II - METHODOLOGIE
2.1. Cadre d'étude: le Burkina Faso
2.1.1 Situation géographique
Situé dans la boucle du Niger, le Burkina Faso est un pays
continental d'environ
274 200 km2. Il est limité au Nord et
à l'Ouest par le Mali, au Nord-est par le Niger, au Sud-est par le
Bénin et au Sud par le Togo, le Ghana et la Côte d'Ivoire. Des
routes asphaltées le relient à l'ensemble des pays voisins et un
chemin de fer long de 1 145 km le relie à la Côte d'Ivoire.
2.1.2 Climat et Végétation
De par sa situation dans la zone soudanienne, le Burkina Faso
bénéficie d'un climat
tropical à deux saisons : une saison sèche qui
va d'octobre à avril et une saison pluvieuse de mai à septembre.
La pluviométrie est faible et mal répartie dans l'espace et dans
le temps. Ce qui influence énormément les disponibilités
alimentaires et par conséquent l'état nutritionnel des
populations.
La végétation est de type soudano-sahelien.
2.1.3 Caractéristiques
démographiques
En 2006, le Recensement Général de la Population et
de l'Habitat réalisé par l'INSD
a fait état d'une population totale de 13 730 258
habitants avec une densité moyenne de 50 habitants au Km2.
Les femmes représentent 51,7 % de la population générale.
La population rurale est estimée à 79,7 % .Le taux de
mortalité infantile à 81 %o (EDS III, 2003).
2.1.4 Caractéristiques
socioculturelles
Les populations burkinabés mènent un mode de vie
traditionnelle où l'homme qui est
le plus souvent le chef de famille détient le pouvoir
de décision. Une soixantaine de groupes ethnolinguistiques est
représentée. L'ethnie majoritaire est constituée de Mossi
(48,5 % de la population).
La langue officielle est le Français. Les principales
langues nationales sont le mooré, le dioula et le fulfuldé.
Les principales religions sont l'islam (52 %), le christianisme
(24,3 %) et l'animisme (23,3 %).
2.1.5 Données administratives
Le territoire national est divisé en 13 régions, 45
provinces, 350 départements, 49 communes urbaines, 302 communes rurales
et 8 205 villages.
2.1.6 Profil sanitaire
Le Burkina Faso compte 13 régions sanitaires dans
lesquelles sont repartis 63 districts sanitaires. Le pays dispose de 03
hôpitaux universitaires dont 02 à Ouagadougou (Centre Hospitalier
Universitaire Yalgado OUEDRAOGO et le Centre Hospitalier national
pédiatrique Charles de Gaulle) et un à Bobo-Dioulasso (Centre
Hospitalier Universitaire Souro SANOU).
Sur le plan organisationnel, le système national de
santé comprend administrativement 03 niveaux qui sont :
· Le niveau central comprenant le cabinet du ministre, le
secrétariat général et les directions centrales.
· Le niveau intermédiaire correspondant aux 13
régions sanitaires.
· Le niveau périphérique avec 63 districts
sanitaires. Ce dernier niveau est subdivisé en 02 échelons
comprenant un premier échelon formé d'un réseau de
formations sanitaires (CSPS, dispensaires et maternités isolés)
et un deuxième échelon de référence comprenant les
hôpitaux de district ou Centres Médicaux avec Antenne
chirurgicale.
2.2. Champ de l'étude
La zone site de notre étude est une commune rurale
située à l'extrême Ouest de la Province du Boulgou dont
elle relève dans la Région du Centre Est au Burkina.
Elle couvre (08) villages administratifs qui sont : Niaogho
Centre, Tengsoba, Ibogo, Niarba, Bassindogo, Gozi, Sondogo, Niaogho Peulh et
Wayalghin qui est un grand hameau de culture.
La population de la commune de Niaogho en 2010 est
estimée à 19 375 habitants, la tranche d'âge de 15 à
19 ans est de 1914 (soit 9,88% de la population).
Le tableau ci-dessous nous donne l'effectif des adolescents
selon les villages de la commune de Niaogho.
Tableau I : Effectifs théorique des adolescents
selon les villages de la commune rurale de Niaogho en 2010
|
|
NOMBRE D'ADOLESCENTS
|
VILLAGES
|
POPULATION
|
(9,88%)
|
NIAOGHO
|
7488
|
740
|
TENGSOBA
|
4894
|
483
|
IBOGO
|
1827
|
181
|
NIARBA
|
1820
|
180
|
BASSINDINGO
|
1312
|
130
|
GOZI
|
1135
|
112
|
SONDOGO
|
609
|
60
|
NIAOGHO PEULH
|
289
|
28
|
Total Commune
|
19375
|
1914
|
|
Les Bissas constituent l'ethnie majoritaire de la commune mais
on y rencontre des Peulhs et des Mossi par ordre d'importance. L'islam reste la
religion la plus pratiquée dans la commune, suivie du christianisme et
de l'animisme.
Selon le RGPH 2006, dans cette localité, le taux
d'accroissement annuel est de 2,7%, un taux brut de natalité à
47,5 %0,l'indice de fécondité est de 6,5 et une densité
moyenne de 148 habitants / km2.
Elle est caractérisée également par la
fréquence élevée des mouvements migratoires. Ces
mouvements se font à différentes échelles et dans
plusieurs directions:
> au niveau régional vers les centres urbains et
semi urbains, dans le cadre des échanges commerciaux (Tenkodogo, Bittou,
Koupéla, Pouytenga, Cinkansé etc.), vers les sites
aurifères de Komtoéga ou Kièka, et vers les plaines
irriguées de Bagré ou les autres retenues d'eau de la
région.
> au niveau national vers les grandes villes du pays
(Ouagadougou, BoboDioulasso, etc.), vers certaines provinces avoisinantes en
saison pluvieuse (Zoundwéogo, Ganzourgou), et les autres sites
aurifères du pays.
> au niveau international, vers certains pays africains
(Côte d'Ivoire, Ghana, Guinée Equatoriale, Libye, Gabon, Congo,
Angola, Afrique du Sud, etc.) et vers certains pays occidentaux (Italie,
Espagne, Etats Unis...). Cette migration internationale engendre d'importantes
retombées financières pour les populations de la Commune.
Elle a comme structures sociales de développement :
- deux postes de santé dont un privé à but
lucratif
- un collège d'enseignement général
-11 écoles primaires
L'activité économique est essentiellement
basée sur l'agriculture, l'élevage, la pêche. La commune
abrite également un marché important qui a lieu tous les trois
jours, le tissu économique est fortement consolidé par les
retombées financières de la migration internationale.
2. 3. Cadre conceptuel
Caractéristiques sociodémographiqu
es
· Age, sexe, profession
· Statut matrimonial
· Niveau de scolarisation/ alphabétisation
· Religion
· Exposition aux medias
Connaissance sur la Planification familiale et les
1ST
· Connaissances sur les méthodes contraceptives
traditionnelles et modernes
· Connaissances des avantages de la planification
familiale
· Les sources d'informations sur la
Attitudes vis-à-vis de la planification
familiale
· Attitudes sexuelles
· -Opinion des adolescents sur la
PF
· les motifs de refus de la PF
· les besoins d'information sur la
PF
planification
Pratiques en matiere de planification
familiale
· activités sexuelles des adolescents
· l'utilisation d'une méthode contraceptive
· les motifs d'adhésion à la planification
familiale
· le lieu d'approvisionnement en
contraceptifs
· les difficultés liées à
l'accès aux services de Planification familiale
Figure 1 : cadre conceptuel : Connaissances, Attitudes et
Pratiques en matière de planification familiale des adolescents de la
commune rurale de Niaogho.
Le schéma d'analyse met en relation les liens et
chaînes causales qui expliquent le niveau de connaissances, les attitudes
et les pratiques en planification familiale .Ce cadre considère que le
fait d'avoir des connaissances sur la PF ou non est directement ou
indirectement lié aux caractéristiques socioculturelles et
démographiques de l'adolescent (e). Ces facteurs autrement
dénommés cadre de vie de l'adolescent (e) interagissent
et justifient les circonstances des pratiques en PF via les attitudes qu'il a
de ce concept.
En somme, on retient quatre éléments qui
interagissent entre eux et ont pour finalité une influence des pratiques
des adolescents en matière de planification familiale. Ainsi les
caractéristiques socio démographiques agissent directement sur
les connaissances des adolescents en planification familiale et influencent
indirectement la perception et les pratiques en planification familiale.
Les connaissances à leur tour conditionnent les
opinions des adolescents vis-à-vis de la planification et influencent de
façon directe ou indirecte les pratiques dans ce domaine.
Les pratiques en planification familiale constituent
l'aboutissement des opinions que les adolescents ont sur ce concept. Elles
peuvent également être influencés par le cadre de vie
l'adolescent et peuvent changer le niveau de connaissances des adolescents en
matière de planification familiale.
2.4. Approche méthodologique
2.4.1. Type d'étude
Il s'agit d'une étude transversale descriptive et
analytiques à deux volets (quantitatif
et qualitatif ), à base d'entretiens directs semi
structurés à domicile et dans les zones d'affluence des jeunes
(écoles, ateliers, marché, rues, villages, hameaux de culture) de
la commune de Niaogho de Juin à Septembre 2010.
2.4.2. La population à l'étude
La population est constituée par les adolescents et
adolescentes vivant dans les
limites géographiques de la commune rurale de Niaogho.
· Unité d'étude
C'est l'adolescent (e) qui obéit aux critères de
sélection.
· Critères d'inclusion
Tout adolescent (e) de 15 à 19 ans vivant dans la commune
de Niaogho depuis au moins trois mois et souhaitant participer à
l'enquête.
· Critères de non inclusion
> Tout adolescent (e) ne souhaitant pas participer à
l'enquête
> Tout adolescent (e) qui ne réside pas dans la
commune depuis au moins trois mois.
2.4.3. Echantillonnage
· Base de sondage
La base de sondage est constituée des adolescent (e) s de
15 à 19 ans vivant dans la commune de Niaogho.
· Taille de l'échantillon Pour
déterminer la taille de l'échantillon nous avons utilisé
la formule :
N = Zá2 * P *
(1-P)/i2
Avec :
N = taille de l'échantillon
Zá = l'écart réduit
correspondant à une erreur á de première instance
consentie (5%)
P = prévalence contraceptive du district
sanitaire de Garango (dont relève Niaogho) = 0,2982
I = la précision souhaitée
=0.05
Ainsi, la taille finale de l'échantillon est de 321
adolescents. Ensuite par souci de minimiser les non réponses et les
risques d'erreur, nous avons porté la taille de l'échantillon
à 400 adolescents.
· Méthode
d'échantillonnage
Nous avons identifié un centre sociologique dans
chaque village (concession du chef de village), ensuite nous avons
utilisé la méthode de la « bouteille ». Nous nous
sommes orienté en direction du bout de la bouteille. Nous avons
recruté les adolescents répondant aux critères et se
trouvant sur notre droite, et ainsi de suite jusqu'à obtenir le nombre
d'adolescents souhaités dans le village.
Nous avons interrogé quatre cents (au lieu de 321)
adolescent (e) s répartis dans les 08 villages, selon la formule
d'allocation proportionnelle suivante :
n = T×p/P Où
n = nombre de adolescent (e) s
interrogés par village; T = taille de
l'échantillon ;
p = population des adolescent (e) s par village
; P = population totale des adolescent (e) s.
Le tableau suivant résume le nombre d'adolescents
interrogé par village.
Tableau II : Taille de l'échantillon selon les
villages de la commune de Niaogho.
VILLAGES
|
NOMBRE D'ADOLESCENTS (9,88% de la population totale)
|
NOMBRE D'ADOLESCENTS INTERROGES
|
NIAOGHO
|
740
|
155
|
TENGSOBA
|
483
|
101
|
IBOGO
|
181
|
38
|
NIARBA
|
180
|
38
|
BASSINDINGO
|
130
|
27
|
GOZI
|
112
|
23
|
SONDOGO
|
60
|
12
|
NIAOGHO PEULH
|
28
|
06
|
Total Commune
|
1914
|
400
|
|
2.4.4 Définition opérationnelle des
variables à recueillir
Il s'agissait de recueillir :
v Les caractéristiques
sociodémographiques : age, sexe, profession, statut
matrimonial, niveau de scolarisation/ alphabétisation, religion,
exposition aux medias
v les connaissances en matière de
planification familiale: connaissance sur la Planification familiale
et les IST, connaissances sur les méthodes contraceptives
traditionnelles et modernes, connaissances des avantages de la planification
familiale, les sources d'informations sur la planification familiale.
v Les attitudes des adolescent (e) s vis à vis
de la planification familiale : les avis sur la sexualité, les
opinions sur la planification familiale, les motifs de refus de la
planification familiale, les besoins d'information sur la planification
v Les pratiques en matière de planification
familiale : les activités sexuelles des adolescents,
l'utilisation d'une méthode contraceptive, les motifs d'adhésion
à la planification familiale, le lieu d'approvisionnement en
contraceptifs, les difficultés liées à l'accès aux
services de Planification familiale.
v Les suggestions pour améliorer l'accès
des adolescent (e) s aux services de planification familiale.
2.4.5 Méthodes de recueil des
données
· Instrument de recueil des
données
Nous avons élaboré un questionnaire comprenant les
parties suivantes :
+ les caractéristiques sociodémographiques ;
+ les connaissances en matière de planification
familiale, les sources d'information ;
+ les croyances/perceptions des adolescent (e) s de la
planification familiale
+ les pratiques en matière de planification familiale,
notamment l'utilisation d'une
méthode contraceptive, les motifs d'utilisation, les
sources
d'approvisionnement ;
+ les suggestions des interviewées pour améliorer
la prévalence contraceptive.
· Formation des enquêteurs
Une formation des enquêteurs a été
administrée le 10 Août 2010 au Centre de Santé et de
Promotion Sociale (CSPS) de Niaogho. Ce qui a permis de définir les
rôles et d'harmoniser l'administration du questionnaire afin d'avoir la
meilleure collecte des données possibles sur le terrain.
· Pré-test de l'instrument de
recueil
Du 1er au 4 Août 2010 le questionnaire a
été testé sur 20 adolescents (e) s du village de
Tangaré dans la commune de Garango. Les leçons tirées du
pré-test ont été mises à profit pour finaliser les
instruments de collecte ainsi que les traductions.
2.4.6- Collecte des données
Après avoir obtenu l'accord verbal du Médecin
Chef du district sanitaire de Garango et l'autorisation écrite du Maire
de la commune de Niaogho,nous avons pris contact avec le personnel du CSPS de
Niaogho et les ASC de la dite localité.
Les interviews se sont déroulées du 12 au 22
Août 2010 dans les 08 villages avec administration du questionnaire par
04 ASC préalablement formés.
2.4.7. Saisie et analyse des données
Les données collectées ont été
vérifiées avant d'être compilées et analysées
à l'aide du logiciel EPI INFO version 3.2.2.
Le traitement du texte, la confection des tableaux et des
graphiques ont été faits à l'aide des logiciels
d'application Microsoft WORD et EXCEL version 2003.
Nous avons utilisé des mesures de fréquence pour
apprécier le niveau des indicateurs (connaissances théoriques,
sources d'informations sur la PF, difficultés liées à
l'utilisation des services, suggestions...).
Pour le croisement des variables, nous avons
procédé à l'usage du test Chi Carré de
Mantel-Haenszel pour conclure à l'existence ou non d'une relation entre
les variables pouvant expliquer les connaissances, attitudes et pratiques en
planification familiale. Les tests ont été réalisés
avec un seuil de signification de 5%. Ainsi, nous avons admis une association
statistiquement significative entre deux (2) variables pour toute
probabilité inférieure à 0.05 (P<0.05).
2.4.8. Considérations
éthiques
L'identité des personnes soumises au questionnaire a
été protégée : le questionnaire était
anonyme. La participation à l'enquête était volontaire et
sans contrainte. Le choix de ne pas se soumettre au questionnaire a
été respecté. Les personnes qui ont décliné
l'offre n'ont encouru aucune sanction. La confidentialité des
réponses a été assurée.
2 .4.9. Limites de l'étude et difficultés
rencontrées
· Limites de l'étude
Comme toute oeuvre humaine, notre étude n'a pas
manqué de limites qui sont de nature à influencer
négativement la qualité des données.
La première est relative à l'aspect
rétrospectif de certaines de nos variables en l'occurrence celle portant
sur l'âge aux premiers rapports sexuels. Cette variable pourrait subir
l'effet de mémoire surtout à cause de la faiblesse du niveau
d'instruction des adolescents et de la rareté de l'état civil en
milieu rural. Ces facteurs sont susceptibles d'influer négativement sur
la détermination exacte de l'âge médian aux premiers
rapports sexuels.
Enfin, malgré l'utilisation de certains concepts qui
sont de nature à atténuer la gêne chez les
enquêtés, le caractère tabou de la sexualité en
milieu rural est un aspect pouvant influencer leur disponibilité
à fournir des informations sur leurs pratiques réelles.
Néanmoins, les informations obtenues se révèlent
convergentes aux conclusions de certaines études antérieures,
preuve que celles-ci permettent de comprendre le niveau de connaissance et de
comportements en rapport avec la Planification familiale.
· Difficultés rencontrées
Aborder un thème aussi sensible que celui de la
sexualité, ne peut être exempt de contraintes surtout en milieu
rural où le sexe est l'aspect le plus intime de la vie privée.
En effet, des difficultés rencontrées lors de
notre travail résident surtout dans l'enquête de terrain. La
première concerne la recevabilité de l'enquête
auprès des adolescents notamment chez les filles. La réticence
de ces dernières est due, d'une
part au caractère tabou de la sexualité et
d'autre part à la gêne lorsqu'on en parle, surtout devant une
personne de sexe opposé. Face à cela, l'utilisation des
expressions atténuant la gêne et l'explication aux jeunes filles
du caractère anonyme et confidentiel de leurs réponses, ont
été une attitude favorable pour que celles-ci parlent de leur
état et pratiques sexuelles. Toutefois, cette stratégie ne s'est
pas révélée convaincante devant certaines filles qui ont
eu du mal à s'exprimer et d'autres ont même refusé de
répondre à nos questions.
Enfin, le faible niveau d'instruction et l'absence d'acte de
naissance posent un problème d'estimation de l'âge chez les
adolescents des deux sexes. Face à cela, certains n'ont pas
hésité à recourir à leurs parents pour la
détermination de leur âge, toute chose qui contribuait à
allonger le temps de l'enquête individuelle et finalement notre
séjour sur le terrain.
|