Section 2: Perspectives d'une véritable
intégration dans la zone CEMAC
Il est à noter que l'entrave majeure de tous ces
mécanismes est l'égoïsme des Etats membres de la CEMAC
à vouloir les mettre en oeuvre mais cependant cela ne suffit pas en elle
seule pour faire décoller la zone CEMAC. Ainsi, de nos jours, les
nouvelles stratégies concurrentielles de croissance des Etats ou des
entreprises intègrent obligatoirement le management des hommes comme une
ressource stratégique majeure dans le déploiement de leur
politique de développement. Dès lors, la mise en place de
formations qualifiantes à l'échelle sous-régionale
permettra aux acteurs économiques et administratifs d'acquérir
une identité ou un sentiment d'appartenance à une
communauté et développer une attitude positive face au
marché commun. Par ailleurs, la création de prix CEMAC
récompensant les entreprises performantes à l'exportation ou en
termes de respect des normes Qualité permettrait le développement
d'un cercle vertueux de compétitivité des hommes au sein des
entreprises. Dans ce même ordre d'idée, la mise en oeuvre des
décisions pragmatiques tels que le Passeport CEMAC ou la carte de
circulation des agents économiques ressortissants de la zone et
expatriés résidents, garantissant la liberté de
résidence et de travail à l'intérieur de cette zone,
serait un facteur déclenchant de mobilité et un gage certain de
réussite pour l'intégration économique régional.
Tout ceci passe par une prise de conscience régionaliste qui se traduit
en termes économiques par « un poids suffisant du marché
» pour faire progresser les économiques intérieures et
amorcer de façon irréversible les transactions à
l'exportation.
Par ailleurs, l'efficacité actuellement reconnue des
grands Groupes mondiaux repose sur la diversité dans la composition de
leur « Board »où l'on applique de plus en plus deux principes
stratégiques majeurs qui accompagnent la fiabilité des
organisations, à savoir, le principe de la multi-culturalité et
celui de la subsidiarité. Au niveau sociétal, l'inspiration y
serait de mise, car les principes stratégiques et les méthodes
qui gagnent ailleurs, gagnent partout, à condition de savoir les adapter
aux réalités de terrain pour en tirer toute la substantifique
moelle.
« Il n'y a de richesses que d'hommes » dit un adage
car, l'enjeu majeur de l'intégration sous-régionale est la
création de la valeur et des richesses pour résoudre de
façon durable les problèmes liés à la
pauvreté et au chômage. Par ailleurs, la maîtrise de
l'intelligence des situations innovantes, c'est-à-dire de la dynamique
des hommes, est aujourd'hui la seule force motrice capable d'augmenter
régulièrement et rapidement les énergies permettant ainsi
de gagner le temps sur le temps car, le paramètre optimal de
maîtrise des processus de globalisation et de mondialisation, donc de
l'intégration sous-régionale est la maîtrise et la gestion
du temps.
Pour une véritable intégration dans la zone
CEMAC, nombre de dispositions doivent être prises par les Etats membres
en laissant de travers leur égoïsme dissimulé sous le label
d'intérêts nationaux, d'ailleurs qui ne devaient plus avoir lieu
du fait de l'intégration sous-régionale et par conséquent,
l'existence d'une communauté et qui dit communauté dit une mise
en commun d'un certain nombre de politiques et de programmes en commun. Parmi
ces dispositions, il ya :
1. Déclaration de politique régionale par chaque
Gouvernement, pour promouvoir les idéaux d'intégration par les
médias nationaux ;
2. Banque de données régionales sur
l'économie, les finances, les projets, les réglementations,
etc. ;
3. Elaboration d'un schéma directeur
d'industrialisation régionale ;
4. Politique volontariste du fret, trop coûteux
actuellement ;
5. Normes industrielles sous régionales (produits
industriels, constructions, installations, etc.) ;
6. Université privée régionale dans les
disciplines comme la gestion et la technologie ;
7. Institution statistique régionale recensant les
agrégats économiques régionaux, et à terme
observatoire économique régional susceptible d'inspirer les
politiques des investissements ;
8. Circulation sans entraves de la monnaie scripturale dans la
zone ;
9. Libre circulation des étrangers possédant une
carte de séjour valide dans l'un de ces 6 pays ;
10. Libre circulation des capitaux, en particulier des fruits
de la vente de produits nationaux aux partenaires de la zone ;
11. Elimination des tracasseries policières,
administratives et douanières pour les accès et transit au
travers du Cameroun, au Port de Douala, sur les routes d'accès au Tchad
et en Centrafrique, aux postes frontières vers le Tchad, la RCA, la
Guinée Equatoriale ;
12. Coopération sous-régionale forte dans les
domaines scolaire, universitaire et de recherche, de lutte contre la
contrebande, la fraude et l'insécurité.
Pour que l'intégration régionale rejoigne les
attentes des populations dans le cadre de la lutte contre la pauvreté,
il est vivement souhaitable que les efforts soient redoublés sur des
aspects qui ont un réel impact sur la nécessaire
compétitivité de l'économie sous-régionale. Le voeu
d'une véritable intégration sous-régionale appelle
également, de manière incontournable un engagement des Etats dans
la concrétisation des projets communautaires que sont : le passeport
CEMAC, l'interconnexion des réseaux des télécommunications
et leur réhabilitation, afin de faciliter la communication au sein de la
zone et l'accès de nos économies aux nouvelles technologies de
l'information et de la communication, le réseau routier
intégrateur prioritaire. Il est vrai que c'est la réalisation
progressive des projets en cours et à un rythme soutenu et compatible
avec les exigences de l'environnement économique mondial qu'il sera
permis, non seulement d'améliorer la compétitivité de la
sous-région, mais aussi de favoriser les utiles brassages entre nos
populations.
En somme, il faudrait mettre pour cela, du réalisme
mais aussi de l'espoir dans la volonté des Etats membres de la
sous-région dans leurs efforts d'intégration en vue de voir se
réaliser tous ces atermoiements.
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