ENGAGEMENTS
Le mémoire est un travail d'initiation à la
recherche et à la rédaction d'un document scientifique sur un
thème donné généralement tiré d'un
problème de population et/ou de développement. Il permet à
l'étudiant de démontrer ses aptitudes à mener des
recherches scientifiques.
C'est un travail individuel dont le choix du sujet est fait
par l'étudiant. Bien que tout au long de la réalisation du
mémoire, l'étudiant soit encadré par un directeur
assisté d'un lecteur, la responsabilité du mémoire lui
incombe entièrement. C'est dire que les opinions émises dans le
présent document engagent les propres responsabilités de son
auteur et n'engagent en rien le comité d'encadrement et l'Institut de
Formation et de Recherche Démographiques (IFORD).
A toi
DEDICACE
Mon Père, CHIACK DJILI pour m'avoir inculqué le
goût du travail, Ma mère, Manaye LIAKE qui a tant souffert pour
mon éducation, Ma chère épouse, Mayedang DAMA pour ton
accompagnement.
A vous
|
Mes enfants, BREYE FOKA Lagloire et BREYE LYNNE Bonheur pour deux
années de privation,
Mes frères et soeurs, pour vos soutiens.
|
Je vous dédie ce travail.
REMERCIEMENTS
Le présent document a été
réalisé avec le concours de certaines personnes. Il nous
paraît donc utile de remercier ces personnes qui, de près ou de
loin ont contribué chacun à son niveau à rendre possible
ma formation à l'IFORD et à ce que ce document puisse voir le
jour.
Nous remercions d'abord notre directeur de mémoire, le
Professeur EVINA AKAM pour avoir bien voulu encadrer ce
travail malgré ses multiples occupations. Pour votre rigueur, votre
disponibilité et vos conseils, nous vous disons une fois encore
merci.
Nos remerciements vont ensuite à l'endroit de
Dr. Hélène KAMDEM KAMGNO et Dr. Yanyi K. Djamba
respectivement notre lectrice et notre mentor pour leurs pertinentes
observations et suggestions au cours de la rédaction de ce document. Que
vous puissiez trouver ici l'expression renouvelée de toute notre
reconnaissance.
A la Direction de l'IFORD, son corps enseignant et administratif,
nous disons aussi merci pour l'effort consenti pour assurer notre formation.
Nous ne saurons terminer sans nous rappeler de l'appui sans
faille du FNUAP dans le financement de notre étude. Que les responsables
de cette institution soient remerciés à travers le Gouvernement
Tchadien qui a bien voulu négocier ce financement.
Nos remerciements s'adressent enfin à notre grand
frère YABE CHIACK-DJILI pour son soutien pendant toute la durée
de notre formation à l'IFORD. Que le Dieu qui surpasse toutes choses
puisse davantage raffermir nos coeurs pour une solidarité sans
faille.
A tous nos camarades de la 28e promotion, nous
adressons nos vifs remerciements pour leur franche collaboration pendant toute
la durée de la formation.
SIGLES ET ABREVIATIONS
AFCM: Analyse Factorielle des Correspondances Multiples BET:
Borkou Ennedi Tibesti
BCR: Bureau Central de Recensement
CFA: Communauté Financière Africaine
CICR: Comité International de la Croix Rouge
DCAP: Direction de la Coordination des Activités en
matière de Population ECOSIT: Enquête sur la Consommation et le
Secteur Informel au Tchad EDST: Enquête Démographique et de
Santé au Tchad
FIDH: Fédération Internationale des Droits de
l'Homme FROLINAT: Front de Libération Nationale
IDP: Internally Displaced Persons (Personnes
Déplacées Internes) IFORD: Institut de Formation et de Recherche
Démographiques INED: Institut National d'Etudes Démographiques
MAT: Ministère de l'Administration du Territoire
MJE : Mouvement pour la Justice et l'Egalité
MLS : Mouvement de Libération du Soudan
MPR: Milice Populaire et Révolutionnaire
MSF : Médecin Sans Frontière
OCDE: Organisation pour le Commerce et le Développement
Economique OIM: L'Organisation Internationale des Migrations
ONGs: Organisations Non Gouvernementales
ONU: Organisation des Nations Unies
PAM: Programme Alimentaire Mondial
PIB: Produit Intérieur Brut
PNB: Produit National Brut
PNUD: Programme des Nations Unies pour le Développement
PR: Présidence de la République
RPGH: Recensement Général de la Population et de
l'Habitat FNUAP: Fonds des Nations Unies pour la Population
UNHCR: Haut Commissariat des Nations Unies pour les
Réfugiés UNICEF : Organisation des Nations Unies pour
l'Enfance
TABLE DES MATIERES
ENGAGEMENTS i
DEDICACE ii
REMERCIEMENTS iii
SIGLES ET ABREVIATIONS iv
TABLE DES MATIERES v
LISTE DES TABLEAUX viii
LISTE DES CARTES, GRAPHIQUES ET FIGURES viii
RESUME ix
INTRODUCTION GENERALE 1
1. Déplacement forcé dans le Monde et en Afrique
1
2. Zone d'étude et importance du déplacement
forcé interne 4
3. Problématique 6
4. Objectif visé 7
5. Plan du travail 7
CHAPITRE I: ELEMENTS DU CONTEXTE GENERAL 8
1.1. Un territoire composite au centre de l'Afrique 9
1.2. Climat, source de conflits agriculteurs/éleveurs
12
1.3. Inégale répartition de la population sur
l'ensemble du territoire 14
1.4. Pétrole, nouvel enjeu majeur de la
géopolitique tchadienne 16
1.5. Instabilité politique, facteur essentiel de
déplacement forcé 19
CHAPITRE II: APPROCHE THÉORIQUE DE L'ÉTUDE
23
2.1. Revue de littérature sur la migration forcée
23
2.1.1. Expliquer la migration forcée: quelques approches
théoriques 23
A. Approche sociologique 24
B. Approche ethno-réaliste 25
1) Peur et conflits ethniques 25
2) Dilemme sécuritaire et conflits ethniques 26
3) Solutions ethno-réalistes 27
C. Nouvelle approche intégrée du Haut Commissariat
pour les Réfugiés 29
2.1.2. Déterminants du retour de la migration
forcée: une revue de littérature 30
a) Caractéristiques individuelles 31
b) Milieux d'origine et d'accueil 32
2.1.3. Vue d'ensemble 34
2.2. Hypothèse principale et cadre conceptuel 35
2.3. Définition des concepts 36
2.3.1. Contexte du milieu d'origine 36
2.3.2. Contexte du milieu d'accueil 36
2.3.3. Caractéristiques individuelles 36
2.4. Hypothèses spécifiques et variables d'analyse
37
2.4.1. Hypothèses spécifiques 37
2.4.2. Variables d'analyse de l'étude 38
a) Variable dépendante 38
b) Variables indépendantes 38
Synthèse partielle 39
CHAPITRE III: ASPECTS METHODOLOGIQUES 40
3.1. Source de données et méthodologie de collecte
de données 40
3.1.1. Source de données 40
3.1.2. Méthodologie de collecte de données 41
a) Champ de l'étude et la population cible 41
b) Elaboration des documents techniques 41
c) Dénombrement et plan de sondage 42
c1. Dénombrement 42
c2. Plan de sondage 42
3.2. Evaluation de la qualité des données 44
3.2.1. Taux de réponses des variables 44
3.2.2. Pyramide des âges des IDPs 46
3.2.3. Calculs des indices statistiques 48
a) Indice de WHIPPLE 48
b) Indice de MYERS 49
c) Indice de BACHI 50
3.3. Méthodes d'analyse statistique 53
3.3.1. Analyse descriptive 53
a) Analyse bivariée 53
b) Analyse factorielle des correspondances multiples (AFCM)
53
3.3.2. Analyse explicative 54
3.3.3. Justification du choix du modèle 54
Synthèse partielle 54
CHAPITRE IV: VARIATIONS DIFFERENTIELLES ET DETERMINANTS
DES INTENTIONS DE RETOUR DES IDPs 56
4.1. Profils démographiques et socioéconomiques des
IDPs 56
4.1.1. Répartition des IDPs selon leurs
caractéristiques démographiques 56
a) IDPs à majorité des femmes et des personnes
jeunes 56
b) Des déplacés à majorité des
personnes mariées 58
4.1.2. Répartition des IDPs selon les
caractéristiques socioéconomiques 59
a) Des déplacés essentiellement sans instruction
59
b) Des déplacés essentiellement des agriculteurs
60
c) Répartition des IDPs selon l'appartenance ethnique
61
4.2. Variations différentielles des intentions de retour
des IDPs 62
4.2.1. Variations des intentions de retour selon les conditions
de départ 63
a) Variations selon les causes du déplacement 63
b) Variations selon les pertes de biens au moment du
départ 63 4.2.2. Variations des intentions de retour selon les
conditions de vie dans le milieu d'accueil 64
a) Variations selon l'accès à l'eau potable 64
b) Variations selon la possession de terre cultivable dans le
milieu d'accueil 65
4.2.3. Variations des intentions selon les
caractéristiques individuelles 66
a) Variations selon le sexe 66
b) Variations selon l'âge 66
c) Variations selon l'état matrimonial 67
d) Variations selon le niveau d'instruction 67
e) Variations selon l'activité économique 67
f) Variations selon le statut dans le ménage 68
g) Variations selon l'appartenance ethnique 69
4.3. Essai de catégorisation des IDPs selon leurs
intentions de retour 71
4.4. Essai d'identification des déterminants des
intentions de retour des IDPs 75
4.4.1. Conditions de départ des IDPs 75
4.4.2. Conditions de vie dans le milieu d'accueil 76
4.4.3. Caractéristiques individuelles des IDPs 76
a) Sexe 76
b) Ethnie 77
c) Activité économique 77
Synthèse partielle 81
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS 82
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 87
1. Ouvrages généraux 87
2. Ouvrages spécifiques 87
3. Articles, périodiques et chapitres d'ouvrages 88
4. Sites Internet 90
ANNEXES x
Annexe 1 : Questionnaire d'enquête auprès des
personnes déplacées à l'est du Tchad x
Annexe 2 : Principe du modèle de régression
logistique et paramètres descriptifs xviii
A) Principe xviii
B) Paramètres descriptifs xix
Annexe 3: Tableaux des profils des IDPs xix
Tableau A3.1: Répartition des IDPs selon l'âge et le
sexe xix
Tableau A3.2: Répartition (en %) des IDPs selon
l'état matrimonial et le sexe xx
Tableau A3.3: Répartition des IDPs selon le niveau
d'instruction et le sexe xx
Tableau A3.4: Structure des IDPs selon l'activité
économique et le sexe xx
Tableau A3.5: Répartition des IDPs selon l'appartenance
ethnique et le sexe xxi
Annexe 4: Calcul des indices statistiques xxi
Tableau A4.1: Indice de MYERS xxi
Tableau A4.2: Indice de BACHI xxii
Annexe 5: Ajustement de données sur l'âge xxiii
Tableau A5.1: Répartition des IDPs ajustées par
âge par la méthode des Nations Unies xxiii
INDEX ALPHABETIQUE xxiv
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 2.1: Synthèse des définitions des
concepts 37
Tableau 3.1: Répartition des IDPs
enquêtées selon les sites 43
Tableau 3.2: Taux de réponses et de non
réponses des variables 45
Tableau 3.3: Indice de WHIPPLE 49
Tableau 3.4: Indice de MYERS 50
Tableau 3.5: Indice de BACHI 51
Tableau 4.1: Proportions (%) des IDPs selon l'intention
de retour et les conditions de départ 64
Tableau 4.2. Proportions (%) des IDPs selon l'intention
et les conditions de vie dans le milieu d'accueil 65
Tableau 4.3 : Proportions (%) des IDPs selon l'intention
de retour et les caractéristiques individuelles et économiques
69
Tableau 4.4 : Caractérisation des axes 1 et 2.
72
Tableau 4.5: Risques relatifs de l'acceptation de retour
au village d'origine 79
LISTE DES CARTES, GRAPHIQUES ET FIGURES
Carte 0.1: Principaux sites et évolution des
effectifs des IDPs 5
Carte 1.1 : Division administrative du Tchad
11
Figure 2.1: Schéma conceptuel de l'intention de
retour des IDPs. 35
Tableau 2.1: Synthèse des définitions des
concepts 37
Figure 2.2: Schéma d'analyse de l'étude
39
Figure 3.1: Pyramide des âges des IDPs à
l'Est du Tchad en 2007 47
Figure 3.2: Pyramide des âges lissée par la
méthode des Nations Unies 52
Graphique 4.1: Répartition (%) des
enquêtés par tranches d'âges selon le sexe 57
Graphique 4.2: Répartition (%) des IDPs selon
l'état matrimonial et le sexe 58
Graphique 4.3: Répartition (%) des IDPs selon le
niveau d'instruction et le sexe 60
Graphique 4.4: Répartition (%) des IDPs selon
l'activité économique et le sexe 61
Graphique 4.5: Répartition (%) des IDPs selon
l'appartenance ethnique et le sexe 62
Figure 4.1: Plan factoriel (1, 2). 74
RESUME
Depuis le début de la crise du Darfour en 2003, plus de
172 600 Tchadiens ont fui leurs villages pour trouver refuge dans les camps des
réfugiés ou dans des villages situés autour de ces camps.
Les résultats de l'enquête sur les conditions de vie et
d'installation, les origines géographiques, les intentions de retour et
perspectives des IDPs, menée en avril 2007 par l'UNHCR,
révèlent qu'environ 52,0% des personnes interrogées n'ont
pas exprimé le désir de retourner dans leurs villages
d'origine.
La présente étude, qui a pour but de
présenter les faits relatifs aux IDPs à l'Est du Tchad pour aider
les décideurs à prendre des mesures conséquentes pour leur
retour volontaire dans leurs villages d'origine, a été
réalisée à partir des données de l'enquête de
l'UNHCR de 2007.
L'analyse descriptive des données de cette étude
montre que l'intention de retour varie considérablement selon le sexe,
l'état matrimonial, l'activité économique, l'ethnie,
l'accès à l'eau potable, la perte de biens pendant la fuite, le
statut dans le ménage et les causes du déplacement au sein de la
population à l'Est du Tchad en 2007. Il ressort aussi de cette analyse
que les IDPs de sexe feminin, célibataires vivant sous couvert des chefs
de ménage, n'exerçant aucune activité économique ou
exerçant dans le commerce, âgées entre 15 et 34 ans, ayant
un niveau d'étude primaire, ayant fui à cause de
l'insécurité créée par les forces gouvernementales
et les exactions des «janjaweeds», n'ayant pas de terre cultivable
dans leurs milieux d'accueil, ayant perdu des biens pendant la fuite, ayant
accès à l'eau potable et appartenant aux ethnies dadjo et
kadjaksé expriment le désir de ne pas retourner dans leurs
villages d'origine. Par contre le groupe des IDPs ayant une grande propension
à retourner dans leurs villages d'origine est constitué des
hommes mariés ou veufs, chefs de ménage, âgés entre
35-59 ans, exerçant dans l'agriculture, n'ayant aucun niveau
d'instruction et ayant fui à cause des conflits communautaires. Au
niveau explicatif, il ressort des analyses que le sexe, l'ethnie,
l'accès à l'eau potable, l'activité économique et
les causes du déplacement des IDPs sont les déterminants de leurs
intentions de retour dans leurs villages d'origine.
Il découle de ce qui précède qu'une
action particulière doit être menée auprès des
femmes sans emploi vivant sous couvert des chefs de ménage et ayant
perdu des biens au moment de la fuite et ceci dans l'espoir d'aboutir à
un retour volontaire.
INTRODUCTION GENERALE
«... Jamais encore dans l'histoire récente,
des foules aussi nombreuses, dans autant d'endroits du globe, n'avaient
été obligées de quitter leur pays ou leur
communauté pour chercher refuge ailleurs. Jamais encore le
problème du déplacement massif de populations n'avait tant
préoccupé les Nations Unies et ses Etats membres. Et jamais
encore le sort des personnes déracinées n'avait été
communiqué à un public aussi étendu, ni illustré de
manière si frappante«.
Haut Commissariat des Nations Unies pour les
Réfugiés, 1995, p.11.
1. Déplacement forcé dans le Monde et en
Afrique
Aujourd'hui, aucun continent n'est à l'abri du
problème de déplacement forcé comme le dit clairement le
Haut Commissariat des Nations Unies pour les
Réfugiés1. Certaines circonstances obligent les
populations à faire des déplacements inopinés, collectifs,
regroupant toutes les classes d'âge, toutes les catégories
sociales. Il peut s'agir d'exode, de fuites face à des situations de
danger (catastrophe naturelle, famine, violence) ou de déplacements
imposés par des gouvernements ou des factions armées. Certains de
ces déplacements sont temporaires: le danger passé, les groupes
se réinstallent, avec plus ou moins de difficultés, dans leur
espace de départ. Ces retours peuvent être rapides: les
agriculteurs reviennent dans leurs villages quelques semaines ou quelques mois
après une inondation, une éruption volcanique, etc. Dans d'autres
cas, la situation se prolonge ou se pérennise, les familles
s'établissant dans de nouveaux lieux de façon durable. Ils
rentrent, consciemment ou non, dans la logique de la migration.
On réserve le terme de personnes
déplacées aux victimes des migrations sous contraintes qui
restent dans les frontières de leur pays, contrairement aux
réfugiés qui ont traversé ces frontières
et qui cherchent la protection d'un autre Etat. Ce sont ces
réfugiés uniquement qui bénéficiaient de la
protection et de l'assistance de l'UNHCR. Mais face à la multiplication
des conflits armés faisant des milliers de déplacés
internes et surtout aux
1 UNHCR, Les réfugiés dans le monde:
en quête de solutions, La découverte, Paris (France), 1995,
p.11.
réticences croissantes des pays à recevoir de
nouveaux réfugiés, l'UNHCR a décidé d'intervenir
dans certaines zones pour protéger et assister les personnes
déplacées à l'intérieur de leurs pays.
Le rapport de l'UNHCR de 1997 note qu'au-delà des
problèmes de définition, un vaste consensus international
s'accorde à reconnaître que la population mondiale des personnes
déplacées à l'intérieur de leurs propres pays est
de l'ordre de 25 à 30 millions de personnes. Les études de
l'Organisation des Nations Unies et de ses agences, ainsi que du Comité
international de la Croix-Rouge (CICR) au début des années 1990
montrent que l'Afrique est de loin le continent le plus touché par ce
problème avec environ 16 millions de déplacés internes.
L'Asie en recense entre 6 et 7 millions, l'Europe 5 millions et les
Amériques centrale et du Sud, 3 millions. Des situations nouvelles
apparaissent au Kosovo, au Timor oriental et en Tchétchénie.
Autant de crises qui semblent attester de l'aggravation du problème du
déplacement interne de populations. Dans le même temps, des
situations plus anciennes comme celles de l'Afghanistan, de l'Angola, du
Burundi, de la Colombie, du Sri Lanka et du Soudan continuent de se
dégrader. D'autres, comme celles de l'Azerbaïdjan et de la
Géorgie, restent stationnaires sans que des solutions durables ne soient
en vue. Dans nombre de ces conflits, le déplacement de la population
civile est au coeur même des objectifs de la guerre. Les conflits
rwandais et yougoslaves en sont les illustrations les plus
médiatisées.
Ce même rapport décrit certaines situations des
IDPs à la mi-1997: en Azerbaïdjan par exemple, écoles,
hôpitaux, usines désaffectées et wagons continuent à
être utilisés pour abriter le demi million de IDPs par le long
conflit qui oppose, depuis 1988, ce pays à l'Arménie (au sujet du
Ngorny-Karabakh). Au Sri Lanka, le conflit ancien qui oppose les forces
armées sri lankaises aux séparatistes tamouls a provoqué
une des situations de déplacement interne les plus importantes et les
plus durables du monde: elle concerne plus d'un million de personnes. En
Turquie, le conflit entre les forces armées et les
indépendantistes kurdes a obligé nombre de villageois à
quitter leurs montagnes pour s'installer dans les villes. L'estimation du
nombre de ces IDPs varie entre 500 000 et 2 000 000. En ce qui concerne l'Iraq
et la Birmanie, on compte respectivement 1,1 millions en Iraq et environ 1
million de personnes réfugiées dans une autre partie de leur pays
d'origine en raison de la guerre et des violences (il s'agit des IDPs) selon le
Global IDP Project en 2003. Le Soudan, déchiré par la
guerre civile depuis plus d'une décennie, est considéré
comme le pays comptant actuellement le plus grand nombre de
déplacés, soit quelques quatre (4) millions de
personnes2. La moitié d'entre eux a quitté le sud pour
les régions du nord du pays, notamment Khartoum où beaucoup ont
été placés dans des camps spéciaux. En 2003, trois
(3) millions de personnes ont fui les violences en République
Démocratique du Congo, dont 700 000 personnes dans la province de l'Est
(Global IDP Project, 2003). En Colombie enfin, le nombre de IDPs s'est
fortement accru depuis 1995 pour atteindre 900 000 en 1997 et trois (3)
millions en 2004 soit 7,0% de la population (UNHCR, 2004).
La Banque Mondiale, principale investisseur des grands travaux
réalisés dans le Tiers Monde, s'est préoccupée
d'une autre catégorie de migrants forcés ou contraints: les
victimes du développement. Elle estime à 90 ou 100 millions le
nombre de personnes déplacées de force dans le monde au cours de
ces dix dernières années à cause de chantiers de grande
ampleur (construction de barrages, infrastructures de transport,
développement urbain, etc).
Une autre catégorie de déplacés est
régulièrement évoquée depuis une dizaine
d'années, notamment dans la littérature anglo-saxonne: les
«éco-réfugiés», victimes de la rupture durable
de l'équilibre entre population et ressource (Lassaily-Jacob, 1999
cité par Michelle GUILLON et Nicole SZTOKMAN, 2004, p.150). L'exemple le
plus fréquemment proposé est le déplacement des
éleveurs du sahel, chassés par la multiplication des
épisodes de sécheresse. On y rattache aussi les
déplacements entraînés par les perturbations climatiques
liées au courant El Niño3 en 1997-1998:
inondations au Bangladesh ou gigantesque incendie en Indonésie. Mais il
n'existe que peu de travaux et aucune donnée fiable n'est disponible sur
cette catégorie de migrants. Les personnes déplacées et
plus particulièrement les plus vulnérables (femmes et les
enfants) sont sous le coup de toute sorte de menaces: pertes de leurs
possessions, privation de biens et de services, violences et
insécurité, etc.
2 GUILLON (M.) et SZTOKMAN (N.), Géographie
mondiale de la population, 2e éd., Paris (France), 2004,
p150.
3
El Nino est un courant chaud qui tient sa renommée des
catastrophes climatiques qu'il engendre et qui ont déjà
causé des milliers de morts
2. Zone d'étude et importance du
déplacement forcé interne
L'impact de la crise du Darfour sur le Tchad s'est traduit non
seulement par l'afflux de Soudanais, mais également par le retour de
Tchadiens (installés au Soudan suite à la famine qui a
sévit au Tchad en 1983-84) et par des déplacements internes.
Ceux-ci sont provoqués par des tensions internes au Tchad dues à
la présence de groupes armés opposés à l'actuel
régime politique et qui opèrent depuis le Darfour. La crise de
déplacement interne dans cette région n'a commencé
qu'à la fin de 2005.
Ainsi, l'UNHCR (2007) annonce un chiffre global de plus de 172
600 personnes déplacées à l'Est du Tchad toutes causes
confondues. Il indique que, près de 53 000 civils tchadiens ont
été contraints de fuir la frontière sud-est avec le
Darfour (Soudan) à cause de la guerre entre fin 2005 et mi-2006. Les
attaques des «janjaweeds»4 ont fait fuir plus de 1.000
personnes qui se sont rendues dans le camp de déplacés internes
situé à Habile, qui accueillait déjà 3.500
Tchadiens. Entre décembre 2006 et janvier 2007, la situation s'est
encore détériorée et une autre vague d'attaques dans la
région de Koukou-Angarana (au sud-est de Goz Beida dans le Dar Sila) a
fait environ 20 000 déplacés Tchadiens. Plus de 10 000 ont
été déplacés en raison des attaques
transfrontières dans la région de Borota (dans le
département d'Assongha).
L'UNHCR (2007) annonce qu'environ 63.000 Tchadiens ont
été déplacés suite à des violences
interethniques dans l'Est du Tchad. Ces violences se sont
perpétuées durant l'année 2006, particulièrement au
cours du second semestre, et en 2007. Suite à une vague de violences
interethniques qui a débuté fin 2006, environ 25 000 Tchadiens se
sont déplacés et rassemblés aux alentours de Goz Beida
(situé à l'ouest du Dar Sila) près de Koukou-Angarana et
dans la zone de Koloy/Ade5(située à la
frontière du Dar Sila avec le Soudan). Le UNHCR annonce que plus de 10
000 personnes provenant de plus de 20 villages ont fui les hostilités
intercommunautaires et se sont rassemblés dans le village de Gassire,
à 8 km au nord de la localité de Goz Beida (dans le Dar Sila),
tandis que d'autres se sont déplacés vers le camp des
réfugiés de Goz Amir6(près de Koukou Angarana).
Dans la vague de conflit intercommunautaire qui a débuté en mars
2007, plus de 9 000 personnes provenant de 31
4 Littéralement «diables à
cheval» sont issus des tribus pastorales soudanais qui n'hésitent
pas à pénétrer le territoire tchadien pour y mener des
razzias à la fois contre les populations soudanaises
réfugiées mais de plus en plus souvent contre les populations
tchadiennes.
5 MSF, rapport d'activité,
N'Djaména, 2006, p.12.
6 Ibidem, P.5.
villages ont été contraints à fuir. Ces
attaques auraient causé la mort d'au moins 220 personnes. Toutes ces
IDPs se trouvent groupées dans plusieurs sites, plus de 100.000 d'entre
elles se trouvent dans le seul département de Dar Sila.
La présente étude concerne l'ensemble des
départements de Dar Sila, de Ouara et d'Assoungha (situés
à la frontière du Darfour) où des sites pour les personnes
déplacées internes (IDPs) sont installés.
Carte 0.1: Principaux sites et évolution des
effectifs des IDPs
3. Problématique
Les conflits armés, interethniques et
intercommunautaires provoquent souvent des déplacements massifs de
personnes, tant à l'intérieur des frontières d'un pays
qu'à travers des frontières internationales. Dans la plupart des
cas, ces personnes ont dû partir en laissant derrière elles
presque tout ce qu'elles possédaient. Elles sont obligées de
parcourir de longues distances, souvent à pied, pour trouver un
sanctuaire à l'écart des combats. Des familles sont
dispersées, des enfants sont séparés de leurs parents dans
le chaos de la fuite, des personnes âgées, trop faibles pour
entreprendre un voyage aussi pénible, sont abandonnées à
leur sort. C'est pourquoi le déplacement de personnes dans leur propre
pays à cause d'une guerre ou d'une catastrophe naturelle est une source
de préoccupation de plus en plus importante à travers le monde.
Inquiétude tout à fait justifiée: très souvent, les
déplacés internes souffrent de conditions d'existence
extrêmement dures qui mettent en péril leur survie même. De
même, contrairement aux réfugiés, les IDPs ne sont pas
protégées par une convention spécifique, elles sont
protégées par diverses branches du droit, en particulier le droit
national, le droit des droits de l'homme et, si elles se trouvent sur le
territoire d'un État en proie à un conflit armé, le droit
international humanitaire.
Ainsi, le déplacement forcé massif des personnes
à l'Est du Tchad a provoqué une très forte concentration
dans les zones d'accueil et dans les camps des réfugiés
occasionnant des violations du droit humanitaire et des droits des civils. Cela
fait naître des conflits entre populations déplacées et
autochtones ou entre groupes ethniques différents. Par exemple, à
Dogdoré (au sud-est du Dar Sila à la frontière du Soudan),
village de 3.000 habitants, environ 27.000 déplacés y ont
trouvé refuge. Certaines populations civiles ont souvent vu leurs
maisons, leur bétail et autres biens détruits ou volés
dans leurs milieux de départ7. Les IDPs sont
extrêmement vulnérables et elles n'ont qu'un accès
très limité aux ressources fondamentales telles que l'eau, la
nourriture et les soins de santé8.
Dans ce contexte, le retour des IDPs dans leurs villages
d'origine s'avère nécessaire et même urgent pour
libérer les zones d'accueil des pressions exercées sur les
ressources et rééquilibrer les rapports sociaux entre les milieux
d'accueil et de départ. Mais d'après les
7 MPAKO F., Déplacés internes au
Tchad: coincés entre la guerre civile et la crise soudanaise du Darfour
- Rapport de mission, Genève (Suisse), 2007, P.18.
8 UNHCR, Les personnes déplacées
interne, questions et réponses, Genève (Suisse), 2006,
P.10.
résultats de l'enquête réalisée par
l'UNHCR auprès de ces IDPs en avril 2007, plus de la moitié
(environ 52,0%) des IDPs n'ont aucune intention de retourner dans leurs
villages d'origine. Ainsi, il devient urgent d'analyser les facteurs qui
conduisent ces IDPs à refuser de retourner dans leurs villages
d'origine, ce qui nous amène à nous poser la question suivante:
Comment comprendre le refus des IDPs de retourner dans leurs villages
d'origine? Quels sont les déterminants de leurs intentions de retour?
Voilà les quelques interrogations qui résument l'essentiel de
notre problématique.
4. Objectif visé
L'objectif principal de cette étude est de contribuer
à la connaissance des intentions de retour des IDPs en mettant à
la disposition des décideurs politiques tchadiens et leurs partenaires
(qui interviennent auprès des IDPs à l'Est du Tchad), des
indicateurs leur permettant de mieux préparer le retour des IDPs dans
leurs villages d'origine. Cette étude vise plus spécifiquement
à:
1. Déterminer les profils démographiques et
socioéconomiques des IDPs selon leurs intentions de retour;
2. Identifier les déterminants des intentions de retour
des IDPs dans leurs villages d'origine.
5. Plan du travail
Pour atteindre les objectifs visés, nous avons choisi
de subdiviser ce travail en quatre chapitres. Dans le premier chapitre, nous
présentons quelques éléments du contexte
général de notre étude et examinons dans le second
chapitre quelques approches qui ont tenté d'expliquer la migration
forcée. Le troisième chapitre aborde la question de la
méthodologie et la source de données utilisées pour les
analyses. Enfin, le quatrième chapitre porte sur l'essai
d'identification des déterminants des intentions de retour des IDPs. Ce
travail se termine par une conclusion qui fait la synthèse des quelques
résultats et présente les recommandations formulées
à l'issus de ces résultats.
CHAPITRE I: ELEMENTS DU CONTEXTE GENERAL
Situé au coeur de l'Afrique entre le
8ème et le 23ème degré de latitude
Nord et le 14ème et le 24ème degré
de longitude Est, le Tchad couvre une superficie de 1 284 000 Km2.
Il est limité au Nord par la Libye, à l'Est par le Soudan, au Sud
par la République Centrafricaine et à l'Ouest par le Cameroun, le
Nigeria et le Niger. Le pays est enclavé et ne dispose d'aucun
accès à la mer. Le port le plus utilisé est celui de
Douala (Cameroun), situé à environ 2.000 km de N'Djaména,
la capitale.
Selon le recensement de la population et de l'habitat (RGPH)
de 1993, le Tchad compte une population d'environ 6,3 millions d'habitants dont
80,0% vit en milieu rural. Parmi cette tranche de la population rurale, la
majorité vit dans une situation d'extrême pauvreté. La
croissance démographique de 2,5% par an, liée au faible niveau de
développement et à une politique de population encore
embryonnaire, constitue une contrainte réelle pour la progression du
revenu par habitant estimé à 254 $ US soit 152 400 FCFA (1$ = 600
FCFA).
La densité de 4,9 habitants au km2 en
moyenne cache une grande disparité entre les différentes
régions du pays. En effet, elle est de 0,12 habitants au km2
pour la région du Borkou, Ennedi Tibesti (BET) et de plus de 50
habitants au km2 pour celle du Logone Occidental et Oriental. Il
résulte de cette situation une forte pression sur les terres dans la
partie méridionale du pays, où on observe d'une part, une
importante dégradation de l'environnement avec une baisse de la
fertilité des sols et d'autre part, des conflits
agriculteurs/éleveurs pour l'exploitation des ressources qui tendent
à se généraliser.
Le pays est marqué par des décennies de guerres
civiles dont la conséquence principale est l'insécurité
généralisée dans le pays. De plus, sa situation au coeur
du continent africain lui impose des conditions physiques qui influencent
négativement la plupart des activités économiques. En
2003, l'exploitation de l'or noir donnait l'espoir au peuple Tchadien par
rapport au développement du pays mais cet espoir s'est vite brisé
à cause de l'insécurité aggravée par l'exploitation
de cette ressource.
1.1. Territoire composite au centre de
l'Afrique
Située au coeur de l'Afrique et au carrefour de
civilisations entre l'Afrique blanche arabe et l'Afrique noire, l'ancienne
colonie française du Tchad, indépendante depuis 1960,
présente l'une des situations géopolitiques les plus
compliquées du continent. Depuis un quart de siècle, la confusion
de guerres civiles à répétition et la complication des
interventions militaires françaises ont obscurci les problèmes
d'un pays pauvre et enclavé, sans ressources d'exportation, et dont
l'unité nationale, beaucoup plus fictive que réelle, est
menacée par l'opposition entre un Nord musulman et un Sud animiste et
partiellement christianisé.
Le Tchad a hérité de frontières
inégalement complexes (cf carte 1.1). A l'Ouest, la délimitation
avec le Niger, grossièrement Nord-Sud, traverse des étendues
désertiques. A l'Est, la frontière avec le Soudan a
été établie avec soin en 1924 par une mission
franco-britannique qui s'efforça de respecter les limites historiques
entre Darfour et Ouaddaï, ce qui ne l'empêcha pas de séparer
des populations apparentées, comme les Zaghawa. Au sud, la limite
administrative avec l'Oubangui a varié au gré des fantaisies de
l'administration coloniale. Elle reste aujourd'hui encore très
perméable. La frontière avec le Cameroun est la moins conforme
à la géographie humaine: elle tranche des populations compactes,
les Massa, les Toupouri, les Moundang. Quatre États enfin se partagent
la souveraineté sur le lac Tchad: Nigeria, Niger, Cameroun et Tchad. Ce
lac, d'autant plus difficile à contrôler que ses contours changent
sans cesse en fonction du débit des cours d'eau qui l'alimentent, le
Chari et le Logone principalement, est un carrefour de contrebande. Au nord, la
frontière tchado-libyenne faisait l'objet de l'un des principaux
contentieux frontaliers du continent. Il concerne le territoire contesté
dit de la bande d'Aouzou que revendiquait la Libye au titre d'un traité
franco-italien de 1935, signé mais jamais ratifié. Il servit, et
sert encore, pourtant de prétexte au colonel Kadhafi pour revendiquer ce
territoire et intervenir au Tchad. La Libye appuie en outre ses
prétentions sur un soi-disant traité secret signé par
François Tombalbaye, qui aurait reconnu les droits libyens sur la bande
d'Aouzou en échange d'une aide financière substantielle. La
question de la bande d'Aouzou constitue un élément
politico-militaire inséparable de la crise intérieure tchadienne.
En mai 1994, la Cour internationale de justice de La Haye a cependant reconnu
les droits du Tchad et, peu après, l'armée libyenne a
officiellement évacué la bande d'Aouzou. Ce règlement
juridique a incontestablement contribué à apaiser les tensions
entre les deux pays, sans pour autant régler définitivement le
différend entre les deux pays. Ajoutons que les visées
expansionnistes de Kadhafi ont été
facilitées par les divisions intérieures du Tchad: une
indépendance ratée a exacerbé les antagonismes ethniques
mis en veilleuse pendant la période coloniale. Les raisons profondes de
la crise tchadienne résident dans l'opposition, non pas fortuite mais
séculaire, entre le Nord et le Sud: comme au Soudan voisin, le Tchad est
traversé par la ligne de contact majeure entre les «deux
Afriques», la blanche et la noire, la musulmane et l'animiste. Cependant,
ni le Nord ni le Sud ne forment des entités homogènes.
Sur le plan intérieur, la division administrative n'a
fait que exacerber les tensions déjà vives au sein de la
population Tchadienne. En effet, jusqu'en 1999, le Tchad était
divisé en 14 préfectures: Batha, Biltine, Borkou-Ennedi-Tibesti,
Chari Baguirmi, Guéra, Kanem, Lac, Logone occidental, Logone oriental,
Mayo Kébbi, Moyen Chari, Ouaddaï, Salamat et Tandjilé. Par
les Décrets 418/PR/MAT/2002 et 419/PR/MAT/2002, le pays est aujourd'hui
subdivisé en 18 régions (y compris la ville de N'Djaména
qui constitue une région régie par un statut spécial.), 50
départements, 212 sous-préfectures et arrondissements municipaux,
12 sultanats et 471 cantons. Par ces décrets, une même
préfecture se trouve subdivisée en plusieurs départements,
sans tenir parfois compte des limites historiques et des réalités
physiques et culturelles. A titre d'exemple, l'ancienne préfecture du
Mayo Kébbi est divisée en quatre (4) départements:
département du Mayo Dallah, département du Mayo Boneye, Mayo
Lemie et Mont d'Illi. Ainsi, le rattachement de Bider (une localité
peuplée à majorité de Foulbé et situé proche
de Léré) à Fianga, chef lieu du département du mont
d'Illi n'a pas fait l'unanimité au sein de la population. De même
par ces décrets, plusieurs entités administratives se trouvent
regroupées sans tenir compte de leurs réalités
culturelles. Ce nouveau découpage semble obéir aux besoins
politiques plutôt qu'au souci du développement.
Cette subdivision du territoire, bien qu'ayant pour but le
développement du pays, a séparé des populations qui se
reconnaissent d'une même entité culturelle. De plus, certaines de
ces nouvelles entités sont devenues trop petites, facilement
gérable bien sûr, mais sans ressources conséquentes. Ce
nouveau découpage est source de conflits intercommunautaires qui mettent
en déplacement plusieurs personnes. Il serait même l'une des
causes lointaines du déplacement à l'Est du pays puisque dans
cette partie les mécanismes traditionnels de gestion de conflit se sont
effondrés (cf. introduction pour d'amples informations).
Carte 1.1 : Division administrative du Tchad
1.2. Climat, source de conflits
agriculteurs/éleveurs
Au Tchad, les précipitations sont provoquées par
la rencontre de deux masses d'air tropicales: l'anticyclone de Libye ou
Harmattan, vent chaud et sec d'une part et l'anticyclone de Saint
Hélène, vent maritime d'autre part. Le balancement de ces deux
anticyclones entre le 4e et 20e parallèle nord est
à l'origine d'une répartition inégale des
précipitations sur le territoire tchadien9. On distingue
suivant ce mouvement, trois zones climatiques:
> La zone saharienne au Nord du 15e
parallèle qui occupe plus de 63,0% du territoire national est
marquée par une très faible pluviométrie (moins de 100 mm
par an), et par une végétation de type steppique. Cette faible
pluviométrie met en place des sols nus caractérisés par
des dunes et des ergs;
> La zone sahélienne comprise entre la zone
saharienne au Nord et soudanienne au Sud et s'étendant sur environ 40,0%
de la superficie du territoire, reçoit une pluviométrie variant
entre 300 et 900 mm par an. La saison pluvieuse dure environ trois mois. La
formation végétale qui en résulte est celle de la savane
arbustive du type sahélo-soudanien;
Ø La zone soudanienne s'étendant sur 10,0% de
la superficie du territoire est celle qui reçoit plus de pluies dans
l'année. La pluviométrie tourne autour de 1000 mm par an et peut
atteindre parfois 1 200 ou 1 300 mm dans l'extrême Sud (Sarh et
Moundou).
Le Tchad oriental constitue de par ses caractéristiques
climatiques (climat sahélien) une des zones les plus hostiles du pays:
eau difficile d'accès, couvert végétal de type
sahélien synonyme de ressources limitées et d'une
pluviométrie irrégulière à l'origine de rendements
agricoles aléatoires. Ainsi, les activités économiques
sont réparties en fonction de ces zones climatiques. En effet, dans la
zone saharienne où les pluies sont presque inexistantes, les
activités économiques sont rares. Notre zone d'étude se
trouve dans la zone sahélienne où le climat y est sahélien
au Nord et sahélo-soudanien au Sud avec une alternance de saison
sèche et de saison pluvieuse. La pluviométrie annuelle oscille
entre 200 mm au Nord à 900 mm au Sud. La végétation dans
la partie nord de la Région du Wadi Fira est faite de pseudo steppe et
de savane arbustive clairsemée. Les sols sont de faible fertilité
à cause des recouvrements
9 BREYE C., Les aménagements
hydro-agricoles au Tchad : des tentatives de réduction des crises
alimentaires (exemple du périmètre irrigué de Mara),
Mémoire de maîtrise en géographie, Université de
N'Djaména (Tchad), 2004, p.15.
sableux et offrent ainsi un potentiel agricole limité.
Les potentialités agricoles qui déterminent en grande partie les
conditions de vie des populations varient sensiblement quand on passe d'une
zone à l'autre dans la région. Dans la zone s'étendant au
Nord, on estime à moins de 1,0% la superficie des terres aptes à
l'agriculture (PAM, 2007, p.12). La partie centrale de la région,
Adré, Sud d'Abéché et Am Dam est dotée d'un
potentiel agricole très variable avec 10 à 15,0% des superficies
aptes à l'agriculture. L'eau est la contrainte principale. Trouver du
bois est l'autre source majeure de préoccupation. Elle cristallise les
conflits entre réfugiés et populations locales. Autour de chaque
camp s'étend une auréole de déforestation. Les solutions
mises en oeuvre par les organisations internationales (collecte et distribution
de bois mort, essais ponctuels de foyers améliorés et de cuiseurs
solaires, plantations d'arbres) ne suffisent pas à empêcher la
dégradation.
En saison des pluies, c'est l'excès d'eau qui entrave
l'accès aux camps. Le Programme Alimentaire Mondial (PAM), dont les
convois pour approvisionner cette région enclavée partent de
Douala (Cameroun) ou de Benghazi (Libye), doit
«prépositionner» des vivres pour plusieurs mois à
proximité des camps quand les pistes sont rendues impraticables par les
crues des ouadis (les cours d'eau temporaires). En août 2007,
des pluies exceptionnelles ont détruit des habitations dans les villages
et les camps au Sud du Ouaddaï; des inondations ont aussi affecté
le camp le plus septentrional, celui d'Ouré Cassoni, dans l'Ennedi Est.
La présence de nombreux réfugiés et IDPs donne aussi lieu
à des heurts avec les autochtones, d'autant plus que des terres sont
attribuées aux allochtones qui souhaitent les mettre en exploitation.
Les vallées des ouadis, à la fois terres agricoles,
pâturages et source d'eau, font l'objet d'une âpre concurrence.
Par contre, dans la partie méridionale, les
potentialités agricoles sont très intéressantes (plus de
30,0% de superficie cultivable). Le Sud de la région du Ouaddaï,
constitué du département du Dar Sila et de la partie
méridionale du Djourf Al Ahmar enregistre une pluviométrie
annuelle supérieure à 500 mm atteignant, dans l'extrême
sud, 950 mm durant les années de bonne pluviosité. La
végétation est du type savane arborée. C'est donc dans la
partie soudanienne qui bénéficie d'une bonne pluviométrie
par rapport aux autres, où sont concentrées la plupart des
activités économiques.
Cette inégale répartition des pluies dans l'espace
et dans le temps est l'une des causes des conflits intercommunautaires au
Tchad. En effet, au Tchad oriental, les éleveurs pratiquent
la transhumance, une migration saisonnière entre le
nord et le sud. Ils passent la saison des pluies au nord, dans de grandes zones
de pâturage de la sous-préfecture nomade d'Arada et de la
région du BET (Borkou-Ennedi-Tibesti). Parce que l'eau devient
rapidement très rare une fois que les pluies cessent, les troupeaux de
chameaux, de petits ruminants et de bovins se mettent alors en route vers le
Dar Sila et le Salamat, au Sud. Ces deux régions ont des terres riches
et offrent donc des conditions favorables aux populations. Souvent,
l'arrivée des éleveurs dans une région est un moment de
joie10, mais engendre des conflits entre ces deux modes de vie et
systèmes de production. Ces conflits se réglaient à
l'amiable par les mécanismes traditionnels, c'est-à-dire que les
«Scheiks» discutent l'affaire sous un arbre, autour d'un thé,
jusqu'à ce qu'une compensation adéquate soit trouvée pour
réparer le dommage subi par la partie lésée. Mais ces
dernières années, les violences intercommunautaires qui touchent
l'Est du Tchad et surtout l'ingérence des autorités
administratives dans ces conflits ont affaibli ces mécanismes de
résolution des conflits et, en raison des événements au
Darfour voisin et des problèmes politiques internes, ont accru la
violence entre ces populations (agriculteur/éleveur).
Aussi, pendant la grande partie de l'année (plus de six
mois dans le sud du pays), les paysans tchadiens restent-ils au chômage
(à cause de la saison sèche), ce qui accroît la
mobilité à l'intérieur du pays. Ainsi, pendant cette
période, beaucoup de jeunes envahissent la capitale et autres grands
centres urbains pour faire les petits métiers en attendant
l'arrivée des pluies. Ce chômage saisonnier constitue l'une des
causes principales de l'exode rural au Tchad car certains paysans s'installent
définitivement en ville.
1.3. Inégale répartition de la population
sur l'ensemble du territoire
Estimée à 6 280 000 habitants (RGPH, 1993), la
population du Tchad atteint 9,3 millions en 2005 (DCAP, 2006) pour un taux de
croissance de l'ordre de 2,5% par an (RGPH, 1993). Cette population à
forte croissance est inégalement répartie sur le territoire
national. Environ la moitié de la population (47%) est concentrée
sur 10,0% de la superficie du pays. La densité moyenne de la population
en 1993 est relativement faible (4,9 habitants au kilomètre
carré) et varie de 0,1 habitant au kilomètre carré dans la
région du Borkou-Ennedi-Tibesti (BET) à 52 habitants au
kilomètre carré dans la région du Logone Occidental. Cette
densité
10 Quand le lait, les autres produits des animaux et
l'artisanat des éleveurs enrichissent les marchés locaux.
moyenne qui est estimée à 7,2 habitants au
kilomètre carré en 2005 s'établira autour de 9,3 habitants
au kilomètre carré en 2015 (DCAP, 2006).
Cette inégale densité de population montre que
la majeure partie de la population tchadienne est concentrée dans les
zones fertiles au sud des fleuves Logone et Chari ainsi que dans les zones
urbaines où vivent 23,0% des Tchadiens. La population tchadienne est
donc très inégalement répartie dans l'espace
géographique national, car il faut comprendre qu'au Tchad comme
ailleurs, l'occupation humaine obéit aux conditions climatiques. Cette
forte concentration de la population fait pression sur les terres et les
pâturages, ce qui provoque une dégradation continue de
l'environnement et engendre de conflits entre communautés rurales
puisque plus de 80,0% de la population Tchadienne vit de l'agriculture (RGPH,
1993).
La structure par âge et par sexe de cette population
montre que les jeunes et les femmes sont les plus nombreux. Au recensement de
1993, les femmes représentaient 52,0% de la population totale. La
population âgée de moins de 15 ans représentait 48,0% de la
population totale, celle âgée de 15 à 59 ans
représentait 47,0% et celle de plus de 60 ans représentait 3,5%.
Le niveau de fécondité reste l'un des plus élevés
de la sous région et est en hausse. L'indice synthétique de
fécondité (nombre moyen d'enfants par femme) passe de 5,1 enfants
par femme en 1964 (Service de Statistique, 1966) à 5,6 enfants par femme
en 1993 (BCR, 1995) et à 6,6 enfants par femme en 1996-97 (EDST-I,
1996/97).
La population de notre zone d'étude est estimée,
au 31 décembre 2006, à 700 000 habitants sur la base du taux
national de croissance de 2,5% (Rapport du PAM, 2007, p.12). La densité
de la population y était globalement faible. Les données du RPGH
de 1993 indiquent que celle-ci varie de 0,7 habitant au km2
(à Adré) à 2,7 habitants au km2 (à Am
Dam). Le rapport de masculinité indique qu'on trouvait environ 81,0% (81
hommes pour 100 femmes). La population est très jeune: près de
53,0% de la population avait moins de 15 ans. La zone renferme de nombreux
groupes ethniques parlant des langues différentes mais ayant tous, en
commun la religion musulmane (Ouaddaïen, Massalite, Arabes, For, Tama,
Zaghawa et Dadjo). La répartition de la population active par secteur
d'activité indique que 91,0% de celleci relève du secteur
primaire. Cette frange de la population vit à la fois de l'agriculture
et de l'élevage. Le reste de 9,0% de la population active,
essentiellement nomade, pratique uniquement l'élevage. Au Nord et dans
la partie centrale de la région ce sont les cultures
céréalières sous pluie, l'élevage et le
maraîchage qui y dominent. Dans la partie Sud, s'ajoute à
celles-ci, la culture céréalière de
décrue (Berbéré). Le secteur secondaire qui se limite
principalement aux activités de construction et de production
d'électricité ne concerne que 1,0% de la population. Le reste est
absorbé par le commerce et les services (administration, ONG, etc.). Ces
deux catégories sont essentiellement urbaines.
A l'Est du Tchad, l'augmentation de la population (suite aux
déplacements forcés) a dépassé les capacités
d'accueil des services de santé et entraîné
l'épuisement de ressources vitales telles que l'eau et le combustible.
Dans le domaine de la santé, les indicateurs disponibles de santé
sont au rouge: 0,6 médecin, 0,9 infirmier diplômé et 0,1
sage femme pour 100 000 habitants11. La plupart des structures de
santé sont sous-équipées et manquent de personnel
qualifié. Les réfugiés bénéficient d'une
assistance internationale mais l'insécurité réduit
l'accès et constitue un obstacle aux opérations des humanitaires.
Le taux de scolarisation est inférieur à 10,0%.
1.4. Pétrole, nouvel enjeu majeur de la
géopolitique tchadienne
Depuis longtemps, le Tchad est resté un pays à
vocation agro-pastorale. Son économie est basée essentiellement
sur l'agriculture et l'élevage. Les sécheresses des années
80 ont rendu aléatoire la production agricole et pastorale rendant le
pays dépendant sur tous les plans. Son environnement économique a
été particulièrement inhibant et n'a donc pas permis entre
autres de créer des emplois, des richesses ni des revenus, maintenant
ainsi de nombreuses personnes en dehors des circuits de production. La
croissance a été très faible au cours des dernières
décennies. Jusqu'en 1999, elle a rarement excédé plus d'un
point le taux de croissance annuelle de la population. Il va de soi que ce
rythme de croissance de l'économie ne pouvait créer suffisamment
d'emplois pour une population à forte croissance. L'examen des facteurs
qui ont limité la croissance montre que la faiblesse du système
productif a accusé des lacunes:
> le système est resté figé,
basé sur l'agriculture et l'élevage dont les producteurs
travaillent avec des outils archaïques et les produits ne subissent aucune
transformation pour générer une valeur ajoutée
substantielle;
11
PAM, Rapport finale de l'enquête sur les
capacités d'autosuffisance alimentaire des réfugiés
Soudanais, des personnes déplacées et des populations hôtes
à l'Est du Tchad, N'Djaména (Tchad), 2007, p.12.
> ce secteur principal, source de croissance, n'a reçu
qu'un volume fort réduit des investissements publics;
> l'entreprenariat privé est embryonnaire et
tourné essentiellement vers les activités du commerce.
Dernier né des Etats pétroliers, avec une
capacité de production de 250 000 barils/jour, le Tchad s'est ouvert
à de nouveaux acteurs, à l'occasion du programme d'exploitation
pétrolière inauguré en l'an 2000. Depuis la fin de la
construction de l'oléoduc Doba-Kribi en 2003, long de 1 070
kilomètres, le Tchad a vu son taux de croissance économique faire
un bond spectaculaire, passant de 1,0% en 2001 à 15,0% en 2004 et 8,0%
en 200512. Selon Mr. Geoffrey H. Bergen, Représentant
résident de la Banque Mondiale au Tchad (2008), les statistiques
officielles montrent que les taux de croissance du PIB ont nettement
dépassé les taux de croissance démographique (2,8%) ces
dernières années du fait de l'exploitation du pétrole. Par
exemple, le PIB par tête a augmenté de 11,0% par an de 2003
à 2006 et le PIB non pétrolier par tête a augmenté
de 2,7% par an au cours de la même période. Malgré les
promesses inscrites dans ces statistiques, l'exploitation du pétrole
(dont la contribution à la croissance du PIB tchadien s'élevait
déjà à 33,4% en 2004) ne s'est guère traduite
jusqu'à présent dans le quotidien de la population Tchadienne.
Plus inquiétant peut être, la mise en chantier de l'exploitation
s'est traduite par une hausse brutale de l'inflation (passée de -5,4% en
2003 à un taux moyen de 7,8% pour l'année 2005) et des effets de
la dette (passée de 66,0% du revenu national brut en 2003 à 75,0%
de ce revenu en 2005).
Les retombées de la rente pétrolière ont
généré de très fortes tensions. Les bouleversements
socio-économiques introduits par la mise en valeur des champs de
pétrole se sont traduits par une aggravation des
inégalités tant au niveau des régions qu'au sein de la
société civile. Conséquence directe: plus de 60,0% des
Tchadiens continuent de vivre au dessous du seuil de la pauvreté. Au
Tchad la perturbation des circuits économiques traditionnels
entraîne des bouleversements sociaux qui menacent la paix civile, tandis
que s'approfondit le fossé entre la masse paysanne et les
bénéficiaires de la rente pétrolière. La crise du
Darfour ne fait que renforcer cette perception aggravant des clivages
inter-tchadiens qu'attestent en leur plan la multiplication des tensions au
sein de l'armée : compte tenu de ses
12
MASCRÉ D., « Course aux
hydrocarbures, crise du Darfour, déstabilisation régionale: Le
Tchad entre jeux pétroliers et jeux guerriers », in
Géopolitique africaine, paris (France), 2007, p.6.
effectifs (environ 30 000 hommes, certaines estimations
parlent de 50 000) et des divisions qui la minent, on comprend pourquoi
celle-ci revendique la part du lion du gâteau pétrolier. C'est
à l'actif de ces différents paramètres qu'il faut placer
les événements qui se sont produits au Tchad en 2006 et qui ont
fait de ce pays le nouveau théâtre des jeux pétroliers et
guerriers.
Ainsi, l'espoir de développement suscité avec
l'exploitation de l'or noir va-t-il se poursuivre? Déjà parmi la
classe politique et la société civile, des voix
s'élèvent pour décrier la gestion de la manne
pétrolière. En effet, comme partout dans le monde, le
pétrole semble être une malédiction pour le peuple
tchadien. S'il semble être admis aujourd'hui que la guerre est
entrée dans la tradition des Tchadiens, les troubles provoqués
ces derniers temps prennent une intensité jamais égalée.
Seulement en cinq (5) ans après l'exploitation du pétrole
(2003-2008), le Tchad a enregistré plusieurs mouvements rebelles et
connu plus de deux coups d'Etat manqués. La dernière offensive
des rebelles en date du 2 au 3 février 2008 a encore jeté des
milliers de Tchadiens sur la route de l'exil (dont la grande partie à
Kousseri au Cameroun). Toutes ces années de guerre civile ont
freiné le développement économique et social du pays car
l'on s'est plus préoccupé de la sécurité au
détriment des autres dimensions du développement.
Concernant le cas particulier du Tchad oriental où se
trouvent les réfugiés et les IDPs, il faut signaler que l'afflux
de l'aide internationale dans cette région pauvre déstabilise
l'économie et la société. Les populations locales, dont
certaines sont venues en aide aux réfugiés avant l'arrivée
des organisations internationales, sont plus démunies que leurs
hôtes désormais nourris, soignés et éduqués
dans les camps. Les projets qui leur sont peu à peu destinés sont
inaptes à répondre à l'ensemble des besoins.
Sur le plan social, le Tchad est classé au
166ème rang sur 174 pays les plus pauvres du monde et son
indice de développement humain (0,403) établi par le PNUD en 2004
est l'un des plus faibles. Le niveau de pauvreté de la population
Tchadienne n'a cessé de s'aggraver au cours des trois dernières
décennies. Selon les données de l'enquête ECOSIT
réalisée en 1999, le seuil de pauvreté globale au niveau
national est estimé à 218 F CFA par jour et par personne. Ce
seuil est largement inférieur au seuil de pauvreté globale
standard international qui est de un (1) dollar (soit 600 F CFA) par jour et
par personne. Sur la base de ces données, on peut considérer
qu'au moins un Tchadien sur deux n'a pas de revenus suffisants pour satisfaire
ses besoins essentiels. En 2000 (rapport du PNUD), on estime à 54,0% la
population se trouvant en
dessous du seuil de pauvreté, seulement 16 à
20,0% des enfants bénéficient d'une couverture vaccinale,
près de 90,0% de l'habitat est sensible aux intempéries,
seulement 30,0% de la population a accès à l'eau potable, 1,0% a
accès à l'énergie électrique, moins de 10,0%
bénéficie de services de l'assainissement, une partie importante
de la population vit une insécurité alimentaire chronique, des
maladies épidémiques et endémiques (parmi lesquelles la
pandémie du VIH/SIDA) auraient frappé 1.704 personnes et fait
55.000 orphelins.
1.5. Instabilité politique, facteur essentiel de
déplacement forcé
Comprendre la situation politique actuelle du Tchad, cela
amène naturellement à faire aussi un peu d'histoire pour revenir
sur les logiques spatiales des conflits d'apparence cyclique qui n'en finissent
pas de ruiner ce pays. Ces conflits cycliques inhérents au
système politique tchadien ont pour ressorts des tensions internes et
externes. Selon Bichara Idriss Haggar (2007)13, «Le Tchad
était déjà mal parti dès son indépendance
puisque le président Tombalbaye a choisi l'autoritarisme et le parti
unique comme système de gouvernement. Système qui n'a
contribué à créer ni l'unité et la stabilité
politique, ni le développement économique. Au contraire, il a
exacerbé les contradictions de la société qui ont fini par
engendrer le mal tchadien, dont le pays continue à souffrir
jusqu'à maintenant».
Depuis les années 1980, la Libye considère le
Tchad comme un espace d'influence naturel. Les desseins politiques libyens ont
certes été longtemps contrariés par des Tchadiens
indociles. Dans le domaine économique, cependant, les Libyens sont
aujourd'hui très présents à N'Djaména, où
ils possèdent entre autres banques, hôtels, stations services et
immeubles. Pour le Soudan, de même, le Tchad est considéré
comme une marge à maîtriser (De Waal 2008). Idriss Déby
bénéficia, en 1990, d'importants soutiens soudanais pour prendre
le pouvoir (Géraud Magrin, 2008). Les influences islamistes du Soudan
d'Hassan El Tourabi trouvèrent au Tchad un certain écho au
début des années 1990. Des relations d'affaires plus ou moins
fructueuses suivirent autour de l'exploitation du petit gisement de
pétrole du lac Tchad ou de la construction d'un deuxième pont sur
le Chari à N'Djaména. Après une période
d'éloignement sans conséquence, c'est le Darfour qui, à
partir de 2004, resserra l'écheveau conflictuel des relations
tchado-soudanaises. Le Soudan reprocha au Tchad d'appuyer la rébellion
au nom de
13 Voir Bichara Idriss Haggar, Histoire politique
du Tchad sous le régime du président François Tombalbaye,
1960-1975: déjà, le Tchad était mal parti!, L'Harmattan.
Collection Pour mieux connaître le Tchad -10 décembre 2007, pour
d'amples informations.
la solidarité au sein du groupe Zaghawa, auquel
appartient Idriss Déby. En retour, le Soudan se mit à appuyer les
rébellions tchadiennes (Debos, 2007). Le calendrier de
déploiement dans l'Est du Tchad de la force européenne de
protection des réfugiés du Darfour (Eufor) que Khartoum a mal
apprécié, semble bien avoir influencé celui de la
récente offensive sur N'Djaména. La politique de la France est
plus difficile à comprendre. Depuis qu'Elf a quitté le consortium
d'exploitation du pétrole de Doba en 1999, elle n'a plus
d'intérêts économiques dans ce pays très pauvre.
Elle proclame par ailleurs qu'elle n'a plus vocation à être le
gendarme de l'Afrique. Mais les milieux militaires ne semblent pas les moins
attachés au maintien d'une base dans ce pays. L'opération
Epervier, après d'autres équivalentes, entretient à
N'Djaména un millier d'hommes depuis la guerre contre la Libye des
années 1980. Pour certains officiers généraux, le Tchad
est resté ce que fut longtemps la région désertique du BET
(Borkou Ennedi Tibesti): un territoire militaire, rude terre à nomades
belliqueux combattus et respectés, administré avec une
fermeté teintée de paternalisme (Magrin G., 2008). Au-delà
des sentiments et des considérations corporatistes, l'espace compte: le
désert tchadien est un terrain vaste comme la France, où on peut
s'entraîner, faire voler ses avions à très basse altitude
et expérimenter des armes sans craindre de gêner.
Mais la géopolitique des conflits tchadiens
procède avant tout de mécanismes internes. Une vision classique
est souvent proposée: le découpage étatique colonial a
artificiellement réuni une multitude de peuples qui ne partageaient rien
(langue, culture, religion). Pire, on a enfermé ensemble des groupes aux
passés conflictuels, de part et d'autre de la ligne de l'islam
majoritaire, séparant sociétés esclavagistes et
populations victimes des premières. Cette représentation a sa
part de vérité, mais elle doit aussi beaucoup à des
constructions idéologiques ultérieures (Magrin G., 2001). Elle
est loin de suffire à expliquer les conflits actuels.
La géopolitique interne tchadienne est couramment
résumée à l'opposition Nord/Sud. Au Nord (en fait le Sahel
et le Sahara, qui couvrent près des neuf dixièmes de la
superficie du pays), des Musulmans héritiers des royaumes
sahéliens et de sociétés de pasteurs nomades, au Sud des
paysans Chrétiens ou animistes, issus de sociétés
segmentaires sédentaires. Les premiers représentent sans doute un
peu plus de la moitié de la population. L'engouement des jeunes
originaires du Sud pour l'école moderne leur aurait permis de s'emparer
des commandes de l'Etat indépendant. Les premiers troubles de la fin des
années 1960 marqueraient la revanche du Nord sur le Sud,
consacrée par la victoire du FROLINAT (Front
de libération nationale du Tchad) en 1979 et la reprise
du pouvoir par «le Nord». Si cette représentation est
largement partagée au Tchad, elle n'en demeure pas moins très
simpliste, insuffisante à rendre compte des lignes de fracture complexes
qui traversent la société tchadienne (Magrin, 2002). Ces
identités de «nordiste» et «sudiste» ont
été instrumentalisées à certains moments des crises
tchadiennes par des chefs qui y voyaient un moyen de mobilisation efficace
à leur profit. En cela, le Tchad n'est pas original en Afrique.
Mais la relative spécificité de la situation
tchadienne (la triste régularité du cycle de la violence, sur
plusieurs décennies, qui apparaît comme attribut d'un
système original) incite à chercher d'autres clés de
lecture. Alors que clichés et caricatures ethno-régionales ne
manquent pas pour rendre compte de l'imbroglio tchadien (qu'ils soient
élaborés du dehors ou propres aux Tchadiens eux-mêmes
(Centre Al Mouna, 1996)), il est étonnant que les explications mettant
en relation les rapports de l'Etat et les types de sociétés
n'aient guère été proposées.
La conséquence directe de cette vie politique
marquée par l'instabilité permanente est le déplacement
massif du peuple tchadien des villes vers les campagnes et du Tchad vers
l'étranger (des exils). Cette vie politique troublée dont les
points culminants furent la guerre civile de 1979 et les coups d'Etat
successivement manqués de 2006 et 2008 a provoqué un
déplacement massif des Tchadiens. Si les plus nantis ont pu franchir les
frontières pour trouver refuge à l'étranger, une bonne
partie des personnes victimes de ces troubles s'est déplacée
à l'intérieur du pays. Mais s'il est vrai que
l'instabilité politique est l'une des causes des déplacements
forcés au Tchad, le déplacement actuel à l'Est du Tchad
demeure la conséquence immédiate de la régionalisation du
conflit du Darfour qui a provoqué le déplacement forcé de
plus de 172 600 personnes au Tchad, victimes principalement des attaques des
«janjaweeds» et des violences inter-ethniques. Ces personnes vivent
dans le dénuement le plus total, d'autant que les autorités
tchadiennes semblent incapables de répondre à l'urgence des
besoins14.
14 FIDH, Rapport de mission au Darfour,
Genève (Suisse), 2007, p.19.
Synthèse partielle
Pays au coeur du continent africain, le Tchad subit l'influence
de cette continentalité sur tous les aspects de la vie
socio-économique.
Sur le plan physique, le pays est soumis à un climat
tropical caractérisé par deux saisons de durée très
inégale, cause d'une grande mobilité des jeunes vers les grandes
villes. La courte durée de la saison de pluies influence
négativement les activités agricoles et pastorales longtemps
sources principales de revenus du pays. Sur le plan démographique, les
conditions climatiques ont provoquée une répartition
inégale de la population sur le territoire créant ainsi une zone
densément peuplée au Sud du pays. Sur le plan économique,
le démarrage récent de l'exploitation de l'or noir vient de
mettre le pays sur la voie de la croissance mais la situation politique
caractérisée par un tourbillon de violences depuis
l'indépendance n'a cessé de mettre les Tchadiens en fuite sapant
ainsi l'amorce du développement du pays.
CHAPITRE II: APPROCHE THÉORIQUE DE
L'ÉTUDE
Après avoir présenté quelques
éléments du contexte de notre étude, nous abordons dans le
présent chapitre la revue des littératures sur la migration
forcée pour en dégager quelques déterminants et
définir un certain nombre de concepts relatifs à cette
étude. Il s'agit en fait de poser les bases méthodologiques en
présentant le cadre conceptuel et d'analyse de l'étude. Il est
structuré en cinq parties essentielles. La première partie porte
sur la revue de littérature sur la migration forcée; la
deuxième est consacrée aux déterminants de ce type
migration; la troisième présente l'hypothèse principale et
le cadre conceptuel de l'étude; la quatrième concerne la
définition des différents concepts clés utilisés
dans l'étude et la cinquième porte sur les hypothèses
secondaires et le schéma d'analyse.
2.1. Revue de littérature sur la migration
forcée
On connaît très peu de choses sur les migrations
forcées en Afrique. Et pourtant, on sait que les guerres et autres
troubles politiques qui s'y déroulent de temps en temps poussent les
populations à se déplacer à l'intérieur de leurs
pays par milliers voire par millions, ou à se réfugier dans des
pays voisins ou lointains. Ainsi, il existe à notre connaissance
très peu ou presque pas de théories sur la migration
forcée. Si les théories économiques et
démographiques ont largement contribué à comprendre les
migrations volontaires, elles sont cependant inappropriées pour
expliquer les migrations sous contraintes (ou forcées) surtout dans une
situation de conflits. Ainsi, à partir des approches sociologique,
ethno-réaliste et de la nouvelle approche intégrée de
l'UNHCR, nous tenterons d'expliquer et d'en déduire les
déterminants du retour de ce type particulier de migration.
2.1.1. Expliquer la migration forcée: quelques
approches théoriques
Les déplacements forcés sont le plus souvent le
résultat d'un certain nombre de crises. Mais quels sont les
déterminants de ces crises, tensions et conflits? La crise
économique, la pauvreté, la crise (problème) de la
démocratie et la perte de valeur des droits fondamentaux participent
également à la mise en place de conditions de vie
défavorables poussant à la migration. Mais toutes les migrations
ne remplissent pas toutes ces conditions, une
combinaison de plusieurs facteurs provoque un nombre important
de réfugiés. Chaque migration possède au moins un volet
politique et économique interagissant différemment selon les cas.
Wood (1994) distingue trois grands groupes de causes aux migrations
forcées:
1) une instabilité politique, une guerre, des
persécutions;
2) une crise économique et écologique
menaçantes;
3) des conflits ethniques, religieux, tribaux.
Ainsi, des perspectives théoriques différentes
destinées à agir en aval et en amont des tragédies
humaines que créent ces crises, nous en retenons trois (3) pour tenter
d'expliquer la migration sous contrainte. Nous retrouvons la théorie de
l'ethno-réaliste, l'approche intégrée de l'UNHCR et
l'approche sociologique.
A. Approche sociologique
Depuis fort longtemps, on a expliqué la migration par
les facteurs économiques. Mais aujourd'hui plus que par le passé,
on assiste à une sorte de migration que les théories
économiques ne peuvent expliquer. En effet, le besoin d'échapper
à des situations où la vie est menacée et la recherche
d'un meilleur climat sont des facteurs que les théories
économiques ont souvent ignorés. Ainsi, la reconnaissance d'un
plus grand nombre de facteurs d'explication de la décision de migrer est
à la base de l'approche d'Everett Lee.
Selon Everett Lee (1978), la migration est causée
à la fois par des facteurs positifs qui caractérisent les aires
possibles de destination et par des facteurs négatifs aux lieux
d'origine ou de résidence actuelle. Ainsi, aussi bien la zone de
départ que la zone d'arrivée est caractérisée par
un ensemble de forces d'attraction ou de rétention et de forces de
répulsion. Everett Lee postule que la migration devient plus probable si
la différence perçue dans les forces d'attraction nette (facteurs
positifs moins facteurs négatifs) des lieux d'origine et de destination
est grande. Il souligne que les migrants qui répondent avant tout aux
facteurs attractifs du lieu de destination, tendent à être
positivement sélectionnés, que ce soit selon l'âge,
l'instruction, la qualification ou les motivations, alors que ceux qui
répondent à des facteurs négatifs du lieu de départ
tendent à être sélectionnés négativement. De
plus, les premiers sont plus enclins à migrer volontairement que les
seconds. Dans le même sens que
d'Everett Lee, Samuel Stouffer (1940, 1960) suggère que
la migration est fonction de l'attractivité relative perçue des
zones d'origine et de destination et que les flux des migrants sont
conditionnés par l'existence d'opportunités et d'obstacles.
Cette approche, en tenant en compte du fait que la migration
n'est souvent pas volontaire pose déjà les jalons d'une
explication de la migration forcée. Mais elle ne décrit cependant
pas les facteurs qui poussent des personnes à quitter leurs milieux de
résidence habituelle et à y retourner après un
séjour dans un milieu d'accueil.
B. Approche ethno-réaliste
Elle se base sur la peur et le dilemme de sécurité
pour expliquer le déplacement forcé.
1) Peur et conflits ethniques
Les ethno-réalistes mettent l'accent sur l'importance
de la crainte (de l'autre) dans les conflits ethniques. Selon David Lake
(1998), deux types de craintes sont identifiables: la crainte pour sa vie, pour
son intégrité physique. Cette crainte est d'autant plus
justifiée si un groupe minoritaire est l'objet d'une discrimination et
de violation de ses droits et surtout si la compatibilité avec l'autre
groupe est plus ou moins évidente, si les dissemblances sont trop
grandes entre les deux groupes15. Cette crainte peut être
accentuée par une situation anarchique. Lorsque l'Etat ne peut plus
intervenir pour imposer l'ordre entre les ethnies. Le pouvoir devient diffus en
raison de la multiplicité des groupes, de la faiblesse du gouvernement
central et du rôle de plus en plus important que prennent les alliances.
Cette diffusion du pouvoir rend difficile l'identification des
mécanismes représentatifs au sein de la population et rend plus
difficile encore la manière de saisir les structures
décisionnelles16. Selon Lake David (1998), l'anarchie peut
non seulement découler d'un manque de moyens, et donc de
l'éclatement des structures, mais peut être provoqué par
l'absence de volonté d'un État de faire respecter l'ordre,
notamment lorsque cela profite à son groupe ethnique. Les tensions
15 LAKE David A. / ROTCHILD Donald Spreading Fear:
« The Genesis of Transnational Ethnic Conflict » in LAKE David A. /
ROTCHILD Donald (eds.) The International Spread of Ethnic Conflict: Fear,
Diffusion, and Escalation, Princeton, N.J., Princeton University Press,
1998, p.8.
16 Ibiden, p. 12.
ethniques génèrent donc une peur qui est
accentuée par une situation anarchique. Cela nous mène au concept
de dilemme de sécurité.
2) Dilemme sécuritaire et conflits
ethniques
Il importe de signaler que la théorie de la peur
était destinée au départ à l'étude des
relations internationales. Ainsi, il est utile, avant d'étudier le
dilemme de sécurité dans les conflits ethniques, de saisir
comment une théorie destinée à l'étude des
relations internationales peut s'appliquer à une échelle plus
restreinte. Un des concepts fondamentaux des réalistes pour expliquer,
voire prédire l'éclatement des conflits est le dilemme de
sécurité. Ce concept est une constante à
l'intérieur des différentes variantes théoriques
réalistes. Toutefois, même si la logique reste sensiblement la
même, les acteurs impliqués ont changé lors du passage
à l'ethnoréalisme. Ce qui revient à dire que les acteurs
principaux sont désormais les groupes ethniques. Cette adaptation est
indispensable puisque les États ne peuvent être
considérés comme unité de base dans les conflits ethniques
puisque ce sont les groupes ethniques qui déterminent et
contrôlent l'environnement politique.
Le dilemme de sécurité apparaît lorsque
les acteurs évoluent dans un système anarchique. Posen (1993)
applique le dilemme de sécurité aux conflits ethniques en partant
de la prémisse que la logique d'effondrement de l'Etat et/ou de sa
restructuration a souvent comme conséquence que les groupes ethniques
doivent assurer leur survie par leurs propres moyens17. Ces groupes
ne font plus confiance à quiconque pour protéger leurs
intérêts. La méfiance mène au dilemme de
sécurité. Inquiets pour leur survie, ces groupes amorcent une
logique qui les mène à une confrontation avec les autres groupes
ethniques. Selon Posen (1993) quatre causes principales expliquent le
degré de sévérité du dilemme de
sécurité dans les conflits ethniques:
> La difficulté de différencier entre les
capacités offensives et défensives des groupes ;
> L'avantage de l'offensive sur la défensive.
> La difficulté de faire la différence entre la
consolidation d'un État, en fonction d'une identité ethnique,
d'avec la création d'une force militaire plus efficace.
17
Posen, Barry, R., « The Security Dilemma and Ethnic
Conflict », in Ethnic Conflict and International Security,
Princeton, N.J., Princeton University Press, 1993, p.103.
> Lors de l'effondrement d'un État multi-ethnique,
la perception de l'autre est souvent plus sensible: le comportement des autres
groupes peut facilement mener à une interprétation
inquiétante.
En somme, le dilemme de sécurité dans les
conflits ethniques démontre comment la crainte de l'autre peut mener
à la violence. Les quatre points mentionnés
précédemment peuvent exacerber la crainte des groupes et
provoquer des attaques préventives (déclenchement d'une guerre,
«nettoyage ethnique», etc).Voulant préserver leur
sécurité et craignant pour leur avenir collectif, les groupes
ethniques n'ont d'autres mesures que de s'en prendre à l'autre afin
d'étouffer la menace (réelle ou non).
3) Solutions ethno-réalistes
Ce qui ressort de cette étude des conflits ethniques
selon les ethno-réalistes, c'est l'apparition ou l'exacerbation du
sentiment d'insécurité. Celui-ci est au coeur d'un concept
déterminant chez les réalistes pour expliquer les conflits: le
dilemme de sécurité. Il est indispensable pour saisir
l'éclatement du conflit mais peut aussi expliquer l'échec des
mesures utilisées dans le cadre des missions de consolidation de la
paix.
Ainsi, Kaufmann (1996) met l'accent sur le rôle central
que joue le dilemme de sécurité dans les conflits ethniques.
Selon lui, le dilemme de sécurité représente
l'écueil principal à la résolution, à long terme,
des conflits ethniques. Selon lui, les conflits ethniques approfondissent les
divisions entre les groupes. Ceci est le cas dans tous les types de conflits,
cependant dans le cas des conflits ethniques, la proximité des
belligérants voire l'interpénétration géographique
des groupes rend la situation beaucoup plus explosive. Ainsi, puisque les
guerres ethniques fortifient les identités ethniques et exacerbent le
dilemme de sécurité, la seule solution viable possible
réside dans la séparation des différents groupes.
Restaurer la société civile suite à un conflit ethnique
est impossible puisque celui-ci détruit les possibilités de
coopération.
Les ethno-réalistes, en étudiant le rôle
du dilemme de sécurité dans les conflits ethniques, expliquent
non seulement la logique qui mène au conflit, mais ils identifient
également ce qui peut provoquer la faillite des missions de
consolidation de la paix. Les
considérations théoriques des
ethno-réalistes, notamment sur le rôle de la peur et du dilemme de
sécurité dans les conflits ethniques, peuvent être utiles
pour juger de la pertinence de certaines mesures prises dans le cadre des
missions de consolidation de la paix.
Par ailleurs, les ethno-réalistes offrent une solution
lorsque les missions de paix échouent. Selon eux, la communauté
internationale devrait proposer une séparation avant qu'elle ne se fasse
de façon violente par la guerre. Il s'agit donc d'éviter
l'escalade découlant du dilemme de sécurité. Ainsi,
même si l'intervention humanitaire destinée à
sécuriser les gens dans des conditions de guerre ethnique est possible,
la communauté internationale doit être prête à
reconnaître que certains États ne peuvent être
restaurés et que la seule solution possible réside dans la
séparation des groupes ethniques.
Dans le cas des réfugiés en Bosnie et des
accords de Dayton, on peut avancer que dans une perspective
ethno-réaliste, il aurait été préférable de
ne pas prôner une politique du retour menant à une situation
identique à celle qui avait cours avant le déclenchement des
hostilités.
Il était certes nécessaire de mettre fin
à leur statut de réfugié mais en respectant l'importance
du dilemme de sécurité. Il importe donc de les ramener mais de
façon à séparer les groupes ethniques afin d'éviter
de réalimenter le dilemme de sécurité.
Évidemment de telles solutions amènent
également des questions tant éthiques que pratiques. Est-il
normal de déplacer ces personnes? Quand est-il pertinent de le faire?
Qui a l'autorité de prendre une telle décision? Quels groupes
déplacer? Les populations visées vontelles accepter leur
déplacement? Par ailleurs, peut-on déraciner des groupes entiers
de personnes sans traumatismes? Dans le cas des réfugiés, on peut
se demander s'ils peuvent accepter d'être dépaysés une fois
de plus?
En somme, non seulement l'approche théorique
ethno-réaliste comporte son lot d'inconvénients mais elle n'est
pas, à l'instar de tous les discours théoriques, applicable en
absolu sur le terrain.
C. Nouvelle approche intégrée du Haut
Commissariat pour les Réfugiés
Les organisations des réfugiés et d'assistance
reconnaissent aujourd'hui qu'elles agissent parfois sans succès. La
reconnaissance de cette situation combinée à l'inquiétude
grandissant des pays industrialisés devant le nombre croissant de
demandeurs d'asile venus des régions moins développées du
monde, a contribué à faire prendre conscience à la
communauté internationale qu'elle ne maîtrisait plus le
problème global des réfugiés. Dans le même temps, de
nouveaux déplacements de populations se produisent, pour lesquels aucune
des solutions traditionnelles ne semble appropriée. Ainsi, que va-t-il
advenir aux Croates déplacés dont les terres et les maisons ont
été occupées par les Serbes? Quelle solution s'offrira au
nombre croissant de personnes déplacées à
l'intérieur de leur propre pays? Pourront-elles finalement regagner les
communautés qu'elles ont quittées, ou faudra-t-il trouver
d'autres solutions pour elles18?
Parallèlement, les pays les moins
développés qui accueillent un nombre important des
réfugiés et qui sont le plus sérieusement touchés
se trouvent confrontés à la stagnation ou au déclin de
l'économie, à la démographie galopante, à la
dégradation de l'environnement, à la compétition pour la
terre et l'emploi et à l'aggravation des tensions sociales. Ainsi, les
gouvernements se montrent désormais plus attentifs aux liens qui
existent entre les diverses questions de sécurité et
reconnaissent qu'il est nécessaire de les traiter de manière
intégrée.
Ces forces de changement ont imposé et permis à
la communauté internationale d'élaborer de nouvelles
stratégies en matière de recherche de solutions aux
problèmes des réfugiés. Le principe fondamental de cette
nouvelle orientation repose sur le fait que les mouvements des
réfugiés ou des IDPs peuvent être évités par
des actions visant à réduire ou à supprimer les menaces
qui contraignent les personnes à quitter leur propre pays ou
résidence habituelle pour chercher refuge ailleurs. Cette approche qui
consiste à aller au devant des solutions repose aussi sur l'idée
que les mouvements de réfugiés et les déplacements de
population peuvent être empêchés, maîtrisés ou
gérés lorsque les actions de préventions ont fait
faillite. Ainsi, une intervention militaire visant à prévenir les
violations des droits de l'homme peut empêcher la fuite de personnes dont
la sécurité a été menacée et rendre leur
retour possible. Lorsque le déplacement est provoqué par un
conflit armé qui a perturbé gravement
18 UNHCR, Les réfugiés dans le
monde: en quête de solutions, La découverte, Paris (France),
1995, p.35.
l'économie, l'apport de secours et d'une aide à
la reconstruction aux personnes restées sur place peut leur permettre de
ne plus bouger. Et des actions destinées à établir une
présence internationale dans un pays d'origine et à veiller au
respect des droits de l'homme sont susceptibles d'encourager un nombre
important d'exilés à rentrer chez eux. Ces stratégies ont
été mises en oeuvre avec succès au cours des cinq
dernières années en Iraq, en Somalie et au
Tadjikistan19. Dans ce sens, l'UNHCR a lancé au début
de l'année 1990 des projets à impacts rapide destinés
à reconstruire les infrastructures endommagées, à
réhabiliter les équipements publics et à redonner vie
à l'activité économique locale dans des régions
où des rapatriés s'étaient installés.
L'orientation qui commence à émerger au sein de
la communauté internationale concernant la solution à apporter
aux problèmes des réfugiés et autres personnes contraintes
à quitter leur lieu de résidence pourrait épargner
à des millions de personnes le traumatisme et les souffrances de l'exil,
et donner à des millions d'autres la possibilité de reprendre une
vie stable dans leur propre pays. Elle pourrait aussi contribuer à
apaiser certaines tensions sociales et politiques qui risquent de surgir
lorsqu'un nombre important de personnes est contraint d'abandonner leur foyer
et de rechercher refuge ailleurs.
En somme, on peut retenir que l'approche ethno-réaliste
et la nouvelle approche de l'UNHCR sont complémentaires. En effet,
contrairement à la théorie du réalisme qui met en exergue
les causes du déplacement forcé, la nouvelle approche de l'UNHCR
cherche de solutions pouvant freiner les déplacements ou favoriser le
retour des personnes qui ont déjà quitté leurs pays ou
leurs milieux d'origine pour trouver refuge ailleurs.
2.1.2. Déterminants du retour de la migration
forcée: une revue de littérature
Il ne suffit pas de décider que la majorité des
réfugiés et/ou des IDPs doivent retourner au pays ou dans leurs
milieux d'origine. Il faut aussi tenir compte de contraintes diverses qui
peuvent retarder ou empêcher ce retour dans de bonnes conditions. La
question de l'accueil soulève donc celle du retour. Les retours sont
toujours des opérations difficiles, tout comme la migration de refuge.
Car le départ n'a été effectué qu'à cause de
contraintes importantes,
19 UNHCR, Op Cit, p.44.
menaçant la vie des réfugiés et/ou des
IDPs. Ainsi, dans quel environnement ceux-ci vont-ils pouvoir se
réinstaller? Les menaces qui ont amené la migration ont-elles
disparues? Les réfugiés et/ou les IDPs vont-ils retrouver leurs
terres, leurs biens, leurs fonctions sociales?
a) Caractéristiques individuelles
Tous les réfugiés et/ou IDPs n'ont pas les
mêmes objectifs individuels et les mêmes raisons de retourner.
Ainsi sur la question du retour des réfugiés, l'Organisation
Internationale des Migrations (OIM) basée à Genève a
réalisé pour la première fois en 1997 une vaste
étude sur les réfugiés bosniaques vivant en Suisse et en
Belgique afin d'analyser les raisons qui pourraient les pousser à
retourner en Bosnie. On a ainsi pu constater que les trois quart des Bosniaques
ne souhaitaient pas retourner dans leur village ou région d'origine soit
par ce qu'ils étaient issus de mariage mixte donc craignaient pour leur
sécurité personnelle, soit parce qu'ils n'avaient aucune
formation scolaire ou professionnelle qui leur permettaient de trouver un
emploi rapidement, soit parce qu'ils ne ressentaient pas de fibre patriotique
particulière. Certains pays comme la Suisse, l'Allemagne et l'Autriche
ont mis en place des programmes d'aide financière aux
réfugiés bosniaques qui accepteraient de retourner en Bosnie.
Mais ces programmes ont été un échec dans la mesure
où c'est l'emploi, la sécurité, le logement et les
perspectives professionnelles qui sont des facteurs déterminants au
départ. Le retour de ces réfugiés bosniaques est donc
conditionné par ces questions. Ainsi, avant d'envisager le retour de ces
réfugiés, il fallait d'abord songer à résoudre les
problèmes qui ont poussé ces personnes à quitter leur
pays.
Dans le cadre de la migration volontaire, les tenants des
théories économiques postulent que les individus
réagissent à des incitations économiques et
considèrent le revenu issu de l'emploi d'une région donnée
comme la principale variable pouvant mesurer le rendement économique de
la migration. Pour eux, une région où le revenu moyen est
élevé attire les migrants tandis que celle où le revenu
est faible les repousse. Ils arrivent à la conclusion que les
régions à fort taux de chômage auront un taux de migration
négatif (M-F. Martin, 2004). Certains migrants retournent dans leur
milieu d'origine en fonction de leur facilité d'insertion
économique au retour.
Selon le CERE (1999), l'intégration des
réfugiés et/ou des IDPs est un processus dynamique et
réciproque. Il s'inscrit dans le long terme et est de nature
multidimensionnelle. L'emploi est un facteur essentiel du processus
d'intégration. De ce fait, ne pas pouvoir accéder à
l'emploi pendant la période initiale d'arrivée dans le pays
d'accueil constitue un obstacle à l'intégration à long
terme des réfugiés, de même que, le non accès aux
services de santé et de logement. Dans ce sens, Housseaux et al (2005),
étudient l'intégration des migrants à la
société française. Dans leurs analyses, ils croisent les
caractéristiques sociodémographiques des migrants et les parcours
professionnels de ces derniers. Ceci leur permet de mettre en évidence
cinq groupes d'individus pour lesquels l'activité est discriminante.
Même si leurs analysent portent sur un échantillon de migrants
volontaires qui inscrivent leur décision de migrer dans le cadre
général de la théorie néoclassique de maximisation
de l'utilité, elles peuvent également s'appliquer aux
réfugiés et/ou IDPs avec la différence que ces derniers
n'ont pas contrairement aux premiers, le choix de la décision et de la
date et doivent la plupart du temps partir malgré eux pour sauver leur
vie. Dans ce contexte, lorsqu'ils arrivent dans le milieu d'accueil, ils sont
obligés de développer des stratégies de survie alors que
pour certains, les caractéristiques sociodémographiques ne les
prédisposent guère à une meilleure et rapide
intégration. C'est en cela que Cretieneau (2003) montre quelles
stratégies de survie peuvent ainsi produire «des économies
de subsistance modernes, où se développent l'économie et
la finance informelle» dans un contexte où la dimension culturelle
prend une place fondamentale et la solidarité communautaire est forte.
Si les migrants forcés en général s'insèrent
à travers des stratégies de survie, les moins nantis d'entre eux
en termes de niveaux d'instruction et de qualifications initiales auront
beaucoup plus de mal à s'insérer.
b) Milieux d'origine et d'accueil
Le retour des réfugiés et/ou des IDPs est
conditionné par l'amélioration des conditions qui ont
présidé au départ des migrants forcés. Le cas des
IDPs et réfugiés bosniaques demeure un exemple illustratif. En
effet, Frédéric Crété (2001), conseiller militaire
auprès du chef de mission de l'UNHCR en Bosnie-Herzégovine
déclarait qu'en comparant les chiffres relatifs au retour des IDPs de
l'année 2000 à ceux des années précédentes,
il en ressort que le taux de retour des IDPs augmente chaque année.
Selon Frédéric Crété, ceci est dû en grande
partie à l'amélioration des conditions de sécurité
et de liberté de mouvement. Un groupe particulier des IDPs a
modifié le paysage de la Bosnie-Herzégovine depuis deux
années: ceux que l'on appelle
les "retours minoritaires". Ces personnes reviennent vivre
dans une région où elles constituent désormais des
minorités "ethniques", ce qui n'était pas le cas avant la guerre.
La sécurité, l'accès aux soins médicaux, à
l'emploi et l'école pour les enfants, sont les questions principales
pour ce groupe de personnes. En 2000, il y a eu 67 000 retours minoritaires
contre seulement 41 000 en 1999, ce qui représente une augmentation de
60,0%.
La Commission de repossession des biens immobiliers
(Commission for Real Property Claims, CRPC) a aussi aidé à
renforcer le plan de mise en oeuvre des lois sur la propriété
(Property Legislation Implementation Plan, PLIP). "Ce plan a aidé les
réfugiés et les IDPs à réintégrer leur
habitation d'avant guerre," explique Frédéric
Crété. En coopération avec ses partenaires, l'UNHCR
rassure les réfugiés et les IDPs propriétaires que toute
l'assistance possible leur sera fournie pour qu'ils retrouvent leur ancienne
habitation. Ceci a été un facteur déterminant dans
l'accroissement des retours en 2000, confirme le conseiller militaire de
l'UNHCR.
Le plan hivernal de l'UNHCR a également
contribué à faciliter les retours. Durant cette saison, les
personnes vulnérables reçoivent les éléments
nécessaires à leur vie quotidienne. Les malades, les personnes
âgées, les orphelins et les femmes seules vivant dans des zones
rurales reculées bénéficient de ce programme d'aide.
Ainsi, le plan hivernal comporte-t-il la réparation de 365 maisons et la
distribution de 330 kilos de farine, 60 000 litres d'huile de cuisine, 5 500
lits, 6 600 matelas, 21 000 couvertures, 4 500 cuisinières et 55 000
mètres carrés de bâches de plastique.
Les obstacles au retour ou à la réinstallation
des déplacés internes et/ou des réfugiés restent
nombreux. La cohabitation entre communautés d'ethnies différentes
est loin d'être acquise dans de nombreux endroits, et l'idée a
été émise de promouvoir des pactes d'accords entre ces
groupes. Les champs et les maisons de IDPs sont souvent détruis par les
forces armées et l'absence de structures (éducatives, sanitaires,
etc.) dans les zones de retour ou de réinstallation sont des facteurs
déterminants au refus de retour. Selon Amnesty International (2007), le
nombre des retours des IDPs au Kosovo (Bosnie) s'inscrivant dans la
durée continue d'être très faible. Bien qu'il existe des
structures pour faciliter les retours, et malgré le rôle
joué par les organisations internationales, la complexité des
procédures, le manque de perspectives économiques, les
difficultés associées à la liberté de circulation
et les préoccupations en
matière de sécurité sont les raisons qui
ont été mentionnées pour expliquer le faible nombre de
retours.
Renaud et al (2003), montrent que le processus d'insertion
économique est beaucoup plus complexe. Pour ce faire, ils avancent trois
hypothèses dont la première rejoint les thèses de
stratégies de survie de Crétieneau (2003) ou de
«contournement devant les difficultés» tandis que la
deuxième s'intègre dans le contexte de constitution de
réseaux sociaux. Les réseaux sociaux permettent aux migrants de
se socialiser au marché du travail en faisant l'apprentissage des
coutumes et cultures du milieu d'accueil. Si les migrants forcés font
des efforts pour s'intégrer à la société d'accueil,
ils ne peuvent réussir rapidement une bonne intégration sans de
bonnes politiques d'accueil, d'assistance et d'aide à
l'intégration.
2.1.3. Vue d'ensemble
La revue de la littérature sur la migration
forcée montre que parmi les facteurs individuels qui influencent le
retour du migrant forcé, la formation et donc l'éducation qui
permet l'accès à un travail rémunéré reste
déterminant. De même, l'amélioration des conditions de vie
dans le milieu d'origine du migrant forcé reste
prépondérante. En fait, il s'agit prioritairement du
rétablissement de la sécurité et de la reconstruction des
infrastructures endommagées au moment du départ. Concernant les
facteurs économiques, l'emploi donc l'activité économique,
est la principale variable qui influence la décision de retour du
migrant forcé. En fait, les individus sont plus disposés à
retourner lorsque les structures d'accueil (de santé, d'éducation
et de logement) sont rétablies dans les milieux d'origine du migrant
forcé.
2.2. Hypothèse principale et cadre
conceptuel
A la lumière de la revue de littérature, nous
postulons que les contextes du milieu d'origine et du milieu d'accueil
influencent directement les intentions des IDPs de retourner dans leurs
villages d'origine ou par l'intermédiaire de leurs
caractéristiques individuelles. Il découle de cette
hypothèse le schéma conceptuel suivant:
Figure 2.1: Schéma conceptuel de l'intention de
retour des IDPs.
Contexte du milieu d'origine
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Intention de retourner au village
d'origine
|
|
|
|
|
|
Contexte du milieu d'accueil
Notre schéma conceptuel montre que les contextes du
milieu d'origine et du milieu d'accueil influencent directement sur les
intentions de retour ou à travers les caractéristiques
individuelles des IDPs qui déterminent ensuite leurs intentions de
retour dans leurs villages d'origine. En effet, l'environnement dans lequel
vivaient les IDPs ainsi que celui où elles vivent actuellement affectent
leurs activités, ce qui influence leurs intentions de retour. Ces
contextes peuvent directement influencer intentions de retourner dans son
village d'origine. Par exemple, il est difficile de vivre dans un milieu
où il y a l'insécurité.
Mais en général, la littérature montre
que lorsque les conditions de vie sont améliorées dans les
milieux d'origine, les intentions sont favorables au retour. Dans ce cas, il
s'agit d'un retour librement consenti ou volontaire. Mais il peut arriver que
pour des raisons politiques, des IDPs soient forcés à retourner
dans leurs villages d'origine. Il s'agit d'un retour forcé qui
s'opère généralement contre le gré des IDPs puisque
les problèmes qui sont à l'origine de leurs départs n'ont
pas été résolus.
2.3. Définition des concepts
Les concepts à définir dans le cadre de notre
étude sont les suivants: le contexte du milieu d'origine et du milieu
d'accueil et les caractéristiques individuelles. Les dimensions ainsi
que les indicateurs de ces concepts sont rassemblés dans le tableau
suivant :
2.3.1. Contexte du milieu d'origine
Nous entendons par contexte du milieu d'origine,
l'environnement dans lequel vivaient les IDPs avant leur fuite ainsi que
l'ensemble des évènements qui ont été à
l'origine de leur départ et des conditions de leur départ. Les
évènements ayant présidé au départ des IDPs
seront appréhendés à travers les causes de leur
déplacement. Quant aux conditions du départ, elles seront saisies
à travers la perte des biens.
2.3.2. Contexte du milieu d'accueil
Nous définissons le contexte du milieu d'accueil comme
étant l'environnement dans lequel vivent les IDPs et leurs conditions de
vie. Les conditions de vie des IDPs dans le milieu d'accueil seront
appréhendées à travers l'accès à l'eau
potable et de la possession de terre cultivable dans le site.
2.3.3. Caractéristiques individuelles
Il s'agit des caractéristiques d'identification
sociale, des caractéristiques socioéconomiques et
démographiques des IDPs. Une personne déplacée est
identifiée sur le plan social par son ethnie. Ses
caractéristiques socioéconomiques sont saisies à travers
son activité économique et son niveau d'instruction. Ses
caractéristiques démographiques sont saisies à travers son
âge, son état matrimonial et son statut dans le ménage.
Tableau 2.1: Synthèse des définitions des
concepts
Concepts
|
Dimensions
|
Indicateurs
|
Contexte du
|
Evènements à l'origine du départ
|
Causes du déplacement
|
milieu d'origine
|
Conditions de départ
|
- Perte de biens
|
Contexte du
|
Conditions de vie
|
- Accès à l'eau potable
|
milieu d'accueil
|
|
- Possession de terre cultivable
|
Caractéristiques
|
Sociale
|
Ethnie
|
individuelles
|
|
- Age
|
|
Démographique
|
- Sexe
|
|
|
- Etat matrimonial
|
|
|
- Statut dans le ménage
|
|
Socioéconomique
|
- Activité économique
|
|
|
- Niveau d'instruction
|
|
2.4. Hypothèses spécifiques et variables
d'analyse 2.4.1. Hypothèses spécifiques
De façon spécifique, nous postulons que:
> H1 : Les IDPs marié(e)s ont plus de
chance de manifester le désir de retourner dans leurs villages d'origine
que les IDPs célibataires.
> H2 : Les IDPs exerçant dans
l'agriculture ont plus de chance de manifester le désir de retourner
dans leurs villages d'origine que les IDPs sans emploi.
> H3 : Les personnes déplacées
de sexe masculin ont une propension plus grande à manifester le
désir de retourner dans leurs villages d'origine que celles de sexe
féminin.
> H4 : Les IDPs ayant accès
à l'eau potable dans le milieu d'accueil ont plus de chance de ne pas
manifester le désir de retourner dans leur village d'origine que celles
qui n'ont pas accès.
> H5 : Les IDPs qui ont reçu un lopin
de terre cultivable ont moins de chance d'exprimer le désir de retourner
dans leurs villages d'origine que celles n'ayant pas reçu.
> H6 : Les IDPs ayant perdu leurs biens
pendant la fuite ont moins de chance d'exprimer le désir de retourner
dans leurs villages d'origine que celles qui n'ont rien perdu.
2.4.2. Variables d'analyse de l'étude
a) Variable dépendante
La variable à expliquer est « A l'intention
de retourner au village d'origine ». Elle prend la valeur 0 si la
personne déplacée a l'intention de retourner dans son village
d'origine et 1 si elle n'a pas l'intention. Il s'agit du projet personnel de
chaque IDP par rapport à son retour dans son village d'origine. Cette
variable a été directement saisie pendant l'enquête
grâce à la question posée à chaque IDP sur son
intention de retourner dans son village d'origine. Cette question a permis de
classer les IDPs en deux catégories: ceux qui sont favorables au retour
dans leurs villages d'origine et ceux qui ne le sont pas.
b) Variables indépendantes
Les variables indépendantes sont celles qui rendent
compte des conditions de vie dans le milieu d'accueil et des conditions et
évènements ayant présidé au départ des IDPs
de leurs villages d'origine. Concernant les conditions de vie dans le milieu
d'accueil, les variables retenues dans l'analyse sont : accès à
l'eau potable et possession de terre cultivable. En ce qui concerne les
conditions et les évènements ayant présidé au
départ de l'IDP, il s'agit des causes du déplacement des IDPs et
de la perte des biens au moment du départ.
Pour ce qui est des caractéristiques individuelles,
cette étude retient l'ethnie, l'âge, le sexe, le niveau
d'instruction, l'activité économique, l'état matrimonial
et le statut des IDPs dans le ménage.
Figure 2.2: Schéma d'analyse de
l'étude
Causes du
|
|
Perte de
|
|
Accès à
|
|
Possession de
|
déplaceme
|
|
biens
|
|
l'eau potable
|
|
terre cultivable
|
Etat matrimonial
Statut dans le ménage
A l'intention de retourner dans son village
d'origine
Niveau d'instruction
Activité économique
Synthèse partielle
En parcourant les littératures sur la migration
forcée, nous pouvons noter que les individus ou groupes d'individus sont
forcés à quitter leurs pays ou milieu d'origine suite à
des situations qui menacent leur survie. La théorie
ethno-réaliste fait donc état de la peur et du dilemme de
sécurité pour expliquer ce type de migration. En cherchant des
solutions durables à ce type de migration, de l'UNHCR met en place une
approche intégrée qui permet d'intervenir en amont et en aval des
problèmes du déplacement forcé.
De ces deux théories, il en découle que les
caractéristiques individuelles du migrant forcé, ses milieux de
départ et d'accueil sont les déterminants de la migration
forcée. L'approche ethno-réaliste et l'approche de l'UNHCR
reconnaissent le rôle des facteurs économiques dans la
décision de retour du migrant forcé et expliquent que la
décision du retour volontaire est prise compte tenu des situations qui
ont poussé les migrants forcés à quitter leurs milieux
d'origine. La revue de la littérature présente l'activité
économique et la sécurité comme des facteurs
associés à la décision de retour du migrant
forcé.
CHAPITRE III: ASPECTS METHODOLOGIQUES
Après avoir exploré le champ de notre
étude, nous présentons dans ce chapitre les aspects pouvant
conduire directement à l'analyse de données. Ainsi, ce chapitre a
pour objectif de présenter d'abord la source et la méthodologie
de la collecte de données; d'évaluer la qualité de ces
données et de présenter enfin la méthodologie d'analyse
statistique.
3.1. Source de données et méthodologie de
collecte de données
Cette partie présente la source de données
utilisées dans l'analyse et la méthodologie utilisée pour
collecter ces données sur le terrain.
3.1.1. Source de données
Pour notre analyse, nous utilisons les données de
l'enquête auprès des IDPs à l'Est du Tchad
réalisée par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les
Réfugiés (UNHCR) avec l'appui du Fonds des Nations Unies pour la
Population (UNFPA) et l'assistance de l'Institut de Formation et de Recherche
Démographiques (IFORD) en avril 2007. Cette enquête avait pour
objectifs de:
> Estimer le nombre des IDPs dans cette partie du Tchad
touchée par l'insécurité ;
> Déterminer les caractéristiques
sociodémographiques des IDPs ;
> Déterminer les lieux d'origine et les facteurs
à l'origine des déplacements des IDPs ;
> Cerner les conditions de vie des IDPs depuis l'installation
dans les sites afin de disposer des indicateurs nécessaires pour
évaluer les besoins en protection et assistance des IDPs
> Analyser la vie communautaire des IDPs et les rapports qui
existent entre eux et les populations hôtes
> Apprécier les intentions de retour dans les villages
d'origine et leurs motivations ainsi
que les conditionnalités pour encourager les IDPs qui
n'envisagent pas le retour.
3.1.2. Méthodologie de collecte de
données
Cette section présente la méthodologie de la
collecte de données pour l'enquête auprès des IDPs à
l'Est du Tchad. Elle décrit le champ et la population cible de
l'enquête, les documents techniques, le plan de sondage et le
dénombrement.
a) Champ de l'étude et la population
cible
Compte tenu des besoins émis par les organisations
humanitaires intervenant à l'Est du Tchad, la population
concernée par l'étude était l'ensemble des IDPs, sans
distinction de sexe, d'âge et de statut social installées dans les
sites spontanés. Mais compte tenu des difficultés d'ordre
technique, ce sont donc les IDPs de deux sexes âgées de 15 ans et
plus qui ont été retenus pour fournir des informations.
b) Elaboration des documents techniques
Pour collecter les informations auprès des ménages
et des individus, la mission chargée de l'enquête a
élaboré trois types d'outils de collecte:
1. Une fiche de dénombrement adressée à
chaque chef de ménage;
2. Un questionnaire individuel adressé aux adultes
sélectionnés dans les ménages;
3. Une grille d'entretien adressée aux chefs de villages
et/ou témoins privilégiés pour chaque site pour avoir des
données d'ordre communautaire.
En ce qui concerne le dénombrement des ménages,
trois fiches récapitulatives ont été
élaborées pour permettre aux enquêteurs, aux
contrôleurs et aux superviseurs de faire le point chaque jour sur les
statistiques préliminaires (nombre de ménages, effectif de la
population, nombre des ménages présentant des cas d'handicap).
c) Dénombrement et plan de sondage
c1. Dénombrement
L'opération de collecte était un
dénombrement couplé d'une enquête. Dans la première
phase, l'ensemble des ménages des sites retenus a été
systématiquement dénombré. Ce dénombrement visait
à obtenir une bonne estimation des IDPs résidant dans chaque site
retenu et de disposer d'une liste des ménages dans chaque site. C'est
cette liste des ménages qui a donc servi de base de sondage pour le
tirage de l'échantillon des unités primaires (ménages)
à l'intérieur desquelles des unités secondaires
(individus) sont sélectionnées pour l'enquête
individuelle.
Pour ce dénombrement, douze sites ont
été sélectionnés (suivant un choix raisonné)
et systématiquement dénombrés. Il s'agit de cinq sites
dans la zone de Goz Beida (Gassiré, Gouroukoun, Kerfi, Koloma et
Koubigou), deux dans la zone de Koukou Angarana (Aradib, Habile I, II et III),
quatre dans la zone de Farchana-Arkoum (Alacha, Goudiang, Goz Bagar et
Goungour) et enfin un site dans la zone d'Abdi (Abdi).
c2. Plan de sondage
Le plan de sondage utilisé est celui d'un sondage
stratifié à deux degrés. Pour garantir la
représentativité de l'échantillon, la sélection des
unités statistiques a pris en compte la représentativité
des sites où sont installés les IDPs. Chaque site retenu (12
sites au total) constitue une strate à l'intérieur de laquelle on
a tiré les ménages (proportionnellement à sa taille).
Ensuite, les individus à enquêter sont tirés dans ces
ménages.
> Tirage des ménages
A la fin du dénombrement d'un site, une base de sondage
du site est rapidement constituée à partir du logiciel Excel. A
partir de la fiche de dénombrement, le numéro du jeton du
ménage, le sexe du chef de ménage et la taille du ménage
sont saisis. En fait, le tirage des ménages (grappes) était
à probabilités inégales (proportionnellement à
leurs tailles). En effet, le sondage aléatoire simple à
probabilité inégale a été utilisé pour tirer
les ménages.
> Tirage des Individus à
interviewer
Au sein des 2.500 ménages tirés au premier
degré, 2.500 adultes chefs de ménage sont automatiquement
tirés. A ceux-ci, on a ajouté par tirage environ 1.500 adultes,
soit un effectif total de 4.000 personnes à enquêter. C'est
auprès de ces individus que le questionnaire individuel a
été administré. Ainsi, les individus à
enquêter dans les ménages échantillonnés sont, d'une
part, les chefs de ceux-ci, et d'autre part, les adultes âgés de
15 ans ou plus de ces ménages qui n'avaient pas le statut de chef de
ménage. Il s'agissait souvent des époux (ses) des chefs de
ménage, de leurs enfants, frères/soeurs ou de toute autre
personne apparentée ou non au chef de ménage selon le cas. La
table des nombres au hasard a été utilisée sur le terrain
dans les ménages où il y avait plus d'un adulte de 15 ans ou plus
qui n'avaient pas le statut de chef de ménage afin de
sélectionner de manière aléatoire celui d'entre eux qui
devait être interrogé. Le tirage des individus est fait à
probabilité inégale c'est-à-dire que la probabilité
d'un individu de 15 ans ou plus (qui n'est pas chef de ménage)
d'être tiré varie suivant la taille du ménage dans lequel
il se trouve. Si dans un ménage il y a n adultes
âgés de 15 ans ou plus en dehors du
chef de ménage, ces adultes avaient la probabilité
1
n
|
d'être interrogés. Ainsi, sur les 4000
|
personnes à enquêter initialement prévues
(ces personnes devaient être sélectionnées dans 12 sites),
3994 personnes ont été effectivement interrogées. La
répartition de ces personnes interrogées selon les sites est la
suivante:
N° du site Nom du site Effectifs
10 Koloma 269
11 Koubigou 285
12 Boundjang 55
3 Goungour 210
2 Alacha 166
4 Goz Bagar 362
5 Kerfi 102
6 Aradib 348
7 Gassiré 481
8 Gouroukoun 409
9 Habile 1160
1 Abdi 147
Total
3994
Pourcentage
100,00
29,04
12,04
10,24
4,16
2,55
3,68
5,26
9,06
6,74
7,14
8,71
1,38
Tableau 3.1: Répartition des IDPs
enquêtées selon les sites
Ainsi, compte tenu de nos objectifs, nous utilisons le
questionnaire individuel (en annexe 1) qui a recueilli les informations sur les
intentions de retour des IDPs à l'Est du Tchad. Ce sont donc ces
informations qui seront analysées dans la présente
étude.
3.2. Evaluation de la qualité des
données
Pour évaluer la qualité des données
recueillies, nous nous limiterons à calculer les taux de non
réponses de chaque variable retenue pour l'analyse et à
évaluer les données sur l'âge en utilisant la pyramide des
IDPs et en calculant les indices de WHIPPLE, de MYERS et de BACHI compte tenu
des limites de chaque technique d'évaluation.
3.2.1. Taux de réponses des variables
D'une manière générale, on peut dire que
le taux de réponses des variables est bon car ce taux est en moyenne de
98,7% pour un taux moyen de non réponses de 1,3% comme l'indique le
tableau 3.3. Mais en regardant les variables une à une, on remarque que
les données sur le sexe enregistrent un taux de non réponse de
0,3% contre toute attente. De même, on observe que l'âge enregistre
un taux de non réponse élevé (13,9%) par rapport aux
autres variables. Nous utiliserons encore quelques techniques statistiques pour
évaluer davantage la qualité des données de cette
variable.
Tableau 3.2: Taux de réponses et de non
réponses des variables
Variables
|
Valeurs valides
|
Valeurs manquantes
|
|
|
|
Effectif
|
%
|
Effectif
|
%
|
Total
|
%
|
A expliquer
|
A l'intention de retourner
|
3963
|
99,2
|
31
|
0,8
|
3994
|
100,0
|
|
Niveau d'instruction
|
3979
|
99,6
|
15
|
0,4
|
3994
|
100,0
|
|
Activité économique
|
3977
|
99,6
|
17
|
0,4
|
3994
|
100,0
|
|
Causes du déplacement
|
3987
|
99,8
|
7
|
0,2
|
3994
|
100,0
|
|
Statut dans le ménage
|
3991
|
99,9
|
3
|
0,1
|
3994
|
100,0
|
|
Ethnie
|
3967
|
99,3
|
27
|
0,7
|
3994
|
100,0
|
Explicatives
|
Perte de biens
|
3989
|
99,9
|
5
|
0,1
|
3994
|
100,0
|
|
Possession d'un lopin de terre cultivable
|
3985
|
99,8
|
9
|
0,2
|
3994
|
100,0
|
|
Accès à l'eau potable
|
3969
|
99,4
|
25
|
0,6
|
3994
|
100,0
|
|
Age
|
3441
|
86,1
|
553
|
13,9
|
3994
|
100,0
|
|
Sexe
|
3982
|
99,7
|
12
|
0,3
|
3994
|
100,0
|
|
Etat matrimonial
|
3974
|
99,5
|
20
|
0,5
|
3994
|
100,0
|
Source : Traitement des
données de l'enquête IDPs de 2007.
3.2.2. Pyramide des âges des IDPs
La pyramide des âges des IDPs à l'Est du Tchad
(figure 3.1), laisse apparaître beaucoup d'irrégularités.
On observe des pics particulièrement aux âges ronds (se terminant
par zéro) et semi-ronds (se terminant par cinq) surtout à partir
de 20 ans pour les femmes et 25 ans pour les hommes. Ces pics sont plus
importants chez les femmes que chez les hommes. Ils montrent une attraction
pour les âges se terminant par zéro ou par cinq. Ces attractions
sont dues à une mauvaise déclaration de l'âge qui sont
essentiellement liées à:
> L'analphabétisme
> La pratique limitée de l'état civil
En effet, la perception démographique de l'âge
étant liée à l'instruction, les personnes
analphabètes ont du mal à déterminer leur âge car
elles ne savent pas compter les mois et les années calendaires. D'autre
part, la faible couverture de l'état civil limite le nombre d'individus
qui connaissent leur date de naissance et donc leur âge exact. La
méconnaissance de l'âge des individus conduit
généralement à la préférence pour certains
âges entraînant le gonflement des effectifs aux âges
attractifs et le déficit aux âges répulsifs. Une autre
cause d'erreur peut être la non déclaration de l'âge par
certains individus volontairement ou non.
Ainsi, les indices de WHIPPLE, MYERS et de BACHI nous permettront
de confirmer ou d'infirmer cette préférence des âges se
terminant par les chiffres zéro et cinq.
Les déterminants des intentions de retour des personnes
déplacées internes à l'Est du Tchad
95
94
93
92
91
90
89
88
87
86
85
84
83
82
81
80
79
78
77
76
75
74
73
72
71
70
69
68
67
66
65
64
63
Masculin
Féminin
62
61
60
59
58
57
56
55
54
53
52
51
50
49
48
47
46
45
44
43
42
41
40
39
38
37
36
35
34
33
32
31
30
29
28
27
26
25
24
23
22
21
20
19
18
17
16
15
100 80 60 40 20 0 20 40 60 80 100 120
Figure 3.1: Pyramide des âges des IDPs à
l'Est du Tchad en 2007
3.2.3. Calculs des indices statistiques
La pyramide des âges a révélé une
mauvaise déclaration des âges mais elle ne peut confirmer la
préférence (attraction) ou la répulsion des âges
spécifiques. Ainsi, nous calculons les indices de WHIPPLE, de MYERS et
de BACHI pour confirmer ou infirmer la préférence ou l'attraction
des âges ronds (les âges se terminant par 0 ou 5).
a) Indice de WHIPPLE
L'indice de WHIPPLE (Iw) permet de mesurer le degré de
préférence des âges se terminant par zéro ou cinq.
Le calcul de cet indice consiste à prendre l'effectif total des femmes
âgées de 23 à 62 ans, et à calculer la somme des
effectifs des femmes de cet intervalle dont les âges se terminent par les
chiffres zéro ou cinq; puis on fait le rapport de cette dernière
somme au un cinquième de l'effectif total. L'indice ainsi obtenu varie
entre 0 et 5.
12
P (5 i)
Pj
j 23
Lorsque sa valeur est égale à 1, il n'y a pas de
préférence pour les âges se terminant par 0 et par 5. Par
contre pour une valeur inférieure à un, il y a répulsion
tandis que pour une valeur comprise entre 1 et 5 il y a attraction (Roger et
al, 1981). Les valeurs proposées par les Nations Unies pour
apprécier la qualité des données sur l'âge à
partir de cet indice sont:
> Si Iw= 0, il y a répulsion total des âges
terminés o et 5.
> Si Iw= 5, tous les âges enregistrés se
terminent par 0 ou 5.
> Si Iw < 1, il y a répulsion pour les âges
terminés par 0 et 5.
> Si Iw = 1, il n'y a aucune préférence pour
les âges terminés par 0 ou 5.
> Si 1 < Iw < 5, il y a attraction d'autant plus forte
que Iw est proche de 5.
Ainsi, les indices calculés et rassemblés dans
le tableau 3.3 ci-après montrent qu'ils sont compris entre 1 et 5
(1<I<5). On conclut qu'il y a attraction aux âges se terminant par
0 ou 5 aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Toutefois, on remarque
que l'attraction est plus forte chez les femmes que chez les hommes
c'est-à-dire que les femmes ont très mal
déclaré leurs âges par rapport aux hommes.
Mais cet indice présente des limites car il ne mesure que la
préférence des âges se terminant par 0 ou 5. Ce qui nous
amène à calculer l'indice de MYERS qui ne présente pas cet
inconvénient.
Tableau 3.3: Indice de WHIPPLE
Sexe
|
Indice de WHIPPLE
|
Masculin 2,30
|
Féminin 2,93
|
Ensemble 2,69
|
Indice
|
Source : Traitement des
données de l'enquête IDPs de 2007.
b) Indice de MYERS
9
Contrairement à l'indice de WHIPPLE, celui de MYERS
mesure la répulsion ou l'attraction de chacun des chiffres compris entre
zéro et neuf. Il permet aussi de se prononcer de façon globale
sur l'ensemble des chiffres. Cet indice présente aussi l'avantage
d'éliminer, au moins en partie, la diminution des chiffres entre les
âges en se servant des effectifs pondérés. Cet indice varie
entre 0 et 180. Plus il est proche de zéro, meilleure est la
déclaration des âges. Pour chaque chiffre, le signe négatif
du coefficient indique une répulsion, tandis que le signe positif
traduit une attraction. La valeur absolue du coefficient renseigne sur
l'ampleur de préférence. Il est calculé de la façon
suivante:
Im = EI100 Tu 10
- I
u=0
T
Où Tu est la quantité des effectifs remaniés
définie par :
9
Tu = ( U + 1 ) Su + ( 9 - U
)S 'u; T = Tu
u = 0
dmax dmax
Avec ( )
Su = P d u
10 +
|
et ( )
S u
' = P d u
10 +
|
les sommes des effectifs des personnes de
|
d= 1 d= 2
10 ans et plus dont les âges se terminent respectivement
par chacun des chiffres de 0 à 9. Les indices calculés sont
rassemblés dans le tableau ci-dessous :
Tableau 3.4: Indice de MYERS
Chiffres U Masculin Féminin
Indice
0
1 10,59 25,38
2 21,08 55,78
3 28,51 39,76
4 21,58 19,28
5 9,85 5,22
6 4,41 2,34
7 2,98 0,90
8 0,80 0,10
9 0,20 0,00
73,53
141,65
Source : Traitement des
données de l'enquête IDPs de 2007.
Ce tableau montre qu'aussi bien chez les hommes que chez les
femmes, l'indice de MYERS dépasse largement zéro. En effet,
l'indice de MYERS pour le sexe masculin vaut 73,53 et 141,65 pour le sexe
féminin c'est-à-dire 0<I<180 quelque soit le sexe. Ce qui
justifie une fois encore qu'il y a attraction aussi bien chez les hommes que
chez les femmes. Cet indice montre aussi que ce sont les femmes qui ont mal
déclaré leurs âges par rapport aux hommes. Mais si l'indice
de MYERS permet de se prononcer de façon globale sur l'ensemble des
chiffres, il n'est cependant pas possible de définir de façon
précise les conditions théoriques dans lesquelles il prend la
valeur zéro. Ainsi, nous calculons l'indice de BACHI qui ne
présente cet inconvénient.
c) Indice de BACHI
Partant des effectifs d'âge compris entre 23 et 72 ans,
BACHI a constaté que pour des populations où l'âge
était bien déclaré, le rapport
ru des effectifs dont l'âge se termine par
chacun des chiffres de 0 à 9 à l'effectif total des 23-72 ans
varie à peu près linéairement en fonction du chiffre des
unités de 3 à 9 puis de 0 à 2. Il a montré par
ailleurs que la pente de cette droite ne varie pas si l'on modifie
légèrement les limites d'âge, en considérant par
exemple les groupes d'âges 23-72 ans, 24-73 ans, 25-74 ans, ...28-77 ans.
BACHI a calculé les différents rapports
ru théoriques c'est-à-dire que l'on
observerait dans une situation de déclaration parfaite des âges.
Ces valeurs permettent de déduire des rapports tels qu'une
déclaration correcte des âges se terminant par un chiffre
donné produirait un indice de 10. Il
arrive à la conclusion que si les âges sont bien
déclarés, tous ces rapports sont égaux à 10,0%;
s'il y a préférence (ou répulsion) pour certains
âges, les rapports correspondants sont supérieurs ou
inférieurs à 10,0%. L'indice de BACHI s'obtient en faisant la
somme des écarts positifs de ces rapports avec 10. Il varie entre 0
(aucune préférence ou aversion) et 90 (tous les âges
déclarés se terminent par le même chiffre).
ru 100 Au
Du
=
Avec Du = Bu 2 + Cu
où Bu , Cu et Au sont des quantités
calculées à partir des effectifs aux
âges se terminant par des chiffres de 0 à 9.
On calcule ensuite les écarts ru -
10, la somme des écarts positifs donne l'indice de BACHI. Les
indices calculés sont consignés dans le tableau n°3.3.
Tableau 3.5: Indice de BACHI
Chiffres U Masculin Féminin
Indice
0 22,96 32,05
1 3,50 2,28
2 9,26 6,76
3 5,43 8,36
4 4,06 2,01
5 24,61 27,40
6 7,04 4,12
7 8,08 6,46
8 8,88 8,03
9 4,35 4,22
27,57
39,45
Source : Traitement des
données de l'enquête IDPs de 2007.
En observant ce tableau, on s'aperçoit que les indices
de BACHI pour le sexe masculin et féminin sont largement
supérieurs à 0 et largement inférieurs à 90. En
effet, pour le sexe masculin, I=27,57 et pour le sexe féminin, I=39,45
c'est-à-dire 0<I<90. Par rapport à la conclusion de BACHI,
on peut encore dire que tous les âges déclarés se terminent
par les mêmes chiffres. L'indice de BACHI montre une fois de plus que ce
sont les hommes qui ont mieux déclarés leurs âges que les
femmes.
De tout ce qui précède, on peut conclure que la
qualité de données sur l'âge n'est pas bonne. Mais compte
tenu de l'importance de cette variable dans l'analyse démographique,
nous allons l'utiliser malgré que sa qualité soit peu bonne.
Ainsi, pour les besoins de l'analyse, nous allons procéder au
regroupement des années d'âges en trois groupes d'âges:
jeunes (15-34 ans), les adultes (35-59 ans) et les vieux (60 ans et plus). Mais
en utilisant la méthode des Nations Unies, nous avons
procédé au lissage de la structure par âge de cette
population pour obtenir la pyramide des âges ci-dessous. Cette
méthode se base sur la moyenne pondérée de cinq groupes
d'âges encadrants:
N ' = - N 2 + 4
N1 +10 N 0 +
4N1 -N2
16
Les résultats de ce calcul se trouvent dans le tableau 3.4
à l'annexe. Ces résultats ont permis de construire la pyramide
des âges ci-après.
Figure 3.2: Pyramide des âges lissée par la
méthode des Nations Unies
45-49
40-44
90-95
85-89
80-84
75-79
70-74
65-69
60-64
55-59
50-54
35-39
30-34
25-29
20-24
15-19
200 150 100 50 0 50 100 150 200
Masculin
Féminin
Cette pyramide lissée obtenue à partir des
groupes d'âge ajustés présente une certaine
régularité surtout à partir du groupe d'âges 30-34
ans. Elle montre une décroissance régulière des
proportions des IDPs au fur et à mesure que l'âge augmente. Mais
on s'attendait à ce qu'il y ait plus de femmes que d'hommes aux
âges élevés contrairement à ce qu'on observe sur
cette
pyramide puisqu'il y a plus de femmes que d'hommes dans le
pays et leur espérance dépasse celle des hommes. En effet, selon
le RGPH de 1993, les femmes représentent 52,0% de la population totale
du Tchad et ont une espérance de vie de 49,21 ans contre 45,88 ans pour
les hommes.
3.3. Méthodes d'analyse statistique
Pour notre analyse, nous ferons dans un premier temps une analyse
descriptive qui sera complétée par une analyse explicative dans
un second temps.
3.3.1. Analyse descriptive
Elle concerne l'analyse bivariée et l'analyse factorielle
des correspondances multiples (AFCM).
a) Analyse bivariée
Elle consiste à faire une analyse
différentielle des variables liées à l'intention de retour
des IDPs dans leurs villages d'origine et sera menée grâce aux
tableaux croisés. A l'aide de la statistique du Khi-deux, nous
apprécierons au seuil de 5% l'existence ou non de relation entre chacun
des facteurs individuels et le risque de retour des IDPs.
b) Analyse factorielle des correspondances multiples
(AFCM)
Compte tenu de notre objectif qui est celui de
déterminer le profil des IDPs selon leurs intentions de retour, nous
recourons à l'analyse factorielle des correspondances multiples (AFCM)
pour caractériser les IDPs en fonction de leurs intentions de retour
dans leurs villages d'origines.
3.3.2. Analyse explicative
Au niveau de l'analyse explicative, la méthode
d'analyse statistique retenue pour identifier les déterminants de
l'intention de retour des personnes déplacées internes à
l'Est du Tchad est le modèle de régression logistique. Le
principe de la méthode est décrit à l'annexe2.
3.3.3. Justification du choix du
modèle
Le choix du modèle de régression logistique
dichotomique est fait compte tenu des objectifs de notre étude et de la
nature de nos variables. Le principal objectif de l'étude étant
d'identifier les déterminants de l'intention de retour des personnes
déplacées internes à l'Est du Tchad, la régression
logistique répond bien à nos aspirations en tant que
modèle explicatif.
Par ailleurs, la variable dépendante qui est ici
«A l'intention de retourner au village d'origine« est une
variable qualitative et dichotomique (les IDPs ont répondu par oui ou
non à la question sur leur intention de retourner dans leurs villages
d'origine). Les variables présumées explicatives sont
qualitatives. Pour toutes ces raisons, la régression logistique
dichotomique semble la mieux adaptée à nos données et la
mieux indiquée dans une approche explicative. Elle permet de
décrire les interdépendances entre les variables explicatives et
la variable dépendante. Avec la régression logistique
dichotomique, l'analyse est faite au niveau individuel qui est celui requis
dans la recherche des déterminants. Elle a l'avantage de prédire
la réalisation ou non d'un évènement c'est-à-dire
d'évaluer ici les risques relatifs de refus de retour des IDPs.
Synthèse partielle
Pour atteindre nos objectifs, nous utilisons les
données de l'enquête auprès des IDPs à l'Est du
Tchad réalisée en avril 2007 par de l'UNHCR. L'évaluation
de la qualité des données de cette enquête montre que dans
l'ensemble, les données sont de bonne qualité. Mais en ce qui
concerne l'âge, l'évaluation montre qu'il y a une forte attraction
aux âges se terminant par zéro ou cinq pour les deux sexes. Pour
atténuer les effets de cette attraction, nous avons regroupé les
années d'âges en trois (3) tranches d'âges et avons
utilisé la méthode des Nations Unies pour ajuster la structure
par âge des IDPs.
En ce qui concerne l'analyse descriptive, nous utilisons,
compte de la nature de notre variable dépendante (qualitative
dichotomique) et de nos objectifs, l'analyse factorielle des correspondances
multiples (AFCM) pour catégoriser notre population étudiée
selon leurs intentions de retour et la méthode de régression
logistique pour déterminer les risques relatifs de retour des IDPs dans
leurs villages.
CHAPITRE IV: VARIATIONS DIFFERENTIELLES
ET DETERMINANTS DES INTENTIONS DE RETOUR DES IDPs
Nous traitons dans ce chapitre les variations des intentions
de retour des personnes déplacées pour identifier les variables
qui déterminent l'intention des personnes déplacées par
rapport à leur retour dans leurs villages d'origine. Il est
structuré en quatre parties. La première partie traite du profil
des personnes déplacées, la seconde analyse les variations
différentielles des intentions de retour des personnes
déplacées selon quelques unes de leurs caractéristiques,
la troisième porte sur l'essai de catégorisation des IDPs selon
leurs intentions de retour et les variables de l'études et la
quatrième partie enfin est consacrée à l'identification
des déterminants des intentions de retour des personnes
déplacées dans leurs villages d'origine.
4.1. Profils démographiques et
socioéconomiques des IDPs
Pour mieux appréhender les intentions de retour des IDPs,
cette partie se propose de déterminer leur structure selon quelques
caractéristiques démographiques et socioéconomiques.
4.1.1. Répartition des IDPs selon leurs
caractéristiques démographiques a) IDPs à majorité
des femmes et des personnes jeunes
Sur l'ensemble de la population déplacée et
enquêtée, les tranches d'âge 15-34 ans et 35-59 ans sont
plus représentées quel que soit le sexe. Les personnes
âgées (les 60 ans et plus) sont moins représentées
(graphique 4.1). Le déplacement forcé à l'Est du Tchad a
donc touché en grande partie la population active (de 15-59 ans). La
moyenne d'âge de la population déplacée est de 35,1 ans
avec un écart-type de 13,8 ans.
Suivant le sexe, on note quelques variations. En effet, dans
la tranche d'âges 15-34, les femmes sont plus nombreuses que les hommes
avec respectivement 60,3% contre 38,9%. Par contre, dans les tranches
d'âges 35-59 ans et 60 ans et plus, les hommes sont les plus nombreux
avec respectivement 49,4% et 11,7% contre 35,4% et 4,3% chez les femmes. Mais
de façon globale, les femmes représentent environ 65,0% de la
population déplacée à l'Est du Tchad
contre seulement 35,0% des hommes. On remarque que quel que soit
le sexe, la proportion des personnes âgées est faible (11,7% pour
les hommes et 4,3% pour les femmes).
Graphique 4.1: Répartition (%) des
enquêtés par tranches d'âges selon le sexe
Masculin Féminin
15-34 ans 35-59 ans 60 ans et plus
|
11,7
|
|
4,3
|
|
35,4
|
|
|
|
49,4
|
|
|
|
|
|
|
|
|
60,3
|
|
|
|
|
|
38,9
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0%
Cette représentativité des femmes parmi la
population déplacée appelle donc à des actions
spécifiques car les femmes portent souvent le plus lourd fardeau en
période de guerre car elles doivent trouver un équilibre
délicat entre les risques que leur fait courir un environnement souvent
hostile et la nécessité impérieuse de pourvoir aux besoins
immédiats de leur famille. Les femmes doivent faire face à la
perte de parents proches et endosser des rôles nouveaux pour assurer leur
existence et celle de leur famille.
En ce qui concerne le rapport de masculinité, on note
qu'il y a environ 61 hommes pour 100 femmes dans la population des IDPs. Ce
rapport est proche de celui observé au recensement de 1993 dans la
région du Ouaddaï qui est de 55 hommes pour 100 femmes.
b) Des déplacés à majorité
des personnes mariées
Classées selon leur état matrimonial, les IDPs
à l'Est du Tchad sont pour la plus part des personnes mariées. En
effet, les personnes mariées représentent globalement 76,8% du
total des IDPs. Les célibataires, les veuf(ve)s et les
divorcé(e)s représentent respectivement 9,5%, 8,8% et 4,9%. Le
graphique 4.2 montre que le pourcentage des hommes mariés est
légèrement plus élevé que chez les femmes. En
effet, près de 9 hommes déplacés sur 10 sont mariés
(87,5%) contre 7 femmes déplacées sur 10 (71,2%). La situation
est presque similaire chez les célibataires où on trouve 10,4%
d'hommes contre 8,9% de femmes. Par contre chez les veufs et les
divorcés, les femmes sont les plus nombreuses. Il y a en effet, 12,7%
des veuves contre 1,6% des veufs et 7,2% des femmes divorcées contre
0,5% d'hommes divorcés. Cet écart important entre les hommes et
les femmes pourrait être expliquée par la situation de guerre
où beaucoup d'hommes sont engagés et/ou directement
visés.
Masculin Féminin
Célibataire Marié Veuf(ve) Divorcé(e)
|
0,5 1,6
87,5
|
|
7,2
|
|
12,7
|
|
|
|
|
|
71,1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
10,4
|
|
8,9
|
|
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Graphique 4.2: Répartition (%) des IDPs selon
l'état matrimonial et le sexe
4.1.2. Répartition des IDPs selon les
caractéristiques socioéconomiques a) Des déplacés
essentiellement sans instruction
Suivant le niveau d'instruction, les IDPs sont en
général sans niveau d'instruction. Le graphique 4.3 montre que
plus de 9 IDPs sur 10 n'ont pas été à l'école
formelle, moins d'une personne sur 10 a atteint le primaire. Ce qui montre que
le niveau d'analphabétisation est relativement important chez les
IDPs.
Le graphique 4.3 montre aussi qu'il existe chez les IDPs des
disparités entre les hommes et les femmes en matière
d'instruction. Ainsi, 96,2% des femmes n'ont pas été
l'école contre 94,6% chez les hommes. A chaque niveau d'instruction
donné, la proportion des hommes instruits reste supérieure
à celle des femmes. On constate que seulement 5,4% d'hommes sont
allés jusqu'au niveau primaire contre 3,8% chez les femmes. La
discrimination à l'égard des femmes en matière de
scolarisation formelle est donc frappante.
Cette situation reflète la situation éducative
du pays tout entier. En effet, en 2007, The World Development Indicators de la
Banque Mondiale prévoit à 87,0% et 59,0% le taux
d'analphabétisme respectivement chez les femmes et chez les hommes.
Ainsi, les organismes humanitaires ont estimé le nombre d'enfants en
âge d'être scolarisés à près de 50 000 parmi
les populations déplacées dans l'Est du Tchad, soit 30,0% de
ladite population. La grande majorité de ces enfants n'est pas encore
inscrite à l'école et n'a pas complété
l'année scolaire. Ainsi, l'UNICEF et ses partenaires doivent faire face
à plusieurs défis entre autres le manque d'enseignants parmi les
IDPs, la précarité des infrastructures scolaires et le
déficit de matériels et de fournitures scolaires.
Graphique 4.3: Répartition (%) des IDPs selon le
niveau d'instruction et le sexe
Masculin Féminin
aucun primaire
100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0%
b) Des déplacés essentiellement des
agriculteurs
Suivant l'activité économique, les IDPs sont
essentiellement des agriculteurs. Les agriculteurs représentent 68,3% de
la population déplacée. Ils sont suivis par les sans emploi (25,4
%), les commerçants (3,7%) et les personnes s'occupant d'autres
activités (2,6%). Les éleveurs sont les moins
représentés avec 2,0% du total.
Cette proportion importante d'agriculteurs nécessite de
l'espace cultivable de la communauté hôte. Mais compte tenu des
conditions physiques (sécheresse et manque de terres cultivables) de
cette partie du pays, cela ne pourrait qu'exacerber la pression sur les terres
cultivables. A la longue, cela peut engendrer des conflits entre les IDPs et la
communauté hôte. Déjà le rapport de l'enquête
de l'UNHCR (2007) auprès des IDPs à l'Est du Tchad indique
qu'environ 87,0% des IDPs dans les sites, n'ont pas reçu un lopin de
terres cultivables et n'ont donc pas exercé leur principale
activité.
Selon le sexe, environ autant d'hommes que de femmes ont
l'agriculture comme principale activité économique (70,9% et
66,8% respectivement). En outre, 17,7% des hommes sont sans emploi contre 29,5%
des femmes. Signalons que le commerce est une activité exercée
principalement par les hommes (7,0% contre 2,0%).
Graphique 4.4: Répartition (%) des IDPs selon
l'activité économique et le sexe
|
4,3
|
|
1,7 29,5
|
|
17,7
|
|
|
|
|
|
|
7,0
|
|
70,9
|
|
|
2,0 66,8
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Masculin Féminin
agriculture commerçant sans emploi autre
100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0%
c) Répartition des IDPs selon l'appartenance
ethnique
Le tableau A2.5 (en annexe) montre que sur l'ensemble de la
population déplacée et enquêtée, les IDPs
appartenant à l'ethnie dadjo sont plus représentées
(70,6%). Elles sont suivies de très loin par les massalit (18,9%). Les
IDPs appartenant à l'ethnie kadjaksé sont moins les
représentées (2,0%).
Selon le sexe, le déplacement forcé à
l'Est du Tchad a touché un peu plus les hommes Dadjo (73,3%) que les
femmes (69,2%). Chez les Massalit, le déplacement a beaucoup plus
touché les femmes que les hommes (21,2% et 14,7% respectivement). De
même, chez les
kadjaksé, le déplacement a touché plus
les hommes que les femmes (2,5% et 1,7% respectivement). Par contre, il a
touché à peu près autant d'hommes que de femmes chez les
Maba (4,8% et 3,8% respectivement). Chez les hommes, ce sont les IDPs
appartenant à autre ethnie qui sont les plus nombreuses (3,0% contre
1,8%).
Graphique 4.5: Répartition (%) des IDPs selon
l'appartenance ethnique et le sexe
|
3,0
|
|
2,3 1,7
|
1,8
|
|
|
2,5
|
|
2,5
|
|
69,2
|
73,3
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
21,2
|
|
|
|
14,7
|
|
|
|
|
4,1
|
|
3,8
|
Masculin Féminin
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Maba Massalit Dadjo Kadjaksé Moubu Autre
4.2. Variations différentielles des intentions de
retour des IDPs
La présente section est consacrée à
l'analyse descriptive des associations entre les variables indépendantes
(quelques caractéristiques des IDPs) et l'intention de retourner dans le
village d'origine. Il s'agit en fait d'identifier les relations entre les
variables indépendantes et l'intention de retour des IDPs dans leurs
villages d'origine grâce au test du Khi-deux au seuil de 5%. De
façon générale, sur l'ensemble des IDPs à l'Est du
Tchad qui ont exprimé leurs
intentions de retour, environ 52,0% ont déclaré
qu'elles n'ont pas l'intention de retourner dans leurs villages d'origine. Par
contre, 48,0% des IDPs ont exprimé le désir de regagner leurs
villages d'origine. Cependant, ces intentions restent très variables.
4.2.1. Variations des intentions de retour selon les
conditions de départ
a) Variations selon les causes du
déplacement
Les causes du déplacement des IDPs ont un effet
significatif sur leurs intentions de retourner dans leurs villages d'origine.
Dans l'ensemble, c'est chez les IDPs qui ont quitté leurs villages pour
des raisons de prévention qu'on observe la proportion la plus grande des
individus qui n'ont pas l'intention de retourner dans leurs villages d'origine
(62,0%). Ils sont suivis de très près par les individus ayant
quitté leurs villages d'origine à cause des conflits
communautaires (60,2%). C'est chez les IDPs qui ont quitté leurs
villages d'origine à cause des exactions des «janjaweeds»
qu'on observe la proportion la plus élevée des individus qui ont
l'intention de retourner dans leurs villages (49,2%).
On peut être tenté d'expliquer cette situation
par le fait que de façon générale, l'Est du pays est
resté encore sous tension que ce soit à cause des conflits
inter-ethniques ou communautaires. Pour cela, les IDPs qui ont quitté
leurs villages d'origine pour des raisons préventives ou à cause
des conflits communautaires ne veulent plus revivre les mêmes
évènements.
b) Variations selon les pertes de biens au moment du
départ
Le tableau 4.1 montre que la perte de biens personnels au
moment du départ a un effet significatif sur les intentions des IDPs de
retourner dans leurs villages d'origine. Ainsi, on observe la proportion la
plus élevée des individus n'ayant pas l'intention de retourner
dans leurs villages d'origine chez les IDPs ayant perdu leurs biens personnels
pendant la fuite (56,0%). Par contre, c'est chez les IDPs n'ayant pas
amené des biens dans les sites qu'on observe la proportion la plus
grande des individus ayant l'intention de retourner dans leurs villages
d'origine s'observe chez (49,1%).
Tableau 4.1: Proportions (%) des IDPs selon l'intention
de retour et les conditions de départ
Variables
|
Effectifs
|
A l'intention de retourner au village
d'origine
|
Total
|
Probabilité du Khi-2
|
Oui Non
|
Causes de déplacement
|
0,000 ***
|
Préventive
|
92
|
38,0
|
62,0
|
100,0
|
|
Conflit communautaire
|
314
|
39,8
|
60,2
|
100,0
|
Attaque des «janjaweeds»
|
3236
|
49,2
|
50,8
|
100,0
|
Insécurité /les forces gouvernementales
|
69
|
24,6
|
75,4
|
100,0
|
Ensemble
|
3648
|
48,2
|
51,8
|
100,0
|
Perte de biens au départ
|
0,016**
|
Oui
|
2979
|
49,1
|
50,9
|
100,0
|
|
Non
|
675
|
44,0
|
56,0
|
100,0
|
Ensemble
|
3654
|
48,2
|
51,8
|
100,0
|
***=significatif au seuil de 1% ; **=significatif au
seuil de 5%
|
Source : Traitement des
données de l'enquête IDPs de 2007.
4.2.2. Variations des intentions de retour selon les
conditions de vie dans le milieu d'accueil
a) Variations selon l'accès à l'eau
potable
L'accès des IDPs à l'eau potable a un effet
significatif sur leurs intentions de retourner dans leurs villages d'origine.
En effet, c'est chez les IDPs n'ayant pas accès à l'eau potable
qu'on observe la proportion la plus élevée des individus qui
n'ont pas l'intention de retourner dans leurs villages d'origine (60,0%). Par
contre, la proportion la plus élevée des individus ayant
l'intention de retourner dans leurs villages d'origine s'observe chez les IDPs
ayant accès à l'eau potable (51,1%).
Ceci semble étonnant puisqu'on s'attendait à ce
que les IDPs bénéficiant d'un accès à l'eau potable
puissent n'avoir pas l'intention de retourner dans leurs villages d'origine si
on sait que l'eau potable est une denrée rare au Tchad en
général et à l'Est en particulier. Mais on peut penser que
l'accès à cette denrée est pénible (à cause
du nombre élevé des IDPs et des réfugiés) et que
les IDPs préfèrent repartir dans leurs villages où elles
pourront utiliser à volonté l'eau des puits.
b) Variations selon la possession de terre cultivable
dans le milieu d'accueil
Du point de vue statistique, la possession de terre cultivable
par les IDPs au milieu d'accueil n'a pas un effet significatif sur leurs
intentions de retourner dans leurs villages d'origine. En effet, que les
personnes reçoivent ou pas des lopins de terre, un peu plus de la
moitié de celles-ci n'ont pas l'intention de retourner dans leur village
d'origine (tableau.4.2).
Tableau 4.2. Proportions (%) des IDPs selon l'intention
et les conditions de vie dans le milieu d'accueil
Variables
|
Effectifs
|
A l'intention de retourner au
village d'origine
|
Total
|
Probabilité du Khi-2
|
Oui Non
|
Accès à l'eau potable
|
0,000 ***
|
Oui
|
2676
|
51,1
|
48,9
|
100,0
|
|
Non
|
961
|
40,0
|
60,0
|
100,0
|
Ensemble
|
3637
|
48,2
|
51,8
|
100,0
|
Possession de terre cultivable
|
0,347ns
|
Oui
|
447
|
46,1
|
53,9
|
100,0
|
|
Non
|
3205
|
48,5
|
51,5
|
100,0
|
Ensemble
|
3652
|
48,2
|
51,8
|
100,0
|
***=significatif au seuil de 1% ; ns=non
significatif
|
Source : Traitement des
données de l'enquête IDPs de 2007.
En somme, on remarque que les populations sont relativement
homogènes par rapport aux variables qui ne sont pas significativement
associées à l'intention de retourner au village d'origine. On
peut penser que cette absence d'effet significatif serait la conséquence
de cette homogénéité de la population par rapport aux
variables étudiées.
4.2.3. Variations des intentions selon les
caractéristiques individuelles
a) Variations selon le sexe
Le tableau 4.3 montre que le sexe des IDPs est
significativement associé à l'intention de retourner dans le
village d'origine. Selon le sexe, le pourcentage des IDPs qui n'ont pas
l'intention de retourner dans leurs villages d'origine est plus
élevé chez les femmes (55,3%) que chez les hommes (45,8%).
Autrement dit, les hommes sont plus favorables au retour dans leurs villages
d'origine (54,2%) que les (44,7%) des femmes.
Cette différence selon le sexe des intentions de
retourner dans le village d'origine pourrait s'expliquer par des raisons
socioéconomiques mais aussi et surtout par les atrocités de
guerre. En effet, les femmes étant très sensibles, et compte tenu
du fait qu'elles ont assisté à des tueries des membres de leurs
familles, elles en sont donc profondément marquées. Elles n'ont
peut être plus envie de revivre la même situation au cours de
laquelle elles vu leurs enfants, leurs maris et frères tués. De
plus, même avant leur déplacement, les femmes vivaient dans un
contexte où il y a peu d'infrastructures et peu de ressources naturelles
(comme toutes les autres provinces du pays), les aides octroyées par les
organisations humanitaires dans le domaine éducatif, sanitaire et
alimentaire peuvent jouer un rôle capital étant donné
qu'elles doivent s'occuper parfois des enfants après la mort du
père.
A titre d'exemple, dans le cadre de son programme
"éducation", l'UNICEF a fourni des manuels scolaires, des uniformes et
du mobilier au profit de 63 000 enfants dans 12 camps de réfugiés
et environ 22 000 enfants dans dix sites de personnes déplacées
(PAM, 2007). Aussi, les femmes sont-elles regroupées et formées
dans les camps par ces organisations pour leur permettre de se prendre en
charge. La réussite de ces organisations pourrait être
considérée par ces femmes comme le signe d'une insertion sociale
et donc provoquer une réticence quand à leur retour dans leurs
villages d'origine où rien ne les y attend.
b) Variations selon l'âge
Du point de vue statistique, l'âge des IDPs n'a pas un
effet significatif sur leurs intentions de retour dans leurs villages
d'origine. En effet, quel que soit l'âge, un peu plus de la moitié
des IDPs n'ont pas l'intention de retourner dans leur village d'origine
(tableau.4.3).
c) Variations selon l'état
matrimonial
Le tableau 4.3 montre que l'état matrimonial est
significativement associé à l'intention de retourner dans le
village d'origine. Suivant l'état matrimonial, c'est chez les IDPs
divorcées ou séparées qu'on observe la proportion la plus
élevée des individus qui n'ont pas l'intention de retourner dans
leurs villages d'origine (59,4%). Ils sont suivi de très près par
les veuf (ve)s (57,0%). C'est chez les IDPs mariées et
célibataires qu'on observe les fortes proportions des individus qui ont
l'intention de retourner dans leurs villages d'origine (49,2% et 47,4%
respectivement).
Cette situation pourrait s'expliquer par le fait que les
mariés ont laissé quelques membres de leurs familles dans les
villages d'origine et qu'ils ont envie de les regagner. De plus, le manque de
terres cultivables dans les milieux d'accueil peut constituer un
problème aux IDPs mariés puisque l'entretien des membres de la
famille devient difficile.
d) Variations selon le niveau d'instruction
A l'instar de l'âge, le niveau d'instruction des IDPs
n'a pas un effet significatif sur leurs intentions de retourner dans leurs
villages d'origine. En effet, quel que soit le niveau d'instruction les
résultats du tableau 4.3 montrent que le pourcentage des individus qui
n'ont pas l'intention de retourner dans leurs villages d'origine est quasi
identique (52,0% et 49,7% respectivement pour les IDPs sans niveau
d'instruction et les IDPs de niveau primaire. Cet effet non significatif serait
la conséquence de l'homogénéité de la population
des IDPs par rapport à l'instruction. En effet, selon l'enquête
menée auprès des IDPs en 2007 près de 95,0% des IDPs et
enquêtées n'ont pas été à l'école
formelle.
e) Variations selon l'activité
économique
Statistiquement parlant, l'activité économique
des IDPs est significativement associée à leurs intentions de
retourner dans leurs villages d'origine. Ainsi, on observe la proportion la
plus élevée des individus qui n'ont pas l'intention de retourner
dans leurs villages d'origine chez les IDPs sans emploi (59,3%). Ils sont
suivis de près par les individus exerçant autres activités
économiques (53,3%). C'est chez les individus exerçant dans le
commerce et
l'agriculture qu'on observe les proportions les plus
élevées des IDPs qui ont l'intention de retourner dans leurs
villages d'origine (51,5% et 50,6% respectivement).
Sur le plan social, on peut tenter d'expliquer cette situation
par le fait que les personnes sans emploi trouvent que les conditions de vie
dans les camps sont meilleures que celles de leurs villages d'origine. De plus,
les IDPs ayant un niveau d'instruction élevé se trouvant sans
emploi, sont employées par certaines organisations humanitaires. Quand
aux personnes déplacées dont les activités
économiques principales sont l'agriculture et le commerce qui ont plus
l'intention de retourner dans leurs villages d'origine, on pourrait expliquer
leur intention par le fait que l'accès aux terres cultivables dans les
milieux d'accueil est difficile ou par leur simple attachement à la
terre leurs ancêtres. Elles préfèrent repartir chez elles
où elles auront accès à leurs terres. Pour les IDPs
exerçant dans le commerce, on peut penser qu'ils ont investi (dans
l'ouverture des boutiques le plus souvent) dans leurs villages d'origine.
f) Variations selon le statut dans le
ménage
Le tableau 4.3 montre que le statut dans le ménage est
significativement associé à l'intention de retourner dans le
village d'origine. Autrement dit, le statut des IDPs dans le ménage a un
effet significatif sur leurs intentions de retourner dans le village. Ainsi, on
observe chez les IDPs vivant sous-couvert d'un chef de ménage une
proportion plus élevée des individus qui n'ont pas l'intention de
retourner dans leurs villages d'origine (54,4%). Comme on devait s'y attendre,
c'est chez les IDPs chefs de ménage qu'on observe la proportion la
grande proportion des individus qui ont l'intention de retourner dans leurs
villages d'origine (50,0%).
On peut tenter d'expliquer cette différence d'intention
par le fait que les chefs de ménage ont investi dans leurs villages
d'origine ou bien ils y ont laissé certains membres de leurs familles et
ont besoin de retourner auprès d'eux.
g) Variations selon l'appartenance ethnique
L'appartenance ethnique des IDPs a un effet significatif sur
leurs intentions de retourner dans leurs villages d'origine. En effet, on
observe la proportion la plus élevée des individus n'ayant pas
l'intention de retourner dans leurs villages d'origine chez les IDPs
appartenant à l'ethnie maba (75,7%). Ils sont suivis par les IDPs
appartenant à l'ethnie kadjaksé (62,7%). C'est chez les IDPs
appartenant aux ethnies dadjo et autres qu'on observe les proportions des
individus qui ont plus l'intention de retourner dans leurs villages d'origine
(50,7% et 46,3% respectivement).
Cette grande variation des intentions pourrait s'expliquer par
le fait que depuis l'indépendance, les hommes politiques utilisent
l'ethnie pour assouvir leurs ambitions politiques. Ainsi, des ethnies
s'élèvent contre d'autres ethnies créant un environnement
de peur.
Tableau 4.3 : Proportions (%) des IDPs selon l'intention
de retour et les caractéristiques individuelles et
économiques
Variables
|
Effectifs
|
A l'intention de retourner au village
d'origine
|
Total
|
Probabilité du Khi-2
|
Oui Non
|
Ethnie
|
0,000 ***
|
Maba
|
136
|
24,3
|
75,7
|
100,0
|
|
Massalit
|
611
|
44,4
|
55,6
|
100,0
|
Dadjo
|
2622
|
50,7
|
49,3
|
100,0
|
Kadjaksé
|
75
|
37,3
|
62,7
|
100,0
|
Moubu
|
91
|
42,9
|
57,1
|
100,0
|
Autre
|
82
|
46,3
|
53,7
|
100,0
|
Ensemble
|
3617
|
48,1
|
51,9
|
100,0
|
Sexe
|
0,000***
|
Masculin
|
1306
|
54,2
|
45,8
|
100,0
|
|
Féminin
|
2341
|
44,7
|
55,3
|
100,0
|
Ensemble
|
3647
|
48,1
|
51,9
|
100,0
|
Statut
|
0,008***
|
Chef de ménage
|
2088
|
50,0
|
50,0
|
100,0
|
|
S/c du chef de ménage
|
1567
|
45,6
|
54,4
|
100,0
|
Ensemble
|
3655
|
48,1
|
51,9
|
100,0
|
|
Activité économique
|
0,000 ***
|
Agriculteur
|
2496
|
50,6
|
49,4
|
100,0
|
|
Commerçant
|
134
|
51,5
|
48,5
|
100,0
|
Sans emploi
|
919
|
40,7
|
59,3
|
100,0
|
Autre
|
92
|
46,7
|
53,3
|
100,0
|
Ensemble
|
3641
|
481
|
51,9
|
100,0
|
Niveau d'instruction
|
0,5686 ns
|
Aucun
|
3465
|
48,0
|
52,0
|
100,0
|
|
Primaire
|
157
|
50,3
|
49,7
|
100,0
|
Ensemble
|
3622
|
48,1
|
51,9
|
100,0
|
Etat matrimonial
|
0,036 **
|
Célibataire
|
348
|
47,4
|
52,6
|
100,0
|
|
Marié
|
2813
|
49,2
|
50,8
|
100,0
|
Veuf(ve)
|
302
|
43,0
|
57,0
|
100,0
|
Divorcé(e)/Séparé(e)
|
175
|
40,6
|
59,4
|
100,0
|
Ensemble
|
3638
|
48,1
|
51,9
|
100,0
|
Age
|
0,602 ns
|
15-34 ans
|
1645
|
49,0
|
51,0
|
100,0
|
|
35-59 ans
|
1256
|
47,0
|
53,0
|
100,0
|
60 ans & +
|
752
|
48,0
|
52,0
|
100,0
|
Ensemble
|
3653
|
48,1
|
51,9
|
100,0
|
***=significatif au seuil de 1% ; **=significatif au
seuil de 5% ; ns=non significatif
|
Source : Traitement des données de
l'enquête IDPs de 2007.
En somme, l'analyse de l'association entre les variables
indépendantes et l'intention de retour, montre que les variables comme
l'âge et le niveau d'instruction des IDPs ne sont pas significativement
associée aux intentions des IDPs de retourner dans leurs villages
d'origine. L'intention de retour des IDPs peut donc ne pas dépendre de
ces deux variables. Le reste des variables explicatives à savoir le
sexe, l'activité économique, l'appartenance ethnique, le statut
dans le ménage et l'état matrimonial des IDPs est
significativement associé à leurs intentions de retourner dans
leurs villages d'origine.
4.3. Essai de catégorisation des IDPs selon leurs
intentions de retour
L'un des objectifs de la présente étude
étant de déterminer les caractéristiques des IDPs en
fonction de leurs intentions de retour, l'analyse factorielle est la
méthode la plus indiquée pour catégoriser ces personnes en
fonction de leurs intentions. Pour simplifier les interprétations de
cette analyse, nous allons caractériser les axes factoriels et
matérialiser ensuite les groupes des IDPs selon leurs intentions de
retour dans le plan factoriel formé par les axes ayant les plus grands
pouvoirs explicatifs.
Ainsi, les trois premiers axes factoriels représentent
respectivement 23,8%, 19,3% et 17, 9% de la variance expliquée. Compte
tenu des pouvoirs explicatifs des axes 1 et 2, seul le plan formé par
ces deux axes (plan factoriel (1, 2)) sera retenu pour catégoriser notre
population étudiée (IDPs). En effet, l'inertie théorique
moyenne est ici égale à 28,6 (1000/35). Pour pouvoir
caractériser les axes factoriels, nous synthétisons l'information
sur les contributions (CTR) et les coordonnées (i#F) des
modalités dans un tableau simplifié (tableau A6.1 en annexe).
Seules les modalités dont la part de la contribution est
supérieure à l'inertie théorique moyenne sont retenues
pour l'interprétation d'un axe.
Tableau 4.4 : Caractérisation des axes 1 et
2.
Variables et modalités
|
Signe au facteur le plus associé
|
Facteur 1
|
Facteur 2
|
1. Ages
|
15-34 ans 35-59 ans 60 ans et plus
|
|
|
Age1
Age2
Age3
|
- + +
|
2. Sexe
|
Masculin Féminin
|
|
|
Mscu Femi
|
+ -
|
3. Niveau d'instruction
|
Aucun Primaire
|
|
|
Prim
|
-
|
4. Etat matrimonial
|
Célibataire Marié Veuf
(ve)s Divorcé(e) s/séparé(e)s
|
|
|
Clba
|
-
|
5. Activités économiques
|
Agricole Commerce Sans emploi Autre
|
|
|
Comm Semp
|
- -
|
6. Causes principales du déplacement
|
Préventive Exactions des
«janjaweeds» Conflits communautaires Insécurité
crée par les forces gouvernementales
|
|
|
|
|
7. Intention de retour
|
Oui Non
|
|
|
ROUI RNON
|
+ -
|
8. Statut dans le ménage
|
CM
S/C du CM
|
|
|
Chma Shma
|
+ -
|
9. Ethnie
|
Maba Massalit Dadjo Kadjaksé Moubu Autre
|
MABA MASA DADJ
|
+ + -
|
|
|
10. Accès à l'eau potable
|
Oui Non
|
OUI2 NON2
|
- +
|
|
|
11. Possession de terre cultivable
|
Oui Non
|
OUI3
|
+
|
|
|
12. Perte de biens
|
Oui Non
|
NON1
|
+
|
|
|
L'examen du tableau 4.4 ci-dessus montre que :
Le premier axe factoriel oppose les
IDPs ayant accès à l'eau potable (côté positif de
l'axe) à celles qui n'en ont accès (côté
négatif de l'axe). On trouve :
> Dans le premier groupe (celui ayant accès à
l'eau potable) on retrouve les IDPs appartenant à l'ethnie dadjo
(DADJ).
> Dans le second groupe (celui n'ayant pas accès
à l'eau potable) on a les IDPs appartenant aux ethnies maba (MABA) et
massalit (MASA) ayant accès à la terre cultivable (OUI3) et
n'ayant pas perdu des biens (NON1) pendant la fuite.
Cet axe associe d'une part l'accès à l'eau
potable à leurs ethnies et d'autre part l'accès à la terre
cultivable à la perte de biens. Il est l'axe des conditions de vie des
IDPs dans leurs milieux d'accueil.
Le deuxième axe factoriel
oppose les IDPs ayant l'intention de retourner dans leurs
villages d'origine (côté positif de l'axe) à celles qui
n'ont pas l'intention (côté négatif de l'axe).
> Le groupe des IDPs ayant l'intention de retourner dans
leurs villages d'origine est celui des hommes (MSCU), chefs de ménage
(CHMA), âgés entre 35-95 ans (Age 2 et Age 3).
> Les personnes déplacées n'exprimant pas le
désir de retourner dans leurs villages d'origine sont des femmes (FEMI),
célibataires (CLBA), vivant sous couvert des chefs de ménage
(SHMA), n'exerçant aucune activité économique (SEMP) ou
exerçant dans le commerce (COMM), âgées entre 15 et 34 ans
(Age 1) et ayant un niveau d'étude primaire (PRIM).
Cet axe résume l'intention de retour des IDPs en
fonction de l'âge, du statut dans le ménage, de l'état
matrimonial et de l'activité économique. Il est l'axe des
intentions de retour des IDPs. Ces différents groupes identifiés
sont matérialisés dans le plan factoriel (1, 2) cidessous :
G2
! ! !
Figure 4.1: Plan factoriel (1, 2).
AXE1= HORIZONTAL--AXE2= VERTICAL
==ECHELLE : 4 CARACTERE(S) = .167 1
+ AGE3----+---MSCU----AGE2
! COMM! CHMA
! !
! !
! KADJRNON!
!
COCM
! ISFG ROUI
! FEMI!
! !
! !
! SEMP !
! !
! AGA1 ! AUT2
! SHMA !
! !
! !
G1
! DADJ ! AGRI
! OUI2 MARI
! NON3OUI1AUCU
+ - JANJ+---VEUF
! !
!
! !
! !
! PRIM !
! !
! !
! !
CLBA !
+ +
!
!
!
LIGNE =
|
.070
|
|
|
|
|
|
+ 0 01
|
|
|
|
! 0 01
|
|
|
|
! 0 01
|
|
|
|
! 0 01
|
|
|
|
! 1 01
|
|
|
|
! 0 01
|
|
|
|
! 0 01
|
|
|
|
! 1 01
|
|
|
|
+ 0 01
|
|
|
|
! 0 01
|
|
PREV
|
|
! 0 01
|
NON1
|
|
|
! 0 01
|
|
|
|
! 0 01
|
NON2
|
|
|
! 0 01
|
|
|
|
! 0 01
|
AUT1
|
MASA
|
|
! 0 01
|
|
|
OUI3
|
! 0 01
|
|
|
|
! 0 01
|
|
|
|
! 0 01
|
|
|
|
! 0 01
|
|
|
|
! 0 01
|
|
|
|
MABA! 0 01
|
|
|
|
! 0 01
|
|
|
|
! 0 01
|
|
|
|
! 0 01
|
|
|
|
! 0 01
|
|
|
|
! 0 01
|
|
|
|
! 0 01
|
|
|
|
! 0 01
|
|
|
|
! 0 01
|
|
|
|
! 0 01
|
|
|
|
+ 0 01
|
NOMBRE DE POINTS SUPERPOSES : 2 DIVO(RNON)
MOUB(AUCU)
L'examen du plan factoriel (1, 2) montre un rapprochement
entre l'intention de retour des IDPs et les modalités de certaines
variables. Ainsi, il apparaît dans ce plan une opposition entre le groupe
G1 constitué des IDPs ayant l'intention de retourner dans leurs villages
d'origine et le groupe G2 constitué des IDPs n'ayant pas l'intention de
retourner dans leurs villages d'origine.
D'un côté le groupe G1 des IDPs ayant l'intention
de retourner dans leurs villages d'origine est constitué des hommes
(MSCU) mariés (MARI) ou veufs (VEUF), chefs de ménage (CHMA),
âgés entre 35-59 ans (Age 2), exerçant dans l'agriculture
(AGRI), n'ayant aucun niveau d'instruction (AUCU) et ayant fui à cause
des conflits communautaires. De l'autre côté, le groupe G2 des
IDPs n'ayant pas l'intention de retourner dans leurs villages d'origine est
constitué des femmes (FEMI), célibataires (CLBA) vivant sous
couvert des chefs de ménage (SHMA), n'exerçant aucune
activité économique (SEMP) ou exerçant dans le
commerce (COMM), âgées entre 15 et 34 ans (Age
1), ayant un niveau d'étude primaire (PRIM), ayant fui à cause de
l'insécurité créée par les forces gouvernementales
(ISFG) et les exactions des «janjaweeds» (JANJ), n'ayant pas de terre
cultivable dans leurs milieux d'accueil (NON3), ayant perdu des biens pendant
la fuite (OUI1), ayant accès à l'eau potable (OUI2) et
appartenant aux ethnies dadjo (DADJ) et kadjaksé (KADJ).
La superposition des points DIVO avec RNON et MOUB avec AUCU
montre qu'il y a une forte association entre l'intention de retour dans le
village d'origine et l'état matrimonial et entre la variable ethnie et
le niveau d'instruction. Ainsi, ce sont les IDPs divorcées qui expriment
le moins l'intention de retourner dans leurs villages d'origine. De même,
c'est parmi les IDPs appartenant à l'ethnie moubu qu'on observe plus les
individus qui n'ont pas été à l'école.
4.4. Essai d'identification des déterminants des
intentions de retour des IDPs
Dans les sections précédentes, nous avons mis en
évidence l'existence ou non des associations entre les variables
inscrites dans notre analyse et l'intention de retour des IDPs et
caractérisé celles-ci en fonction de tous ces
éléments. Ces relations peuvent être fallacieuses en
présence de plus de deux variables. Ainsi, l'objectif de cette section
est de vérifier nos hypothèses puis d'identifier les variables
qui déterminent l'intention de retour des IDPs dans leurs villages
d'origine. Nous interprétons ici l'effet net des variables explicatives
sur leurs intentions de retour à partir du modèle saturé
(M9). Les Khi-deux des neufs (9) modèles considérés sont
significatifs. Ces neufs (9) modèles sont adéquats et nous
permettent de prédire l'intention de retour des IDPs par l'ensemble des
variables considérées.
4.4.1. Conditions de départ des personnes
déplacées
Il ressort du tableau 4.5 que de toutes les variables
relatives aux conditions de départ des IDPs de leurs villages d'origine
seule la variable causes du déplacement détermine leurs
intentions de retourner dans leurs villages. Les causes du déplacement
des IDPs sont des déterminants de leurs intentions de retourner dans
leurs villages d'origine avec une statistique r égale à 0.04.
Cela confirme l'association établie au niveau bivarié entre les
causes du déplacement et l'intention de retour des IDPs. Ainsi, par
rapport aux IDPs ayant fui les
attaques des «janjaweeds», celles qui ont
quitté leurs villages d'origine à cause des conflits des
exactions des forces gouvernementales ont 66,0% moins de chance de manifester
le désir de retourner dans leurs villages d'origine.
Comme nous l'avons souligné dans les variations des
intentions de retour des IDPs, le Tchad tout entier est sous tension (politique
et ethnique), il est tout à fait logique que les causes du
déplacement déterminent l'intention de retour des IDPs. En effet,
alors que la crise darfourienne est loin de trouver des solutions durables, les
exactions des «janjaweeds», l'insécurité
créée par les forces tchadiennes chargées du maintien de
l'ordre et les conflits communautaires sont encore monnaie courante à
l'Est du pays et cela empêche la reprise de la vie.
4.4.2. Conditions de vie dans le milieu
d'accueil
A l'instar des causes de déplacement des IDPs,
l'accès à l'eau potable dans le milieu d'accueil détermine
les intentions des IDPs de retourner dans leurs villages d'origine avec une
statistique r de 0,05 (tableau 4.5) confirmant l'association établie au
niveau bivarié. Par rapport à leurs homologues ayant accès
à l'eau potable, les IDPs n'ayant pas accès à cette
denrée ont 30,0% moins de chance d'exprimer le désir de retourner
dans leurs villages d'origine. Bien qu'elles n'ont pas accès à
l'eau potable, ces IDPs n'ont pas exprimé le désir de retourner
dans leurs villages peut être à cause de
l'insécurité.
4.4.3. Caractéristiques individuelles des
IDPs
Il ressort du tableau 4.5 que parmi les
caractéristiques individuelles, seuls le sexe, l'ethnie et
l'activité économique des IDPs déterminent leurs
intentions de retour dans leurs villages d'origine.
a) Sexe
Il détermine l'intention de retour des IDPs avec une
statistique r de 0,06 et cela confirme son association établie au niveau
bivarié avec l'intention de retour. Ainsi, par rapport aux femmes
déplacées, les hommes ont 47,0% plus de chance d'exprimer le
désir de retourner
dans leurs villages d'origine. Autrement dit, les hommes ont
plus l'intention de retourner dans leurs villages d'origine que les femmes.
Cela peut s'expliquer par le fait que sur les sites des réfugiés
et des IDPs, les femmes sont encadrées par les organisations
humanitaires et bénéficient de quelques financements de leurs
projets.
b) Ethnie
Tout comme le sexe, l'appartenance ethnique des IDPs
déterminent leurs intentions de retourner dans leurs villages d'origine
avec une contribution similaire à celle du sexe (0,06). Par rapport aux
IDPs de l'ethnie dadjo, les IDPs de l'ethnie maba ont 65,0% moins de chance
d'exprimer le désir de retourner dans leurs villages d'origine. De
même, les IDPs de l'ethnie kadjaksé ont 39,0% moins de chance de
manifester le désir de retourner dans leurs villages d'origine que leurs
homologues de l'ethnie dadjo. En d'autre terme, les IDPs appartenant à
l'ethnie dadjo ont plus l'intention de retourner dans leurs villages d'origine
que les autres.
On peut tenter d'expliquer ce résultat par le fait que
dans le contexte politique du pays, l'ethnie comme la religion a
été instrumentalisée pour assouvir les ambitions
politiques depuis l'indépendance.
c) Activité économique
Comme le sexe et l'ethnie, l'activité économique
des IDPs détermine leurs intentions de retour dans leurs villages
d'origine avec une statistique r de 0,06 (tableau 4.5). Ainsi, par rapport aux
IDPs exerçant dans l'agriculture, les IDPs sans emploi ont 34,0% moins
de chance de manifester le désir de retourner dans leurs villages
d'origine. Autrement dit, les IDPs exerçant dans l'agriculture ont plus
l'intention de retourner dans leurs villages d'origine que les IDPs
exerçant dans d'autres secteurs d'activités.
Comme nous avons tenté d'expliquer au niveau
bivarié, l'intention des IDPs dont l'activité économique
est l'agriculture pourrait s'expliquer par le fait que l'accès aux
terres cultivables dans les milieux d'accueil est difficile ou par leur simple
attachement à la terre de leurs ancêtres. Elles
préfèrent repartir chez elles où elles auront accès
à leurs terres.
Tableau 4.5: Risques relatifs de l'acceptation de retour
au village d'origine
Variables indépendantes
|
Rapport de chances de l'acceptation de retour au
village d'origine
|
Effets nets des variables
indépendantes
|
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
M5
|
M6
|
M7
|
M8
|
M9
|
Age
|
15-34 ans
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
35-59 ans
|
0,88ns
|
0,87ns
|
0,85**
|
0,85ns
|
0,85**
|
0,83**
|
0,83**
|
0,83**
|
0,83**
|
60 ans et +
|
0,93ns
|
0,93ns
|
0,91ns
|
0,90ns
|
0,90ns
|
0,90ns
|
0,91ns
|
0,90ns
|
1,09ns
|
Statistique r
|
0,00ns
|
0,00ns
|
0,00ns
|
0,00ns
|
0,00ns
|
0,02ns
|
0,02ns
|
0,01ns
|
0,01ns
|
Sexe
|
Masculin
|
1,51***
|
1,48***
|
1,42***
|
1,44***
|
1,43***
|
1,41***
|
1,42***
|
1,46***
|
1,47***
|
Féminin
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Statistique r
|
0,08***
|
0,07***
|
0,06***
|
0,06***
|
0,06***
|
0,06***
|
0,06***
|
0,06***
|
0,06***
|
Ethnie
|
Maba
|
0,31***
|
0,30***
|
0,30***
|
0,37***
|
0,32***
|
0,33***
|
0,32***
|
0,34***
|
0,35***
|
Massalit
|
0,80**
|
0,80**
|
0,79**
|
0,90ns
|
0,83ns
|
0,85ns
|
0,84ns
|
0,85ns
|
0,87ns
|
Dadjo
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Kadjaksé
|
0,56**
|
0,56**
|
0,57**
|
0,59**
|
0,59**
|
0,58**
|
0,58**
|
0,60**
|
0,61**
|
Moubu
|
0,72ns
|
0,72ns
|
0,72ns
|
0,80ns
|
0,81ns
|
0,76ns
|
0,77ns
|
0,77ns
|
0,78ns
|
Autre
|
0,79ns
|
0,79ns
|
0,78ns
|
0,89ns
|
0,85ns
|
0,87ns
|
0,87ns
|
0,91ns
|
0,91ns
|
Statistique r
|
0,08***
|
0,08***
|
0,08***
|
0,06***
|
0,06***
|
0,06***
|
0,06***
|
0,06***
|
0,06***
|
Etat matrimonial
|
Célibataire
|
|
0,84ns
|
0,88ns
|
0,87ns
|
0,88ns
|
0,93ns
|
0,92ns
|
0,92ns
|
0,91ns
|
Marié
|
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Divorcé/séparé
|
|
0,89ns
|
0,86ns
|
0,85ns
|
0,84ns
|
0,86ns
|
0,88ns
|
0,88ns
|
0,87ns
|
Veuf
|
|
0,83ns
|
0,80ns
|
0,79ns
|
0,79ns
|
0,81ns
|
0,83ns
|
0,84ns
|
0,83ns
|
Statistique r
|
|
0,00ns
|
0,00ns
|
0,00ns
|
0,00ns
|
0,00ns
|
0,00ns
|
0,00ns
|
0,00ns
|
Statut dans le ménage
|
Chef de ménage
|
|
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
Réf.
|
S/c du chef de ménage
|
|
|
0,85**
|
0,85**
|
0,85**
|
0,86**
|
0,87ns
|
0,88ns
|
0,88ns
|
Statistique r
|
|
|
0,02**
|
0,02**
|
0,02**
|
0,02**
|
0,02ns
|
0,01ns
|
0,01ns
|
Accès à l'eau potable
|
Oui
Non
Statistique r
|
|
|
|
Réf.
0,71*** 0,05***
|
Réf.
0,71*** 0,05***
|
Réf.
0,71*** 0,05***
|
Réf.
0,71*** 0,05***
|
Réf.
0,70*** 0,05***
|
Réf.
0,70*** 0,05***
|
Possession de terre cultivable
|
Oui
Non
Statistique r
|
|
|
|
|
1,26ns Réf.
0,00ns
|
1,20ns Réf.
0,00ns
|
1,23ns Réf.
0,01ns
|
1,22ns Réf.
0,01ns
|
1,24ns Réf.
0,01ns
|
Activité économique
|
Agriculture Commerce Sans emploi Autre
Statistique r
|
|
|
|
|
|
Réf.
0,85ns 0,66*** 0,81ns 0,06***
|
Réf.
0,85ns 0,65*** 0,77ns 0,06***
|
Réf.
0,85ns 0,67*** 0,77ns 0,06***
|
Réf.
0,84ns
0,66*** 0,77ns
0,06***
|
Niveau d'instruction
|
Aucun
Primaire
Statistique r
|
|
|
|
|
|
|
Réf.
1,05ns 0,00ns
|
Réf.
1,05ns 0,00ns
|
Réf.
1,05ns 0,00ns
|
Causes du déplacement
|
Prévention
Conflit communautaire Attaque des «janjaweeds» Force
gouvernementale Statistique r
|
|
|
|
|
|
|
|
0,76ns 0,93ns
Réf.
0,34*** 0,04***
|
0,79ns
0,94ns
Réf.
0,34*** 0,04***
|
Perte de biens au moment de départ
|
Oui
Non
Statistique r
|
|
|
|
|
|
|
|
|
0,87ns Réf.
0,00ns
|
Khi-deux
|
82,16***
|
86,68***
|
91,06***
|
105,03***
|
109,08
|
134,86***
|
135,15***
|
151,05***
|
152,72***
|
Pouvoir prédictif (%)
|
55,89
|
55,97
|
56,91
|
57,33
|
57,38
|
57,80
|
57,69
|
57,71
|
58,17
|
Pseudo R2
|
0,022
|
0,024
|
0,025
|
0,029
|
0,030
|
0,037
|
0,037
|
0,041
|
0,042
|
***=probabilité <1% ;
**=probabilité<5% ; ns=probabilité non
significative
|
Source : Traitement des données de
l'enquête IDPs de 2007.
Synthèse partielle
Nous pouvons retenir que les IDPs à l'Est du Tchad sont
à majorité jeunes donc actifs (15-34 ans). Cette tranche
d'âge représente 52,2% du total des IDPs à l'Est du pays.
Selon l'état matrimonial, le niveau d'instruction, l'activité
économique, le sexe et l'ethnie, les proportions les plus importantes
s'observent respectivement chez les individus mariées, les sans niveau
d'instruction, les agriculteurs, les femmes et les dadjo .
Au niveau bivarié, l'intention de retour des IDPs varie
significativement selon le sexe, l'activité économique, les
causes du déplacement, l'ethnie, l'accès à l'eau potable,
l'état matrimonial, la perte de bien pendant la fuite et le statut dans
le ménage des personnes à l'Est du pays. On observe les
proportions les plus élevées des IDPs qui n'expriment pas le
désir de retourner dans leurs villages d'origine respectivement parmi
les femmes, les sans emploi, les maba, ceux qui fui les exactions des forces de
l'ordre du pays, celles qui n'ont pas accès à l'eau potable, les
divorcées, les IDPs vivant sous le couvert d'un chef de ménage et
les IDPs n'ayant pas perdu de biens. L'intention de retour des IDPs ne varie
pas significativement avec l'âge, le niveau d'instruction et la
possession de terre cultivable.
Quant à l'analyse factorielle des correspondances
multiples (AFCM), elle a mis en évidence deux groupes des IDPs à
l'Est du pays. D'un côté le groupe des IDPs ayant l'intention de
retourner dans leurs villages d'origine constitué des hommes
mariés ou veufs, chefs de ménage, âgés entre 35-59
ans, exerçant dans l'agriculture, n'ayant aucun niveau d'instruction et
ayant fui à cause des conflits communautaires. De l'autre
côté, le groupe des IDPs constitué des femmes,
célibataires vivant sous couvert des chefs de ménage,
n'exerçant aucune activité économique ou exerçant
dans le commerce, âgées entre 15 et 34 ans, ayant un niveau
d'étude primaire, ayant fui à cause de l'insécurité
créée par les forces gouvernementales et les exactions des
«janjaweeds», n'ayant pas de terre cultivable dans leurs milieux
d'accueil, ayant perdu des biens pendant la fuite, ayant accès à
l'eau potable et appartenant aux ethnies dadjo et kadjaksé n'exprime pas
le désir de retourner dans leurs villages d'origine.
Au niveau explicatif, l'analyse a montré que le sexe,
l'ethnie, l'accès à l'eau potable, l'activité
économique et les causes du déplacement sont des variables qui
déterminent l'intention de retour des IDPs dans leurs villages
d'origine.
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS
L'objectif de cette étude était de contribuer
à la connaissance des intentions de retour des IDPs en mettant à
la disposition des décideurs politiques tchadiens et leurs partenaires,
des indicateurs leur permettant de mieux préparer le retour des IDPs
dans leurs villages d'origine. Elle visait spécifiquement à:
1. Déterminer les profils démographiques et
socioéconomiques des IDPs selon leurs intentions de retour;
2. Identifier les déterminants des intentions de retour
des IDPs dans leurs villages d'origine.
Pour mener à bien cette étude, nous avons fait
une synthèse de revue de littérature sur les déterminants
du retour de la migration forcée. Celle-ci nous a permis d'identifier
deux types de milieu caractérisés par des contextes
différents : le contexte du milieu de départ et le contexte du
milieu d'accueil. Ceci nous a permis de postuler principalement que les
contextes du milieu d'origine et du milieu d'accueil influencent directement
les intentions des IDPs de retourner dans leurs villages d'origine ou par
l'intermédiaire de leurs caractéristiques individuelles. Plus
spécifiquement, nous avons formulé les hypothèses
suivantes:
> H1 : Les IDPs marié(e)s ont plus de
chance de manifester le désir de retourner dans leurs villages d'origine
que les IDPs célibataires.
> H2 : Les IDPs exerçant dans
l'agriculture ont plus de chance de manifester le désir de retourner
dans leurs villages d'origine que les IDPs sans emploi.
> H3 : Les personnes
déplacées de sexe masculin ont une propension plus grande
à manifester le désir de retourner dans leurs villages d'origine
que celles de sexe féminin.
> H4 : Les IDPs ayant accès
à l'eau potable dans le milieu d'accueil ont plus de chance de ne pas
manifester le désir de retourner dans leur village d'origine que celles
qui n'ont pas accès.
> H5 : Les IDPs qui ont reçu un
lopin de terre cultivable ont moins de chance d'exprimer le désir de
retourner dans leurs villages d'origine que celles n'ayant pas reçu.
> H6 : Les IDPs ayant perdu leurs biens
pendant la fuite ont moins de chance d'exprimer le désir de retourner
dans leurs villages d'origine que celles qui n'ont rien perdu.
Ces hypothèses ont été testées
à partir des données de l'enquête sur les IDPs à
l'Est du Tchad réalisée en 2007 par de l'UNHCR.
L'évaluation de la qualité de ces données nous a
montré que les âges sont plus ou moins bien déclarés
à l'exception des âges ronds et semironds. Pour les besoins de nos
analyses, nous avons été conduit au lissage en regroupant ces
années d'âges en trois (3) groupes d'âges: 15-34 ans, 35-59
ans et 60 ans et plus.
Après l'évaluation de la qualité des
données, nous avons effectué deux types d'analyses (descriptive
et explicative). Au niveau descriptif, nous avons utilisé l'analyse
bivariée et l'analyse factorielle des correspondances multiples (AFCM).
Cette dernière analyse nous a permis de catégoriser les IDPs
selon leurs intentions de retour. Au niveau multivarié, nous avons
choisi d'utiliser la régression logistique vue que notre variable
dépendante à savoir « A l'intention de retourner au
village d'origine » est qualitative et dichotomique.
Concernant les résultats obtenus, nos analyses
soulignent des variations dans les intentions de retour des IDPs. L'analyse
bivariée a montré que l'intention de retour varie
significativement avec le sexe, l'activité économique, l'ethnie,
le statut dans le ménage, l'état matrimonial et les causes du
déplacement. En effet, 55,3% de femmes n'ont pas l'intention de
retourner dans leurs villages d'origine. Selon l'activité
économique, l'état matrimonial, le statut dans le ménage,
l'ethnie, l'accès à l'eau potable et les causes du
déplacement, la proportion la plus élevée des individus
n'ayant pas l'intention de retourner dans leurs villages d'origine s'observe
respectivement chez les sans emploi (59,3%), les divorcées (59,4%), les
IDPs vivant sous couvert d'un chef de ménage (54,4%), les maba (75,7%),
les IDPs n'ayant pas accès à l'eau potable (60,0%) et les IDPs
ayant quitté l'insécurité créée par les
forces gouvernementales (75,4%).
Ces résultats ont été confirmés en
partie dans l'analyse factorielle des correspondances multiples. Ainsi, elle a
mis en évidence deux groupes de personnes déplacées
à l'Est du pays. D'un côté le groupe des IDPs ayant
l'intention de retourner dans leurs villages d'origine constitué des
hommes mariés ou veufs, chefs de ménage, âgés entre
35-59 ans, exerçant dans
l'agriculture, n'ayant aucun niveau d'instruction et ayant
fui à cause des conflits communautaires. De l'autre côté,
le groupe des IDPs constitué des femmes, célibataires vivant sous
couvert des chefs de ménage, n'exerçant aucune activité
économique ou exerçant dans le commerce, âgées entre
15 et 34 ans, ayant un niveau d'étude primaire, ayant fui à cause
de l'insécurité créée par les forces
gouvernementales et les exactions des «janjaweeds», n'ayant pas de
terre cultivable dans leurs milieux d'accueil, ayant perdu des biens pendant la
fuite, ayant accès à l'eau potable et appartenant aux ethnies
dadjo et kadjaksé N'a pas le désir de retourner dans leurs
villages d'origine.
Au niveau multivarié, les résultats de
l'analyse montrent que le sexe, l'ethnie, l'accès à l'eau
potable, l'activité économique et les causes du
déplacement sont les déterminants de l'intention de retour des
IDPs. En effet, par rapport aux IDPs de sexe féminin, celles de sexe
masculin ont 47,0% plus de chance d'exprimer le désir de retourner dans
leurs villages d'origine. Autrement dit, les IDPs hommes ont plus l'intention
de retourner dans leurs villages que les femmes. Ainsi, notre hypothèse
H3 à savoir « Les personnes déplacées de sexe
masculin ont une propension plus grande à manifester le désir de
retourner dans leurs villages d'origine que celles de sexe féminin
» est vérifiée. Par rapport aux IDPs appartenant
à l'ethnie dadjo, les IDPs de l'ethnie maba et kadjaksé ont
respectivement 65,0% et 39,0% moins de chance d'exprimer le désir de
retourner dans leurs villages d'origine. Par rapport à l'accès
à l'eau potable, les IDPs n'ayant pas accès à cette
denrée ont 30,0% moins de chance de manifester le désir de
retourner dans leurs villages d'origine que leurs homologues ayant accès
à cette denrée. Ceci infirme notre hypothèse H4 qui
postule que « Les IDPs ayant accès à l'eau potable ont
plus de chance de ne pas manifester le désir de retourner dans leur
village d'origine que celles qui n'ont pas accès ». De
même, les IDPs ayant fui leurs villages d'origine à cause de
l'insécurité créée par les forces gouvernementales
ont 66,0% moins de chance de manifester le désir de retourner dans leurs
villages d'origine que les IDPs dont la cause principale de leurs
déplacements est l'exaction des «janjaweeds». Selon
l'activité économique, les IDPs sans emploi ont 34,0% moins de
chance de manifester le désir de retourner dans leurs villages d'origine
que les IDPs exerçant dans l'agriculture. Autrement dit, les IDPs
exerçant dans l'agriculture ont plus l'intention de retourner dans leurs
villages d'origine que les sans emploi. Cela confirme notre hypothèse H2
qui postule que « les IDPs exerçant dans l'agriculture ont plus
de chance de manifester le désir de retourner dans leurs villages
d'origine que celles qui sont sans emploi ». Les variables comme
l'état matrimonial et le statut dans le ménage qui étaient
significatives au niveau bivarié sont devenues non
significatives au niveau de l'analyse multivariée.
Ainsi, après introduction du niveau d'instruction dans l'analyse, la
variable statut dans le ménage a cessé d'être
significative. On peut dire que le statut dans les ménages des IDPs
détermine leurs intentions de retour via leurs niveaux d'instruction.
Tandis que l'âge, l'état matrimonial, la possession de terre
cultivable, le niveau d'instruction et la perte de biens pendant la fuite sont
restés non significatifs dans tous les modèles, ce qui fait que
les trois (3) autres hypothèses n'ont pas été
vérifiées.
Ainsi, les déterminants des intentions de retour des
IDPs dans leurs villages d'origine sont : l'activité économique
(0,06), le sexe (0,06), l'ethnie (0,06), l'accès à l'eau potable
(0,05) et les causes du déplacement (0,04). Puisqu'il s'agit de
l'étude des intentions, ces résultats peuvent changer en
présence d'autres facteurs et ne doivent par conséquent pas
être considérés comme définitifs.
Malgré le fait que nous soyons parvenus à des
résultats importants, nous notons toutefois que cette étude
souffre de quelques insuffisances:
> La première est celle de la qualité de
données sur l'âge. En effet, l'âge étant une variable
importante dans une analyse démographique, sa qualité s'est
révélée défectueuse. Bien que nous ayons
regroupé ces âges en trois (3) groupes, cela est susceptible
d'influencer les résultats des analyses.
> La seconde est celle liée à l'absence
d'informations relatives aux ménages dans les milieux d'accueil et
celles relatives aux milieux d'origine. Cela a réduit nos analyses au
niveau des individus. Les études futures devraient en tenir compte du
fait que cela pourrait améliorer la compréhension des
déterminants des intentions de retour en période de conflit en
général et à l'Est du Tchad en particulier. Cela
s'avère nécessaire puisqu'au Tchad le déplacement
forcé est monnaie courante depuis l'indépendance.
Mais ces limites n'entravent cependant pas la qualité
scientifique de ce travail. Ainsi, au vu des résultats obtenus, nous
formulons les recommandations suivantes:
Au Gouvernement de la République du Tchad
> Créer des conditions favorables
(sécurité) pour garantir l'activité des IDPs dans leurs
villages d'origine.
n Aux organisations humanitaires
> Mener des campagnes de sensibilisation auprès des
femmes déplacées appartenant aux ethnies maba et kadjaksé
sans emploi ayant accès à l'eau potable;
> Promouvoir l'auto emploi des personnes
déplacées en mettant à leur disposition des fonds
d'investissement pour faciliter leur réinsertion au retour.
n A la communauté scientifique
Compte tenu des limites de notre étude, nous
recommandons la multiplication de la collecte d'informations sur les IDPs au
Tchad. Les autorités nationales compétentes, de concert avec les
associations de la société civile, les institutions
universitaires et les organisations internationales, devraient conjuguer leurs
efforts pour la connaissance des besoins des IDPs et des communautés
hôtes.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. Ouvrages généraux
1° Al MOUNA (Centre culturel), Conflit Nord Sud, Mythe
ou réalité?, publication du Centre culturel Al Mouna,
N'Djaména (Tchad), 1996, 78p.
2° CHAPELLE J., Le peuple tchadien, ses racines et sa
vie quotidienne, l'Harmattan, Paris (France), 1986, 304p.
3° GRAZIELLA C. et al., Les déterminants de la
migration, Démographie: analyse et synthèse IV, INED, Paris
(France), 2003, 225p.
4° GUBRY P., S. B LAMLENN., E. NGWE., Le Retour au
village : une solution à la crise économique au Cameroun?,
L'Harmattan - IFORD - CEPED, Paris (France), 1996, 206p.
5° GUILLON M. et SZTOKMAN N., Géographie
mondiale de la population, 2e éd., Paris (France), 2004,
287p.
6° LEMOINE T., Tchad 1960-1990, Trente années
d'indépendance, Lettres du monde, Paris (France), 1997, 398p.
7° LUTUTALA (M.), Les migrations en Afrique centrale:
caractéristiques, enjeux et rôles dans l'intégration et le
développement des pays de la région, Kinshasa (RDC), 2007,
27p.
8° MAGRIN G., Le sud du Tchad en mutation. Des champs
de coton aux sirènes de l'or noir. Sépia-Cirad, Paris
(France), 2001, 427p.
9° UNHCR, Les réfugiés dans le monde: en
quête de solutions, La découverte, Paris (France), 1995,
263p.
2. Ouvrages spécifiques
1° BREYE C., Les aménagements hydro-agricoles
au Tchad : des tentatives de réduction des crises alimentaires (exemple
du périmètre irrigué de Mara), Mémoire de
maîtrise en géographie, Université de N'Djaména
(Tchad), 2004, 80p.
2° GLOBAL IDP Project Internal displacement, A Global
Overview of Trends and Developments in 2003, Geneva (Suisse), 2004, (
www.idpproject.org/press/2004/Global_Overview.pdf).
3° UNHCR, Les personnes déplacées
internes, questions et réponses, Genève (Suisse),
2006,16p.
4° KHASSIM D., S. Enda, «Real-time evaluation of
UNHCR's IDP operation in Eastern Chad», Rapport d'activité,
Genève (Suisse), 2007, 12p.
5° LUTUTALA (M.) - Dynamique des migrations au
Zaïre: le réseau de Kinshasa - Thèse de
Démographie, Université de Montréal (Canada), 1987,
428p.
6° MEITE (I.) - Intention de retour des personnes
déplacées internes de guerre en Côte d'Ivoire: Recherche
des déterminants - Mémoire de DESSD, IFORD,
Université de Yaoundé II (Cameroun), 2007, 102p.
7° MPAKO F, Déplacés internes au Tchad:
coincés entre la guerre civile et la crise soudanaise du Darfour -
Rapport de mission, Genève (Suisse), 2007, 31p.
8° MSF, Rapport d'activité 2006,
N'Djaména (Tchad), 2006, 42p.
9° NATIONS UNIES, Etat de la pauvreté humaine
au Tchad 2000-2004, N'Djaména (Tchad), 2004, 74p.
10° PAM, Rapport finale de l'enquête
sur les capacités d'autosuffisance alimentaire des
réfugiés Soudanais, des personnes déplacées et des
populations hôtes à l'Est du Tchad, N'Djaména (Tchad),
2007, 50p.
11° UNCHR et al., Rapport final de l'enquête
auprès des personnes déplacées à l'Est du
Tchad - profiling des IDPs -, N'Djaména (Tchad), 2007, 105p.
3. Articles, périodiques et chapitres
d'ouvrages
1° BAYLIS J., «International Security in
the Post-Cold War Era» in John Bayllis and Steve Smith, The
Globalization of World Politics: an Introduction to International
Relations, Oxford University Press, New York (USA), 1997, pp.193-211.
2° CENTRE D'ETUDES SUR LES REFUGIES, «
L'éducation dans les situations d'urgence: l'apprentissage pour un futur
paisible », in MIGRATIONS FORCEES, Université
d'OXFORD (Royaume Uni), n°22, février 2005, 44p.
3° CENTRE D'ETUDES SUR LES REFUGIES, « Mettre en
lumière les personnes déplacées de l'intérieur:
réussite et défis en hommage au travail de Roberta Cohen
», in MIGRATIONS FORCEES, Université d'OXFORD
(Royaume Uni), n° spécial mars 2007, 32p.
4° CENTRE D'ETUDES SUR LES REFUGIES, «
Déplacés internes: l'avenir en matière de protection et
d'assistance » in MIGRATIONS FORCEES, Université d'OXFORD
(Royaume Uni), n° supplémentaire, décembre 2005, 32p.
5° CENTRE D'ETUDES SUR LES REFUGIES, « Soudan:
espérances pour la paix » in MIGRATIONS FORCEES,
Université d'OXFORD (Royaume Uni), n°24, décembre 2005,
76p.
6° CENTRE D'ETUDES SUR LES REFUGIES, « Les violences
sexuelles : arme de guerre, entrave à la paix » in MIGRATIONS
FORCEES, Université d'OXFORD (Royaume Uni), n°27, mars 2007,
80p.
7° CENTRE D'ETUDES SUR LES REFUGIES, «
Déplacement palestinien: un cas d'exception? » in
MIGRATIONS FORCEES, Université d'OXFORD (Royaume Uni),
n°26, décembre 2006, 72p.
8° DEBOS M., « Les limites de l'accumulation par les
armes. Itinéraires d'ex-combattants au Tchad », in Politique
africaine, Paris (France), 2008, pp.23-37.
9° FIDH, Rapport de mission au Darfour,
Genève (Suisse), 27p.
10°GIBBAL J.-M., « Le retour au village des nouveaux
citadins », in Cahiers d'études africaines,
Grenoble (France), n°51, 1973, pp.549-574.
11° GUIMAPI C., « Les migrants de retour dans les
villages du Cameroun de l'Ouest », in T. EGGERICKX, C. GOURBIN,
Populations et défis urbains, Academia Bruylant - L'Harmattan,
Louvain-La-Neuve (Belgique), 2003, pp.237-256.
12° KLEIN M., « La problématique
tchadienne », in Marchés tropicaux et
méditerranéens, n° 2619, [S.l], 1996/01/19,
pp.104-106.
13° KRAUSE K./WILLIAMS M. C., « From Strategy to
Security: Foundations of Critical Security Studies» in KRAUSE
Keith/WILLIAMS Michael C. (ed.), Critical Security Studies, University
of Minnesota Press, Minneapolis (USA), 1997, 171p.
14° MAGRIN G., « Un Sud qui perd le Nord. Les
récents enjeux de la fracture tchadienne », in
Bulletin de l'Association des Géographes Français
(BAGF), Paris (France) juin 2002, pp.85-198.
15° MASCRÉ D., « Course aux
hydrocarbures, crise du Darfour, déstabilisation régionale: Le
Tchad entre jeux pétroliers et jeux guerriers », in
Géopolitique africaine, Paris (France), 2007, 24p.
16° MUMPASI B., M. LUTUTALA, « Les migrations
africaines dans le contexte socioéconomique actuel », in
Sociologie de la population, PUF, Paris (France), 1995, pp.391-
416.
17° POSEN, BARRY, R., «The Security Dilemma and
Ethnic Conflict», in Ethnic Conflict and International Security,
N.J., Princeton University Press, Princeton (USA), 1993, pp.103- 107.
18° RALLU J.-L, « L'étude des migrations de
retour », in J. V. GRAZIELLA C., G. Wumsch, Oaris, Les
déterminants de la migration, Démographie: analyse et
synthèse. Volume IV, INED, Paris (France), 2003, pp.199-209.
19° RIOUX J.F, « Civils et militaires dans les
opérations de paix de seconde génération » in DAVID
Charles-Philippe, RIOUX Jean-François et VALIENTE Francisco-José,
Repenser la consolidation de la paix: Fondements, Intervenants,
Rapprochements, Rapport du Groupe de recherche sur les interventions de
paix dans les conflits intraétatiques, [S.l], Octobre 1998, pp.25-59.
20° RONAN B., D. BLEY, N. VERNAZZA-LICHT, «
Processus migratoire et qualité de vie. L'exemple des migrants
retournés au village dans une zone forestière du Sud-Cameroun
», in S. Bahuchet, et al., L'homme et la forêt tropicale,
Bergier, Marseille (France), 1992, pp.159- 173.
21° VALIENTE F.J., « L'intervention civile
internationale dans le cadre de la consolidation de la paix » in DAVID
Charles-Philippe, RIOUX Jean-François et VALIENTE FranciscoJosé
Repenser la consolidation de la paix: Fondements, Intervenants,
Rapprochements, Rapport du Groupe de recherche sur les interventions de
paix dans les conflits intraétatiques, [S.l], Octobre 1998, pp.25-59.
4. Sites Internet
1°
http://www.ialtchad.net
2°
http://www.ceped.com
3°
http://www.tchadculture.net
4°
http://www.internal-displacement.org
5° http:/
cgi.cvm.qc.ca/IPMSH
6°
http://www.ceri-sciences-po.org
7°
http://echogeo.revues.org/document2061.html.
8° Géraud Magrin, «Tchad 2008»,
EchoGéo, Sur le vif 2008, 2008, [En ligne], mis en ligne le 13
mars 2008. URL: disponible sur:
http://echogeo.revues.org//index2249.html.
Consulté le 05 juin 2008.
9° http://www.migrationforcee.org/
10°
www.idpproject.org
ANNEXES
Annexe 1 : questionnaire d'enquête auprès
des personnes déplacées à l'est du Tchad
QUESTIONNAIRE INDIVIDUEL
0. IDENTIFICATION DU QUESTIONNAIRE
Q001
|
Numéro du questionnaire
|
|___|___|___|___|
|
|
Nom de l'enquêteur :
|
|
Nom et visa du contrôleur :
|
Nom et visa du superviseur :
|
Date de l'interview : /___/___/___/___/2007
J J M M
CONFIDENTIEL
|
I. IDENTIFICATION DE L'INDIVIDU DANS LE
MENAGE
Q101
|
Département et sous-préfecture d'accueil
Département d'Assoungha
11. Adré 12. Borota 13. Hadjer-Hadid 14. Mabrone
15.Molou
Département de Djourf-Al-Ahmar
21. Am-Dam 22. Houich 23.Mabrone
Département de Ouara
31. Abéché 32. Abdi 33. Abougoudam 34.
Amléyouna 35. Bourtail 36. Chokoyan
Département de Dar Sila
41. Adé 42. Goz-Beïda 43. Koukou-Angarana 44.
Mogororo 45.
Tissi
|
|___|___|
|
Q102
|
Nom du site/camp
1. Abdi 6. Aradib/Goz Amer 11. Koubigou
2. Alacha 7. Gassiré
3. Goungour 8. Gorounkoun
4. Goz Bagar 9. Habilé
|
|___|___|
|
|
5. Kerfi 10. Koloma
|
|
Q103
|
Type du site ou camp
1. Site spontané
2. Site permanent
|
|___|
|
Q104
|
Numéro du ménage (numéro du jeton du
ménage)
|
|___|___|___|___|
|
Q105
|
Nom du village d'origine
|
|
|
Q106
|
Nom du canton d'origine
|
|
|
Q107
|
Département et sous-préfecture d'origine
Département d'Assoungha
11. Adré 12. Borota 13. Hadjer-Hadid 14. Mabrone
15.Molou
Département de Djourf-Al-Ahmar
21. Am-Dam 22. Houich 23.Mabrone
Département de Ouara
31. Abéché 32. Abdi 33. Abougoudam 34.
Amléyouna 35. Bourtail 36. Chokoyan
Département de Dar Sila
41. Adé 42. Goz-Beïda 43. Koukou-Angarana 44.
Mogororo 45.
Tissi
|
|___|___|
|
II. CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES ET CULTURELLES DU
REPONDANT
Q201
|
Lien de parenté (ou statut) de l'enquêté(e)
dans le ménage
1. Chef de ménage
2. Epoux(se) du chef de ménage
3. Enfant du CM
4. Autre lien
|
|___|
|
Q202
|
Sexe de l'enquêté(e)
1. Masculin
2. Féminin
|
|___|
|
Q203
|
Age de l'enquêté(e)
99. ND
|
|___|___|
|
Q204
|
Ethnie de l'enquêté(e)
1. Maba 5. Hadjara 9. Kadjaksé
2. Massalit 6. Zagawa 10. Moubu
3. Tribu arabe 7. Autre
4. Assongori 8. Dadjo
|
|___|
|
Q205
|
Etat matrimonial de l'enquêté(e)
1. Célibataire
2. Marié monogame
3. Marié polygame
4. Veuf(ve)
|
|___|
|
|
5. Divorcé(e)/Séparé( e)
|
|
Q206
|
Niveau d'instruction de l'enquêté(e)
1. Aucun
2. Primaire
3. Secondaire et plus
4. Ecole coranique
|
|___|
|
Q207
|
Occupation principale de l'enquêté (e)
1. Agriculteur(trice) 5. Femme au foyer
2. Eleveur (pasteur) 6. Personnes âgées
3. Commerçant(e) 7. Autre
4. Sans emploi 8. Elève
|
|___|
|
III. INFORMATIONS SUR LE VILLAGE D'ORIGINE OU LE DERNIER
LIEU DE RESIDENCE AVANT D'ARRIVER AU SITE/CAMP
Q301
|
Quand est-ce que vous êtes arrivé dans ce site/camp
?
|
|__|__|__|__|__|__| J J M M A
A
|
|
Où habitiez-vous juste avant de venir vous installer dans
ce site/camp ?
|
|
|
Q302
|
1. Village d'origine 4 Aller à Q304
|
|
|___|
|
|
2. Un autre site
|
|
|
|
|
Quel est le nom de ce site ?
|
|
|
Q303
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Quand est-ce que vous vous êtes installé dans ce
site/camp actuel ?
|
|
|
Q304
|
1. Moins de 6 mois 2. Six (6) mois ou plus
|
|
|___|
|
|
Quelle est la principale cause de votre déplacement ?
|
|
|
|
1. Préventive
|
|
|
|
2. Conflits avec communautés voisines
|
|
|
Q305
|
3. Attaque du village par les «janjaweeds»
|
|
|
|
4. Exactions d'éléments appartenant aux forces
gouvernementales
|
|
|___|
|
|
5. Insécurité créée par les
affrontements entre forces
gouv. et rebelles
|
|
|
|
6. Décision de l'autorité administrative ou
militaire
|
|
|
|
7. Réunification familiale (individu rejoignant sa
famille)
|
|
|
|
8. Raisons économiques (assistance humanitaire : Pull
factors)
|
|
|
|
|
Qu'avez-vous perdu dans cette situation ?
|
|
|
|
Oui Non
|
|
|
|
1. Un/certains membres de la famille 1 2
|
|
|___|
|
|
Q306
|
2. Maison 1 2
|
|
|___|_
|
|
|
3. Biens matériels 1 2
|
|
|___|_
|
|
|
4. Champs 1 2
|
|
|___|
|
|
|
5. Moyen de transport (chameau/Ane) 1 2
|
|
|___|_
|
|
|
6. Bétail (bovins, ovins, etc.) 1 2
|
|
|___|_
|
|
|
Lors de votre déplacement, avez-vous emmené vos
affaires personnelles avec
|
|
|
|
Q307
|
vous ?
|
|
|___|
|
|
|
1. Oui
|
|
|
|
2. Non 4 Aller à Q309
|
|
|
|
|
Lesquels ?
|
|
|
Q308
|
Oui Non
|
|
|
|
1. Biens matériels 1 2
|
|
|___|
|
|
2. Moyen de transport (chameau/Ane) 1 2
|
|
|___|
|
|
3. Bétail (bovins, ovins, etc.) 1 2
|
|
|___|
|
|
Q309
|
Qu'est ce qui a principalement motivé le choix de ce site
d'installation ?
1. Proximité du village d'origine (culture,
récolte,...)
2. Lieu d'installation des membres de famille
3. Présence des agences humanitaires (pull factors)
4. Garantie de sécurité
|
|___|
|
Q310
|
Avez-vous des parents qui sont restés dans votre village
d'origine ?
1. Oui
2. Non
|
|___|
|
Q311
|
Avez-vous des nouvelles sur l'état sécuritaire de
votre village d'origine ?
1. Oui
2. Non 4 Aller à Q313
|
|___|
|
Q312
|
Si oui, lesquelles ?
1. Persistance de l'insécurité
2. Accalmie et reprise progressive de la vie
3. Nouvelles sur les parents restés au village
|
|___|
|
Q313
|
Avez-vous effectué des visites au village d'origine ?
1. Oui
2. Non 4 Aller à Q315
|
|___|
|
Q314
|
A quand remonte votre dernière visite ?
|
|__|__|__|__|__|__| J J M M A
A
|
Q315
|
Avez-vous participé à un exercice de
dénombrement (recensement) dans ce site ?
1. Oui
2. Non 4 Aller à Q401
|
|___|
|
Q316
|
Quand est-ce que cette opération de dénombrement
a-t-il eu lieu ?
|
| | | | | | |
J J M M A A
|
Q317
|
Par qui était-elle réalisée ?
1. Chef du village
2. Autorités administratives, politiques ou militaires
3. Agences humanitaires
4. Ne sait pas
|
|___|
|
Q318
|
Qui était dénombré lors de ce
dénombrement ? (Méthode utilisée)
1. Chef de famille
2. Chaque membre de famille
|
|___|
|
IV. CONDITIONS DE VIE DANS LE SITE 4.1.
Assistance
Q401
|
Avez-vous déjà reçu la visite d'une
autorité administrative, politique ou militaire ?
1. Oui 2. Non
|
|___|
|
Q402
|
Avez-vous déjà reçu la visite d'une agence
humanitaire ?
|
|
|
1. Oui 2. Non
|
|___|
|
|
Depuis votre arrivée dans ce site, quels sont les acteurs
humanitaires qui vous ont assisté ?
|
|
|
Oui Non
|
|
|
1. Gouvernement/Autorités locales 1 2
|
|___|
|
Q403
|
2. Agences des Nations Unies 1 2
|
|___|
|
|
3. ONGs internationales 1 2
|
|___|
|
|
|
4. ONGs locales 1 2
5. Communautés hôtes 1 2
6. Confessions religieuses 1 2
7. Initiatives privées (bienfaiteurs) 1 2
|
|
|___| |___| |___|
|___|_
|
|
|
Dans quels secteurs avez-vous été assistés ?
Comment avez-vous été assisté ?
|
|
|
|
|
Oui Non
|
|
|___|
|
|
|
1. Assistance alimentaire (vivres) 1 2
|
|
|___|
|
|
|
2. Assistance non alimentaire (bâches, nattes, savons,
etc.) 1 2
|
|
|___|
|
|
|
3. Kit d'eau 1 2
|
|
|___|
|
|
Q404
|
4. Vêtements 1 2
|
|
|___|
|
|
|
5. Soins de santé/Médicaments 1 2
|
|
|___|_
|
|
|
6. Education 1 2
|
|
|___|_
|
|
|
7. Assainissement (latrines, évacuation des ordures) 1
2
|
|
|___|
|
|
|
8. Terres cultivables 1 2
|
|
|___|_
|
|
|
9. Crédit pour les AGR 1 2
|
|
|___|_
|
|
|
10. Bois de chauffe 1 2
|
|
|___|
|
|
|
Quels types de vivres avez-vous reçus ?
|
|
|
Oui Non
|
|
|
1. Mil/Farine de mil 1 2
|
|
|___|
|
|
Q405
|
2. Farine de blé 1 2
|
|
|___|
|
|
|
3. Farine de soja 1 2
|
|
|___|
|
|
|
4. Riz 1 2
|
|
|___|_
|
|
|
5. Boîtes de conserve de sardine 1 2
|
|
|___|
|
|
|
6. Huile 1 2
|
|
|___|
|
|
|
7. Savons 1 2
|
|
|___|
|
|
|
8. Sucre/sel 1 2
|
|
|___|_
|
|
|
Combien de temps ces vivres ont-ils couvert les besoins
alimentaires du
|
|
|
|
Q406
|
ménage ?
|
|
|___|
|
|
|
1. Une semaine
|
|
|
2. 2 à 4 semaines
|
|
|
3. 1-2 mois
|
|
|
Q407
|
Avez-vous vendu une partie de l'assistance reçue ?
|
|
|
1. Oui 2. Non -) Aller à Q409
|
|___|
|
|
Pourquoi ?
|
|
Q408
|
1. Besoin d'argent
|
|___|
|
|
2. Nécessité alimentaire
|
|
|
4.2. Abris et latrines
|
Dans quel état se trouve votre abri actuel ?
|
|
|
1. Aucun
|
|
Q409
|
2. Précaire
|
|___|
|
|
3. Nécessite une toiture
|
|
|
4. Passable/Acceptable
|
|
Q410
|
Avez-vous des latrines ?
|
|
|
1. Oui 2. Non 4 Aller à Q412
|
|___|
|
|
Combien des ménages utilisent ces latrines ?
|
|
Q411
|
97. Plusieurs ménages
|
|___|___|
|
|
98. Tous les ménages
|
|
|
4.3. Terre
Q412
|
Depuis que vous êtes installés dans ce site, est-ce
que la communauté hôte vous a donné un lopin de terre pour
cultiver ?
1. Oui 2. Non --) Aller à Q417
|
|___|
|
Q413
|
Avez-vous (ou votre famille) cultivé la terre ?
|
|
|
1. Oui 2. Non --) Aller à Q417
|
|___|
|
|
Quels produits avez-vous semé ?
|
|
|
Oui Non
|
|
Q414
|
1. Céréales 1 2
|
|___|
|
|
2. Légumineuses 1 2
|
|___|
|
|
3. Autre 1 2
|
|___|
|
|
|
Auprès de qui avez-vous obtenu les semences ?
|
|
|
1. Gouvernement/Autorités locales
|
|
Q415
|
2. PAM
|
|___|
|
|
2. Communautés hôtes
|
|
|
3. ONGs internationales
|
|
|
4. ONGs nationales
|
|
|
|
Avez-vous partagé les produits récoltés avec
la communauté hôte ?
|
|
Q416
|
|
|___|
|
|
1. Oui 2. Non
|
|
4.4. Soins de
santé/médicaments
|
Où est-ce vous (ou les membres de votre ménage)
vous faites soigné ?
|
|
|
|
Oui Non
|
|
|___|
|
|
|
1. Poste/Centre de santé du site 1 2
|
|
|___|
|
|
Q417
|
2. Centre de santé hors du site 1 2
|
|
|___|
|
|
|
3. Hôpitaux de référence 1 2
|
|
|___|_
|
|
|
4. Tradipraticien/Guérisseur traditionnel 1 2
|
|
|___|_
|
|
|
5. Automédication 1 2
|
|
|___|
|
|
Q418
|
Y a-t-il de cas de violences sexuelles subies par les jeunes
filles et/ou les femmes de ce site ?
|
|
|
|
1. Oui
|
|
|___|
|
|
2. Non --) Aller à 420
|
|
|
|
3. Ne sait pas 4 Aller à 420
|
|
|
|
Q419
|
Est-ce que les victimes portent plaintes auprès des
juridictions compétentes ?
|
|
|
|
1. Oui
|
|
|___|
|
|
2. Non
|
|
|
|
4.5. Education
Q420
|
Est-ce que vos enfants vont à l'école ? 1. Oui
4 Aller à Q423 2. Non
|
|
|
|
|___|
|
Q421
|
Est-ce qu'ils allaient à l'école dans le village
d'origine ?
|
|
|
1. Oui 2. Non -) Aller à Q423
|
|___|
|
|
Quelle est la principale raison pour laquelle ils ne vont pas
à l'école sur le site
|
|
|
?
|
|
|
1. Manque d'école sur le site
|
|
Q422
|
2. Manque de place
|
|___|
|
|
3. Eloignement de l'école
|
|
|
4. Travaux ménagers
|
|
|
5. Mariage
|
|
|
6. Enrôlement (camp, armée)
|
|
|
7. Enrôlement autodéfense
|
|
|
4.6. Eau
Q423
|
Avez-vous accès à une eau potable ?
1. Oui 2. Non -) Aller à Q426
|
|___|
|
Q424
|
Cette eau est-elle suffisante pour la famille ? 1. Oui 4
Aller à Q501 2. Non
|
|___|
|
Q425
|
Pourquoi ?
1. Pas assez de jerrycans/seau
2. Eloignement de la source d'approvisionnement
3. Manque de moyen de transport (Ane, chameau, Bicyclette)
4. Etat de santé ou âge
(vulnérabilité)
Aller à Q501 après avoir répondu
à la cette question Q425
|
|___|
|
Q426
|
Quelle est la source d'eau que vous utilisez ?
1. Puits traditionnels
2. Eau de surface
3. Forage
|
|___|
|
V. ORGANISATION COMMUNAUTAIRE
Q501
|
Est-ce que le chef de votre village d'origine est présent
dans ce site/camp ? 1. Oui -) Aller à Q503 2. Non
|
|___|
|
|
Où réside-t-il actuellement ?
|
|
|
|
Q502
|
1. Resté au village d'origine
|
|
|
|___|
|
|
2. Dans un autre site/camp
|
|
|
|
|
3. Je ne sais pas
|
|
|
|
|
Q503
|
Participez-vous à la vie communautaire ?
|
|
|
|
|
1. Oui 2. Non -) Aller à Q505
|
|
|
|___|
|
|
Sur quels sujets ?
|
|
|
|
|
|
Oui
|
Non
|
|
|
1. Terres cultivables
|
1
|
2
|
|
|_
__|
|
|
|
2. Eau
|
1
|
2
|
|
|_
__|
|
|
Q504
|
3. Santé
|
1
|
2
|
|
|___|_
|
|
|
|
4. Ecole/Education
|
1
|
2
|
|
|___|_
|
|
|
5. Sécurité
|
1
|
2
|
|
|_
__|
|
|
|
6. Conflits ethnique
|
1
|
2
|
|
|___|_
|
|
|
|
7. Questions sociales (mariages, enfants)
|
1
|
2
|
|
|___|_
|
|
|
8. Religion
|
1
|
2
|
|
|_
__|
|
|
|
9. Problèmes liés au retour 1 2
|
|___| |___|
|
|
Aller à Q601 après avoir répondu
à cette question Q504
|
|
|
Si non, pourquoi ne participez-vous pas à la vie
communautaire ?
|
|
|
Oui Non
|
|
Q505
|
1. Je ne suis pas intéressé/Pas de temps 1 2
|
|___|
|
|
2. On ne m'associe pas (exclusion) 1 2
|
|___|
|
|
3. Présence du représentant de notre village 1
2
|
|___|
|
|
VI. TAXES ET AMENDES
Q601
|
Payez-vous des taxes ou des amendes depuis votre arrivée
dans le site ? 1. Oui 2. Non 4 Aller à Q604
|
|
|___|
|
|
Q602
|
Comment se fait le paiement ?
Oui Non
|
|
|___
|
|
|
|
1. En espèce 1 2
|
|
|___|_
|
|
|
2. Une partie du bétail 1 2
|
|
|___
|
|
|
|
3. Une partie de la récolte 1 2
|
|
|___
|
|
|
|
4. Une partie de non vivres 1 2
|
|
|___|_
|
|
Q603
|
Qui exige les taxes/amendes ?
|
|
|
Oui Non
|
|
|
1. Bandes armées 1 2
|
|___|
|
|
2. Rebelles 1 2
|
|___|
|
|
3. janjaweeds 1 2
|
|___|
|
|
4. Forces armées 1 2
|
|___|
|
|
5. Autorités 1 2
|
|___|
|
|
|
Aller à Q701 Aller après avoir
répondu à cette question Q603
|
|
Q604
|
Quelle a été la conséquence pour n'avoir pas
payé les taxes/amendes ?
|
|
|
Oui Non
|
|
|
1. Travaux forcés 1 2
|
|
|___|
|
|
|
2. Violence physique (bastonnade, torture,...) 1 2
|
|
|___|
|
|
|
3. Violence morale 1 2
|
|
|___|
|
|
|
4. Enrôlement forcé 1 2
|
|
|___|_
|
|
|
5. Arrestation/Détention 1 2
|
|
|___|
|
|
|
6. Aucune (personne ne m'a demandé) 1 2
|
|
|___
|
|
|
Q605
|
Avez-vous porté plainte ?
|
|
|
|
|
1. Oui
|
|
|___|_
|
|
|
2. Non 4 Aller à Q607
|
|
|
A quelle juridiction la plainte a-t-elle été
portée ?
|
|
|
1. Chef du village
|
|
|
2. Chef de canton
|
|
|
3. Comité
|
|
Q606
|
4. Gendarmerie
|
|___|
|
|
5. Sous-préfet/Préfet
|
|
|
6. Cour/Tribunal
|
|
|
|
Aller à Q701 après avoir répondu
à cette question Q606
|
|
|
Sinon, pourquoi ?
|
|
Q607
|
1. Ignorance (je ne connais pas mes droits)
|
|___|
|
|
2. Pression de la communauté
|
|
|
3. Pression des autorités administratives
|
|
|
VII. INTENTION DE RETOURNER AU VILLAGE D'ORIGINE ET
PERSPECTIVES
Q701
|
Avez-vous l'intention de retourner vous installer au village
d'origine ?
1. Oui
2. Non Si Q701=2 ou 3 4 Aller à
Q703
3. Ne sait pas
|
|
|___|
|
|
Si oui, quelle serait la principale raison de ce retour
prévisionnel ?
|
|
|
|
1. Sécurité rétablie dans le village
d'origine
|
|
|
|
2. Rejoindre la famille au village d'origine
|
|
|
Q702
|
3. Insécurité dans le site
|
|
|___|
|
|
4. Manque de terre cultivable dans le site
|
|
|
|
5. Manque d'assistance sur le site
|
|
|
|
|
FIN DE L'ENTREVUE
|
|
|
|
Quelles conditions vous faut-il réunir pour que vous
retourniez au village d'origine ?
|
|
|
|
Oui Non
|
|
|_
__|
|
|
|
1. Amélioration des conditions sécuritaires 1 2
|
|
|___|_
|
|
Q703
|
2. Présence des autorités 1 2
|
|
|___|_
|
|
|
3. Réparation des biens perdus 1 2
|
|
|_
__|
|
|
|
4. Reconstruction des abris 1 2
|
|
|_
__|
|
|
|
5. Réhabilitation des infrastructures de santé 1
2
|
|
|___|_
|
|
|
|
6. Réhabilitation des infrastructures scolaires 1 2
|
|
|_
__|
|
|
|
7. Accès aux terres cultivables 1 2
|
|
|_
__|
|
|
|
8. Accès à l'eau (puits, forages) 1 2
|
|
|___|_
|
|
|
FIN DU QUESTIONNAIRE
Annexe 2 : Principe du modèle de régression
logistique et paramètres descriptifs
A) Principe
Soit Y la variable dépendante et X une variable
indépendante, le modèle de régression logistique
dichotomique peut s'écrire :
P(Y) = e (B0+B1 X) /1+ e
(B0+B1X).
Cette équation est l'équivalence de :
P(Y) = 1 / 1+ e -
(B0+vX).
P(Y) est la probabilité pour une personne
déplacée de refuser de retourner dans le lieu d'origine ; B0 et
B1 étant des coefficients estimés à partir des
données. Ainsi, pour plusieurs variables indépendantes, le
modèle devient :
P(Y) = e Z /1+ e Z ou
simplement P(Y) = 1 / 1+ e - Z. Avec Z = B0 + B1*X1
+ B2*X2 + ... + Bi*Xi, une combinaison des variables
indépendantes. L'estimation des autres paramètres se fera par la
méthode de vraisemblance.
B) Paramètres descriptifs
Les résultats obtenus par le modèle peuvent
être interprétés en termes de coefficients Zi
résultant de la combinaison linéaire des variables
indépendantes affectées des coefficients Bi, ou en termes de
probabilités ou de proportions que ces coefficients impliquent. On peut
aussi les interpréter en terme de chances (odd) ou de risque relatifs
des paramètres qui sont en fait des exponentiels des coefficients Zi.
Odd = Pi / (1- Pi)= eZi
Le signe et la grandeur des paramètres Zi
associés aux différentes modalités d'une seule variable
indépendante qualitative montrent le sens de la relation entre la
modalité ou la variable et le phénomène
étudié (ici l'intention de retourner au village d'origine). Pour
une variable indépendante donnée, l'ordre de grandeur de Zi
exprime l'effet de la modalité i par rapport aux autres
catégories sur le caractère que l'on cherche à
expliquer.
Ainsi par exemple, une valeur positive de Zi indique pour la
caractéristique considérée que les personnes
âgées sont plus nombreuses à accepter de retourner dans
leur localité d'origine. La valeur négative de Zi indique au
contraire que ces personnes sont moins nombreuses à refuser de retourner
dans leur localité d'origine.
Annexe 3: Tableaux des profils des IDPs
Tableau A3.1: Répartition des IDPs selon
l'âge et le sexe
|
Sexe
|
|
|
Tranches d'âges
|
|
|
|
|
|
Masculin
|
Féminin
|
Ensemble
|
RM
|
15-34 ans
|
38,9 (506)
|
60,3 (1284)
|
52,2(1790)
|
39,4
|
35-59 ans
|
49,4 (643)
|
35,4 (753)
|
40,7(1396)
|
50,1
|
60 ans et plus
|
11,7 (152)
|
4,3 (92)
|
7,1 (244)
|
11,8
|
Total
|
100,0 (1301)
|
100,0 (2129)
|
100,0(3430)
|
61,1
|
Tableau A3.2: Répartition (en %) des IDPs selon
l'état matrimonial et le sexe
|
Sexe
|
|
|
Etat matrimonial
|
|
|
|
|
Masculin
|
Féminin
|
Ensemble
|
Célibataire
|
10,4 (144)*
|
8,9 (230)
|
9,5 (374)
|
Marié
|
87,5 (1209)
|
71,2 (1837)
|
76,8 (3046)
|
Veuf(ve)s
|
1,6 (22)
|
12,7 (328)
|
8,8 (350)
|
Divorcé(é)s
|
0,5 (7)
|
7,2 (187)
|
4,9 (194)
|
Total
|
100,0 (1382)
|
100,0 (2582)
|
100,0 (3964)
|
*() Les chiffres entre parenthèse sont les
effectifs
Tableau A3.3: Répartition des IDPs selon le
niveau d'instruction et le sexe
Aucun
34,5 (1301) 65,5 (2473) 95,6 (3774)
Primaire
42,8 (74) 57,2 (99) 4,4 (173)
Total
Niveau d'instruction
34,8 (1375)
Masculin Féminin
Sexe
65,2 (2572)
100,0 (3947)
Ensemble
*() Les chiffres entre parenthèse sont les
effectifs
Tableau A3.4: Structure des IDPs selon l'activité
économique et le sexe
|
Sexe
|
|
Activité économique
|
|
|
|
|
Masculin
|
Féminin
|
Ensemble
|
agriculteur
|
70,9 (983)
|
66,8 (1785)
|
68,3 (2708)
|
commerçant
|
7,0 (97)
|
2,0 (51)
|
3,7 (148)
|
sans emploi
|
17,7 (246)
|
29,5 (762)
|
25,4 (1008)
|
autre
|
4,3 (60)
|
1,7 (43)
|
2,6 (103)
|
Total
|
100,0(1386)
|
100,0 (2581)
|
100,0 (3967)
|
*() Les chiffres entre parenthèse sont les
effectifs
Tableau A3.5: Répartition des IDPs selon
l'appartenance ethnique et le sexe
|
|
Sexe
|
|
Activité économique
|
|
|
|
|
Masculin
|
Féminin
|
Ensemble
|
Maba
|
4,1 (56)
|
3,8 (97)
|
3,9(153)
|
Massalit
|
14,7 (203)
|
21,2 (542)
|
18,9 (745)
|
Dadjo
|
73,3 (1013)
|
69,2 (1771)
|
70,6 (2784)
|
Kadjaksé
|
2,5 (34)
|
1,7 (762)
|
2,0 (77)
|
Moubu
|
2,5 (35)
|
2,3 (60)
|
2,4 (95)
|
Autre
|
3,0 (41)
|
1,8 (47)
|
2,2 (88)
|
Total
|
100,00 (1382) 100,00 (2560)
|
100,00 (3942)
|
*() Les chiffres entre parenthèse sont les
effectifs
Annexe 4: Calcul des indices statistiques Tableau A4.1:
Indice de MYERS
|
|
|
|
Masculin
|
|
|
u
|
Su
|
U+1
|
S'u
|
9-U
|
Tu
|
100(Tu/T)
|
I100 (Tu/T)-10I
|
0
|
|
1
|
|
9
|
|
|
|
1
|
106
|
2
|
106
|
8
|
1060
|
10,59
|
0,59
|
2
|
218
|
3
|
208
|
7
|
2110
|
21,08
|
11,08
|
3
|
298
|
4
|
277
|
6
|
2854
|
28,51
|
18,51
|
4
|
219
|
5
|
213
|
5
|
2160
|
21,58
|
11,58
|
5
|
101
|
6
|
95
|
4
|
986
|
9,85
|
0,15
|
6
|
45
|
7
|
42
|
3
|
441
|
4,41
|
5,59
|
7
|
30
|
8
|
29
|
2
|
298
|
2,98
|
7,02
|
8
|
8
|
9
|
8
|
1
|
80
|
0,80
|
9,20
|
9
|
2
|
10
|
2
|
0
|
20
|
0,20
|
9,80
|
Total
|
1027
|
|
980
|
|
10009
|
Indice
|
73,53
|
|
|
|
|
Féminin
|
|
|
u
|
Su
|
U+1
|
S'u
|
9-U
|
Tu
|
100(Tu/T)
|
I100 (Tu/T)-10I
|
0
|
|
1
|
|
9
|
|
|
|
1
|
254
|
2
|
254
|
8
|
2540
|
25,38
|
15,38
|
2
|
573
|
3
|
552
|
7
|
5583
|
55,78
|
45,78
|
3
|
410
|
4
|
390
|
6
|
3980
|
39,76
|
29,76
|
4
|
198
|
5
|
188
|
5
|
1930
|
19,28
|
9,28
|
5
|
53
|
6
|
51
|
4
|
522
|
5,22
|
4,78
|
6
|
24
|
7
|
22
|
3
|
234
|
2,34
|
7,66
|
7
|
9
|
8
|
9
|
2
|
90
|
0,90
|
9,10
|
8
|
1
|
9
|
1
|
1
|
10
|
0,10
|
9,90
|
9
|
0
|
10
|
0
|
0
|
0
|
0,00
|
10,00
|
Total
|
1522
|
|
1467
|
|
14889
|
Indice
|
141,65
|
Source : Traitement des données de
l'enquête IDPs de 2007.
Tableau A4.2: Indice de BACHI
|
|
Masculin
|
|
|
U
|
Au
|
Bu Cu
|
Du
|
Ru
|
Ru-10
|
0
|
243
|
1070 1047
|
1058,5
|
22,96
|
12,96
|
1
|
37
|
1047 1022
|
1034,5
|
3,50
|
-6,50
|
2
|
98
|
1022 977
|
999,5
|
9,26
|
-0,74
|
3
|
57,5
|
1101 1088
|
1094,5
|
5,43
|
-4,57
|
4
|
43
|
1088 1070
|
1079
|
4,06
|
-5,94
|
5
|
260,5
|
1070 1047
|
1058,5
|
24,61
|
14,61
|
6
|
74,5
|
1047 1022
|
1034,5
|
7,04
|
-2,96
|
7
|
85,5
|
1022 977
|
999,5
|
8,08
|
-1,92
|
8
|
94
|
1101 1088
|
1094,5
|
8,88
|
-1,12
|
9
|
46
|
1088 1070
|
1079
|
4,35
|
-5,65
|
|
|
Indice
|
|
|
27,57
|
|
|
Féminin
|
|
|
U
|
Au
|
Bu Cu
|
Du
|
Ru
|
Ru-10
|
0
|
479
|
1589 1400
|
1494,5
|
32,05
|
22,05
|
1
|
34
|
1400 1349
|
1374,5
|
2,28
|
-7,72
|
2
|
101
|
1349 1276
|
1312,5
|
6,76
|
-3,24
|
3
|
125
|
1668 1621
|
1644,5
|
8,36
|
-1,64
|
4
|
30
|
1621 1589
|
1605
|
2,01
|
-7,99
|
5
|
409,5
|
1589 1400
|
1494,5
|
27,40
|
17,40
|
6
|
61,5
|
1400 1349
|
1374,5
|
4,12
|
-5,88
|
7
|
96,5
|
1349 1276
|
1312,5
|
6,46
|
-3,54
|
8
|
120
|
1668 1621
|
1644,5
|
8,03
|
-1,97
|
9
|
63
|
1621 1589
|
1605
|
4,22
|
-5,78
|
|
|
Indice
|
|
|
39,45
|
Source : Traitement des données de
l'enquête IDPs de 2007.
Annexe 5: Ajustement de données sur
l'âge
Tableau A5.1: Répartition des IDPs ajustées
par âge par la méthode des Nations Unies
Groupe d'âges
40-44 128
45-49 161
20-24 84
25-29 157
70-74 30
75-79 23
30-34 159
35-39 197
50-54 92
55-59 65
60-64 54
65-69 27
Total
80-95 18
10-14 0
15-19 106
Population observée
1301
Sexe masculin Sexe Féminin
Population ajustée
1269
108
140
175
175
154
139
103
49
77
27
25
65
32
-
-
Population observée
2132
424
254
269
295
337
191
138
44
95
34
16
15
3
9
8
Population ajustée
2090
200
281
201
316
382
362
137
46
22
33
88
12
10
-
-
Source : Traitement des données de
l'enquête IDPs de 2007.
INDEX ALPHABETIQUE
E
A
Abdi 6
ABREVIATIONS iv, v
Afrique v, 12
Alacha 6
Analyse bivariée 55
Analyse descriptive vi, ix, 55, 62
Analyse explicative 55
Analyse factorielle 55
ANNEXES vii, 79
Approches théoriques 27
Aradib 6
Assoungha 6
C
Cadre conceptuel 38
Caractérisation 68
Carte viii, 7
Causes du déplacement 67
Champ de l'étude 44
CHAPITRE v, vi, 12, 27, 43, 57
Concepts 39
CONCLUSION 74
Conflits v, ix, 1, 2, 4, 5, 8, 9, 10, 11, 12, 14, 16, 17, 19,
22, 24, 27, 28, 29, 30, 31, 62, 67, 68, 71, 73, 75, 76, 88
Criseix, 4, 10, 13, 21, 27, 28, 71, 85, 86, 88
D
Dar Sila 5, 6, 8, 17
Darfour . ix, 4, 5, 6, 8, 9, 13, 18, 21, 23, 25, 77, 86, 88
DEDICACE ii, v
Dénombrement 44
Départements 6, 14
Déplacements . 1, 3, 4, 8, 10, 19, 25, 27, 32, 33, 34, 42,
43, 76
Déterminants v, vii, ix, 27
Division administrative 14
Documents techniques 44
ECOSIT iv, 22
ENGAGEMENTS i, v
Est du Tchad ix, 5, 8, 11, 18, 19, 23, 25, 43, 44, 46, 47, 55,
56, 57, 59, 61, 62, 63, 70, 73, 74, 77, 86
Etude ... iii, vi, viii, ix, 6, 11, 16, 19, 27, 29, 31, 34,
39, 41, 43, 44, 46, 55, 68, 74, 76, 78, 88
Exploitation 12, 17, 21
F
France 9, 23
FROLINAT 24
G
Gassire 5, 6
Géopolitique 24
Goundjang 6
Goungour 6
Gourounkoun 6
Goz Bagar 6
H
Habilé 6
UNHCR ix, 1, 2, 5, 6, 8, 10, 27, 28, 32, 33,
34, 42, 43, 56, 62, 72, 74, 86 Hypothèses 39
I
Identification 70
IDP iv, 3, 41, 86
IDPs . vi, vii, viii, ix, 3, 6, 7, 10, 11, 17, 22, 34, 35, 36,
37, 38, 39, 40, 41, 43, 45, 46, 47, 49, 54, 55, 56, 57, 59, 60, 61, 62, 63, 64,
65, 66, 67, 68, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 76, 77, 79, 80, 82, 86
IFORD i, iii, iv, 43, 56, 85
Indices statistiques 50
Intention de retour .... viii, ix, 38, 39, 41, 55,
62, 64, 66, 67, 68, 70, 71, 73, 74, 75, 76
Population i, 18
Population cible 44
Potentialités agricoles 16, 17
Problématique v, 8
Profils vi, 57
R
Rébellions 9
RECOMMANDATIONS 74
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 85 REMERCIEMENTS
iii, v
Répartition inégale 16, 26
RESUME v, ix
Retour 34
Retours 1, 34, 36, 37
Revue de littérature 27
J
Janjaweeds ... ix, 4,
Kerfi
Koloma
Koubigou
|
5, 68,
K
|
71,
|
72,
|
73,
6,
|
75, 45,
|
76
6 6 46
|
L
LISTE DES CARTES ET FIGURES v, viii LISTE DES TABLEAUX v,
viii
M
Mémoire i
Méthodes d'analyse 55
Méthodologie 43
Migration v, 34
Migration forcée 27
Migration volontaire 35
S
N N'Djamena 9
O
Objectifs v, 10
Organisation des Nations Unies iv, 2
Ouaddaï 13, 14, 17
Ouara 6
Schéma d'analyse 41
Sécurité v, 10
SIGLES iv, v
Sites viii, 6, 7, 43, 44, 45, 46, 62, 63, 71
Soudan 2, 3, 4, 5, 8, 9, 12, 13, 23, 87
Source de conflits 16
Structure vi, vii, viii, 60
Structure par âge 19
v
|
|
|
12
|
21,
|
23,
|
25,
|
26
|
|
|
|
41
|
|
|
|
57
|
|
|
|
22
|
18,
|
25,
|
26,
|
87
|
PAM
IDPs .... ix, 1, 2, 3, 4, 36, 37, 43, 44, 46, 60, 61, 62, 63,
64, 78, 86, 87
|
P
5, 6, 8, 47, 55, 66, 67,
|
10, 56, 68,
|
11, 57, 73,
|
iv, 17 32, 33, 58, 59, 74, 77,
|
T
TABLE DES MATIERES
Tchad
Tchadiens ix, 4, 5, 18,
V
|
Pétrole v, 20 Variables d'analyse
PIB iv, 21 Variations des intentions
Plan 26 VIH/SIDA
Plan v, viii, 11 Violences 3, 4, 5,
Z Zone d'étude v, 4
Plan de sondage 44
Pluviométrie 16, 17
PNUD iv, 22
|
|