RESUME
Le Sida : Syndrome Immunodéficitaire Acquis est
une maladie contagieuse, transmissible par voie sexuelle ou sanguine et
représente la phase terminale de l'infection par le VIH. Le
dépistage volontaire quant à lui est une recherche
systématique chez un sujet ou au sein d'un groupe d'individus d'une
affection latente au moyen des techniques simples et peu coûteuses mais
suffisamment fiables après consentement de chaque sujet.
L'acceptabilité et l'accessibilité constituent
les deux aspects les plus importants et deux conditions majeures pour la
réussite de tout programme d'un dépistage du VIH.
Dans les pays industrialisés, le taux de
dépistage volontaire du VIH est plus élevé que dans les
pays en voie de développement en général et en RDCongo en
particulier. Cette situation se justifie par le fait que les pays
industrialisés sont dotés des ressources humaines et
matérielles pouvant permettre l'accès des femmes à toute
information sur le VIH/Sida, au dépistage volontaire et à la
prévention. Ce qui n'est pas le cas pour les pays en voie de
développement où ces ressources sont parfois absentes ou
limitées.
Rares sont les études qui ont traitées de
l'accessibilité et de l'acceptabilité du dépistage du
VIH/Sida tant en RDC en général et au Sud-Kivu en particulier.
C'est dans cette optique que nous avons mené une étude
descriptive transversale chez les femmes enceintes des zones de santé
urbaines de Bukavu et de la zone de santé rurale de Katana.
L'infection par le VIH/Sida conduit à des multiples
conséquences : socio-démographiques,
socio-économiques et sanitaires. Pour cette étude, nous sommes
partis de l'hypothèse selon laquelle les femmes enceintes de la Zone de
santé de Bukavu et de Katana ont un taux faible d'accessibilité
et d'acceptabilité au test de dépistage VIH. Pareille situation
serait due : à
- l'ignorance de ces femmes sur le SIDA
- la peur d'un éventuel résultat positif
- la peur d'un éventuel résultat positif
- l'obstacle socio-culturel au dépistage volontaire du
VIH
- l'inexistence ou l'insuffisance de centres de
dépistage volontaire dans la zone de santé
- l'inaccessibilité financière.
Notre travail a comme seconde hypothèse :
L'accessibilité et l'acceptabilité du dépistage volontaire
chez les femmes enceintes sont plus faibles dans la zone de santé rurale
de Katana que dans les zones de santé urbaines de Bukavu. Cela est due
au fait que :
- La population est plus ignorante vis-à-vis du
VIH/SIDA
- la population de la zone de santé de Katana est plus
pauvre que celle de Bukavu
- l'inaccessibilité géographique aux fosa dans
la ZSR de Katana par rapport aux zones de santé de Bukavu.
Les objectifs spécifiques de notre étude
sont :
1. Déterminer le niveau d'acceptabilité et
d'accessibilité au dépistage volontaire de la zone de
santé de Katana.
2. Evaluer le niveau de connaissance des femmes enceintes de
ces deux zones de santé en matière du VIH/Sida
3. Evaluer l'attitude des femmes enceintes dans cette zone de
santé vis à vis du test de dépistage du VIH/Sida et du
programme de la PTME
4. Identifier les éventuels obstacles socio-culturels
ou dépistage du VIH chez les femmes enceintes
5. Proposer les pistes d'orientation pour des programmes de
dépistage volontaire
6. Proposer des orientations pour les stratégies du
programme PTME dans ces zones de santé.
7. Comparer le niveau d'acceptabilité et
d'accessibilité au dépistage volontaire du VIH chez les femmes
enceintes en milieu urbain et en milieu rural.
Pour vérifier nos hypothèses et atteindre chacun
de nos objectifs spécifiques, nous avons interrogé 777 femmes
enceintes dont 491 pour la ville de Bukavu et 286 pour la ZSR de Katana.
Constituant ainsi notre échantillon par la technique
d'échantillonnage stratifiée.
Ainsi donc, notre étude a révélé
les résultats suivants :
- s'agissant du taux des femmes ayant réalisé le
test VIH au cour de leur grossesse : nous avons constaté que seuls
11,6% des femmes enceintes en ville de Bukavu contre 31,8% de Katana ont
réalisé le test de dépistage du VIH au cours de leur
grossesse.
- Quant aux femmes enceintes qui ont accepté le test,
force est de constater que 68,8% des femmes enceintes de Bukavu et 85,7% pour
la zone de santé de Katana ont accepté de passer un
dépistage VIH.
- L'âge le plus favorable au test de dépistage du
VIH/SIDA est celui compris entre 18 et 30 ans soit 53,16% en ville et 61,5% en
milieu rural.
- Les femmes avec niveau d'instruction bas (sans instruction
en milieu rural et secondaire incomplet en ville) ont plus accepté le
test que les autres et elles représentent 37,1% en milieu urbain contre
43,3% en milieu rural.
- Les femmes sans emploi à Bukavu soit 41,8% et les
agricultrices à Katana soit 73,1% se sont dites favorables au test de
dépistage.
- Les mariées : soit 63,3% à Bukavu et
79,0% à Katana sont favorables au test de dépistage VIH.
- Les multigestes soit 51,5 % à Bukavu et 63% à
Katana se sont montrées aussi favorables au test.
S'agissant de l'accessibilité, nous avons
constaté que seuls 62% des femmes enceintes de la ville de Bukavu contre
71% en milieu rural connaissent un centre de dépistage du VIH. La
majorité des femmes soit 39,1% à Bukavu et 38,8% à Katana
sont à moins d'une heure du centre de dépistage ; même
si à Katana 24,8% viennent à plus d'une heure.
31% des femmes enceintes de la ville de Bukavu connaissent que
le dépistage au VIH est gratuit contre 64,7% pour la ZSR de Katana.
Certaines femmes enceintes reconnaissent le paiement du test.
Elles représentent 39,5% en ville contre 13,9% à Katana avec
comme tarif 2$. Ce coût n'est pas abordable pour 85,8% des femmes
enceintes enquêtées en ville contre 98% en rural.
Quant aux connaissances de mode de transmission et de
prévention de la maladie, la majorité des femmes
enquêtées ne connaissent pas tous ces modes, seules 55,2% et
52,1% pour la ville de Bukavu et 31,1% et 24,8% pour la ZSR de katana
connaissent ces modes ce qui va à l'encontre de nos valeurs de
référence fixées à 70% de femmes qui devraient
connaître ces modes.
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