UNIVERSITÉ CHEIKH ANTA DIOP
DE DAKAR
DEA DE DROIT DE
L'INTEGRATION
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La résolution 55/22 du 11 janvier 2001 par
l'assemblée générale de l'ONU
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Contenu, mise en oeuvre et perspectives
Présenté par :
Sous la direction de
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Adamou Moussa ZAKI
Professeur Alioune SALL
2008-2009
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Remerciements
Nos sincères remerciements
G Au Professeur Alioune SALL qui a bien voulu diriger la
rédaction de ce mémoire
G A l'ensemble des Professeurs de l'UCAD et de l'UGB qui ont,
par la qualité de leurs enseignements, participé à notre
formation.
G A l'ensemble des auteurs, qui nous ont inspiré dans
la réalisation de ce travail qui n'a pas été facile
à achever et qui n'aurait pu être bien appréhendé
sans la qualité des informations qu'ils ont bien voulu partager avec
nous.
Dédicaces
Nous dédions ce travail à
- Nos parents pour l'éducation qu'ils nous ont transmis
- Notre Grand-mère qui n'a cessé de nous
encourager
- A notre Tante Amina Noma KAKA dont le soutient a
été nécessaire pour la rédaction de ce
mémoire
- A l'ensemble des professeurs qui ont participé à
notre formation
- A notre soeur qui, malgré la distance n'a cessé
de nous prodiguer des conseils qui ont été constructifs pour la
rédaction de ce travail
- A tous ceux qui ont participé de façon indirecte
à la rédaction de ce travail
Principaux sigles et abréviations
APE Accord de
partenariat économique
CEEAC Communauté
Economique des Etats d'Afrique Centrale
CEPGL Communauté
économique des pays des grands lacs
CEMAC Communauté
Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale
CEDEAO Communauté
économique des Etats de l'Afrique Centrale
CDS Commission pour la
défense et la sécurité
COPAX Conseil de Paix et de
sécurité d'Afrique Centrale
EURAC Réseau
Européen pour l'Afrique Centrale
FCD Fonds de
coopération et de développement
FODEC Fonds de
développement de la communauté
FOMAC Force multinationale
d'Afrique Centrale
FOMUC Force multinationale de
la Centrafrique
IDH Indice de
développement humain
MARAC Mécanisme
d'Alerte Rapide en Afrique Centrale
MONUC Mission de
l'organisation des Nations unies au Congo
NOPADA Nouveau partenariat pour
le développement de l'Afrique
O.N.G. Organisme non
gouvernemental
O.N.U. Organisation des
Nations Unies
PNUD Programme de nations
unies pour le développement
RDC République
démocratique du Congo
REPAC Réseau des
parlementaires d'Afrique Centrale
UA Union Africaine
UDEAC Union douanière
des Etats d'Afrique Centrale
INTRODUCTION GENERALE
Suite à la déclaration de Libreville de
décembre 1981, les chefs d'Etats d'Afrique centrale
décidèrent de lancer un processus de négociation
sous-régionale qui devait aboutir à l'adoption, deux ans plus
tard, du traité instituant la CEEAC, le 18 octobre 1983, par les Etats
membres de l'UDEAC1(*) et
ceux de la CEPGL2(*).
Cependant, depuis sa création, la CEEAC n'a pu mettre
en oeuvre les objectifs pour lesquels elle a été
créée du fait entre autres, de la crise économique
accentuée par une crise sur le plan politique notamment avec certaines
rivalités interétatiques (Gabon-Cameroun par exemple)3(*).
La coopération solidaire entre les Etats membres devait
être relancée afin d'établir les fondements d'un
développement durable possible uniquement grâce à
l'intégration de ces Etats d'Afrique centrale.
Il faut souligner que bon nombre de résolutions, de
programmes et stratégies ont été adoptés par la
CEEAC mais sont demeurés lettre morte en dépit de
l'intérêt qu'ils revêtaient pour les Etats membres ;
cela s'explique selon l'opinion la plus largement émise par l'engagement
insuffisant de ces derniers dans leur mise en oeuvre.
Qui plus est, l'Afrique centrale est de nos jours
confrontée aux défis de la mondialisation et ne peut y
faire face que si elle est unie et solidaire car l'action isolée des
Etats est de moindre frais par rapport aux actions menées de
façon commune et concertée entre les Etats membres.
En 1999 furent adoptées à Malabo, les grandes
lignes des actions de la CEEAC et qui devaient constituer la base de la relance
de ses activités ; il fallait insuffler une nouvelle dynamique
à cette organisation d'intégration.
L'adoption de ces grandes lignes était destinée
à la confirmation des missions assignées à la CEEAC dans
le cadre du traité constitutif de la communauté ; furent
ensuite ajoutées celles de la promotion, du maintien et de la
consolidation de la paix et de la stabilité en Afrique Centrale ;
d'où la création du COPAX.
Le conseil de paix et de sécurité de l'Afrique
centrale créé par décision n°001/Y/Fév. du 25
février 1999, prise à Yaoundé, par les chefs d'Etat et de
gouvernement d'Afrique Centrale, est l'organe de concertation politique et
militaire des Etats membre de la CEEAC, en matière de promotion, de
maintien et de consolidation de la paix et de la sécurité4(*).
Le COPAX se compose de trois organes techniques qui sont la
FOMAC, Le CDS (commission pour la défense et la sécurité)
et le MARAC (mécanisme d'alerte rapide en Afrique Centrale).
Le MARAC est un mécanisme pour l'observation, la
surveillance et la prévention des crises et des conflits qui sont
l'objet de l'activité au sein de la CEEAC5(*).
Il est responsable de la collecte des données et de
leurs analyses afin de prévenir les conflits6(*).
Le CDS, conformément à l'article 13 du protocole
relatif au COPAX, est un organe consultatif composé des chefs
d'état-major des forces armées ou de leurs
représentants ; des chefs de polices ou de leurs
représentants ; des experts des ministères des affaires
étrangères en matière de relation extérieure ;
des experts des ministères de la défense et des forces
armées ; des experts des ministres de l'intérieur et de la
sécurité ; des experts d'autres ministères
invités en vue de l'ordre du jour de la commission7(*).
Quant à la FOMAC, c'est une force composée de
services interétatiques, de la police, des contingents de la gendarmerie
et des éléments civils des Etats membre de la CEEAC, en vue de la
réalisation de la paix, de la sécurité et de l'assistance
humanitaire8(*).
Mais la FOMAC peut aussi recevoir des renforts d'unités
civiles provenant des organisations non gouvernementales et des associations
agréées par le secrétaire général de la
CEEAC9(*).
Elle a pour mission : L'observation et la surveillance;
la restauration et le maintien de la paix ; l'intervention humanitaire
après une catastrophe ; l'application des sanctions prévues
par la réglementation en vigueur le déploiement
préventif ; la consolidation de la paix, du désarmement et
de la démobilisation; les activités de police, y compris le
contrôle de la fraude et de la criminalité organisée ainsi
que toutes les autres actions à condition qu'elle soit mandatée
par la conférence des chefs d'Etats10(*).
Ainsi, des Etas d'Afrique Centrale s'étaient
engagés à relancer les activités de la CEEAC suite
à la conférence organisée à Malabo en 1999 dans le
but s'insuffler à cette organisation une nouvelle dynamique
nécessaire à son fonctionnement effectif.
C'est dans ce même contexte que se situe l'adoption le
12 Novembre 2001, soit deux ans plus tard, de la résolution
55/2211(*) instituant la
coopération entre l'ONU et la CEEAC et le mois suivant la
résolution 55/16112(*) conférant à la CEEAC le statut
d'observateur auprès des Nations unies.
L'adoption de la résolution 55/22 est importante
à plus d'un titre car elle témoigne du succès diplomatique
dont ont fait preuve les membres de la CEEAC mais aussi permet à cette
organisation d'accroître ses moyens pour véritablement promouvoir
la paix, condition indispensable au développement de l'Afrique
Centrale.
Il s'agit en priorité de renforcer les
capacités de la CEEAC en matière de prévention des
conflits, d'alerte rapide, d'assistance électorale, de maintien de la
paix et d'intégration.
Cette résolution présente un contenu important
qu'il nous appartiendra de préciser (CHAP 1er ) ;
d'autre part, au regard du bilan, on ne peut manquer de faire une critique et
envisager des perspectives notamment avec l'implication manifeste des Etats de
l'Afrique Centrale dans des domaines cruciaux comme la paix, la
sécurité, la démocratie, les droit de l'homme et surtout
l'intégration(CHAP 2e ).
CHAP 1er : Une
résolution instituant une coopération entre la CEEAC et l'ONU
La résolution 55/22 de l'ONU institue une
coopération entre la CEEAC et l'ONU ; elle vise à atteindre
certains objectifs précis et à s'appliquer dans des domaines
importants (SECT 1e).
D'autre part, l'instauration de la coopération va
nécessairement s'appuyer sur des moyens institutionnels, juridiques mais
aussi financiers qu'il convient de préciser (SECT 2e).
SECT 1e : Objectifs et
domaines de la coopération
L'instauration de la coopération fait suite à
une situation de fait à laquelle il fallait nécessairement
remédier (PARAG 1er) et concerne des domaines tous aussi
importants et qui traduisent les difficultés rencontrées en
Afrique centrale (PARAG. 2e).
PARAG. 1er : Les objectifs de
la coopération entre l'ONU et la CEEAC
Il ressort de la lecture de la résolution 55/22 que la
coopération a pour objectif la promotion du développement et
l'intégration économique ; la promotion de la
démocratie et la paix mais aussi et surtout « le renforcement
des structures de la communauté(...) de manière à
faciliter le fonctionnement du mécanisme d'alerte rapide en Afrique
centrale comme moyen de prévenir les conflits armés et à
créer un parlement sous régional et un centre sous
régional des droits de l'homme et de la démocratie en Afrique
centrale afin d'y promouvoir les valeurs et l'expérience
démocratiques ainsi que les droits de l'homme ».
Il s'agit aussi de favoriser le soutient de la
communauté internationale « afin qu'ils contribuent aux
efforts déployés par la CEEAC pour réaliser
l'intégration et le développement économiques, promouvoir
la démocratie et les droits de l'homme et consolider la paix et la
sécurité en Afrique Centrale ».
Il faut souligner qu'il y a en effet un problème qui se
pose en matière de développement et d'intégration
économique en Afrique centrale.
L'Afrique centrale, rappelons le, se caractérise
essentiellement par ses énormes ressources économiques mais qui,
du fait de certaines tensions sur le plan politique, ne permet pas une
exploitation suffisante de cette capacité si bien que sur le plan
économique on peut relever une instabilité chronique et
même une crise dans certains Etats.
L'IDH, pour l'année 1998 a, selon Hakim Ben Hammouda,
régressé dans toute la sous région par rapport à la
situation de 1997 et, deux des Etats de l'Afrique Centrale ont
enregistré en 1992 l'espérance de vie parmi la plus faible.
Au Tchad il est de 45 ans alors qu'en république
Centrafricaine il est de 47 ans.
Les dirigeants des Etats de la sous-région se sont
engagés à élaborer des politiques en faveur de la
réduction de la pauvreté.
Mais, faute d'une stabilité sociopolitique aucune
stratégie d'éradication de la pauvreté n'a pu être
mise en oeuvre avec succès surtout dans un climat de violence et
d'affrontement.
L'autre obstacle est relatif à la croissance
économique qui doit être compatible avec le taux de croissance
démographique ; la forte croissance démographique doit
être accompagnée d'une accélération de la
création de richesse en vue de satisfaire les besoins de base des
populations et faciliter ainsi leur accès aux services sociaux de
base13(*).
Le développement en Afrique Centrale est donc un
problème crucial.
D'un autre côté, il y a la question relative
à l'intégration qui est une donne non négligeable car
ayant un lien avec le premier.
Le développement est en effet impossible, à
l'heure de la mondialisation, sans l'intégration économique avec
toutes ses implications.
L'état de la dynamique d'intégration en Afrique
centrale montre qu'il y a une insuffisance en matière
d'intégration économique qui est due à une
ineffectivité des réformes prises par les Etats, un défaut
d'application uniforme de l'union douanière, de la fiscalité
intérieure indirecte et directe harmonisée, une
ineffectivité des dispositions relatives à la circulation des
produits, services, personnes et du droit d'établissement au sein de la
CEEAC14(*).
De même, on peut relever que le secrétariat
général, plaque tournante de la CEMAC apparaît encore assez
faible pour assurer l'impulsion, le suivi et le contrôle de l'ensemble du
processus d'intégration.
Les actions menées par la CEEAC et qui vise à
favoriser l'intégration, n'ont pas à ce jour produit des
résultats concrets pour plusieurs raisons dont certaines tiennent
à l'insuffisance institutionnelle, les conflits qui ne font que traduire
le faible engagement des Etats.
Ainsi l'adoption de la résolution 55/22 semble
être une solution à ces problèmes en matière de
développement et d'intégration en Afrique Centrale.
L'autre problème est relatif à la paix et
à la démocratie et il n'y a pas de doute qu'il y ait un lien avec
les problèmes évoqués plus haut car sans
démocratie, il ne peut y avoir de paix, et sans paix, le
développement semble être utopique.
Les conflits armés, ces dernière
décennies, sont monnaie courante dans cette partie du continent ;
l'on se souvient des guerres qui ont secoué des Etats comme le Rwanda et
la RDC ; à cela s'ajoute les conflits frontaliers.
Dans ce contexte de violence le respect des principes
démocratiques tels que les droits de l'homme sont bafoués ce qui
fait qu'on ne peut se retourner vers des préoccupations secondaires
alors que le principal reste à accomplir.
L'autre volet qu'il convient de voir est relatif au domaine de
la coopération qui a naturellement un lien avec les difficultés
citées plus haut et dont l'ambition est d'y apporter une solution.
PARAG.2e : Domaine de la
coopération entre l'ONU et La CEEAC
La coopération entre l'Onu et la CEEAC concerne
naturellement les domaines présentant des difficultés ou
constituant un obstacle à l'action efficace des Etats dans le processus
de développement, de maintien de la paix et d'intégration.
Le programme de travail du comité consultatif permanent
de l'ONU est en premier lieu relatif à la paix et à la
sécurité en Afrique centrale dont la conduite doit selon la
résolution aboutir au « renforcement des mesures de confiance
à l'échelon sous-régional et promouvoir le droit de
l'homme, l'Etat de droit et les institutions
démocratiques »15(*).
L'autre domaine crucial est relatif à
l'intégration dont les moyens d'y aboutir restent le renforcement de la
capacité de la CEEAC.
En effet, à la lecture de la résolution il
semblerait que l'accent soit surtout mis sur le renforcement des
capacités de la CEEAC afin qu'elle joue un rôle plus important
dans le processus de développement des Etats de l'Afrique Centrale et
qui passe nécessairement par la mise en place de mécanismes
visant à garantir la sécurité, les droits de
l'homme16(*).
Le renforcement de la capacité de la CEEAC est
important à plus d'un titre car il faut rappeler que cette organisation
a été nommée quelques temps après sa
création, pilier de la communauté économique africaine
(CEA).
Il n'est à point douter de l'importance de cette
institution d'intégration sous régionale à en juger par le
nombre d'accords signés sous son égide.
D'autre part il convient de souligner que l'adoption de la
résolution 55/161 s'inscrit aussi dans la même perspective car
elle donne à la CEEAC le Statut d'observateur.
On a pu ainsi craindre que le domaine principal de la
coopération puisse concerner essentiellement le renforcement de la
capacité de la CEEAC mais en réalité cette
coopération est en quelque sorte une assistance offerte par les nations
unies car il faut rappeler qu'avant l'adoption de la résolution 55/22,
les Etats d'Afrique Centrale avaient manifestement voulu, de leur propre
initiative, renforcer les capacités de la CEEAC notamment suite
à la réunion extraordinaire qui s'est tenue le 6 février
1998 présidée par le Président Buyoya et lors de laquelle
les Chefs d'Etats s'étaient engagés à faire renaitre cette
organisation tandis que le premier ministre de l'Angola affirmait que son pays
deviendrait membre à part entière.
De même, un mini sommet des dirigeants de la CEEAC
à été tenu lors de l'inauguration du Président
Bongo du Gabon le 21 janvier 1999.
Les Chefs d'Etat ont alors discuté des problèmes
touchant le fonctionnement de la CEEAC et ont prévu la création
d'un troisième poste de Secrétaire Général Adjoint,
proposé à l'Angola.
L'Angola s'est joint à la communauté de
manière formelle durant ce sommet.
La 10ème Conférence ordinaire des Chefs
d'état et de gouvernement a eu lieu à Malabo en juin 2002.
Ce sommet a adopté le Protocole relatif à
l'établissement d'un réseau des
Parlementaires de l'Afrique Central (REPAC), et a aussi
adopté les règlements du
Conseil de Paix et de Sécurité de l'Afrique
Centrale (COPAX), La Commission pour la
Défense et la Sécurité (CDS), La Force
Multinationale de l'Afrique Centrale (FOMAC) et la Système d'alerte
avancée pour l'Afrique centrale (MARAC).
Le Rwanda a été accueilli officiellement,
après avoir renouvelé son adhésion.
Le Onzième Conférence ordinaire des Chefs
d'état et de gouvernement, qui a été tenu à
Brazzaville en janvier 2004, a bien accueilli le fait que le
Protocole relatif à l'établissement du COPAX a reçu les
ratifications suffisantes pour se mettre en force. Le sommet a aussi
adopté une déclaration sur l'exécution des objectifs de
NOPADA et l'égalité de genre en Afrique Centrale17(*).
C'est dire donc qu'il n'a pas fallu attendre l'adoption de la
résolution 55/22 pour que les Etats d'Afrique Centrale se mobilisent
afin d'insuffler un souffle de vie à cette organisation mais aussi
régler les problèmes qui affectent leurs différents Etats
notamment ceux relatifs à la sécurité.
Le processus mis en place par les Etats d'Afrique Centrale
n'étant manifestement pas contraire aux principes et idéaux
énoncés dans la charte des nations unies, la coopération
pouvait dés lors s'instaurer avec toutes ses implications notamment la
mise en place ou l'utilisation de moyens institutionnels, normatifs mais aussi
financiers afin qu'elle ne reste pas, comme il en a été ainsi
avec certains accords adoptés par la CEEAC, lettre morte.
SECT 2e : Les moyens
institutionnels, normatifs et financiers de mise en oeuvre des objectifs
visés par la coopération
La mise en oeuvre des objectifs visés par la
coopération s'appui essentiellement sur des instituions, des
règles mais aussi des moyens financiers sans lesquelles ils seront
impossibles à atteindre.
Ainsi, il convient de voir en premier lieu les
institutions(PARAG.1er) qui seront par la suite chargées de
mettre en oeuvre les règles et mettre à la disposition des moyens
financiers(PARAG.2e) devant permettre la mise en oeuvre effective
des objectifs visés par la coopération.
PARAG 1er : Les moyens
institutionnels de mise en oeuvre des objectifs visés par la
coopération
Dans la résolution 55/22, on peut noter qu'il incombe
au secrétariat général de prendre « des mesures
voulues pour établir une coopération entre l'organisation des
nations unies et la communauté économique des Etats de l'Afrique
centrale »18(*).
D'autre part, il est affirmé dans la même
résolution, la nécessité de l'implication des Etats de
l'Afrique centrale dans la conduite des objectifs visés comme en
témoigne la nécessité du renforcement des
capacités de la CEEAC.
Cela nous amène nécessairement à
distinguer entre les institutions Onusiennes ; les institutions
sous-régionales et les ONG.
Relativement aux moyens institutionnels émanant de
l'ONU en premier lieu il y a le secrétariat de l'ONU dont la
participation est prévue de façon expresse dans la
résolution 55/22.
Au terme de l'art. 97 de la charte des nations unies,
« Le Secrétariat comprend un Secrétaire
général et le personnel que peut exiger l'Organisation. Le
Secrétaire général est nommé par l'Assemblée
générale sur recommandation du Conseil de sécurité.
Il est le plus haut fonctionnaire de l'Organisation ».
L'art.98 dispose quant à lui que « Le
Secrétaire général agit en cette qualité à
toutes les réunions de l'Assemblée générale, du
Conseil de sécurité, du Conseil économique et social et du
Conseil de tutelle. Il remplit toutes autres fonctions dont il est
chargé par ces organes. Il présente à l'Assemblée
générale un rapport annuel sur l'activité de
l'Organisation ».
Le Secrétaire général peut attirer
l'attention du Conseil de sécurité sur toute affaire qui,
à son avis, pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la
sécurité internationale19(*).
L'autre institution onusienne est le comité consultatif
permanent chargé des questions de sécurité en Afrique
Centrale qui est à ce titre le pilier centrale de la
coopération.
Depuis sa création en 1992, le Comite a organisé
un grand nombre de réunions dans le but de promouvoir la paix et la
sécurité en Afrique Centrale.
C'est ainsi que plusieurs réunions ont eu lieu et lors
desquelles le comité consultatif a exprimé ses
préoccupations sur les effets dévastateurs de l'accumulation des
armes légères en Afrique Centrale et de leur dissémination
au sein de la population ; sur l'ampleur des mouvements massifs de
réfugiés et personnes déplacées en Afrique centrale
et leurs conséquences tant à l'égard des populations
concernées que sur les pays ou régions d'accueil.
Ces remarques devaient aboutir à la prise de mesures
tant sur le plan national qu'international.
La mission d'évaluation interdisciplinaire de l'ONU
s'est rendue en Afrique Centrale du 8 au 22 juin 2003.
Conduite par le Sous-secrétaire général
aux Affaires politique, son excellence Monsieur
TULIAMENI KALOMOH, cette mission était chargée
du mandat ci-après :
a) Déterminer les besoins et problèmes
prioritaires de la sous-région de l'Afrique
Centrale dans les domaines de la paix, de la
sécurité, du développement économique et social,
des affaires humanitaires et des droits de l'homme, y compris les relations
entre ces besoins et problèmes ;
b) Tenir des consultations avec les Gouvernements et les
Institutions sous-régionales d'Afrique Centrale sur les moyens de
promouvoir la coopération avec les Nations Unies pour répondre
à ces besoins et résoudre ces problèmes ;
c) Déterminer les mesures à appliquer au niveau
sous-régional par la communauté
Economique de l'Afrique Centrale (CEEAC) et par la
communauté Economique et
Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC), avec la
coopération du Système des Nations
Unies, pour les aider à faire face aux besoins et aux
problèmes identifiés ;
d) Formuler des recommandations sur la meilleure façon
dont la communauté internationale pourrait appuyer les programmes visant
spécifiquement à renforcer l'efficacité des efforts et des
Institutions sous-régionaux dans le domaine de la paix et de la
sécurité.
A l'issue de son séjour en Afrique Centrale, la mission
a mis en relief les principaux problèmes qui entravent le
développement harmonieux de cette sous-région.
Les principaux problèmes identifiés sont :
- La fragilité des processus politiques
démocratiques ;
- La persistance d'une pauvreté en contradiction avec
les ressources naturelles dont dispose l'Afrique Centrale ;
- L'insécurité dans certains pays avec ce
qu'elle engendre comme dégâts au plan économique et
social.
- La pratique des rebellions, du banditisme et la
prolifération des armes légères, la difficulté pour
les forces armées de maintenir l'ordre public ;
- La porosité des frontières qui facilite la
circulation des armes et la contamination des conflits et des crises mal
résolus ou non résolus.
La mission a constaté que les conséquences
humanitaires, économiques et sécuritaires du conflit en
République Démocratique du Congo étaient
dévastatrices pour la sous-région et elles peuvent perdurer tant
que ce conflit n'est pas réglé.
La mission a cependant noté des signes
d'amélioration qu'il importe de consolider.
La mission a mis en relief la généralisation de
la pauvreté dans la sous-région, le nombre important de
réfugiés et les risques accrus pour les droits des personnes et
des collectivités.
Elle a noté la chute de l'espérance de vie
à cause des problèmes engendrés par le VIH/SIDA et la
pauvreté.
Par ailleurs, la mission a reconnu qu'en matière
d'intégration régionale, les progrès sont modestes.
D'où la nécessité de soutenir la CEEAC et la CEMAC dont
les buts sont connus.
La mission de l'ONU a souligné que les questions de
paix et de sécurité sont au coeur des problèmes auxquels
est confrontée la sous-région et considère la CEEAC comme
la principale Institution régionale en charge de ces questions.
Sur le plan sous-régional, on peut noter l'implication
d'institutions étatiques mais aussi des ONG conformément au
souhait exprimé dans la résolution 55/22 à savoir celui
d'impliquer les Etats membres de la CEEAC dans les opérations
menées par les nations unies notamment en renforçant leur
capacité en matière de maintien de la paix afin de leur permettre
de jouer un rôle plus important dans les opérations des nations
unies20(*).
Ainsi, il y a le PNUD et la MONUC (mission des nations unies
en RDC) dont l'intervention en matière de développement et de
maintient de la paix est cruciale dans cette sous région, la force
multinationale des groupes de l'Afrique centrale et la Commission de
défense et de sécurité des pays d'Afrique centrale ;
la FOMUC (force multinationale de la Centrafrique) qui a un champ d'action
limité dans la mesure où elle intervient dans le seul cadre du
maintient de la paix et de la sécurité(...) en Centrafrique et
qui a été remplacée par la MICOPAX (mission de
consolidation de la paix en Centrafrique) le 12 juillet 2008.
C'est un souhait des nations unies de voir implanter un bureau
permanent en Afrique Centrale, comme c'est le cas en Afrique de l'Ouest.
On peut noter aussi la présence d'institutions en
matière de sécurité, d'intégration et de
développement économique, comme la CEEAC, le COPAX qui a
été intégré à la CEEAC par un protocole
signé le 2' février 2000 au cours d'un sommet extraordinaire qui
s'est tenu à Malabo, la CEMAC même si certains affirment la
nécessité d'une fusion ou plutôt de la substitution de
l'une des institutions par l'autre.
Cependant, il convient de souligner que les activités
de la CEEAC en faveur de la paix sont surtout des activités de
formation.
En janvier 2000, le Gabon à organisé un exercice
régional de maintien de l'ordre, "Gabon 2000" dans le but d'augmenter
les capacités des Etats membres de la CEEAC dans les champs de maintien
de la paix et la prévention des conflits et leur contrôle.
Cet exercice représente une application directe du
concept français RECAMP (Renforcement des Capacités Africaines au
Maintien de la Paix).
Mais l'organisation tend vers un rôle plus actif puisque
lors d'une réunion des ministres de la défense des pays membres
de la Communauté en décembre 2004, le projet de mise en place
d'un état-major régional chargé de "garantir un climat de
paix et de sécurité en Afrique centrale" est mis à l'ordre
du jour.
Cet état-major régional aura pour tâche de
diriger une brigade régionale d'environ 2 400 hommes chargée,
dans le cadre des recommandations de l'Union africaine, du maintien de la paix
en Afrique centrale21(*).
Il y a aussi le centre sous régional des droits de
l'homme et la démocratie basé à Yaoundé dont
l'objectif est de permettre le respect de droit humains mais aussi d'informer
les institutions des nations unies sur la situation en matière de droit
de l'homme et de démocratie en Afrique centrale.
Le contexte d'instabilité et de conflits qui
caractérise l'Afrique Centrale depuis plus de dix ans (processus
démocratique et guerre civile au Burundi, génocide au Rwanda,
conflits internationaux et locaux particulièrement meurtriers en RDC) a
poussé des ONG européennes oeuvrant pour la paix et le
développement dans cette région à se concerter et à
mettre en oeuvre un travail commun de plaidoyer, d'information et d'appui
à des partenaires sur le terrain.
C'est dans ce cadre qu'intervient l'EURAC (réseau
européen pour l'Afrique centrale).
En raison de la dimension régionale des
problèmes et des solutions, les membres d'EURAC ont décidé
d'adopter une approche résolument régionale dans leurs
interventions. Les membres de ce réseau sont actifs auprès des
populations et des sociétés civiles de la sous-région dans
différents domaines, qu'il s'agisse du développement, de la
défense des Droits Humains ou de l'intervention humanitaire comme
peuvent l'exiger certaines situations d'urgence.
En tant qu'associations européennes, les membres
d'Eurac partagent la même vision et le même objectif, à
savoir que la politique de l'Union Européenne et de ses États
membres en Afrique Centrale soit davantage cohérente et attentive aux
besoins et aspirations des populations de cette région, notamment les
plus vulnérables et les plus marginalisées.
En outre, les membres d'Eurac partagent une même
conception du développement et du partenariat. Elles désirent
s'attaquer aux causes structurelles du sous-développement des
populations et appuyer ou accompagner des dynamiques locales. L'identification,
l'exécution et l'évaluation des actions de développement
relèvent avant tout de leurs partenaires et des populations locales que
ceux-ci accompagnent.
Ces institutions citées vont s'appuyer ou mettre en
place des moyens juridiques et financiers pour la conduite des objectifs
généraux fixés par la résolution 55/22.
PARAG.2e : Les moyens
juridiques et financiers de mise en oeuvre des objectifs visés par la
coopération entre l'ONU et la CEEAC
La mise en oeuvre des objectifs définis dans la
résolution 55/22 s'appuie surtout sur des moyens juridiques et
financiers permettant l'effectivité de ces objectifs.
Relativement aux moyens juridiques c'est-à-dire les
normes constituant la base juridique de l'action des institutions, elles sont
d'une part issues d'institutions sous régionales ; d'autre part
elles peuvent provenir d'institutions internationales comme l'ONU.
En ce qui concerne les normes d'origine sous régionale
et internationale, on peut noter l'adoption d'accords dont l'objet est de
permettre une coopération inter étatique dans plusieurs secteur
dont la sécurité ; il en est ainsi de la ratification des
textes instituant le COPAX, du pacte d'assistance mutuelle ; du pacte de
non agression, du règlement intérieur du mécanisme
d'alerte rapide et de la Force multinationale des groupes de l'Afrique centrale
et de la Commission de défense et de sécurité des pays
d'Afrique centrale.
Il y a aussi projet d'accord de siège et un
mémorandum d'accord entre le Haut Commissariat aux Droits de l'Homme,
l'Etat du Cameroun et la Coordinatrice Résidente des Nations Unies au
Cameroun.
On peut souligne la signature par le Cameroun, de l'accord
multilatéral de coopération régionale de lutte contre la
traite des personnes.
Cet accord découle des résolutions de la
réunion régionale des experts sur la Traite des personnes en
particulier des Femmes et des Enfants en Afrique de l'Ouest et du Centre tenue
à Libreville en mai 2006, de la Conférence ministérielle
sur la Traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants en
Afrique de l'Ouest et du Centre tenue à Abuja en juillet 2006 d'une
part ; d'autre part, de l'attachement de la CEEAC aux conventions
internationales et régionales relatives à la promotion et
à la protection des droits humains, notamment la convention des Nations
Unies contre la criminalité transnationale organisée et son
protocole additionnel visant à prévenir, réprimer et punir
la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants de
200022(*).
Relativement aux moyens financiers sur le plan régional,
il a été créé dans le cadre de la CEEAC un fonds
régional pour la lutte contre la traite des personnes, en particulier
des femmes et des enfants en Afrique Centrale avec pour but essentiel : -
De permettre les échanges d'expertise entre les Etats membres ; - De
financer les formations des acteurs de la lutte contre la traite ; - De
financer la prise en charge des victimes identifiées ; - De
contribuer au financement de programmes et des structures qui oeuvrent pour la
lutte contre la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants
en Afrique Centrale ; - De collecter les fonds en vue d'accroître de
manière significative les ressources financières pour lutter
contre la traite des personnes en Afrique Centrale ; - D'attirer les
partenaires publiques et privés à contribuer à la
mobilisation des ressources ; - Et de financer toute activité ou
programme d'appui de la CEEAC aux Etats membres qui en font la demande. Le
secrétariat Général de la CEEAC est l'instance de gestion
du fonds régional pour la lutte contre la traite des personnes en
particulier des femmes et des enfants en Afrique Centrale. Cet accord
prévoit entre autre : - La création d'un fonds
régional pour la lutte contre la traite des personnes ; - La mise
sur pied d'une commission régionale permanente conjointe de suivi ;
- L'adoption des plans nationaux de lutte contre la traite des personnes
par les Etats parties ; - La mise en oeuvre d'une feuille de route
régionale pour la lutte contre la traite des personnes et la protection
de l'enfant. Le caractère transfrontalier ou transrégional
qui détermine certaines formes de traite, commande que l'on s'attaque au
problème dans un cadre régional, afin de créer les
synergies entre les Etats pour que leurs actions soient mieux
coordonnées et plus efficaces23(*).
La CEEAC a pris également des dispositions pour la mise
en place d'un mécanisme de financement.
La Contribution Communautaire d'Intégration (CCI) qui
devrait être adoptée par les Chefs d'Etat et de Gouvernement de
cette Communauté lors de son prochain sommet, s'effectuera
également par l'institution d'une taxe ou l'institutionnalisation d'un
prélèvement sur les produits originaires des pays tiers
importés par les Etats membres pour mise à consommation. Le taux
de la CCI sera fixé à 0, 7%. Les recettes de cette taxe seront
affectées au financement du budget général de
fonctionnement du Secrétariat Général; du budget du
Mécanisme d'Alerte Rapide de l'Afrique Centrale et de la Force
Multinationale de l'Afrique Centrale; du Fonds de coopération et de
Développement de la Communauté et du Fonds de Restructuration et
d'Affectation Spéciale.
Il convient aussi de préciser que pour la mise en
oeuvre du dispositif en matière de sécurité notamment avec
l'instauration du COPAX avec ses deux instruments que sont le MARAC24(*) et La FOMAC25(*), la Communauté a
bénéficié en juin 2006 d'une subvention de l'Union
Européenne de 4 millions d'Euros.
Rappelons aussi que la mise en place de la Force
Multinationale d'Afrique Centrale FOMAC a été
intégrée dans le dispositif juridique et opérationnel de
la Force Africaine en Attente (FAA), instituée par l'article 13 du
protocole relatif au Conseil de Paix et de Sécurité de l'Union
Africaine.
En matière d'intégration, il faut dire que les
institutions d'intégration de l'espace Afrique Centrale ont globalement
suivi une mutation stratégique, avec l'institution du Fonds de
Développement de la Communauté FODEC/CEMAC, du Fonds de
Compensation et du Fonds de Coopération et de Développement FCD
de la CEEAC.
Ces instruments ont reçu une double mission : compenser
partiellement les moins-values budgétaires générées
par les zones de libre échange, et surtout promouvoir une
coopération sectorielle poussée dans les domaines des
infrastructures, de l'énergie, de l'industrie ou encore de
l'économie forestière, par la réalisation de projets
régionaux à même de favoriser des économies
d'échelle et des effets d'agglomération porteurs de
croissance.
Toutefois, pour la CEMAC comme pour la CEEAC, ces instruments
tardent à se mettre en place, ce qui se traduit par un faible niveau de
mise en oeuvre des projets intégrateurs et un manque de
visibilité de l'action communautaire, exprimé à divers
niveaux, y compris celui des décideurs politiques et de certains
partenaires au développement.
Cela nous permet d'aborder le second volet de ce sujet et qui
porte sur la mise en oeuvre et perspective à travers notamment une
approche critique.
CHAP.2e : Mise en oeuvre et
perspectives de la coopération entre la CEEAC et l'ONU
On ne peut manquer de souligner les problèmes que
posent à ce jour, la mise en oeuvre de la résolution 55/22 au
regard de ce qui se passe dans les faits, sur le terrain(SECT.1e),
et envisager des perspectives dans le but notamment de pallier aux
insuffisances notées (SECT.2e).
SECT.1e : Les
problèmes significatifs dans la mise en oeuvre de la résolution
55/22
Des problèmes significatifs ont en effet
été notés dans des secteurs comme la
sécurité et l'intégration(PARAG.1er) mais aussi
en matière de financement surtout au regard de la crise
financière actuelle dont l'impact sur le programme fixé est
indéniable (PARAG.2e).
PARAG.1er : Les insuffisances
en matière d'intégration et de sécurité
En matière d'intégration, on peut saluer les
efforts fournis par les Etats membres de la CEEAC mais on ne peut aussi manquer
de critiquer les lenteurs car, à ce jour, les initiatives en
matière d'intégration sont encore au stade préparatoire
avec notamment de multitude d'études menées à ce
sujet :
· une étude dans le domaine de la libre
circulation de certaines catégories de personnes (fonctionnaires d'Etat,
opérateurs économiques, religieux, etc.) ;
· une étude pour la mise en place d'un
mécanisme autonome de financement ;
· une étude « sur la mise en place d'un
régime de libéralisation des échanges commerciaux au sein
de la CEEAC », sur le modèle du régime des
échanges commerciaux de la CEMAC ;
· une étude portant sur l'établissement des
fonds structurels et de compensation ;
· une étude sur l'interconnexion des
réseaux électriques des onze pays membres de la CEEAC26(*).
On a pu aussi noter certaines insuffisances notamment en
matière de libre circulation des personnes, biens, services et capitaux
ainsi que la mise en place d'un marché commun.
En ce qui concerne la libre circulation des personnes, biens
services et capitaux, beaucoup de chemin reste en effet à parcourir car,
malgré l'intention manifestée à travers les textes, dans
les faits il semblerait qu'elle ne soit toujours pas en vigueur.
En raison même des disparités économiques
existant de part et d'autre des frontières, certains Etats ont
manifesté l'inquiétude d'être envahi par les populations
d'autres Etats de la sous région plus pauvres ;
l'insécurité qui s'y attache ne milite pas non plus en faveur de
l'établissement d'un tel principe de l'intégration.
Certains Etats pensent même qu'ils ont plus à
perdre qu'à gagner en favorisant l'intégration ce qui n'est pas
sans poser de problème car l'objectif même de l'intégration
est de permettre à un ensemble d'Etats de faire face ensemble, de se
soutenir mutuellement et d'allé vers le développement
ensemble.
Dans d'autres Etats, l'obstacle est relatif à la
crainte de la concurrence dans la mesure où les Etats ne sont pas au
même niveau de développement.
La commercialisation par exemple du sucre au Tchad sans droit
de douane pourrait rencontrer des difficultés, en matière de
concurrence, face au sucre provenant du Cameroun.
Les facteurs ne militant pas en faveur d'une
intégration en Afrique centrale peuvent être d'ordre politique,
économique, institutionnel, et sécuritaire.
Sur le plan politique, on ne peut douter des rivalités
existant entre certains Etats d'Afrique centrale.
En effet, la rivalité existant entre le Cameroun et le
Gabon n'est plus un secret ; ces deux Etats, après avoir
contribué à créer et à consolider les institutions
de l'UDEAC grâce à une excellente coopération pendant les
20 premières années d'indépendance ont, par une
rivalité tantôt sourde, tantôt ouverte, davantage
joué le rôle de frein que d'accélérateur de
l'intégration en Afrique centrale27(*).
Cette rivalité a pour conséquence l'instauration
de marchés restreints et donc inefficaces, un marché au Gabon et
un marché au Cameroun par exemple, alors qu'un seul marché sous
régional serait plus efficace et aurait suffit pour la sous
région car ayant un plus grand espace économique.
L'autre obstacle tient aux conflits interétatiques
à l'exemple de celui entre la Guinée et le Gabon sur les
îles de Mbanié, Cocotiers et Congras dans la baie de Corisco.
Revendiquée par la Guinée équatoriale,
Mbanié aurait été attribuée au Gabon par une
convention conclue entre les deux pays en septembre 1974 et dont, aujourd'hui,
les autorités équato-guinéennes semblent contester la
validité, accusant Libreville d'occuper sans titre un territoire leur
appartenant.
Les données à la fois juridiques et
géographiques de ce contentieux territorial sont certes très
complexes, mais le fond du problème réside, avant tout, dans la
présence possible d'importants gisements pétroliers à
proximité de Mbanié.
Le Président gabonais, Omar Bongo Ondimba a
indiqué à plusieurs reprises qu'il était disposé
à adopter une attitude conciliante, suggérant à son
homologue équato-guinéen une exploitation commune des ressources
de la région contestée.
La position du numéro un équato-guinéen
semble plus nuancée, car s'il se déclare prêt, lui aussi,
à envisager, à titre transitoire, une solution
négociée, il n'exclut pas de faire reconnaître, le moment
venu, la légitimité de sa revendication par une instance
juridictionnelle internationale.
Les deux pays avaient signé en 2004, en marge d'un
sommet de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba, un protocole dans lequel
ils promettaient de négocier un accord. Mais ce document est
resté lettre morte. Le 27 février 2006 à Genève,
ils s'étaient engagés à procéder
immédiatement à la négociation de la délimitation
définitive de leurs frontières maritimes et terrestres et
à résoudre la question de la souveraineté sur ces
îlots d'ici la fin de l'année.
Pas plus tard qu'au mois de juin, le secrétaire
général de l'ONU avait présidé à New York
une réunion de haut niveau dédiée à l'adoption d'un
cadre formel pour la prochaine phase du processus de médiation.
La nomination de Nicolas Michel qui possède une
expérience tant diplomatique que juridique aidera certainement à
trouver une solution négociée à cet épineux
problème qui divise les deux pays depuis de nombreuses
années28(*).
Relativement à la sécurité, l'Afrique
Centrale apparaît comme une région instable avec notamment des
conflits internes dans certains Etats.
Des Etats comme le Tchad, la république Centrafricaine
et le Congo, ont connu de guerres civiles sanglantes, des coups d'état,
et violences ethniques au cours des 20 dernières années.
En république du Congo, les conflits ethniques en 1998
et 1999, principalement autour de la capitale Brazzaville, ont entrainé
plus de 50000 morts.
Il y a encore de nos jours des groupes rebelles actifs dans
le bas Congo.
Le foisonnement institutionnel est aussi un obstacle à
l'intégration.
Il y a en effet une multiplicité d'organisations sous
régionales (CEMAC, CEEAC, OHADA, COMIFAC, CICOS) n'ayant pas de lien
organique direct et causant dans le même temps un effet pervers en
matière d'intégration.
Ainsi, les politiques négociées dans le cadre
par exemple du NEPAD et APE, vont interagir avec celles négociées
dans le seul cadre d'organisations de l'Afrique Centrale à l'exemple de
la CEEAC ; cela aura pour conséquence la dispersion des moyens, les
doublons institutionnels, le risque de double emploi, l'atomisation du
marché régional limitant la capacité des institutions
créée dans le cadre sous régional pour
générer et canaliser un effort collectif durable, capable de
prendre en compte les défis auxquels les Etats font face29(*).
Les facteurs économiques qui posent un obstacle
à l'intégration sont relatifs à la faible croissance,
à l'insuffisance des infrastructures qui sont pour la plupart
médiocres, la vulnérabilité à l'instabilité
des prix du pétrole, le manque de complémentarité
économique et les disparités entre les zones
côtières et les pays enclavés30(*).
En raison de l'absence d'un pôle de croissance forte, la
CEMAC n'a pas généré de dynamisme pour propulser les
économies régionales et encourager l'intégration.
La résolution 55/22 a aussi pour ambition d'instaurer
un climat de sécurité dans la sous région ; des
avancés ont certes été faites mais il y a encore des zones
de tensions et d'insécurité notamment avec l'enlèvement
massif de femmes et d'enfants ; le banditisme armé et la
criminalité, la violation de droits humains fondamentaux, la
prolifération et la circulation des armes à feu, le vol de
bétail, la prise d'otage avec demande de rançon comme on
l'observe de plus en plus en République Centrafricaine, au Tchad et au
Cameroun.
Le Copax, chargé de régler les questions
relatives à la paix et à la sécurité, est
boqué faute de moyens adéquats.
D'autre part on note un échec de la stratégie
adoptée par l'ONU dans le domaine de la sécurité et du
règlement des conflits comme c'est le cas au Congo.
Ainsi en, 2008, en dépit de l'intervention de l'ONU les
rebelles du général tutsi Laurent Nkunda à l'Est de la RDC
ont atteint la métropole de Goma et mis en fuite l'armée
gouvernementale.
D'aucuns n'ont pas manqué de critiquer le
désengagement de l'ONU dans certains conflits comme en Somalie et en RDC
en raison de l'incapacité que cette organisation à fait preuve
dans le désarmement des milices régulièrement et
abondamment approvisionnées en « petits engins de la
mort »31(*).
S'agissant particulièrement de la Somalie, après
l'échec de l'opération ONUSOM I au cours de laquelle, faute de
moyens suffisants, il ne fut pas possible de désarmer les combattants,
le gouvernement américain a lancé l'opération Restore
Hope.
Mais, contre toute attente, les dirigeants américains
se sont opposés à ce projet de désarmement qui a
finalement été confié aux casques bleus de l'ONUSOM II
à partir de mai 1993. Pourtant, les Américains, à ce
moment, avaient suffisamment les moyens ; certainement ils ont dû
renoncer à cause de la cruauté des combats sur le terrain.
L'ONUSOM II fut à nouveau un échec total :
le désarmement ne put avoir lieu et l'ONU dut se désengager face
à la violence sanguinaire des combats et contrainte32(*) « d'abandonner
la Somalie à ses propres
démons »33(*).
De même au Rwanda, le conseil de sécurité,
constatant l'incapacité des parties au conflit à respecter les
clauses de l'Accord de paix d'Arusha, relatives au cessez-le-feu et surtout la
montée de la violence des armes, prit la décision de
réduire la force de Maintien de la paix. De 2545 hommes, cette force ne
devait rester qu'un petit groupe restreint.
En Angola, où la violence des armes s'est aussi
amplifiée, l'Organisation Mondiale prit la même décision.
Au Libéria, en Sierra Léone, en RDC ou au Burundi, l'action de
l'ONU en faveur de la paix s'est également estompée à
cause de la violence, alimentée par les armes légères.
La conséquence de ce
« désengagement » de la communauté
internationale en Afrique est dramatique : le prolongement des combats
dans certains de ces pays (Soudan, Somalie) ou la reprise des hostilités
dans d'autres (RDC), et donc le prolongement et la reprise des souffrances de
la population civile.
En somme, l'accumulation excessive des armes
légères a empêché la communauté
internationale de rétablir la paix et de limiter les souffrances des
populations34(*).
Ainsi il est donc à craindre que, dans le cadre de
cette coopération, l'Onu ne se désengage comme elle l'a fait dans
des situations similaires.
Il convient dés lors pour les Etats d'Afrique Centrale
de mettre en oeuvre des moyens propres et efficaces dans la lutte contre la
prolifération des armes légères ce qui constituerait
une perspective en matière de sécurité.
L'autre question importante est relative au financement
surtout avec la crise financière actuelle.
PARAG.2 : Les insuffisances
en matière de financement
La zone couverte par la CEEAC renferme une richesse comme on
n'en trouve nulle part ailleurs sur le continent.
Cependant ce potentiel, en raison des conflits, n'a pas pu
être exploité.
La faiblesse des moyens financiers qui en découle ne
permet pas l'accompagnement des Etats dont la suppression des barrières
douanière prévue, pourrait entraîner un manque à
gagner ; ce qui dans le même temps justifie leur réticence
face à l'intégration.
Il est vrai que des Etats comme le Cameroun et le Gabon
pourraient assurer l'impulsion nécessaire pour relever l'économie
de le sous région mais l'on connait la rivalité existant entre
ces deux Etats ainsi que les conséquences qui en découlent.
Face à ces difficultés, il semble difficile
d'assurer le financement des objectifs fixés à l'occasion de la
coopération avec l'ONU surtout lorsque l'on sait qu'il y a dans cette
sous région un foisonnement institutionnel entrainant de charges plus
lourdes à supporter par les Etats.
L'on se souvient du blocage du Copax dû entre autre
à des raisons d'ordre financier et, si l'on doit prendre aussi en compte
les trois instruments, à savoir le Marac, le CDS et la Fomac
nécessaires au fonctionnement de cet organisme de maintien de la paix,
on s'aperçoit très vite de la multiplication des charges
incombant aux différent Etats.
La présence d'autres organisations dans la même
sous région entraine le même effet et risque d'étouffer les
Etats du point de vue financier, car, il faut le rappeler, ces derniers ont des
problèmes internes auxquels ils doivent faire face et qui
nécessite la prise en compte des spécificités propre
à chaque Etat de la sous région35(*).
D'autre part, dans le contexte de la crise financière
actuelle qui, sans doute touche indirectement les Pays en voie de
développement, on se rend compte qu'aussi bien les institutions
étatiques qu'onusienne, se trouvent dans une impossibilité
financière pour mener à bout les objectifs fixés dans le
cadre de la résolution 55/22.
Les Etats en raison des problèmes évoqués
plus haut, seront limités dans leurs actions ; l'ONU quant à
elle, en raison de la crise financière, n'aura pas les moyens de son
action.
Le financement de l'organisation des Nations unies et de ses
agences spécialisées, il faut le rappeler, est assuré par
les contributions obligatoires des pays membres et par des contributions
volontaires de toutes organisations, entreprises ou encore particuliers.
Il existe notamment une tradition américaine de
fondations qui supportent l'activité des Nations unies. Par exemple le
site du siège des Nations-Unies à New-York est un don de la
fondation John D. Rockefeller Jr.,
Ted Turner a fait un don
de 1 milliard de dollars US en 1998 à une fondation qui défend la
cause des Nations unies, et notamment le paiement des arriérés du
gouvernement américain36(*).
Le budget ordinaire des Nations unies (3 milliards d'Euros en
2008-2009), établi tous les deux ans, est basé sur les
contributions obligatoires fixées par l'Assemblée
générale.
A la demande des États-Unis, le niveau maximum de la
plus grosse contribution a été fixé à 22 % (le
seuil minimal est quant à lui de 0,001 % du budget global)37(*).
En
2005, la composition
était la suivante :
États-Unis
(22 %), le
Japon (19,5 %), l'
Allemagne (8,6 %), la
France (6,5 %), le
Royaume-Uni
(6,1 %), l'
Italie (4,9 %), le
Canada (2,8 %), l'
Espagne (2,5 %), la
République
populaire de Chine (2 %), la
Corée du
Sud (1,8 %)38(*).
Depuis plusieurs années les Nations-Unies connaissent
des problèmes financiers. Ils sont principalement dus aux
arriérés de paiement des États-membres parmi lesquels le
plus grand débiteur est les États-Unis avec 61 % du total en
199939(*).
Les contributions obligatoires ne sont pas toujours remplies
à temps par les autres États membres. Seuls 31 États sur
192 l'ont fait en
février
200740(*).
L'ONU étant de plus en plus souvent engagée dans
des opérations de maintien de la paix dans le monde (objectifs qui
n'étaient pas formellement prévus dans sa Charte), cela a un
impact important sur son budget en raison du coût élevé de
ces interventions.
Néanmoins il s'agit d'un budget séparé du
budget ordinaire. Dans ce domaine également les Etats-Unis partagent 62%
de la dette avec un autre pays.
Cet état de fait a été
évoqué dans un bulletin de session du sénat belge en
199841(*) ainsi que dans
la section « affaires étrangères » d'un
projet de loi de finances du sénat français en 200142(*).
Tout cela combiné à la crise permet de mesurer
la difficulté du point de vue financier que rencontre l'ONU.
De nombreux États souhaitent une réforme en
profondeur de cette organisation.
Ainsi, on peut noter que le volume, la composition et la
répartition des ressources financières mise à la
disposition des pays en développement se sont profondément
modifiés en étroite liaison avec les perturbations qui ont
affectées le système financier mondial pendant cette
période particulièrement troublée.
De fait, l'évolution du financement des pays en
développement est indissociable de certains aspects de
l'interdépendance croissante de l'économie mondiale à
l'exemple du dynamisme des interactions entre les phénomènes
financiers et les tendances économiques réelles.43(*)
En dépit de ces problèmes que l'on pourrait
rencontrer dans la mise en oeuvre des objectifs fixés dans la
résolution 55/22, des évolutions peuvent être accomplies
aussi bien dans le cadre de la sécurité qu'en ce qui concerne
l'intégration.
Cela nécessite la prise en compte des
expériences tirées durant ces dernières décennies
en matière de règlement des conflits mais aussi
d'intégration.
SECT.2e: Les perspectives dans la
mise en oeuvre des objectifs visés par la coopération
Ces dernières décennies, on ne peut douter de
l'expérience des Etats de l'Afrique Centrale en matière de paix,
de sécurité et d'intégration.
Cette expérience doit être mise à profit
aussi bien dans le domaine de la paix et de la
sécurité(PARAG.1er) qu'en ce qui concerne
l'intégration(PARAG.2e).
PARAG.1er : Les perspectives
en matière de sécurité
La paix, le respect des principes démocratiques et la
création d'un environnement de sécurité, sont devenus de
nos jours, sur le plan international, une condition pour le soutien des
organisations oeuvrant pour le développement de l'Afrique44(*).
Les initiatives Nord-Sud prennent appui sur les efforts
entrepris dans chaque sous région.
A cet effet, les Etats de l'Afrique centrale devraient
s'impliquer davantage dans le règlement préventif des causes de
conflit.
Il s'agira donc d'assurer un contrôle efficace des
entrées en matière d'armement dont on sait que le trafic est
important dans la sous région.
On peut saluer l'initiative prise en ce
sens ,matérialisée par l'adoption d'une convention sur les
armes légères et de petit calibre, leurs munitions et autres
matériels connexes dans le cadre de la CEDEAO et regretté dans le
même temps qu'une telle mesure ne soit pas, en tout cas en notre
connaissance, prise en Afrique Centrale.
Il est nécessaire de régler un conflit avant
qu'il ne prenne une proportion telle que les Etats ne pourraient y faire face
tout seul.
C'est dans ce cadre que le renforcement du mécanisme
d'alerte rapide, sera salutaire pour les Etats d'Afrique Centrale.
Il ne faut pas aussi occulter le fait que lorsqu'un conflit
prend naissance dans un Etat de la sous région, son voisin risque aussi
de connaitre une atmosphère d'insécurité ; c'est
pourquoi il est recommandé une coopération sous régionale
en matière de police favorisant l'harmonisation et le renforcement du
cadre législatif et réglementaire mais aussi l'échange
d'informations pour une plus grande efficacité des acteurs sur le
terrain ; de même qu'une patrouille régulière le long
des frontières afin d'éviter qu'un conflit ne se
généralise dans la sous région.
L'autre mesure consiste en la mise en oeuvre d'un projet de
collecte et de destruction des armes ; la démobilisation des
combattants et leur réinsertion professionnelle.
On peut toutefois saluer la volonté exprimée par
les Etats membres de la CEEAC à travers notamment l'organisation d'un
séminaire portant réforme du secteur de sécurité en
Afrique Centrale placé sous l'égide du gouvernement de la
république démocratique du Congo en date du 15 janvier 2009 et
qui avait pour objectif :
- d'accroitre la sensibilité des acteurs
concernés de la sous région à l'importance de la
réforme des secteurs de sécurité (RSS) ainsi que la
compréhension de ses objectifs, de sa démarche et de ses
composantes
- Etablir un dialogue entre les acteurs gouvernementaux,
parlementaire et la société civile des pays membres de la CEEAC
sur la problématique de la RSS et entre les acteurs sous
régionaux et les acteurs internationaux impliqués afin de
faciliter des approches communes et collaboratives
- Recueillir, au profit de la sous région toute
entière, les leçons d'expériences des programmes de RSS
engagés par certains pays de la CEEAC
- Commencer à identifier le rôle que pourrait
jouer la CEEAC dans la promotion de la RSS dans la sous région et les
moyens dont elle devrait se doter à cette fin45(*)
Le Comité consultatif permanent des Nations Unies
chargé des questions de sécurité en Afrique centrale a
tenu quant à lui sa vingt-neuvième réunion
ministérielle à N'Djamena, au Tchad, le 9 et 13 novembre 2009.
Succédant au Gabon, le Tchad a assuré la
présidence du Comité pour sa vingt-neuvième
réunion.
Cette dernière a pour but de discuter des
évolutions récentes de la situation géopolitique et
sécuritaire dans la sous-région, des questions relatives à
la criminalité en Afrique centrale, y compris la piraterie maritime dans
le golfe de Guinée, ainsi que la promotion du désarmement et des
programmes de limitation des armements en Afrique centrale.
Le Comité a examiné « l'Avant-projet
d'instrument juridique pour le contrôle, en Afrique centrale, des armes
légères et de petit calibre (ALPC), de leurs munitions et de tout
équipement pouvant servir à leur fabrication » de même
que les éléments de son Plan d'action élaborés par
le Secrétariat du Comité dans le cadre de la mise en oeuvre du
deuxième volet de l'Initiative de Sao Tomé adoptée en mai
2007.
Les participants ont également discuté de la
contribution des femmes à la paix et à la sécurité
en Afrique centrale sur la base des résolutions du Conseil de
Sécurité 1325 (2000) et 1889 (2009), ainsi que des
résolutions 1820 (2008) et 1888 (2009) portant sur les violences
sexuelles en période de conflit armé.
Lors de la vingt-neuvième réunion
ministérielle, les 11 ministres étaient accompagnés de
hauts fonctionnaires civils et militaires.
La réunion était également ouverte, sur
invitation, à quelques observateurs, dont la Communauté
économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC)46(*), les missions et bureaux des
Nations Unies dans la sous-région (MONUC, MINURCAT, BONUCA),
l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), le Secrétariat
exécutif de la Conférence internationale sur la région des
Grands Lacs (CIRGL) et le Centre sous-régional des Nations Unies pour
les droits de l'homme et la démocratie en Afrique centrale (CNUDHD).
C'est dire donc qu'il y a une forte mobilisation en
matière de paix et de sécurité ; en raison même
de l'implication d'institutions internationale et sous régionale la
solution semble avoir été trouvée car plus les Etats
seront impliqués sérieusement dans le processus de paix, plus le
soutien de la communauté internationale en matière de paix et de
sécurité, sera efficace.
L'autre défit est relatif à
l'intégration.
PARAG.2e : Les perspectives
en matière d'intégration
En matière d'intégration, compte tenu des lenteurs
qui ont été notée, il convient d'envisager des moyens pour
y palier.
Il faut dire de prime abord que l'intégration ne peut se
faire dans un climat de conflit.
Il est nécessaire qu'il y ait une atmosphère de
paix et de sécurité sans lesquelles les tentatives entreprise en
la matière seraient vaines ; c'est un préalable
nécessaire à l'intégration.
Ainsi se pose une fois de plus la question de la
sécurité qui est un élément crucial en
matière d'intégration d'où l'importance du renforcement
des structures chargées des questions de paix en Afrique Centrale.
D'autre part, il faut souligner qu'en dépit de l'adoption
de certains accords tels que ceux portant sur la libre circulation des
personnes, biens, services et capitaux, dans les faits on remarque une
réticence des autorités à appliquer ces
dispositions ; on peut regretter que ces accords soient restés
lettre morte du fait de l'engagement insuffisant des Etats que d'aucuns n'ont
pas manqué de qualifier d'égoïsme national.
A cet égard, il conviendrait d'organiser des programmes de
sensibilisation des intervenants en matière d'intégration
En effet, tant que les Etats ignoreront les intérêts
que présente l'intégration, leur opposition ne sera que plus
accentuée.
Il faut un programme de sensibilisation dont l'effet attendu sera
de convaincre les Etats d'Afrique Centrale qu'ils ont plus à gagner dans
le cadre d'une intégration qu'étant isolés les uns des
autres.
Cependant reste à régler la question de la
disparité économique existant entre les différents Etats
membre de la CEEAC car l'on sait que certains Etats sont beaucoup plus riche
que d'autres Etats de la même organisation et cet écart constitue
un frein à l'intégration.
L'expérience en matière d'intégration de
l'Union européenne qui entretient depuis un certain temps une
coopération avec la CEEAC, sera bénéfique pour
l'intégration en Afrique Centrale car l'UE est composée d'Etats
qui ne sont pas tous économiquement sur un pied
d'égalité.
Les Etats doivent s'engager davantage dans le processus
d'intégration ; il s'agira de rendre effectives les conventions
prise en matière d'intégration.
C'est en ce sens que l'application effective et uniforme des
mesures favorisant l'intégration à l'exemple des dispositions
relatives à la libre circulation des personnes47(*), biens, services et
capitaux ; au droit d'établissement au sein de la CEEAC ;
l'effectivité de l'union douanière, l'harmonisation de la
fiscalité intérieure directe et indirecte.
Relativement à l'insuffisance institutionnelle, il faut
souligner que deux ans après la date présumée marquer la
fin de la phase transitoire conduisant à la relance de la CEEAC
(1999-2001), le bilan est maigre : la CEEAC n'a toujours pas de
réalisations concrètes en matière d'intégration.
Même le COPAX est bloqué48(*).
Vingt ans après sa création (1983-2003), et
comme le confirme le communiqué final de la conférence
extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement qui s'est tenue le 17 juin
2002 à Malabo, l'effectivité du démarrage de la CEEAC
reste attendue.
Les mêmes problèmes continuent de miner son
existence : la persistance de l'inadéquation de ses missions avec
les ressources mises à sa disposition, le caractère
aléatoire des contributions statutaires des Etats dans le financement
des activités du secrétariat général, la question
du siège, l'engagement mou du pays siège (Gabon), etc.
Or, le temps de l'Afrique Centrale est désormais
compté. La paix, la stabilité et l'intégration
régionale se présentent de plus en plus comme des
conditionnalités.
Différentes mutations internationales contraignent
l'Afrique à s'engager vers une telle évolution : les
dispositions de l'OMC, les accords de Cotonou du 23 juin 2000 relatifs au
partenariat UE-ACP, l'Union Africaine, le New Economic Partenership for African
Development (NEPAD), l'initiative commerciale américaine
dénommée African Growth and Opportunity Act (AGOA)... Toutes ces
initiatives Nord-Sud et/ou Sud-Sud prennent appui sur les efforts entrepris
à l'échelle de chaque sous-région.
Compte tenu de ce contexte et des objectifs visés, la
stratégie de l'intégration régionale recommandée
devrait être faite de flexibilité et de pragmatisme
symbolisée par la méthode de géométrie
variable49(*).
Cela permettrait de consolider les acquis en matière
d'intégration de la sous-région, et de négocier
l'extension de ces acquis selon les capacités des pays candidats
à ladite extension, étant entendu que les pays de la
première vague seraient fondés à formuler des conditions
à l'entrée de nouveaux candidats.
En d'autres termes, nous suggérons, comme alternative
pertinente et efficace, un approfondissement et un élargissement de la
CEMAC. En effet, comme susmentionné, on assiste à
l'émergence d'une dynamique propre à la CEMAC. Pourquoi ne pas
prendre appui sur elle dans une perspective de redynamisation, de relance et de
rénovation du processus d'intégration de l'Afrique
Centrale 50(*)?
En effet, d'un côté la CEEAC est un concept
viable (intégration de onze pays, mécanisme de paix et de
sécurité) mais demeure une institution virtuelle,
dépourvue de visibilité.
De l'autre, la CEMAC se dote progressivement et fermement
d'une dynamique propre (primauté du droit communautaire, financement
autonome) mais reste d'une viabilité géostratégique et
économique discutable.
Compte tenu des contraintes nationales, sous-régionales
et internationales qui s'exercent sur les Etat d'Afrique Centrale, et qui
induisent également un problème de temps, un diagnostic froid des
processus en cours inspiré par un souci de pragmatisme ne devrait-il pas
conduire à extraire le meilleur de chacune des deux institutions et en
faire un cocktail favorable à l'intégration de l'Afrique
Centrale ? Pour une Afrique Centrale handicapée par son absence
d'identité, il pourrait s'agir d'une évolution salutaire.
Cela d'autant plus que, autant un être humain ne peut se
passer de son coeur, autant l'intégration de l'Afrique ne peut
être effective si celle de l'Afrique Centrale (le coeur du continent)
n'avance pas51(*).
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrage :
· Frédéric GAGEY, Comprendre
l'économie Africaine, Harmattan, 1998
· Hakim Ben Hammouda, Les économie de l'Afrique
Centrale
· Mutoy MUBIALA, Coopérer pour la paix en
Afrique Centrale, UNIDIR, 2003
Mémoires et articles :
· Société Camerounaise, Coexistence entre
la CEEAC et la CEMAC : une nécessité ?
· AWOUMOU Côme Damiens Georges, Le couple
Cameroun-Gabon : moteur de l'Afrique Centrale ?
· Jean Marie Gankou Marcellin et Ndong Ntah,
L'intégration régionale en Afrique centrale en question
(original en anglais)
· Kisito Marie OWONA ALIMA, La prolifération et la
circulation illicite des armes légères et de petit calibre en
Afrique Centrale : étude du phénomène et analyse
critique des mécanismes de contrôle des ces armes
· Côme Damien Georges Awoumou, Le couple
Cameroun-Gabon et la dynamique d'intégration en Afrique Centrale :
enjeux, contraintes et réalités, Yaoundé, IRIC,
Thèse de Doctorat 3è Cycle, 2002
Textes :
· Résolution 55/22 de l'ONU
· Résolution 55/161 de l'ONU
· Résolution 61/256 de l'ONU
· Charte des nations unies
· Convention des Nations Unies contre la
criminalité transnationale organisée
· Protocole de Palerme relatif à la
prévention, la répression et à la sanction de la traite
des personnes
· Protocole relatif au conseil de paix et de
sécurité en Afrique Centrale
Bibliographie
électronique
www.ceeac-eccas.org
www.wikipédia.com
www.ladocumentationfrançaise.fr
Table
des matières
INTRODUCTION GENERALE
4
CHAP 1er : Une résolution
instituant une coopération entre la CEEAC et l'ONU
7
SECT 1e : Objectifs et domaines de la
coopération
7
PARAG. 1er : Les objectifs de la
coopération entre l'ONU et la CEEAC
7
PARAG.2e : Domaine de la
coopération entre l'ONU et La CEEAC
9
SECT 2e : Les moyens institutionnels,
normatifs et financiers de mise en oeuvre des objectifs visés par la
coopération
11
PARAG 1er : Les moyens
institutionnels de mise en oeuvre des objectifs visés par la
coopération
12
PARAG.2e : Les moyens juridiques et
financiers de mise en oeuvre des objectifs visés par la
coopération entre l'ONU et la CEEAC
17
CHAP.2e : Mise en oeuvre et
perspectives de la coopération entre la CEEAC et l'ONU
20
SECT.1e : Les problèmes significatifs
dans la mise en oeuvre de la résolution 55/22
20
PARAG.1er : Les insuffisances en
matière d'intégration et de sécurité
20
PARAG.2 : Les insuffisances en matière
de financement
25
SECT.2e: Les perspectives dans la mise en oeuvre
des objectifs visés par la coopération
28
PARAG.1er : Les perspectives en
matière de sécurité
28
PARAG.2e : Les perspectives en
matière d'intégration
31
BIBLIOGRAPHIE
35
* 1 Union douanière des
Etats de l'Afrique centrale
* 2 Communauté
économique des pays des grands lacs
* 3 A titre
complémentaire, consulter : Côme Damien Georges Awoumou, Le
couple Cameroun-Gabon et la dynamique d'intégration en Afrique Centrale
: enjeux, contraintes et réalités, Yaoundé, IRIC,
Thèse de Doctorat 3è Cycle, 2002
* 4 Art.2 du protocole relatif
au conseil de paix et de sécurité de l'Afrique Centrale
* 5 Art.1er du
règlement relatif au MARAC
* 6 Ibid.
* 7 Art.1er du
règlement relatif à la CDS
* 8 Art.1er du
règlement relatif à la FOMAC
* 9 Ibid.
* 10 Art.2 du règlement
relatif à la FOMAC
* 11 V. annexe
* 12 Ibid.
* 13 Hakim Ben Hammouda, centre
de développement sous-régional pour l'Afrique Centrale, Les
économie de l'Afrique Centrale 2002, page 87(...) 93.
* 14 Rappelons qu'il est
reconnu un droit d'établissement qu'à une catégorie de
personne ; ce qui n'est pas sans susciter de vives critiques de la part
des partisans d'une intégration effective en Afrique Centrale
* 15 Résolution 55/22
al. 3e
* 16 Le rapport de la
résolution 61/256 du 16 août 2006 pose en effet que
« l'Onu accorde la priorité au renforcement de la
capacité de la CEEAC en matière de prévention des
conflits, d'alerte rapide, d'assistance électorale et de maintien de la
paix
* 17 V. Profil CEEAC,
www.ceeac-eccas.org
* 18 Résolution 55/22
al. 2e
* 19 Art. 99 de la charte de
nations unies
* 20 Résolution 55/22
al.7e
* 21
www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/maintien-paix/
* 22 Protocole de Palerme
* 23 Communiqué de
presse CEEAC du jeudi 12 Novembre 2009
* 24 Mécanisme d'alerte
rapide en Afrique centrale
* 25 Force multilatérale
d'Afrique centrale
* 26 Site de la Fondation Paul
Ango Ela (FPAE), Coexistence CEEAC-CEMAC : une
nécessité ? , Société Camerounaise
* 27 AWOUMOU Côme Damiens
Georges, Le couple Cameroun-Gabon : moteur de l'Afrique
Centrale ?
* 28 Les Dépêches
de Brazzaville, Boris Kharl EBEKA, Bulletin ONU 18 septembre
2008(www.brazzaville-adiac.com)
* 29Jean Marie Gankou Marcellin
et Ndong Ntah, L'intégration régionale en Afrique centrale en
question (original en anglais)
* 30 Ibid.
* 31 K Kisito Marie OWONA
ALIMA, La prolifération et la circulation illicite des armes
légères et de petit calibre en Afrique Centrale :
étude du phénomène et analyse critique des
mécanismes de contrôle des ces armes
* 32 Ibid.
* 33 Selon l `expression
d'Anatole Ayissi, paix générale et sécurité
fragmentée : l'Afrique dans / et le nouvel ordre
sécuritaire. Mondial,
www.africa action.
Org/rtable/ayi0003f.htm
* 34 Kisito Marie OWONA ALIMA,
ibid.
* 35 Création de la
FOMUC pour le maintien de la paix en Centrafrique par exemple
* 36 Wikipédia,
Organisation des nations unies
* 37 Ibid. Cinquième
comité de la soixante-et-unième assemblée
générale des Nations Unies, 22 décembre 2006.
* 38 Ibid.wikipédia
* 39 Ibid.UNA-Canada,
«
LIAISON
Vol. 3, No. 6, November 1999 ». Consulté le 31.7.2009
* 40 (Fr)
ONU : seuls
31 pays sur 192 versent leur contribution à temps - Novosti,
2
février
2007
* 41Wikipédia,
Rapport
au Sénat 1997-1998
* 42 Ibid.
Rapport au
Sénat (2001)
* 43 Frédéric
GAGEY, Comprendre l'économie africaine, harmattan 1985, page
531
* 44 Différentes
mutations internationales contraignent l'Afrique à s'engager vers une
telle évolution : les dispositions de l'OMC, les accords de Cotonou
du 23 juin 2000 relatifs au partenariat UE-ACP, l'Union Africaine, le New
Economic Partenership for African Development (NEPAD), l'initiative commerciale
américaine dénommée African Growth and Opportunity Act
(AGOA)
* 45 Communiqué de
presse du Jeudi 15 janvier 2009, www.CEEAC-ECCAS.org
* 46 Rappelons que cette
dernière s'est vu attribuée le statut d'observateur
auprès des nations unies par la résolution 55/161
* 47 La libre circulation ne
concerne à ce jour que certaines catégories de personnes ce qui
est un frein à l'intégration car visant à opérer
une distinction entre individu de la même sous région voire
même d'un même pays
* 48 La société
camerounaise, ibid.
* 49 La société
camerounaise, Ibid.
* 50 Ibid.
* 51 La société
camerounaise, ibid.
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