Paragraphe 2 : De l'UDEAC à la CEMAC
Avec le recul, il est aujourd'hui possible de soutenir que
même l'organisation structurelle de l'Union n'était pas
adaptée à ses missions : le secrétariat
général était en effet peu outillé en moyens
financiers, humains et matériels et il existait une sorte d'absence
d'échelon intermédiaire entre les Chefs d'Etat et le
secrétariat général. En fait, cette inadaptation des
structures constitua un facteur aggravant supplémentaire. Ainsi, compte
tenu non seulement des mutations de l'économie internationale mais aussi
du bilan mitigé des résultats de cette Union, le Conseil des
Chefs d'Etat, décida à l'unanimité, en décembre
1991, de donner une nouvelle impulsion au processus d'intégration
sous-régionale. Mandat fut donc donné au Gouverneur de la BEAC de
piloter un groupe de travail et chargé d'étudier et de proposer
une nouvelle approche de l'intégration économique et sociale dans
la Sous-région. Les conclusions de ce groupe de travail aboutirent au
remplacement de l'UDEAC par la Communauté Economique et Monétaire
de l'Afrique Centrale (CEMAC). Ces conclusions suggérèrent en
outre d'une part, la création d'une intégration économique
susceptible de consacrer la transformation de la coopération
monétaire existante en une véritable union monétaire et,
d'autre part, la mise en cohérence, des politiques
macroéconomiques à travers la surveillance multilatérale
des politiques budgétaires nationales. Dans la foulée et à
l'occasion du sommet de Malabo (Guinée Equatoriale), le traité
instituant la CEMAC fut signé par six Etats, le 25 juin 1994. Son
entrée en vigueur intervint un mois seulement plus tard et c'est alors
que fut insufflé un nouvel élan devant répondre à
une logique d'intégration plus forte et plus cohérente. Par la
suite, les spécificités de chaque Etat membre de la CEMAC et les
enjeux géopolitiques sous-régionaux en relation avec la situation
de certains des pays voisins sont tels qu'à l'épreuve des faits,
la dynamique intégrationniste est lente aux yeux de nombreux
observateurs. Pour certains en effet, l'institution qu'est la CEMAC semble
prolonger les insuffisances de la défunte UDEAC dans la mesure où
elle n'a pas encore réussi à fédérer les
aspirations des Chefs d'Etat, et encore moins à les rapprocher du
secrétariat exécutif qui est pourtant déterminé
à renforcer les instruments communautaires et à
institutionnaliser la concertation avec le secteur privé. Pour d'autres,
les disparités régionales entre les zones riches et les zones
pauvres ne sont pas réellement atténuées dans le cadre
communautaire. D'où l'importance des mécanismes compensatoires
encore absents et des investissements qui ne sont, hélas, pas encore
nombreux. Le nombre limité des investissements entrepris dans le cadre
de la nécessaire intégration régionale est d'autant plus
petit que les besoins de développement économique sont
énormes. Malheureusement, l'effort d'investissement est
obéré par le faible niveau du taux d'épargne nationale
(13,1% en 1998) et l'insuffisance des circuits de financement. A ce propos, le
lancement espéré du fonds de développement de la
Communauté, chargé essentiellement de financer les projets
intégrateurs de la zone et d'apporter un soutien à la
compensation des pertes des recettes dues à l'application de la
réforme fiscalo-douanière est porteur d'espoirs.
Ainsi, un constat largement partagé est celui d'un
bilan fortement mitigé au regard des potentialités de la
sous-région Afrique Centrale. Des explications traditionnelles pour les
pays africains peuvent être invoquées ici : extraversion de
l'économie, insuffisance des voies et infrastructures de communication,
problèmes politiques internes des Etats et conflits
interétatiques, conflits entre intérêts nationaux et
engagement sous-régionaux, appréciations divergentes des
coûts et avantages de l'intégration. Mais, dans le cas de
l'Afrique centrale, ces difficultés prennent un relief particulier.
Section 2: Présentation et
état des lieux du processus d'intégration dans la zone
CEMAC
La nécessité d'intensifier leur
coopération a poussé certains Etats de l'Afrique Centrale
à signer le 8 décembre 1964 à Brazzaville le traité
instituant l'Union Douanière et Economique de l'Afrique Centrale
(UDEAC). Cette organisation sous-régionale à laquelle
adhérera la Guinée Equatoriale en 1983, fut certainement la plus
ancienne de toutes les organisations africaines d'intégration et devait,
malgré d'énormes difficultés de parcours quelques fois,
survivre une trentaine d'années. Elle avait su surmonter des crises
aiguës des années 1966 avec le retrait-réintégration
de la RCA et du Tchad. Toutefois, avec les crises économiques
successives des années 1980-1990, il avait paru indispensable de
relancer le processus d'intégration économique et sociale sous
une nouvelle forme plus dynamique, avec la signature le 16 mars 1994 à
N'DJAMENA au TCHAD du Traité instituant la Communauté Economique
et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC).
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