IV- DISCUSSIONS
Au total ,215 adolescentes sur les 400 ont été
concernées par l'enquête, soit 58,8 % ce qui donne un sexe ratio
de 0,86. Ce constat semble proche de la situation nationale car selon les
résultats du RGPH 2006, la gente féminine du Burkina Faso
constitue 52 % de la population.
La plupart des adolescents (e) ont un niveau scolaire
secondaire (35 %) ou primaire (33,5 %). Une étude menée en 2006
montre que les Chez les 15-19 ans, 64% des filles et 53% des garçons
n'ont jamais été à l'école. [ 10
]
La proportion de filles et de garçons
célibataires est très importante. Elle constitue 329 sur les
quatre cent adolescents(e) s touché(e) s par le questionnaire, soit
82,30%.
4.1. Connaissances des adolescents en matière de
planification familiale
Bien que la proportion des adolescents qui ont entendu parler
de PF soit bonne (86,5%), la plupart de ces derniers limite sa
définition à l'espacement des naissances, occultant ainsi son
aspect préventif vis-à-vis des infection sexuellement
transmissibles. Une étude menée au Mali soutient que 71,6% des
adolescents assimilent la planification familiale à l'espacement des
naissances [ 15 ] .D'où des risques d'une plus grande
exposition des adolescents face aux infections sexuellement transmissibles.
L'enquête nous permet également de mesurer
l'importance de l'éducation dans la promotion de la santé. En
effet la proportion des enquêtés scolarisés qui connaissent
au moins une méthode contraceptive est de 73,83 % contre 66,75 % pour
l'ensemble des enquêtés,contrairement à une étude
menée en 2004 au Sénégal ou seulement une tendance de
54,80% des jeunes ne connaissent pas le concept de la contraception [ 8
]. Cela confirme l'affirmation selon laquelle « sans
éducation, toute action visant au développement est vouée
à l'échec... » Les établissements scolaires
pourraient également servir de précieux canaux pour passer des
messages sur la santé sexuelle et reproductive à l'endroit des
adolescents
Une bonne exposition aux medias,constitue un important moyen
d'accès à l'information sur la planification familiale ;dans
notre étude,parmi ceux qui sont
exposés à la radio,90,87 % ont entendu parler de la
PF contre 75,65% pour les autres. Nous avons obtenu un ÷2 (Chi
Carré de Mantel-Haenszel)= 16,22 avec
P< 0,05 (0,000057) ; ce qui justifie que la radiodiffusion
pourrait donc constituer un canal de choix pour la diffusion de messages sur la
planification familiale et les infections sexuellement transmissibles.
4.2. Attitude des adolescents vis-à-vis de la
planification familiale
L'étude nous permet de constater que les adolescents n'ont
pas toujours des attitudes favorables à la planification familiale.
L'approbation de la planification familiale reste faible,
seulement 215 personnes sur les 400 soit 53,75 % approuvent la planification
familiale. Par contre on notera que la scolarisation permet une plus grande
ouverture à la planification familiale ; 57,7 % des scolarisés
approuve la planification familiale contre 44,62 % pour les non
scolarisés (÷2 = 5,79 et P=0,016).
Il ressort de l'étude que la non approbation de la
planification familiale est favorisée par l'ignorance, mais aussi par
des facteurs culturels ; 5,94 % des adolescents disent qu'elle est interdite
par la religion. Aussi 13,44 % des adolescents sexuellement actifs affirment ne
pas utiliser une méthode contraceptive parce que, interdite par la
religion.
On constate également que malgré les multiples
campagnes d'informations de masse sur la planification familiale et les
infections sexuellement / VIH /Sida, les besoins d'informations restent
toujours énormes chez les adolescents du milieu rural. Pratiquement les
3/ 4 d'entre eux désirent avoir des informations sur ces thèmes.
D'autan plus que Les canaux d'informations souhaitées sont par ordre
d'importance les causeries éducatives animées par les agents de
santé (61,67 %), la radio (49,12%) et la télévision
(48,78. Cet état de fait interpelle d'avantage les prestataires de
santé car les activités de sensibilisation semblent souvent
reléguées au second plan au profit de celles curatives.
Si beaucoup d'adolescents estiment que les rapports sexuelles
précoces sont essentiellement dues aux pulsions sexuelles ,bon nombre
d'entre eux ( 20,5 % ) pensent également qu'ils sont favorisés
par les projections de films pornographiques dans les espaces publiques (
vidéo clubs ) sans interdiction d'accès aux mineurs. Une
situation qui interpelle plus d'un, à commencer par les autorités
locales.
4.3. Pratiques des adolescents en matière de
planification familiale
Le moment du premier rapport sexuel est un indicateur
important du début et de la durée de la
vulnérabilité au risque à la fois de grossesse non
désirée et d'infection par les IST/VIH. Les adolescents courent
des risques biologiques plus élevés tant en ce qui concerne les
complications de la grossesse et de l'accouchement que les infections par des
IST.
L'étude nous permet de constater que les adolescents
n'ont pas des attitudes favorables à une sexualité saine et
responsable. Pour bon nombre d'entre eux, la moyenne de l'age idéal pour
les premiers rapports sexuels se situent à 17,7 ans mais en pratique,
dans cette étude l'age moyen des premiers rapports sexuels est de 16 ans
contre 15,84 ans selon une étude au Niger [ 2 ]. Sur
les 400 interrogés 263 (65,75 %) ont déjà une
expérience sexuelle et 79,8 % de ces derniers ont eu des rapports
sexuels au cours des 12 derniers mois avec en moyenne 2 partenaires. Ces
rapports étant très souvent occasionnels (82,30% de
célibataires), l'utilisation des moyens de protection n'est pas
systématique. Seulement 54,8 % des adolescents sexuellement actifs ont
déjà utilisé une méthode contraceptive. Aussi 71,52
% de ceux qui utilisent des méthodes contraceptives le font dans le but
d'éviter une grossesse, contre 38,88 % pour les IST. En 2004 au Burkina
Faso, chez les 15 - 19 ans, 70% des filles et 40% des garçons
sexuellement actifs déclarent ne pas utiliser de contraceptifs [
13 ].Une étude similaire au Mali révèle que 52,2
% des adolescents scolarisés et 55,9 % de ceux non scolarisés
utilisent une méthode contraceptive[ 6 ].
Concernant les sources d'approvisionnement en contraceptifs,
les formations sanitaires sont peu utilisées. En effet, seulement 16,66
% des adolescents qui utilisent des méthodes contraceptives
s'approvisionnent dans les établissements sanitaires. Par ailleurs une
étude menée à Lomé au Togo montre que 3,8 % des
adolescentes enquêtées ont déclaré s`approvisionner
dans un centre de santé et 20,6 % à la pharmacie ou au
marché [11]. Cela constitue des occasions
manquées pour une diffusion de la bonne information sur les
méthodes contraceptives et la planification familiale en
générale. Cette situation pourrait être due à un
accueil insuffisant dans les structures sanitaires. Le fait que 43,25 % des
adolescents disent éprouver de la honte en utilisant les services de
santé et que 11 % d'entre eux trouvent l'accueil insuffisant corrobore
ce constat. D'autres raisons expliquent cette
sous utilisation, notamment, l'éloignement des services de
santé, l'inaccessibilité financière, la mauvaise
perception de la planification par la religion.
D'où l'urgence de repenser les approches dans l'offre et
la promotion des services en prenant en compte toutes les sensibilités
sociales et culturelles.
Des suggestions ont été également faites
par les adolescents dont la mise en oeuvre permettrait d'améliorer
l'utilisation des services de santé sexuelle et reproductive par cette
couche de la population.
V - RECOMMANDATIONS
L'étude nous permet de dégager des insuffisances
relatives aux connaissances, attitudes et pratiques des adolescents dans un
contexte rural.
Des recommandations sont donc formulées en vue de
contribuer à l'amélioration de la santé sexuelle et
reproductive des adolescents, surtout dans le contexte rural.
A court terme
Aux autorités communales :
> Renforcer le contrôle des vidéos club/ salles
de cinéma et interdire les projections de films pornographiques en
séances publiques ;
> Appuyer les prestataires de santé dans les actions de
plaidoyer et de sensibilisation sur la santé sexuelle et reproductive
.
Aux prestataires de santé :
> Organiser des sorties de plaidoyer sur la santé
sexuelle et reproductive des
adolescents auprès des leaders communautaires et surtout
religieux, ;
> Impliquer les leaders communautaires, religieux, les
adultes, jeunes et
adolescents dans les activités de sensibilisation sur la
PF ;
> Renforcer les activités de sensibilisation sur la PF
et la santé sexuelle et reproductive des adolescents ;
> Améliorer l'organisation des services de santé
en tenant compte de la spécificité de la santé des
adolescents ;
> Organiser des rencontres d'information à l'endroit
des responsables de jeunes, des responsables d'établissements scolaires
;
> Appuyer les enseignants dans la dispensation des cours sur
la santé de la reproduction en générale et la PF de
façon spécifique ;
> Améliorer la disponibilité des contraceptifs
au niveau communautaire, surtout pour les réapprovisionnements, en
impliquant les ASC ;
> Renforcer l'utilisation des medias de masse tels que la
Radio pour la diffusion de messages sur la PF.
A moyen terme
Aux autorités communales :
> Faire un plaidoyer auprès des partenaires locaux en
vue de la réalisation de centres d'écoute pour jeunes.
Aux autorités socio sanitaires, éducatives,
politiques et ONG
> Créer des structures de prise en charge des
adolescents à tous les niveaux de la pyramide sanitaire ;
> Renforcer les capacités des prestataires de
santé dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive des
jeunes et adolescents ;
> Intégrer des modules d'enseignements sur la SR/ PF
dans les programmes scolaires ;
> Accroître les financements des activités de
promotion de la santé sexuelle et reproductive des jeunes et adolescents
;
> Appuyer la recherche opérationnelle dans le domaine
de la santé de la reproduction en générale et celle des
jeunes et adolescents en particulier.
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