l'encadrement et des variables
qui concernent les productivités partielles des facteurs. C'est un
ensemble de 9 variables nominales ; comptant au total 25 modalités.
Localisation : village dans lequel se trouve
l'exploitation. Cette variable présente 3 modalités : Ebamina,
Nsimi et Otetek.
Destination de la production : variable qui permet de
savoir si l'exploitant produit pour l'autoconsommation uniquement ou pour la
vente et l'autoconsommation.
Superficie cultivée : superficie mise en culture
par l'exploitant (exprimée en ha). Financement : permet de
savoir si l'exploitant a reçu un financement extérieur.
Appartenance à une organisation paysanne :
variable permettant de savoir si le chef d'exploitation appartient au moins
à une organisation paysanne.
Conseil : permet de savoir si l'exploitant
bénéficie d'un appui conseil quelconque. Encadrement :
permet de savoir si l'exploitant bénéficie d'un encadrement
quelconque. Productivité de la terre : variable permettant de
prendre en compte la productivité de la terre.
Productivité du travail : variable permettant de
prendre en compte la productivité du travail. > Les variables
illustratives (tableau 2.12)
Les variables illustratives sont généralement de
deux types : les variables nominales, et les variables continues. Pour cette
analyse (ACM), nous allons nous limiter aux variables nominales car c'est une
analyse qui prend en compte uniquement des variables qualitatives.
Tableau 2.12: Présentation des variables
nominales illustratives
Variable
|
Description
|
Modalités
|
Sexe
|
Sexe du chef de l'exploitation
|
1 = Masculin et 0 = Féminin
|
Niveau d'instruction
|
Le niveau d'étude du chef de l'exploitation
|
1=Primaire ; 2=secondaire et 3=Universitaire
|
Main d'oeuvre salariale
|
L'utilisation d'une main d'oeuvre salariale dans
l'exploitation
|
1 = Oui et 0 = Non
|
Statut matrimoniale
|
Le statut matrimonial du chef de l'exploitation
|
1=Célibataire ; 2=Marié(e) et 3=Veuf ou Veuve
|
Age
|
Age du chef de l'EFA (en année)
|
1=] 17-30] ; 2= [31-45] 3= [46-60] et 4= [61-75[
|
Expérience
|
Expérience dans l'agriculture de chef de l'EFA
|
1=Moins de 20 ans ; 2= [21-40] et 3=Plus de 40 ans
|
Activités secondaires
|
L'exploitant(e) exerce t-il d'autres activités non
agricole
|
1 = oui et 0 = non
|
Actif agricole
|
Nombre d'actif agricole présent dans le ménage du
chef de l'EFA
|
1=Moins de 5 actifs ; 2=] 5-10] et 3= Plus de 10 actifs
|
Production arachide
|
Production d'arachide du chef de l'EFA au cours de la
dernière campagne agricole
|
1=Moins de 200 kg ; 2=] 200-400] 3=] 400-600] et 4=Plus de 600
kg
|
Production maïs
|
Production de maïs du chef de l'EFA au cours de la
dernière campagne agricole
|
1=Moins de 100 kg, 2=] 100-200] 3=] 200-300] et 4=Plus de 300
kg
|
Source : construction de l'auteur
B. Présentation des résultats de la
typologie
Généralement, on distingue les typologies
structurelles (basées essentiellement sur la nature, les
modalités d'organisation et de combinaison des moyens de production) des
typologies fonctionnelles (qui s'attachent plus à l'analyse des
processus techniques de production) comme le note Jouve (1986).
Dans ce travail, la typologie dont les résultats sont
discutés est de type structurel.
> Résultat de l'ACM
A la suite de l'analyse de l'histogramme des valeurs propres
(tableau A2.1), il convient de retenir les trois premiers axes factoriels. En
effet, le pourcentage d'inertie cumulé de ces axes est de 38,32 % ; ce
qui en analyse de correspondances multiple est largement suffisant pour le
choix des axes : l'intervalle empirique se situant entre 20% et 30 %.
Les modalités qui contribuent à la formation des
axes factoriels sont celles qui sont les mieux représentés
(tableau A2.2). De ce fait on peut dire que :
· Le premier axe factoriel serait composé des EFA
ayant une productivité du travail de plus de 3000 FCFA par h/j, une
productivité de la terre de plus de 300000 FCFA/ha et qui auraient
reçu de l'appui conseil.
· Le second axe factoriel concernerait quant à
lui des EFA utilisant une surface en culture de moins de 1ha, ayant une
productivité du travail comprise entre 2000-3000 FCFA par h/j et
appartenant ou non à une organisation paysanne.
· Enfin, le troisième axe factoriel serait
composé des EFA utilisant une surface en culture de plus de 1,5ha, ayant
une productivité de la terre comprise entre 200000- 300000 FCFA/ha, une
productivité du travail comprise entre 1000-2000 FCFA par h/j et qui se
trouveraient dans le village Nsimi ou Ebamina.
Toutefois à l'observation de la carte des
variable-modalité (Figure A2.2), nous ne pouvons déceler un
regroupement objectif des individus en fonction des modalités des
variables retenues. Il nous semble donc judicieux d'opérer une
classification notamment une classification ascendante hiérarchique pour
mieux distinguer les différents regroupements possibles.
> Résultat de la CAH (Tableau A2.4)
Deux classifications sont suggérées : la
première en six classes et la seconde en dix classes. Au regard de la
taille de l'échantillon et du nombre de modalités retenues nous
optons pour un regroupement en six classes. Ainsi, nous avons :
Classe 1 :
La première classe est composée majoritairement des
exploitations familiales agricoles cultivant une surface comprise entre 0,5-1
ha. La destination principale de la production est
l'autoconsommation. La moitié des EFA de cette classe
ont une productivité du travail comprise entre 2000-3000 FCFA par h/j
tandis que 42,86% ont une productivité de la terre comprise dans
l'intervalle ] 200000-300000] FCFA/ha et elle compte 14 EFA.
Classe 2 :
La classe propre aux exploitations familiales agricoles qui
ont une productivité de la terre de moins de 100000 FCFA/ha et qui
cultivent des surfaces agricoles comprise entre 1- 1,5 ha (soit 75% des EFA de
l'échantillon cultivant des surfaces dans cet intervalle). Elle compte
trois EFA.
Classe 3 :
C'est la classe qui compte le maximum d'EFA (27), elle est
propre aux exploitations familiales agricoles n'ayant pas accès aux
conseils. La grande majorité des EFA n'appartiennent pas aux
organisations paysannes (92,59%). En termes de productivité, un peu plus
de la moitié des EFA ont une productivité de la terre comprise
entre 100000-200000 FCAF/ha et une productivité du travail de moins de
1000 FCFA par h/j. Les exploitations sont en majorité de très
petites tailles (moins de 0,5ha).
Classe 4 :
La quatrième classe est caractérisée
fondamentalement par une surface cultivée de plus de 1,5ha. Ces
exploitations sont considérées dans l'échantillon comme
les plus grandes et cette classe compte la totalité des EFA de
l'échantillon qui vérifient cette modalité. Elle est
composée de 3 EFA.
Classe 5 :
La cinquième classe est fondamentalement propre aux EFA
ayant de fortes productivités du travail et de la terre.
Précisément, elle se caractérise par une
productivité du travail supérieure à 3000 FCFA par h/j et
une productivité de la terre de plus de 300000 FCFA/ha. Elle a un
effectif de 4 EFA.
Classe 6 :
La dernière classe, est propre aux EFA appartenant aux
organisations paysannes, ayant majoritairement une productivité du
travail comprise entre 1000-2000 FCFA par h/j (90,91%) et accès aux
conseils (72,73%). Elle compte 11 EFA.
La typologie des exploitations familiales agricoles de
l'échantillon ainsi présentée laisse croire à
l'existence de deux relations.
En effet, les classes 3 et 6 s'opposent et cela traduit
l'existence d'une relation entre l'appartenance à une organisation
paysanne et l'appui conseil.
Un test du khi-deux (tableau A2.5) confirme cette
hypothèse car la significativité asymptotique (bilatérale)
est inferieure à 5%. En effet, les politiques mises en place par le
gouvernement (PNVRA et ACEFA) et les ONG aident les exploitants agricoles
à travers leurs organisations. Notamment pour couvrir le maximum
d'exploitants et pour réduire les coûts.
La seconde relation suggérée est celle entre la
productivité de la terre et la superficie cultivée. En effet, une
synthèse des résultats des classes 1, 2 et 3 laisse croire
à l'existence d'une relation inverse entre la productivité de la
terre et la superficie cultivée. C'est une relation faible car de
coefficient entre ces deux variables est de -0.3880 (tableau A2.6).
Conclusion
L'objectif de ce chapitre était d'analyser
empiriquement les productivités partielles des facteurs utilisés
par les EFA. L'étude des productivités partielles des facteurs de
production a montré que la productivité de la terre dans
l'échantillon est de 194606,25 FCFA/ha, celle du travail de 1212,08 FCFA
par h/j et celle du capital de 3,88 FCFA par unité de capital. Ainsi, la
terre et le travail sont les facteurs les plus productifs par rapport au
capital. En effet, le capital utilisé par les EFA
échantillonnées est rudimentaire et traditionnelle, et aucune de
celle-ci n'utilise d'intrant chimique. Pour étoffer cette analyse, une
typologie des EFA à travers une analyse de correspondance multiple et
une classification ascendante hiérarchique a été faite.
Cette typologie a suggérée deux relations : la relation entre
l'appartenance à une organisation paysanne et l'appui conseil ; la
relation inverse entre les productivités de la terre et la superficie
cultivée.
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
La première partie de la recherche avait pour objectif
d'analyser la productivité des exploitations familiales agricoles.
Objectif qui a été atteint en deux temps.
Dans un premier temps un état des lieux a
été fait sur le concept de productivité en
économie. Ainsi, une revue de la littérature sur le concept de
productivité à travers ses approches théoriques, son
importance et les facteurs qui limitent celle-ci dans le domaine agricole a
été faite.
L'argumentation s'est poursuivie par l'analyse empirique de la
productivité des exploitations familiales agricoles. A la suite de la
présentation de la méthode de collecte des données, des
analyses descriptives des variables et le calcul des productivités
partielles des EFA, une typologie a été faite en utilisant
l'analyse des correspondances multiples et la classification ascendante
hiérarchiques.
Les résultats de ces analyses ont
révélé que le capital est le facteur le moins productif
parmi les facteurs de production et ceci à cause de la nature de ce
dernier qui est traditionnel. Ainsi, en moyenne, la productivité de la
terre dans l'échantillon est de 194606,25 FCFA/ha ; celle du travail est
de 1212,08 FCFA par h/j et celle du capital de 3,88 FCFA par unité de
capital. Alors que la typologie a permis une classification des EFA
échantillonnées en 6 classes.
La seconde partie de la recherche est consacrée à
l'analyse de l'efficacité des exploitations familiales agricoles.
Deuxième Partie :
Analyse de l'efficacité des exploitations
familiales agricoles
INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE
L'analyse de la productivité partielle des facteurs de
production faite en première partie prend en compte la contribution d'un
facteur à la production. Cependant, cette analyse néglige les
interactions entre les facteurs de production et l'analyse de
l'efficacité permet de surmonter cette limite.
C'est pourquoi, l'efficacité des ressources permet
d'identifier les possibilités d'accroissement de la production sans
ressources financières supplémentaires, elle est source
d'accroissement de la productivité.
L'objectif de cette partie est d'analyser l'efficacité
des exploitations familiales agricoles. Pour ce faire, les concepts
théoriques portant sur l'efficacité et sa mesure seront
analysés d'une part (chapitre 3), puis une estimation de
l'efficacité technique des EFA échantillonnées et les
déterminants de celle-ci sera faite d'autre part (chapitre 4).
CHAPITRE 3 L'EFFICACITE DANS LA THEORIE
ECONOMIQUE
Introduction :
Toute activité de production met en jeu des inputs qui
constituent des ressources productives à transformer ou à
utiliser et des outputs qui sont les résultats de production. La mesure
des performances et l'évaluation des types d'allocation des ressources
à la production se fait grâce à l'étude du lien
entre les inputs et les outputs. Ainsi, les économistes ont recours
à la notion d'efficacité pour tenir compte d'une part du
critère de maximalité du produit et de la possibilité
d'une utilisation minimale des moyens de production d'autre part. Dans cette
mesure, une Exploitation Familiale Agricole est dite efficace si, à
partir du panier d'inputs qu'elle détient, elle produit le maximum
d'outputs possible ou si, pour produire une quantité donnée
d'outputs, elle utilise les plus petites quantités possibles
d'inputs.
Dans ce chapitre, le concept d'efficacité dans la
théorie économique sera présenté, à partir
d'une analyse théorique de l'efficacité et de ses
déterminants potentiels (section 1), et d'une analyse des
méthodes d'estimation de l'efficacité (section 2).
Section 1 : L'efficacité et ses
déterminants
Dans le domaine de l'agriculture, les inefficacités
proviennent de plusieurs raisons parmi lesquelles : le manque de formation du
chef d'exploitation, la taille de l'exploitation, l'accès aux
crédits, l'individualisme des exploitants (Nuama, 2006)... Pour mieux
comprendre les facteurs qui influencent l'efficacité (II), on se propose
d'étudier la notion d'efficacité au préalable (I).
I. La notion d'efficacité
A la notion d'efficacité est rattachée
différents concepts en économie (B), de même elle est une
notion qui repose sur plusieurs fondements théoriques (A).
A. Fondements de l'efficacité
La théorie néo-classique présente
l'économie comme un régime de concurrence, le jeu des
entrées et des sorties du marché porte en lui les
mécanismes de rétablissement de la compétitivité
des entreprises. Condamnées en effet à réussir sur le
champ de bataille de la concurrence au risque de perdre des parts de
marchés ou de sortir entièrement du marché au profit des
autres, les entreprises veillent à une allocation optimale de leurs
ressources et sur une utilisation efficace des facteurs de production
(Nodjitidjé, 2009). Ainsi, les entreprises qui tiennent sur le
marché sont celles qui combinent au mieux les facteurs de production.
Cette philosophie peut trouver ses origines dans la théorie de la «
main invisible » d'Adam Smith (1776). Pour cet auteur, le marché
porte les germes de l'efficacité productive ; donc à priori, il
n'est pas opportun pour une entreprise de surmonter ses défaillances.
Cependant, cette théorie qui se veut universelle a fait l'objet de
nombreuses critiques.
En effet dans la pratique, les marchés sont en
concurrence imparfaite, et les risques d'inefficacité permanente ne
sont pas exclus. Ainsi, Hirshman (1992)27 écrivait
qu'aucun
27 Voir Nodjitidjé (2009).
système économique ne peut garantir que les
entreprises (ou les EFA) agiront toujours de façon à avoir une
conduite efficace et respectueuse des comportements qu'on attend d'elles.
Les études empiriques ont dans cette mesure, jusqu'au
début des années cinquante, écarté de
manière implicite la possibilité que les entreprises puissent
exploiter leurs ressources d'une manière inefficace. Cette omission du
traitement de l'efficacité a caractérisé les travaux de
plusieurs économistes [Carlson (1939), Hicks (1946) et Samuelson
(1947)]28.
L'intérêt des chercheurs pour étudier les
impératifs d'une utilisation efficace des nouvelles technologies de
production à été stimulé par l'engouement pour
l'innovation technologique au cours des années 60. La notion
d'efficacité prenait une place de plus en plus importante dans les
débats et les recherches scientifiques ; et cela dans tous les secteurs
de l'économie. Plusieurs approches et méthodes
d'évaluation et de mesure de l'efficacité ont été
développées et utilisées dans des études
empiriques, et ce pour plusieurs secteurs d'activités (Amara et Romain,
2000).
Koopmans (1951) et Debreu (1951) sont les premiers à
travailler sur le concept d'efficacité. Koopmans proposa une mesure du
concept d'efficacité et Debreu la mesura empiriquement. Debreu (1951)
propose le coefficient d'utilisation des ressources, qui donne une
évaluation numérique de la perte associée à une
situation non optimale.
Une primeur revient également à Farrell (1957),
celle d'avoir défini clairement le concept d'efficacité
économique et distinguer les concepts d'efficacité technique et
d'efficacité allocative. C'est également lui qui proposa une
approche pour l'estimation des frontières d'efficacité, partant
de l'idée que les informations disponibles sur une activité
donnée devaient permettre l'estimation du « best practice envelope
», pour cette activité.
Le terme efficacité englobe certaines notions de la
théorie microéconomique que sont : la fonction de production, les
coûts, le profit et le prix. Ainsi, l'efficacité en agriculture
peut être définie comme le degré auquel les producteurs
obtiennent le meilleur résultat avec les ressources disponibles et les
technologies données. C'est dans ce sens que Piot-Lepetit et Rainelli,
(1996) affirment que les écarts entre le niveau maximum de production
que l'on puisse obtenir en intégrant toutes les contraintes auxquelles
font face les producteurs et la réalité sont sensibles et
montrent l'existence d'importantes marges de manoeuvre.
28 Voir Amara et al (2000)
La notion d'efficacité présente donc trois
composantes que sont : l'efficacité technique, l'efficacité
allocative et l'efficacité économique (Bravo-Ureta et al., 1997 ;
Piot-Lepetit et Rainelli, 1996 ; Coelli et al., 1998).
B. L'efficacité : notion à plusieurs
sens
L'efficacité a pour objet de juger de la
capacité d'un système de production à produire « au
mieux » par la mise en oeuvre de l'ensemble des moyens de production
(Capital, foncier et travail) (Coelli et al., 1998). Ainsi, les
différentes notions d'efficacité telles que perçues par
les économistes vont être définies dans cette partie.
> La notion d'efficacité technique
:
La production est une combinaison donnée d'intrants en
vue de l'obtention d'un ou de plusieurs produits. Ainsi, le lien physique entre
les quantités d'intrants et d'extrants définit
l'efficacité technique de la production.
Pour Farrell (1957), l'efficacité technique, proche de
l'esprit du coefficient d'utilisation des ressources de Debreu (1951), mesure
la manière dont une firme (ici une EFA) choisit les quantités
d'inputs qui entrent dans le processus de production quand les proportions
d'utilisation des facteurs sont données.
Une exploitation est techniquement efficace si pour un niveau
de facteurs et de produits utilisés, il est impossible d'augmenter la
quantité d'un produit sans augmenter la quantité d'un ou de
plusieurs facteurs ou sans réduire la quantité d'un autre
produit. L'exploitant le plus efficace est donc celui qui, à niveau de
production égal, utilise le moins d'intrants (Nuama, 2006). La mesure du
degré d'efficacité technique d'une unité de production
permet de cerner si cette dernière peut accroître sa production
sans pour autant consommer plus de ressources, ou diminuer d'au moins un
intrant tout en conservant le même niveau de production (Amara et Romain,
2000).
Une exploitation est techniquement efficace lorsqu'elle
utilise les ressources dont elle dispose de façon optimale. Ces
définitions sont similaires à beaucoup d'autres, ainsi on parle
d'efficacité technique en terme d'habilité à obtenir un
output donné avec un niveau d'inputs minimum.
Dans cette étude, l'efficacité technique sera
évaluée par la comparaison des performances techniques actuelles
aux performances optimales en se basant sur les dotations actuelles des
producteurs en main d'oeuvre, terre et le capital.
> La notion d'efficacité allocative
:
L'efficacité allocative ou « efficacité
prix » évalue la façon dont la firme choisit les proportions
des différents inputs par rapport aux prix du marché,
supposé concurrentiel. Théoriquement, le processus de production
est dit allocativement efficace si le taux marginal de substitution entre
chaque paire de facteurs est égal à la proportion du prix de ces
derniers (Albouchi et al., 2005). C'est la combinaison optimale, ou dans les
meilleures proportions des ressources, étant donnés leurs prix
relatifs (Amara et Romain, 2000).Une exploitation est donc
déclarée allocativement efficace si, à un niveau de
production donné, le coût des facteurs est minimum.
> La notion d'efficacité économique
:
L'efficacité économique, connue également
sous le nom « d'efficacité totale », est conjointement
déterminée par l'efficacité technique et
l'efficacité allocative. Elle correspond aux produits de ces deux types
d'efficacité (Coelli et al., 1998). Une exploitation agricole est donc
dite économiquement efficace si elle est à la fois techniquement
efficace et alloue de manière efficace ses ressources productives. Elle
a un comportement de maximisation de profit. En situation de concurrence, son
profit est maximum lorsqu'elle égalise le coût marginal de
production de chaque facteur de production à son prix sur le
marché (Nuama, 2006).
La figure 3.1 ci-dessous, proposée par Farrell (1957)
et reprise par Albouchi et al. (2005) présente une illustration des
types d'efficacité. L'isoquant SS' représente la frontière
de production. Elle délimite à sa droite, l'ensemble des
combinaisons d'inputs techniquement faisables. Selon Farrell (1957),
l'efficacité technique de l'exploitation au point P est donnée
par le rapport OQ/OP. L'efficacité technique est donc comprise entre 0
et 1. Tous les points situés sur la frontière de production sont
techniquement efficaces et ont une efficacité technique égale
à 1. Théoriquement, pour être allocativement efficaces, les
firmes doivent égaliser leur taux marginal de substitution technique
entre les deux inputs avec le rapport des prix des inputs
déterminés par le marché. La droite (AA')
représente graphiquement ce rapport des prix. Le point Q correspond
à la projection radiale de celui de P sur la frontière.
Ceci assure qu'il possède les mêmes proportions
d'inputs que P. En effet, Farrell (1957) mesure géométriquement
l'efficacité allocative par le rapport OR/OQ.
De même, l'efficacité allocative est comprise
entre 0 et 1. Tous les points situés sur l'isocoût (AA') sont
allocativement efficaces mais ne sont pas tous faisables. Selon Farrell (1957),
l'efficacité économique correspond à l'efficacité
technique et à l'efficacité allocative réunies. Elle est
obtenue au point Q'.
L'efficacité économique au point P est
égale au produit TE*AE = OQ/OP * OR/OQ = OR/OP. En conséquence,
le point P n'est ni techniquement, ni allocativement efficace. Le point Q, bien
qu'il soit techniquement efficace, est allocativement inefficace. Les points P
et Q ont la même inefficacité allocative car ils utilisent leurs
inputs dans les mêmes proportions. Le point E est allocativement efficace
mais techniquement inefficace. Enfin, les points situés sur la droite OE
sont tous allocativement efficaces, mais seul le point Q' est techniquement et
économiquement efficace.
X1
O
A'
Figure 3.1 : Illustration des types
d'efficacité
S
P
Q
A
R
Q'
S'
X2
X1 et X2
Représentent les
inputs
Source : Conçue sur la base de Albouchi et al (2005)
Dans le cadre de ce travail, on se limite au concept
d'efficacité technique ; c'est d'ailleurs à ce dernier que nous
ferons référence en parlant d'efficacité. En effet, la
mesure de l'efficacité, dans la littérature économique, se
limite généralement au calcul de l'efficacité technique
(Nyemeck et al., 2004 ; Bravo-Ureta et al., 1993). Les différents types
d'efficacité
ayant été définis, vient le moment de
s'interroger sur les déterminants potentiels de celle-ci dans le cadre
des exploitations familiales agricoles.
II. L'analyse des déterminants potentiels de
l'efficacité
Pour analyser les déterminants potentiels de
l'efficacité, nous partons de la théorie du capital humain (A).
C'est la somme des précisions qu'émet cette théorie qui
permet de pousser l'étude plus loin et appréhender d'autres
facteurs clés de l'efficacité (B).
A. La théorie du capital humain
La théorie du capital humain est née du constat
selon lequel les facteurs classiques de production (terre, capital, travail)
n'expliquent qu'une partie de la croissance économique. Ainsi, une
partie de la croissance économique est imputable au captal humain,
défini comme un ensemble de compétences, de savoirs, de
savoir-faire, acquis par un individu et qui augmentent sa capacité
productive. Deux économistes américains : Théodore Schultz
(1902- 1998) et Gary Becker (né en 1930) sont à l'origine de ce
concept.
Théodore Schultz29, économiste du
développement pense que la formation/éducation des individus
permet de transformer un ouvrier en un travailleur efficace capable d'analyser
une situation. Ainsi, la formation permet de réaliser des gains de
productivité ; elle contribue à constituer et à
accroître le capital humain. Par ailleurs, le concept de capital humain
est largement diffusé et précisé par Gary
Becker30. Ses travaux ont élargi le champ de l'analyse
micro-économique à de nombreux comportements humain. Le capital
humain est considéré comme un capital pouvant s'acquérir
(par l'éducation), se préserver et se développer (par la
formation continue) et donner des dividendes (sous forme d'une augmentation de
la productivité du détenteur).
L'hypothèse fondamentale au coeur de cette
théorie est que, l'éducation est un
investissement (privé ou social) qui accroît la
productivité de ceux qui la reçoivent. La formation affecte
29 Lauréat du prix Nobel d'Économie en
1979, avec Arthur Lewis
30 Prix Nobel d'économie en 1992
donc positivement la productivité des individus en leur
permettant d'accroître leurs connaissances et leurs compétences et
donc leurs capacités à travailler (Abessolo, 2007). Elle donne
également une meilleure adaptabilité face aux changements et
permet de diminuer les risques d'obsolescence de la main d'oeuvre.
A partir de l'analyse du capital humain, de nombreuses
études empiriques ont été consacrées à la
relation entre l'éducation, l'efficacité et la
productivité dans le secteur agricole. Une revue de littérature,
relayée par la banque mondiale a crédité l'idée que
l'éducation a un fort effet sur l'efficacité productive des
agriculteurs (Lockheed, Jamison et Lau, 1980). Grâce à une
méta-analyse sur les pays en voie de développement d'Asie et
d'Amérique Latine, ces auteurs montrent qu'en moyenne, les agriculteurs
ayant fréquenté pendant quatre années l'école
primaire ont une productivité supérieure de 7,4% à celle
de leurs homologues qui n'ont pas fréquenté l'école
primaire. Par ailleurs, l'environnement économique
général, qu'il soit ou non en cours de modernisation
(technologies en voie d'évolution, marchés en expansion,
nouvelles cultures en cours d'introduction) affecte ce lien entre
éducation des agriculteurs et productivité. C'est pourquoi
parlant de productivité, l'avantage des agriculteurs
éduqués est de 9,5% dans un environnement en cours de
modernisation et seulement de 1,3% dans un environnement plus traditionnel.
D'autres études portant sur les déterminants de
l'efficacité trouvent l'existence d'un lien positif entre
l'éducation du chef de l'exploitation et l'efficacité : Ali et
Flinn (1989) ; Coelli et Fleming (2004) en Papouasie et Nouvelle
Guinée... L'un des arguments évoqués pour justifier ce
lien positif entre l'éducation et l'efficacité est qu'un
agriculteur éduqué a facilement la maîtrise des techniques
modernes de production et l'opportunité d'avoir les informations
nécessaires sur les prix de marché et d'acheter ses inputs
à moindre prix.
Néanmoins, Gurgand (1993) met en évidence un
paradoxe en ce qui concerne l'agriculture africaine. Il établit le fait
que, en Afrique, plus il y a des membres scolarisés dans un groupe
familial, plus la production agricole est faible. Un prolongement de ces
études aboutit au constat selon lequel, l'effet de l'éducation
sur la productivité des agriculteurs est plus important en Asie et en
Amérique Latine qu'en Afrique (Phillips, 1994). Dans cet ordre
d'idées, Hasnah et al. (2004), trouvent un impact significativement
négatif de l'éducation du chef d'exploitation sur
l'efficacité technique des exploitations agricoles à l'Ouest
Sumatra Indonésie.
Il sied de préciser que les facteurs qui influencent
l'efficacité ne sont pas uniquement fondés sur la théorie
du capital humain ; il en existe d'autres non moins importants.
B. Les autres déterminants de
l'efficacité
Dans la littérature économique, de nombreux
auteurs ont montré que certains facteurs ont un impact sur le niveau
d'efficacité. Le choix des déterminants de l'efficacité
dépend de l'échelle d'analyse et de l'objectif de l'étude.
Ainsi, on distingue les facteurs explicatifs du niveau d'efficacité des
exploitations individuelles, des facteurs explicatifs à échelle
plus grande (la région par exemple).
Lorsque l'étude porte sur une plus grande
échelle, les variables utilisées sont des moyennes. Ainsi, les
déterminants de l'efficacité dans ce cadre peuvent être les
infrastructures (nombre ou longueur des pistes agricoles, distances à la
route principale et aux grandes villes), la population rurale et urbaine
(importance des agglomérations), le nombre de marchés, le
degré d'intégration au marché, le nombre d'écoles,
le nombre de centres de formation agricole... (Albouchi, 2005).
Le principal inconvénient de ces actions est que leurs
effets ne sont pas ressentis immédiatement à l'échelle
locale. Par exemple : l'impact de la création des écoles et des
centres de formation à l'échelle régionale se manifeste
après plusieurs générations.
Toutefois, au niveau des exploitations individuelles, les
déterminants de l'efficacité peuvent être : la taille de
l'exploitation, l'âge de l'exploitant, l'appartenance à un groupe
d'intérêt économique, l'accès au crédit,
l'éloignement du marché... (Nuama, 2006). Ces derniers
s'avèrent plus intéressant pour la présente
étude.
Dans la littérature économique, la relation
entre la taille de l'exploitation et l'efficacité ne fait pas l'objet
d'un consensus. Ainsi, certaines études montrent l'existence d'une
relation positive entre la taille de l'exploitation et l'efficacité
(Thiam et al., 2001 ; Nyemeck et al., 2004 ; Linh, 1994 ; Latruffe, 2005 ;
Sizhong, 2006). D'autres par contre, démontrent l'existence d'une
relation négative, traduisant le fait que les petites exploitations sont
plus efficaces que les grandes (Chirwa, 1998).
En ce qui concerne l'âge de l'exploitant,
la relation entre l'âge et le niveau d'efficacité peut
être négative ou positive. Ainsi, les plus âgés
peuvent être moins efficaces que les jeunes
producteurs dans la mesure où, les premiers n'ont pas
assez de contact avec les services de vulgarisation et ils ne sont pas
disposés à adopter les nouvelles technologies ; contrairement aux
jeunes qui adoptent facilement les nouvelles technologies et recherchent les
informations nécessaires (Coelli et Fleming, 2004).
L'appartenance à une organisation dont le capital
social a un impact positif sur l'efficacité (Tchale, 2009 ; Audibert,
1997). L'organisation sociale accroît le potentiel productif de la
société.
Le crédit quant à lui peut avoir une influence
positive sur l'efficacité des exploitations, si les fonds obtenus par
les paysans servent à l'achat d'intrants. Mais si ces fonds sont
utilisés à d'autres fins, la relation entre le crédit et
l'efficacité est négative (Nyemeck et al., 2004 ; Onwuchekwa,
2008 ; Albouchi et al., 2005).
Les méthodes pour isoler les causes de
l'inefficacité se distinguent par le nombre d'étapes
nécessaires à la recherche des déterminants de
l'inefficacité. Ainsi, comme le note Borodak (2007), on distingue les
méthodes à une, deux et quatre étapes. Les méthodes
à une étape permettent de contrôler l'impact des variables
d'environnement directement lors de l'estimation de l'efficacité des
unités de production.
Les méthodes à deux étapes quant à
elles, consistent d'abord à estimer les inefficacités, puis
effectuer une régression des scores d'efficacité sur les
variables déterminantes : la taille de l'exploitation, l'âge du
chef de l'EFA, l'appartenance ou non à une organisation paysanne... La
méthode à quatre étapes est le prolongement des
méthodes à deux étapes. Elle permet de classer les
producteurs selon leur efficacité technique pure en éliminant des
calculs, l'impact des facteurs d'environnement.
Dans le cadre de cette étude, nous utiliserons une
méthode à deux étapes, pour isoler l'effet des facteurs
déterminants l'efficacité, car son principal avantage est qu'en
cas d'erreur de spécification dans la deuxième étape, le
biais affecte uniquement les coefficients estimés des
déterminants et non les coefficients de la frontière. Par
ailleurs, la plupart des études dans le secteur agricole utilisent
celle-ci (Latruffe, 2005 ; Nuama, 2006). La régression effectuée
lors de la deuxième étape suivra un modèle TOBIT pour
tenir compte du caractère tronqué (entre 0 et 1) de la variable
dépendante (efficacité).
A la suite de cette présentation succincte des
déterminants potentiels de l'efficacité, intéressons-nous,
un temps soit peu aux méthodes d'estimation de celle-ci en science
sociale.
Section 2 : Les méthodes d'estimation de
l'efficacité
Dans la littérature économique, les
méthodes d'estimation de la frontière de production peuvent
être classées selon la forme prévue de la frontière,
selon la technique d'estimation utilisée pour l'obtenir, et selon la
nature de l'écart entre la production observée et la production
optimale (Albouchi et al., 2005). Par ailleurs on note qu'il est possible de
synthétiser les différentes méthodes d'estimations de
l'efficacité en deux approches : l'approche non paramétrique(I)
et l'approche paramétrique(II). Ainsi, l'idée d'une comparaison
peut aller sans dire.
I. L'approche non paramétrique
Les fondements de l'approche non paramétrique (A)
précéderont une brève présentation de la
méthode d'enveloppement des données (B).
A. Fondement de l'approche non paramétrique
L'approche non paramétrique à été
introduite par Farrell en 1957. C'est une approche de type déterministe
qui n'impose pas une forme fonctionnelle à la fonction de production.
L'isoquant frontière est estimée par les ratios intrants/extrants
de chaque exploitation. L'isoquant convexe qui reflète la fonction de
production efficace est ainsi construie à partir d'un nuage de points de
sorte qu'aucune observation ne se situe ni à gauche ni au-dessous de cet
isoquant (Figure 3.2).
Cette façon de mesurer l'efficacité technique
des unités de production est définie dans un contexte où
la technologie de production est caractérisée par des rendements
constants. Cependant, cette hypothèse est très restrictive (Amara
et Romain, 2000). En effet, en cas de déséconomie
d'échelle, la Figure (3.3a) montre qu'un segment qui rejoint deux points
situés sur S est probablement inefficace ; ce qui n'est pas forcement
vrai en cas d'économie d'échelle alors que la courbe S est
convexe (Figure 3.3b).
Figure 3.2 : Détermination de la
frontière d'efficacité technique selon Farrell
Capital
S'
Travail
S
A
P
B C
Source : Farrell (1957)
Figure 3.3 : Impact de l'économie et de la
déséconomie d'échelle sur les mesures de
l'efficacité Technique de Farrell
(3a) (3b)
Extrant Extrant
POINTS
S INEFFICIENTS
POINTS INEFFICIENTS
S
O Intrant O Intrant
Déséconomie d'échelle Économie
d'échelle
Source : Farrell (1957)
Plusieurs mesures de l'efficacité peuvent être
définies de la même façon pour le cas des rendements non
constants à l'échelle, en considérant que l'isoquant de la
figure 1.1 représente
la limite inférieure de l'ensemble des intrants
associés à la production d'un niveau donné de produit. Le
cas des rendements croissants à l'échelle à
été étudié par Farrell et Fieldhouse (1962) en
reprenant la base de données de Farrell (1957). Ils trouvent que toute
économie d'échelle est épuisée dès qu'un
certain niveau de production est atteint.
L'approche non paramétrique développe de
manière simultanée les deux étapes suivantes (Piot-Lepetit
et Rainelli, 1996 ; Coelli et al., 1998) :
> Etape 1 : Construction d'une
représentation de la technologie à partir de l'ensemble des
observations disponibles. Chaque exploitation est donc comparée aux
autres. C'est pourquoi, si aucune observation ne produit plus avec une
quantité moindre d'intrants ou avec la même dotation factorielle,
l'exploitation étudiée appartient à la frontière de
production et elle est considérée comme techniquement efficace.
Dans le cas contraire, elle est incluse dans l'ensemble des possibilités
de production et est déclarée techniquement inefficace
d'où son nom d'approche déterministe.
> Etape 2 : Pour calculer
l'efficacité de chaque exploitation, il faut mesurer l'écart
existant entre chacune de ces exploitations et la frontière de
production précédemment définie. Les valeurs des
écarts sont comprises entre 0 et 1. Raison pour laquelle, toute
exploitation située sur la frontière se voit attribuer la valeur
de 1 alors que les autres exploitations obtiendront un score inferieur à
1, qui sera d'autant plus faible que la situation initiale de l'exploitation
est éloignée de la frontière de production.
L'approche non paramétrique se base sur la méthode
d'enveloppement des données (DEA), ci-dessous présenté.
B. La méthode DEA
La méthode DEA (Data Envelopment Analysis »,
initialement introduite par Charnes et al. (1978), a permis d'étendre
l'analyse de l'efficacité technique à des situations
multiproduits et de rendements d'échelle non constants. D'après
celle-ci, la frontière est construite par la technique de la
programmation linéaire. Le terme « envelopment » est
utilisé pour désigner l'hypothèse selon laquelle la
frontière de production enveloppe toutes les observations.
La méthode DEA évalue l'efficacité
relative des unités de production comparables et génère
les niveaux d'efficacité à partir des informations sur les inputs
et les outputs des entreprises (Kobou et al., 2009). Elle est fondée sur
la programmation linéaire et permet d'identifier des fonctions de
production empiriques. C'est une méthode qui se base sur la
théorie microéconomique, qui compare toutes les unités
similaires en prenant en compte simultanément plusieurs dimensions. Elle
détermine la frontière d'efficience du point de vue de la
meilleure pratique. Chaque unité est considérée comme une
unité décisionnelle (« Décision Making Unit »
DMU)31. Les inputs sont des ressources utilisées pour
créer des outputs d'une qualité donnée.
La méthode DEA permet d'identifier un ensemble efficace
pouvant servir de référence pour les exploitations inefficaces.
Les exploitations efficaces ont des inputs et des outputs similaires à
ceux des exploitations inefficaces. Ainsi, elles peuvent servir de
référence.
La méthode DEA produit une surface de production
empirique par morceaux qui, en termes économiques, représente la
frontière de production de la meilleure pratique
révélée. Les exploitations efficaces se situent sur la
frontière d'efficacité empirique qui indique le maximum de
production qui peut être produit avec différentes combinaisons de
facteurs pour une technologie donnée.
Dans la littérature, les deux variantes de la
méthode DEA les plus employées sont : le modèle CCR
(Charnes, Cooper et Rhodes, 1978) qui suppose les rendements d'échelles
constants (CRS model)32 et le modèle BCC (Banker, Charnes et
Cooper, 1984) qui suppose les rendements d'échelles variables (VRS
model)33. Dans le cas des rendements d'échelles constants, on
suppose qu'une augmentation dans la quantité d'inputs consommés
mènera à une augmentation proportionnelle dans la quantité
d'outputs produits. En revanche, dans le cas des rendements d'échelles
variables (croissants ou décroissants), la quantité d'outputs
produits est considérée pour augmenter plus ou moins
proportionnellement que l'augmentation dans les inputs. La différence de
mesure d'efficacité entre les deux modèles donne
l'efficacité d'échelle (Figure 3.4) qui représente le cas
d'une entreprise en situation de concurrence parfaite, et qui opère
à une échelle appropriée ; c'est-à-dire que son
coût marginal doit être égal aux prix du marché de
son produit.
31 Dans le cas présent, c'est une exploitation
familiale agricole qui transforme des « inputs » en « outputs
».
32 CRS est la traduction anglaise de Constant Returns
to Scale.
33 VRS est la traduction anglaise de Variable Returns
to Scale.
Soit une technologie à rendement d'échelles
constantes (ABOX sur la figure 4.3), à rendements
d'échelles non croissants (ABDD'X) et à
rendement d'échelle croissant (C' CBDD'X). La mesure de
l'efficacité technique obtenue pour l'exploitation E
par rapport à la technologie à rendements variables est
plus faible que celles obtenues par rapport à la technologie à
rendements constants ou non croissants, Comme l'illustre cette figure. Ainsi,
on en déduit que l'observation E présente,
à court terme, des rendements d'échelles croissants et donc que
des économies de coût peuvent être obtenues pour cette
exploitation en augmentant son niveau de production. Inversement pour
F, qui présente des rendements d'échelles
décroissants, c'est en réduisant le volume produit que les
économies peuvent apparaître.
Figure 4.3 : Mesure de l'efficacité
d'échelle
Y
A
C
F
C'
B
E
D
X
O D'
Source : Piot-Lepetit et Rainelli, (1996)
Par ailleurs, dans les deux cas (modèle CCR et
modèle BCC), on distingue :
(i) les modèles dits «orientés
inputs» si l'on étudie l'efficacité en termes d'inputs
; c'est-à-dire si l'on s'intéresse à l'inefficacité
en terme d'excès d'inputs.
(ii) les modèles dits «orientés
outputs» si l'on veut analyser l'efficacité en termes
d'outputs ; c'est-à-dire si l'on souhaite appréhender
l'inefficacité par l'insuffisance d'outputs.
Dans le cadre de cette étude, nous retiendrons la
méthode DEA, car comme le note Blancard et Boussemart (2006), cette
approche est particulièrement adaptée à la
modélisation
d'une technologie primale multiproduits-multifacteurs, sans
passer par la fonction de coût dual présupposant l'absence
d'inefficacité technique. Il s'agit d'une méthode ne retenant que
des hypothèses de libre disposition des inputs et des outputs et de
convexité pour l'ensemble de production. Elle n'impose aucune forme
fonctionnelle des fonctions de production et de coût.
La méthode DEA est traitée de façon
intensive comme le note Ambapour (2001) par Seiford et Thrall (1990), Lovell
(1993), Ali et Seiford (1993) et Charnes, Cooper, Lewin et Seiford (1995).
II. Approche paramétrique et approche non
paramétrique : une complémentarité
certaine
Quand on a compris en quoi consiste l'approche
paramétrique (A), on n'échappe difficilement à la
tentation de la comparer à celle non paramétrique (B).
A. L'approche paramétrique
L'approche paramétrique peut être
regroupée en deux grandes catégories selon que la
frontière est déterministe ou stochastique et selon que la
méthode d'estimation de la frontière, est les Moindres
Carrés Ordinaires (MCO), ou le Maximum de Vraisemblance (MV). La
frontière de production est dite déterministe si tout
écart observé est uniquement dû à
l'inefficacité. Si par contre, en plus de la défaillance
technique, l'on prend en compte un autre terme aléatoire qui englobe les
erreurs éventuelles de mesure, les erreurs de la mauvaise
spécification du modèle, l'omission de certaines variables
explicatives et la considération des évènements
(politique, cours mondiaux, aléas climatiques, mauvais rendement des
machines ou encore pénuries des intrants etc.) qui ne sont pas sous le
contrôle de l'exploitant, la frontière devient alors
stochastique.
Farrell (1957) fût aussi à l'origine de
l'approche déterministe et paramétrique. Il proposa
l'approximation de la fonction de production efficace par une forme
fonctionnelle connue à priori. Ainsi, une spécification plus
facile et une meilleure analyse des différentes
propriétés
algébriques de cette fonction deviennent possibles. Il
utilisa la forme fonctionnelle Cobb-Douglas pour illustrer l'utilisation de
cette approche sur des données agricoles de 48 États
américains, tout en imposant des rendements constants à
l'échelle. En relâchant l'hypothèse des rendements
d'échelle constants en faveur de l'hypothèse de
l'homogénéité de la fonction de production, Aigner et Chu
(1968) ont estimé une fonction de production frontière à
partir d'un échantillon de firmes manufacturières
américaines en utilisant une forme fonctionnelle Cobb-Douglas. Par
ailleurs plusieurs auteurs se sont inspirés de cette étude et
diverses modifications y ont été introduites.
Timmer (1971)34, a proposé le modèle
probabiliste basé sur la sensibilité de la fonction
frontière aux observations extrêmes35. Cette technique
a fait l'objet d'applications dans le secteur agricole avec succès par
Bravo-Ureta et Pinheiro (1997) et Ali et Chaudhry (1990). D'autres auteurs se
sont intéressés de plus près à l'approche
paramétrique par fonction déterministe, notamment Richmond
(1974), Greene (1980)... et ont apporté quelques modifications dans
l'objectif de tendre vers des modèles avec les meilleures
précisions et des estimateurs efficaces.
Malgré le grand nombre d'études qui l'ont
utilisé, l'approche paramétrique et déterministe n'a pas
cessé d'essuyer de sérieuses critiques. Outre ses limites
dictées par la nature déterministe de la frontière de
production ; limites qui sont en grande partie à l'origine de l'approche
stochastique qui sera abordée dans le paragraphe suivant, l'approche
paramétrique est sujette à d'autres critiques36.
L'approche stochastique ou d'erreur composée,
initialement proposée par Aigner, Lovell et Schmidt (1977), Meeusen et
Van Den Broek (1977), a été améliorée par Jondrow
et al. (1982) pour permettre l'estimation d'indices d'efficacité
technique, spécifique à chaque exploitation. Cette approche
postule que le terme d'erreur est composé de deux parties
indépendantes :
34 Voir Amara et Romain (2000).
35 Cette méthode itérative en trois
étapes consiste à estimer dans un premier temps la fonction
frontière pour l'ensemble des échantillons, réduire
progressivement l'échantillon d'un certain nombre de firmes, choisies
à priori, parmi celles qui sont les plus près de la
frontière et estimer une nouvelle pour aboutir à des coefficients
rattachés à la fonction de production beaucoup plus stable.
36 Premièrement, elle est très sensible aux
observations extrêmes et, deuxièmement, l'attribution d'une forme
fonctionnelle à la fonction frontière est restrictive, dans le
sens que chaque forme fonctionnelle traduit implicitement un certain nombre
d'hypothèses (Fried et al, 1993 cité par Amara et Romain,
2000).
> une composante purement aléatoire qui se trouve
dans n'importe quelle relation et qui se distribue de chaque côté
de la frontière de production (two-sided error term). Cette composante
aléatoire est une mesure de l'erreur et d'autres facteurs
aléatoires sur l'output et des effets combinés des variables non
spécifiés inputs sur la fonction de production.
> une composante représentant l'inefficacité
technique et qui est répartie d'un seul côté de la
frontière (one-sided error term).
L'estimation de cette frontière stochastique se fait par
le Maximum de vraisemblance, les moindres carrés et la méthode
des moments.
Après avoir présenté les méthodes non
paramétriques et paramétriques, il nous semble judicieux de faire
une comparaison entre ces deux méthodes.
B. Approche non paramétrique « versus »
approche paramétrique
L'objectif de cette section est de présenter une
analyse comparée des approches paramétrique et non
paramétrique des frontières de production en essayant de faire
ressortir les avantages et les faiblesses de chaque approche.
Fondamentalement, la différence entre l'approche
paramétrique et l'approche non paramétrique réside dans le
fait que la première se base sur un modèle statistique explicite
concrétisé par l'utilisation d'une forme fonctionnelle
particulière ; ce qui n'est pas le cas dans l'approche non
paramétrique. Utilisant moins d'informations que dans l'approche
paramétrique, les résultats dans l'approche non
paramétrique devraient être moins précis. Cependant, il y a
le risque d'influencer les résultats en imposant une forme fonctionnelle
qui n'est pas la plus appropriée (Nodjitidjé, 2009). En effet des
hypothèses fortes génèrent des résultats forts
pourvu que les contraintes (par exemple la forme fonctionnelle choisie) soient
vraies. Ainsi, la méthode non paramétrique permet d'éviter
les erreurs qui peuvent être causées par le mauvais choix de la
fonction de production.
L'approche non paramétrique permet plus facilement la
prise en compte de la technologie multi production. Néanmoins, elle
attribue toutes les inefficacités à l'exploitant et
ne tient pas compte des facteurs aléatoires hors du
contrôle de l'exploitant, qui peuvent être sources
d'inefficacités.
Toutefois, l'approche paramétrique regroupe la
frontière de production déterministe et la frontière de
production stochastique. Théoriquement, le recours à des
frontières stochastiques permet d'isoler le terme d'erreur purement
aléatoire de celui reflétant l'inefficacité technique de
l'exploitation et devrait par conséquent conduire à une mesure
plus précise de son efficacité technique. L'utilisation des
méthodes déterministes, qui attribuent tout écart
affiché par rapport à la frontière, à
l'inefficacité technique, serait donc une surestimation des niveaux
d'inefficacité technique (Amara et Romain, 2000).
Les conclusions de Bravo-Ureta et Rieger (1990) permettent
cependant de nuancer ce dernier résultat ; du moins pour ce qui est de
la comparaison de l'approche déterministe et de l'approche stochastique.
Pour ces auteurs, l'utilisation d'une frontière déterministe ou
d'une fonction frontière stochastique conduit à la même
conclusion générale lorsque le but de l'étude est de
déterminer si une firme (ou une EFA) est efficace ou inefficace. Ce sont
plutôt les valeurs calculées des indices d'efficacité
technique qui pourront différer selon que la frontière est
déterministe ou stochastique. Ils sont parvenus à cette
conclusion en comparant les résultats obtenus selon plusieurs
méthodes d'estimation de la frontière pour des fermes
laitières de la Nouvelle-Angleterre et de l'État de New-York.
En tout état de cause, il semble évident que la
convergence ou la divergence des résultats selon les approches non
paramétriques ou paramétriques dépendent fortement de
l'échantillon retenu (Amara et Romain, 2000). Et donc, le choix de la
frontière de production se base sur la qualité des données
et en fonction de l'objectif du travail. De plus, le choix de la méthode
d'estimation n'est pas primordial lorsque l'objectif de l'étude est
d'identifier les facteurs qui déterminent l'efficacité des
exploitations et non de rechercher leur niveau absolu d'efficacité
(Romain et Lambert, 1995).
Comme on peut le constater, il s'avère qu'aucune de ces
approches ne domine l'autre ; chacune a son intérêt et elles sont
dans une certaine mesure complémentaires, surtout lorsqu'il manque des
informations sur les prix.
Conclusion
Arrivé au terme de cette analyse où il a
été question d'étudier l'efficacité dans la
théorie économique, il ressort qu'elle dépend de plusieurs
facteurs. Son étude est faite grâce à deux méthodes
à savoir l'approche paramétrique et l'approche non
paramétrique. Cependant après une étude comparative des
dites méthodes, il s'avère que la méthode non
paramétrique est celle qui intègre dans l'analyse le
caractère multi facteur qui caractérise les exploitations
agricoles familiales étudiées. Toutefois, le choix de l'une ou de
l'autre de ces méthodes n'a aucun impact majeur sur le résultat
final, lorsque l'objectif de l'étude est d'identifié les facteurs
qui expliquent l'efficacité.
CHAPITRE 4 : EVIDENCE EMPIRIQUE SUR L'EFFICACITE
DES EXPLOITATIONS FAMILIALES AGRICOLES
Introduction
Une exploitation familiale agricole est dite efficace si elle
utilise ses inputs de manière optimale, ce qui suppose qu'il n'existe
aucune possibilité d'augmenter le produit sans accroître au
préalable la quantité d'inputs utilisés. Plusieurs
études ont montré dans le cas des pays en développement,
que le secteur agricole soufre d'inefficacité. Cette situation nous
conduit à analyser dans le cas de l'agriculture Camerounaise
l'efficacité des exploitations familiales agricoles car ces
dernières sont indispensables pour lutter contre la pauvreté et
l'insécurité alimentaire.
Ce chapitre est consacré à l'analyse empirique
de l'efficacité des exploitations familiales agricoles. Ainsi, la
spécification des différents modèles utilisés
(section 1) précédera la présentation et l'analyse des
résultats (section 2).
Section 1 : Spécification des modèles
utilisés
La mesure de l'efficacité des EFA dans le cadre de ce
travail se fera par la méthode DEA dont les deux variantes
utilisées seront présentées dans cette section ainsi que
le modèle TOBIT qui servira à estimer les facteurs qui expliquent
les inefficacités. Enfin, cette section se terminera par la
présentation des caractéristiques socio-économiques des
EFA de l'échantillon.
I. Présentation des modèles
Il sera question dans cette sous section de présenter
les différents modèles qui serviront non seulement pour
l'estimation de l'efficacité mais aussi pour la détermination des
facteurs ayant un impact sur celle-ci.
A. Les modèles DEA
Les modèles DEA les plus utilisés sont le
modèle CCR (développé par Charnes, Cooper et Rhodes en
1978) et le modèle BCC (introduit par Banker, Charnes et Cooper en
1984).
Le modèle CCR se fonde sur les hypothèses suivantes
:
> Il existe une forte convexité de l'ensemble de
production
> La technologie est à rendements constants
> Il existe une libre disposition des inputs et des outputs
Suivant la présentation de Coelli (1996) reprise par
Nyemeck (2004), supposons que nous disposons d'un ensemble d'informations sur K
inputs et M outputs pour chaque N exploitations. Les informations relatives
à la ième exploitation sont représentées
par les vecteurs colonnes xi et yi respectivement. Les matrices des inputs X de
dimension KxN, et des outputs Y de dimension MxN regroupent les informations
relatives à toutes les exploitations. L'approche des ratios est une
façon intuitive d'introduire la méthode DEA. Pour une
exploitation donnée, le ratio obtenu mesure l'efficacité
technique, et un ensemble de contraintes est posé afin que le ratio de
chaque exploitation soit toujours inférieur ou égal à 1.
Le programme mathématique utilisé pour le ratio de CCR est :
max ( / ),
u y v x
' '
u , v i i
s c u y v x
/ ' / ' = 1 j = 1 2
j j , , ,
... N (1)
u v
, = 0.
où u est un vecteur de dimension Mx1, et v
un vecteur de dimension Kx1, représentant respectivement les poids
des outputs et inputs déterminés par la solution du
problème : c'est à dire, par les données sur toutes les
exploitations utilisées comme ensemble de référence. Comme
cette forme de ratio permet un nombre infini de solution, Charnes et Cooper
(1962) développent un programme linéaire fractionné.
Celui-ci sélectionne une solution représentative dans chaque
classe d'équivalence et le programme linéaire dual qui y est
associé est le suivant :
min è, ëè
= 0
= 0 (2)
s c
/ - +
y Y ë
i
èx X
- ë
i ë = 0
Où è est un scalaire qui donne la mesure
de l'efficacité technique de l'exploitation considérée,
ë est un vecteur (N, 1) de constantes appelées
multiplicateurs. Elles indiquent la façon dont les exploitations se
combinent pour former la frontière par rapport à laquelle la
ième exploitation sera comparée, selon la définition de
Farrell (1957).
Le problème est résolu N fois, une fois pour chaque
exploitation dans l'échantillon, et génère N valeurs
optimales de è et ë .
Dans le programme DEA (2), la performance d'un producteur est
évaluée en termes de capacité du producteur à
diminuer son vecteur des facteurs jusqu'au niveau de la meilleure pratique
observée.
Toutefois, l'hypothèse des rendements constants n'est
vraiment appropriée que si l'entreprise opère à une
échelle optimale (Ambapour, 2001). Ce qui n'est pas toujours le cas
(concurrence imparfaite, contraintes financières...). Ce constat a
poussé Banker, Charnes et Cooper (1984), à proposer un
modèle qui permet de déterminer, si la production se fait dans
une zone de rendements croissants, constants, ou décroissants.
Ainsi, le modèle CCR peut être modifié en
tenant compte de l'hypothèse des rendements variables à
l'échelle. Il suffit pour cela d'ajouter une contrainte N1'
ë = 1 au programme précédent ; on obtient :
è, ëè
min s c
= 0
= 0 (3)
/ - +
y Y ë
i
èx X
- ë
i
ë1
N 1 ' =
ë = 0
Où N1est un vecteur de dimension Nx1
composé des 1.
La différence entre l'indice d'efficacité
technique obtenus par le modèle DEA de type CRS et celui de la
même exploitation par le modèle DEA de type VRS constitue une
bonne mesure de l'efficacité d'échelle de l'exploitation
considérée (Coelli et al., 1998).
Par ailleurs, ce modèle permet de décomposer
l'efficacité technique en efficacité technique totale et en
efficacité technique pure. L'hypothèse des rendements
d'échelles constants, conduit à la détermination de
l'efficacité totale ; tandis que l'hypothèse de rendement
d'échelles variables conduit à celle de l'efficacité
pure.
A la suite de cette présentation des modèles DEA,
on s'intéressera au modèle TOBIT.
B. Le modèle TOBIT
En vue d'expliquer les inefficacités des EFA, un
modèle TOBIT censuré sera utilisé. Le modèle TOBIT
appartient à la famille des modèles à variable
dépendante limitée, ce sont des modèles pour lesquels la
variable dépendante est continue mais n'est observable que sur un
certain intervalle. Ainsi, ce sont des modèles qui se situent à
mi-chemin entre les modèles à variables qualitatives et le
modèle de régression linéaire où la variable
endogène est continue et observable.
En économie, ce type de modèle a
été introduit par James Tobin en 1958 dans une analyse portant
sur les dépenses de consommation en biens durables et reposant sur une
régression tenant compte spécifiquement du fait que ces
dépenses ne peuvent pas être négatives.
Toutefois ces modèles sont également
qualifiés de modèles de régression censurées
(censored regression models) ou modèle de régression
tronquée (truncated regression models). Un modèle de
régression est dit censuré lorsque l'on dispose au moins des
observations des variables explicatives sur l'ensemble de l'échantillon.
Tandis qu'un modèle
de régression est dit tronqué lorsque toutes les
observations des variables explicatives et de la variable dépendante
figurant en dehors d'un certain intervalle sont totalement perdues.
Le choix du modèle TOBIT se justifie par le fait que les
variables dépendantes qui seront les indices d'inefficacités
(1-efficacité) sont continues et prennent des valeurs dans
l'intervalle[0 1[.
Le modèle peut se présenter sous la forme suivante
: Y i X i u i
= â +
avec Y Y Y 0
i i i
= si >-
* * (4)
Y 0 si non
i =
Dans la relation (4) ;
o Xi est un vecteur des variables
explicatives,
o â est un vecteur représentant les
paramètres à estimer,
o *
Yi est une variable latente qui peut être
considérée comme le seuil à partir
duquel les variables Xi affectent
l'efficacité d'une EFA.
La variable dépendante « inefficacité »
dans le cadre de cette étude, est continue et limitée
à zéro. En supposant que les perturbations
ui sont identiquement distribuées selon une loi
normale ( 2 )
N 0, ó u , l'estimation du
modèle TOBIT censuré ci-dessus passe par la maximisation du
logarithme de la vraisemblance qui s'écrit :
n 2
n n
log L = log [ 1 -Ö +
X / ] log
i â ä
i= 1 i=1
( Y i
=
-
2 ðä 2 ä
X â )
i
1
i
1
2 (5)
Où n représente le nombre
d'observations, et ä l'écart type.
Après cette brève présentation des
modèles que nous allons utiliser, il nous apparait judicieux de
présenter les variables qui serviront pour ces estimations à
travers les caractéristiques socio-économiques des EFA de
l'échantillon.
II. Caractéristiques socio-économiques des
exploitations famiiales agricoles
L'analyse des caractéristiques socio-économiques
des EFA passera par une présentation des variables (A), suivi de la
description statistique de ces dernières (B).
A. Présentation des variables
La présentation des variables commencera par les variables
qui serviront à la mesure de l'efficacité des EFA puis les
variables qui expliquent les inefficacités.
· Les variables qui servent à la mesure
de l'efficacité
La mesure de l'efficacité des EFA se fera dans le cas de
cette étude par une méthode DEA qui intégrera trois inputs
et deux outputs.
o Les inputs
- Input 1 = Superficie de production (en ha).
- Input 2 = Main d'oeuvre : elle sera
évaluée en terme de volume de travail et exprimée en
homme-jour selon les pondérations de la FAO comme nous l'avons
précédemment précisé.
- Input 3 : Capital (en Franc CFA), c'est la
somme entre le capital fixe et le capital variable. Le capital fixe dans cette
étude concerne la valeur totale du matériel utilisé
(amortissement du matériel), tandis que le capital variable concerne le
coût des intrants consommés (semences).
Le choix de ces variables se justifie comme le note Nyemeck
(2004) par le fait que celles-ci sont généralement
utilisées pour l'estimation des frontières de production agricole
dans les pays en voie de développement.
o Les outputs
Les outputs dans le cadre de ce travail concernent :
- Output A : Quantité d'arachide produite
dans l'exploitation au cours de la dernière campagne agricole (en
Kg).
- Output B : Quantité de maïs
produite dans l'exploitation au cours de la dernière campagne agricole
(en Kg).
Par ailleurs, en s'appuyant principalement sur deux arguments
extraits de la littérature, nous retenons une orientation input du
modèle DEA.
Selon Coelli (1996), l'orientation doit être choisie en
fonction des quantités d'inputs et d'outputs que les exploitants sont
capables de contrôler. En effet, les exploitants sont plus à
même de contrôler les inputs : main d'oeuvre (travail), surface de
production (foncier) et capital (coût du matériel utilisé
et coût des semences) que les outputs qui concernent la production
agricole. Enfin, le choix de telle ou telle orientation n'a que peu d'influence
sur les scores obtenus et par conséquent sur le classement des
unités de production.
· Les variables qui expliquent
l'efficacité technique
La forme empirique complète du modèle TOBIT que
nous allons estimer est la suivante :
Y i = +
â â â
AGE + 2NIVEAU + â
FORMATION SUPERFICIE OP DESTPROD
+ â + â â
+
0 1 3 4 5 6
Ainsi, les variables susceptibles d'expliquer les
inefficacités (et donc d'affecter l'efficacité) des EFA de
l'échantillon sont présentées dans le tableau suivant :
Tableau 4.1 : Les variables utilisées dans
l'étude des déterminants de l'efficacité
Variable
|
Définition
|
Mesure
|
AGE
|
Age de l'exploitant
|
Variable continue
|
NIVEAU
|
Niveau d'étude de l'exploitant
|
Variable binaire (1 = Primaire et 0=
secondaire et Supérieur)
|
FORMATION
|
Formation en agriculture
|
Variable binaire (1 = Oui et 0= Non)
|
SUPERFICIE
|
Superficie de l'EFA
|
Variable continue
|
OP
|
Appartenance à une organisation paysanne
|
Variable binaire (1 = Oui et 0 = Non)
|
DESTPROD
|
Destination de la production
|
Variable binaire (1=Autoconsommation et
0=Vente+Autoconsommation)
|
B. Description statistique des variables des
modèles
La description statistique des variables servant au calcul des
indices d'efficacité précédera celle des variables qui
expliquent les inefficacités.
> Description statistique des variables servant au
calcul des indices d'efficacité
En moyenne les exploitations familiales
échantillonnées produisent 172,34 kg d'arachide (Tableau 4.2).
Cependant on note une grande disparité entre les EFA qui se justifie par
les valeurs minimum et maximum de production qui sont respectivement de 20 et
880 kg. Ceci peut être lié à la variabilité des
dotations des EFA en ressources.
On remarque également une grande disparité dans
la production de maïs des EFA. En plus de la variabilité des
dotations des EFA en ressource, l'utilisation par certaine EFA des semences
améliorées peut expliquer cette grande disparité.
Les inputs terre, travail et capital ont respectivement pour
valeur moyenne 0,72 ha, 115,60 h/j et 36057,24 FCFA (tableau 4.2). Une analyse
détaillée de chaque facteur a été faite au chapitre
2.
Tableau 4.2 : Statistiques descriptives des
variables du modèle DEA
Variables
|
Description
|
N
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
Minimum
|
Maximum
|
Output A
|
Production d'arachide (kg)
|
62
|
172,34
|
135,37
|
20,00
|
880,00
|
Output B
|
Production de maïs (kg)
|
62
|
81,02
|
140,12
|
7,50
|
1000,00
|
Input 1
|
Superficie de production (ha)
|
62
|
0,72
|
0,46
|
0,15
|
2,30
|
Input 2
|
Main d'oeuvre (homme-jour)
|
62
|
115,60
|
77,76
|
20,50
|
363,00
|
Input 3
|
Capital (FCFA)
|
62
|
36057,24
|
21852,89
|
12800,00
|
118000,00
|
Source : Auteur à partir des données
d'enquête, 2010
> Description statistique des variables servant
à l'explication de l'efficacité technique
L'âge moyen des chefs d'exploitations de
l'échantillon se situe entre 45-46 ans. Pour le système de
culture étudié, la superficie moyenne en culture est 0,72ha et la
moitié des EFA échantillonnées produisent uniquement pour
l'autoconsommation (tableau 4.3).
Tableau 4.3 : Statistiques descriptives des
variables du modèle TOBIT
Variables
|
N
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
Minimu
|
Maximum
|
Age de l'exploitant
|
62
|
45,79
|
12,70
|
18
|
68
|
Niveau d'étude de l'exploitant
|
62
|
0,45
|
0,50
|
0
|
1
|
Formation en agriculture
|
62
|
0,26
|
0,44
|
0
|
1
|
Superficie de l'EFA
|
62
|
0,72
|
0,46
|
0,15
|
2,30
|
Appartenance à une organisation
paysanne
|
62
|
0,37
|
0,49
|
0
|
1
|
Destination de la production
|
62
|
0,55
|
0,50
|
0
|
1
|
Source : Auteur à partir des données
d'enquête, 2010
En ce qui concerne le niveau d'étude, la
majorité des chefs d'exploitation de l'échantillon ont
reçu un niveau d'éducation primaire. Moins de la moitié
des chefs d'EFA appartiennent à une organisation paysanne (OP) soit
37,10%.
Les chefs d'EFA ayant reçu une ou plusieurs formations en
agriculture représentent environ le quart de l'échantillon soit
25,80%.
Section 2 : Présentation et analyse des
résultats
Les résultats obtenus, dans le cadre de cette
étude, supposent que toutes les exploitations familiales agricoles de
l'échantillon sont soumises aux mêmes conditions, elles utilisent
les mêmes inputs pour produire les mêmes outputs.
I. L'efficacité technique des exploitations
famiiales agricoles
La méthode DEA permet la décomposition de
l'efficacité technique, alors appelée efficacité technique
totale, en efficacité technique pure et efficacité technique
d'échelle. L'efficacité technique totale permet d'évaluer
si l'application de la technologie existante est optimale à rendements
d'échelle constants. Elle exprime l'efficacité d'une exploitation
dans une optique de long terme (Latruffe, 2005). L'hypothèse des
rendements d'échelle variables permettent de calculer
l'efficacité technique pure qui représente véritablement
les pratiques de gestion, sans tenir compte de la taille sous-optimale ou
optimale. En revanche, l'efficacité
d'échelle permet d'évaluer s'il existe un gain
d'efficacité par diminution ou augmentation de la taille de
l'exploitation.
A. Distribution des indices d'efficacité
technique
Le niveau moyen d'efficacité technique totale obtenu
pour les 62 EFA de l'échantillon s'élève à 0,446.
En d'autres termes, une utilisation de façon efficiente de tous les
facteurs de production conduirait en moyenne à une réduction de
55,4% de ceux-ci, tout en maintenant constant le volume de production. Ce
résultat témoigne d'un niveau d'efficacité moyen
relativement faible des exploitations familiales agricoles pratiquant le
système de culture à base d'arachide et de maïs.
On constate une grande disparité entre les EFA qui
déterminent la frontière et les autres. A cet égard le
niveau d'efficacité minimum dans l'échantillon s'établit
à 0,121, tandis que le niveau d'efficacité maximum (1) n'est
atteint que par 3 exploitations sur les 62 de l'échantillon (Tableau
4.4). Ainsi, l'EFA la moins efficace de l'échantillon pourrait
réduire l'utilisation de ses ressources de 87,9% tout en maintenant le
même niveau de production.
Toutefois, les résultats obtenus pour les trois
sous-échantillons montrent que ce sont les EFA du village Ebamina qui
sont, en moyenne, les plus efficaces tandis que les EFA du village Otetek sont
les moins efficaces. Leur niveau moyen d'efficacité totale est de 0,504
et 0,365 respectivement.
Tableau 4.4 : Statistiques descriptives de
l'efficacité technique totale
|
Echantillon
|
Ebamina
|
Nsimi
|
Otetek
|
Moyenne
|
0,446
|
0,504
|
0,468
|
0,365
|
Ecart type
|
0,242
|
0,259
|
0,244
|
0,211
|
Minimum
|
0,121
|
0,157
|
0,179
|
0,365
|
Maximum
|
1
|
1
|
1
|
0,759
|
Nombre d'exploitations sur la
frontière
|
3
|
2
|
1
|
0
|
Source : Construction de l'auteur
En effet, les EFA échantillonnées dans le village
Ebamina ont majoritairement pour objectif de production en plus de
l'autoconsommation, la vente. L'analyse de la production
moyenne et des productivités partielles moyenne des
facteurs (travail et capital) a montré que les résultats les plus
élevés se retrouvent dans ce village.
Par ailleurs, dans ce village on retrouve également la
présence simultanée des structures qui appuient les EFA telles
que : des ONG qui encadrent les exploitants, l'Etat (Programme ACEFA en
remplacement du PNVRA) qui s'occupe de l'appui conseil et du financement des
projets des EFA et un marché hebdomadaire qui facilite
l'écoulement des produits.
La faiblesse moyenne du niveau d'efficacité des EFA du
village d'Otetek peut se justifier par l'objectif de production qui est
majoritairement l'autoconsommation.
Toutes ces explications vont être confirmées ou
infirmées par une analyse des déterminants de l'efficacité
technique.
Malgré le faible pourcentage d'EFA ayant un niveau
d'efficacité technique totale égal à l'unité
(environ 5%), on observe que 14,5% d'EFA ont un niveau d'efficacité
inferieur à 0,200, alors que 50% ont un niveau d'efficacité
inferieur à 0,368. Un peu plus de 58% d'EFA ont un niveau
d'efficacité inferieur à la moyenne. Les EFA ayant une grande
efficacité technique (dans l'intervalle] 0,8-1]) ne représentent
que 9,7% de l'échantillon total (Figure 4.1).
Figure 4.1 : Efficacités technique totale
par rapport à la frontière
Le tableau 4.5 ci-dessous présente les niveaux moyens
d'efficacité technique pure obtenue. Ainsi, en considérant les
rendements d'échelle variables, il ressort que le niveau moyen
d'efficacité technique pure des EFA de l'échantillon est de
0,678. Ce qui signifie que,
en moyenne elles peuvent diminuer de 32,2% l'utilisation des
facteurs de production, tout en maintenant le même niveau de
production.
Tableau 4.5 : Statistiques descriptives de
l'efficacité technique pure
|
Echantillon
|
Ebamina
|
Nsimi
|
Otetek
|
Moyenne
|
0,678
|
0,666
|
0,684
|
0,683
|
Ecart type
|
0,238
|
0,233
|
0,684
|
0,222
|
Minimum
|
0,208
|
0,208
|
0,271
|
0,270
|
Maximum
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Nombre d'exploitations sur la
frontière
|
12
|
4
|
5
|
3
|
Source : Construction de l'auteur
Les EFA des villages Nsimi et Otetek ont, en moyenne, des indices
d'efficacité technique plus élevés que celles du village
Ebamina sous l'hypothèse de rendement d'échelle variable.
Globalement, en ce qui concerne l'efficacité technique pure des EFA de
l'échantillon, 19,3% des EFA sont techniquement efficaces lorsque 12,8%
ont un niveau d'efficacité technique de moins de 0,2. Par contre 28,1%
des EFA ont un niveau d'efficacité supérieur à 0,8 contre
33,9% dont l'efficacité technique est comprise entre 0,6 et 0,8 (Figure
4.2).
Figure 4.2 : Efficacités technique pure par
rapport à la frontière
Source : Construction de l'auteur
Ainsi, les valeurs maximales d'efficacité technique
obtenues (plus de 0,8), montrent qu'il existe des EFA très performantes
car étant proches de la frontière de production. Ces EFA qui
obtiennent un tel niveau d'efficacité élevé peuvent servir
de référence pour améliorer de façon
générale l'efficacité de la zone étudiée.
L'écart entre les niveaux d'efficacité technique
pure du village le plus efficace techniquement en moyenne au village le moins
efficace (0,018) est plus faible que l'écart observé entre leurs
niveaux respectifs d'efficacité technique totale (0,139). La
différence en terme d'efficacité technique totale, observé
entre ces deux sous-échantillons (villages) peut donc provenir
essentiellement d'une différence dans leurs niveaux d'efficacité
d'échelle.
B. L'efficacité d'échelle et les «
input slacks37 »
La moyenne d'efficacité d'échelle pour
l'échantillon totale est de 0,666. Le niveau d'efficacité
d'échelle est en moyenne ni trop faible, ni trop élevé.
Ceci suggère que, du point de vue de l'efficacité technique, les
EFA de l'échantillon souffrent d'une taille sous-optimale. Ainsi, une
utilisation optimale de la taille de l'exploitation entrainera une
réduction moyenne des surfaces cultivées de 33,4% tout en gardant
le même niveau de production.
Les EFA qui ont une efficacité d'échelle
égale à l'unité ont une superficie moyenne en production
de 0,55ha, c'est donc la taille optimale des EFA qui permettrait d'annuler le
gaspillage de ce facteur (terre).
L'efficacité d'échelle moyenne des EFA du
village Ebamina (0,743) est supérieur à celle enregistrée
pour les EFA des villages Nsimi et Otetek : 0,690 contre 0,564 respectivement
(Tableau 4.6).
Tableau 4.6 : Statistiques descriptives de
l'efficacité d'échelle
|
Echantillon
|
Ebamina
|
Nsimi
|
Otetek
|
Moyenne
|
0,666
|
0,743
|
0,690
|
0,564
|
Ecart type
|
0,248
|
0,219
|
0,209
|
0,282
|
Minimum
|
0,190
|
0,388
|
0,238
|
0,190
|
Maximum
|
1
|
1
|
1
|
0,998
|
Nombre d'exploitations sur la
frontière
|
6
|
5
|
1
|
0
|
Source : Construction de l'auteur
Ainsi, les EFA sur la frontière d'efficacité
d'échelle représentent 22,7% d'EFA du village Ebamina, 5,3% d'EFA
du village Nsimi et aucune EFA du village Otetek.
37 Les « input slacks » mesurent les
excès additionnels d'input utilisés.
L'analyse de la dispersion des surfaces cultivées dans
l'échantillon (Figure 4.4) montre que des trois
sous-échantillons, la moitié des EFA du village Ebamina
produisent sur une surface très proche de la surface optimale (0,5ha),
ce qui explique que le plus faible gaspillage de la ressource foncière
soit dans ce village.
Figure 4.4 : Dispersion des surfaces
cultivées dans l'échantillon
Source : Construction de l'auteur à partir des
données d'enquête, 2010
En effet, dans ce village, trois quart des chefs
d'exploitations sont des femmes, de plus de 70% des chefs d'EFA ont un
âge supérieur à 46 ans. Cette situation pourrait se
justifier par la dispersion des surfaces dans ce sous-échantillon.
Le village Otetek est des trois sous-échantillons,
celui qui présente la plus grande disparité en termes
d'efficacité d'échelle. La moitié des EFA de ce village
ont une surface de plus de 0,5 ha tandis qu'un tiers des EFA produisent sur une
surface de 0,25 ha. Ainsi, c'est dans ce village qu'il y a un plus fort
gaspillage de la ressource foncière.
La méthode DEA permet également de
détecter, parmi les facteurs de production utilisés, ceux en
particuliers qui sont utilisés en excès. Les « inputs slacks
» correspondent aux excès additionnels de l'utilisation de chaque
facteur, en pourcentage de leur niveau utilisé (Tableau 4.7). Ce
pourcentage représente, en plus de la réduction potentielle mise
en évidence par le niveau d'efficacité technique
(réduction proportionnelle car s'appliquant à tous les facteurs),
la réduction potentielle supplémentaire du facteur de production
considéré (c'est-àdire proportionnelle).
Pour l'échantillon total, la terre est le facteur le
plus utilisé en excès en moyenne. L'excès additionnel de
terre est de 10,9%. Ainsi, en moyenne, les EFA pourraient réduire
leur
utilisation de terre de 55,5%, c'est-à-dire 44,6%
(réduction proportionnelle mise en évidence par
l'efficacité technique) plus 10,9% (réduction non proportionnelle
mise en évidence par les excès additionnels, soit applicable au
seul facteur terre), tout en produisant au même niveau. Ce
résultat reflète la sur-utilisation de la terre
évoquée précédemment, et pourrait se justifier par
l'abondance de cette ressource.
Pour ce qui est du travail, les EFA pourraient, en moyenne
réduire leur utilisation de ce facteur de 50,05% ; tandis qu'une
réduction moyenne de l'utilisation du capital de 53,83% permettrait de
maintenir le même niveau de production.
Tableau 4.7 : Excès additionnels de
facteurs (efficacité technique totale) ; pourcentage du
niveau
de facteur utilisé
|
|
|
|
|
|
Échantillon total
|
Ebamina
|
Nsimi
|
Otetek
|
Terre (%) Travail (%) Capital (%)
|
10,90
5,45
7,23
|
13,05 5,27 7,35
|
10,10 6,47 8,79
|
9,38 4,71 5,69
|
Source : Construction de l'auteur
Les EFA du village Nsimi et Ebamina présentent une
sur-utilisation notable des facteurs capitaux et travail par rapport à
celles du village Otetek. Toutefois, le facteur travail est le moins
sur-utilisé par rapport aux autres (en moyenne 5,45% contre 10,9% et
7,23%).
Tous ces résultats (efficacité technique totale,
efficacité technique pure, efficacité d'échelle et input
slacks) montrent que pour les exploitations familiales agricoles de
l'échantillon, il existe encore des gains potentiels
considérables à réaliser sur l'utilisation des facteurs de
production. Autrement dit, les marges de manoeuvre pour accroître la
production d'arachide et de maïs sur la base des ressources actuellement
utilisées sont importantes.
II. Les déterminants de
l'efficacité technique des exploitations familiales agricoles
L'analyse de l'efficacité technique des exploitations
familiales agricoles de l'échantillon suggère que, globalement
les EFA pratiquant le système de culture à base d'arachide et de
maïs utilisent les facteurs de production de manière à
entrainer des gaspillages de ressources. Ainsi, il nous apparaît
important d'étudier les facteurs qui influencent l'efficacité
afin de limiter ces gaspillages de ressources et d'identifier des leviers qui
permettront d'améliorer l'efficacité des EFA.
A. L'effet des variables liées au capital humain
La théorie du capital humain suggère que
l'éducation est un investissement qui accroît la
productivité. Cependant, dans la littérature économique,
en ce qui concerne l'agriculture africaine, il n'existe pas de consensus sur le
rôle de l'éducation dans l'efficacité technique.
Les résultats de l'estimation
économétrique (Tableau 8.4) montrent que les variables
liées au capital humain dans l'échantillon (Niveau d'étude
et Formation en agriculture) n'expliquent pas l'efficacité technique des
EFA de façon significative.
En ce qui concerne l'éducation, la principale raison
qui explique le résultat obtenu est que l'éducation formelle au
Cameroun n'intègre pas de connaissances sur les pratiques et les
techniques agricoles. Ainsi, le capital humain produit par l'école est
peu utile à l'agriculture. Ce résultat est partagé dans le
cas de l'agriculture Kenyane par Hopcraft (1974) et Moock (1981) en utilisant
des données micro-économiques. En effet, selon ces auteurs,
l'éducation formelle (la scolarisation) n'a pas d'effet significatif sur
l'efficacité technique.
A la suite de ces auteurs, Gurgand (1993 ; 1997) observe pour
le cas de la Côte-d'Ivoire, que l'éducation n'agit pas
positivement sur l'efficacité technique de la production agricole. En
outre, les données recueillies en Afrique sont souvent moins fiables que
celles qui proviennent d'Asie par exemple. Malgré tout,
l'hypothèse, largement admise, est qu'il existe un effet de
qualification en agriculture ne pouvant être
légitimement généralisée à l'Afrique
subsaharienne.
Toutefois, le signe positif des paramètres qui
expliquent l'inefficacité signifie que ces paramètres ont un
effet négatif sur l'efficacité. On constate donc que le
coefficient du niveau d'éducation est positif. Ce qui signifie que les
chefs d'exploitation, ayant le niveau primaire, sont moins efficaces que ceux
ayant les niveaux secondaire et supérieur.
La formation en agriculture ne contribue pas à
l'explication de l'efficacité technique dans l'échantillon
totale. En effet, ce résultat contre-intuitif s'explique par diverses
raisons. La nature des formations en agriculture et la durée de
celles-ci permettent de comprendre cette situation. Mais aussi, la faible
représentation des chefs d'EFA ayant reçu une formation en
agriculture dans l'échantillon (moins de 25%). Ainsi, un
échantillon plus représentatif à la fois des chefs d'EFA
ayant reçu une formation en agriculture et ceux n'ayant reçu
aucune formation pourrait donc conduire à des résultats
contradictoires.
Les formations en agriculture au sud Cameroun s'organisent
généralement sous forme de séminaires aux exploitants. Ces
séminaires portent principalement sur les cultures de rente (cacao,
café, palmier à huile...) et lorsqu'ils s'intéressent aux
cultures vivrières, leur durée est généralement
très limitée (moins d'une semaine), ce qui ne facilite pas
l'assimilation des connaissances par les exploitants. Par ailleurs, ces
séminaires sont parfois trop théoriques et ne s'accompagnent pas
d'exemples pratiques faute de moyens et de temps.
Néanmoins, le signe négatif du coefficient
associé à la variable Formation, signifie que la formation en
agriculture a un effet positif sur l'efficacité mais de façon non
significative.
Remarque : Le logiciel utilisé
pour estimer le modèle TOBIT censuré ici est Stata 9.1.
Le modèle d'estimation des indices d'efficacité est
globalement significatif au seuil de 1%, car Prob > chi2 < 0,01. Par
ailleurs, La régression du tableau 4.8 est largement significative
puisque la statistique obtenue pour le rapport de vraisemblance
est très supérieure à la valeur du khi-deux
théorique (car 26.79 est supérieur à 16,8).
Tableau 4.8 : Les déterminants de
l'efficacité technique totale des EFA
Variables
|
Coefficients
|
P>|t|
|
Age de l'exploitant
|
-.00539273** (-2.56)
|
0.013
|
Niveau d'étude
|
.01629497 (0.31)
|
0.758
|
Formation en agriculture
|
-.03812419 (-0.61)
|
0.543
|
Superficie de l'EFA
|
.13019005** (2.22)
|
0.031
|
Organisation paysanne
|
-.11444569** (-2.03)
|
0.047
|
Destination de la production
|
.21229597 *** (4.05)
|
0.000
|
Constante
|
.6320591 *** (5.73)
|
0.000
|
Sigma
|
.20117245***
|
|
Nombre d'observations : 62 Nombre d'observations censurées
à gauche : 3
|
Nombre d'observations censurées à droite : 0 Nombre
d'observations non censurées : 59
|
LR Chi2(6) : 26.79 Prob > chi2 = 0.0002
|
Note : Variable dépendante : Niveau d'inefficacité
des EFA
|
*** (**) {*} significatif à 1%; 5% et 10%. Les valeurs
entre parenthèse sont les tests de student. Source : Auteur
à partir des données d'enquête, 2010
B. Les autres facteurs qui expliquent
l'efficacité technique
Les variables qui expliquent l'efficacité technique des
EFA dans l'échantillon sont : l'âge du chef de l'EFA, la
superficie cultivée, l'appartenance à une organisation paysanne
et la destination de la production.
Le signe négatif du coefficient affecté à
l'âge de l'exploitant traduit le fait que cette variable affecte
positivement l'efficacité technique des exploitations familiales
agricoles de l'échantillon. Ainsi, les chefs d'exploitations les plus
âgés sont plus efficaces que les jeunes. Ce résultat
s'explique par l'expérience des plus âgés. En effet,
l'expérience moyenne dans la pratique de l'agriculture de
l'échantillon est de 20 ans. Ce système de culture à base
d'arachide et de maïs de la localité de Zoetelé au sud
Cameroun se pratique donc par les exploitants pour certains durant toute leur
vie.
Ce résultat est en contradiction avec le constat de
Coelli et Fleming (2004) pour qui, les exploitants plus jeunes sont plus
efficaces que les plus âgés. Pour ces auteurs, les plus jeunes
sont plus disposés à accepter les nouvelles
technologies et la vulgarisation. Par ailleurs, l'analyse des effets marginaux
montre que toutes choses égales par ailleurs, une variation d'une
année d'âge, entrainerait une variation de la probabilité
d'être inefficace de 0,54%.
Les résultats suggèrent également, en
désaccord avec l'intuition que, les plus petites exploitations sont les
plus efficaces toutes choses égales par ailleurs. En effet, en ce qui
concerne l'échantillon, nous avons démontré en analysant
l'efficacité d'échelle, l'existence d'un grand gaspillage due
à l'utilisation excessive des terres. Ainsi, les exploitants ne sont pas
en mesure d'utiliser efficacement leurs ressources lorsque la superficie
cultivée est grande. Ceci peut s'expliquer par le genre des chefs d'EFA
qui est majoritairement de sexe féminin et donc ne disposent pas d'une
force de travail nécessaire pour une production efficace. Les
quasi-élasticités obtenues indiquent que, une variation d'une
unité de la superficie, entrainerait une variation de la
probabilité d'être inefficace de 13,02%. La relation
négative entre la taille de l'exploitation et l'efficacité
technique à également été mise en évidence
par Chirwa (1998) dans le cas du Malawi. En revanche, d'autres études
démontrent l'influence positive de la taille de l'exploitation sur
l'efficacité technique (Thiam et al., 2001 ; Nyemeck et al., 2004 ;
Latruffe, 2005).
L'appartenance à une organisation paysanne affecte
positivement l'efficacité technique. Au Cameroun, depuis la crise des
années 80, l'Etat encourage les agriculteurs à s'organiser. C'est
d'ailleurs le seul moyen pour les agriculteurs de bénéficier de
l'encadrement, des subventions et des conseils de l'Etat (programme ACEFA qui
remplace progressivement le PNVRA) et des ONG. Ce constat confirme les
résultats de la littérature selon lesquelles le capital social
dont l'appartenance à une organisation paysanne est une composante, a un
impact positif sur l'efficacité technique (Nuama, 2006 ; Audibert,
1997). En effet, l'organisation communautaire permet de résoudre les
problèmes de main d'oeuvre et d'accès au crédit qui sont
des facteurs qui améliorent l'efficacité technique des
exploitants (Helfand et Levine, 2004). Les gains d'efficacités
techniques liées à l'appartenance à une organisation
paysanne sont de 11,44%.
Il ressort également de l'analyse des
déterminants de l'efficacité technique que les EFA dont la
destination de la production est l'autoconsommation sont moins efficaces que
celles qui en plus de l'autoconsommation, vendent leur production. La
contrainte de vente impose aux exploitants d'être plus efficaces et de
mieux gérer leurs ressources. Ainsi, les gains
d'efficacité des EFA dont la destination de la production
est l'autoconsommation et la vente
s'élèvent à 21,23%.
Tableau 4.9 : Résultat du calcul des effets
marginaux
|
|
|
|
Variables
|
dy/dx
|
X
|
Age de l'exploitant
|
-.0053927
|
45.7903
|
Niveau d'étude
|
.016295
|
.451613
|
Formation en agriculture
|
-.0381242
|
.258065
|
Superficie de l'EFA
|
.13019
|
.720161
|
Organisation paysanne
|
-.1144457
|
.370968
|
Destination de la production
|
.212296
|
.548387
|
Source : Auteur à partir des données
d'enquête, 2010
|
|
Conclusion
Ce chapitre s'est proposé d'analyser
l'efficacité des exploitations familiales agricoles. Après avoir
présenté les différents modèles
économétriques utilisés (modèles DEA et
modèle TOBIT). Les résultats des estimations des indices
d'efficacité technique ont montré que, des possibilités de
gains substantiels d'efficacité existent, car les EFA peuvent en moyenne
réduire l'utilisation de leurs facteurs de production de l'ordre de
55,4% lorsque les rendements d'échelle sont constants et de 32,2%
lorsqu'ils sont variables.
Les résultats du modèle TOBIT, ont montré
que les facteurs éducation et formation en agriculture ne contribuent
pas de façon significative à l'explication de l'efficacité
technique. Toutefois, pendant que l'âge et l'appartenance à une
organisation paysanne améliorent l'efficacité technique, la
superficie et l'autoconsommation comme destination de la production affectent
négativement l'efficacité technique.
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
La deuxième partie de cette recherche dont l'objectif
était d'analyser l'efficacité des exploitations agricoles
familiales a été présentée en deux chapitres.
Dans un premier temps, l'étude s'est
intéressée au concept d'efficacité dans la théorie
économique. Ainsi, après avoir discuté des fondements
théoriques de la notion d'efficacité et de ses
déterminants potentiels, un temps d'arrêt a été
marqué sur les méthodes d'estimation de l'efficacité. La
théorie économique distingue deux approches : approche
paramétrique et approche non paramétrique. La présentation
de ces deux approches a permis de conclure que malgré leur opposition,
ces approches présentent une complémentarité certaine.
Dans un second chapitre, l'étude s'est
intéressée à l'analyse empirique de l'efficacité
des exploitations familiales agricoles. De cette analyse il ressort que des
marges de manoeuvre existent car les EFA échantillonnées
souffrent d'inefficacités dans leur production. Ainsi, les niveaux
d'efficacité des EFA sont estimés à 0,446 lorsque les
rendements d'échelle sont constants et à 0,678 lorsque les
rendements d'échelle sont variables.
L'analyse des déterminants de l'efficacité
technique a également permis de faire ressortir le fait que, les
variables liées au capital humain (niveau d'instruction et formation en
agriculture) ne contribuent pas de façon significative à
l'explication de l'efficacité technique tandis que l'âge,
l'appartenance à une organisation paysanne, la superficie
cultivée et la destination de la production permettent d'expliquer
l'efficacité technique des EFA.
CONCLUSION GENERALE
Quelles sont les performances productives des exploitations
familiales agricoles de la localité de Zoetelé au Sud Cameroun ?
Telle était la question de recherche à laquelle cette
étude devait apporter quelques éléments de réponse.
Pour cela, nous avons d'une part analysé la productivité des
facteurs de production utilisés par les exploitations familiales
agricoles, et d'autre part l'efficacité technique des exploitations
familiales agricoles de la zone d'étude.
En effet, le Cameroun s'est fixé entre autres comme
objectif à l'horizon 2015, d'accroître les revenus des producteurs
en vue de réduire de moitié la pauvreté en milieu rural ;
d'assurer la sécurité alimentaire des ménages et de la
nation. L'une des voies permettant d'atteindre ces objectifs est
l'amélioration de la productivité et de l'efficacité des
facteurs de production utilisés par les exploitations familiales
agricoles qui représentent la grande partie de l'appareil de
production.
Il ressort de l'analyse de la productivité que, le
capital est le facteur le moins productif parmi les facteurs de production
utilisés par les exploitants. En effet, pour le système de
culture à base d'arachide et de maïs en association, le capital est
de nature traditionnelle et se limite pour la majorité des EFA à
la houe, la machette, la lime et le panier. La typologie faite grâce
à l'analyse des correspondances multiples et la classification
ascendante hiérarchique à permis de déceler l'existence de
6 classes.
En ce qui concerne l'analyse de l'efficacité,
l'étude montre que les leviers d'amélioration existent pour les
EFA échantillonnées qui sont moyennement efficaces. Ainsi, les
niveaux d'efficacité des EFA sont estimés à 0,446 lorsque
les rendements d'échelle sont constants et à 0,678 lorsque les
rendements d'échelle sont variables, ce qui traduit une
efficacité d'échelle de 0,666. Par ailleurs, les quantités
de chaque facteur sur-utilisé s'élèvent à 10,90%
pour la terre, à 5,45% pour le travail et à 7,23% pour le
capital. Pour ce qui est des facteurs qui influencent l'efficacité, l'on
note que l'âge et l'appartenance à une organisation paysanne
l'améliorent tandis que la surface cultivée et la destination de
la production l'affectent négativement.
Malgré les résultats intéressants, cette
étude souffre cependant d'un certain nombre de limites. La
première insuffisance est le nombre d'exploitations familiales agricoles
échantillonnées qui est très limité et ne permet
donc pas une bonne précision. Il serait important de prendre un nombre
d'exploitation dicté par la théorie de l'échantillonnage,
qui refléterait mieux la réalité de la situation des EFA
dans la zone d'étude.
La deuxième limite vient du fait que cette étude
ne tient pas compte de toutes les spéculations présentes dans ce
système de culture, elle se limite aux deux principales
spéculations à savoir l'arachide et le maïs. Il serait
important d'évaluer les performances productives des EFA pratiquants ce
système de culture en tenant compte de toutes les spéculations
présentes pour avoir des résultats plus représentatifs de
la réalité sur le terrain.
Enfin, la troisième insuffisance est que cette analyse
ne prend pas en compte les coûts des facteurs de production. En effet, il
serait intéressant d'aller au delà de l'efficacité
technique pour analyser l'efficacité allocative et l'efficacité
économique, ainsi que les déterminants de ces types
d'efficacités.
A l'issue de cette étude, quelques suggestions peuvent
être faites :
· En ce qui concerne les facteurs de production, nous
proposons aux EFA de moderniser le matériel agricole que ces derniers
utilisent afin de rendre ce facteur plus productif. De plus, il serait
intéressant pour les EFA de moderniser leur technologie de
production.
· Le lien mis en évidence entre l'appartenance
à une organisation paysanne et l'appui conseil permet de recommander aux
EFA de se regrouper afin de profiter au mieux des subventions et aides de
l'Etat, des ONG...par ailleurs, l'appartenance à une organisation
paysanne permet d'améliorer l'efficacité des EFA en favorisant le
partage d'expérience entre les exploitants.
· Ensuite, en ce qui concerne les infrastructures, l'on
a constaté que la présence d'un marché périodique
dans un village permet aux EFA de ce dernier d'être plus performantes.
Constat fait avec le village Ebamina qui se démarque des autres par
rapport à la productivité et l'efficacité des EFA. Les
pouvoirs publics devraient donc favoriser la construction de telles
infrastructures dans les villages.
· Pour ce qui est du niveau d'instruction, nous avons
constaté que ce dernier n'influence pas de façon significative
l'efficacité des EFA. Ce qui nous amène à proposer que,
l'Etat devrait inclure dans le système éducatif, des
connaissances en agronomie et en techniques culturales. Entre autres, l'Etat
devrait également promouvoir la création des écoles
paysannes qui permettraient d'améliorer les talents managériaux
des populations rurales.
· Enfin, en ce qui concerne les formations en
agriculture, nous proposons à l'Etat et aux ONG, d'organiser des
séminaires de formation qui pourraient prendre en compte les
systèmes de cultures en association, plus précisément pour
ce qui est des cultures vivrières. Par ailleurs, il serait
intéressant que ces séminaires soient plus pratiques et
s'étalent sur une longue période, afin de permettre aux
exploitants de mieux appréhender les enseignements qui leurs sont
prodigués.
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ANNEXES
Annexe 1 : Questionnaire de l'enquête
Enquête sur les performances productives des
exploitations familiales agricoles de la localité de Zoetelé
au sud Cameroun.
|
|
STRICTEMENT CONFIDENTIEL ET A BUT NON
FISCAL
|
Les informations collectées au cours de cette
enquête sont strictement confidentielles au terme de la loi N°
91/023 du 16 décembre 1991 sur les Recensements et Enquêtes
Statistiques qui stipule en son article 5 que « les renseignements
individuels d'ordre économique ou financier figurant sur tout
questionnaire d'enquête statistique ne peuvent en aucun cas être
utilisés à des fins de contrôle ou de répression
économique ».
|
SECTION 00 : IDENTIFICATION
|
Numéro du questionnaire : / / / /
|
|
Village :
|
Téléphone :
|
Nom du chef d'exploitation :
|
Statut matrimonial *** : / /
|
Sexe* : / /
|
Religion **** / /
|
Age : / / /
|
Expérience dans l'agriculture en année : /
/ /
|
Niveau d'instruction du chef d'exploitation ** : /
/
|
Taille du ménage de l'exploitant : / /
/
|
Composition du ménage de l'exploitant : A. /__
/__/ B. /__ /__/ C. /__ /__/ D. /__ /__/
|
(*) 1=Masculin ; 2=
Féminin (****) 1=Catholique ; 2=Musulmane ; 3=Protestante, 4= Autres
chrétienne, 5=
Aucune religion, 6=Autre ) ,
(**) 1= sans niveau, 2= primaire, 3= secondaire 4= Universitaire,
5= Autre (à préciser)
(***) 1=Célibataire, 2= Marié, 3=Veuf(ou veuve),
4=Union libre, 5=Divorcé (e)
A=Nombre d'enfant de moins de 15 ans, B=Nombre de femme de plus
de 15 ans, C=Nombre d'homme de plus de 15 ans D=nombre de personnes de plus de
55 ans
S0Q01 avez vous reçu une formation en rapport
directe avec l'agriculture ? (1=Oui, 2=Non S1Q01)
/__/
S0Q02 si oui, quelle a été la durée
totale de cette formation ? /__/
1=moins d'un an, 2= entre 1 et 3 ans, 3= plus de 3 ans
|
SECTION 01 : AGRICULTURE ET ACTIVITES ECONOMIQUES DE
L'EXPLOITANT
S1Q01 quelles sont les principales cultures
(spéculations) dans votre exploitation? :
/__/__/__/__/__/ /
1=Arachide, 2=Maïs, 3=Manioc, 4=Macabo, 5=Autres (à
préciser)
S1Q02 Exercez-vous une activité secondaire
à l'exploitation ? (1=Oui, 2=Non S1Q04)
/__/
S1Q03 Si oui, la quelle ? /__/
1=Elevage, 2= fonctionnaire, 3= pisciculture, 4= Artisanat,
5=Commerce, 6= Autres (à préciser)
S1Q04avez-vous bénéficié d'appui
financier durant la dernière campagne agricole? /__/
(1=Oui, 2=Non S1Q07)
S1Q05 si oui quelles sont les sources ? /__/
1=Etat, 2= Microfinance, 3= ONG, 4= Famille, 5=Association, 6=
Autres (à préciser)
S1Q06 quel est le montant de cet appui? (en milliers de
FCA) /__/__/__/
S1Q07 appartenez-vous à une organisation
paysanne(ou un GIC) ? (oui=1 ; 2=Non S1Q09) /__/
S1Q08 Depuis combien d'année ? /__/
1. moins de 2 ans, 2. Entre 2 et 5 ans, 3. Plus de 5 ans
S1Q09 Bénéficier vous d'un dispositif
d'appui conseil? /__/ (oui=1 ; Non=2 S1Q11)
S1Q10 Si oui de quelle structure /__/
1= Etat, 2= ONG, 3= Autres (à préciser)
S1Q11 Bénéficier vous d'encadrement? /__/
(oui=1 ; Non=2 S2Q01)
S1Q12 Si oui de quelle structure /__/
1= Etat, 2= ONG, 3= Autres (à préciser)
SECTION 02 : CARACTERISTIQUES DE
L'EXPLOITATION
S2Q01 Quelle est la superficie totale de votre
exploitation (en ha ou en m2)? /__/
S2Q02 quel est le nombre d'actif familial utilisé
lors de la dernière campagne ? /__/__/
(L'enquêteur fera la somme des actifs utilisé en
tenant compte du calendrier des travaux ci-dessous)
|
|
Travaux
|
Homme adulte
|
Femme adulte
|
Enfant* et vieux**
|
|
Nbre de Pers.
|
Nbre De Jour
|
Total
|
Nbre de Pers.
|
Nbre De Jour
|
Total
|
Nbre de Pers.
|
Nbre De Jour
|
Total
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
(*) Moins de 15 ans (**) plus de 55 ans
S2Q03 avez-vous utilisé une main d'oeuvre
salariale ? (oui=1 ; Non=2 S3Q01) /__/
S2Q04 si oui, quel est le nombre d'actif salarié
utilisé lors de la dernière campagne ? /__/__/
(L'enquêteur fera la somme des actifs utilisé en tenant
compte du calendrier des travaux ci-dessous)
|
Culture
|
Type de
travaux effectués
|
Homme adulte
|
Femme adulte
|
Enfant et vieux
|
|
|
Nbre de Personne
|
Total des
Jour de
+rosin ii
|
Coin en FCFA
|
Nbre de
Personne
|
Total des
Jour de
+rovo ii
|
Coin en FCFA
|
Nbre de
Personne
|
Total des
jour de travail
|
Coin en FCFA
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
SECTION 03 : CAPITAL PHYSIQUE UTILISE
|
|
avez-vous au cours de la dernière campagne
utilisé un des matériels suivant :
1= Oui 2= Non*
|
En quelle quantité ?
|
Quelle a été sa durée moyenne ? (en
année)
|
|
a) Machette / /
|
/ / /
|
/ / /
|
|
/ / /
|
/ / /
|
|
/ / /
|
/ / /
|
|
/ / /
|
/ / /
|
|
/ / /
|
/ / /
|
|
/ / /
|
/ / /
|
|
/ / /
|
/ / /
|
|
/ / /
|
/ / /
|
|
(*)Si non Type de bien suivant ou section suivante
|
SECTION 04 : ACCES A LA TERRE
S4Q01 Quel est le mode d'appropriation de votre
exploitation (si 1 S4Q02 ; sinon S5Q01) ? /__/
1. fermage; 2.métayage; 3. Héritage; 4= achat, 5.
Autres
S4Q02 combien estimez-vous le coût de location par
champagne? /__/
SECTION 05 : CONSOMMATIONS INTERMEDIARES
S5Q01 :
avez-vous au cours de la
dernière campagne utilisé les
|
S5Q02 :
En quelle
quantité ?
|
Quelle en est la provenance ?*
|
S5Q03 :
Quel a été le prix unitaire
|
S5Q04 :
Quel a été le coût total
d'acquisition ?
|
intrants suivant :
|
|
|
d'acquisition ?
|
(en milliers de FCFA)
|
|
(en Kg)
|
|
|
|
1= Oui 2= N
|
|
|
|
|
a) Semences améliorées /__/
|
/__/ __/
|
/__/
|
/__/ __/ __/
|
/__/ __/ __/
|
/__/
|
/__/ __/
|
/__/
|
/__/ __/ __/
|
/__/ __/ __/
|
b) Semences traditionnelles /__/
|
/__/ __/
|
/__/
|
/__/ __/ __/
|
/__/ __/ __/
|
|
/__/
|
/__/ __/
|
/__/
|
/__/ __/ __/
|
/__/ __/ __/
|
(*) 1= achat au marché, 2= Institut de recherche, 3=stock,
4=don, 5=Autres
SECTION 06 : PRODUCTION ET VALORISATION DES
PRODUITS
Spéculations
|
Quantité produite en unité locale
(*)
|
Quantité produite en Kg
|
Production en valeur
|
ARACHIDE
|
|
|
|
MAÏS
|
|
|
|
(*)Exprimé en unité de mesure
traditionnelle (cuvette, sac, bâchée...) ou si possible en Kg
S6Q01 Quelles sont les contraintes majeures à la production ?
/__/
1=Manque de main d'oeuvre; 2=Pénibilité du travail;
3=Manque de terres; 4=Manque de semences ; 5=faible fertilité du sol;
6=maladies des plantes ; 7= Coût des intrants trop élevés;
8=manque de formation; 9=Autres (à
préciser)
S6Q02 quel est votre objectif de production ?
/__/
1= Subsistance, 2 =Vente, 3= Subsistance et vente, 4=
Autres (à préciser)
S6Q03 Quelle est votre principale clientèle
directe ? /__/
1=Consommateurs, 2=Revendeurs,, 4=Industriels,5= Autres
(à préciser)
S6Q04 Pendant les cinq dernières années,
comment évaluez-vous l'évolution de votre production ?
/__/ 1 = A la hausse, 2 = A la baisse, 3 = Stable
Annexe 2 : Présentation et résultats de
l'ACM et la CAH
Encadré 1: Présentation de
l'Analyse des Correspondances Multiples (ACM)
Le principe de l'analyse factorielle est de réduire
la dimension d'un tableau de données afin de condenser l'information qui
y est contenue sous une forme simplifiée et organisée. Pour cela,
les variables initiales (corrélées éventuellement) sont
remplacées par des nouvelles variables latentes (fonction
linéaires des variables initiales) et non corrélées entre
elles, résumant au mieux l'information contenue dans le tableau initial,
en déformant au minimum les proximités entre les individus et les
variables. Dès lors, la dispersion du nuage des points devient
facilement interprétable dans un sous-espace à faible dimension.
L'ACM utilise et généralise une autre méthode d'analyse :
l'Analyse Factorielle des Correspondances.
L'Analyse Factorielle des Correspondances
(AFC)
L'objectif principal de l'AFC est d'étudier les
proximités entre les modalités de deux variables qualitatives.
Elle opère donc sur un tableau de contingences croisant deux variables
qualitatives. Son principe est de confronter d'abord les hypothèses
suivantes :
H0 : Il y a indépendance entre les deux variables A et
B (dans la population dont a été extrait l'échantillon) ;
H1 : Il y a dépendance entre les deux variables A et B.
Pour confronter ces hypothèses, on utilise la
statistique du Khi-deux de Karl Pearson dont la formule est :
2
2
n p O T
- n p k k k k
- avec, Oij = kij = effectif observé, Tij =
k
2 ij ij ij i j
. .
÷= =
obs T k k
i= 1 j =1 ij i= 1 j =1 i
j
. .
k
effectif théorique d'indépendance, n = nombre
de modalités de la variable A et p = nombre de modalités de la
variable B, k
= taille de l'échantillon. Sous H0, ÷obs suit la
loi du Khi-deux à (n-1)(p-1) degrés de liberté. On rejette
H0 2
si
|
÷ obs > ÷
2
|
2
( 1 )( 1 )
n - p - au seuil de risque á (
á ? [ 0, 5%] le plus souvent). Une fois que H0 est
rejetée,
|
on applique l'AFC en cherchant à expliquer les
liaisons entre les modalités des deux variables qualitatives. Au cas
contraire, il n'y a rien à expliquer.
ki . k . j
L'Analyse des Correspondances Multiples
(ACM)
L'objectif de l'ACM est de décrire les liaisons
entre p (p >2) variables qualitatives, simultanément observées
sur n individus. Elle est adaptée à l'exploitation des
données des enquêtes socio-économiques où elle
permet de mettre en correspondance plusieurs ensembles de questions.
Le principe de l'ACM est d'appliquer l'AFC sur deux types
de tableaux : le tableau disjonctif complet (Z) et le tableau de BURT
(B).
Le tableau disjonctif complet résulte d'un codage
binaire des réponses contenues dans le tableau initial des
données. En ligne, on dispose les n individus sur lesquels les p
variables disposées en colonne sont mesurées. Pour un individu i
et une variable j donnés, chaque modalité reçoit la valeur
1 si l'individu i l'a choisie et 0 sinon.
Le tableau de BURT se déduit du tableau disjonctif
complet à travers la formule suivante :
B = Z'Z, où Z' désigne la
transposée de la matrice Z. C'est un tableau de dimension (J, J) qui
croise deux à deux toutes les modalités actives (J = nombre total
des modalités actives).
|
Quelques éléments d'aide à
l'interprétation de l'ACM
n
La distance à l'origine : ( , ) 1
dð j G
2 = -
2 j k
jl
|
, où kjl est l'effectif de la
modalité l de la variable Xj et n l'effectif total. Elle
|
donne une idée sur le caractère
périphérique de certains points. Il s'agit
généralement des points à faible masse.
Les contributions absolues des modalités actives sur
les premiers axes décrivent la part de chaque modalité dans
l'inertie
totale de l'axe. Pour une modalité l de la variable Xj
et de coordonnée?ájl , sa contribution sur l'axe
á de valeur propre
ëá est :
CRT c
( , )
jl á = fx ? 2
. jl á jl
ëá
actives sur les premiers axes concernent la qualité
de représentation de ces modalités sur les axes. Pour
l'interprétation, on sélectionne les modalités dont les
cosinus carrés sont les plus forts car elles sont les mieux
représentées. Le cosinus carré de
x 100 Les cosinus carrés (ou contributions
relatives) de chacune des modalités
k jl
la modalité l, de coordonnée
?ájl sur l'axeá , a pour formule:
2
Cos =
( , )
á
c jl
? á 2 jl
n 1
Présentation de la méthode de
Classification Ascendante Hiérarchique
La technique de classification fournit une autre forme de
synthèse des données qu'une analyse factorielle. Elle constitue
des classes homogènes d'individus, les classes étant distinctes
les unes des autres le plus probable relativement aux variables
considérées. Les individus qui se ressemblent au niveau des
variables actives sont rassemblés dans une même classe et la
synthèse de toute l'information contenue dans le tableau de
données se ramène alors à la caractérisation de ce
petit nombre de classes homogènes. Il s'agit d'une classification sur
facteurs issus de l'AFC ou de l'ACM. Elle revient à créer une
variable qualitative qui correspond à l'appartenance à une classe
; la classification hiérarchique fournit une hiérarchie de
partitions, et la méthode d'agrégation autour de centres mobiles
conduit directement à une seule partition.
La méthode de classification sur les facteurs
effectue une classification des individus à partir d'un ensemble de p
variables (ou p facteurs) issus d'une analyse factorielle préalable.
Elle est effectuée selon le critère de Ward. L'arbre
d'agrégation appelé dendrogramme ainsi créé peut
ensuite être coupé en un nombre donné
d'éléments «terminaux» où les individus sont
regroupés selon une hiérarchie H de façon ascendante : on
regroupe les individus les plus proches et on recommence pour les n-1 points
suivants et ainsi de suite. On produit donc une suite de partitions
emboîtées ; L'Indice de niveau donne la valeur de l'indice
d'agrégation de chaque noeud et mesure, au sens de Ward, la
dissimilarité entre les classes. Et le choix du niveau de coupure du
dendrogramme, et donc, du nombre de classes de la partition sera fait par
examen de l'histogramme des indices croissants de niveau, en réalisant
la coupure après agrégation correspondant à des valeurs
peu élevées qui regroupent les éléments les plus
proches à des valeurs élevées de l'indice, qui dissocient
les groupes bien distincts dans la population (coupure au niveau pour lequel
cet histogramme marque un palier important). La CAH présente l'avantage
de laisser libre le choix du nombre de classes qui est imposé avec la
méthode des centres mobiles.
RESULTAT DES ACM et CAH
Tableau A2.1 : histogramme des 16 premières
valeurs propres
+
| NUMERO |
+
|
+ +
| VALEUR |
| PROPRE |
+ +
|
+ POURCENTAGE | | +
|
POURCENTAGE CUMULE
|
+
|
|
+
|
| 1
|
| 0.2678 |
|
15.06 |
|
15.06
|
|*************************************************************************
|
|
| 2
|
| 0.2127 |
|
11.96 |
|
27.03
|
|
****************************************************************
|
| 3
|
| 0.2008 |
|
11.30 |
|
38.32
|
| ************************************************************
|
| 4
|
| 0.1828 |
|
10.28 |
|
48.61
|
| *******************************************************
|
| 5
|
| 0.1351 |
|
7.60 |
|
56.21
|
| *****************************************
|
| 6
|
| 0.1181 |
|
6.64 |
|
62.85
|
| ************************************
|
| 7
|
| 0.1119 |
|
6.30 |
|
69.15
|
| **********************************
|
| 8
|
| 0.1048 |
|
5.90 |
|
75.04
|
| ********************************
|
| 9
|
| 0.1003 |
|
5.64 |
|
80.68
|
| ******************************
|
| 10
|
| 0.0824 |
|
4.64 |
|
85.32
|
| *************************
|
| 11
|
| 0.0671 |
|
3.78 |
|
89.09
|
| *********************
|
| 12
|
| 0.0619 |
|
3.48 |
|
92.58
|
| *******************
|
| 13
|
| 0.0544 |
|
3.06 |
|
95.64
|
| *****************
|
| 14
|
| 0.0385 |
|
2.16 |
|
97.80
|
| ************
|
| 15
|
| 0.0277 |
|
1.56 |
|
99.36
|
| *********
|
| 16
|
| 0.0114 |
|
0.64 |
|
100.00
|
| ****
|
+ + + + +
Tableau 2.A2.2 : coordonnées,
contributions et cosinus carrés des modalités actives axes 1
à 5
AXES 1 A 5
|
+
|
|
|
MODALITES
|
+ | +
|
|
+ COORDONNEES |
+
|
|
CONTRIBUTIONS
|
+ | +
|
|
COSINUS CARRES
|
+ | |
|
| IDEN
|
- LIBELLE P.REL
|
DISTO |
|
1
|
2 3 4 5 |
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5 |
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5 |
|
+
|
|
+
|
|
+
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
+
|
| 2
|
. village
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
| LO01
|
- Nsimi 3.41
|
2.26 |
|
-0.39
|
-0.02 -0.69 -0.21 0.52 |
|
1.9
|
0.0
|
8.2
|
0.8
|
6.9 |
|
0.07
|
0.00
|
0.21
|
0.02
|
0.12 |
|
| LO02
|
- Ebamina 3.94
|
1.82 |
|
-0.35
|
0.10 0.76 -0.12 -0.17 |
|
1.8
|
0.2
|
11.4
|
0.3
|
0.8 |
|
0.07
|
0.01
|
0.32
|
0.01
|
0.02 |
|
| LO03
|
- Otetek 3.76
|
1.95 |
|
0.72
|
-0.09 -0.17 0.31 -0.30 |
|
7.3
|
0.1
|
0.5
|
2.0
|
2.5 |
|
0.27
|
0.00
|
0.02
|
0.05
|
0.05 |
|
+
|
|
+
|
|
CONTRIBUTION CUMULEE =
|
11.1
|
0.3
|
20.2
|
3.2
|
10.2 +
|
|
|
|
|
+
|
| 19
|
. Avez vous bénéficié d'appui
|
financier
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
| FI01
|
- oui 1.61
|
5.89 |
|
-0.41
|
0.23 0.81 -0.56 -0.64 |
|
1.0
|
0.4
|
5.2
|
2.8
|
4.9 |
|
0.03
|
0.01
|
0.11
|
0.05
|
0.07 |
|
| FI02
|
- non 9.50
|
0.17 |
|
0.07
|
-0.04 -0.14 0.10 0.11 |
|
0.2
|
0.1
|
0.9
|
0.5
|
0.8 |
|
0.03
|
0.01
|
0.11
|
0.05
|
0.07 |
|
+
|
|
+
|
|
CONTRIBUTION CUMULEE =
|
1.2
|
0.5
|
6.1
|
3.2
|
5.7 +
|
|
|
|
|
+
|
| 22
|
. Appartenance à une organisation paysanne
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
| OP01
|
- oui 4.12
|
1.70 |
|
-0.69
|
0.87 -0.18 -0.32 -0.29 |
|
7.3
|
14.5
|
0.7
|
2.3
|
2.5 |
|
0.28
|
0.44
|
0.02
|
0.06
|
0.05 |
|
| OP02
|
- non 6.99
|
0.59 |
|
0.41
|
-0.51 0.11 0.19 0.17 |
|
4.3
|
8.6
|
0.4
|
1.3
|
1.5 |
|
0.28
|
0.44
|
0.02
|
0.06
|
0.05 |
|
+
|
|
+
|
|
CONTRIBUTION CUMULEE =
|
11.6
|
23.1
|
1.1
|
3.6
|
4.0 +
|
|
|
|
|
+
|
| 24
|
. Bénéficiez vous d'un encadrement
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
| EN01
|
- oui 1.79
|
5.20 |
|
0.37
|
1.59 0.51 0.64 -0.75 |
|
0.9
|
21.2
|
2.3
|
4.0
|
7.5 |
|
0.03
|
0.48
|
0.05
|
0.08
|
0.11 |
|
| EN02
|
- non 9.32
|
0.19 |
|
-0.07
|
-0.31 -0.10 -0.12 0.14 |
|
0.2
|
4.1
|
0.4
|
0.8
|
1.4 |
|
0.03
|
0.48
|
0.05
|
0.08
|
0.11 |
|
+
|
|
+
|
|
CONTRIBUTION CUMULEE =
|
1.1
|
25.3
|
2.8
|
4.8
|
9.0 +
|
|
|
|
|
+
|
| 26
|
. Bénéficiez vous d'appui conseil
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
| AP01
|
- oui 1.97
|
4.64 |
|
-1.44
|
0.41 -0.69 -0.84 -0.27 |
|
15.2
|
1.6
|
4.7
|
7.7
|
1.1 |
|
0.44
|
0.04
|
0.10
|
0.15
|
0.02 |
|
| AP02
|
- non 9.14
|
0.22 |
|
0.31
|
-0.09 0.15 0.18 0.06 |
|
3.3
|
0.3
|
1.0
|
1.7
|
0.2 |
|
0.44
|
0.04
|
0.10
|
0.15
|
0.02 |
|
+
|
|
+
|
|
CONTRIBUTION CUMULEE =
|
18.5
|
1.9
|
5.8
|
9.3
|
1.3 +
|
|
|
|
|
+
|
| 63
|
. Destination de la production
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
| OB01
|
- autoconsommation 6.09
|
0.82 |
|
0.47
|
0.24 -0.34 -0.19 -0.20 |
|
5.0
|
1.6
|
3.4
|
1.2
|
1.9 |
|
0.27
|
0.07
|
0.14
|
0.04
|
0.05 |
|
| OB02
|
- vente+autoconcammati 5.02
|
1.21 |
|
-0.57
|
-0.29 0.41 0.23 0.25 |
|
6.0
|
1.9
|
4.2
|
1.5
|
2.3 |
|
0.27
|
0.07
|
0.14
|
0.04
|
0.05 |
|
+
|
|
+
|
|
CONTRIBUTION CUMULEE =
|
11.0
|
3.5
|
7.6
|
2.7
|
4.1 +
|
|
|
|
|
+
|
| 70
|
. Superficie cultivée
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
| SU01
|
- moins de 0,5 ha 5.73
|
0.94 |
|
-0.14
|
-0.51 0.10 0.35 -0.25 |
|
0.4
|
7.1
|
0.3
|
3.9
|
2.6 |
|
0.02
|
0.28
|
0.01
|
0.13
|
0.07 |
|
| SU02
|
- )0,5-1) 4.12
|
1.70 |
|
0.13
|
0.43 -0.53 -0.14 -0.01 |
|
0.2
|
3.5
|
5.7
|
0.4
|
0.0 |
|
0.01
|
0.11
|
0.16
|
0.01
|
0.00 |
|
| SU03
|
- )1-1,5) 0.72
|
14.50 |
|
0.54
|
0.28 0.01 -2.24 1.68 |
|
0.8
|
0.3
|
0.0
|
19.7
|
15.0 |
|
0.02
|
0.01
|
0.00
|
0.35
|
0.20 |
|
| SU04
|
- plus de 1,5 ha 0.54
|
19.67 |
|
-0.16
|
1.82 2.97 0.26 0.49 |
|
0.1
|
8.4
|
23.7
|
0.2
|
1.0 |
|
0.00
|
0.17
|
0.45
|
0.00
|
0.01 |
|
+
|
|
+
|
|
CONTRIBUTION CUMULEE =
|
1.5
|
19.2
|
29.6
|
24.3
|
18.6 +
|
|
|
|
|
+
|
| 77
|
. Productivité de la terre
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
| PV01
|
- moins de 100000 FCFA 2.51
|
3.43 |
|
0.70
|
0.66 0.45 -0.76 0.85 |
|
4.6
|
5.2
|
2.6
|
7.9
|
13.6 |
|
0.14
|
0.13
|
0.06
|
0.17
|
0.21 |
|
| PV02
|
- )100000-200000) 4.12
|
1.70 |
|
0.37
|
-0.33 -0.18 -0.31 -0.79 |
|
2.1
|
2.1
|
0.7
|
2.2
|
19.2 |
|
0.08
|
0.06
|
0.02
|
0.06
|
0.37 |
|
| PV03
|
- )200000-300000) 1.43
|
6.75 |
|
0.05
|
0.57 -1.19 1.49 0.77 |
|
0.0
|
2.2
|
10.1
|
17.4
|
6.3 |
|
0.00
|
0.05
|
0.21
|
0.33
|
0.09 |
|
| PV04
|
- plus de 300000 3.05
|
2.65 |
|
-1.10
|
-0.37 0.43 0.34 0.01 |
|
13.8
|
1.9
|
2.8
|
1.9
|
0.0 |
|
0.46
|
0.05
|
0.07
|
0.04
|
0.00 |
|
+
|
|
+
|
|
CONTRIBUTION CUMULEE =
|
20.5
|
11.5
|
16.1
|
29.4
|
39.1 +
|
|
|
|
|
+
|
| 78
|
. Productivité du travail
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
| PV01
|
- moins de 1000 FCFA/a 4.66
|
1.38 |
|
0.71
|
-0.25 0.39 -0.40 -0.06 |
|
8.9
|
1.4
|
3.6
|
4.0
|
0.1 |
|
0.37
|
0.05
|
0.11
|
0.11
|
0.00 |
|
| PV02
|
- )1000-2000) 3.94
|
1.82 |
|
-0.46
|
-0.05 -0.54 -0.11 -0.27 |
|
3.1
|
0.0
|
5.8
|
0.3
|
2.2 |
|
0.12
|
0.00
|
0.16
|
0.01
|
0.04 |
|
| PV03
|
- )2000-3000) 1.79
|
5.20 |
|
-0.01
|
1.12 -0.08 1.24 0.51 |
|
0.0
|
10.5
|
0.1
|
15.2
|
3.5 |
|
0.00
|
0.24
|
0.00
|
0.30
|
0.05 |
|
Figure : A2.1 : Dendrogramme
| PV04 - plus de 3000 0.72 14.50 | -2.08 -0.91 0.63 0.08 0.65 |
11.6 2.8 1.4 0.0 2.3 | 0.30 0.06 0.03 0.00 0.03 |
+ + CONTRIBUTION CUMULEE = 23.6 14.7 10.8 19.5 8.1 + +
Source : Auteur à partir de CAH
Tableau A2.3 : décomposition de
l'inertie
+ + + + +
| | INERTIES | EFFECTIFS | POIDS | DISTANCES
| INERTIES | AVANT APRÈS | AVANT APRÈS | AVANT
APRÈS | AVANT APRÈS
+
|
| INTER-CLASSES
|
| INTRA-CLASSE
|
|
+
|
| 0.6809 |
|
|
|
+
|
0.6841 | | | |
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
+ |
|
|
|
|
|
|
|
| CLASSE
|
1 / 6
|
| 0.2590
|
0.2432 | 15
|
14
|
|
|
15.00
|
14.00 |
|
0.4160
|
0.4550
|
| CLASSE
|
2 / 6
|
| 0.0219
|
0.0219 | 3
|
3
|
|
|
3.00
|
3.00 |
|
2.2437
|
2.2437
|
| CLASSE
|
3 / 6
|
| 0.3284
|
0.3410 | 26
|
27
|
|
|
26.00
|
27.00 |
|
0.1882
|
0.1836
|
| CLASSE
|
4 / 6
|
| 0.0363
|
0.0363 | 3
|
3
|
|
|
3.00
|
3.00 |
|
2.9090
|
2.9090
|
| CLASSE
|
5 / 6
|
| 0.0408
|
0.0408 | 4
|
4
|
|
|
4.00
|
4.00 |
|
2.0672
|
2.0672
|
| CLASSE
|
6 / 6
|
| 0.1494
|
0.1494 | 11
|
11
|
|
|
11.00
|
11.00 |
|
0.6690
|
0.6690
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
| TOTALE
|
|
| 1.5168
|
1.5168 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
+
|
+
|
|
+
|
|
+
|
|
|
QUOTIENT
|
(INERTIE
|
INTER /
|
INERTIE TOTALE) :
|
AVANT
|
...
|
0.4489
|
|
|
|
|
|
|
|
APRÈS
|
..
|
. 0.4510
|
|
|
|
Source : Auteur à partir de CAH
Figure A2.2 : Carte des
variables-modalités
Source : Auteur à partir de CAH
Tableau A2.4 : Caractérisation des
classes
Libellés des variables
|
Modalités caractéristiques
|
% de la modalité dans la
classe
|
% de la modalité
dans l'échantillon
|
% de la classe dans la modalité
|
CLASSE 1
|
Superficie cultivée (en ha)
|
] 0,5-1]
|
78,57
|
37,10
|
47,83
|
Productivité du travail
|
] 2000-3000]
|
50,00
|
16,13
|
70,00
|
Productivité de la terre
|
] 200000-300000]
|
42,86
|
12,90
|
75,00
|
Destination de la production
|
Autoconsommation
|
85,71
|
54,84
|
35,29
|
Destination de la production
|
vente+autoconsommation
|
14,29
|
45,16
|
7,14
|
Productivité de la terre
|
] 100000-200000]
|
7,14
|
37,10
|
4,35
|
CLASSE 2
|
Superficie cultivée (en ha)
|
]1-1,5]
|
100,00
|
6,45
|
75,00
|
Productivité de la terre
|
moins de 100000 FCFA
|
100,00
|
22,58
|
21,43
|
CLASSE 3
|
Appartenance à une OP
|
Non
|
92,59
|
62,90
|
64,10
|
Productivité de la terre
|
] 100000-200000]
|
66,67
|
37,10
|
78,26
|
Accès aux conseils
|
Non
|
100,00
|
82,26
|
52,94
|
Superficie cultivée (en ha)
|
moins de 0,5 ha
|
74,07
|
51,61
|
62,50
|
Productivité du travail
|
moins de 1000 FCFA par h/j
|
62,96
|
41,94
|
65,38
|
Appartenance à une OP
|
Oui
|
7,41
|
37,10
|
8,70
|
CLASSE 4
|
Superficie cultivée (en ha)
|
plus de 1,5 ha
|
100,00
|
4,84
|
100,00
|
CLASSE 5
|
Productivité du travail
|
plus de 3000
|
100,00
|
6,45
|
100,00
|
Productivité de la terre
|
plus de 300000
|
100,00
|
27,42
|
23,53
|
CLASSE 6
|
Appartenance à une OP
|
Oui
|
100,00
|
37,10
|
47,83
|
Accès aux conseils
|
Oui
|
72,73
|
17,74
|
72,73
|
Productivité du travail de l'EFA
|
] 1000-2000]
|
90,91
|
35,48
|
45,45
|
Accès aux conseils
|
Non
|
27,27
|
82,26
|
5,88
|
Source : Auteur à partir de la CAH
Tableau A2.5 : Tests du Khi-deux
|
Valeur
|
ddl
|
Signification asymptotique (bilatérale)
|
Signification exacte (bilatérale)
|
Signification exacte (unilatérale)
|
Khi-deux de Pearson
|
22,675(b)
|
1
|
,000
|
|
|
Correction pour la continuité (a)
|
19,517
|
1
|
,000
|
|
|
Rapport de vraisemblance
|
26,123
|
1
|
,000
|
|
|
Test exact de Fisher
|
|
|
|
,000
|
,000
|
Association linéaire par
linéaire
|
22,309
|
1
|
,000
|
|
|
Nombre d'observation valides
|
62
|
|
|
|
|
Source : construction de l'auteur
Tableau A2.6 : Corrélation entre la
productivité de la terre et la superficie cultivée
|
Superficie cultivée
|
Productivité de la terre
|
Productivité du travail
|
Superficie cultivée
|
1.0000
|
|
|
Productivité de la terre
|
-0.3880
|
1.0000
|
|
Productivité du travail
|
-0.1943
|
0.6471
|
|
|
|
|
1.0000
|
Source : construction de l'auteur
TABLE DES MATIERES
AVERTISSEMENT iii
DEDICACES iv
REMERCIEMENTS v
LISTE DES TABLEAUX vi
LISTE DES FIGURES vii
LISTE DES ABREVIATIONS ET SIGLES viii
RESUME ix
ABSTRACT x
INTRODUCTION GENERALE 1
CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE 2
OBJECTIF DE RECHERCHE 5
HYPOTHESES DE TRAVAIL 5
REVUE DE LITTERATURE 5
INTERET DE L'ETUDE 8
DEMARCHE METHODOLOGIQUE 9
ORGANISATION DE L'ETUDE 9
Premiere Partie : Analyse de la productivité des
exploitations familiales agricoles . 10
INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE 11
CHAPITRE 1 LA PRODUCTIVITE : ETAT DES LIEUX
12
Section 1 : Analyse théorique de la
productivité 13
I. Généralités sur la
productivité 13
A. Définition des concepts 13
B. Les mesures de productivité 15
II. Approche théorique de la productivité
18
A. Des théories physiocrates à la
théorie néoclassique de la répartition 18
B. Théorie microéconomique de la
production 20
Section 2 : Pertinence du concept de productivité
en agriculture 22
I. L'importance de la productivité 23
A. Les enjeux de la productivité 23
B. Les déterminants de la productivité
25
II. Les facteurs limitant la productivité agricole
27
A. La taille de l'exploitation 27
B. Les coûts de transaction
29 CHAPITRE 2 : EVIDENCE EMPIRIQUE SUR LA PRODUCTIVITE
DES
EXPLOITATIONS FAMILIALES AGRICOLES 31
Section 1 : Méthodologie de recherche et
description des comportements productifs des
exploitations familiales agricoles 32
I. Les caractéristiques de l'échantillon
32
A. Echantillonnage 32
B. Présentation des variables 34
II. Analyse des comportements productifs des
exploitations familiales agricoles 36
A. Caractéristiques sociodémographiques du
chef d'exploitation 37
B. Présentation du circuit de production
39 Section 2 : Structure économique et typologie des
exploitations familiales agricoles40
I. Structure économique des exploitations
familiales agricoles 40
A. Analyse de la production 41
B. Analyse de la productivité partielle des
exploitations familmiales agricoles 44
II. Typologie des exploitations familiales agricoles
à partir des indices de productivité
partielle 47
A. Présentation des variables 48
B. Présentation des résultats de la
typologie 49
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE 53
Deuxieme Partie : Analyse de l'efficacité des
exploitations familiales agricoles 55
INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE 55
CHAPITRE 3 L'EFFICACITE DANS LA THEORIE ECONOMIQUE
56
Section 1 : L'efficacité et ses
déterminants 57
I. La notion d'efficacité 57
A. Fondements de l'efficacité 57
B. L'efficacité : notion à plusieurs sens
59
II. L'analyse des déterminants potentiels de
l'efficacité 62
A. La théorie du capital humain 62
B. Les autres déterminants de l'efficacité
64
Section 2 : Les méthodes d'estimation de
l'efficacité 66
I. L'approche non paramétrique 66
A. Fondement de l'approche non paramétrique
66
B. La méthode DEA 68
II. Approche paramétrique et approche non
paramétrique : une complémentarité
certaine 71
A. L'approche paramétrique 71
B. Approche non paramétrique « versus »
approche paramétrique 73 CHAPITRE 4 : EVIDENCE EMPIRIQUE SUR
L'EFFICACITE DES
EXPLOITATIONS FAMILIALES AGRICOLES 76
Section 1 : Spécification des modèles
utilisés 77
I. Présentation des modèles 77
A. Les modèles DEA 77
B. Le modèle TOBIT 79
II. Caractéristiques socio-économiques des
exploitations familiales agricoles 81
A. Présentation des variables 81
B. Description statistique des variables des
modèles 83
Section 2 : Présentation et analyse des
résultats 84
I. L'efficacité technique des exploitations
familiales agricoles 84
A. Distribution des indices d'efficacité
technique 85
B. L'efficacité d'échelle et les «
input slacks » 88
II. Les déterminants de l'efficacité
technique des exploitations familiales agricoles91
A. L'effet des variables liées au capital humain
91
B. Les autres facteurs qui expliquent
l'efficacité technique 93
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE 96
CONCLUSION GENERALE 97
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 100
ANNEXES 109
Annexe 1 : Questionnaire de l'enquête
109
Annexe 2 : Présentation et résultats de
l'ACM et la CAH 113
TABLE DES MATIERES 119
MEMOIRE DE FIN D'ETUDES EN VUE DE L'OBTENTION
DU DEA/MASTER EN SCIENCES ECONOMIQUES
ANALYSE DES PERFORMANCES PRODUCTIVES DES
EXPLOITATIONS
FAMILIALES AGRICOLES DE LA LOCALITE DE ZOETELE AU
SUD
CAMEROUN
Présentée et soutenue publiquement par
KANE Gilles Quentin (16 Novembre 2010)
Membre du jury :
Professeur Abessolo Yves (Président) Professeur
Fondo Sikod (Directeur) Docteur Minkoa Nzie Jules (Rapporteur)
REPUBLIC OF CAMEROON Peace - Work - Fatherland THE
UNIVERSITY OF YAOUNDE II Faculty of Economics and Management PO.BOX 13
REPUBLIQUE DU CAMEROUN Paix - Travail - Patrie UNIVERSITE
DE YAOUNDE II
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion
B.P. 1365 Yaoundé
MEMOIRE DE FIN D'ETUDES EN VUE DE L'OBTENTION
DU DEA/MASTER EN SCIENCES ECONOMIQUES
ANALYSE DES PERFORMANCES PRODUCTIVES DES EXPLOITATIONS
FAMILIALES AGRICOLES DE LA LOCALITE DE ZOETELE AU SUD
CAMEROUN
Présentée et soutenue publiquement par
KANE Gilles Quentin (16 Novembre 2010)
Membre du jury :
Professeur Abessolo Yves (Président) Professeur
Fondo Sikod (Directeur) Docteur Minkoa Nzie Jules (Rapporteur)
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