REPUBLIQUE DU BENIN
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA
RECHERCHE SCIENTIFIQUE
UNIVERSITE DE PARAKOU
ECOLE NORMALE SUPERIEURE DE NATITINGOU
OPTION : Lettres
FILIERE :
Français
MEMOIRE EN VUE DE L'OBTENTION DU
CERTIFICAT D'APTITUDE AU PROFESSORAT DE L'ENSEIGNEMENT
SECONDAIRE (C.AP.E.S)
Thème :
Un projet d'établissement pour un
apprentissage/usage de la langue
française :
l'animation d'un journal ou d'une radio
Présenté et soutenu par :
Sous la direction de :
Jacques Richard CODJO
Désiré AGBOÏGBA
Inspecteur de l'enseignement secondaire
Année académique 2006 - 2007
REPUBLIQUE DU BENIN
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA
RECHERCHE SCIENTIFIQUE
UNIVERSITE DE PARAKOU
ECOLE NORMALE SUPERIEURE DE NATITINGOU
OPTION : Lettres
FILIERE :
Français
MEMOIRE EN VUE DE L'OBTENTION DU
CERTIFICAT D'APTITUDE AU PROFESSORAT DE L'ENSEIGNEMENT
SECONDAIRE (C.AP.E.S)
Thème :
Un projet d'établissement pour un
apprentissage/usage de la langue
française :
l'animation d'un journal ou d'une radio
Présenté et soutenu par :
Sous la direction de :
Jacques Richard CODJO
Désiré AGBOÏGBA
Inspecteur de l'enseignement secondaire
Année académique 2006 - 2007
Un projet d'établissement pour un
apprentissage/usage de la langue française : l'animation d'un
journal ou d'une radio
Plan :
Introduction
I- ECLAIRCISSEMENT DU THEME
A - PROJET D'ETABLISSEMENT
1- Projet et établissement
2- Projet d'établissement
B - ANIMATION DE JOURNAL ET DE RADIO
1- Animation
2- Journal et Radio
3- Animation de journal et de radio
4- Couplage projet d'établissement - animation de
journal et radio
II- AVANTAGES DU CHOIX DES ACTIVITES JOURNAL ou
RADIO
A - ASPECTS EDUCATIFS
1- Valeur pédagogique
2- Renforcement de l'expression et des compétences
de la communication
3- Milieu d'échanges et d'ouverture d'esprit
4- Education aux media
B - PORTEE SOCIALE
1- Informer, renseigner et distraire la communauté
scolaire
2- Assurer la notoriété de
l'établissement
3- Former de futurs journalistes
4- Utiliser activement les media
III- FAIBLESSES DE L'ACTION MEDIATIQUE SCOLAIRE
A-ADMINISTRATION ET ENCADREMENT
1- Adhésion au projet
2- Question de la responsabilité
éditoriale
3- Absence d'outils de formation
4- Calendrier précaire
B-FORMATION DE LA SECTION
1- Configuration de la section
2- Répartition des tâches
C- AU NIVEAU DU JOURNAL ET DE LA RADIO
1- Orientation des articles et des émissions
2- Présentation des produits
3- Organisation de la promotion
4- Gestion financière
5- Périodicité
IV- SUGGESTIONS POUR UNE APPROCHE EFFICACE D'ANIMATION D'UN
JOURNAL ET D'UNE RADIO SCOLAIRES
A- LE CHOIX DE L'ACTIVITE JOURNAL OU RADIO
1- Objectifs
2- Types de journal et de radio
3- Identité du journal et de la radio
a- Choix du nom et du logo
b- Une ou générique
c- Mise en page
4- Animateurs potentiels
5- Démarches administratives
6- Périodicité et durée
B- FINANCEMENT DU JOURNAL ET DE LA RADIO SCOLAIRES
1- Définition du coût de production
2- Répartition du financement
3- Mobilisation des fonds
4- Adéquation des prévisions
financières avec le projet
5- Tirage et grille des programmes
C- ANIMATION DE LA SECTION PRESSE
1- Constitution de la section
2- Activités de la section
3- Choix des rubriques et des émissions
4- Diffusion et promotion des produits
D- QUELQUES ORIENTATIONS REDACTIONNELLES
1- Actions à initier
2- Genres journalistiques appropriés
2- Structure d'un article de presse et d'une
émission radiophonique
3- Langage communicationnel
4- Questions d'éthique et de déontologie
Conclusion
DEDICACES
A
· Mon père, Eloi KODJO
· Ma mère, Marie-Claire KODJO
· Jarel Fiat CODJO
· Elvire Josiane CODJO
· Tous mes frères et amis
· Et à tous les jeunes qui recherchent un emploi
stable avec droiture et opiniâtreté.
REMERCIEMENTS
J'adresse mes profondes et sincères gratitudes
à :
· Monsieur Désiré AGBOÏGBA, qui m'a
donné envie d'être professeur de lettres, et pour qui mon
admiration a pris corps depuis mon passage au CEG1 Lokossa.
· Monsieur Maxime KORA, un ami, mieux, un ami.
· Tous mes compagnons d'amphi de Natitingou.
SOMMAIRE
Introduction
I- ECLAIRCISSEMENT DU THEME
A - PROJET D'ETABLISSEMENT
B - ANIMATION DE JOURNAL ET DE RADIO
II- AVANTAGES DU CHOIX DES ACTIVITES
JOURNAL ou RADIO
A - ASPECTS EDUCATIFS
B - PORTEE SOCIALE
III- FAIBLESSES DE L'ACTION MEDIATIQUE SCOLAIRE
A- ADMINISTRATION ET ENCADREMENT
B-FORMATION DE LA SECTION
C- AU NIVEAU DU JOURNAL ET DE LA RADIO
IV- SUGGESTIONS POUR UNE APPROCHE EFFICACE D'ANIMATION
D'UN JOURNAL ET D'UNE RADIO SCOLAIRES
A- LE CHOIX DE L'ACTIVITE JOURNAL OU RADIO
B- FINANCEMENT DU JOURNAL ET DE LA RADIO SCOLAIRES
C- ANIMATION DE LA SECTION PRESSE
D- QUELQUES ORIENTATIONS REDACTIONNELLES
Conclusion
INTRODUCTION
La matière « français » fait
l'objet d'attaques de plus en plus persistantes, surtout depuis la
généralisation des Nouveaux Programmes d'Etudes (NPE) dans notre
pays, au primaire et au premier cycle du secondaire. Les pourfendeurs de ces
programmes n'ont qu'une expression sur les lèvres : les enfants ne
savent plus lire. A cela s'ajoute le dédain des élèves
eux-mêmes pour la matière « français »
qu'il faut souvent combler avec les notes des matières scientifiques.
Cette situation mérite d'être examinée et des solutions
doivent être trouvées pour que le français soit
considéré par les apprenants non plus seulement comme une
matière mais aussi comme une langue d'échanges au Bénin et
d'ouverture sur le monde. C'est dans ce cadre que se situe l'étude que
nous nous proposons de faire ici et dont le thème est :
« Un projet d'établissement pour un apprentissage/usage de la
langue française : l'animation d'un journal ou d'une
radio ».
Le Bénin a en effet pendant dix-sept ans, vécu
sous un régime politique militaro-marxiste qui avait privé les
Béninois des libertés les plus élémentaires. C'est
pourquoi, depuis l'avènement de l'ère du renouveau
démocratique générée par l'historique
Conférence des Forces Vives de la Nation en février 1990, la
liberté de parole recouvrée a donnée naissance à
une flopée d'organes de presse écrite et audiovisuelle qui, bon
an mal an, s'efforcent d'apporter leur pierre à l'édifice
démocratique.
C'est dans ce contexte qu'à partir du début des
années 90, la presse scolaire a également connu une floraison,
même si les établissements d'enseignement secondaire ont toujours
eu leurs propres organes de presse au Bénin. La pratique et l'envie du
journalisme sont souvent nées de cette expérience scolaire comme
en témoignent d'ailleurs plusieurs professionnels des media qui
reconnaissent que leur passion pour le métier vient des bancs de
l'école ou de l'université. Mais le plus gros problème des
publications scolaires vient de leur caractère souvent aléatoire.
Les parutions sont pour la plupart sporadiques et s'étouffent parfois
dès la première publication niant ipso facto les nobles
objectifs de l'entreprise, avec des conséquences néfastes sur les
fragiles budgets de certains établissements. Ce qui pousse certains
responsables d'établissements à s'opposer au projet arguant de
l'étroitesse de leur assiette budgétaire et/ou de la non
maturité des élèves qui ne peuvent pas apprécier
à juste titre la pertinence de la formation qui leur est
donnée.
Cette situation a duré longtemps à cause de
l'inexistence d'un cadre formel et juridique dans lequel l'apprenant doit
s'exprimer en dehors des activités strictement pédagogiques. De
plus, la mauvaise organisation des activités socio-éducatives en
général et des activités de presse en particulier avec
leurs lots d'improvisation et d'amateurisme a contribué pour une large
part au déclin de cette activité qui a presque disparu de nos
jours des établissements d'enseignement secondaire.
Ce vide juridique et formel a été comblé
depuis la publication de l'Arrêté N° 0123/MENRS/CAB/SG/DES du
24 septembre 1999 portant organisation et gestion des projets
d'établissement en République du Bénin. Les
activités de presse comme les autres activités
socio-éducatives trouvent, à partir de cet arrêté le
cadre dans lequel ils devraient s'épanouir, encore faudrait-il qu'elles
s'organisent convenablement pour connaître la participation de toute la
communauté scolaire, pour leur pérennité et pour atteindre
les objectifs qui leur sont assignés.
Le choix de ce thème , loin d'être
exclusivement le fruit d'une expérience personnelle dans le journal
scolaire et dans la presse professionnelle, est avant tout un travail de
recherche qui vise essentiellement à participer au débat de la
place des activités de presse dans la formation de l'adolescent de nos
jours et surtout à contribuer à la pulsion rédactionnelle
des élèves et lycéens, ce qui constitue un
complément efficace et utile à leur formation académique.
Et pour atteindre cet objectif, nous avons envisagé que si,
malgré cet arrêté les activités de presse ne se sont
pas mieux portées après 1999 et ont même tendance à
disparaître de nos jours, c'est certainement à cause de la
façon dont elles ont été menées.
C'est pourquoi nous commencerons par cerner les contours du
thème avant de nous attarder sur les avantages et surtout les faiblesses
des activités de presse en milieu scolaire pour aboutir à des
suggestions en vue de la rénovation et du renforcement de ces
activités socio-éducatives.
I- ECLAIRCISSEMENT DU THEME
A-PROJET D'ETABLISSEMENT
1- Projet et établissement
Un projet porte en lui l'expression d'un objectif que l'on se
fixe d'atteindre, une activité que l'on envisage de réaliser.
Pour arriver à la réalisation du projet, il y a des
stratégies à adopter, des moyens à réunir et une
bonne motivation à entretenir.
Le projet dont il s'agit ici est porté par un
établissement qui est soit un collège, soit un lycée, soit
une école professionnelle.
2- Projet d'établissement
Le projet d'établissement est définit par
l'article 2 de l'arrêté ministériel N°
0123/MENRS/CAB/SG/DES du 24 septembre 1999 portant organisation et gestion des
projets d'établissement en République du Bénin :
« Un projet d'établissement correspond
à un besoin pédagogique de la communauté scolaire. Il est
initié à partir des données chiffrées
décrivant les faiblesses et les lacunes observées au sein de
communauté scolaire et centré entièrement sur les
situations d'apprentissage des élèves afin de répondre au
besoin préalablement identifié.
Dans ce cadre, un certain nombre d'activités
scolaires et parascolaires peuvent être menées de commun accord
avec toutes les composantes de l'établissement (administration,
personnel d'encadrement, enseignants, élèves, partenaires
extérieurs éventuellement) en direction de l'objectif
pédagogique d'fini et qui concourt à l'amélioration des
résultats scolaires des élèves ».
Cet arrêté ministériel implique toutes les
composantes de l'établissement dans le projet d'établissement. Ce
qui suppose que les apprenants autant que les autres prennent une part active
dans les démarches relatives au projet dont les domaines d'intervention
sont précisés par l'article 4 du même
arrêté :
« Chaque établissement scolaire selon ses
besoins pédagogique initie le ou les type(s) d'activités qui
concourent à l'atteinte de l'objectif initial. Ces activités
peuvent être :
- des activités d'ordre culturel, scientifique,
disciplinaire ;
- un soutien scolaire aux élèves dans le
cadre du renforcement de leurs connaissances ;
- des activités de production
intellectuelle ;
- des activités renforçant
l'éducation civique et morale des
élèves ».
B- ANIMATION DE JOURNAL ET DE RADIO
1- Animation
« Animation » est le nom qui vient du
verbe animer ; c'est l'action d'animer. Animer vient du latin animo,
as, are, avi, atum qui signifie donner âme à, donner vie
à.
Le dictionnaire Larousse illustré définit le mot
animation comme le « fait pour quelqu'un, pour quelque chose
d'animer un groupe, un lieu, de créer ou d'entretenir les relations
entre personnes ».
Ce sens donné par le dictionnaire Larousse prend en
compte le contexte de l'animation socioculturelle et met en évidence les
actions entreprises par les acteurs de l'école dans le cadre de la
promotion d'une activité éducative.
2- Journal et Radio
Le journal se définit généralement comme
une publication quotidienne ou périodique qui donne diverses sortes
d'informations : littéraires, politiques, scientifiques,
culturelles, cultuelles, sociales etc.
Le journal scolaire peut être défini comme un
organe d'informations, d'opinions et de distraction produit et publié
par un établissement d'enseignement.
Le mot radio est le diminutif de plusieurs mots. Ceux qui nous
intéressent ici sont les mots radiophonie et radiodiffusion. Le Lexis
Larousse de la langue française définit la radio comme un
« système de transmission des sons
utilisant les propriétés des ondes hertziennes. Elle est
employée pour la diffusion des sons à partir d'un émetteur
vers un nombre élevé de récepteurs. La radiophonie se
confond avec la radiodiffusion ».
Dans le cadre scolaire, la radio constitue essentiellement un
outil de diffusion des informations concernant le monde scolaire et aussi une
tribune d'expression culturelle.
3- Animation de journal et de radio
L'animation de journal et de radio est le fait pour un
établissement d'enseignement d'organiser les apprenants en groupes, en
ateliers en sections ou clubs pour produire et publier un journal ou diffuser
des émissions radiophoniques en son nom. En principe, l'administration
de l'établissement dote la section de l'encadrement approprié et
des moyens nécessaires pour atteindre le but visé.
L'animation d'un journal ou d'une radio scolaires ou
professionnels trouve son essence dans la Constitution de la République
du Bénin du 11 décembre 1990 en son article 23 qui énonce
le droit à la liberté d'expression en ces termes :
« Toute personne a droit à la
liberté de pensée, de conscience, de religion, de culture,
d'opinion et d'expression dans le respect de l'ordre public établi par
la loi et les règlements. L'exercice du culte et l'expression des
croyances s'effectuent dans le respect de la laïcité de
l'Etat ».
4- Couplage projet d'établissement - animation de
journal et de radio
Pour être opportune, l'animation de journal et de radio
qui n'est pas une discipline au même titre que les mathématiques
ou l'anglais, s'accomplissant dans le cadre du projet d'établissement
doit remédier à des insuffisances d'ordre pédagogique ou
organisationnel du collège, du lycée ou de l'école
professionnelle.
Ce qui signifie que le journal ou la radio scolaire n'a pas
les mêmes contraintes financières que les entreprises
professionnelles de presse. Il ne vise pas, tout en diffusant l'information,
à assurer un salaire à son personnel, à remplir des
obligations patronales, à faire face aux charges locatives et autres. Il
ne s'agit pas non plus de journaux ayant les moyens et les ambitions de couvrir
tout le territoire national par l'occurrence et l'envergure des informations
publiées ou par la distribution de ses différentes parutions.
Nous avons à faire ici à une activité
d'accompagnement et de soutien de l'action pédagogique qui relève
des activités éducatives et récréatives. A
côté des disciplines obligatoires, l'apprenant peut s'y adonner
dans le but de se distraire, de se former et de se cultiver.
En même temps qu'un établissement peut organiser
plusieurs activités de projet d'établissement à la fois,
celles-ci peuvent varier d'un collège, lycée ou école
professionnelle à un autre. L'animation de journal ou de radio est donc
une activité éducative. Son exercice dépend du libre choix
et de l'engagement individuel des élèves et de l'administration
de l'école. A ce niveau, elle est comparable aux activités de
théâtre, de chorégraphie, de football etc. dont l'existence
et le rayonnement dépendent de l'investissement et de l'encadrement
déployés par chaque établissement. L'administration est
libre d'instituer telle activité plutôt que telle autre.
L'élève aussi, en principe, est libre de
s'inscrire dans l'activité de son choix. Il est mu par un certain
volontariat, motivé à son tour par l'auto évaluation de
ses propres capacités, besoins, passion et disponibilité. Un
choix qui, du reste, repose sur le plaisir qu'il compte éprouver lors de
l'exercice de l'activité.
II- AVANTAGES DU CHOIX DES ACTIVITES JOURNAL ET
RADIO
Les avantages que la communauté scolaire peut tirer de
l'animation d'un journal et ou d'une radio découlent d'abord de la
double pratique de la lecture et de l'écriture aussi bien
séparément que globalement et ensuite d'une pratique assidue
d'une bonne expression orale sur les ondes de la radio.
A- ASPECTS EDUCATIFS
1- Valeur pédagogique
Notre appréciation de la portée
pédagogique de l'écriture de presse va s'encrer sur cette
interrogation d'Apollinaire AGBAZAHOU, professeur de lettres et inspecteur des
enseignements du second degré :
« Au premier cycle de l'enseignement du second
degré et plus précisément en 5ème, la
presse écrite avale une bonne partie du crédit horaire
accordé au français. En vocabulaire, il y a la notion de mise en
page ; en technique de lecture et d'expression, on a le chapitre
« Lire un journal » ; en expression écrite on
doit enseigner la rédaction d'un article de presse. L'objectif est
d'initier les apprenants à la création extra-littéraire,
à la rédaction des textes techniques, de les familiariser avec
les techniques ou procédés de mise en page ou de mise en forme
des textes. Il est aussi question d'enrichir leur lexique individuel avec les
champs lexicaux de l'imprimerie et de la mise en pages. De même en classe
de 4ème, les apprenants doivent étudier la typologie
des textes. Le support pédagogique indiqué pour mieux faire
ressortir les spécialités des textes explicatifs et
appréhender le vocabulaire de l'opinion, ce sont les articles de
journaux.
Est-ce que les enseignants ont conscience du poids de la
presse écrite dans leur programme d'enseignement ? Est-ce qu'ils
dispensent effectivement les cours spéciaux relatifs à la
presse ? Quel support pédagogique exploitent-ils ?1(*) ».
Cette interrogation est révélatrice de la valeur
de l'écriture de presse dans les programmes d'enseignement du
français au secondaire. Mais on est souvent surpris de constater que cet
enseignement est souvent éludé peut-être à cause des
lacunes que les professeurs eux-mêmes ont par rapport à la
question.
2- Renforcement de l'expression et des compétences
de la communication
Parler à la radio, lire un journal ou écrire
dans un journal permet de découvrir, d'identifier et de s'approprier
l'utilisation et l'orthographe de nouveaux mots, de nouvelles expressions,
l'utilisation contextuelle et à bon escient de certains mots et
expressions. C'est un haut lieu du développement de l'expression aussi
bien orale qu'écrite qui aide à maîtriser la langue dans
laquelle le journal est publié et les émissions
diffusées.
L'émission radiodiffusée et l'article de presse,
par leur préparation et leur structure peuvent affiner et rendre plus
pragmatique le raisonnement de l'élève. En effet la confection
d'une émission requiert beaucoup de rigueur et de précision tant
dans le langage utilisé que dans les outils manipulés.
Après avoir par exemple conçu une émission de façon
théorique, il faut aller à la recherche des informations ou des
personnes ressources qui doivent participer à son animation avant de
confectionner un conducteur rigoureux pour l'antenne, dans le respect strict du
créneau horaire imparti.
Quant à l'article de presse, il se présent
souvent sous forme de « pyramide inversé ». C'est
une manière conventionnelle de présenter l'information en
considérant les faits par ordre d'importance, de façon
décroissante :
« ... plus on progresse dans la lecture, moins
les informations sont censées avoir d'importance. Cette manière
de faire correspond à la façon naturelle de raconter mais
à l'inverse de celle demandée dans une dissertation classique
(introduction et considérations générales, position de la
problématique, développements de l'argumentation, conclusion et
autres pistes à explorer)2(*) ».
Cette construction de l'article de presse apprend à
l'élève à aller à l'essentiel au cours de
l'expression. Aussi, par principe, l'article de presse doit-il transmettre les
nouvelles en se faisant comprendre par le lecteur. Le langage doit être
clair et bref. Ceci implique de tenir compte des lecteurs pour le journal, de
l'auditoire pour la radio. Le souci de se faire comprendre efficacement indique
la simplicité du vocabulaire.
Tenir compte de ceux à qui l'article de presse ou
l'émission radio est destinée signifie, bien évidemment,
que le niveau de langue peut varier selon les rubriques et les programmes. Cet
apprentissage à l'utilisation d'un langage simple, bref et riche apprend
à l'élève à avoir une communication juste et
efficace.
3- Milieu d'échanges et d'ouverture d'esprit
L'animation de la presse permet d'élargir la culture de
l'élève en développant son sens de l'intégration et
d'ouverture. Il croise d'autres personnes avec leurs cultures et comportements.
Au niveau de la rédaction du journal ou de la radio de
l'établissement, c'est parfois avec des élèves d'autres
classes et des professeurs qu'il n'a pas en classe qu'il travail. Il se trouve
avec des camarades avec lesquels a priori, il n'avait pas
d'accointances particulières. Chacun devra remplir ses obligations pour
qu'à la fin le résultat soit en harmonie avec les efforts du
groupe. Ce cadre de travail développe chez les élèves
journalistes l'esprit d'équipe, le travail coopératif. D'autre
part, les nouvelles d'ailleurs qu'ils lisent et qu'ils apprennent parfois
à transmettre à la communauté scolaire enrichissent leur
univers mental des modes de vie des peuples qu'ils n'ont jamais
rencontrés.
Par ailleurs, l'exercice de l'écriture journalistique
est surtout une activité qui offre aux usagers de l'école,
l'occasion de s'exprimer et de réagir sur des sujets d'actualité
qui rejoignent leurs préoccupations et aussi sur les grands
problèmes de la société. Interpellé par
l'actualité, l'élève peut émettre d'autres
opinions. Il peut même susciter un débat à la radio sur un
fait marquant de son établissement ou de son pays.
4- Education aux media
L'activité de presse à l'école peut
s'inscrire dans le cadre de l'éducation aux media. L'éducation
aux media consiste
« à partir de la consommation de produits
par les enfants et les adolescents, à développer des
capacités d'analyse, puis à passer à la création
puis à la communication selon une progression
consommation-compréhension-esprit-critique-savoir-faire-création-message-communication »3(*).
La section presse permet aux élèves de
découvrir et de familiariser avec les moyens et les outils de
fonctionnement des media et en l'occurrence de la presse écrite et de la
radio. Ils s'exercent dans le journalisme et explorent les rouages de ce
métier. Ceci développe davantage leur esprit critique face aux
media. Ils cessent d'être des consommateurs passifs et peuvent passer
pour des lecteurs actifs et critiques.
B- PORTEE SOCIALE
1- Informer, renseigner et distraire la communauté
scolaire
La presse tient au courant des événements
importants qui se produisent dans notre région, dans le pays et dans le
monde : Quels sont les résultats des différents candidats
aux élections ? Que peut-on dire exactement du vent de changement
qui souffle dans notre pays ? Que retenir de la crise des GSM au
Bénin ? Quelle est la véritable cause des incendies en
Grèce cet été ? Quel pays a remporté la coupe
du monde de football des moins de dix-sept ans en Corée ? Pourquoi
les résultats ont-ils été minables aux différents
examens cette année ?
L'activité de presse constitue en bref, une mine
d'informations qui permet au lecteur de ne pas être en retard sur les
faits brûlants de l'actualité. A travers les multiples
émissions de la radio et rubriques du journal, l'élève
recueille une série d'informations qui viennent renforcer ses
capacités et lui permettent de mieux argumenter et illustrer ses propos
et ses compositions par des faits concrets et récents.
L'activité de journal et de radio joue aussi un
rôle de liaison entre ses lecteurs, auditeurs et la vie de la cité
en ce sens qu'il renseigne par exemple sur les programmes de
télévision, de cinéma, de spectacle, les pharmacies de
garde, les recettes culinaires, etc. Elle permet à la communauté
scolaire de se distraire car elle propose les nouvelles chansons des artistes
en vogue, divers jeux, contes, histoires drôles, énigmes, mots
croisés, horoscopes...
2- Assurer la notoriété de
l'établissement
Les activités de presse à l'école
permettent aux apprenants d'assurer la notoriété de leur
établissement et de leur milieu. La radio peut être captée
au-delà des frontières de l'école et de la région.
Quant au journal, c'est un imprimé facile à transporter, à
faire voyager. De ce fait, les lecteurs et auditeurs immédiats ou
lointains seront au courant de ce qui se passe. On fera ainsi la promotion du
collège ou du lycée, des élèves journalistes, de
l'administration et des structures partenaires. On peut même susciter des
relations entre les usagers de l'établissement et des lecteurs inconnus
et inaccessibles.
3- Former de futurs journalistes
L'activité de presse a pour effet de susciter
incontestablement des vocations aux différents métiers des media.
Depuis l'avènement de la démocratie au Bénin, une
flopée de journaux sont créés et les Béninois
s'enorgueillissent d'avoir une quarantaine de quotidiens et plusieurs autres
dizaines de périodiques, une trentaine de radio commerciales,
confessionnelles et rurales et une demi dizaine de chaines de
télévision qui se répartissent sur toute l'étendue
du territoire national. Les animateurs de ces différents organes pour la
plupart, n'ont pas une formation professionnelle initiale. Mais les
réalités de l'emploi et la situation socio-économique les
ont poussés à se jeter à l'eau.
Ils exercent alors l'emploi en même temps qu'ils se
forment dans le métier. La plupart estiment avoir fait leurs
premières armes dans les sections « presse » de
leurs établissements. On voit bien que la pratique de l'activité
presse sur les bancs peut préparer à exercer le métier de
journaliste et assimilés.
De plus les écoles qui forment aux métiers de la
presse au Bénin demeurent la chasse-gardée d'une poignée
de Béninois parce que l'accès à ces école est
encore très onéreux et donc pas à la portée du
Béninois moyen. L'enseignement classique qui initie le journal comme
activité socio-éducative supplée indirectement à
cette absence de cadre de formation adéquate et prépare les
élèves à affronter une éventuelle difficulté
de l'emploi.
4- Utiliser activement les media
Même si l'activité de presse à
l'école peut parfois ne pas destiner à l'exercice des
métiers de la presse, elle peut permettre en aval, à
l'intellectuel ou à l'homme public que deviendra l'élève,
de savoir s'exprimer par la presse, de connaître et de savoir user de ses
droits en cas de besoin.
Il peut facilement apprécier les contours des
informations publiées par les journaux et la presse audiovisuelle,
comprendre comment une rédaction peut influencer l'information en la
sélectionnant, en la traitant, en la diffusant d'une certaine
manière ; pourquoi la même information est
différemment traitée par les journaux, comment le souci de
rentabiliser un journal peut influencer la transmission de l'information. Bref,
il développe et aiguise son propre esprit critique vis-à-vis de
la « traduction » de la réalité en mots et en
images. Cette compétence semble nécessaire dans le contexte du
pluralisme de la presse qu'est celui du Bénin où les vrais
propriétaires et les sensibilités politiques des organes de
presse restent irrémédiablement occultes pour le commun des
lecteurs.
En définitive, les implications éducatives et
sociales sont des données favorables de l'animation du journal et ou de
la radio comme activité complémentaire de l'action
pédagogique. Ce sont les établissements à travers leurs
responsables qui devraient profiter de ce cadre propice.
III- FAIBLESSES DE L'ACTION MEDIATIQUE
SCOLAIRE
Il y a bientôt dix ans que l'arrêté
ministériel N° 0123/MENRS/CAB/SG/DES du 24 septembre 1999 portant
organisation et gestion des projets d'établissement en République
du Bénin a été pris. Mais il serait erroné
d'affirmer que cet arrêté qui devrait contribuer à la
floraison des projets d'établissement ait porté ses fruits. En
tout cas, en ce qui concerne l'action médiatique dans les
établissements, il est clair que la situation n'a guère
évolué depuis 1999. Dans certains établissements, on a
même l'impression qu'elle a empiré. Plusieurs causes peuvent avoir
généré cette situation. Nous nous contenterons à
cette étape de notre travail de relever les faiblesses qui nous
paraissent les plus sérieuses pour la presse scolaire. Ces faiblesses
concernent surtout l'édition d'un journal, l'expérience de la
radio scolaire n'étant pas encre très expressive.
A- ADMINISTRATION ET ENCADREMENT
1- Adhésion au projet
Les activités socioculturelles n'étant pas
planifiées au-delà d'une année scolaire, elles ne lient
pas forcément le directeur nouvellement nommé dans un
établissement. Celui-ci peut venir avec sa perception propre et ses
préférences affichées. On ne peut pas lui imposer le
projet culturel préalablement initié par son
prédécesseur. Ceci explique que des activités culturelles
qui ont porté très haut l'étendard de certains
établissements s'éteignent du jour au lendemain.
C'est ce qui s'est passé par exemple au CEG1 Bohicon
dont le journal Icare Info a connu de beaux jours en 1997 (voir
tableau en annexes), a complètement disparu dès l'année
suivant à cause du changement au niveau de la direction. Contrairement
à cette expérience, nous avons le cas de Gazelle-Info du
Lycée Toffa 1er qui, avec l'arrivée de la nouvelle
directrice en 2001 a connu une parution régulière sur trois ans
dans un environnement jadis hostile à la culture.
De plus, il faut noter qu'il existe une race de directeurs
d'établissements pour qui les activités socioculturelles sont
dénuées de tout intérêt. Leurs élèves
perdraient leur temps en s'y adonnant. Il faut comprendre alors que ces chefs
d'établissement ne font rien pour faire rayonner leurs écoles sur
le plan culturel et encore sur le plan de la publication. Les seuls
résultats qui comptent pour ceux-là sont ceux du Bepc, du Bac et
de passage en classe supérieure.
2- Question de la responsabilité
éditoriale
Le directeur ou le proviseur est normalement le directeur de
publication du journal de son établissement. A cet effet, il
détient seul la responsabilité éditoriale de l'organe et
l'assume comme il l'entend. D'un côté, le lancement des
activités socioculturelles peut dépendre de son bon vouloir. D'un
autre, c'est lui qui peut ordonner l'édition du journal ou la mise en
marche de la radio quand le devis le satisfait.
En relisant les articles et en observant de près la
grille des programmes, il peut décider souverainement de supprimer tout
ou partie de ceux qui ne sont pas à son goût sans se croire
obligé d'en discuter avec l'équipe de rédaction ou d'en
donner les raisons aux auteurs. Il arrive même qu'il sursoie à la
publication du journal quant un article lui paraît tendancieux. Ce droit
de censure est souvent mal compris par les élèves qui n'acceptent
pas qu'on leur interdise de s'exprimer dans leur propre organe de presse. Et
les ardeurs s'émoussent très vite. Ces rapports très
aléatoires ont pour effet de faire baisser le nombre des volontaires qui
se sont mobilisés dès le départ autour de
l'activité.
Il y a néanmoins le journal de classe qui
échappe à cette main mise de l'autorité administrative. Le
directeur de publication est ici l'élève et la parution du
journal dépend beaucoup plus de lui et de ses camarades. Dans ce cas,
les élèves d'une classe explorent, sous la responsabilité
d'un professeur, toutes relations personnelles, pour publier au nom de leur
classe un organe d'informations et de distraction. L'animation d'une radio
à cette échelle est presqu'impossible même si une tentative
du genre a été faite en 1995 au CEG1 Lokossa exclusivement par
les élèves de la 1ère A et de la Tle A2.
3- Absence d'outils de formation
Le professeur encadreur, malgré toue sa bonne
volonté, passe souvent à côté de sa mission. Il
amène les élèves à écrire des articles. Il
aide à les corriger et ensuite confie l'édition au chef
d'établissement. Les réunions de la section sont uniquement
l'occasion de collecte des articles et au meilleur des cas, de leur correction.
Ce mode de travail ne permet pas aux élèves d'intégrer les
autres contours de la production de presse.
Par ailleurs, il faut noter l'inexistence des
documents-guides. Il n'est pas mis à la disposition des sections une
documentation appropriée pour soutenir l'action des membres au cours de
l'animation. Cela est propre à toutes les activités
socioculturelles où le mode d'emploi se fie beaucoup plus à
l'imagination de quelques acteurs. Chaque établissement crée et
gère son organe de presse comme bon lui semble. Il n'y a pas un guide de
référence qui instruise sur l'adéquation à
établir entre l'analyse de la situation du marché et la fixation
du nombre d'exemplaires à tirer et le pris de vente de l'exemplaire. Ce
vide crée parfois un optimisme débordant qui a amené
certaines administrations à tirer presque autant de journaux qu'il y a
d'élèves dans l'établissement. Mais, dès la
parution du journal, les recettes attendues restent fondues dans les
exemplaires invendus. Plus de 65% des journaux restent sur le bras de
l'administration malgré les incitations (voire les menaces) à
l'achat faites au cours des cérémonies de couleurs et dans les
classes.
Le journal ne s'achète pas et ne se vend pas. Les
membres de l'administration trouvent le bouc émissaire dans
l'état d'âme de leurs élèves. Ils en viennent
à un diagnostic sévère sur ces derniers. On établit
qu'ils sont différents.
De façon inconsciente, les membres de l'administration
n'affichent aucune propension à se remettre en question dans le mode de
gestion du journal. Tout ce que l'administration propose aux
élèves est bon et il faut que ceux-ci aient un problème
particulier pour le rejeter. La solution qui s'offre dès lors est de
contraindre les élèves à acquérir un produit qui ne
les intéresse pas.
4- Calendrier précaire
Avant l'entrée en vigueur de l'arrêté
relatif au projet d'établissement, la durée des activités
socioculturelles était très courte. Elles duraient en moyenne
cinq mois à raison de deux heures par semaine.
La constitution des sections d'activités
socioculturelles en général se faisait tardivement.
L'administration attendait, à juste titre, que les activités
pédagogiques soient bien lancées avant de s'occuper de la mise en
place des diverses sections d'animation socioculturelle. Et dès le
troisième trimestre parfois, ces activités étaient
délaissées au profit des derniers devoirs et des examens de fin
d'année. Si elles subsistaient par endroits jusqu'au dernier trimestre,
c'était beaucoup plus pour servir de vecteur de publicité pour
l'établissement au cours des festivités de fin d'année.
B- FORMATION DE LA SECTION
1- Configuration de la section
Les élèves s'inscrivent dans la section presse
parce qu'à un moment donné de l'année scolaire,
l'administration de leur école lance les activités
socioculturelles et les appelle à adhérer à la section
voulue. Le besoin d'expression et d'écriture pousse un certain nombre
d'élèves à devenir membres du club journal ou section
presse selon la dénomination adoptée par chaque
établissement et les activités développées au sein
de la section. Généralement, on pense que les
élèves des classes littéraires sont plus aptes à y
travailler. Dans les établissements qui n'ont pas le premier cycle, les
meilleurs élèves en français sont encouragés
à y adhérer. La plupart des élèves y vont parce
que, pour eux, il s'agit d'un cadre où l'on dénonce les tares de
la communauté scolaire : les autorités
soupçonnées d'impairs ou de malversations, les professeurs
indélicats et de moeurs légères qui sont
soupçonnés d'attribuer des notes arbitraires, les
élèves qui trichent, les filles qui s'habillent avec extravagance
etc.
La section presse devient alors une tribune d'expression
littéraire, culturelle, sociale et politique, un lieu d'apprentissage
des techniques de rédaction et d'expression, un terrain où on
pense changer les comportements à l'aide de la plume et du micro,
où on espère atteindre le vedettariat par ses articles et ses
émissions. Il n'est pas rare de voir certains articles dont la signature
renseigne sur l'adresse postale de son auteur ou des émissions radio
à la fin desquelles l'animateur indique avec précision la
situation géographique de sa salle de cours.
Parfois, des élèves s'inscrivent à la
section presse par contrainte car certaines administrations obligent chaque
élève à s'inscrire dans l'une des sections
socioculturelles et le jeu du hasard peut en conduire à la presse.
Ceux-ci n'y font que de la figuration la plupart du temps même si
à partir de cette présence forcée quelques rares vocations
naissent.
De plus, la mise en place de la section presse ne tient pas
compte de l'échantillonnage de la communauté scolaire. Les
élèves des basses classes sont négligés et le
travail rédactionnel repose sur les plus grands. Les rares
élèves qui y travaillent ne sont pas vraiment
représentatifs de l'ensemble.
La motivation médiatique des élèves
repose presque exclusivement sur une grande volonté d'écrire ou
de se faire entendre. La rédaction prend alors une allure narcissique
où l'on rivalise d'ardeur pour être le mieux lu ou le mieux
écouté. Les élèves se contentent d'écrire ou
d'animer les émissions pour leur seul plaisir, sans chercher à se
conformer à un genre formel. Généralement, les parents,
les enseignants et surtout les jeunes des basses classes n'y trouvent pas leur
compte. Ainsi les journalistes ont du mal à faire passer le journal
réalisé pour une affaire de tous. Leurs camarades invités
à acheter le produit ne s'y retrouvent pas.
2- Répartition des tâches
Souvent, en ce qui concerne la section presse, il a une
absence planification pour les responsables à divers niveaux.
L'administration limite sa mission au lancement des activités, le
professeur encadreur amène les élèves à
écrire, et ceux-ci s'occupent d'écrire. La présentation du
journal, l'organisation du travail, de la collecte des informations
jusqu'à la diffusion du journal, la mise en onde des émissions en
passant par le traitement, la rédaction et l'impression sont des aspects
qui sont souvent négligés ou qui échappent à
l'encadrement.
L'élève une fois inscrit dans la section est
libre d'y travailler ou non. Le journaliste collégien ou lycéen
n'est lié par aucun contrat de travail avec son établissement.
S'il y a lieu de parler d'un lien, il ne peut qu'être moral. La
durée de la prestation dépend d'abord du laps de temps où
les activités socioculturelles sont organisées pendant
l'année scolaire et ensuite des temps libres que les
élèves peuvent y consacrer, selon leurs emplois de temps.
Certains élèves n'y font parfois que de la figuration parce
qu'ils n'en n'ont pas la vocation ou encore parce que les autres talents qu'ils
pourraient mettre à contribution pour le rayonnement de leur organe ne
sont pas décelés ni sollicités.
On ne sollicite en effet que les élèves à
même de proposer des articles comme si le travail de production
journalistique ou radiophonique ne se contentait que d'écriture.
D'autres encore, très motivés et engagés au début
peuvent s'en aller devant le dysfonctionnement de la section où on peut
déplorer le manque d'imagination des responsables pour mettre en valeur
toutes les compétences individuelles. Désoeuvrés et perdus
dans leur propre section, des journalistes préfèrent être
absents aux séances d'animation. Ils finissent par démissionner.
Le travail finit par reposer sur un groupuscule qui prend en charge
l'édition du journal ou la production des émissions au
déni des sensibilités et compétences de leurs
camarades.
Le titre de journaliste collégien ou lycéen
apparaît ainsi très aléatoire et très instable du
point de vue des responsabilités et du rendement.
B- AU NIVEAU DU JOURNAL ET DE LA RADIO
1- Orientation des articles et des émissions
Une certaine orientation est souvent donnée aux
articles pour rendre le journal digne d'être lu par les
élèves. L'administration veille pour ce faire à ce que le
contenu soit rigoureux et strictement proche des normes académiques et
pédagogiques. Ainsi on préfère faire paraître les
articles qui prennent l'allure de conseils et de morales à l'endroit des
élèves, ou encore lorsqu'ils dénoncent les travers de la
mode, les relations amoureuses, la paresse, le harcèlement sexuel...
Des espaces du journal sont consacrés aux longues et
parfois ennuyeuses interviews des membres de l'administration et surtout du
directeur. Il y a aussi des épreuves de certaines disciplines
jugées fondamentales qui occupent, avec leurs corrigés, un espace
considérable dans le journal.
Le problème n'est pas tant d'aborder ces sujets que la
façon dont ils sont souvent traités. On privilégie le fond
au détriment de la forme. Non seulement ces genres d'articles occupent
le gros de l'espace mais encore ils manquent dans la forme l'attraction
nécessaire susceptible d'accrocher les jeunes lecteurs. La longueur des
propos et les sujets trop institutionnels abordés n'incitent pas les
jeunes à la lecture comme on a pu le constater dans le premier
numéro du Cartésien, journal du lycée René
Descartes à Cotonou qui a connu un succès nettement
inférieur à celui des numéros suivants à cause de
cette raison fondamentale.
2- Présentation du produit
Le journal scolaire souffre souvent de sa mauvaise
présentation lorsqu'il est présenté sous forme artisanal
ou mural. Le journal présenté sous forme artisanal est celui dont
les pages au format A4 sont souvent dactylographiées ou saisies, ensuite
photocopiées et agrafées. Le tirage n'est guère abondant.
Il tourne autour de quelques dizaines d'exemplaires. Ces journaux ont le
mérite de lier les capacités financières de
l'établissement à la qualité d'édition et
d'être vendus à un prix à la portée des
élèves. Ils souffrent cependant des insuffisances au niveau de la
mise en page. On n'y met pas des illustrations photographiques, l'impression
n'est pas soignée. Il n'y a donc pas le confort de lecture.
Quant au journal mural, il consiste à définir un
espace sur un mur de l'établissement où on appose les
informations manuscrites, tapées ou saisie selon une
périodicité donnée. Le mural a l'avantage d'avoir un
coût de production bon marché et d'offrir une lecture gratuite.
Malheureusement, son audience est réduite souvent à quelques
élèves de l'établissement et la seule motivation des
journalistes du mural est d'être lus par quelques camarades
intéressés parce que friands de lecture.
3- Organisation de la promotion
Le marché du journal scolaire est souvent limité
à l'intérieur de l'établissement. Un nombre insignifiant
d'exemplaires sont écoulés vers d'autres collèges ou
lycées ou auprès de quelques parents d'élèves et
autorités politico-administratives, mais aucun journal scolaire n'a pu
s'imposer à d'autres établissements au point d'avoir une
envergure régionale ou encore nationale. Ceci est dû à la
vocation du journal scolaire qui d'abord un organe d'expression interne au
collège mais sans doute aussi au manque d'offensive en marketing.
Même au sein de l'établissement, la distribution n'est pas
garantie. Généralement, les élèves pensent que
c'est l'affaire d'un groupuscule.
4- Gestion financière
Le journal scolaire est généralement
financé par l'administration de l'établissement. Celle-ci
monopolise à son seul niveau toutes les démarches devant
régir sa publication et sa diffusion. C'est l'administration qui
décide du nombre d'exemplaires à tirer, du prix de vente de
l'exemplaire et de la stratégie d'écoulement.
Ainsi certains collèges et lycées attachent du
prix à faire paraître leur organe, dans la forme, comme les
journaux professionnels d'informations générales, la
présentation de la une rivalise de beauté avec les journaux
vendus dans les feux tricolores de nos villes.
Certaines administrations d'établissements payent les
services de professionnels pour la mise en page et pour l'impression du
journal. La saisie et le montage sont réalisés sur ordinateur et
les formats tabloïd et A4 sont de mise. On veille à mettre deux
couleurs au moins à la une. Ces journaux ont l'avantage d'être
bien mis en page, avec des illustrations et photos. Mais ils coûtent
relativement cher soit, pour les élèves à l'achat, soit
pour l'administration qui doit payer une forte subvention. C'est presque dans
tous les cas des journaux qui tournent financièrement à perte.
5- Périodicité
La périodicité des journaux scolaires est, dans
la pratique très longue et discontinue. Même quand il est
précisé que c'est un mensuel, un bimestriel ou un trimestriel, il
n'y a, en moyenne, qu'une ou deux parutions chaque année. En fait, le
renouvellement des membres de la section après les vacances scolaires,
le rejet des activités socioculturelles au second plan, le manque de
stratégie de l'administration, l'absence d'obligation de résultat
et la gestion à vue du journal en sont pour beaucoup dans la
discontinuité voire même la rupture des parutions.
Ces multiples limites à l'animation du journal scolaire
risquent d'accentuer l'indifférence des élèves par rapport
au journal qui devrait être le reflet de leur vie scolaire. La
mévente généralisée et la réplique de
l'administration consistant à imposer l'achat du journal, sont de nature
à dévoyer le sens et la portée de l'activité
culturelle. Le ver est dans le fruit, pourrait-on dire. N'y aurait-il pas
là suffisamment de motifs pour envisager une gestion plus conforme du
journal scolaire ?
IV- SUGGESTIONS POUR UNE APPROCHE EFFICACE
D'ANIMATION D'UN JOURNAL ET D'UNE RADIO SCOLAIRES
Depuis ces cinq dernières années, l'engouement
des jeunes à animer un journal ou une radio scolaire s'est
progressivement estompé. Cette situation a plusieurs causes dont
notamment la série d'années scolaires perturbées par les
mouvements de grève, l'insuffisance des salles de cours dans les
établissements qui oblige les directeurs des études à
programmer des cours aux heures d'animation socioculturelle et souvent,
l'absence d'une méthode rigoureuse d'animation.
La volonté de mener à bien une activité
journal ou radio scolaire impose la mise en place d'une stratégie
d'animation et de gestion plus méthodique et plus formatrice de ses
acteurs. Il ne s'agit pas de transposer le mode d'administration et de gestion
d'un journal professionnel dans les établissements d'enseignement. Mais
il faut, en tenant compte de la mission de l'école et de la
particularité de l'environnement scolaire, proposer les grands axes qui
devraient permettre à la presse d'être viable en milieux
scolaires.
A- CHOIX DE L'ACTIVITE JOURNAL ET OU RADIO
La création d'un journal ou d'une radio scolaire
requiert quelques dispositions. On ne crée pas un journal ou une radio
sur un coup de tête. Il faut respecter les exigences relatives à
l'adhésion de la communauté scolaire au projet, aux objectifs
visés et à l'organisation du travail.
L'arrêté N°0123/MENRS/CAB/SG/DES du 24
septembre 1999 portant organisation et gestion des projets
d'établissement en République du Bénin prévoit en
son article 3 que :
« le projet d'établissement est
mené sur la base de la mobilisation de tous les acteurs de
l'établissement dans un engagement volontaire.
Les activités menées dans ce cadre
constituent un prolongement de la classe et font l'objet de motivation et
d'évaluation défini par le groupe de
pilotage ».
Suivant l'esprit de cet arrêté, une rencontre
préalable est nécessaire entre les représentants de toutes
les entités de cette communauté : les élèves,
les enseignants, le personnel administratif, les parents d'élèves
et les partenaires. Cette concertation doit permettre d'adopter le projet en
impliquant chacun dans sa réalisation. Ainsi certaines balises relatives
à la nature du journal, de la radio et aux démarches
corrélatives doivent être posées.
1- Objectifs
Le journal et la radio scolaires peuvent avoir pour
objectifs :
- l'information des usagers de l'établissement sur la
vie de celui-ci ;
- l'encouragement à la production littéraire,
artistique et scientifique à l'oral comme à
l'écrit ;
- le renforcement du niveau d'expression des
élèves en français, langue de travail et
d'échanges ;
- le passage de la théorie du cours de français
à la pratique ;
- l'intensification des échanges avec un
établissement avec lequel on est en jumelage ;
- la familiarisation des apprenants avec les techniques de la
presse ;
- la découverte des différents métiers
qui existent dans la presse en dehors du journalisme ;
- la promotion d'un partenariat bienfaiteur pour
l'établissement ;
- l'utilisation d'une subvention ;
- la création des ressources secondaires pour
l'établissement ;
- l'apprentissage à la gestion...
L'on peut retenir plusieurs objectifs à la fois, et ils
peuvent varier dans le temps. En fonction des objectifs visés, on peut
choisir le type de journal à éditer et le type de radio.
2- Types de journal et de radio
Deux possibilités s'offrent pour le type de journal
à adopter en milieux scolaire :
Le mural qui est un journal affiché
périodiquement. Il peut convenir à un établissement qui
n'a pas prévu de consacrer de gros moyens financiers à
l'animation du journal mais qui a fait le choix de cette activité. S'il
est organisé de façon sérieuse, les objectifs relatifs
à l'information des usagers, à l'amélioration de
l'expression écrite et l'apprentissage à la gestion peuvent,
entre autres, être atteints. Le mural peut être envisagé
comme une étape à la publication du journal distribué.
Le journal distribué : il s'agit ici d'un
imprimé de plusieurs pages en plusieurs exemplaires destinés
à la distribution. Les objectifs visés et les moyens dont dispose
un établissement peuvent amener à subventionner le journal et le
vendre à moindre coût ou même le distribuer gratuitement. On
peut aussi vendre un journal sans chercher à générer des
bénéfices. On peut également envisager dés le
départ de produire le journal dans l'intention d'engendrer coûte
que coûte une marge bénéficiaire.
Quant à la radio, elle ne nous offre pas plusieurs
possibilités. En tenant compte de l'état actuel des finances de
nos établissements d'enseignement et du niveau d'informatisation des
classes, on ne peut qu'opter pour une radio qui émette en modulation de
fréquences avec un rayon d'émission très réduit. A
terme, on pourra envisager une radio émettant par internet.
3- Identité du journal et de la radio
L'identité d'un journal et d'une radio fait appel aux
notions de logo, de générique, de une, de mise page et de
virgule.
a- Choix du nom et du logo
Le titre du journal et le nom de la radio doivent être
choisis avec précautions. On lancer au sein du collège ou du
lycée un concours de proposition de nom du journal et
sélectionner le plus suggestif. Une fois choisi, le titre du journal ou
le nom de la radio doit être considéré comme
définitif et ne devrait pas varier au gré de l'humeur et des
appréhensions d'un chef d'établissement nouvellement nommé
ou non.
Le chois du logo doit faire aussi l'objet d'une étude
minutieuse. Le logo est la représentation graphique du journal et de la
radio. Il peut être le même pour les deux organes. Il peut
être spécialement créé pour eux, comme il peut aussi
n'être que la transposition de celui de l'établissement.
b- Une ou générique
La une et le générique constituent la vitrine du
journal et de la radio.
La une montre le condensé le plus visuel possible des
informations diffusées à l'intérieur. Elle doit
« servir à la fois d'incitation à l'achat et
d'appel à la lecture ». Les règles graphiques, le
style, la titraille, les illustrations doivent faire l'objet d'une étude
comparative. On peut rassembler plusieurs journaux pour comparer et retenir des
aspects empruntés çà et là ou créés
de toutes pièces dans les règles de l'art. On pourra opter pour
les couleurs, l'emplacement du logo, la structure des textes pour que le
journal en formation puisse gagner en individualité.
Le générique est l'élément
annonciateur du début des émissions d'une radio. Il arrive bien
souvent que le taux d'audience d'une radio soit lié à la
qualité de son générique. C'est pour cela que cette
étape est fondamentale dans la confection de la structure d'une radio.
Le générique peut être un extrait d'une chanson en vogue.
Mais il convient de le faire composer par le club de musique de
l'établissement afin qu'il en reflète la vraie identité.
Il doit tenir compte des préférences musicales de l'ensemble de
l'établissement, vif et dansant par exemple. Les virgules sont de petits
génériques qui servent interphase aux différentes
étapes d'une émission. Elles permettent d'identifier facilement
chaque émission.
c- Mise en page
L'identité d'un journal peut s'étendre
jusqu'à l'adoption de la mise en page pour les établissements qui
ont les moyens de s'offrir l'assistance d'un spécialiste. La mise en
page prend en compte notamment la typographie qui est la manière dont le
texte est imprimé. Les caractères utilisés, leur
dimension, leur police, leur taille, le format des paragraphes et des
colonnes... seront le résultat d'un examen strict. En fonction des
lecteurs visés, la typographie peut varier selon la rubrique.
La mise en page prend également en compte le nombre de
colonnes par page, la présentation des textes, photos, dessins, blancs,
filets, etc.
4- Animateurs potentiels
Tous les usagers de l'établissement sont en principe
animateurs du projet d'établissement. Mais il y a une bonne raison pour
qu'une bonne partie de l'ouvrage soit confiée aux élèves.
L'arrêté ministériel prévoit que l'activité
soit centrée sur les situations d'apprentissage des
élèves. Le profil du professeur indiqué pour encadrer la
section n'est pas rigide. Mais certains critères comme la bonne
volonté, la disponibilité et quelques aptitudes aux
métiers de la presse seront indispensables. Mais pour un travail
soigné, il faudra faire appel aux compétences de plusieurs
enseignants. Des appels sporadiques à l'expertise d'un professionnel ne
feront qu'améliorer la qualité du travail.
5- Démarches administratives
Les différentes lois sur la liberté de presse et
notamment l'ordonnance N° 69-22 PR/MJL du 4 juillet 1969 prévoit en
son article 5 :
« Avant la publication de tout journal ou
écrit périodique, il sera fait, au parquet du Procureur de la
République et au Ministère de l'intérieur, une
déclaration contenant :
1- Le titre du journal ou écrit
périodique ;
2- Le nom et la demeure du directeur de la publication et,
dans le cas prévu au deuxième alinéa de l'article 4, du
co-directeur de publication ;
3- L'indication de l'imprimerie où il doit
être imprimé.
Toute mutation dans les conditions ci-dessus
énumérées sera déclarée dans les cinq jours
qui suivront ».
La déclaration du journal scolaire devrait
également suivre cette démarche administrative, mais il est
toléré de l'ignorer, sans doute en raison du caractère
interne du journal scolaire.
Les conditions d'attribution d'une fréquence
d'émission d'une radio sont plus lourdes et sont
déterminées à chaque appel à candidature par la
Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication (Haac). La radio
scolaire est aussi tolérée quand elle ne respecte pas ces
conditions. Mais il faut dans ce cas qu'elle n'émette pas sur une
fréquence déjà attribuée et que son rayon
d'émission ne dépasse pas un kilomètre.
Une entorse aux règles établies est une
contravention dans la mesure où le journal et la radio constituent des
publications. En cas de diffamation par exemple, leur caractère scolaire
ne saurait être une excuse. Il est alors recommandé que le chef
d'établissement remplisse le minimum de formalités avant la
publication d'un journal ou la mise en ondes d'une radio.
6- Périodicité et durée
Quel que soit le type de journal, la périodicité
doit être plus ou moins longue. La section a très peu de temps
pour travailler et les élèves ont besoin de souffler entre deux
parutions pour acheter le journal même si sa réalisation doit
être soumise à une planification à moyen ou long terme. Il
peut être envisagé un projet monté sur une période
d'au moins trois ans. Il n'empêche nullement l'établissement
d'opter parallèlement pour d'autres activités dans le cadre du
projet d'établissement. Le projet d'établissement défini
par l'arrêté ministériel mobilise beaucoup trop de monde
pour n'être que pour un an. Les objectifs devront être
étalés sur une longue période. On peut décider de
s'occuper pour une période donnée des formalités de
création. Une fois ces démarches menées, l'ensemble de la
communauté scolaire doit être informé des choix qui les
engagent et de leur apport sollicité pour la réalisation.
L'ensemble de ces démarches constitue un
préalable important avant la production du journal et l'ouverture des
émissions à la radio. L'édition effective du journal et la
mise en marche des activités de la radio relèvent du domaine
financier.
B- FINANCEMENT DU JOURNAL ET DE LA RADIO
SCOLAIRES
1- Définition du coût de production
La radio et surtout le journal, reposent sur un budget. Ce
budget ne devrait pas surgir du néant pour s'imposer aux acteurs de la
communauté scolaire. Il ne doit pas non plus dépendre du seul bon
vouloir du chef d'établissement. Son élaboration doit suivre une
démarche méthodologique qui implique l'administration, le
personnel d'encadrement, les élèves membres du club journal et,
éventuellement les partenaires extérieurs. Ce qui apparaît
important est que les élèves aussi doivent participer à la
définition des choix économiques qu'implique la production de
leur journal ou de leur radio.
Le coût de production du journal est établi en
fonction :
- du nombre d'exemplaires à tirer (500, 1000...)
- du format choisi (tabloïd, A4, A5 ou autres)
- de la qualité du papier à utiliser (80g, 60g,
40g, glacé, journal ou autres)
- des couleurs à la une et ou à
l'intérieur (1,2 ou quadrichromie)
- du nombre de pages (4, 8, 12, 16, 24 etc.)
- du coût de la saisie et de la mise en page
- du coût de l'imprimerie
- des frais liés à la promotion et à la
distribution.
La radio quant à elle n'a besoin que d'un
investissement définitif pour l'achat d'un émetteur en modulation
de fréquences, un ou deux lecteurs, une table de mixage et des
microphones.
Tous ces chapitres doivent faire l'objet de plusieurs devis
comparatifs. On veillera à retenir le moins disant dans le respect de la
qualité du service fourni. Une fois le coût de production
arrêté, on doit définir les sources de financement.
2- Répartition du financement
Le financement d'une radio se fait en une fois. Le
matériel acquis une année est en principe définitif s'il
est de bonne qualité est une maintenance régulière lui est
assurée. Le journal lui, doit bénéficier d'un financement
renouvelé au début de chaque année scolaire.
Dans les deux cas, le financement peut provenir d'une
subvention. Un organisme ayant un lien particulier avec l'établissement
peut offrir son concours pour l'acquisition du matériel radiophonique ou
pour l'édition du journal. L'administration du collège ou du
lycée peut aussi décider d'y consacrer des moyens financiers sans
attendre d'être remboursée.
Mais la forme de financement la plus efficace est celle qui
fait apprécier à l'élève les contours de ce qu'il
entreprend et l'initie effectivement à la gestion. Ce financement peut
provenir conjointement de l'administration, du bureau de l'Association des
parents d'élèves (Ape), des élèves, de la
publicité, d'autres institutions et personnalités. Les sources de
financement déterminées, la part de chacun doit lui être
attribuée. On peut par exemple demander à l'administration de
financer à hauteur de 50%, le bureau APE 20%, les élèves
10% et les autres : publicité, sponsoring, mécénat et
personnalités à hauteur de 20%. Cette répartition n'est
qu'à titre indicatif. Chaque établissement devra adopter la
formule qui convient à ses besoins et à ses
réalités.
3- Mobilisation des fonds
La mobilisation des fonds est un exercice qui incombe à
tous les acteurs engagés dans le projet notamment les
élèves qui doivent bénéficier de l'appui de
l'administration. Il s'agit de partir du pari que les dépenses doivent
être couvertes par les recettes, sinon presque. C'est un exercice de
gestion parfois périlleux mais c'est dans l'opiniâtreté
qu'on le réussit.
L'administration prend sur elle les démarches visant
à collecter les 20% du chapitre « autres ». Il peut
s'agir d'une subvention de l'Etat à travers les ministères de
l'éducation, la direction départementale de l'éducation ou
autre institution de l'éducation, ou d'un partenaire national ou
étranger. Elle appuie les démarches des élèves
vis-à-vis des institutions de la place, les annonceurs, les
mécènes et autres. Elle leur donnera si possible une lettre de
recommandation ou une autorisation pour mener les démarches au nom de
l'établissement et de la section « journal ».
De plus, par une volonté manifeste, l'administration
prévoit l'éventualité d'un décaissement en guise de
prêt dans sa gestion globale pour accélérer la mise en
oeuvre du projet. Elle s'approprie la stratégie de mobilisation de fonds
des élèves et veille à son exécution. Lorsque les
promesses faites aux élèves seront sérieuses,
l'administration peut préfinancer la part qui leur revient parce
qu'a priori les élèves n'auraient pas l'argent en
espèce à payer dès le départ. Il y a plus de
chances que leur part soit payée après la parution et la
distribution du journal car les annonceurs pourront choisir de payer les
encarts après la parution du journal ou après la diffusion de
leurs spots à la radio. L'administration doit faire diligence pour aider
les élèves à recouvrer les fonds.
Quant aux élèves, ils doivent se livrer
à un exercice délicat et passionnant de rassembler effectivement
ou virtuellement la part du budget qu'il leur revient de trouver. Ils doivent
surtout aller au-delà du périmètre de
l'établissement. Supposés financièrement démunis,
les élèves vont chercher leur part du financement dehors. On
gagnerait à mettre à contribution ceux qui ont un talent
inné en marketing. Il s'agira pou eux d'aller convaincre le boutiquier
du village, le dépositaire ou le distributeur d'un produit
intéressant les jeunes par exemple, à payer l'insertion d'une
publicité ou d'une annonce dans le journal ou à la radio. Cette
démarche peut s'étendre aux prestataires de service
(informatique, imprimerie, papeterie, électronicien,
dépanneur...) qui va échanger un service avec le journal ou la
radio contre une publicité. L'informaticien ou l'imprimeur offre un
rabais substantiel contre l'encart publicitaire que le journal lui offre. Le
dépanneur ou l'électronicien aide à faire l'entretien des
appareils radiophonie contre une publicité à la radio. Cependant,
certains produits comme la cigarette et l'alcool sont à éviter
parce que leur publicité à la radio et dans le journal scolaire
serait mal vue.
Il s'agira également pour les élèves
« managers » d'aller solliciter le concours matériel
ou financier d'un élu local, d'une personne fortunée, d'une
organisation sérieuse..., qui se sentirait solidaire du
développement des activités de jeunesse dans la localité.
Ces recettes négociées constitueront la part des
élèves dans le financement.
4- Adéquation des prévisions
financières avec le projet
Si l'étude et les démarches préalables ne
sont pas en accord avec les prévisions de recettes, il reviendra aux
différents acteurs d'opérer des coupes dans les prévisions
de dépenses pour les équilibrer avec les recettes. Les cas de
subvention même doivent être prévus. Dès le
départ, l'administration prévoit une subvention non remboursable
si telle est son option. Il ne s'agira pas après de faire face à
des dépenses imprévues. Pour diminuer les dépenses afin
d'équilibrer les prévisions, on peut par exemple agir sur le
support en changeant le format du journal, en éliminant des couleurs, en
réduisant le nombre de pages ou en abandonnant certaines
émissions dont la confection pourrait réserver des surprises sur
le plan de la programmation financière.
Cette démarche a pour avantage d'éviter la
navigation à vue, de responsabiliser les élèves, de
créer des actions de solidarité entre eux et enfin de les
préparer réellement à la gestion d'une entreprise.
5- Tirage et grille des programmes
Il faut définir un quotient de lecteurs pour
décider du nombre d'exemplaires du journal à imprimer. Par
rapport à l'effectif de l'établissement, il faut préjuger
de combien peuvent lire le journal d'une part, et de combien peuvent l'acheter
d'autre part. En tout cas il sera fallacieux de ramener le nombre d'acheteurs
au nombre de lecteurs. Tous ceux qui lisent le journal ne sont pas prêts
à l'acheter. La proportion de ceux qui l'achètent peut varier
selon les milieux et selon les niveaux d'enseignement existant dans
l'établissement. Il est prudent de limiter le nombre d'exemplaires
à tirer entre 25% et 40% de l'effectif total de l'établissement.
Le coût de production du tirage retenu détermine le prix de vente
d'un exemplaire. Si toutes les démarches préalables à la
publication ont été exécutées, la mévente
devra être minimisée ou inexistante parce qu'on aura produit pour
une partie précise et sûre des usagers de l'établissement.
La question devra être alors de savoir comment accroître le nombre
des acheteurs à chaque parution.
Quant à la grille des programmes, elle doit tenir
compte des objectifs visés et être confectionnée de
façon à répondre aux besoins de l'auditoire
constituée ici essentiellement de la communauté scolaire. La
radio, pour jouer pleinement son rôle ne doit pas être une caisse
de résonnance de l'administration. La grille des programmes ne doit pas
non plus être encombrée par des émissions de moralisation
et de dénonciation. De toutes façons, elle doit être
établie par tous les acteurs pour que toutes les sensibilités ou
presque soient sauvegardées.
C- ANIMATION DE LA SECTION PRESSE
1- Constitution de la section
La section presse n'est pas composée que de
rédacteurs c'est-à-dire rien que des élèves
littéraires voulant proposer des articles à publier ou rien que
d'élèves ayant une bonne expression et une bonne élocution
avec des propositions d'émissions à animer. Il faut absolument
veiller à attirer en son sein toutes les tendances susceptibles de
contribuer au succès global du projet. Ainsi, dans la mesure du
possible, des caricaturistes, des distributeurs, des promoteurs, des
photographes, des techniciens, des collaborateurs etc. doivent en faire partie.
Ces divers acteurs seront venus de tous les niveaux et de toutes les classes.
Même plusieurs enseignants à la fois peuvent y participer. Il sera
loisible à l'encadreur de céder à l'opportunité de
créer des sous sections. Ceci peut se faire selon les rubriques ou les
activités. On peut créer par exemple la sous section presse
écrite et la sous section radio. Les cahiers des charges doivent
être définis et l'encadreur devra veiller à coordonner
l'ensemble en associant les uns et les autres à la prise des
décisions et en faisant jouer à chacun sa partition.
2- Activités de la section
Les activités de la section presse visent à
établir des liens entre ses animateurs, les informations et le public.
Il s'agira de se fixer des résultats à atteindre, d'examiner et
de retenir les moyens pouvant concourir à les atteindre, de faire jouer
à chacun le rôle qui sera le sien. Les réunions de la
section ne doivent pas consister qu'à demander aux élèves
de produire des articles qui seront ramassés par la suite sans associer
leurs auteurs aux différentes phases de production du journal ou de
l'émission. Le journal et la radio sont avant tout des outils mis au
service d'un projet pédagogique. Les séances d'animation de la
section devraient être organisées méthodiquement et
même conformément à l'approche par compétence pour
aborder les différents centres d'intérêt concourant
à la réussite globale du projet. Ainsi, pour être
bénéfique, le planning des réunions peut être
élaboré autour des objets suivants :
- la constitution du groupe : tous les
élèves doivent être mis au courant de la création de
la section et ceux qui souhaitent y travailler, officiellement invités.
Les professeurs et autres responsables peuvent susciter la participation de
certains élèves aptes selon eux à faire avancer la section
dans tous les domaines ;
- les objectifs à court et moyen terme de la section
doivent être rappelés et le rôle pour les atteindre
spécifié ;
- la structuration des grandes divisions : la
rédaction du journal et du journal parlé, les agents commerciaux,
le secteur technique, les collaborateurs...
- le choix des rubriques et des types d'émissions et la
responsabilisation de leurs chefs respectifs : on veillera à
procéder à une répartition judicieuse des
élèves pour l'animation des rubriques définies ;
- l'amendement du budget : les élèves
seront amenés à amender le budget afin d'en évaluer les
contours ;
- les séances d'exercices d'écriture de
presse : des articles peuvent être demandés aux
rédacteurs même en dehors du cadre de la publication, juste pour
s'améliorer ;
- les séances de simulation d'émissions pour
exercer les journalistes et les animateurs à parler dans un
microphone ;
- tous les membres de la section pourront si possible
être amenés à donner leur point de vue sur toutes les
actions initiées par la section ;
- la définition des stratégies des agents
commerciaux : on prendra des dispositions pour que le plus grand nombre de
lecteurs ait le journal au moment venu ;
- les simulations de la présentation du journal dans
les classes par les promoteurs : les élèves chargés
de vendre le journal démontrent leur capacité à amener les
lecteurs à l'acheter ;
- les échanges avec les professionnels de la presse
invités : la section va à la rencontre des journalistes et
assimilés rompus à la tâche pour améliorer les
lacunes ;
- les séances de lecture, de sélection et de
proposition des articles ;
- l'observation de la mise en page sur ordinateur si
possible : il serait intéressant que les élèves
soient témoins, ne serait-ce qu'une fois du montage de leur
journal ;
- l'analyse et les commentaires sur d'autres journaux et
émissions : l'expérience des autres établissements et
des professionnels peut aider à affiner l'ouvrage
- les reportages à identifier et à
confier : en fonction des événements, on attribue aux
rédacteurs le travail à faire ;
- la critique du journal et des émissions
précédents : on appréciera le journal ou
l'émission dans sa présentation, son contenu, sa distribution et
son impact sur les lecteurs et auditeurs pour mettre au jour les forces et las
faiblesses ;
- le bilan financier des activités
précédentes : toute l'équipe est
imprégnée de l'état financier et des perspectives de
l'organe...
Ainsi l'intérêt d'être dans une section de
presse n'est pas seulement de voir paraître son article dans le journal
ou de s'entendre animer une émission à la radio. Mais c'est aussi
de tirer des enseignements à travers l'ensemble des travaux liés
à son animation et à sa production.
3- Choix des rubriques et des émissions
Il est important, pour définir les rubriques et les
émissions de recueillir un avis synthétique de l'ensemble des
acteurs du projet en insistant un peu plus du côté des
élèves qui sont les acteurs les plus concernés aussi bien
par la production que par la consommation. Les centres d'intérêt
retenus à leur niveau constituent la source d'où vont
naître les rubriques du journal et les émissions de la radio. La
supervision et l'encadrement peuvent être confiés aux enseignants
tout en considérant que les interventions intempestives de ceux-ci ou de
l'administration lors de l'élaboration des projets de rubriques et
d'émissions n'est pas à souhaiter. Il faut prévenir une
certaine tendance à prendre le journal ou la radio pour des instruments
exclusivement pédagogiques ou des diffuseurs de préceptes
moraux.
Les rubriques et les émissions sont retenues en
fonction de leurs intérêts pour les lecteurs et les auditeurs dans
leur diversité. Il faut qu'elles soient variées pour que la
plupart des lecteurs et auditeurs y trouvent leur compte. Aucune rubrique ne
devrait être retenue si on n'a pas la garantie qu'elle peut survivre
à plusieurs parutions. La localisation de la rubrique dans le journal et
le créneau horaire des émissions doivent être savamment
étudiées pour accrocher les lecteurs et fidéliser les
auditeurs. On désorientera le lecteur en leur changeant de place
à chaque fois.
4- Diffusion et promotion des produits
Les émissions radio assurent elles-mêmes leur
propre promotion par leur qualité et leur régularité. Ce
qui n'est pas le cas pour le journal qui nécessite un investissement
renouvelé. La diffusion et la promotion du journal est l'ensemble des
moyens mis en oeuvre pour assurer l'accessibilité du journal aux
lecteurs et ce au moment approprié. Une fois imprimé, le journal
doit être vendu. La mission de la section presse est aussi de
réussir à écouler les exemplaires imprimés.
L'équipe de diffusion qui doit faire partie intégrante de la
section doit élaborer une stratégie qui amène les lecteurs
à disposer du produit dès sa parution. On devra compter sur sa
force de vente. On ne devra jamais se mettre dans la perspective d'obliger les
élèves à acheter le journal, le club aura raté
l'une de ses missions importantes. Avant la parution du journal, cette
équipe aurait déjà prévu où, quand et
comment le mettre à la portée des lecteurs.
La vente au numéro est, sans doute, la méthode
de distribution adaptée aux établissements d'enseignement. Il ne
faut pas introduire le journal à compte goutte dans les classes, car un
seul exemplaire peut être lu par plusieurs élèves ; ce
qui peut contrarier les prévisions financières du projet. Les
lecteurs que sont surtout les élèves devront prendre connaissance
du produit en même temps, de préférence le matin avant la
récréation. Le journal gagnerait à avoir notamment des
distributeurs et promoteurs de tous les niveaux et si possible dans chaque
classe.
La vente au numéro repose surtout sur le contact. Les
affinités constituent un atout majeur dans l'écoulement du
journal à l'école. Quelques autres actions de promotion peuvent
soutenir la diffusion et raffermir l'interaction section presse - public. Il
s'agit par exemple d'offrir publiquement des prix aux gagnants des jeux
concours organisés dans le journal comme à la radio ;
d'organiser même sporadiquement, des débats publics entre les
animateurs de la section et le public ; de tenir compte des
réactions des lecteurs et des auditeurs dans la mesure du
possible ; de féliciter publiquement les membres de la section si
leur prouesse est visible.
D- QUELQUES INITIATIVES ET ORIENTATIONS
REDACTIONNELLES
Un organe de presse scolaire est en principe animé par
des acteurs non professionnels, des jeunes qui ignorent tout ou presque des
règles de l'art. Pour augmenter les chances de succès et de
survie de leur organe, il est indiqué de proposer certains choix qui
pourraient être pratiques en ce qui concerne la presse scolaire. Mais
avant, nous relevons quelques actions à initier pour une meilleure mise
en oeuvre de l'action médiatique en milieu scolaire.
1- Actions à initier
On peut envisager, sur la plan national et
départemental un ensemble d'actions concertées susceptibles de
favoriser l'exercice réel et actif de la presse en milieu scolaire. Il
s'agit de :
- Outiller les professeurs de français pour
l'enseignement des chapitres relatifs à l'écriture de presse dans
le contexte de l'approche par compétence. Ce thème peut faire
l'objet d'un module de recyclage des professeurs de la matière. Cela
pourra non seulement les assurer d'une certaine aisance à aborder
l'enseignement de l'écriture de presse mais aussi à apporter un
soutien conséquent au journal et à la radio de
l'établissement.
- Initier les professeurs encadreurs des sections presse aux
techniques d'animation et de gestion des journaux et radios scolaires.
- Mettre à la disposition des sections presse une
documentation spécialisée d'animation et de gestion de journaux
et radios pour jeunes en particulier et d'éducation aux media en
général.
- Introduire dans l'enseignement l'éducation aux media
et multimédia afin que les apprenants s'imprègnent davantage non
seulement du fonctionnement de la presse mais aussi des media
électroniques.
- Encourager la création d'une association des journaux
et radios scolaire et des jeunes animateurs de la presse dont l'objectif
principal serait d'initier, d'organiser et de coordonner des formations
à l'intention de ses membres pour valoriser la presse scolaire.
2- Genres journalistiques appropriés
Outre le journal parlé, la radio scolaire doit axer ses
programmes sur des émissions culturelles et pédagogiques. Les
émissions interactives qui sont à la mode de nos jours sur les
radios professionnelles sont à proscrire car tous les acteurs de la
communauté scolaire n'ont pas la maturité ni les moyens qu'il
faut pour animer et gérer ce type d'émission. En effet, les
émissions interactives nécessitent l'utilisation intensive du
téléphone, ce qui est onéreux et pas pratique dans un
établissement d'enseignement. Par ailleurs, ces émissions causent
beaucoup de dégâts parce que l'intervention directe sur les ondes
engendre de sérieux écueils.
Dans un journal, l'information peut être
rapportée, expliquée ou commentée. Certains genres
journalistiques sont propres à chaque catégorie de traitement de
l'information. Ainsi, l'information rapportée comprend la nouvelle, le
reportage, le compte rendu, l'interview etc. L'information expliquée
englobe l'enquête, l'analyse, la chronique... Et l'information
commentée rassemble l'éditorial, le billet, la critique, la
caricature, la photographie etc. Bien évidemment, on ne saurait attendre
des élèves l'usage et la maîtrise de tous ces genres. Mais
quelques-uns pourraient être utilisés à bon escient par les
jeunes journalistes qu'ils sont. Il s'agit de la nouvelle, du reportage, de
l'interview, de l'analyse et de la critique.
On peut volontairement limité à ce niveau les
genres journalistiques. Les autres genres de commentaire et d'opinions surtout
de l'actualité politique devraient requérir beaucoup de
précautions.
3- Structure d'un article de presse et d'une
émission radiophonique.
La structure d'une émission est moins exigeante que
celle d'un article de presse même si certaines émissions comme le
journal parlé et la critique répondent aux exigences de l'article
de presse. Dans tous les cas, le présentateur d'une émission
liste toutes les actions, dans l'ordre chronologique, du début
jusqu'à la fin de son émission pour être en harmonie avec
le technicien qui doit l'aider à la conduire. Les espaces publicitaires,
les virgules, l'attaque, la conclusion et autres sont rigoureusement
programmés calés dans un créneau horaire
réglé à la minute. Ainsi, la structure d'un article de
presse que nous allons étudier vaut pour certains types
d'émission que nous avons cités plus haut.
Un article de presse est présenté pour capter
l'attention et pour livrer l'information sans détour. Ainsi le surtitre,
le titre, le chapeau, le corps de l'article et les illustrations sont des
niveaux d'écriture à soigner.
- Le surtitre
Il se place au-dessus du titre pour lui apporter des
précisions.
- Le titre
Il peut être informatif ou incitatif. Le titre
informatif dit de quoi l'on parle dans l'article, d'une façon claire et
synthétique. Sa forme la plus simple est la nominalisation. Si l'on doit
utiliser un verbe dans le titre, il faut qu'il soit de préférence
conjugué à la voie active.
Le titre incitatif fait un clin d'oeil au lecteur pour
l'attirer, susciter sa curiosité ou l'amuser. L'auteur joue sur les
mots, les nombres, use de figures de style comme la métaphore
l'antithèse etc. Un bon titre est court, précis original,
crédible et bien adapté au contenu de l'article. On doit
éviter les titres vagues.
- Le chapeau
C'est le court paragraphe qui, juste après le titre,
introduit le texte. C'est un second niveau de lecture rapide qui permet au
lecteur de juger de l'intérêt que représente pour lui la
suite du texte. Comme le titre, le chapeau peut être lui aussi informatif
ou incitatif. Il peut compléter le titre, le prolonger sans le
répéter, répondre à d'autres questions,
résumer le texte ou du moins se idées fortes. Il peut interpeller
le lecteur.
Il peut se servir de contrepoint au titre : un chapeau
informatif après un titre incitatif, un chapeau incitatif après
un titre informatif. Titre et chapeau doivent répondre aux questions de
Quintilien : Qui ? Quoi ? Quand ? Où ?
Comment ? Pourquoi ? ou, selon le cas, à certaines d'entre
elles.
- Le texte ou le corps de l'article
Il commence normalement par l'accroche ou l'attaque. Celle-ci
consiste en une parole remarquée, une citation, un fait saillant, une
courte anecdote ou un élément surprenant. L'accroche permet de
captiver le lecteur ou de l'inciter à poursuivre la lecture.
Le corps de l'article revient sur les six questions
fondamentales citées plus haut en approfondissant celles qui le
nécessitent. On développe, on explique, on analyse, on critique,
on réfléchit, on réagit, on s'exprime...
- La chute
Elle est à l'article de presse ce qu'est la conclusion
pour une dissertation. C'est la dernière ou les dernières phrases
d'un article. Elle permet de rompre le contact avec le lecteur. C'est
l'impression finale qu'on laissera au lecteur. On peut émettre une
affirmation qui vient renforcer l'angle de traitement, verrouiller
l'idée du début. On peut aussi émettre des perspectives
possibles, des rebondissements probables, une note d'humour, une
réflexion personnelle ou même donner rendez-vous au lecteur pour
un autre article. On veillera à ce que ce rendez-vous soit effectivement
honorer pour la crédibilité de l'organe.
- Les intertitres
Ils sont à l'intérieur du corps de l'article. Ce
sont de très courts textes d'une ou deux lignes qui scandent le texte
à intervalles plus ou moins réguliers. Ils aèrent le texte
en même temps qu'ils lui donnent son rythme, fournissant une idée
de son organisation, de son plan.
- Les illustrations
On prétend généralement que 80% de
lecteurs entrent dans la page par les illustrations. Qui plus est, le journal
scolaire est essentiellement animé par des jeunes qui sont plus
sensibles aux images. L'illustration devait être une pratique
essentielle. Les photos, dessins et bandes dessinées permettent
d'accrocher le regard et de compléter l'article qu'ils accompagnent. Ils
permettent aussi, par leur orientation et leur taille de créer et
équilibre visuel dans la page. Il vaut toujours mieux accompagner un
article d'une illustration, une photo et une légende bien
soignée.
Un dessin ou une caricature peut être un
complément d'informations ou un apport humoristique d'un article. On
peut également les concevoir isolément pour distraire le
lecteur.
- La signature
C'est le nom de celui qui a écrit l'article. Il est
indispensable de signer un article afin que le lecteur puisse identifier celui
ou ceux qui l'informent. Cela participe de la crédibilité du
journal car un texte sans signature ressemble à un tract.
4- Langage communicationnel
Le journaliste peut être en face de plusieurs
informations à la fois, plus que les espaces de son journal ne peuvent
publier. Il s'imposera à lui d'opérer des choix et de les
hiérarchiser. Pour ce faire, il peut être guidé par des
critères d'actualité, de proximité, d'intérêt
et de ligne éditoriale.
Le langage journalistique par définition prend en
compte le public auquel le message est destiné. Pour informer avec
justesse, l'écriture communicationnelle obéit à des
exigences. Le journaliste a l'obligation d'être performant dans
l'élaboration de son message tant dans le fond que dans la forme.
Le journaliste est témoin d'un événement
qu'il raconte à son public. Par conséquent, il doit écrire
pour se faire comprendre et non pour se faire plaisir à soi-même.
La simplicité et la clarté sont une valeur essentielle de
l'expression. Il faut veiller à la lisibilité et à
l'intérêt du contenu. Le vocabulaire doit être accessible
aux lecteurs. Les phrases courtes contenant le sujet, le verbe et le
complément sont plus faciles à comprendre. Le texte est d'autant
plus compréhensible que les mots utilisés seront courants. Les
mots longs sont souvent difficiles à comprendre.
5- Questions d'éthique et de déontologie
Le contenu d'un article de presse, qu'il s'agisse ou non d'un
journal scolaire, doit être objectif et crédible. Les informations
doivent obéir aux principes journalistiques reconnus que sont
l'exactitude, l'intégrité et l'équité. Avant
publication, toute information est vérifiée auprès de
plusieurs sources. Aucune raison ne devrait amener les jeunes journalistes
à diffuser des nouvelles fausses ou trompeuses. De même, le
journaliste doit être impartial. Il ne doit pas profiter de sa position
d'acteur dans la section presse de l'établissement pour promouvoir ses
idées personnelles. Les opinions personnelles doivent être
distinguées des informations. Il doit traiter avec dignité les
personnes et les faits. Le contenu du journal doit être le reflet des
créations propres de ses auteurs.
CONCLUSION
L'animation d'un journal et d'une radio scolaires est devenue
une activité socioéducative à part entière depuis
l'arrêté N° 0123/MENRS/CAB/DC/SG/DES
portant organisation et gestion des projets d'établissement en
République du Bénin du 24 septembre 1999. Mais cet
arrêté n'a pas suffit pour donner à la presse scolaire tous
les ingrédients dont elle a besoin pour jouer pleinement le rôle
qui est le sien dans la formation des jeunes dans notre pays.
Malgré les nombreux avantages que comporte cette
activité sur les plans éducatif et social, de graves lacunes
continuent de miner l'activité. Ces lacunes viennent d'abord de
l'administration qui hésite souvent à adhérer au projet et
pose le problème de la responsabilité éditoriale ;
ensuite de la configuration de la section et de la répartition des
tâches ; et enfin de l'orientation des articles et des
émissions, de la présentation des produits, de l'organisation de
la promotion, de la gestion financière et de la
périodicité de l'organe. Pour juguler ces insuffisances, nous
avons préconisé des approches à plusieurs niveaux.
Au niveau du choix de l'activité, il faut
préciser les objectifs, déterminer les types de journal et de
radio, définir l'identité de l'organe, choisir les animateurs
potentiels, faire les démarches administratives nécessaires et
planifier la périodicité et la durée du journal et des
émissions radio. Sur le plan du financement, la définition du
coût de production, la répartition du financement, la mobilisation
des fonds, le respect de l'adéquation des prévisions
financières avec le projet et la détermination du tirage et la
grille des programmes sont indispensables. Au niveau de l'animation de la
section presse, il faut veiller à ce que la constitution de la section
réponde à un besoin d'équilibre, que les activités
y soient judicieusement réparties, que les choix des rubriques et des
émissions puissent intéresser la cible, qu'une bonne diffusion et
une bonne promotion des produits soient assurées.
Enfin, des actions remarquables doivent être
initiées et nous proposons quelques orientations rédactionnelles
qui prennent en compte les genres journalistiques, la structure d'un article de
presse et d'une émission radiophonique, le langage communicationnel et
les questions d'éthique et de déontologie.
Ceux sont là quelques pistes que nous avons
envisagées pour la restauration des activités de la presse en
milieu scolaire. Mais il faut remarquer que la presse scolaire a
énormément régressé ces dernières
années. Cette situation est pour une grande partie due aux multiples
problèmes que l'école béninoise connaît. Ces
problèmes vont des grèves perlées qui réduisent
énormément la durée de l'année scolaire jusqu'au
manque de salles de classe dans les établissements
généralisant ipso facto la pratique des classes volantes
et des cours programmés les mercredis après-midi et dans la
matinée de samedi, en passant par les effectifs pléthoriques, les
problèmes de gestion et autres.
Il apparaît alors clairement que tous les secteurs de la
communauté scolaire forment un tout. La presse scolaire a besoin
d'être structurée pour atteindre les nobles objectifs qui sont les
siens pour le bien de tous les acteurs impliqués dans le projet
d'établissement. Mais cette structuration ne servira à rien tant
que les autres problèmes qui minent l'école n'auront pas connu un
début de solution.
BIBLIOGRAPHIE
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ANTOINE, (F.), DUMONT, (J-F.), MARION, (P.) et RINGLET, (G.),
Ecrire au quotidien, du communiqué de presse au nouveau
reportage, Editions Vie Ouvrière, Bruxelles, 1987.
CHENEVEZ, (O.) et le Centre de liaison de l'enseignement et
des moyens d'information (CLEMI) : Faire son journal au lycée
et au collège, Editions du Centre de formation et de
perfectionnement des journalistes, Paris, 1991.
GAILLARD, (P.), Technique du journalisme, Editions
Presses Universitaires de France, Paris, 1971.
GAILLARD, (P.), Précis de journalisme, tome
II, Institut International de la Presse, Zurich, 1966.
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Editions Nouveaux Horizons, Manille, 2001.
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écrite, Collection « Livre-Outils », Editions
Actualquarto, Bruxelles, 1993.
WOLTON, (D), Penser la communication, Editions
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Ouvrages généraux :
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1995.
Le petit Robert (dictionnaire), Brodard et Taupin,
Paris, 1985.
Lexis Dictionnaire de la langue française, La
Tipografia Varese, Rome, 2002.
Rapports et articles :
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Professionnels de Belgique : Opération Ecole-Presse, Presse
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les classes, 3ème édition, janvier, 1997.
AYIBATIN, (C.W.), L'animation de journal, une
activité de projet d'établissement : Utilité, forces,
faiblesses et suggestions, Porto-Novo, 2001.
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DION, (L.) et MANDERLIER, (M.), L'empire des media,
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Direction de l'Enseignement Secondaire, Le projet
d'établissement : Rapport final de l'expérimentation,
1998-2000.
Direction de l'Enseignement Secondaire, Le Projet
d'établissement : Fascicule de présentation, 1999-2000.
L'Autre Gazette, Actes du séminaire sur Animation
et gestion des journaux scolaires, février 2000.
TABLE DES MATIERES
Titres
Pages
Sommaire ...
...............................................................................1
Introduction ...
............................................................................2
I- Eclaircissement du thème ...
.......................................................5
A- Projet d'établissement ...
..........................................................5
1- Projet et établissement ...
...........................................................5
2- Projet d'établissement ...
...........................................................5
B- Animation de journal et de radio ...
............................................7
1- Animation ...
.........................................................................7
2- Journal et radio ...
...................................................................7
3- Animation de journal et de radio ...
...............................................8
4- Couplage projet d'établissement - animation de
journal et radio ... ..........9
II- Avantages du choix des activités journal et
radio ... .......................11
A- Aspects éducatifs ...
...............................................................11
1- Valeur pédagogique ...
............................................................11
2- Renforcement de l'expression et des compétences de la
communication .. 12
3- Milieu d'échanges et d'ouverture d'esprit ...
...................................14
4- Education aux media ...
............................................................15
B- Portée social ...
.....................................................................16
1- Informer, renseigner et distraire la communauté
scolaire ... ..................16
2- Assurer la notoriété de l'établissement
......................................... 17
3- Former de futurs journalistes ...
................................................ 17
4- Utiliser activement les media
......................................................18
III- Faiblesses de l'action médiatique
scolaire ... ................................20
A- Administration et encadrement ...
.............................................20
1- Adhésion au projet ...
..............................................................20
2- Question de la responsabilité éditoriale
..........................................21
3- Absence d'outils de formation ...
................................................22
4- Calendrier précaire
..................................................................24
B- Formation de la section ...
........................................................24
1- Configuration de la section ...
.....................................................24
2- Répartition des tâches ...
...........................................................26
C- Au niveau du journal et de la radio ...
........................................27
1- Orientation des articles et des émissions ...
....................................28
2- Présentation du produit ...
.........................................................28
3- Organisation de la promotion ...
.................................................29
4- Gestion financière ...
...............................................................30
5- Périodicité ...
........................................................................31
IV- Suggestions pour une approche efficace d'animation
d'un journal et d'une radio scolaires
..................................................................32
A- Le choix de l'activité journal ou
radio ... .....................................33
1- Objectifs
..............................................................................34
2- Types de journal et de radio ...
...................................................35
3- Identité du journal et de la radio ...
...............................................36
a- Choix du nom et du logo
.........................................................36
b- Une et générique
..................................................................36
c- Mise en page
.......................................................................37
4- Animateurs potentiels
..............................................................38
5- Démarches administratives
.........................................................38
6- Périodicité et durée ...
.............................................................39
B- Financement du journal et de la radio
scolaires .............................40
1- Définition du coût de production ...
..............................................40
2- Répartition du financement
........................................................41
3- Mobilisation des fonds
..............................................................42
4- Adéquation des prévisions financières
avec le projet ..........................44
5- Tirage et grille des programmes
...................................................45
C- Animation de la section presse
..................................................46
1- Constitution de la section ...
.......................................................46
2- Activités de la section ...
..........................................................47
3- Choix des rubriques et des émissions
............................................49
4- Diffusion et promotion des produits
.............................................50
D- Quelques initiatives et orientations
rédactionnelles .........................52
1- Actions à initier ...
..................................................................52
2- Genres journalistiques appropriés
................................................53
3- Structure d'un article de presse et d'une émission
radiophonique ............54
4- Langage communicationnel ...
...................................................58
5- Questions d'éthique et de déontologie
...........................................58
Conclusion ...
............................................................................60
Bibliographie ...
..........................................................................63
Table des matières ...
....................................................................65
Annexes.
* 1 Apollinaire AGBAZAHOU,
Utilisation de la presse en milieu scolaire, Communication
donnée au cours de l'atelier d'initiation à l'écriture de
presse et au photo journalisme, Porto-Novo, juillet 1997.
* 2 Alain VAESSAN, Guide du bon
usage de la presse écrite, Ed. Actualquarto, Belgique, 1993, P. 120
* 3 Centre de liaison de
l'enseignement et des moyens d'information (Clemi) et Centre d'initiation aux
communications de masse (Cic), Guide de l'organisateur fax, septembre
1996, P. 14